#22 - Avril/Juillet 2021
Camerounaises, LeadHers inconditionnelles INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021 www.inspireafrika.com 1
Situé à un jet de pierre de l'Aéroport international de Douala, l'hôtel Best Western PLUS Soaho étend majestueusement ses ailes sur un site aménagé de deux hectares.
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SOMMAIRE 10. COUP DE COEUR
8. TENDANCES
5. ÉDITO
MARIANNA NANGUE
ORGANISATION D’ÉVÈNEMENTS : L’EMMERGENCE DU LUXE
14. INSPIR’ADVISE ANNA BIANG NGALLY DRH BICEC
6-7. INSPIR’NEWS
20.
16. INSPIR’INTERVIEW
SYLVIANE MOUDEKE « NOUS DEVONS ALLER PLUS LOIN DANS L’ACCOMPAGNEMENT DE NOS CLIENTS »
24.LA GRANDE INTERVIEW
REPATSTORIES
JUDITH YAH SUNDAY Epse ACHIDI
CAROLE MBESSA ELONGO
28. OSER INSPIRER NOURANE FOTSING
32. INSPIR’START-UP NAOMI DINAMONA
34. LES PENSÉES DE CONSTANCE OWONA ©Saitrag
38. 4 QUESTIONS A MICHAELLA NOTCHE
40. FOCUS VALÉRIE NEIM
CEO Brazza Transactions 4
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42. LE BAR À LECTURE LES CAMEROUNAISES SE RACONTENT
C’EST UNE TRADITION…
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Tous les 8 Mars, le monde célèbre la journée internationale des droits des femmes. Il peut même arriver que cette célébration commence un peu avant cette date, et s’étende sur tout le mois de Mars. Passé le 30 Mars, la fête est finie. On oublie que seulement 40%1 des pays ont atteint la parité filles garçons dans l’éducation. On cache le fait que plus de 312 Millions de filles sont encore non scolarisées dans le monde. On néglige le fait que seulement 17%3 des membres de conseil d’administration à travers le globe sont des femmes. Mais elles ne s’oublient pas. Loin de vouloir se victimiser, elles prennent leur destin en main, en cherchant coute que vaille leur autonomisation. Séminaires, Masterclass, webinaires, certifications, les femmes sont de plus en plus friandes de formations en tout genre leur permettant d’apprendre un nouveau métier, ou leur donnant les outils pour développer leur capacité à être de bons leaders. Elles sont conscientes que sans éducation, il n’y a pas d’autonomisation. Elles ont compris que les barrières à l’autonomisation des femmes, ne sont pas seulement liées aux infrastructures ou au terrorisme, mais sont surtout dûes à nos mentalités.
Au Cameroun, quand un individu a fait de longues études, il est qualifié de « long crayon ». Quand c’est un homme, c’est souvent un compliment. Quand c’est une femme, l’appellation n’est pas toujours synonyme d’éloges. Pourquoi ? Principalement parce que la société n’a pas été préparée à gérer les implications sociales de l’éducation des femmes. Qu’à cela ne tienne, nous avons voulu les célébrer. Nous sommes allés à la rencontre de la crème des femmes camerounaises pour leur rendre hommage dans leur pluralité et leur spécificité. Evoquant parfois les sujets liés au genre, nous les avons surtout interrogées sur leur savoir-faire, et les enjeux de leurs secteurs d’activités, comme si l’on s’adressait à leurs pairs masculins. Parce qu’au final, le plus important c’est la compétence. La plus jeune de nos invités, Naomi DINAMONA, a 26 ans et est à la tête de la première entreprise camerounaise dédiée à l’alimentation des bébés. Elle en avait seulement 25 quand, avant la crise du Covid-19, elle a réussi à lever près de 40 millions de FCFA auprès d’investisseurs privés. La doyenne, de cette édition, Constance OWONA, est la Vice-Présidente du Groupement des Femmes d’Affaires du Cameroun, et dirige une entreprise dont le secteur d’activité est dominé par la gente masculine, celui de la métallurgie. Nos autres invitées illustrent tout aussi bien la diversité de la femme Camerounaise : Marianna NANGUE, employée le jour, employeur la nuit ; Valérie NEIM, l’ambitieuse qui veut s’adresser aux fortunes africaines; Soraya SONE, la reine de l’organisation d’évènements ; Nourane FOTSING, la vendeuse de mèches devenue élue du peuple ; Michaella NOTCHE, la pharmacienne qui chuchote à l’oreille des décideurs ; Carole MBESSA ELONGO, la femme d’affaires aux multiples casquettes ; Sylviane MOUDEKE, l’experte en Marketing et Communication devenue ambassadrice de l’inclusion financière ; Anna BIANG NGALLY, celle qui mise sur le capital humain local; Et Judith ACHIDI, l’infatigable Directeur Général de CAMTEL. Nous les avons choisies afin que chaque femme qui lira cette édition, puisse s’identifier à elles, ou les prendre en exemple. Et parce qu’elles ont un impact significatif, c’est un honneur pour nous de raconter leur histoire. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous à les (re)découvrir. Bonne Lecture.
¹Source : UNESCO 2 Source : UNESCO 3 Source : McKinsey
INSPIRE AFRIKA MAGAZINE - Edition #22 Avril - Juillet 2021
LA REDACTION RÉDACTRICE EN CHEF JOAN YOMBO RÉDACTRICE CULTURE MARIE SIMONE NGANE RELECTURE KHADIJA ABBO PATRICK KASSA GRAPHISME FABRICE MELY HEUMEN
PARTENARIATS MARIE SIMONE NGANE
ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO GLORIA ATANGA – INTERVIEW PETER BILLE – PHOTOGRAPHE SIMONE SONGUE – PHOTOGRAPHE ALEXANDER AKANDE – PHOTOGRAPHE
INSPIRE AFRIKA MAGAZINE EST ÉDITÉ PAR ANINKA MEDIA GROUP DIRECTRICE GÉNÉRALE CHRYS NYETAM DIRECTRICE DE PUBLICATION JOAN YOMBO RESPONSABLE COMMERCIAL ANITA BAKAL RESPONSABLE JURIDIQUE IVAN NYETAM Couverture par Peter BILLE Les photos non créditées proviennent de Google Images et ne sont en aucun cas la propriété d’Inspire Afrika Magazine. Tout droits de reproduction réservés pour tous pays. Reproduction interdite pour tous les articles sauf accord écrit de la Rédaction.
Chrys NYETAM INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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INSPIR’NEWS
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Le Groupement Inter-Patronal du Cameroun fait la différence Pour la première fois depuis sa création, le Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM) a nommé une femme comme Première Vice-Présidente. Reine Essobmadje epse MBANG est la première camerounaise à occuper ce poste depuis la création de l’entité en 1957. CEO d’Evolving Consulting, cabinet de conseil en système d’information ayant ses bureaux au Cameroun et en France, Reine Essobmadje est une experte des nouvelles technologies et du digital. Elle entend bien être le porte étendard des cheffes d’entreprises Camerounaises.
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L’Afrique a l’honneur dans les institutions internationales Après la nomination de la Nigériane Ngozi Okonjo IWEALA, c’est la nomination du Sénégalais Makhtar DIOP comme Directeur Général et Vice-président Exécutif de la Société Financière Internationale. Membre du Groupe Banque Mondiale, cette institution dont la mission est de promouvoir l’expansion économique et améliorer les conditions de vie des populations a confié un mandat spécial à Makhtar DIOP : Favoriser la création de nouveaux marchés et mobiliser des capitaux privés à grande échelle. Il doit également implémenter les engagements pris au titre du programme d’augmentation du capital de la SFI.
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De Google à Apple C’est la reconnaissance de plusieurs années de travail. Teju Ajani a été tour à tour, Business Development Manager pour le Nigéria chez Google, puis Directrice des contenus et des partenariats d’Afrique Sub-saharienne pour YouTube, et enfin Country Manager Android Nigéria de Google. Après 9 ans passés au sein de la maison Google, elle est depuis le 1er Mars la première personne et la première femme à être la Directrice Générale d’Apple au Nigéria. C’est la preuve que le géant Américain souhaite être encore plus présent au Nigéria, mais aussi en Afrique.
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4 Rwandair lutte contre la Covid-19 A partir du mois d’Avril, la compagnie aérienne Rwandair sera la première compagnie Africaine à utiliser le Travel Pass de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA). Il s’agit d’une plateforme numérique permettant aux passagers de vérifier aisément s’ils sont conformes aux exigences de test Covid-19 ou de vaccin de leur destination. L’objectif est de fluidifier les voyages internationaux.
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L’Ethiopie face à la renégociation de sa dette Afin de pouvoir vacciner sa population contre la Covid-19, l’Ethiopie a demandé au G20 une restructuration de sa dette. Selon la Banque Mondiale, la dette extérieure du pays s’élevait à 27,8 Milliards de dollars en 2019. Cependant, l’une des conditions préalables pour que cette demande soit satisfaite, est l’implication du secteur privé, qui lui-même se demande comment le pays remboursera ses dettes. Conséquences, S&P Global a dégradé la note de l’Ethiopie, en la faisant passer à B-12. Il se pourrait donc que l’Ethiopie, économie pourtant prometteuse avant la Covid-19, se retrouve très endettée, et dans l’impossibilité de rembourser ses dettes.
6 Un Sud-Africain au Grammy Awards Quand il faisait des comedy Show à Johannesburg en Afrique du Sud, Trevor NOAH n’imaginait pas qu’un jour il aurait sa propre émission, qui plus est, aux Etats-Unis d’Amérique. Devenu une icône pour les Afro-descendants, Trévor Noah vient encore de battre un nouveau record. Il est le premier Américain d’origine Sud-Africaine à présenter les Grammy Awards. Pour la première fois, la grande fête de la musique américaine s’est déroulée le 14 Mars de manière virtuelle, et la prestation de Trévor Noah n’a laissé personne indifférent.
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TENDANCES - ÉVÈNEMENTIEL
ORGANISATION D’ÉVÈNEMENTS : L’EMMERGENCE DU LUXE Par Chrys NYETAM Photos par Alexander AKANDE « Je pense que la société camerounaise commence de plus en plus à comprendre qu’il faut un professionnel pour organiser et conduire un évènement ». C’est avec une réelle conviction que Soraya SONE parle de son secteur d’activité. Elle est à la fois passionnée et a à cœur la satisfaction de sa clientèle qu’elle veut de plus en plus nombreuse. Plutôt discrète, mais efficace, Soraya SONE est la directrice de LUXE EVENTS, une société d’évènementiel basée à Yaoundé, qui organise aussi bien des mariages que des évènements d’entreprise. Formée en Finance à l’Université Internationale Américaine de Londres, elle se reconvertit très vite dans l’évènementiel une fois son Bachelor obtenu en 2004. Elle rejoint alors Urban Caprice, une agence d’évènementiel basée à Londres, d’abord en tant que Office Manager, puis en tant que Marketing et Communication Manager. En 2013, Soraya SONE décide de rentrer au Cameroun. Elle prend quelques mois pour observer son pays afin d’identifier un secteur rentable. C’est en 2015 qu’elle décide alors de se mettre à son propre compte : « Après avoir baigné dans la scène évènementielle londonienne pendant un moment, j’ai développé une passion pour ce secteur. J’ai alors voulu apporter ce savoir-faire ici ». Elle lance alors LUXE EVENTS qui en quelques années s’impose comme le leader du secteur, en proposant des mises en scène élégantes et recherchées. D’ailleurs, c’est avec le sourire qu’elle confie son « amour pour tout ce qui est esthétique ». Et quand bien même l’esthétique est un concept subjectif, tout le monde s’accorde à dire qu’elle a une touche particulière. La preuve, pour espérer qu’elle organise un évènement, il est nécessaire de lui présenter le projet parfois 12 mois à l’avance. Mais en 2020, le COVID-19 est passé par là avec son lot d’annulations de cérémonies et son impact important sur l’organisation de cérémonies. « Je suis également Project Manager en freelance pour l’Institut Goethe Kamerun et je travaille sur d’autres types d’évènement tels que des tournées musicales, des exhibitions ou des festivals culturels». En d’autres termes, elle a pu traverser la crise du Covid parce qu’elle a plusieurs cordes à son arc. Et elle ne s’arrête pas là. Soraya Sone s’est 8
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diversifiée en proposant à ses clients des gift box composés de produits de beauté et/ou d’intérieur sélectionnés par ses soins. Toujours dans le chic, cette diversification est pour elle une suite logique. « Tout business doit aspirer à se développer. Et puis, j’aime l’idée d’offrir des cadeaux tout en donnant une tonalité simple et chic à ceux-ci », nous confie-t-elle. Encore un peu secoué, le secteur se remet doucement mais surement des turbulences créées par la pandémie. Et pour cause, ses effets en Europe sont sans appel : les cérémonies de plus de 10 personnes sont officiellement interdites. Ces interdictions sont une motivation supplémentaire pour les africains résidant hors du continent de rentrer dans leurs pays pour célébrer leurs mariages. Ce schéma fait d’ailleurs les affaires de Soraya Sone, dont la cible est composée de personnes qui ne sont pas basées au Cameroun parce qu’elles y trouvent un avantage comparatif. Selon elle, c’est parce que LUXE EVENTS « offre un service clé en main pouvant prendre en charge tous les aspects d’un mariage ou d’un évènement. Cela va du choix de la robe de la mariée au cérémonial du lancer de bouquet ». Pour cette demoiselle à la recherche de la perfection, chaque détail compte parce qu’elle est consciente que la satisfaction du client est la meilleure carte de visite qu’elle puisse avoir. Accepter la concurrence … Stratégiquement Il est paradoxal, voir incongru de parler de luxe dans un pays où selon la Banque Mondiale, plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cependant, au Cameroun, quelle que soit la classe sociale, les dépenses liées aux cérémonies (mariages, enterrements, baptêmes,
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etc…) sont toujours surprenantes. Il convient donc de dire que malgré cette pauvreté relative, « il y a de la place pour tout le monde dans ce secteur » , comme le dit si bien Soraya Sone. La concurrence, elle l’accepte et la prend comme une raison de plus pour donner le meilleur d’elle-même. « J’essaie toujours de m’améliorer d’un évènement à l’autre, même si je dois l’avouer, mon premier concurrent, c’est moimême ». Persuadée qu’il faut de tout pour faire un monde, elle admet humblement que chaque organisateur d’évènements apporte quelque chose de différent au secteur. D’après elle, sa valeur ajoutée viendrait également du fait qu’elle pense
© Aninka Media
d’abord de manière stratégique. Pour cette jeune femme qui se voit surtout comme une créative, il est important de « prendre son temps pour faire une étude de marché afin de mieux appréhender les habitudes de sa cible ». Et quand la question de savoir quel est le secret de son succès arrive enfin, c’est avec hésitation et un sourire timide qu’elle finit par répondre « Il faudrait peut-être poser la question à quelqu’un d’autre. Mais j’ose croire que c’est parce que je suis authentique et surtout parce que je crois en ma passion ». Vous l’aurez compris, « Si c’est une passion, et si au fond de vous vous sentez que vous devez la suivre, FONCEZ ! »
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COUP DE COEUR - ART DE VIVRE
MARIANNA NANGUE WOOK : FAIRE VIVRE LES VALEURS DE LA FAMILLE Par Chrys NYETAM Photos par Peter BILLE
C’est quand la dernière fois que vous avez mis le doigt dans un pot de confiture ? De notre côté, c’était il y a quelques jours… chez Marianna NANGUE. Et nos papilles s’en souviennent encore ! Dans un secteur agro-alimentaire favorablement impacté par la crise du Covid-19 en Afrique, cette Camerounaise de 30 ans est en train d’imposer sa vision. Epouse et mère de famille, Marianna NANGUE est une diplômée en économie qui a posé ses valises dans le domaine du Marketing. Comme la majorité des femmes camerounaises, elle ne se contente pas de son salaire pour vivre, mais a également mis sur pied sa propre structure : WOOK, une marque qui, selon les mots de sa gérante, « compte bien dompter le grand secteur très complexe de l’agro-alimentaire ».
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De Fille à Mère Il est coutume de dire que le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre. Le dicton se vérifie encore dans le cas de Marianna NANGUE. Issue d’une fratrie de neuf enfants, elle a une vision de la vie fortement influencée par l’environnement dans lequel elle a passé son enfance, loin des stéréotypes de la société africaine. « J’ai grandi dans un ménage où mon père cuisinait régulièrement. Cela m’a forgé une vision assez particulière du foyer. Donc la cuisine n’a jamais été pour moi une question liée au genre », nous confie-t-elle. L’impact positif de cette enfance gaie au sein de laquelle les concours de cuisine étaient légion se traduit par un rapprochement des membres de la famille. Cette fibre familiale, Marianna a su la transposer dans son foyer car elle s’est bien rendue compte qu’à l’époque « cuisiner était une activité qui construisait des ponts entre nous », dit-elle avec un air nostalgique. Et l’impact est là : son fils semble plus heureux lorsqu’il cuisine avec elle, la famille est plus créative quand il s’agit de dresser la table, les menus choisis sont plus esthétiques et variés. Ce sont ces valeurs familiales que Marianna souhaite retranscrire au sein de son entreprise.
provisionnement est longue, plus les coûts sont élevés ; coûts qui si trop importants, freinent l’augmentation de la capacité de production. Le troisième est le canal de distribution. Jeune entreprise, WOOK ne dispose pas encore de boutique physique entièrement dédiée à la commercialisation de ses produits. La magie s’opère dans un atelier afin de garantir certains standards de qualité et de production. De ce fait, la marque utilise les réseaux sociaux pour se faire connaitre et atteindre sa cible, ce qui commence à devenir contraignant quand on sait les ambitions de Marianna NANGUE. Mais celle-ci ne se laisse pas abattre. « Nous collaborons avec des points de vente et nous travaillons également avec des partenaires spécialisés dans la distribution », nous dit-elle. Battante, la jeune maman prend les choses du bon côté. Pour elle, « la vie d’une entrepreneure est truffée de difficultés et notre quotidien consiste justement à créer de la valeur tout en résolvant les problèmes que sa mise en place engendre. La difficulté est donc inhérente à ce choix ». Déterminée, rien ne la freinera. Ni les éventuelles difficultés liées au genre, ni celles liées au financement. Pour le moment, elle se réjouit d’avoir tout un marché à conquérir.
WOOK : Nous Cuisinons C’est avec conviction que Mariana NANGUE nous dévoile l’ambition de WOOK: « S’inspirer de la dynamique familiale pour créer des produits et concepts qui ramènent de la couleur à notre existence et nous rapprochent de ceux qui comptent » Pour se lancer, la marque a commencé à commercialiser des confitures. Et vu que chez WOOK tout se fait en groupe, les appellations de chacune des saveurs sont un appel à la cohésion : Banana Smack, (à base de banane), Tropical Dance (à base de mangue et d’orange), Chicca (à base d’ananas, de KIWI et de menthe) ou encore Passion Square (à base de mangue et passion). Vous l’aurez compris, les confitures WOOK sont très riches en fruits, et les mélanges sont inattendus. « Nous essayons de dépasser nos limites en réalisant des associations toujours plus audacieuses », nous confie la cheffe d’entreprise. WOOK, qui est le rapprochement des termes We et Cook, et qui veut dire en Français « nous cuisinons », a également mis en place une série d’ateliers, afin que tous les membres de la famille puissent ensemble, se retrouver autour d’une table. L’idée de Marianna est de créer un espace « où les liens se fortifient et les souvenirs se créent ». Challenges Comme toute petite entreprise, WOOK fait preuve de résilience face aux défis parfois inhérents à l’environnement des affaires au Cameroun. Le premier est de faire connaître le produit d’appel tout en faisant la promotion du made in Cameroon. Mariana NANGUE nous confie que «les confitures faites localement n’avaient pas bonne presse. Donc il a fallu, et il faut encore PROUVER que nous avons notre place en termes de qualité mais aussi d’expérience proposée» Le second est le sourcing de produit. Selon la Banque Mondiale, même si la production agricole africaine connaitra une baisse d’environ 7%, le déclin des importations alimentaires qui tourne autour de 25% favorise les producteurs locaux. Une opportunité pour la jeune cheffe d’entreprise dont le « monde idéal est certainement celui dans lequel les matières premières des confitures WOOK seraient sourcées à 100% localement ». En effet, dans sa situation actuelle, plus la chaîne d’ap12
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INSPIR’ADVISE - RESSOURCES HUMAINES
ANNA BIANG NGALLY
« LA CRITIQUE SUR LES FORMATIONS NON ADAPTÉES AUX BESOINS DES ENTREPRISES EST DE MOINS EN MOINS VRAIE » Interview par Chrys Nyetam Photos par Peter Bille Elle a plus de 12 ans d’expérience en ressources humaines et a fait ses classes dans des multinationales. Elle milite pour que les efforts faits par les différentes institutions de formations locales soient reconnus. La Directrice du Capital Humain de la Banque Internationale du Cameroun pour l’Epargne et le Crédit (BICEC), l’un des premiers réseaux bancaires au Cameroun déconstruit les préjugés sur le recrutement et la recherche d’emploi. Entretien avec Anna Biang Ngally.
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On a tendance à voir le recrutement comme la principale activité du département des ressources humaines d’une entreprise. Quelles sont les autres volets de votre métier ? C’est normal parce que c’est le volet par lequel le public et en particulier les chercheurs d’emploi abordent l’entreprise. En réalité aujourd’hui le département des Ressources Humaines (RH) prend en charge tout le « cycle de vie » de l’employé au sein de l’organisation. Généralement on distingue deux grands domaines. D’une part l’administration RH qui recouvre la paie et les services associés ainsi que le médico-social. D’autre part le développement RH qui regroupe le recrutement, la formation, les évaluations, la mobilité et/ou la gestion des carrières selon les organisations. Il y’a également les aspects de vie sociale (sports et autres activités) et parfois la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE). A l’ère du numérique, comment se réinvente votre métier ? Principalement sur 02 aspects : la communication sur nos activités via les sites internet et les réseaux sociaux qui sont aujourd’hui incontournables. Débuter un processus de recrutement via un entretien distanciel est de plus en plus courant. En interne, nous pouvons évoquer le développement d’outils pour fluidifier les relations entre les équipes et notre département. Un exemple concret de ces outils est l’intranet à travers lequel l’employé peut faire des demandes et avoir accès à des documents : bulletins de paie, attestations sans avoir besoin de se déplacer. Au Cameroun, savoir qui recrute et quand relève souvent du secret. Il faut être bien « connecté » pour savoir quand postuler. Pourquoi ? Ce n’est pas tout à fait exact. De nombreuses offres sont publiées par les entreprises, les cabinets de recrutement et les sites d’emploi. Je dirais plutôt que c’est la nature du profil souhaité qui va déterminer le type de recherche. Pour des postes destinés aux cadres supérieurs ou dirigeants, il est rare qu’une annonce soit publiée, principalement parce que la cible de candidats est relativement limitée. Pour des postes juniors ou jeunes diplômés, la cible étant plus large, l’entreprise peut procéder par annonces ou puiser dans la base de données de candidatures spontanées. Cela dit, il ne faut pas occulter l’étroitesse du marché de l’emploi ; il y’a globalement plus de demandes que d’offres. Alors comment être au bon endroit au bon moment ? La chance c’est aussi être à l’affut des opportunités pour ne pas les rater quand elles se présentent. Il faut rester connecté aux activités des entreprises qui vous intéressent. Il est également nécessaire de se faire connaître des potentiels recruteurs lors des salons, forums professionnels, et d’échanger sur les réseaux sociaux. Il est nécessaire de s’assurer que son CV est bien dans les bases de données des cabinets de recrutement ou des entreprises à travers les candidatures spontanées. En outre, il faut bâtir son profil et sa réputation parce qu’en définitive avoir une expérience ou une expertise reconnue dans son métier est un atout indéniable. Vous exercez aujourd’hui dans le secteur bancaire. Diriez-vous
que vous trouvez aisément de bons profils pour des postes de techniciens ? Il existe de nombreuses formations initiales en «Banque & Finance» dans le paysage éducatif ainsi que quelques formations continues de qualité. Le panier de recherche est donc plutôt large et permet de répondre à la grande majorité des besoins.
La différence dans la sélection se joue sur les compétences individuelles et le potentiel d’évolution pour pouvoir s’adapter et accompagner les transformations du métier. Cependant, comme sur tous les marchés, les bons profils sont très recherchés et disputés. Il se pose alors une problématique de rétention des talents. Finalement comment faire pour plaire à un recruteur du secteur bancaire ? Quels profils recherchez-vous? Dans une Banque, on retrouve bien entendu les métiers de « front office » aux activités plutôt commerciales et en contact direct avec la clientèle (particuliers et entreprises). Mais tout aussi importants, les métiers de « back office » (traitement et suivi des opérations domestiques et internationales), les fonctions de Risques et de Contrôle Interne et enfin les fonctions « supports » (Informatique, Organisation & Projets, RH & Admin, Finances, Communication, Achats, etc.). Autant dire que les profils recherchés sont variés. Au-delà de la formation technique, nous recherchons chez nos recrues, une grande capacité d’adaptation et surtout l’intégrité, valeur fondamentale de notre métier. Sommes-nous aujourd’hui dans la fuite ou le retour des cerveaux ? Le retour sans aucun doute. Actuellement, les départs à l’étranger intègrent plus souvent les perspectives de retour y compris dans les choix de destination ou de formation. Est-ce qu’un privilège est accordé aux profils formés hors du pays ? Encore une fois, c’est le profil recherché qui importe. Le profil formé hors du pays apportera une vision et une approche différente du monde du travail. Certaines positions requièrent cette formation couplée avec une expérience professionnelle qui n’existera pas sur le marché local. Ce n’est pas un privilège et certainement pas un automatisme. Sur d’autres positions, l’expérience à l’étranger n’apportera pas de valeur ajoutée significative. On entend souvent dire qu’au Cameroun il y a beaucoup de diplômés mais très peu de personnes compétentes. Dans quelle mesure cette phrase est vraie ?
La critique sur les formations non adaptées aux besoins des entreprises est de moins en moins vraie. L’apprentissage et les formations en alternance, les stages industriels, les chaires entreprises se développent. Par contre, les formations ne mettent pas encore suffisamment l’accent sur le développement des « soft skills » qui sont pourtant déterminantes à compétences égales. Par soft skills, j’entends les compétences comportementales, et celles liées aux capacités de leadership.
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INSPIR’INTERVIEW - MOBILE MONEY
SYLVIANE MOUDEKE « NOUS DEVONS ALLER PLUS LOIN DANS L’ACCOMPAGNEMENT DE NOS CLIENTS » Propos Recueillis par Marie Simone NGANE Photos par Peter BILLE Sylviane MOUDEKE, Directrice Générale de YUP Cameroun décrypte la stratégie et les priorités de l’offre Mobile Money développée par le groupe bancaire Société Générale. À travers son offre YUP Business, le service espère transformer la clientèle corporate de sa maison mère pour répondre aux besoins de digitalisation des paiements. Pour l’instant, YUP Cameroun fait son bout de chemin avec la signature de plusieurs conventions de partenariat dont la plus récente avec Les Cimenteries du Cameroun, afin de lui permettre de digitaliser son offre de bout en bout. Consciente qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les usages des clients, Sylviane MOUDEKE assure une chose : le pari de l’inclusion financière est réussi. Entretien.
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Est-ce qu’avec YUP Cameroun vous pensez être en train de concrétiser l’un de vos objectifs qui est de réussir l’inclusion financière ? Sans détour, OUI nous y participons largement et cela en différents points. YUP est une solution universelle c’est- à dire qu’elle s’adresse aux détenteurs de téléphones mobiles quel que soit le type de téléphone (basique et smartphone) et quel que soit l’opérateur téléphonique. A ce stade, vous voyez bien que nous offrons une solution inclusive sur le plan de la technologie. Ce qui est un point de départ lorsque l’on parle d’inclusion financière. Deuxièmement, nous parlons à tous les types de clients : D’abord à nos clients Société Générale Cameroun comme aux clients des autres banques. Donc à tous ceux qui possèdent un compte bancaire mais qui ont besoin d’interagir avec un écosystème de personnes qui elles, ne possèdent pas de compte bancaire mais ont besoin d’argent (la famille, les employés de maison etc ). En Afrique 22% de personnes ont un compte bancaire contre 80% qui ont un téléphone ! Avec YUP, nous parlons donc à tous ceux qui ne peuvent accéder à la banque traditionnelle pour des raisons de revenus ou de contraintes d’identification en matière de conformité. A tous ceux- là, YUP permet d’effectuer des transactions financières basiques grâce au porte monnaie électronique logé sur leur téléphone. Pour devenir client YUP ils n’ont besoin que de deux choses : un téléphone et une pièce d’identité en cours de validité. C’est simple, rapide et surtout gratuit ! Une fois leur compte ouvert, ils peuvent effectuer en toute simplicité des transactions de dépôt, de transfert et de retrait d’argent dans un point YUP ou dans un Distributeur Automatique de Billets (DAB). Ils peuvent également régler leurs factures du quotidien (électricité, TV), leurs achats (supermarchés, pharmacies, etc) ou les frais d’école ou les taxes, droits de douanes et impôts ! Enfin, en s’adressant aux segments corporate et en leur permettant de payer via YUP leur personnel à très petit salaire, nous permettons à cette catégorie de clients de bénéficier également d’un compte électronique et de profiter des mêmes avantages. En moins de 3 ans, nous avons acquis 700 000 clients que nous servons sur l’ensemble du territoire grâce à plus de 5000 points YUP au sein desquels tous les clients peuvent effectuer leurs transactions. Alors oui ! YUP est une réponse aux enjeux en matière d’inclusion financière en réduisant les obstacles à l’ouverture des comptes, en offrant un service de proximité et de qualité en matière de sécurité et de traitement des réclamations et une tarification responsable. Après il est clair que nous en sommes encore aux premières strates de développement en matière d’inclusion financière et ce, tout opérateur confondu (compagnies téléphoniques ou acteurs bancaires). Cette situation est principalement dûe aux usages du marché encore essentiellement articulés autour du transfert et de l’achat de crédit téléphonique. Pour autant nous devons aller plus loin dans l’accompagnement de nos clients en offrant des solutions de micro-crédit , d’épargne et d’assurance. Ce ne sont pas des sujets simples en matière de risque ou de réglementation. Je peux simplement vous dire que nous y travaillons. Au début vous visiez les clients particuliers, mais il semblerait que vous misiez sur le paiement de masse. Quelle est votre cible ? YUP Cameroun est une filiale d’un groupe bancaire international, Société Générale, reconnu pour son expertise. La force de notre dispo-
sitif réside dans la connaissance intime que nous avons du segment corporate et la compréhension de leurs besoins : solution sécurisée de dématérialisation des encaissements, efficacité dans la remontée des flux et des traitements financiers, optimisation de la gestion des paiements de masse des petits salaires. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours inscrit les corporate au cœur de notre stratégie et ce, dès le lancement de notre activité. Aux particuliers nous offrons une solution transactionnelle du quotidien, accessible et sécurisée. En tant qu’institution financière, vous êtes soumis à une règlementation forte, même si vous fournissez un service de mobile money. N’est-ce pas un frein à votre développement ? Le faible taux de bancarisation, la rareté des petites coupures, un taux d’équipement téléphonique important, la présence significative des opérateurs de téléphonie mobile et un grand besoin en transfert d’argent des villes vers les zones plus reculées ont conduit à développer fortement le Mobile Money dans notre zone. Mais le succès de l’argent mobile induit également des risques : blanchiment des capitaux , financement du terrorisme pour ne citer que ceux-là. Notre filiale bancaire SG CAMEROUN qui est l’émetteur de monnaie électronique est régulée par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et de ce fait, YUP, la filiale de mobile money est de facto soumise à des obligations de KYC bancaires, plus exigeantes que celles en cours dans le secteur de la télécommunication. Nos dispositifs de conformité tant dans la procédure de vérification de l’identité de nos clients que dans le type de transactions effectuées sont adaptés au niveau des risques sur nos marchés et doivent être appliqués avec rigueur pour sécuriser nos clients comme nos franchises, sachant que dans un avenir très proche, tous les opérateurs ayant obtenu un agrément de Prestataire de Services de Paiement (PSP) seront tous soumis au règlement COBAC. La balle sera remise au centre en matière d’agilité. Une fois ceci dit, n’oublions pas que le marché que nous connaissons aujourd’hui va très rapidement évoluer avec l’interopérabilité enclenchée depuis l’année dernière. La réglementation devra à son tour dans les prochaines années adapter ses exigences pour promouvoir le développement de l’activité mobile money et donc le niveau d’inclusion financière. I.A : Vous aviez aussi pour ambition de proposer des produits bancaires tels que le crédit. Quand est-ce que ce produit verra le jour ? Nous avons lancé YUP CAMEROUN en novembre 2018 avec des priorités évidentes : tout d’abord construire un réseau de distribution solide en s’appuyant sur des partenaires déjà établis, développer un portefeuille de clients particuliers et entreprises, étoffer et diversifier notre écosystème pour offrir une proposition de valeur à nos clients, sans oublier bien sûr ô combien essentiel de nous faire connaître pour développer nos usages. Nous entrons désormais dans une deuxième phase, celle de la consolidation. De nos acquis bien sûr mais aussi parce que nous avons davantage de profondeur sur le comportement de nos clients. Ce qui est essentiel dans les modèles à implémenter pour lancer du micro-crédit. Nous allons le faire avec notre rigueur habituelle de banquier. Et puis il n’y a pas que le crédit dans nos prévisions : il y a d’abord et surtout l’épargne, la micro assurances, et quelques autres offres sur lesquelles nous travaillons. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
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Assurément. Comment vous différenciez-vous de vos concurrents ? Premièrement nous bénéficions de notre image de tiers de confiance et d’un fort capital clients particuliers et entreprises, qui vont être nos ambassadeurs auprès de leur réseau. Par ailleurs, parce que nous avons un ADN de banquier, nous avons choisi une technologie spécifique (NSDT)1 qui permet à nos clients de bénéficier d’un niveau de sécurité supérieur. Nous offrons enfin une grande simplicité dans le parcours client et une forte proximité, notamment en termes d’accessibilité du tarif et de posture institutionnelle. Est-ce que YUP Business est un levier de croissance ? si oui pourquoi ? Oui, un vrai levier de croissance ! YUP permet de répondre aux besoins des entreprises qui souhaitent réduire l’usage des espèces dans leur activité courante. Yup Business se positionne ainsi sur ce segment qui est à fort potentiel dans les segments tels que ceux de l’Agriculture,
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ou du BTP. C’est par ailleurs une solution qui fidélise les entreprises en même temps qu’elle entretient/développe une relation de proximité. Vous soutenez également des initiatives qui ne sont pas directement liées à l’économie, telle que la venue de Lilian Thuram au Cameroun. Pourquoi ? YUP est certes une entité à vocation commerciale. C’est aussi une marque avec une promesse : la plateforme financière qui répond à tous mes besoins, en toute sécurité et qui me permet de réaliser mes ambitions et une entreprise avec des valeurs (positivité, bienveillance, sincérité ). Ces valeurs nous les faisons vivre en interne comme en externe dans les évènements /sujets que nous choisissons d’accompagner. Le parcours de Lilian THURAM et l’objet de sa venue au Cameroun (la formation des jeunes) nous ont semblé cohérents. Near Sound Data Transfer est une technologie de transaction mobile fondée sur le son, développée et brevetée par TagPay depuis 2005. 1
Même absente, je paie les salaires, les primes de mes employés ansi que les impôts et taxes de mon activité Nathalie.
Chef d'entreprise dans la distribution.
Nous contacter Corporates.Assistance.YUP@socgen.com Call center: (+237) 233 50 18 18 Ouvert de Lundi à Vendredi entre 9H et 17H
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REPATSTORIES - GESTION
CAROLE MBESSA ELONGO « AUCUN MÉTIER N’EST FONDAMENTALEMENT RÉSERVÉ AUX HOMMES. SI ON A LA MÉTHODE, BIEN QU’ÉTANT UNE FEMME, ON PEUT TOUT FAIRE » Entretien mené par Chrys NYETAM Photos par Peter BILLE Carole MBESSA ELONGO est une femme pleine de ressources. Elle a suivi des études de Gestion des entreprises et des administrations à l’Université de Nantes en France. Une vingtaine d’années plus tard, après avoir acquis l’essentiel de ses compétences en marketing, gestion des ressources humaines, communication, branding, Management, au fil de ses expériences professionnelles en France, elle décide de rentrer au Cameroun. Sept ans après ce retour, elle fait ce qu’il faut pour marquer de son empreinte le monde des affaires camerounais. Visionnaire, elle est convaincue que l’Afrique de ses rêves ne verra le jour que si tous ses enfants s’impliquent. Et elle donne le ton. Elle a co-fondé Business Facilities Corporation S.A., une entreprise se déployant dans plusieurs secteurs d’activités. Carole MBSSA ELONGO assure aussi l’organisation du Cameroun Business Forum, comme régisseur du Premier Ministère du Cameroun depuis 2019 ; plateforme permettant aux acteurs du secteur public et du secteur privé d’échanger pour améliorer le climat des affaires. En 2020, Carole MBESSA ELONGO a été nommée Membre du Conseil de Direction de l’Ecole Nationale Supérieur Polytechnique de Yaoundé et est la seule femme à siéger dans cette assemblée de 19 membres. Elle partage avec nous son opinion sur le Cameroun et sur la place des femmes dans le monde des affaires.
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Vous êtes la co-fondatrice et la DGA de Business Facilities Corporation. En quoi consistent les activités de votre entreprise ? Business Facilities Corporation S.A arrive après plusieurs étapes entrepreneuriales qui ont forgé mon expérience. En quelques années au Cameroun j’ai créé plusieurs entreprises dans le conseil, le digital, avant d’en arriver à cette entreprise que j’ai co-fondée il y a 6 ans avec mon associé dans toutes ces activités, Mr Lucien Ndzomo Mviena. BFC SA se déploie à travers plusieurs domaines d’activités stratégiques notamment Weighing, Mining, Energy, Oil & Gas, Events. C’est une entreprise qui se positionne particulièrement sur des projets à forts impacts et à même de permettre de transformer fondamentalement les environnements dans lesquels nous évoluons. Nous identifions les niches, menons les études en fonction du secteur d’activité à travers l’une de nos 6 marques spécialisées à savoir : G360, Lotecs, Constels, SkillsBuilder, Smart Office, Fit&Co. Nous avons une filiale opérationnelle nommée Douala Port Weighing Services (DPWS) à ce jour. Le domaine de la maintenance, de la rénovation et de la modernisation des équipements de pesage d’une enceinte portuaire est principalement réservé aux hommes. Comment y avezvous fait votre entrée ? Je pense qu’aucun métier n’est fondamentalement réservé aux hommes. Si on a la méthode, bien qu’étant une femme on peut tout faire.
Nous devons absolument nous atteler à évacuer toutes les pensées limitantes des prismes de nos filles. Avec de la volonté, une bonne dose d’abnégation et de détermination, en tant que femme on peut tout à fait accomplir des prouesses dans les métiers dits « réservés hommes ». Dans cette activité particulièrement, il s’agit d’installer les équipements de pesée dans l’enceinte du port de Douala Bonabéri, de les exploiter pour le compte du Port Autonome de Douala, et d’en assurer la maintenance. C’est une activité dont la concession nous a été confiée pour une durée de 20 ans. En réalité dans cette activité il n’existe pas de volet manutentionnel. Le nœud de l’action réside dans la maîtrise des process et la qualité du système d’exploitation développé par nos soins. Les données captées constituent une valeur importante pour les autorités portuaires et toutes les administrations qui les exploitent, pour optimiser leur captation d’informations ainsi que les ressources financières induites. C’est donc une activité qui peut parfaitement être pilotée par une femme, pour peu qu’elle soit très motivée, disposée à travailler tous les jours si les opérations sur le terrain le nécessitent, car le port est en activité 7/7, 24h/24h, 362 jours dans l’année. Elle doit surtout avoir la capacité de gérer la pression et l’urgence que requièrent les opérations de ce type d’activités. Quelles sont les challenges auxquelles vous faites face dans ce secteur ? Viennent-ils du fait que vous soyez une femme ? Les challenges sont nombreux, je ne pourrais tous les citer. Lorsque vous êtes concessionnaire d’une activité au port de Douala vous avez un cahier de charge précis et des engagements conventionnels à respecter. Dans le contexte qui prévalait à ce moment-là, je pourrais vous dire que le principal challenge a été pour nous les dirigeants, de lancer cette activité en période de Covid19. Nous avons démarré nos activités comme la convention l’exigeait au mois d’avril, à un moment où le Cameroun se confinait et le monde entier rentrait dans un processus de renfermement sur soi dont personne ne pouvait prédire la suite. Il fallait convaincre des banquiers dans ce contexte-là, recruter des
ressources alors qu’on demandait aux populations de rester confinées, réaliser des investissements sans avoir de certitudes sur l’évolution de la pandémie, gérer les résistances liées à la nouvelle activité qui venait en fait réguler un secteur où beaucoup d’intérêts se croisent, etc… Nous avons fait face et tenu bon. Les challenges en tant que femme ont été de réussir à gérer mes émotions, et d’aménager pour les équipes un cadre serein afin d’atteindre nos objectifs. De manière générale à ce niveau les challenges ne sont pas inhérents au genre. Lorsque vous dirigez une entreprise, vous avez la même pression et les mêmes défis qu’un homme. Les objectifs doivent être atteints et la vision implémentée. Vous êtes revenue au Cameroun depuis 7 ans. Êtes-vous satisfaite de votre retour ? Mon retour a été progressif. Avant de m’implanter définitivement, j’ai pris le temps d’explorer l’environnement afin de découvrir les niches exploitables. Cela n’a pas été évident. J’ai dû me réadapter à un environnement et un contexte que j’avais quitté 20 ans auparavant alors que je sortais tout juste de l’adolescence. Beaucoup de choses avaient changé pendant tout ce temps. J’avais bien préparé mon retour cependant. J’avais une vision claire de ce que je voulais réaliser et j’avais intégré un paramètre très important, à savoir que ce ne serait pas facile et que j’aurais à faire preuve de beaucoup de patience. Je me suis beaucoup appuyée sur les conseils des membres de ma famille nucléaire, ma bulle ! je leur ai fait confiance et tous se sont impliqués pour créer un écosystème rassurant autour de moi. Cela m’a permis de me déployer pleinement et de faire face aux échecs et aux déconvenues sans que mon moral et ma confiance en soi n’en ressortent ébranlés. A ce stade je puis dire que j’ai de nombreux points de satisfaction, même si le chemin pour atteindre l’objectif ultime cité plus haut est encore bien long. Qu’auriez-vous aimé savoir avant de rentrer vous installer au Cameroun ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, j’ai mûrement préparé mon retour. Je savais parfaitement à quoi m’attendre de manière générale. Je savais quels sacrifices j’aurais à faire en ce qui concerne le confort matériel par exemple. Pour le reste j’ai une base familiale très solide qui a contribué à m’édifier précisément sur cet environnement complexe et que je redécouvrais avec des yeux d’adulte. Que faut-il faire pour améliorer l’environnement des affaires dans ce pays ? A ma connaissance aucun environnement des affaires au monde n’est abouti. Ce que j’observe au Cameroun c’est que les choses ont beaucoup évolué positivement depuis mon installation. Il serait prétentieux je pense d’avoir une panacée pour améliorer l’environnement des affaires. Sur le plan structurel, ceux qui sont en charge s’attèlent à mettre en place des mesures à même d’améliorer le cadre général. La plateforme Cameroun Business Forum par exemple, et pour laquelle j’assure la régie depuis 2 ans permet aux acteurs du secteur privé de proposer des aménagements, qui donnent lieu à des recommandations. Le suivi de l’implémentation de ces recommandations est assuré par un comité constitué de toutes les parties prenantes ainsi que des partenaires au développement tout au long de l’année. L’évaluation de l’impact de ces mesures a lieu à chaque session. Cela a fait considérablement progresser l’environnement des affaires. Cependant beaucoup reste à faire.
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mettraient d’améliorer les choses ? etc. De nombreuses discussions tournent autour de ces questions. Personnellement je suis pour que les institutions publiques trouvent le moyen d’adresser la question de la « garantie » exigible, car à mon avis elle constitue le principal frein à l’accès aux financements, une fois que les interrogations liées à la pertinence du projet et à sa pérennité sont évacuées. Un fond public dédié à la constitution des garanties pour les financements des PME serait par exemple un bon début pour booster les choses. Les banques de manière générale n’ont pas trop de choix, car elles doivent protéger l’argent des épargnants qui leur font confiance, et elles ont des comptes à rendre aux régulateurs. La question mériterait certainement des états généraux pour que des échanges soient menés en profondeur et de véritables décisions prises.
Le cadre tendant à s’améliorer, je pense que chacun des acteurs locaux devrait à son niveau apporter sa pierre à l’édifice, en étant responsable et soucieux de l’empreinte qu’il laisse dans son sillage. Que chacun s’attèle à respecter les règles établies serait un bon point de départ. L’autonomisation des femmes est un sujet qui vous tient à cœur. Pourquoi les femmes entrepreneures, ne sont pas financées comme il le faut ? L’autonomisation selon moi est le seul moyen de conférer aux femmes un total épanouissement. L’autonomisation représente la garantie qu’elles se retrouveront moins exposées aux situations qui leur imposeraient de brader leur dignité. Je ne peux pas dire de manière péremptoire que les femmes particulièrement ne sont pas financées. Je puis d’ailleurs vous dire avec certitude que selon certaines études menées sur place et dont quelques journaux locaux ont abondamment fait écho, il apparaîtrait que les projets des femmes trouveraient en majorité un aboutissement favorable auprès des microfinances. De par leur rôle dans la gestion des affaires de la famille et la place qu’elles occupent dans la société africaine, les femmes ont développé de nombreux prérequis en management, en gestion, ainsi que de nombreuses autres compétences nécessaires pour une pratique efficace des affaires. Ces compétences constituent des atouts indéniables qui sont bien entendu perçus par les organismes pourvoyeurs de financements. Sur la question du financement et du genre, concernant certains projets dont la taille et le besoin de financement ne représentent pas un frein insurmontable, les femmes ont au fil du temps développé des mécanismes de financement alternatifs efficaces, notamment les tontines. Le problème du financement ici est à adresser dans son ensemble, de manière structurelle, sans distinction de genre. Pourquoi les PME sont très peu financées au Cameroun ? quels sont les mécanismes qui per22
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Croyez-vous aux bonnes vertus du mentorat ? Oui, je crois au mentorat, et je le pratique d’ailleurs personnellement. J’encadre quelques jeunes lorsque le temps dont je dispose m’en laisse l’occasion. Je suis d’avis qu’on a toujours besoin de s’enrichir de l’expérience de personnes plus averties et pluridisciplinaires, qui peuvent être des mentors ou autres. Cela permet d’avancer avec un minimum d’assurance, qui peut parfois s’avérer utile et faire la différence dans certaines situations. Plusieurs personnes s’impliquent désormais dans le mentorat, même si je pense que ce n’est pas encore suffisant. Il en faut plus tant la tâche est ardue. Les femmes surtout ont beaucoup de réticences à partager leurs sources ou leurs connaissances, surtout dans notre contexte. Pourtant les jeunes ont besoin de modèles, de personnes auxquelles s’identifier pour pouvoir se réaliser, que ce soit dans l’entrepreneuriat ou dans toutes autres activités dans lesquelles ils se déploient. Quels conseils donneriez-vous aux femmes entrepreneurs Camerounaises ? Les femmes camerounaises sont très dynamiques, et plusieurs d’entre elles ont réalisé plus de performances que ce que j’ai accompli à ce jour. Je me sens donc mal fondée pour leur donner quelque conseil que ce soit. Toutefois, pour les plus jeunes, celles qui ont besoin de se structurer car elles embrassent ce chemin escarpé qu’est l’entrepreneuriat, je leur donnerai comme conseils de bien maturer leurs projets, de ne pas être fermées aux observations constructives qui leur apparaissent régulièrement comme des critiques, car c’est par ce biais qu’on affine bien son modèle économique ou la valeur ajoutée de son offre. Je leur conseille également de faire preuve de résilience car l’entrepreneuriat n’est pas une balade sur un long fleuve tranquille. Il faut parfois échouer plusieurs fois avant de réussir à franchir une étape qui vous permet d’avancer, et les choses ne s’accomplissent pas forcément selon le temps et dans l’ordre que vous avez prévu. Je leur dirai également que la patience doit être la plante la plus cultivée dans leur jardin. L’envie d’arriver vite, de brûler les étapes par facilité c’est l’appel le plus fréquent qu’elles recevront, mais ce n’est pas celui qui mène forcément à une réussite durable. Pour terminer, je dirais à toutes les jeunes femmes sans distinction, de ne jamais se lasser d’apprendre, de pratiquer abondamment la formation continue. Il faut s’activer à toujours se tenir prêt pour ce jour où votre travail acharné rencontrera enfin une opportunité.
Vous vivrez alors ce moment plein d’allégresse que certains nomment la chance !
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LA GRANDE INTERVIEW - TÉLÉCOMMUNICATION
JUDITH YAH SUNDAY Epse ACHIDI « TRAVAILLER AVEC ACHARNEMENT. TRAVAILLER AVEC RIGUEUR ET ABNÉGATION » Propos recueillis par Peter BILLE Photos par Peter BILLE S’il fallait une photo pour illustrer le mot « rigueur » dans le dictionnaire, le Larousse prendrait surement la sienne. Réservée, mais déterminée, Judith ACHIDI est la seule femme Directeur Général d’une entreprise publique de première catégorie au Cameroun. Elle est d’ailleurs la première femme à occuper ce poste au sein de la Cameroon Télécommunications (CAMTEL), l’opérateur public de téléphonie du Cameroun. Réforme, dette, lancement de nouvelles offres, stratégie, Judith ACHIDI, peu présente dans les médias, a accepté de répondre à nos questions avec le plus de précisions possibles.
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Vous travaillez au sein de CAMTEL depuis plus de 24 ans. Pensiez-vous à l’époque que vous seriez la première femme Directeur Générale de l’une des trois sociétés parapubliques les plus importantes du Cameroun ? Il y a un adage qui dit que les voies de Dieu sont insondables. J’ai été recrutée à INTELCAM –devenue CAMTEL en juin 1999 suite à sa fusion avec la Direction des Télécommunications du Ministère des Postes & Télécommunications - en avril 1994 comme cadre supérieur. Lorsque je débute cette merveilleuse aventure il y a plus de 24 ans en effet, ma pensée est plus tournée vers l’opportunité qui m’est offerte de bâtir un nouveau modèle d’apprentissage et de performance personnelle pour ma carrière, mais surtout pour le succès et la performance continue de cette entreprise de télécommunications. Occuper le poste de Directeur Général de CAMTEL, l’une des plus prestigieuses et emblématiques sociétés parapubliques du pays, je n’y pensais pas. Mais, comme d’autres cadres supérieurs de CAMTEL, mon vécu en entreprise me prédisposait à cette haute fonction dont je mesure aujourd’hui l’ampleur. Merci au Seigneur qui a bien voulu que cela arrive et au Président de la République qui a mis sa confiance en ma modeste personne. CAMTEL, comme vous le savez, est l’opérateur historique et national des télécommunications au Cameroun. Notre richesse infrastructurelle est importante mais l’entreprise n’a pas toujours été suffisamment productrice malgré son potentiel. Aujourd’hui nous nous y attelons avec l’appui des pouvoirs publics. Vous entamez votre troisième année à la tête de CAMTEL. Saviez-vous le 14 décembre 2018, lors de votre nomination, que le chemin serait semé de tant d’embuches ? Je suis effectivement à l’aube de ma troisième année cumulant très exactement 2 ans et quatre (04) mois. Ayant hérité d’une entreprise dont la situation globale était préoccupante, l’état des lieux réalisé à l’entame de notre mandat avait permis d’en établir les forces, et surtout les faiblesses structurelles, particulièrement importantes, nous faisant effectivement prendre conscience de la difficulté de la tâche qui nous attendait à laquelle se sont ajoutées des influences et forces externes de tout genre. Ces faiblesses étaient aussi des facteurs de motivation supplémentaire. Je savais donc déjà, du fait de mon expérience antérieure dans l’entreprise que ça n’allait pas être une partie de plaisir, ce qu’a confirmé le diagnostic sus évoqué. Toutefois, notre ferme engagement de mériter la confiance du Chef de l’Etat placée en ma modeste personne et de contribuer au redressement de CAMTEL, cette entreprise particulièrement chère à ses nombreux employés afin de lui permettre la place de choix qui lui revient est un sérieux boost pour moi. Un adage populaire ne dit-il pas que « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ? ». A la fin de toute chose c’est la victoire qui compte. Celle-ci est d’autant plus appréciée que les obstacles sont importants. Le chemin reste encore long,
reçu ce mandat. Réforme oui. Ayant longtemps opéré en marge des dispositions réglementaires en vigueur dans son secteur d’activités, il était indispensable pour CAMTEL de se mettre en totale conformité avec le cadre réglementaire. La démarche adoptée par le Gouvernement, qui détient 100% du capital social de l’entreprise, a été d’attribuer à l’entreprise, au vu des résultats encourageants réalisés par la nouvelle équipe dirigeante et des textes en vigueur, trois (03) concessions d’exploitation de réseaux de communications électroniques dans les domaines Fixe, Mobile et Transport. Ces concessions sont assorties d’une prescription majeure, à savoir la mise en œuvre d’un nouveau schéma de développement de l’entreprise dénommé Continuum Organisationnel Ouvert consistant à la mise en place des Unités d’affaires ou Business Units, en fonction de chacun des titres d’exploitation attribués. Ces entités, qui ont été mises en place depuis le 21 août 2020 par le Conseil d’Administration de CAMTEL sont actuellement en cours de rodage, et prennent progressivement la main sur les activités relevant de leur périmètre de compétence, en s’appuyant sur une Administration de Groupe comprenant des fonctions et services mutualisés. Mais je voudrai revenir sur le terme restructuration, depuis mon arrivée nous vivons une véritable restructuration interne, les mentalités des personnels doivent changer, évoluer dans le sens d’une meilleure considération et prise en charge des clients, les processus sont davantage surveillés et maîtrisés. Avec la démarche qualité engagée en l’entame de notre mandat, le modèle managérial a lui-même été modifié et est dorénavant orienté client, c’est donc une restructuration progressive et implicite qui vise à mener CAMTEL vers l’excellence. Je tiens à rappeler que cette révolution qui fait progressivement sa mue a valu à l’entreprise d’être certifiée ISO 9001/2015 pour son activité Wholesale, gérée par la Business Unit Transport. Des dispositions sont prises : d’une part pour l’extension aux autres segments que sont le Mobile et le Fixe et d’autre part pour la conservation de ce label qui promeut l’amélioration continue et la satisfaction de la clientèle. Nous envisageons de faire de CAMTEL un modèle dans son domaine d’activités.
mais nous avons une vision et une stratégie fondées sur deux piliers importants pour la modernisation de l’entreprise à savoir « Customer centricity » et « Change Management ». Ce sont là les fils conducteurs de nos actions pour faire de CAMTEL le fleuron de l’économie numérique au Cameroun. Avec l’appui constant du Gouvernement et notre engagement pour des lendemains meilleurs, nous y arriverons sans aucun doute. CAMTEL est en cours de restructuration. Pourquoi était-ce indispensable ? Restructuration au sens des pouvoirs publics, je ne dirai pas, je n’ai pas INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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Obtention de la licence de téléphonie mobile, confortation de l’exploitation de la téléphonie fixe en Afrique (qui avait expiré en 2007), titre d’exploitation pour le transport de la fibre. C’est le trio gagnant. Quel est votre secret ? L’obtention de ces titres couronne les efforts entrepris depuis le début du millénaire par mes prédécesseurs, et poursuivis avec le succès que l’on connaît par l’équipe actuelle sans oublier le soutien fondamental de l’administration et l’engagement de nos tutelles. En effet, c’est aussi un succès du Gouvernement camerounais à travers le Ministère des Postes et Télécommunications. Il n’y a pas de secret particulier en dehors du travail, du travail et du travail ; de l’engagement, de l’engagement et encore de l’engagement; de l’endurance, de l’endurance et toujours de l’endurance ajouté à cela, un travail d’équipe. Il faut bien savoir là où l’on est, vers où l’on va et comment on y arrive. Être entourée de personnes compétentes et engagées et être soutenu par les pouvoirs publics sont des facteurs-clés de succès. En 2018, selon l’ART, vous aviez 18,43% de parts de marché. Est-ce que Blue est la solution magique pour rattraper vos concurrents ? Comme vous le savez, les produits du mobile se caractérisant par leur faculté de commercialisation rapide (relativement à ceux du fixe notamment). Le lancement officiel de nos activités du réseau mobile tant attendu par les Camerounais ouvrira la porte au recrutement massif de clients et permettra l’augmentation significative de parts de marché. Pour y arriver, nous avons savamment pensé Blue. Nous avons pensé BLUE avec nos cœurs, celui des camerounais. Derrière Blue, il y a tout un dispositif organisationnel de nos services et un cadre nouveau d’apprentissage de notre façon de penser, de nous comporter, de conduire le changement et d’agir face à la concurrence, aux shareholders1, aux stakeholders2 et surtout face aux clients de la CAMTEL. Toutes les dispositions sont prises pour son grand succès, les camerounais vont s’y reconnaitre et s’y identifier. Maintenant les réalités du marché peuvent être toutes autres. Nous allons y faire face, nous allons augmenter nos parts et nous en avons les moyens. Bien loin d’une « solution magique », voilà la solution pratique et pragmatique que nous apportons aux besoins de notre marché. Wait and see. Les offres Blue et Fako sont désormais sur le marché, quelles sont vos priorités ? N’ayant pas encore atteint leur vitesse de croisière, la priorité actuelle est le lancement officiel de Blue, qui va faciliter la mobilisation des ressources indispensables au développement du réseau et au respect des exigences du cahier de charge. Blue est pour nous une marque à part entière créée par CAMTEL, et
nous avons une vision : lancer la marque la plus digitale, smart3 et simple de toute l’industrie de la téléphonie mobile, avec les forfaits tout-en-un les plus économiques et innovants du marché. C’est notre priorité centrale. Fako, qui est une gamme de produits dédiée aux forfaits internet only, laissera progressivement la place à la marque Blue, qui grandira et élargira son portefeuille produit. Les tarifs de vos offres sont les plus bas du marché, confirmez-vous qu’il s’agit d’une stratégie assumée afin d’augmenter vos parts de marché ? Si oui n’est ce pas faire de la concurrence déloyale ? Les prix pratiqués par tout opérateur devant être agréés au préalable par le Régulateur (ART), il n’y a aucune concurrence déloyale de la part 26
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de CAMTEL. Le marché mobile offrant des solutions data, voix et SMS, notre approche est d’être plus compétitif que la concurrence sur la data, sachant que cette dernière pratique des offres plus agressives sur la voix et le SMS. Nous allons sur une approche priorisant le tout-en-un, incluant voix, SMS et data, avec des avantages inédits au Cameroun et dans la sous-région. Nous ne pensons pas, à ce titre, faire de la concurrence déloyale, nous avons choisi notre angle stratégique. De plus, chaque opérateur connaît une structure des coûts qui lui est propre, aussi bien qu’un plan sur le court, moyen et long-terme. Qu’est-ce qui menace la réalisation de l’objectif de votre plan de développement 2019-2025 consistant à « Faire de Camtel la première société de téléphonie du Cameroun et d’Afrique Centrale. » ? Notre objectif est de faire de Camtel le leader du broadband et de la transformation numérique au Cameroun et dans la sous-région Afrique Centrale. Les solutions que CAMTEL entend offrir à cet égard vont au-delà de la téléphonie, ou de la connectivité haut debit, mais comprennent également la fourniture de services et de contenus numériques afin de contribuer à notre manière au développement de l’écosystème numérique. La mise en œuvre de ce plan de développement ambitieux nécessite d’importants investissements et des financements qui ne sont pas toujours disponibles en interne, ce qui impose une diversification de nos partenariats stratégiques. Sur le plan infrastructurel, le socle sur lequel reposent nos produits et services, fait malheureusement souvent l’objet d’actes de vandalismes ou d’incidents prolongés du fait des activités des parties tierces.
La sécurisation de nos infrastructures est donc un enjeu majeur qu’il nous faudra relever pour garantir une qualité de service de référence et sécuriser nos parts de marché. La compétitivité de l’entreprise représente également à mon sens, un des défis à relever pour asseoir ce leadership tant souhaité. Au-delà des changements de mentalités internes évoqués précédemment, une réponse adéquate à la demande du marché, dans le respect des exigences réglementaires, constitue une des conditions sine qua non à l’atteinte de l’objectif que nous visons pour notre entreprise. Un ensemble de mesures sont déjà prises dans ce sens. Je puis dire de façon globale que ce qui serait des menaces pour la réalisation des objectifs de la CAMTEL constitue également des opportunités d’innovation et d’adaptation pour nos activités. Comment faire de Camtel le premier opérateur de télécommunication du pays quand on sait que l’entreprise traine plusieurs milliards de dette ? Permettez-moi de ne pas divulguer notre stratégie sur la place publique. Toutefois, je tiens à dire ce qui suit.
La question de la dette de l’entreprise est, il est vrai, épineuse mais pas insoluble.
Actionnaires Parties prenantes 3 Intelligente 1 2
Une part importante de cette dette est notamment due aux emprunts contractés pour la réalisation d’importants projets d’investissement qui font la fierté de l’entreprise et de notre pays aujourd’hui en termes de patrimoine infrastructurel. Il nous revient d’optimiser notre appareil de production et nos mécanismes de création de valeur afin de tirer profit de toutes les ressources dont nous disposons. C’est là un des chantiers phare sur lequel l’entreprise s’attèle depuis le début de notre mandat et qu’elle compte poursuivre au cours des prochains mois. Vous comprendrez qu’avoir contracté « plusieurs milliards de dettes » n’est pas un fait purement problématique dans le cadre d’une vision de développement et de positionnement comme leader sur le marché d’une entreprise Le défi est certes grand, mais avec rigueur et méthode, nous avons commencé à inverser la tendance, et nous sommes aidés en cela par des efforts constants en vue de recouvrer les créances importantes de l’entreprise auprès de ses clients, avec des résultats déjà perceptibles. Vous misez clairement sur la jeunesse depuis le début de votre mandat. Pourquoi ? IPour citer le Président de la République et Chef de l’Etat, « la Jeunesse est le fer de lance de la nation ». La jeunesse de CAMTEL est encadrée par des cadres expérimentés. Le transfert de compétence sera donc assuré pour la pérennité de CAMTEL. Relativement à la jeunesse-client, parce que le futur lui appartient, miser sur la jeunesse, c’est s’assurer un avenir pour une entreprise
technologique comme la nôtre. Nous pensons logique d’approcher prioritairement les premiers utilisateurs de nos solutions. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication trouvent leur inspiration première et leur dynamisme dans la jeunesse, qui dans son comportement, nous incite toujours à repousser les limites de l’innovation.
Miser sur la jeunesse, c’est faire le pari d’être toujours d’actualité, et il n’y a rien de mieux lorsqu’on est une entreprise évoluant dans le secteur des télécommunications. Un conseil pour toutes ces femmes qui souhaitent être à votre place ? Je dirais modestement et humblement que : toute place est importante dans la société, tant que le travail que nous faisons à cette place est digne et honorable. La question du genre me semble aujourd’hui une question relative et transversale. Je souhaite à « toutes ces femmes » d’être à leurs places et de s’y épanouir, tout en servant fidèlement la nation, la communauté, l’individu ou encore la famille, prise comme base de toute société. Je ne peux que me réjouir de voir de plus en plus de femmes dynamiques à la tête des entreprises, tous secteurs confondus. Il leur revient de travailler avec acharnement, travailler avec rigueur et abnégation. Voilà le socle de la réussite, la seule façon de faire tomber les clichés que nous connaissons.
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OSER INSPIRER - SERIAL ENTREPRENEUR
NOURANE FOTSING, L’AUDACIEUSE Interview par ATANGA Gloria Photos par Simone SONGUE C’est une histoire peu commune, mais qui au Cameroun, en fait rêver plus d’une. D’ailleurs, pour commencer à raconter l’histoire de cette femme à qui rien ne fait peur, il est difficile de savoir par où commencer tant elle est dynamique. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, elle ne laisse personne indifférent.
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«J’ai surtout fait la vente aux enchères pour les clientes qui, à cause de leurs occupations quotidiennes ne pouvaient pas passer dans nos magasins parce que les heures de travail, notamment dans le secteur privé, sont souvent contraignantes », et cette cible a même droit à la livraison à domicile du produit sélectionné en ligne. Elle ajoute également que la vente en direct est un outil précieux parce qu’elle permet « de manière plus efficace de savoir ce qui marche ou pas, et de faire d’excellents sondages». Grâce à cette offre adaptée aux habitudes des consommatrices, elle arrive à augmenter son chiffre d’affaires, à se diversifier plus rapidement et à créer une ligne de produits cosmétiques dédiés à la femme africaine. FOSTER… Comme dirait la plèbe, FOSTER, c’est son nom de scène. Mais c’est aussi un mode de vie. Foster est un mot anglais qui signifie, favoriser, ou encore stimuler. Nourane FOSTER stimule la croissance. D’abord de ses propres activités, en décidant de se lancer dans la construction d’un appart hôtels aux allures chics. Quand on lui demande pourquoi avoir choisi de créer Nourishka Hotel, la réponse est ferme « Je suis une femme d’affaires, et en tant que telle je dois me demander quel est le secteur le plus porteur». . AUDACIEUSE Nourane MOLUH HASSANA epse FOTSING, est une entrepreneure de 33 ans qui ne cesse de se lancer de nouveaux défis. Tout a commencé avec Nourishka, marque commercialisant des produits de beauté. Au moment où elle pense à se lancer dans ce secteur, Nourane FOTSING décide de faire une étude de marché qui «confirme que les femmes aiment se rendre belles et être présentables», pour reprendre ses mots. Elle continue en disant « j’étais certaine qu’en investissant dans le secteur de la beauté, j’aurai un business stable. C’est comme cela que j’ai commencé à vendre des extensions capillaires, et des produits cosmétiques à travers la marque Nourishka». Et elle avait vu juste. De manière générale, la beauté est le troisième poste de dépenses des femmes africaines, et représente ainsi 13% du budget de consommation de celles-ci. Nourishka dont les produits sont fabriqués au Cameroun, en Chine ou aux USA, ne cesse de gagner du terrain et compte aujourd’hui cinq boutiques et dix-sept représentations. Nourane FOTSING réussit à faire la différence dans un secteur où la concurrence est de plus en plus rude. Elle veut s’adresser à toutes les femmes, en proposant des extensions qui sont à la portée de toutes les bourses. Sa clientèle est donc plus grande et surtout plus diversifiée que celle de ses concurrentes qui très souvent vendent exclusivement des mèches à une cible que l’on pourrait qualifier de premium. Mais l’audace de cette serial entrepreneure ne s’arrête pas là. Mère de triplés dont le visage respire encore l’innocence, elle prend ses concurrents à contrepied et essaie de vendre ses mèches aux enchères sur Facebook en direct. Elle a su transformer son essai avec des audiences qui rendent même jaloux les télévisions locales. À l’époque, elle avait fait une observation empirique et avait noté que les réseaux sociaux avaient un impact sur les habitudes de consommation des femmes. « Je me suis dit qu’il fallait une bonne stratégie pour pouvoir intéresser les personnes qui sont sur les réseaux sociaux, afin que celles-ci puissent acheter le produit tout en échangeant avec les gens », arguet-elle. Et elle n’avait pas tort. Selon Ipsos, 48% des internautes africaines déclarent être influencées dans leurs décisions d’achats par les avis et les discussions qu’elles lisent sur internet. Nourane nous avoue aussi qu’elle voulait toucher plus de personnes : 1
Mais elle avoue aussi qu’elle voulait exprimer son côté créatif : « Quand vous allez dans un hôtel d’environ 50 chambres, vous avez la même chambre qui se reproduit. C’est assez monotone. Chez nous, chaque chambre à une ambiance particulière et différente de l’autre, pour que le client ait la sensation de vivre une expérience différente ». Nourane FOSTER favorise le Made in Cameroon en valorisant la production agricole locale. Résolument téméraire, elle a contribué à lancer AgriApp, une application qui connecte les agriculteurs camerounais à des acheteurs. Initiative utile, et à forte valeur ajoutée, surtout quand on sait que le pays perd 25%1 de sa production agricole après les récoltes par manque d’infrastructures de stockage. Ces pertes pourraient être évitées s’il y avait plus d’initiatives permettant d’encourager la consommation de la production locale. DIFFICULTÉS Malgré le fait qu’AgriApp soit une application porteuse, Nourane Foster avoue qu’en zone rurale, les gens ne sont pas toujours connectés. Elle nous confie que « parfois les agriculteurs se connectent seulement toutes les 2 semaines, alors que la demande est là ». Elle pense également qu’il y a un problème de perception. Selon elle « les gens ne comprennent pas toujours qu’internet permet de vendre des produits à travers le continent et même le monde. Sur AgriApp nous avons des personnes qui ont vendu des produits à des clients basés au Gabon ou au Congo ». Mais au-delà de l’acculturation des agriculteurs, il y a aussi un réel problème de compétence. Dans un pays où 70% de la population est sous employée, l’offre d’emploi rencontre difficilement la bonne compétence. « Nous avons des jeunes qui sortent des écoles munis de diplômes qui ne sont pas utiles ou qui ne permettent pas de trouver un emploi», déplore la cheffe d’entreprise. L’exemple concret, est assez proche des mythes car Nourane Foster nous confie embaucher plusieurs personnes qui ont des diplômes en droit, mais qui exercent des métiers qui n’ont pas de liens avec cette filière. C’est avec le sourire que la serial entrepreneure avoue qu’elle ne compte pas s’arrêter là, mais comme la majorité des jeunes qui ont des projets, elle regrette le manque d’accompagnement financier. D’après elle,
Source : Agence EcoFin INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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« avoir les moyens financiers et avoir les personnes compétentes au bon poste permet d’évoluer plus sereinement ». Femme Ambitieuse Selon la Banque Africaine de développement, 80% des africaines qui empruntent régulièrement remboursent toujours leurs dettes. Malheureusement, cette statistique seule ne suffit pas à rassurer les banques de détail qui peinent, comme se plaint Nourane, à faire confiance aux
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femmes. « On estime toujours que la femme est un personnage fragile qui peut avoir des difficultés d’ordre naturel l’empêchant de suivre un projet jusqu’au bout », argue Nourane. Il est vrai que cette tendance change, mais pas assez rapidement. L’ambition de cette désormais élue du peuple, ne l’empêche pas d’être humble : « Pour les femmes comme moi qui embrassent plusieurs activités, je conseille de s’entourer des bonnes personnes, qui épousent votre vision et qui voient comme vous. Faire plusieurs activités c’est bien, mais si elles sont complémentaires, c’est mieux ». Maintenant, vous connaissez son secret.
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INSPIR’START UP - AGRO-ALIMENTAIRE
NAOMI DINAMONA
« NOTRE OBJECTIF EST DE CRÉER LA PREMIÈRE CHAÎNE DE RESTAURATION POUR BÉBÉ EN AFRIQUE » Propos recueillis par Joan YOMBO Photos par Peter BILLE Elle n’a (que) 26 ans, et a l’audace et l’ambition qui caractérise les femmes Camerounaises. Ingénieure en génie électrique, rien ne prédestinait cette maman de deux mini gourmets à se lancer dans le secteur agro-alimentaire. Devenue entrepreneure presque par hasard, elle sait faire preuve de résilience dans un environnement où la lenteur de l’administration décourage les moins déterminés. Elle nous livre sa vision et son avis sur les différentes étapes qu’elle a franchies pour mettre sur pied Leelou Baby Food, marque locale de compotes et petits pots pour bébés.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Leelou Baby Food ? J’ai découvert un besoin. Je reformule : une maman m’a emmenée à découvrir un besoin. Cette maman, qui ne me connaissait pas, m’a proposé de me charger de l’alimentation de son bébé de 8 mois pendant 2 semaines. Cette doléance m’a poussée à réfléchir plus large et à constater un réel marché : celui des pots frais, naturels, faits maison et de qualité destinés aux bébés afin d’assister les mamans occupées. Je me suis sentie capable de résoudre ce problème alors j’ai saisi l’opportunité. Avez-vous fait une étude de marché ? Mon étude de marché a été de vendre les purées depuis ma cuisine pendant 6 mois. Aucun questionnaire n’aurait pu me fournir des données aussi exactes que celles acquises en étant en contact avec le client. Il est impératif d’avoir une phase pilote, et un contact préalable avec son marché. Pourquoi avoir décidé de faire appel à des investisseurs à cette étape de votre projet ? Au bout de 6 mois, le projet a été très bien reçu par le public. Tellement bien reçu que certaines personnes sur les réseaux sociaux m’ont contactée pour manifester leur envie d’intégrer le capital de l’entreprise; entreprise qui à l’époque n’était même pas créée. C’est cet intérêt qui a principalement orienté ma décision. De plus je n’avais pas vraiment d’autres choix. Le prêt me semblait compliqué au vu de mon carnet d’adresses suffisamment pauvre et je n’avais pas de capacité d’auto-financement. Chercher les subventions me semblait long. Alors j’ai décidé de faire une levée de fond.
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Le love money n’était donc pas une option ? Mon entourage immédiat n’a pas cru à mon projet au point d’investir. Je suis ingénieur de formation. Ils auraient préféré que je trouve un emploi stable, plutôt que de vendre des purées pour bébés. Diriez-vous que sans le carnet d’adresses qu’il faut au Cameroun il est difficile pour une PME de dépasser un certain cap? Oui clairement. Il faut connaître des personnes ressources pour bénéficier d’un mentorat et d’une orientation, voire d’une recommandation auprès des business angels. Pour penser aux banques il faut avoir une activité qui a un bon cashflow et est relativement stable, ce qui est rare pour les PME. Pouvez-vous nous en dire plus sur les différentes étapes de cet appel de fonds ? Dans un premier temps, il m’a fallu mûrir mon idée. Cela consiste à peser le pour et le contre avant de lancer son projet. Je devais également m’armer de courage et de connaissance pour défendre mon projet. La deuxième étape, portait sur la rédaction du business plan et des projections financières avec mon collaborateur. Ensuite j’ai envoyé cette documentation et ce pitch deck à quelques-unes de mes connaissances pour révision et avis. Parmi les personnes auxquelles j’ai envoyé mes documents pour révision, figurait celle qui m’a assistée pour cette levée de fonds. Au bout d’un mois, nous avons terminé les révisions et le projet était prêt à être présenté au grand public. La dernière étape était le lancement. Le 03 Février 2020, j’ai mis le pitch deck sur mon site web, ainsi qu’un questionnaire d’enregistrement pour les personnes intéressées par l’investissement. De plus les publications orientées sur mes comptes personnels et professionnels ont également permis de susciter l’intérêt des personnes qui me suivaient. Le lancement a été très bien reçu et la nouvelle s’est vite répandue. Nous avons alors commencé à recevoir des questions par e-mails et des appels auxquels nous avons bien évidemment répondu. Au bout de 5 mois, le montant ciblé était atteint et même dépassé. Qu’est-ce que l’argent récolté vous a permis de réaliser ? Le business plan a été exécuté tel que conçu. Nous avons pu prendre des locaux et des immobilisations, acheter des équipements de production, et notre matière première. Nous avons aussi pu investir dans la main d’œuvre, acquérir des certifications, effectuer des formations, et profiter de l’encadrement par des experts en marketing. Quels sont les enjeux auxquels vous faites face aujourd’hui ? Notre problème principal est l’absence de producteur local de bocaux en verre. Cette rareté d’une de nos matières premières principales pèse énormément sur nos dépenses et a surtout un impact sur la rapidité de notre service. Bien sûr nous y travaillons. Vous comprendrez que commercialiser des produits frais est un gros challenge mais c’est un choix qui correspond à nos valeurs. Pour le reste, je dirais que l’insertion dans le marché se fait progressivement. Avec le temps nous gagnons en crédibilité et nous avons plus de bébés à notre charge. Est-ce que le fait de produire des pots frais représente une difficulté pour distribuer en grande surface? Est-ce un de vos objectifs?
Vendre en grande surface me ferait perdre une de mes plus grandes richesses, le contact direct avec le client. Au-delà de vendre des petits pots, nous assurons un accompagnement après-vente conséquent. Nous nous positionnons dans le secteur de la restauration. Notre objectif est de créer la première chaîne de restauration pour bébé en Afrique. Notre premier succès sera la concrétisation de notre première franchise dans un autre pays. Nous y travaillons. Quel est l’avantage comparatif de Leelou BabyFood? Les purées et compotes de Leelou Baby Food sont faites à 100% d’ingrédients cultivés localement et sortis tout droit des champs on ne peut plus riche du Cameroun. Cette fraîcheur de notre matière première est l’élément essentiel permettant d’assurer la qualité de nos produits. En plus, c’est un honneur pour nous d’encourager nos braves agriculteurs. Ainsi, le procédé de fabrication est similaire à celui d’une maman à la maison avec l’exigence pédiatrique et nutritionnelle en plus. La cuisson est douce, les dosages sont précis pour assurer une valeur nutritionnelle optimale. Enfin, les pots conservent leur fraîcheur et donc leur goût, leur texture et la qualité des nutriments car nous n’ajoutons rien de chimique, et n’introduisons pas de conservateur, d’adoucissant ou de colorant. Pensez-vous qu’être une jeune femme entrepreneure soit un avantage au Cameroun ? À mon avis, tout dépend du domaine. Nous sommes encore rabaissées et nos capacités de management questionnées dans les domaines techniques et technologiques. Mais dans les domaines de l’agroalimentaire, du textile ou ceux liés à la petite enfance, une jeune femme entrepreneure a moins de mal à éclore et a plus de crédibilité. Progressivement, nous montrerons que nous sommes aptes à diriger des entreprises et ce dans tous les domaines. INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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LES PENSÉES DE...
CONSTANCE OWONA
« LA NOTION DE PARITÉ DOIT ÊTRE PLUS QU’UN CHIFFRE. LA PARITÉ CONSISTE ÉGALEMENT À DONNER À CHAQUE ÊTRE HUMAIN LES MOYENS DE SE RÉALISER » Propos recueillis par Peter BILLE Photos par Peter BILLE
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TRAVAILLEUSE : C’est le mot qui pourrait le mieux décrire Constance OWONA. Sans jamais revendiquer sa condition de Femme, elle en est fière et la voit comme un avantage. Epouse, Mère, grand-mère et cheffe d’entreprise, cette infatigable conquérante a à cœur de transmettre son expérience riche de plus de 25 ans à la tête d’une des entreprises locales les plus importantes en chiffres d’affaires, aux femmes plus jeunes. À travers le Groupement des Femmes d’Affaires du Cameroun (GFAC), elle souhaite léguer aux jeunes générations le goût de l’effort, et du travail bien fait. Très peu présente dans les médias, c’est avec beaucoup de bienveillance et de conviction que Mme Constance OWONA, s’est livrée à nous. Découvrez ses pensées. L’histoire de SARMETAL Je ne crois pas au hasard ; je crois au destin. À l’origine, SARMETAL est une entreprise qui a été créée en 1979 et que j’ai rachetée en 1996. J’avoue qu’au moment où on me proposait ce rachat, j’ai eu peur, parce que le secteur de la métallurgie est un secteur dominé par les hommes. À l’époque, j’avais dit à l’ancien propriétaire que je ne savais pas ce que je pourrai faire d’une telle société et surtout que je ne m’y connaissais pas dans le domaine. À force d’insister, le propriétaire a su me convaincre et j’ai dû apprendre. J’ai appris à acheter du fer notamment et d’autres matériaux, non sans difficultés. Parfois j’avais à mes côtés des personnes peu honnêtes. Mais avec le temps et la persévérance, j’ai su m’adapter. Et finalement j’en suis fière. Comme quoi, il y a un petit plaisir à réussir une affaire, et ce plaisir est encore plus grand quand on franchit des obstacles. Le positionnement de SARMETAL Nous nous positionnons sur le marché très diversifié de la fabrication d’objets métalliques. Nous avons par exemple participé à la construction d’ouvrages comme des stations Tradex. Ces ouvrages semblent être en béton, mais en réalité sont en fer modulé et peint. Nous avons construit le monument de Buéa qui symbolise la réunification du Cameroun francophone et du Cameroun anglophone. Nous fabriquons aussi des cuves qui servent à l’industrie pétrolière. Pour faire simple, nous transformons le fer. Nous avons pu – avec le concours de quelques jeunes de la diaspora camerounaise – installer une machine de digitalisation qui modélise les pièces que nous fabriquons ensuite dans nos ateliers. Nous sommes donc en pleine transition. À un moment donné nous avons également servi le marché Equato-Guinéen, car celui-ci a beaucoup de besoins. Mais comme beaucoup d’entrepreneurs camerounais avant nous, nous avons dû faire face à un certain manque de sérieux, et nous avons dû mettre pause. Le coté digital de la métallurgie Je suis la première à être impressionnée par ce qu’il est possible de réaliser avec une imprimante 3D. Grâce à l’imprimante on conçoit des pièces, qui sont ensuite fabriquées dans les ateliers. La conception et la réalisation vont alors ensemble localement au sein de l’entreprise. Cette association a pu être effective grâce au concours des membres de la diaspora, à qui nous avons donné la possibilité de réaliser leur rêve qui était d’accompagner les talents locaux. Six Camerounais basés en Allemagne se relaient pour des séjours longs au Cameroun pendant lesquels ils forment les jeunes générations d’informaticiens inscrits à l’Institut Africain d’Informatique (IAI) à l’utilisation des imprimantes 3D. L’objectif recherché est que d’ici quelques années nous n’ayons plus besoin d’importer certaines pièces parce qu’elles pourront être conçues et fabriquées localement. Sur ma condition de femme J’ai grandi dans un environnement d’hommes. Je ne me suis jamais sentie lésée parce que je suis une femme, que ce soit au sein de ma famille, avec mes amis ou pendant mon parcours scolaire ou universitaire. Je pense que la compétence n’a pas de sexe. En revanche embrasser un nouveau métier peut être complexe, surtout si on n’a pas © Aninka Media
les compétences techniques. Dans mon cas, je ne suis pas ingénieur, et à l’époque je devais me fier aux techniciens qui pouvaient m’induire en erreur en me faisant commander des quantités supérieures à celles qui sont nécessaires. Mais ce sont des difficultés qui étaient plus liées à la nouveauté du métier qu’au fait d’être une femme. Sur les femmes dans l’industrie métallurgique Je ne dirai pas aux femmes de devenir chaudronnier, soudeur, ingénieur ou autre. J’ai un partenariat avec l’école polytechnique de Yaoundé qui envoie souvent des étudiants en stage pratique. J’ai vu passer des générations d’ingénieurs qui avaient en leur sein des femmes. Quand celles-ci sont hautement qualifiées, elles ne restent pas ici. L’une des femmes que j’ai recrutées comme chaudronnier, Geneviève, a très vite gravi les échelons. Elle est passée des ateliers à un poste de cadre, ce qui était assez facile pour elle parce qu’elle avait les qualifications. De même, au niveau du département qui s’occupe de la conception informatique de nos pièces, nous avons aussi des jeunes femmes. De manière générale, il n’y a pas de domaine réservé aux femmes. Ce serait d’ailleurs difficile dans le contexte de notre pays car les camerounaises n’ont pas de complexe. Cependant, il ne faut pas le faire parce qu’on imite les hommes ; il faut le faire par amour du métier choisi. Beaucoup trop de femmes pensent que certains métiers sont réservés aux hommes. A celles-là je dis qu’il faut ouvrir les yeux, et regarder autour de soit pour savoir transformer les obstacles en opportunités. On ignore certaines choses qui sont près de nous parce qu’on regarde sans voir. Pourtant il faut se jeter à l’eau, et une fois qu’on y est, nager ou apprendre à le faire. Sur l’importance de la religion face à l’adversité Il est possible que le fait de parler de religion dans le milieu professionnel puisse choquer, mais je pense qu’il est important que je fasse ce témoignage. Lors de ma première année au sein de SARMETAL, j’ai eu besoin de prier et de sortir du carcan rationnel, pour aller chercher la force de faire face à certains obstacles ailleurs. Et étant nouvelle à Yaoundé -même si j’y avais vécu avant d’aller à Douala – il était nécessaire que je trouve de nouveaux repères. J’étais revenue grâce à SARMETAL, et j’ai retrouvé une ville différente ; une ville plus professionnelle, plus dynamique, et où la politique a son importance aussi. C’était très difficile. Tous les soirs en partant du bureau pour rentrer chez moi, je m’arrêtais au monastère du Mont Fébé pour prier avec les moines. Cela m’a permis de m’ouvrir à autre chose, de savoir que la vie n’est pas ce que l’on croit, mais surtout que l’on peut avoir des objectifs beaucoup plus nobles que de gagner de l’argent. Il faut en tenir compte parce que nous ne sommes pas dans une société purement rationnelle. Dans le monde du travail ici, il faut mettre un peu de compassion et de spiritualité. Sans diriger qui que ce soit vers une religion donnée, j’encourage chacun à s’inspirer de la religion en considérant le contexte dans lequel nous évoluons. INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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Entreprenariat féminin par nécessité ou par vocation Il n’y a pas de hasard dans la vie, je vous l’ai déjà dit. Devenir entrepreneur résulte souvent d’une conjonction d’évènements. Quand nous finissions l’université, il n’y avait pas de problèmes car avec un diplôme on trouvait un emploi. Aujourd’hui avec le problème de l’adéquation entre les études réalisées et les besoins des entreprises se pose aussi celui de l’occupation des jeunes. Nous voulons justement former au GFAC les enfants à pouvoir s’auto-employer. La fibre entrepreneuriale on peut l’avoir de manière innée, ou on peut la forcer, mais pour être un bon entrepreneur, il faut aimer travailler et faire des efforts chaque jour. On travaille plus quand on travaille pour soit que quand on est salarié, parce que la majorité des bénéfices perçues sont pour soi-même. Dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons, les gens sont motivés quand ils travaillent d’abord pour eux-mêmes. Mais quoi qu’on dise, dans le monde où nous vivons, même s’il n’y a pas d’emplois pour tout le monde, il y a du travail pour tout le monde. Mais que l’on soit entrepreneur par vocation ou par nécessité, il faut être méthodique, accepter de commencer petit et grandir. Sur les objectifs du GFAC Nous voulons laisser un héritage pour les jeunes filles qui viennent après nous. Nous avons un immeuble qui a été financé par le contribuable avec l’accord du chef de l’état, qui a toujours soutenu le GFAC. D’ailleurs, tous les voyages que nous faisions à l’étranger au début du GFAC pour se faire connaitre et apprendre des autres étaient subventionnés par le trésor public ; preuve que l’état soutient les femmes entrepreneures depuis longtemps. L’immeuble dont je vous parle est un centre d’incubation pour les femmes entrepreneures jeunes. Elles viennent avec leurs projets, on leur apprend à faire un Business plan, et à intégrer leurs initiatives dans 36
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un plan comptable. En bref, nous voulons qu’elles soient formées. Des formations ont déjà commencé car il y a eu deux promotions qui sont d’ailleurs venues ici chez SARMETAL pour s’imprégner de la vie en entreprise. Toujours dans la même optique nous voulons que la vie nous permette de transmettre notre propre expérience. Celle-ci est faite d’erreurs, de chutes, de remise en question et de relèvements. Parce que la vie c’est ça. On tombe et on se relève. Il ne faut pas que les jeunes soient surpris de tomber. Sur votre parcours vous verrez qu’il y en a qui vont tomber et qui ne vont pas se relever. Il faut qu’ils sachent qu’avant eux des gens ont connu des expériences, sont tombés, se sont relevés, et que même s’ils ont l’air debout le chemin a souvent été semé d’obstacles. Pour franchir ceux-ci, il y a un seul secret, et je suppose que vous connaissez la chanson : la vraie magie c’est le travail. Sur les hommes en tant qu’obstacles Il est vrai que certains hommes sont des obstacles. A l’époque quand on venait de commencer les activités du GFAC, les femmes mariées avaient besoin d’une autorisation signée par leurs époux pour voyager. Pour nos activités, nous devions sortir du pays une, voire deux fois par an pour participer à des conférences à l’extérieur du pays. À ce moment-là, j’avais demandé à mon mari de pré-signer des autorisations parce qu’il pouvait arriver que j’ai besoin de me déplacer et qu’il ne soit pas là. Petite anecdote, je devais voyager avec d’autres femmes pour une conférence, et un commissaire, qui connaissait très bien mon époux d’ailleurs, m’a interpellé en me précisant que celui-ci n’avait pas pu signer l’autorisation que je présentais parce qu’il était sorti du pays et qu’il avait assisté à son départ. Ce qui était vrai. À ce moment-là, mon époux était hors du Cameroun depuis 3 jours. J’ai dû avouer à ce commissaire que j’avais une pile d’autorisations pré-signées chez moi qu’il me suffisait de remplir pour pouvoir voyager. Ce monsieur trouvait insensé l’acte de mon mari. J’ai dû lui expliquer que le mariage n’est pas une prison. À cette époque, beaucoup de femmes ont quitté leurs conjoints parce que ceux-ci ne leur laissaient pas la possibilité de s’épanouir dans leurs activités professionnelles.
L’impact de la carrière professionnelle sur le couple Certains hommes veulent se voiler la face en pensant que le fait d’avoir des enfants, ou de vouloir bâtir une carrière ne ralentit pas la femme dans l’atteinte de ses objectifs professionnels. Et ils ne sont pas prêts à accepter les conséquences induites par le fait d’avoir une épouse éduquée. Prenons le cas des femmes diplômées de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature ici au Cameroun. À mon époque on ne concevait pas vraiment d’avoir des sous-préfets de sexe féminin. Aujourd’hui elles sont de plus en plus présentes et sont tout aussi compétentes que les hommes si ce n’est plus ; elles sont même de plus en plus favorisées. Plusieurs mariages entre administrateurs des jeunes générations se sont terminés à cause de l’ascension professionnelle des femmes, ascension qui peut parfois se traduire par un déménagement qui n’arrange pas toujours l’homme. Je vous parle de l’ENAM, mais c’est aussi le cas des diplomates. Il est vrai qu’à l’époque, il existait une loi non écrite qui favorisait les couples de fonctionnaires, et la femme était affectée dans la ville où l’homme décidait de résider, et donc de travailler. Aujourd’hui il n’est plus aussi simple de demander une affectation avec pour seul motif le suivi de conjoint. Plusieurs femmes sont affectées loin de leurs époux, et ces derniers ne sont pas toujours prêts à les suivre. L’incompatibilité entre les carrières professionnelles est devenue un motif de rupture. Il est nécessaire qu’au moment où les jeunes prennent la décision de se marier, ils échangent sur leurs aspirations professionnelles. Sur la notion de parité J’entends beaucoup parler de parité. Cependant il ne faudrait pas que cette notion reste juste un chiffre, à savoir 50 femmes, 50 hommes. La parité consiste également à donner à chaque être humain les moyens de se réaliser
devient la femme de quelqu’un qui pense que son épouse doit rester à la maison parce qu’il pourvoie financièrement. Quelques années plus tard, on devient la mère de quelqu’un et on doit éduquer des individus. Le temps passe, et la femme n’a plus le temps de se réaliser ellemême. Je crois que c’est à ce niveau qu’on doit former les femmes, et leur dire, en leur donnant des exemples, qu’on peut – bien sûr en travaillant un peu plus que les hommes – réussir sa vie professionnelle, sa vie familiale, son statut de mère, d’épouse et de membre de famille. Chez nous en Afrique la famille repose beaucoup sur les femmes. Une prise de conscience est nécessaire d’abord par les parents pour que ceux-ci donnent les mêmes chances à tous les enfants, indépendamment de leur sexe. Sur les employeurs face à la parité Quant aux employeurs, dans mon cas, j’ai envie de vous dire que j’attends les candidatures, et je crois que j’ai mis en place une structure de formation prête à accueillir tout le monde. Mais quand on parle de formation en soudure ou en chaudronnerie, ce sont des hommes qui se présentent, parce que les parents sont réticents. Il y a quelques femmes, mais ce n’est pas encore ce qu’on attend, pourtant ce sont des métiers porteurs. À compétence égale, quand il s’agit de faire une sélection, je choisis d’employer des femmes parce que leur impact est visible. Je vous prends l’exemple de Geneviève dont je vous parlais récemment, avec qui je travaille depuis 18 ans, et qui a eu 3 enfants entre temps, et qui après ses accouchements est toujours revenue. Elle avait un réel impact dans les ateliers quand elle y était présente. Quand il y a une femme dans les ateliers avec les hommes, ces-derniers changent de comportement parce que c’est une présence qui les interpelle. Ils se boostent, ils sont propres, ils ont une meilleure tenue.
Nous avons été créées pour réaliser quelque chose sur cette terre avant d’en repartir. Par conséquent, chaque être humain doit pouvoir se sentir bien là où il est. Les théoriciens de la parité pensent que la femme par sa nature a des blocages. En tant que femme on est d’abord « la fille de papa » qui, très souvent, va payer la scolarité à son fils et non à sa fille parce que celle-ci va aller en mariage. Ensuite on
J’aimerai avoir plus de femmes au sein de mon entreprise parce que leur présence apporte quelque chose de différent.
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4 QUESTIONS A...
MICHAELLA NOTCHE PHARMACIENNE – MARKETING MANAGER FRENCH WEST & CENTRAL AFRICA CHEZ NOVARTIS Interview par Joan Yombo Photos par Peter Bille Michaella Notche allie avec perfection sa profession et sa passion. Pharmacienne de formation, diplômée de l’école de pharmacie de l’université de Londres, elle décide d’ajouter une corde à son arc en obtenant un master en management et marketing des industries pharmaceutiques. Sa passion pour l’Afrique, elle la vit en tentant de répondre aux problématiques rencontrées par l’industrie pharmaceutique en Afrique. D’abord en tant que responsable produit, puis manager de projet. Avec plus de 7 ans d’expérience dans l’industrie, elle est aujourd’hui manager marketing pour les pays francophones des régions d’Afrique centrale et de l’Ouest de la société Novartis qu’on ne présente plus. Entretien.
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Peu de femmes s’engagent dans des études longues telles que celles de la pharmacie. Pourquoi avoir choisi cette filière ? (Rires) Mon père est pharmacien biologiste. Ma passion pour la recherche et la fabrication couplée à mon désir d’améliorer la qualité de vie des personnes en proposant des médicaments de qualité furent ma profonde motivation. Je suis Pharmacienne d’Industrie. J’ai également fait une école de commerce.
Quelles sont les particularités du marketing pharmaceutique ? Le marketing pharmaceutique est un marketing assez particulier dans la mesure où les pratiques commerciales et les prix sont réglementés. L’industrie est très régulée par la compliance. Pour les médicaments «de prescription ou dit éthiques » la promotion ne peut pas se faire sur les médias sociaux, ni à la télévision, à la radio et dans les lieux publics exceptés pour les médicaments en vente libre. Elle est réalisée via un marketing direct par les représentants médicaux auprès des médecins. Les produits pharmaceutiques étant vendus en pharmacie tel que prescrits par le médecin ou via le conseil ou encore en achat spontané, le médecin est donc le client ou la cible et le patient est le consommateur ou client final, cible finale. Le patient est le client direct pour les médicaments en vente libre. Les autres clients et cibles sont le pharmacien, les distributeurs/ grossistes répartiteurs, les institutions / centres de santé.
Une bonne compréhension de la pathologie/maladie, de son marché, une excellente segmentation, un bon ciblage, un bon positionnement et la différentiation sont des éléments primordiaux dans le marketing pharmaceutique Le marketing pharmaceutique est très transversal. Il allie plusieurs éléments : la science, les sciences de la santé au branding, la stratégie à la vente, mais aussi le management de projets à la formation & au développement continu des professionnels de santé, aux affaires règlementaires, à la qualité, et à la pharmacovigilance. Tout ceci permet d’impacter des vies au quotidien en s’assurant que les patients aient accès aux soins et soient approvisionnés en solutions et médicaments efficaces.
Quels sont les leviers à actionner pour stopper la propagation de faux médicaments sur le continent ? Les faux médicaments, fléau mondial très profitable et moins contrôlé que la drogue, constituent un très grand danger pour nos populations. La prospérité de ces marchés informels est dû au faible pouvoir d’achat des populations. En effet, le prix souvent élevé des médicaments en officine ainsi que les nombreuses difficultés dans la distribution entrainant des ruptures de stocks répétitives, contraignent les patients à se tourner vers le marché parallèle des produits de la rue. Nous devons tous, citoyens et communautés être sensibilisés sur ce fléau qui ravage nos sociétés et qui touche les couches sociales les plus défavorisées, qui se battent pour avoir accès aux soins de base et aux médicaments essentiels. Il serait donc important, Au niveau de la pharmacie : De Respecter rigoureusement le circuit d’approvisionnement : les pharmacies devraient se ravitailler chez les
distributeurs /grossistes répartiteurs qui eux se ravitaillent directement chez les laboratoires pharmaceutiques. Au niveau du patient et médecin: d’acheter les médicaments en pharmacie. Au niveau des laboratoires pharmaceutiques : de Sensibiliser et s’engager dans la lutte contre les faux médicaments ; de Mettre à la disposition des populations des médicaments de qualités à des prix abordables. Au niveau des états : Assurer la qualité des approvisionnements, et donc renforcer les services étatiques de contrôle et d’assurance qualité. Soyons tous responsables. La santé est un droit fondamental et inaliénable. Chacun a un rôle à jouer.
On a souvent tendance à négliger les effets de certaines maladies telles que le paludisme chez la femme enceinte. Quels en sont les potentielles conséquences et comment les prévenir ? L’infection palustre pendant la grossesse représente un problème de santé publique majeur, comportant des risques substantiels pour la mère, le fœtus et le nouveau-né Une protection contre cette maladie est donc absolument indispensable. Les symptômes et les complications liés au paludisme pendant la grossesse varient en fonction de l’intensité de la transmission paludique dans la zone géographique ainsi que du niveau individuel d’immunité acquise. Pour les zones de forte transmission, avec un niveau d’immunité acquise très élevée, l’infection par P. falciparum est généralement asymptomatique pendant la grossesse. Cependant les plasmodies pourraient être dans le placenta et contribuer à une anémie maternelle, responsable d’un faible poids à la naissance, un facteur important dans la mortalité infantile. Les effets sont plus accrus avec la première grossesse. Pour les zones de faible transmission, où les femmes en âge de procréer ont une immunité acquise relativement faible contre le paludisme, une infection palustre pendant la grossesse est associée à une anémie, un risque accru de paludisme sévère, et peut provoquer un avortement spontané, une mortinaissance, une prématurité et un faible poids de naissance. Ici, toutes les femmes enceintes, indépendamment du nombre de leurs grossesses, sont hautement vulnérables face au paludisme. En termes de prévention, l’OMS recommande pendant la grossesse : l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée (MID) et dans les zones d’Afrique sub-saharienne un traitement préventif intermittent (TPI). Les TPI pour les femmes enceintes par la sulfadoxine-pyriméthamine réduisent les épisodes de paludisme chez la mère, ainsi que les risques d’anémie maternelle, de parasitémie placentaire, de faible poids de naissance et de mortalité néonatale. En outre, toutes les femmes enceintes devraient recevoir une supplémentation en fer et en acide folique dans le cadre des soins anténatals systématiques.
Il est important pour la femme d’être suivi par un professionnel de santé tout au long de sa grossesse Source WHO Website /OMS
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FOCUS - BRAZZA TRANSACTIONS
VALÉRIE NEIM « NOUS SOUHAITONS SAISIR LES OPPORTUNITÉS OÙ D’AUTRES NE VOIENT QUE DES DIFFICULTÉS » Propos Recueillis par Joan Murielle Photos par Peter BILLE
Valérie NEIM aime les défis. Son retour au Cameroun, elle l’a initié en rejoignant l’Union Bank of Africa (UBA) et avait la charge de la clientèle VIP. Alors que l’entreprise familiale, le Crédit Coopératif Participatif du Cameroun (CCPC Finance) battait de l’aile, elle en reprend les reines et la remet sur les rails. Comment ? D’abord en faisant confiance aux femmes ; 90% des employés de CCPC Finance sont des femmes. Mais aussi en faisant de la rigueur le maitre mot de son management. Après 8 ans passés à redorer le blason familial, elle a lancé, en pleine crise du Covid-19, Brazza Transactions, une institution financière dont le but est d’accompagner les africains fortunés dans la diversification de leurs investissements. Elle nous parle de Brazza Transactions et du profil type de ses clients. Découverte.
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Pouvez-vous nous présenter les activités de Brazza Transactions en quelques mots ? Brazza Transactions (BT) est une Firme de Conseil qui offre des Services de Gestion de Fortune, Gestion pour Investisseurs de la diaspora, ainsi qu’un service de transferts d’argent au sein du Cameroun et à l’international.
Quel est le profil type de votre client cible ? Tout dépend du service. Pour les Services de Transferts : toute personne, tout profil vivant au Cameroun ou hors du Cameroun pourrait être un client de BT. Les services de Gestion de Fortune sont destinés aux fortunes Africaines qui ont besoin d’ avoir d’ autres options d’Investissements. Bien entendu avec un intérêt particulier pour la zone CEMAC que nous maitrisons. Le profil type serait un riche Camerounais qui a déjà investi dans l’immobilier au Cameroun et en France, et qui pour des raisons fiscales souhaite investir dans un autre pays. Quant aux services d’Asset Management, nous travaillons essentiellement avec la diaspora. Cette diaspora la qui est déconnectée des réalités locales et a besoin d’être guidée. Le profil type serait un médecin vivant aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans, qui gagne environ $250,000 et qui souhaiterait construire un immeuble au Cameroun.
Vous parlez d’autres options d’investissements. Qu’estce qui est fait habituellement et quelles sont ces nouvelles options ? La plupart des Camerounais fortunés souhaitent investir dans des immeubles, ignorant qu’un espace de stockage pour professionnels rapporte plus de revenus. Hors du Cameroun, ils investissent dans les achats d’appartements en payant comptant, et n’obtiennent pas d’avantages en retour. Non seulement il y a d’autres modes de financement, mais chez BT, nous nous assurons que le dit investissement/ financement ait des avantages (fiscaux, nationalité, revenus, etc)
Quel est l’avantage comparatif de Brazza Transactions ? Très belle question. Il faut savoir que nous sommes : la première firme spécialisée dans la gestion de patrimoine pour High Net Worth Individuals (HNI) au Cameroun ; La première firme qui offre le Citizenship By Investment en zone Cemac ; La première firme qui offre via l’Asset Management, une solution « clé en main » à cette Diaspora qui a si soif d’investir en Afrique. Notre proposition clé en main propose des services allant de l’acquisition de terrain jusqu’à la construction et même la location de bien, de la manière la plus formelle qui soit. Nous travaillons de manière locale avec des avocats, des notaires, des contrôleurs etc.
Pourquoi est-il préférable de faire appel à un gestionnaire d’actifs ? Information is key. Un gestionnaire d’actifs apporte les informations et les adaptent au besoin du client. Il permet au client de prendre de bonnes décisions, en prenant en compte plusieurs paramètres : confidentialité, répartition/ donation, fiscalité, héritage, éducation, flexibilité financière, etc.
Les gestionnaires d’actifs s’installent généralement dans des pays comptant plusieurs millionnaires comme le Nigéria ou l’Afrique du SUD. Pourquoi vous êtes-vous installés au Cameroun ? Justement nous avons choisi de nous installer au Cameroun pour y apporter cette innovation. Pour être pionnier, car le marché est encore vierge. Nous souhaitons saisir les opportunités où d’autres ne voient que des difficultés. INSPIRE AFRIKA MAGAZINE / AVRIL - JUILLET 2021
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LE BAR À LECTURE
LES CAMEROUNAISES SE RACONTENT Revue par Marie Simone Ngane
Que ce soit la perte d’un époux ou la venue d’un enfant, certaines situations de la vie courante appellent à se remettre en question, à accepter la realité ou tout simplement à se raconter pour mieux exprimer ses sentiments. Les 5 auteures que nous vous présentons sont des femmes qui ont su faire preuve de résilience alors même qu’elles faisaient face à des situations inimaginables. Même si certaines interrogations subsistent, elles en ont tiré des leçons qu’elles partagent avec nous… Détermination L’ambition. Ce mot qui, quand on est une femme, amène à se poser des questions. Est-ce une bonne chose que d’être ambitieuse ? Jusqu’où dois-je aller par ambition ? A quoi dois-je renoncer ? Quel regard portera la société sur moi ? Est-ce que la conquête de mes rêves changera la personne que je suis ? Ferrari, L’Ambitieuse, jeune fille modeste, avance dans la vie, à la rencontre de son destin. L’Ambitieuse, Rachel MALONGO, Editions Proximité, 2020
Résilience En Juillet 2012, Eric de Putter, théologien français, est assassiné au Cameroun la veille de son retour en France. Marie-Alix, qu’il venait d’épouser, entendra le dernier souffle de son époux qu’elle tenait alors dans ses bras au moment des faits. À l’époque, elle était enceinte de quatre mois. Sept ans plus tard, alors que la justice française est contrainte de clore l’enquête et que l’assassin court toujours, elle écrit cet essai qui célèbre également la résilience, l’amour, mais surtout la beauté de la vie. Aime ma fille, Aime ! Marie Alix de PUTTER, Editions Ampelos, 2019
Séparation C’est l’histoire de deux sœurs séparées par l’esclavage. C’est un parallèle entre deux parcours de générations qui auraient pourtant dû/pu vivre ensemble. L’une ira aux États-Unis tandis que l’autre restera en Afrique. Une histoire qu’elles n’ont pas choisie et qui impacte les huit générations suivantes que le livre retrace. Qu’ont en commun ceux qui sont partis et ceux qui sont restés? Homegoing, Yaa GYASI, Editions PENGUIN, 2017
Décision Et si nos choix d’aujourd’hui étaient influencés par une longue lignée de décisions prises par les femmes qui nous ont précédées? Quand Anna, mère d’Abi, entre en fin de vie, elle se perd en élucabrations pendant lesquelles elle raconte sa vie et celle de sa famille. Sans s’arrêter, elle se livre, projetant sa fille sur les choix qu’elle a fait et qui l’ont conduite à sa vie actuelle. Les jours viennent et passent, Hemley BOUM, Editions GALLIMARD, 2019
Assurance On mesure très peu à l’avance comment la maternité peut impacter la vie sociale d’une femme ; parfois au point de lui faire perdre son estime de soi. Mais comment éviter de se laisser vivre quand on doit faire face à de nouveaux challenges chaque jour? La blogueuse Ornella TCHUENTE propose un guide pour toutes les nouvelles mamans qui souhaitent reprendre les commandes de leur vie à travers 30 clés magiques. Estime de soi : 30 clés pour reprendre les clés de sa vie de femme, Ornella TCHUENTE, Amazon, 2019
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VOTRE TALK-SHOW 100% FÉMININ
DU LUNDI AU VENDREDI, À 19H30 SUR
CANALPLUS-AFRIQUE.COM 44
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