N° 3690 . jaNvier - février 2021 . 40 euros
N° 3690 . jaNvier - février 2021 . 40 euros
Sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel MACRON, Président de la République
GLOBAL INDUSTRIE, 5 ÉVÉNEMENTS POUR RELANCER LE BUSINESS REPROGRAMMATION DU SALON DU 7 AU 10 SEPTEMBRE 2021
global-industrie.com
UN PROGRAMME DE RELANCE, 5 ÉVÉNEMENTS RENDEZ-VOUS SUR WWW.GLOBAL-INDUSTRIE.COM
La DÉCOUVERTE VIRTUELLE d’une usine du futur pour INSPIRER vos projets d’investissements 9 février 2021 Focus relocalisation
4 mai 2021 Focus 5G
22 juillet 9 novembre 2021 2021 Focus transition écologique
Janvier 2022
Mars 2022
Des RENCONTRES QUALITATIVES pour vous GARANTIR un business fructueux 9 mars 2021
25 mai 2021
7 décembre 2021
Février 2022
Un événement 100% DIGITAL pour PRÉPARER votre salon 22 et 23 juin 2021 Webinars, tables rondes et programmation de rendez-vous
Printemps 2022
Un SALON INCONTOURNABLE pour CONCRÉTISER vos projets et NOUER des contacts profitables 7 AU 10 SEPT. 2021 Le plus grand rendez-vous industriel en France, à Eurexpo Lyon
PRINTEMPS 2022 Prochaine édition à Paris, Parc des Expositions de Villepinte
Une MARKETPLACE pour ACCOMPAGNER vos projets et rencontrer de nouveaux acteurs toute l’année Un seul accès : industrie-online.com Lancement le 20 avril 2021
L’ENTRETIEN
1
Patrick Pouyanné (Total) « Notre stratégie sera pilotée par la demande » PAGE 10 REPORTAGE
Fusion PSA-FCA, naissance du géant Stellantis PAGE 122 ROBOTIQUE
Le cobot, l’ami qui vous aide à emballer
Comment l’Allemagne va sortir du nucléaire et du charbon PAGE 52
PAGE 126
MANAGEMENT
INNOVATION
Quand la vie privée s’invite dans le bureau des DRH PAGE 62 N° 3690 . JANVIER - FÉVRIER 2021 . 40 EUROS
AUTOMOBILE
Chassez le carbone à la sortie de vos usines ! PAGE 130
EXCLUSIF
Le classement des 100 premières écoles d’ingénieurs PAGE 90 INDUSTRYSTORY
Naissance des ButtesChaumont PAGE 164
www.usinenouvelle.com
COMMENT RE LOCALISER EN FRANCE Mobilisation générale ! La crise a révélé la vulnérabilité de la France face aux ruptures d’approvisionnement. Le plan de relance appelle à rapatrier une partie de la production. Automobile, éolien en mer, pharmacie, textile... Les stratégies des filières pour partir au combat.
2
3
4
l’Édito
www.usinenouvelle.com
demain se fabrique aujourd’hui
Des raisons d’espérer
L
a récession provoquée par le Covid-19 a beau être profonde – du jamais vu depuis un siècle –, elle n’est pas de même nature que celles que nous avons déjà connues. Quand le virus aura cessé de circuler, nous devrions donc en sortir plus vite. C’est une récession auto-infligée. Il a été décidé de mettre en hibernation une économie en bonne santé. Comme aucune des causes structurelles des récessions classiques n’était à l’œuvre (éclatement d’une bulle financière, chute des prix imLa sortie du premier confinement s’est faite en V. La reprise en sepmobiliers, explosion des prix des matières Cette récession premières…), aucun frein structurel ne tembre et octobre a été plus rapide que devrait ralentir le redémarrage. prévu dans toutes les régions du globe. auto-infligée Les investissements ont bien tenu. En France, le rebond de 18,2 % du PIB est atypique. C’est la bonne surprise. Lors des crises entre juillet et septembre a montré la Le redémarrage précédentes, l’investissement chutait trois forte capacité de résilience de notre écoà quatre fois plus que le taux de croissance, nomie, et le taux d’activité dans l’indusle sera aussi. traduisant une crainte de l’avenir chez les trie s’est maintenu autour de 90 % ces industriels, et bridant la reprise à venir. derniers mois malgré le deuxième confiChristine KerdeLLant nement. Si le FMI n’est guère optimiste, Cette fois, il n’a pas baissé davantage que directrice de la rédaction la richesse nationale : l’Insee attend - 9 % les grands patrons français, eux, voient pour l’un et l’autre en 2020. Denis Ferrand, leur horizon s’éclaircir dès l’été prochain. vos commentaires sont les bienvenus le directeur général de Rexecode, voit dans Les PME sont plus partagées, car la crise ckerdellant@usinenouvelle.com cette résilience de l’investissement une sanitaire est très « segmentante » : si les véritable incongruité statistique. L’expliperspectives de la majorité des entre@ckerdellant prises industrielles sont bonnes, 10 % cation ? Les entreprises étaient engagées dans un cycle de transformation digitale sont très mal en point. Tout va dépendre et énergétique qui est loin d’être terminé. Le télétravail, d’une part, et de la manière dont les pouvoirs publics vont traiter, voire restructurer, la l’appel à « verdir» du plan de relance, d’autre part, les incitent à poursuivre dette des sociétés viables. Si des solutions sont trouvées, et que la vacces investissements numériques et soutenables. À condition qu’elles cination fonctionne, nous pourrons espérer une reprise en V, loin des n’émergent pas des confinements avec un endettement insupportable… cinq ans de langueur post-crise dont la France est coutumière. #
l’Usine noUvelle, site Leader et mensueL de référenCe (lire aUssi page 142) Bonne année 2021 ! Qu’elle vous apporte santé, bonheur et réussite dans vos entreprises. « L’Usine Nouvelle » que vous tenez entre les mains s’est réinventé: plus épais, plus complet, vous le recevrez désormais en rythme mensuel. Vous y retrouverez ce que vous appréciez dans l’hebdo, mais en taille XXL : 10 pages d’innovations; 8 pages de guide achats; 20 pages de
synthèses et d’analyses de l’actualité du mois ; un dossier de couverture de 20 pages; des enquêtes sectorielles, des conseils management, des chroniques… Et aussi des nouveautés: la carte de France des ouvertures,fermeturesetextensionsd’usinesau mois le mois ; un forum pour les abonnés ; des pages récréatives et culturelles... Ce magazine
est le complément idéal du site internet usinenouvelle.com,premiersiteBtoBenFrance,dont vousconsultezsûrement,chaquejour,lesarticles réservés aux abonnés, eux aussi considérablement enrichis. N’hésitez pas à nous livrer vos réactions,carnoustenonsàêtreplusquejamais, enligneetsurpapier,lepremieroutiletlepremier défenseur de l’industrie française ! 5
LE SoMMAirE L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Président, directeur de la publication Julien Elmaleh Directrice générale déléguée Isabelle André Directeur du pôle industrie Pierre-Dominique Lucas
Pour nous joindre, composez 01 77 92, suivi des quatre chiffres indiqués. Pour nous adresser un e-mail, tapez l’initiale du prénom, le nom, puis @usinenouvelle.com Directrice de la rédaction Christine Kerdellant 9483 Directrice adjointe de la rédaction Anne Debray 9251 Rédacteur en chef Pascal Gateaud 9436 Directeur artistique Vincent Boiteux 9501 Rédacteur en chef édition Guillaume Dessaix 9498 Assistante de la rédaction Farah Charfi 9425 USINENOUVELLE.COM
Rédactrice en chef Gaëlle Fleitour 9469 Rédactrice en chef et chef de projet Indices et cotations Myrtille Delamarche 01 46 99 24 25 Acier et aluminium primaire, BTP (matériaux, produits, construction), indices, matières premières, minéraux industriels, recyclage Rédacteur en chef adjoint Sylvain Arnulf 9689 Automobile, transports Matinalier Simon Chodorge 9404 Énergie, spatial # Hubert Mary 9455 # Roman Epitropakis 9662
P. 10
RÉDACTION bimédia
Aurélie Barbaux (grand reporter) 9470 Acier et aluminium primaire, énergie, transition énergétique, utilities # Anne -Sophie Bellaiche (chef de service) 9464 Économie, finance, fiscalité, export, politique industrielle # Christophe Bys 9450 (grand reporter) Management # Olivier Cognasse (grand reporter) 9438 Environnement, politique climat, nouvelles mobilités, recyclage, transport, utilities # Julien Cottineau (grand reporter) 9586 Chimie, santé, cosmétiques # Solène Davesne 9446 Finance, fiscalité, export, politique industrielle, matières premières et minéraux industriels # Marion Garreau (chef de service) 9445 Innovation # Adeline Haverland 9259 Agroalimentaire, agriculture, agrochimie, luxe # Catherine Houbart, 9430 Quotidien des usines # Olivier James (grand reporter) 9431 Aéronautique, transport aérien, matériaux aéro # Ridha Loukil (grand reporter) 9480 Électronique, informatique, cloud, télécoms # Cécile Maillard 9959 Biens de consommation, social, formation, régions # Nathan Mann 7623 Innovation # Hassan Meddah 9441 Cybersécurité, défense, spatial # Laurent Rousselle 9435 Innovation, plasturgie, emballage, achats # Franck Stassi 9354 BTP (matériaux, produits, construction), indices # Julie Thoin-Bousquié 9670 Automobile, nouvelles mobilités # Gautier Virol 9317 Innovation ÉDITION bimédia
Secrétariat de rédaction Judith Boisriveau 9341, Claire Laborde 9877, Claire Nicolas 9497 # Maquette Laurent Pennec (premier rédacteur graphiste) 9502, Sylvie Louvet (rédactrice graphiste) 9624 # Infographie Florent Robert 9495 # Photo Jean-Louis Salque (chef de service) 9484, Marielle Toupance (rédactrice photo) 9486, Pascal Guittet (photographe) 9492 FABRICATION Nathalie Deschamps 7397 # Librairie 9775 COMMERCIAL
Directrice commerciale du pôle Industrie Béatrice Allègre 9362 Directrice adjointe de la publicité ; Mécanique, production, manutention, collectivité Sefia Bourha 9364 Environnement, énergie, métallurgie, emballage et rubrique Marché de l’industrie Alix O’Neill 9367 Transport, informatique, informatique industrielle Frédéric Riou 9369 Hygiène, sécurité, chimie, bâtiment, services, formation Corinne Biche 9368 Télécoms, électricité, électronique, mesure, salons Bertrand Doste 9366 Annonceurs étrangers print & web Andrea
Roig 9646, director of business development, Infopro International (salesipd@ infopro-digital.com) Responsable exécution Catherine Savry 9355 Régions Directeur Thierry Borde, 04-69-10-00-21 Est Clarisse Michel, 03-88-84-36-06
Publiscopies Les cahiers publiscopies Katy Boucher 9371 Publicité de recrutement Directrice commerciale Emploi Pro Julie Minfir 0179067360 Agences, grands comptes Marie Aubier 0179067361 Annonceurs Marie Caland, 0179067387 Annonces classées La Bourse de l’équipement industriel Katy Boucher 9371 Marchés publics, appels d’offres 0179067171 (rcm@groupemoniteur.fr) CONFÉRENCES-ÉVÉNEMENTS
Directrice Manon Rossetti 9229 MARKETING, DIFFUSION – ABONNEMENTS
Directeur du service marketing abonnements Yannick Védrines Directrice gestion des abonnements Nadia Clément Service clients 0 1 77 92 99 14 et abo@usinenouvelle.fr
L’édiToriAL
Des raisons d’espérer P. 5
L’ENTrETiEN
PatricK PoUyannÉ
PDG de Total « Nous passons à une stratégie pilotée par la demande » P. 10
iNNoVATioNS JUmeaU nUmÉriQUe
Destination Earth, un double de la Terre P. 14 Cartographier les matériaux quantiques avec un laser ultra-rapide P. 18
rencontre
Vincent Raufast, associé EY et pilote d’une étude sur l’immobilier d’entreprise P. 20 Le quotidien des usines P. 28
LES ESSENTiELS vaccinS
alstom entre dans une nouvelle dimension P. 34 Vers une médecine du travail plus ciblée P. 38
ADMINISTRATION-GESTION
Directeur administratif et financier Stéphane Deplus 9402
Nos analyses P. 42
POUR S’ABONNER
Forum P. 44
Vous pouvez le faire soit directement sur usinenouvelle.com/abonnement, soit par téléphone au 01 77 92 99 14, du lundi au jeudi (9h-12h - 14h-17h) et vendredi (9h-12h - 14h-16h) , soit par courrier à Infopro Digital - Service abonnements - Antony Parc II BP 20156 - 92186 Cedex Antony. TARIFS ABONNEMENTS (TVA 2,1 % incluse) 1 an, France : 399 euros TTC ; Étudiant, étranger, multi-accès : nous consulter. Règlement à l’ordre de L’Usine Nouvelle (pour l’UE, préciser le numéro de TVA intercommunautaire)
Ils font l’industrie P. 46 Indicateurs P. 48
rEporTAgE aLLemaGne
Antony Parc II - 10, place du Général-de-Gaulle BP 20156 – 92186 Antony cedex 01 77 92 92 92 usinenouvelle.com Dépôt légal 1er trimestre 2021 - Autor. minist. 29-957.29382. Imprimé par Roto France Impression 77185 Lognes. C.O. 310.905-1977 - Numéro d’enregistrement à la Commission paritaire pour les publications non quotidiennes 0722 T 81903. N° ISSN : 0042.126 X. Éditeur : Groupe Industrie Services Info, Société par actions simplifiée au capital de 38 628 352 euros. Siège social : 10, place du Général de Gaulle 92160 Antony. RCS Nanterre 442 233 417. SIRET : 442 233 417 00041. TVA : FR29442233417. Principal actionnaire : ETAI. Directeur de la publication : Julien Elmaleh Origine du papier : Finlande Ce papier provient de forêts durablement gérées et ne contient pas de fibres recyclées. Certification : PEFC Impact sur l’eau (P tot) : 0,011 kg/tonne
6
P. 66
La course folle P. 30
L’Energiewende pour sortir du nucléaire et du charbon P. 52
LA uNE
comment re-LocaLiSer en France
Dans son plan de relance présenté en septembre, le gouvernement a sonné la mobilisation générale en faveur de la relocalisation. La crise du Covid-19 a fait prendre conscience de la vulnérabilité de la France face à des ruptures d’approvisionnement. Mais le combat pour produire à nouveau sur le territoire sera long. P. 66
MANAgEMENT
Bien-Être aU travaiL
La vie privée s’invite dans le bureau des DRH P. 62
POuR S’abONNER usinenouvelle.com/abonnement
www.UsiNeNoUveLLe.com
les événements
de L’Usine Nouvelle Formation
Manager de l’environneMent de travail
P. 52
Illustrés de cas pratiques, ces deux jours de formation vous permettront de connaître et respecter la réglementation de la sécurité au travail et d’acquérir une vision globale de ses principales exigences.
16-17 mars, classe virtuelle ÉvÉnement
trophées des usines 2021
Sept trophées (productivité, qualité, stratégie R & D, initiative RSE, initiative RH, expérience client, usine de l’année) seront remis aux sites industriels français les plus performants. Date limite de dépôt des candidatures : 5 février.
27 mai, en live et en replay
guidE AChATS
DaGarD PaSSe LeS PLatS aUx Uvc P. 145
Nouveaux produits P. 145 Indices P. 152
LA bourSE dE L’équipEMENT Marché de l’industrie P. 157
LES CLASSEMENTS PaLmarÈS 2021
Les 100 meilleures écoles d’ingénieurs P. 90
LES ENquêTES
tranSition ÉnerGÉtiQUe
Dessine-moi un avion vert P. 116 stratégie Les cinq travaux de Tavares à la tête de Stellantis P. 122
LA dEr
L’industrie c’est fou P. 162
Formation
devenir responsable de parc perforMant
Cette formation vous familiarisera avec les fondamentaux de la gestion de parc automobile : financement, création du catalogue de véhicules, critères de développement durable, autopartage, fiscalité, relations avec les fournisseurs...
17-18 juin, classe virtuelle
Entracte P. 162 Le Reflex industrie P. 163
inDUStry Story
evenements.infopro.fr/usinenouvelle/
Les parents de la butte P. 164
conditionneMent Cobots, des bras en plus pour emballer P. 126
tranSition ÉcoLoGiQUe
Les industriels se lancent dans le captage de CO2 P. 130
couverture : cHrIStIAN HArtMANN / PooL SoMMAIre : PHotoPQr/Le PArISIeN/MAXPPP ; AFP ; BMS cIrcuItS édIto : dAHMANe Ce numéro comprend un cavalier GL Events, un publiscopie Chimie de 10 pages entre les pages 103 et 114, et un publiscopie Télécommunications de 6 pages entre les pages 135 et 140.
déjà abonné abo@infopro-digital.com - 01 77 92 99 14 7
8
9
l’entretien
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
ProPos recueillis Par Aurélie BArBAux et PAscAl GAteAud
Patrick Pouyanné
« ToTal passe à une sTraTégie piloTée par la demande » Le PDG du premier groupe français explique ce que signifie la transformation de l’entreprise en un groupe multi-énergies.
Jean-Paul Agon, le PDG de L’Oréal, expliquait cet automne dans nos pages que les entreprises ont dix ans pour changer la donne. Partagez-vous cet objectif? Un système énergétique mondial ne se change pas du jour au lendemain. Il faudra trente à cinquante ans. Mais il ne faut pas attendre. Pour une entreprise comme Total, faire émerger 15%
10
d’électricité dans son portefeuille, soit près de 100 gigawatts d’ici à 2030, cela représente plus de 60 milliards de dollars de projets à financer sur dix ans. Le groupe passe d’une stratégie de l’offre, de producteur, à une stratégie pilotée par la demande. C’est un énorme changement. Ce sont de nouveaux métiers, avec de nouveaux concurrents et de nouveaux marchés. Cela implique de développer des équipes car on ne crée pas de la valeur uniquement par des acquisitions. Nous avons lancé un important projet, One Tech, pour regrouper en une seule entité toutes nos compétences techniques centrales, soit environ 3400 personnes. L’idée est de les réorienter au fil des années en fonction de nos priorités, moins dans le pétrole et plus dans l’électricité.
« La transformation en un groupe multiénergies implique l’arrêt de la croissance dans la production de pétrole, la baisse des ventes de produits pétroliers et le développement du gaz et de l’électricité renouvelable. »
S. Lemouton / BeStimage
Vous dites vouloir éviter à Total le sort des dinosaures et de Kodak. Pourquoi? Le monde est engagé dans une transformation de son système énergétique, qui s’appuie aujourd’hui à 80 % sur l’énergie fossile. Cette énergie hyperdense a un inconvénient majeur, son impact sur le changement climatique. Total a décidé, en 2020, de s’engager pour accompagner cette transformation. En mai, le conseil d’administration a validé son ambition pour le climat et un objectif de neutralité carbone en 2050, y compris sur le scope 3 en Europe, car la société veut accompagner ses clients dans la décarbonation de leur énergie. Nous avons traduit ces objectifs en une stratégie à dix ans de transformation en un groupe multi-énergies. Elle implique l’arrêt de la croissance dans la production de pétrole et la baisse des ventes de produits pétroliers et repose sur le développement de deux piliers: le gaz et l’électricité renouvelable. Car le groupe va aussi devenir un électricien. Ces cinq dernières années, nous nous sommes organisés pour cela. En 2020, nous avons annoncé 10 gigawatts d’actifs renouvelables. Total ne terminera pas comme Kodak, qui s’était accroché à l’idée que la technologie argentique allait survivre.
Patrick Pouyanné lors d’une visite de l’usine Saft, filiale de total, à nersac (charente).
11
l’entretien
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Quel est le principal défi de ce plan? Tout ce qui est pétrolier devra bouger, surtout en Europe. Le green deal, j’en fais une opportunité. Les gouvernements commencent à édicter des réglementations. Nous avons obligation de réfléchir au futur pour nos métiers traditionnels en trouvant le bon équilibre. Comme nous avons encore besoin de produits pétroliers, il faut garder une capacité de raffinage. Mais il faut aussi faire évoluer nos métiers industriels. Les technologies que nous utilisons pour produire des biocarburants sont très proches de celles des unités de raffinerie. Nous avons fait une première expérience en 2015 à La Mède (Bouches-du-Rhône), qui est un succès technique et de compétences. Cela nous a confortés dans l’idée qu’il y avait un réel business model. La conversion de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) à la chimie verte préfigure-t-elle d’autres conversions de raffineries dans le monde? À Grandpuits, il n’y aura plus de pétrole du tout. C’est un modèle de transformation d’un site industriel à la production de biocarburants et de bioplastiques et au recyclage du plastique. Total y investit 500 millions d’euros. D’autres raffineurs européens, comme Eni, et américains suivent cette voie pour tirer parti de la croissance du marché des biocarburants. Compte tenu du green deal, d’autres sites en Europe devront se transformer, même si certains sites de raffinage intégrés, comme ceux de Normandie et d’Anvers, continueront de fonctionner longtemps. Il est préférable pour Total d’anticiper ces évolutions et de faire évoluer ses métiers industriels. La capture et le stockage de carbone sont-ils un nouveau business? Tous les scénarios prédisent qu’il y aura encore des hydrocarbures dans le mix énergétique européen et mondial en 2050. Si l’on veut être neutre en carbone, il faut des émissions négatives. Une manière de faire est le Carbon capture and storage, ou CCS. En Norvège, nous participons au projet Northern Lights, qui montre que la partie la plus coûteuse n’est pas le stockage mais l’infrastructure de transport du CO2. Nous en avons tiré des leçons. La première, c’est qu’il faut viser des grandes zones industrielles pour avoir beaucoup de clients, comme à Anvers, à Rotterdam ou en Normandie. La deuxième, c’est qu’il vaut mieux être près de la mer. Je vois dans le CCS un avenir pour nos champs offshore en mer du Nord comme grenier potentiel de CO2 pour l’Europe. La priorité de Total reste de capturer le CO2 de ses sites. Et, pour en faire un business rentable, il faut un effet de taille et un
12
« Pour faire de la capture et du stockage de carbone un business rentable, il faut un effet de taille et un prix du carbone. Celui-ci devrait être au-delà de 100 dollars par tonne à l’horizon 2030. »
prix du carbone. Celui-ci devrait être au-delà de 100 dollars par tonne à l’horizon 2030 si l’Europe veut atteindre la neutralité carbone. L’autre moyen de produire des émissions négatives est le puits de carbone naturel, les forêts. Total a un budget de 100 millions de dollars et une équipe d’une dizaine de personnes qui travaille sur plusieurs projets en Amérique du Sud et en Afrique. Il y a des synergies possibles dans des pays comme le Congo et le Gabon, où demain Total produira moins de pétrole, mais où il peut aider les populations à tirer des revenus de leurs forêts en les préservant. L’objectif n’est pas de faire du business, mais de neutraliser nos propres émissions. Sur nos 50 millions de tonnes d’émissions, on pourra en réduire la moitié par la technologie. Il faudra compenser l’autre moitié.
Jusqu’à présent, Total regardait de loin les technologies de l’hydrogène vert. Avez-vous changé d’avis? Pour l’instant, ce n’est pas un gros marché. L’hydrogène coûte trois fois plus cher que le gaz naturel. La question est de savoir comment faire décoller une économie de l’hydrogène. Les gaz renouvelables, hydrogène et biogaz, sont de bons compléments du gaz naturel. Je suis favorable à ce que l’on impose aux gaziers de mettre 10 % de gaz renouvelable dans leur réseau, comme on l’a fait avec les biocarburants. C’est ainsi que l’on créera un marché. Le métier de Total sera de produire de l’hydrogène décarboné. Le groupe possède les briques technologiques pour produire de l’hydrogène bleu à base de gaz avec de la capture de carbone. Et l’hydrogène vert, produit par électrolyse, est un complément évident à nos investissements dans les fermes renouvelables, pour stocker l’électricité. Envisagez-vous des acquisitions? Pas dans l’hydrogène. Je préfère travailler en alliance avec Engie à La Mède ou, demain, avec Air liquide. L’écosystème français offre des possibilités de collaboration. En revanche, dans le domaine du biogaz, nous venons de faire l’acquisition de Fonroche Biogaz. C’est le plus grand acteur français de la méthanisation, avec plus de 500 gigawattheures, soit plus de 10% du marché. La société, d’une centaine de personnes, est installée à Agen (Lot-et-Garonne). Elle possède une réelle compétence, notamment sa relation avec le milieu agricole. Le biogaz nous intéresse aussi pour développer la mobilité gaz renouvelable, en particulier aux États-Unis.
P. LavieiLLe / PHotoPQR / Le PaRiSien / maXPPP
« ToTal passe à une sTraTégie piloTée par la demande »
Patrick Pouyanné dans son bureau, au 34e étage de la tour total, à la Défense.
« Il est plus important d’avoir la concession des bornes de recharge de Paris que de dépenser 100 millions d’euros pour les jeux Olympiques. Je préfère investir cet argent dans la mobilité électrique. »
Comment avez-vous réussi à économiser plus de 1 milliard d’euros en 2020 sans licencier? Nous avons agi sur la motivation de nos équipes. Si vous annoncez à vos salariés que vous allez licencier pour faire des économies, ils s’occupent d’eux et vous laissent à votre problème d’économies. Mais si vous leur dites que vous avez besoin d’eux et qu’ils doivent se retrousser les manches, ils le font. Total est bien géré et je ne saurais pas où trouver 10 000 personnes à licencier, contrairement à mes concurrents. Nous avons aussi réalisé une économie de 150 millions d’euros sur les voyages annulés à cause de la pandémie de Covid-19. Et nous avons fait des arbitrages sur certains travaux que nous avons reportés.
Est-ce que Total doit encore chercher de nouveaux gisements? Si l’industrie n’investit pas, le déclin naturel des champs de pétrole est de 5% par an, du fait de la pression dans les puits qui diminue avec le temps. Parallèlement, le déclin de la demande mondiale, après un pic vers 2030, ne sera que de 1 à 2% par an. On pourrait donc se trouver dans une industrie où l’on ne voudra plus investir et où le déclin naturel ira plus vite que le déclin de la demande. Ce qui se traduira par des prix élevés. Pour nous, cela signifie que notre exploration doit se focaliser sur du pétrole pas cher. Continuer à explorer sous 3 000 mètres d’eau des gisements qui vont coûter cher à produire a moins de sens. Sauf, comme au Brésil, sur un immense gisement où l’on pourra produire à moins de 20 dollars le baril. Envisagez-vous de renégocier votre contrat en Ouganda? Non, le projet Ouganda a déjà été négocié. Il tient la route économiquement à moins de 20 dollars le baril. C’est un bon projet, qui a d’autres défis car il s’agit de gisements terrestres, avec des enjeux de biodiversité, d’emprise au sol et de relocalisation d’habitants de la zone. Mais face aux oppositions, la seule stratégie est la transparence absolue. Le conseil d’administration a décidé de publier tous les audits, toutes les études. Je suis convaincu que la seule bonne politique pour les groupes comme le nôtre est de répondre par des faits. Cela ne suffira peut-être pas à convaincre tout le monde, mais on ne pourra pas nous reprocher d’avoir caché des choses.
À défaut d’être partenaire olympique de Paris 2024, Total a décroché le réseau de recharge pour véhicules électriques dans la capitale. Est-ce un lot de consolation? Non, pas du tout. À mes yeux, il est plus important d’avoir la concession des bornes de recharge de la ville de Paris que de dépenser 100 millions d’euros pour les jeux Olympiques. Je préfère investir cet argent dans la mobilité électrique. Mais le plus intéressant a été le dialogue que j’ai eu avec la maire de Paris, Anne Hidalgo. J’ai demandé à l’époque : «Est-ce que ça veut dire que Total n’a pas le droit de participer aux appels d’offres à Paris?» Elle m’a répondu: «Pas du tout ! Vous avez le droit, au contraire. Moi, je suis prête à vous accompagner dans votre transition.» Pour moi, c’est très symbolique, cela prouve que Total est un acteur qui est accepté comme légitime dans la transition énergétique. J’en tire la leçon que notre acceptation passe forcément par notre transformation. Il y a une aspiration de la société à de nouvelles énergies. Total y répondra. # ProPos recueillis Par aurélie BarBaux et Pascal Gateaud
13
innovations L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Destination earth, un jumeau pour notre planète Porté par la Commission européenne, le projet Destination Earth compte mobiliser les ressources en calcul intensif du Vieux Continent pour créer un jumeau numérique de notre planète. L’enjeu: mieux prévoir les effets du changement climatique. «Il n’y a pas de planète B. » Le slogan écologiste appelant à préserver le seul espace accueillant la vie humaine reste vrai. Mais Destination Earth (DestinE) pourrait bien le nuancer. D’ici à une dizaine d’années, l’alphabet entier pourrait ne pas suffire pour dénombrer les doubles de la Terre que cet ambitieux projet porté par la Commission européenne veut faire naître... au sein des serveurs des futurs supercalculateurs européens. Interactifs, ces jumeaux numériques doivent permettre d’améliorer les prédictions des événements météorologiques et climatiques comme celles de leurs impacts. Avec l’ambition, pour les promoteurs du projet, d’aider les sociétés à s’y adapter. Intégré au programme pour une Europe numérique – qui consacrera 7,6 milliards d’euros au développement du calcul haute performance et de l’intelligence artificielle entre 2021 et 2027–, le projet croise les deux priorités de la Commission, la transition numérique et la transition climatique, pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Concrètement, il prendra la forme d’une plate-forme donnant accès à des données, des modèles et des capacités de calcul aux scientifiques et industriels participants. Dans un premier temps, des modèles partiels devraient être développés pour reproduire les comportements de différentes parties du système Terre, comme le cycle de l’eau, la circulation atmosphérique et même les dynamiques agricoles. Selon le calendrier de la Commission, les deux premières briques doivent voir le jour d’ici à 2023, avant de converger en un seul jumeau intégré à la fin de la décennie. Très hauTe résoluTion Les modèles sont courants dans les sciences du climat. Mais pour être le plus ressemblant possible, DestinE devrait aller plus loin dans la précision et la masse de données traitées. La plate-forme ambitionne de travailler sur des mailles très fines, de l’ordre de un kilomètre carré au lieu de plusieurs dizaines ou centaines pour les modèles de climat utilisés aujourd’hui. «Une révolution», selon Bjorn Stevens, le directeur de l’institut Max Planck pour la météorologie,
14
« Le projet vise à développer de meilleures capacités de prédiction, mais aussi à traduire ces prédictions en informations que différents secteurs pourront utiliser. Destination Earth sera un modèle interactif. Il sera possible de modifier des paramètres afin d’observer les conséquences de ces changements pour tester, par exemple, des mesures d’adaptation au changement climatique. » Peter BaUer Directeur adjoint de la recherche au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF)
ANALYSE
BATAILLE D’INFLUENCE autour de la performance quantique
La plate-forme Destine
en Allemagne, qui permettrait de se passer d’approximation pour représenter certains phénomènes physiques décisifs à petite échelle, comme la convection des nuages et les échanges de chaleur verticaux au sein de l’atmosphère. Pour affûter ses prédictions, DestinE devrait aussi intégrer les dizaines de millions de données déjà récupérées chaque jour pour les prédictions météo et celles concernant les activités humaines. suPerCalCulaTeurs Traiter de telles masses sera un challenge technologique et industriel, faisant appel au calcul haute performance (HPC) et à l’intelligence artificielle. Pour cela, le projet s’appuiera sur les ressources développées dans le projet EuroHPC pour le déploiement de centres de calcul intensif de dernière génération, dits exascale. Mais les utiliser ne sera pas simple, alors que les gains de performance des processeurs sont de plus en plus difficiles à atteindre. «Nous gagnons désormais de la puissance en additionnant les processeurs ou grâce à des architectures complexes mêlant par exemple des processeurs CPU et des accélérateurs GPU, résume Sylvie Joussaume, climatologue et directrice de recherche au CNRS. C’est une révolution pour le calcul, qui nécessite que la communauté climat retravaille ses codes en profondeur.» L’intelligence artificielle, elle, devra prouver sa capacité à remplacer les étapes les plus consommatrices de calcul pour alléger les modèles.
inTeraCTiViTé Une nécessité pour démocratiser l’usage de DestinE. «Le projet vise à développer de meilleures capacités de prédiction, mais aussi à traduire ces prédictions en informations que différents secteurs pourront utiliser. Destination Earth sera un modèle interactif. Il sera possible de modifier certains paramètres afin d’observer les conséquences de ces changements pour tester, par exemple, des mesures d’adaptation au changement climatique», explique Peter Bauer, le directeur adjoint de la recherche du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF). D’abord réservée à l’étude de l’impact de différentes politiques publiques européennes, la plate-forme devrait ensuite être ouverte aux entreprises et aux scientifiques pour qu’ils accèdent aux données, aux modèles développés et testent les scénarios pertinents pour leurs cas d’usage. « C’est un projet intéressant, mais la manière d’y arriver reste floue », tempère Sylvie Joussaume. Pour la climatologue, donner accès à tous à une réplique du système Terre est une bonne idée, mais nécessite de surmonter un grand nombre de défis scientifiques dans un calendrier qu’elle juge « très court». Reste que même sans parvenir à construire un jumeau numérique opérationnel, le projet devrait faire progresser notre compréhension du climat. À condition que la communauté scientifique s’en empare. # NATHAN MANN
Atos, nouvel arbitre dans la course au calcul quantique ? Le groupe français a dévoilé son unité de mesure des performances des processeurs quantiques, le Q-score. Reposant sur un problème mathématique d’optimisation combinatoire trop complexe pour les calculateurs conventionnels, il renvoie à des cas concrets d’usage industriel, telle la gestion des bornes de recharge de véhicules électriques d’EDF ou l’amélioration de matériaux de capture du CO2 pour Total. « Ne me dites pas comment vous avez fabriqué la machine, dites-moi ce qu’elle peut faire », résume Artur Ekert, professeur de physique quantique à Oxford (Royaume-Uni) et membre du comité scientifique d’Atos. Une manière de souligner la différence entre le Q-score et le volume quantique, créé par IBM en 2017. «Trop centrée sur le hardware », selon Artur Ekert, la métrique américaine calcule, pour un algorithme donné, combien de qubits parviennent à enchaîner un nombre de calculs sans erreur. « Le Q-score, lui, a l’avantage de ne pas dépendre de l’architecture d’une machine », précise Olivier Ezratty, auteur d’un livre sur les technologies quantiques. « NE ME DITES PAS Mais la métrique française COMMENT VOUS n’est pas seule à pallier AVEZ FABRIQUÉ LA ce défaut. La start-up MACHINE, DITES- américaine IonQ a dévoilé MOI CE QU’ELLE en décembre le qubit PEUT FAIRE. » algorithmique, une unité de mesure présentée comme une amélioration du volume quantique. Une ombre faite au Q-score ? Pas forcément. Si la start-up met à disposition de la communauté son mode de calcul, seul Atos compte effectuer un classement annuel des meilleurs calculateurs quantiques du monde. Pour garder un œil sur les avancées des constructeurs, alors que le groupe français veut intégrer le quantique à ses supercalculateurs et se positionner en arbitre, lui qui n’est pas un constructeur, contrairement à IBM ou IonQ. Reste à savoir si cette neutralité affichée suffira à imposer le Q-score en nouvelle norme. En trois ans, alors que seule sa métrique existait, IBM n’y est pas parvenu, le volume quantique étant toujours boudé par plusieurs constructeurs, Google en tête.
P. GUITTET
J. HOBSON
devrait être capable de réaliser des prévisions climatiques à très petite échelle, de l’ordre de 1 km2 au lieu de plusieurs dizaines pour les modèles actuels.
GAUTIER VIROL
gautier.virol@infopro-digital.com Twitter @GautierVirol
15
innovations l’usine nouvelle n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
intelligence artificielle
Comprendre la Formation des étoiles
naSa / eSa
Pour mieux comprendre la formation des étoiles, l’astrophysique se dote d’un nouvel outil, le machine learning. Des chercheurs du CNRS, de l’Institut de radioastronomie millimétrique (Iram) et de l’Observatoire de Paris-PSL se sont saisis de cette technique d’intelligence artificielle pour étudier la composition du nuage moléculaire Orion-B et comprendre comment ces paramètres influent sur la formation d’étoiles. Ils
Chaque molécule de la nébuleuse Orion émet une onde particulière qui fait office de signature.
ont utilisé le télescope millimétrique de l’Iram, perché à 2 850 mètres d’altitude dans la Sierra Nevada espagnole, pour capter les ondes radio très haute fréquence émises par la matière stellaire. «Chaque molécule émet des ondes d’une fréquence particulière, qui fait office de signature », précise Maryvonne Gérin, directrice de recherche du CNRS à l’Observatoire de ParisPSL. De quoi obtenir une quantité astronomique de données. «Le machine learning nous permet d’appréhender ce jeu de données, mais aussi d’estimer des choses qui ne sont pas présentes directement dans les mesures », fait valoir la chercheuse. En combinant l’étude de différentes fréquences, par exemple, l’apprentissage machine a permis de faire apparaître des informations jusqu’alors invisibles, comme la quantité d’hydrogène, d’électrons libres et de matière ionisée présente dans Orion-B, cette dernière étant très importante pour la naissance d’étoiles. Pour la suite, les travaux vont notamment chercher à mesurer les vitesses de déplacement des molécules à l’intérieur du nuage. # Gautier Virol
ASSUrer lA TrAÇABiliTÉ DeS PrODUiTS AGricOleS BlOcKchAiN Vente, échange, semis, récolte
et transformation. Et si tout le cycle de vie d’un produit agricole était suivi à la trace ? C’est ce que propose Bayer avec TraceHarvest, une plate-forme développée avec le spécialiste américain de la chaîne de blocs BlockApps. Après deux ans de tests en interne – pour suivre, de la vente à leur récolte, des graines de soja et de maïs au Brésil et aux ÉtatsUnis –, la solution s’ouvre à tous les acteurs
16
Du mat au brillant, l’impression 3D gagne du lustre L’impression 3D manque de lustre : impossible de produire directement une pièce composée d’éléments mats et brillants. Pour pallier ce manque, une équipe du MIT a développé une machine capable de vernir un objet lors de son impression. Une innovation qui permettra, selon eux, de fabriquer des reproductions fidèles de pièces de musée ou des prothèses réalistes. L’imprimante est équipée d’extrudeuses capables de déposer des gouttes de vernis de différentes tailles. Son fonctionnement s’inspire des nuances de gris des imprimantes de bureau, qui varient la taille et la densité de points noirs sur une page pour colorer en différentes teintes
de la chaîne de valeur : agriculteurs, distributeurs, industriels et fournisseurs de solution. Sur cette plate-forme sécurisée par la blockchain, ils pourront échanger et obtenir en temps réel des informations sur le cycle de production des semences, assurer le rappel de produits liés à la sécurité alimentaire et faciliter l’octroi de crédits de compensation carbone. Reste à voir si cette solution réussira à coexister avec celle d’IBM, FoodTrust, qui permet de tracer les étapes de transformation des produits alimentaires. # G. V.
de gris. De la même manière, celle du MIT dépose de microscopiques gouttelettes de vernis, plus ou moins proches, pour produire des effets de brillance. D’après les chercheurs, cette technique s’adaptera facilement à des imprimantes du marché. Une avancée significative vers la fin du post-traitement des pièces imprimées en 3D. # G. V.
Matériaux
UN PlASTiQUe QUi Se rÉPAre SOUS l’effeT De lA lUMiÈre Un plastique capable de se régénérer quand il a une entaille, à l’image de la peau humaine. Voilà ce qu’ont développé des chercheurs de l’Institut de science des matériaux de Mulhouse (Haut-Rhin) et de l’Institut de chimie radicalaire (Bouchesdu-Rhône). Si l’idée n’est pas nouvelle, leur approche diffère des précédentes. «Plutôt que de chauffer le polymère dans un four, un dispositif lourd et consommateur d’énergie, nous procédons par irradiation lumineuse, une méthode simple, que l’on peut cibler et réaliser à température ambiante », souligne Jacques Lalevée, professeur de chimie et coauteur des travaux publiés dans «Advanced functional materials». Quand le polymère passe sous une lumière proche infrarouge, la petite quantité de molécules organiques qu’il contient absorbe le rayonnement pour le convertir en chaleur, refondant le plastique là où il est irradié. De quoi le rendre réparable, remodelable à l’infini et recyclable... grâce à un procédé peu coûteux et facilement industrialisable. # M. G.
AVec rOBOGrAMMAr, leS rOBOTS reVOieNT leUr fOrMe
Les robots quadrupèdes et humanoïdes peuplent la recherche et nos imaginaires. Des morphologies héritées des observations du monde animal qui ne sont pas toujours optimales pour les déplacements tout terrain. Face à ce constat, des chercheurs du Laboratoire de sciences informatiques et d’intelligence artificielle du MIT, aux États-Unis, ont proposé de repartir de zéro pour imaginer les robots de demain. Leur ambition a donné naissance à RoboGrammar, un système capable de concevoir automatiquement des formes robotiques. Il suffit de préciser à RoboGrammar les pièces disponibles pour qu’il mouline les données et génère des milliers de robots virtuels. En suivant quelques règles, bien sûr, afin de connecter les membres à des articulations et d’intégrer des moteurs où il en faut. Résultat: une myriade de propositions, dont beaucoup rappellent des arthropodes (insectes, crustacés, arachnides...), auxquels on aurait parfois ajouté des roues. Pour diriger ces nouvelles morphologies, RoboGrammar conçoit aussi le programme de contrôle. De quoi estimer virtuellement les capacités des robots sur différents terrains, glissants, stables ou pentus, et permettre à un algorithme d’IA de sélectionner les anatomies les plus performantes et qui n’existent pas forcément dans la nature. Mais attention, précisent les chercheurs: cette dernière étant partie avec un temps d’avance, nombre de morphologies optimales pourraient bien reproduire ses trouvailles. # N. M.
MIT
rOBOTiQUe
MIT
WWW.USiNeNOUVelle.cOM
17
innovations l’usine nouvelle n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
Quantique
C. LaCkner / aPaweb
Cartographier les matériaux aveC un laser ultra-rapide
En excitant les électrons, les flashs du laser révèlent la structure atomique du matériau quantique.
QuantumScape fait une percée dans le lithium tout solide Longtemps reine du stockage électrique, la batterie lithium-ion va-t-elle être détrônée ? C’est ce que laisse supposer l’annonce de QuantumScape, une licorne sortie en 2010 de l’université américaine de Stanford et soutenue par Volkswagen. Elle revendique des performances remarquables pour sa cellule de batterie au lithium « tout solide », capable de se charger rapidement et de stocker 80 % d’énergie de plus par rapport à son homologue lithium-ion, dans des conditions de cyclabilité et de température similaires. Une percée permise par un électrolyte solide et souple en céramique, grâce auquel la batterie fonctionne en sécurité avec une anode en lithium. Seules limites : passer du stade de la cellule à la batterie complète et travailler à son industrialisation. Des défis auxquels QuantumScape, récemment entré en Bourse, a les moyens de s’attaquer. # N. M.
18
2
Les matériaux quantiques portent nombre de promesses. Ils pourraient servir à fabriquer des calculateurs quantiques fonctionnant à température ambiante, des capteurs insensibles aux interférences et des panneaux photovoltaïques à haut rendement. Problème: l’étude de ces matériaux aux propriétés électromagnétiques spécifiques s’avère complexe. Dans la revue « Science», des chercheurs de l’université du Michigan (États-Unis) et de Ratisbonne (Allemagne) expliquent avoir mis au point une méthode permettant de cartographier leur structure et leurs propriétés. Une avancée qui vise à faciliter le développement de nouveaux matériaux quantiques. Pour y parvenir, les scientifiques ont utilisé un laser aux pulsations ultra-rapides, de 100 femtosecondes. Soit 100 millionièmes de milliardième de seconde. Ces flashs lumineux excitent les électrons du matériau analysé, qui se déplacent et émettent de la lumière. Grâce à cette réaction lumineuse, les chercheurs ont pu observer précisément l’état quantique d’un cristal de diséléniure de tungstène, un matériau semi-conducteur. Ils ont également mesuré le pseudo-spin des électrons qui le composent, un élément utile pour stocker et analyser de l’information quantique, et effectué la cartographie atomique du matériau, mesurant précisément l’altitude des vallées où se déplacent les électrons. Une information idéale pour comprendre le comportement d’un matériau et trouver ses futurs usages. # Gautier Virol
C’est le nombre minimum de licornes que le CEA veut faire émerger d’ici à 2030 avec son programme Magellan. Lancé fin 2020, il vise à faire éclore 10 à 15 jeunes pousses par an. Soitec, Aledia, Diabeloop ou encore Symbio, l’institut a le chiffre déjà donné naissance à 220 start-up depuis 1972, dont 70% ont survécu et représentent 5000 emplois. Doté de 3 à 6 millions d’euros par an, Magellan réunit les initiatives d’incubation et les élargit à l’ensemble du CEA. Dix projets ont pour l’instant été présélectionnés, notamment dans les énergies décarbonées, le numérique et la santé. Leurs porteurs sauront, à l’issue d’un jury en mars, si leur aventure entrepreneuriale peut débuter. # G. V.
19
innovations L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
ImfusIo libère les salaires
P. Guittet
20
chRistoPhe Bys
cbys@usine-digitale.fr Twitter @christophebys
ShutteRStock
R.
Vincent Raufast
D.
« Nous aimons bien expérimenter sur nous-mêmes des solutions innovantes », explique Yaël Guillon, le cofondateur et dirigeant du cabinet Imfusio. Dans cette entreprise de 15 personnes, non seulement les salaires des uns et des autres sont connus, mais ils sont fixés par les salariés eux-mêmes. Cela ne se fait pas d’un claquement de doigt. Tous doivent comprendre la réalité économique de la société, donc être informés de sa situation. Chaque salarié doit aussi être capable d’estimer sa contribution, et surtout « la place qu’il accorde vraiment à l’argent ». Ce qui n’est pas si simple. C’est pourquoi Imfusio, qui s’est fait aider par un expert, organise trois fois par an une réunion où chacun indique ce qu’il estime être sa valeur. Travaillant dans un cabinet de consultants – des rêveurs sous La rémunératIon est contrainte –, tous ont un phénomène en tête l’enveloppe économIque, affectIf, fixée correspondant à la situation et personneL, quI économique de pose La questIon l’entreprise. « Il faut de ce que je vaux protéger le collectif. vraIment, à mes yeux La première année, et à ceux des autres. tout le monde a touché la même somme. Mais aujourd’hui, plus personne n’a le même salaire », précise Yaël Guillon, confirmant qu’un tel changement en profondeur prend du temps, tant la rémunération est un phénomène économique, affectif et personnel, qui pose la question de ce que je vaux vraiment, à mes yeux et à ceux des autres. La preuve ? Lors d’entretiens d’embauche, des candidats ont préféré arrêter quand on leur a présenté ce système. « Ils disaient ”ne pas pouvoir faire ça”», témoigne le dirigeant. À l’heure où tout le monde parle d’engagement, Imfusio a inventé un système qui repose sur quelque chose d’encore plus fort : l’adhésion à un système de valeurs... et pas seulement financières.
« Une fUsion des enjeUx immobiliers et des enjeUx rH »
L’associé d’EY Consulting a piloté une étude sur l’immobilier d’entreprise, devenu un enjeu RH avec la désertion des bureaux et l’essor du télétravail. PRoPos Recueillis PaR chRistoPhe Bys
Que va devenir l’immobilier d’entreprise après le Covid-19? Au début de notre enquête, nous nous sommes concentrés sur les professionnels de l’immobilier. Nous supposions qu’ils n’allaient pas anticiper un retour au monde d’avant la pandémie. Un monde dans lequel, en moyenne, 20 % des employés étaient en télétravail un jour sur cinq. Aujourd’hui, ces professionnels prévoient que d’ici trois à cinq ans, 60 % des salariés télétravailleront durant au moins 40% de leur temps. Nous avons
complété l’étude par des entretiens avec des entreprises clientes des professionnels de l’immobilier. Celles-ci ont observé une hausse de la productivité jusqu’à deux jours de travail à distance. La transformation sera profonde, mais pas générale. Certains métiers et départements auront du mal à fonctionner en télétravail. Par exemple, les commerciaux et les métiers où la créativité est forte ont besoin d’interactions sociales. Il faudra vraisemblablement aménager les bureaux autrement. N’y a-t-il pas un risque que ce réaménagement soit vécu comme un moyen de faire des économies, alors qu’il faudrait investir? On observe incontestablement une recherche de maîtrise des coûts, notamment dans les activités de services aux entreprises. L’immobilier est un levier facile à manœuvrer puisque c’est le deuxième poste de coûts... très loin derrière la masse salariale. Avant le Covid-19, des entreprises déployaient déjà des stratégies d’optimisation de
management
manager, une affaire de temps
l’espace de travail. Reste que le principal défi est d’attirer et de fidéliser les compétences clés. L’immobilier et l’aménagement sont des leviers très puissants. Ces deux tendances sont à l’œuvre. À court terme, la réduction des coûts va peut-être l’emporter. À moyen et long termes, la guerre des talents sera plus déterminante. C’est un phénomène que l’on observe dans le monde entier. Avant la pandémie, certaines entreprises revenaient dans les centres-villes, malgré les prix élevés de l’immobilier. La crise sanitaire a-t-elle «tué» cette tendance? La qualité de l’espace de travail, mais aussi sa localisation, sont stratégiques. Les centres urbains ont retrouvé de l’attrait. À l’inverse, un quartier comme la Défense travaille en profondeur pour ne plus apparaître comme exclusivement dédié aux affaires, mais comme une véritable destination, c’est-à-dire un lieu de vie, d’habitations, avec des événements culturels, des équipements sportifs...
le manque de temps est à la vie au travail ce que le manque d’argent est à la vie de famille. l’intérêt de l’ouvrage collectif « le temps dans tous ses états », publié par les éditions eyrolles, est de multiplier les approches sur le lien entre temps et management. on y lit aussi bien les réflexions d’un dirigeant ou d’un manager que celles d’un professeur. Plus que des recettes, on y trouvera de quoi réfléchir à sa pratique et à son rapport au temps dans le monde professionnel. N’hésitez pas à piocher dans ce livre, qui devrait vous faire passer le goût du ttu (le très très urgent), cet acronyme ultra-stressant. # c. B.
Quid des espaces de coworking? C’est une activité qui devrait être viable, rentable à long terme. Mais à court terme, il n’est pas simple, pour ces nouveaux acteurs de l’immobilier, de faire face à la désertion relative de leurs bureaux. La flexibilité du coworking correspond
efficacité personnelle
aux besoins de long terme des entreprises. Ce qui est intéressant avec ces bureaux partagés, c’est qu’ils sont le signe de la fusion des enjeux immobiliers et des enjeux RH. À l’avenir, l’espace de travail devra s’adapter en permanence aux besoins. # chRistoPhe Bys
21
innovations L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Mobilité durable
Tous au « vélo, bouloT, dodo »
D.R.
Selon l’Insee, 70% des Français se rendent à leur travail en voiture. Mais cela pourrait changer. Écolo, remède aux embouteillages et dopé par l’aversion pour les transports en commun née de la pandémie, le vélo de fonction, en particulier à assistance électrique, se développe. « Nous avons signé autant de contrats au cours des trois derniers mois de 2020 qu’entre janvier et septembre», témoigne Jean-Christophe Melaye, le dirigeant de Bee.Cycle, une jeune entreprise bordelaise. D’autres start-up, Azfalte, Zenride, Tandem, se sont engouffrées dans ce créneau
et les gestionnaires de flottes auto s’y mettent. Le mouvement est soutenu par une politique publique favorable. Depuis le 1er janvier 2019, c’est non seulement l’acquisition de vélos, mais aussi la location, les frais d’entretien et d’assurance qui ouvrent droit à un crédit d’impôt de 25 % aux employeurs. Par ailleurs, le forfait « mobilités durables» permet de verser aux salariés jusqu’à 500 euros défiscalisés et sans cotisations pour contribuer à des frais de transport durable comme le covoiturage et le vélo. En comptant une petite participation du collaborateur et le crédit d’impôt, une location coûtera à l’employeur entre 30 et 50 euros par mois, selon le modèle adopté. # Anne-Sophie BellAiche
Le nombre de contrats du loueur de vélos de fonction Bee.Cycle a triplé au dernier trimestre 2020.
Chez renAuLt, Le PLAn de déPArts Protège Ceux qui restent Les sPAC, ovnis en vogue Habituellement, si vous achetez une valeur en Bourse, vous savez à peu près ce qu’elle contient: une société, une obligation d’entreprise ou d’État, un panier d’actifs avec un fonds diversifié... Même un produit dérivé complexe s’appuie sur un actif sous-jacent. Avec une Spac (Special purpose acquisition company, ou société d’acquisition à vocation spécifique), rien de tel. Vous achetez une idée. La Spac est une compagnie vide qui va se positionner sur des opportunités. Vous investissez sur la bonne mine de ses promoteurs et sur la confiance que vous leur accordez. En France, c’est le duo de Xavier Niel et Matthieu Pigasse qui mène la danse. Après une première Spac, Mediawan, fondée en 2015, ils viennent de créer 2MX Organic et ont levé 300 millions d’euros en décembre sur Euronext. Ils sont associés à Moez-Alexandre Zouari, actionnaire de référence de Picard. 2MX Organic a vocation à investir dans le domaine du bio. Aux États-Unis, les Spac se multiplient, avec 248 introductions et 83 milliards de dollars levés en 2020. # A.-S. B.
22
L’ACCord soCiAL innovAnt
Financement
Une réduction des coûts, mais pas seulement. En janvier, l’accord «de transformation des compétences» signé entre la direction de Renault et trois de ses syndicats (CFDT, CFE-CGC, FO) se met en place. Il acte la suppression, en France, de 2500 postes dans l’ingénierie et les fonctions support. Des départs volontaires ouverts jusqu’à la fin septembre. «L’accord veille aussi, dans l’intérêt de l’entreprise et de ses salariés, à prendre soin de ceux qui restent», analyse le DRH France du groupe, Tristan Lormeau. Mesure particulièrement innovante, 18 commissions «métiers» de suivi des départs, paritaires et au plus près des établissements, ont été mises en place. «Si trop de personnes d’un même métier souhaitent partir en
même temps, la charge de travail de ceux qui restent va exploser, craint Franck Daoût, délégué central CFDT. Les commissions de suivi pourront empêcher les départs, temporairement ou définitivement. » Un rare pouvoir opérationnel laissé au terrain. Les commissions disposeront par ailleurs d’indicateurs du stress au travail. «Notre système de départs, qui repose sur le volontariat, ne pouvait pas être contraint par des quotas par métier. Il s’autorégule», analyse Maximilien Fleury, le directeur des affaires sociales. Le DRH, qui veut «responsabiliser les acteurs locaux dans le pilotage de leurs compétences», est convaincu que «ce dialogue social au plus près de la réalité du travail apportera une valeur ajoutée à l’entreprise». # c. M.
23
innovations L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
INDUSTRIE 4.0
Peigner des cheveux, appliquer des produits, évaluer la densité d’une mousse... Sur les paillasses des laboratoires, la recherche du meilleur shampoing peut être répétitive. Dans son centre de recherche capillaire, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), L’Oréal fait désormais appel à un robot collaboratif pour accomplir ces tâches fastidieuses et accélérer le développement de ses produits. Le projet a été mené avec le roboticien sud-coréen Doosan et le danois OnRobot, qui a fourni des préhenseurs précis, instrumentés et flexibles. Le cobot peut saisir divers instruments via, notamment, un simple ajout d’équipements imprimés en 3D. Travaillant jour et nuit, il a une productivité trois fois plus importante que des laborantins humains. Des atouts remarqués ailleurs: en juillet dernier des scientifiques de Liverpool présentaient dans la revue «Nature» un robot chimiste Kuka capable de tester seul des réactions catalytiques. # N. M.
ONROBOT
DES COBOTS DANS LES LABORATOIRES DE L’ORÉAL
Dans le cadre du projet ISA3 (Intégration de solutions aluminium pour alléger les automobiles), Constellium, Renault, ESI Group, l’Institut de soudure et l’université de Lorraine (soutenus par Bpifrance) travaillent sur l’allégement et la recyclabilité des portières d’automobiles. «Quand l’automobile choisit un matériau, c’est toujours à isofonction. Pour que l’aluminium l’acier, il faut que ce soit Éco-conception remplace avec un surcoût maîtrisé et sans compromettre la fonctionnalité», explique Olivier Rebuffet, le responsable R&D auto de Constellium. L’un des défis est l’utilisation d’une nuance d’alliages d’aluminium unique, la série 6xxx, alors que celle-ci présente une critiquabilité à chaud qui la rend peu compatible avec l’utilisation du soudage laser, bien adapté à aux cadences élevées de l’automobile (de l’ordre du mètre par seconde). Ces alliages ont tendance à se fissurer lors de la solidification. # MYRTILLE DELAMARCHE
CONSTELLIUM ET RENAULT REPENSENT LES PORTIÈRES
LA PÉPITE
WATER HORIZON TRANSPORTE LA CHALEUR FATALE « L’équivalent de la production de six réacteurs nucléaires est perdu chaque année sous forme de chaleur issue de procédés industriels », affirme JeanEmmanuel Faure. Un gisement d’énergie qu’il lorgne depuis la classe préparatoire et qui le pousse à se tourner vers des études de thermodynamique. En 2017, il fonde la jeune pousse toulousaine Water Horizon avec un objectif : stocker la chaleur fatale industrielle pour la transporter et la valoriser auprès de sites clients. « Notre technologie fonctionne comme une batterie thermique, explique le jeune entrepreneur. Nous séparons deux composés chimiques grâce à l’apport de chaleur. Il suffit de les combiner pour produire du chaud à nouveau », décrit-il, assurant utiliser des produits « abondants, ni gazeux, ni inflammables et ni explosifs ». Un cycle en réalité très complexe pour optimiser
24
les performances thermodynamiques et le contrôle. Aidée dès ses débuts par Dalkia, filiale d’EDF spécialiste de la gestion de l’énergie thermique, la start-up a déjà élaboré deux prototypes de sa technologie, qui doivent lui permettre de monter un «réseau de chaleur virtuel ». Concrètement, une batterie est installée dans un camion et se charge sur des sources industrielles à plus de 100 °C pour ensuite transporter la chaleur sur quelques dizaines de kilomètres. Elle peut fournir en chaud comme en froid (via un procédé chimique) des sites agroalimentaires et tertiaires, des datacenters, et même se brancher à de véritables réseaux de chaleur. La start-up de sept personnes prévoit une levée de fonds début 2021 et un démonstrateur à l’échelle du mégawatt en fin d’année. # NATHAN MANN
LES CHALLENGERS • ANANKÉ La start-up belfortaine récupère la chaleur fatale industrielle pour produire air comprimé et électricité. Son système, fondé sur un moteur Ericsson, mobilise la différence de pression créée par apport de chaleur externe. Ananké vise désormais la commercialisation. • ENTENT Créé à Aix-en-Provence (Bouches-duRhône) en 2018, Entent récupère la chaleur via un système à cycle organique de Rankine (ORC) optimisé. Ses prototypes utilisent un fluide qui s’évapore aisément pour produire de l’électricité à partir d’effluents à basse température. • ENOGIA Depuis 2009, l’entreprise marseillaise (Bouches-du-Rhône) s’intéresse également à l’ORC. De petite taille, ses centrales de production d’électricité à partir de chaleurs moyennes se branchent déjà sur de nombreuses installations. Méthaniseurs en tête.
25
innovations L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Impression
Impression 3D
Boston Dynamics ; D.R.
Les promesses de La xoLographie « Boston dynamics maîtrise toUt le pipeline roBotiqUe » JUStin carPentier
Chercheur en robotique à l’Institut national de recherche en informatique (Inria)
La chorégraphie soignée des robots de l’américain Boston Dynamics a marqué la fin d’année. Est-ce une performance? Ce n’est pas la première fois que des robots dansent. La méthode consiste à transférer les mouvements d’un danseur humain vers le robot, via un algorithme qui prend en compte les variations de morphologie. Cette fois-ci, la vidéo est impressionnante car le mouvement est dynamique et fluide. Il y a même un saut! Quelles technos rendent possible ce dynamisme ? Pour construire la deuxième version de son robot Atlas, Boston Dynamics a optimisé la motorisation hydraulique, entièrement maison, via un système de « veines» à même le corps pour transporter le fluide. L’humanoïde dispose aussi de capteurs dernier cri et d’un très bon contrôle logiciel. La force de Boston Dynamics est de maîtriser tout le pipeline
26
robotique. S’ils n’utilisent pas, ou peu, l’apprentissage automatique, leurs algorithmes parviennent à mobiliser l’ensemble des informations sensorielles pour régler l’équilibre d’Atlas et exploiter toutes ses capacités physiques. Utiliser l’intelligence artificielle pour permettre l’apprentissage autonome sera-t-il la prochaine étape ? Certains essaient, comme, en Suisse, l’École polytechnique fédérale de Zurich et Anybotics, qui utilisent l’apprentissage pour faire marcher un robot quadrupède sur des sols irréguliers. Mais cela ne permet pas encore de réaliser des mouvements complexes. À plus long terme, la recherche vise à combiner apprentissage et algorithmes classiques de contrôle afin de générer des mouvements fondés sur la perception. L’apprentissage permettrait à un robot doté de vision de comprendre le sens du monde – identifier une porte ou une rambarde, par exemple – pour exploiter son environnement et y interagir. # NathaN MaNN
L’impression 3D vient de gagner une nouvelle recrue: la xolographie. Derrière ce nom se cache une technique de fabrication sophistiquée, fondée sur la photopolymérisation d’une résine, à la fois rapide et précise. Les chercheurs à l’origine de son invention, issus de l’université de sciences appliquées de Brandebourg (Allemagne), ont présenté leurs travaux dans la revue «Nature» fin décembre et ont déjà créé une start-up, Xolo, en vue de commercialiser leur machine.
énergie Un record dans la fUsion nUcléaire
Produire une énergie propre à partir d’une ressource quasi illimitée. Telles sont les promesses –à très long terme– de la fusion nucléaire. Celle-ci demande de réussir à stabiliser un plasma à une température d’au moins 150 millions de degrés. Une quête dans laquelle la Corée du Sud a annoncé un record historique. Les physiciens du tokamak KStar ont maintenu un plasma pendant vingt secondes à plus de 100 millions de degrés. En France, le CEA a déjà réalisé cette opération durant plus de mille secondes, mais à une moindre température. Les chercheurs du KStar ont amélioré les performances de la barrière de transport de leur tokamak –une chambre à vide en forme de donut entourée d’aimants
supraconducteurs–, qui sert à contenir l’énergie au cœur du plasma. Leur objectif pour 2025: 100 millions de degrés durant trois cents secondes. Ces avancées profiterontelles à Iter, un projet international de plate-forme expérimentale de fusion nucléaire, en construction à Cadarache (Bouchesdu-Rhône), dont la Corée du Sud est partenaire? Pas directement, le KStar et Iter ayant des propriétés différentes –le premier a des composants en carbone, le second en tungstène et béryllium, par exemple. Mais les progrès des Sud-Coréens sur la barrière de transport devraient profiter à toute la communauté scientifique. # M. G.
www.UsinenoUvelle.com
Xolo
De la famille de la stéréolithographie, la xolographie fonctionne grâce à une résine photosensible, qui durcit au contact d’un rayon lumineux. Mais contrairement à la plupart de ses cousines, qui utilisent un laser pour dessiner la pièce point par point, cette technique fabrique la pièce couche par couche. «Un projecteur envoie une image 2D d’une tranche de l’objet, explique Jean-Daniel Penot, expert en fabrication additive à l’école d’ingénieurs Cesi. Cette image est projetée sur un plan de lumière proche de l’ultraviolet, lui-même projeté à la perpendiculaire dans la cuve de résine.» Ce plan de lumière fait office de toile. C’est là que la résine se solidifie et qu’apparaît instantanément une tranche de l’objet. Il ne reste qu’à répéter l’opération, en déplaçant la cuve de résine, jusqu’à ce que la fabrication soit terminée. «C’est un procédé novateur, qui demande une réelle maîtrise de la chimie des matériaux, de la micromécanique et de l’optique», estime l’expert.
L’objet est imprimé tranche par tranche par projection d’images 2D dans une cuve de résine.
Avec un atout non négligeable: «Cela reste de la fabrication couche par couche, mais c’est extrêmement rapide. » La machine, qui affiche un volume d’impression compact de 5 centimètres par 7 de côté et 9 de hauteur, serait en mesure d’imprimer une pièce en un temps record de vingt secondes à cinq minutes. D’après ses inventeurs, la xolographie serait 100 000 fois plus rapide que la photopolymérisation à deux photons, une méthode portée notamment par la pépite française Microlight3D. «Cette technique est extrêmement lente car la résine se solidifie lorsque deux photons se rencontrent, précise Jean-Daniel Penot. Mais elle est très précise, permettant d’atteindre des résolutions de l’ordre de 100 nanomètres, contre environ 30 microns pour la xolographie. » Une précision tout de même supérieure à celle de la stéréolithographie classique, elle aussi plus lente. À noter également : comme les autres techniques d’impression à base de résine photosensible, la xolographie est limitée à la fabrication d’objets transparents. Avec d’ores et déjà des applications dans la bio-impression de dispositifs biocompatibles et de structures pouvant accueillir des cellules, ainsi que dans la fabrication de dispositifs optiques complexes. # GaUtIEr VIroL
27
LE QUOTIDIEN DES USINES L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
5
Ouvertures d’usines, extensions de sites, fermetures... La rédaction de L’Usine Nouvelle et ses vingt-cinq correspondants régionaux répertorient tous les investissements industriels dans l’Hexagone. Chaque mois, retrouvez ici une sélection de leurs articles parus dans la rubrique Le Quotidien des usines sur notre site internet.
3
BoULoGne-SUr-mer
arraS
7 La coUrneUve
6 venDÔme
4
2 montereaU-FaULt-yonne
cHÂteaUneUF-SUr-Loire
1 Saint-ProUant
10 OUVERTURES
D’USINES en 2021
10 cHamPaGnier
8 Le HaiLLan
9
Depuis quatre ans, la France rouvrait des usines. En 2020, les fermetures de sites ont dépassé les mises en service de capacités de production, selon le décompte exclusif réalisé par L’Usine Nouvelle à partir des articles publiés sur notre site. Sur l’ensemble de l’année, 63 fermetures d’usines ont été annoncées, pour certaines déjà effectives. Dans le même temps, 28 nouveaux sites ont démarré leur activité et 24 ont augmenté et modernisé leurs capacités, avec des investissements de plus de 1 million d’euros, à l’image du groupe Hager, qui s’est doté en décembre d’un centre logistique près de Strasbourg (Alsace). La tendance s’inversera-t-elle à nouveau en 2021? Le nombre de projets d’investissement déposés depuis septembre par des industriels pour bénéficier du financement du plan de relance a surpris même le gouvernement. Une partie devrait déboucher sur de nouvelles usines dans les mois à venir. Même si la crise sanitaire joue les prolongations. # soLÈne DAVesne
28
d.r.
FoS-SUr-mer
1
Ameublement
Gautier
personnalise sa production dans une usine 4.0
Le fabricant de meubles Gautier investit 12 millions d’euros dans une usine 4.0 qui ouvrira durant l’été à Saint-Prouant (Vendée), non loin de son siège, et emploiera 35 salariés. Le parc de machines de nouvelle génération, pilotable par iPad, permettra une personnalisation poussée de la production, avec trois lancements par jour, contre un par semaine actuellement. À plus long terme, vers 2022, l’outil de configuration, déjà en place dans les magasins, devrait permettre d’y déclencher instantanément la fabrication de pièces personnalisées. Un complément à la production de grandes séries à Chantonnay et de séries intermédiaires au Boupère, en Vendée également, qui offre une grande agilité à Gautier pour s’adapter aux différentes vagues de l’industrie.
sÉLeCtion cécile maillard
5
Luxe - Cuir
8
Pure Salmon, entreprise singapourienne spécialisée dans l’élevage de saumon en circuit fermé, démarrera un nouvel élevage fin 2021 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et créera 160 emplois. L’investissement représente 175 millions d’euros.
250 artisans maroquiniers HermèS attendus
Le groupe français de luxe Hermès ouvrira à la mi-2021 un atelier de fabrication de sacs à Montereau-FaultYonne (Seine-et-Marne), où travailleront à terme 250 artisans maroquiniers. Une deuxième ouverture d’atelier est attendue en 2021 en Gironde, suivies de trois autres d’ici à 2023 dans l’Eure, les Ardennes et le Puy-de-Dôme.
Pure Salmon
implante sa plus grosse ferme européenne
6
Luxe - Cuir
Vuitton double
la mise à vendôme
Agroalimentaire
cérélia s’installe
4
Le maroquinier Louis Vuitton, filiale du groupe LVMH, ouvrira à la mi-2021 une seconde usine à Vendôme (Loir-etCher), près de la gare TGV, après celle installée récemment dans un bâtiment du XVIIIe siècle dans le centre-ville. Le site emploiera 100 personnes à l’ouverture, 350 à terme.
Logistique
capacité logistique dopée pour mediaco
La nouvelle plate-forme logistique de Mediaco Vrac (70000 m2), édifiée sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), derrière les terminaux conteneurs, sera lancée en mars.
S. Chodorge
à arras et crée 50 emplois
Le spécialiste des pâtes prêtes à cuire Cérélia quitte le Pas-de-Calais pour une nouvelle usine installée dans le parc d’activités Actiparc à Arras (Nord). Un investissement de 50 millions d’euros. En 2020, le même site a accueilli Crusta C.
Safran regroupe sa fabrication additive Safran concentre ses activités recherche, développement et industrialisation en fabrication additive sur un nouveau site au Haillan, près de Bordeaux (Gironde), afin de monter en cadence et compétitivité. Le Safran Additive manufacturing campus (70 millions d’euros d’investissement) devrait ouvrir à l’automne 2021 et accueillir 200 collaborateurs à terme.
9 3
Aéronautique
10
Éclairage
aledia illumine
grenoble
Agroalimentaire
le groupe lSdH s’agrandit dans le frais La Laiterie de Saint-Denis-de-L’Hôtel (LSDH) se dote pour l’été d’un nouveau site de stockage et préparation du frais (salades et crudités Les Crudettes, lait C’est qui le patron?!) à Châteauneufsur-Loire (Loiret). Un investissement de 35 millions d’euros. Le groupe ouvrira en fin d’année, toujours dans le Loiret, un atelier d’extraction de nouveaux jus végétaux (épeautre, avoine) pour un coût de 30 millions d’euros.
7
Datacenter
campus géant d’interxion aux portes de paris L’hébergeur informatique Interxion ouvrira en fin d’année la première unité d’un méga-datacenter qui en comptera quatre à La Courneuve (Seine-SaintDenis), sur un ancien site d’Airbus Helicopters. Un investissement total de 1 milliard d’euros pour ce qui sera le plus gros datacenter de France. Cette année verra aussi l’ouverture du premier datacenter français du géant Oracle.
d.r.
2
Agroalimentaire
Aledia, start-up grenobloise issue de travaux du CEA-Leti, implante sa première unité de production de diodes électroluminescentes (LED) à Champagnier, près de Grenoble (Isère). L’usine devrait être livrée en 2021 pour un démarrage de la production en 2022.
29
les essentiels L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
À peine un an après le début de la pandémie de Covid-19, de colossales avancées technologiques et une impressionnante mobilisation industrielle ont permis de mettre les premiers vaccins sur le marché.
D
ébut 2020, tout relevait de la sciencefiction. D’abord la propagation planétaire d’un virus, que seuls les épidémiologistes envisageaient. Ensuite la mise au point ultrarapide d’un vaccin. Non seulement le SARS-CoV-2 a bien déclenché une pandémie toujours incontrôlable, mais plusieurs vaccins ont été mis au point en une petite année, là où les temps de développement relèvent de la dizaine d’années pour cette classe pharmaceutique. En un an, la science-fiction s’est muée en réalité. Malgré les gestes barrières, les gels, les masques et les tests, la seule véritable arme reste les vaccins. Véritables porteurs d’espoir, l’an 2 de la crise Covid sera sans conteste leur année. L’année 2020 aura marqué des progrès technologiques ahurissants. Les deux premiers vaccins mis sur le marché dans l’Union européenne, de Pfizer-BioNTech et de Moderna, utilisent l’ARN
DPA Picture-AlliAnce viA AFP
L’incroyabLe course aux vaccins
moderna a développé
son vaccin en solo, sans l’appui des grands laboratoires internationaux.
messager (ARNm). Envisagée depuis des années, cette technologie de rupture n’avait encore jamais abouti. Sans oublier l’avancée des vaccins OGM, employant des adénovirus recombinants, par les laboratoires AstraZeneca et Janssen et pour le vaccin russe Sputnik V. Dans un entretien à « L’Usine Nouvelle », le généticien Axel Kahn soulignait le manque de recul sur leur sécurité, précisant que «la pharmacovigilance et des tests de sécurité seront d’autant plus indispensables pour ces vaccins OGM». La bataiLLe des Laboratoires Cette folle course aux vaccins a aussi eu des ratés. Comme celui de Sanofi et GSK, dont les premiers résultats cliniques en décembre ont été décevants. Le leader français a reconnu une «formulation d’antigènes sous-optimale ». Thomas Triomphe, le vice-président exécutif de Sanofi Pasteur, expliquant même que cela découle d’un mauvais choix de réactifs pour le développement. Une erreur qui repousse à la fin 2021 l’arrivée de ce vaccin, et qui ombrage son avenir au sein de la stratégie vaccinale mondiale alors qu’il était largement plébiscité : près de 800 millions de doses ont déjà été précommandées, dont 300 millions par l’UE.
axeL KaHn généticien
« La pharmacovigilance et les tests de sécurité seront d’autant plus indispensables pour les vaccins OGM. » 30
Le défi du développement reste d’actualité. L’Organisation mondiale de la Santé recensait, à la mi-janvier, 63 vaccins en développement clinique et 173 en pré-clinique. Mais avec les toutes premières commercialisations, l’attention du grand public s’est reportée sur l’accès aux doses, et donc sur la production. La bataille des laboratoires se décline ainsi sur leurs capacités de fabrication, d’au moins 10 milliards de doses dès 2021 pour les vaccins les plus avancés. Pfizer et BioNTech tablent déjà sur des capacités de 2 milliards de doses en 2022 contre 1,3 milliard cette année. AstraZeneca avance un réseau de 3 milliards. Moderna, qui a développé son vaccin en solo, vise entre 500 millions et 1 milliard de doses en recourant à la sous-traitance, notamment chez Recipharm à Monts (Indre-et-Loire). Cette course technologique et industrielle ne pourra que prendre de l’ampleur. Avec la saisonnalité du vaccin, la multiplication des variants, les besoins sont immenses et les défis de taille. Si Sanofi accuse un retard dans cette compétition, le laboratoire tricolore a engagé un investissement de 610 millions d’euros dans le Rhône pour y implanter un hub vaccinal doté d’une usine modulaire sans équivalent dans le monde, capable de produire plusieurs vaccins en simultané à partir de 2025. Cet outil jouera peut-être un rôle crucial face aux prochaines pandémies. Car les épidémiologistes, qui n’évoluent pas dans la science-fiction, ne se demandent pas s’il y en aura d’autres... mais quand! # Julien Cottineau
www.usinEnouvEllE.com
En 2020, Airbus limitE lA cAssE
Les contrats Rafale devraient (encore) doper les ventes françaises de systèmes d’armes à l’export en 2021. Cette année, la France pourrait signer un contrat pour des appareils de combat avec l’Indonésie, avec laquelle les négociations sont très bien avancées. Par ailleurs, l’appareil tricolore est en lice dans les appels d’offres en Suisse et en Finlande. Et l’on prête également à la Croatie l’intention d’acheter des Rafale d’occasion sur le même modèle que les Grecs en 2020. Mais l’on aurait tort de limiter les succès tricolores auprès des armées étrangères aux seuls avions de combat. Le dernier rapport disponible du Parlement sur les exportations d’armes françaises réalisées en 2019 souligne même tout le contraire. Le montant des ventes d’armes en dehors de nos frontières avait alors atteint 8,33 milliards d’euros, année pendant laquelle le secteur naval avait particulièrement tiré son épingle du jeu, totalisant la moitié des prises de commandes. Parmi les cinq principaux contrats entrés en vigueur: des chasseurs de mines au profit des marines belge et néerlandaise, des hélicoptères pour la Hongrie, des corvettes Gowind pour les Émirats arabes unis, des contrats de conception de sous-marins pour
décryptage
Les ventes d’armes tricoLores au-deLà du rafaLe l’Australie et enfin des satellites de télécommunications militaires pour l’Espagne. Le ministère des Armées souligne que ces exportations d’armes sont indispensables au modèle économique de l’industrie d’armement pour amortir les coûts de R&D et de fabrication sur de plus longues séries. # HAssAn MeddAH
Analyse
l’EspAcE, unE quEstion dE souvErAinEté pour l’EuropE Souveraineté oblige, l’Europe tient à avoir sa constellation de satellites, une infrastructure jugée critique pour apporter des services internet aux États, aux citoyens et aux entreprises. Mais il y a un hic. Elle n’a pas d’investisseurs de la carrure d’un Elon Musk, patron de SpaceX, ou d’un Jeff Bezos, dirigeant d’Amazon, prêts à financer à coups de milliards de tels projets. Et elle a raté l’opportunité de racheter l’opérateur OneWeb, qui s’était déclaré en quasi-faillite après avoir commencé le déploiement de sa constellation dès 2019. C’est le Royaume-Uni, sorti de l’Union européenne, qui a repris ses actifs en partenariat avec l’indien Bharti. La Commission européenne vient, toutefois, de financer pour 7,1 millions d’euros une étude afin d’évaluer la faisabilité d’une constellation. De quoi mettre le pied à l’étrier à un consortium d’industriels comprenant notamment les principaux fabricants de satellites européens (Airbus, OHB et Thales Alenia Space). # H. M.
V. AlmAnSA / DASSAult AViAtion
Face à la plus grave crise que le secteur aéronautique ait jamais connue, Airbus tient bon. L’avionneur européen est parvenu à livrer en 2020 un total de 566 avions commerciaux. Soit une baisse de 34 % par rapport à 2019, pic historique pour le groupe avec 863 appareils livrés. Mais qui est malgré tout contenue : en juin dernier, Guillaume Faury, son président exécutif, avait annoncé une baisse de régime sur l’année de l’ordre de 40 %. bonnE nouvEllE Tétanisé par l’immobilisation au sol de son 737 MAX, Boeing est loin derrière. Avec 268 commandes nettes, Airbus parvient même à maintenir son carnet de commandes au-dessus de la barre des 7 000 avions, avec 7184 appareils restant à assembler. Une résistance à la crise qu’Airbus doit à son A320. Le patron d’Airbus a confirmé début janvier son objectif de stabiliser les cadences à 40 appareils par mois au premier semestre de l’année 2021 – contre 60 avant crise– puis de les augmenter au second semestre. Une hausse qui va devoir être pilotée en concertation étroite avec des fournisseurs. # O. J.
Si les Rafale dynamisent les exportations, le naval représente plus de la moitié des commandes.
31
les essentiels l’usine nouvelle n° 3690 § 29 JAnVIER 2021
Après plusieurs incursions ratées, la Chine parviendra-telle enfin à conquérir le marché automobile européen? La voiture électrique offre en tout cas aux constructeurs chinois une opportunité inédite. D’où l’assaut des groupes Aiways, SAIC (par le biais de sa marque MG), ou encore du très ambitieux Geely (grâce aux emblématiques Volvo et aux premiers SUV de sa marque Lynk&Co). Dans un rapport, France Stratégie prévient: «La Chine pourrait envoyer l’industrie automobile européenne au tapis.» Mais pas tant grâce à ses acteurs locaux, qu’en raison
les hybrides rechargeables dans la temPête
32
Décryptage Bien sûr, il n’échappe pas à la crise du transport aérien, mais il est bien loin de l’effondrement du transport de passagers. À la faveur d’une reprise des échanges mondiaux au second semestre 2020, l’activité du fret aérien, mesurée en tonne-kilomètre de chargement (CTK), n’a chuté que de 9% en 2020, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata). Une bonne santé qui s’explique en grande partie par la croissance du commerce électronique, rare activité
C’est l’une des technologies plébiscitées par les constructeurs automobiles pour réduire les émissions de CO2. En Europe, la demande en véhicules hybrides rechargeables (PHEV) a explosé en 2020 –en témoigne la hausse de 368% des ventes au troisième trimestre, à 138300 unités. Mais depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent pour critiquer les écarts entre les niveaux d’émissions annoncés et des mesures réalisées en conditions réelles sur ces voitures. Dans une étude, l’ONG Transport &Environment estime que certains PHEV émettent «trois à huit fois plus de CO2 que les valeurs officielles» lorsque leur batterie est vide, et «entre 28 et 89% de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé», même lorsque celle-ci est pleine. D’autres se montrent plus mesurés, à l’image de l’IFP Énergies nouvelles pour qui les hybrides rechargeables restent performants pour réduire les émissions de CO2 de l’automobile... À condition d’être rechargés fréquemment. # J. T.-B.
Polémique
shutteRstock
Portée par la croissance du commerce électronique, l’activité a résisté.
D.R.
Signal fort
la chine en embuscade dans l’automobile
des décisions des groupes européens eux-mêmes, estime l’organisme public. La Dacia Spring doit être produite en Chine, tout comme la nouvelle DS9, les futures Smart et la BMW iX3. Des choix de localisation qui font craindre «une seconde vague de délocalisation vers la Chine, après celle des petites voitures vers l’Europe de l’Est», considère France Stratégie. Une menace à laquelle la France, qui se rêve en future championne de l’électrique [lire page 82], devra être vigilante. # J. T.-B.
Le fret aérien ne connaît pas La crise à avoir bénéficié de la crise sanitaire, et dont la distribution repose à 80% sur la voie aérienne. Seule entrave actuelle au dynamisme du fret aérien? L’immobilisation au sol des avions passagers, qui prennent également part au transport du fret, génère une pénurie de capacités. Ce qui incite l’Iata à plaider pour une reprise plus soutenue du trafic aérien, qui participe en outre au transport des vaccins anti-Covid-19. Et quand Airbus misait, avant la pandémie mondiale, sur une croissance de 3,6% par an pour les vingt prochaines années, en tonne-kilomètre, Boeing prévoit désormais un rythme de 4% sur la même période, en prenant en compte la crise actuelle. La flotte devra passer de 2010 avions dédiés au fret aujourd’hui, à 3260 appareils en 2039. L’industrie devra pour cela produire 2 430 nouveaux appareils, compte tenu du vieillissement de la flotte actuelle. De quoi contrebalancer, en partie du moins, le moindre dynamisme du côté des livraisons d’avions passagers, mais aussi pousser certaines compagnies aériennes à mettre davantage l’accent sur cette activité. # Olivier JameS
33
les essentiels
www.usinenouvelle.Com
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Chantiers de l’atlantique, l’épilogue
les débris spatiaux, un nouveau business
signal fort
Le gouvernement français a accordé, le 31 décembre 2020, un nouveau délai d’un mois à l’italien Fincantieri pour boucler le rachat des Chantiers de l’Atlantique. Il offre une dernière chance à l’industriel transalpin, qui refuse de fournir les éléments réclamés par Commission européenne. À moins d’un retournement inattendu, cet accord sera donc Couac enterré le 31 janvier. «Paris ne veut surtout pas prendre le risque d’être à l’origine de la rupture, pense Christophe Morel, le délégué syndical de la CFDT des Chantiers de l’Atlantique. En fait, tout le monde souhaiterait que les Italiens jettent l’éponge.» Un épilogue qui devrait donc réjouir les salariés (et sans doute la direction) des Chantiers de l’Atlantique en attendant de trouver un plan B. « Nous pouvons continuer avec l’État actionnaire majoritaire, propose analyse Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée Force ouvrière. Nous ne coûtons rien à l’État, car nous ne perdons pas d’argent et le carnet de commandes est plein pour les quatre prochaines années.» # O. C.
Éboueur de l’espace, un métier d’avenir ! L’Agence spatiale européenne (ESA) a confié en décembre dernier à la startup suisse ClearSpace la mission de récupérer un débris en orbite. L’opération programmée en 2025 consistera à désorbiter un élément de structure de la fusée européenne Vega, de la taille d’un petit satellite d’une centaine de kilos. Le contrat s’élève à 86 millions d’euros. Selon l’ESA, le nettoyage des orbites va s’imposer comme un nouveau débouché commercial dans le secteur spatial. Le travail ne manque pas. On compte environ 34000 débris non coopératifs de plus de 10 cm en orbite. Si ClearSpace a développé un système de récupération au moyen de quatre bras robotiques, Airbus a imaginé d’autres solutions comme l’interception du débris par un harpon ou sa capture par un filet. # H. M.
Voix du Nord / MAxPPP
Après le rachat de Bombardier, le groupe ferroviaire deviendra le numéro 2 mondial.
Marché conclu
Alstom entre dAns une nouvelle dimension
34
Le 29 janvier 2021, Alstom devient un géant du ferroviaire, le jour de la sortie de «L’Usine Nouvelle», nouvelle formule. Est-ce un heureux présage? En tout cas, Alstom a bouclé le rachat de Bombardier Transport en un temps record –moins d’un an depuis la signature du protocole d’accord–, et a même réussi à faire baisser le prix initial d’environ 500 millions d’euros à 5,3 milliards d’euros. Le nouveau groupe, qui devrait réaliser un chiffre d’affaires compris entre 15 et 16 milliards d’euros devient le numéro 2 mondial derrière le chinois CRRC, et prend ses distances avec son rival allemand Siemens. Les carnets de commandes débordent – 40 milliards pour Alstom, 33 milliards pour Bombardier lors des derniers exercices – et les bonnes nouvelles continuent de tomber. Alstom a remporté récemment le contrat pour la troisième ligne du métro de
Toulouse (Haute-Garonne) pour un montant de 713 millions d’euros. Après ceux de l’Allemagne, il va fournir ses premiers trains à hydrogène à l’Italie. Il a réussi son augmentation de capital de 2 milliards d’euros. Quant à Bombardier, il a gonflé la corbeille avec plusieurs contrats gagnés en décembre 2020, dont deux qui totalisent plus de 1 milliard d’euros : 33 trains Omneo Regio 2N pour la région des Hauts-de-France et 205 voitures pour le réseau de transport en commun SkyTrain de Vancouver (Canada). Et le consortium Alstom-Bombardier fournira 204 voitures à la Société nationale des chemins de fer belges pour 445 millions d’euros. La preuve que les synergies entre les deux constructeurs existent, et ce, même en dehors de la France où ils ont gagné plusieurs projets ensemble, notamment pour le futur RER nouvelle génération. # Olivier COgnasse
35
les essentiels L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Avec cet outil, Bruno Le Maire vise les PME et les ETI fragilisées par la crise.
PAscAL GuITTET
Les premiers prêts participatifs devraient commencer à être distribués aux entreprises à partir de fin mars. Le dispositif de renforcement des fonds propres, inscrit dans le plan de relance, est en cours de finalisation à Bercy. Il doit encore recevoir l’aval de la Commission européenne. Mais les contours du Bonne nouvelle dispositif sont largement cadrés pour les entreprises. Il s’agit de prêts participatifs et d’obligations convertibles. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a promis d’ajuster la garantie de l’État aux volumes de prêts participatifs demandés. Sa garantie pourrait monter jusqu’à 7 milliards d’euros pour 20 milliards de fonds propres, soit 35 % du montant des prêts. D’une maturité de huit ans, assimilés à des fonds propres, ils devraient cibler les PME et des ETI qui disposent de capacités de rebond, mais dont le bilan a été déséquilibré par le choc de la crise. Et ce, à un coût relativement modeste, entre 4% et 6% pour les entreprises. Ce taux inquiète toutefois la CPME qui craint que les plus petites entreprises et les plus fragilisées, jugées trop risquées, ne soient laissées de côté. Mais les prêts participatifs ne seront pas le seul outil. «Les régions réfléchissent à leurs propres dispositifs de long terme pour les TPE, comme Grand Est», pointe un acteur bancaire. # Solène DaveSne
Les prêts participatifs bientôt finaLisés
Carton
tion pour faire passer le plan de relance. Les industriels de l’armement jaune vont certes pouvoir puiser dans les 8 milliards d’euros du FED... tout en regrettant que l’enveloppe soit loin des 13 milliards d’euros prévus. La politique spatiale a, elle, vu ses moyens fondre de 16 à 13 milliards d’euros. Le coup de rabot est un peu moindre pour le fonds Digital Europe, ramené à 7,5 milliards d’euros. Dans le dernier round des négociations budgétaires, le Parlement européen a obtenu une rallonge en faveur de la politique d’innovation. En comptabilisant le plan de relance, 80 milliards d’euros seront ainsi affectés à Horizon Europe, le programmecadre dédié. Dans sa proposition de budget en 2018, la Commission estimait le besoin à 100 milliards d’euros. # S. D.
Les ambitions rognées du budget européen pour L’industrie L’Union européenne se dote de moyens nouveaux pour renforcer sa souveraineté technologique dans son budget 2021-2027. Le Fonds européen de la défense (FED), en gestation depuis 2018, doit permettre d’investir massivement dans l’industrie de défense. Le programme Digital Europe doit soutenir l’effort de recherche en cybersécurité et en intelligence artificielle, entre autres. Voilà pour le verre à moitié plein. Mais les ambitions ont été revues à la baisse. Lors des tractations budgétaires en juillet, les Européens ont choisi de tailler dans la recherche et l’innova-
36
recyclage, la grande réconciliation La Fédération des entreprises du recyclage (Federec) a accueilli « très favorablement » le fléchage de 500 millions d’euros vers l’économie circulaire dans le plan France Relance et la pertinence de leur répartition. Après des années de relations difficiles avec le gouvernement, notamment autour de la loi économie circulaire portée par l’ancienne secrétaire d’État Brune Poirson qui avait eu des mots très durs envers les recycleurs, « nous avons vu nos métiers reconnus comme essentiels à la Nation », déclarait en décembre François Excoffier, son nouveau président. Manuel Burnand, le directeur général de Federec, s’avouait, lui, « frappé de voir à quel point les pouvoirs publics ont compris nos métiers. Cela n’a pas toujours été le cas ». # M. D.
Les plastiques sous tension Des livraisons reportées, des prix qui grimpent de 5 % à 20 % sur les résines de commodité (PE, PP et PVC) et certains polymères techniques... Polyvia dénonçait, mi-janvier, les tensions sur les approvisionnements de la filière plasturgie, constituée de nombreuses PME. La toute nouvelle organisation professionnelle des transformateurs de polymères a recensé 25 cas de force majeure, ces « événements totalement imprévisibles qui autorisent le fournisseur à remettre en cause le contrat commercial », rappelle Jean Martin, son directeur général. Et de s’interroger : « Il y a un phénomène d’accumulation dont on se demande s’il est justifié.» En amont, la pétrochimie évoque la hausse du prix du pétrole, des stocks en baisse et la reprise industrielle en Chine. # l. R.
CouaC
37
les essentiels L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
www.usiNeNouveLLe.com
Bonne nouvelle
Vers une médecine du traVail plus ciblée
D.R.
La proposition de loi sur la santé au travail que les députés examineront en février intégrera l’accord signé par les partenaires sociaux le 9 décembre. Premier axe fort: la prévention sera renforcée, notamment dans les petites entreprises. Les services de santé au travail héritent de l’accompagnement des patrons de PME dans la rédaction d’un document unique d’évaluation des risques professionnels, dont ils sont peu nombreux à se doter. Une prévention de la «désinsertion professionnelle », notion nouvelle qui recouvre la perte de contact des salariés malades ou handicapés avec leur employeur, est également organisée. Et les salariés exposés à des risques auront accès aux documents uniques de leurs anciens employeurs. Utile si une maladie professionnelle se révèle des années plus tard. Autre nouveauté: pour pallier la pénurie de médecins du travail, les salariés qui ne font pas l’objet d’une surveillance spécifique, pourront être suivis (visites d’embauche, de reprise...) par des médecins de ville volontaires, formés, rattachés à un service de santé au travail. Les exigences vis-à-vis des services de santé interentreprises sont renforcées. Pour que le service soit identique dans tous les territoires, ils devront proposer une «offre socle» minimale et respecter les délais pour être certifiés. «Remettons de l’homogénéité!», revendique Diane Deperrois, chef de file du Medef pour la négociation sur la santé au travail. Les députés pourraient être tentés de réintroduire des mesures sur les risques psychosociaux, grands absents de l’accord. Les employeurs freinent toujours des quatre fers et crieraient au non-respect du dialogue social si le législateur allait sur ce terrain. # CéCile Maillard
Charlotte ParmentierLecocq, députée LREM, est coauteur de la proposition de loi sur la santé au travail.
Signal fort
LA Norvège fiNANce Le stockAge sous‑mAriN de co2
L’annonce est tombée fin 2020. La Norvège va subventionner Northern Lights, le projet de transport et stockage sous-marin de CO2 en mer du Nord de Total, Shell et Equinor. Il prévoit, à partir de 2024, d’injecter sous 2600 mètres de fonds 1,5 million de tonnes de CO2 par an émis par des industriels.
38
Pour les deux premiers clients de ce nouveau service commercial –une cimenterie et un incinérateur de déchets norvégiens –, le captage, la liquéfaction du CO2 et le transport par pipe seront subventionnés à 80 % par l’État norvégien. Charge aux trois pétroliers, qui vont investir près de 700 millions d’euros, de trouver d’autres clients. Ils devront aussi profiter du soutien financier pour développer une industrie rentable de la séquestration du carbone et baisser rapidement les coûts. # a. B.
780 millions
de fonds à saisir pour les entreprises de santé La souveraineté sanitaire de la France est désormais aussi soutenue par l’argent de ses grands assureurs. Depuis décembre, ces derniers financent trois fonds dédiés au développement d’entreprises de santé implantées dans l’Hexagone. C’est la conséquence concrète d’un bras de fer mené par le gouvernement afin que les assureurs participent au soutien de l’économie française. Car si le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, n’avait pas suivi la revendication des entreprises sur la prise en charge des pertes d’exploitation dues au Covid-19, il avait en revanche obtenu que les assureurs renforcent leur investissement dans les entreprises françaises. Au final, ils se sont engagés sur 2 milliards d’euros, dont 780 millions dédiés à la santé. C’est une enveloppe conséquente puisqu’elle dépasse celle du fonds dédié à l’aéronautique qui atteint, lui, 630 millions d’euros. Concrètement, cette opération est menée avec la Caisse des dépôts qui abonde également ce programme intitulé «Assureurs – Caisse des dépôts Relance durable France». Pour s’adapter aux besoins et aux différentes typologies d’entreprises il existe trois types de fonds «Nov santé»: un fonds actions non cotées, un fonds actions cotées, et un fonds dette non cotée, respectivement géré par Eurazeo, Tocqueville Finance et Eiffel Investment Group. Pour séduire ses gestionnaires, au-delà de la qualité de votre projet d’entreprise, il faudra qu’elle s’attache à relocaliser des centres de recherche et des unités de production de médicaments, qu’elle innove dans le médicament, les services, les technologies et les équipements de santé ou la prévention des maladies. La première entreprise a en avoir bénéficié est Fareva. Un autre volet de la manne des assureurs pour 1,1 milliard d’euros est, lui, dédié aux PME et ETI, sans distinction de secteur. # anne-Sophie BellaiChe
Au guichet
39
les essentiels L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
LA PME DU MOIS
Moscatelli, les tuyaux de la renaissance D’ici au printemps 2021, Moscatelli aura transféré ses activités de chaudronnerie, tuyauterie et mécanique, de Sorgues (Vaucluse) vers son nouveau site de la commune voisine d’Entraigues. Un investissement de 13 M€ de chiffre 5,2 millions d’euros, entre immobilier et outil d’affaires industriel, qui bénéficie d’une subvention du 110 collaborateurs plan France Relance. L’entreprise revient de 5,2 MILLIOnS D’EUrOS loin grâce à Rémy Volps, chaudronnier de ford’investissement dans mation, qui y avait commencé sa carrière et une nouvelle usine l’a reprise en 2017. Bien qu’ayant contribué à la réalisation de la ventilation du sarcophage de la centrale de Tchernobyl, Moscatelli, en situation financière difficile, était alors menacée de disparition faute d’acquéreur. Spécialisée dans les pièces complexes de grandes dimensions, la PME intervient aujourd’hui sur le chantier d’Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône), pour Charabot (produits aromatiques pour la parfumerie) à Grasse (Alpes-Maritimes), dans la cosmétique, la pharmacie, l’agroalimentaire... Passée de 7 à 13 millions d’euros de chiffre d’affaires en trois ans, elle s’est automatisée et digitalisée, dotée d’un bureau d’études... «Être du métier a donné du sens et de la crédibilité à mon projet de transformation, et j’ai pu compter sur de nombreux soutiens, publics, privés et
40
Moscatelli
SorgueS, Provence-AlPeScôte d’Azur
bancaires. Nous nous démarquons en étant plus qu’un simple faiseur, facile à trouver n’importe où dans le monde», assure Rémy Volps. Assurer une prestation allant de l’ingénierie à la maintenance, en passant par la fabrication et l’installation, s’est avéré, selon le dirigeant, le levier du rebond: «Cela permet de proposer au client de l’innovation cousue main. » Grâce aux nouveaux locaux aptes à accueillir des pièces sans limite de longueur et équipés de ponts de levage jusqu’à 7 tonnes et à l’intégration de la réalité virtuelle dans sa R&D, Rémy Volps vise la barre des 20 millions d’euros de chiffre d’affaires et une part à l’export de 10% à 15% d’ici à 2025. Pour son usine, il a choisi d’acquérir des équipements d’usinage fabriqués en France lorsqu’ils existent, «afin que l’argent du contribuable qui m’est attribué participe au développement d’autres sociétés tricolores...» # JEAn-ChrIStOPhE BArLA
depuis sa reprise en 2017, l’entreprise de chaudronnerie industrielle a quasiment doublé son chiffre d’affaires.
41
nos analyses L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
retour vers Le futur
2021, pire année que 2020 ? Il y a quelques semaines, le «Time » en était persuadé. 2020 se sera révélée « la pire année de l’histoire », titrait l’hebdomadaire américain, aussitôt critiqué et moqué par tous ceux qui se rappellent les deux conflits mondiaux et leurs dizaines de millions de morts, pour ne parler que de ces années noires. Car l’on aurait pu, aussi, énumérer les années marquées par les grandes pandémies qui ont précédé celle du Covid-19 (peste, fièvre jaune, choléra, grippe espagnole...). Nous n’en avons sans doute pas fini avec le virus, mais l’arrivée des vaccins devrait permettre de retrouver une vie un peu plus normale. Pourtant, 2021 risque d’être pire que 2020. Pourquoi ? Il faut s’intéresser au bilan de l’année écoulée dressé... par Météo-France. L’organisme public qualifie 2020 d’année « hors du commun » : elle aura été la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début des mesures en 1900. « C’est désormais officiel : avec une valeur moyenne sur l’ensemble du pays atteignant 14 °C, la température de l’année 2020 est la plus chaude jamais enregistrée, devant 2018 », a précisé Météo-France. Une année marquée par la succession de mois « chauds ». Mais pas seulement : il faut se rappeler les événements extrêmes qui l’ont jalonnée, des tempêtes aux épisodes de pluies exceptionnels, en passant par deux canicules. Le dérèglement climatique semble s’accélérer. Parmi les dix années les plus chaudes en France depuis 1900, sept appartiennent à la dernière décennie. Il ne faudrait pas croire que l’Hexagone fait exception. Ce réchauffement reflète celui relevé à l’échelle planétaire. 2020 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec 1,25 °C au-dessus de la période préindustrielle, a établi le service européen Copernicus. La période 2015-2020 est la plus chaude depuis le début de l’ère industrielle. 2021 débute à peine... #
Pascal Gateaud
pgateaud@ usinenouvelle.com
42
Myrtille delaMarche myrtille.delamarche@ usinenouvelle.com
matiÈre à PenSer
retour (ou pas) du supercycle des matières premières La théorie du supercycle des matières premières, chère à Goldman Sachs, refait parler d’elle alors que le Covid-19 sert de tremplin à la transition des entreprises. Choc de compétitivité, accélérateur de la transition énergétique et digitale, la pandémie semble porteuse d’opportunités. Sur les marchés de commodités, aux variations quotidiennes s’ajoutent des cycles longs alternant pics et chutes des cours à quelques dizaines d’années d’intervalle. Le dernier pic date de 2008. Dans le rebond rapide des métaux après le gel de l’activité mondiale début 2020, Goldman Sachs voit « le début d’un marché haussier plus durable et structurel pour les matières premières », qui rappelle le début des années 2000. Alors portées par la demande de la Chine et des autres Bric (Brésil, Russie et Inde), qui cumulaient industrialisation et urbanisation galopantes, les commodités le seraient en 2021 par la « révolution verte ». Engagements de l’Europe puis de la Chine sur la neutralité carbone, retour des États-Unis dans l’accord de Paris, électrification des véhicules et des procédés, décarbonation de l’industrie... Cette révolution exige des investissements monumentaux, comme le démontrent les projections dans l’acier, l’hydrogène et les métaux. Beaucoup de métaux. Et ce, alors qu’investisseurs et société civile se sont détournés des mines, et que le recyclage, dédaigné par la finance, reste insuffisant. Dans ce contexte, Goldman Sachs voit le cuivre, thermomètre de l’économie, propulsé à 9 500 dollars la tonne d’ici à 12 mois. Mais si fête il y a, le pétrole et le charbon auront, cette fois, du mal à s’y inviter, faute de répondre au dress code vert. #
La tech américaine rattrapée par Le syndicaLisme Salaires élevés, congés payés, assurance santé, cours de sports et collations à volonté. Dans la Silicon Valley, les entreprises ont la réputation de chouchouter leurs ingénieurs et informaticiens. Ajoutez à cela une culture prônant l’agilité, la communication directe entre les salariés et leur direction, et exit les syndicats. Idéologiquement opposées aux organisations représentatives de salariés, les entreprises américaines de la tech ont fait échouer les rares tentatives de création. Jusqu’à aujourd’hui... Après plus d’un an de discussions, les salariés d’Alphabet, la maison mère de Google qui compte 130 000 employés, ont annoncé début janvier la création de l’Alphabet workers union (AWU), qui revendique déjà plus de 200 adhérents. Cette initiative inédite fait suite à des mois de tensions entre Google et ses salariés. En 2018, un contrat passé avec le Pentagone pour fournir à l’armée un outil de surveillance les oppose. La même année, 20 000 employés de Google, Waymo, Verily et d’autres filiales cessent le travail pour protester contre les indemnités de départs accordées à des dirigeants accusés de harcèlement. En décembre 2020, le licenciement de la chercheuse Timnit Gebru, mise en cause pour son travail sur les biais des algorithmes de reconnaissance faciale pour les personnes de L’initiative couleur, acte la des saLariés rupture. « Nous de GooGLe aura avons bâti Google. pLus de poids Ce n’est pas si eLLe réussit la société pour à faire laquelle nous des émuLes. voulons travailler », affirment Parul Koul et Chewy Shaw, les ingénieurs à la direction du syndicat. Celui-ci va s’emparer des questions de salaires, de conditions de travail mais aussi des problématiques éthiques posées par les technologies développées. Son statut de syndicat minoritaire lui permet d’être ouvert à tous, employés comme contractuels. Mais il lui ôte le pouvoir de négocier des accords directement avec l’employeur. L’union arrivera-t-elle à impulser de réels changements ? Cela dépendra de sa capacité d’influence, mais aussi de son rayonnement. Alors qu’Amazon s’oppose à la création de syndicats dans ses entrepôts américains, l’AWU marquerait une première victoire s’il fait des émules, incitant à la remise en question plus globale du modèle d’entreprise que sont devenus les géants américains de la tech. #
Marion Garreau
marion.garreau@ usinenouvelle.com
anne-soPhie Bellaiche anne=soPhie asbellaiche@ usinenouvelle.com Bellaiche@
pourquoi l’eurOpe
reVOiT sa sTraTéGie face aux Gafa
ecoacaDemicS
Les consultations citoyennes,
MauVais THerMOMÈTre de l’opinion
Face à la défiance de la représentativité politique classique, un nouvel outil s’est imposé pour recueillir les opinions, les idées ou les frustrations des citoyens : les consultations en ligne. Le gouvernement ne s’en prive pas. Réforme des retraites, états généraux de l’alimentation, sécurité routière... et bien entendu LA consultation des consultations, le Grand débat national suite à la crise des Gilets jaunes. C’est sur cette dernière que Clément Herman, étudiant en économie à Paris school of economics, s’est penché pour comprendre les caractéristiques des citoyens qui s’y adonnent dans son mémoire de master «Who speaks out when politicians tune in ? ». Il a validé, en analysant le type et le nombre de contributions par bassin de vie, via des outils de micro-simulation synthétique, son hypothèse que la participation à ce type de débat est caractérisée par un fort niveau de confiance envers les autres. Cette attitude est corrélée à d’autres variables comme le haut niveau «ceuX Qui éTaienT d’éducation, la propension Visés par le à voter Macron, le souci GranD DéBaT environnemental... Au final, naTiOnal ne sOnT ceux qui ont contribué en ligne pas ceuX Qui au Grand débat national, tant y OnT parTicipé.» en quantité qu’en qualité, sont très éloignés des Gilets jaunes caractérisés, eux, par un bas niveau de confiance interpersonnelle. Lorsque les contributeurs pensent que le pays va mal, l’analyse lexicologique montre que dans les bassins de vie où le niveau de confiance est faible, l’émotion qui domine s’oriente sur de la colère, alors que ceux où cette confiance est élevée sont plutôt dans la tristesse et l’angoisse. À partir de cette analyse géographique, Clément Herman conclut que l’« on ne peut pas attendre de ces consultations une image représentative de l’opinion des Français. Et ceux qui étaient visés par le Grand débat, les Gilets jaunes, ne sont pas ceux qui y ont participé ». La convention et le collectif citoyen, dont les membres sont tirés au sort, échappent à ces biais. Mais c’est un autre type d’exercice et sur un panel plus limité : 150 pour la convention citoyenne sur le climat, 35 pour le collectif sur les vaccins. #
fenÊtre sur L’europe
science-friction PASCAL GUITTET
WWW.usinenouveLLe.com
Prévenir plutôt que guérir. Avec deux projets de régulation sur la table – le Digital services act pour renforcer la responsabilité des plates-formes sur les contenus qu’elles hébergent et le Digital market act pour s’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles –, la Commission européenne a acté l’échec de sa précédente stratégie envers les géants du numérique. Elle veut leur imposer de revoir une partie de leur business model. Selon le projet de règlement, les Gafa ne pourraient plus empêcher la désinstallation de logiciels, ils devront laisser un utilisateur contacter ses clients en dehors de la plate-forme et ils ne pourront plus utiliser les données des entreprises clientes pour les concurrencer. Depuis cinq ans, la vice-présidente de la Commission, Margrethe Vestager, a utilisé à plein régime l’arsenal du droit de la concurrence et distribué des sanctions salées. Mais les 8,25 milliards d’euros d’amendes infligés à Google et les multiples enquêtes ouvertes contre Apple et Amazon ont eu des résultats limités. Même si la Commission a réformé ses procédures, les sanctions arrivent souvent trop tard – sept ans après pour Google shopping –, quand les concurrents ont déjà été balayés. Sans compter que la bataille se poursuit ensuite devant les tribunaux. En septembre 2020, la cour de justice européenne a ainsi annulé les 13 milliards d’euros réclamés à Apple pour avantage fiscal déloyal. Les règles de concurrence montrent aussi leur limite face au numérique, où les données comptent plus que la taille. Elles avaient conduit la Commission à donner son feu vert, en 2014, au rachat de WhatsApp par Facebook, dont elle se mord encore les doigts. L’Europe réussira-t-elle mieux cette fois ? Les Gafa préparent déjà la résistance. L’enlisement sur la taxe Gafa, pilonnée par l’Irlande, et les débats interminables sur les droits voisins laisse augurer la bataille qui se prépare. Mais la Commission a pour elle un momentum politique. Les citoyens européens le demandent. Et la pression est générale. Aux États-Unis, 48 États et la commission de la concurrence réclament le démantèlement de Facebook pour abus de position dominante. Une autre procédure, menée par le Texas, vise Google. En adoptant une approche moins frontale – l’Europe ne prévoit que des amendes jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires et aucun démantèlement –, ces nouvelles règles du jeu pourraient finalement apparaître comme un moindre mal. #
solÈne daVesne sdavesne@ usinenouvelle.com
43
FORUM
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
La séLection BLoGs de JanvieR
Blog La gestion des projets complexes
destination MaRs VOYAGE AU GOÛT DE L’ENFER ?
44
. .R
Quantique, neurosciences, IA, management, prospective... Connaissez-vous les blogs d’usinenouvelle.com ? Retrouvez ici des extraits des contributions de nos experts et scannez les QR codes pour lire la version complète.
On constate un décalage significatif entre l’avènement de la technique et la protection de l’humain. Considérer qu’à partir du moment où la technique sera prête, l’humain pourra débarquer sur Mars, c’est prendre le risque d’y déposer des êtres vivants en piteuse condition physique... Sans parler des problèmes psychologiques du confinement [...], ni des possibles bactéries martiennes, non détectées à ce jour, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas, d’où l’intérêt de toutes les missions robotiques actuelles. Mais en saura-t-on assez d’ici là pour être certain que les astronautes ne nous ramèneront pas «quelque chose» à côté de quoi les virus cachés sous le permafrost feraient pâle figure...?
BLoGs Blog industrie en transition
.
souveRaineté aGRicoLe, VERS UN RETOUR EN GRÂCE ? .R
.R
Rappelons que le concept d’entreprise zombie, né en 2007 au Japon, reste actuel en 2020. Derrière ce nom fantasque se cache une définition sérieuse: celle des entreprises ayant au moins dix ans d’âge et dont le revenu opérationnel est insuffisant pour couvrir leurs charges d’intérêts pendant trois années consécutives! [...] Face à un point de non-retour, au moins trois choix émergent, pour le dirigeant: Le récuser Le dirigeant, par optimisme aveugle, niera la fatalité du point de nonretour, son entreprise étant, d’après lui, immortelle. Il envisagera toujours le retour des jours meilleurs, il recherchera des ressources complémentaires (le PGE, par exemple) pour durer et attendra que cela «passe». Il se mettra à la cape, fera le dos rond, en pensant au prochain printemps qui reviendra un jour. L’accompagner Comme mon grand-père face au déclin de sa chienne, le dirigeant abrégera les derniers instants pour se réinvestir ailleurs, il tirera un trait sur le chemin passé devenu une impasse. Il fermera boutique et rendra les clés après avoir tout rangé [...]. L’explorer En suivant l’élan vital des explorateurs, sur le modèle de Christophe Colomb, ce troisième type combinera l’imagination et la lucidité. Il niera que tout est perdu, mais reconnaîtra l’urgence de trier et donc de renoncer à certains choix passés. Il misera sur la frugalité et sur une ou deux priorités vitales pour atteindre une nouvelle terre promise avant que ses réserves ne s’épuisent. Il croira aux signes de son destin. Cette dernière posture est la plus inspirante pour un dirigeant, car une entreprise n’est pas destinée à mourir comme peuvent l’être les humains ou les animaux. Nombreuses sont d’ailleurs centenaires, voire davantage. Cette posture récuse le fatalisme et en même temps conduit à arrêter certains pans de l’entreprise.
roDoLPHe KraWcZyK Quarante ans d’expérience dans l’industrie spatiale
D
D
LUDovic Herman Cofondateur et dirigeant de Huitième Continent
entRePRises ZoMBies OU COMMENT AGIR FACE AU POINT DE NON-RETOUR
D
.
Blog L’entreprise sentimentale
JULien FoSSe Biologiste et vétérinaire
La crise du Covid-19 a mis à mal notre système alimentaire. La myriade d’acteurs économiques, de services et d’institutions en interaction permanente qui le constitue a pourtant continué à produire, distribuer, stocker la nourriture. [...] Une situation différente de celle des États-Unis, où des clusters de Covid-19 ont occasionné des fermetures longues d’abattoirs, conduisant à des pénuries temporaires de viande dans certains États. Mais il faut se garder d’un excès de confiance, car une situation analogue aurait pu s’observer en France si des foyers de Covid-19 avaient été identifiés chez les employés de nos industries agroalimentaires du Grand Ouest, obligeant à les mettre à l’arrêt. Quoi qu’il en soit, notre système alimentaire a tenu et fait preuve d’une résilience certaine. Qu’il ne faudrait pas croire pérenne, tant notre autonomie alimentaire est relative.
Réactions de LecteuRs
22,3%
22,3%
DeS LecteUrS interroGÉS Sont FavoraBLeS aU DÉveLoPPement De L’Économie circULaire
Jean-LUc PetitHUGUenin Président de Paprec
« Développons une excellence industrielle française à partir de matières premières recyclées. »
FrançoiS LUScan Président d’Albéa
« Mener une réflexion collective sur l’économie circulaire. »
30,9%
« Non à la cathédrale bureaucratique du plan de relance, oui à un financement massif des relocalisations. »
L’avis de nos LecteuRs Suite aux tribunes de plus d’une trentaine de personnalités pour sauver l’industrie française, nous avons soumis par sondage à nos lecteurs dix leviers identifiés. Voici les six prioritaires, illustrés d’avis concrets.
oLivier LLUanSi Associé PwC
« Structurer la demande du made in France. »
28,2%
eSPÈrent Un viraGe ÉcoreSPonSaBLe
Pierre-Jean LeDUc Président de Dedienne
« Stop au green washing, instaurons le coût carbone complet. »
GUiLLaUme FaUry Président exécutif d’Airbus
« Faire entrer la prise de risque dans notre culture. »
l’induStrie
arnaUD monteBoUrG Ancien ministre de l’Économie
« Labellisons les industries écoresponsables et solidaires. »
HervÉ Derrey PDG de Thales Alenia Space
Sauver
Sont PoUr Le Financement DeS reLocaLiSationS
nicoLaS orance Directeur général de Rafaut
veULent QUe L’inDUStrie retroUve Le Goût DU riSQUe
« Il est temps de rouvrir les frontières. »
28,2%
veULent rÉDUire LeS taxeS De ProDUction
PatricK artUS Économiste
« Ramenons les impôts de production français au niveau de la moyenne européenne. » BrUno GranDJean Dirigeant de Redex et président de l’Alliance industrie du futur
« Taxes de production, encore un effort ! »
26,6%
SoUHaitent Un DÉveLoPPement DeS comPÉtenceS
Pierre Éric PommeLLet PDG de Naval Group
« Il faut resserrer les liens entre le système éducatif, les familles et l’industrie. »
maryLiSe LÉon Secrétaire générale adjointe de la CFDT
« Créer un fonds d’innovation compétences. » 45
ils font l’industrie L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
catHerine macGreGor Directrice générale d’Engie
Une centralienne en transition énergétiqUe À 45 ans, elle voulait présider le parapétrolier Schlumberger, où elle a passé vingt-trois ans. En 2020, elle aurait dû diriger Technip Énergies, après une scission de TechnipFMC suspendue à cause de la crise sanitaire. Finalement, le 1er janvier, Catherine MacGregor est devenue, à 48 ans, la directrice générale d’Engie. Son conseil d’administration, présidé par Jean-Pierre Clamadieu, l’a choisie en octobre dernier pour exécuter la nouvelle stratégie qu’il a définie pour le groupe courant 2020. Elle doit recentrer Engie sur les métiers du gaz, les énergies renouvelables et les infrastructures, avec une nouvelle rotation d’actifs de 8 milliards d’euros. Elle doit surtout orchestrer la scission des activés considérées comme non stratégiques, qui emploient près de 80 000 personnes, soit environ la moitié des effectifs du groupe. Son expérience, dès 2007, à la direction des ressources humaines de Schlumberger devrait lui être très utile pour gérer ce redimensionnement des effectifs. Celle de présidente Europe et Afrique du parapétrolier de 2013 à 2016, puis de l’activité forage, depuis Londres, lui sera précieuse pour recentrer le groupe sur ses métiers industriels à l’international. Mais c’est surtout sur la « rigueur d’exécution » et « l’enthousiasme » de cette diplômée de Centrale Paris (1995) que compte Jean-Pierre Clamadieu pour piloter Engie. # A. B.
GUiLLaUme De GoÿS Directeur des opérations d’Alvance et président d’Aluminium France
Cap sur la compétitivité de l’aluminium français
Le directeur des opérations d’Alvance (GFG Alliance), Guillaume de Goÿs, a remplacé Jean-François Faure (Rio Tinto) à la présidence d’Aluminium France le 1er janvier. Cet ancien directeur général d’Aluminium Dunkerque a auparavant occupé des fonctions de direction chez Carbone Savoie à Vénissieux, Rio Tinto à Saint-Jean-de-Maurienne et Alucam au Cameroun, après avoir travaillé pour Michelin en Thaïlande. Il porte haut le mantra d’Alvance, « produire localement pour le marché local », et incarne le retour des acteurs intégrés, vingt ans après Pechiney. À la tête de l’interprofession française de l’aluminium, il devra traiter deux dossiers importants : la valorisation de l’aluminium bas carbone et la sécurisation de tarifs électriques compétitifs, « condition de la production d’aluminium primaire en France, mais surtout un préalable à la relocalisation », relève Cyrille Mounier, le délégué général d’Aluminium France. La France transforme 1,2 million de tonnes de métal léger pour 400 000 tonnes produites et 500 000 tonnes recyclées. # M. D.
46
Ardent défenseur de la ReLoCaLISatIon « Un pays sans usines est un pays sans beaucoup d’avenir. Il aura fallu cette crise pour que la France s’en rende compte ! » À 46 ans, Philippe Guerret dirige M2i Life Sciences, une société qu’il a cofondée en 2013 pour concevoir et produire des molécules complexes pour la santé humaine et le biocontrôle animal et végétal. M2i Life Sciences, qui compte aujourd’hui 170 salariés, et dont le siège est à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), va bénéficier PHiLiPPe GUerret PDG de M2i Life Sciences
d’un coup de pouce du programme France Relance pour relocaliser sur son site de Salin-de-Giraud (Bouches-duRhône) la production d’une molécule pour un anesthésiant jusque-là importé… Diplômé de
l’Edhec, avec un parcours éclectique (Vinci, Dufry...) avant d’arriver dans la chimie fine (Minakem), Philippe Guerret a su s’entourer d’experts pour « réinventer » des sites en difficulté et en faire les piliers d’une filière alternative aux insecticides traditionnels. « Nous avons veillé à maîtriser la R & D, la production, la logistique, pour assurer notre indépendance », explique-t-il. Celui qui se définit comme un « catalyseur de talents » a installé, l’an passé, un atelier d’encapsulage de phéromones pour la protection biologique à Lacq (PyrénéesAtlantiques). Cet « optimiste résolu » revendique « l’utilité sociétale » de son action. # JEAn-ChriStoPhE BArLA
D.R. ; STAUBLI GROUP ; A. MARCHI / PHOTOPQR / L’EST RÉPUBLICAIN ; S. CAMBON / SAFRAN
Concevoir les standards de L’USIne FeRRoVIaIRe du futur Nommé en avril 2020 directeur des opérations et directeur général adjoint de CAF France (140 salariés, dont 125 à Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, 21,69 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019), Christophe Florin n’a pas mis longtemps à se retrousser les manches. Sa mission : remettre en bon ordre de marche le site industriel bagnérais repris en 2008 par le groupe espagnol. Le deal n’est pas anodin. CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles) a décroché en septembre 2019 un contrat majeur avec la SNCF : la construction de 28 trains de type Intercités nouvelle génération. Un marché estimé à 700 millions d’euros pour lequel l’industriel s’est engagé à confier une part importante de l’assemblage final à son usine française. Les premiers trains devraient sortir de Bagnères-deBigorre à l’horizon 2023. Le compte à rebours est lancé. « Nous avons à peine trois ans pour faire de cette usine un des fleurons européens en matière d’industrie ferroviaire », insiste l’ingénieur des Arts et Métiers. Vingt millions d’euros seront investis dans une refonte complète de l’usine et de ses process, avec à la clé, au minimum, un doublement des effectifs. L’ambition est de transformer un site industriel de plus de 150 ans en une usine moderne et extrêmement flexible. « Il s’agit de concevoir les standards de l’usine ferroviaire du futur », lance avec enthousiasme le nouveau patron de l’usine bagnéraise. L’homme connaît bien son sujet. À 55 ans, avec vingt-huit ans d’expérience chez Alstom et une parenthèse de deux ans dans l’industrie aéronautique, il signe un retour remarqué dans le ferroviaire. # MArinA AnGEL
oLivier anDriÈS Directeur général de Safran
Un X pour piloter Safran
PHiLiPPe PetitcoLin Délégué CFE-CGC de GE Belfort
#
Le syndicaliste qui
BoUSCULe LeS CoDeS Visage incontournable de la bataille des salariés de General electric à Belfort (territoire de Belfort), Philippe Petitcolin se voit comme un syndicaliste positif, préférant la proposition à l’opposition. entré chez Ge en 2007, il rejoint la CFeCGC en 2013, désireux de comprendre la stratégie de l’entreprise. Pour négocier, le syndicaliste de 39 ans utilise tous les leviers, médiatiques, politiques et juridiques. Responsable de projets « amélioration continue et productivité », il a réussi à gagner la confiance des cadres par la transparence. Père de cinq enfants, le secrétaire adjoint du comité Groupe France se bat pour construire un vrai projet industriel. # nADÈGE hUBErt
Changement de profil au poste de directeur général de Safran. Philippe Petitcolin, professeur de maths de formation, arrivé à la tête du groupe en 2015, passe le relais à un diplômé de Polytechnique et de l’École des mines de Paris. Olivier Andriès, 58 ans, a pris les rênes de Safran le 1er janvier, après une année de transition passée aux côtés de l’ancien dirigeant. Ce qui n’a pas dû être toujours simple, étant donné la mésentente cordiale entre les deux hommes. Il s’imaginait piloter un groupe en pleine ascension, porté par le tourbillon des commandes de monocouloirs. Le voilà chargé d’affronter la plus grande crise que le secteur ait jamais connue. Point fort : durant la douzaine d’années passées au sein de la maison, il s’est frotté à la plupart des activités du groupe, de la défense aux hélicoptères en passant – comme il se doit pour un patron de Safran – à la production de moteurs, qu’il dirigeait jusqu’à présent. Une connaissance fine de l’entreprise qu’il va pouvoir mettre à profit. Il doit à la fois limiter l’impact financier de la crise, qui ralentit les cadences de production du moteur Leap, et garantir la préservation des savoir-faire malgré les réductions d’effectif. Autre dossier en haut de la pile : assurer des débouchés commerciaux pour le Silvercrest, un moteur dédié aux avions d’affaires que ni Dassault ni Cessna (Textron) n’ont acheté. Mais Olivier Andriès va devoir porter un axe stratégique, encore plus engageant à long terme, celui de l’aviation décarbonée. Le nouveau dirigeant sait que les architectures des futurs programmes nécessiteront une plus grande proximité entre avionneurs et motoristes, en particulier pour les avions à hydrogène. Là encore, ses huit années passées chez Airbus, en particulier au poste de directeur de la stratégie d’EADS (ex-Airbus Group), ne lui seront pas inutiles. Olivier Andriès doit propulser Safran dans une nouvelle ère. # o. J.
cHriStoPHe FLorin Directeur des opérations chez CAF France
47
INDICATEURS
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
LA PRODUCTION INDUSTRIELLE CONTINUE À SE REDRESSER
LES CONSOMMATEURS CHINOIS ONT RETROUVÉ DE L’APPÉTIT
Évolution en glissement annuel de la production industrielle (en %)
Évolution des ventes de véhicules particuliers en glissement annuel (en %)
+6%
-6% -9%
- 13,5 %
janvier-février 2020
Évolution du PIB (en %)
- 50 % - 60 % - 70 % - 80 %
2019
0 -2% -4% -6% -8% Allemagne
RoyaumeUni
Japon
Parts de marché de Pékin sur les 20 plus gros exportateurs mondiaux (en % ) 2017
250
30 %
200
25 %
150
20 % BALANCE 75,4 COMMERCIALE milliards
100 50 0 - 50
2019
États-Unis
Un an après le début de la pandémie à Wuhan, le Covid-19 n’est plus qu’un mauvais souvenir. En 2020, la Chine a été le seul pays du G20 à échapper à la récession. La hausse de 1,8% de son PIB prévue par le FMI est certes loin des 6,1 % de 2019. Mais «la reprise a été plus forte que ce que l’on attendait », reconnaît Françoise Huang, économiste spécialiste de l’Asie chez Euler Hermes. Grâce à l’explosion de la demande mondiale pour les masques chirurgicaux et les équipements électroniques, l’excédent commercial chinois a battu en novembre son record historique, avec 75 milliards de
2020
2020
LE PAYS A CONSOLIDÉ SES PARTS DE MARCHÉ
milliards
SOURCE : DOUANES CHINOISES
+3%
+2%
48
- 40 %
Nov.
+ 2,3 %
SOURCE : WORLD ECONOMIC OUTLOOK, FMI (PRÉVISIONS D’OCTOBRE 2020)
+ 5,9 % + 4,2 %
France
- 30 %
EXPORTATIONS 268
300
+6%
Chine
- 20 %
Exportations chinoises et balance commerciale (en milliards de dollars)
+ 6,1 % 2019 + 1,8 % 2020 + 8,3 % 2021
+8%
- 10 %
- 10 %
LE MOTEUR DES EXPORTATIONS TOURNE À PLEIN RÉGIME
LA CHINE A ÉCHAPPÉ À LA RÉCESSION
+4%
mars 2020 avril mai juin juillet août septembre octobre novembre
-3%
novembre 2019 décembre
0%
SOURCE : BUREAU NATIONAL DES STATISTIQUES
0
+3%
- 12 %
+6%
novembre
+ 10 %
SOURCE : CHINA PASSENGER CAR ASSOCIATION
L’ÉCONOMIE CHINOISE TOURNE LA PAGE DU COVID
+ 10 %
+ 11,5 %
+7%
2018
2019
2020
25 % Moyenne 2020
15 %
20 % Moyenne 2017-2019
10 % 5% 0
J FMAMJ J A SOND
dollars. Pour accélérer le redémarrage, les autorités ont ouvert au printemps les vannes du crédit à ses entreprises et des grands travaux. Depuis l’été, ce sont les ménages chinois qui ont pris le relais. Même si la Chine s’en sort mieux, ses fragilités se sont accentuées. Elle n’est pas à l’abri d’une hausse de défaillances d’entreprises surendettées, comme le fabricant de semi-conducteurs Tsinghua Unigroup, en défaut sur ses obligations en décembre. «Dans l’immobilier, on se rapproche du niveau historique de mètres carrés non vendus», pointe Françoise Huang. La reprise demeure inégale. « Des mouvements de grèves apparaissent dans les services», observe Julien Marcilly, l’économiste en chef de Coface. L’après-Covid n’est pas forcément tout rose. # S. D.
SOURCE : EULER HERMES
DÉCRYPTAGE
TEXTE SOLÈNE SAVESNE Retrouvez sur notre site tous les projets d'investissements industriels en France.
Vers une vague de défaillances en 2021
11,6 milliards d’euros 59 200
SOURCES : BANQUE DE FRANCE ; BPCE-DEP
en 2021 (estimation)
60 000 50 000 40 000
34 100
30 000 2000
en 2020
2005
2010
2015
2020
L’Allemagne perd des emplois pour la première fois en 14 ans
TENDANCE ÉCO
La mise sous perfusion des entreprises a fonctionné. En 2020, le nombre de défaillances a reculé de près de 36 %, à un niveau anormalement bas. Pour certaines entreprises, les mesures d’urgence n’ont fait que reporter l’inéluctable. Jusqu’où montera la vague ? « Le nombre va dépendre de la jointure entre le calendrier de remboursement de la dette, les effets du plan de relance et la reprise », pointe Alain Tourdjman, le directeur des études économiques de BPCE, qui table sur 59 000 défaillances en 2021. # S. D.
1,17 milliard
Vue d’ailleurs
EMPLOIS TOTAL
60
45,27 44,79
20
8,36
millions 2010
2015
2020
millions
1 000
740
800
0
126
France
Transports, logistique 114 millions Chimie
EMPLOIS DANS L’INDUSTRIE
409 millions
315 milliards enveloppe disponible 126 milliards accordés à des entreprises
142 57
84
Allemagne Espagne
115
Italie
Autres secteurs
LE BAROMÈTRE DE L’USINE NOUVELLE
1 116
200
Équipements électriques, électroniques, télécoms
126 millions Automobile
1 200
400
BTP, construction, matériaux, bois
millions
Montant des prêts garantis par l’État de mars à décembre 2020 (en milliards d’euros)
315
Agroalimentaire, agriculture
568 millions
30
8,17
600
Pharmacie, santé, hygiène
Papier, carton
267
millions
40
Énergie, environnement, eau, recyclage
622 millions
409 millions
millions
50
0
LES ENTREPRISES FRANÇAISES ONT PLUS UTILISÉ LES PGE
1,41 milliard
Nombre d’emplois en Allemagne (en millions)
10
LE BENCHMARK
6,53 milliards
SOURCE : BANQUE DE FRANCE / EUROSYSTÈME
70 000
SOURCE : DESTATIS
Nombre de défaillances d’entreprises en France (sur douze mois glissants)
d’investissements industriels répertoriés par L'Usine Nouvelle en 2020 en France (173 opérations)
Même la crise de 2008 n’avait pas fait dérailler le marché du travail allemand. Le nombre de personnes en emploi y a reculé pour la première fois depuis 14 ans. Le succès du chômage partiel a permis de limiter la baisse à 1,1% sur un an. La pandémie masque des contraintes plus structurelles, prévient l’institut de statistique Destatis. Le vieillissement démographique ralentit la croissance du nombre de bras disponibles. L’allongement de la durée d’activité et l’immigration ne suffisent pas à compenser. # S. D.
Pour faire face aux difficultés de trésorerie liées à la crise sanitaire, 126 milliards d’euros de prêts garantis par l’État (PGE) ont été débloqués pour 600 000 entreprises en France. Un montant plus important que dans les autres grands pays de la zone euro, selon la Banque de France. Plus généreux sur le papier, le dispositif allemand a été moins décaissé, en partie à cause d’un choc moins violent outre-rhin. Dans l’Hexagone, l’ensemble des mesures d’urgence ont représenté 4,6 % du PIB pour les entreprises. Seule l’Italie fait plus. Le « quoi qu’il en coûte » n’éponge pas toutes les pertes. Selon l’OFCE, celles-ci ont supporté 59 milliards d’euros de baisse de revenus, soit 31 % du choc. # S. D.
49
50
51
L’EnERGiEwEndE
L’EnERGiEwEndE
Pour atteindre 65 % d’énergies renouvelables en 2030, 71 GW de capacités d’éolien devront être installés outre-rhin.
52
de notre correspondante en allemagne, Gwénaëlle Deboutte
pour sortir
du nucLéAiRE ET du chARbOn
REPORTAGE
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
BerLin Brokdorf Feldheim Welzow Freiberg
L’Allemagne doit redoubler d’efforts pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’est fixés pour 2030. Alors que les renouvelables représentent déjà plus de la moitié du mix électrique, sa transition énergétique reste controversée.
Michele TanTussi / aFP
D
epuis son jardin, Karsten Hinrichsen a vue sur le haut de la cheminée de la centrale nucléaire de Brokdorf (Schleswig-Holstein), installée à environ un kilomètre de sa maison. Voilà près de quatre décennies que ce météorologue à la retraite se bat au sein de l’association Brokdorf Akut contre l’installation. «Elle a ouvert en octobre 1986, six mois après l’accident de Tchernobyl, souligne-t-il, comme un symbole. Depuis, nous vivons avec le risque d’un accident, d’une fuite radioactive, d’un problème lors du stockage et du transport des déchets nucléaires, énumère-t-il. Mais c’est la dernière année.» La production s’arrêtera le 31 décembre 2021, tout comme celle des deux autres centrales de Grohnde et de Gundremmingen. L’année d’après, le 31 décembre 2022, ce sera le tour des tout derniers réacteurs de Emsland et Isar. La décision d’arrêter le nucléaire en 2022, prise par la chancelière Angela Merkel le 30 juin 2011, après le tsunami de Fukushima au Japon, a marqué en Allemagne le début de ce que l’on appelle ici l’Energiewende. Début 2020, le vaste chantier de la transition énergétique a été complété par la volonté de mettre fin à l’exploitation du charbon d’ici à 2038, voire 2035 si l’état de l’approvisionnement et les prix de l’électricité le permettent. Autant de décisions qui divisent profondément le pays, entre ceux qui jugent que tout va trop vite et ceux qui estiment au contraire qu’à ce rythme, l’Allemagne n’atteindra jamais ses objectifs.
Au volant de sa voiture à hydrogène, Bernd Jacobs fait partie des écologistes convaincus et a très tôt senti le vent tourner. En tant qu’ingénieur électrique, il a travaillé de 1980 à 1987 pour le compte de Siemens dans plusieurs centrales nucléaires dans le pays, y compris à Brokdorf. «Durant cette période, j’ai pris conscience de la dangerosité de cette source d’énergie : le risque zéro n’existe pas et la moindre erreur peut être fatale », explique-t-il. C’est pourquoi il a décidé, dès 1996, de se reconvertir dans l’éolien et de créer, la même année, sa petite entreprise de gestion de projets Energieanlagen Jacobs qui gère aujourd’hui neuf turbines, représentant environ 15 MW de puissance. Une volonté politiqUe affichée
Tout comme lui, le pays a depuis une vingtaine d’années massivement investi dans les renouvelables (EnR). Adoptée le 1er avril 2000, la loi sur les énergies renouvelables (EEG) a fixé un cadre propice en priorisant les sources propres par rapport aux conventionnelles et en adoptant une contribution financière versée par les consommateurs sur 53
REPORTAGE
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
leur facture d’électricité. Résultat, en 2019, le secteur éolien totalisait près de 54 GW de puissance, soit trois fois plus qu’en France. Selon BSW-Solar –l’association allemande de l’industrie solaire –, le cap des deux millions de systèmes photovoltaïques, représentant une production d’environ 50 milliards de kilowatts heures d’électricité par an, a été dépassé en octobre dernier. «En 2020, pour la première fois, l’électricité d’origine renouvelable injectée sur le réseau a dépassé la moitié du mix électrique, chiffre Bruno Burger, responsable de département à l’Institut Fraunhofer pour les systèmes énergétiques solaires (ISE). Cela est dû à une conjonction de facteurs: l’augmentation de la production des EnR, une légère baisse de la consommation cette année-là, et des prix bas qui ont entraîné une diminution de la production des centrales au gaz et au charbon.» De fait, il réfute l’idée selon laquelle le nucléaire aurait été remplacé par une augmentation de la production de charbon ces dix dernières années. « Les chiffres disent le contraire. Depuis 2002, environ 100 TWh d’électricité nucléaire ont été retirés du réseau, alors que l’éolien et le solaire ont progressé de 150 TWh», poursuit le spécialiste. Parallèlement, entre 2010 et 2020, la production de charbon (lignite et houille) est passée de 230,14 TWh à 107,69 TWh.
Feldheim, au sud-ouest de Berlin, est la première commune allemande autonome sur le plan énergétique.
Un programme amBitieUX
baissE dE La part du charbon
54
1 000 800 600
101,92
49,5 151,42
400 200
30
0
20
75,31 32,38 107,69
19
2020 (au 6 décembre)
20
12,37 % Nucléaire
Autres émissions
6
16,60 % Lignite
CO2 99,71 230,14
130,43
2019
11,04 % Solaire 11,99 % Gaz
2010
20 1
26,81 % Éolien
Houille
3
0,83 % Autres
Lignite
La trop lente baisse des émissions, en millions de tonnes
20 1
3,89 % Hydroélectricité 7,14 % Houille 9,33 % Biomasse
En térawattheures
10
Mix de la production d’électricité injectée sur le réseau, en %
La proJEction dE co2
20
préVisions pour 2020
Michele TanTussi / aFP
Pour autant, le développement des énergies vertes sera-t-il suffisant pour atteindre l’objectif de 65% d’énergies renouvelables d’ici à 2030 ? Pour le solaire, la puissance installée devra passer à 100 GW en 2030 et l’éolien à 71 GW. La biomasse progressera d’un volume de 500 MW annuel. Cela avec le but, tout aussi ambitieux, de réduire les émissions de CO2 de 55% en 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et de 80 à 95% d’ici à 2050. Les émissions devront passer dans dix ans à 563 millions de tonnes, contre 805 Mt en 2019 et 1251 Mt en 1990. « Pour y parvenir, le déploiement des énergies renouvelables est trop lent, regrette Bruno Burger. Dans les années 2010-2012, 7,5 GW de solaire ont été installés par an, cette année, ce n’était que 5 GW.»
L’EnErgiEwEndE pour sortir du nucLéairE Et du charbon
les 55 turbines de son parc éolien déploient une puissance de 122,6 MW, de quoi alimenter 65 400 foyers, alors que le village ne compte que 130 habitants.
« Bien sûr, le village avec ses 130 habitants n’a pas vocation à être reproductible à l’échelle Doreen raschemann d’un pays. Ce que nous à l’initiative, avec son mari, avons voulu montrer, de l’autarcie énergétique de Feldheim (Brandebourg) c’est qu’il est tout à fait possible d’alimenter le réseau avec une énergie 100 % renouvelable. En dix ans, nous n’avons jamais connu d’instabilité ni de coupure. En faisant participer les citoyens aux décisions dès le début des processus, l’acceptation des énergies renouvelables augmente aussi considérablement. » un générateur biomasse et une centrale biogaz fournissent de l’électricité et du chauffage à l’ensemble des habitants.
si la part des énergies fossiles baissent dans le mix énergétique en allemagne, elles pénalisent encore lourdement le pays en termes d’émissions de gaz à effet de serre. si elles ont été réduites de 35,65 % depuis 1990, elles représentent encore 805 millions en 2019, soit près du double des émissions en France. Dans un rapport publié en novembre 2020, le think tank ember estime qu’en raison de ses efforts trop « lents », l’allemagne contribuera encore à 30 % des émissions de co2 en 2030 en europe.
En centimes par kWh (consommation annuelle: 3 500 kWh) Achats, ventes
Contribution aux énergies renouvelable
2010 40,8%
2015
34,5%
51,9%
24,7% 23,69
24,6%
2019 52,5%
Frais de réseau
24,3%
23,5% 28,70
23,2% 30,43
l’augmentation constante du prix de l’électricité pèse sur le budget des ménages. À partir de 2021, le gouvernement a décidé de baisser la contribution eeg de soutien aux énergies renouvelables, comprise dans le prix du kWh, qui passera de 6,756 ct/kWh en 2020 à 6,5 ct en 2021, puis à 6 ct en 2022. soit un manque à gagner de 10,8 milliards d’euros sur 2021, financé pour partie par les certificats co2 et pour le reste sur le budget fédéral.
souRces : eneRgy chaRTs ; uMWelTBunDesaMT ; MinisTÈRe FÉDÉRal De l’ÉconoMie eT De l’ÉneRgie
20 5
0
priX MoYEn dE L’éLEctricité pour un MénagE
55
REPORTAGE
« L’annonce de l’arrêt du nucléaire était une bonne décision. Mais le développement des elke Göttsche infrastructures prend maire cDu de Brokdorf (schleswigplus de temps que holstein), où est installé l’un des six réacteurs nucléaires, prévu. C’est le cas qui fermera le 31 décembre 2021 en particulier du renforcement du réseau électrique. Annoncée pour 2023, la construction de la future ligne à très haute tension qui doit relier le nord au sud du pays et qui passe non loin de notre village devrait être reportée à 2026. Pour la sécurité de notre approvisionnement électrique, il aurait donc été préférable de conserver quelques centrales nucléaires en activité. »
PicTuRe alliance / DPa ; Maya MeineRs PhoTogRaPhie
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
indispensable pour stabiliser
l’intégration des enR, le renforcement du réseau électrique a pris du retard.
Dans l’éolien terrestre également, le marché arrive à saturation et les initiatives citoyennes se multiplient pour bloquer les projets. Selon l’association FA Wind, les délais d’instruction et d’autorisation des nouveaux parcs sont actuellement de 20,5 mois en moyenne, contre 12 mois il y a cinq ans. Enfin, le renforcement du réseau électrique, indispensable pour stabiliser l’intégration des EnR, a pris du retard. Pour tenter de renverser la vapeur, le gouvernement a décidé de favoriser davantage les projets photovoltaïques. Ainsi, les panneaux solaires installés sur les toits ne sont soumis aux appels d’offres qu’à partir d’un seuil de 750 kW (contre 500 kW auparavant). Et les petits producteurs qui possèdent une installation jusqu’à 30 kW de puissance seront exonérés du paiement de la contribution aux énergies renouvelables sur l’électricité qu’ils utilisent eux-mêmes, en autoconsommation. feldheim, Un village modèle
« La transition énergétique doit aussi venir des citoyens», assure Doreen Raschemann, la responsable de l’engagement social pour Energiequelle, entreprise spécialisée dans la gestion d’exploitation d’installations éoliennes, photovoltaïques et de biogaz. Avec son mari Michael Raschemann, le PDG d’Energiequelle, elle a commencé en 2012 un projet 56
ambitieux : rendre Feldheim, un village du Brandebourg, énergétiquement autarcique. Les 55 turbines déploient une puissance de 122,6 MW, de quoi alimenter 65 400 foyers alors que le village ne compte que 130 habitants, et les 200 panneaux photovoltaïques produisent chaque année 2748 MWh. Une usine de biogaz d’une puissance électrique installée de 526 kW est exploitée par la coopérative agricole locale. Quelque 8 600 m3 de lisier de porc ainsi que 8700 tonnes de maïs et 190 tonnes de farine issus d’exploitations locales sont utilisés comme intrants. La centrale produit 4 millions de kWh d’électricité par an, qui sont injectés dans le réseau public, et de la chaleur. Le village dispose de son propre réseau électrique et le système a été complété par une batterie de 10 MWh en septembre 2015, pour faire face aux aléas climatiques. Pour Siegfried, qui habite un corps de ferme dans la rue principale, «consommer l’électricité produite localement est une question de logique ». Sa femme et lui ont investi sans hésiter dans la coopérative, à raison d’une cotisation unique de 1 500 euros pour l’électricité et de 1 500 euros pour le
L’EnErgiEwEndE pour sortir du nucLéairE Et du charbon
Centres de consommation urbains et industriels
Panneaux photovoltaïques
Éoliennes
Nœuds électriques
SüdLink
Corridor A
SüdOstLink
Autoroutes électriques à construire d’ici à 2026 Réseau de moyenne tension à renforcer
LE REnFORcEMEnT du RésEAu éLEcTRiQuE, TALOn d’AchiLLE dE L’EnERGiEwEndE «les centrales nucléaires, au gaz et au charbon ont été installées près des grands centres urbains et industriels. désormais, les énergies renouvelables sont décentralisées et les parcs éoliens onshore et offshore se trouvent majoritairement dans le nord de l’allemagne, alors que la consommation se situe toujours majoritairement au sud », décrit mathias Fischer, le porte-parole de tennet, l’un des quatre gestionnaires de réseaux de transport, avec 50Hertz transmission, amprion et transnetBW. pour réussir sa
souRce : MinisTÈRe alleManD De l’ÉconoMie eT De l’inDusTRie
transition énergétique et atteindre ses objectifs climatiques, l’allemagne doit complètement revoir l’organisation de son réseau, sur au moins 210 000 km. d’après une étude commanditée par le fournisseur d’énergie e.on, l’investissement pourrait représenter plus de 111 milliards d’euros d’ici à 2050. Il faudra notamment construire de nouvelles autoroutes à très haute tension, pour acheminer l’électricité du nord au sud. tennet a la charge de deux d’entre elles : südlink du nord au sud, nécessitant un investissement d’environ 10 milliards
d’euros. elle pourrait être achevée en 2026. la deuxième, südostlink (dans le sud-est), sera terminée en 2025, pour 4 à 5 milliards d’euros. tout comme le corridor a réalisé par amprion, qui longera la frontière néerlandaise et belge. «leur construction a pris du retard, car il était prévu de réaliser des lignes aériennes, concède mathias Fischer. mais face à l’opposition de la population, il a été décidé, en 2016, d’enterrer les lignes. nous avons dû revoir le tracé en tenant compte de nouveaux impératifs, comme ceux des agriculteurs. »
57
REPORTAGE
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
« À la réunification, 70 à 80 % des habitants de notre région ont perdu leur Lars Katzmarek travail et certains n’ont ingénieur en télécommunications pour l’entreprise minière leag, à la jamais retrouvé mine de Welzow (Brandebourg) d’emploi fixe. Là, on nous annonce que l’employeur principal de ce territoire doit fermer. Nous avons accepté la fin du charbon, mais en contrepartie, nous avons besoin que de nouvelles industries, que ce soit dans les batteries, l’automobile, l’énergie, s’installent... La lutte pour le climat doit être aussi vue sous l’angle social et économique, des aspects souvent sous-estimés. » 58
L’extraction de lignite à ciel ouvert,
comme ici à Welzow dans le bassin minier de la lusace, doit prendre fin au plus tard en 2038.
d’environ 30 % des émissions industrielles directes en Allemagne en 2019. Le 11 novembre 2019, ThyssenKrupp a inauguré l’injection d’hydrogène, qui vient remplacer une partie du charbon utilisé comme agent réducteur, dans un haut-fourneau de son site de Duisbourg. Salzgitter, son concurrent, s’est également lancé, avec le projet Salcos (pour Salzgitter low carbon steelmaking), dans la décarbonation progressive de sa production d’acier, d’abord avec du gaz naturel, puis avec de l’hydrogène vert qui sera produit grâce à sept éoliennes gérées par son partenaire Avacon Natur. Le projet est évalué à environ 13 millions d’euros en deux ans, dont 5 millions de subventions publiques. Autre axe stratégique : la production de batteries pour laquelle le pays promeut activement l’établissement de consortiums d’entreprises. L’un d’eux est constitué par le constructeur Volkswagen et le suédois Northvolt, qui prévoient de débuter à Salzgitter (Basse-Saxe) la fabrication de batteries avec une production annuelle de 16 GWh. De son côté, PSA, via sa filiale Opel, a annoncé vouloir mettre en service entre 2023 et 2030 à Kaiserslautern (Rhénanie-Palatinat) une production de 24 GWh de batteries qui seront utilisées sur les sites d’Opel en Europe. écologie versUs économie
Alors que toutes les cartes de l’énergie sont rebattues, certaines régions craignent d’être les grandes oubliées, au risque d’accroître encore les inégalités entre l’est et l’ouest qui subsistent trente ans après la réunification du pays. C’est le cas du bassin minier de la Lusace, à la frontière tchèque. «Son passé centenaire est fondé sur la valorisation du charbon », rappelle Wolfgang Rupieper, le président de l’association Pro Lausitzer Braunkohle, un regroupement de 550 personnes créé en 2011. Sur 1,2 million d’habitants, environ 18 000 vivent directement ou indirectement de cette ressource. « Avec l’arrêt de la production, nous ne voulons pas reproduire les erreurs qui ont été faites dans la Ruhr,
PicTuRe alliance / DPa ; g. DeBouTTe ; D.R.
chauffage. En raison de l’absence de taxes reversées aux gestionnaires de réseau, le prix de l’électricité est aussi imbattable. « Nous payons 16,6 centimes le kWh, contre 30 centimes en moyenne à l’échelle nationale », relève-t-il. Désormais, Feldheim se tourne vers le futur et réfléchit à d’autres valorisations de son énergie éolienne. « Nous souhaiterions installer une unité d’électrolyse pour produire de l’hydrogène et une station dans la grande ville avoisinante de Bad Belzig pour recharger la flotte du personnel du district », précise Doreen Raschemann. Pour réduire ses émissions de CO2, l’Allemagne ne peut pas compter que sur le secteur de l’énergie. Le pays doit massivement décarboner ses transports et son industrie. Sa stratégie dans l’hydrogène, un plan à 9 milliards d’euros, vise à en faire un pionnier dans les technologies de l’hydrogène vert. L’installation d’une production à l’échelle industrielle d’une capacité domestique de 5 GW d’électrolyse est prévue d’ici à 2030, et 5 autres seront installés d’ici à 2040. La pression est grande sur les sidérurgistes. Avec plus de 36 millions de tonnes, la production d’acier a été responsable
L’EnErgiEwEndE pour sortir du nucLéairE Et du charbon
« Les panneaux photovoLtaïques sont un produit stratégique » Avant d’être laminée par la concurrence chinoise dans les années 2010, la Solar Valley –située entre Berlin, Leipzig et Dresde– comptait parmi les grands noms de la production allemande de modules et panneaux solaires: Q-Cells, Solibro, Sovello, CSG Solar, SolarWorld... Aujourd’hui, le fabricant suisse de machines de production pour l’industrie photovoltaïque Meyer Burger Technology, mû par la volonté de son PDG, l’allemand Gunter Erfurt, a décidé de relancer la filière de production nationale. Le groupe a ainsi racheté pour 12 millions d’euros une partie des actifs de SolarWorld à Freiberg, encore en parfait état de production, deux ans après sa faillite, et reprit le bail de l’ancienne usine de cellules solaires Sovello à Thalheim.
en quoi la production de panneaux solaires en allemagne a-t-elle davantage de chance de réussir qu’il y a dix ans? avant de se poser cette question, il faut surtout se demander pourquoi les européens ont échoué à retenir leur production photovoltaïque sur leur sol. À l’époque, la volonté de bâtir une filière solaire manquait, contrairement à la chine qui menait une
Meyer Burger Technology se lance dans la fabrication de cellules et modules photovoltaïques en allemagne.
au printemps 2020, enBW a lancé la construction du Weesow-Willmersdof, le plus grand parc solaire outre-rhin, d’une capacité de 187 mégawatts.
Gunter erfurt, PDG de Meyer Burger Technology
véritable politique industrielle d’acquisition des compétences. nous, fournisseurs, devons aussi faire amende honorable : nous avons livré au monde entier la même technologie et les mêmes machines. nous avons donc permis que, progressivement, tout le savoirfaire autour des panneaux photovoltaïques, le montage d’abord, puis les modules et les cellules, se délocalise en asie. ce n’était qu’une question de temps pour que toute la chaîne de valeur ne parte intégralement. D’où votre changement complet de stratégie? en accord avec nos actionnaires, nous avons décidé de réorienter notre business model et de ne plus commercialiser nos machines de dernière génération, afin de les réserver à la production de panneaux solaires. notre ambition est de démarrer au premier semestre 2021 la production de cellules solaires à haute efficacité grâce à la technologie sWct (smart wire connection technology) et de modules. celle-ci apporte aux panneaux une rendement énergétique 20 % supérieur, ce qui nous confère un avantage concurrentiel. la capacité sera d’environ 400 mW pour commencer, avec une montée en puissance de la croissance jusqu’à 5 à 6 gW à l’horizon 2025-2026. Qu’attendez-vous des autorités désormais? les représentants politiques doivent comprendre que les panneaux photovoltaïques ne sont pas un bien de consommation, comme cela a longtemps été considéré, mais un produit stratégique visant à assurer la souveraineté énergétique, tout comme le sont actuellement les batteries et l’hydrogène. en ce sens, il faudrait mettre en place des incitations lors des appels d’offres, par exemple, pour promouvoir l’utilisation des produits locaux, avec une limite d’émissions de co2 comme le fait la France, ou encore favoriser le solaire sur toiture dans lequel nous avons une avance technologique.
59
REPORTAGE
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
LE bIométhAnE
« Les dix-huit années consacrées à la fin du charbon doivent être vues comme Stephan Lauckner une chance, car cela président du comité d’entreprise d’accumotive, filiale de Daimler donne le temps située à Kamenz (saxe) à l’électromobilité de devenir une filière mature. Nous produisons dans cette usine les batteries pour la Smart, pour les Mercedes Classe-S, E et C, ainsi que pour le transporteur EQV. Ce secteur pourrait s’ancrer dans la région tout au long de la chaîne de valeur, intégrant par exemple la transformation des anciennes batteries en stockage en soutien au réseau ou encore leur recyclage. » 60
VeRBio ; g. DeBouTTe
À l’image des gigantesques silos de l’usine de méthanisation de Verbio à Pinnow [photo], dans le mecklembourg-poméranie-occidentale, il y a bien longtemps que les installations de biogaz ont quitté les exploitations agricoles pour devenir de véritables usines. massivement soutenue par la loi sur les énergies renouvelables depuis 2000, la production de biogaz a longtemps bénéficié de tarifs d’achat avantageux, incitant les entreprises à mettre sur pied une filière industrielle. ainsi, fin 2020, selon l’association Biogas, le pays comptait 9 359 bioraffineries, dont près de 8 000 valorisant la biomasse et 400 le lisier. mais revers de la médaille, le secteur est aussi décrié pour son utilisation massive des terres cultivables. toujours d’après Biogas, en 2020, plus de 1,4 million d’hectares était consacré aux cultures pour alimenter les fermenteurs. c’est pourquoi, depuis 2017, le gouvernement a décidé de revoir à la baisse les tarifs d’achat. résultat : seules 113 nouvelles usines ont ouvert en 2018, puis 83 en 2019. en 2020, 168 ont même fermé. Pour autant, le secteur n’a pas dit son dernier mot et mise sur le biométhane pour alimenter les réseaux de chaleur et les transports, deux secteurs qui doivent être massivement décarbonés. actuellement, 219 bioraffineries injectent près de 10 tWh de biométhane dans le réseau de gaz naturel. depuis 2019, sur le site de pinnow, Verbio produit son biométhane à 100 % à partir de paille. Jusqu’à 5 tonnes par jour peuvent être traitées pour produire 1 000 nm³/h de biométhane. Il est ensuite notamment commercialisé comme biocarburant auprès des stations-service au gaz naturel comprimé. « cela permet d’alimenter deux voitures pendant un an avec un kilométrage moyen de 11 500 km/an », souligne l’entreprise, qui précise que la réduction des émissions de co2 est de 90 % par rapport aux véhicules à essence ou diesel. « les voitures électriques sont considérées comme climatiquement neutres, mais c’est sans prendre en compte le fait que l’électricité est encore en grande partie fossile, précise claus sauter, le pdg de Verbio. ainsi, si l’on intègre ce facteur au calcul, leurs émissions de co2 s’élèvent de 65 à 75 g/km. en roulant au biométhane, elles tombent à environ 8 g/km ».
biOGAz
d’où je suis originaire. Il a fallu quarante ans pour sortir de l’acier et du charbon et pourtant cela n’a pas évité l’effondrement économique », rappelle cet ancien juge. Le gouvernement fédéral a décidé de soutenir les régions minières à hauteur de 40 milliards d’euros : 14,8 milliards d’euros pour l’ouest (Rhénanie du nord-Westphalie) et 25,2 milliards d’euros pour l’est (Brandebourg, Saxe et SaxeAnhalt). La Saxe et la Saxe-Anhalt, deux Länder de l’ex-RDA, se battent pour accueillir de nouvelles filières. L’objectif est d’attirer de nouveaux investisseurs. Outre la construction de lignes ferroviaires, la Deutsche Bahn a l’intention d’installer un centre de maintenance de ses trains d’ici à 2026 et de créer 1200 emplois. Pour cela, elle a noué un partenariat avec l’entreprise minière locale LEAG pour coopérer étroitement dans les domaines de la formation, de la qualification et du transfert de personnel et garantir l’emploi, même après la fin du charbon. De son côté, BASF a annoncé son intention d’établir à Schwarzheide, une usine de recyclage des batteries d’ici à 2022. Longtemps dépendante du charbon, l’Allemagne paie au prix fort ses émissions de gaz à effet de serre, qui sont près de deux fois plus élevées que celles de la France. C’est donc toute l’économie, l’industrie et la société qui s’apprêtent à effectuer un virage énergétique inédit. En s’affranchissant d’un seul coup de deux des technologies qu’il estime appartenir au passé, le pays espère à nouveau pouvoir faire la course en tête dans les énergies du futur. # Gwénaëlle Deboutte
POuR décARbOnER LEs TRAnsPORTs ET LEs RésEAux dE chALEuR
61
MANAGEMENT L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
TEXTE CHRISTOPHE BYS ET CECILE MAILLARD
Bien-être au travail
LA VIE PRIVÉE S’INVITE DANS LE BUREAU DES DRH Il y a un avant et un après. «Avant, le DRH ne se préoccupait que du respect de la législation du travail. Puis il est entré sur le champ de la santé et de la sécurité au travail. Aujourd’hui, il est amené sur celui du bien-être», observe Audrey Richard, la présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Après l’entreprise paternaliste, voilà donc l’entreprise «nounou» qui s’inquiète pour le sommeil et l’équilibre alimentaire de ses salariés, pour les chaises qu’ils utilisent quand ils sont en télétravail... «Le confinement du printemps a accentué une tendance déjà à l’œuvre: la vie privée des salariés s’invite de plus en plus dans le bureau des DRH», poursuit celle qui est par ailleurs DRH du groupe Up.
62
Une tendance managériale anglo-saxonne –une de plus– qui bouleverse notre vision des relations du travail. «Traditionnellement, la France est très attachée à la préservation de la vie privée du salarié. Cela se ressent notamment dans les décisions de la Cnil [la Commission nationale informatique et libertés], dans la réglementation sur les données personnelles, analyse Thierry Meillat, avocat associé au cabinet Hogan Lovells. Au nom du ”well-being”, certains employeurs se sont mis à proposer des abonnements sportifs, des conseils en alimentation, des cours de relaxation... Ils sont entrés dans l’extra-professionnel et cela a plutôt été bien accepté par les salariés.» Tables de ping-pong, corbeilles de fruits mises à disposition, mobilier de bureau qui ressemble à celui de la maison, horaires décalés pour s’occuper des enfants ou d’un parent, crèches, conciergerie... L’employeur soigne ses salariés. Pour Karine Armani, la fondatrice du cabinet Équilibres, «la tendance du care veut qu’un salarié bien dans sa peau est plus à même d’apporter au collectif. Les plates-formes de services se développent pour aider les salariés à se libérer des contraintes de leur sphère personnelle, donc à s’impliquer dans leur travail». En première ligne, les managers sont priés d’intégrer ces nouvelles approches, tout en garantissant à leur direction qu’elle est source de performance.
MON, TON, SON... ORGANISATION DU TRAVAIL
C
hez Meritis, société de conseil en technologies de 600 personnes, chaque salarié a droit à son joker. «Chacun peut faire valoir une attente prioritaire et nous essayons d’y répondre, pourvu que cela reste acceptable pour l’entreprise», indique la DRH, Marie Jacquot-Vivier. L’accord «qualité
de vie au travail » de Meritis met en avant cette « personnalisation des conditions de travail». Certains salariés demandent des aménagements d’horaires, voire du « full télétravail » pour ceux qui habitent loin de l’entreprise, d’autres veulent plus de formations, des congés sans solde... «Dès l’entretien
ILLUSTRATIONS : SHUTTERSTOCK
« FLEXIBLE WORKING » CHEZ COCA-COLA «Il nous arrive parfois dans la vie des événements qu’on ne choisit pas, qui nécessitent une souplesse de l’employeur, avec qui il faut s’arranger », estime Laure Bomo, la directrice des relations sociales de Coca-Cola European Partners France, 2 600 collaborateurs dont 1 000 en production et 700 commerciaux itinérants. Un accord «qualité de vie au travail » a été signé, en février 2020, entre la direction et quatre organisations syndicales pour mettre en place du « flexible working», un mode de travail réservé aux situations « exceptionnelles », à distinguer du télétravail, plus régulier. Tout salarié en CDI ou CDD de plus de trois mois peut demander à travailler chez lui ou ailleurs, en cas de besoin, jusqu’à 4 jours par mois, au dernier moment, la même semaine ou non, si son manager est d’accord.
Le flexible working permet aussi des aménagements d’horaires et des absences exceptionnelles de deux heures, « afin de répondre à un besoin personnel », indique l’accord. Un congé supplémentaire de 5 jours est créé pour les aidants familiaux. « Les personnels de production, comme les commerciaux, doivent anticiper leurs demandes d’absence pour qu’elles soient compatibles avec le rythme de production et le circuit quotidien auprès de nos clients», indique Laure Bomo. Quel est l’intérêt de l’entreprise ? « Un salarié que l’on aide à affronter ses soucis personnels se sent bien dans l’entreprise, a la tête à ce qu’il fait et est fier de son employeur. C’est aussi un facteur d’attractivité pour les nouveaux arrivants. »
de recrutement, les salariés communiquent sur leurs contraintes, parce qu’ils veulent concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle, précise Marie Jacquot-Vivier. Les compétences de nos salariés s’arrachent sur le marché, nous voulons penser au long terme.» Selon une enquête de PwC, 46% des collaborateurs ont pour priorité «des horaires de travail flexibles et un bon équilibre de vie ». Le géant mondial du conseil et de l’audit a donc décidé, en 2018, d’offrir à ses nouvelles recrues des horaires à la carte, pourvu qu’un quota d’heures hebdomadaire soit respecté. Dans la mouvance de l’entreprise libérée, Chrono Flex, société nantaise de 320 salariés, laisse ses techniciens organiser leurs dépannages comme bon leur semble, dans un large créneau horaire. Appvizer, une plate-forme web dédiée aux logiciels, propose depuis début 2020 des horaires flexibles à ses 40 salariés. Le matin, ils peuvent arriver entre 7 heures et 10 heures, et le soir, partir entre 17 heures et 20 heures. « Nous sommes en train de finaliser un accord d’entreprise qui élargira encore ces créneaux, pour ceux qui veulent aller chercher leurs enfants à l’école, annonce le fondateur, Colin Lalouette. La vie personnelle et la vie professionnelle doivent pouvoir intelligemment s’imbriquer. Plus on laisse de liberté aux salariés, plus ils vous le rendent.» TÉLÉTRAVAIL, OUI MAIS... Mais attention, Thierry Meillat, avocat associé chez Hogan Lovells, prévient: «Le télétravail est l’un des facteurs qui tend à effacer la frontière entre vie privée et vie personnelle. Or le but de tout ce que le droit du travail a mis en place était justement de préserver une étanchéité entre les deux.» En cas d’accident pendant les horaires de travail, la responsabilité de l’employeur peut être engagée, rappelle-t-il. «Il va devoir pouvoir vérifier que les équipements du domicile –bureau, fauteuil, connexion– sont adaptés au travail. Mais aujourd’hui, l’accès au domicile est encore ressenti comme intrusif par les salariés.» Une visite de votre patron pour vérifier que le coin bureau installé dans la chambre de bébé est conforme aux normes, ça vous dit? # C. M.
63
MANAGEMENT L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
LUTTER CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX SALARIÉES Un grand groupe comme Korian, gestionnaire de maisons de retraite, peut aller jusqu’à proposer un emploi dans une autre ville à une salariée victime de violences conjugales. D’autres entreprises modifient son numéro de téléphone professionnel pour faire cesser un harcèlement, lui proposent une place de parking plus près de la sortie au cas où le conjoint violent l’attende. « Un employeur peut aussi proposer un lieu, au sein de l’entreprise, pour que ces femmes, souvent surveillées par leur
conjoint, puissent rencontrer des associations », ajoute Céline Bonnaire, la déléguée générale de la Fondation Kering. Engagée depuis 2008 dans les violences faites aux femmes, cette fondation a lancé en 2018, avec la Fondation Agir contre l’exclusion (Face), le réseau d’entreprises One in Three Women, dans lequel Kering, L’Oréal, Korian, Carrefour, SNCF, BNP Paribas et OuiCare se sont engagés contre les violences faites aux femmes. En général, mais aussi au sein de leurs entreprises. Selon une de leurs
une société créée il y a sept ans pour accompagner les salariés aidant un proche âgé. «Nous les aidons à trouver des lieux d’accueil, des personnels de soin à domicile, des rendez-vous médicaux rapides», énumère Joël Riou, le fondateur et directeur de Responsage. Selon la fondation April, 8 à 11 millions de Français soutiennent un parent âgé, un enfant handicapé, un conjoint malade chronique, dont 61% travaillent. Depuis le 1er octobre 2020, un «congé proche aidant» leur permet de s’absenter jusqu’à trois mois, rémunéré entre 44 et 53 euros par jour. Nouveau, mais forcément insuffisant.
LA SANTÉ DU SALARIÉ EST UNE ET INDIVISIBLE
P
endant le premier confinement, certains DRH en sont arrivés à se préoccuper du sommeil de leurs salariés!, s’étonne encore aujourd’hui Audrey Richard, la présidente de l’Association nationale des DRH (ANDRH). Pour être sûrs qu’ils fassent des pauses, d’autres ont proposé des coachs en ligne, à heure fixe. Les DRH ont géré ce sur quoi ils n’intervenaient pas jusqu’ici: le bien-être physique. » Confrontés à des problèmes d’addiction de salariés stressés, incapables de travailler dès le milieu de journée, beaucoup ont proposé du sport en ligne, des conseils diététiques. «Il est important que les entreprises prennent
64
études, 55 % des victimes de violences conjugales affirment qu’elles ont des conséquences sur leur travail (retards, absentéisme, baisse de productivité). En interne, L’Oréal communique sur les services d’urgence (le 3919 Violence Femmes Info notamment), a formé sa dizaine d’assistantes sociales et ses managers à cette problématique, diffuse un podcast pour apprendre aux collègues à repérer les signaux d’alerte. Chez Kering, la formation de trois heures, d’abord réservée aux RH, partenaires sociaux et médecins du travail, a été étendue à l’ensemble des collaborateurs. Lors du premier confinement, les signalements de violences conjugales à la police ont augmenté de 36 % selon le gouvernement. L’Oréal et Kering étaient prêts à communiquer.
conscience qu’un salarié est la même personne dans sa vie professionnelle et sa vie privée. Jusqu’ici c’était tabou, mais ça change », analyse AnneLaure Thomas Briand, la directrice diversités et inclusion pour L’Oréal France, qui accompagne ses salariées victimes de violences conjugales [lire l’encadré ci-dessus]. Difficile pour un salarié de déposer ses soucis personnels à la porte de l’usine ou du bureau. De plus en plus d’entreprises songent à l’aider, pour qu’il ait toute sa tête au travail et pas à autre chose. Danone, L’Oréal, Sanofi, parmi d’autres, proposent à leurs collaborateurs un accès gratuit à Responsage,
ACCOMPAGNEMENT SOCIAL Depuis deux ans, les services de Responsage, assurés par des assistantes sociales, se sont élargis à l’accompagnement social des salariés en général, une activité en croissance de 40% en 2019. «Un père veut faire du sport avec son enfant handicapé, une dame cherche un Ehpad où le personnel parle russe... Le manque de visibilité des entreprises sur les difficultés personnelles de leurs salariés constitue un énorme problème pour elles, conclut Joël Riou. Elles se trompent souvent sur leurs besoins.» Ainsi, les cellules psychologiques mises en place par certaines sociétés traitent parfois plus de divorces que de burn-out, témoignent plusieurs d’entre elles. Preuve de la difficulté du sujet... # C. M.
LA VIE PRIVÉE S’INVITE DANS LE BUREAU DES DRH
UNE LIBERTÉ D’EXPRESSION QUI DÉBORDE
S
il y a bien un «endroit» où l’interpénétration entre la vie privée et la vie professionnelle joue à plein, ce sont les réseaux sociaux, ne serait-ce qu’en raison de leur statut hybride. Une publication sur Facebook destinée à quelques amis est-elle une discussion privée ou une prise de parole publique ? Pour Caroline André-Hesse, avocate en droit social au sein du cabinet AyacheSalama, « le principe général est simple: si le profil est public, il n’y a pas de confidentialité. Pour un profil privé, tout va dépendre du nombre d’amis, et parmi ceux-ci de la proportion qui sont salariés de l’entreprise».
QUAND LE DÉBAT 5G PASSE À L’ORANGE Dans quelle mesure un salarié peut-il penser contre les intérêts de son employeur ou même s’interroger sur les objectifs de son entreprise ? Le réseau Plazza a été lancé par Orange, à la fois comme un outil collaboratif et un réseau social interne. Chacun peut y lancer des discussions sur le sujet qu’il veut. La preuve? Sur le groupe intitulé « je suis vert », les discussions sont franches : on y débat en toute transparence de la 5G, de son intérêt technologique, mais aussi du modèle économique du futur lancement. «Des gens capés, qui savent de quoi ils parlent », assure le représentant maison de la CFE-CGC, Sébastien Crozier. Un groupe constitué librement, avec des salariés, cadres ou non, plus ou moins critiques sur la politique maison... Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Jusqu’au jour où un document interne
au groupe fuite et se retrouve – on ne sait toujours pas comment – à la Fédération française des télécoms. Une enquête interne est lancée. Des entretiens « musclés » sont menés d’après le syndicaliste, qui explique que la direction cherchait à savoir s’il y avait des liens entre les auteurs du document et des actions de sabotage dans le monde réel. Côté direction, un porteparole indique par e-mail que l’enquête « n’a pas été suivie d’effets et [qu’] il ne s’agissait en aucun cas de censurer la parole des collaborateurs [...] » Et de préciser : « De nombreux salariés du groupe sont actifs sur les réseaux sociaux pour y partager et échanger autour de contenus en lien avec notre secteur d’activité, mais aussi en accord avec les causes qu’ils défendent personnellement.»
Le Slip français l’a appris à ses dépens. Ce n’est sûrement pas un hasard si cette entreprise qui a tant misé sur les réseaux sociaux en a découvert la face obscure. Début 2020, deux de ses salariés sont filmés dans une fête costumée. L’un s’est fait un «black face» (grimé pour avoir un visage noir), un autre est déguisé en singe. Le nom de leur employeur n’apparaît nulle part, mais des internautes repèrent la vidéo, les reconnaissent et les dénoncent comme salariés de la marque. Les réseaux sociaux s’enflamment, les médias classiques embraient. Cela vaudra aux salariés des sanctions mystérieuses, la marque friande de communication restant très discrète sur le sujet encore aujourd’hui. Cette confusion des statuts entre le collaborateur et son expression privée a déjà abouti à plusieurs licenciements, confirmés dans certaines conditions par la Cour de cassation. STRATÉGIE DE PUBLICATION «Off-line, on sépare le privé et le professionnel, on ne s’habille pas pareil, on ne parle pas de la même façon. Ce qui rend la question des réseaux sociaux sensible, c’est que lorsque quelqu’un publie une photo, il l’imagine destinée plus particulièrement à 4 ou 5 de ses contacts. Or, aujourd’hui, on peut avoir 400 abonnés qui regardent nos publications, de loin peut-être, mais qui regardent», décrypte Ariane Ollier-Malaterre, professeure à l’Université du Québec à Montréal. Pour elle, les salariés doivent adopter «une réelle stratégie de publication, pour éviter les conséquences néfastes sur leurs carrières», rappelant qu’un DRH sur deux consulte les réseaux sociaux avant de décider d’une embauche. Fondateur du cabinet Management et RSE, Martin Richer estime que ce devrait être « un sujet de débat pour les entreprises. Pas un débat formel avec les délégués syndicaux. On devrait pouvoir discuter librement de ce que l’on peut ou pas publier».Traditionnellement, les entreprises ne sont pas à l’aise avec la vie privée de leurs salariés, un espace tabou et protégé par la loi en cas d’intrusion. Sauf que les frontières sont de plus en plus floues. À ne pas anticiper, l’entreprise se condamne à réagir en état de stress, où l’on prend rarement la meilleure décision. # C. B.
65
la une
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # Janvier-février 2021
66
laune Des outils pour relocaliser la proDuction p. 68
relocaliser les principes actifs, la priorité p. 74
Dans son plan de relance présenté en septembre, le gouvernement a sonné la mobilisation générale en faveur de la relocalisation. La crise du Covid-19 a fait prendre conscience de la vulnérabilité de la France face à des ruptures d’approvisionnement. Mais le combat pour produire à nouveau sur le territoire sera long.
éolien en mer, Des usines mais pas encore De mÂts p. 76
automobile électrique, une chance à saisir
p. 82
les nouvelles fabriques Du textile
p. 84
Des masques en veux-tu en voilà! p. 86
trois proDuits revenus De chine p. 88
Ligne de production automatisée du jouet de Lunii « ma fabrique à histoires », dans l’usine de BmS circuits, à mouguerre (Pyrénées-atlantiques).
texte Solène DaveSne Photo BMS CirCuitS
67
la une
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # Janvier-février 2021
Réduire la dépendance à l’Asie
Tous les projets de nouvelles usines ne bénéficient pas d’un tel alignement des planètes. Mais depuis le printemps et le retour des enjeux de relocalisation sur le devant de la scène politique, le gouvernement a sonné la mobilisation générale pour l’industrie. «Il nous faut produire davantage en France, sur notre sol», résumait Emmanuel Macron en mars. Fin novembre, Bercy a dévoilé une liste de 31 entreprises, qui vont bénéficier d’un total de 140 millions d’euros de subventions pour relocaliser ou produire sur le territoire dans cinq domaines stratégiques: la santé, l’électronique, l’agroalimentaire, les télécoms et les intrants utilisés par l’industrie. Les autres dispositifs de soutien à la modernisation inclus dans le programme France Relance ont permis d’identifier des dizaines de projets de taille plus modeste. Au point de surprendre la ministre de l’Industrie: «La moitié des projets remontés des Territoires d’industrie concerne des extensions de production ou de la relocalisation directe. On ne s’attendait pas à cela. » Des exemples? La PME espagnole Direct Online SL prévoit 68
P. Guittet
D
epuis la fin septembre, des camions remplis de masques FFP2 sortent de la nouvelle usine de Dräger Production France à Obernai (Bas-Rhin). À peine fabriqués, les premiers cartons sont partis en avion vers le Japon. L’implantation en Alsace du groupe allemand est l’une de ces belles histoires que le gouvernement espère voir se multiplier dans les mois à venir. «Cette usine, nous n’étions pas sûrs de la gagner. D’autres pays européens la voulaient», se félicite Frank Becker, le directeur général délégué de l’Adira, l’agence de développement de l’Alsace. En mars 2020, alors que la pandémie déferle sur l’Europe, le groupe Dräger comprend qu’il va devoir augmenter ses capacités de production en Europe. Et fait passer le message à toutes ses filiales. Le directeur de la filiale française, Yves Le Gouguec, est déjà en contact avec la cellule de crise de Bercy pour fournir les hôpitaux en respirateurs, la grande spécialité du groupe. Il fait remonter l’information. Aussitôt, c’est le branle-bas de combat. En Allemagne, l’ambassadrice de France écrit en personne au dirigeant, Stefan Dräger. L’affaire remonte au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de l’Industrie, à Bercy et au conseiller économique de l’Élysée. Localement, des discussions réunissent l’Adira, les collectivités et la préfecture autour de l’entreprise. Avant de donner son accord final, Dräger a besoin de sécuriser une commande de 10 millions de masques par l’État. Début juin, l’accord est scellé. Moins de trois mois plus tard, l’usine produit déjà avec une trentaine d’ouvriers. «Dans le groupe, personne ne se souvient être allé aussi vite nulle part dans le monde pour ouvrir une usine. Il y a eu un accompagnement volontariste et pragmatique de tous», pointe Yves Le Gouguec. En ce début d’année, l’usine devrait monter à 60 salariés, pour produire de 75 à 100 millions de masques FFP2 et FFP3 par an, destinés à l’industrie.
Krys a rapatrié
une partie de sa production de verres correcteurs à Bazainville (Yvelines). Son but, passer de 50 à 80 % de verres made in France.
120 emplois en relocalisant en France une production de barquettes compostables pour l’agroalimentaire. Dans les semi-conducteurs, Scalinx veut développer une gamme de composants électroniques utilisés pour les radars, uniquement fabriquée aux États-Unis pour l’instant. En Côte-d’Or, Corden Pharma va se doter d’un procédé de chimie en flux continu pour relocaliser la production de principes actifs en petite série pour la pharmacie. Dans le Doubs, SIS va refabriquer en France une partie des accessoires de maroquinerie qu’il importait jusque-là d’Asie. Est-ce enfin le grand retour des usines ? La pandémie de Covid-19 a sans conteste jeté une lumière crue sur la dépendance de l’industrie française aux chaînes d’approvisionnement en Asie, et pas uniquement dans le domaine sanitaire et pharmaceutique. Avec 4% des importations à haut risque, puisque ce sont des produits dont la Chine assure 50% des exportations mondiales, selon le Centre d’études prospectives et d’informations internationales. «Beaucoup d’industriels ont eu peur. Le syndrome Amazon, qui fait que tout le monde veut être livré en vingt-quatre heures, avait déjà impulsé une relocalisation lente», pointe Olivier Lluansi, associé PwC et
Comment re-loCaliser en FranCe
DeS OuTIlS POuR RelOCalISeR la PRODuCTIOn Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics ont étoffé leur boîte à outils pour inciter les industriels à développer leurs usines en France ou, a minima, en europe. Les grands projets européens
Quand des milliards d’euros d’investissements sont en jeu, la bonne échelle est européenne. l’union européenne a enfin passé la vitesse supérieure pour conserver son indépendance technologique. en 2018, un petit groupe de quatre pays, dont la France et l’italie, a signé un premier projet important d’intérêt européen commun (Piiec) dans la nanoélectronique. objectif de ce nouvel instrument : déverser des aides d’État massives – habituellement interdites – dans les domaines où les industriels ne peuvent pas supporter seuls le coût de l’industrialisation. Pour la nanoélectronique, 1,7 milliard d’euros de subventions a été débloqué. lancé fin 2019, le projet de l’alliance européenne pour les batteries va engager 3,2 milliards d’euros d’argent public, notamment pour la méga-usine de PSa et Saft prévue pour 2023 à Douvrin (nord). un troisième grand projet européen, toujours dans les batteries, doit être lancé bientôt avec 50 industriels supplémentaires, et un autre projet avance sur l’hydrogène.
La baisse de la fiscalité
tout n’est pas seulement une question de compétitivité-coût. Mais une partie de la désindustrialisation de la France s’est jouée, ces dernières années, sur le différentiel de coûts salariaux et de fiscalité avec ses voisins européens. le Cice, puis la baisse
des cotisations patronales, ont permis de modérer les coûts salariaux et de regagner en compétitivité sur l’allemagne. Fin 2019, une heure de travail coûte en moyenne 38,70 euros dans l’industrie en France, contre près de 42 euros en allemagne, alors que les deux pays affichaient des coûts identiques en 2016. la baisse de 10 milliards d’euros par an des impôts de production décidée dans le plan de relance dès 2021 s’attaque à un autre point noir de la compétitivité française. Même si certains experts estiment que 30 milliards d’euros auraient été nécessaires pour surmonter le handicap français en la matière.
L’accélération de la robotisation
impression 3D, robots, fabrication additive... relocaliser des lignes de produits jusqu’ici fabriqués en asie ne pourra être viable qu’en automatisant les usines au maximum. Même si la France reste dans le ventre mou européen, avec 177 robots installés pour 10 000 salariés de l’industrie. Mais le virage est pris. en 2019, le nombre de nouveaux robots a progressé de 15 %. Dans le cadre du plan France relance, le gouvernement a transformé le suramortissement fiscal sur les investissements productifs, en place depuis 2015, en une subvention de 40 % pour les PMe et les eti qui investissent dans l’industrie du futur. 400 millions d’euros sont prévus d’ici à 2022.
Libérer vite du foncier industriel
la bataille européenne pour les usines ne se joue pas uniquement sur les coûts. Pouvoir démarrer rapidement la production et éviter un éprouvant parcours administratif peut faire la différence pour les investisseurs étrangers. là aussi, la France a fait des progrès. en janvier 2020, le gouvernement a identifié 12 premiers sites industriels clés en main, des zones sur lesquelles les procédures d’urbanisme et environnementales ainsi que les fouilles d’archéologie préventives ont été anticipées. De quoi garantir aux industriels des délais d’implantation plus courts qu’habituellement. Depuis juillet, la liste s’est allongée à 78 sites industriels un peu partout en France.
Financer le made in France
le financement est l’un des leviers sur lesquels il reste encore une marge de progrès. Bpifrance a contribué à constituer un écosystème de fonds autour de la french fab. Mais il manque d’investisseurs de long terme pour soutenir la réindustrialisation. la France ne dispose pas de fonds de pensions. Certains, comme l’institut rexecode, plaident pour flécher l’épargne accumulée pendant la crise par les ménages vers le renforcement des fonds propres des entreprises. # S. D.
69
la une
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # Janvier-février 2021
lacroix parie sur son usine d’électronique 4.0
le potentiel de l’automatisation et du numérique. l’objectif est de doubler le chiffre d’affaires en cinq ans, à effectif constant (environ 460 salariés). « Pour rester compétitifs par rapport aux productions des pays à bas coût, nous devons doubler notre productivité, confie vincent Bedouin, le PDG. Sans cela, nous serions contraints, à moyen terme, de délocaliser notre usine française.» Pour mener ce projet, lacroix s’est entouré de plusieurs partenaires, dont Microsoft, PtC, aSM assembly, inventy, orange et Schneider electric. R. L.
ex-délégué aux Territoires d’industrie. S’y ajoutent des enjeux environnementaux, de moins en moins secondaires pour les entreprises. Au-delà des difficultés d’approvisionnement depuis l’Asie à la fin du printemps –pour cause de fret aérien ralenti–, la réduction de ses émissions carbone a participé à la décision du groupe Krys de rapatrier une partie de ses verres correcteurs à forte valeur ajoutée dans son usine des Yvelines. Il devrait passer de 50 à 80% de verres made in France. «Et en réinternalisant la production, nous pouvons avoir des prix compétitifs», assure Christophe Lallau, le directeur de Codir, l’usine du groupe d’optique à Bazainville (Yvelines), qui a bénéficié d’une aide de la région Ile-de-France pour financer les 3,1 millions d’euros d’investissement nécessaires.
Produire localement les produits à valeur ajoutée
Inutile de se bercer d’illusions. «Nous n’allons pas relocaliser des biens à faible valeur ajoutée. Mais on peut relocaliser certains segments», promet Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, qui a remplacé Arnaud Montebourg comme chantre du made in France. Au début de l’été, Bercy a fait mouliner les cabinets de conseil pour établir la liste des produits sur lesquels les entreprises françaises ont une carte à jouer. Et les filières du Conseil national de l’industrie ont été mises à contribution. En collaboration avec le Conseil national des achats, PwC a identifié 58 catégories de produits 70
B. CHiBANe / PHOtOPQR / VOiX Du NORD / MAXPPP ; F. CRuSiAuX / RéA
le groupe lacroix, placé dans le top 3 des sous-traitants électroniques français, derrière asteelflash et all Circuits, a choisi Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-loire) pour y construire Symbiose, son usine du futur [illustration]. le chantier a été lancé en octobre, pour une mise en service à la fin 2021. il s’agit de l’un des 31 projets de relocalisation soutenus par le gouvernement. Pour l’eti familiale, il revêt un enjeu stratégique. lacroix a choisi d’investir 32 millions d’euros afin de disposer d’un site au diapason de l’industrie 4.0 et d’exploiter tout
D.R.
vincent BeDoUin PDG
sur lesquels une demande de made in France peut émerger, des biomédicaments à l’électronique de puissance pour véhicules électriques, en passant par les emballages recyclables. «Après dix ans de politique de l’offre, la France est redevenue compétitive sur certains secteurs. Il faut les cibler», affirme Olivier Lluansi. Pour Max Blanchet, le directeur exécutif industrie 4.0 d’Accenture, «il ne s’agit pas de fabriquer exactement ce qui était fait à l’étranger. À la faveur d’un renouvellement de gamme, les entreprises ont la possibilité de choisir de produire leur nouvelle gamme en France. En se fixant comme objectif de relocaliser 15 à 20% des importations sur lesquelles la France est vulnérable et compétitive, nous pourrions générer 25 milliards d’euros de valeur ajoutée supplémentaires. Cela nous remet au niveau de l’Italie». La relocalisation laisse certains économistes sceptiques. «Il y a toujours eu des politiques industrielles ciblées sur la
Comment re-loCaliser en FranCe
lesaffre
rapatrie la vanilline dans le nord le projet de lesaffre était dans les tiroirs depuis trois ans. il aura fallu l’annonce du plan France relance pour que le leader mondial de la levure se décide. C’est à Denain (nord) que seront industrialisés ses procédés, à base de fermentation, pour produire la vanilline, un arôme naturel de vanille, et la chondroïtine, une matière naturelle essentielle à l’entretien du tissu cartilagineux. « Jusqu’alors, nous sous-traitions la fabrication de ces produits à des partenaires chinois et italiens, explique antoine Baule, le directeur général de lesaffre. Mais nous cherchions une solution pour industrialiser nos procédés.» Cette solution, c’est le plan de relance qui l’offre à l’industriel nordiste. le projet du groupe est l’un des 31 premiers lauréats de l’appel à projets de relocalisation France relance. « la baisse des impôts de production et les subventions de l’État et de la région obtenues dans le cadre de l’appel d’offres ont fait pencher la balance pour le site de Denain », concède antoine Baule. les travaux du nouveau site de production, dont l’investissement global s’élève à 300 millions d’euros, devraient commencer début 2021, avec plus de 400 emplois à la clé. A. h.
défense, désormais élargies à la santé. La relocalisation relève beaucoup de la communication politique. Seul 1 milliard d’euros du plan de relance y est consacré, le reste est une politique de l’offre traditionnelle. Il vaudrait mieux parler de réindustrialisation», pointe Isabelle Méjean, économiste à l’École polytechnique. D’autant que pour certains produits à faible valeur ajoutée, la voie de l’indépendance consiste peut-être tout simplement à en stocker davantage.
Structurer la demande tricolore
En revanche, dans les domaines émergents, « l’industrie ne se fait pas sur le marché libre, mais par le soutien public », met en garde Max Blanchet, d’Accenture. C’est notamment ce qui se passe pour les batteries électriques. Le gouvernement a poussé le projet européen, qui doit se concrétiser en 2023 par une usine à Douvrin (Nord). C’est aussi l’objectif du plan
de thaon-les-vosges et internalisé l’assemblage des roues. la partie industrielle occupe une soixantaine des 150 salariés de l’entreprise. et les recrutements devraient se poursuivre. Moustache Bikes prévoit un chiffre d’affaires de 62 millions d’euros en 2021, avec des prix de vente entre 2 000 et 5 000 euros. il devrait assembler 65 000 vélos entre septembre 2020 et août 2021, contre 42 000 entre 2019
et 2020. De quoi permettre de répondre à la demande française et européenne. la société réalise 50 % de son chiffre d’affaires à l’export, notamment en allemagne, en Suisse et en autriche. le tout avec l’engagement d’un assemblage made in France, même si certains composants, comme les cellules de batteries, proviennent (encore) d’asie. J. t.-B.
Moustache Bikes à fond sur le Made in vosges
GrÉGory SanD et emmanUeL antonot Président et directeur général
F. MARVAuX / RéA
antoine BaULe Directeur général
Pas de relocalisation chez Moustache Bikes. Dès sa naissance, en 2011, le spécialiste des vélos à assistance électrique fait le pari du made in France, et plus précisément d’une production dans les vosges. un département d’où sont originaires Grégory Sand et emmanuel antonot, les fondateurs. Portée par le boom des ventes de vélos, l’entreprise a depuis créé une nouvelle ligne de production dans son site
hydrogène. «Auparavant, le programme des investissements d’avenir était un appel à projets large. Maintenant, on sait ce que l’on veut, on va chercher les industriels et on les finance», assume Thomas Courbe, le patron de la Direction générale des entreprises à Bercy. À côté de l’offre, il s’agit aussi de structurer une demande de made in France. Et pas seulement auprès des consommateurs. Par exemple en massifiant la demande de production locale dans le secteur des emballages plastiques, en rapprochant fabricants et donneurs d’ordres dans la filière électronique. «Les consommateurs, en France, achètent comme s’il s’agissait d’une commodité, alors qu’il y a un intérêt stratégique », souligne Olivier Lluansi, qui a aidé une dizaine de PME du Grand Est à identifier les approvisionnements les plus à risque pour envisager la relocalisation des plus problématiques. En visite à Dourdan (Essonne) chez le fabricant de pièces de 71
la une
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # Janvier-février 2021
le Japon aussi veut rapatrier ses usines « nous sommes devenus trop dépendants de la Chine », estime le ministre de l’Économie japonais, Yasutoshi nishimura. l’arrêt brutal des importations chinoises en février 2020 a fait prendre conscience au Japon de sa vulnérabilité. le gouvernement a débloqué un fonds de 2,3 milliards de dollars pour encourager les entreprises japonaises
à rapatrier leurs usines installées en Chine. avec à la clé des subventions couvrant jusqu’à deux tiers des investissements nécessaires. en juillet, il a dévoilé le nom des 87 premières entreprises prêtes à sauter
le pas, majoritairement dans les secteurs de la santé et de la chimie. Parmi elles, une trentaine prévoit en réalité de transférer ses usines vers d’autres pays low cost, comme le vietnam, l’inde et la thaïlande. le mouvement devrait rester limité, 78 % de la production des usines chinoises des groupes nippons étant écoulée sur le marché local.
Valeur ajoutée de l’industrie (en 2018) et part de celle-ci produite sur le territoire
ITALIE 259 milliards
d’euros
76 %
Produite sur le territoire
moteurs d’avion Senior Aerospace Calorstat, qui a bénéficié d’une aide du fonds de modernisation pour relocaliser une ligne depuis les Pays-Bas, Bruno Le Maire a plaidé pour un changement culturel. « Délocaliser pour gagner un ou deux centimes par pièce est un modèle dépassé», assure le ministre, pour qui «les donneurs d’ordres doivent changer de logiciel. Les grands groupes aéronautiques vont avoir besoin du soutien de l’État pendant plusieurs années. Nous, nous voulons qu’il y ait de la relocalisation».
ALLEMAGNE 689 milliards d’euros
71 %
Produite sur le territoire
Convaincre les industriels hésitants
Mais le chemin reste long pour convaincre les industriels encore dubitatifs. Passé la sidération du printemps, l’engouement pour la relocalisation commence à retomber. Interrogés par EY, les patrons français n’étaient plus que 24% en octobre à envisager de rapatrier certaines productions en Europe, contre 37 % en avril. Et un tiers d’entre eux ne veut rien changer dans sa supply chain, contre seulement 2% six mois plus tôt. «Les entreprises n’ont pas envie de disperser leur cash et leurs moyens humains en réorganisant une chaîne d’approvisionnement qu’ils ont mis des décennies à mettre en place», estime, fataliste, Marc Lhermitte, associé EY chargé des questions de compétitivité et d’attractivité. D’autant que la chute de leur chiffre d’affaires due à la crise les incite plutôt à serrer les cordons de la bourse. Dans sa fonderie de précision, à une trentaine de kilomètres de Rennes (Ille-et-Vilaine), Thierry Avrons est lui aussi dubitatif. Le dirigeant de Nowak a reçu davantage de demandes de devis qu’en temps normal pour développer des pièces produites jusqu’ici en Asie. Seul un client a franchi le pas, et il avait déjà pris sa décision avant le Covid-19. «Beaucoup de clients s’intéressent à nous comme une deuxième source d’approvisionnement. Mais en optimisant les pièces au maximum, nous sommes toujours deux à trois fois plus chers que la Chine», regrette-t-il. Le mouvement est enclenché. Mais il faudra attendre des années avant de le vérifier. # SOLÈNE DAVESNE 72
ESPAGNE 151 milliards
d’euros
71 %
Produite sur le territoire
FRANCE 232 milliards d’euros
64 %
Produite sur le territoire
ROYAUME-UNI 234 milliards
d’euros 62 %
Produite sur le territoire
Comment re-loCaliser en FranCe
Les cabinets de conseil Accenture et PwC, en partenariat avec le Conseil national des achats, ont mené chacun une étude pendant l’été pour identifier les produits que la France était le plus susceptible de relocaliser ou de produire sur son territoire à l’avenir. En appliquant des méthodologies un peu différentes, ils aboutissent à une liste assez similaire. Seul Accenture a chiffré le gain potentiel de valeur ajoutée à moyen terme pour chacun de ces produits.
57
milliards d’euros
400 000
milliards d’euros
200 000 100 000
RO
(PwC)
Emplois directs relocalisables
Emplois indirects relocalisables
SA
Antibiotiques et antibactériens (160 millions) Hormones (640 millions) Provitamines et vitamines (63 millions) Principes actifs (acides salicyliques, isyines sucres...) (100 millions) Dispositifs médicaux (850 millions) Équipements médicaux (300 millions) Thérapie cellulaire et génique (émergent) E-santé (émergent) Robotique chirurgicale (émergent) Anticorps monoclonaux Médicaments contenant des alcaloïdes ou leurs dérivés Anticancéreux Médicaments du diabète
HA
CT
(Accenture)
ÉP
RM
ACI
ÉLE
selon le cabinet PwC
(PwC)
100 000 75 000
NT
UE
200 000
300 000
20
0
selon le cabinet Accenture
500 000 (Accenture)
500 000
E
Cellules de batterie (38 millions) Équipements de télécommunication (500 millions) Câbles de fibre optique (85 millions) Circuits intégrés électroniques et semi-conducteurs Turbines éoliennes (15 millions) Générateurs (35 millions) Motorisation électrique et électronique de puissance (émergent) Systèmes nano-électroniques (émergent) Batteries innovantes (lithium air...) (émergent) Intelligence artificielle Cybersécurité
NI Q
Emplois relocalisables
SOURCES : RAPPORTS ACCENTURE ET PWC/CNA
Valeur ajoutée relocalisable
Gains estimés à l’horizon de 2025
ME IPE QU S T É IEL ES E TR M A C HIN IN DUS
Équipements d’automation industrielle (200 millions) Équipements industriels, dont fabrication additive (200 millions) Internet des objets à usage industriel (émergent) Engins spatiaux, satellites (130 millions) Faisceaux et câblages (80 millions) Motorisation et pièces de motorisation (4 millions) Piles à hydrogène (émergent) Panneaux photovoltaïques à haut rendement Services d’usinage des métaux et de fabrication additive Produits en plastique Produits réfractaires : alumine, dolomie, graphite
NT
S
AG AGR RO OA T R LIM E AN NTA SF O IR E E RMA T TIO N
Produits les plus susceptibles d’être fabriqués en France (gain de valeur ajoutée, en euros)
Biodiesel (170 millions) Vitamines et produits d’appoint pour animaux Protéines de pois Emballages en monomatériaux, plastiques recyclables Huiles et graisses : tourteaux et palme Transformation et conservation de fruits et légumes Produits de régime
73
la une
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
La crise épidémique a mis en lumière le besoin de sécuriser, en France et en Europe, la chaîne de valeur pharmaceutique, avec une relocalisation de l’amont. PhaRmacie
RelocaliseR les pRincipes actifs, la pRioRité
N. RobiN
A
vec la première vague épidémique du printemps, la demande pour certains produits anesthésiants a explosé de 2000%! Au point que les difficultés d’approvisionnement et les risques de rupture de médicaments ont battu tous les records. À l’automne, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dénombrait quelque 2400 cas de tensions d’approvisionnement et risques de rupture de commandes, contre 1504 en 2019 et 44 seulement en 2008. Cette évolution, certes accrue par la flambée épidémique, indique que le mal est structurel. Le problème touche l’ensemble de l’Europe. Mise en lumière par le Covid-19, cette faiblesse de la chaîne de valeur du médicament découle en grande partie du fait que 80% des principes actifs, le cœur des médicaments, ont été délocalisés hors d’Europe, essentiellement en Asie. Des principes actifs indispensables pour alimenter les usines qui, en Europe, fabriquent les médicaments dans leur forme finie. Toute tension sur les échanges internationaux, toute crise sanitaire, tout problème de qualité, peuvent gripper la machine.
novasep va investir 6,5 millions d’euros
pour augmenter les capacités en principes actifs de son usine de Chasse-sur-Rhône (isère).
Recenser les principes actifs prioritaires
Malgré les alertes récurrentes des industriels ces dernières années, puis le rapport du lobbyiste Jacques Biot en 2019, l’État ne s’est emparé que tardivement de ce manque de souveraineté sanitaire. En juin, l’exécutif a lancé une offensive pour la recouvrer, comme d’autres pays en Europe, telle l’Allemagne, avec l’objectif de relocaliser cette chaîne amont. Mais en partie seulement. Le rapport Biot soulignait l’existence de 2800 principes actifs, un volume de très grande envergure, permettant la production de 15000 à 20000 médicaments. «Il faut relocaliser de manière sélective ce qui est clé pour la santé et les données sanitaires de l’Europe», souligne Philippe Luscan, le vice-président exécutif de Sanofi chargé des affaires industrielles. En écho, Pierre Luzeau, le président de Seqens, l’un des leaders français de la chimie fine pharmaceutique, assure qu’il ne «faut pas tout relocaliser, mais prioriser les molécules qui répondent à quatre critères principaux: le niveau 74
d’intérêt thérapeutique, l’existence de pénurie, l’absence de production en Europe et la possibilité de développer une production avec des technologies propres». Des discussions européennes sont en cours pour coordonner la relocalisation et répartir les efforts, en commençant par le recensement des molécules à prioriser. En France, Frédéric Collet, le président des Entreprises du médicament (Leem), évoque un «travail engagé avec l’ANSM pour établir une cartographie des médicaments produits en France et définir les médicaments stratégiques». Sanofi, qui organise pour 2022 la spin-off de son activité de principes actifs pour le compte de tiers dans l’objectif d’en faire un leader européen, discute «avec la France et l’Europe sur ces listes de principes actifs, pour déterminer ce qui est faisable, techniquement
Comment re-loCaliser en FranCe
Trois premiers projeTs souTenus Le gouvernement a lancé en juin un appel à manifestation d’intérêt doté de 120 millions d’euros pour renforcer la résilience sanitaire de la France. À la fin novembre, trois premiers projets ont été retenus. Seqens engagera 65 millions d’euros sur cinq sites et créera 80 à 100 emplois. Une ligne de principes actifs hautement actifs (HPAPi) sera ajoutée sur son site d’Aramon (Gard) pour des productions d’antiviraux et d’anticancéreux. Le chimiste prévoit de relocaliser des intermédiaires et des principes actifs clés
de 12 médicaments qui ont subi de fortes tensions pendant la première vague épidémique, en augmentant les capacités de son centre de R & D à Porcheville (Yvelines) et d’unités polyvalentes sur ses sites de bourgoin-Jallieu (isère) et de Limay (Yvelines). Un procédé, unique en France, de chimie en microréacteurs sera intégré à l’usine de Couterne (orne). Spécialiste des médicaments hospitaliers
injectables, en particulier en anesthésie-réanimation, le Laboratoire Aguettant prévoit d’ajouter sept médicaments injectables en déployant deux lignes additionnelles de production, en agrandissant ses capacités logistiques et en créant 75 emplois sur ses trois sites en Auvergne-Rhône-Alpes. Enfin, Haupt Pharma, également spécialiste des injectables, augmentera les capacités de son usine de Livron-sur-Drôme (Drôme) et déploiera de nouvelles technologies. Quelque 80 postes seront créés.
chez des spécialistes de la chimie fine pharmaceutique. D’abord parce que construire des usines nécessite plusieurs années, ensuite car il y a déjà en Europe un tissu industriel dense et bien implanté. «La solution pour la synthèse pharmaceutique ce sont des sites existants, des usines multiproduits utilisant différentes technologies pour fabriquer différents principes actifs. Il y en a environ 600 en Europe, c’est sur ce dispositif industriel unique qu’il faut s’appuyer pour les relocalisations», plaide Pierre Luzeau.
Rapatrier le paracétamol
et économiquement», précise Philippe Luscan. La viabilité des relocalisations est un enjeu central, surtout face à des concurrents asiatiques favorisés par un moindre coût du travail et par des réglementations environnementales bien moins pénalisantes. Pour soutenir ces relocalisations en Europe, le G5 Santé, qui fédère les grands laboratoires indépendants français, propose de tenir compte des lieux de production et des investissements dans la politique de fixation des prix des médicaments. Il demande aussi un moratoire sur les baisses de prix des produits à fort enjeu d’indépendance sanitaire et la création d’une clause de fabrication made in Europe dans les appels d’offres, en particulier pour le marché hospitalier. En résumé, les producteurs en Europe préconisent d’engager une préférence européenne pour les principes actifs, comme le font déjà les grands pays dans le monde. Les projets de relocalisation fleurissant en Europe sont centrés sur le développement de petites unités et de flux à réintégrer
Les projets engagés en France ces derniers mois sont d’ailleurs fondés sur cette stratégie. Outre ceux soutenus directement par l’État [lire ci-dessus], trois autres ont été annoncés ces derniers mois. À Gaillac (Tarn), Pierre Fabre engage 4,5 millions d’euros pour relocaliser deux principes actifs en oncologie. À Bolbec (Seine-Maritime), Servier investit 100 millions dans sa filiale Oril Industrie pour doubler les capacités du principe actif du Daflon (traitement des maladies veineuses), avec une centaine d’emplois à la clé. Spécialiste de la chimie fine, Novasep va, lui, injecter 6,5 millions pour augmenter les capacités en principes actifs de son usine de Chasse-sur-Rhône (Isère). L’un des projets majeurs sur la table consiste aussi à rapatrier en France –et, par conséquent, en Europe– la production de paracétamol. Une ambition déclamée dès le mois de juin par Emmanuel Macron. Seqens, l’un des géants mondiaux du paracétamol, est aux commandes et envisage une implantation sur sa plate-forme de Roussillon (Isère). En raison des volumes et du déploiement d’une technologie de production innovante pour réduire, selon le groupe, d’un facteur 5 les émissions polluantes dans l’eau et l’air, il s’agit là de construire une unité –donc d’un délai de trois à quatre ans– et d’investir fortement. Ce projet dépendra de l’engagement de deux clients majeurs, Sanofi et Upsa, et du soutien de l’État. # julien cottineau 75
La une
TEXTE AURÉLIE BARBAUX
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
éNerGie
ÉOLIENENMER, DESUSINES MAISPASDEFILIÈRE
C
est un paradoxe industriel dont la France a le secret. Pas une éolienne en mer visible sur ses côtes, hormis un prototype flottant à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). En revanche, déjà deux –et bientôt trois– usines d’éoliennes sur son territoire, sur les onze en Europe. General Electric a réussi à maintenir un minimum d’activité sur son site de nacelles de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), construit dès 2014. Grâce à un investissement de 50 millions d’euros des collectivités locales normandes, le groupe a aussi choisi Cherbourg (Manche) pour installer la nouvelle usine de pales d’éoliennes de sa filiale LM Wind Power. Et des investissements publics ont convaincu Siemens Gamesa de construire une usine de pales et de nacelles d’éoliennes offshore sur le port du Havre (Seine-Ma-
■ 452 MILLIONS D’EUROS de chiffre d’affaires, dont 69 % à l’export et 96 % dans l’éolien
ritime). GE comme Siemens Gamesa tiennent ainsi des engagements industriels pris en 2011 et 2012 par leurs filiales respectives, Alstom Énergie et Areva Wind, intégrées en 2015. «L’État et les collectivités locales ont su mettre en place les infrastructures pour accueillir nos usines dans les zones portuaires», observe Steven Curet, le président de GE Offshore Wind France. Ces engagements, Alstom et Areva les avaient pris afin de décrocher les contrats pour les premiers parcs éoliens en mer français. « Les cahiers des charges de 2012 et 2013 comprenaient trois critères de sélection, pondérés à 40% pour le prix de l’électricité, à 40% pour les conditions industrielles et à 20% pour l’intégration du projet dans son environnement écologique et humain», rappelle Anne Georgelin, la responsable de la filière énergies marines au Syndicat des énergies renouvelables (SER). En clair, pour gagner, les opérateurs et leurs partenaires devaient produire en France. Malgré les retards des projets dus aux recours, une partie des usines promises a été construite. Une partie seulement. En 2012, Alstom promettait d’en construire quatre.
■ 2,7 MILLIARDS D’EUROS investis depuis 2017
Une filière française complète... ou presque
l ÉnerGies marines les en FranCe en 2019 ■ 3 064 EMPLOIS dont 2 690 dans l’éolien (+ 1 000 attendus en 2020)
shuttER stoCK
(SOURCE : OBSERVATOIRE DES ÉNERGIES DE LA MER)
76
avec trois usines d’éoliennes en mer, la France peut revenir dans l’industrie des renouvelables. Reste à consolider l’écosystème.
Le critère de production locale a ensuite disparu des appels d’offres. Le parc de Dunkerque (Nord) a été attribué au mieux-disant –EDF– en termes de prix d’électricité. Un pari risqué, car trois usines ne font pas une filière. Les Chantiers de l’Atlantique ont investi 20 millions d’euros dans une unité de production de sous-stations électriques à Saint-Nazaire en 2014 et l’italien Prysmian produit pour la France et l’export ses câbles offshore dans ses sites de Gron (Yonne) et Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne). À Dunkerque, Dillinger France (600 salariés) exporte la quasi-totalité de sa production de plaques et de
Comment re-loCaliser en FranCe
Ge produit naceLLes et paLes à saint-nazaire et cHerbourG General electric a su faire fructifier l’activité d’éoliennes en mer d’alstom énerGie, acquis en 2015. L’usine de nacelles de Montoir-de-Bretagne (LoireAtlantique), inaugurée en 2014, a pu patienter jusqu’au lancement de la construction du parc de Saint-Nazaire, piloté par EDF, et tourne maintenant à plein régime, avec 260 salariés. Et son avenir est assuré. À partir de 2022, c’est là que seront assemblées les nacelles des Haliade-X de 13 mégawatts destinées à un projet de 4,8 gigawatts en mer du Nord (Dogger Bank) et à deux projets aux États-Unis. Le site sera même agrandi.
D.R.
Les pales géantes de 107 mètres sont, elles, produites dans une usine qu’une filiale de GE, LM Wind Power, a inaugurée à Cherbourg (Seine-Maritime) en novembre 2019. Le site emploie 300 salariés et 250 embauches ont été annoncées. Ces développements sont le fruit d’un investissement de 400 millions d’euros décidé en 2018 pour concevoir et produire dans l’Hexagone l’éolienne du futur. Laquelle a d’ailleurs été conçue dans le centre d’ingénierie mis en place par Alstom à Nantes (Loire-Atlantique), qui compte 200 personnes et prévoit d’en recruter encore 50.
La première nacelle du parc éolien de Saint-Nazaire est sortie d’usine le 15 septembre 2020.
L’usine deux-en-un de siemens Gamesa au Havre en 2015, areva s’était enGaGé à produire au Havre (seine-maritime) les composants clés des parcs éoliens en mer. Détenue par Siemens Gamesa, l’entreprise a lancé le 2 juin la construction d’une usine de 80 000 m2, qui fabriquera des pales de 81 mètres de longueur et assemblera des nacelles de 7 et 8 mégawatts (MW). Le site doit entrer en service à la fin du premier trimestre 2022. Le carnet de commandes de Siemens Gamesa compte 71 éoliennes de 7 MW pour le parc d’EDF à Fécamp (Seine-Maritime) et 68 de 8 MW pour celui d’Iberdrola à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Le projet global doit créer 750 emplois directs et indirects. Mais le groupe reste flou sur leur répartition. « La fabrication des pales, très manuelle, représentera la majorité des recrutements et nous embaucherons encore après la mise en service de l’usine pour atteindre une production annuelle de 500 à 1 000 MW », précise Frédéric Petit, le directeur business développement de Siemens Gamesa Renewable Energy France. Quant aux emplois indirects, ils sont difficiles à prévoir avant la sélection des fournisseurs de composants. L’usine sera principalement destinée au marché français. La future usine de 80 000 m2 fabriquera dès 2022 des pales et des nacelles d’éoliennes [vue d’artiste].
D.R.
77
La une
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
B. BIGER / ChantIERs DE l’atlantIquE
ChantIERs DE l’atlantIquE
Les sous-stations électriques des Chantiers de l’Atlantique transformeront et enverront vers la terre l’électricité produite par les éoliennes.
Les sous-stations des cHantiers de L’atLantique, à saint-nazaire la sous-station du premier parc éolien en mer français, à Saint-Nazaire (LoireAtlantique), sortira des Chantiers de l’Atlantique courant 2021, pour une mise en service en 2022. Ce n’est ni la première ni la dernière sous-station construite par le chantier naval.
Il fabriquera aussi celles de Fécamp (Seine-Maritime) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados). Et, entre 2014 et 2018, il a déjà produit et installé trois sous-stations en mer du Nord et en mer Baltique, pour un total de 1 gigawatt. Les Chantiers de l’Atlantique se sont intéressés
tôles d’acier pour la fabrication d’éoliennes en Europe. Selon Étienne Pourcher, le coordinateur national de l’Observatoire des énergies de la mer, «la France a la spécificité d’avoir toute la filière ». Enfin presque. Les mâts de nos éoliennes viendront, au mieux, d’Espagne. Les câbles, que Nexans fournira pour le parc de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), seront produits en Norvège. Une grande part des milliers de composants des turbines de GE arrivent de Chine. Et les équipements électriques des sousstations, que fournit General Electric aux Chantiers de l’Atlantique, ne seront bientôt plus fabriqués en France. Sans parler des fondations. Pour le parc de Saint-Nazaire, 78
à l’éolien offshore « dès 2009, alors que personne n’en parlait », précise Frédéric Grizaud, le directeur énergies marines. En 2014, l’entreprise investit 20 millions d’euros dans un outil industriel dédié, avec un hall de construction de 120 x 30 x 20 mètres, deux ponts de 60 tonnes,
Eiffage les construit à Anvers (Belgique), et pour Saint-Brieuc, l’espagnol Navantia les fabrique dans son pays, mais en finalisera l’assemblage à Brest (Finistère).
Une rude concurrence extra-européenne
«Il manque forcément quelques briques. La France n’est pas un pays de l’offshore», rappelle Frédéric Grizaud, le directeur énergies marines des Chantiers de l’Atlantique. Cela pourrait changer avec un marché promis à un fort développement. En France, 1 gigawatt sera lancé tous les ans à partir de 2024, et en Europe, la Commission européenne vise 60 gigawattheures d’éolien posés en 2030 et 300 en 2050, contre 12 aujourd’hui. De
une aire d’assemblage de 6 000 mètres carrés et une alvéole de peinture cathédrale de 55 x 35 x35 mètres. De quoi construire deux à quatre sous-stations par an. La division énergies marines emploie 200 personnes.
nouveaux acteurs français se positionnent déjà, comme Orange Marine pour la pose des câbles, Naval Énergies pour les fondations flottantes [lire page 80] et Piriou pour la construction de navires de maintenance –il en faut deux ou trois par parc. «La France a le potentiel pour être demain le deuxième, voire le premier du marché européen continental, devant l’Allemagne. Le Royaume-Uni serait troisième», veut croire Frédéric Petit, le directeur business développement de Siemens Gamesa Renewable Energy France. Mais la concurrence s’annonce rude. « La menace des extra-Européens est réelle. Ils possèdent déjà 20% du marché des sousstations », observe Frédéric Grizaud. « Le
Comment re-loCaliser en FranCe
PRysmIan GRouP
Rouleaux de câbles pour les parcs éoliens français, à l’usine Prysmian de Gron (Yonne).
prysmian dérouLe Les câbLes depuis Gron et montereau pour le Groupe italien prysmian, leader mondial du câble, l’activité de l’éolien en mer ne pèse que 150 à 200 millions d’euros par an, sur un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros. Mais elle est française. En 2014, Prysmian investit 20 millions d’euros à Gron (Yonne) pour adapter son outil industriel à cette activité, qui emploie 300 salariés. Le groupe est sélectionné en 2018 pour les parcs de Fécamp (Seine-Maritime) et de Courseulles-surMer (Calvados). Toujours en 2018, suite à l’achat de General Cable, il hérite de l’usine Silec de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), qui compte 1 150 personnes et est titulaire d’un marché pour le parc éolien de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Prysmian a également été retenu en 2020 pour ceux de Noirmoutier (Vendée) et de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Seul l’enrobage des câbles est réalisé en Allemagne, à Nordenham. L’italien devrait aussi assurer la pose des câbles et leur maintenance pour tous les parcs français, excepté celui de Saint-Nazaire.
La base de données de l’industrie et de ses décideurs
Nouvelle version en ligne 7 JOURS DE TEST GRATUIT
retard des projets français pris sur les premiers parcs a freiné la structuration de la filière, regrette Cédric Le Bousse, le directeur des énergies marines d’EDF Renouvelables et président de la commission éolien en mer du SER. À travers ses projets, EDF cherche à lui donner de la visibilité.» L’électricien y travaille et a organisé des rencontres entre de potentiels sous-traitants français et ses fournisseurs de rang 1. L’enjeu est important. La Commission européenne parle de 800 milliards d’investissements nécessaires pour atteindre ses nouveaux objectifs. Et d’ici à 20282030, la construction des parcs français créera jusqu’à 19000 emplois, a calculé le SER. De quoi motiver quelques vocations et diversifications d’activités. # AUrélie BArBAUx
LES NOUVEAUTÉS DE VOTRE OUTIL DE PROSPECTION COMMERCIALE
NOUVEAU MOTEUR DE RECHERCHE
ALERTES PERSONNALISÉES
EXPORTS AU FORMAT EXCEL
DESIGN SIMPLE ET ÉPURÉ
industrie-explorer.com 01 77 92 96 94
info.ie@infopro-digital.com
79
La une
Comment re-loCaliser en FranCe
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Éolienne Floatgen
L
es électriciens champions des énergies renouvelables, comme EDF, Engie, Enel et Iberdrola, sont prévenus. Lors des premiers appels d’offres d’éolien flottant commercial en Europe –la France doit en lancer un de 250 mégawatts (MW) en Bretagne Sud en 2021–, ils ne seront plus seuls sur les rangs. Les pétroliers européens engagés vers la neutralité carbone sont bien décidés à entrer dans le jeu. Pour monter en compétences, ils investissent déjà. En novembre 2019, Shell a croqué le français Eolfi. En 2020, Total est entré dans le projet Erebus de 100 MW en Écosse, a pris un portefeuille de 2 gigawatts de projets en Corée du Sud et a acquis 20% d’un projet de ferme pilote de 30 MW, Eolmed, au large de Gruissan (Aude). C’est l’une des quatre fermes pilotes en France, attribuées en 2016 et qui doivent entrer en service en 2022 ou 2023.
V. JONCHERAY / IDEOL / ECN / BOUYGUES TP
Des technologies proches
Si l’éolien flottant intéresse tant les compagnies pétrolières, c’est qu’il permet d’installer des unités sur des sites éloignés des côtes, où le vent est quasi permanent et dont la profondeur interdit de poser des fondations. Le potentiel mondial est évalué à 10000 térawattheures par an. C’est près de vingt fois la production électrique française. Si les éoliennes seront les mêmes que pour l’éolien posé, l’enjeu sera de trouver pour chaque projet le bon type de flotteurs, d’ancrage et de câbles dynamiques. Plus complexe en 80
nouvelle frontière des énergies renouvelables, l’éolien flottant intéresse les pétroliers, contraints par la transition énergétique.
L’ÉOLIEN FLOTTANT, CHANCE DES NOUVEAUX ENTRANTS études comme en exploitation, l’éolien flottant se rapprochera de l’offshore pétrolier. Une partie des fournisseurs, rarement européens, seront d’ailleurs les mêmes. «En termes d’ingénierie, nous avons une carte à jouer. Nous savons optimiser le design d’une installation qui va flotter vingt ou trente ans et que nous sommes à même d’opérer», assure Olivier Terneaud, le vice-président Offshore Wind de Total. Le flottant ouvre aussi la porte à des industriels français pas ou peu présents dans l’éolien en mer. Bouygues TP
au large du croisic
Le 18 septembre 2018, la première éolienne offshore française a été mise en service au large du Croisic (Loire-Atlantique).
teste avec le bureau d’études d’Ideol un flotteur béton sur Floatgen, l’unique éolienne en mer française en service, installée au large du Croisic (Loire-Atlantique). Et il va équiper la ferme Eolmed. Après un retentissant échec dans l’hydrolien marin, Naval Énergies s’est tourné vers le flottant et a développé un flotteur semi-submersible pour ses fermes pilotes de Groix et Belle-Ileen-Mer (Morbihan). À Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Eiffage construit quatre flotteurs métalliques, conçus par l’américain Principle Power, pour la ferme du Barcarès (Aude), opérée par Engie. Pour la quatrième ferme pilote, pilotée par EDF, les fondations flottantes ont été conçues par le néerlandais SBM Offshore, en partenariat avec IFP Énergies nouvelles. Presque de quoi créer une filière française du flotteur. À condition que l’État n’oublie pas, comme dans ses premiers appels offres pour les parcs d’éoliennes offshore posées, d’inclure des critères de production locale. «Si l’on veut des constructeurs français, il faut leur mettre le pied à l’étrier», résume Étienne Pourcher, le coordinateur national de l’Observatoire des énergies de la mer. La France a une carte à jouer. # A. B.
81
LA UNE
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
renault Zoé
Dacia Spring
Produite à Flins (Yvelines, France)
Produite à Shiyan (Chine) Commercialisation prévue au printemps
Renault produit en France son best-seller Zoé et ses utilitaires Kangoo et Master. Les déclinaisons hybrides sont produites sur les mêmes lignes que les versions thermiques, comme le Captur (Espagne), tandis que la Dacia est assemblée en Chine, au même endroit que la Renault K-ZE, dont elle est dérivée.
GROUPE RENAULT
renault captur e-tech
Produit à Valladolid (Espagne)
AUTOMOBILE
L’ÉLECTRIQUE, UN MARCHÉ
Le gouvernement veut inciter l’industrie automobile à relocaliser une partie de sa production.
U
n discret ronronnement et de faibles émissions en phase de roulage. En ville comme à la campagne, les véhicules électriques et hybrides émettent peu ou pas de CO2, tout dépend s’ils transportent un moteur thermique en plus des batteries. De quoi en faire des vedettes de la transition écologique. Et les sauveurs de l’industrie française? C’est l’espoir que nourrit l’exécutif. Au lieu de se battre sur des modèles thermiques depuis longtemps transférés en Europe de l’Est et au Maghreb, le gouvernement veut pousser les entreprises à implanter leurs productions de composants et véhicules électrifiés en France… Et honorer sa grande promesse, la relocalisation de l’automobile. Au milieu des lignes d’assemblage d’alternateurs et alterno-démarreurs pour voitures hybrides de Valeo à Étaples (Pas-de-Calais), lors de la présentation du plan de relance de la filière en mai, Emmanuel Macron a même fixé un cap: «Faire de la France la première nation de véhicules propres en Europe.» Un objectif ambitieux, mais pas inatteignable, à en croire certains experts. «La France bénéficie d’une opportunité majeure. D’ici à 2030,
82
on estime que 20 à 30% des véhicules vendus seront à batteries», expliquait l’an passé Hervé Guyot, senior advisor du cabinet Oliver Wyman, lors de la remise au gouvernement d’un rapport sur la compétitivité de l’automobile en France.
La France, futur poids lourd des composants
Et d’ajouter: «La part de la main-d’œuvre et le temps d’assemblage sont réduits par rapport au thermique. La production des composants sera fortement automatisée, ce qui rendra les écarts relatifs de compétitivité de la France moins importants.» Connue pour ses moteurs, surtout diesel, la France va-t-elle devenir un poids lourd des composants –machines électriques, onduleurs et électronique de puissance– des nouvelles chaînes de traction? Les décisions des deux constructeurs nationaux semblent encourageantes. En 2018, PSA a créé une coentreprise avec Nidec-Leroy-Somer pour produire des moteurs de véhicules électriques et hybrides à Trémery (Moselle), avant de s’allier à Punch Powertrain pour les transmissions électrifiées. Le nouveau moteur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
Comment re-loCaliser en FranCe
Peugeot e-208
DS3 crossback e-tense
Produite à Trnava (Slovaquie)
GROUPE PSA
Produite à Poissy (Yvelines, France)
D.R.
Côté PSA, le choix de plates-formes multiénergies conduit à produire les véhicules hybrides et électriques sur les mêmes sites que les thermiques, d’où l’implantation de la Peugeot e-208 en Slovaquie. Les lignes françaises assemblent plutôt des SUV, comme la DS3 Crossback e-Tense et la Peugeot 3008.
Peugeot 3008 Hybrid
Produite à Sochaux (Doubs, France)
À SAISIR
Et compte sur la voiture électrique pour y parvenir. sera quant à lui produit à Cléon (Seine-Maritime) et non en Asie comme envisagé initialement. Mais le nerf de la guerre dans la voiture électrique reste la batterie. Et pour cause: elle représente 40% de la valeur du véhicule. D’où le vif intérêt porté au projet d’Opel-PSA et du chimiste Saft. Baptisée Automotive Cells Company, la coentreprise prévoit la création de deux gigafactories à Douvrin (Pas-deCalais) et à Kaiserslautern (Allemagne), pour une capacité cumulée de 48 gigawattheures vers 2030. Assez pour couvrir les besoins de 1 million de véhicules par an. Mais les défis à relever autour des batteries en Europe sont nombreux. En tête, la capacité à créer une offre compétitive dans un marché ultradominé par les groupes asiatiques –CATL, BYD, Panasonic, LG Chem et Samsung SDI– et la sécurisation des approvisionnements en matières premières. Un pari loin d’être gagné… Pas plus que celui d’une relocalisation de la production de voitures en France. Quasiment divisés par deux entre les années 2000 et 2010, les volumes en France stagnent depuis à environ 2 millions d’unités par an, sauf en période de crise,
comme en 2013 et 2020. Problème: «Les stratégies actuelles d’implantation des voitures électriques ne préfigurent pas de relocalisations massives», estime Bernard Jullien, maître de conférences à l’université de Bordeaux. Les modèles susceptibles de générer les plus forts volumes restent disséminés hors de France, comme dans le cas du thermique: Peugeot e-208 en Slovaquie, Renault Twingo en Slovénie… La Dacia Spring proviendra quant à elle de Chine, à l’image des futures Smart, jusqu’à présent assemblées à Hambach (Moselle). Renault s’est toutefois engagé à produire la Mégane à batteries à Douai (Nord), tandis que PSA assemblera le SUV Peugeot 3008 à Sochaux (Doubs), en plus de la DS3 Crossback e-Tense (Poissy, Yvelines) et de plusieurs hybrides.
Contraction des capacités de production
Autre difficulté : les capacités de production de véhicules neufs ont tendance à se contracter. Dans le cadre de son plan d’économies, Renault a acté l’arrêt de l’activité de l’assemblage de voitures à Flins (Yvelines). D’ici à 2024, l’usine cessera de produire les Zoé et Nissan Micra, pour se consacrer à l’économie circulaire. «Renault prévoit de fabriquer 500000 véhicules électriques pour l’Europe vers 2025. Seuls les sites de Douai et Maubeuge continueront à assembler des voitures particulières en France, pour une capacité totale d’environ 380000 unités», regrette Franck Daoût, le délégué syndical central CFDT. Pas sûr que cela suffise à faire de l’Hexagone le champion européen de l’électrique. # JULIE THOIN-BOUSQUIÉ 83
la une
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Le Slip français
revendique une fabrication 100 % made in France.
innovation
Les nouveLLes fabriques du textiLe De nouveaux modèles de production intégrés et innovants émergent en régions. Ces projets s’appuient souvent sur l’utilisation de matière première produite ou recyclée localement.
L
industrie de la mode grand public française a prouvé sa réactivité et son engagement au printemps 2020, en se reconvertissant dans la production de masques en un temps record. Mais cette période a aussi révélé ses faiblesses : des productions à petits volumes, fabriquées manuellement, peu compétitives à long terme face à la concurrence étrangère, notamment d’Asie et d’Afrique du Nord. Historiquement première industrie de France, l’habillement a peu à peu vu fermer ses grandes fabriques au XXe siècle. Seule subsiste aujourd’hui une myriade d’ateliers de confection de taille modeste, plutôt spécialisés dans le luxe, les textiles techniques et les productions de niche. Quelque 2 500 entreprises composent la filière, employant 40000 salariés et réalisant 16,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le succès de marques nées sur internet, comme Le Slip français et les jeans 1083, a néanmoins prouvé qu’il était pos84
Tekyn produiT à la demande sible de produire à nouveau en France des vêtements à des coûts compétitifs et de convaincre les consommateurs avec une stratégie marketing audacieuse. Des marques historiques, notamment Le Coq sportif et TBS, ont à leur tour rapatrié des (petits) segments de leurs collections à plus forte valeur ajoutée. La filière veut maintenant s’inspirer de ces bonnes pratiques pour relocaliser à plus grande échelle. Objectif: imaginer de nouveaux modèles de production intégrés, innovants et durables en région. Ces projets s’appuient souvent sur l’utilisation de matière première produite ou recyclée localement. Symboles de ce mouvement naissant, des usines de nouvelle génération, avec des chaînes plus automatisées, flexibles et connectées, ont vu le jour ou s’apprêtent à démarrer. Nous avons sélectionné cinq projets qui tissent les contours de la French tex. # sylvain arnulf
Deuxième industrie la plus polluante au monde, le textile fabrique beaucoup pour jeter. Une fatalité ? Pas pour la start-up française Tekyn, qui veut aider les marques à produire à la demande. Pour y parvenir, elle digitalise la conception, la production et la supply chain des produits grâce à des technologies développées en interne : un logiciel dans le cloud et des lignes de production automatisées. Celles-ci, à partir des modèles de vêtements générés dans le logiciel, organisent la fabrication de kits prédécoupés, qui sont ensuite assemblés par les ateliers partenaires. Sa première usine, à La Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), compte dix lignes de fabrication de kits. En 2021, Tekyn ambitionne d’en créer d’autres au plus près des clusters textiles, en Europe de l’Est, près de Troyes (Aube) et dans le Nord. Petit Bateau, La Redoute et IKKS font partie de ses clients.
PATRICK BERNARD / AFP ; TEKyN ; CETI/OKAïDI ; ROSSIgNOL ; ChAmATEx ; D.R.
Comment re-loCaliser en FranCe
top tex cube,
une PmE drômoise, développe des techniques d’assemblage par thermocollage et soudure à ultrasons.
okaïdi faiT du neuf avec du vieux
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire interdira dès la fin 2021 de détruire les invendus textiles. On peut en revanche les revendre ou les recycler... Encore faut-il savoir le faire. La réutilisation du coton, une fibre courte donc difficile à recycler, donnait jusque-là du fil à retordre aux professionnels. mais la recherche progresse. À Tourcoing (Nord), le Centre européen des textiles innovants (Ceti) a installé un démonstrateur industriel qui trie automatiquement les vêtements, les effiloche et crée de nouveaux fils. Son premier client est l’enseigne nordiste pour enfants Okaïdi, à laquelle il fournit les matériaux du Parfait, un tee-shirt 100 % coton : 60 % proviennent de vêtements usagés, 40 % de fibres vierges issues de l’agriculture biologique. Ils sont tricotés par deux ateliers de la région. Un nouveau fil... pour une nouvelle filière.
Top Tex ou le TexTile sans couTure
Depuis toujours ou presque, le textile se résume à une histoire de fils et d’aiguilles. Dans l’atelier de Top Tex Cube, à Claveyson (Drôme), c’est tout l’inverse : pas une machine à coudre à l’horizon. Cette entreprise, fondée en 2013 par un ancien dirigeant de Lafuma, se concentre sur les « nouvelles confections » : des techniques d’assemblage innovantes, comme le thermocollage et la soudure à ultrasons. Voilà qui donne aux créateurs toute latitude pour repenser le design de leurs productions, avec des pièces prédécoupées au laser, assemblées sans couture, auxquelles peuvent être intégrés des capteurs. Top Tex Cube aide les marques à exploiter le potentiel des technologies qu’il développe et fabrique lui-même certains produits. De plus en plus sollicitée, la PmE espère passer de 30 salariés à une cinquantaine d’ici à la fin 2021.
Fashion cube
compte produire plus de 400 000 jeans par an dans sa future usine lilloise, qui ouvrira à la fin de l’année.
une usine de chaussures de sporT 4.0
Des chaussures de sport made in France ? Ça ne court plus les rayons. Le spécialiste du textile Chamatex veut y remédier et ouvrira en 2021 l’Advanced shoe factory (ASF) à Ardoix (Ardèche). L’objectif, ambitieux, est de créer 50 emplois et de produire 500 000 paires par an pour les marques partenaires Salomon, Babolat et millet. Les modèles seront conçus pour pouvoir être fabriqués de façon automatisée, dans des matériaux innovants développés spécialement par Chamatex. ASF bénéficiera du support technologique de Siemens sur la partie 4.0. La première chaussure, de marque Salomon, doit sortir d’usine à la mi-2021.
fashion cube faiT le pari (fou) du jean français
maison mère des enseignes Jules, Pimkie et autres Bizzbee, le groupe nordiste Fashion Cube ouvrira à la fin 2021 une usine de production de jeans dans la métropole lilloise (Nord). Une démarche inhabituelle pour ce distributeur qui importait jusque-là tous ses produits de l’étranger. Il va s’associer à un partenaire industriel indien pour créer cette unité hautement automatisée. L’objectif : rendre le made in France accessible à tous, avec un prix de vente supérieur de 10 à 20 % seulement par rapport à un modèle importé. À terme, le néo-industriel entend produire plus de 400 000 jeans par an dans l’usine et créer au moins 75 emplois. Un modèle industriel qu’il pourrait répliquer avec d’autres familles de produits si le succès est au rendez-vous. 85
la une
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Santé
Des masques en veux-tu en voilà! La France est passée en moins d’un an d’une production hebdomadaire de 3,5 millions de masques sanitaires à plus de 100 millions. Près de 25 projets industriels ont fleuri.
C
est le meilleur exemple de relocalisation industrielle en France dans ce contexte de pandémie. Modeste et discrète, la filière de production de masques sanitaires a littéralement explosé en moins d’un an. Les chiffres sont sans équivoque. Début 2020, lorsque la menace d’épidémie commençait à poindre, la production de masques de type chirurgical et FFP2 s’établissait à 3,5 millions d’unités hebdomadaires. Depuis janvier, les capacités de production dépassent les 100 millions de masques sanitaires chaque semaine. En moins d’un an, elles ont été multipliées par 30 ! Cette formidable expansion est d’abord le fruit d’un traumatisme. Lorsque le SARS-CoV-2 a déclenché la première vague épidémique en France, la population a découvert que le territoire était pauvre de capacités de masques sanitaires. Et que l’État en était dépourvu. En mars, la Direction générale de la santé (DGS) n’en détenait plus que 117 millions, uniquement chirurgicaux, dans son stock stratégique. Un gouffre par rapport au niveau établi en 2009 face à la menace d’une épidémie de grippe H1N1, qui avait atteint 1,7 milliard d’unités. Sur le territoire, ne subsistaient plus que quatre producteurs, Kolmi-Hopen, Paul Boyé Technologies, Maco Pharma et Valmy, et leurs quatre usines. Avec la baisse graduelle de l’intérêt de l’État pour le stock stratégique de masques, principalement en raison des coûts de maintien et de renouvellement, les contrats ont fondu et les volumes de production ralenti, année après année. C’est l’exemple de l’usine bretonne de masques sanitaires de Plaintel (Côtesd’Armor), minée par la baisse des commandes d’État et qui a fini par mettre la clé sous la porte en 2018. Face à des professionnels de santé qui manquaient de tous les types d’équipement de protection individuelle alors 86
Savoy international, à cluses (Savoie)
est l’un des quatre producteurs de masques qui, soutenus par les commandes massives de l’État, ont vu le jour en 2020.
qu’ils étaient dépassés par l’afflux de malades dans les hôpitaux, les établissements de santé et les cabinets de médecine en ville, l’État a réagi. Jusqu’à fin mai 2020, les producteurs historiques de masques sanitaires ont vu tous leurs volumes réquisitionnés par l’État, avec interdiction d’exporter. En parallèle, de gigantesques commandes en Asie, soutenues par un coûteux pont aérien, se sont mises en place. Plus de 4 milliards de masques sanitaires ont été importés jusqu’à la fin de l’été.
Commandes massives de l’état
L’industrie a évidemment réagi. Et dès le début de l’année 2020, sans attendre le confinement. Gérald Heuliez, le directeur général de Kolmi-Hopen, évoquait en mars, dans les colonnes de « L’Usine Nouvelle », une augmentation des
Comment re-loCaliser en FranCe
le meltblown
intégré en amont
G. YETCHMENIZA / PHOTOPQR / LE DAUPHINE / MAXPPP
Matière filtrante utilisée dans des applications comme la filtration d’air, de gaz ou de liquides, le meltblown forme la couche intermédiaire des masques, un matériau non tissé produit à partir de granulés de polypropylène qui sont fondus (melt), puis soufflés (blown). La filière française se limitait en 2020 à un seul producteur, l’usine de Fiberweb, filiale du groupe américain Berry, à Biesheim (Haut-Rhin). Face à la pénurie de meltblown entraînée par les besoins mondiaux en masques et qui s’est traduite par une flambée des prix, l’intégration en amont de la production est devenue une priorité. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par le gouvernement dès la fin du mois d’avril. Neuf projets, dont certains entrés en service dès la fin de l’été, ont été retenus par le ministère de l’Industrie. Avec à la clé une enveloppe maximale de 40 millions d’euros pour financer à hauteur de 30 % les montants d’investissement. Quelque 18 millions ont été promis ou engagés pour ces neuf projets ainsi que pour le renforcement capacitaire de Fiberweb. Au ministère, on estime que « d’autres projets pourraient s’ajouter, mais pas beaucoup plus ».
cadences «dès le 21 janvier», une production «à plein dès le 8 février» et des ajouts de ligne. Les trois autres producteurs historiques ont enclenché des projets similaires de renforts capacitaires, avec relance de lignes et ajout d’unités. Ils ont trouvé un relais industriel inédit car les projets de production de masques ont alors fleuri sur tout le territoire, souvent avec l’aide des collectivités locales. De la Bretagne au Grand Est, de la région parisienne à l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie, près de 25 unités industrielles ont été lancées au fil des mois. Certaines ont trouvé un soutien direct de l’État via des commandes massives. À la fin mai, 1 milliard d’unités était réservé, ajoutant quatre nouveaux producteurs : Celluloses de Brocéliande, Bioserenity, Savoy International et BB Distribe. Avant juin, les capacités avaient déjà bondi à 20 millions de masques sanitaires par semaine, et ont encore été quintuplées au cours du second semestre. L’afflux des productions a toutefois mis en lumière un autre déficit, celui de la matière première principale la plus critique parmi les composants d’un masque
sanitaire : le meltblown. Un autre défi qu’a relevé la France pour assurer l’intégration de la filière [lire ci-dessus]. Cette formidable explosion des capacités de production a déjà eu deux effets majeurs. D’une part, l’État a reconstitué son stock stratégique dès l’automne, avec 1 milliard d’unités en réserve, soit l’équivalent de la consommation de dix semaines en situation de crise épidémique. La DGS précise que ce stock est « constitué à 80 % de masques chirurgicaux et à 20% de FFP2». Second effet: avec 100 millions de masques produits par semaine, la France est devenue entièrement indépendante, dotée d’une filière intégrée en amont. Mieux : elle est « également compétitive », assure le ministère. Les prix des masques made in France rivalisent désormais avec ceux importés d’Asie.
Des gestes de protection à pérenniser
Se pose en revanche la question de la pérennité. Et là c’est la grande inconnue. Personne, à ce stade, n’est en mesure de se prononcer. « C’est très difficile à évaluer car le virus ne va pas disparaître tout de suite, et on ne sait pas dans quelle mesure il sera contenu, indique un porte-parole du ministère de l’Industrie. Au-delà même, on ne sait pas si des automatismes auront pu être acquis, comme celui de porter un masque pour protéger les autres quand on est malade, en dehors du Covid-19, comme le font les Asiatiques.» Mise sur pied en un temps record, la filière des masques a atteint l’objectif d’indépendance sanitaire. Reste à lui assurer un avenir au-delà du court terme. # julien Cottineau
87
la une
CoMMent re-loCaliser en FranCe
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
L
unii a toujours voulu produire en France. Mais à
son lancement, en 2014, la start-up créatrice du jouet «Ma fabrique à histoires» n’en avait pas les moyens. « Rien qu’en R&D industrielle, il nous aurait fallu investir plusieurs centaines de milliers d’euros», se souvient Maëlle Chassard, sa cofondatrice. Lunii lance donc la production de son produit interactif et connecté en Chine, tout en se promettant de relocaliser dès que possible. Six ans plus tard, avec un chiffre d’affaires supérieur à 16 millions d’euros, c’est chose faite. Depuis juillet, la production a lieu dans l’usine d’un nouveau partenaire, BMS Circuits, près de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). La relocalisation a pris un an et demi et représenté un investissement de près de 1 million d’euros, avec la création d’un poste dédié chez Lunii. La ligne de fabrication automatisée dans l’usine de BMS Circuits, composée de machines sur mesure, a coûté près de 600 000 euros ; le nouveau design du produit, confié au bureau d’études Kickmaker, 250 000 euros. «Nous avons complètement redessiné la carte électronique de la boîte, modifié ses composants et leur emplacement et réduit leur nombre», détaille Maëlle Chassard. En rognant un peu sur sa marge, Lunii a maintenu son prix de vente. Pour le choix du partenaire industriel, la start-up a mis
Maëlle Chassard, cofondatrice de Lunii
«nous avons complètement redessiné la carte électronique de notre produit, modifié ses composants et leur emplacement et réduit leur nombre. »
let, de localiser en France la production de son casque antibruit, fabriqué dans les usines du sous-traitant Asica, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Un changement de stratégie alors que ses écouteurs, lancés en 2018, sont fabriqués à Shenzhen, en Chine. «Nous sommes sur un marché BtoB, précise Pierre Guiu, le cofondateur du spécialiste de l’audio professionnel. Lorsque nous présentions notre premier produit aux clients, la première chose qu’ils nous demandaient est : où est-il fabriqué ? Quand nous leur disions qu’il était fait en Chine, nous sentions une certaine déception. Sur notre marché, il y a une attente de produits made in France, avec une valeur perçue plus importante. »
C’est en 2014 que Lucibel a décidé de rapatrier la production de ses éclairages LED. Les motivations de cette PME
en concurrence plusieurs sites français et européens. «Le précahier des charges de BMS Circuits correspondait au nôtre et nous permettait d’atteindre les coûts de fabrication les plus bas », justifie la dirigeante, qui reconnaît être «en veille continue pour trouver d’autres fournisseurs de composants électroniques » et pour atteindre un 100% made in France, contre 80% actuellement.
Orosound est lui aussi un acteur de cette reconnaissance du savoir-faire français en
électronique. La start-up a choisi, en juil-
fondée en 2008 : réduire les délais de livraison, gagner en réactivité, augmenter la qualité de ses produits et protéger la propriété intellectuelle de ses innovations après avoir vécu le vol de technologies. Six ans plus tard, si cette entreprise cotée doit toujours démontrer sa capacité à générer du résultat, elle constate l’adoption de ses produits et la montée en puissance de son site industriel de 12 400 mètres carrés situé à Barentin (Seine-Maritime). Preuve que la fabrication française est possible, même si elle n’est que l’un des éléments de la stratégie d’une entreprise. # MariOn GarrEau, avEC riDha LOukiL
ÉLECtrOniquE
Trois produiTs revenus de Chine
Fabriquer des produits électroniques en France sans faire exploser son coût de production, c’est possible. La preuve en trois exemples.
88
97
LES CLASSEMENTS L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
100
PAlmARÈS 2021
LES 100 MEILLEURES MEILLE ÉCOLE É ÉCOLES COLE D’INGÉNIEURS
Un champion indétrônable, mais un top 10 remanié. Si nous avons revu certains de nos indicateurs, notre classement 2021 fluctue, sans pour autant être bouleversé.
A
nnée après année, l’École polytechnique demeure le leader incontesté de notre palmarès. Mais derrière, les places évoluent. Au pied du podium l’année passée, CentraleSupélec est le nouveau dauphin. Et ce, grâce à sa constance dans nos quatre critères : l’international, l’insertion professionnelle, la recherche et la proximité avec l’entreprise. À noter que le top 5 se compose uniquement d’écoles publiques généralistes. Dans la continuité du précédent palmarès, les seules écoles privées présentes dans le top 10 sont l’Esilv et l’ECE, qui maintiennent leurs places (8e et 10e). Les établissements d’Ile-de-France sont surreprésentés dans le haut du classement, où seules Centrale Nantes, Isae-Supaéro et IMT Atlantique incarnent les autres régions. Cette dernière profite d’un nou-
Méthodologie 14 indicateurs pour classer les écoles Pour établir notre classement, nous évaluons, à l’aide d’indicateurs, quatre grands critères : l’insertion des diplômés, l’ouverture à l’international, la recherche et la proximité avec les entreprises. Sur chacun des indicateurs, les écoles sont notées de 0 à 100 selon la méthode « minimum-maximum ». C’est-à-dire qu’on attribue une note de 0 pour le dernier et de 100 pour le premier. Puis nous appliquons des coefficients à chaque indicateur pour calculer la note des quatre critères. la note globale en résulte. Ce classement est dynamique car chaque école est positionnée par rapport aux autres.
DÉTAIL DES COEFFICIENTS ET DES INDICATEURS Critère international (coefficient 30) 1. Pourcentage d’étudiants en emploi à l’étranger (coef. 8) 2. Pourcentage d’étudiants ayant passé au moins six mois à l’étranger en stage (coef. 6) 3. Pourcentage d’étudiants ayant passé au moins six mois à l’étranger en échange académique (coef. 6) 4. Pourcentage d’étudiants intégrés avec un titre étranger (coef. 5) 5. Pourcentage d’étudiants ayant obtenu un double diplôme avec un établissement étranger (coef. 5)
90
Critère insertion (coefficient 25)
Critère recherche (coefficient 25)
1. Salaire annuel brut médian un an après la sortie d’études (coef. 15) 2. Pourcentage de diplômés de l’avant-dernière promotion en CDI (coef. 5) 3. Pourcentage de diplômés ayant trouvé un emploi en moins de deux mois (coef. 5)
1. Pourcentage de cours assurés par des enseignants-chercheurs dans le cycle ingénieur (coef. 6) 2. Pourcentage de diplômés partis en thèse (coef. 7) 3. Nombre de thèses effectuées sous la responsabilité d’un personnel de l’école lors de la dernière année civile (coef. 7) 4. Nombre de brevets déposés par l’école seule ou en copropriété, ou par l’un de ses personnels rémunérés par elle sur les trois dernières années (coef. 5)
Critère proximité entreprises
(coefficient 20) 1. Nombre d’ingénieurs ayant créé une entreprise ces trois dernières années (coef. 5) 2. Dotation globale de chaires d’entreprises lors de l’année universitaire 2019-2020 (coef. 10) 3. Durée obligatoire des stages en entreprise dans le cycle ingénieur (coef. 5)
texte Clément le foll
vel indicateur de notre palmarès, le montant des chaires d’entreprises actives dans l’école, pour se hisser dans le top 5. Toujours à la pointe de la recherche, l’ESPCI gagne, elle, deux places et représente les écoles spécialisées dans la chimie au sein du top 10. Si l’écart se creuse entre Polytechnique (62,41 points), CentraleSupélec (54,55) et le reste du classement, les notes sont très serrées entre la 6e et la 20e place. D’une manière générale, le classement fluctue par rapport à l’année dernière, conséquence d’une évolution dans nos indicateurs et de leur prise en compte dans les critères. Contrairement à l’an passé, nous n’avons pas utilisé les seules données publiques de la Commission des titres d’ingénieur (CTI). Nous avons également incorporé des indicateurs issus de la base de données de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi).
ADN industriel réaffirmé
Si le critère international n’a subi aucune modification hormis une légère baisse de coefficient (passé de 35 à 30), l’insertion se compose de trois indicateurs, dont le salaire annuel brut médian est toujours le fer de lance avec un coefficient de 15. Le critère recherche a été enrichi grâce à l’ajout du nombre de brevets déposés par l’école. Pour que les étudiants touchent du doigt toute la dimension de la recherche, plutôt que la part d’enseignants-chercheurs au sein de l’école, nous lui préférons une donnée plus concrète : le pourcentage de cours assuré par des enseignants-chercheurs. Notre ultime pilier, qui s’intitulait l’an passé «entrepreneuriat», a été élargi aux liens de l’école avec le monde professionnel et s’intitule «proximité entreprises». Une modification qui n’est pas que sémantique, mais qui vise à réaffirmer l’ADN industriel de notre palmarès. Elle s’accompagne de nouveaux indicateurs et d’une augmentation du coefficient global, passé de 10 à 20. Ce critère inclut désormais la dotation globale des chaires d’entreprises de l’école. Placé l’an passé dans le critère insertion, le nombre de semaines de stage en entreprise obligatoire vient compléter cette relation avec le monde professionnel. Frais de scolarité, pourcentage d’alternants, part de filles… Nous avons décidé de faire apparaître certains critères non classant, afin d’apporter une information complète et de correspondre au plus près aux attentes des élèves comme des entreprises. Enfin, au-delà du classement général, nous présentons les championnes par catégorie. Car une bonne école est avant tout une école qui répond aux aspirations de chacun. # ClémeNt le Foll
Les étudiants poussent les écoles à agir sur les enjeux environnementaux Sur YouTube, une vidéo publiée par Jean-Marc Jancovici en JuilleT 2019 affiche pluS de 400 000 vueS. pendanT 2 h 30, l’ingénieur Y donne un courS Sur leS énergieS aux élèveS deS MineS pariSTech. « C’est sûrement la vidéo avec le logo de l’école la plus populaire », sourit matthieu mazière, le directeur des études chargé du cycle ingénieurs civils des mines Paristech. Si Jean-marc Jancovici demeure l’icône des questions environnementales auprès des élèves ingénieurs, les mines Paristech ont entamé une refonte de leur cycle ingénieur en 2018. la promotion 2019 est la première à en bénéficier. en première année, les étudiants suivent une unité d’enseignement intitulée « terre et société ». « Une approche pluridisciplinaire, qui va de la physique à la sociologie. on y retrouve les cours de Jeanmarc Jancovici, et les étudiants font un stage d’une semaine sur le terrain pour constater l’impact du réchauffement climatique », indique matthieu mazière. l’école n’est pas la seule à y réfléchir. Depuis cinq ans, l’esilv – l’école d’ingénieurs du Pôle léonard de Vinci – organise durant une semaine un « hackathon du développement durable » auquel participent tous les étudiants. « l’un des chantiers importants est de former les équipes pédagogiques à ces enjeux », complète laure Bertrand, la directrice du développement durable du Pôle léonard de Vinci. Son centre d’innovation, le De Vinci innovation center, crée également des objets et des contenus qui bénéficient aux élèves. À l’origine d’un manifeste signé par plus de 30 000 étudiants, le collectif « Pour un réveil écologique »
milite pour une meilleure intégration des enjeux climatiques dans les formations. Il y a quelques mois, ses membres ont envoyé des dizaines de questions aux écoles d’ingénieurs et de commerce afin de connaître leur engagement. « nous souhaitons plusieurs choses : que tous les étudiants et enseignants soient formés à ces enjeux, adapter les débouchés, et faire en sorte que l’écosystème de l’établissement, notamment la recherche, suivent », liste Amélie Déloche, membre du collectif et diplômée de Grenoble école de management. Destinataire de ce questionnaire, matthieu mazière salue l’initiative, mais avoue ne pas avoir eu le temps de répondre à ce document conséquent. Il admet également ne pas faire le forcing pour voir son école labellisée DD & RS (développement durable & responsabilité sociétale). Ce dispositif, notamment imaginé par la Conférence des grandes écoles et le ministère chargé du développement durable, fixe un référentiel commun pour quantifier l’engagement des écoles.« nous faisons en fonction du terrain et des étudiants. on a enlevé les voitures de la cour, réduit la facture énergétique du bâtiment, le label viendra plus tard », explique-t-il. Au contraire, l’eBI a fait du label, qu’elle a obtenu le 13 juin 2019, une priorité, comme le souligne sa directrice florence Dufour : « C’est un cadre de référence pour les directeurs à la tête de l’école. Ceux et celles qui me succéderont comprendront que c’est un enjeu fort pour nous.» 91
les classements L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
Exclusif les 100 meilleures écolEs d’ingéniEurs RanG
école (statut, niveau d’admission)
Insertion
International
Recherche
Proximité entreprises
Salaire à un an (annuel brut en euros)
étudiants en emploi à l’étranger (en %)
Part de cours assuré par des enseignantschercheurs (en %)
Dotation globale des chaires d’entreprises (en millions d’euros)
QuelQueS InDIcateuRS cléS
Globale
notRe évaluatIon (note sur 100)
1
POLYTECHNIQUE (public, bac + 2)
62,2
85,9
65,2
58,8
38,7
49 000
28,61
67,85
9,34
2
CENTRALESUPéLEC (public, bac + 2)
54,2
68,8
42,3
55,8
58,9
45 194
17,51
88,33
31,78
3
MINES PARISTECH (public, bac + 2)
50
75
61,9
52,7
12,9
45 000
17,91
87,50
3,6
4
PONTS PARISTECH (public, bac + 2)
47,5
75,5
59,9
41,7
11,6
45 500
27,73
43,75
2,59
5
IMT ATLANTIQUE (public, bac + 2)
46,9
65,1
42,1
42
43,4
41 910
20,09
83,96
22
6
ISAE-SUPAéRO (public, bac + 2)
45,9
69,2
51,7
27,2
32,4
41 251
19,78
38,33
10,93
7
ESPCI (public, bac + 2)
45,8
59,7
57
65,8
0,7
42 812
21,24
43,12
0,43
7
ESILV (privé, post-bac)
45,8
80,9
55,8
16,3
28,3
44 500
25,15
55
2,7
9
CENTRALE NANTES (public, bac + 2)
44,8
52
55,7
35,8
35,3
39 235
20,51
67,17
6,62
10
ECE (privé, post-bac)
43,5
83,9
53,7
13,6
25,3
44 771
19,51
41,92
0,23
10
GRENObLE INP - PHELMA (public, bac + 2)
43,5
56,1
35
69,5
11,1
38 036
14,72
73,45
0,72
12
MINES NANCY (public, bac + 2)
43,3
72,9
50
32,4
14
43 000
24,39
54,50
2,45
13
TéLéCOM PARIS (public, bac + 2)
43,2
53,1
45,7
55,9
17,8
44 232
22,46
98,53
2,25
14
INSA LYON (public, post-bac)
43,1
51
39,2
52,7
34,7
37 417
14,60
51,23
4,2
15
EPITA (privé, post-bac)
41,3
82,1
57,4
14,1
14,4
48 128
22,31
57,08
0,36
16
ISEP (privé, post-bac)
41,1
77
58,2
9,6
23,4
45 046
20,90
28,49
0,24
17
EFREI PARIS (privé, post-bac)
40,8
77,6
48,7
10,7
29,7
42 950
18,87
39,48
0,32
18
GRENObLE INP - ENSIMAG (public, bac + 2)
40,1
70,6
33,5
43,8
13,4
42 844
13,64
75,46
0,96
18
ENSAE PARIS (public, bac + 2)
40,1
89,5
41,6
14,4
15,2
50 000
24,14
17,08
7,87
20
CENTRALE LYON (public, bac + 2)
39,2
58,1
42,4
38,5
15,1
39 806
15,87
60,46
3,48
21
CY TECH (Ex-EISTI) (privé, post-bac)
38,4
59,4
43,1
27,8
25
43 500
8
70
4,5
22
CENTRALE LILLE (public, post-bac)
37,8
53,9
44
40,1
12,5
39 457
17,95
71,19
0,89
23
ECAM LASALLE (privé, post-bac)
37,4
70,4
53
7
20,9
41 800
24,81
14,81
3,89
24
ESTACA (privé, post-bac)
36,5
71,6
30,8
19,2
25,6
45 285
11,18
56,48
1,42
25
ESIEA (privé, post-bac)
36,2
80,4
25,4
21,9
20
44 000
12,28
78,73
0,2
2e centRaleSuPélec
6e ISae-SuPaéRo
15e ePIta
17e efReI PaRIS
objEctif spatial
lEarning cEntEr
la forcE dEs régions
cybEr-partEnariat
L’école a signé, le 19 février, un accord avec l’Agence spatiale européenne pour la création de l’ESA lab@CentraleSupélec. Ce lieu permettra de sensibiliser les étudiants aux activités d’exploration pacifique de l’espace. Des visites, conférences et formations thématiques seront portées par les équipes d’enseignement et de recherche et des membres de l’ESA.
L’établissement toulousain a posé, le 15 octobre, la première pierre de cet espace de 2 500 m2 qui rassemblera bibliothèque, lieux de travail collaboratifs, showroom et espace dédié aux événements. Il sera ouvert aux étudiants, chercheurs et industriels partenaires et poursuit un objectif : s’adapter aux méthodes pédagogiques de l’école, de plus en plus tournée vers les projets.
L’école spécialisée dans le numérique s’exporte en France. À compter de la rentrée 2021, ses étudiants pourront effectuer l’intégralité de leur cycle ingénieur à Lyon (Rhône) et à Toulouse (HauteGaronne), et partiellement à Rennes (Ille-et-Vilaine) et Strasbourg (BasRhin). L’établissement ouvrira une majeure « industrie 4.0 » à Lyon et « sécurité et sûreté de l’intelligence embarquée » à Toulouse.
Pour augmenter l’audience de sa formation en cybersécurité, Efrei Paris propose depuis la rentrée aux étudiants de cette majeure de la suivre sous un format 100% en ligne. Un parcours virtuel créé en partenariat avec Microsoft France et Airbus Cybersecurity, dont le lancement à la rentrée a déjà séduit plus de 30 élèves.
92
leS 100 meIlleuReS écoleS D’InGénIeuRS
Recherche
Proximité entreprises
Salaire à un an (annuel brut en euros)
étudiants en emploi à l’étranger (en %)
Part de cours assuré par des enseignantschercheurs (en %)
Dotation globale des chaires d’entreprises (en millions d’euros)
37,4
23,2
36 666
12,98
68,72
3,74
42,3
42
10,9
40 000
13,70
75,46
0,18
39,1
6,7
15,7
45 686
10,06
26,44
0,16
73
40,4
10,9
18,6
42 425
15,25
42,90
0
30,4
43,6
57,5
6
35 000
23,81
88,68
0,12
26,8
58
16,9
35 635
11,79
64,31
5,04
18,88
30,22
6,75
13,10
52,99
0,15
18,37
85,46
0,65
17,78
34,38
3,99
38 883
10,71
40,92
0,25
8,6
37 500
24,14
45,74
0
17,9
40 483
9,17
43,02
0,3
34 350
12,50
60,92
0,65
11,73
21,22
0
25,22
52,51
0
7,14
88,30
0,26
13,73
56,44
0,55
4,05
48,03
0,95
41 700
6,45
37,97
1,22
39 544
7,22
39,33
1,98
21,8
40 750
15,22
45
0,47
15,3
39 211
10,77
27,71
1,5
35,1
11,4
35 616
5,75
60,56
0,74
26,4
5,5
34 894
25,53
71,25
0
Insertion
34,6
Globale
Exclusif les 100 meilleures écolEs d’ingéniEurs
QuelQueS InDIcateuRS cléS
International
notRe évaluatIon (note sur 100)
26
UTC (public, post-bac)
35,9
52,4
26
CHIMIE PARISTECH (public, bac + 2)
35,9
50,3
28
ESME SUDRIA (privé, post-bac)
35,7
82,9
29
ECAM-EPMI (privé, post-bac)
34,9
30
ECPM (public, bac + 2)
34,6
31
GRENObLE INP - ENSE3 (public, bac + 2)
34,3
38,2
32
ARTS ET MéTIERS (public, bac + 2)
34,2
57
30,2
25,5
23,6
39 934
33
UTT (public, post-bac)
33,9
54,5
45,8
25,1
12,3
37 682
34
EPF (privé, post-bac)
33,8
56,2
43,5
25,1
11
38 267
34
ESTP PARIS (privé, post-bac)
33,8
64,1
40,5
10,5
22,3
41 133
36
CENTRALE MARSEILLE (public, bac + 2)
33,2
62,6
36,9
20,9
11,3
36
ISAT (public, post-bac)
33,2
54,6
55,8
15,3
38
ESIEE PARIS (consulaire, post-bac)
33
64,3
30,2
21,1
39
EbI (privé, post-bac)
32,9
42,5
56,7
19,4
13,2
40
TOULOUSE INP - ENSEEIHT (public, bac + 2)
32,7
49,2
37
35,1
10,4
38 525
41
ENSMM (public, bac + 2)
32,3
40,6
56
20,9
13
35 848
41
TéLéCOM SUDPARIS (public, bac + 2)
32,3
64,8
30,9
29,9
3,9
42 897
43
INSA CENTRE VAL DE LOIRE (public, post-bac)
31,6
44,9
41,9
17,1
26
34 437
44
CESI (privé, post-bac)
31,5
67,3
17,1
14,2
33,6
41 408
45
ESEO (privé, post-bac)
31,2
75,2
30,1
11,6
7,7
46
ENAC (public, post-bac)
31,1
61,4
27,5
23,6
13,2
47
ENSIIE (public, bac + 2)
31
58,2
32,8
14,2
48
ESIGELEC (privé, post-bac)
30,8
62,3
39,1
8,7
49
INSA TOULOUSE (public, post-bac)
30,4
45,1
31,9
50
ESIREM (public, post-bac)
30
46,7
40,6
RanG
école (statut, niveau d’admission)
26e chImIe PaRIStech
34e ePf
41e télécom SuDPaRIS
43e InSa centRe val De loIRe
EntrEprEnEurs junior Permettre à ses étudiants ingénieurs de réaliser des missions rémunérées pour des entreprises du monde de la chimie. Telle est l’ambition de Chimie Perspectives, la juniorentreprise gérée par vingt étudiants de Chimie ParisTech. Elle compte comme partenaire BNP Paribas et Saint-Gobain et a vu son chiffre d’affaires progresser de 31% depuis 2017.
dirEction cachan
nouvEllE dirEction
divErsité socialE
Fin 2021, l’école généraliste devrait quitter Sceaux (Hauts-de-Seine) pour s’installer à Cachan (Val-de-Marne), au sein du bâtiment d’Alembert de l’ENS Paris-Saclay. Cet investissement de 44 millions d’euros vise notamment à renforcer les synergies avec les partenaires industriels en créant, au cœur de ce nouveau campus, une « rue des entreprises», où ils seront au contact direct des étudiants.
Le 1er décembre, François Dellacherie a succédé à Christophe Digne à la tête de Télécom SudParis. Ancien directeur adjoint chargé des technologies au ministère des Armées, il aura pour missions de poursuivre le développement de l’école dans ses domaines de prédilection : cybersécurité, science des données et IA, réseaux et internet des objets.
L’établissement installé à Bourges (Cher) a lancé en septembre sa fondation, qui cherche à promouvoir l’entrepreneuriat, les diversités et l’égalité des chances. La somme de 250000 euros a été débloquée pour l’année universitaire 2020-2021, dont 50 000 euros pour un chantier prioritaire : délivrer vingt-deux bourses étudiantes pour promouvoir la diversité sociale au sein de l’école. 93
les classements
leS 100 meIlleuReS écoleS D’InGénIeuRS
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
Insertion
International
Recherche
Proximité entreprises
Salaire à un an (annuel brut en euros)
étudiants en emploi à l’étranger (en %)
Part de cours assuré par des enseignantschercheurs (en %)
Dotation globale des chaires d’entreprises (en millions d’euros)
51
bORDEAUx INP - ENSEIRb-MATMECA (public, bac + 2)
29,9
44,1
31,3
35,3
9,7
35 781
5,23
50,74
0,67
52
CPE LYON (privé, bac + 2)
29,7
30,7
30,6
50,6
8,7
36 175
6,49
69,27
0,52
53
GRENObLE INP - GéNIE INDUSTRIEL (public, bac + 2)
29
42,5
40
21,6
14
36 461
15,69
66,18
1,11
54
ENSIC (public, bac + 2)
28,7
55,5
24,9
28,6
5,4
38 531
6,12
85,81
0
55
ENSAI (public, bac + 2)
28,6
71
23,6
15,6
4,5
42 750
6,25
47,38
0,3
55
3IL INGéNIEURS (privé, post-bac)
28,6
44,2
51,5
4,2
7,9
36 221
8,14
19,07
0
57
IPSA (privé, post-bac)
28,4
57,8
38,5
8
9,2
40 050
10,57
30,17
0,1
58
ENSAIT (public, bac + 2)
28,3
42,6
40,1
25,1
6,2
35 000
5,13
89,84
0
59
TéLéCOM NANCY (public, bac + 2)
28,2
61,8
36,8
6
8,8
38 185
26
15,02
0
60
ENSTA bRETAGNE (public, bac + 2)
28
43,6
31,1
23,3
12,4
36 927
6,74
57,62
2,29
60
UTbM (public, post-bac)
28
46,9
40
14,6
10,9
36 012
14,45
19,56
0,14
62
ENSIL-ENSCI (public, post-bac)
27,9
47,1
31,5
25,4
8,8
33 627
7,69
63,59
0
63
IMT LILLE DOUAI (public, post-bac)
27,7
53,7
32
20
4,8
38 027
13,67
42,74
0,2
63
ISAE-ENSMA (public, bac + 2)
27,7
53,1
31,8
14,3
13
36 987
5,19
11,27
4,71
65
ESTIA (consulaire, bac + 2)
27,5
33,6
33,9
11,8
13,7
33 665
5,65
43,82
1,27
66
TéLéCOM SAINT-éTIENNE (public, post-bac)
27,3
54,5
24
20,9
9,7
35 628
6,98
57,03
0,01
67
ICAM (privé, post-bac)
26,9
42,9
26,9
14,5
28
36 030
12,86
57,86
0,54
68
bORDEAUx INP - ENSCbP (public, bac + 2)
26,8
31,7
32,6
35,9
8,9
34 411
13,33
58,08
0,5
68
INSA ROUEN NORMANDIE (public, post-bac)
26,8
43,1
32,8
21,6
11,9
37 690
6,63
49,94
1,89
68
TéLéCOM PHYSIQUE STRASbOURG (public, bac + 2)
26,8
47,8
19,9
33,2
7,4
36 306
10,77
85,47
1,01
68
IMT MINES ALèS (public, bac + 2)
26,8
38,9
34,4
18,4
17,5
37 050
13,68
51,11
4,02
72
AGROPARISTECH (public, bac + 2)
26,7
38,8
34,8
12,8
25,7
34 576
9,52
7,61
10,27
73
INSTITUT GALILéE (public, post-bac)
26,5
57,5
22,5
23,4
3,2
37 402
0
59,60
0
74
TOULOUSE INP - ENSIACET (public, bac + 2)
26,4
44,4
29,7
23,4
9,9
35 646
9,52
7,52
0
74
INSA STRASbOURG (public, post-bac)
26,4
43,8
40,9
14,4
7,4
36 936
15,33
39,48
0,89
Exclusif les 100 meilleures écolEs d’ingéniEurs RanG
école (statut, niveau d’admission)
63e Imt lIlle-DouaI
90e Polytech GRenoble
vErs lE Maroc Depuis septembre 2020, l’établissement lillois propose un mastère spécialisé en ingénierie de l’économie circulaire en collaboration avec l’École nationale supérieure des mines de Rabat. Le parcours marocain se déroule sur deux semestres : le premier consacré aux enseignements, le second à un stage de fin d’études.
94
QuelQueS InDIcateuRS cléS
Globale
notRe évaluatIon (note sur 100)
90e enIm
97e JunIa heI
nouvEau ModèlE
sciEncEs huMainEs
changEMEnt dE noM
Le 1er janvier 2020, l’école du réseau Polytech et l’IAE de Grenoble ont rejoint Grenoble INP, entérinant un nouveau modèle d’établissement d’enseignement supérieur, l’Institut d’ingénierie et de management de l’Université Grenoble-Alpes. Son projet, devenir une université de rang mondial et un acteur d’innovation auprès des entreprises de son bassin.
Étudier les comportements humains dans l’entreprise et leur influence sur la sécurité. Tel est l’objet de la chaire industrielle lancée le 20 novembre par l’établissement messin. Parmi les partenaires, le Service départemental d’incendie et de secours de la Moselle, mais surtout EDF, exploitant de la centrale nucléaire de Cattenom, qui sera l’un des axes de recherche de la chaire.
Nouveau nom pour Yncréa Hautsde-France, dont HEI est l’un des trois diplômes historiques avec ISA et ISEN. Désormais intitulée Junia, l’établissement veut se positionner comme l’école des transitions et du futur désirable en portant un regard singulier sur l’ingénierie, à mi-chemin entre la science et l’humanisme.
95
les classements
leS 100 meIlleuReS écoleS D’InGénIeuRS
L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
Insertion
International
Recherche
Proximité entreprises
Salaire à un an (annuel brut en euros)
étudiants en emploi à l’étranger (en %)
Part de cours assuré par des enseignantschercheurs (en %)
Dotation globale des chaires d’entreprises (en millions d’euros)
QuelQueS InDIcateuRS cléS
Globale
notRe évaluatIon (note sur 100)
76
JUNIA ISEN (privé, post-bac)
26,2
37,1
31,2
28
9,5
35 196
4,35
80,81
0,9
77
INSA HAUTS-DE-FRANCE (public, post-bac)
26,1
36,4
42,4
19,7
6,7
34 541
14,17
58,43
0
77
EIGSI (privé, post-bac)
26,1
57,1
32,9
4,7
9,8
35 846
7,53
19,54
0,08
77
POLYTECH NICE SOPHIA (public, post-bac)
26,1
37,9
33,1
29,4
4,8
35 963
11,11
66,28
0,27
80
ENTPE (public, bac + 2)
26
54,5
21
16,9
13,1
36 500
2,90
32,06
5,36
81
POLYTECH SAVOIE (public, post-bac)
25,8
47,9
27,8
23,2
5,2
34 081
9,40
64,40
0,08
82
EIVP (public, post-bac)
25,7
51
35,7
8,1
9
37 000
4,76
25
0
83
POLYTECH ORLEANS (public, post-bac)
25,6
41,9
33,9
20,3
6,4
32 868
10,38
56,66
0
84
GRENObLE INP - ESISAR (public, post-bac)
25,5
42,1
24,6
24,6
12,8
34 408
4,17
49,91
0,88
84
ENISE (public, post-bac)
25,5
46,8
27,6
17,2
10,9
34 956
3,67
43,95
1,9
86
POLYTECH NANCY (public, post-bac)
25,4
40,6
39
17
5,7
35 000
10
54,33
0
87
POLYTECH ANGERS (public, post-bac)
25,3
38,3
36
19,4
9,1
32 500
7,41
59,41
0
88
POLYTECH SORbONNE UNIVERSITé (public, post-bac)
25,2
48,5
17,5
28,8
7,2
38 220
7,09
47,39
0
89
SIGMA (public, bac + 2)
25
31
35,7
22
12,9
34 365
10,06
50,76
2,3
90
ENIM (public, post-bac)
24,8
39,8
36,8
14,1
8,9
33 694
11,54
44,55
0
90
POLYTECH GRENObLE (public, post-bac)
24,8
29,4
32,7
29
8,6
32 866
11,37
58,10
0,22
92
POLYTECH PARIS-SACLAY (public, post-bac)
24,6
52,7
15,7
24,2
6,8
37 855
0,76
55,56
0
93
POLYTECH AIx-MARSEILLE (public, post-bac)
24,5
45,1
23,6
23,5
7,1
33 828
10,06
71,78
0
94
ENSGTI (public, bac + 2)
24,2
34
35,6
21
7,9
34 289
13,33
62,46
0
94
TOULOUSE INP - ENSAT (public, bac + 2)
24,2
24,7
24,8
38,4
11
29 907
2,38
72,12
1,91
96
ENSC MULHOUSE (public, post-bac)
24
25,9
34
33,5
2,4
35 000
12,50
79,83
0
97
EIDD (public, bac + 2)
23,8
49,7
16
26,8
2,4
35 000
2,94
86,84
0
97
ENSEA (public, bac + 2)
23,8
45,5
28,3
12,7
8,1
37 655
7,94
36,96
0,12
97
ECAM RENNES (privé, post-bac)
23,8
44,4
33,8
8,6
8,8
36 000
7,48
37,18
0
97
JUNIA HEI (privé, bac + 2)
23,8
42,4
20,2
22,3
11,7
36 000
5,22
61,39
0,9
Exclusif les 100 meilleures écolEs d’ingéniEurs RanG
école (statut, niveau d’admission)
Personnalisez votre classement sur usinenouvelle.com cRItÈReS
Triez les écoles en fonction des grandes thématiques qui vous intéressent et retrouvez les quatorze indicateurs qui ont permis d’attribuer les notes de chacune. Établissez votre propre classement en recherchant les écoles qui proposent le meilleur salaire de sortie, celles qui délivrent le plus de doubles diplômes à l’étranger, qui conduisent leurs élèves vers des thèses ou qui favorisent la création de start-up. Vous pouvez aussi visualiser les écoles qui intègrent directement après le bac et les autres. 96
SPécIalItéS
Biotechnologies? Matériaux ? Aéronautique ? À chaque centre d’intérêt correspond une ou plusieurs écoles. Confrontez les performances de celles qui vous intéressent grâce à notre comparateur. RéGIonS
Retrouvez, région par région, la liste des écoles.
PoRtRaIt-Robot
Consultez la fiche d’identité de chaque école : notes thématiques, indicateurs, durée des études (cinq ans pour les post-bac, trois ans pour celles qui recrutent à bac + 2), statut (public ou privé), frais de scolarité, pourcentage de filles.
89
Les cLassements L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
priorité à L’ e m p Lo i à La sortie des études
L’ i n t e r n at i o n a L vous passionne Critère international établi à partir de cinq indicateurs [voir page 90]
Critère insertion établi à partir de trois indicateurs [voir page 90]
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
enSae PolyteChnIque eCe esMe sudrIa ePITa esIlV esIea eFreI ParIs IseP PonTs ParIsTeCh
vous penchez vers La recherche Critère recherche établi à partir de quatre indicateurs [voir page 90]
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
PolyteChnIque mIneS ParISteCh PontS ParISteCh IseP ePITa esPCI ebI ensMM esIlV IsaT
Grenoble InP - Phelma eSPCI PolyteChnIque Grenoble InP - ense3 eCPM TéléCoM ParIsTeCh CenTralesuPéleC Insa lyon MInes ParIsTeCh CPe lyon
Top 10
les championnes par catégorie
roBin BeaUraUD
98
cLaUDio Bonvino
26 ans, PolytEchnIquE
« J’ai été diplômé en 2018, et à l’X, le cosmopolitisme est partout. Les étudiants viennent du monde entier et il y a beaucoup d’interactions lors des projets et des activités sur le campus. Beaucoup d’enseignants ont également une expérience internationale. Durant mon mastère spécialisé, j’ai effectué un stage dans un cabinet de conseil à Shanghai. Depuis, j’ai été analyste financier pour le London Stock Exchange Group. Durant deux ans, j’ai travaillé entre Milan et Londres. Aujourd’hui, je me redirige vers la recherche à l’École polytechnique de Milan et j’espère pouvoir nouer des synergies avec l’X.»
tHomaS SannicoLo
30 ans, docteur, GrEnoblE - InP PhElma
recherche
« Je suis officiellement diplômé de l’Ensae depuis quelques jours et je viens d’achever mon stage chez Veltys, une entreprise qui réalise des études statistiques dans différents domaines comme la santé, le sport, la distribution pour des entreprises publiques et privées. Et je viens d’y être embauché comme data scientist. Mon parcours à l’Ensae m’a très bien préparé au monde professionnel. J’ai été stagiaire au service économique de l’ambassade de France en Malaisie, puis à Paris au sein du cabinet Deloitte. Cela m’a permis de m’imprégner de l’univers professionnel, en faisant des CV, des lettres de motivation. Maintenant, mon profil Linkedin est à jour ! »
internationaL
insertion
24 ans, EnsaE diplômé en 2020
« J’ai suivi le cycle ingénieur de l’INP Phelma de 2011 à 2014, puis j’ai enchaîné jusqu’en 2017 avec une thèse qui portait sur la fabrique d’électrodes transparentes. Lorsque j’ai intégré l’école, je ne me voyais pas thésard. Mais le contact quotidien avec des scientifiques, des sociétés high-tech, des laboratoires et instituts de recherche comme le CEA a fait évoluer ma position. À la fin de ma thèse, j’ai poursuivi mes recherches au MIT, à Boston. C’était la suite concrète de mon sujet de thèse : comment intégrer cette couche d’électrode transparente dans des vraies cellules solaires.»
texte CLÉMENT LE FoLL
vous cherchez une proximité avec L’ e n t r e pr i s e
La m i x i t é est un critère de séLection
aLLier théorie et p r at i q u e en entreprise
Critère entrepreneuriat établi à partir de trois indicateurs [voir page 90]
Part des filles (en pourcentage des étudiants)
Nombre d’étudiants alternants (en pourcentage)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
CentraleSuPéleC Imt atlantIque PolyteChnIque CenTrale nanTes Insa lyon CesI Isae eFreI ParIs esIlV ICaM
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
ebI bordeaux SCIenCeS aGro* toulouSe InP - enSat aGroCaMPus ouesT* MonTPellIer suPaGro* esIab* aGro ParIsTeCh ensaIT eCPM unIlasalle*
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Cnam* CeSI eSIPe* Isel* 3Il InGénIeurs ICaM ensIbs* Grenoble InP - PaGora esIee ParIs PolyTeCh ParIs-saClay
À chaque école ses points forts. de quoi s’orienter en fonction de ses aspirations. retrouvez le top 10 des écoles par catégorie et celles de la diversité, avec les témoignages de ceux qui sont passés par leurs bancs. roFeiDa reZGUi
* Retrouvez ces écoles sur usinenouvelle.com dans notre classement de 130 écoles d’ingénieurs.
« J’ai été diplômé de Centrale en 2014. L’école n’avait pas encore fusionné avec Supélec. J’étais en majeure informatique et mineure entrepreneuriat. En 2016, j’ai cofondé avec deux amis ouihelp, une entreprise d’aide à domicile des personnes âgées. Notre job est de les mettre en relation avec, notamment, des soignants et des auxiliaires de vie pour les levers et couchers. Je me charge de la partie informatique et Centrale m’a énormément appris sur les pièges et réflexes entrepreneuriaux. Pouvoir échanger et discuter avec des intervenants et alumnis qui détaillent leurs démarches pour fonder leur société a été fondamental pour moi.»
manon cHevrier
21 ans, cycle ingénieur à l’EbI
mixité
entrepreneuriat
30 ans, cEntralEsuPélEc, cofondateur de Ouihelp
« Je suis en première année et plusieurs éléments m’ont motivée à rejoindre l’EBI. L’école propose des débouchés dans l’un des secteurs qui m’intéresse : la pharmaceutique. J’ai toujours eu une appétence pour la science au lycée, mais en arrivant à l’EBI, j’ai également voulu me focaliser sur l’environnement. Je trouve assez réducteur que l’on dise que la biologie est un domaine plus féminin que masculin. À l’école, je ne ressens pas cela. on m’y insuffle l’envie d’entreprendre, on fait appel à ma créativité et on travaille énormément en groupe projet. C’est très stimulant. »
apprentissage
BaStien GanDoUet
« Je suis en troisième année filière génie nucléaire, spécialité construction-déconstruction. Mon cursus se partage entre les cours et mon alternance au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), où je m’occupe du démantèlement de certains laboratoires sur le site de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Cette année, j’effectue six mois consécutifs de cours, puis six mois en entreprise, contre des plages alternées de trois mois en deuxième année et un mois en première. En plus de travailler pour un grand nom du nucléaire, l’apprentissage m’apporte une indépendance financière, et trois ans d’expérience à valoriser sur mon CV.»
Jérémy Barande / eP ; d.r.
24 ans, élèveapprentie au cnam
99
les classements L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Formation
pas d’Ia sans intelligence collective Les écoles d’ingénieurs repensent leurs cursus pour former leurs étudiants à un domaine qui s’immisce dans tous les secteurs professionnels. Et pour se positionner sur la carte de l’intelligence artificielle, elles multiplient les partenariats.
D
ès 2016, devant la pénurie de data scientists, les formations académiques ont commencé à s’adapter en augmentant le nombre d’ingénieurs formés à l’intelligence artificielle », analyse Caroline Chavier, à la tête du cabinet de recrutement spécialisée dans le numérique The Allyance. Le terrain a été clairement balisé deux ans plus tard par le député de l’Essonne Cédric Villani avec son rapport sur l’intelligence artificielle, commandé par le Premier ministre. La stratégie du célèbre mathématicien pour l’intelligence artificielle en France identifiait la formation comme un axe prioritaire. Plus concrètement, il proposait de multiplier par trois le nombre de personnes formées d’ici à trois ans, notamment en créant de nouvelles formations: programmes croisés, doubles cursus, doctorat, master... Une orientation suivie par de nombreuses écoles d’ingénieurs. Celles qui labouraient le terrain depuis longtemps ont musclé leur offre et celles qui n’en avaient pas s’y sont mises. Depuis sa création en 1984, l’Epita propose une majeure IA, devenue au fil des ans « data science et intelligence artificielle ». En écho au rapport de Cédric Villani, l’école spécialisée dans l’informatique a lancé en juin 2019 un master of science in Artificial intelligence systems. Il accueille des étudiants français et internationaux, anglophones et déjà titulaires d’un bac +4. Son ambition : former les futurs data scientists, chefs de projet AI et machine learning engineers.
L’epita propose depuis sa création en 1984
une majeure IA, devenue au fil des ans « data science et intelligence artificielle ».
DenIs / reA
S’associer pour mieux former
100
Du côté de l’École centrale de Lille (Nord), son directeur, Emmanuel Duflos, estime avoir détecté les premiers signaux dès 2012. Mais ce n’est qu’à la rentrée 2020 que l’école a inauguré son master en intelligence artificielle et data science, accessible aux étudiants de master 1. « L’intelligence artificielle est au cœur de nos réflexions, c’est un domaine transversal qui doit s’intégrer aux différents cursus », détaille Emmanuel Duflos.
texte Clément le foll
Alors que l’IA irrigue notre quotidien, des plates-formes numériques aux chaînes de production, son enseignement académique relève d’une tâche herculéenne pour les établissements. Face à l’étendue des applications et aux enjeux éthiques et sociaux suscités par l’intelligence artificielle, les écoles s’associent pour plus de pertinence et de transversalité. Depuis 2018, l’École polytechnique propose un graduate degree en intelligence artificielle, dispensé avec deux autres écoles de l’Institut polytechnique de Paris : Télécom Paris et l’Ensta Paris. En septembre, c’est avec l’une des écoles de management les plus réputées, HEC Paris, que l’Institut polytechnique de Paris a annoncé le lancement de Hi! Paris, un centre pluridisciplinaire dédié à l’intelligence artificielle et aux données. « La force de ce partenariat repose sur la complémentarité entre les
Hi ! Paris, futur champion de l’IA? le 15 septembre 2020, HeC Paris et l’Institut polytechnique de Paris ont annoncé la création de Hi ! Paris, un centre de recherche pluridisciplinaire dédié à l’IA et aux données. son ambition ? « Créer un champion mondial, qui s’intéresse à toutes les implications de l’intelligence artificielle et des données pour la société », annonçait Peter todd, alors directeur de HeC. Pour conquérir l’IA, Hi ! Paris compte sur la complémentarité des deux institutions : il devrait s’intéresser tant aux aspects mathématiques qu’à ses applications business ou les biais algorithmiques. le coût de fonctionnement annuel est estimé à 50 millions d’euros. Une somme considérable, équivalente à 10 % du budget de chacun des établissements. Cinq entreprises mécènes soutiennent déjà le projet : l’oréal, Kering, total, rexel et Capgemini.
deux institutions, considère le directeur scientifique de Hi! Paris, Éric Moulines. HEC Paris nous apporte une ouverture sur certains domaines qui ne sont pas notre spécialité : l’éthique et le droit de l’IA ou son application dans le secteur de la finance. »
Le discours est le même du côté des Arts et métiers. Référence pour l’enseignement du génie industriel et mécanique, l’école fondée en 1780 s’est liée à plusieurs de ces consœurs pour insuffler un vent d’intelligence artificielle dans ses formations. Elle s’est notamment
101
les classements
texte Clément le foll
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
«les étudIants doIvent comprendre comment garder la maIn sur l’Ia» yann FerGUSon
rapprochée de Aivancity School. Fondée par l’ancien directeur général d’Emlyon business school, Tawhid Chtioui, cette école spécialisée de l’IA accueillera sa première promotion en septembre 2021. Pour Laurent Champaney, le directeur des Arts et métiers et vice-président de la Conférence des grandes écoles (CGE), l’enjeu de formation réside également dans le corps professoral. «Il faut que les enseignants comprennent les enjeux de l’IA. L’un des programmes de la CGE s’y emploie en assurant leur formation continue », indique-t-il.
S’associer pour mieux rayonner
L’État contribue également à faire bouger les lignes. Le plan national AI for humanity, lancé à la suite du rapport Villani, est doté d’un budget recherche de 300 millions d’euros. Il a permis la création des Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA). Situés à Paris, Toulouse (Haute-Garonne), Grenoble (Isère) et Nice (Alpes-Maritimes), ceux-ci regroupent écoles, instituts de recherche et industriels et mènent des recherches en IA. «Nous travaillons sur quatre axes prioritaires : l’intelligence artificielle fondamentale, l’IA au service de la médecine computationnelle, la biologie computationnelle et l’IA bioinspirée, et l’IA et les territoires intelligents et sécurisés », détaille JeanMarc Gambaudo, le directeur de 3IA Sophia Antipolis, où sont impliqués le CNRS, l’Inserm, les Mines Paris, Skema, Eurocom, Thales et Renault. Pour les écoles, s’associer est aussi une façon de rayonner dans un domaine hyperconcurrentiel. École d’ingénieurs située à Brest (Finistère), l’Ensta Bretagne a compris cette nécessité de se démarquer pour exister. Cette singularité, elle la puise dans son histoire, celle 102
D.r.
sociologue et enseignant à l’Institut catholique des arts et métiers (Icam) de toulouse
Faut-il forcément être ingénieur pour travailler dans l’IA ? non, et ça serait embêtant si c’était le cas ! Il y a des ingénieurs qui maîtrisent le deep ou le machine learning, mais qui sont perdus lorsqu’ils vont sur le terrain se confronter au métier pour lequel ils développent l’outil. si on laisse l’ingénieur seul, l’intelligence développée ne reflétera que sa vision du problème. Cela met fin à la pluralité. or, l’intelligence artificielle comporte des enjeux éthiques, de santé au travail et de sécurité. Il faut y associer des ergonomes, des philosophes et des sociologues.
d’une école sous tutelle du ministère des Armées, au fort accent maritime. «Nous collaborons avec d’autres écoles et avec les IUT de Brest, Lorient (Morbihan) et Vannes (Morbihan) sur l’IA dans le monde marin, notamment pour améliorer le pilotage de robots sousmarins », illustre Gilles Le Chenadec, enseignant-chercheur à l’Ensta, qui travaille sur le machine learning depuis près de dix ans. En complément de cet aspect recherche sur l’IA en milieu maritime, l’école forme ses étudiants via ses voies de
Les écoles ont-elles pris conscience de cet aspect? Il y a une prise de conscience des technologies clés, mais pas de l’impact global sur l’emploi. les écoles renforcent leurs enseignements en informatique, mais tout le monde ne va pas devenir codeur. l’IA pourrait interférer dans tous les métiers. Au-delà de l’appréhender techniquement, il faut que les étudiants comprennent comment garder la main avec ces techniques qui vont influencer leurs décisions.
Avez-vous un exemple concret? Imaginons une application qui doit générer, pour un grand producteur d’énergie, l’état de la consommation des français chaque heure pendant une journée. Pour ce faire, l’algorithme de l’application va faire une prédiction en analysant les données des jours et des mois passés. mais il ne va pas tenir compte du fait qu’un chantier peut modifier la consommation de tel ou tel secteur. C’est là où l’humain doit être compétent et savoir en quoi cette interférence affecte la prédiction de l’IA, afin de la corriger.
spécialisation «systèmes d’observation et intelligence artificielle» et «robotique autonome », qui complètent la formation généraliste des étudiants en deuxième et troisième années. Les élèves y sont sensibilisés à la conception et conduite de drones, systèmes sousmarins ou sonars. L’intelligence artificielle est partout, même au fond des océans. # Clément le Foll
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
Vos rendez-vous 2021 Les Cahiers
PUBLI PUBLI PIPUBLI SCO E SCOPIE SCOPIE Les cahiers
Les cahiers
| Publi-information
sommaire CMS AUTOMATISME
katy.boucher@infopro-digital.com
ISYBOT TENTE TMP COVAL
ATION ROBOTIQUE | AUTOM
ANNO
Réalisation : Archipresse - 01 43 20 10 49 / Photo : sondem©123rf.com
Réalisation :
- 01 43 20 10 49 / Photo:
iStock
SCHMALZ
3690 - Janv/Fév 27 février
V
sommaire
VI
WILLY A. BACHOFEN
VI
GAPE-CEMES BKTRONIC – ROBOTKABLE BMS INDUSTRIE BRAILLON MAGNETICS S ECM TECHNOLOGIE SOLISYS TECHNOLOGY MIRKA ISEN LILLE SECMA SAS FASTEMS PALFLEX OMRON
X
sommaire
XI
COVAL OPTIMACHINES TMP ANDRÉ LAURENT SAS ALPHA LASER GMBH HIC-ACIERS AFICA GNR INDUSTRIE SÉCURIGAZ DOUCHES AUGÉ MICROTECHNIC GROUP OMP FONDERIE 3D MÉTAL INDUSTRIE FONDERIE PRADEL BCI
XI
XII
XIII
XIII
XIV
XIV
XV
XVI
XVI
XVII
XVII
IV V
LAB SERVICE EQUITOX
VIII IX
XII
IV
BOUSSON RÉSINES BMS INDUSTRIE
VIII
LA CRISE CHANGE N TRANSFORMATIOLA DONNE NCÉE ROBSYTECH
THÈME
IV V
: 123RF
HYD & AU
ZIMMER ISP SYSTEM
PARUTION
IV
SEPRO VII | Sidérurgie | Chaudronnerie Métallurgie SERIMATEC SENSOPART
N°
| Publi-information | Avril 2020 |
- 01 43 20 10 49 / Photo
Pour communiquer dans le cahier qui vous intéresse, contactez : Katy Boucher - 01 77 92 93 71
Les cahiers
| Publi-information | Juin 2020 |
| Février 2020 |
Réalisation :
Publi scopie
CHIMIE | PHARM ACIE | COSMÉTIQUE
LA CHIMIE DANS SON ÉLÉMENT
Publi chimie 020420.indd
V VI
TOOL-TEMP
IV IV V V VI VII VIII VIII IX
X X XI XII XIII
COSMECTIC 360 CBK L’AIR SEC WATSON-MARLOW FLUID TECHNOLOGY GAPE-CEMES
VI VII VIII VIII IX
WATTOHM
IX
CAB TECHNOLOGIES MADSOFT MERIDIES PLASTURGIE
LESER
2M PROCESS PLASTIQUES VERCHERE
SOPHIM
TESTO FRANCE GAGGIONE ELECO PANACOL-EFD
X X XI XI XII XII XIII XIV XIV XV
1
19/02/2020 09:14:39
• Chimie – Pharma - Cosmétique - Médical - Santé • Télécommunications - Electronique - Equipement Électrique
3691 - Mars
5 mars
• Plasturgie – Matériaux Composites - Elastomères • Robotique - Automation
3692 - Avril
2 avril
• Logistique - Manutention - Stockage • Métallurgie – Sidérurgie – Chaudronnerie
3693 - Mai
30 avril
3694 - Juin
4 juin
• Prévention / Sécurité • Mécanique – Production • Aéronautique • Made In France
BOUCLAGE
28 décembre
2 février 21
2 mars
29 mars
114
3 mai
115
LES ENQUÊTES l’uSIne nOuVelle N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
DESSINE MOI UN AVION VERT L’avion vert a été propulsé en tête des priorités de la filière aéronautique. reste à concilier technologies de pointe, enjeux financiers et mise en œuvre d’infrastructures énergétiques.
D
essine-moi un avion vert ». En voilà un, 100% électrique. « Non, ses batteries ne sont pas assez performantes pour qu’il vole. » Alors voici une aile volante. « Pas assez stable. » Oui, mais comme ça, il peut stocker beaucoup d’hydrogène. «Qu’il faut refroidir comme dans une fusée… » Il serait tentant de dessiner une boîte renfermant cet avion vert, comme s’y résigne le narrateur du Petit Prince de Saint-Exupéry incapable de représenter un mouton satisfaisant. Car derrière l’expression simpliste se cache une complexe palette de technologies, dont l’industrie aéronautique va devoir s’emparer pour répondre à ses propres objectifs de réduction d’émissions de CO2 ainsi qu’aux injonctions politiques et sociétales. Qu’importe que le transport aérien ne représente qu’à peine 3 % des émissions totales. L’avion vert est devenu prioritaire. « Il n’y aura pas un avion vert, mais des avions verts, dans la mesure où les réponses technologiques diffèrent suivant les segments de l’aviation », nuance Philippe Beaumier, le directeur aéronautique de l’Office national d’études et de
116
recherches aérospatiales (Onera). S’esquisse en toile de fond une modification progressive du modèle économique de l’aviation. « La tendance aux appareils toujours plus gros, tels que l’Airbus A380 et le Boeing 747, a fait long feu, analyse Jérôme Bouchard, associé au sein du cabinet Oliver Wyman. Le segment des avions de 20 à 100 places pourrait se développer en offrant des vols de courte distance plus faciles à décarboner.» Les industriels, touchés par la crise liée à la pandémie, vont devoir trouver les bons équilibres technologiques et financiers. Seules certitudes: l’avion sera d’autant plus vert qu’il sera frugal et ultra-connecté, placé au cœur d’infrastructures de communication terrestre et spatiale et de réseaux de distribution d’énergie performants. Voilà, ébauché en huit traits de plume, à quoi il pourrait ressembler…#
Le ttBW (transonic trussbraced wing) de Boeing,
conçu en partenariat avec la Nasa, est un concept d’ailes haubanées transsoniques.
teXte OLIVIER JAMES
Des étudiants plus sensibles à l’environnement
Il eMplOIera DeS MatérIauX pluS légerS
beinG CreATiVe serViCes iLLusTrATiOn ; sHuTTersTOCK
L’avion vert pourrait faire la part belle à une nouvelle génération de matériaux. «Les composites dits thermoplastiques devraient gagner du terrain dans les prochaines années face aux composites thermodurcissables, jusque-là majoritaires », prévoit Pascal Laguerre, le directeur de la technologie de Daher. Si leurs résines coûtent encore trois fois plus cher, les thermoplastiques cumulent les bénéfices : allégement accru, meilleure capacité à supporter les fortes cadences, soudage possible par induction permettant
Priorité des industriels, l’avion vert devient une préoccupation majeure des étudiants. « Lorsque j’étais étudiant ingénieur, il y a une trentaine d’années, on pensait surtout à faire des avions plus rapides, plus performants, témoigne Jean-Marc Moschetta, professeur d’aérodynamique au sein de l’école aéronautique Isae-Supaero. La sensibilité environnementale des étudiants ingénieurs devient de plus en plus forte depuis plusieurs années.» Pour preuve, l’apparition de deux mouvements, SupAero for earth et SupAero-Decarbo, prônant une aviation décarbonée
et qui regrouperaient environ 200 personnes. Alors que certains étudiants seraient prêts à se diriger vers le ferroviaire, d’autres lorgneraient les métiers du bilan carbone et du conseil. « La crise sanitaire liée au Covid-19 a amplifié le phénomène, remettant aussi en cause le modèle économique du secteur aérien et de l’industrie aéronautique », souligne l’enseignant. D’où l’attrait, pour certains étudiants, du concept de low tech, valorisant l’existant pour innover. Depuis plusieurs années, les formations de l’Isae-SupAero ont commencé à prendre ce virage. Des
de se passer des rivets et haut niveau de recyclabilité. Et pourquoi ne pas leur associer des fibres naturelles, comme le lin et le chanvre, pour des pièces d’aménagement de la cabine? Autre piste : la réduction du poids du câblage, équivalent à celui de 10 à 50 passagers. «Le poids du câblage dédié à la transmission de données pourrait être divisé par dix avec la fibre optique, en remplacement des actuels câbles contenant du cuivre», assure Serge Bérenger, le directeur de l’innovation et de la recherche et technologie (R&T) de Latécoère. De quoi se passer des grillages métalliques, présents dans les structures d’avion, destinés à protéger les systèmes contre les perturbations électromagnétiques, la fibre optique n’y étant pas sensible. Quant à la composition des sièges 50% plus légers du français Expliseat, en fibres de carbone et en titane, elle pourrait faire fureur dans les futurs appareils.
SeS traJectOIreS De VOl SerOnt OptIMISéeS
L’un des leviers que devra mieux exploiter l’avion zéro émission est l’optimisation des trajectoires, qui pourrait réduire de plus de 10% la consommation de carburant. L’avion vert évitera les embouteillages,
modules sur la transition énergétique, la climatologie et la low tech en première année, un autre sur les enjeux environnementaux en deuxième année, un certificat aéronautique et environnement en troisième année... « Il faut reconnaître que le contenu va devoir davantage prendre en compte les besoins de l’industrie en la matière, en particulier concernant les nouvelles sources d’énergie », reconnaît Jean-Marc Moschetta. Une évolution de la formation qui pourrait par ailleurs relancer l’attractivité du secteur chez les jeunes.
jouera avec les vents favorables. Le vol dit 4D, prenant en compte ces informations en temps réel, a été expérimenté par Airbus et Boeing. Son déploiement à grande échelle passera par une collaboration –et une modernisation– accrue des infrastructures de contrôle aérien dans le monde entier. Comment aller un cran plus loin ? «Plutôt que de réduire l’utilisation des systèmes de gestion de vol à la diminution des coûts d’exploitation, il vaudrait mieux les employer à limiter l’impact écologique global des vols au-delà des émissions de CO2 », suggère Bruno Nouzille, le directeur technique de l’activité avionique de Thales. Un exemple: sachant que les traînées de condensation des avions pourraient avoir le même effet de réchauffement que les émissions de CO2 attribuées au transport aérien, les appareils éviteraient les zones favorables à leur formation. En outre, «des technologies comme le big data et l’intelligence artificielle aideraient à définir en permanence la meilleure trajectoire de chaque avion en prenant en compte les contraintes des autres appareils, de la météo et des couloirs de navigation », imagine Jean Ferré, le directeur et vice-président de l’activité contrôle du trafic aérien de Thales. Les avions verts seront ultra-connectés, communiqueront entre eux et avec leur environnement. 117
LES ENQUÊTES l’uSIne nOuVelle N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Le secteur aéronautique n’a pas attendu la récente pression sociétale et politique pour s’efforcer de réduire son impact CO2. La raison en est simple : l’objectif va de pair avec l’obsession des compagnies aériennes de réduire leur consommation de carburant, qui pèse environ un tiers de leur coût d’exploitation. Dès 2008, dans la foulée de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, le secteur aérien s’engage à diviser par deux ses émissions de CO2 en 2050, par rapport à 2005. Alors même que le trafic double environ tous les quinze ans. Pour y parvenir, le secteur doit atteindre la neutralité carbone durant la période 2020-2035, misant sur le renouvellement des flottes, sur les technologies, mais aussi sur le système de compensation Corsia, piloté par l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci), via le financement de projets de type reforestation. À partir de 2035, les carburants alternatifs et autres solutions de rupture, comme l’hydrogène, devront prendre le relais...
Le projet Dragon de l’onera
repose sur une propulsion électrique distribuée pour un avion de ligne de 150 passagers.
UNE FEUILLE DE ROUTE
AMBITIEUSE
Il Sera équIpé De MOteurS ultra-effIcaceS
L’avion vert mettra fin à une tendance atteignant ses limites, l’augmentation de la taille des moteurs thermiques dans le but d’améliorer leur taux de dilution, le rapport entre la masse d’air du flux froid et celle du flux chaud. La traînée des nacelles plus volumineuses devient contreproductive. Les nouvelles architectures en vue ? L’open rotor de Safran, un moteur à double hélice contrarotative non carénée. «Grâce à la suppression du carénage, la masse est fortement réduite, ce qui permet d’augmenter le taux de dilution, avec un gain qui peut aller jusqu’à 20%», soutient Stéphane Cueille, le directeur R&T et innovation de Safran. Le motoriste a réalisé un démonstrateur à échelle 1 dans le cadre du programme européen Clean Sky, testé en 2017, démontrant qu’il ne générait pas plus de bruit que le moteur Leap actuel. Le groupe évoque l’horizon 2030 pour son éventuelle mise en service. Autre voie, privilégiée par Rolls-Royce : l’UltraFan, un moteur de type UHBR (ultra-high bypass ratio), dont 118
c’est le nouveau design d’avion à hydrogène,
dévoilé fin 2020 par Airbus. Il possède six nacelles, chacune équipée de huit hélices et alimentée par une pile à combustible.
on a enlevé la troisième turbine pour la remplacer par une boîte de transmission. Reste que le motoriste britannique vient de geler ce programme, censé offrir une réduction des émissions de CO2 de 10% par rapport au Trent XWB qui équipe l’A350. Pensé pour les longcourriers, en perte de vitesse, sera-t-il adopté par les court et moyen-courriers ? L’étape suivante sera sans conteste fondée sur une propulsion distribuée, autrement dit sur la mise en œuvre d’une multitude de moteurs, modifiant l’architecture même des avions…
SOn arcHItecture caSSera leS cODeS actuelS
Fini l’architecture reposant sur la jonction entre un fuselage et une voilure ! L’aile volante, combinant d’un seul tenant fuselage, voilure et empennage, est l’exemple le plus frappant de ce à quoi pourraient ressembler les avions plus écolos. Un concept datant des années 1950, avec le Northrop YB-49, de nouveau dans le vent. «L’aile volante constitue l’architecture la plus intéressante pour un avion à hydrogène, en raison de ses capacités de stockage, atteste Glenn Llewellyn, le vice-président avion zéro émission d’Airbus. Ce type d’appareil peut en outre avoir une empreinte au sol identique à celle des avions traditionnels, n’impliquant pas forcément de modification des infrastructures des aéroports.» Ses défauts de stabilité soulignés par certains experts pourraient être compensés par une propulsion distribuée et une autonomisation accrue du pilotage. Autre
dessine-moi un avion vert
L’aile volante
Airbus ; OnerA ; D.r.
présente l’avantage d’offrir un grand espace de stockage de l’hydrogène, raison pour laquelle Airbus met en avant cette architecture.
cet avion régional de 70 places,
scénario étudié par Airbus et Safran : une configuration de type BLI (pour boundary layer ingestion), autrement dit des moteurs intégrés contre le fuselage. L’ingestion de la couche d’air plus lente qui s’écoule contre le fuselage améliorerait le rendement propulsif. « L’écoulement en entrée du moteur devenant non stationnaire, cela peut avoir des conséquences sur les vibrations de la soufflante et le rendement du moteur », anticipe Philippe Beaumier, de l’Onera. À moins que le concept alternatif de Boeing ne fasse florès… « Dans le cadre d’un partenariat avec la Nasa, nous avons récemment concentré nos efforts sur le concept d’ailes haubanées transsoniques TTBW [pour transonic truss-brac wing, ndlr], une voilure à très fort allongement qui permet d’augmenter l’efficience aérodynamique », s’enthousiasme Sean Newsum, le directeur de la stratégie environnementale de Boeing.
Il fera appel à l’énergIe électrIque
Si l’électrique est au cœur de la révolution énergétique automobile, l’avion vert n’en fera usage qu’avec parcimonie. En cause ? La trop faible densité énergétique des batteries pour les besoins propulsifs des avions. Reste qu’avion zéro émission rimera bien avec hybridation. L’électrification, via des batteries ou des piles à combustible, gagnera les avions pour fournir un coup de pouce aux moteurs ou pour les besoins secondaires. « L’électrification partielle sera sans doute un levier pour les vols de moins de 1 000 kilomètres, espère Stéphane Cueille, de Safran. Or ces vols ne représentent que près de 20 % des émissions de CO2.» La multiplication des projets d’avions hybrides ces dernières années sert de terrain d’expérimentation aux futurs appareils, à l’image d’EcoPulse, lancé par Daher, Safran et Airbus, et du projet Dragon de l’Onera avec une propulsion
imaginé par le cabinet d’ingénierie britannique Electric Aviation Group (EAG), met en œuvre une propulsion hybride électrique.
distribuée. L’électrification réduirait la consommation de kérosène entre 20 et 40 %. Pour lui faire bonne place, l’avion vert devra résoudre des contraintes physiques liées aux grandes puissances utilisées et à des tensions de plusieurs milliers de volts, avec pour conséquence des phénomènes d’échauffement, d’ionisation de l’air et d’arc électrique. «Le recours à la supraconductivité pour le transport de l’énergie électrique limiterait très fortement la tension en accroissant les courants », avance Serge Bérenger, de Latécoère. D’où l’idée de câbles supraconducteurs contenant un gainage d’azote liquide, refroidi avec un système cryogénique de faible puissance. 119
LES ENQUÊTES l’uSIne nOuVelle N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Le Flying-v de la compagnie aérienne KLm,
développé avec l’université de Delft (Pays-Bas), détonne. Une maquette a pourtant déjà été testée avec succès.
Il cOnSOMMera DeS BIOcarBurantS…
la consommation du transport aérien, le cadre est là: sept filières sont certifiées, la plupart définies avec un taux maximal de 50%. L’avion vert pourrait-il voler à 100% grâce à la biomasse? «Il faut s’assurer que les carburants durables brûlent comme le kérosène, signale Nicolas Jeuland, l’expert carburant de Safran. Or certains peuvent avoir une moins bonne évaporation et causer des problèmes d’allumage des moteurs. » Autre point de vigilance, les biocarburants, contrairement au kérosène, ne contiennent pas d’aromatiques, qui participent au gonflement des joints et assurent la bonne étanchéité du circuit carburant.
À défaut de pouvoir compter sur l’énergie électrique, l’avion vert pourrait s’adosser à celle issue de la biomasse. «Les biocarburants constituent le principal levier à notre disposition, admet Sean Newsum, de Boeing. Ils nous permettraient de bénéficier dans de brefs délais d’avantages importants.» Il faut dire que la substitution d’une tonne de kérosène par une tonne de biocarburants pourrait réduire jusqu’à 80% des émissions de CO2 sur la base du cycle de vie complet du carburant. S’ils ne représentent que 0,01 % de
LES SOURCES D’ÉNERGIE AU BANC
D’où des travaux nécessaires pour mettre au point de nouveaux types d’élastomères. Mais la limite à l’usage massif des carburants alternatifs est ailleurs. Entre trois et dix fois plus chers que le kérosène, ils doivent être accompagnés de mesures de soutien, à l’échelle européenne ou mondiale, pour éviter la distorsion de concurrence entre compagnies aériennes. Leur déploiement viendra aussi de la somme d’actions locales visant à favoriser des infrastructures de production et de distribution.
D’ESSAI
Simulation des impacts pour les vols Paris-Toulouse sur une année Situation 2018, avec 3,2 millions de passagers, comparaison sur la base d’un A 319neo Émissions de CO2 , en kt
KÉROSÈNE
Poids total du dispositif (énergie et réservoir), en tonnes
CARBURANTS DURABLES
Quantité d’énergie nécessaire à leur production, en GWh
HYDROGÈNE LIQUIDE
250 kt
HYDROGÈNE GAZEUX
ÉLECTRICITÉ 60 t
1 900 GWh 1450 GWh 125 kt
23,1 t
690 GWh
690 GWh 3,1 t
3,5 t
Le roi pétrole est encore loin d’être détrôné dans l’aérien. Avec une densité énergétique de 11,9 KWh/kg et un rendement du système propulsif de 35%, selon le cabinet Step Consulting, cette énergie fossile restera encore longtemps la moins encombrante et la plus économique. En se fondant sur un prix de 1 euro par litre à la pompe, une année de vols Paris-Toulouse en 2018 a représenté 72 millions d’euros. Imbattable.
Avec des performances équivalentes au kérosène, les carburants issus de la biomasse pourraient réduire rapidement les émissions de CO2 du secteur. Reste à déployer des filières de production industrielle et à mettre en place des politiques de soutien, leur prix étant au moins trois fois plus élevé aujourd’hui que celui des carburants cloassiques.
27 kt
12,1 t
21 kt
625 GWh
Toulouse
12 kt
120
Avec une densité énergétique trois fois supérieure à celle du kérosène, l’hydrogène a de quoi séduire. Sous réserve de disposer des infrastructures de production et de distribution nécessaires, encore à bâtir, au niveau des aéroports. Sans parler de la certification de réservoirs cryogéniques à -253°C, à quelques mètres des passagers.
Tout aussi performant que sous forme liquide, l’hydrogène gazeux est moins énergivore à produire, donc un peu plus écologique. Il pêche en revanche par son encombrement. Le dispositif complet de stockage à bord dépasserait les 22 tonnes pour un monocouloir effectuant un vol Paris-Toulouse...
L’avion de plus de 100 places 100% électrique n’est pas pour demain. En cause, la bien trop faible densité énergétique des batteries (environ 0,25 KWh/kg) nécessiterait plus de 60 tonnes de batteries pour un avion qui pèse 75 tonnes. L’énergie électrique pourrait en revanche servir de coup de pouce aux moteurs thermiques ou aux besoins secondaires de l’avion.
SOURCE : STEP CONSULTING
Paris
dessine-moi un avion vert
Tu DeLF T
L’avion vert sera-t-il capable de consommer le CO2 présent dans l’atmosphère? Et pourquoi pas? Derrière cette possibilité, encore lointaine, un procédé presque centenaire, dénommé Fischer-Tropsch. Il consiste à combiner de l’hydrogène et du CO2 pour reconstituer des chaînes carbonées proches de celles du kérosène. L’enjeu, pour rendre le cycle vertueux, est à la fois d’assurer une production d’hydrogène vert par électrolyse décarbonée, via les énergies renouvelables ou le nucléaire, et de capter du CO2 à grande échelle, atmosphérique ou issu de fumées industrielles. Quant au procédé Fischer-Tropsch, il est déjà certifié pour l’aviation et autorise un taux d’incorporation de 50% dans les moteurs conventionnels. «Les carburants synthétiques auraient l’avantage de pouvoir valoriser l’hydrogène dans les avions existants, y compris dans les long-courriers, souligne Glenn Llewellyn, d’Airbus. Ils ne souffrent pas des limites que connaissent les biocarburants en termes d’approvisionnement. Reste que leur bilan économique n’est pas encore évident.» D’autant que certaines briques technologiques, notamment la captation de CO2, ne sont pas assez matures. Sur ce sujet, rapporte le cabinet Oliver Wyman, deux sociétés se distinguent, l’allemand Sunfire et l’américain Lanzatech. Encore peu médiatisés, ces carburants pourraient assurer la jonction entre les biocarburants et l’hydrogène.
É. DROUIN / SAFRAN
… Ou BIen DeS carBurantS De SYntHÈSe
L’open rotor de Safran,
Il VOlera grÂce à l’HYDrOgÈne
C’est l’horizon du transport aérien, impulsé par Airbus en septembre dernier : développer un avion 100% hydrogène d’ici à 2035. « Cette source d’énergie a le plus grand potentiel pour réduire l’impact climatique du transport aérien car elle ne réduira pas seulement les effets liés au CO2 », fait savoir Glenn Llewellyn, d’Airbus. Les émissions de NOx et les traînées de condensation seraient moindres. C’est face au constat des faibles progrès des batteries électriques qu’Airbus s’est penché sérieusement sur l’hydrogène, dès 2018. L’avionneur européen a lancé trois projets parallèles le temps de la phase exploratoire, comprenant la combustion directe de l’hydrogène dans les turbines et l’utilisation de pile à combustible pour les besoins en énergie non propulsive. De nombreux obstacles restent à franchir, comme ceux de l’encombrement, l’hydrogène étant quatre fois plus volumineux, et du maintien à une température de -253°C pour assurer son stockage, imposant l’usage d’un système cryogénique. «Cela nécessite d’adapter le moteur, mais aussi tout le circuit carburant, qui sera plus complexe, pour assurer la gestion de l’hydrogène dans le réservoir sous forme liquide, puis le vaporiser et le comprimer avant de l’injecter dans le moteur », détaille
un moteur à double hélice contrarotative non carénée, pourrait équiper de futurs avions. Et offrir 20 % de réduction de consommation de carburant.
Stéphane Cueille, de Safran. Ce qui s’apparente à ce qui est mis en œuvre dans le lanceur spatial Ariane. Et conduit à d’importants enjeux de démonstration de sécurité pour la certification. L’emploi de l’hydrogène suppose aussi une infrastructure de production verte et de distribution, qui pourrait s’appuyer sur le déploiement du transport routier. «Un très petit avion alimenté par une pile à combustible à hydrogène existe, nous l’avons réalisé, lance Sean Newsum, de Boeing. Mais peut-on réaliser un avion de ligne motorisé par un système de propulsion à hydrogène?» L’avion vert promet de déplacer en partie le duel Airbus-Boeing sur le terrain énergétique… # OLIVIER JAMES
121
les enquêtes l’usine nouvelle n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
Stratégie
Les cinq Travaux de Tavares à La TêTe de stellantis
Féru de compétition, carlos tavares,
le nouveau patron de Stellantis, ici aux 24 Heures du Nüburgring en 2020, sait faire preuve de pugnacité.
s’allier dans
l’automobile une opération complexe L’ogre volkswagen
Un groupe né d’une frénésie d’acquisitions. En 1964, Volkswagen rachète l’usine d’Ingolstadt et ressuscite la marque Audi. En 1986, le constructeur prend 51 % de participation dans Seat – dont il finit par acquérir la quasi-totalité du capital. Au début de la décennie suivante, le tchèque Skoda connaît le même destin. Un portefeuille 122
Les multiples fusions de volvo
que l’entreprise complète en 1998 par l’acquisition de trois emblèmes du luxe européen : Bentley, Bugatti et Lamborghini, rattaché à Audi. Grâce à ses 13 marques, le groupe Volkswagen a frôlé les 11 millions de véhicules vendus dans le monde en 2019.
France, États-Unis, Chine... En deux décennies, Volvo multiplie les tentatives d’alliances. En 1993, le projet de fusion avec Renault est présenté. Mais l’initiative tourne court, sous la pression des actionnaires suédois, qui craignent que ce mariage soit une manœuvre de l’État français pour faire main basse sur Volvo. C’est finalement
auprès de Ford que la marque suédoise trouve un allié en 1999. Dix ans plus tard, Volvo est cédé à Geely pour 1,8 milliard de dollars. Une aubaine pour le groupe chinois, qui s’offre une entrée sur le marché européen et un savoir-faire précieux dans le premium.
teXte juLie THOiN-BOuSQuié
Le mariage entre PSA et l’italo-américain Fiat Chrysler a donné le jour au quatrième groupe automobile mondial. De nombreux chantiers attendent les dirigeants pour faire de cette fusion un succès.
jOAO FiLiPe / DPPi
U
ne opération historique. En fusionnant, les groupes PSA et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) ont donné naissance à Stellantis, quatrième constructeur mondial en volume (8 millions de voitures vendues en 2019) et troisième en termes de chiffre d’affaires (167 milliards d’euros), au coude-à-coude avec les géants Volkswagen, Toyota et l’Alliance RenaultNissan-Mitsubishi. Un projet ardemment défendu par Carlos Tavares, qui prend la direction générale de la nouvelle entité, tandis que l’ancien président de FCA, John Elkann, conserve ce poste à l’échelle de Stellantis. Un chantier plus délicat que le redressement de la marque Opel en 2017 attend Carlos Tavares: une fusion à 50-50, le tout en période de crise. Garantie de l’équilibre entre les parties, maintien des capacités d’investissement, intégration de cultures différentes et, bien sûr, chantiers variés sur le plan industriel... Les défis seront nombreux pour assurer le succès de ce mariage express, concrétisé un an après son annonce.
1
restructurer l’outil industriel
2
relancer la marque Fiat
C’est un dossier à haut risque. Fin 2019, PSA et FCA ont prévenu que les 3,7 milliards d’euros d’économies attendus grâce à la fusion se feraient sans fermetures d’usines, mais grâce aux achats et à la mise en commun des platesformes et des technologies. Un engagement qui n’exclut pas pour autant des réductions d’effectifs. Problème : avant le début de la crise, certains sites de production affichaient des taux d’utilisation faibles. Notamment en Europe, et souvent chez FCA, dont les usines ont tourné en moyenne à 60 % de leurs capacités en 2019, contre 80% pour PSA, selon les calculs d’Inovev. Avec un triste record pour Mirafiori (Italie), où seulement 10 % des capacités ont été utilisées en 2019, avant l’arrivée de la Fiat 500 électrique. «Des réajustements sont à prévoir. Cela peut passer par des transferts de production d’un site à l’autre ou par une diminution du nombre d’équipes », estime Jamel Taganza, analyste chez Inovev. Des coupes dans les effectifs qui risquent d’être plus sévères si les ventes de voitures ne repartent pas en Europe. Les effectifs de R&D pourraient aussi être concernés, en cas de doublons. « Nous serons attentifs à l’impact de la fusion sur les implantations industrielles et les forces de R & D en France », indique Anh-Quan Nguyen, délégué central CFE-CGC chez PSA, tout en estimant que « la crise actuelle confirme encore plus l’intérêt de ce projet ». Parmi les 14 marques de Stellantis, il y aura des poids lourds, comme Peugeot en Europe, des pépites comme la marque de pick-up RAM aux États-Unis et… des monuments en péril. Lancia n’opère plus qu’avec un seul modèle, l’Ypsilon, et seulement en Italie. Cruelle ironie, elle a pourtant vendu plus de voitures en Europe en 2019 qu’Alfa Romeo. Toujours sur le Vieux Continent, une autre marque connaît des difficultés: Fiat. Sa part de marché dans la région s’est repliée à 4,2 % en 2019 – contre 7,2 % en 2001. « La gamme de Fiat s’est délitée ces vingt dernières années. Elle est incomplète, avec des modèles vieillissants », relève JeanMichel Prillieux, le directeur du marché auto chez Inovev. Un renouvellement en profondeur, qui repose sur les plates-
Le mariage raté de Daimler
La difficile alliance entre
Les amours nord-américaines de Fiat
et chrysler
renault et nissan
Fin des années 1990. En difficulté, Fiat cherche un partenaire. En 2000, General Motors acquiert 20 % de la branche automobile de l’italien. Pour ne pas avoir à honorer l’option de vente, par laquelle il s’engageait à reprendre l’ensemble du capital de son allié, GM met fin au rapprochement en 2005. Fiat ne renonce pas pour autant à
Un mariage en grande pompe... et une séparation fracassante. En 1998, Daimler-Benz s’unit à Chrysler. L’idylle est de courte durée. Dès 2001, la partie nord-américaine sombre dans la crise. Ce n’est qu’au prix de 26 000 licenciements et des réductions de coûts drastiques que Chrysler sort la tête de l’eau en 2004. Mais pour
un temps seulement. Assommée par la concurrence asiatique aux États-Unis, la marque américaine s’effondre à nouveau. C’en est trop pour Daimler. En 2007, l’allemand cède les 80,1 % de Chrysler au fonds d’investissement Cerberus pour 5,5 milliards d’euros.
Un modèle unique. En acquérant 36,8 % du capital de Nissan, au bord de la faillite en 1999, Renault ouvre la voie à une alliance inédite. Depuis, le français détient 43 % de son homologue japonais, qui possède de son côté 15 % du capital du groupe au losange. Nissan détient aussi 34 % de Mitsubishi. Mais ce
partenariat n’a rien d’un long fleuve tranquille. En 2018, l’arrestation de Carlos Ghosn a fait tanguer l’Alliance. L’arrivée de nouveaux dirigeants a depuis permis d’entamer un dégel des relations. Reste à concrétiser le nouveau système d’organisation, fondé sur une logique de « décideur-suiveur ».
son aventure nordaméricaine. En 2009, son directeur général, Sergio Marchionne, fait le pari de racheter 20 % de... Chrysler, qui s’est déclaré en faillite. En 2014, Fiat reprend la totalité de son partenaire. Le nouvel ensemble devient Fiat Chrysler Automobiles (FCA).
123
lesPSA-FCA, enquêtes UN GROUPE À DIMENSION MONDIALE l’usine nouvelle n°XXXX § XXXXXXXXXXXXX
Données 2019, sauf pour les groupes japonais dont l’exercice fiscal court du 1er avril 2019 au 31 mars 2020
Groupe Volkswagen
Toyota
Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
Stellantis
la Chine, maillon faible de stellantis
4,2
Ventes de véhicules légers (hors poids lourds) dans les trois principaux marchés automobiles mondiaux, en millions d’unités 1,9
1,6
0,2 CHINE
4,4 2,8
4,2 3,4
2,5 1,8 0,95
1
AMÉRIQUE DU NORD EUROPE (DONT RUSSIE)
une place à consolider dans l’électrique Ventes selon le type de motorisation et part de marché (en %), en 2019 Électrique
un portefeuille de marques très étoffé Marques et positionnement Entrée de gamme
147 000 (1,6 %) 67 000 (0,6 %) 7 700 (0,1 %) 0 (0 %)
Hybride 1 800 000 (18 %) 140 000 (1,6 %) 35 000 (0,4 %) 2 100 (0,02 %)
Hybride rechargeable 66 000 (0,6 %) 57 000 (0,6 %) 48 000 (0,5 %) 7 800 (0,1 %)
124
DACIA
• Groupe PSA
• Groupe FCA
Généraliste
Premium
Luxe
SEAT (CUPRA) SKODA VOLKSWAGEN
AUDI PORSCHE
BENTLEY BUGATTI LAMBORGHINI
DAIHATSU TOYOTA
LEXUS
DATSUN LADA MITSUBISHI NISSAN RENAULT RENAULT SAMSUNG MOTORS
ALPINE INFINITI
• CITROËN • CHRYSLER • DODGE • FIAT (ABARTH) • JEEP • OPEL-VAUXHALL • PEUGEOT
• ALFA ROMEO • DS • LANCIA
Poids lourds Deuxet pick-up roues MAN SCANIA HINO
• MASERATI
• RAM TRUCKS
DUCATI
un nouveau poids lourd de l’auto Chiffre d’affaires, en milliards d’euros
OLiVieR Le DiSCOT / L’uN & L’AuTRe
LES CINQ TRAVAUX DE TAVARES À LA TÊTE DE STELLANTIS
253 247 108
FCA 80
167
59
3
PSA 56
18
154
Nissan Renault Mitsubishi
Ventes de véhicules légers neufs, en millions d’unités 10,7 10,5 4,9
3,8
Nissan
1,1
9,8
Renault Mitsubishi
4,6
3,5
FCA
PSA
8,1
Marge opérationnelle, en % 8,5 %
PSA
6,2 %
FCA
8,2 % 7,6 % 4,8 %
Renault
0,6 %
Nissan
Nombre de salariés 671 000 360 000 348 000
Renault Nissan 192 000
FCA
32 000 Mitsubishi
306 000 114 000
PSA
SOuRCeS : CONSTRuCTeuRS ; L’uSiNe NOuVeLLe ; jATO DYNAMiCS
Mitsubishi - 0,4 %
180 000 136 000
formes PSA, attend la marque turinoise, à l’image du travail réalisé chez Opel. À long terme, il faudra également positionner Opel, Citroën, Peugeot et Fiat pour éviter les cannibalisations entre ces quatre généralistes. En 2019, Carlos Tavares avait concédé qu’un des enjeux de Stellantis serait de «bien gérer [la] complémentarité » entre ses multiples marques. Et d’assurer ne pas voir la « nécessité [d’en] supprimer» une. Reste à voir si cette promesse pourra être maintenue en temps de crise.
accélérer dans l’électrique
C’est le sujet majeur pour les groupes positionnés en Europe et en Chine… mais sur lequel FCA est à la peine: l’électrique. En 2019, le groupe a racheté des crédits CO2 à Tesla en prévision du passage au seuil de 95 grammes d’émission de carbone par voiture et kilomètre fixé en Europe. «Fiat a parié sur le gaz naturel. Mais ce choix a mis le groupe en retard dans l’électrique», juge Giovanni Balcet, professeur d’économie à l’université de Turin. FCA tente depuis de se rattraper avec de nouveaux modèles, comme la Fiat 500 à batterie. L’accès aux plates-formes et moteurs de PSA lui offrira toutefois un moyen sûr d’accélérer la cadence. Mais l’apport technologique du français suffira-t-il à maintenir Stellantis dans la course ? « PSA a fait le choix de la prudence en optant pour des plates-formes modulaires [pour produire des modèles aussi bien électriques que thermiques, ndlr]. Cela lui a permis de conserver des capacités d’investissement. Comme Volkswagen et Renault, Stellantis pourrait finir par basculer sur des bases dédiées », estime Justin Cox, expert du cabinet LMC Automotive. Plus onéreuses, ces solutions permettent d’optimiser l’espace dans l’habitacle et l’autonomie des voitures électriques. Des atouts face à une concurrence croissante. Mais PSA a déjà annoncé que sa future plate-forme modulaire eVMP, disponible en 2023, offrirait une autonomie allant jusqu’à 650 kilomètres… En phase avec le reste de l’industrie.
4
S’imposer dans le premium
Il suscite les convoitises. Avec raison: le premium représente 10 % des ventes mondiales, mais plus de 40 % des profits, selon McKinsey. Stellantis possède plus d’un atout dans ce domaine, avec Alfa Romeo, Maserati –plus proche du luxe–, Lancia en Italie, et DS. Un portefeuille à dynamiser. Malgré des noms prestigieux, le nouveau
groupe affiche un taux de «pénétration décevant dans le premium», selon LMC Automotive. En 2019, ses quatre marques ont totalisé un peu plus de 150000 ventes en Europe, d’après l’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea). Les champions Audi, BMW et Mercedes ont vendu à eux seuls 700 000 à 900 000 voitures particulières dans la région. Parmi les futurs défis de Stellantis: la relance d’Alfa Romeo. «Malgré les investissements, les efforts n’ont pas été assez constants pour porter leurs fruits », déplore Felipe Munoz, analyste chez Jato Dynamics. Comme DS, il faudra aussi booster ses ventes sur le premier marché mondial. «Toute marque premium se doit d’avoir une bonne position en Chine», souligne Felipe Munoz. Et électrifier Alfa Romeo, à l’instar du chantier ouvert en 2020 pour Maserati. Grâce à une gamme renouvelée, la marque au Trident espère atteindre 75 000 à 100 000 ventes vers 2025, une marge de 15% en 2023, et renouer avec la rentabilité dès cette année.
5
Conquérir le marché chinois
Complémentaires en Europe et en Amérique du Nord, mais toujours aussi faibles en Chine. La fusion ne réglera pas le casse-tête chinois auquel sont confrontés PSA et FCA. Même cumulées, leurs ventes n’ont atteint que 200000 unités sur place… Moins de 1% des 25,8 millions de véhicules légers neufs écoulés en 2019 sur le premier marché mondial. Face à un tel résultat, le directeur financier de PSA, Philippe de Rovira, a concédé, fin 2020, qu’il n’était «pas raisonnable» de continuer «avec autant de marques, de plates-formes et de gammes de véhicules » dans le pays. Si la présence de FCA en Chine tient surtout à Jeep, «côté PSA, la question du maintien des trois marques Peugeot, DS et Citroën risque de se poser», considère Bernard Jullien, maître de conférences à l’université de Bordeaux. Par ailleurs, la restructuration des activités devrait se poursuivre. PSA travaille ainsi à la remise à plat de sa coentreprise avec le chinois Dongfeng. Le groupe veut réduire son point mort en Chine – le seuil à partir duquel l’activité est rentable– à 150000 voitures cette année. Et espère atteindre 400 000 ventes à l’horizon 2025. Loin de l’objectif d’un million de voitures par an que le groupe français s’était fixé en Chine dès 2018. Les efforts conjugués de PSA et FCA au sein de Stellantis permettront peut-être enfin d’y parvenir. # JULie tHOiN-BOUSQUié 125
les enquêtes
texte LAurent rouSSeLLe
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-féVRIER 2021
Conditionnement
Les robots collaboratifs permettent aux entreprises de l’emballage d’automatiser leurs opérations à faible valeur ajoutée. À condition de ne pas se tromper d’objectif.
Cobots, des bras en plus pour emballer
C
ommercialisée depuis une quinzaine d’années, la cobotique se distingue, sur le marché de la robotique, par une promesse : mettre l’automatisation à la portée de tous. Bien que minoritaires en volume (sur 377 000 robots industriels installés dans le monde, 18 000 cobots ont été vendus en 2019, selon Jacques Dupenloup, le directeur commercial France et Benelux du roboticien suisse Staübli), ces robots collaboratifs gagnent du terrain. «Les tâches réalisées habituellement à la main sont dans les cordes du cobot», résume Adrien Poinssot, le directeur commercial France d’Universal Robots (UR). Il constate « un engouement des entreprises de l’emballage et du conditionnement pour la cobotique ». La palettisation est montée dans le top 3 des applications des cobots du fabricant danois, qui a démocratisé ces bras polyarticulés et accapare plus de 50 % du marché. Chez Omron, dont le premier modèle a été dévoilé en 2018, neuf cobots sur dix sont destinés à l’emballage. À l’été 2020, ils représentaient plus de 15% des ventes, le reste étant réalisé par les robots. «Les cobots sont rapides à installer, faciles à programmer et permettent d’ajuster au mieux les opérations entre le robot et l’individu », explique Adrien Poinssot. Déjà utilisés dans l’automobile et l’électronique, ils se révèlent particulièrement adaptés aux tâches de pick and place, d’encaissage et de palettisation. À l’ère des séries courtes et différenciées, ce robot collaboratif promet souplesse et compétitivité,
D.r.
Jean-François Leroux, directeur du site Sofresco de Fresnoy-le-Grand (Aisne)
«Nous n’étions pas en quête de cadences élevées, mais d’une solution flexible de fin de ligne pour gérer les petites et moyennes séries. » 126
deux impératifs renforcés par la crise du Covid-19. « Les demandes de solutions visant à pallier l’absentéisme se multiplient», reconnaît Olivier Ledey, le responsable des marchés agroalimentaire et biens de consommation d’Omron. Recruter pour effectuer des tâches simples et répétitives s’avère aussi de plus en plus compliqué, notent de nombreuses entreprises de l’emballage. « La crise fait la part belle à l’automatisation», confirme Mathilde Derouet, la responsable marketing de l’intégrateur MG-Tech, qui conçoit et produit des lignes de conditionnement. Son carnet de commandes affiche complet jusqu’en avril. Et cela devrait se poursuivre avec les subventions proposées dans le cadre du plan France Relance [lire page 129].
Programmation intuitive
À Fresnoy-le-Grand (Aisne), Sofresco, filiale du groupe Houtch, travaille avec deux cobots et envisage d’en acquérir un troisième. La PME spécialisée dans le conditionnement à façon pour l’agroalimentaire et la cosmétique a installé le premier en 2016. «Nous voulions supprimer les tâches répétitives et les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) et améliorer la compétitivité », résume Jean-François Leroux, le directeur du site. C’est un modèle UR qui a été retenu plutôt qu’un Kuka, plus performant, mais plus coûteux. « Nous n’étions pas en quête de cadences élevées, mais d’une solution flexible de fin de ligne pour gérer les petites et moyennes séries », explique le manager. Le dénommé Musclor a remplacé une opératrice, devenue conductrice de ligne. Son bras préhenseur maison encaisse neuf étuis à la fois. Un peu plus loin, le « grand frère» empile des gourdes de compote dans des cartons. «Nous travaillons deux fois moins vite, mais deux fois plus longtemps, avec moins de personnel », témoigne Rémy Bachelet, le directeur adjoint, qui se félicite d’avoir réduit le coût de revient et gagné des marchés. Rapide à installer, l’automate se distingue des robots par une programmation intuitive fonctionnant sur un mode mimétique. Il suffit de lui prendre le bras et de lui faire exécuter le mouvement attendu. Paramétré pour encaisser le matin, il peut être reconfiguré pour palettiser le soir.
L’automatisation des neuf lignes de conditionnement de l’usine Sanofi de tours (Indre-et-Loire) s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation de la méthodologie de travail liée à un plan de performance. en installant ses cobots, le site a réalisé un gain de compétitivité de 25 %.
M. De CoAtpont
La compacité des cobots a permis d’optimiser les processus. un automate gère deux palettes simultanément et réduit la pénibilité et les risques de tMS. Les équipes ne transportent plus de charges, qui pouvaient atteindre 800 kg par jour.
À chaque usage son budget Budget 30 000 à 80 000 euros Fonction encaissage collaboratif oBJectiF Assister les opérateurs
à la mise en caisse de produits. Coopérer, effectuer les tâches pénibles, répétitives et laisser à l’opérateur le contrôle qualité et les autres tâches à valeur ajoutée.
Budget 70 000 à 120 000 euros Fonction palettisation collaborative oBJectiF Concentrer les opérations
humaines sur le processus de fabrication et laisser la manipulation sans valeur ajoutée au cobot. Déplaçable et réadaptable, une cellule collaborative peut travailler sur plusieurs palettes de format différent.
SourCe : MG teCh
Budget 120 000 à 200 000 euros Fonction Formage, encaissage
et palettisation oBJectiF Flexibiliser le conditionnement en fin de ligne. Le cobot forme la caisse, la remplit, la ferme, l’étiquette et la palettise. Système adapté aux lignes à faible cadence. 127
les enquêtes L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-féVRIER 2021
Le robot du futur Le robot du futur, sur lequel travaillent les roboticiens, intègre les avantages des cobots actuels tout en palliant leurs défauts.
ARTICULATION FLUIDE Fini les engrenages au niveau des articulations, place aux actionneurs qui limitent la friction et l’inertie. Le couple et la force sont contrôlés sans capteur, réduisant le risque de blesser un opérateur. Grâce à des réducteurs simplifiés, les opérations de maintenance s'espacent. Les cobots industriels sont garantis pour assurer environ 30000 heures d’utilisation.
ENVELOPPE ULTRA-SENSIBLE Chez Staübli, certains automates se parent d’une «peau». Ce système à dépression d’air provoque l’arrêt de la machine au moindre contact. L’un des modèles de Bosch Rexroth anticipe même les contacts, grâce à 100 capteurs capacitifs qui détectent les perturbations dans un diamètre de 5 cm autour du bras.
POLYVALENCE JUSQU’AU BOUT DES DOIGTS Multi-doigts, à vide, main anthropomorphique avec mouvement des doigts synchronisés... Les technologies de préhenseurs se multiplient et s’adaptent aux objets à manipuler.
APPRENTISSAGE INTELLIGENT Apprendre et s’améliorer. Le robot interprète le geste de l’humain grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle.
MOBILITÉ AUTONOME Grâce à des caméras, radars et autres lidars, le robot maîtrise son environnement et se déplace seul, installé sur une plate-forme mobile. Celle-ci peut être un AGV (automated guided vehicle), programmé pour effectuer un trajet, ou un AIV (autonomous intelligent vehicle), capable de contourner un obstacle imprévu.
PROGRAMMATION À PORTÉE DE MAIN Quelques minutes suffisent pour paramétrer l’automate, grâce à une interface intuitive. Une programmation mimétique permet de le configurer en le prenant par la main. In
128
G Fo
rA
ph
Ie :
FL
e or
nt
ro
Be
rt
COBOtS, DeS BRAS eN PLUS POUR eMBALLeR
Ce pragmatisme a séduit Albéa. En 2015, le fabricant d’emballages pour la beauté s’essaie aux cobots. « Ne pas avoir besoin d’expert en programmation est un grand avantage », souligne Philippe Soulis, son directeur industrie 4.0 et stratégie industrielle. Tout comme l’absence d’enceinte de protection. Mais l’espoir a laissé place à la désillusion. «Le cobot manquait de force pour assembler des pièces. Il se mettait en défaut dès que l’on élevait la cadence», se souvient le responsable. Albéa découvre aussi que la flexibilité a ses contraintes. À chaque changement d’environnement, il faut procéder à une analyse de risque, nécessitant l’intervention du fabricant ou de l’intégrateur. Finalement, le cobot se révèle un frein plus qu’une opportunité. Le cas d’Albéa n’est pas isolé. « Il y a cinq ans, le marché était immature, rappelle Olivier Ledey (Omron). Des entreprises qui avaient fait des tests à grande échelle ont démonté leur équipement. Aujourd’hui, nous posons beaucoup de questions au moment de définir le projet et concluons parfois que le client n’a pas besoin de cobot. »
À Tours (Indre-et-Loire), dans l’atelier de conditionnement de Sanofi, les bras robotisés ont au contraire prouvé leur utilité. En juillet, le site a équipé la dernière de ses neuf lignes de conditionnement de comprimés sous blister. La palettisation assurée jusque-là par des opérateurs est désormais réalisée par des UR 10 d’Universal Robots, dont la compacité a été déterminante. «Nous avions un problème d’encombrement en bout de ligne, précise Sébastien Pain, le responsable de l’atelier. Installer des robots était impossible.» Les caristes retirent directement la marchandise tandis que le cobot charge une seconde palette, alors qu’auparavant les opérateurs devaient la déplacer pour en mettre une nouvelle. De deux personnes par ligne, l’organisation passe à trois pour deux lignes. «Nous accomplissons les mêmes tâches avec moins d’opérateurs, tout en réduisant les risques de TMS», se félicite le responsable. L’opération se traduit par un gain de 25% de compétitivité, sans nuire à l’emploi. Au cours des trois dernières années, Sébastien Pain a recruté neuf salariés pour répondre à une hausse d’activité. # LAURent RoUSSeLLe
des FInAnCeMents pour s’ÉQuIper
L
e 27 octobre, les ministres de l’Économie, des Comptes publics et de l’Industrie ont signé un décret précisant les modalités d’un soutien financier à la modernisation des PME et ETI industrielles. Dans le cadre du plan France Relance, le gouvernement a alloué 280 millions d’euros à l’investissement dans les technologies de l’industrie du futur. L’aide, sous forme de subventions, se décompose en trois enveloppes: 40 mil-
lions jusqu’à la fin décembre, 140 millions en 2021 et 100 millions en 2022. «Si vous achetez une machine qui est dans la liste, vous envoyez la facture et recevez l’argent», résumait Agnès Pannier-Runacher, la ministre de l’Industrie, en présentant en septembre les mesures de soutien à la modernisation des usines. «La Direction générale des entreprises nous a écoutés, reconnaît Olivier Dario, le délégué général du Syndicat des machines et technologies de production (Symop), qui a milité pour le principe de subvention. Avec cette mesure sur trois ans, on va au-delà de la crise. Les montants vont jusqu’à 40%, c’est une opportunité pour entrer dans l’industrie 4.0.» Les aides s’appliquent aux achats d’équipements neufs ou d’occasion pouvant être inscrits à l’actif immobilisé, dans huit catégories
G. BASSIGnAC / DIVerGenCe
Pour aider les PME et ETI industrielles désireuses d’investir dans leur automatisation, le plan France Relance a ouvert trois régimes de subventions accessibles jusqu’à la fin 2022.
agnès Pannier-runacher, la ministre de l’industrie,
à l’usine SFoB de Lagny-sur-Marne (Val-de-Marne), le 7 septembre.
(robotique et cobotique, impression additive, machines de calcul intensif, capteurs, logiciels, réalité augmentée et virtuelle…).
Une aide de minimis
Outre le soutien à la modernisation des PME, deux régimes d’aide sont mobilisables : un règlement de minimis, dans la limite de 200 000 euros, et l’aide temporaire Covid-19 (sous réserve de difficultés de trésorerie avérées), avec un plafond de
800000 euros. Dans le cadre du régime de minimis, si l’entreprise n’a pas encore perçu ou demandé d’aide, elle peut bénéficier d’une subvention égale à 40% de l’assiette éligible, dans la limite de 200000 euros. Si elle en a déjà reçu une pour d’autres investissements, le montant accordé est déduit d’un solde de 200000 euros. Pour en bénéficier, un dossier est à adresser à l’Agence de services et de paiement, qui gère le guichet unique. # L. R. 129
les enquêtes L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
transitionécologiQue
Les industrieLs se LanCent dans Les technologies et les démonstrateurs se multiplient pour capter le dioxyde de carbone là où il est très concentré : dans les fumées industrielles.
A
tmosphère, atmosphère… Principale cause du changement climatique, le dioxyde de carbone (CO2) est très dispersé dans l’atmosphère. Si certains cherchent à l’éliminer en filtrant l’air ambiant [lire page 133], la concentration du gaz à effet de serre dans les fumées industrielles fait de ces dernières une cible de choix. Depuis 1996, en mer du Nord, sur le champ gazier de Sleipner, le pétrolier norvégien Equinor capture près d’un million de tonnes de CO2 par an. Les autres expériences sont restées rares en raison des coûts énergétique et financier des procédés, de l’absence de prix du carbone et des verrous technologiques. Toutefois, depuis quelques années, les industriels investissent dans le captage du CO2. Ils y voient le moyen de s’attaquer à leurs émissions les plus difficiles à éviter et de verdir leur image. Total, le plus actif des acteurs français sur le sujet, y consacre 10% de son budget R&D. Le pétrolier «veut être un architecte», affirme Philip Llewelyn,
130
ancien directeur de recherche au CNRS nommé en 2020 directeur du captage, stockage et valorisation du carbone (CCUS) du groupe. «Nous regardons toutes les technologies de captage pour savoir quelles briques existent et aider à les améliorer afin de répondre à chaque situation.» Car si les technologies sont bel et bien là, leur industrialisation pose encore problème. Dans la filière émergente du captage, du transport et du stockage du CO2, la première étape représente jusqu’aux deux tiers des coûts. Pour s’imposer, plusieurs solutions concurrentes se livrent à une course à la compétitivité et à l’efficacité dans l’environnement aussi hostile que divers des émissions industrielles. «Une usine sidérurgique ou une cimenterie émet bien plus qu’une papeterie ou une verrerie, remarque Florence Delprat-Jannaud, la responsable du programme captage et stockage du carbone (CCS) à l’Ifpen. Et au-delà des volumes, la concentration en CO2 des fumées comme la présence de soufre et d’oxygène aux côtés de ce dernier, ou la dilution dans l’azote et l’eau, varient beaucoup. » Les coûts des différentes solutions vont donc de quelques dizaines d’euros par tonne de CO2 capté à une centaine d’euros, selon la technologie, la concentration de CO2 dans les fumées –il est plus simple de capter le carbone émis par un haut-fourneau, où il est concentré à 30%, que celui émis par une centrale gaz à cycle combiné, concentré à moins de 5%– et les synergies industrielles développées.
les solVants liQuides MÈnent la danse
Partis avec de l’avance, les solvants liquides, qui emprisonnent le CO2 à leur portée, dominent. «Ils sont utilisés dans le lavage de gaz naturel depuis des décennies, ce qui en fait des solutions robustes et éprouvées, souligne Florent Guillou, chef de projet CCUS à l’Ifpen. Pour consommer le gaz naturel, il faut retirer les gaz acides, comme le sulfure d’hydrogène à base de soufre ou le dioxyde de carbone, contenus en grande quantité dans certains gisements, notamment en Asie du Sud-Est.» Au-delà des solvants spécialisés pour le gaz pétrolier, extrait sous pression et sans oxygène, l’industrie s’est tournée vers les amines. Des composés organiques résistants qui absorbent chimiquement la majorité du CO2 des fumées et que l’on retrouve dans les rares installations de captage à l’échelle industrielle. Concrètement, les fumées chargées de CO2 montent dans des colonnes métalliques de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, dans lesquelles le solvant descend le long d’un garnissage qui optimise la surface de contact. Une fois le solvant lesté de la précieuse molécule, vient la régénération : dans une seconde colonne, les amines chauffées recrachent le CO2 avant d’être réutilisées. Cette étape cache la métrique qui hante tous les spécialistes du CCS, la pénalité énergétique. La quantité d’énergie nécessaire pour capter le carbone, qui influe sur le coût du procédé et sur son impact final sur l’effet de serre.
Le CaPtaGe de CO2
Dans la filière émergente du captage, du transport et du stockage du co2, la première étape représente jusqu’aux deux tiers des coûts.
VoISIn / pHAnIe
innoVations cinétiQues et chiMiQues
C’est là que l’ingénierie joue un rôle crucial. Pour intégrer la chaleur fatale du site émetteur dans les procédés, pour concevoir des colonnes plus petites diminuant les investissements… ou même pour les remplacer par des machines tournantes exploitant la force centrifuge afin de favoriser les mélanges gaz-solvants. Dans le cadre du projet Jupiter 1000 à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui vise à créer un fuel de synthèse à partir d’hydrogène et de carbone capté, l’ingénieriste Leroux&Lotz prévoit de faire passer les fumées dans des contacteurs membranaires composés de minuscules fibres creuses et remplis de solvant. Multipliant ainsi les zones d’échange du CO2. Mais sur les paillasses, la chimie reste essentielle pour mettre au point des solvants à la fois efficaces, réversibles et peu polluants. Certains, comme la start-up C-Capture, développent des solvants sans amines. D’autres, comme Carbon Clean –qui a signé un accord de partenariat avec Veolia en 2017 et se développe en Inde – les conservent et cherchent à les stabiliser et à diminuer leur potentiel corrosif. Plus en amont, les liquides ioniques et les enzymes intéressent également la recherche. Dans son centre de Solaize (Rhône), l’Ifpen teste des pilotes de toutes tailles pour arbitrer
Pas de remède miracle Géo-ingénierie dilatoire ou solution incontournable ? le captage et stockage du carbone (CCS) fait débat. mais il gagne peu à peu en crédibilité. en 2018, il figure dans la majorité des scénarios du Giec limitant le réchauffement à 2 °C d’ici à 2100. Dans des proportions variables. Couplé à la combustion de biomasse, il permet même des émissions négatives. Toutefois, la technologie est loin d’être un remède miracle à la fièvre de la planète. nous captons aujourd’hui 40 millions de tonnes de Co2 par an, soit plus de 1 000 fois moins que les 43 milliards de tonnes émises en 2019. un écart irratrapable. limité par son coût et par l’ampleur des infrastructures et de l’énergie nécessaires, le CCS souffre aussi de la diffusion des sources à traiter, rappelle l’Ademe dans un rapport paru à l’été 2020. Impossible de l’installer sur chaque pot d’échappement. Quant à la majorité des usines françaises, elles sont trop petites ou éloignées des lieux de stockage pour rendre l’opération rentable. Sans compter les problématiques d’acceptation sociale. un point de vue partagé par l’Agence internationale de l’énergie (AIe), qui estime, dans un scénario optimiste, que le captage du carbone pourrait représenter au mieux 15 % de l’effort de transition vers le « net zéro » en 2070. Autant de raisons pour réserver le CCS aux process les plus durs à décarboner sans ralentir l’effort de transition et de sobriété.
les solides en eMbuscade
entre efficacité et nocivité. Car les solvants ont la fâcheuse tendance à se laisser entraîner par les flux d’air, au risque de contaminer l’atmosphère. À Dunkerque, le projet de démonstrateur 3D, qui doit démarrer cette année, rassemble, entre autres, Total, Axens et Arcelor autour du DMX. Un solvant aux amines formulé par l’Ifpen qui change de phase une fois chargé en CO2. Cela permet de ne régénérer thermiquement que les amines saturées, afin de diminuer la pénalité énergétique de 30%, estime l’organisme de recherche.
Dans le rétroviseur des solvants, nombreuses sont les technologies en embuscade. Les sorbants solides sont des challengers sérieux. Parfois chers à produire, mais maniables, ils font valoir leur résistance aux composés parasites qui endommagent les solvants. « Les procédés utilisent des matériaux poreux, explique Christian Serre, chercheur en chimie au CNRS, à l’ENS et l’ESPCI (Paris). Ces derniers accrochent le CO2 dans leurs pores sans le faire réagir chimiquement, ce qui facilite la régénération. » Charbon actif, zéolites, metal-organic frameworks (ou MOF, des matériaux ordonnés à la structure hybride facile à moduler)… Les matériaux utilisables sont variés, formulés pour maximiser la surface de contact avec le CO2 et augmenter l’efficacité de captage pour chaque fumée. Utilisés sous forme de billes ou au sein de gels poreux, ces solides nettoient les vapeurs industrielles. Une fois les conteneurs chargés en CO2, ils sont régénérés, par variation de chaleur ou de pression, tandis que d’autres 131
SHuTTeRSToCk
teXte NATHAN MANN
les enquêtes L’USINE NOUVELLE n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
MeMbranes, cryogénie… les outsiders
D.R.
prennent la relève. Mais des systèmes plus complexes voient le jour. La start-up canadienne Svante a développé un MOF qui «contient la surface d’un terrain de foot dans l’équivalent d’un cube de sucre », vante son dirigeant, Claude Letourneau. Surtout, son dispositif prend la forme d’un tourniquet dans lequel les fumées entrent et délaissent leur CO2 en un point. Avant que de la vapeur d’eau ne pousse les matériaux à relâcher le gaz à effet de serre à l’autre extrémité de la rotation. Trente secondes après. Dans la centrale à gaz de Saskatchewan, au Canada, une roue de quatre mètres de diamètre capte 30 tonnes de CO2 par jour. Un pilote qui a intéressé Total et Lafarge, attirés par le coût attractif de cette solution capable de traiter des fumées intermittentes.
Pour filtrer les fumées, d’autres font le choix des membranes. Polymères ou céramiques, ces filtres fonctionnent en continu et privilégient les molécules de CO 2, qui se concentrent d’un côté. Pour cela, « une différence de pression suffisante pour entraîner le CO2 de l’autre côté de la membrane est nécessaire, ce qui consomme souvent de l’électricité», pointe Éric Favre, chercheur du CNRS au Laboratoire réactions et génie des procédés (LRGP) de Nancy. À l’échelle des démonstrateurs, les industriels se penchent sur la durabilité de ces barrières, fines et fragiles. Dans les laboratoires, on constate « un véritable feu d’artifice de recherches » autour des matériaux performants, ajoute Éric Favre, graphènes et nanotubes de carbone en première ligne. Aujourd’hui, les membranes permettent surtout des séparations grossières, concentrant le CO2 sans éliminer totalement les autres gaz. Mais pour le transport ou l’usage alimentaire du dioxyde de carbone capturé, le gaz obtenu doit être pur et exige des traitements supplémentaires. C’est la stratégie d’Air liquide, qui fabrique membranes et adsorbants tout en se démarquant via… la cryogénie. Car si le CO2 se condense à -50°C, le refroidir pompe de l’énergie et ne devient rentable que pour les fumées les plus concentrées. Le spécialiste des gaz industriels développe donc un système hybride, dans lequel membranes et absorbants préconcentrent le CO2 avant que le froid ne vienne dégager un flux pur. Un système testé depuis 2015 à Port-Jérôme, en Normandie, dans une usine d’hydrogène par reformage de gaz naturel. Cerise sur le gâteau : en plus de rendre l’hydrogène « bleu » en neutralisant son impact sur le climat, Air liquide améliore ses rendements de production en récupérant l’hydrogène résiduel qui s’échappait auparavant avec le CO2.
«Une usine sidérurgique ou une cimenterie émet bien plus de CO2 qu’une papeterie ou une verrerie, avec des concentrations très différentes. » Florence Delprat-Jannaud, responsable du programme CCS à l’Ifpen
132
changer les procédés
L’industrie cimentière, très émettrice de CO2 en raison de la décarbonatation des matières calcaires qui composent le ciment lors de sa production, cherche elle aussi des synergies. En Italie, le pilote Cleanker a été installé en octobre 2020 dans une usine de Buzzi Unicem. Il consiste à intégrer de la chaux aux fumées pour susciter une réaction chimique captant le CO2. Seul problème : la régénération de la chaux nécessite de faire brûler le composé obtenu et pourrait elle-même générer des fumées nocives pour le climat. Pour éviter cet écueil, les industriels utilisent une oxycombustion: une combustion à l’oxygène pur ayant l’avantage de dégager un flux de CO2 très concentré, qui peut alors être capturé avec un simple ventilateur. L’idée est simple: modifier les procédés pour changer la composition même des fumées. Un défi auquel s’attaque l’oxycombustion, et la précombustion, qui utilise de l’hydrogène comme source de chaleur pour ne pas dégager de CO2. Deux approches qui requièrent de nouvelles machines, coûteuses et peu rentables pour des sites existants. Mais pour les futurs sites, les procédés se développent. À Lixhe, en Belgique, l’allemand HeidelbergCement produit un four séparant la production de chaleur, qui émet des fumées mixtes, et la production de ses matières premières, qui n’émet que du CO2. En Chine, l’Ifpen doit tester l’usage de matériaux solides pour capter et transporter l’oxygène nécessaire à l’oxycombustion, en collaboration avec Dongfeng et Total. Reste encore à trouver des débouchés sûrs et propres pour le CO2, dont les impacts finaux seront très différents selon qu’il sera stocké dans des cavités salines, utilisé pour augmenter la pression dans les puits de pétrole, ou encore transformé en carburant de synthèse. # nathan Mann
Les inDustrieLs se Lancent Dans Le captage De cO 2
climeworks a développé des collecteurs de co2 modulaires. Une fois filtré, le gaz est revendu
J. Dunlop / ClImewoRkS
ou enfoui sous terre.
Capter direCtement dans l’air, une piste sérieuse
D
Apparues il y a déjà dix ans, les technologies de captation du CO2 dans l’air passent au stade industriel. Sans avoir démontré leur intérêt pour le climat.
immenses aspirateurs pour capter le dioxyde de carbone (CO2) dans l’air. Si l’idée a pu un temps faire sourire, elle est désormais prise au sérieux. Climeworks a été l’un des premiers à tester la capture directe du CO2 (DAC). Fondée en 2009, cette start-up issue de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) a développé des collecteurs de CO2 empilables et modulaires. « Ils aspirent l’air grâce à un ventilateur, détaille Daniel Egger, le directeur du marketing et des ventes. Ensuite, nous utilisons un matériau filtrant recouvert d’amines, qui pousse le CO2 à sa surface. Dès que le filtre est saturé, nous fermons le collecteur et augmentons la température, entre 80 et 100°C, afin d’obtenir du CO2 ultra-concentré. » Son utilisation ? Tout dépend du client. Climeworks le revend à des propriétaires de serres, pour doper la croissance des plantations, et à des producteurs de boissons gazeuses, tels que Coca-Cola.
À Hellisheidi, en Islande, l’entreprise a installé ses collecteurs sur le site de l’une des plus grandes centrales géothermiques au monde, pour les alimenter en énergie renouvelable. En collaboration avec le pionnier du stockage de CO2 Carbfix, elle a créé une solution de séquestration géologique permanente : le CO2 capté est réinjecté à 700 mètres sous terre, où il réagit avec le substrat rocheux basaltique et se minéralise. Capable de capturer 50 tonnes de CO2 par an dans son usine pilote lancée en 2017, Climeworks a depuis décuplé ses performances. En octobre, le suisse a entrepris la construction d’une installation en Islande, baptisée Orca, qui devrait à elle seule en capter 4 000 tonnes chaque année. À ajouter aux capacités de ses 14 autres collecteurs déjà en activité en Europe. Récupérer le CO2 de l’atmosphère grâce à des ventilateurs et absorbants aminés est également la stratégie suivie par la
start-up américaine Global Thermostat. La société canadienne Carbon Engineering s’appuie, elle, sur d’autres processus chimiques (dont une solution d’hydroxyde de potassium) pour le capter, le purifier et le comprimer. Si elles fonctionnent bien, les technologies dites DAC pèchent cependant par leur coût énergétique faramineux, la concentration du CO2 dans l’atmosphère n’étant que de 0,04%. La tonne capturée via la solution de Climeworks, par exemple, représente 600 à 800 dollars. « Notre objectif est de passer sous les 200 dollars par tonne capturée d’ici à 2030 et d’atteindre à long terme un coût inférieur à 100 dollars », précise Daniel Egger. Dans une étude publiée en août 2020 dans « Nature Climate Change », des chercheurs estimaient que pour extraire 3 milliards de tonnes de CO2 par an (soit 7% des émissions annuelles), les DAC vont nécessiter, rien qu’en chaleur, l’équivalent de 115 % de la consommation mondiale actuelle de gaz naturel. La pertinence écologique de ces technologies n’est donc pas démontrée. Surtout qu’elles ne constituent qu’un outil. Le pétrolier américain Oxy s’est ainsi associé à Carbon Engineering pour capter 500 000 tonnes de CO2 par an dans l’objectif… de les réinjecter dans des réservoirs pour doper la récupération de pétrole. # Marion garreau 133
134
135
136
137
138
139
140
141
142
143
GUIDE ACHATS L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
ÉQUIPEMENT GÉNÉRAL
DAGARD PASSE LES PLATS AUX UV C
A
vec la pandémie de Covid-19, les solutions de décontamination à lampes ultraviolets se multiplient. Leur capacité germicide n’est pas nouvelle. Cela fait une trentaine d’années que ces rayons UV-C servent à stériliser l’air, l’eau, ou encore les équipements de l’industrie agroalimentaire. En milieu hospitalier comme dans les laboratoires, ils sont une alternative à la décontamination chimique. Plus rapide qu’un traitement au peroxyde d’hydrogène, qui nécessite un temps de cycle long, ce rayonnement n’a besoin que de quelques secondes pour désinfecter la surface d’un objet. Il évite aussi le stockage de consommables. «Ces lampes ont une durée de vie comprise entre 12000 et 18000 heures», observe Sébastien Allix, le directeur scientifique de Lab’Science – un pôle d’expertise en ingénierie et en construction d’environnements sous atmosphère contrôlée–, désignant celles à amalgame de mercure du Sas’Labs, un « passeplat» destiné aux laboratoires classés et salles blanches.
Décontaminer en quelques minutes
Fruit de la collaboration entre le Lab’Science, l’institut national universitaire Champollion d’Albi (Tarn) et l’industriel Dagard, spécialiste de solutions isolantes, le Sas’Labs est conçu «pour protéger l’ambiance d’une salle blanche ou l’environnement extérieur d’un laboratoire », indique Benjamin Gurcel, le responsable innovation de Dagard, qui commercialise la solution. « Avec une
144
CARACTÉRISTIQUES ■ DIMENSIONS INTERNES 600 x 600 x 600 mm ■ REVÊTEMENT INTÉRIEUR en inox brossé ■ ALIMENTATION 230 V ■ PUISSANCE LAMPE 70 W ■ DURÉE DE VIE DE LA LAMPE 16 000 heures ■ NORME ISO 15858:2016
CONCURRENTS ■ AMENSCO (Inde) ■ CLEARSPHERE (Royaume-Uni) ■ COURTOIS (France) ■ LAMSYSTEMS (Allemagne) ■ MITEC (Italie)
vitesse de déplacement de la lumière de 3x108 m/s, le trajet entre la source UV-C et le microbe est instantané », précise Sébastien Allix. Encastré dans une cloison, ce cube d’un volume de 0,216 m3 permet le transfert de matériel entre des locaux tout en respectant les conditions de propreté et les écarts de pression. La sécurité des utilisateurs est garantie par la certification ISO 15858:2016, relative à la mise en place de dispositifs UV-C. Lors de son utilisation, les deux portes du sas sont verrouillées électriquement. L’ouverture s’effectue via une platine tactile. À l’intérieur, les parois sont recouvertes d’inox brossé pour améliorer la réflexion de la lumière. Les lampes sont placées en haut et en bas du module, derrière des fenêtres en verre massif en quartz, « le seul matériau connu qui laisse passer les UV-C », indique Benjamin Gurcel. Selon l’objet à décontaminer, des programmes de 2 et 5 minutes sont proposés. Premier employeur privé de la Creuse, Dagard regroupe 400 employés. Rachetée en 2018 par le groupe Purever, la PME spécialiste de l’enveloppe isolante a réalisé 83 millions de chiffre d’affaires en 2019. # LAURENT ROUSSELLE
R E T R O U V E Z N O T R E S É L E C T I O N D E P R O D U I T S PA R U S S U R U S I N E N O U V E L L E . C O M / A C H AT S
sélection laurent rousselle
notre sélection
mesure
capteurs pour applications pHarmaceutiques
mesure de pression et état de commutation à 360 degrés Conçus pour les applications courantes de l’industrie pharmaceutique, la gamme de pressostats électroniques Vegarbar et les détecteurs capacitifs de la gamme Vegapoint sont équipés d’un affichage à 360 degrés de l’état de commutation. Ces derniers sont visibles dans toutes les directions, même en plein jour, grâce à un anneau lumineux dont les couleurs sont personnalisables parmi 256 coloris. la solution d’adaptateurs universels et hygiéniques est flexible, son coût réduit et les frais de stockage minimisés. les raccords process s’adaptent aux diverses exigences de la production pharmaceutique et aux contraintes des équipements en place. Par ailleurs, le protocole Io-link apporte l’intelligence à ces capteurs. Il confère une interface de communication standardisée qui améliore l’intégration aux installations et le transfert de données. Fonctionnant en Bluetooth, cette gamme de capteurs est consultable sur smartphone ou tablette. elle est simple à mettre en service et à paramétrer, y compris dans les environnements à accès complexe tels que les salles blanches. Fabricant Vega
afficheur de processus et de température
l’afficheur de processus avec entrée de tension et de courant ItP 14 et l’indicateur de température ItP 16 sont équipés d’une sortie transistor nPn. en sortie d’alarme ou de contrôle, cette dernière lance un contrôle tout ou rien d’une charge jusqu’à 200 ma/42 VDC. l’entrée analogique s’emploie alternativement pour des signaux de tension de 0-10 V et 2-10 V ou des signaux de courant de 4-20, 0-20 et 0-5 ma. Fabricant akytec
solution de numérisation 3d
série de lecteurs multicodes
les scanners à lumière structurée Cobalt Design accélèrent la capture des données et l’obtention des géométries. Ils enregistrent de vastes zones en une seule fois grâce à une caméra analysant des motifs lumineux projetés. associés à la plate-forme logicielle reveng, ils sont une solution pour la numérisation de surfaces complexes. les scanners atteignent une résolution de 3,1 Mpx pour des objets complexes de petite taille. Fabricant Faro
le lecteur multicode o2I50x possède une qualité de lecture de codes 1D et 2D qui garantit une identification fiable, même en conditions difficiles (lumière parasite changeante...). Des codes différents dans une ou plusieurs images sont évalués en quelques millisecondes. l’appareil décrypte aussi des codes gravés et brillants.
scanner laser 3d
modules pour débitmètre électromagnétique
Fabricant
iFm electronic
système de test de radars automobiles 4d Haute précision et test haute performance
ats1500C est une chambre de test de radars automobiles. associée au générateur d’échos radar automobiles areG100a, qui assure la simulation des cibles radars à différentes distances, elle effectue des essais indirects en champ lointain. ensemble, ils vérifient avec fiabilité et reproductibilité les capteurs radar tout au long de la phase de développement et de validation. Compact, ergonomique et répondant à un usage en laboratoire, ce matériel a, par exemple, étalonné et testé le radar automobile à modulation numérique 4D intégré sur une puce électronique (roC, pour radar on chip) de la start-up uhnder offrant 192 canaux virtuels. l’enceinte de test est équipée d’un réflecteur Catr (Compact antenna test range), générant une zone tranquille de 30 cm de diamètre pour les essais dans la gamme de fréquences de 77 à 81 GHz. le positionneur est inclinable en 3D et les absorbeurs sont disposés de sorte à éliminer les cibles fantômes pendant la simulation. Fabricant rohde & schwarz
doseur volumétrique de précision
Fonctionnant en version volumétrique ou pondérale, le doseur Feedos est utilisé pour le dosage de produits en vrac. Il convient aux éléments à écoulement facile, moyen et difficile. son auge favorise le déversement vers l’outil de mesure. l’appareil est simple à démonter. la garniture de dosage et l’auge peuvent être extraites pour des opérations de nettoyage ou de maintenance. Fabricant Gericke
le 3D rs6 fournit des données de nuage de points de très haute densité. en complément, la technologie shine, un ensemble d’algorithmes, mesure précisément, sans réduction de la largeur de ligne de scan laser, de fréquence d’images de scanning ou de qualité des données. le scanner 3D rs6 se caractérise par une largeur de ligne de scan de 150 mm à moyenne distance.
Fabricant
Hexagon manufacturing intelligence
Des modules plug and play de la taille d’un timbre poste peuvent être installés ou supprimés de la carte mère afin de mettre à jour la configuration du débitmètre électromagnétique MaGX2. Ce débitmètre effectue des mesures d’eaux claires ou chargées et bénéficie d’une précision de +/- 0,2 % de la mesure à partir de 0,5 m/s. Fabricant arkon 145
guide achats L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
composants mHp
notre sélection
réducteurs planétaires à pignon optionnel large choix de combinaisons et polyvalence
composants de manipulation par le vide
La gamme Wash Down de pompe à vide, ventouses et inserts résiste à l’eau et se monte et se démonte facilement. Les zones lisses évitent les rétentions et les risques de contamination. Le profil buse du mélangeur de la pompe Easy Clean fonctionne à 4 bar pour augmenter le rendement de débit aspiré. Compacte et légère, la pompe s’installe au plus près des ventouses pour gagner en cadence. Fabricant coval
chaîne à accumulation sans maintenance
Les chaînes à accumulation JWIS en qualité b.dry fonctionnant à sec sont anticorrosion et sans maintenance. Les douilles en polymère haute performance présentes dans chaque articulation n’exigent ni lubrification initiale ni regraissage. Les chaînes résistent à l’usure et supportent d’importantes charges dynamiques. Les composants respectent les normes FDA.
Fabricant
iwis antriebssysteme
Vis à billes din pour machines-outils
Les vis à billes DIN 69051 (ISO 3408) fournissent un facteur de vitesse maximum de 160 000 dN adapté aux applications d’usinage à grande vitesse où un positionnement précis est nécessaire. Une capacité de charge dynamique de 1,4 fois est atteinte grâce à l’acier de roulement TF breveté par le fabricant. Deux types de systèmes de recirculation de billes à déflecteur d’extrémité ou à déflecteur interne sont disponibles. Fabricant nsK
Le fabricant étend son portefeuille de réducteurs planétaires avec une option supplémentaire de pignon monté produit en interne pour les entraînements à crémaillère. Deux types de ces composants mécaniques sont disponibles : le PK1, monté sur l’arbre de sortie denté du réducteur où une denture intérieure conforme à la norme DIN 5480 assure la sécurité de liaison requise. Et le PM1, conçu pour des réducteurs avec sortie à bride et doté d’une interface mécanique conforme à la norme EN ISO 9409-1. Ces pignons sont disponibles avec une denture hélicoïdale, et le modèle PK1 avec une denture droite. Les pignons sont proposés en quatre modules distincts et avec différents nombres de dents. Ils peuvent être combinés avec huit séries de réducteurs planétaires, standard ou de précision, qui comprennent des réducteurs planétaires coaxiaux à arbre de sortie, à bride de sortie, ainsi que des réducteurs planétaires à renvoi d’angle. Ce choix de combinaisons ouvre de nombreuses possibilités qui permettent de proposer plusieurs solutions à une seule application. Fabricant neugart
Bagues d’arrêt pour appareils d’analyses médicales résistance élevée et positionnement précis
tête pour pompe doseuse péristaltique
La tête de pompe ReNu s’utilise avec les pompes Qdos pour le transfert de fluides à viscosités variées. Elle intervient notamment pour le dosage de produits chimiques. La tête assure un débit de 28 l/h à 4 bar, linéaire et constant à faibles pulsations. La précision de dosage est de ± 1 %. Son démontage et son remplacement rapides et sécurisés assurent une continuité de production.
Fabricant
Watson-marlow 146
Vis à tête cylindrique en nylon
Composée d’une tête cylindrique, d’une fente droite et de deux perçages en croix, les vis à tête cylindrique DIN 404 sont conçues pour être serrées ou desserrées par le côté plutôt que par le haut, en insérant une petite tige dans l’un des trous de la tête. Fabriqué en polyamide, ce dernier peut être coloré pour répondre à une vaste gamme d’applications industrielles. Fabricant Bülte plastiques France
manchette pour robinet à papillon
La manchette en caoutchouc nitrile hydrogéné, certifiée selon le règlement européen 1935/2004 et conforme FDA, équipe la gamme de robinets à papillon centré et à étanchéité souple Isoria. Résistante aux huiles alimentaires, aux fluide acides, aux hydrocarbures, elle assure aussi une excellente tenue à l’abrasion, permettant son utilisation dans des liquides chargés de matières solides. Fabricant KsB
Ces bagues d’arrêt, conformes aux normes RoHS3 et Reach, sont utilisées comme éléments de guidage, entretoises, butées mécaniques ou systèmes d’alignement de pièces dans les appareils d’analyses médicales. La perpendicularité de la face de référence des bagues par rapport à l’alésage (tolérance totale de ≤ 0,05 mm) est soumise à un contrôle strict pour un positionnement précis des composants. Cette caractéristique est d’un intérêt particulier lorsque les composants servent de surface d’appui ou à l’alignement de pièces. Comparés aux bagues d’arrêt à vis pointeau, ces modèles répartissent les efforts de pression de manière homogène autour de l’arbre, assurant une force de maintien supérieure. Le démontage d’autres pièces n’est pas nécessaire pour leur installation. Les bagues d’arrêt en acier inoxydable de qualité 1.4305 et 1.4404 sont équipées de vis dans des matières de même qualité afin de garantir des performances maximales de transmission des couples et de force de maintien et une résistance à la corrosion égale et de répondre aux normes prescrites. Fabricant ruland
séLEction LAURENT ROUSSELLE
équipEMEnt DE proDuction
robot coLLaboratiF pour tâcHEs précisEs Et récurrEntEs sécurité et rapidité
Le robot de production Melfa Assista assure une vaste gamme d’opérations à proximité de collaborateurs sans aucun dispositif de sécurité. Livré avec une graisse certifiée NSF H1, il peut être utilisé pour certains usages de l’agroalimentaire. Il respecte la réglementation de distanciation du travail et les normes sécuritaires ISO 10218-1 et ISO/TS 15066. Il facilite aussi les applications d’assemblage complexes ou critiques et des travaux répétitifs sur une chaîne d’emballage. La programmation est simple et s’articule autour d’une fonction d’apprentissage intuitive et rapide. Le logiciel associé procure des outils visuels de combinaison sophistiquée de tâches et de réglages individuels de chaque mouvement. Melfa Assista affiche de grandes performances, avec une précision de répétabilité de ± 0,03 mm pour une charge utile nominale de 5 kg et une portée de 910 mm. Il est capable de passer d’un mode collaboratif à un mode coopératif plus rapide et adapté à une production soutenue. L’état du cobot et les diagnostics d’erreur de fonctionnement sont visibles par l’opérateur sur un anneau de six LED couleur à l’avant du bras. Fabricant Mitsubishi Electric
Diffuseur double pour aérosols
Destiné aux aérosols de produits de maintenance, le diffuseur Double Spray pulvérise largement via un embout classique. Sa précision est dûe à un tube capillaire intégré, qui se déploie et se repositionne en position basse évitant les fuites. Indissociable de l’aérosol, il ne risque pas de se perdre ni de contaminer une ligne de production. La valve est multipositions pour une utilisation à 360 degrés.
Fabricant
crc industries
imprimante à jet d’encre LED uV
Destinée à l’impression de matériaux flexibles grand format, l’imprimante à jet d’encre LED UV Karibou facilite la manipulation des rouleaux, simples ou montés en double. Elle permet le contrôle instantané des impressions rétroéclairées. Elle comporte un kit Mesh pour les impressions à bords perdus sur des mailles ouvertes. La fonction Aspiration Tip Switch ajuste l’aspiration des 136 canaux en quatre secondes. Fabricant swissqprint
tri fondé sur l’apprentissage profond
Baptisée Gain, la technologie des machines Autosort recourt au deep learning pour effectuer du tri complexe à haut débit. En traitant à grande vitesse les données remontées par ses capteurs, Gain trie des objets ordinairement non retenus sans perturber le débit de traitement. Les machines peuvent rapidement s’adapter à des flux de déchets hétérogènes. Fabricant tomra sorting recycling
LE ForEt FHD DépoussièrE LE ForagE
Extraction instantanée et positionnement précis
Le foret creux aspirant FHD assure le perçage et l’aspiration des poussières en une seule opération. La tête dispose d’une pointe de centrage pour un positionnement précis, et d’un témoin d’usure conforme aux tolérances. Le forage est assuré par quatre taillants en carbure, y compris dans le fer à béton. L’extraction instantanée des résidus est assurée par les deux trous d’aspiration et d’évacuation via la tige cylindrique creuse. La poussière est aspirée et redirigée vers le manchon d’évacuation, raccordé à un aspirateur. L’utilisation d’une pompe de soufflage, d’un compresseur ou encore d’une brosse de nettoyage (écouvillon) pour nettoyer le trou après le perçage n’est plus nécessaire. Le fabricant indique que l’utilisation de son foret creux aspirant confère un gain de temps de plus de 50 % par rapport à un forage traditionnel. Le foret creux aspirant FHD est compatible avec toutes les marques de marteaux perforateurs à emmanchements SDS Plus et SDS Max. Il s’utilise avec un aspirateur classe M et est disponible en 11 diamètres. Fabricant Fischer
Fraise monobloc à cinq dents
La KOR 5 est une fraise monobloc à cinq dents destinée à l’usinage aéronautique de l’aluminium. Grâce à sa profondeur de coupe, l’outil ôte d’importantes quantités de métal. Avec des points de contact plus nombreux, il gagne aussi en stabilité. Son âme conique, sa conception à pas variable et son hélice de 35 degrés éliminent le broutage. Un séparateur brise les copeaux longs, évitant les reprises. Fabricant Kennametal
nuances de plaquettes en céramique whisker
La gamme de nuances de plaquettes en céramique Secomax CW100 sert à l’usinage de superalliages. Elle est complétée par quatre références pour gorges de différentes largeurs et quatre plaquettes rondes avec deux microgéométries, E-01020 et T-01020. Cette famille de nuances améliore la vitesse de coupe pour l’usinage de matériaux complexes.
Fabricant
seco tools France
imprimante 3D pour pièces fonctionnelles
L’imprimante 3D BCN3D Epsilon utilise des matériaux à charge fibreuse pour la production de pièces fonctionnelles destinées à des applications industrielles, comme la construction automobile. La machine intègre la technologie Idex, qui augmente le volume d’impression, et une chambre chauffée passivement et totalement fermée. Une plate-forme cloud permet de traiter les fichiers à distance. Fabricant bcn3D
147
guide achats L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
equipeMent général
notre sélection
identiFication de Fièvre par caMéra inFrarouge
prise de température rapide et précision
caméras de surveillance réseau
La caméra de surveillance à dôme fixe M3205-LVE d’Axis propose une vue grand angle en 1 080 px. Elle est équipée du WDR et intègre l’éclairage IR qui améliore la vision dans l’obscurité. Les fonctions d’analyse comme Axis Guard Suite sont prises en charge. Des ports E/S sont prévus pour une connexion aux appareils déclenchant alarmes ou actions. Les données des caméras sont enregistrées en local. Fabricant axis communications
coffre à outils mobile
Avec un système de rails coulissants en aluminium, le coffre à outils GEN 2 Mobile 0450 de Peli offre sécurité et flexibilité. Robuste, il résiste à l’immersion sous l’eau, aux températures extrêmes et aux chutes jusqu’à 1,5 m. Poignées et roulettes pour terrain escarpé facilitent son transport. Deux configurations sont disponibles : 4 tiroirs peu profonds et 2 profonds, ou 6 tiroirs peu profonds et 1 profond. Fabricant peli
plafonnier led pour bureaux
Le plafonnier Lumadalle d’EAS propose un éclairage de bureau sur mesure et économe en énergie. Connecté, il communique via le maillage radio des luminaires. Encastrable, il diffuse un éclairage à faible luminance (UGR<19). Son efficacité lumineuse atteint 135 lm/W avec un flux lumineux de 5050 lm en 3000K (blanc chaud) et de 5400 lm en 4000K (blanc neutre).
Fabricant
eas solutions
Dans le contexte sanitaire actuel, la vision industrielle apporte une solution rapide pour déterminer avec précision (± 2 °C), et sans contact, la température corporelle de personnes immobiles, ou en mouvement, dans une foule. Composé de la caméra infrarouge PI450i et du logiciel PIX Connect, la solution d’Otris mesure la température à la surface du visage. Il peut être utilisé tant dans les hôpitaux, que les aéroports, les écoles et les centres commerciaux. Le contrôle est encore plus fiable quand il est effectué sur le coin externe de l’œil. Le capteur a une sensibilité thermique de 40 mK. Des optiques appropriées sont proposées pour assurer une distance optimale de mesure. En combinaison avec un émetteur de rayonnement de référence de type BR20AR dont le signal est traité par le programme, la précision absolue du système atteint ± 0,5 °C. Le logiciel fonctionne sur tous les ordinateurs standards. La mise en service est directe et la configuration s’effectue simplement. Son principal atout est de créer des seuils de température qui déclenchent automatiquement des alarmes en cas de dépassement. Fabricant optris
robot Mobile de désinFection des surFaces
désinfection par voie aérienne et déplacement autonome
lavettes réutilisables pour machines
Les lavettes réutilisables Mewatex essuient l’huile, la graisse, les peintures et les solvants. La gamme Mewatex Plus élimine les salissures grossières sur des surfaces fragiles tandis que la version Protex est adaptée au nettoyage et au polissage des surfaces sensibles. En coton, Mewatex Ultra est prévu pour les équipements fragiles. Leur recyclage est proposé par le fabricant. Fabricant Mewa 148
contrôle de la déshumidification
sonorisation de sécurité
Les déshumidificateurs de la série ML de Munters disposent d’un régulateur de contrôle AirC. Une solution connectée qui améliore le contrôle et optimise le rendement énergétique de la machine grâce à un système de capteurs avancé. Plusieurs options de communication et de contrôle externe, ainsi que la gestion des alarmes sont également prévues.
La sonorisation de sécurité Compact 500 émet un signal sonore normalisé et des consignes parlées. Elle convient aux aéroports, grands ensembles industriels en réseau, magasins. Jusqu’à 255 modules peuvent être mis en réseau pour couvrir de très grandes surfaces. L’option Loopdrive permet le contrôle des défauts de lignes de haut-parleurs.
Munters
adF systèmes
Fabricant
Fabricant
Pour protéger les employés des virus dans les entreprises, le robot autonome Sherpa est équipé d’un dispositif de pulvérisation de virucide à base d’eau oxygénée qui lui assure une efficacité à 99,99 %. Il projette des microgouttelettes d’un calibre de 5 à 10μm formant un brouillard sec et performant pour atteindre des surfaces particulièrement difficiles, comme l’intérieur des tiroirs de bureaux et des armoires. Certifié NFT 72-281, le Sherpa a obtenu la très recherchée autorisation de mise sur le marché. Au bout de quelques heures incluant la diffusion, le temps de contact et la ventilation, un retour au travail en toute sécurité est possible. Avec une grande agilité, il se déplace dans tous les types d’environnements (halls, bureaux, ateliers ou vestiaires) et de configurations (grandes surfaces ou multitudes d’espaces cloisonnés). À l’approche des zones à traiter, l’opérateur détermine le meilleur mode d’exploitation du robot mobile. Son déplacement peut être en parfaite autonomie avec une vitesse contrôlée ou piloté à distance par l’utilisateur. Fabricant sherpa Mobile robotics
SéleCtion LAURENT ROUSSELLE
logiCielS
ModuleS CrM et geStion d’AFFAireS intégréS Flexible et modules structurants
La solution de gestion Cegid XRP Flex pour les professionnels des métiers de l’expertise comptable, de la fiscalité, de la paie, des RH, de l’ERP et du retail, s’enrichit d’un CRM intégré et d’un module de gestion d’affaires. Le CRM facilite les interactions avec les clients et les collaborateurs de l’entreprise autour du partage à 360° des informations commerciales, marketing et financières du client. Le module gestion d’affaires optimise, lui, les projets des entreprises relevant du secteur et simplifie le pilotage des coûts de prestations réalisées par ces sociétés auprès de leurs clients. L’outil est également relié nativement à l’ERP Cegid XRP Flex, favorisant ainsi le suivi des activités en croisant les données avec l’ensemble de celles traitées par l’ERP. Les évolutions de la solution s’opèrent à travers le cloud. Plusieurs formations sont ainsi déployées pour les partenaires : onboarding sur les actualités et les évolutions du produit, bootcamp pour échanger sur la solution ou encore programme d’accompagnement pendant la crise du Covid-19, entre autres. Fabricant Cegid
plate-forme connectée pour analyse de données
La plate-forme Tibco Connected Intelligence Cloud aide les entreprises à connecter des données hétérogènes, assurer une gouvernance de leurs informations, et à enrichir les renseignements obtenus. Elle répond aux besoins de plusieurs profils (utilisateurs métiers, développeurs, équipes informatiques). Ses connecteurs donnent accès à Microsoft Dataverse (ex-Common Data Service). Fabricant tibco
Aide à la conception
Strata Developer Studio de ON Semiconductor est un outil d’évaluation et de conception de produits connecté au cloud. Cet environnement fournit un outil de travail incluant les cartes d’évaluation et de développement. Strata fournit une source à jour pour la documentation, les informations produits et les modèles de référence, entre autres. Elle peut servir à explorer les autres technologies ON Semiconductor.
Fabricant
logiciel d’aide à la conduite
Le logiciel de démarrage rapide Perception fournit une solution pour les caméras frontales des véhicules autonomes. Fondé sur le système à puce SoC R-Car V3H, il incorpore une solution pour effectuer la détection d’obstacle par caméra (COD), celle d’obstacle lidar (LOD), des caractéristiques de la route (RFD)... COD utilise un accélérateur embarqué de réseau de neurones convolutionnels.
Fabricant
on Semiconductor
renesas electronics
Supervision des infrastructures informatiques
traitement de documents par iA
AppliCAtion Fondée Sur l’éClAirAge
Sécurise les espaces et aide à maintenir les distances
Afin d’assurer la sécurité et la santé des salariés sur leur lieu de travail, les applications logicielles Interact Office de Signify comportent des fonctions qui contribuent à préserver les distances au bureau, dans le cadre des dispositions liées au Covid-19. La solution se base sur l’infrastructure d’éclairage connectée pour la navigation en intérieur. Les applications spécialisées dans la gestion de l’espace et l’environnement de travail guident les collaborateurs vers les endroits non encombrés du bâtiment. Ils réservent alors un bureau dans un espace où l’occupation est encore acceptable, garantissant ainsi le respect des règles d’éloignement physique. Le logiciel utilise pour cela la communication par la lumière visible (VLC) et le Bluetooth à faible consommation d’énergie (BLE) situé dans les luminaires et les capteurs du téléphone. La mesure qui en résulte affiche une précision inférieure à 30 cm. L’application surveille aussi, en temps réel, le degré d’occupation d’une zone. Les données ainsi recueillies permettent d’identifier les emplacements à forte fréquentation qui auront besoin d’un nettoyage plus fréquent. Fabricant Signify
gestion des clients légers
La version 11 de ThinManager tient compte de la localisation, avec une prise en charge des claviers non anglophones. Le clavier à l’écran (OSK) est configurable dans différentes langues. Un BIOS plus moderne permet au logiciel de poursuivre la prise en charge des clients x86/zéro. La fonction MultiMonitor est étendue jusqu’à sept moniteurs sur un terminal.
Fabricant
rockwell Automation
Centreon EMS 19.04 supervise des environnements IT classiques, distribués et multicloud. Avec lui, les DSI bénéficient d’une vision globale des interdépendances des ressources hybrides de l’entreprise. Pour améliorer le pitotage, des cartes dynamiques fournissent des indications des objets connectés (péages, centres logistiques...). Fabricant Centreon
La solution d’IA IQ Bot 6.5 lit et traite automatiquement des documents basse résolution et des e-mails dans 190 langues, mais également des images avec l’application mobile Automation Anywhere. Elle est accessible à partir d’un appareil mobile. Ce produit détecte aussi l’écriture manuelle. Ses algorithmes lui permettent un classement de documents intelligent.
Fabricant
Automation Anywhere 149
guide achats L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
logistique-emBallages
notre sélection
tracteurs intelligents
remorquage jusqu’à 5 tonnes et stabilité
emballage pour l’export
Grâce à l’emballage Tetra Prisma 200ml Aseptic, les yaourts à boire Promess Ambient Drinking Yogurt de Lactinov, se conservent jusqu’à dix mois à température ambiante, et ce, sans ajout de conservateurs. Leur format convient à une consommation nomade.Les produits sont traités thermiquement pour répondre aux exigences de l’export.
Fabricant
lactinov - tetra pak
gamme de gerbeurs
Polyvalents, les gerbeurs de la gamme AXiA ES 1,0 à 1,6 tonne sont dévolus au stockage en rayonnage et de masse, à la préparation de commandes et au transport. Les modèles EM 1,2 et 1,6 tonne sont adaptés pour le gerbage de moyenne portée dans des espaces étroits. La version 1,6 tonne atteint une vitesse de 8,5 km/h. L’AXiA ES bénéficie d’un groupe moteur compact, d’un châssis plus étroit et d’un timon ergonomique. Fabricant mitsubishi Forklift trucks
outil d’identification des non-conformités L’application éponyme de SGD Pharma permet d’identifier les défauts les plus fréquents des flacons en verre moulé destinés à l’industrie pharmaceutique. L’utilisateur choisit la voie d’administration, puis affine sa recherche par localisation ou par classe de non-conformité. Un visuel, une définition, la classe et le niveau de qualité acceptable sont alors affichés.
Fabricant
sgd pharma
La gamme de tracteurs NTR30-50N2 de Cat dispose de deux modèles disponibles en 3 tonnes (standard) et 5 tonnes (usage intensif). Ils sont chacun dotés d’un moteur et d’une transmission intégrés. La technologie intelligente basée sur le système RDS (Cat Responsive Drive System) garantit une conduite précise. L’ensemble de direction s’adapte automatiquement à chaque manœuvre du cariste en agissant sur la direction et la vitesse de déplacement. En virage, l’équipement de contrôle de direction ajuste la sensibilité de la direction, la vitesse et l’angle de braquage. La fonction Flying start autorise l’accélération avant que l’opérateur ne monte sur le tapis détecteur de présence. L’accélération maximale est possible, une fois le cariste à bord. Quant au freinage par récupération, il élimine les effets d’oscillation lorsque le chariot arrive à l’arrêt. En option, un dispositif d’attelage automatique verrouille le chariot et la remorque quand ils sont dans la bonne position. Côté ergonomie, le poste de travail comprend un plancher à triple suspension avec structure flottante et un amortissement latéral. Fabricant cat lift trucks
Box-palette moBile et modulaBle solution modulaire et manipulable facilement
double chargement de produits
Le transpalette EXDSF-20 transporte jusqu’à 2 tonnes en double chargement : 1 t sur la levée du mât et 1 t sur la levée initiale. Compact – 720 mm de largeur –, il peut lever des charges jusqu’à 1200 kg à une hauteur de 2 924 mm. Pour limiter les TMS, la suspension de la plate-forme s’adapte au poids du cariste. Côté sécurité, l’appareil comprend un maintien automatique en rampe. Fabricant still 150
robot industriel agile
Grâce à ses dimensions (800 mm x 580 mm x 30 mm), le MiR250 est robot autonome conçu pour se déplacer dans des espaces restreints. Il contourne les individus et les obstacles, prend les virages à 90° et évolue à une vitesse de 7,2 km/h. Il peut être équipé de différents accessoires, tels un monte-module standard pour collecter et livrer des rayonnages, un transporteur à rouleaux, des bras robotisés... Fabricant mir
quart de palette pour espace réduit
Légère, empilable, et recyclable, la palette RQP46 est conçue en polypropylène vierge, qui éviterait les risques de contamination des produits. Son design a été étudié pour éviter l’accumulation de saleté et d’humidité. Au format 400 x 600 mm et compatible avec les équipements standard de manutention, elle trouve sa place dans les surfaces de vente réduites.
Fabricant
la palette rouge
Le Smart Dolly Pack est un box-palette mobile combinable avec différentes éléments en fonction de la hauteur et du volume souhaité. Développé pour répondre aux besoins des acteurs du retail alimentaire et non-alimentaire souhaitant accélérer le réassort en rayon, ce produit est paré d’une base roulante. Celle-ci facilite sa manipulation et évite l’utilisation de transpalettes en point de vente ou en entrepôt. Ses roues en polyuréthane minimisent également le bruit. Au format 600 x 800 mm, le produit est peu encombrant. Parmi les éléments qui la composent : une base montée sur roues (deux fixes et deux pivotantes), une ceinture pliable et un couvercle. La base plastique accueille des bacs de 600 x 400 mm et 400 x 300 mm et se coiffe ainsi d’un couvercle. Plusieurs emplacements sont prévus pour recevoir les différents types de bacs, la ceinture et les roues, afin d’éviter tout risque de basculement lorsque l’ensemble est manipulé. Un procédé de verrouillage a été ajouté aux quatre coins pour consolider le tout. Enfin, frein centralisé garantit le blocage des roues. Fabricant smart-Flow
SéleCtion LAURENT RoUSSELLE
Matériel inforMatique
PanelS PC en aCier inoxyDaBle
étanchéité et résistance aux températures extrêmes Les panels PC de la série Vitam sont livrés avec les plates-formes Intel Celeron Core i et basés sur processeur ARM i.MX Freescale. Différentes tailles d’affichage sont disponibles, de 10,1 à 23,8 pouces, avec un écran tactile PCT ou r ésistif et des options de verre AR, AG ou anti-UV. La série Vitam, construite en acier inoxydable SUS304, est certifiée IP66 et IP69K. Ils résistent à la poussière, aux projections rapprochées de liquides et aux lavages fréquents et intensifs à forte température, habituels. Les connecteurs M12 apportent davantage de sécurité en empêchant l’infiltration d’eau lors des aspersions et des nettoyages. Les panels PC fonctionnent dans une plage de température de - 20 à 60 °C et résistent à des environnements critiques avec fortes variations de température. Leur conception thermique optimisée, sans ventilateur, leur confère une capacité de dissipation thermique, même dans le cas d’applications industrielles difficiles. La série supporte les montages Yoke et Vesa. fabricant aplex technology
PC industriel polyvalent
Station de travail compacte
Équipé de processeurs Intel Core-i3 à i7 de 6e et 7e générations à quatre cœurs, le C6032 convient à la commande d’axes complexes, aux applications IHM et au traitement d’importants volumes de données. Compact (129 x 133 x 104 mm), il possède des connectiques en façade faciles à moduler grâce aux deux emplacements PCIe et fonctionne dans des environnements jusqu’à + 55 °C. fabricant Beckhoff
Le Simatic IPC127E est un PC industriel qui s’utilise notamment comme passerelle. Il gère directement les données dans l’environnement de la production. Grâce à son boîtier compact (0,3 l), il s’intègre aussi bien dans une armoire que sur la machine. Le PC doté d’un processeur Atom avec deux ou quatre cœurs, de 2 ou 4 Go de RAM et d’un disque dur SSD (jusqu’à 128 Go). fabricant Siemens
lecteur flash pour l’automobile
ordinateur pour PMe
SSD internes pour optimiser la performance
La gamme SSD Power Plus X150 comprend des disques Flash de 2,5” fondés sur la technologie 3D Nand. Ces produits atteignent jusqu’à 520 Mb/s en lecture et 500 Mb/s en écriture d’après des tests réalisés par le fabricant. Différentes capacités sont proposées : 120, 240, 480 et 960 Gb. Ce type de mémoire est composé de cellules empilées verticalement sur plusieurs couches. fabricant emtec
orDinateurS ferroViaireS
Connectivité multi-WWan et puissance de calcul élevée Les ordinateurs de la gamme V2406C à compatibilité sans fil sont conformes aux normes EN 50155:2017 et EN 50121-4 pour les applications ferroviaires. Ils sont certifiés CEI 61373 pour la résistance aux chocs et aux vibrations. Conçus pour les tâches de traitement de données, ils embarquent un processeur Intel Core i7/i5/i3 ou Intel Celeron et sont dotés de 32 Go de RAM et d’un emplacement mSata. Deux emplacements d’extension de stockage pour disque dur HDD ou SSD remplaçables à chaud sont proposés. Les deux emplacements d’extension sans fil mPCIe et les quatre emplacements pour carte SIM permettent d’établir une connectivité LTE/Wi-Fi redondante, assurant des communications bidirectionnelles stables entre un train circulant à grande vitesse et les applications en bordure de voie. Le câble QMA préinstallé contribue à simplifier l’assemblage et à limiter les fuites RF. Les ordinateurs sont équipés de nombreuses interfaces, dont deux ports Gigabit Ethernet, quatre ports série RS-232/422/485, six entrées numériques, auxquelles s’ajoutent une sortie vidéo VGA et une HDMI compatible 4K. fabricant Moxa
Ce lecteur e.MMC de 256 Go exploite la technologie Flash Nand 3D TLC à 64 couches présente sur le marché automobile. Il prolonge la durée de vie de la mémoire e.MMC. Le stockage haute capacité est un enjeu majeur pour les constructeurs traitant les données liées au développement des systèmes avancés d’infodivertissement embarqué.
fabricant
Western Digital
Le ThinkBook 13s est conçu en magnésium et en aluminium et se pose à plat à 180 degrés. Pesant 134 g, il embarque un processeur Intel Core de 8e génération. Une autonomie de onze heures est annoncée par le fabricant. La batterie est rechargée à 80 % en une heure, grâce à la technologie RapidCharge. L’authentification et la mise sous tension à l’aide du lecteur d’empreintes digitales comptent parmi ses fonctionnalités. fabricant lenovo
Poste de travail pour applications exigeantes
Doté du processeur Intel Xeon Core i7 - i5 - i3 de 6e génération, du moteur graphique NVidia GeForce RTX et d’une architecture NVidia Turing, le RCX-1000 RTX2080 prend en charge la DDR4 2 666 MHz jusqu’à 128 Go. Cette configuration fournit une solution de niveau poste de travail pour le deep learning, le contrôle robotique, la surveillance publique, le pilotage des AGV... fabricant Vecow 151
indices
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
Suivez en temps réel l’évolution de plus de 1000 indices de référence Coût des facteurs de production, prix des métaux, des plastiques, des matières recyclées… Paramétrez vos alertes personnalisées sur
indices.usinenouvelle.com contactez-nous au 01 77 92 99 09
Prix à la consommation EnsEmblE dEs ménagEs Base 100 en 2015 Source : Insee
b9700
2020 Var Nov %/mois Ensemble 104,73 +0,2 Produits alimentaires 108,66 +0,7 Boissons non alcoolisées 103,05 +0,1 Boissons alcoolisées 106,64 +0,3 Tabac 155,40 +4,9 Articles d’habillement et chaussures 102,38 -1 Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles 105,38 +0,2 Loyers effectifs 101,16 = Entretien et réparation des logements 108,84 +0,2 Alimentation en eau et services divers au logement 105,24 +0,1 Electricité, gaz et autres combustibles 109,95 +0,5 Electricité 116,60 = Gaz 102,39 +1,1 Gaz naturel et gaz de ville 99,81 +1,4 Hydrocarbures liquéfiés (butane, etc.) 120,07 -0,2 Combustibles liquides 98,32 +0,4 Combustibles solides 106,54 +1,2 Energie thermique 111,60 +4,9 Meubles, articles ménagers et entretien du foyer 101,10 = Meubles et articles d’ameublement 102,62 +0,3 Tapis et revêtements de sol divers 102,83 -0,3 Appareils ménagers 93,12 -0,4 Santé 96,78 +0,2 Produits pharmaceutiques 85,25 +0,5 Appareils et matériels thérapeutiques 100,61 = Transports 103,97 = Voitures automobiles 103,04 +0,2 Dépenses d’utilisation des véhicules 107,38 +0,1 Pneumatiques 97,64 -0,5 Carburants et lubrifiants pour véhicules de tourisme 102,09 +0,2 Gazole 104,35 +0,8 Entretien et réparation de véhicules particuliers 112,43 +0,2 Péages et parcmètres 106,45 -0,2 Services de transport 95,92 -0,8 Transport ferroviaire de passagers 91,03 -1,9 Transport routier de passagers 113,06 +2,2 Transport de passagers: bus et autocar 116,51 +3,9 Transport aérien de passagers 82,68 -4 Communications 92,34 +2,1 Téléphones fixes 99,09 -0,5 Téléphones portables 60,52 -2
Services de téléphonie fixe 101,16 Services de téléphonie mobile 103,22 Services d’accès à internet 85,47 Loisirs et culture 102,71 Ordinateurs personnels 81,21 Restaurants et hôtels 106,81 Assurance 107,68 Services financiers 107,32
= +6,2 = -0,4 -1 -0,4 +0,9 =
énergie ElEctricité à usagE industriEl moyEnnEs mEnsuEllEs E1100 En euros par MWh European Power Exchange, France. Moyenne des valeurs quotidiennes (base/pointe). Les pointes sont calculées hors week-ends. Source : Epex 2020 2020 Nov Déc 40,11/49,09 48,42/68,12
index ingénierie
B1010 Base 100 en 2010 Le matériel est composé par le «coût de la construction» (3%) et le MIG EBIQ - Énergie, biens intermédiaires et biens d’investissements (12,9%). Les frais divers sont composés par l’indice de prix à la consommation «Transports, communications et hôtellerie» (12,1%). Le coût du travail (70%) est appréhendé au travers de l’indice du coût horaire du travail dans les «activités spécialisées, scientifiques, techniques». Source : Insee 2020 2020 2020 2020 Juin Juillet Août Sept 116,6 117,2 117,5 117,8
recyclage ViEux papiErs
Q0201
En euros par tonne Prix indicatifs à l’achat par les collecteurs/recycleurs. Ces prix HT sont purement indicatifs. Majorations et minorations possibles selon qualité, quantité, modalités de fourniture et localisation. Prestations chez les fournisseurs (montant moyen pratiqué par la profession).Transport-ramassage: prix horaire camion seul = 90 euros/h; camion + remorque = 110 euros/h. Location de matériel: benne 25/30 m3 = environ 95 euros/mois; benne de compacteur = environ 110 euros/mois; compacteur + benne = environ 650 euros/mois (à compter de janvier 2020). 2020 2020 Nov Déc Papiers et cartons mêlés = +5 Brochures et journaux mêlés +15 +5 Caisses carton = +5 Rognures mêlées = +5 Rognures blanches mêlées = +5
SÉLECTION FRANCK STASSI
VIEUX PAPIERS
N3201
Evolution des prix moyens indicatifs du marché français, départ négociant (centre de récupération) par rapport aux prix moyens en valeur absolue observés le mois précédent (en euros/tonne, hors taxes). DECEMBRE 2020 Variation Variation Moyenne France export Groupe 1 : sortes ordinaires 1.02 Papiers et cartons mêlés d’origine, triés (ex A2) +10 +5 +7,5 1.03 Cartons gris (ex A3) +10 +5 +7,5 1.04 Emballages commerciaux (ex A4) +10 +10 +10 1.05 Ondulés récupérés (ex A5) +10 +10 +10 1.06 Magazines invendus (ex A7) = = = 1.06.01 Magazines invendus sans dos collé (ex A8) = = = 1.10 Journaux et magazines mélangés = = = 1.11 Papiers graphiques triés, pour désencrage (ex A11) = = = Groupe 2 : sortes moyennes 2.01 Journaux (ex B1) -5 -10 -7,5 2.02 Journaux invendus (ex B2) -5 -10 -7,5 2.03 Rognures blanches légèrement imprimées (ex B5) -5 = -2,5 2.03.01 Rognures blanches légèrement imprimées sans colle (ex B6) -5 = -2,5 2.06 Archives couleurs (ex B7) = = = 2.08 Brochures sans bois colorées (ex B10) -2 = -1 Groupe 3 : sortes supérieures 3.01 Rognures d’imprimeries mêlées, de couleurs claires (ex C1) -10 -10 -10 3.02 Rognures d’imprimerie mêlées, de couleurs claires, sans bois (ex C2) -10 -10 -10 3.05 Archives blanches sans bois (ex C7) -10 -10 -10 3.06 Imprimés professionnels blancs (ex C8) -6 -10 -8 3.07 Formulaires blancs, sans bois (ex C9) -20 -20 -20 3.11 Carton blanc multicouche, fortement imprimé (ex C6) -20 -20 -20 3.14 Papier journal blanc (ex C12) -15 -15 -15 3.15.01 Papier blanc à base de pâte mécanique contenant du papier couché (ex C13) -15 -15 -15 3.16 Papier blanc couché, sans bois, sans colle (ex C17) -15 -15 -15 3.18 Rognures blanches sans bois (ex C18) -10 -10 -10 3.18.01 Rognures blanches sans bois, non couchées (ex C19) -10 -10 -10 Groupe 4 : sortes kraft 4.06 Kraft usagé (ex D5) +5 +5 +5 4.07 Kraft neuf (ex D6) +5 +5 +5
SYNTHÈSE DES VARIATIONS DES MÉTAUX FERREUX
Q0603
Décembre par rapport à Novembre 2020 - En euros par tonne Les écarts ci-dessous s’appliquent aux prix effectifs du mois précédent, exprimés en euros à la tonne en exonération de taxes, pour la zone industrielle de la région considérée. Ils pourront être très différents selon la densité de chargement. Les marchandises sont réputées saines, exemptes de toutes matières étrangères enlevées par bennes unitaires à pleine capacité, chargées par le vendeur. Source : KPMG Nord,Est, Centre-Sud-Est, Bretagne Sud Ouest Atlantique, Ile-de-France Sud-Méditerranée Midi Pyrénées E1 - Ferrailles de ramassage +46 +28 +22 +26 E3 - Ferrailles massives industrielles +46 +31 +29 +27 E5M - Tournures +44 +27 +28 +25 E8 - Chutes tôles neuves +45 +28 +31 +27 E40 - Ferrailles broyées +47 +33 +28 +25
BASE DE PRIX INTERNÉGOCE ET DÉPART USINE PRODUCTRICE N1400 (Région parisienne) Euros/t (à partir de mars 2001), par 1000 t mini, wagon départ zone II, hors taxes 2020 Déc Longues, cat.01: 9 mm et plus, 150 x 50 cm -364 Tournures, cat. 41 -348 USINES DE COMPRESSION REGION PARISIENNE Chutes de tôles neuves, cat. 50 -314
DÉCHETS DE MATIÈRES PLASTIQUES
Q0802
Evolution moyenne constatée par rapport au mois précédent, en euros par tonne à l’enlèvement par négociant spécialisé pour des quantités de 1 à 5 tonnes maximum, quantités moyennes, marchandises propres. Ces prix s’entendent pour des quantités bien séparées, propres, sans matières étrangères. Les prix d’autres qualités recyclables sont très variables et nécessitent toujours la présentation d’échantillons. Les prestations d’enlèvement feront l’objet d’une facturation séparée par le récupérateur. Les variations mentionnées pour les bouteilles des collectes sélectives sont celles constatées sur le marché français et il convient de faire état pour la fraction à destination de la grande exportation d’une très forte dévaluation de l’ordre de 90 euros par tonne. MONTANT MOYEN DES PRESTATIONS. Broyage classique à 180€/tonne. Micronisation à 150€/ tonne (pour du 850 microns). Régénération à 220/250€ standard suivant la matière. Mise en balles sans tri à 35€/tonne. Tri/controle en cabine à 80€/tonne. Location de benne 30m3 à 60€/HT/ mois. Location de compacteur 25m3 monobloc à 400 € HT/mois. Location de compacteur poste fixe avec caisson 30m3 à 600 € HT/mois. Prix horaire camion 90€/h et camion remorque à 100€/h. Source : KPMG mandaté par Federec et la Fnade 2020 Déc POLYETHYLENE 04-1-42 Chutes neuves HD injection = 04-1-43 Chutes neuves HD extrusion = 04-1-40 Films neufs couleurs BD = 04-1-41 Films neufs naturels BD = 04-2-40 Films rétractables et étirables mêlés à laver = 04-2-41 Housses couleurs épaisses à laver -11 04-2-42 Housses naturelles épaisses à laver -11 04-2-43 Films étirables naturels à laver = 04-2-44 Films agricoles à laver = 04-2-49 Housses et films issus du tri DIB = POLYPROPYLENE 05-1-50 Films naturels = 05-1-51 Films couleurs et imprimés = 05-1-52 Chutes PP rigides naturels = 05-1-53 Chutes PP rigides couleurs = 05-1-54 PP/PE blanc = 05-1-55 PP/PE couleur = 05-1-56 PP tissé et non tissé = 05-2-50 PP tissé big bag = 05-2-51 PP rigides en fin de vie =
POLYSTYRENE 06-1-60 PS extrusion naturel et blanc -3 06-6-61 PS extrusion couleur -5 06-1-62 PS injection naturel et blanc -1 06-1-63 PS injection couleur -6 06-2-60 PSE = 06-2-61 PS injection et extrusion couleur 06-2-62 PS Alu = ABS 08-1-80 ABS blanc = 08-1-81 ABS couleur = 08-1-82 ABS/PC chutes neuves = 08-2-80 ABS/PC (DEEE) = PVC 03-1-30-1 PVC souple naturel = 03-1-30-2 PVC souple couleur = 03-1-31 Chutes PVC issus de BTP = 03-1-32 PVC thermoformage et calandrage couleur = 03-1-33-1 PVC de thermoformage et calandrage cristal = 03-1-33-2 PVC-PE = 03-1-34-1 PVC profilés couleur avec joint = 03-1-34-2 PVC profilés couleur sans joint = 03-1-35-1 PVC profilés blanc avec joint = 03-1-35-2 PVC profilés blanc sans joint = 03-2-30 PVC issus de démantèlement de BTP = 03-2-31 PVC souples rigides mêlés PET 01-1-10 A-PET thermo cristal = 01-1-16 A-PET thermo couleur = 01-1-17-1 A-PET préforme cristal = 01-1-17-2 A-PET préforme azuré = 01-1-17-3 A-PET préforme couleur transparente = 01-1-17-4 A-PET préforme couleur opaque = 01-1-17-5 A-PET préforme multicouches = 01-1-18 PETG naturel, bleuté = 01-1-19 PETG couleur PLASTIQUES TECHNIQUES 01-9-90 PC +8 01-9-91 PMMA = 01-9-92 PA = 01-9-93 POM +16 VALORISATION GARANTIE DES OPERATEURS 01-2-12 et 01-2-13 - Qualités Q0/Q4 PET Bouteilles collecte naturel et azurées = 01-2-15 et 01-2-11 - Qualités Q5/Q6 PET Bouteilles collecte toutes couleurs mêlées et couleur +4 2.02-21 PEHD Flaconnage, PEHD à laver -1 EXTENSION DES CONSIGNES DE TRI (Expérimentation plastiques) 02-2-22 PEHD extensions = 04-02-50 Films mixtes = 05-2-52 PP Extensions = 07-02-10 PE/PP/PS (ex-Films rigides mixtes) +1 07-02-30 - Qualité Q7 - PET Bouteilles collecte naturel et azurées + Barquettes +1 07-02-40 - Qualité Q8 - PET Bouteilles collecte toutes couleurs mêlées et couleur + Barquettes +4 07-2-50 PE/PP = PLASTIQUES EN MELANGE RIGIDES ISSUS DE DECHETERIES 07-02-20 =
FERRAILLES
Valorisation des métaux ferreux et non ferreux en usine
MÉTAUX
Gestion globale des déchets en France et en Europe
INOX
Maxime LAUTARD
01 40 02 02 15
fml@fml.fr
9001 & 140001
www.fml.fr 153
le guide indices L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
EmballagEs plastiquEs - prix dE rEprisE Valorplast q2000 En euros par tonne Variation du prix de reprise des emballages plastiques issus de la collecte sélective, applicable aux collectivités sous contrat avec Valorplast, pour le mois en cours par rapport au mois précédent, en euros par tonne. 2020 Déc EMB PET Q9 - Bouteilles et flacons en PET issus de la collecte sélective transparents, incolores ou bleutés clairs = EMB PB PET Clair Q7 - Pots et barquettes monocouches sans opercule en PET issus de la collecte sélective transparents, incolores ou bleutés clairs = BF PET clair - Q4 - Bouteilles et flacons en PET issus de la collecte sélective transparents, incolores ou bleutés clairs = BF PET foncé - Q5 - Bouteilles et flacons en PET issus de la collecte sélective colorés foncés (transparents ou opaques) = Plastiques souples - Films - Emballages souples en PEbd et en PEhd issus de la collecte sélective = EMB MIX PET clair - MIX Q7 - Bouteilles et flacons + pots et barquettes monocouches sans opercule en PET issus de la collecte sélective transparents, incolores ou bleutés clairs = EMB MIX PET foncé - MIX Q8 - Bouteilles et flacons + pots et barquettes monocouches sans opercule en PET issus de la collecte sélective colorés foncés (transparents ou opaques) = EMB PET Q10 - Bouteilles et flacons en PET issus de la collecte sélective colorés foncés (transparents & sans opaques) = EMB MIX PET opaque - Bouteilles et flacons + pots et barquettes monocouches sans opercule en PET issus de la collecte sélective colorés foncés (opaques) = BF PEhd + PP - Bouteilles et flacons en PEhd et PP issus de la collecte sélective = EMB MIX PE/PP/PS - Emballages rigides (bouteilles, flacons, pots et barquettes) en PEhd, PP ou PS (hors expansé) = EMB MIX PEPP - Emballages rigides (bouteilles, flacons, pots et barquettes) en PEhd et PP = EMB MIX PE - Emballages rigides (bouteilles, flacons, pots et barquettes) en PE = EMB MIX PP - Emballages rigides (bouteilles, flacons, pots et barquettes) en PP = EMB MIX PS - Emballages rigides (pots et barquettes) en PS (hors expansé) = EMB MIX PE - Pots & Barquettes - Bouteilles et flacons en PEhd et PP + pots et barquettes en PEhd, PP, PET, PS, PVC, complexes = Monoflux rigides - Emballages rigides (bouteilles, flacons, pots et barquettes) en PET, PEhd, PP, PS, PVC, complexes = Pain PSE - PSE conditionné sous forme de pain compacté = PE/PP déchetterie - Plastiques en mélange rigides de déchetterie en PE et PP conditionnés en balles =
154
Métaux précieux platinoïdEs
aLLiages H2600
En dollars par once Prix composite des cotations à Hong Kong, Londres et New York. Source : Johnson Matthey 2020 2020 2020 Oct Nov Déc Platine 880,80 917,67 1033,90 Palladium 2369,04 2367,51 2361,54 Rhodium 13977,27 15078,17 16435,79 Iridium 1645,00 1662,08 1986,93 Ruthenium 270,00 270,00 270,00
NoN-ferreux/LMe moYEnnEs mEnsuEllEs En dollars par tonne métrique 2020 Nov Cuivre Comptant 7063,43 A 3 mois 7078,19 Settlement 7063,43 Etain Comptant 18567,90 A 3 mois 18538,71 Settlement 18567,90 Plomb Comptant 1914,48 A 3 mois 1929,79 Settlement 1914,48 Zinc Comptant 2669,69 A 3 mois 2682,26 Settlement 2669,69 Aluminium Comptant 1932,12 A 3 mois 1945,50 Settlement 1932,12 Alliages Comptant 1606,88 A 3 mois 1627,86 Settlement 1606,88 Nasaac Comptant 1757,31 A 3 mois 1779,79 Settlement 1757,31 Nickel Comptant 15796,05 A 3 mois 15837,43 Settlement 15796,05
H4000 2020 Déc 7755,24 7771,50 7755,24 19727,33 19642,52 19727,33 2018,60 2028,62 2018,60 2782,36 2809,14 2782,36 2017,90 2028,90 2017,90 1866,14 1842,90 1866,14 1934,12 1949,12 1934,12 16807,05 16870,00 16807,05
En euros par tonne 2020 Décembre 2020 Novembre 2020 Octobre 2020 Septembre 2020 Août
salairEs mEnsuEls dE basE H4701
Franco France métropolitaine Ces prix, en euros/t, hors taxes, s’appliquent à des commandes livrables par lot minimal de 20 tonnes représentant au maximum 2 produits différents. 2020 2020 2021 Nov Déc Jan Calypso 67B et 67B1 3749 3909 3979 67R et 67R1 3744 3904 3974 69B 3754 3914 3984 67XB et 67XB1 4249 4409 4479 43X 3779 3939 4009 82P1 et 82P2 3844 4004 4074 61D et 61D1 2899 3059 3129 67B3 et B5 3744 3904 3974 67B10 3744 3904 3974 67XB3 4249 4409 4479 85R 4269 4429 4499 Série A A5/LR 3584 3744 3814 A7/LR 3589 3749 3819 A-G3T 3679 3839 3909 A-S5U3G/P4 3929 4089 4159 A-S7G03 3739 3899 3969 A-S7G06 3739 3899 3969 A-S10G 3594 3754 3824 A-S18UNG 4244 4404 4474 A-S22UNK 4274 4434 4504 A-U5GT 4079 4239 4309 A-Z10S8G 3694 3854 3924 A-S13GU 3694 3854 3924 A-G6Be 3934 4094 4164 A-S2GT/P1 3514 3674 3744
alliagEs d’aluminium sECondairE
H1800
Ces prix, en euros/t depuis septembre 2001, hors taxes, s’appliquent à des commandes livrables par lot minimal de 20 tonnes représentant au maximum 2 produits différents. Franco France métropolitaine. 2020 2020 2021 Nov Déc Jan A-S12 3599 3759 3829 A-S12U 2265 2335 2715 A-S12UN 2770 2840 3220 A-S9G 3604 3764 3834 A-S9U3 2145 2215 2595 A-S5U3 2495 2565 2945
saLaires
NoN-ferreux/fraNce CuiVrE
alliagEs d’aluminium primairE
H0102
indiCE sYntEC
6555,24 6150,67 5879,23 5878 5680,65
Base 100 au 1er janvier 1961, divisée par 10 en janvier 1984. Source : Fédération Syntec 2020 Connu le 2020 Connu le Oct Nov 274,7 26-11-2020 274,7 31-12-2020
a0600
a0201
Les résultats de l’enquête trimestrielle sur les indices des salaires mensuels de base sont exprimés en pourcentage sous forme d’évolution calculée sur le dernier mois du trimestre précédent. 2020 2020 3e trim 1er sem ENSEMBLE DE à RU +1,0 +0,2 DE à C5 : Industrie +1,1 +0,2 FZ : Construction +1,5 +0,3 GZ : Commerce +1,0 +0,2 IZ : Hébergement et restauration +0,6 +0,4 JZ : Information et communication +0,7 +0,2 MN : Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien +1,1 +0,2 GZ à RU : Tertiaire +0,9 +0,2 OUVRIERS +1,0 +0,3 DE à C5 : Industrie +1,1 +0,2 FZ : Construction +1,5 +0,4 GZ : Commerce +1,0 +0,3 IZ : Hébergement et restauration +0,2 +0,6 JZ : Information et communication +0,3 +0,2 MN : Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien +0,9 +0,1 GZ à RU : Tertiaire +0,8 +0,3 EMPLOYES +1,1 +0,2 DE à C5 : Industrie +1,4 +0,2 FZ : Construction +1,3 +0,3 GZ : Commerce +1,0 +0,2 IZ : Hébergement et restauration +0,7 +0,4 JZ : Information et communication +0,9 +0,3 MN : Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien +1,4 +0,2 GZ à RU : Tertiaire +1,0 +0,2 PROFESSIONS INTERMEDIAIRES +0,9 +0,2 DE à C5 : Industrie +1,0 +0,2 FZ : Construction +1,5 +0,1 GZ : Commerce +0,9 +0,3 IZ : Hébergement et restauration +0,2 +0,4 JZ : Information et communication +0,8 +0,2 MN : Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien +0,9 +0,3 GZ à RU : Tertiaire +0,8 +0,3 CADRES +1,0 +0,2 DE à C5 : Industrie +1,2 +0,2 FZ : Construction +1,6 +0,1 GZ : Commerce +1,1 +0,2 IZ : Hébergement et restauration +2,7 +0,2 JZ : Information et communication +0,7 +0,2 MN : Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien +1,1 +0,2 GZ à RU : Tertiaire +1,0 +0,2
155
LA BOURSE DE L’EQUIPEMENT INDUSTRIEL L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
MARCHE DE L’INDUSTRIE ACK SAS AT OPTIMAT 63 SAS CORSTYRENE SAS ENGRENAGES HPC SARL ERDE SA IFT GROUPE OMERIN LE CAOUTCHOUC D’ARGENTEUIL SA
156
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
P. 157-158 P. 157 P. 157 P. 157 P. 158 P. 157 P. 158
LEGEARD SAS PEGUET MAILLON RAPIDE SAS OTELO PLASTUB ROBOTIQUE CONCEPT SARL SERENCO INTERNATIONAL LIMITED
P. 158 P. 158 P. 158 P. 157 P. 158 P. 158
La bourse de l’équipement industriel LA BOURSE DE L’ÉQUIPEMENT
MARCHÉ DE L’INDUSTRIE SOUS-TRAITANCE | ÉQUIPEMENTS | FOURNITURES | BÂTIMENT
Contact : Service Publicité - 01 77 92 93 64 sefia.bourha@infopro-digital.com
AGENCE 63 04 73 84 20 76 beaufort@toueix.com
AGENCE 84 04 90 20 90 17 optimat84@wanadoo.fr
Livraison rapide dans toute la France
La qualité au meilleur prix
w
co ww nt .c ac o t@ rs co ty rs re ty n re e. ne fr .fr
Bungalows standards et sur-mesure Sanitaires et containers
SECUNORM 540 L’ULTRA-SPÉCIALISTE N° 54000410
NOUVEAU Le SECUNORM 540 aime aller au fond des choses : manche en aluminium robuste, changement de lame intelligent, grande profondeur de coupe et surtout rétraction ultra-rapide du tranchant pour plus de sécurité. Vous pourrez compter sur lui pour relever les défis les plus exigeants. Pour en savoir plus : www.martor.fr I T +33 (0)3 88 72 96 34
appréciez la sécurité fabriquée à Solingen
ENJOY SAFETY MADE IN SOLINGEN
157
La bourse de l’équipement industriel
SOUS-TRAITANCE | ÉQUIPEMENTS | FOURNITURES | BÂTIMENT
Fabrication de pièces en fil Ø de 1 à 30 mm Fabrication de paniers sur mesure Fabrication de chaînes. Vente de quincaillerie Filetage de M3 à M27, soudure Mig Tig électrique
TRESSES Ruban pur PTFE (RAINATAPE) PTFE expansé (RAINASEAL) GARNITURES MÉCANIQUES FEUILLES - JOINTS
Le Caoutchouc d’Argenteuil
LEGEARD SAS
41, rue de Malcouture 95100 ARGENTEUIL 01 39 82 21 81 lca@lca95.fr
61800 TINCHEBRAY Tél : 02 33 62 20 60 Fax : 02 33 96 06 39 contact@legeard.fr www.legeard.fr
RAINEX … Le bon réflexe !
L'expert de l'outillage industriel depuis 30 ans
140 000
otelo.fr
OUTILLAGE - PRODUCTION - MAINTENANCE RÉPARATION - ENTRETIEN
produits en ligne
+ de 500 marques
PROFITEZ DE 10% DE RÉDUCTION Livraison
sur
otelo.fr
24h (1)
AVEC LE CODE PROMO
UN3690
Conditions indiquées sur le site. Valable une fois par client jusqu’au 31.03.2021.
commercial@otelo.fr 158
l’usine nouvelle n° 3690 # JAnVIER-féVRIER 2021
(1)
LEADER EN ROBOTIQUE D’OCCASION www.robotiqueconcept.com
159
I CarrIères
organisme de droit privé du Régime Général de la Sécurité Sociale assure une mission de service public pour réduire les atteintes à la santé dans le cadre du travail. La CRAMIF développe une politique d’actions en direction des entreprises, visant à préserver la santé et la sécurité des salariés et à améliorer leurs conditions de travail, dans les établissements et sur les chantiers des 8 départements de la région Ile-de-France. A ce titre, nous recrutons des :
Ingénieurs expérimentés h/f
Techniciens supérieurs h/f
Ayant une expérience significative dans l’un des domaines suivants : - BTP, GENIE CIVIL avec expérience de chantier et compétences en gros œuvre ou corps d’état secondaires ou techniques ou - GENERALISTES avec expérience en production, méthodes, bureau d’études, etc. ou - MESURES PHYSIQUES : ventilation, acoustique, vibrations, rayonnements
Ayant une bonne expérience dans l’un des domaines suivants : - BTP, GENIE CIVIL avec expérience de chantier et compétences en gros œuvre ou corps d’état secondaires ou techniques ou - Secteurs d’activité de l’INDUSTRIE (métallurgie, chimie, etc.) avec expérience en production, méthodes, bureau d’études ou maintenance ou - MESURES CHIMIQUES : avec de bonnes connaissances pratiques et théoriques du prélèvement atmosphérique (et si possible de l’analyse) des polluants chimiques
En CDI - 57 K€ la première année (statut d’Ingénieur Conseil)
En CDI - 37 k€ (statut cadre de contrôleur de sécurité)
• Vous avez une véritable expérience en management ou en management de projet. • Fort de votre expérience de terrain et grâce à la formation de 10 mois (en CDI) que nous assurons afin de vous former au métier d’Ingénieur Conseil, vous exercerez, selon votre profil, des missions de conseil et d’expertise technique dans le cadre de la promotion de la PREVENTION DES RISQUES D’ACCIDENTS DU TRAVAIL ET DE MALADIES PROFESSIONNELLES auprès des entreprises de l’Industrie, des Services, du Bâtiment et des Travaux Publics. • En contact permanent avec les entreprises, les fédérations professionnelles, les services de santé au travail et autres acteurs, vous possédez de très bonnes qualités relationnelles et une bonne capacité à convaincre les décideurs, afin d’engager des politiques de prévention et de conduire des projets d’envergure au sein du réseau coordonné par la CNAM (CARSAT-CRAMIF-INRS).Vous mettrez ainsi à profit votre sens de la synthèse et de la pédagogie. • Vous êtes OBLIGATOIREMENT titulaire d’un diplôme d’ingénieur reconnu par la Commission des Titres et justifiez impérativement d’une expérience industrielle de 5 ans minimum après obtention de votre diplôme.
• Vous possédez de très bonnes qualités relationnelles et une bonne capacité à convaincre afin de mobiliser les chefs d’entreprises. • Fort de votre expérience de terrain et grâce à la formation de 10 mois (en CDI) que nous assurons afin de vous former au métier de contrôleur de sécurité, vous exercerez, selon votre profil, des missions de conseil et de contrôle dans le cadre de la promotion de la PREVENTION DES RISQUES D’ACCIDENTS DU TRAVAIL ET DE MALADIES PROFESSIONNELLES auprès des entreprises de l’Industrie, des Services, du Bâtiment et des Travaux Publics. • En contact permanent avec les entreprises, vous analyserez des situations de travail et en évaluerez les risques professionnels. • Un sens aigu de l’observation, l’esprit d’analyse et de synthèse, l’écoute et une grande rigueur de travail sont des atouts indispensables pour ce poste. • Vous êtes OBLIGATOIREMENT titulaire d’un BTS, d’un DUT ou d’un diplôme au moins équivalent à Bac+2 et justifiez impérativement d’une expérience industrielle de 3 ans minimum après obtention de votre diplôme.
Gestion de projet, aptitude au management
VENEZ NOUS REJOINDRE !
Postes basés en Ile de France à pourvoir au 01/09/2021 Permis B indispensable Date limite de dépôt des candidatures : 01/03/2021 au plus tard par e-mail : ingenieur.recrut.cramif@assurance-maladie.fr ou technicien.recrut.cramif@assurance-maladie.fr Les personnes sélectionnées seront dans un premier temps conviées à une épreuve écrite le 08/04/2021 pour le poste d’ingénieur et le 01/04/2021 pour le poste de technicien. Des entretiens se tiendront ensuite entre le 4 et le 7 mai puis le 26 ou 28 mai 2021 pour le poste d’ingénieur et entre le 13 et 16 avril puis le 17 ou 25 mai 2021 pour le poste de technicien. Renseignements : Claire OLIVRIN (01.40.05.38.10 - cramif.fr et sur linkedin) Toute demande non accompagnée des pièces demandées (CV, lettre de motivation, diplôme) ne sera pas prise en compte.
DONNEZ UN HORIZON DURABLE À VOTRE AVENIR
Tereos crée des solutions végétales pour un monde qui change. Avec nos 22 000 collaborateurs, nous transformons nos matières premières pour répondre aux besoins essentiels d’alimentation, de mobilité, d’énergie et pharmaceutiques. Avec un chiffre d’affaires de 4,5 mds d’euros en 2019-2020, le Groupe est aujourd’hui leader des secteurs du sucre, de l’alcool, des amidons et produits sucrants. Afin de renforcer nos équipes, de continuer à transformer et à optimiser la performance de nos usines dans les Hauts-de-France, le Grand Est et les Pays de la Loire, nous recrutons des : - Ingénieur process F/H - Responsable maintenance F/H - Responsable méthodes maintenance F/H - Responsable HSE F/H Si vous avez l’ambition de travailler dans un environnement collaboratif ; si vous pensez que performance individuelle rime avec succès collectif ; si vous cherchez l’autonomie et avez envie de relever les défis d’un monde en évolution ; si la passion et l’audace guident votre sens des responsabilités… Donnez un horizon durable à votre avenir et rejoignez-nous.
Découvrez nos offres sur careers-tereos.profils.org
160
l’usine nouvelle n° 3690 § 29 JAnVIER 2021
© François-Louis Athénas
Offres et demandes d’emploi
La Direction Régionale des Risques Professionnels (DRRP) de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Ile de France
DIRECTEUR DES OPERATIONS (INDUSTRIELLES) (H/F) Côtes d’Armor (22)
Rattaché(e) à la Directrice Générale, vous aurez la responsabilité de nos usines de Quessoy (22) et de Kazatin (Ukraine) sous les angles Production, Maintenance/Travaux Neufs/Investissements, et Flux Physiques Internes/Planification, et ce, dans le respect de nos engagements Qualité, Environnement, Coût, Délais et Sécurité. Femme/Homme passionné(e) par le terrain, vous veillerez à organiser et à fédérer les équipes autour d’un engagement commun de Performance et de Satisfaction Clients. Pour répondre à nos objectifs d’optimisation industrielle et à notre projet d’entreprise, vous saurez animer et faire évoluer notre plan de progrès en favorisant la mise en œuvre de processus d’amélioration continue et en étant force de proposition et un acteur clé dans notre évolution technologique et logistique. Garant de vos activités et du pilotage de vos indicateurs, vous assurerez un reporting régulier à la Direction Générale et travaillerez en étroite collaboration avec nos équipes ADV, Commerce, Finances et R&D. Pour ce poste, un anglais courant est indispensable.
Répondez en ligne sur http://usinenouvelle.emploi-pro.fr/
I CarrIères
Recrute :
Directeur service technique et développement h/f Poste basé à LA GAUDE En étroite relation avec la Direction Générale, et sous sa responsabilité, vous êtes en charge de la totalité de l’activité machines à café (professionnel, semiprofessionnel et grand public). Au quotidien, vous gérez votre secteur comme un centre de profit et veuillez à sa rentabilité.
Offres et demandes d’emploi
Implanté en France et en Ukraine, le Groupe SOKA est spécialisé dans l’extraction, le traitement et la transformation des kaolins et kaolins calcinés depuis 1951. Avec trois gisements en Bretagne, deux dans la région de Kazatin (Ukraine), deux sites industriels et une solide organisation logistique, nous réalisons une part importante de notre chiffre d’affaires à l’export vers tous les continents. Dans le cadre de l’évolution de notre organisation, nous recherchons un(e)
Missions : • Superviser l’intégralité des services liés à cette activité : le SAV fixe et itinérant, le département R&D, le service Qualité et le service Formation Technique. • Etre en charge de toute l’activité Machines à café et matériel hôtelier au niveau managérial et organisationnel comme garantir l’efficacité du service technique dans son ensemble. • Organiser et adapter l’ensemble de la structure à l’évolution du marché, de la société, de la clientèle CHR notamment, et des demandes des services commerciaux Malongo. A ce titre, contribuer activement à la stratégie de l’entreprise.
Répondez en ligne sur http://usinenouvelle.emploi-pro.fr/
Recrute :
Enseignant formateur en industrie h/f Poste basé à NANTERRE Sous la responsabilité du Responsable du département, vous aurez un rôle central dans l’accompagnement et la réussite des promotions d’élèves qui vous seront confiées, par leur suivi personnalisé aussi bien à l’école qu’en entreprise, depuis leur sélection jusqu’à leur diplomation et leur insertion professionnelle. Vous accompagnez vos apprenants dans la réalisation de leur projet pédagogique et vous participez à un enseignement singulier, basé sur une pédagogie active et innovante..
PRESSE
INTERNET
SALONS
FICHIERS
VOTRE PARTENAIRE RECRUTEMENT DANS L'INDUSTRIE
Répondez en ligne sur http://usinenouvelle.emploi-pro.fr/
Recrute :
Responsable R commercial Europe h/f Poste basé à ANGOULÊME Sur la base d’objectifs commerciaux qui vous sont fixés, vous élaborez votre plan d’action et de prospection. A vous de :
Vous souhaitez diffuser une annonce dans notre support et sur notre site Internet, contactez-nous : ANNONCES / MARQUE EMPLOYEUR : Marie Caland : Tél. 01 79 06 73 87 - mcaland@infopro-digital.com
• Détecter de nouvelles opportunités, de nouvelles cibles dans les secteurs de la maintenance industrielle, l’entretien, le cleaning, les secteurs de la cosmétique, de l’alimentaire, du végétal… au plan européen. • Développer le chiffre d’affaires de l’entreprise en commercialisant la solution phare «Dityspray Classic» et les services & prestations proposés par l’entreprise, à terme tous les développements de packaging que met au point l’entreprise. • Conseiller les clients (dirigeants, responsables technique, achat, packaging, R&D, marketing…) et les accompagner dans le processus de décision. Fréquents déplacements à prévoir en Europe.
Répondez en ligne sur http://usinenouvelle.emploi-pro.fr/
161
la DER
l’usine nouvelle N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
« L’AnomALie » entremêle métaphysique et... simulation numérique
les projets insolites et spectaculaires de l’industrie, qu’ils viennent de grands groupes ou du bricoleur dans son garage.
#
Vivons-nous dans une vaste simulation numérique? Et surtout, quelles seraient les conséquences d’une telle découverte? C’est en partant de cette théorie, inspirée par le philosophe suédois Nick Bostrom, spécialiste des technologies émergentes, qu’Hervé Le Tellier a conçu son dernier roman, «L’Anomalie». Un véritable thriller qui a remporté le prix Goncourt 2020 et dont le tirage, début janvier, dépassait les 800000 exemplaires. À michemin entre Philip Roth explorant les vertiges de la dualité (comme dans «Opération Shylock») et Stephen King (période «Le Dôme»), maître dans l’art de créer des récits haletants, Hervé Le Tellier construit une mécanique narrative redoutable.
L’industrie c’est fou
Une voitUre à condUire
à plat ventre
NissAN DesigN
Un jour de juin 2021, un Boeing d’Air France effectuant un vol Paris-New York se pose une seconde fois, après avoir traversé la tempête du siècle. L’avion est rapidement détourné sur une base militaire américaine où les experts se perdent en conjectures. L’appareil est en tout point identique à un autre qui a atterri trois mois plus tôt, au même endroit... Dans ce roman, l’auteur, qui possède un DEA en mathématiques et a dirigé des magazines informatiques et techniques dans les années 1980, a mis le plus à profit son goût pour les sciences et les technologies.
ZJA Architecture
Nissan brouille les frontières entre le véhicule et l’exosquelette. Difficile d’imaginer un conducteur dans ce prototype qui fait à peine 66 centimètres de hauteur. Et pourtant, il y a bien la place pour une personne... À condition qu’elle s’allonge à plat ventre dans l’habitacle. Elle doit aussi enfiler un casque de réalité virtuelle pour visualiser la route. Ce concept a été imaginé par un doctorant en stage chez Nissan Design America. Ses travaux explorent le thème du brain-to-vehicle (du cerveau à la machine), « une future ère autonome où les machines peuvent incarner l’émotion d’un conducteur par le biais d’une connexion physique ». # Simon Chodorge
En 1749, « L’Amsterdam » est pris dans une tempête. Le navire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales est abandonné au large de l’Angleterre, avant d’être englouti par le sable avec sa cargaison.
162
Il n’a pas bougé depuis. Le cabinet d’architecture néerlandais ZJA veut déterrer l’épave pour la ramener aux PaysBas, sa terre d’origine, et créer un musée tout autour. Celui-ci permettra aux archéologues
d’explorer les entrailles du navire, qui restera immergé, pour percer ses secrets. L’ambitieux projet associe, entre autres, le constructeur naval Veka et Mammoet, un spécialiste du levage d’objets lourds. # S. C.
F. MANtovANi / ÉDitioNs gAlliMArD
un chantier naval pour remonter Le temps
«J’avais envie que l’histoire se rattache à une raison technique, afin d’éviter le conte de fées, précise-t-il. Je l’ai insérée dans une réflexion sociétale, avec l’idée romanesque d’une confrontation des personnages avec leur double.» Et le lecteur de prendre conscience que la probabilité d’un monde virtuel n’est pas à écarter... Numérique, transport aérien, sécurité intérieure, trafic d’armes sur internet... L’intrigue de « L’Anomalie» repose sur une solide documentation. Ce qui n’enlève rien au plaisir de lecture. Bien au contraire. # o. J.
entrActe
Le Reflex industrie LORs de ses NOMbReux RepORtAges pOuR L’usiNe NOuveLLe, NOtRe phOtOgRAphe pAsCAL guittet pOse sON RegARd déCALé suR L’iNdustRie.
Courants d’air. L’homme qui marche dans ce décor futuriste semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Nous sommes à l’intérieur de la soufflerie de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales, où furent testées les maquettes de programmes célèbres (le Concorde, l’Airbus, le Mirage, le Rafale...). Ces installations hors normes par leur taille furent récupérées aux Allemands qui en avaient commencé la construction en 1942. La soufflerie est alimentée par l’énergie hydraulique et peut atteindre la vitesse du son. # P. g.
l’onera, à Modane (savoie), le 18 noveMbre 2014.
la DER
texte Guillaume DeSSaiX
BiBliothèques patrimoniales paris / r. Girard
L’USINE NOUVELLE N° 3690 # JANVIER-FÉVRIER 2021
les parents de la butte
#
paRIs, 1867 Rejeton de l’empeReuR napoléon III et de l’IngénIeuR adolphe alphand, le paRc des buttes-chaumont RelIe la natuRe et le monde ouvRIeR.
Les cheminées crachent un lourd anthracite et noient le ciel en des teintes funèbres. Les usines tournent à plein dans ces quartiers populaires de l’est de Paris nouvellement annexés. Le gibet de Montfaucon, où les pendus bercés par le vent finissaient par nourrir la terre de leur chair en décomposition, a disparu depuis un siècle. Une immense décharge a pris sa place sur la butte Saint-Chaumont. Fosses d’aisance de la capitale et cadavres de chevaux grouillent. Comme les tanneurs, les producteurs d’asticots et les fabricants d’engrais, les établissements d’équarrissage sont légion dans cette vaste étendue des anciennes communes de Belleville et de La Villette. L’air y est vicié. Chafouin, il prend le visiteur égaré à la gorge, incruste ses habits pour ne plus le lâcher. Certains jours, l’odeur pestilentielle parvient à traverser la capitale pour gagner les arcades du Louvre. Les décennies passent. Le jour, un millier d’ouvriers travaillent pour la Société civile des carrières du centre. Ils éventrent la terre pour collecter le gypse, pierre blanche destinée à bâtir les beaux immeubles du baron Haussmann. La nuit tombée, les indigents remuent ce cloaque aux accents lunaires, bousculés par des brigands patentés. Sous un ciel parfaitement bleu, une montagne à la cime enneigée domine un joli vallon vert, fendu par une étendue d’eau calme. L’air y est léger et pur. Napoléon III se souvient de son enfance passée sur les bords du lac de Constance,
164
IndustRy stoRy lorsque sa famille était exilée en Suisse. En 1863, il rachète les terrains de la butte Saint-Chaumont et charge l’ingénieur des Ponts et Chaussées Adolphe Alphand de recréer cette image de carte postale en pleine ville. Le but est simple. Offrir l’illusion d’une nature encore vierge aux travailleurs de ce faubourg qui triment sans relâche. Les mauvaises langues, ou les plus informées, soutiennent qu’il s’agit avant tout de valoriser les terrains avoisinants et d’encourager la spéculation immobilière pour transformer ce coin misérable encore mal desservi en un quartier résidentiel. Un écrin vert pour allier l’esthétique et le nécessaire. Le projet est bien différent des bois de Boulogne et parc Monceau récemment aménagés. L’empereur voit grand et valide un budget de 3,4 millions de francs. La roche disparaît progressivement sous la dynamite. Plus de 800 ouvriers et une centaine de chevaux s’activent à évacuer la pierre grâce aux 40 kilomètres de rails. Ils recouvrent de 200000 m3 de terre ce sol où rien ne pousse. Le travail est colossal et les pièges nombreux.
Neuf effondrements d’anciennes galeries et quatre affaissements de pelouses mal stabilisées rythment les trois ans de labeur. Le 1er avril 1867, l’Exposition universelle du Champ-de-Mars s’ouvre et avec elle le parc des Buttes-Chaumont. Le paysage est grandiose et allie la nature, la culture et le plaisir. Le lac s’étire au pied de l’île du Belvédère sur laquelle trône le temple de la Sybille, inspiré par un sanctuaire antique romain. Une cascade et une grotte, tout de béton garnies, complètent l’impression d’un monde sauvage et trois chalets proposent aux promeneurs de se restaurer en admirant la vue. Tant pis si les visiteurs voisins ne maîtrisent pas encore les règles du jardin public et esquintent la douce harmonie en pillant fleurs, arbustes et sapins pour se concocter des tisanes. Les Buttes-Chaumont seront ravagées trois ans plus tard par les heurts de la Commune de Paris. Et tout ou presque sera à réaménager. # G. D.
165
166