Jean-Luc armagnacq
LA LANCIA DELTA
LA LANCIA DELTA DE MON PÈRE
JEAN-LUC ARMAGNACQ
SOMMAIRE INTERVIEW AVANT-PROPOS CHAPITRE 1
ÉTUDES ET CONCEPTION LES ÉTUDES DE MARCHÉ LES MOYENS D’UNE AMBITION LES PROJETS Y4 ET Y5 STYLE SIGNÉ GIUGIARO SÉRÉNITÉ DANS L’HABITACLE MÉCANIQUE MODERNE PRODUCTION ET COMMERCIALISATION
CHAPITRE 2 CONSTRUCTION DE GAMME 1979-1985 1979 : VERSIONS 1300 ET 1500 1980 : VOITURE DE L’ANNÉE 1982 : DU GRAND TOURISME 1983 : LE SOUFFLE DU TURBO 1984 : DEUX CENT MILLE DELTA 1985 : DIX MILLE DELTA HF TURBO
CHAPITRE 3 DIVERSIFICATION DE GAMME 1986-1993 1986 : TROIS GAMME DELTA 1987 : RELANCE RÉUSSIE 1990 : QUATRE CENT MILLE DELTA 1991 : ULTIMES RETOUCHES 1993 : FIN DE PRODUCTION
4 5 6 7 12 12 13 15 19 25
28 29 34 36 42 47 48
50 52 57 59 60 63
CHAPITRE 4 LES INTEGRALES 1986-1994
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1982 : DELTA 4X4, L’AVENIR 1986 : DELTA HF 4WD 1987 : HF INTEGRALE 1989 : HF INTEGRALE 16V 1991 : INTEGRALE EVOLUZIONE 1993 : INTEGRALE EVO 2 LES SÉRIES LIMITÉES
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CHAPITRE 5 LES RALLYES S4, L’AMBITION DÉMESURÉE LES DELTA EN GROUPE A
CHAPITRE 6
HAUTE COUTURE ITAL DESIGN ORCA PININFARINA HIT ZAGATO HYENA LA DÉCOUVRABLE SELENE LE CABRIOLET AGNELLI
CHAPITRE 7 CARACTÉRISTIQUES ET STATISTIQUES CARACTÉRISTIQUES DES VERSIONS PRODUCTION LES RALLYES LES TARIFS
CHAPITRE 8
NUANCIER
REMERCIEMENTS
84 85 93
98 99 100 105 109 109
110 111 115 116 116
118 120
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É TUDES ET CONCEPTION
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Dessin final de la Lancia Delta, valorisant son élégance due à la grande netteté de ses lignes géométriques. (Archives E-T-A-I)
LES ÉTUDES DE MARCHÉ Le marché européen des voitures familiales, alors en développement rapide depuis les années 1960, avait commencé à se scinder en deux catégories. Et tandis que les familiales classiques croissaient en dimensions et performances et que les citadines se développaient sur le créneau de la deuxième voiture, les familiales compactes apparurent pour combler l’écart et proposer les prestations routières des premières et la fonctionnalité des secondes. Sur le marché européen, la demande pour ces berlines devrait passer de 2,5 à 3 millions d’exemplaires par an au cours des années 1980 et, en Italie, le marché potentiel s’élève à six cent mille voitures avec une croissance de 4 % par an, supérieure à celle du marché global. Potentiellement, sur ce créneau, un automobiliste sur cinq est un client de la future Lancia.
LA LANCIA DELTA DE MON PÈRE
En 1969, l’acquisition de Lancia par Fiat avait permis d’établir un plan de développement sur les segments des voitures familiales de moyenne gamme et de haut de gamme, qui se concrétisa par le lancement de la Lancia Beta en 1972, puis de la Gamma prévue pour 1975. Lorsque la production de la Fulvia cessa à la fin de l’année 1972, Lancia ne disposait plus de berline moyenne et, dès lors, les cadences de fabrication insuffisantes suscitèrent l’élaboration d’une stratégie de développement dès 1974 et pour les cinq années à venir, reposant sur deux nouveaux modèles à carrosserie bicorps et tricorps partageant une même plateforme technique, dont les lancements étaient prévus pour 1979 et 1982. Ils bénéficieraient de l’expérience technique de Lancia, préservant son autonomie dans ce domaine, et de la puissance industrielle et commerciale du groupe Fiat. Supervisé par Umberto Agnelli depuis Fiat, Giovanni Sguazzini, directeur de Lancia, donna le feu vert à Sergio Camuffo pour lancer les études et la conception d’un nouveau modèle ambitieux.
CHAPITRE 1
De haut en bas, le tout premier crayonné du profil, et des recherches pour le panneau de custode et la calandre. (Archives E-T-A-I) La fonctionnalité de la cinquième porte est présente dès le début. (Archives E-T-A-I)
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Jeux de lumière sur la carrosserie athlétique de la Delta HF Integrale 16v. (Archives de l’auteur)
disques est complété par un système antiblocage ABS très évolué, avec six capteurs : un dans chaque roue et deux autres installés au centre du plancher fournissant au calculateur les données d’accélération longitudinale et transversale. Cet ABS fonctionne de manière optimale quelles que soient les conditions d’adhérence de chacune des roues motrices. En option, il peut ne pas être monté sur la voiture, moyennant une réduction du prix. La carrosserie est modifiée avec un renflement de 3 cm en hauteur du capot moteur pour loger la culasse à seize soupapes, et une écope placée sous le spoiler
avant canalise le flux d’air refroidissant la boîte de vitesses. Dans l’habitacle, l’instrumentation a été rendue plus lisible, et surtout, le sens de rotation du comptetours est désormais contra-horaire afin que la zone rouge soit visible du pilote, et non plus masquée par le volant. Toutes ces nouveautés portent le poids de la Delta HF Integrale 16v à 1 250 kg, soit 35 kg d’augmentation. Les performances progressent grâce au rapport poids-puissance légèrement amélioré : 220 km/h en vitesse de pointe, et 26,1 secondes en accélération sur 1 000 mètres départ arrêté.
À la fin de 1989, la HF Integrale 16v est la Delta la plus exportée ! Sur un total de sept mille cinq cents Delta vendues hors d’Italie, quatre mille trois cents étaient des Integrale, dont deux mille cent en Allemagne, cinq cents en Suisse et cent cinquante au Royaume-Uni alors qu’elle n’existe pas en conduite à droite, les autres étant distribuées en France, en Espagne, au Japon, en Nouvelle-Zélande, à Hong Kong, à Taïwan, à Singapour, et au Chili. Pour Auto hebdo n° 676 du 17 mai 1989, Jean-Pierre Gosselin prit le volant de l’Integrale 16v : c’est la berline la plus efficace, procurant un plaisir rare et une sécurité absolue, avec un confort étonnant grâce à un amortissement puissant et progressif. Pour José Rosinski dans Sport Auto n° 329 de juin 1989, l’Integrale 16v est d’une efficacité exceptionnelle sinon unique, hors de portée des concurrentes, malgré un tarif nettement augmenté. Robert Séjourné, dans L’Automobile n° 517 de juillet 1989, juge l’Integrale 16v plus “gonflée” par sa puissance accrue sous le capot moteur bombé, et aussi plus efficace, permettant de bondir de virage en virage avec bonheur. Jean-François Marchet s’offre une petite récréation dans Auto hebdo n° 685 du 19 juillet 1989, avec la HF Integrale 16v et sa glorieuse aînée, la Stratos HF. Le ton résolument décalé n’oublie pas la technique et le pilotage : la plus lourde et plus efficace Delta s’impose sur la Stratos, légère et parfois rétive, dotée d’une architecture et d’un moteur nobles, et habillée d’un style flamboyant en faisant une icône absolue. Dans L’Auto-Journal n° 13-1989 du 1er août 1989, Jean-Claude Letrou goûte peu la carrosserie de la Delta Integrale 16v, outragée par les nécessités mécaniques, mais il s’enthousiasme pour son comportement routier diabolique et son prix, qui en font une voiture exceptionnelle. Jean-Michel Cravy réalise un face-à-face dans le numéro 519 de L’Automobile en septembre 1989 avec la Delta Integrale 16v et la Volkswagen Golf Rallye G60. Très facile à contrôler, la Golf manque de dynamisme par sa transmission intégrale non permanente, alors que la Delta la surclasse aisément par son goût immodéré du pilotage.
Bienvenue à bord des Delta HF 4WD, HF Integrale et HF Integrale 16v. (Archives de l’auteur)
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Publicité allemande de 1989 avec la HF Integrale 16v pour célébrer les titres de champion du monde des rallyes 1987 et 1988. (Archives de l’auteur)
HF Integrale 16v
200 ch DIN 6,3 kg/ch
213 km/h 196 500 F
VW Golf Rallye G60
160 ch DIN 7,8 kg/ch
207 km/h 186 700 F
L ES RALLYES
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La Delta HF Integrale Groupe A de 1988 dans l’enfer des cailloux des pistes du rallye de l’Acropole en Grèce. (Archives de l’auteur)
LA LANCIA DELTA DE MON PÈRE
Pour Lancia, la compétition a toujours été un moteur d’innovation, et plus particulièrement les rallyes dans lesquels les modèles engagés ont laissé leur empreinte au cours des années 1970 à 1980. Ainsi, au gré des évolutions techniques et de la réglementation, se sont succédé les Lancia Fulvia, Stratos, 037 Rally dont les palmarès témoignent d’une réussite éclatante. Ces succès allaient être complétés par la Lancia Delta, qui semblait bien moins en adéquation avec cette discipline sportive qui avait engendré des voitures taillées sur mesure. Les impératifs du championnat du monde des rallyes combinés aux souhaits du marketing de disposer d’un soutien médiatique aux ventes de la version de grande série ont contribué à la transformation d’une berline familiale, non pas en une, mais en deux machines de course, dont l’objectif non dissimulé était la victoire absolue.
CHAPITRE 5
S4, L’AMBITION DÉMESURÉE Au début des années 1980, l’Audi Quattro à quatre roues motrices avait démontré une efficacité diabolique en rallye face à des voitures pourtant plus légères, comme la Lancia 037. Cette voiture n’avait pas encore été sacrée championne du monde des rallyes de l’année 1983 que sa remplaçante était esquissée dès janvier de cette même année et que les caractéristiques du projet Abarth code 038 ARO étaient définies au cours du mois d’avril. L’ingénieur Aurelio Lampredi et le directeur technique de Lancia-Abarth, Claudio Lombardi, décidèrent d’une voiture compacte, à quatre roues motrices et moteur central arrière, architecture de la prometteuse Peugeot 206 turbo 16, synthèse de la Quattro et de la 037. Le calendrier prévoit une présentation de la 038, alias Delta S4 pour “Suralimentation et 4 roues motrices”, en décembre 1984 pour la version compétition, puis des deux cents exemplaires de la version routière d’homologation en septembre 1985.
85 De haut en bas : La structure de la Lancia S4 avec châssis tubulaire pour la motorisation adossé à la coque de l’habitacle. (Archives de l’auteur) La transmission aux quatre roues de la S4 avec boîte de vitesses centrale. (Archives de l’auteur) Les trains roulants de la S4 avec suspension doublement triangulée à l’avant et à l’arrière. (Archives de l’auteur)
La Lancia Delta, présentée au début des années 1980 sur le marché en pleine expansion des voitures familiales compactes, s’adressait aux automobilistes souhaitant les prestations raffinées d’une voiture de luxe dans une carrosserie moins ostentatoire. Élaborée sur des solutions techniques dignes de la tradition Lancia, la Delta fut couronnée Voiture de l’année 1980 en Europe. La gamme Delta, développée jusqu’au début des années 1990, intégra des mécaniques plus puissantes, des finitions toujours plus luxueuses et des versions sophistiquées à quatre roues motrices. Longtemps engagée en championnat du monde des rallyes, la Delta évolua selon les réglementations des Groupe B et A. Avec près de cinq cent mille voitures produites en douze ans, dont quelques modèles haute couture, uniques ou à quelques dizaines d’exemplaires, la Delta fut une remarquable réussite commerciale, dont vous découvrirez les études et prototypes, les versions de chaque millésime, les séries limitées, leurs publicités, les compétitions, et une revue de la presse internationale.
ISBN : 979-10-283-0407-2
9 791028 304072