Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE
En un demi-siècle, la société paysanne a connu une mue stupéfiante, dont les effets se sont lus rapidement et violemment dans les paysa ges. Tandis que les remembrements remodelaient les territoires au gré des nouvelles pratiques agricoles, la standardisation gagnait les édifices désormais bien éloignés de la diversité des constructions traditionnelles. Si cet aboutissement est bien connu, les raisons et les modalités qui l’ont produit demeurent opaques. À travers l’évolution des édifices, cet ouvrage révèle les ressorts politiques, économiques et réglementaires de la transformation du monde rural durant la seconde partie du xxe siècle. Portés par des acteurs divers aux motivations multiples, de l’État aux dépositaires d’intérêts privés, en passant par les territoires, ces nouveaux modes d’organisation des campagnes modifient en profondeur et à un rythme soutenu les paysages, mais également la sociologie et l’organisation du monde paysan. Ce voyage dans l’histoire de l’architecture agricole, richement illustré et documenté, expose ainsi le processus complexe d’une modernisation, depuis les idéologies du progrès issues des Trente Glorieuses jusqu’au surgissement des questions environnementales, dans laquelle les résistances et les ajustements rusés des héritiers de la tradition eurent toute leur place.
Hervé Cividino est architecte et docteur en Aménagement et Urbanisme. Directeur adjoint du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement du Loiret et chercheur associé à l’Institut de géoarchitecture de l’université de Bretagne occidentale (EA 7462), il s’intéresse particulièrement aux problématiques touchant à l’aménagement des espaces ruraux. Il est l’initiateur et l’animateur du site www.architecturesagricultures.fr.
HAA_COUV.indd 1
ISBN 978-2-281-14320-1
Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE 1945-1999. La modernisation des fermes Préface de Daniel Le Couédic
Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE
1945-1999. La modernisation des fermes
03/06/2019 13:34
Les élans de la reconstruction VERS UN FONCTIONNALISME HARDI n En 1946, l’agronome René Dumont (1904-2001), alors conseiller auprès du ministre de l’Agriculture Tanguy-Prigent (1909-1970) et du commissaire au Plan Jean Monnet (1886-1979), comptait parmi les chantres de la modernisation et du progrès 1. Il prônait une politique de libre échange qui, à ces yeux, constituait la meilleure voie pour importer les produits pétroliers permettant de remplacer « l’avoine et le foin, et nos chevaux, bœufs et vaches de travail 2 ». La relance du commerce des textiles et des denrées exotiques était aussi préconisée pour atteindre l’équilibre économique, tout comme l’exportation des produits laitiers, du vin, des fruits et des légumes. Une si profonde mutation des pratiques impliquait une évolution de la structure agraire. Il s’agissait d’installer la manipulation mécanique à tous les stades et donc de recourir à « des chargeurs, élévateurs, monorails, grues, épandeurs, etc., et de faire place à une batterie de silos, de cuves pour ensilage… ». Dans le cas contraire, écrivait Dumont, une politique « exclusivement tournée vers le passé reconstruirait la petite ferme du vieux ménage sans enfants qui [serait] inexorablement absorbée par l’exploitation moyenne voisine » (ill. 40 et 41). Acquis à cette thèse, François-Tanguy Prigent dit Tanguy-Prigent, avait appelé, dès la Libération, les paysans à s’organiser pour « que ce ne [fut] plus la spéculation qui [fut] chargée des importations et des exportations 3 ». Ancien député socialiste du Finistère, il avait été nommé par le général de Gaulle au sein du gouvernement le 4 septembre 1944. Il était le premier ministre de l’Agriculture issu d’un monde
Ill. 40. Hangar dans une exploitation familiale, Ingré (Loiret).
61
HAA_.indb 61
03/06/2019 13:30
L E S
É V O L U T I O N S
C O N S T R U C T I V E S
D E
L ’ A P R È S - G U E R R E …
Ill. 41. Constitution de la Confédération générale de l’agriculture dans le Loiret. Le Cultivateur du Loiret, n° 443, 15 octobre 1946.
Ill. 9. L’eau potable. Affiche de l’Office national d’hygiène sociale. Henri Gazan, 1924-1930.
paysan qu’il avait ardemment soutenu lors de la crise du blé des années 1930 4. Sa volonté de voir tous les ruraux s’unir et parler d’une même voix le poussa à organiser la Confédération générale agricole (CGA). Hostile à toute concentration des exploitations, il s’employa à construire une agriculture moderne, basée sur la productivité et la justice sociale, en défendant avec ardeur la consolidation de l’exploitation familiale 5. Cette volonté poussa le ministre à engager une réforme du statut du fermage 6 et à prendre des mesures pour limiter le cumul de terre par les plus gros agriculteurs. Le vote de ces nouvelles dispositions renforça le pouvoir d’investissement des fermiers 7, consolida la stabilité des exploitations et 62
HAA_.indb 62
03/06/2019 13:30
L E S
É L A N S
D E
L A
R E C O N S T R U C T I O N
permit les constructions et les rénovations de bâtiments qui, jusqu’alors, pouvaient être interdits par un propriétaire. Mais, la tentative de faire de la CGA l’unique organisme de la représentation du monde agricole, couplée à l’ensemble de ces initiatives, ne résista pas à la pression de la branche la plus conservatrice du syndicalisme. Fin 1947, Pierre Pflimlin succéda au ministre socialiste grâce au soutien de la Fédération nationale des Syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) (ill. 42 et 43). Dans le domaine immobilier, « la plupart des récits des reconstructeurs [ont insisté] sur l’unité de la période 1940-1950, rattachant les efforts de l’État français pour effacer les premières ruines de la campagne de 1940, à l’ensemble des mesures prises après 1945 par le Gouvernement provisoire puis la IVe République 8 ». Agronomes et architectes s’accordaient alors pour dénoncer le manque d’adaptabilité des bâtiments existants face aux reconversions des « ex vignerons et laboureurs ». Ils demandaient « des bâtiments pratiques, d’une seule venue, adaptables à peu de frais à de nouvelles spéculations 9 ». L’agriculture allait évoluer. « Nous savons déjà […] que nous aurons toujours plus de machines agricoles, qu’une agriculture scientifique permettra d’intensifier et de spécialiser la production, que des transports multipliés amèneront les matériaux créés par l’industrie, que les terres seront remembrées, et que naîtront de nouvelles structures sociales 10 » déclarait alors l’architecte Guy Pison (1905-1986), chargé de mission auprès du ministère de l’Agriculture. Notant qu’un décalage était apparu entre la forme et la fonction, il préconisait, comme bon nombre de spécialistes, que l’architecture ne soit plus massive mais puisse « se modifier afin de répondre aux besoins de productivité de l’économie nationale ». Promoteur d’« un fonctionnalisme hardi », il appelait ses confrères à diriger leurs études « vers un fonctionnalisme humaniste, non pas brimant, mais exaltant l’homme individuel et social » dans la droite ligne de la pensée de Le Corbusier. Il y revint dans le numéro de Techniques et Architecture de mars-avril 1946 consacré à l’aménagement rural en s’employant dans un appel lyrique du plus pur style international à récuser tout régionalisme : « L’architecture doit être le reflet de notre époque et les plans établis sur des données économiques et sociales qui ne seront pas bornés, espérons-le, à l’étroit horizon d’une région ou d’un continent 11. » À ses yeux l’impact sur le paysage de tels projets, serait évidemment positif. L’architecture rurale économique et fonctionnelle serait donc forcément « belle par ses formes pures ». LE PLAN MARSHALL ET LES « BABY TRACTEURS » À partir de 1946, le Commissariat au Plan définit l’agriculture comme un secteur économique à part entière. Le rapport de la commission de modernisation de la production animale nota : « Le premier objectif est de satisfaire les besoins alimentaires de la population française et de cesser toute importation de viande et d’œuf en particulier. Le deuxième objectif est de développer nos possibilités d’exportation aussi bien en animaux qu’en produit d’origine animale 12. » Mis en œuvre avec les aides américaines prévues par le plan Marshall (1948-1952), le plan Monnet (1947-1950) retint le machinisme agricole parmi les cinq secteurs à développer prioritairement (acier, agriculture, ciment, énergie et transport). 63
HAA_.indb 63
03/06/2019 13:31
L E S
É V O L U T I O N S
C O N S T R U C T I V E S
D E
L ’ A P R È S - G U E R R E …
Ill. 42 et 43. Ferme d’élevage. Projet de Guy Pison, architecte conseiller du ministère de l’Agriculture. Vers 1945.
L’impact sur la productivité serait constant durant la quinzaine d’année suivante notamment grâce à la généralisation de l’emploi des engrais azotés et du tracteur (ill. 44 et 45). L’attente en termes de mécanisation était alors énorme. À titre d’exemple, sur le département du Loiret, fin octobre 1945, la commission de répartition n’avait que 124 bons de tracteurs à distribuer alors que les services du génie rural enregistraient près de 1 500 demandes 13. Au printemps 1946, le bulletin récapitulatif 64
HAA_.indb 64
03/06/2019 13:31
L E S
É L A N S
D E
L A
R E C O N S T R U C T I O N
départemental indiquait l’existence de 62 engins à chenilles et 767 à roues pour 20 061 exploitants agricoles 14. Cette pénurie, due à la mobilisation des moyens techniques et mécaniques durant la guerre, trouvait aussi son origine dans l’attitude des fabricants de tracteurs français. Convaincu que l’État allait favoriser l’extension des grandes structures – à l’image des modèles de l’Union soviétique – les industries d’armement et les sociétés issues des nationalisations avaient développé des modèles lourds de 40 CV 15 ne pouvant intéresser que les grandes exploitations alors que plus de 80 % des strutures françaises avaient une taille inférieure à 20 hectares. À partir de 1950, les « baby-tracteurs » produits aux USA firent leur entrée sur le marché français. Véritables miniatures des engins conçus pour les plaines, des modèles comme le Pony de Massey-Harris (14 CV) et le Farmall FC d’International Harvester (22 CV) connurent un énorme succès qui poussa les constructeurs français à proposer des engins analogues. Le parc passa ainsi de 131 000 unités en 1950 à 305 700 en 1955, 482 000 en 1961, 995 500 en 1965 et 1 230 000 en 1970. Progressivement, la mécanisation conduisit à l’évolution des méthodes de travail et transforma l’usage des bâtiments, y compris des plus équipés d’alors. Pour une bonne part, les systèmes de tombereau, de ponts roulants, d’élévateurs furent remplacés avantageusement par le baby tracteur. L’impact sur les immeubles s’avérera double. D’une part, la notion des bâtimentsabris, adaptables, propices à la circulation des engins se substitua à celle de constructions équipées et vouées à une fonction spécifique. D’autre part, le remplacement de la traction animale par la traction mécanique induisit l’obsolescence de certaines fonctions (écuries, bouveries…) tandis que d’autres se développèrent (ateliers, garages…). Avec la mécanisation et la modernisation, c’est toute la question du renouvellement du patrimoine qui émergea (ill. 46). « LA CHARITÉ DOIT SE FAIRE TECHNICIENNE »
En matière de pratiques agricoles, les objectifs productivistes envisagés après-guerre remirent en cause les routines et les savoir-faire paysan. Henri Mendras parla à
Ill. 44. Le babytracteur d’aprèsguerre, Massey Harris. Roger Mofrey, 1957. Ill. 45. Le tracteur lourd à chenilles de l’entre-deuxguerres, Renault, Éric de Coulon, 1920.
65
HAA_.indb 65
03/06/2019 13:31
L E S
É V O L U T I O N S
C O N S T R U C T I V E S
D E
L ’ A P R È S - G U E R R E …
Ill. 46. Structure de hangar métallique.
ce propos « d’une véritable révolution intellectuelle pour porter la modernisation 16 ». Sans conteste importante, l’action des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture n’aurait pu aboutir si elle n’avait été relayée, auprès des agriculteurs, par les structures locales. Deux courants, implantés géographiquement dans des secteurs différents, se partagèrent cette tâche qui dépassa largement les questions professionnelles pour concerner des sujets tels que l’éducation, la place de la femme ou l’habitat rural. L’un, de dominante laïque, se structura avec les maîtres itinérants agricoles autour des Centres d’information et de vulgarisation agricole et ménagère (CIVAM). L’autre, impulsé par le clergé, s’organisa autour de la Jeunesse agricole chrétienne (JAC). L’importance de ce mouvement fut considérable. Né dans la continuité du mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) – fondé en Belgique, en 1924, par l’abbé Cardyn 17 – il s’affirma, durant l’entre-deux-guerres, autour du Père Foreau, professeur à l’École supérieure d’agriculture d’Angers. Il s’agissait d’« instruire, élever, moraliser, en commençant par la jeunesse, les habitants de nos campagnes et les christianiser car ce progrès [impliquait] tous les autres ». Après-guerre le mouvement se fit promoteur du progrès technique. Le paysan devait sortir de ses habitudes et de celles de ses parents pour devenir responsable de ses actes. « La charité doit se faire technicienne » entendait-on alors. La JAC prit une très grande ampleur et son action connut de larges répercutions tant chez les acteurs politiques ruraux que dans les lieux d’engagement professionnels et syndicaux des agriculteurs. Ainsi, en 1954, le Cercle national des jeunes agriculteurs (CNJA) fut créé à l’initiative des militants de la JAC, avant d’acquérir, en 1956, un statut syndical comme branche de la FNSEA. Michel Debatisse (n. 1929), secrétaire général de la JAC, devint alors celui du CNJA, confirmant l’emprise 66
HAA_.indb 66
03/06/2019 13:31
L E S
É L A N S
D E
L A
R E C O N S T R U C T I O N
du mouvement catholique sur la jeunesse agricole 18. Yves tavernier a fait de cette influence un bilan comparable : « En 1960, le conseil d’administration du CNJA [comptait] vingt anciens dirigeants de la JAC sur trente membres. Ils étaient huit sur les dix membres du bureau national. En 1959, quarante-cinq sur les quatre-vingt-cinq cercles nationaux et formaient les trois cinquièmes des cadres administratifs du CNJA 19. » Ainsi la JAC représenta une véritable pépinière de « cadres paysans », tant dans le domaine politique que technique, à tel point que Paul Houée compara l’apport de ce mouvement pour le monde rural à ce que fut le Parti communiste français pour le monde ouvrier 20.
LES BÂTIMENTS DE FERME DANS L’EXPOSITION DE LA MAISON RURALE DE LA JAC
« L’exposition itinérante de la maison rurale » compta parmi les premières grandes actions de la JAC après la Libération. Cette entreprise, destinée à promouvoir l’hygiène, le confort et le progrès dans les fermes, s’avéra une parfaite application de la devise des jeunes militants chrétiens : « voir, juger, agir ». Initiée en Bretagne, elle fut préparée par les instances nationales durant deux ans. Citant Paul et Robert Le Saux 21, qui furent à l’origine de l’aventure, Jean-Marie Balagan 22 a rappelé comment l’incidence du logement insalubre sur la promiscuité, mais aussi sur le fonctionnement de la ferme, fut mise en évidence (ill. 47 et 48). La conception de l’exposition fut ensuite entreprise. Son caractère itinérant imposait de déplacer à chaque étape tous les éléments nécessaires pour la démonstration y compris le hangar démontable qui abritait l’événe ment. Au total, cinquante-cinq tonnes de matériel mobilisèrent deux convois longs de vingt-cinq mètres chacun, pour leur transport. « L’exposition de la maison rurale chemina à travers tout l’Ouest couvrant, au cours de cent dix-huit étapes, l’ensemble d’un territoire s’étendant d’est en ouest de Brest (Finistère) aux Andelys (Eure) et du nord au sud d’une ligne joignant Cherbourg (Manche) à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Ce fut une véritable aventure pour la quarantaine de militants qui y participèrent de manière suivie débutant à Saint-Brieuc dans les Côtes-duNord le 29 septembre 1947 pour se terminer plus de trois années plus tard dans l’Eure, à Évreux le 7 décembre 1950 », écrit Jean-Marie Balanant. L’épopée se développa vers l’est, jusqu’à s’approcher de la région parisienne. Au total 500 000 personnes visitèrent les stands.
Ill. 47 et 48. « L’exposition itinérante de la maison rurale », Manuel de la maison rurale, 1950.
67
HAA_.indb 67
03/06/2019 13:31
L E S
Ill. 49 et 50. « L’exposition itinérante de la maison rurale. » La cuisine et la salle commune, comme l’ensemble des pièces de la maison, furent conçues par le décorateur Marcel Gascoin. Manuel de la maison rurale, 1950.
É V O L U T I O N S
C O N S T R U C T I V E S
D E
L ’ A P R È S - G U E R R E …
Les journaux locaux s’enthousiasmaient face aux maquettes qui expliquaient ce que pourrait être une ferme moderne de la région de l’Ouest dans un style commun où l’hygiène et le confort s’allieraient avec bonheur. Des étables et des écuries surmontées d’un immense hangar industriel en bois étaient présentés ainsi que trois maquettes d’habitation rurale montrant les transformations qui pouvaient être apportées petit à petit : de la cuisine, propre et carrelée, aux chambres indépendantes en passant par la salle d’eau. L’électricité occupait un stand entier dans lequel on pouvait admirer les nouvelles machines et les appareils apportés par ses progrès (ill. 49 et 50). Une équipe permanente d’une quinzaine de personnes, garçons et filles, anima l’entreprise. Francis Vallée, responsable départemental de la JAC en Mayenne, fit partie de l’exposition de juillet 1947 à décembre 1949 : « J’étais un des responsables du transport. Il y avait deux tracteurs et des camions. Nous étions un peu comme les forains. On était environ une dizaine. Les responsables locaux recrutaient une cinquantaine de jeunes de la JAC locale pour nous aider à monter l’exposition. Nous, on arrivait avec les tracteurs, il fallait monter l’ossature de l’exposition. C’était un grand hangar dans lequel il y avait tout. La ferme, le matériel et la maison d’habitation. […] Il y avait la volonté de faire passer la modernisation y compris pour les bâtiments d’exploitation
Ill. 51. « Le tout-couvert ou grange hollandaise », modèle proposé par « L’exposition itinérante de la maison rurale », Manuel de la maison rurale, 1950. 1. – Mélangerie. 2. – Écurie. 3. – Porcherie. 4. – Cuisine des porcs. 5. – Quai sur cave. 6. – Grenier à grains. 8. – Plate-forme fourrage sec. 8. – Matériel-récoltes.
68
HAA_.indb 68
03/06/2019 13:31
La révolution des années 1960 Une conception spécialisée des bâtiments liée à une nouvelle organisation territoriale L’EXPLOITATION À DEUX UNITÉS TRAVAIL HOMME : UN NOUVEAU MODÈLE D’ORGANISATION n En confiant aux exploitants la définition de leurs objectifs, les lois votées au début
des années 1960 apportèrent un véritable espoir de renouveau à la population rurale. Ces dispositions avaient pour objectif d’amoindrir la tutelle de l’État et de régler la question de l’usage du sol. Elles comprenaient la définition des objectifs agronomiques et économiques, mais aussi la gestion du foncier et les conditions sociales d’exercice de la profession. Le développement agricole était également concerné, tout comme la vulgarisation à propos de laquelle les responsables de la FNSEA écrivirent : « Elle ne doit pas être un moyen mis à la disposition de l’État pour faire sa politique mais un moyen mis à la disposition des agriculteurs pour aider l’État à faire triompher la politique qu’il a élaboré en accord avec les représentants des agriculteurs 1. » Début 1959, la mise en application du décret sur la vulgarisation fit l’objet de nombreuses manifestations. La FNSEA alla jusqu’à brandir la menace d’une révolte dans le cas où le rôle spécifiquement technique de la vulgarisation serait dépassé dans l’application du décret, car « les agriculteurs préféreraient refuser de bénéficier de la vulgarisation et du progrès plutôt que de subir des orientations incompatibles avec leurs prérogatives de chefs
Ill. 109. Années 1960, affiche, Georges Nicolitch, 1965.
137
HAA_.indb 137
03/06/2019 13:31
A U
-
D
E
L
À
D
E
S
T
R
E
N
T
E
G
L
O
R
I
E
U
S
E
S
L’ÉTABLE EXPÉRIMENTALE DE L’INSTITUT NATIONAL D’AGRONOMIE DE PARIS-GRIGNON Conçue par l’architecte Denis Compère 25 et l’ingénieur général d’agronomie Georges Staub, l’ensemble pédagogique de production laitière de l’institut national d’Agronomie de Paris-Grignon eut pour objectif de constituer « une vitrine accessible au grand public comme aux professionnels, mettant en valeur la conduite moderne de l’élevage laitier et les dernières avancées en matière de bâtiment d’élevage et de gestion des troupeaux 26 ». Pas moins de dix-sept fournisseurs en agro-équipement s’engagèrent dans le projet afin de promouvoir leurs techniques. Très largement visité, il s’apparenta à un espace de démonstration pour les nombreuses constructions qui s’engagèrent dans le cadre du Plan de maîtrise des pollutions d’origine agricole (ill. 237 à 240). L’ouvrage fut réalisé en huit mois, au cours de l’année 1998. Basé sur un plan en « T », il organisait deux concepts de stabulation autour d’une salle de traite centrale surmontée par une mezzanine permettant aux visiteurs de profiter d’une vue dégagée sur l’ensemble. Chaque aile fut réalisée avec un système constructif particulier. La première stabulation s’appuyait sur des portiques en bois rond triangulés, assemblés avec des goussets métalliques. Celle de la seconde reposait sur une charpente en lamellé-collé, tandis que la nef centrale était structurée par des portiques en Kerto 27. Omniprésent, le bois y fut présenté comme le matériau phare du logement des ruminants. Des panneaux d’information disposés dans les bâtiments, en développaient l’argumentation. Les visiteurs pouvaient y lire que les produits de la forêt avaient été retenus en raison de leurs qualités techniques (hygroscopique, isolation, acoustique, tenue au feu), de leur entretien facile et de leur mise en œuvre rapide, mais aussi pour leur qualités esthétiques et d’intégration à l’environnement. Les rédacteurs de la brochure en faisaient même un argument du « respect des nouvelles normes issues de la loi Paysage 28 ». Audelà de l’aspect constructif, l’unité expérimentale présentait toutes les innovations en cours, tant au niveau de la contention et du logement des animaux que de la gestion de l’alimentation et du traitement des déjections. Abreuvoirs à compteur d’eau, distributeurs automatique de lait (DAL), distributeur automatique de concentré (DAC), identification des animaux, enregistrement quotidien des données, suivi collectif et individuel du bétail, vidéo-surveillance permettaient à un seul vacher de conduire les 176 animaux composant le troupeau de la ferme expérimentale de l’INA PG.
Ill. 237. Guide de visite de l’étable expérimentale de l’INA Paris-Grignon, couverture.
312
HAA_.indb 312
03/06/2019 13:32
L E S
A N N É E S
1 9 9 0 …
Ill. 238 et 239. Étable expérimentale de l’INA PG, H. C.
Du point de vue architectural, l’absence de diversité volumétrique consacra la grande nef bi-pentes comme unique forme envisageable pour ce type de programme. Formidable outil de promotion du bois et de la modernisation des pratiques, le modèle de Grignon répondit aux attentes des nombreux éleveurs qui souhaitaient construire des ouvrages adaptés à la concentration des troupeaux.
Ill. 240. Étable expérimentale de l’INA PG, coupe.
313
HAA_.indb 313
03/06/2019 13:32
A U
-
D
E
L
À
D
E
S
T
R
E
N
T
E
G
L
O
R
I
E
U
S
E
S
LA MAÎTRISE DES POLLUTIONS D’ORIGINE AGRICOLE : UNE MAINMISE TECHNIQUE SUR LA CONCEPTION DES BÂTIMENTS n Durant les années 1960 et 1970, la mise au point des bâtiments d’élevage se
réalisa sans que soient véritablement pris en compte les impacts environnementaux dus a l’intensification des productions. L’intérêt des agriculteurs pour la sauvegarde de la nature ne se manisfestait alors que de manière parcimonieuse. Dans la presse professionnelle, les conséquences des rejets massifs de produits nocifs dans les rivières n’étaient présentées que de manière métaphorique, en prenant soin de ne pas heurter les lecteurs. Ainsi, au milieu des années 1970, l’application de mesures concrêtes et contraignantes n’était guère évoquée. Certes, à la fin des années 1960, l’ITEB avait organisé à Lyon un premier congrès sur la question mais, « compte tenu de la complexité de la réglementation des pollutions d’origine agricole (notamment celles d’origine animale) et de la pression de certains lobbies ou de certaines nécessités économiques, on [put, longtemps,] constater une grande mouvance des textes législatifs réglementant ces pollutions 29 ». Ce n’est que durant la seconde partie des années 1980 que la dégradation continuelle des milieux, et notamment l’eutrophisation des rivières 30, conduisit les instances à durcir les réglementations. De nouvelles dispositions transformèrent la conception des bâtiments d’élevage. Il ne s’agissait plus d’édifier des hangars en quelques semaines mais de projeter des ensembles immobiliers en s’intéressant à l’impact de leur fonctionnement sur l’environnement. Une vision globale s’imposait pour combiner l’abri du bétail et les équipements nécessaires au recueil et à la gestion des pollutions induites. Cette nouvelle approche renforça les liens entre les édifices et le territoire par la définition de surfaces d’écoulement des eaux, d’ouvrages de collecte et de stockage des déjections, de volumes de traitement, de parcelles d’épandage, etc. Dans le même temps elle acheva d’éloigner les structures d’élevage des bourgs et des hameaux en imposant des distances d’implantation par rapport aux lieux d’habi-
Ill. 241. L’eau, un élément indispensable à la vie, Le Cultivateur du Loiret, 1975.
314
HAA_.indb 314
03/06/2019 13:32
Table des matières
Remerciements......................................................................................................
7
Préface de Daniel Le Couédic...............................................................................
9
Introduction.........................................................................................................
13
PREMIÈRE PARTIE
LES ÉVOLUTIONS CONSTRUCTIVES DE L’APRÈS-GUERRE : DES ÉDIFICES TRADITIONNELS AUX BÂTIMENTS INDUSTRIALISÉS
De l’entre-deux-guerres à la Libération Les prémices d’une révolution architecturale.................................................................
27
L’ÉQUIPEMENT DE LA FERME ET L’HYGIÈNE, 27 UNE PREMIÈRE MODERNISATION......................................................................... L’eau, l’électricité, la motorisation............................................................................. 27 Silos et hangars, prémices de la modernité constructive........................................... 30 Des évolutions architecturales marquées par la pensée hygiéniste............................. 34 Les règlements sanitaires départementaux................................................................. 39 L’HABITAT RURAL, EMBLÈME ARCHITECTURAL DURANT L’OCCUPATION....................................................................................................... 41
Le régionalisme, discours architectural officiel.......................................................... 42 Fermes modernes, fermes rationnelles...................................................................... 46 Vers des constructions adaptées à de nouvelles conditions d’exploitation................. 51 Le financement des bâtiments d’exploitation............................................................ 54 Les élans de la reconstruction....................................................................................
61
61 VERS UN FONCTIONNALISME HARDI................................................................... Le Plan Marshall et les « baby tracteurs »................................................................. 63 « La charité doit se faire technicienne ».................................................................... 65
70 LES FORMES ET LES OUTILS DE LA VULGARISATION.................................................. Vulgarisation séculaire, commerciale ou « désintéressée »......................................... 70 L’ÉMERGENCE DES ORGANISMES SPÉCIALISÉS EN BÂTIMENT AGRICOLE............... 78 La section technique de l’habitat rural du ministère de l’Agriculture....................... 80 Les Centres d’études techniques agricoles (CETA)................................................... 82 356
HAA_.indb 356
03/06/2019 13:32
T A
B
L
E
D
E
S
M
A T
I
È
R
E
S
Le Comité national de l’habitat rural....................................................................... 83 Les comités départementaux d’habitat rural et les sociétés d’intérêt collectif agricole d’habitat rural.............................................................................................. 85 Les évolutions architecturales et conceptuelles...........................................................
91
91 LE HANGAR POLYVALENT, UN EMBLÈME DE LA MODERNISATION.................... Le hangar, modèle universel..................................................................................................... 91 Les équipements induits par les nouveaux engins..................................................... 96 La recherche de l’économie...................................................................................................... 102 INCERTITUDES TECHNIQUES, INCERTITUDES ARCHITECTURALES................ 108 Prescriptions techniques et autoconstruction............................................................ 108 Matériaux traditionnels et nouveaux systèmes constructifs....................................... 110 ARCHITECTES, INGÉNIEURS, CONSTRUCTEURS : CONCURRENCES ET IGNORANCES...............................................................................
112 Les aides à la construction, avec ou sans hommes de l’Art ?..................................... 112 Nouvelles notions, nouveaux acteurs........................................................................ 114 Une problématique absente des débats architecturaux............................................... 116 Conception des bâtiments d’exploitation : abstraction architecturale ou présumé bon sens paysan ?.................................................................................... 121 Les CDHR, lieux d’échanges entre architectes et vulgarisateurs agricoles................. 123 DEUXIÈME PARTIE LES ANNÉES 1960 L’INTENSIFICATION DES PRODUCTIONS ET LA SPÉCIALISATION DES BÂTIMENTS
La révolution des années 1960 Une conception spécialisée des bâtiments liée à une nouvelle organisation territoriale........
137
L’EXPLOITATION À DEUX UNITÉS TRAVAIL HOMME : UN NOUVEAU MODÈLE D’ORGANISATION................................................................. 137
Les lois d’orientation agricole de 1960 et 1962 : de l’exploitation familiale à l’exploitation à deux unités travail homme............................................................ 138 Entreprise individuelle et économie de groupe......................................................... 139 LES PROXIMITÉS ENTRE LES LOIS D’ORIENTATION DE 1960 ET 1962 ET LES THÉORIES DE L’AMÉNAGEMENT RURAL ÉLABORÉES PAR LES ARCHITECTES ET LES URBANISTES AU MILIEU DU SIÈCLE............................
142 ASCORAL et CNJA, des objectifs concordants....................................................... 145 Le remembrement : l’exploitation agricole, unité de base de l’aménagement rural....... 153 Urbanisme, « ruralisme » et aménagement des campagnes....................................... 159 Le logement humain au détriment des bâtiments d’exploitation ?........................... 162 LA PRÉPARATION DU VIe PLAN : NOUVEAUX MODÈLES ÉCONOMIQUES,
INTERROGATIONS STRUCTURELLES ET TERRITORIALES....................................... 163 Le rapport Vedel....................................................................................................... 164 Au-delà de la productivité, de nouvelles vocations................................................... 166
De la polyvalence des constructions à la spécialisation des programmes et des concepteurs...............................................
171
L’AFFIRMATION DES ORGANISMES DÉPARTEMENTAUX D’HABITAT RURAL............................................................................................................... 171 357
HAA_.indb 357
03/06/2019 13:32
H
I
S
T O
I
R
E
D
E
L ’
A
R C
H
I
T
E
C
T
U
R
E
A
G
R
I
C
O
L
E
Le programme de vulgarisation « bâtiments agricoles » de la Fédération nationale des comités habitat rural.......................................................... 171 Une approche technicienne de plus en plus professionnelle : l’exemple du Loiret... 175 Dernières interrogations des intervenants généralistes en bâtiment.......................... 177 DE LA VULGARISATION AU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE..................................... 179 La section technique de l’habitat rural du ministère de l’Agriculture : plans types et prescriptions techniques..................................................................... 179 Le décret de 1966 sur le Développement agricole.................................................... 182 La loi de 1966 sur l’élevage et l’augmentation des troupeaux................................... 184 LA FIN DU MYTHE DES CONSTRUCTIONS POLYVALENTES................................... 187 La spécialisation des bâtiments................................................................................. 187 L’hypothèse d’un clivage entre deux grandes familles de constructions et de conseillers. 189 L’INTÉGRATION ET LE RÈGNE DES « BÂTIMENTS-MACHINES »............................... 190 L’industrialisation des élevages et la vulgarisation officielle....................................... 191 Quasi-intégration, intégration verticale et intégration horizontale........................... 191 Un nouveau type architectural : le bâtiment hors-sol............................................... 192 Les prescripteurs des ateliers hors-sol..................................................................................... 200 La maîtrise d’œuvre et réalisation............................................................................. 205 LES PRODUCTIONS HERBAGÈRES ET LES BÂTIMENTS EN RELATION AVEC LES TERRITOIRES..........................................................................
207 L’évolution des bâtiments bovins.............................................................................. 207 Vers des étables de grand format............................................................................... 209 Des carences de la recherche institutionnelle à la mise en place d’un dispositif de recherche-action........................................................................... 214 La mise en place d’un réseau de conseillers de terrain.............................................. 217 Les moyens, les actions et les réalisations des têtes de réseau.................................... 222 Vers une normalisation des prestations des conseillers bâtiment............................... 224 TROISIÈME PARTIE
AU-DELÀ DES TRENTE GLORIEUSES : QUAND L’ENVIRONNEMENT S’INVITE À LA TABLE DU PRODUCTIVISME
Préoccupations architecturales et préservation des paysages ruraux........................
241
LA CONSULTANCE ARCHITECTURALE, UNE NOUVELLE PRATIQUE DANS LES CAMPAGNES...................................................................................................... 241 Les « pionniers ».......................................................................................................................... 241 Préservation des paysages et correction architecturale............................................... 244 L’ÉVOLUTION DU CONTEXTE RÈGLEMENTAIRE, LA LOI SUR L’ARCHITECTURE DE 1977.................................................................................................................................. 250
Le statut particulier des constructions agricoles dans la loi sur l’architecture de 1977......................................................................................... 250 Les missions de maîtrise d’œuvre ne sont soumises à aucune autorité supérieure sauf…...................................................................................................... 253 L’accueil du texte dans les campagnes....................................................................... 253 L’APPROCHE ESTHÉTIQUE DES EXPLOITATIONS : DE L’EMBELLISSEMENT DES COURS DE FERME À L’INTÉGRATION DANS LES PAYSAGES............................
256 Embellissement et propreté des cours de ferme........................................................ 257 358
HAA_.indb 358
03/06/2019 13:32
T A
B
L
E
D
E
S
M
A T
I
È
R
E
S
L’émergence du concept d’intégration paysagère...................................................... 262 Éviter le pire ou favoriser l’audace architecturale ?.............................................................. 267 LA MISSION « BÂTIMENTS AGRICOLES DANS LE PAYSAGE »................................... 269 La sensibilisation et la formation des acteurs............................................................ 269 De l’Unité pédagogique… à la montagne................................................................ 272 Architectes, conseillers Bâtiment et agriculteurs : dynamiques nationales et empathies locales.................................................................................................. 275 DES ARCHITECTES DANS LES SERVICES DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE..................................................................................................................
286 Mission de service public ou mission d’intérêt public ?............................................ 286 Dépasser les questions formelles............................................................................... 288 Les années 1990, révolution ou normalisation environnementale ?..........................
297
LE BOIS, UN MATÉRIAU CONSENSUEL................................................................................. 298 Le bois, une ressource locale........................................................................................ 298 Bois, ventilation naturelle et insertion paysagère...................................................... 300 Bois et autoconstruction........................................................................................... 306 L’investissement des industriels : l’exemple de la société Intrabois............................ 308 LA MAÎTRISE DES POLLUTIONS D’ORIGINE AGRICOLE : UNE MAINMISE TECHNIQUE SUR LA CONCEPTION DES BÂTIMENTS..................
314 La loi sur l’eau et l’élargissement de la réglementation des installations classées....... 315 La révision des règlements sanitaires départementaux, une première étape.............. 317 Le programme de maîtrise des pollutions d’origines agricoles.................................. 318 Bien-être animal, une énième normalisation ?.......................................................... 322 LA LOI PAYSAGE ET LA GÉNÉRALISATION DE L’INSERTION PAYSAGÈRE................ 324 Les agriculteurs, producteurs de paysage : du refus à la prise de conscience............. 325 La loi Paysage, une nouvelle approche du permis de construire............................... 330 Le subventionnement de l’accompagnement végétal................................................ 332 L’éternel débat sur les intervenants........................................................................... 334 Conclusion...........................................................................................................
343
Repères bibliographiques......................................................................................
351
Les sigles...............................................................................................................
354
359
HAA_.indb 359
03/06/2019 13:32
Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE
En un demi-siècle, la société paysanne a connu une mue stupéfiante, dont les effets se sont lus rapidement et violemment dans les paysa ges. Tandis que les remembrements remodelaient les territoires au gré des nouvelles pratiques agricoles, la standardisation gagnait les édifices désormais bien éloignés de la diversité des constructions traditionnelles. Si cet aboutissement est bien connu, les raisons et les modalités qui l’ont produit demeurent opaques. À travers l’évolution des édifices, cet ouvrage révèle les ressorts politiques, économiques et réglementaires de la transformation du monde rural durant la seconde partie du xxe siècle. Portés par des acteurs divers aux motivations multiples, de l’État aux dépositaires d’intérêts privés, en passant par les territoires, ces nouveaux modes d’organisation des campagnes modifient en profondeur et à un rythme soutenu les paysages, mais également la sociologie et l’organisation du monde paysan. Ce voyage dans l’histoire de l’architecture agricole, richement illustré et documenté, expose ainsi le processus complexe d’une modernisation, depuis les idéologies du progrès issues des Trente Glorieuses jusqu’au surgissement des questions environnementales, dans laquelle les résistances et les ajustements rusés des héritiers de la tradition eurent toute leur place.
Hervé Cividino est architecte et docteur en Aménagement et Urbanisme. Directeur adjoint du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement du Loiret et chercheur associé à l’Institut de géoarchitecture de l’université de Bretagne occidentale (EA 7462), il s’intéresse particulièrement aux problématiques touchant à l’aménagement des espaces ruraux. Il est l’initiateur et l’animateur du site www.architecturesagricultures.fr.
HAA_COUV.indd 1
ISBN 978-2-281-14320-1
Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE 1945-1999. La modernisation des fermes Préface de Daniel Le Couédic
Hervé Cividino
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE AGRICOLE
1945-1999. La modernisation des fermes
03/06/2019 13:34