LES
RÉFÉRENCES
LA RSE DANS L’ASSURANCE
et les avantages de la mise en œuvre d’une telle démarche, l’ouvrage s’attache à analyser en détail les enjeux RSE propres au secteur de l’assurance. Il dresse un panorama de l’univers législatif et réglementaire de la RSE, de la soft law à la réglementation européenne et nationale, analyse les impacts spécifiques de ces obligations pour les assureurs et ouvre les perspectives que la RSE offre à l’assurance. Cet ouvrage s’adresse ainsi à tous ceux qui souhaitent comprendre les enjeux RSE propres au secteur de l’assurance.
Pauline Becquey est responsable développement durable à la Fédération Française de l’assurance. Elle anime à ce titre la communauté des responsables et directeurs RSE et développement durable des adhérents de la FFA. Elle a auparavant été consultante en développement durable au sein du cabinet EY. Experte en finance durable, elle a aussi une excellente connaissance des enjeux de mise en œuvre opérationnelle de démarches de responsabilité sociétale et de communication RSE pour le secteur financier. François Garreau est en charge du développement durable auprès du Comex de Generali France et Président de la commission du développement durable de la Fédération Française de l’assurance. Après 11 ans dans le secteur bancaire dans des fonctions financières et marketing, il intègre Generali où il occupe successivement des fonctions de responsable marketing IARD, de développement commercial vie, de communication et, depuis plus de 10 ans, il installe la RSE et la déploie dans toutes les fonctions de l’entreprise. Il est également membre actif du C3D et de l’ORSE.
Changement climatique Finance durable Enjeux stratégiques LA RSE DANS L’ASSURANCE
La Responsabilité sociale d’entreprise est une notion encore trop méconnue. Elle concerne la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société. Plus largement, elle est aussi un outil méthodologique, au service de la création de valeur, capable de radicalement transformer la stratégie et d’améliorer la performance de l’entreprise : revisiter les modèles d’affaires, anticiper le long terme, favoriser l’accès au capital, repenser sa communication, renforcer l’attractivité de sa marque… Après avoir défini le concept générique de la responsabilité sociale d’entreprise, les objectifs recherchés
FONDAMENTAUX
RÉFÉRENCES
LA RSE DANS L’ASSURANCE
ISBN 978-2-35474-364-2
9 782354 743642
Pauline Becquey François Garreau
ÉDITIONS
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Préfaces de Florence Lustman et Jean-Laurent Granier
ÉDITIONS
ÉDITIONS COUV_RSE_ASSURANCE_vert_2020_DOS15,2.indd 1
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Sommaire Préface de Florence Lustman..................................................................................................................... Préface de Jean-Laurent Granier............................................................................................................ Introduction.......................................................................................................................................................... Sommaire...............................................................................................................................................................
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Chapitre 1er Les fondamentaux de la RSE – Définitions du concept et objectifs Section I – Définition et origine de la RSE...................................................................... 19 Section II – D’une pratique volontaire à un développement normatif international...................................................................................... 29 Section III – Quelles opportunités la RSE représente-t-elle pour le secteur de l’assurance ?........................................................................................................ 31
Chapitre 2 Les enjeux RSE du secteur de l’assurance Section I – La mission des assureurs, durable par nature............................................ 39 Section II – Evolutions majeures de la société : quels impacts pour le modèle d'affaires de l'assurance ?................................................. 42 Section III – Les enjeux RSE pour l’assurance..................................................................... 65 Section IV – Panorama des initiatives internationales et labels RSE......................... 74
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Chapitre 3 L’univers législatif et réglementaire – De la soft law à la raison d’être Section I – Les grands principes de soft law internationale...................................... 80 Section II – Exigences de transparence : les obligations en matière de reporting extra-financier............................................................................ 88 Section III – Exigences de vigilance....................................................................................... 97 Section IV – Des obligations spécifiques en matière de finance durable................ 101 Section V – La loi PACTE : repenser la raison d’être de l’entreprise.......................... 126
Chapitre 4 Perspectives : comment la durabilité peut transformer l'assurance ? Section I – La RSE, une opportunité de transformer le métier de l’assurance vers le service........................................................................... 131 Section II – Les perspectives en finance durable............................................................. 141 Section III – Quel rôle pour les responsables RSE ?.......................................................... 166
Annexes.................................................................................................................................................. 177 Glossaire.................................................................................................................................................................. 231 Bibliographie........................................................................................................................................................ 241 Table des matières............................................................................................................................................. 247 Index alphabétique.......................................................................................................................................... 253
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présentent la normalisation croissante de la RSE en France et en Europe pour préserver le libre jeu de la concurrence ? Dans sa communication sur la RSE en 2011, la Commission européenne indiquait : « Les entreprises doivent disposer d’une certaine marge de manœuvre pour innover et développer, vis-à-vis de la RSE, une approche qui soit adaptée à leur situation. Nombre d’entreprises apprécient néanmoins l’existence de principes et d’orientations soutenus par les pouvoirs publics, ce qui leur permet de comparer leurs propres politiques et performances et favorise des conditions de concurrence plus équitables. »
Section III – Quelles opportunités la RSE représente-t-elle pour le secteur de l’assurance ? La RSE concerne toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité. Après ce panorama large autour du concept et avant de rentrer plus précisément dans les enjeux RSE propres à l’assurance dans le chapitre 2, cette section propose une analyse des opportunités que peut représenter une telle démarche pour le secteur.
I – Faire face aux contraintes croissantes de reporting, en particulier liées à la finance durable Les assureurs, au même titre que les autres entreprises, doivent se conformer aux obligations réglementaires liées à la RSE qui leur incombent. Ils sont plus particulièrement concernés par les exigences de reporting extra-financier car ils doivent y répondre à double titre. En tant qu’émetteur, ils ont l’obligation de publier une Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF). En tant qu’investisseur, ils doivent rendre compte de la prise en compte des critères ESG dans leurs stratégies d’investissement et de leur contribution à la transition énergétique et écologique au sein d’un rapport ESG. En application du règlement européen sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (Règlement (UE) 2019/2088 dit règlement « Disclosures »), ils devront dès 2021 établir un reporting ESG au niveau de tous les produits financiers. Depuis la COP 21, les pouvoirs publics français et européens ont en effet mis une pression croissante sur le secteur pour développer la finance durable. L’objectif est d’utiliser les acteurs financiers comme vecteurs de transformation du monde économique vers un modèle bas-carbone. La normalisation croissante de la RSE, et plus encore de la finance durable, présente le risque de transformer la démarche en un simple exercice de conformité. La RSE est malheureusement encore trop souvent considérée comme un exercice de communication destiné à valoriser l’image de l’entreprise, au mieux pour cocher la www.editionsargus.com
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case de la compliance, au pire en tombant dans le greenwashing. Pourtant, la RSE a tous les atouts pour dépasser la simple communication et être réellement intégrée à la stratégie de l’entreprise et contribuer à la création de valeur. L’enjeu réside donc, pour les entreprises en général, et pour les assureurs en particulier, à transformer en opportunité ce qui apparaît de prime abord comme une contrainte.
II – Utiliser la RSE pour nourrir la stratégie de l’entreprise Dans leur rapport L’Entreprise, objet d’intérêt collectif, Nicole Notat et Jean-Dominique Senard soulignent que la RSE « reste parfois considérée comme un affichage, un supplément d’âme, ou un exercice formel de conformité à une grille de questions. Pourtant les nombreuses attentes qui s’expriment à l’égard de l’entreprise montrent que cette image n’est pas définitive et ne peut que s’améliorer, à mesure des engagements. Ces attentes expriment une aspiration à placer la RSE au cœur de la stratégie de l’entreprise ». Le caractère multidimensionnel de la RSE, sa vision prospective à long terme et son ouverture aux parties prenantes sont en effet de véritables atouts pour nourrir la stratégie de l’entreprise. La RSE est d’abord un formidable outil de gestion des risques. Les risques sont les événements susceptibles d’affecter de manière significative le modèle d’affaires, les activités, la réputation ou les performances financières de l’entreprise. La RSE permet de repérer les signaux faibles, pour anticiper les controverses qui pourraient nuire à sa réputation. Elle s’attache aussi à identifier les risques que l’entreprise ne sait pas quantifier aujourd’hui, souvent qualifiés à ce titre d’émergents, alors qu’ils sont pour certains bien présents. C’est typiquement le cas pour le changement climatique. Bien que professionnels de l’identification et de la gestion des risques de catastrophes naturelles, le modèle des assureurs repose sur l’évaluation des événements passés et sur une stratégie de maîtrise des coûts à horizon un an. Enjeu de long terme, l’impact que le réchauffement planétaire peut engendrer sur l’activité de souscription d’une part et sur le portefeuille d’investissement de l’assureur d’autre part demeure aujourd’hui mal appréhendé à cet horizon. Ce sujet sera développé plus avant dans le chapitre 2. Plus largement, la déclaration de performance extra-financière doit présenter les risques non financiers les plus significatifs, qu’ils soient liés aux décisions et actions de l’entreprise (risques provoqués par l’activité de la société pour les parties prenantes externes) ou à des facteurs externes (risques subis par l’entreprise ; Fédération française de l’assurance, Guide de reporting RSE du secteur de l’assurance, 2018). En s’attachant à analyser les risques à plus long terme, les obligations de reporting RSE dans le cadre de la déclaration de performance extra-financière sont un moyen de mobiliser la fonction de la gestion des risques sur ces risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et à prendre compte la notion de « double matérialité ». La RSE est aussi un facteur d’innovation et un accélérateur de transformation. En tenant compte des futurs enjeux sociaux et environnementaux et en étant à 32
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l’écoute des parties prenantes, la démarche RSE permet d’identifier des évolutions sociétales porteuses d’opportunités stratégiques. Cette vision prospective va souvent au-delà de l’horizon de temps des plans stratégiques d’entreprise. De nombreux besoins émergents sont en effet directement liés aux nouveaux enjeux environnementaux et sociaux, par exemple l’assurance de nouveaux équipements ou matériaux permettant de lutter contre le changement climatique (nouvelles infrastructures d’énergie renouvelables ou de mobilité durable, nouveaux matériaux et process en construction favorisant l’économie circulaire) ou encore les nouveaux modes de consommation autour de l’économie collaborative. Pour que la RSE soit un véritable facteur de transformation et de performance de l’entreprise et être ainsi au cœur de la stratégie des assureurs, plusieurs conditions doivent néanmoins être réunies. Un portage politique fort à haut niveau de l’entreprise par le biais d’un dirigeant lui-même ou d’un sponsor auprès de la direction générale est indispensable. Cela nécessite également des moyens humains et financiers. Si la fonction RSE joue un rôle de coordination et d’éclairage, elle ne pourra à elle seule incarner l’ambition stratégique de l’entreprise. Les directions métiers doivent chacune se saisir des sujets environnementaux et sociaux directement liés à leurs activités. Pour cela, une sensibilisation voire une formation transversale de l’ensemble des fonctions de l’entreprise (conception des offres, souscription, investissements, risques, actuariat, conformité, audit interne, marketing et communication, relation client, ressources humaines, moyens généraux, achats) est nécessaire.
III – Revaloriser l’image des assureurs A – Témoigner de la contribution des assureurs à un modèle de développement durable et inclusif « Assureurs, voleurs ! » ; les assureurs ont souvent mauvaise presse et leur réputation est régulièrement attaquée, en témoignent largement les nombreuses critiques au cours de la crise de la Covid-19. Le fonctionnement même de l’assurance contribue à cette mauvaise image : son modèle opérationnel est le plus souvent basé sur une obligation d’assurance et son modèle relationnel sur un contact limité à un événement désagréable, celui d’un sinistre. L’assurance est peut-être l’un des seuls services où le client espère que l’événement pour lequel il paie ne se produise jamais. Pour autant, tant que l’événement ne se produit pas, il a l’impression de « perdre » son argent. Difficile à matérialiser, la valeur perçue par les assurés est donc faible. La démarche RSE est incarnée par une entreprise qui ne se préoccupe pas seulement de son profit mais plus largement des parties prenantes et de sa contribution globale à un développement durable et inclusif. En ce sens, elle est un atout pour développer une posture plus « servicielle » et valoriser l’image de l’assureur. www.editionsargus.com
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Les consommateurs ont d’ailleurs des attentes croissantes vis-à-vis de l’engagement sociétal des entreprises. Selon une étude de l’observatoire de la matérialité, réalisé par l’Ifop pour l’Institut du capitalisme responsable en avril 2019, 95 % des Français jugent ainsi que les acteurs privés doivent s’engager sur les enjeux de société. Ces attentes sont combinées à une défiance vis-à-vis des politiques et des gouvernements. C’est donc vers les entreprises que les consommateurs se tournent pour répondre aux transformations sociétales. Plus de la moitié des personnes interrogées dans le monde considèrent que les marques peuvent faire plus que les gouvernements pour résoudre les problèmes sociaux (étude Earned Brand 2018 menée par le groupe Edelman dans 8 pays auprès de 8 000 personnes en ligne, et 32 000 interrogées sur mobile). Conséquence logique de ces attentes vis-à-vis du secteur privé, les comportements d’achat sont désormais directement connectés aux prises de position sociétales des marques. En 2018, près des deux tiers des consommateurs français choisissaient d’acheter ou de boycotter une marque pour ses prises de position. De plus, un consommateur qui perçoit une marque comme positive présente en moyenne une intention d’achat 2,4 fois supérieure à celle d’un consommateur qui ne perçoit pas cette positivité, en particulier dans les secteurs de la banque, de l’assurance et du financement (Observatoire des marques positives réalisé par le cabinet Utopies, 2018). La mise en place d’une démarche RSE est ainsi un moyen de répondre à cette demande de transparence accrue des consommateurs et de démontrer le rôle sociétal des assureurs en faveur du développement durable.
B – Renforcer la marque employeur La RSE peut aussi être un levier pour attirer les talents et renforcer la motivation des salariés. Les politiques de ressources humaines mises en œuvre pour favoriser la diversité en entreprise et lutter contre les discriminations, améliorer la qualité de vie au travail, former et renforcer l’employabilité des collaborateurs sont partie intégrante d’une démarche RSE et contribuent au bien-être des salariés. Plus largement, la RSE peut contribuer à créer une fierté d’appartenance des collaborateurs à leur entreprise en donnant du sens au travail accompli. Selon une enquête Deloitte/ Viadeo menée en décembre 2017, le sens au travail est principalement lié aux valeurs de l’organisation pour 26 % des répondants. Cette quête de sens est de plus en plus exacerbée. Les futurs collaborateurs recherchent des entreprises dont ils partagent les valeurs avant d’y postuler. Une étude menée par le site de recrutement et de recherche d’emploi Glassdoor en 2019 montre que 79 % des adultes de quatre pays (États-Unis, Royaume-Uni, France et Allemagne) tiennent compte de la culture d’une entreprise avant d’y postuler. En France, 91 % des répondants indiquent qu’il est important que l’employeur ait une mission et un objectif clairs. L’expression la plus récente et la plus emblématique de cette quête de sens est le Manifeste pour un réveil écologique lancé en septembre 2018 par des étudiants de grandes écoles (École polytechnique, HEC Paris, AgroParisTech, ENS Ulm et Centrale34
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Supélec) et signé par près de 30 000 étudiants de plus de 400 établissements de l’enseignement supérieur. En 2019, le collectif éponyme a lancé un appel aux potentiels futurs employeurs. Ils y déclarent « refuser de contribuer par [leur] travail à l’accélération des crises environnementales et sociales [et souhaitent] mener une activité professionnelle cohérente avec l’urgence écologique, en mettant [leur] temps et [leur] énergie au service de projets qui construisent une société soutenable et socialement juste ». Un site internet à destination des étudiants et jeunes diplômés a été mis en place par le collectif pour les aider à évaluer l’engagement de leur potentiel futur employeur dans la transition écologique. L’objectif de cet outil est d’accompagner les étudiants signataires du manifeste à concrétiser leur engagement, en faisant de l’impact environnemental un critère de choix professionnel. Le guide les aiguille ainsi sur les « bonnes questions à poser », à soi-même mais surtout à son futur employeur. Il met à leur disposition les réponses d’une cinquantaine de grandes entreprises à un questionnaire détaillé sur leur engagement environnemental et propose un guide antigreenwashing pour aider les étudiants à exercer leur esprit critique par rapport à la communication de l’entreprise. L’engagement dans la transition écologique, son projet et sa contribution au développement durable sont désormais des critères de choix de l’employeur pour la nouvelle génération.
Les demandes aux employeurs du collectif pour un réveil écologique 1. Identifier, mesurer et rendre le plus transparent possible leur impact sur le climat, la biodiversité et les ressources naturelles. 2. Mettre en place des stratégies : • de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre alignées sur une limitation du réchauffement planétaire à + 2 °C ; • de réduction de leur impact sur la biodiversité conformes aux recommandations de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques ; • de limitation de leur usage de ressources non renouvelables, qui s’appuient sur des démarches concrètes de sobriété et d’économie circulaire. • Ces stratégies ne peuvent pas reposer exclusivement sur des innovations technologiques incertaines. 3. Former les employés aux enjeux climat, énergie et biodiversité, et leur donner la possibilité de prendre part à la transformation de leur entreprise dans ce sens.
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4. Mettre en place des mécanismes qui alignent la stratégie financière de l'organisation avec la protection de l'environnement. 5. Généraliser ces engagements en y associant les parties prenantes de l'organisation : pouvoirs publics, prestataires, ONG, etc. 6. Repenser l'utilité et les messages de l'entreprise dans le contexte actuel d'urgence environnementale et sociale. Source : https://appel.pour-un-reveil-ecologique.org/fr/#demandes
IV – Créer de la valeur et contribuer à la performance de l’entreprise D’après une étude de France Stratégie de janvier 2016, la RSE est significativement corrélée avec la performance économique des entreprises. « Quelles que soient la mesure de la performance économique (profit par tête, excédent brut d’exploitation ou valeur ajoutée par tête) et la dimension de la RSE (environnement et éthique, ressources humaines, relation client, relation fournisseur), on observe un écart de performance économique d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas. » La RSE n’est donc pas qu’une contrainte et peut contribuer à créer une réelle performance extrafinancière de l’entreprise qui a un impact démontré sur sa valeur économique. C’est également le cas pour la prise en compte de critères ESG dans les stratégies d’investissement. Contrairement à certaines idées reçues, l’investissement responsable ne traduit pas une démarche éthique qui irait à contre-courant de la performance financière. Plusieurs études démontrent à l’inverse que la performance des produits responsables est comparable à celle des autres produits financiers ayant un niveau de risque équivalent. L’indice ISR « MSCI-KLD 400 », qui compte les 400 entreprises américaines les mieux notées en ESG, surperforme systématiquement depuis 10 ans son indice concurrent traditionnel (Standard & Poor’s 500). D’après MSCI, les sociétés ayant obtenu une note élevée en matière d’ESG ont d’ailleurs tendance à afficher une rentabilité et un rendement en dividendes plus élevés, des risques extrêmes moins importants ainsi qu’une volatilité moins systématique. Une étude Morningstar de novembre 2016 compilant des résultats de nombreuses recherches académiques démontre quant à elle que les fonds et indices responsables ont un rendement comparable à celui des fonds et indices conventionnels similaires. Les investisseurs eux-mêmes constatent une performance équivalente voire une amélioration des rendements : 84 % des investisseurs ayant adopté des stratégies ESG sont satisfaits de la performance financière de leurs stratégies (16 % ont un avis neutre) et 68 % affirment que l’intégration des facteurs ESG dans la prise de décision a considérablement amélioré les rendements (SSGA, ESG Institutionnal Investor Survey, 2018 : enquête menée auprès de 475 investisseurs.) Autre exemple, 36
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l’équipe responsable de la stratégie actions de Société Générale s’est penchée sur les performances postcontroverse de 80 sociétés cotées. D’après elle, les sociétés confrontées à une controverse RSE affichent en moyenne une performance inférieure au MSCI World de 12 % par an et mettent deux ans avant de retrouver une performance équivalente ! (Les Échos, « Responsabilité sociale et environnementale : les mauvais élèves sanctionnés en Bourse », février 2020). La crise de la Covid-19 est un témoin supplémentaire de cette meilleure résilience des fonds intégrant des critères ESG. Plusieurs études ont ainsi démontré que les indices ESG ont mieux résisté à la crise et ont généralement surperformé leurs homologues traditionnels. Aux États-Unis, depuis février 2020, les actions du premier quintile (un cinquième) du classement ESG du S&P 500 ont surperformé leurs indices de référence de plus de cinq points à fin mars 2020 (Les Échos). La situation est similaire en Europe pour tous les indices ESG. L’action environnementale et climatique des entreprises est aussi valorisée par le marché. HSBC a étudié plus de 600 grandes entreprises générant au moins 10 % de leur revenu grâce à des solutions climatiques, ainsi que près de 150 entreprises ayant un score ESG élevé au niveau mondial. Entre le 24 février 2020 (date du début de la forte volatilité des cours due au coronavirus) et le 23 mars 2020, les actions axées sur le climat ont surclassé les autres actions de 3 %. Quant aux actions ESG, elles ont battu les autres d’environ 7 %. Enfin, deux analyses de BlackRock du 26 mars 2020 portent sur la résilience des flux et actifs ESG en période de volatilité. « Alors que le choc du coronavirus continue de déstabiliser les marchés, les valeurs européennes ESG ont montré une résilience remarquable, avec un flux de 2,7 milliards de dollars depuis le 21 février et ce malgré la chute du marché en mars. Cela indique que les actifs ESG se tracent un chemin dans les portefeuilles et les stratégies long terme. » Ne pas s’engager dans une démarche d’intégration ESG présente au contraire un risque financier. Pour illustrer ce propos, prenons à nouveau l’exemple du changement climatique. En tant qu’investisseur, la non-prise en compte des risques climatiques peut avoir un impact direct sur la valeur des actifs en portefeuille (pour plus de détails, consulter le chapitre 2). La RSE a aussi des vertus pour favoriser l’engagement des collaborateurs. Dans une interview accordée à la revue Risques en juillet 2020 (n° 122), Pascal Demurger, directeur général de la MAIF, affirme ainsi : « En nourrissant l’épanouissement de nos collaborateurs, nous avons amélioré la performance de l’entreprise. En témoigne cet indicateur : le taux d’absentéisme a chuté de 25 % depuis [la mise en place d’un management par la confiance il y a 5 ans, fondé sur le sens et l’envie, en place d’un management classique, reposant sur la hiérarchie et l’autorité]. »
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La RSE dans l'assurance
Figure 3 - Intégration de la RSE par les assureurs dans les composantes métiers en 2020
Source : Eurogroup consulting, Baromètre des décideurs de l’assurance 2020, novembre 2019.
En résumé, la politique RSE peut se traduire à différents niveaux dans la stratégie des assureurs et constituer un véritable outil concurrentiel. D’après le baromètre des décideurs de l’assurance 2020 d’Eurogroup Consulting, les assureurs reconnaissent la valeur ajoutée de la RSE sur l’attractivité des offres, son impact sur la fidélisation des clients et enfin, son rôle de différenciation. Conscients des atouts que peut représenter une telle démarche, ils intègrent déjà la RSE dans les différentes composantes de leurs métiers. 38
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Chapitre 2
Les enjeux RSE du secteur de l’assurance Section I — La mission des assureurs, durable par nature................................. 39 Section II — Evolutions majeures de la société : quels impacts pour le modèle d'affaires de l'assurance ?................................................................................ 42 Section III — Les enjeux RSE pour l’assurance ............................................................ 65 Section IV — Panorama des initiatives internationales et labels RSE ........... 74
Le présent chapitre s’attache à développer les enjeux RSE propres au secteur de l’assurance. Les liens entre la mission des assureurs et le développement durable y sont présentés mais aussi les évolutions sociétales et environnementales qui ont un impact direct sur le modèle d’affaires des assureurs. Enfin, la dernière section recense les enjeux RSE propres aux secteurs identifiés par diverses initiatives.
Section I – La mission des assureurs, durable par nature L’année 2020 est marquée par une série d’évolutions majeures en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). D’une part, l’accélération de la transformation du secteur vers une croissance durable intégrant les sujets de développement durable au sein même des stratégies d’entreprise. D’autre part, l’avènement de la raison d’être qui s’articule autour de plusieurs engagements forts en termes de responsabilité et d’utilité sociétale. Les concepts de développement durable ne relèvent pas d’un effet de mode. Ils sont l’essence même du métier et de la mission des assureurs. L’assurance et le développement durable sont en effet les deux côtés d’une seule et même pièce. Les assureurs ont pour mission fondamentale d’évaluer, d’anticiper et de gérer les risques sur le long terme. Ils sont tout particulièrement concernés par la problématique du développement durable, dans ses trois dimensions : économique, sociale et environnementale. Cette mission s’exerce autour de ses deux grandes activités, en tant qu’assureur et en tant qu’investisseur.
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Pauline Becquey est responsable développement durable à la Fédération Française de l’assurance. Elle anime à ce titre la communauté des responsables et directeurs RSE et développement durable des adhérents de la FFA. Elle a auparavant été consultante en développement durable au sein du cabinet EY. Experte en finance durable, elle a aussi une excellente connaissance des enjeux de mise en œuvre opérationnelle de démarches de responsabilité sociétale et de communication RSE pour le secteur financier. François Garreau est en charge du développement durable auprès du Comex de Generali France et Président de la commission du développement durable de la Fédération Française de l’assurance. Après 11 ans dans le secteur bancaire dans des fonctions financières et marketing, il intègre Generali où il occupe successivement des fonctions de responsable marketing IARD, de développement commercial vie, de communication et, depuis plus de 10 ans, il installe la RSE et la déploie dans toutes les fonctions de l’entreprise. Il est également membre actif du C3D et de l’ORSE.
Changement climatique Finance durable Enjeux stratégiques LA RSE DANS L’ASSURANCE
La Responsabilité sociale d’entreprise est une notion encore trop méconnue. Elle concerne la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société. Plus largement, elle est aussi un outil méthodologique, au service de la création de valeur, capable de radicalement transformer la stratégie et d’améliorer la performance de l’entreprise : revisiter les modèles d’affaires, anticiper le long terme, favoriser l’accès au capital, repenser sa communication, renforcer l’attractivité de sa marque… Après avoir défini le concept générique de la responsabilité sociale d’entreprise, les objectifs recherchés
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