NouveautĂŠs didier jeunesse
Octobre 2013
Les nouveautés ALBUMs
Pour en savoir plus
Bric-à-brac Réalisé par Maria Jalibert
ALBUM
Un imagier comme une caverne d’Ali Baba pour petits rêveurs et grands enfants ! Le livre cadeau idéal pour cette fin d’année !
À savoir
HORS COLLECTION En librairie : 8 octobre 2013 Réalisation : Maria Jalibert 96 p. / 26,5 x 26,5 cm 19,90 € ISBN : 978 2 278 07062 6 NUART : 44 8114 9
Le temps d’un livre, Maria Jalibert nous dévoile sa collection de jouets miniatures, hérités pour partie de ses enfants, qu’elle accumule et classe depuis plusieurs années. Petits jouets (dépareillés de préférence) boîtes de sardines, distributeurs de bonbons, boules à neige, « pommes » à glaçons… sont ainsi rassemblés et mis en scène avec tendresse et malice. Bric-à-Brac met en avant couleurs, formes et chiffres, analogies et différences et fait la part belle aux enfantillages et aux surprises !
• Des compositions graphiques alléchantes, des jouets presque grandeur nature, des couleurs toniques et acidulées… un très joli livre à offrir les yeux fermés. • Un format carré généreux qui fait écho aux grands tableaux en volume de Maria Jalibert. • À la poésie de ces compositions répond aussi celle des mots. Associations d’idées et jeux sonores résonnent comme des formulettes enfantines ! • Maria Jalibert donne un sacré coup de frais au sacro-saint imagier ! Bric-à-Brac se démarque des imagiers traditionnels par la multiplicité de ses propositions, sa joyeuse fantaisie et cet effet de surprise déclenché à chaque double page
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Bric-à-brac
POUR EN SAVOIR PLUS
Le mot de l’éditeur Que ce soit une jolie figurine Papo ou un bonhomme en plastique ordinaire, peu importe ! Sous l’œil de Maria Jalibert, tout semble infiniment précieux, à l’image des enfants, capables de vouer un culte à ces jouets anodins trouvés dans les oeufs Kinder. Avec Bric-à-Brac, on est loin des imagiers traditionnels qui se contentent, la plupart du temps, d’approches didactiques. Car si Maria aborde des notions fondamentales comme les repères dans l’espace, les jeux d’oppositions ou les couleurs, elle le fait à sa manière ! Ses propositions souvent empreintes de poésie, jouent délicieusement avec les mots : rose désordre, vert endroit envers, diagonale à cheval… Lorsque la proposition est de facture plus classique, le visuel est là pour contrebalancer et surprendre, à l’image de ce corps d’homme « fermé » puis « ouvert », donnant à voir son cœur et toute son anatomie. Après avoir feuilleté, voire décortiqué Bric-à-Brac, on n’a plus qu’une envie, fouiller dans nos bacs « à souvenirs » pour imaginer nos propres mises en scène. Un livre madeleine mais aussi un déclencheur de créativité !
Auteurs et artistes Maria Jalibert Maria Jalibert est née à Castres en 1970. Elle a suivi quelque temps les cours des Beaux-arts de Toulouse, puis ceux de l'I.U.T des métiers du livre de Bordeaux. Dans sa caravane-atelier, aujourd'hui amarrée près de Brive, elle colle, elle découpe, elle triture, elle agence, elle modèle, elle bricole, elle photographie. et surtout elle crée à partir de tout et de rien. mariajalibert.over-blog.com
Les nouveautĂŠs albums pour les plus grands En librairie
En librairie
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1er octobre 2013
8 octobre 2013
15 octobre 2013
Couverture provisoire
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Les nouveautés ALBUMs pour les grands
Pour en savoir plus
le pirate et le gardien de phare Écrit par Simon Gauthier et illustré par Olivier Desvaux
Enfin une histoire de pirate au sein du catalogue Didier Jeunesse ! Et quel pirate ! Voici le terrifiant Barbe Rousse ! ALBUM Grands contes En librairie : 8 octobre 2013
Couverture provisoire
Texte : Simon Gauthier Illustrations : Olivier Desvaux 40 p. / 24 x 31 cm 14,20 € ISBN : 978 2 278 07506 5 NUART : 44 9080 14 9
Épuisé par une brume épaisse qui colle à la mer, Grand Jacques, le gardien de phare, a trop de travail. Il lui faut quelqu’un pour l’aider. Son message, porté par le vent et guidé par les goélands, arrive dans les mains de Petit Jean, un pêcheur sans le sou mais hardi. Le gardien de phare a de la chance, le sang froid de son nouvel apprenti lui sera utile : le célèbre pirate à l’œil crevé, Barbe Rousse, a prévu de lui rendre visite…
À savoir • D’abord douce et tranquille, puis forte et tempétueuse, une histoire de pirates qui nous transporte et nous donne des émotions fortes avec un Barbe Rousse, plus redoutable et majestueux que jamais ! •P ar un conteur québécois de renom et éminemment sympathique : Simon Gauthier. • L a mer se déchaîne sous le pinceau du talentueux Olivier Desvaux. Des illustrations comme des tableaux, inspirées de sa Normandie natale !
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Le pirate et le gardien de phare
POUR EN SAVOIR PLUS
Le mot de l’éditeur Inspiré du Phare du bout du monde de Jules Vernes, Simon Gauthier livre un récit plein d’humanité et une belle histoire d’entraide ! Barbe Rousse est un personnage historique qui a fasciné et inspiré de nombreux auteurs (Michel Tournier, René Goscinny, etc.). Les histoires de pirates riment avec succès et séduisent depuis toujours petits et grands, et dans celle-ci en particulier, le rythme est progressif et le suspense est chaque fois au rendez-vous ! Olivier Desvaux s’emploie à donner le change à chaque double page, il joue avec la lumière et crée des jeux d’ombres comme pour accentuer les émotions du lecteur. Bleu orage, bleu ciel, bleu nuit ou bleu azur, ses illustrations à la peinture à l’huile rendent merveilleusement compte du temps, si capricieux en pleine mer. Mais c’est aussi un album qui répond à cette question centrale : « Et si le bonheur était plus simple à atteindre qu’on ne le croit ? ». On ressort de cet album, le sourire aux lèvres, simplement heureux d’avoir frissonné et voyagé…
Auteurs et artistes Simon Gauthier Diplômé en animation et recherche culturelle, Simon Gauthier est conteur professionnel depuis 1998. C’est après avoir vu sur scène le conteur Michel Faubert que Simon se plonge dans la littérature de contes et qu’il donnera quarante-deux spectacles à travers tout le Québec l'été suivant. En 2000, Simon fonde un festival de contes au Québec, Conteurs en rafale, dont il assura l’organisation et la direction artistique jusqu’en 2004. Simon Gauthier tourne en France depuis une dizaine d’années, présentant ses spectacles aussi bien dans des festivals qu’en milieu scolaire. Il a aussi conté en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, au Burkina Faso, en Tunisie et au Maroc. simongauthier.com
Olivier Desvaux Olivier Desvaux est en 1982 à Rouen, Après l'obtention d'un bac littéraire option arts plastiques en 2001, il fait une année de mise à niveau en arts appliqués à l'école Estienne puis étudie à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Depuis, il a illustré de nombreux albums, toujours à la peinture à l'huile. Son travail se nourrit de ses nombreux voyages, en Chine, en Russie ou à bicyclette entre Paris et le Havre ! Il aime à travailler sur le motif, à retranscrire des moments vécus. Il vit en Normandie. desvauxolivier.blogspot.fr
Le pirate et le gardien de phare Texte de Simon Gauthier Il était une fois un gardien de phare qui s’appelait Grand Jacques. Son métier l’obligeait à vivre seul sur une île entourée de dangereux récifs. Très tôt le matin, Grand Jacques pêchait les poissons bleus et verts de la mer. L’après-midi, sur les marches de sa galerie, il astiquait le bois de sa pipe en érable. Et quand la nuit tombait, il contemplait le lent mouvement de la nuit envahir l’espace. Au fur et à mesure que les étoiles s’allumaient, un frisson de bonheur se dandinait le long de son cœur. Fébrile, sa pipe, entre ses dents, tanguait de tribord à bâbord ! Son moment préféré était arrivé. Grand Jacques craquait une allumette. La flamme léchait une petite mèche imbibée d’huile de poisson. Et, tout d’un coup, comme une fusée, la tour s’embrasait et le phare ouvrait son œil éblouissant. Égayé par tant de lumière, Grand Jacques devenait l’homme le plus heureux de la mer entière et chantait : Dans le feu qui tourne que les bateaux contournent Guidés par la lumière d’une vie plus prospère Vent, voiles et équipages voguent vers les mouillages.
La brume ne lèverait pas. Peu importait le temps, les éclairs, la pluie, les chamailles du vent, sa bonne humeur légendaire aurait traversé sept mille sept cent sept fois les sept mers de la Terre. Grand Jacques était l’homme le plus heureux de la mer entière. Mais, une nuit, la mer se couvrit d’une épaisse brume que la lumière du phare ne parvint pas à percer. Homme de métier, Grand Jacques se dit : « Ha non ! Par le bruit de mon canon, il faut que je me dépêche d’avertir les capitaines de s’éloigner de mon île et de ses récifs ! » Il descendit à pas de course les trois cent trente-trois marches de son phare, et réveilla, plus bas sur la plage, le canon endormi entre les rochers. Rapidement, il le bourra de poudre noire et par les tisons de sa pipe, il en alluma la mèche. Coup de canon ! Coup de canon ! Le bruit fendit la brume pour rejoindre les bateaux égarés. Avisés du danger, les capitaines changèrent aussitôt de cap. Ils étaient sauvés ! Mais malheur de malheur ! La brume collait sur la mer. Le vent était au calme plat.
Une semaine s’écoula, puis deux, voire trois. Grand Jacques ne laissait pas dérougir le bout de son canon. Détonation après détonation. Le pauvre Jacques avait changé de teint, il vira blanc comme un filet d’espadon. « Ç’a p’us de bon sens. Que de fatigue, je vais mourir. Il faut que je trouve quelqu’un pour m’aider, sinon… » p. 10-11 : double 4 Rempli de désespoir, il entra dans son phare et, sur une feuille, il encra ces mots : « Au secours ! Je n’en peux plus ! Je vais péter au frette ! Si quelqu’un trouve cette lettre, il saura que, sur le champ, je requiers son aide pour entretenir mon phare. Travail et salaire fourni. Signé : Le gardien de phare lui-même en personne. » Puis, il lança sa lettre au vent qui, comme par magie, prit de l’altitude et suivit les goélands… Non loin sur le rivage vivait Petit Jean le pêcheur, avec sa femme et leurs douze enfants. Ils habitaient une toute petite cabane. Fort mal isolée et pleine de courants d’air, un cerf-volant y aurait volé. Pauvres qu’ils étaient. Petit Jean ne disposait que d’un seul
hameçon pour nourrir sa famille. Du reste, il en était fort habile. Une heure lui suffisait pour remplir sa barque de poissons. Mais toujours cette peur de perdre son seul hameçon… Enfin, de nature rêveuse, un brin de foin à la bouche, l’esprit éveillé sous son chapeau rapiécé, Petit Jean parlait dans l’air du temps : « Un jour, l’or et l’argent tomberont du ciel ou d’un escalier, tiens ! Oui, d’un escalier ! J’en suis sûr ! Il y en aura assez pour que je bâtisse une maison. Elle sera forte, confortable et logera ma femme et mes rejetons. Que la providence m’entende ! » Ce matin-là, alors que Petit Jean prend son trente-troisième poisson, une forme blanche sur l’océan flottant lui égratigne le fond de la rétine. « Barbotine ! Quel mystérieux navire ! » Petit Jean déplie le bateau de papier et découvre l’appel de détresse du gardien de phare. Hardi, Petit Jean s’en retourne chez lui. « Ma femme, ma femme ! Je pars de suite, le gardien de phare est dans le besoin. Il est à la recherche d’un assistant. Du travail ! Je sens la fin de nos années de misère. Vous, mes enfants, soyez sages durant mon absence. Je vous donne de mes nouvelles sous peu. »
Une fois sa famille embrassée, le voilà à la mer. Navigateur sans peur, Petit Jean rame de doute ses forces pour rejoindre l’île. La chaloupe lui obéit. Elle glisse sur la crête des vagues. « Hardi ! » qu’il se répète. Peu à peu, il entend, au travers des brumes, des détonations. « C’est bon », se dit-il, « le canon du gardien ! L’île est droit devant. » Tout en saperlipopette, Petit Jean accoste, bondit hors de sa barque et voit non loin de là, blanc comme un filet de sole, dessoufflé comme une moule sans coquille, accroché au canon, le gardien de phare qui pendouille. Devant ce malheureux, Petit Jean n’imagine qu’un seul remède. Il le transporte sur son épaule à demi conscient et le couche dans son lit. Il sort alors d’une de ses poches un petit flacon rempli de bagosse qu’il approche des lèvres du gardien de phare, et hop ! il lui en file sous la langue une bonne rasade. Instantanément, la bagosse agit. Le Grand Jacques grimace, ouvre grand les yeux, tousse, roule dans ses couvertures puis, soudain, orteils en l’air, tombe dans l’endormitoire.
venu t’aider. Dis-moi, comment te senstu ? – Hoooo… Comme une algue écrasée sous un éléphant de mer, mon cher Petit Jean. Mais le sommeil et tes soins m’ont apporté grand bien. J’ai la force de me lever, de te remercier et le courage de reprendre mon travail. Allez, moussaillon, apporte-moi ma pipe et ma casquette. Je te montrerai les rudiments du plus beau métier de la mer : gardien de phare ! – Et j’aurai assez d’argent pour nourrir ma famille sans avoir à pêcher ? – Bien entendu ! Si tu le désires, tu ne pêcheras que pour ton plaisir ! Et bien plus encore ! – Je pourrai imaginer construire une maison, des lits pour tous mes rejetons ? Et… – Et bien plus encore ! Seulement, il faut travailler plusieurs années. Qu’en dis-tu ? – J’en dis qu’un jour, l’or et l’argent débouleront d’un escalier ! Marché conclu ! » C’est ainsi que le gardien de phare trouva son assistant au milieu de l’océan et Petit Jean, lui, l’avenir à construire droit devant. Le temps filait comme l’eau sur le dos des baleines.
Trois jours plus tard, Grand Jacques se réveille dans son lit.
Grand Jacques montrait son savoir à son nouvel assistant. Ils allaient de pair dans le travail, les deux chantaient de concert :
« Tu as bien dormi, gardien ? Je crois que tu as ronflé la brume au grand complet. Le soleil brille aujourd’hui. Je me présente, Petit Jean, pêcheur de poissons. J’ai trouvé ton bateau de papier et je suis
Dans le grand feu qui tourne que les bateaux contournent Guidés par la lumière d’une vie plus prospère Vent, voiles et équipages voguent vers
les mouillages… Ils avaient du cœur à l’ouvrage et mettaient de la gaîté à chaque tâche. Le phare brillait de ses mille feux, mais pourtant, Petit Jean s’ennuyait de sa femme et de ses enfants. Ils lui manquaient tant. Un matin, alors que les deux besognaient dans les rouages du phare, Grand Jacques dit : « Cher apprenti, nous serons bientôt à court d’huile de poisson. Comme tu le sais, cette huile est essentielle pour la flamme de notre phare. Rends-toi donc sur le continent et rapportes-en trois pleins barils. – Entendu, gardien, trois pleins barils et j’en profiterai pour donner des nouvelles à ma femme et mes enfants. – Eh bien, en voilà une bonne idée. Passes-y donc la nuit ! » dit-il, réjoui de voir briller les yeux de son apprenti. Plein d’enthousiasme, Petit Jean disparut dans sa barque au soleil couchant. Mais, cette nuit-là, un bateau aux sombres voiles accosta sur l’île. Dans l’escalier en colimaçon du phare, résonnèrent une botte de cuir et une jambe de bois. Tout en haut, Grand Jacques n’entendait rien. Il chantait toutes les mélodies qui lui passaient par la tête, heureux de voir danser l’éclat de son travail. Quand, derrière lui, la porte s’ouvre toute grande. Le vent s’engouffre, tel un tourbillon.
Se tient dans le cadre de la porte un homme à la barbe rousse. Il porte un chapeau de pirate, un œil de pirate, une épée de pirate : c’est le célèbre pirate Barbe Rousse à l’œil crevé. Craint de tous les marins, ce pirate était le plus cruel des pirates de sa race. D’entendre seulement prononcer son nom, les navigateurs claquaient des dents, tremblaient des jambes et se déclaraient malades pour ne pas appareiller. Barbe Rousse n’avait ni foi ni loi. Il pillait trois fois le même navire la même journée. Les marins, terrorisés, embrassaient sa jambe de bois, le suppliant de les épargner. Mais bien peu pouvaient se vanter d’avoir eu la vie sauve après l’avoir rencontré. Ses poches étaient remplies d’or et d’argent. Riche, il était. Cependant, une seule chose lui manquait et cette chose précieuse, Grand Jacques la possédait. « Gardien, cesse de chanter ! – Votre Piraterie ! Quel bon vent vous amène ? – J’ai eu ouï-dire que tu étais l’homme le plus heureux de la mer entière, et je veux que tu me révèles le secret du bonheur. » Grand Jacques bégaya de tous ses membres. « Votre Pi-pi-pi-pi-piraterie, comment vous dire, mon plus grand bonheur est d’attiser ma pi-pi-pi-pi-pe, de donner un coup sur ma ca-ca-ca-casquette, allumer
mon phare, con-con-con-compter les étoiles et chanter ! Voilà le secret de mon bonheur ! – Comment ? Espèce d’écrevisse mal farcie ! Le bonheur ne peut pas être aussi simple que tu le prétends. Tu me mens ! Le bonheur, je le sais, c’est compliqué ! Mon poisson des bas-fonds, tu ne veux pas me révéler ton secret ! – Mais votre Pi-pi-piraterie… – Suffit ! Pour te terroriser et te faire perdre ta joie, je vais te proposer un petit jeu dont tu ne sortiras pas vivant ! Si tu réussis, je te laisserai la vie sauve. Si tu échoues, je te rétrécis d’une tête ! Gardien, je vais te poser trois questions : combien y a-t-il d’étoiles dans le ciel ? Où se trouve le centre de la Terre ? Et enfin, à quoi serai-je en train de penser quand je reviendrai demain soir au sommet de ton phare ? Je te laisse le restant de la nuit et le soleil de demain pour trouver les réponses. Je reviens… – Mais votre Pi-pi, votre pi-pi… – Il n’y a pas de pi-pi qui tienne ! Salut, gardien ! » Muet comme un mulet, Grand Jacques vit disparaître le pirate. Une à une, ses pensées sombrèrent dans un océan de peur. Démonté, il pleura sur sa petite vie. Il pleura tellement qu’il en éteignit l’œil de son phare éblouissant. Le lendemain, heureux de la nuit passée avec sa femme et ses enfants, Petit Jean revient sur l’île, sa barque chargée de trois barils remplis d’huile. « Étrange, se dit-il, le gardien n’est pas là pour m’accueillir… »
Il courut les trottoirs de bois et entra en flèche dans la tour. Il monta quatre à quatre les trois cent trente-trois marches et trouva Grand Jacques, les yeux perdus dans le vide et rouges d’avoir tant pleuré. « Mais que se passe-t-il, Grand Jacques ? Pourquoi tant de peur sur ton visage ? Tu es blanc comme un linceul, comme si la mort était venue te rendre visite ! – La mort est bel et bien venue me rendre visite ! – La mort ! Tu l’as vue ? Elle ressemble à quoi ? – Elle ressemble au pirate Barbe Rousse ! » Et le gardien lui raconta tout. À peine eut-il terminé d’énoncer les trois questions du pirate, que Petit Jean leva les yeux au ciel. « Par la salopette de ma Tante Annette ! Gardien, écoute bien ! » Il murmura son plan à l’oreille de Grand Jacques. « Par les branchies de mon oncle Willie ! s’exclama Grand Jacques. Exécution ! Prends ma pipe. Et hop ! Ma casquette contre ton chapeau et ma salopette contre ton pantalon. Viens, Petit Jean, j’ai pour toi une vieille barbe en poils de phoque ! Tu me ressembleras comme deux gouttes d’eau. » Et ainsi de suite, en deux temps, trois mouvements, ils changèrent de vêtements. Le jour se noircit. Déjà la nuit.
Les deux amis se quittèrent. Pour ne pas être vu, Grand Jacques se cacha dans la grande armoire, tandis que Petit Jean embrasait le phare à l’aide de sa pipe, comme l’aurait fait le vrai gardien. Puis, une fois le phare allumé, Petit Jean se mit à chanter, gai comme un pinson. À peine la lune était-elle montée d’un nuage que le navire aux sombres voiles apparut. L’écho d’une botte de cuir et d’une jambe de bois résonna dans l’escalier du phare. La main poilue du terrible pirate poussa la porte, mais qu’elle ne fut pas sa surprise de trouver le gardien de phare plein d’entrain à danser et chanter, joyeux comme un dauphin ! « Cétacé de queue de poisson ratatinée, cesse immédiatement de chanter ! – Ho ! Votre Piraterie, je n’ai pas entendu résonner votre jambe de madrier ! Que voulez-vous, je suis l’homme le plus heureux au monde. Je ne puis m’empêcher bien longtemps de chanter mon bonheur. Rien ne peut m’arrêter, pas même les questions de votre Piraterie ! – Espèce de gastéropode non encoquillé ! Tu oses faire le fanfaron ? Je te le promets, ta tête nourrira les poissons. – Si votre Piraterie le veut, mais elle doit se dépêcher, car j’ai un phare à m’occuper. » « Au prix de ta vie, sardine aux molles ouïes, combien y a-t-il d’étoiles dans le ciel ? – Votre Piraterie, il y a autant d’étoiles dans le ciel que de grains de sable sur la plage. Si vous ne me croyez pas, comp-
tez-les, vous verrez ! » Surpris de l’intelligence de l’homme à la pipe, le pirate ravale son étonnement. « Eh bien, dans ce cas, méduse à bretelles, dis-moi où se situe le centre de la Terre ? – Tout respect dû, votre Piraterie, le centre de la Terre se trouve sous vos pieds. C’est bien connu, le Terre est ronde et peu importe l’endroit de la Terre où se trouve votre Piraterie, son centre est toujours sous ses pieds ! » Flatté de l’importance que lui accordait cette vérité, le pirate n’eut d’autre choix que d’accepter cette réponse. Mais, rapidement, son visage s’assombrit de nouveau. Des lueurs noirâtres dansaient dans le blanc de ses yeux. « Gardien, mouke sans balafre, petit crapaud des mers baveuses, dis-moi à quoi je suis en train de penser ? » Sous les habits, fausse barbe et compagnie de son ami, Petit Jean dit : « Votre Piraterie, depuis que vous avez mis votre jambe de bois sur cette île, vous pensez que je suis le gardien de phare qui répond à vos questions. N’ai-je pas raison ? – Concombre de mer ! Bien sûr que tu es le gardien de phare qui répond à mes questions ! – De vous entendre me donner raison me ravit, votre Piraterie. J’ai dit ce que vous pensiez… Mais sachez que je ne suis pas le gardien de phare. Je m’appelle Petit Jean ! Grand Jacques, prouve-le-lui ! »
Aussitôt, Grand Jacques se rue hors de l’armoire avec, dans les bras, un énorme poisson. « Bien le bonsoir, votre Piraterie ! – Impo-popo-popo-possible, bégaie le pirate. La tête happée par la bouche de cette immense morue, le pirate n’y voit plus, recule et déboule les trois cent trentetrois marches de l’escalier. De ses poches sortent l’or et l’argent qu’il a pillés au cours des trente dernières années. Vidé de ses trésors et la tête en queue de poisson, le pirate prend sa jambe de bois sous son bras et il déguerpit en sautillant. On ne le revit plus jamais dans les parages. Heureux de se retrouver sains et saufs, nos deux amis reprirent leur chant. Ils comptèrent assez d’or et d’argent pour ériger sur l’île une nouvelle maison, belle et confortable. Depuis, Petit Jean, sa femme et leurs enfants vécurent le bonheur de famille. Et au bout de leur table, qui chante, gai comme un pinson ? Grand Jacques, l’homme le plus heureux de la mer entière. Quand le requin est prêt Appâtez de poisson Sortez-vous les jarrets Et tendez bien le filet Capturé dans les mailles Rions, chantons, holà canaille !
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le roi de la montagne en hiver Écrit par Sylvie Delom et illustré par Aurélia Fronty
Un très beau conte en plein cœur de l’hiver sublimé par Aurélia Fronty ! LIVREDISQUE
À savoir
grands contes En librairie : 15 octobre 2013
• Un conte d’une grande sensualité où l’héroïne fait littéralement corps avec la nature ! • Un récit prenant avec de nombreuses épreuves à traverser et au bout… un trésor et la délivrance ! • Un beau conte de Noël sublimé par Aurélia Fronty, qui voit dans l’illustration des bienfaits des saisons et les parures des douze mois de l’année, matière à exposer tous ses talents.
Texte : Sylvie Delom Illustrations : Aurélie Fronty 40 p. / 24 x 31 cm 14,20 € ISBN : 978 2 278 07052 7 NUART : 44 6565 4
Dans un village une femme, vivait seule avec ses deux filles. Sa fille aînée lui ressemblait : laide et méchante. La petite, quant à elle ressemblait à son père : joyeuse, et si belle… Un soir de janvier, emplie de jalousie et d’aigreur la mère envoie la petite accomplir les caprices de sa sœur. Des violettes, des fraises, des pommes, et même de l’argent… voilà ce que va devoir rapporter la jeune fille, en plein hiver, si elle veut échapper à Grand Gel…
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le roi de la montagne en hiver
POUR EN SAVOIR PLUS
Le mot de l’éditeur Pour écrire Le roi de la montagne en hiver, Sylvie Delom s’est inspirée de deux contes traditionnels, l’un russe Le gel craquant , l’autre tchèque Les saisons et les mois. Leurs points communs : une enfant rejetée et malaimée par sa mère et un rapport important et symbolique à la nature. Cette nature, contre laquelle on ne peut rien, est la véritable héroïne du conte de Sylvie Delom. C’est elle qui libérera la petite fille de la cruauté de la marâtre. Un conte magnifique qui nous rappelle que Dame nature sait se montrer généreuse envers ceux qui la respectent. C’est là toute l’originalité de la version de la conteuse qui imagine pour cette histoire une fin ouverte et clémente. Pour illustrer ce conte hivernal et rendre compte de la majesté des montagnes, Aurélia Fronty, nourrie de ses voyages, a su habiller avec force et splendeur les reliefs, les saisons magiques et la beauté d’un paysage glacé.
Auteurs et artistes Sylvie Delom Conteuse depuis 1986, Sylvie Delom développe aujourd’hui un style sobre et dépouillé qui trouve sa juste expression à la fois sur scène, dans rue ou dans une salle intime. Elle puise dans un répertoire étendu les mythes et contes traditionnels adaptés à tous types de public. S'accompagnant souvent à la guitare et à la guimbarde, elle pratique un conté-chanté-improvisé. Elle écrit et met en scène pour le théâtre et le conte : spectacles à plusieurs voix, balades théâtrales, farces de rue, sons et lumières, récits de vie… Elle anime des formations depuis 1994 et conseille des conteurs ou professionnels. Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : La bestiole, Les trois fileuses.
Aurélia Fronty Aurélia Fronty entre à l’école d’Arts graphiques Duperré et se spécialise en création textile. Mordue de voyage (Indonésie, Afrique, Espagne Égypte, Bolivie, Pérou) et d’origine ibérique, elle s’inspire de ses racines et de ses dépaysements pour illustrer des carnets de voyage. Elle exerce ses talents pour Christian Lacroix Maison ou encore Fragonard, avant de se promener dans le monde de la presse et des livres. Artiste en tous genres, Aurélia travaille ses couleurs avec des matières denses, acryliques et pastels, qui donnent à ses peintures la chaleur et le relief de tableaux sur bois. Elle aime à travailler avec minutie l’espace et les couleurs (motifs géométriques, touches et épaisseurs, compositions par cases qui font référence aux tissus). Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : Comptines de roses et de safran, Raja, le plus grand magicien du monde, Sous la peau d’un homme, Comptines et berceuses du Papagaio.
Le Roi de la montagne en hiver Texte de Sylvie Delom Il y avait au village une femme qui vivait seule avec ses deux filles. Elle était veuve d’un homme qu’elle n’avait pas aimé. Elle s’était aigrie avec le temps, et le peu de grâce qu’elle avait eue dans sa jeunesse s’était gâtée de trop de ressentiment. Sa fille aînée lui ressemblait : laide et méchante, et paresseuse avec ça. D’ailleurs, elle était la seule enfant qu’elle aurait dû avoir. La mère n’avait d’yeux que pour elle, la couvrant de caresses, de cadeaux, la gavant de rissoles et de bugnes. Quant à la petite, elle ressemblait à son père : pleine de santé, de vigueur joyeuse, et si belle… De voir cette enfant honnie plus gracieuse que sa fille chérie, agaçait la femme. Et plus le temps passait, plus elle était dure avec la petite. Elle lui donnait des travaux pénibles à accomplir, espérant voir sa peau se tanner au soleil, son corps s’user à force d’efforts répétés. Mais rien n’y faisait. La grande grossissait, la petite rayonnait ! Si bien que la femme se mit à la tant détester qu’elle en devint folle de rage . Après une violente tempête de neige, un soir de janvier, la grande a fait un caprice. – Des violettes, il me faut des violettes pour orner ma chambre. Seules ces fleurs
sont assorties à mon joli papier peint ! – Eh ! La souillon, a crié la mère, va dans la montagne et rapporte-nous des violettes ! La petite a protesté : au plus froid de l’hiver, elle n’en trouvera pas. – Qu’importe, dit la mère, reviens avec des violettes ou prépare-toi à devenir l’épouse de Grand Gel ! La petite savait ce que signifiaient ces noces. Épouser Grand Gel, c’était s’offrir en pâture au froid, c’était épouser la Mort elle-même ! La gamine se mit en marche et disparut dans le brouillard laiteux. Après avoir longtemps bataillé dans la poudreuse, elle se laissa tomber de lassitude. Effondrée, engourdie, elle ne sentait plus la grande morsure, lorsqu’elle vit, pas très loin, s’allumer un feu. Alors, elle porta ses dernières forces vers la lumière. Elle vit, assis sur douze pierres, douze hommes sans visage, encapuchonnés de pelisses épaisses. Trois de ces manteaux étaient blancs comme neige, trois verts comme l’herbe, trois blonds comme les blés, trois violets comme des grappes de raisin. Les douze hommes qui regardaient les flammes en silence étaient les douze mois de l’année. La gamine demanda d’une voix très
douce : – Mes bons messieurs, s’il vous plaît, permettez-moi de me chauffer à votre feu. Un des hommes vêtus de blanc a laissé apparaître sa longue barbe blanche . S’appuyant sur son bâton, il a marmonné : – Pourquoi es-tu venue jusqu’ici ? Que viens-tu chercher chez nous ? C’était Janvier qui parlait. Alors elle a raconté les violettes. Le caprice de sa sœur. Et la menace de sa mère. – Tu sais bien que ce n’est pas la saison ! a dit Janvier en se redressant. Il a tendu son bâton à l’un de ses compagnons vêtus de vert. – Mon frère Mars, voilà pour toi ! Mars se lève, remue le feu avec son bâton. Une grande flamme perce la nuit noire ; la neige disparaît. Comme jaillis des étincelles, des bourgeons éclatent au bout des branches, l’herbe verdit dans les prairies, les fleurs s’épanouissent, et le parfum des violettes annonce le printemps. – Cueille-les vite ! dit Mars. La gamine ramasse autant de violettes qu’elle peut. Elle remercie les douze mois, puis elle part en courant, suivant ses traces pour retrouver sa route. La grande a pris ses violettes, sans un mot, les a posées dans un vase.
La maison embaumait. La petite s’attendait à avoir la paix. Mais les violettes furent vite fanées, par manque de soins. La sœur s’est mise à hurler de douleur feinte à la vue des fleurs mortes, assurant à sa mère que si elle n’avait pas, pour la consoler de cette perte, des fraises pour le goûter, elle ne mangerait plus jamais et se laisserait mourir de faim. La petite dut aller en trouver sous peine de rester à jamais dehors et d’épouser Grand Gel. – De toute façon, tu t’es débrouillée, la dernière fois ! Elle se retrouva seule à tituber sur la neige croûteuse, prise en tenaille par la bise. Elle marcha longtemps, à l’aveugle. Tout à coup, elle aperçut la lumière tremblante des flammes. Elle vint se chauffer auprès des douze hommes silencieux. Janvier, lissant sa barbe blanche, a demandé : – Pourquoi reviens-tu, que viens-tu chercher ? Alors elle a raconté les fraises. Le caprice de sa sœur. Et la menace de sa mère. – Tu sais bien que ce n’est pas la saison ! a dit Janvier en se redressant. Il a tendu son bâton à l’un de ses compagnons à l’habit blond comme les blés. – Mon frère Juin, voilà pour toi !
Juin se lève, remue le feu avec son bâton. Une grande flamme perce la nuit noire ; la neige disparaît, les arbres se couvrent de feuilles, les oiseaux se mettent à chanter, les buissons fleurissent, et dans l’herbe apparaît un tapis de fraisiers chargés de fruits mûrs. – Cueille-les vite ! dit Juin. – Merci, dit la gamine. La grande s’est gavé de fraises ce jour-là. À en tâcher sa belle robe à dentelles. Mais le lendemain, elle a réclamé des pommes. Elle s’est roulée par terre en s’arrachant les cheveux. Alors la petite se perdit dans la neige à grelotter d’inquiétude . Et si les douze hommes n’étaient plus là, viendraient pour elle les noces tant redoutées. Elle vit les flammes et se retrouva en compagnie des douze bienveillants. Janvier lui a demandé : – Pourquoi reviens-tu, que viens-tu chercher ? Alors elle a raconté les pommes. Le caprice de sa sœur. Et la menace de sa mère. – Tu sais bien que ce n’est pas la saison ! a dit Janvier en se redressant. Il a tendu son bâton à l’un de ses compagnons à l’habit violet. – Mon frère Septembre, voilà pour toi ! Septembre se lève, remue le feu avec son bâton. Une grande flamme perce la nuit noire ; la neige disparaît, quelques feuilles jaunies s’envolent, des pommes rouges font ployer les branches d’un pommier.
– Cueille-les vite ! dit Septembre. – Merci, dit la gamine. Une fois les pommes englouties, la paix régna quelques jours : la grande n’avait plus d’idées de caprice. Mais la mère méditait sur l’habileté de sa cadette à toujours obtenir ce qu’on lui demandait. Un jour, elle ordonna à la petite : – Va dans la montagne et trouve-nous de l’argent ! Sous n’importe quelle forme, apporte-nous de la richesse. Sinon… pas la peine de revenir ! Les épousailles avec Grand Gel étaient cette fois certaines. L’argent n’est pas un don des saisons, il est le fruit du travail des hommes ! La gamine chercha longtemps dans la neige et dans la nuit. Mais elle ne vit nulle flamme. Elle tourna jusqu’à n’avoir plus de forces. Alors elle s’effondra sous un pin blanchi et attendit le froid fiancé. Soudain, les branches ont craqué. La petite a frissonné. Dans un souffle glacé, Grand Gel a parlé : – Ma beauté, mon Amour, te sens-tu bien à mes côtés ? La petite ne sentait plus ses doigts. – Je suis votre promise et c’est bien ainsi… Des volutes blanches ont tournoyé et la voix cassante est venue siffler plus près. – Ma beauté, mon Amour, te sens-tu bien à mes côtés ? La petite pétrifiée, les cheveux et les sourcils blancs comme ceux d’une vieil-
larde : – Je suis votre promise et c’est bien ainsi… Grand Gel a recouvert la forêt de sa barbe de glace. – Ma beauté, mon Amour, te sens-tu bien à mes côtés ? Les yeux clos, la voix éteinte, elle murmure : – Je suis votre promise… Soudain, l’air se réchauffa tout autour. Le sol s’ouvrit en deux. Il y eut une crevasse profonde. Grand Gel avait retenu son baiser suspendu au-dessus des cimes. Il dit d’une voix suave : – Ma beauté, mon Amour, profite du temps de ce redoux et puise au cœur de la montagne les trésors dont tu as besoin… Il y avait au fond du trou des cristaux étincelants. Les parois de la grotte étaient faites de diamants. La petite a cueilli les pierres précieuses. Elle en a empli ses vêtements. Dans un coin, elle a trouvé une chaude pelisse. Quand elle est sortie de la crevasse, un timide soleil faisait chanter les premières gouttes d’eau. La gamine dévala les sentiers encore durs de la présence de Grand Gel. Elle évita soigneusement son village, puis descendit dans la vallée. Elle entra dans la ville et prit le premier train.
Il y eut un jet de vapeur, un long sifflement, le crissement des roues ferrées sur les rails. L’enfant, riche des dons du froid, partit ainsi et ne revint jamais par ici.
Les nouveautĂŠs LIVRES-DISQUES
Couverture provisoire
En librairie
En librairie
15 octobre 2013
22 octobre 2013
Les nouveautés livres-disque
Pour en savoir plus
le coffret luxe
Les plus belles berceuses classiques Illustré par Elodie Nouhen
LIVREDISQUE
Redécouvrez les plus belles berceuses des grands compositeurs ! En version classique ou en coffret luxe.
À savoir
Contes & opéras En librairie : 15 octobre 2013 Direction musicale : David Pastor Interprètes : Ensemble Agora Notices : Nicolas Tholozan Illustrations : Elodie Nouhen 36 p. /26,5 x 26,5 cm CD : 35 min Édition classique 23,80 € ISBN : 978 2 278 06824 NUART : 44 6534 0
Édition de luxe (coffret, livre-disque, une illustration) 29,90 € ISBN : 978 2 278 07116 6 NUART : 44 8586 8
Forts du succès des plus belles berceuses jazz, voici seize des plus berceuses du grand répertoire classique. Brahms, Schubert, Mozart, Ravel, Grieg… sont ici réunis et offrent à l’enfant qui s’endort ou à l’adulte en quête de sérénité, 35 minutes de pur bonheur musical, d’une douceur infinie.
• Dans l’offre pléthorique de compilations de berceuses classiques, un album singulier et de grande qualité qui se distingue par sa couleur musicale (toutes les pièces sont orchestrées pour les bois), ses partis pris artistiques et la beauté de l’objet. • Elodie Nouhen, illustratrice marquante du catalogue Didier Jeunesse, déploie une palette de couleurs très douces pour créer un décor enchanteur et une ode à la tendresse. • Une orchestration toute en finesse qui enchante dès la première écoute, sous la houlette de Sergio Menozzi accompagné par l’ensemble Agora (La petite Sirène, La Boite à joujoux) • Un livre-disque d’une grande richesse, étayé de commentaires historiques sur les morceaux et leurs compositeurs par un musicologue. Les textes des Lieder et mélodies sont également insérés et traduits dans le livre.
Une vidéo du livre-disque mise en avant sur Facebook, Youtube, etc.
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les plus belles berceuses classiques
le coffret luxe
POUR EN SAVOIR PLUS
Le mot de l’éditeur En écoutant ce disque, on prend conscience que l’enfance a inspiré de nombreux compositeurs. La légèreté et la simplicité de ces pièces enfantines n’a jamais empêché les compositeurs d’y mettre tout leur art. Aussi, il ne s’agit pas seulement d’une compilation de berceuses et mais bien d’une sélection de morceaux de premier choix dans laquelle les mélomanes se retrouveront complètement. L’univers d’Elodie Nouhen, illustratrice du titre Comptines et berceuses du baobab épouse à merveille la tendresse et la douceur qui se dégage de l’ensemble. Poupées de cire, masques et costumes, jardins suspendus crée un décor d’un onirisme sans pareil…
Des berceuses
Auteurs et artistes David Pastor David Pastor est corniste et directeur artistique de l’Ensemble Agora. Son parcours musical l’a amené à côtoyer des musiciens de jazz comme des grandes formations classiques. Il est titulaire d’un premier prix de cor du CNSMD de Lyon et est attaché à l’Orchestre de la Garde Républicaine et assure la coordination artistique de plusieurs de nos livres-disques classiques..
Ensemble Agora L’Ensemble Agora réunit six instrumentistes (flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et harpe). L'Ensemble Agora a imaginé, depuis sa création en 1998, une quarantaine de concerts. La formation reçoit régulièrement le soutien du Conseil Général du Rhône pour son action en milieu rural et a créée une Académie de musique de chambre permettant à de jeunes musiciens d'approfondir leur pratique. Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : La petite sirène, La Boite à joujoux.
Elodie Houhen Depuis sa sortie de l’École supérieure d’arts graphiques de Penninghen, Élodie Nouhen explore des domaines très différents : des décors, des tentures, des affiches, des livres pour enfants... Elle aime toucher à tout : elle peint, ajoute, gratte, enlève, colle, mélange du tissu, du métal, des papiers, de la peinture, pour des planches aux couleurs chaudes et aux variations infinies. Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : Comptines et berceuses corses, La Grenouille à grande bouche, Comptines et berceuses du Baobab, Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête,...
Liste des chansons 01 • Barcarolle, Offenbach 02 • Après un rêve, Fauré 03 • Von Fremden, Schumann 04 • Air du pâtre, Debussy 05 • Gymnopédie n° 1, Satie 06 • Berceuse de la poupée, Bizet 07 • Sandmannchen, Brahms 08 • Wiegenlied, Brahms 09 • La chanson de Solveig, Grieg 10 • Schlafe, mein Prinzchen, schlaf ein, Mozart 11 • Standchen, Schubert 12 • Gute nacht, Schubert 13 • Pavane de la belle au bois dormant, Ravel 14 • Feuillet d’album, Chabrier 15 • Dors, ami, Massenet 16 • Brezairola (chant auvernat anonyme)
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Le coffret luxe, le livre-disque et une illustration sur papier velin Ă encadrer.
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Rock'in johnny Écrit par Eric Senabre, raconté par Dominique Pinon et illustré par Merlin
LIVREDISQUE
Une aventure palpitante pour initier les enfants aux joies du rock. Un livre-disque qui déménage et qui plaira au plus grand nombre !
À savoir
contes & opéras En librairie : 22 octobre 2013 Texte : Eric Senabre Récitant : Dominique Pinon Illustrations : Merlin 48 p. /26,5 x 26,5 cm CD : 40 min 23,80 € ISBN : 978 2 278 07109 8 NUART : 44 8579 3
1954. Trois enfants, Johnny, Edwyn et Sally suivent un jeune groupe de rock, parti sur les routes du Tennessee pour enregistrer leur premier disque. Une rencontre inattendue avec un chanteur prometteur prénommé Elvis, un concert improvisé, une rixe dans les rues de Memphis… Rock’in Johnny est une plongée inoubliable dans l’Amérique des années 50 et les débuts du rock’n’roll !
• Faire découvrir les débuts du rock aux enfants, une démarche inédite dans le paysage musical. Yeaaaarrr ! • Johnny B. Goode par Chuck Berry, That’s Alright Mama par Elvis Presley, Tutti Frutti par Little Richard… Un cd transgénérationnel avec des morceaux d’anthologie et fondateurs à écouter en famille ! • Avec ce récit, Eric Senabre, l’auteur de la trilogie à succès Sublutetia, partage sa passion pour le rock, brillamment accompagné en cela par le comédien Dominique Pinon. • Une aventure pleine de charme qui n’est pas sans rappeler l’univers de Mark Twain et son personnage rebelle Tom Sawyer. • Première collaboration avec l’illustrateur Merlin qui crée pour Rock’in Johnny un univers coloré qui évoque la chaleur et la poussière du Tennessee, dessine des personnages au caractère bien trempé et des vieilles bagnoles carrossées plus vraies que nature.
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Liste des chansons
rock'in johnny
POUR EN SAVOIR PLUS
Auteurs et artistes Eric Senabre Eric Senabre est né en 1973 en banlieue parisienne. Il a suivit des études de Lettres jusqu’au DEA. Depuis dix ans, il est journaliste dans la presse hi-tech et cinéma. Ses passions sont multiples : la musique pop-rock ; le cinéma, avec une prédilection pour le fantastique ; les arts martiaux et la littérature du xixe et du début xxe siècle, en particulier tout ce qui touche au fantastique, et au roman policier. Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : la trilogie Subluetita.
Dominique Pinon Comédien né en 1955, il a suivi le prestigieux Cours Simon. En 1983, il est nommé au César du meilleur espoir masculin pour Le Retour de Martin Guerre. Sa carrière prend un autre tournant en 1990, lorsqu’il rencontre Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro qui le choisissent comme personnage central de Delicatessen. Une grande collaboration naît alors avec Jean-Pierre Jeunet, qui offrira un rôle à Dominique Pinon dans tous ses films. En 2004, il remporte le Molière du meilleur acteur pour la pièce L’Hiver sous la table, mise en scène par Zabou Breitman. Il est aussi récitant dans plusieurs volumes de la collection « Écouter Lire » aux éditions Gallimard. Déjà parus aux éditions Didier Jeunesse : Bazar Circus.
Merlin Christophe Merlin vit et travaille à Montreuil. Illustrateur et parfois auteur de nombreux albums jeunesse, il réalise également des bandes dessinées pour les grands. Ses dessins paraissent régulièrement dans la presse adulte et, suite à de nombreux périples en Inde, Afrique et ailleurs, il a publié plusieurs carnets de voyages. christophemerlin.blogspot.fr
01 • Move It On Over, Hank Williams 02 • Rocket 88, Jackie Brenston & Ike Turner 03 • Be Bop A Lula, Gene Vincent 04 • Rock The Joint, Jimmy Preston 05 • Summertime Blues, Eddie Cochran 06 • Blue Suede Shoes, Carl perkins 07 • That’s Alright (mama), Elvis Presley 08 • Long Tall Sally, Little Richard 09 • Good Rockin' Tonight, Wynonie Harris 10 • Johnny B. Goode, Chuck Berry 11 • That’ll Be The Day, Buddy Holly And The Crickets 12 • Gee, The Crows 13 • Fat Man, Fats Domino 14 • Crazy, Man Crazy, Bill Haley & The Comets
Rock’n Johnny Texte de Eric Senabre C’était un temps où le monde réapprenait à vivre, et les gens, à être heureux. Les fusils étaient rangés, les larmes séchées : l’insouciance pouvait enfin renaître. Par un joli matin de juillet de l’année 1954, Johnny McGinnity marchait d’un pas rapide sur la petite route de campagne qui rejoignait le centre d’Adamsville, modeste bourgade du Tennessee. Comme chaque semaine, il se rendait à son cours de piano ; et comme chaque semaine, il était en retard. Il pouvait déjà imaginer M. Stoller, son professeur, en train de fulminer. « Johnny ! » entendit-il soudain. C’était son ami Edwyn, perché sur la branche d’un sycomore. Edwyn affichait un air que Johnny lui connaissait bien : celui des mauvais coups. Il faut dire que les deux compères en étaient coutumiers : depuis qu’ils se connaissaient, ils avaient pillé des pommiers, persécuté le chien du vieux Bill Holbrook, et perpétré bien d’autres méfaits qui avaient fait d’eux les meilleurs amis du monde. Hélas, ils évitaient, autant que possible, d’être aperçus ensemble : à cette époque, dans ce coin des États-Unis, on acceptait mal que les jeunesses Noire et Blanche se mélangent. « Johnny ! fit Edwyn tout en descendant de son perchoir. Faut qu’ tu viennes avec moi ! – Je suis en retard à mon cours ! Une autre fois ! – Ça fait une demi-heure que je t’attends ici. Tu vas pas en croire tes yeux, et surtout tes oreilles. Tu m’ fais confiance ?
– Pour nous mettre dans le pétrin, oui ! Quel fermier va nous tirer dessus, cette fois ? – Allez ! Fais pas ta poule mouillée ! J’ te connais, Johnny McGinnity, tu vas pas le regretter. » Johnny et Edwyn s’enfoncèrent dans un champ de maïs ; quelques minutes plus tard, ils se trouvaient aux abords d’une grange délabrée. Une voiture décapotable, toute de chrome et de rouge, était garée devant ; elle était si grande et si large qu’on aurait dit un avion. Mais ni Johnny ni Edwyn ne prirent le temps de l’admirer. Dans la grange, quelqu’un martelait un piano, lançant des triolets endiablés dans les airs. Une contrebasse volait à son secours, marquant chaque demi temps d’un « boum ! » pareil à une explosion. Derrière, c’était un déchaînement de cymbales et de grosse caisse. Il y avait aussi un autre instrument, au son puissant et tranchant, que les garçons ne parvenaient pas à identifier. Et puis, quelqu’un chantait. Mais était-ce bien un chant ? Par instant, on aurait plutôt dit un hurlement. Ils n’avaient jamais entendu quoi que ce soit de comparable : cette musique venait de nulle part. Sans même s’en rendre compte, ils se mirent à frapper du pied et battre la mesure. Les garçons ne tenaient plus en place. Ils allaient s’approcher de la grange quand une voix flûtée les fit tressaillir. Ils se retournèrent pour découvrir une
jeune fille à peine plus âgée qu’eux, qui tenait une bouteille de soda à la main. Elle avait de beaux cheveux châtains qui retombaient en écume sur ses épaules, des yeux verts comme du sirop à la menthe et un sourire à chasser les nuages. Pour la seconde fois en moins de cinq minutes, le cœur de Johnny et d’Edwyn se mit à battre sur un tempo inédit. « Eh bien, les gars ? dit-elle. Vous êtes venus écouter la musique aussi ? Ne faites pas vos timides, entrez ! » Ils la suivirent dans la grange sans rien trouver à répondre. Le cours de piano de Mr Stoller était désormais loin, très loin. Les musiciens accueillirent avec chaleur leurs jeunes invités et se présentèrent. Il y avait Buzz à la batterie ; Chuck au piano ; Peter à la contrebasse. Quant à Roddy, le chanteur, il jouait d’une guitare dont la forme - toute plate, sans ouïe - intrigua les garçons. L’instrument était relié par un câble à une sorte de hautparleur : c’était lui, à n’en pas douter, qui produisait ce son tonitruant. Roddy, comme les autres, était probablement encore au lycée ; mais à ses manières plus assurées, on devinait sans mal qu’il était le chef du groupe. « Ah, Sally, tu t’es trouvé quelque chose à boire ? lança-t-il à la jeune fille. Parfait, alors on reprend ! Que diriez-vous de Rock The Joint ? » Les autres acquiescèrent. Sally alla s’asseoir sur une meule de foin ; Johnny et Edwyn prirent timidement place à côté
d’elle. Johnny demanda : « Miss, comment appelle-t-on cette musique ? » Sally éclata de rire. « Comment, tu ne sais pas ? Mais tu habites sur Mars, ma parole ? C’est du rock’n’roll ! La musique de toute la jeunesse ! Et ne me donne pas du Miss, tu as bien entendu que je m’appelle Sally. Je suis la sœur de Roddy. » Les garçons se présentèrent à leur tour et s’abandonnèrent à l’écoute du nouveau morceau. Puis de tous les suivants. Quand les musiciens annoncèrent qu’il était temps de se séparer, la matinée touchait à sa fin. L’enchantement dissipa ses brumes petit à petit : Johnny se rappela tout à coup ses parents, son cours de piano, et frémit d’angoisse. Johnny et Edwyn prirent leurs jambes à leur cou. Quand Johnny fut chez lui, les cheveux en bataille et le bas du pantalon trempé, il découvrit son père et sa mère assis dans le salon, l’air sévère. Il s’avança, résigné, comme un cambrioleur pris sur le fait. « Où étais-tu passé ? tonna Mr McGinnity. Nous nous sommes faits un sang d’encre ! – J… J’étais à mon cours de piano, bredouilla Johnny. – Vraiment ? Et que t’a appris Mr Stoller aujourd’hui ? Montre-nous donc ! Allez, ne te fais pas prier ! » Le pas traînant, Johnny s’installa au piano. Il hésita puis, sans pouvoir s’en empêcher,
se mit à reproduire de mémoire l’un des morceaux qu’il avait entendu plus tôt dans la matinée. Johnny frappait les touches de son piano avec une énergie et une liberté qu’il ne se connaissait pas. Toutefois, il n’eut pas le loisir d’exprimer bien longtemps sa fougue toute fraîche. Son père, rouge de colère, l’interrompit en poussant un « assez ! » qui fit trembler les murs. « Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? Ce n’est pas Mr. Stoller qui t’a appris ça, j’en suis sûr ! hurla-t-il. – C’est… c’est du rock’n’roll, papa ! – Du rock’n’roll ? Ta mère et moi ne nous saignons pas aux quatre veines pour que tu joues de la musique de sauvage ! Où as-tu entendu cette abomination ? Chez le petit Edwyn Turner ? Je ne veux plus que tu voies ce sale petit n… - Modère tes paroles ! protesta son épouse. Mr. McGinnity eut un geste d’impatience. - Appellez-le comme ça vous chante, mais cet Edwyn Tuner, ce n’est pas une bonne fréquentation pour un jeune Américain bien élevé ! Tu vas monter dans ta chambre, et tu n’en descendras que dimanche soir ! – Marvin, l’interrompit son épouse, ne sois pas trop dur ! Il faut bien qu… – Je ne veux rien entendre ! poursuivit Mr. McGinnity. Et je te préviens : si j’apprends que tu n’es pas allé à son cours, la musique, c’est fini ! On vendra le piano, et on t’enverra en pension jusqu’à la fin de tes études ! » Johnny monta à l’étage et s’assit sur le bord de son lit. La porte claqua derrière lui, et il entendit un bruit de clé, sec et sans appel. Sa chambre était devenue un donjon et lui, un prisonnier.
Après une journée bien ennuyeuse à lire, réviser ses leçons, mais surtout à tourner en rond et ruminer sa colère, Johnny s’écroula de fatigue sur son lit. Mais à peine la nuit était-elle tombée qu’il entendit un petit « ploc ! » à l’extérieur. « Ploc ! Ploc ! », encore. Intrigué, il ouvrit sa fenêtre. Un caillou le heurta au visage. « Pssst, fit une voix, plus bas. C’est moi, Edwyn ! – Tu es fou ! Va-t-en ! Mes parents vont nous tuer ! – J’ m’en vais, oui, mais pas sans toi ! Roddy et les autres gars partent en virée, et on peut venir avec eux ! Ils vont à Memphis, pour enregistrer un disque. Un disque, tu te rends compte ? – Non, pas très bien ! Edwyn, il faut que tu partes, mon père est furieux. – Et l’ mien me tuera dès qu’il saura ! Mais on s’en fiche ! Et puis, Sally sera du voyage !» Un long silence s’en suivit. Edwyn observa la fenêtre entrebâillée un moment, soupira, et tourna les talons la tête basse. Puis la gouttière se mit à grincer, de plus en plus fort. Johnny s’en servait comme d’une rampe de pompier pour s’échapper. « T’as gagné, mec, on est mort, et je vais finir en pension, fit-il en touchant le sol. Alors autant en profiter une dernière fois ! » À la faveur du clair de lune, le visage chatouillé par les feuilles de maïs, Johnny et Edwyn se hâtèrent en direction de la grange. Devant stationnaient deux voitures, phares allumés. Sally, Roddy et les autres étaient là, prêts à lever le camp. En apercevant les deux garçons, la jeune fille leur décocha un sourire vermeil qui les secoua comme une rafale de vent.
« Ah, je suis contente que vous soyez venus ! La route est longue jusqu’à Memphis, il faudra rouler toute la nuit. Montez avec moi ! – Et soyez discrets, surtout, ajouta Buzz. Il ne faudrait pas croiser la police ! Sally m’a dit que vos parents étaient d’accord ? C’est bien vrai ? » Johnny et Edwyn se regardèrent du coin de l’œil, puis hochèrent la tête d’un air entendu. Ils prirent place à l’arrière de la voiture de Roddy et timidement, ils se firent tout petit de chaque côté de Sally. Quelques minutes plus tard, ils filaient sur les routes du Tennessee. Quand la voiture s’arrêta enfin, Johnny, Edwyn et Sally étaient affalés les uns sur les autres, plongés dans un profond sommeil. Au-dessus de leur tête, un soleil radieux dardait ses premiers rayons, et il faisait déjà doux. Le paysage avait radicalement changé. Ce n’était plus les arbres, les champs et les petits chemins de la campagne, mais un monde de rues, de commerces et d’agitation. Tout près, on entendait gronder le Mississipi. « Debout, les gamins ! fit Roddy en secouant Johnny et Edwyn. Petite sœur, nous sommes arrivés. » Chuck et Peter discutaient devant la vitrine d’un petit bâtiment en briques. On pouvait y lire, en lettres lumineuses, Memphis Recording Service. « Nous avons regroupé toutes nos économies pour enregistrer dans ce studio, il paraît que c’est le meilleur, annonça fièrement Buzz. Bientôt la gloire ! » Avant d’entrer, ils recomptèrent pour la centième fois le contenu d’une enveloppe : le compte était bon, il y avait bien les 4 $ nécessaires. Et on a peine à imaginer ce que ces 4 $, en ce temps-là, représentaient
comme palissades repeintes et pommes de terres arrachées après les cours… Une fois à l’intérieur, Roddy s’avança fièrement vers le directeur du studio, qui ruisselait de sueur derrière un bureau en mâchonnant un cigare. « On est Roddy & The Hot Rats, annonça-til. On vient pour enregistrer notre disque. Vous pouvez recompter, il y a tout. 4 $ ! » Sans même le regarder le directeur déclara : « Ouais… Y a bien 4 $. Ça, c’est pour l’enregistrement. Et pour la location des amplis, de la batterie, du piano… C’est 3 $ de plus. Tu les as, p’tit gars ? » Roddy se mit à bredouiller. « M… Mais… On ne nous avait pas dit ça ! On n’a que les 4 $ ! – Dommage... Vous r’viendrez quand vous aurez cassé votre tirelire. Allez, retournez à votre campagne, les mômes ! Y a des gens qui travaillent, ici. » Le monde s’était effondré sur la petite troupe. « Tout ça pour ça, se lamenta Chuck. On fait quoi, maintenant ? On rentre ? – On n’a pas trop le choix, fit Roddy en haussant les épaules. On ne va pas trouver 3 $ en claquant des doigts. » Johnny, qui n’avait pas osé se mêler de la conversation, s’exclama alors : « Et si… vous faisiez la quête ? Comme à la sortie de l’église ? » Edwyn ricana : « Ça fait combien d’ temps que tu t’es pas enfui de la messe avant la fin ? – Oh, c’est mes affaires, ça ! Ce que je veux dire, c’est que vous pourriez jouer, là, dehors… Et peut-être qu’on vous donnerait des sous ? » Roddy secoua la tête. « Pas bête, ton idée… Mais sans ampli pour
ma guitare électrique, je ne vais pas aller loin. Et on n’a ni piano, ni batterie. En fait, tout ce qu’on a, c’est Peter et sa contrebasse. » Edwyn tira alors un objet brillant de sa poche. « Et moi j’ai un harmonica ! dit-il en bombant le torse. Mon père m’a appris à en jouer, j’ l’accompagne quand il est à la guitare. Bon, il joue du blues, pas du rock’n’roll. – C’est pas grave, c’est presque les mêmes gammes. Tu devras juste jouer plus vite », s’enthousiasma Chuck. Sally applaudit de bon cœur. Edwyn en fut tout confus, et Johnny, tout jaloux. « Mettons-nous à la recherche du reste, fit Buzz. On va bien trouver une solution.» Tous se mirent à courir dans les rues de Memphis à la recherche d’instruments de fortune. Buzz surgit d’une ruelle avec deux poubelles, une grande, une petite. Ses baguettes à la main, il se mit à jouer un rythme binaire sur les couvercles. Convaincu, il pensa : « Bon… Tout compte fait, c’est pas pire que la batterie de la salle des fêtes d’Adamsville. » Roddy, quant à lui, avait repéré une guitare folk dans la vitrine d’un brocanteur. Elle était en piteux état, n’avait plus sa corde de mi aigu, mais elle ne coûtait qu’1 dollar. Peter, qui l’avait suivi, lui demanda : « Tu es sûr de ton coup, Roddy ? Si on pioche dans la cagnotte, on devra récolter 1 dollar de plus… – Bah, on n’a pas le choix, il faut tenter le coup. » Il rentra dans la boutique et quelques minutes plus tard, il rejoignit les autres avec sa folk sous le bras. Johnny, un peu frustré, jugea important de préciser à Sally qu’il était lui-même pia-
niste. « Du piano ? Mais tu ne m’avais pas dit ! Tu joues quoi, exactement ? - Oh, du Chopin… Du Beethoven… Du classique, quoi. - Mais ça doit être très ennuyeux ? Johnny haussa les épaules. – C’est différent, c’est tout ! » Il avait perdu une bataille, mais pas la guerre. Finalement, ils s’installèrent au coin d’une rue passante. Roddy fit un signe de tête, et la formation de bric et de broc se mit à jouer. Bien sûr, les deux poubelles pouvaient difficilement rivaliser avec une vraie batterie. La guitare à cinq cordes sonnait un peu faux. Mais Peter et sa contrebasse étaient déchaînés, Roddy n’avait jamais chanté avec autant de cœur, et Edwyn improvisait avec talent ; au final, l’esprit y était. « Shgling ! » fit la première piécette en tombant sur le trottoir. 10 cents : c’était un début. Mais elle ne fut pas la dernière et bientôt, un encourageant quarter dollar vint tinter aux pieds de Johnny. Sally, armée de son sourire le plus enjôleur, se mit à haranguer les passants tout en se trémoussant. Amusés ou médusés, des badauds s’attroupèrent. Imitant Sally, les plus jeunes entreprirent alors de transformer le trottoir en piste de danse. Les jupettes tournoyaient, les garçons se déhanchaient. Quand Sally invita Johnny, celui-ci ne se fit pas prier. Il dodelinait d’un pied sur l’autre, raide comme si on l’avait plongé dans de l’amidon. Après cinq minutes, en voyant Sally pouffer, il se rappela qu’il avait des genoux et des chevilles, et se résolut à s’en servir.
Roddy & The Hot Rats avaient joué pendant deux bonnes heures. Il était temps de faire les comptes : 5,50 $. On y était presque. « Encore un ou deux morceaux et ce sera bon ! » annonça Roddy. Mais c’est à ce moment précis qu’une pétarade de moteurs vint noyer ce bel enthousiasme. Trois jeunes motards, tout de cuir vêtus, la mine féroce, se dirigèrent vers le groupe en ricanant. « Z’êtes pas du coin, pas vrai ? fit celui qui semblait être le chef de la bande. Si vous étiez du coin, vous sauriez qu’on ne s’invite pas chez nous comme ça. – On est du Tennessee aussi ! protesta Chuck. – Sans doute, ouais, péquenot. Mais pas de Memphis. C’est différent, ici. Ça ira pour cette fois… si vous nous donnez tout c’pognon. – Tu rêves ! cria Roddy. – Alors c’est parti pour la raclée de ta vie, gamin ! » Les motards fondirent sur le groupe les poings en avant. Les trois plus jeunes se firent tout petit dans un coin, horrifiés. Bam, boom ! Les coups s’abattaient comme la grêle. Et whaam ! Chuck était bon pour un œil au beurre noir. « Boing! » fit la tête de Peter en cognant un mur. « Ouch ! », cria Chuck quand son poing rencontra, tout à fait par hasard, une mâchoire ennemie. Ping ! Slam ! Pow ! Le groupe était submergé. La situation aurait pu s’aggraver encore si une voiture de police n’avait pas choisi ce moment pour faire sa ronde dans le quartier. Quand la sirène retentit, les motards se ruèrent vers leurs motos en poussant des jurons puis démarrèrent en trombe.
Un officier sortit de la voiture, enjamba ce qui restait de la guitare de Roddy, et tendit un doigt menaçant vers les musiciens qui tenaient à peine debout : « Vous avez causé assez de grabuge ! Décampez, et plus vite que ça ! A ces mots, Johnny fut comme traversé par un courant électrique. Il alla se planter devant le policier. – Mais monsieur, c’est pas nous qui avons commencé ! Ces types, là, ils ont… – Ça c’est toi qui l’ dis ! Joue pas au malin ou je pourrais t’embarquer, toi et tes copains. Allez, fichez moi le camp, tous ! » La mort dans l’âme, le groupe plia bagages. Meurtris, épuisés, les musiciens franchirent les portes du studio comme s’ils allaient à l’abattoir. Mais après tout, il ne manquait qu’1 $ et 50 cents : peut-être pouvaient-ils la jouer au culot. Hélas, le maitre des lieux se montra aussi têtu qu’inflexible. « Désolé. 1 $, c’est 1 $. À plus forte raison 1 $ et 50 cents. Mais vous avez la vie devant vous, eh ? See you later, alligator ! » Pendant que Roddy continuait d’argumenter, Johnny et Edwyn s’étaient approchés de la salle d’enregistrement. Il se passait quelque chose d’extraordinaire derrière la porte. Une voix grave, vibrante, chaleureuse… Les deux garçons reconnaissaient bien un vieux standard country, mais ils ne l’avaient jamais entendu interprété avec une telle énergie, une fougue aussi animale. Ils se hissèrent sur la pointe des pieds jusqu’au hublot, mais hélas, le chanteur leur tournait le dos. Autour de lui, musiciens et techniciens, mâchoire décrochée, paraissaient ne pas en croire leurs oreilles. Dès le dernier accord, l’ingénieur du son leva les bras en signe de triomphe, éjectant
sa tasse de café dans les airs. La porte s’ouvrit sous les applaudissements, et un jeune homme aux cheveux noirs passa près de Johnny et Edwyn. Il ruisselait de sueur, sa chemise était froissée, et pourtant, dans ce petit studio, il avait l’air d’un roi. Après avoir échangé quelques plaisanteries avec ses musiciens, il se dirigea d’un pas chaloupé vers la fontaine à eau. Sally crut s’évanouir quand il la frôla et ne put s’empêcher de souffler : « Oh my god ! Qu’est-ce qu’il est beau ! » Johnny et Edwyn se regardèrent en faisant la moue. « C’était incroyable, incroyable ! » se mit à piailler l’ingénieur du son qui trottait derrière lui. Sam ! ajouta-t-il en s’approchant du directeur. Ce type, c’est de la dynamite ! Et pourtant, je n’y croyais pas, au début. Fais-lui signer un contrat tout de suite ! – Minute, fit le directeur. Je m’occupe d’abord de ces zozos qui me prennent pour Rockfeller. » À ces mots, le chanteur se retourna et demanda : « Il leur manque combien ? – 1 $ et 50 cents. Money is money. – Vous retirerez ça de mon premier contrat, alors. Allez, laissez-les enregistrer. Aujourd’hui, c’est mon jour. – Comme tu voudras, fiston », soupira le directeur de guerre lasse. Roddy tendit la main à son sauveur, « Je ne sais pas comment te remercier ! Je m’appelle Roddy. Et eux, c’est mon groupe. – Et moi, c’est Elvis, répondit simplement le chanteur. » Désormais, tout était arrangé. Ou presque.
En effet, Chuck dut admettre qu’il lui était impossible de jouer. « Désolé, les gars, j’ai les doigts comme des saucisses. Ils avaient vraiment la tête dure, ces motards ! » Johnny ravala sa salive : « Je… je fais du piano depuis que j’ai quatre ans. Je n’ai jamais joué de rock’n’roll, mais si tu me montres ce que je dois faire, Chuck, je pense que je peux être ta main gauche. – Vraiment, gamin ? Tu saurais ? – O… oui, je crois bien. J’ai une bonne oreille. Et sans te manquer de respect, ça a l’air moins dur à jouer que du Beethoven. – Décidez-vous, les mômes, on n’a pas toute la journée, maugréa le directeur. Roddy claqua des doigts. – Ok, c’est parti, alors ! Johnny, sois bon ! » Toute la troupe suivit l’ingénieur du son. Johnny prit place à côté de Chuck. « Ce n’est pas juste une histoire de jouer les bonnes notes, il faut que ça groove, ok ?» Johnny fit semblant de comprendre, et bientôt, le signal fut donné. Le groupe joua de tout son cœur, comme pour expulser les ennuis de la journée. Et à la troisième prise, leur version de Good Rockin’ Tonight était dans la boîte. Roddy & The Hot Rats étaient fous de joie. Chuck porta Johnny sur ses épaules en criant : « Pour ma main gauche providentielle, celui qui a sauvé l’enregistrement, hip hip hip… – Hourra ! » Sally applaudissait, les joues roses, le regard embué d’admiration. Johny lui fit un clin d’œil et rougit immédiatement de son audace. Au bout de deux heures interminables, l’ingénieur du son était de retour.
« Voilà votre disque ! annonça-t-il. Revenez quand vous voulez ! Il y a encore du boulot, à mon avis, mais c’était pas trop mal pour des bleusailles comme vous. » Il y eut des poignées de main, des embrassades, des tapes dans le dos. Tous se pressaient autour de la galette avec respect, sans oser le toucher. Le directeur du studio secoua la tête d’un air amusé et alluma un énième cigare en comptant la recette du jour. Il était temps de rentrer. Johnny avait la poitrine encore toute gonflée de sa gloire passagère. Il se pencha vers Edwyn et lui dit : « C’est grâce à toi si on a réuni l’argent, vieux ! Je ne savais pas que tu jouais aussi bien de l’harmonica. – T’as pas trop mal joué du piano non plus. P’têt’ bien que ton Beethoven, c’était aussi un rocker. – Vous avez été géniaux tous les deux, déclara Sally. Je vous adore ! » Elle leur fit une bise sur la joue ; ils s’envolèrent pour plusieurs heures, alors que la nuit retombait sur les routes du Tennessee. Le moment tant redouté approchait ; les explications, la colère, et peut-être même le pensionnat. Johnny en frémit, mais refusa de laisser l’angoisse gâcher ses souvenirs encore tout frais. Quand la petite troupe se sépara près de la grange, il s’élança comme un dératé à travers champs. Sally lui cria quelques mots, mais la réponse s’égara entre les épis de maïs. Sa maison était en vue. Tout en priant pour que ses parents soient en train de dormir, il escalada la gouttière et se jeta dans sa chambre par la fenêtre restée entrouverte. Le petit coq rouge de la ferme voisine pous-
sa son chant. Johnny eut juste le temps de se glisser dans son lit : déjà, la porte de sa chambre s’ouvrait. « C’est parti, ça va être ma fête… » pensat-il. Sa mère apparut dans l’embrasure. Elle s’assit sur le rebord du lit et lui dit : « Alors, tu n’es plus malade ? – Euh, malade ? Maman, j… – J’ai dit à ton père que tu n’étais pas bien et qu’il ne fallait surtout pas monter te déranger. J’ai eu raison ? – Je… commença Johnny. – Tu es en nage ! Repose-toi, quelque chose me dit que tu n’as pas beaucoup dormi. » Elle se leva et s’apprêtait à quitter la pièce quand elle ajouta : « Johnny… Un jour, il faudra quand même que tu me racontes. » La porte claqua. Johnny demeura seul dans son lit et repensa à la chanson qu’Elvis avait interprétée la veille. « That’s alright, Mama… Ça roule, maman. » Et il s’endormit d’un sommeil plein de brunettes aux yeux verts, de voitures chromées et de rock’n’roll…
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4 juin 2013
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La trilogie sublutetia
Sublutetia, t.3 : Le ventre de londres Écrit par Eric Senabre
FICTION
Le secret du père de Nathan enfin révélé, Keren et Nathan qui s’avouent leurs sentiments, un monde englouti sous Londres… le dernier tome de Sublutetia vous surprendra à plus d’un titre !
À savoir
En librairie : 4 juin 2013 Auteur : Siri Kolu Illustration de couverture : Tuuli Juusela 256 p. / 14,5 x 21,5 cm 14,20 € ISBN : 978 2 278 05928 7 NUART : 47 9238 8
Le père de Nathan a enfin révélé son lourd secret. Quelques années auparavant, il a commis une erreur qui lui avait valu son bannissement de Sublutetia. Aujourd’hui, cette erreur le rattrape... Accompagné de son fils et de Keren, il va tout faire pour se racheter. Même si cela signifie de risquer sa vie dans les cimetières londoniens…
• Le dénouement ! Le secret du père de Nathan enfin révélé… • Autour des piliers de l’histoire, l’entrée en scène de nouveaux personnages captivants : un petit frère dont on ignorait l’existence, un duo à la Laurel et Hardy, un militaire mélomane, un couple touchant à la recherche de son passé… • L’histoire d’amour entre Nathan et Keren, devenus ados, prend corps. Leurs échanges incisifs et drôles font le sel du roman… jusqu’au premier baiser tant attendu. • Un humour so bristish ! Fasciné par la culture anglo-saxonne, Eric Senabre plante son récit en plein Londres, se joue du célèbre flegme britannique et fait allusion à des lieux chargés d’histoire : le cimetière Highgate, The Strand… Amazing !
Une campagne de promotion à découvrir. Et toujours le blog Sublutetia !
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Le mot de l’éditeur Avec ce tome 3, Eric Senabre réussit un véritable tour de force et une montée en puissance : il reprend toutes les pistes déjà explorées dans les tomes précédents et va même plus loin ! Plus de suspense, plus d’humour, mais aussi plus de philosophie quant à la place et l’importance du souvenir dans la vie de chacun… Pas de happy-end classique, non, mais un épilogue on ne peut plus surprenant, terriblement romantique, qui laisse la place à tous les fantasmes, à toutes les interprétations et auxquelles les lecteurs seront sensibles. Notons qu’Eric Senabre ne s’interdit pas de reprendre le fil de ses personnages et d’écrire un jour une nouvelle aventure... Dans tous les cas, Sublutetia, la première œuvre d’Eric Senabre (c’est important de le rappeler) est une trilogie exceptionnelle à la croisée des genres : une aventure aux multiples rebondissements, des liens entre les personnages qui s’amplifient au fil des tomes, des sources historiques passionnantes qui ajoutent à la richesse du récit. Recommander Sublutetia aux jeunes lecteurs, c’est l’assurance de donner un texte d’une grande qualité littéraire tout en s’approchant des thèmes qui les fascinent : un monde imaginaire, une société secrète, la force de l’amitié, et de l’humour savamment dosé.
Auteurs et artistes Eric Senabre Eric Senabre est né en 1973 en banlieue parisienne. Il fait des études scientifiques avortées (Maths sup) et ensuite des études de Lettres jusqu’au DEA. Depuis dix ans, il est journaliste dans la presse hi-tech et cinéma. Ses passions sont multiples : la musique pop-rock ; le cinéma, avec une prédilection pour le fantastique ; les arts martiaux et la littérature du xixe et du début xxe siècle, en particulier tout ce qui touche au fantastique, et au roman policier. Ses auteurs classiques préférés : Robert Louis Stevenson, Arthur Conan Doyle, Théophile Gautier et Gérard de Nerval. Pour les « récents », sa référence est Philip Pullman. www.sublutetia.com
L’extrait - Qu’est-ce que ton père t’a dit exactement ? Il est important que je sache. [...] - Après cette journée complètement dingue, donc, il a accepté de me révéler son secret sur son lit d’hôpital. Il m’a dit que la règle d’or, à Sublutetia, c’est qu’aucun enfant ne doit y naître. Et que les contrevenants sont bannis. Je suppose qu’il a donc… enfin je veux dire avec vous… que vous avez… [...] La femme caressa les cheveux de l’enfant et se leva. Elle s’approcha d’une fenêtre et posa les deux mains sur le montant, le regard errant sur Paris endormi, la respiration lourde. - Sais-tu pourquoi cette règle existe, Nathan ? - P… pour protéger votre tranquillité ? - Non. A vrai dire, cette règle, nous la suivions tous sans en connaître le fondement. C’était presque de la superstition. Mais maintenant… Maintenant, c’est différent. Nous savons. - Vous savez quoi, au juste ? - Nous savons pourquoi les naissances sont interdites à Sublutetia. Pourquoi elles doivent être interdites. Nathan, tu n’ignores pas que dans notre cité, nous plaçons la liberté au-dessus de tout. - C’est ce que j’ai entendu, oui. Mais vous vous privez d’une drôle de liberté, non ? - Justement. Notre principale liberté, c’est de pouvoir retourner à la surface. Voir le monde si cela nous chante. Sans que personne ne trouve rien à dire. Sous le sceau du secret, évidemment. - Evidemment, oui, répéta Nathan. Et quel rapport avec les naissances ? La femme tourna le dos à la fenêtre. Sans doute regardait-elle Nathan, mais ce dernier ne voyait qu’une ombre chinoise sans visage. - Nathan, dit-elle avec gravité, les enfants qui naissent à Sublutetia… ne peuvent pas supporter la vraie lumière. Celle de l’extérieur. Sur le divan, l’enfant souriait paisiblement, sans se soucier de ce qu’il entendait. - La lumière projetée par la voûte de cristal est inoffensive pour des humains ayant passé les premières années de leur vie à la surface. Mais chez les nouveaux nés, elle provoque des perturbations a priori irréversibles. En d’autres termes… il est impossible à quelqu’un né à Sublutetia d’en sortir un jour. Et on ne peut priver un être humain… du monde entier. - Il en est bien sorti, lui, lança Nathan en montrant l’enfant d’un air dédaigneux.
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Les libraires partagent leurs coups de coeur ! Les trois premiers chapitres envoyés Découvrez la vidéo promotionnelle ! en teasing via une newsletter puis téléchargeable dès juin !
• L es kakemonos vitrine deux tailles disponibles, réservation : promo@editions-didier.fr • L es marque-pages Sublutetia • L es extraits du tome 2
Prologue Londres, septem
bre 1944
Tome 3
La petite fille encore sa maisoobservait le tas de cendres et de débris poitrine. Autou n une heure plus tôt. qui était Elle serra sa r d’elle, c’était et de cris. poupée contr un concert A travers le e sa assou rideau de niens n’étai fumée et de rdissant de sirènes ent pouss Elle distingua plus que des spectr es gesticulants ière, les londojouer dans Mr Dearden, le vieux . son jardin . Des infirm monsieur qui la laissai A ses pieds, t parfois iers se pressa il y ient autou La petite fille avait une silhouette r de lui. allongée, recou sut qu’elle ne reverrait verte d’un plus Mme drap. Dearden. Elle comprit aussi que son ne sortiraient père, sa mère, jamais des et Neil, son décombres. grand-frère , Elle appela au secours, tendre, elle mais comm s’assit sur e personne le bord du 2013 rer. Et elle ne sembl trottoir et pleura longte se décida enfinait l’enlarmes ne la soulagent. mps, sans faire de bruit et sans à pleuQuant aux cis eux-mêmes passants, ils que les pour prend avaient fille couve re le temps rte de suie de demander trop de souoù étaient à cette petite ses parents. Petit à petit, les Il restait encor hurlements s’attén uèren mais la plupa e quelques personnes t, et les sirènes se turent. rt dans les rues, elle avait enten étaient retournées de-ci, se cacher. du son père La petite fille de-là, sible de se parler d’un se leva ; réfugier en oncle chez cas pouvait pas qui il était être bien loin. d’urgence. Il habitait posPlymouth : cela ne Elle march ait quand une droit devant elle depui voix lui parvin s un t. Elle comm bon quart d’heure déjà ença par penser que ce 3
Le Ventre de Londre s Eric Senabr e
A paraître
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Extrait le 1 er octobre
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Sublutetia, t.1 : La Révolte de Hutan
La série Keren et Nathan, deux collégiens, ont découvert l’existence d’un monde sous Paris appelé Sublutetia. Un monde utopique, promesse d’une vie meilleure, où la liberté, l’entraide et l’absence de hiérarchie sont les maîtres mots. En apparence seulement puisque les deux enfants réalisent rapidement que l’existence de ce monde est menacée à plus d’un titre et suscite bien des convoitises. Dans le 1er tome (La révolte de Hutan) une catastrophe écologique est sur le point d’anéantir Sublutetia, dans le tome 2 (Le secret de Maître Houdin) nos deux héros sont aux prises avec un personnage redoutable Gisela Von Arnim qui souhaite prendre le contrôle de la cité, dans le tome 3, deux journalistes en quête de célébrité sont sur le point de trahir l’existence de ce monde englouti. Pourtant c’est dans ce chaos que Nathan retrouve son père mystérieusement disparu quelques années plus tôt dans le métro parisien. Après s’être réfugié dans Sublutetia, il en a été banni à tout jamais. Pour quelles raisons ? C’est ce que nous révèle le tome 3, Le ventre de Londres, qui signe donc le dénouement et la fin de la trilogie.
« C’est passionnant, haletant ! » Le Parisien « Cette palpitante aventure se lit d’une traite » Je bouquine « Une écriture fluide et efficace » Page des libraires
Sublutetia, t.2 : Le Dernier Secret de Maître Houdin « Retrouve Keren et Nathan pour une 2e aventure pleine de magie. » Gulli, le mag
Les titres
« Plongez dans l’aventure sans retenue ! » La Provence
Les points forts • Un récit haletant, à la croisée des genres, dans lequel l’utopie fraie avec l’aventure, l'aventure avec l'histoire. • Des personnages fascinants et énigmatiques dont on perce les secrets en avançant dans l’intrigue. • Suspense, rebondissements, scènes d’action impeccablement décrites, références historiques et inventions techniques… • Une écriture et un univers d’une grande richesse et une qualité scénaristique hors du commun ! 26/10/11 11:56
« Un roman d’aventure haletant, mêlant deux histoires croisées, deux mondes, deux époques », Historia
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Jonah, l'enfant sans main Écrit par Taï-Marc Le Thanh
FICTION
Amitié, amour, mystère… Un roman d’aventures surprenant, à la lisière du fantastique…
À savoir
En librairie : 22 octobre 2013 Auteur : Taï-Marc Le Thanh Illustration de couverture : Rébecca Dautremer 320 p. / 14,5 x 21,5 cm 14,20 € ISBN : 978 2 278 05929 4 NUART : 47 9239 6
Jonah est né sans mains. Il est accueilli dans l’orphelinat de M. Simon alors qu’il a à peine quelques jours. Et très vite l’enfant fait preuve d’une joie de vivre si intense qu’elle en devient contagieuse… Les gens autour de lui rayonnent. Il grandit et développe peu à peu une agilité incroyable et des compétences presque étranges. Sa vie à l’orphelinat s’écoule pourtant tranquillement, entouré du personnel, de ses amis, Steve, Robert et Fillipus… et d’Alicia. Mais un accident va alors bousculer cette vie paisible, et Jonah se retrouve confronté à des obstacles hors du commun…
• Un roman d’aventures surprenant, à la lisière du fantastique… • Courses-poursuite, tremblement de terre, évasion… Des scènes d’action ébouriffantes ! • Une grande attention est portée aux personnages secondaires, tous bien campés, ainsi qu’aux décors (l’orphelinat, la nature…) : un univers foisonnant ! •P our son premier roman, Taï-Marc Le Thanh manie l’art du scénario et du suspense avec une facilité déconcertante ! • Une nouvelle plume audacieuse, musicale et dynamique : le lecteur est pris dans cet univers étrange dès les premières lignes • Une couverture signée Rébecca Dautremer.
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Jonah, l'enfant sans main
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Le mot de l’éditeur Voici le premier tome d’une nouvelle saga, surprenante à tous points de vue ! Par son univers, délicieusement étrange et inquiétant ; par le ton adopté, qui oscille entre légèreté et solennité ; mais aussi par les thèmes abordés en creux du récit : écologie, évolution des espèces, folie, eugénisme… Pour son premier roman, Taï-Marc Le Thanh nous bluffe par sa maîtrise des différentes ficelles narratives : recours au flash-back, alternance de points de vue et des rythmes du récit, montée progressive de la tension… Scènes d’action ou scènes du quotidien de l’orphelinat, l’auteur sait jouer avec les nerfs de son lecteur et on en redemande ! Et, au-delà d’un superbe roman d’aventures, Jonah, L’enfant sans mains, c’est aussi le plaisir de se frotter à une magnifique histoire d’amour…
Auteurs et artistes Tai-Marc Le Thanh Né le 5 juillet 1967, Taï-Marc Le Thanh a étudié les arts graphiques, en premier lieu à l’Atelier de Sèvres à Paris, puis aux Beaux arts de Rueil-Malmaison et enfin à l’EMSAT. Il intègre alors un groupe de presse informatique où il devient graphiste. C’est ensuite aux éditions Eyrolles qu’il écrit un premier ouvrage sur… le logiciel Photoshop ! On est encore loin de l’écriture de fiction, mais très vite, il entame sa carrière d’auteur d’albums, aux côtés d’illustrateurs de renom tels que Rébecca Dautremer (Babayaga, Cyrano, Le Grand Courant d’air, Elvis...), mais aussi Aurélia Fronty, Élodie Nouhen, Jacques de Loustal, Merlin, Benjamin Chaud, Barroux, Gérald Guerlais… Depuis début 2010, il se consacre entièrement à l’écriture de la série Jonah, ainsi qu’au scénario d’un film d’animation, toujours avec Rébecca Dautremer.
L’extrait M. Simon se souvenait comme si c’était hier du jour de son arrivée. C’était en début de semaine et une pluie drue martelait sans relâche le pavé. Une voiture se fraya un chemin à travers l’épaisse nappe d’eau. Quand elle eut stoppé devant l’orphelinat, Miss Atterton en descendit et pénétra furtivement dans le bâtiment où elle fut accueillie par M. Simon. — Je vous amène un nouveau pensionnaire, déclara-t-elle, en révélant le bébé qu’elle protégeait sous son manteau blanc. Le directeur fit un signe rapide à une aide-soignante postée juste derrière lui. Elle s’approcha et tendit les bras vers la femme. Celle-ci se ravisa aussitôt. Elle semblait bouleversée. — Attendez, articula-t-elle, il s’appelle Jonah… Elle marqua une hésitation. — Il est un peu particulier, continua-t-elle, il n’a pas de mains. L’aide-soignante eut malgré elle un mouvement de recul. — Mais il est en bonne santé, affirma la femme. Le directeur l’interrogea du regard, intrigué par cette dernière remarque. Elle serra alors le bébé contre elle et sourit à M. Simon : — Je veux dire… il va survivre. Puis elle tendit l’enfant à l’aide-soignante. — Je ne me suis pas présentée, reprit la femme. Je suis Miss Atterton, et j’aimerais beaucoup venir rendre visite à Jonah de temps en temps. M. Simon lui serra la main en lui répondant : — Cela ne me pose aucun problème. Miss Atterton prit alors congé et s’éloigna rapidement. C’était depuis ce jour que l’orphelinat avait changé. M. Simon ne fit pas immédiatement le lien, mais il en était dorénavant persuadé : la métamorphose de l’orphelinat avait commencé le soir même de l’arrivée de l’enfant sans mains.
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Un extrait
Un site Internet dédié
Les trois premiers chapitres à lire dès cet été sur notre site internet et envoyés par newsletter !
Avec des séquences filmées, des séquences sons, des prolongements sur les personnages et un forum destiné aux lecteurs !
Où l’on prend
orphelin, né sans mains. rès vite ce handicap par une agilité t une grande débrouillardise. nt pas ses particularités physiques i un enfant extraordinaire. h a une sorte de « prédisposition au ui se révèle contagieuse : autour de ue rires et joie. Sa vie à l’orphelinat tranquillement, entouré de ses Robert et Steve. Jusqu’au jour où r un grave accident, qui, vère n’être que le début d’une série n lien avec une mystérieuse e…
le 22 octobre 2013
s : Stéphanie Bourgeois & Gaëlle Moreno sbourgeois@editions-didier.fr Laure-Anne Le Coat lalecoat@editions-hatier.fr
À paraître Illustration : Rébecca Dautremer, couverture provisoire
r, mystère… Un roman d’aventures la lisière du fantastique…
Chapitre 1
connaissan ce de l’anom où l’on assist alie de notre e à sa naiss héros et ance si partic ulière.
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Extrait le 22 octobre
Jonah était né Lorsqu’il sortitsans mains. terrible malfo du ventre de sa mère, la sage-femme rmation, mais émettre qu’un constata cette sous le coup petit : de la surpr – Oh ! ise, elle ne put Elle ajouta aussitôt : – Quel beau bébé ! Et elle le posa délicatemen avec difficu t sur la poitri lté, ne de la mère, – Mon petit murmura : qui, respirant Jonah. L’enfant restai t muet. La son nom, sage-f emme fronça les , Miss Attert sourcils. Un à sa naissa on, car tel enfant qui nce ne 2013 est était ne pouss quand il naît peut que présager de terribles augur e aucun cri sans mains doucement . Elle se es, qui le poumons du dos du bébé, en attend signa rapidement et plus tapota ant le cri qui nouveau-né tendit l’oreil d’acquérir permettrait leur foncti le et cru décele aux on respir fois qu’elle r un faible se trouvait souffle. C’étai atoire. Elle confrontée cable. Elle t la première quitta preste à un phéno mène aussi ment – Mon petit inexpliJonah, répéta la pièce. la mère. L’enfant se laissait envah Les yeux à ir par la douce demi ouver chaleur du ts, il décou de l’hôpital. corps mater vrait la cham Au plafon nel. bre d, des les murs des ombres fantom néons grésillaient blanche et vide parvenait et projetaient atiques et fugace jusqu’aux sur s. Le oreille éparse se mêlait le bruit s de Jonah. Au brouhmonde extérieur dant d’une strident des aha d’une mobylette foule klaxons. Le trancha les moteur pétara airs, domin ant le murm ure am5
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