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n°1277 16 janvier 2017

@monexport

Réglementation

Union européenne : les "dossiers chauds" pour la construction en 2017 L’année européenne qui vient de commencer sera bien entendu marquée par le Brexit mais la Commission, le Conseil et le Parlement se pencheront sur bien d’autres sujets qui intéressent au plus haut point le BTP. p. 13

La plupart des grands textes intéressant le BTP seront discutés cette année au Parlement européen.

Ferroviaire LyonLyon-Turin : bientôt le bout du tunnel ?

Royaume-Uni Malgré le Brexit, la construction progresse

Les parlements ont ratifié un accord qui permet le début des travaux définitifs. p. 2

Les directeurs d'achat ont constaté une forte hausse de la demande en décembre. p. 9

Entreprises IDOM fête ses 60 ans Le nouveau président veut renforcer l’internationalisation de l’ingénieriste espagnol. p. 10

Laurent

Financement La Green Investment Bank vendue Le fonds britannique public dans les projets "verts" pourrait être racheté à Macquarie. p. 10


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PROJETS & CONTRATS

16 janvier 2017

Ferroviaire

LyonLyon-Turin : bientôt le bout du tunnel ?

Le Chantier de Chiomonte., Chiomonte ., en Italie. Une fois terminée, la galerie servira d’accès au chantier du tunnel de base.

Après de nombreuses années de débats et de critiques du projet de liaison liais on ferroviaire entre les villes française et i talienne talie nne, nne , les parlements des deux États européens ont ratifié fin 2016 un accord qui permet le début des travaux définitifs. définitifs . Une liaison ferroviaire reliant Lyon à Turin ? Rien de bien nouveau puisque cela fait plus de 30 ans que les deux voisins européens en discutent. Mais voilà que des faits nouveaux ont récemment remis le projet dans l’actualité. Le 20 décembre 2016, la Chambre des députés italienne a approuvé le projet de loi de ratification du traité binational pour le lancement

TELT

des travaux définitifs, après une validation par le Sénat le 16 novembre. L’Hexagone a emboîté le pas à son voisin : l’Assemblée nationale française a adopté, le 22 décembre 2016, une loi « autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République italienne, signé le 24 février 2015 pour l’engagement des travaux définitifs de la section transfrontalière de la nouvelle ligne ferroviaire LyonTurin ». Une concorde importante quand on sait que le tunnel transfrontalier est source de contestations des deux côtés des Alpes.

le groupement international Tractebel Engineering – Tuc Rail. Celui-ci a été retenu par les États dans l'Accord de Venise du 8 mars 2016 et a servi de base pour répartir les financements. Les travaux pour ce tunnel de 8,6 milliards d’euros seront financés à hauteur de 40 % par l’Union européenne, à 35 % par l’Italie et 25 % par la France. La Commission européenne s’est officiellement engagée envers la France et l’Italie à financer 813 millions d’euros, soit 40 % des travaux correspondant à la période 2016-2019, dans le cadre de la signature du Grant Agreement du 1er décembre 2015.

Le montant d’investissement maximum pour le tunnel de base s’élève à 8,609 milliards d'euros 2012, certifié par

Pour rappel, le Lyon-Turin est une ligne mixte fret-voyageurs qui s’étend sur environ 270 km, dont 70 % se trouvent


PROJETS & CONTRATS

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en France et 30 % en Italie. Le tunnel de base, qui représente 57,5 km de long, dont 45 km en France et 12,5 km en Italie, sera constitué de deux tubes à voie unique. Il reliera les gares internationales de Saint-Jean-de-Maurienne et de Suse, avec des interconnexions au réseau existant, en France et en Italie.

L’Italie plus prévoyante que la France Officiellement inscrite dans la législation des deux pays, la liaison ferroviaire Lyon-Turin n’est donc plus un simple projet. TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin), la société franco-italienne en charge de la construction et de l’exploitation de la ligne ferroviaire LyonTurin, l’affirme : « Les appels d’offres pour les travaux préparatoires seront lancés en 2017 et ceux pour les travaux définitifs en 2018 avec une échéance à 2029-2030 ». TELT est détenu à 50 % par la France à travers le ministère de l’Économie et des Finances et à 50 % par l’Italie à travers Ferrovie dello Stato Italiane (FS), la société italienne des chemins de fer. Reste à présent aux deux parties à apporter effectivement ces financements. Côté Italie, la question semble avoir été pensée de longue date. La loi de stabilité 2013, publiée le 24 décembre 2012, « a autorisé la dépense de 60 millions d’euros pour l'année 2013, 100 millions d'euros pour l'année 2014, de 680 millions d’euros pour l'année 2015 et 150 millions d’euros pour chacune des années de 2016 à 2029 », pour le financement de ces travaux. Rome a donc mis de côté environ 2,9 milliards d’euros pour assumer sa part des chantiers. Preuve de sa détermination, il n’a pas été touché à ce pactole pour réparer les dégâts causés par les tremblements de terre dans le centre du pays, et ce malgré les critiques contre le gouvernement. La France a, quant à elle, dû repenser le financement du tunnel de base de la liaison Lyon-Turin suite à l’abandon de l’Écotaxe. Lors de l’inauguration du tunnelier Federica sur le chantier de Saint-Martin-La-Porte, le 21 juillet 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, a

Tunnelier en Italie. Italie .

déclaré que le financement de l’ouvrage, à hauteur de 2,2 milliards d’euros pour la part française, découlera de la mise en place d’un Fonds de développement de politique intermodale des transports dans le massif alpin (FDPITMA) dédié. Un fonds qui sera alimenté d’une part par les résultats des tunnels routiers du MontBlanc et du Fréjus, qui est déficitaire, l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), ainsi que les recettes de l’Eurovignette. Un plan proposée par le député Michel Destot et le sénateur Michel Bouvard dans un rapport remis le 13 juillet 2015. Le sur-péage Eurovignette ne pourra pas dépasser 25% du prix actuel. Il concernera les autoroutes des Alpes du Nord et le littoral méditerranéen. L’Eurovignette devrait être mise en place d’ici deux ans. Pour l’année 2017, l’Afitf sera la seule source de financement, puis les autres sources de financement prendront le relais. Pour la suite, des emprunts seront envisagés par la France.

20 % déjà réalisés Les chantiers des galeries de reconnaissance sont, quant à eux, déjà financés et entrepris. Deux tunneliers ont d’ores et déjà commencé les excavations des deux côtés du massif. En France, les travaux ont débuté à Saint-Martin-LaPorte, en Savoie, afin de réaliser une galerie de reconnaissance de 9 km dans

TELT

l’axe et au diamètre du tunnel de base et sur son tracé. Côté italien, le tunnelier Gea s’occupe de la galerie de reconnaissance de la Maddalena de 7,5 km, qui est déjà dans sa phase finale. « 20 % des 160 km à excaver (57,5 km pour chaque tube du tunnel, le reste pour des galeries de liaison) ont déjà été attribués via des marchés [ceux de reconnaissance] et 10 % ont été réalisés », affirme TELT. Pour rappel, la réalisation totale de la liaison Lyon-Turin est estimée à 26 milliards d’euros, en incluant le raccordement des réseaux ferroviaires italien et français au tunnel de base.

Joséphine de Bernardi


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PROJETS & CONTRATS

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PROJETS

Maroc Hilton s’installe à Casablanca Le géant américain de l’hôtellerie a présenté, le 5 janvier, son projet de construction d’un hôtel dans la capitale économique du Maroc. Par le biais d’un contrat de management avec Group Sadiki, un exploitant local, l’hôtel fera partie de la gamme Hilton Garden Inn. Sa construction devrait débuter cette année pour s’achever en 2021. Situé dans le quartier de Sidi Maarouf, l’établissement sera au cœur du nouveau quartier d’affaires de Casablanca, dans le sudouest de la ville. Il sera à 25 kilomètres de l’aéroport Mohamed V et accessibles par tramway. Pour Carlos Khneisser, viceprésident du développement pour la région Moyen-Orient et Afrique du nord d’Hilton Worldwide, « Casablanca est un marché que nous envisageons depuis un certain temps et nous sommes convaincus d’avoir identifié le bon partenaire et le bon emplacement pour établir notre premier établissement. Sidi Maarouf va rapidement s’imposer comme la porte d’entrée vers le centreville avec la construction de son nouveau pont suspendu et comme l’un des importants quartiers d’affaires au Maroc ». 118 chambres sont prévues, avec un espace laissant une possibilité d’extension future. À proximité de l’établissement seront construits une salle de bal de 550 m² et un restaurant oriental marocain. L’hôtel comptera, pour sa part, trois restaurants, ainsi qu’un espace dédié à l’événementiel de 300 m².

Russie Un centre de congrès futuriste pour Tcheliabinsk L’agence d'architecture moscovite Proektnyi Institut Arena (piarena.ru) vient de remporter le concours pour l'élaboration du projet de futur centre de congrès de Tcheliabinsk. Censé devenir l'élément emblématique dominant cette ville de 1,2 million d'habitants à l'est des Monts Oural, il devrait être construit

rapidement pour briguer l'accueil en 2020 d'un sommet de l'Organisation de Shanghai, puis d'un sommet des puissances émergentes BRICS (BrésilRussie-Inde-Chine-Afrique du Sud). La décision finale sur le lieu de ces rencontres – et le financement fédéral qui suivra – doit être prise à l’été 2017, mais les responsables locaux estiment que le centre de congrès est de toute manière indispensable à Tcheliabinsk. Haut de 150 mètres, le bâtiment aura, vu sous un certain angle, la forme d'un oiseau s'envolant du lit de la rivière Miass qu'il doit enjamber, offrant ainsi au public un passage piéton. Sur une surface totale de 100 000 m², il abritera notamment une salle de concert de plus de 3 100 places, un hôtel, des bureaux, un centre des expositions et une salle de presse. Le projet architectural présenté par Proektnyi Institut Arena a paru si audacieux aux habitants de Tcheliabinsk, que les médias locaux se sont interrogés sur sa faisabilité, invoquant notamment les difficultés de déneigement des multiples surfaces du bâtiment. Mais le numéro deux de l’agence d'architectes, Alexei Orlov, a déclaré que le climat local ne différait pas beaucoup de celui de Moscou, où des bâtiments présentant des problèmes similaires existent déjà, et que le projet tient compte des difficultés techniques potentielles.

Inde L'appel d'offres de l'aéroport de Mumbai reporté à fin janvier Vinci Airports et son partenaire indien Tata Realty, filiale du célèbre conglomérat indien, ont mis leur menace à exécution. Le 9 janvier, date limite de remise des offres pour le nouvel aéroport international de Mumbai, ils n'ont pas déposé de dossier. Deux autres candidats, l’exploitant aéroportuaire international Hyderabad GMR et le groupement associant Zurich Airport au promoteur indien Hiranandani, ont fait de même. Les trois concurrents reprochent à l'autorité concédante, Cidco, de prévoir une participation financière publique insuffisante, au regard de l'investissement à réaliser

(2,32 milliards d'euros). Ils jugent également irréaliste le délai de réalisation (42 mois). Pour ne pas se retrouver face au seul et dernier candidat encore en lice, le groupe GVK qui gère l'actuel aéroport de Mumbai, Cidco a décidé de reporter la date limite de dépôt des offres au 25 janvier. En espérant que l'un au moins des trois récalcitrants changera d'avis d'ici là.

CONTRATS

Royaume-Uni Bouygues pour Hinkley Point C Bouygues Travaux Publics, filiale de Bouygues Construction, a annoncé officiellement le 10 janvier avoir été choisi par l’électricien français EDF, en groupement avec l’entreprise britannique Laing O’Rourke, pour la construction des bâtiments qui abriteront les deux réacteurs nucléaires de technologie EPR (European Pressurized Reactor) d’Hinkley Point C, au Royaume-Uni. Un contrat qui s’élève à 1,7 milliard d’euros pour la part revenant à Bouygues Construction. « Nous sommes fiers d’avoir été sélectionnés par EDF pour ce projet exceptionnel, ce choix témoigne de l’expertise de Bouygues Construction dans le domaine du génie civil nucléaire. Nous abordons ce chantier avec Laing O’Rourke, un partenaire britannique de renommée mondiale avec qui nous partageons les mêmes valeurs et la même attention portée à la sécurité des collaborateurs et au compagnonnage », a déclaré Philippe Bonnave, PDG de Bouygues Construction. La centrale d’Hinkley Point C sera dotée de deux réacteurs EPR d’une capacité totale de 3,2 gigawatts. Elle fournira 7 % de la consommation d’électricité du Royaume-Uni et permettra d’approvisionner plus de 5 millions de foyers en électricité. Bouygues Construction assure, dans un communiqué, que ce projet « verra la mise en œuvre d’innovations importantes comme la maquette numérique ».


Amesbury





MARCHÉS

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Royaume-Uni

Malgré le Brexit, l’activité de la construction progresse Les inquiétudes liées au Brexit s’estompent dans le monde du BTP. Les directeurs d'achat du secteur ont constaté une forte hausse de la demande en décembre : l’indice Markit/CPS UK, qui mesure l’activité en termes de volume de commandes dans la filière, a bondi à 54,2 en décembre 2016, contre 52,8 en novembre, soit la plus forte progression depuis mars et le quatrième mois consécutif de croissance enregistrée par les acheteurs. Les personnes sondées citent une hausse de la demande de la part de leurs clients existants et un environnement économique plus résistant que prévu, selon Markit. « Les trois principaux segments de l’activité dans le secteur – immobilier résidentiel et commercial [bureaux] et travaux publics/infrastructures – ont commencé à reprendre après une baisse de la demande cet été. Mais, dans tous les cas, la croissance reste moindre que lors des pics haussiers de 2014 », explique Tim Moore, économiste chez IHS Markit. Charlotte Kan, à Londres

Iran

Hôtellerie : le tourisme en hausse attire les investisseurs

L’ibis de l’aéroport international Imam Khomeini. Khomeini . Accor Selon le Seto (Syndicat des entreprises du tour operating), l’Iran est devenu une destination phare pour le tourisme en 2016, avec une croissance de 144 %. Additionné à l’accord sur le nucléaire signé en juillet 2015 et la détente dans les relations avec les États-Unis qui lui a permis de s’ouvrir à nouveau aux investisseurs étrangers, le pays redevient « fréquentable pour les groupes hôteliers », comme le titrent nos confrères de "L’Écho touristique". Selon le magazine français, « le pays mise sur le tourisme pour relancer l’économie, avec un objectif de 20 millions de visiteurs d’ici 2025. »

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Le problème est que tout ou presque reste à faire. Les infrastructures hôtelières du pays doivent notamment être rénovées ou construites. Certains groupes de tourisme ont donc décidé d’investir dans ce pays, comme le français Accorhotels qui a été en 2015 le premier groupe à ouvrir deux «établissements à l’aéroport international Imam Khomeini, situé à 60 kilomètres de Téhéran, la capitale. Accorhotels, tout comme son homologue espagnol Melia et le groupe Rotana, originaire d’Abu Dhabi, ont pour ambition de développer leurs activités dans le pays du Moyen-Orient. Les investisseurs venus des États-Unis ne pourront cependant pas prendre part à cette nouvelle dynamique iranienne, car, comme l’affirme "L’Écho touristique", « le mois dernier, Washington a voté pour une prolongation de dix ans de certaines sanctions contre l’Iran, empêchant les entreprises américaines d’investir dans le pays ». Et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ne devrait pas arranger les choses.

Chine

Shenzhen étend son métro Le 5 janvier, la ville de Shenzhen, dans le sud de la Chine, a fait connaître son projet d’extension du réseau de métro, qui devrait s’étendre à l’avenir sur 1 142 kilomètres. Cette annonce a été faite dans le cadre du plan 2016-2030 de la Commission de la ville en charge du développement urbain, du foncier et des ressources. Selon ce programme, le réseau devrait atteindre un « Le plan du total de 32 lignes de métro, dont 8 express, représentant réseau a été fait 412 km, pour la fin de l’année pour soutenir le 2030. « Le plan du réseau de développement métro a été fait pour soutenir de la ville. » le développement de la ville en tant que centre économique national et ville internationale. Il s’assurera que les déplacements vers le centre d’affaires de la ville et les différents quartiers de celui-ci ne prennent que 45 minutes », expliquent les autorités de Shenzhen dans un communiqué. Le réseau desservira 70 % des usagers des transports publics. Le plan ajoute également trois nouvelles lignes express régionales (20,21, 22) aux lignes de métro 6, 11, 13, 14 et 18. La ligne 20 reliera le centre d’affaires de Futian à l’aéroport de New Town. La ligne 21 sera construite pour améliorer la connexion entre Longgang et Qianhai et la ligne 22 reliera Longhua à Futian. Actuellement, le métro de Shenzhen exploite huit lignes de 285 kilomètres et 148,7 kilomètres sont en construction. Joséphine de Bernardi


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ENTREPRISES

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à jour du calendrier et du plan financier pour la réalisation de la ligne.

Ingénierie

Pour ses 60 ans, IDOM change de tête et veut s'internationaliser A 55 ans, l’ingénieur en organisation industrielle Luis Rodriguez Llopis vient de prendre la succession de Fernando Querejeta San Sebastián à la tête du groupe d’ingénierie espagnol IDOM. Cet ancien professeur invité d’Harvard – où il assurait des cours relatifs à la gestion de projet de 1999 à 2010 – collabore avec IDOM depuis 1985. En Espagne, Rodriguez Llopis s’est fait remarquer en dirigeant des projets d’envergure, comme la construction du Musée Guggenheim de Bilbao (de 1992 à 1997). Le groupe IDOM, dont le siège social est situé à Bilbao, célébrera ses 60 ans d’existence en 2017. Cette société emploie 3 000 personnes dans 40 pays et bénéficie d’une forte présence en Amérique latine. Elle a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 233 millions d’euros (+3%). IDOM réalise des projets d’ingénierie, d’architecture et de consulting dans 120 pays. Le nouveau président, Rodríguez Llopis arrive avec un objectif clair : réaliser une forte progression à l’international, un secteur qui représentait déjà 80% du chiffre d’affaires en 2015 (contre seulement 29% en 2008). « Nous souhaitons renforcer notre présence dans des marchés importants pour nous : notamment au Mexique, en Colombie, au Maghreb, mais aussi dans les pays de la péninsule arabique », vient-il de déclarer. Parmi les projets d’envergure menés à bien par IDOM, citons les métros de Riyad (Arabie Saoudite, 2016), Ho Chi Minh (Vietnam, 2014), Bogota (Colombie, 2014) et Alger (Algérie, 2015). Mais également le stade San Mamés de Bilbao (Espagne, 2016), le Centre des Congrès de Lima (Pérou, 2015) ou encore la construction d’une usine de dessalement au Ghana (2014). Dans l’actualité, IDOM est notamment engagé dans le New Vertical District de New Delhi (Inde) et l'extension de l'aéroport de Tabuk (Arabie Saoudite). En France, IDOM réalise actuellement la maîtrise d'œuvre architecturale du bâtiment 2 du Campus de la Chambre des Métiers à Lille (fin du chantier en 2018). Enfin, I ’ingénieriste a remporté en 2016 le prix du World Mundial Architecture Festival 2016, dans la catégorie Civic and Community Building, décerné au bâtiment du Centre civique de Salburua à Vitoria (Espagne). Julien Cassan, à Madrid

Métro de Hanoi : la municipalité demande à Systra de revoir sa copie Selon le quotidien en ligne locale "Thien Phong", le Comité populaire de la ville de Hanoi vient de demander au Management Board of Hanoi Urban Railway (MB), maitre d’ouvrage du projet de la première ligne de métro, d’exiger de la société d’ingénierie française Systra, filiale commune de la RATP été de la SNCF et consultant général du projet, une mise

La décision de réaliser la première ligne de métro d’Hanoi, d’une longueur de 12,5 kilomètres reliant l’Université de Nhan à la gare de Hanoi, comportant 4 km de tunnels et 8,5 km de viaducs, avait été prise par les autorités vietnamiennes en 2006. Les travaux devaient débuter en 2010 et les premières rames circuler en 2014… Aujourd’hui seuls quelques ouvrages ont été construits. La mise à jour du projet entraînerait une augmentation de 300 % du coût global de réalisation, passant de 3, 287 à 9,939 millions d’euros. Le budget aurait été approuvé par le MB. Contactée par le MEX à propos de cette information, la direction Asie de Systra a indiqué « ne pas savoir de quoi il s’agissait ». P hilippe Dova Dova

Investissement

Royaume-Uni : la Green Investment Bank vendue à Macquarie ? Green Investment Bank (GIB), le fonds britannique d’investissement dans les projets respectueux de l’environnement, va être privatisée. Lancée en 2012 et basée à Édimbourg, cette banque n’en est en fait pas une : il s’agit plutôt d’un fonds qui investit sur le long terme dans les projets "verts" qui peinent à être financés, comme des parcs éoliens ou des systèmes d’éclairage urbains. Le gouvernement de Theresa May a choisi la banque australienne d’investissement dans les infrastructures Macquarie comme favorite pour la reprise de la GIB, et la presse britannique évoque le prix de 2 milliards de livres (2,31 milliards d’euros). Une transaction très controversée outre-Manche qui devrait être conclue d’ici la fin du mois de janvier. La raison de ces polémiques ? Selon "The Telegraph", Macquarie, qui investit déjà énormément dans les projets de nouvelles infrastructures au Royaume-Uni, aurait l’intention, une fois rachetée la GIB, de céder des actifs entiers et des participations dans les projets détenus par cette dernière, pour en tirer au plus vite des bénéfices. Les fermes éoliennes et la biomasse, qui représentent la plus grande partie des investissements dans le portefeuille de la GIB seraient donc concernées par ces cessions. Le gouvernement garderait une « action spécifique » ("golden share") dans la GIB afin de préserver sa mission originelle de protection de l’environnement, mais ne pourra pas empêcher Macquarie de vendre des projets. La banque australienne, qui refuse de commenter directement ces informations, a publié un communiqué déclarant qu’elle était l’un des plus grands investisseurs du monde dans les projets d’énergie renouvelable, ayant investi ou rendu possible des transactions dans le secteur pour un total de 8,5 milliards de livres (9,5 milliards d’euros) depuis 2010. Charlotte Kan, à Londres


ENTREPRISES

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bons progrès par rapport à nos objectifs à moyen terme qui ont été rehaussés », assure Pete Redfern, directeur général du Taylor Wimpey.

Construction

Royaume-Uni : Laing O' Rourke voit rouge… Les activités de construction de Laing O' Rourke au RoyaumeUni voient rouge. L’entreprise de BTP britannique, qui travaille beaucoup à l’international, publie une perte de 141 millions de livres (165 millions d’euros) dans cette branche pour l’année financière se finissant le 31 mars 2016. Comment expliquer cette situation ? Le chiffre d’affaires est pourtant en hausse, à 1,11 milliard de livres (1,29 milliard d’euros), contre 1,02 milliard l’année précédente. Ce sont des coûts exceptionnels liés à des projets de préfabriqués qu’il a fallu revoir à plusieurs reprises qui ont pesé sur la performance. « Des leçons importantes ont été tirées de ces projets, qui ont tous été remportés en 2013, à un moment où le marché était particulièrement agressif », tente de justifier le groupe. « Ce sont des circonstances inhabituelles qui ne devraient pas se reproduire lors de la réalisation de nouveaux contrats ». Le président et fondateur du groupe, Ray O' Rourke, a confirmé le mois dernier que le groupe entier avait accusé une perte annuelle de 246 millions pour son année fiscale 2016. Charlotte Kan, à Londres

… et Taylor Wimpey va mieux Le bâtisseur-promoteur résidentiel britannique Taylor Wimpey a annoncé, le 11 janvier, une bonne année financière 2016. « Nous sommes heureux de signaler de bons progrès lors de l’année écoulée, avec une augmentation de l'achèvement des logements et un business robuste en dépit d'une incertitude macroéconomique plus large. Dans un marché caractérisé par des fondamentaux solides, nous avons terminé l'année avec un bon carnet de commandes à terme et fait de

En 2016, le groupe a livré 13 881 maisons, soit une hausse de 4 %, parmi lesquelles 2 663 étaient « abordables », soit 19 % du total livré. Le taux d’annulation a sensiblement augmenté, de 12 % à 13 %. Le carnet de commandes au 31 décembre 2016 était de 1,682 millions de livres, soit 1,942 millions d’euros. Il représente 7 567 maisons. Concernant la filiale espagnole, les chiffres sont également en hausse, avec 304 maisons livrées en 2016, contre 251 en 2015. Le carnet de commandes au 31 décembre 2016 s’élevait à 293 maisons. « Nous prévoyons un bénéfice d'exploitation nettement amélioré pour le marché espagnol en 2016 (10,0 millions de livres de bénéfice d'exploitation en 2015) », explique un communiqué. Taylor Wimpey estime que les perspectives pour l’année en cours sont bonnes : « Nous espérons démontrer de nouveaux progrès tout au long de 2017 par rapport à tous nos objectifs à moyen terme, en produisant un rendement accru pour nos actionnaires et en concentrant nos efforts sur les secteurs opérationnels où nous pouvons ajouter de la valeur, y compris la conduite d’améliorations plus poussées dans nos processus de service à la clientèle et la qualité des produits ». Joséphine de Bernardi


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AGENDA

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ZOOM

À VENIR

6-9 mars 2017 / Sydney (Australie) Conférence Green Cities

Paris/ 24 janvier 2017

C’est dans le tout nouveau Centre International des Conférences de Sydney que la 11ème édition des "Green Cities" prendra place. Un lieu qui conviendra à sa réputation d’agitateur d’idées dans le monde du bâtiment et du développement durable en Asie-Pacifique. En effet, ce centre de convention – qui sera inauguré mi-décembre 2016 – est un des projets emblématiques de la revitalisation du quartier de Darling Harbour, à Sydney. À lui seul, il a coûté la somme d’un milliard d’euros, et affiche désormais ses façades de verres en facettes de cristal sur les quais de Cockle Bay. Plus grand centre de convention d’Australie, il aura fallu trois ans pour qu’il sorte de terre. La conférence Green Cities a choisi pour 2017 une thématique futuriste ("Fast forward to the future") proposant aux conférenciers des réflexions prospectives et des solutions avant-gardistes « pour anticiper les tendances et planifier dès maintenant les villes vertes de demain » selon ses organisateurs – le Green Building Council of Australia et le Property Council (porte-parole des industriels de l’immobilier). Le programme se déroule sur trois journées : deux sont dédiées aux conférences, tables rondes et master-classes ; la troisième à la visite de "bâtiments verts". Cette année, Darling Harbour (qui vient de bénéficier d’un classement 6 étoiles Green Stars, soit la plus haute distinction pour un projet de planification urbaine en Australie), le 155 Clarence Street (un bâtiment classé de 1938 entièrement rénové, 5 étoiles Green Stars) et les International Towers (autre icône de Darling Harbour : trois tours au design coloré, 6 étoiles Green stars). Les conférenciers attendus sont à 21% des industriels du BTP, 16% des ingénieristes, 14% des architectes et urbanistes, 10% des développeurs et propriétaires, 10% des représentants des pouvoirs publics et 8% des gestionnaires de biens. Les deux sponsors principaux de l’événement sont le promoteur-constructeur australien LendLease et l’énergéticien français Engie. Voir www.greencities.org.au/program

Cet événement organisé par l’assureur-crédit français rassemble chaque année environ 1200 participants afin de leur permettre d’appréhender l’évolution du risque pays dans le monde. http://tinyurl.com/hqlspku

Francfort-sur-le-Main/ 14-18 mars 2017 Salon ISH 2017 « ISH est le salon professionnel qui, dans l’univers du bain, des techniques du bâtiment, de l’énergie, de la climatisation et des énergies renouvelables, attire le plus grand nombre d’exposants dans sa catégorie ». http://ish.messefrankfurt.com

Mumbai/ 20-22 avril 2017 World Build India La première édition de ce salon B2B parrainé par la Chambre de commerce indofrançaise devrait réunir des milliers de professionnels de la construction.

Index

Accorhotels, 9 Asplan Viak, 16 Bouygues, 4 EDF, 4 Entra, 16 GVK, 4 Hilton, 4 Hiranandani, 4 Hyderabad GMR, 4 Hydro, 16 IDOM, 10 IHS Markit, 9 Laing O' Rourke, 11

Colloque Coface Risque Pays

www.worldbuild-india.com/en-GB

Laing O’Rourke, 4 Macquarie, 10 Melia, 9 Rotana, 9 Sadiki, 4 Sapa, 16 Skanska, 16 Systra, 10 Tata Realty, 4 Taylor Wimpey, 11 Vinci, 4 Zurich Airport, 4

Le Moniteur Export – Antony Parc II , 10 place du général de Gaulle. BP 20156, 92 186 Antony Cedex. Tél. : 01.79.06.71.48. E-mail : monexport@lemoniteur.fr Directeur de la publication: Christophe Czajka Directeur de la rédaction : Michel Dalloni. Rédacteur en chef délégué : Hugues Boulet. Tél. : 01.79.06.71.48 ; E-mail : hugues.boulet@lemoniteur.fr - Journaliste : Joséphine de Bernardi. Tél. : 01.79.06.71.50 ; E-mail : Josephine.debernardi@lemoniteur.fr - Le Moniteur Export est réalisé avec la collaboration de la rédaction du Moniteur du BTP et de ses correspondants exclusifs dans le monde. Chargée de diffusion : Marie-Sophie Leprince. Tél. : 01.79.06.72.99 ; E-mail : msleprince@infopromsleprince@infopro- digital.com. digital.com Abonnement : 1 an (48 nos) : 1 470 € HT (numérique) ou 1 750 € HT (print + numérique). Prix du numéro : 33 euros. Tarifs valables jusqu’au 31/12/2017.Impression : AB Printed – 6 rue Eugène Barbier – 92400 Courbevoie – Dépôt légal : janvier 2017. Le Moniteur Export est édité par Groupe Moniteur, SAS au capital social de 333 900 €. Siège social, 17, rue d’Uzès, 75108 Paris cedex 02. RCS Nanterre B 403.080.823. Code APE 5814 Z. N° SIRET 403.080.823.00012. N° TVA intracommunautaire - FR 32 403.080.823. Principal actionnaire : Info Services Holding. Commission paritaire n°0619 I 85014 ISSN 2431-9694. .;


ENQUÊTE

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Réglementation

Union européenne : les "dossiers chauds" chauds " pour pour la construction en 2017 L’année européenne qui vient de commencer sera bien entendu marquée par le Brexit mais la Commission, le Conseil et le Parlement se pencheront sur bien d’autres sujets qui intéressent au plus haut point le BTP. Tour d’horizon avec les commentaires des deux principales fédérations professionnelles, la EBC et la FIEC. La question du Brexit va monopoliser les institutions politiques de l’Union européenne cette année à Bruxelles et la présidence maltaise sur les six premiers mois n’a pas l’expérience et le poids pour faire rapidement avancer les dossiers, mais un certain nombre intéressant le BTP sont tout de même inscrits à l’agenda 2017. Les plus importants sont le paquet Energie-Climat, le Marché intérieur des services et la directive Détachement des travailleurs, mais il existe une myriade d’autres sujets qui seront en discussion et qui ont un impact plus ou moins direct sur le secteur.

. Paquet Énergienergie- Climat Parmi les huit textes présentés par la Commission européenne le 30 novembre et qui seront discutés tout au long de l’année, deux intéressent le bâtiment : les directives Efficacité énergétique 2012/27/UE du 25 octobre 2012 et Performance énergétique des bâtiments 2010/31/UE du 19 mai 2010. « Ce sont des révisions ciblées qui n’apportent pas de grands changements », estime Riccardo Viaggi. Pour le secrétaire général de la European Builders Confederation (EBC), qui représente les fédérations professionnelles d’artisans et de PME du bâtiment (dont la CAPEB), le principal apport concerne l’objectif contraignant de 30% d’efficacité énergétique en plus d’ici 2030 contenu dans la directive Efficacité énergétique, alors que la précédente cible de 20% en 2020 était facultative. « L’ambition reste toutefois mesurée. L’objectif de 20% a été réalisé dès 2014. Les 30% en plus d’ici 2030 le seront par l’évolution normale des choses. » Pour la Fédération de l’industrie européenne de la construction (FIEC), qui représente surtout les fédérations de PME et de grands groupes du BTP (dont la FFB et la FNTP), l’un des points les plus intéressants concerne l’obligation faite pour les bâtiments neufs d’installer des points de recharge pour les voitures électriques, à partir de 10 places de parking. « Toutefois, le texte indique sans plus de précisions que les PME et les bâtiments publics sont exclus de cette obligation. C’est un élément surprenant que la Commission devra éclaircir », indique un des experts de la FIEC. « La question des points de recharge pour les voitures électriques fait débat au sein de la FIEC, certaines fédérations y voyant des opportunités, d’autres estimant que ce n’est pas au monde du BTP de prendre en

charge cette question. C’est pourquoi nous n’avons pas pris de position officielle sur cette mesure précise. » À noter que la directive Efficacité énergétique propose « d’améliorer la mesure et la facturation de la consommation d’énergie pour les consommateurs de chauffage et de climatisation. » Quant à la directive Performance énergétique des bâtiments, il est proposé de « soutenir la rénovation des bâtiments en renforçant les liens entre l'augmentation des taux de rénovation, le financement et les certificats de performance énergétique, ainsi qu'en renforçant les dispositions sur les stratégies nationales de rénovation à long terme des bâtiments ». Les EBC rappellent aussi que le même jour que le Paquet Energie-Climat, qui s’inscrit dans le "Nouveau cadre 2030 pour le climat et l’énergie", a été présenté une initiative sur un « financement intelligent pour des « Pour certaines bâtiments fédérations, intelligents afin de débloquer le l’obligation de financement privé pour points de recharge augmenter l’efficacité pour les voitures énergétique et la mise en électriques est une place de systèmes d’énergie renouvelable à opportunité. » plus grande échelle. » La procédure en est au tout début pour ce Paquet Énergie et aucun rapporteur n’a encore été nommé au Parlement au sein de la Commission Industrie-Recherche-Énergie. « Mais il est possible que les deux directives Efficacité et Performance énergétique aillent plus vite que les autres textes », estime Riccardo Viaggi.

services . Marché intérieur des services Le 10 janvier, la Commission a présenté un train de mesures afin de rendre le marché intérieur des services plus fluide au sein de l’Union européenne. Ce plan intervient dans le cadre de la feuille de route définie dans la Stratégie pour le marché unique. « Les mesures proposées visent à faciliter les démarches administratives des prestataires de services et à aider les États membres à identifier les exigences excessivement lourdes ou dépassées qui pèsent sur les professionnels exerçant leurs activités dans leur pays ou à l'étranger », indique la Commission. Plutôt que de modifier la directive service 2006/123/CE du 12 décembre 2006 (dite "Bolkestein"), qui restera inchangée, l’idée pour l’exécutif européen est de « garantir une meilleure application de ces règles, car il est prouvé que l'exploitation de leur plein potentiel donnerait un véritable coup de fouet à l'économie de l'UE ». L’objectif est de rendre plus facile la possibilité pour une


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entreprise ou un prestataire de services indépendants européens de travailler dans un autre État membre que le sien. Quatre initiatives concrètes ont été adoptées, dont une qui attire tout particulièrement l’attention des EBC et de la FIEC : la nouvelle « carte électronique des services ». La Commission européenne vise en effet directement le monde du BTP, qui est considéré comme un "mauvais élève" dans le domaine du marché intérieur des services : « Une procédure électronique simplifiée permettra aux prestataires de services aux entreprises (tels que les sociétés d'ingénierie) et de services de construction de s'acquitter plus facilement des formalités administratives requises en vue d'exercer leur profession à l'étranger. Les prestataires de services devront simplement se mettre en relation avec un interlocuteur unique dans leur pays d'origine, et ce, dans leur langue. L'interlocuteur du pays d'origine vérifiera ensuite les données nécessaires et les transmettra à l'État membre d'accueil. Ce dernier conservera le pouvoir d'appliquer des exigences réglementaires nationales et de décider si le demandeur peut proposer des services sur son territoire. La carte électronique ne porterait pas atteinte aux obligations existantes des employeurs ou aux droits actuels des travailleurs. » Pour la FIEC, le procès fait au BTP est injuste : « S’il y a peu d’entreprises du secteur travaillant dans d’autres pays membres que le leur, c’est parce que l’activité de construction est très locale et que la filière est surtout composée de TPE et de PME qui n’ont pas toujours la capacité ou la volonté de s’exporter. Cette situation ne tient pas à l’existence d’obstacles à l’exercice du métier. » Cette carte, qui simplifierait les démarches administratives pour travailler dans un autre État membre, inquiète en tout cas la FIEC : « La carte est délivrée dans le pays d’origine et non dans le pays d’accueil, ce qui pose le problème du contrôle des informations. Et à partir du moment où l’on est bien enregistré et à jour de ces paiements, est-ce un blanc-seing pour aller travailler dans un autre pays ? Cela pose aussi la question du respect de la qualité, de la traduction de la carte, de la mise à jour de son contenu ou de l’assurance. Sur ce dernier point, la garantie décennale française pourrait-elle être remise en cause en considérant qu’elle constitue un obstacle ? ». Pour Lucia Caudet, porte-parole de la Commission européenne « La décennale ne devrait pas être remise en cause ». La Commission indique en effet que l’État d’accueil « conservera le pouvoir d'appliquer des exigences réglementaires nationales ». Cette « carte électronique des services », pour être mise en place, aboutira au vote d’une directive et d’un règlement. Autre élément important : l'accès aux professions réglementées au sein de l'Union européenne auquel la Commission consacre les deuxième et troisième initiatives. « La réglementation se justifie souvent pour certaines professions, comme celles qui sont en rapport avec la santé et la sécurité. Mais dans bien des cas, cependant, des règles inutilement strictes et dépassées peuvent compliquer exagérément l'accès de candidats qualifiés à ces emplois, ce qui joue aussi au détriment des consommateurs », estime la Commission dans la première initiative qui parle d’une « évaluation de la proportionnalité des règles nationales applicables aux services professionnels ». Celle-ci ne compte

La plupart des grands textes intéressant le BTP seront discutés cette année au Parlement européen. Laurent européen. toutefois pas réviser la directive services sur ce point : « La Commission ne réglemente pas les professions et ne compte pas le faire. Chaque État membre conserve toutes ses prérogatives en la matière ». Il est toutefois demandé aux États de « déterminer si de nouvelles exigences professionnelles nationales sont nécessaires et si elles sont équilibrées ». Afin de garantir une « approche cohérente et uniforme », la Commission propose de « rationaliser et de clarifier la manière dont les États membres devraient effectuer un contrôle exhaustif et transparent de la proportionnalité avant d'adopter ou de modifier des règles nationales en matière de services professionnels ». Lucia Caudet rappelle que « l’accès aux professions réglementées est de la compétence nationale, mais que celle-ci n’est pas sans limites. Il faut donc un texte pour clarifier les choses. Cette initiative fera donc l’objet d’une directive. » Dans la troisième initiative, la Commission préconise des « orientations concernant les réformes nationales en matière de réglementation des professions ». Elle donne en exemple l'Espagne, l'Italie, la Pologne et le Portugal : « L'exercice d'évaluation mutuelle entrepris par les États membres entre 2014 et 2016 montre que ceux d'entre eux qui ont ouvert leur marché des services bénéficient désormais d'un plus grand choix de services à des prix plus avantageux, tout en maintenant des normes élevées pour les consommateurs et les travailleurs ». La Commission propose donc des « orientations concernant les besoins nationaux en matière de réforme de la réglementation des services professionnels présentant un fort potentiel de croissance et d'emploi », dont les architectes et les ingénieurs. Les États membres sont invités à « examiner si les exigences professionnelles correspondent aux objectifs nationaux déclarés en matière d'ordre public ». Sans obliger, la Commission incite donc fortement les États membres à réformer ce secteur des professions réglementées. Que fera-t-elle si ceux-ci, en particulier la France, restent immobiles sur le sujet ? « Il ne s’agit ici que d’incitations et non d’obligations. Il n’en reste pas moins que leur respect permettra d’éviter tout risque d’infractions », répond au MEX de manière sibylline Lucia Caudet.


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Ces questions feront débat dans les 18 prochains mois. La Commission espère qu’un rapporteur sera désigné sur ces différents textes dans les prochains mois.

. Directive Di rective Détachement La révision directive Détachement des travailleurs est dans les tuyaux : un rapport parlementaire de deux eurodéputés est intervenu sur la question, mais il n’a pas modifié la nature du texte proposé par l’exécutif de l’UE. « La proposition de la Commission est ciblée et ne touche notamment pas à la durée du détachement, qui est toujours de 24 mois », regrette Riccardo Viaggi. « Le texte ne remet pas non plus en cause la limite de six mois lorsque deux détachements s’enchaînent sur le même poste, ce qui reste une porte ouverte pour contourner la législation. En revanche, elle propose un meilleur encadrement pour les nouveaux modes de rémunération. » Le rapport parlementaire souhaite en effet améliorer le texte de la Commission, qui prévoit un salaire minimum fixé dans la convention collective nationale du secteur concerné (seul le SMIC est prévu dans la directive actuelle). Or, les accords collectifs ne prévoient pas en général les niveaux salariaux. Les rapporteurs suggèrent donc de considérer le niveau utile où l’on trouve cette rémunération. « Ce sera au niveau de la convention collective régionale ou départementale, voire au niveau de l’entreprise », indique Riccardo Viaggi. Un vote de la Commission Emploi du Parlement devrait intervenir au printemps. « Le dossier ne sera pas traité rapidement, car les États membres sont très divisés sur la question », estime toutefois le représentant des EBC.

Riccardo Viaggi, secrétaire général de la European Builders Confederation. EBC Confederation.

Directive Cancérigène et M utagène

Eco--design Eco

La révision de la Directive cancérigène et mutagène 2004/37/CE du 24 avril 2004 permettra de classer parmi la liste des agents cancérigène et mutagène la poussière de silice cristalline alvéolaire, ainsi que la poussière de bois. Les deux fédérations, EBS et FIEC, s’opposent à des valeurs d’exposition qui seraient trop faibles. « Le Parlement est divisé sur la question », estime Riccardo Viaggi. La Commission emploi a déjà sorti un rapport plutôt en faveur de limites basses. Le Parlement pourrait voter le texte d’ici 4 à 6 semaines.

Ce programme de travail publié le même jour que le Paquet Énergie vise à éliminer les produits dont la fabrication est très consommatrice d’énergie. La réglementation actuelle est la directive 2009/125/CE du 21 octobre 2009. Un travail d’étude a été mené depuis 3 ans, qui concerne des produits de construction. « Si l’idée est d’aligner à l’avenir la réglementation Eco-design sur ce que prévoit la directive Produits de construction, cela pourrait être intéressant. Si l’idée est d’avoir plusieurs réglementations concurrentes, nous sommes contre », indique la FIEC.

À noter que la Commission a publié le 10 janvier une initiative « visant à améliorer la santé et la sécurité sur le lieu de travail ». Dans ce texte, elle indique qu’elle veut « soutenir les entreprises, en particulier les petites entreprises et microentreprises, dans leurs efforts pour se conformer aux règles relatives à la santé et à la sécurité ». Pour ce faire, elle publie un « document d'orientation destiné aux employeurs, lequel dispense des conseils pratiques visant à rendre l'évaluation des risques plus facile et plus efficace. » La « Commission travaillera avec les États membres et les partenaires sociaux afin de supprimer ou de mettre à jour des règles dépassées au cours des deux prochaines années. »

Directive Eurovignette Ce dispositif important pour le financement des infrastructures (voir en p.2 de ce n° sur le Lyon-Turin) devrait être renforcé au printemps via une révision de la directive 1999/62/EC. Le champ d’application, pour l’instant réservé aux poids lourds, serait élargi aux voitures. Quant aux infrastructures, il ne s’agirait plus seulement des voies empruntant les Réseaux transeuropéens de transport (RTE-T), mais de tous les axes autoroutiers et routiers. Enfin, les États seraient obligés d’utiliser les ressources générées par l’Eurovignette pour la maintenance des infrastructures, alors qu’actuellement, ils y sont seulement incités. Hugues Boulet


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Norvège : Powerhouse Brattørkaia l’immeuble à énergie positive le plus au nord du monde Le major du BTP suédois Skanska a annoncé, le 9 janvier, la signature d’un contrat avec le promoteur immobilier norvégien Entra pour construire l'immeuble de bureaux à énergie positive le plus au nord de la planète, à Trondheim, en Norvège. Ce projet, de 390 millions de couronnes suédoises, soit 40,8 millions d’euros, est nommé Powerhouse Brattørkaia. Powerhouse est aussi le nom d’un groupement de sociétés dédiées à la construction de bâtiments à énergie positive. Les entreprises qui en sont membres sont Entra Eiendom, Skanska, les architectes de Snøhetta, l'ONG portugaise Zero, la société d'aluminium norvégienne Hydro, la société française de profilés en aluminium extrudé Sapa et la société de conseil norvégienne Asplan Viak. L’objectif de cette structure de partenariat d’entreprises est de « démontrer qu'il est possible de construire des bâtiments à énergie

positive pas seulement dans les régions du sud du monde, mais aussi dans la froide Norvège », selon Skanska. Ce projet représente 15 700 m² d’espaces de bureaux, parmi lesquels Skanska en louera 2 300 m². Un parking sous terrain de 2 500 m² est également prévu. « Le résultat est une toute nouvelle expression architecturale qui, espérons-le, suscitera et inspirera l'innovation », précise le suédois. Powerhouse Brattørkaia devrait obtenir la certification Breeam Nor, adaptation norvégienne du certificat du cadre bâti britannique, dans la catégorie "Outstanding", le plus haut rang. Il sera le premier immeuble de bureaux de Norvège qui générera plus d’énergie qu’il n’en consomme. De plus, selon la définition d’une "Powerhouse", pendant sa vie, le bâtiment « produira plus d'énergie renouvelable qu'elle n'en utilise pour les matériaux, la

construction, l'exploitation, la rénovation et la démolition ». « L'architecture et l'expression esthétique ont été guidées par l’idée du soleil en tant que source d'énergie », explique Skanska. Le bâtiment utilisera les énergies issues du soleil et de l’eau de mer pour son chauffage et son système de refroidissement et aura une consommation énergétique extrêmement faible. La construction débutera en avril 2017 et devrait être achevée en février 2019. Skanska Norway, la filiale locale du constructeur, prendra en charge les parties construction et génie civil du projet. Joséphine de Bernardi


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