TAXIS ANGLAIS

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Les TX (depuis 1997) .................. 92 Avant-propos ...............................6 Préface ........................................7

01

Avant les taxis ..............................8 Les premiers véhicules hippomobiles publics ...................................... 9 Hansom cab et growler .................................... 9

02

Les premiers taxis automobiles ............................... 12 Le temps des pionniers................................. 13 La rationalisation industrielle et économique ............................................... 14

03

Les taxis anglais entre les deux guerres ............... 18 Les taxis Beardmore ..................................... 20 L’apparition des taxis Austin ......................... 22 Les autres taxis londoniens entre les deux guerres .................................. 23 La Seconde Guerre mondiale........................ 26

04

Les taxis anglais après la Seconde Guerre mondiale ........................ 28 L’Austin FX3 (1948-1957) ............................... 29 Le FL1 ........................................................... 33 Les concurrents du FX3 ................................ 35

05

Le FX4 (1958-1997) .................... 40 La genèse du FX4 .......................................... 41 Mise en production du FX4............................ 42 Apparition du New Shape en 1969 ................. 42 Le projet FX5 (1972-1976) ............................. 44 Le projet Carbodies CR6 ............................... 45 Les FX4 Carbodies (1982-1984) .................... 46 Les FX4 LTI (1985-1997) ................................ 49 Les dérivés du FX4 ........................................ 55 L’exportation des FX4 .................................... 62

06

Les concurrents du FX4 ............. 70 Le Beardmore Mk VIII (1961-1963) ............... 71 Les Winchester (1963-1972) ......................... 71 Les Metrocab (1987-2006)… .......................... 75 Quelques autres tentatives de concurrence…82 L’émergence des Eurocab… .......................... 86

La genèse du TX ............................................ 93 Le TX1 (1997-2002)........................................ 93 Le TX2 (2002-2006)........................................ 94 Le TX4 (2007-2017)........................................ 96 Le TX5, devenu LEVC TX e-City (depuis 2017) ................................................. 98 Les concurrents des TX .............................. 100

08

Le métier de cabbie .................. 106 Le Knowledge .............................................. 107 Les Conditions of Fitness ............................. 108 L’examen annuel du PCO ............................ 109 La préoccupation de la sécurité.................. 110 Et le compteur, dans tout ça ? ..................... 112 Les plaques de licence................................ 114 Le confort du poste de conduite.................. 117 L’organisation du métier de cabbie ............. 118 La publicité sur les taxis ............................. 119 La concurrence déloyale : des minicabs à Uber .................................... 123 L’avenir du taxi anglais................................ 125

09

Autour du taxi anglais .............. 128

sommaire

07

Quelques aventures en taxi anglais ............ 129 Quelques taxis anglais célèbres ................. 135 Les maquettes, miniatures et autres goodies ......................................... 139 Les taxis anglais en littérature, au cinéma, à la télévision ........................... 142 Les utilisations détournées de taxis anglais ........................................... 144 L’influence du taxi anglais sur la production hexagonale ..................... 150

10

Rouler en taxi anglais ? ............ 154 Lequel choisir ? Austin ? Rover ? Fairway ? TX ? .............................................. 155 Au volant ..................................................... 158 Quoi vérifier avant d’acheter ? .................... 158 L’entretien ................................................... 162 Le monde des collectionneurs de taxis anglais ........................................... 163 En guise de conclusion ............................... 165

Annexes ................................... 166

Marques de taxis en Grande-Bretagne avant la Première Guerre mondiale............ 166 Évolution du parc des cabs londoniens de 1903 à 1914............................................. 167 Production annuelle du FX4 ........................ 168 Changements successifs apportés au FX4 . 169 Les changements du FX4 en images .......... 174

Bibliographie ........................... 182 Remerciements ....................... 185 Index ........................................ 186

5


Avant les taxis 01

Un Hansom cab dans les rues de Londres. (Domaine public)

8


01/AvAnt les tAxis

À gauche. Carrosse de louage au xviie siècle. (Domaine public) Ci-contre. Un Hansom cab. (Domaine public)

J

usque-là, seules les classes privilégiées étaient assez fortunées pour posséder leur propre attelage. Le développement de l’industrie et du

commerce londonien aidant, le besoin se fait sentir de pouvoir louer un attelage à l’heure ou à la course. C’est ainsi que les premiers fiacres publics, lointains ancêtres des taxis anglais, apparaissent à la fin du xvie

siècle, sous le règne d’Élisabeth Ire.

Un shilling par mile C’est dans un acte de 1662 que le roi d’Angleterre Charles II imposa un tarif unique aux propriétaires de fiacres : un shilling par mile.  Ce tarif n’a finalement été  relevé que… près de trois cents ans plus tard, en 1950.

Les premiers véhicules hippomobiles publics

Un Clarence (growler) à la fin du xixe siècle. (Domaine public)

Certains marchands et taverniers bien avisés commencent à racheter les carrosses usés ou démodés afin de les louer à leur clientèle. Cette première tentative acquiert rapidement une bien mauvaise réputation, tant en raison du piètre état de

officiellement London Taxi and Private Hire, LTPH, il

ces attelages que de la malhonnêteté et du manque

continue en pratique à être appelé PCO).

Un travail de forçats

d’éducation de leurs cochers. Ce qui peut être

Longtemps placé sous la responsabilité de Scotland

considéré comme la première compagnie de fiacres

Yard, et maintenant sous celle de Transport of

publics londonienne est créé en 1634 par le capitaine

London, le PCO est chargé encore aujourd’hui de

John Baily, un compagnon de lutte de sir Walter

veiller à la compétence des chauffeurs de taxi (le

Raleigh. Afin d’attirer une clientèle nouvelle et plus

fameux Knowledge) et à l’état de leurs véhicules (The

exigeante, il fait construire quatre carrosses neufs,

Conditions of Fitness).

La santé des cochers de l’époque, assis à l’extérieur de leur fiacre et obligés  d’y rester quel que soit le temps, dans l’attente du client, est précaire et leur espérance de vie limitée, d’autant plus qu’ils font de l’alcool un important usage pour supporter leurs conditions de travail. C’est d’ailleurs pour tenter  de pallier la dureté de leur existence que les cab shelters ont été créés (il en sera longuement question dans le chapitre 8).

revêt ses cochers d’une livrée rutilante et fixe un tarif qu’il communique au public. Le succès aidant, il est

Hansom cab et growler

rapidement imité, avec cependant un seuil d’exigence

La révolution industrielle du xixe siècle ayant été plus

moins élevé. L’industrie du transport public était née.

précoce en Grande-Bretagne que dans l’ensemble

En 1688, plus de six cents Hackney coaches circulent

des autres pays occidentaux, il n’est pas étonnant

déjà dans les rues de Londres. En 1815, ils sont

que la population britannique ait migré plus rapide-

mille deux cents, provoquant déjà de “gigantesques”

ment vers les villes. Dès le milieu du siècle, plus de

embouteillages, dont les Londoniens de l’époque se

la moitié des Anglais sont des citadins et, phénomène

plaignent régulièrement. Il n’y a rien de nouveau sous

unique au monde, la proportion atteint près des trois

le soleil.

quarts vers 1880. Ce phénomène est encore plus

Très vite, les pouvoirs publics entreprennent de

impressionnant à Londres, où plus de trois millions

réglementer la circulation et l’organisation de

d’habitants vivent dans le grand Londres en 1861 et

cette nouvelle activité économique. En 1654, une

près de cinq millions en 1881. Dans ces conditions,

ordonnance de Cromwell intitulée The Regulation of

l’industrie du fiacre, ancêtre du taxi, se développe plus

Hackney Coachmen entre en vigueur. C’est la première

vite que n’importe où ailleurs.

pierre d’une longue suite de règles, dont certaines

Le Hansom cab est le plus courant des véhicules

sont encore en vigueur. En 1662 est créé le Hackney

hippomobiles londoniens, nous y reviendrons, mais

Coach Office, ancêtre de l’organisme de régulation,

d’autres modèles de voitures à cheval destinés à

l’actuel PCO (Public Carriage Office, même s’il a

être loués “à la course” se partagent la clientèle

récemment changé de nom et se nomme maintenant

londonienne.

9


explosion économique des années 1950 pendant que, dans l’ombre, son successeur, auquel il ouvre une voie triomphale, commence à se concevoir. Apparition de la boîte automatique En 1957, Austin et Mann & Overton entreprennent de tester une boîte automatique sur le FX3. Que le lecteur ne s’imagine cependant pas que ces firmes se soucient particulièrement du confort du chauffeur : c’est à la demande des compagnies de louage qu’elles étudient cette évolution. En effet, les cabbies qui louent leurs taxis à la semaine ont la fâcheuse habitude de faire patiner les embrayages, ce qui conduit à leur remplacement fréquent, renchérissant d’autant le coût de maintenance des parcs. Cette manie remonte à l’avant-guerre, époque à laquelle les boîtes à crabot n’étaient évidemment pas synchroUn FX3. (Ross Newman, Ensign Bus, Purfleet)

nisées. Malgré la présence de synchros sur la boîte réaliser la même modification sur leurs taxis pour la

du FX3, les cabbies locataires ont gardé l’habitude de

somme de 255 livres. Le bouchon de remplissage est

laisser l’embrayage patiner plutôt que de rétrograder.

peint en jaune, afin d’éviter les erreurs à la pompe.

Les chauffeurs propriétaires, eux, ont vite appris à

Très vite, l’idée séduit les propriétaires de taxis, et

prendre soin de leur embrayage, ce qui était d’ailleurs

de nombreux FX3 et Oxford sont convertis au diesel,

régulièrement avancé par les compagnies dans leurs

généralement avec le moteur Standard, mais parfois

divers conflits avec leurs clients chauffeurs pour

aussi avec d’autres moteurs Diesel, comme le P4C

justifier l’augmentation de leur loyer.

Perkins. La London General Cab Company, quant

Ce sont donc deux boîtes automatiques différentes

à elle, après avoir testé des moteurs Borgward ou

qui sont testées par Austin, en vue de la mise en

Mercedes, décide de monter le moteur Standard.

production prochaine du FX4, sur lequel elles seront

En effet, de l’avis général, celui-ci se révèle être le

proposées à titre d’option. La première testée est

meilleur choix. Les taxis anglais font ainsi leur entrée

une boîte Borg Warner modèle DG150M, qui donne a

dans l’ère du diesel, qui durera près de soixante ans.

priori satisfaction, au point qu’une petite série d’une

Ils commencent seulement à en sortir.

douzaine de FX3 ainsi équipés sera confiée par Mann & Overton à des garages sélectionnés, qui exprime-

Le premier moteur Austin Diesel

ront leur contentement. La seconde boîte envisagée,

Austin a compris la leçon et, pressentant le risque

une Mecha-Matic, est rapidement abandonnée.

de voir ses ventes baisser drastiquement, entre-

À l’arrêt de la production en 1958, près de treize mille

prend d’étudier sa propre version de la motorisation diesel, d’autant que plusieurs grandes compagnies répugnent à l’idée de faire modifier leur flotte avec le moteur Ferguson, qui est encore trop gourmand à leur goût. En 1954, Austin se tourne alors vers ses propres moteurs pour en dériver une version diesel, et le FX3D est offert à la vente à partir du London Motor Show au printemps 1955. Ce moteur, de la même cylindrée de 2,2 litres que son grand frère à essence, consomme “seulement” 9,5 litres aux 100 km, ce qui est peu au regard des standards de l’époque. Rapidement, il surpasse la version essence dans les ventes, et de nombreux FX3 déjà existants sont convertis, y compris ceux qui ont déjà été modifiés avec des moteurs Standard ou autres, et, en 1955, 90% des FX3 vendus sont équipés de moteurs Diesel. En 1956, la crise de Suez vient confirmer l’intuition d’Austin. Ainsi modifié, Un FX3 aux États-Unis. (Droits réservés)

32

le FX3 est prêt pour faire face à l’extraordinaire


04/Les taxis angLais après La seconde guerre mondiaLe

FX3 ont été construits (les chiffres varient de 12 435

au début des années 1980. L’Irlande, la Suède, le

à 13 737). Il est probable que le second chiffre soit le

Danemark, la Nouvelle-Zélande et même l’Iran en

nombre total de châssis fabriqués à l’usine Austin de

ont acheté également.

Longbridge, la différence s’expliquant par les châssis

En revanche, une tentative d’exportation en Amérique

nus destinés à être carrossés à l’extérieur, toutes

du Nord s’est soldé par un échec, alors que le FX3

variantes confondues, qui ont été fabriqués, dont

était moins cher de 750 dollars et plus court de près

plus de sept mille pour la seule capitale britannique.

d’un mètre que ses concurrents, les Checkers. Il est

Ils continueront de circuler dans les rues de Londres

probable que cet échec soit dû en partie à l’absence

pendant dix ans après la date de leur mise en service

de boîte automatique. Quelques exemplaires ont

et seront peu à peu retirés du service, le dernier étant

cependant circulé là-bas. Ils étaient équipés d’une

réformé en 1968. Ils poursuivront cependant leur

quatrième porte, empruntée au FL1.

carrière en province longtemps après cette date, la réglementation y étant moins stricte, qu’ils aient été

Le FL1

achetés neufs par des chauffeurs ou des compagnies

La limousine a toujours été une spécialité britannique

de province ou d’occasion une fois que les Conditions

très répandue, beaucoup plus sans doute que dans

of Fitness les avaient chassés en dehors de la capitale.

tout autre pays du monde. Dans ces conditions, il

Plusieurs grandes villes britanniques les ont aussi

n’est pas étonnant qu’Austin ait décidé de décliner

vus circuler, notamment Birmingham, Glasgow,

un modèle limousine du FX3. Nommé FL1, ce

Manchester et Liverpool. Ils ont par ailleurs été

véhicule se caractérise par une quatrième porte et

exportés à Madrid, où certains des quelque deux

une grande banquette à l’avant, qui prend la place de

cent cinquante FX3 vendus neufs circulaient encore

l’emplacement des bagages à côté du conducteur.

Brochure de vente de l’Austin FL1. (Austin Motor Corporation)

33


Extrait du catalogue FL2. (Austin)

54

En 1995, une ultime version nommée Fairway 95

a donc toujours été monté par des équipementiers

est proposée, avec ici encore des modifications de

extérieurs. D’autres améliorations ont également été

détail, par exemple une vitre de séparation à nouveau

proposées sur les derniers exemplaires, dont une

différente, pour la première fois verrouillable par le

curieuse option proposée en 1997 : une suspension

chauffeur. Ces modifications successives de la forme

arrière pneumatique, tarifiée 995 livres TTC (d’après

du guichet peuvent paraître des détails insignifiants,

la revue Pathfinder, éditée par LTI, numéro “Winter

mais les chauffeurs y attachent une grande impor-

1996-1997”), qui, paraît-il, améliorait le confort de

tance, car, d’une part, il s’agit d’un élément capital de

roulage et le silence de fonctionnement de manière

leur sécurité et, d’autre part, c’est par cette ouverture

spectaculaire. Il est probable qu’elle ait rarement été

que leur parvient le fruit de leur labeur, en l’espèce

choisie, car nous n’avons jamais vu aucun Fairway

le paiement de leurs courses. Les clients londoniens

Driver ainsi équipé. À la vérité, ces diverses versions

ont longtemps eu l’habitude de sortir du taxi avant

font bien davantage penser à des séries limitées

de payer, alors qu’en province il est d’usage de payer

destinées à faire patienter la clientèle plutôt qu’à

avant de descendre. La mobilité professionnelle

de réelles innovations. En août 1997, le dernier

grandissante a cependant tendance à généraliser

exemplaire du Fairway Driver sort des chaînes de

la pratique de payer la course avant de quitter le

fabrication de LTI… pour entrer immédiatement au

taxi. Autre innovation majeure, pour la première

musée. Avec lui se termine la longue série des FX4 ;

fois sur le FX4 : le compteur est monté en usine,

qui tire ainsi définitivement sa révérence, concluant

ce qui permet d’avoir un véhicule prêt à l’emploi, à

trente-neuf ans d’une longue carrière. Et dire que le

condition toutefois de l’équiper d’un interphone. En

plus célèbre de tous les taxis anglais avait été initia-

effet, pendant toute sa production, jamais le FX4 n’a

lement conçu pour ne durer qu’une dizaine d’années !

été équipé d’un interphone par l’usine, même à titre

Le Fairway Driver est considéré comme le meilleur

optionnel. Cet accessoire, pourtant indispensable,

et le plus fiable de tous les FX4 ; les esprits taquins


05/Le FX4 (1958-1997)

ne manquent d’ailleurs pas de faire remarquer qu’il aura fallu attendre la fin de la série pour le concevoir enfin, à force d’expérimentations et de tâtonnements souvent plus ou moins improvisés. En presque quarante ans, même si l’aspect esthétique du FX4 est resté sensiblement identique tout au long de la production, plus de mille modifications de tous ordres auraient été apportées au véhicule. Les trois seules pièces qui sont restées les mêmes sur tous les modèles sont la poignée intérieure avant (mais son système de fixation a changé), le toit et les vitres latérales. Afin de bien marquer la rupture, et la fin d’une époque, son remplaçant reçoit un nouveau nom : le TX, qui fera l’objet du prochain chapitre.

Les dérivés du FX4 Comme son prédécesseur, le FX4 a également servi de base à quelques véhicules spéciaux. Le

Un FL2 de 1972. (Danny Chabaud)

plus courant, produit par la firme elle-même, est la version limousine nommée FL2.

équipée de deux confortables repose-tête. Diverses options sont disponibles, dont la climatisation. En

Le FL2

général, un siège passager (ou parfois un strapontin)

Évidemment dénuée de taxi sign, cette version

est installé à la place de la plate-forme à bagages. En

limousine est souvent agencée de façon plus luxueuse

revanche, tous les FL2 ont toujours arboré un badge

que le taxi équivalent. Divers aménagements

FX4, aucun badge FL2 n’ayant jamais été fabriqué.

intérieurs se sont succédé sur le FL2. Par exemple,

La firme Austin a ainsi trouvé là un moyen d’amortir

hormis sur les premiers modèles jusqu’en 1961, les

un peu les coûts d’étude et de construction du FX4, en

strapontins sont généralement installés dans le sens

étendant ses débouchés, qui autrement auraient été

de la marche, contrairement à ceux des FX4, et la

réduits au seul secteur du taxi. Ce n’est pourtant pas

sellerie est restée en cuir brun plus longtemps.

un grand succès commercial, notamment à cause des

Dans les années 1980, une sellerie en velours vient

taxes élevées applicables alors aux véhicules particu-

revêtir la banquette arrière, qui a une forme différente

liers, auxquelles les taxis échappent en bonne partie,

de celle des taxis, évoquant davantage deux sièges

ce qui en fait des véhicules relativement onéreux.

individuels séparés par un accoudoir. Elle est parfois

Pourtant, dans les années 1960, environ un quart de

De gauche à droite. Climatisation d’un FL2. (Lydie Lejeune) Banquette arrière d’un FL2. (Philippe Dubois)

55


Katherine Woollett, en comparaison avec un échantillon témoin, une partie du cerveau, nommée l’hippocampe, des candidats au Knowledge augmente significativement de volume pendant la durée de leurs études. Cette constatation semble finalement tout à fait logique lorsqu’on sait que l’hippocampe joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale. Caricature d’un cocher londonien parue dans Punch. (Domaine public)

Rien en revanche n’a jamais permis de vérifier scientifiquement cette autre assertion selon laquelle les chauffeurs de taxi fonctionneraient exactement à l’inverse des galets, dont on sait que plus ils ont roulé, plus ils sont polis…

Un avis du PCO adressé aux chauffeurs en 1930. (Domaine public)

Les Conditions of Fitness Si les premières règles concernant l’état des véhicules servant au transport du public datent du xviie siècle, la logique des Conditions of Fitness actuelles remonte au mois de mai 1906 et est toujours peu ou prou encore applicable de nos jours, compte tenu, évidemment, des modifications rendues nécessaires par l’évolution des mœurs et des techniques. Leur mise en œuvre est toujours assurée par le PCO, rattaché depuis 2000 au Taxi and Private Hire Office, service spécialisé dépendant de Transport for London, après avoir été chapeauté par Scotland Yard depuis le milieu du xixe

siècle.

Dans leur version applicable actuellement, les Conditions of Fitness imposent que, en plus d’être conformes aux règles britanniques et européennes qui s’appliquent à tous les véhicules, les taxis destinés à circuler dans les rues de Londres doivent également obéir à un certain nombre d’exigences spécifiques. Celles-ci concernent pour l’essentiel l’accès au véhicule, ses dimensions, sa disposition intérieure, sa manœuvrabilité, la visibilité qu’il offre et ses équipements. En pratique, il s’agit de la séparation entre le chauffeur et le compartiment des passagers, de la garde au toit, qui doit être importante, du verrouillage automatique des portières arrière, de la rampe d’accès permettant à un passager en fauteuil roulant de prendre facilement place à bord et, naturellement, du rayon de braquage court, qui doit permettre de faire demi-tour entre deux murs éloignés de seulement 8,532 m (28 pieds).

108


08/Le métier de cabbie

Autre exigence connue mondialement : chaque taxi

la sécurité des passagers. Ce n’est qu’en 1960 que

doit porter visiblement une inscription l’identifiant

ce marquage indépendant a disparu en tant que tel,

clairement comme tel. Elle a évolué dans le temps, et

l’information concernant l’inspection annuelle étant à

deux inscriptions successives ont figuré sur les taxis

présent inscrite sur la plaque de licence.

britanniques : For hire (parfois remplacé par Public

Aujourd’hui, l’informatisation a fait disparaître tout

hire), puis Taxi, ceci afin de faciliter les choses aux

marquage, mais l’inspection demeure. Toute imper-

étrangers, qui pourraient avoir des doutes quant à la

fection, tout jeu dans les parties mobiles, toute fuite

nature du véhicule.

ou toute trace de corrosion se soldent immédiate-

L’examen annuel du PCO

Butterboy C’est ainsi que les anciens surnomment les cabbies qui viennent d’obtenir leur Knowledge. Il s’agit d’un jeu de mots avec l’expression, paraît-il, souvent entendue dans les cab shelters : “Shut up, your’re none but a boy”..

ment par une interdiction de circuler et une obligation de réparer, ce qui provoque inévitablement une perte

Autre spécificité propre aux taxis de la capitale, ils

de revenus, ainsi que la colère des chauffeurs.

doivent chaque année faire l’objet d’un examen appro-

Dans les années 1960, l’inspection annuelle par le

fondi, permettant de s’assurer de leur parfait état

PCO était redoutée par les cabbies, en raison de la

de fonctionnement. Cette obligation est ancienne,

sévérité des inspecteurs… et du caractère imprévi-

puisque dès 1714 chaque Hackney Coach doit être

sible de leurs critères d’appréciation.

pourvu d’un emplacement situé à l’arrière, sur lequel

Il est arrivé qu’un taxi soit recalé parce que le cendrier

la police métropolitaine peint au stencil une marque

était plein ou un chrome trop terne. C’est pourquoi

indiquant la date de l’inspection, ainsi que les initiales

un petit garage, situé juste à côté des locaux du PCO,

du commissioner responsable du PCO. Ce marquage

s’était fait une spécialité de louer des pare-chocs

est préféré à l’apposition d’une plaque, en raison de

neufs aux chauffeurs, le temps de l’examen. Le cabbie

la fraude qui n’était pas rare du temps des Hansom

les faisait monter provisoirement, juste avant la visite

cabs. Il paraît qu’il était courant de présenter un fiacre

annuelle, puis ils étaient démontés dans la foulée,

en bon état à l’inspection soupçonneuse des agents

afin d’être immédiatement reposés sur un autre taxi.

de Scotland Yard, avant de lui substituer un autre

Aujourd’hui, un certain nombre de garages londo-

fiacre en mauvais état, au détriment du confort et de

niens sont spécialisés dans l’entretien des taxis.

Inspecteur du PCO examinant un Austin Low Loader. (Domaine public)

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