i said a hip... vol.III
summer issue
édito Pour ce numéro d’été on a décidé de changer de formule. Pas d’actu musicale Past/ Present/Future mais une (large) sélection de disques à trimballer avec vous cet été. Sans oublier quelques invités de marques : Etienne qui nous a customisé avec talent certaines covers d’articles, Nour Tohme, une jeune et talentueuse illustratrice et Halfbob qui met en dessin l’histoire et l’actualité du rock n’ roll. i said a hip.. remercie également, pour cette première saison, tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’évolution de ce magazine. Toute l’équipe vous souhaite un bel été et on se retrouve à la rentrée !
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nour tohme nourtohme.com // dédé // étienne voillequin insadrawings.blogspot.com insad.blogspot. com // charlotte vié collectifhubris.com // valou // nico prat le mouv’, technikart, voxpop, tsugi... nicoprat. tumblr.com // halfbob blogs.lesinrocks.com/gimmeindierock halfbobleblog.blogspot.com
contributeurs
looptroop rockers
La Suède est loin d’être le pays vers lequel on se tourne quand on parle de hip-hop. Et pourtant c’est bien au pays des vikings que les Looptroop Rockers officient sans n’avoir rien à envier à personne. Professional Dreamers est leur cinquième album et signe 20 ans de carrière. Une carrière engagée aussi bien musicalement que politiquement. Entre autres sujets d’indignations : les forces de l’ordre et la politique d’immigration suédoise. Aujourd’hui, le groupe reste tout autant revendicatif (On repeat a été écrit en réaction aux votes racistes en Suède) et son leitmotiv : vendre du rêve. D’où le titre de leur nouvel album, né de rencontres, comme souvent, notamment avec Josef Scott Jatta, skateur de son état, qui d’après le groupe est « la quintessence d’un Professional Dreamer. Il vit son rêve et crée un art magnifique sur ses roues.» Looptroop Rockers, à travers un hip-hop aux multiples sonorités, jamais ennuyeux et qui pourrait bien conquérir les plus réfractaires, crée un monde rêvé sous l’étendard « Peace, Love, Unity & Having Fun ». On vous conseille donc vivement de jeter une oreille sur cet album d’un des groupes de hip-hop les plus intéressants musicalement.
looptroop rockers professional dreamers voir le clip de professional dreamers
i’m from barcelona
Décidément les suédois sont très présents cet été. Malgré un nom qui sent bon la paëlla, I’m from Barcelona est un vilain petit menteur car le collectif est bel et bien originaire de Suède. Cette joyeuse bande d’artistes a créé une véritable usine à tubes faisant de la pop leur religion. Certains diront que leurs albums commencent à tous se ressembler. Que leur musique devient assez facile et qu’à force d’enfiler les pop songs efficaces, la lassitude commence à s’installer. D’autres, comme nous, pensent que tant que les suédois arriveront à faire souffler un véritable vent de bonne humeur musicale, pourquoi s’en priver. Même si on était passé à côté de leur précédent album Who killed Harry Houdini. Forever Today ne déroge pas à la règle et en seulement onze titres, I’m From Barcelona signe l’album le plus rafraîchissant de cet été. Et le plus réussi de leur courte discographie. Emanuel Lundgren et ses 30 compagnons de route ont réussi à gommer la principale faiblesse des précédents albums : faire un ou deux titres très forts. Le reste restant un cran en dessous. Charlie Parker et Get in line donnent le ton d’entrée. S’ensuit une véritable démonstration pop et tubesque. Sans aucun doute, Forever Today est le meilleur album du groupe et l’un des chefs d’oeuvre pop de cette année.
i’m from barcelona forever today voir le clip de get in line
Š Êtienne voillequin
tv on the radio
Difficile de débuter cet article sans avoir une pensée pour Gerard Smith, le bassiste du groupe, décédé des suites d’un cancer seulement quelques jours après la sortie du nouvel album du groupe... Nine types of light aura été une vraie révélation. Et nous aura donné envie de nous replonger dans la discographie du groupe. Jusqu’à maintenant, nous n’avions jeté qu’une oreille distraite sur le rock à géométrie variable de ces américains. Dès les premières mesures de Second song, on est pris dans l’ambiance bipolaire du groupe. Ça commence presque comme un prêche, ça vire au rock, à la soul, à la pop. Avec une maîtrise absolue. Il paraît que cet album se démarque du travail passé du groupe tant par le son que par le thème général. Ici il est question d’amour. Pas de panique, vous n’allez pas vous retrouver face à un recueil de chansons gnan gnan à la Joyce Jonathan. TVOR a un esprit plus positif et certainement plus de maturité. On ne se lasse pas d’écouter You, le magnifique et envoûtant Killer Crane... Quant à Will do, il est le single parfait qui vous reste collé entre les oreilles toute la journée.
tv on the radio nine types of light voir le clip de will do
oh land
Il se passe décidemment quelque chose avec les artistes scandinaves. Belle, gracieuse et inspirée, voici la formule magique qui semble se répéter une nouvelle fois. Notre muse se prénomme Nanna, aka Oh Land. Écouter Oh Land, blondinette au joli minois, c’est un peu comme tomber amoureux à l’adolescence. Un sourire niais se peint sur votre visage au son de cet enchantement et voici la claque pop de ce printemps. Et c’est finalement très immédiat comme coup de foudre. Car le premier titre est le plus beau joyau de ce trésor musical. La perfection vous fait monter les larmes aux yeux et rentrer dans cet univers fantastique sans hésitation. La chanson finie ; vous vous la repassez : le constat est des plus simples, c’est bien cela la perfection. Il serait cependant bien réducteur de ne parler que du premier titre de cet album. Car le reste est un subtil enchaînement de morceaux pops dynamiques et de fables délicates et soyeuses qui vous feront à tout jamais aimer le Danemark ! On se mouillera au final pour vous citer 2 titres d’une rare qualité : Wolf and I, autre fabuleuse pépite d’une délicatesse absolue ou encore le très cynique Human, au refrain équivoque : « I dont like you human, you remind me of the things i hate in me », certes Nanna ! Mais nous, après ces écoutes passionnées on t’aime à tout jamais ! by Valou
oh land oh land voir le clip de wolf & i
metronomy
Cet été, c’est sur la côte anglaise que Metronomy a décidé de poser ses valises. Fort du succès de Nights out, Joseph Mount avait à coeur de ne pas décevoir et surtout de ne pas se répéter. Gabriel Stebbing, le bassiste, parti vers de nouvelles aventures, ce sont deux renforts qui sont venus prêter mains fortes au leader anglais. Gbenga Adelekan, bassiste et Anna Prior, batteuse. Le trio devenant quatuor. Avec The English Riviera, Metronomy signe un album glamour emprunt d’une certaine mélancolie. La côte anglaise a une teinte sépia. Le groupe fait de la pop comme dans les années 80. Avec classe et une intelligence nécessaire pour ne pas tomber dans le rétro insipide, si habituel en ce moment chez certains de leurs collègues. Joseph Mount a également fait un énorme travail de purge sur les sonorités. Sobres, délicates, les mélodies créées n’ont pas besoin des artifices que le groupe a pu étaler sur l’album précédent. The English Riviera est aussi apaisant qu’un massage à l’huile d’argan (la masseuse en moins...) et accompagnera facilement tous vos moments de farniente. Il est également un bel hommage à cette côte anglaise où le soleil ne brille pas tout le temps, où la nostalgie est bien présente mais qui possède l’énorme charme d’une photo jaunie par le temps.
metronomy the english riviera voir le clip de the bay
fitz & the tantrums
En commençant à écouter l’album de Fitz & The Tantrums on a eu un peu peur. Aujourd’hui, nombreux sont les artistes qui piochent allègrement dans la soul des années 60/70 pour se la réapproprier. Certains y parviennent, Raphael Saadiq ou Aloe Blacc. D’autres beaucoup moins, à l’instar de Ben dont on aura beaucoup plus apprécié son EP de cover que son véritable album. Fitz arrive donc au beau milieu d’un véritable congrès d’artistes se revendiquant tous comme les dignes héritiers d’Aretha Franklin ou James Brown. Est-ce la chance du débutant ou un véritable talent (on penche beaucoup plus sur le talent) mais Fitz accompagné de ses Tantrums signe un premier album jouissif et terriblement old school. Sans tomber dans la caricature. Car derrière les sonorités 60s et 70s se cachent une grande modernité et une énergie pop, pas toujours présente sur les albums des collègues. Pickin’ up the pieces est la bonne surprise soul de ce printemps et on ne peut que vous inciter à aller jeter une oreille attentive au premier album de ces californiens qui ont eu la bonne idée de se lancer dans la soul plutôt que dans le rock beach boys… Peut-être parce que le leader est un franco-irlandais né à Montluçon.
fitz & the tantrums pickin’ up the pieces voir le clip de moneygrabber
herman dune
On avait hâte d’avoir des nouvelles d’Herman Dune. On avait adoré leurs débuts discographiques. Moins convaincus par les derniers albums. A l’annonce de Strange Moosic, on espérait fortement que le duo allait nous offrir autre chose que leurs dernières ritournelles hippie/folk. Strange Moosic est une bonne surprise car Herman Dune rénove sa musique tout en revenant aux sonorités des débuts. Finalement leur musique est moins étrange qu’annoncée. Elle reste plutôt classique. Accompagné d’un animal à poil bleu, Herman Dune enrichit sa musique de sonorités blues, pop, country. Et verse même dans l’americana. Un mélange des genres agréable. Tout en restant simple, Herman Dune démontre une nouvelle fois sa capacité à créer des mélodies imparables aux refrains entêtants. Un retour aux bases que les premiers admirateurs du duo seront ravis d’entendre. Herman Dune et son mini-yéti bleu n’auraient loupé l’arrivée de l’été pour rien au monde. Et Strange Moosic, déjà dixième album en presque autant d’années de carrière, réussit à faire oublier les déceptions des derniers albums. Il semble qu’Herman Dune commence à rattraper le temps perdu. Il était temps...
herman dune strange moosic voir le clip de tell me something i don’t know
arctic monkeys
On a commencé à écouter cet album avec une grande appréhension. Les quelques chansons diffusées sur le net au cours des derniers mois ne nous avaient pas beaucoup excités. On a donc décidé de profiter d’un voyage en train pour écouter calmement un Suck It and See dont on attendait beaucoup. Et il ne nous aura pas fallu longtemps pour constater que les Arctic Monkeys n’arriveront jamais à égaler leur premier album. Alex Turner a pris le parti de faire du rock américain. Quelle idée ?! Ce qu’on aimait chez lui, c’était son accent cockney, sa gouaille britannique et un sérieux sens du rock, forcément dû a l’héritage musical du pays. Aujourd’hui le groupe a tout perdu, trainant ses instruments dans un rock convenu, banal et très loin d’être excitant. On se demande d’ailleurs si le titre de l’album n’a pas été choisi en réponse aux nombreuses critiques dont le groupe faisait l’objet depuis les précédents albums. Mais on a eu beau sucer le disque dans tous les sens, les (mauvaises) critiques sont justifiées. Si quelques titres sortent un peu du lot à l’image d’un Reckless Serenade charmant, Suck it and See est un disque éphémère, dont on appréciera certainement plus les morceaux dans une tracklist de Guitar Hero.
arctic monkeys suck it and see voir le clip de
© étienne voillequin
Il était une fois un enfant … Caché au fond du cœur d’un quadragénaire discret qui avançait masqué. Combinaison, nom brodé dans le dos, masque de catcheur et casque sur la tête. Et le souvenir d’un jouet : un motard blanc sur un tremplin. La réponse à ce « costume » : « La thématique m’intéressait. La dissimulation, la doublure, la prise de risques, l’anonymat… Un cascadeur, c’est l’inverse d’un casse-cou : ça réfléchit à tout. Je me déguise pour pouvoir être moi-même. La musique me permet d’être celui que je ne peux pas être avec les codes et les raisons sociaux. Grâce à Cascadeur, j’ose enfin être très émotif, pleurer et trembler visiblement, mais sous ma cagoule. » The Human Octopus est le résultat de plusieurs réarrangements de trois albums auto-produits entre 2005 et 2008. Et si la musique de Cascadeur n’ « habillera » pas les images d’un film d’action mais elle est tout de même capable de bien belles cascades musicales. Une œuvre pop délicate, aérienne, chantée par une voix d’ange. Accompagnée parfois : des cordes, Midlake et une chorale... Les derniers français à casques étaient les Daft Punk. Ils sont devenus les rois de la French Touch. Cascadeur est en train de devenir le roi de la French Pop.
cascadeur the human octopus voir le clip de walker
Š Êtienne voillequin
the kills
Avec Blood Pressures, le dernier-né de The Kills, on retrouve forcément cette ambiance garage rock très caractéristique sauf que cette fois-ci Alison et Jamie embarquent tout leur matos et se payent un road trip complètement ébouriffant... Les sensations du bitume vous manquent ? Vous ne serez pas déçus en écoutant You Don’t Own The Road, sans parler de Baby Says. L’évocation de la route est telle qu’on a l’impression de parcourir les grandes plaines désertiques au volant d’une mustang, cheveux au vent… même les cahots du chemin se retrouvent dans les riffs de Jamie. Et si le côté hypnotique des highways à l’américaine (vous savez, celles sans virage pendant 300 bornes) vous manque, vous pourrez vous rattraper sur Satellite. Sur un autre registre, The Last Goodbye nous prend à contre-pied et donne l’impression d’écouter la BO du film qui passe au drive-in du coin. De cette chevauchée mécanique, il en ressort une œuvre puissante, vibrante et profonde. On ne se lasse pas des arrangements minimalistes (forcément), exprimanun rock tantôt nerveux, tantôt rugueux, mais tout en restant généreux et par certains aspects romantique… Si vous n’avez pas encore eu l’occasion d’écouter The Kills sur un de leurs trois précédents albums, n’hésitez pas à commencer par celui-ci !
the kills blood pressures voir le clip de satellite
by DD
the vaccines
Petit retour en arrière pour les mélomanes a bonne mémoire. Essayez de vous replonger en 2006 lors de votre première écoute des Arctic Monkeys, ok ? Bon, un peu plus loin maintenant en 2001, lors de votre découverte des Strokes. Pas mal hein ? Ecouter le premier album des Vaccines ramène au même genre d’expérience bouleversante. On sait immédiatement qu’on tient un groupe qui marquera son époque grâce à son rock’n’roll on ne peut plus efficace. La formule de ce remède musical est on ne peut plus simple. Prenez une pincée d’accords de guitares vifs et entraînants, apposez-y la voix délicieusement rétro de Justin Young et saupoudrez le tout d’un rythme épique tout au long de 11 morceaux : le tour est joué, simple, efficace, génial! Après la calamiteuse campagne de vaccination 2010 de Mme Bachelot, si vous souhaitez vous réconcilier avec la médecine, une seule solution : 3 prises de The Vaccines matin midi et soir. La prescription est même des plus flexibles avec un album riches en pépites telles que Norgaard ou All in White à écouter sans modération aucune. Le traitement fonctionne à merveille en vous offrant une véritable cure de jouvence aux méchantes allures d’âge d’or du rock’n’roll. Pour conclure, prudence car un sérieux risque secondaire nous a été signalé : une addiction des plus sévères. by Valou
the vaccines what did you expect from the vaccines ? voir le clip de post break-up sex
wu lyf
Dieu a kidnappé Lucifer et lui a demandé de chanter. Disque incroyable que celui de WU LYF pour World Unite, Lucifer Youth Foundation. Un disque à l’image de son groupe. Mystérieux, ténébreux et pourtant baigné d’une lumière céleste. WU LYF a su entretenir le mystère sur sa formation, ses origines, ses membres. Comme tout bon groupe 2.0 qui se respecte. Du fond de sa cellule Lucifer agonise, chante d’une voix erratique comme si sa vie en dépendait. La musique est presque plus présente que la voix. Des mélodies conçues avec le trio classique basse/guitare/batterie mais qui accueillent sur chaque titre un orgue. Dès l’entame du disque vous avez l’impression de pénétrer dans une église. Une sensation qui ne vous quittera véritablement jamais. Et si l’orgue créait à lui seul toute l’atmosphère du disque ? On l’a longtemps pensé. Mais après plusieurs écoutes et plusieurs visionnages de clips, on se rend compte que chaque instrument à une place très importante. La voix du chanteur compris. Go tell fire to the mountain est l’incroyable rencontre entre le Paradis et l’Enfer. Un disque puissant fait par des anglais avec lequel on retrouve cette formation de contestation rock n’ roll so british.
wu lyf go tell fire to the mountain voir le clip de dirt
bibio
Il se passe vraiment des trucs étranges dans la tête de Bibio. A l’image d’Alice, le jeune anglais fait des rêves embrumés. Les choses se mélangent. Mind Bokeh est à l’image des ronds colorés présents sur la pochette du disque : multi-colore et flou. Bibio a toujours eu le don implacable de créer des petites mélodies qui semblaient ne tenir qu’à un fil. Si fragiles qu’on les écoutait avec attention. Mind Bokeh suit le même chemin mais la structure des chansons est plus complexe. Rupture de rythme, changement de sonorités, ce nouvel album n’est pas le plus facile d’accès mais peut-être celui qui retranscrit le mieux le travail de son auteur. Tout au long de l’album, Bibio joue avec notre esprit et attise notre curiosité sur chaque morceau. Et l’on pourrait adapter l’adage de Forest Gump : « La musique de Bibio c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » La pop rencontre la folk, l’electronica, l’ambiant... Un joli mélange des genres qui s’entend plutôt bien ensemble. Avec ce nouvel album, Bibio a écrit une musique comme une divagation de l’esprit tout en jouant avec le nôtre. Magnifique et intriguant, Mind Bokeh reste néanmoins assez difficile d’accès.
bibio mind bokeh voir le clip de k is for kelson
c.T.R.L
À force, on serait tenté de croire que le duo est la formule gagnante pour faire son petit bout de chemin dans la musique et son univers impitoyable. Les années 2000 nous ont en tout cas prouvé que les plus bruyants n’étaient pas nécessairement les plus nombreux sur scène, et qu’un couple, même pour la pose, avait autant de chance d’embraser les foules que cet obscur combo à douze guitares. Les regrettés White Stripes et les toujours aussi flamboyants Kills avaient tout compris. La musique mettait tout le monde d’accord quand s’échauffaient les débats pour savoir si, oui ou non, ils couchaient ensemble. Dakota et Manu est un couple. Mais aussi un groupe. Leur vie en amoureux ne nous regarde pas. Leur premier EP est ce qui nous intéresse aujourd’hui. Quatre titres. Quatre petites mines, qui n’ont l’air de rien comme ça mais vous explose au visage à force de mauvaise manipulation. On les sait maîtres de leurs instruments, professionnels... On découvre un groupe au bord de l’implosion (sonore). On y croise tout ce qui fait le rock, et donc tout ce pourquoi on l’aime: des riffs, des mélodies. Une hargne et une envie d’en découdre salement contagieuse. Mais, enfants de leur époque qui veut que l’iPod et nos goûts fonctionnent en mode shuffle, le duo fait fi des diktats et va caresser le hip-hop, le blues, la pop... Sans jamais se perdre. C’est là toute leur force, et tout l’intérêt de ce premier effort, d’une maturité impressionnante et d’une classe folle. by Nico Prat
c.t.r.l. e.p. voir le clip de baby this time
tyler, the creator
Ne vous fiez pas à sa gueule d’ange. Tyler, The Creator et son collectif Odd Future (diminutif de OFGWKTA pour Odd Future Golf Wang Kill Them All) est devenu le cauchemar de l’Amérique bien pensante. Ces gamins d’à peine 20 ans sont en train de foutre un sacré bordel au sein du hip-hop US. Ici pas de grosse production, on mise tout sur le flow et sur les images. Dans son clip Yonkers, Tyler avale un cafard, vomi, et finit par... on vous laisse la surprise. Et tout ça n’est rien à côté du clip de son pote Earl Sweatshirt. Provocateur, brutal, misogyne, Odd Future est avant tout un collectif créatif, hyper-actif, qui a déjà sorti des dizaines d’albums via le net et adepte du DIY (Do It Yourself). Et s’ils avancent en formation, ils n’hésitent pas à s’exprimer en solo. Histoire de bien faire passer leur message : « Kill people, burn shit, fuck school » Goblin est le premier album à sortir via le circuit traditionnel. Mais Tyler n’a signé un contrat que pour cet album. Il précise lui-même : « J’ai toujours le contrôle créatif total sur mes raps, mes beats, mes clips, mes pochettes. Allez vous faire foutre ! » Tyler, The Creator est donc à la tête d’un collectif provocateur, mais « terriblement » brillant et créatif. Au talent indéniable.
tyler, the creator goblin voir le clip de yonkers
bon iver
L’été est souvent une période de relâche musical. Si le meilleur de notre discothèque se ballade au fond de notre iPod, nous sommes nombreux à nous extasier en entendant la dernière daubasse musicale sur laquelle nous irons chauffer nos sandalettes. Entre Yuksek et le dernier J-Lo faites une énorme place au plus bel album de cet été. Celui de Bon Iver... Avec un nom comme ça... Bon Iver est un mec bourré de talent et vous ne mettrez pas longtemps à vous en rendre compte. Dès les premières notes de Perth, on sait que l’on est en train d’écouter un album rare. Touchant par la voix de son auteur, délicat par la finesse de ses mélodies, Bon Iver (puisqu’il porte le nom de scène de son papa) est d’autant plus magique que son créateur est un homme à part dans le business musical. Si Justin Vernon a commencé à composer ses premières chansons et à jouer avec des groupes, il aura attendu ses 26 ans (il en a 30) pour que sa passion devienne son job. Un premier album auto-produit, auto-fabriqué à 500 exemplaires. For Emma, forever ago, lui amènera les labels sur un plateau. Aujourd’hui, il signe un deuxième album plus travaillé, plus riche, entre pop et folk. Un deuxième album beau à chialer, que l’on vous déconseille d’écouter quand vous quitterez votre petite copine rencontrée au camping à la fin de vos vacances.
bon iver bon iver voir le clip de calgary
beastie boys
25 ans ont passé depuis leur premier album studio, les Beastie Boys, le groupe le plus blanc, irrévérencieux et avant-gardiste de Brooklyn et d’ailleurs est de retour et a gardé toute son énergie intacte. On ne cherchera pas ici un renouvellement de leur style, même si l’électro s’invite un peu plus à la fête (cf. Taklock’s Glasses ou Too Many Rappers), mais qui s’en plaindra ? Les Beastie Boys, c’est avant tout un rap déjanté et versatile. Donc si vous voulez un mélange entre rap et rock, c’est vers Say It ou Lee Majors Come Again qu’il faudra se diriger. Pour du rap funky, allez plutôt voir du côté de Multilateral Nuclear Disarmament ou Funky Donkey. Au passage, merci Santigold pour le featuring rafraîchissant. Et pour la synthèse de tous ces styles, ne manquez pas l’incontournable Make Some Noise, ni l’excellent Ok. Au final, les Beasties nous livrent un album tout aussi festif que les précédents qu’on prendra plaisir à réécouter tout au long de l’année.
by DD
beastie boys hot sauce committee part.2 voir le clip de make some noise
the strokes
Beaucoup de choses ont déjà été écrites et donc lues sur le dernier album des Strokes. Efforçons nous donc d’être un minimum objectif et honnête avec nous même. Non, Angles n’est pas le meilleur album des Strokes. Il se situe d’ailleurs assez loin derrière Is this it. Non, les 5 garçons ne surfent pas sur la mode électro-rock qui alimente les blogs depuis quelques années. Non, les Strokes ne font pas dans la révolution musicale avec ces 10 titres. Mais... Oui, Angles est un excellent album. Oui, on ne reste pas indifférent à la voix inimitable de Julian Casablancas. Oui, on adhère immédiatement à des titres comme Machu Picchu ou Gratisfaction. Oui, on se dit qu’on aime les Strokes car finalement aucun groupe ne leur ressemble et ne nous offre une telle quintessence rock. Et si, tout simplement, on était devenu très - trop - exigeant avec ce groupe qui nous habitue au meilleur depuis 10 ans ?
the strokes angles voir le clip de under cover of darkness
by Valou
soulkast
Il est difficile aujourd’hui de s’enthousiasmer quand on parle de rap français. Un rap toujours aussi contestataire qui tourne en rond. On est de loin de l’entertainment américain. Et contrairement à leurs collègues outre-Atlantique, les rappeurs français n’ont pas su évoluer, que ce soit dans leur lyrics et dans les instrus. Il faut compter sur Oxmo Puccino et sur Hocus Pocus pour toucher une forme artistique plus riche, plus « intelligente ». En découvrant Soulkast, on a pris une sacrée claque. Et l’on s’est dit que c’est à ça que devrait ressembler le rap français. Lillois de 29 ans, le mec a tout compris. Après avoir officié au sein du groupe Da Hypnotik, il se lance en solo et ne va pas faire les choses à moitié. Honoris Causa est un hommage au hip-hop qu’il écoutait quand il était gamin. Mention particulière au Wu Tang. En mode « Havin’ fun », Soulkast est parti s’acoquiner à quelques pointures américaines : DJ Premier, MOP, Ghostface Killah, Talib Kweli, Das EFX… Des débutants… Sans oublier des français : Brahi, Medine, Kery James, I.A.M… Une collab franco-américaine hallucinante. Le flow du français (d’une maturité incroyable pour ses 29 ans) s’associant à la perfection à la prod US. Soulkast signe un album parfait. Sans en faire trop. 10 titres + 3 instrus. Emballez c’est pesé. Il paraît qu’aux Etats-Unis, certains rappeurs n’en reviennent toujours pas.
soulkast honoris causa voir le clip de international
yuksek
Yuksek a changé. Living on the edge of time se situe bien loin de Away from the sea. Il semblerait que le rémois ait plongé tête baissée dans la pop. Un plongeon réussi qui mérite bien un 10 de la part des juges. Et qui mérite également que l’on oublie son Mega Mytery Band grâce auquel il nous faisait découvrir l’excellent On a train en s’associant avec la marque de chewing-gum Hollywood pour leur nouveau produit le Mega Mystery Gum. Une association que l’on jugera assez inutile. Ambassadeur d’une électro made in France, Yuksek signe un deuxième album ambitieux, bien mieux produit que le précédent. Autre nouveauté : Yuksek pose sa voix sur la majorité des morceaux. Living on the edge of time arrive à nous séduire assez facilement alors que le pari n’était pas forcément gagné d’avance. Les artistes électro/pop sont des êtres en perpétuelle reproduction. Et c’est la saison des amours. Yuksek a réussi à garder son style en lui insufflant une fraîcheur pop très agréable. Et continue de s’imposer comme l’un des artistes électro français les plus doués de sa génération. Le rémois va très certainement refaire parler de lui très vite, s’étant associer avec Stephen Fasano (ex Aeroplane) pour créer le duo Peter & The Magician.
yuksek living on the edge of time voir le clip de on a train
the wombats
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de rebondir après l’énormissime A guide to love, loss and desperation. Mais, nos trois marsupiaux de Liverpool ont de la ressource. Quoi de plus simple en effet que d’échanger une guitare électrique pour un synthé ? C’est donc sur ce terrain électro-rock que l’on va retrouver les Wombats pour 10 nouvelles aventures, une nouvelle fois accompagnées d’un ton décalé bourré de second degré comme en témoigne par exemple la délirante ballade Anti-D. L’effet est certes un peu atténué par rapport au premier album (surtout en live) mais ils ont quand même le chic pour nous sortir des refrains « pots de glue » qui vous collent aux neurones toute la journée. On citera le génial Tokyo (Vampires & wolves), meilleur titre de l’opus, l’excellent 1996 ou encore Techno fan, qui regroupe tout ce qui caractérise ce groupe talentueux : simplicité, efficacité et dérision.
by Valou
the wombats proudly presents this morning glitch voir le clip de anti-d
foster the people
En 2008, il y eut MGMT. En 2009, il y eut Passion Pit. En 2010, Two Door Cinema Club. Chacune des dernières années semble s’accompagner de son petit miracle électro-pop, de cette découverte qui bouleverse cet univers musical pourtant surchargé. Mes chers frères ! Le miracle a encore eu lieu : 2011 sera l’année de Foster The People ! Et c’est peu dire que l’avènement fut fulgurant. En à peine 3 mois, les californiens, grâce à seulement 2 titres savamment distillés sur le net, auront réussi à générer une vague créatrice sans équivalent accouchant de pléthore de remixes. Pumped up Kicks et Helena beat sont de ces pures merveilles qui jouent les rôles de catalyseur créatif pour des milliers d’artistes en herbe sur la toile. Et une chose est sûre, on ne s’en lassera jamais… Et que dire de cet album dont la sortie officielle est pour fin juin. D’une qualité rare, minutieux dans ses finitions, et dont chaque titre est un tube en puissance. Ne leur reste qu’à canaliser un peu leur fougue sur scène et nous tiendrons définitivement ce miracle annuel qu’on se plait tant à espérer sans jamais vraiment y croire... by Valou
foster the people torches voir le clip de houdini
sound of rum
Mike Skinner et The Streets parti à la retraite, on attendait de voir quelle gueule allait avoir la relève du rap britannique. On peut déjà citer Professor Green, Lady Sovereign ou Speech Debelle. Et c’est à cette dernière que la jeune Kate Tempest nous a fait penser quand nous l’avons entendu pour la première fois. Ne vous fiez pas à l’apparence juvénile de la demoiselle. De sa petite vingtaine d’année, Kate a réussit à choper le talent de ses prédécesseurs en ajoutant une touche très personnelle. 2 compères, l’un guitariste, l’autre batteur, qui chamboulent l’ordre établi. Le trio n’a peur de personne et met toute son impertinence au service d’un rap puissant, maîtrisé trouvant un bel équilibre entre les compos des musiciens et le flow incroyable de la jeune britannique. Avec un tel talent, Kate n’a pas mis longtemps à se faire remarquer. Que ce soit par la presse qui la désigne, après un seul premier album, comme la fille de Mike Skinner et Speech Debelle et par ses pairs qui ne devraient pas tarder à venir toquer à la porte. Que vous aimiez le hip-hop ou non, allez tout de même jeter une oreille sur Balance. On prend les paris que vous y preniez un certain plaisir.
sound of rum balance voir le clip de rumba
lmfao
Terminer cette partie musicale avec LMFAO, c’est un peu la cerise sur le gâteau, le chocolat au fond de la casserole. Un plaisir, un moment de bonheur enfantin que l’on ne partagerait pour rien au monde. Mais voilà, on est des mecs sympas et la musique de LMFAO ne peut que se partager. Comme dans une gigantesque partouze musicale. Si dans Sorry for party rocking, tu ne trouves pas ton petit bonheur musical, poses toi quelques questions. Des tubes, cet album en regorge. De la finesse, cet album en manque. Mais on n’est pas là pour ça. On veut bouger notre fessier et head banger comme des fous furieux. Et si en plus on arrive à refaire la choré... Histoire de vous mettre dans l’ambiance et de vous échauffer les muscles, attaquez par le sévère Party Rock Anthem. Enchaînez avec un petit With you. Continuez avec Champagne Showers. Reposez vous avec... Désolé on n’a pas trouvé... Est-ce qu’on aura bien vendu cet album ? En relisant cet article, on se pose la question mais on est sûr d’une chose : LMFAO a réussi un album de fous furieux, du RedBull en intra-veineuse et du bpm à ne plus savoir où donner de la tête. Everyday I’m Shufflin’ !
lmfao sorry for party rocking voir le clip de party rock anthem
halfbob
Salut Half Bob… Qui es-tu ? Sylvain Chanteloube, 37 ans, ex-animateur socioculturel essayant depuis quelques temps de faire du dessin en général et de la BD en particulier son activité principale (mais c’est pas facile)
D’où te vient ce pseudo ? Un jour, en passant devant un vidéo club, j’ai vu l’affiche d’un film qui s’appelait Half Nelson . J’ai beaucoup aimé ce nom et je m’en suis souvenu au moment de me choisir un pseudo. Je n’ai toujours pas vu le film en question, par contre !
Comment es-tu venu à la BD… ? Enfant, j’ai lu énormément de BD car mes parents étaient de gros amateurs. Je m’amusais à recopier certains personnages, Tintin, Gaston Lagaffe…Un jour, vers 8 ou 9 ans, j’ai eu envie de faire un BD moi-même, Firmin et Routenpavé, un plagiat éhonté de Johan et Pirlouit. Par la suite, j’ai toujours plus ou moins dessiné. Quand mon fils est né, j’ai arrêté de travailler pour m’occuper de lui, et j’ai mis à profit ses siestes pour dessiner de manière un peu plus poussée. J’ai rencontré des gens de l’association stéphanoise Trait d’encre, j’ai participé à leur fanzine collectif Murge et sorti quelques travaux persos avec eux. Ensuite j’ai commencé à publier en ligne Les aventures de Super Jean-Jacques, une BD jeune public. Puis j’ai lancé mon blog, Gimme indie rock !
… Et à la musique ? Là aussi, j’écoute de la musique depuis l’enfance. J’avais des disques de Carlos, un copain m’avait enregistré un cassette de Gotainer…De 12 à 16 ans , je suis allé de découverte en découverte, j’étais ouvert à presque tous les styles. Puis un copain m’a fait découvrir Doolittle des Pixies, un
vrai choc musical. Depuis, j’écoute presque exclusivement du rock. Il n’y a pas un jour sans que j’écoute de musique, quand je suis chez moi il y a tout le temps un album qui tourne.
On t’a découvert grâce à ton blog Gimme Indie Rock… Il existe depuis quand ? Je l’ai lancé en janvier 2010, il a donc à peu près un an et demi d’existence.
Qu’est-ce qui t’a motivé à créer un site ? Trait d’encre étant en stand-by, je me suis dit que la publication en ligne était le meilleur moyen de continuer à diffuser mes travaux !
Avec Gimme Indie Rock, tu as inventé une nouvelle manière de faire de la critique musicale et de la biographie musicale. Comment t’es venu l’idée ? J’ai toujours trouvé que Siné, dans ses chroniques, avait une façon de parler du jazz qui rendait ça intéressant même pour un allergique comme moi. Au départ, je voulais faire la même chose avec Gimme indie rock. Beaucoup de texte manuscrit et quelques dessins, pour parler de la musique que j’aime et essayer de la faire découvrir. Très rapidement, ça a évolué vers de la BD.
Quelle est ta manière de bosser ? Il faut d’abord que j’aie envie de parler d’un groupe ou d’un artiste. Ensuite j’essaie de trouver quelques pistes, voir sous quel angle l’aborder. Une fois que j’ai trouvé (ce qui peut prendre pas mal de temps), je fais quelques vagues crayonnés, puis je me lance dans l’encrage, je scanne tout ça et je fais quelques retouches sous Photoshop.
Ce qui est assez génial dans tes histoires c’est que tu n’hésites pas à te moquer des groupes que tu apprécies… Ah oui, c’est sûr, de toutes façons je n’aime pas sacraliser les choses. Et j’aime exagérer certains traits de caractère, détourner certains faits. Et puis quelqu’un que j’adore comme J.Mascis par exemple, j’ai l’impression qu’il est lui-même dans l’autoparodie permanente, qu’il entretient son image de glandeur léthargique.
Bon, il ne fait aucun doute que tu es un grand amateur de rock… Est-ce qu’il y a quand même d’autres genres musicaux que tu affectionnes ? J’ai écouté pas mal de metal à une époque, mais il ne m’en reste pas grand-chose, à part une certaine tendresse pour les quatre premiers Metallica. J’aime beaucoup Brassens , Renaud et Jacques Dutronc, mais je ne suis pas pour autant amateur de chanson française !Pour être franc, je n’écoute pas grand-chose d’autre que du rock !
Avant d’attaquer notre questionnaire de Proust musical, peux-tu nous parler de ton autre site qui est plus basé sur l’illustration ? C’est un peu un fourre-tout, j’y présente des visuels de t-shirts, des illustrations diverses, et pas mal de mash-up (combinaison improbable de deux personnages).
Maintenant, place à notre questionnaire de Proust musical… Dernier album acheté ? Smoke ring for my halo // Kurt Vile (1)
La chanson ou l’album que tu écouteras jusqu’à ta mort ? Doolittle // Pixies (album) (2) Schizophrenia» // Sonic Youth (chanson)
L’artiste que tu aurais aimé être ? Lou Barlow (3)
La musique de ton mariage ? Ho ho, dur de répondre à ça pour quelqu’un qui vit en union libre depuis de nombreuses années sans songer le moins du monde au mariage ! Mais bon, je dirais AM 180 de Grandaddy !
La musique de ton enterrement ? So you’ll aim towards the sky //Grandaddy Albuquerque // Neil Young.
La musique pour draguer ? (est-ce que ça marche ?) J’avais fait écouter Green mind (4) de Dinosaur Jr. à ma future compagne et elle avait plutôt bien aimé !
Le groupe qui n’aurait jamais du se séparer ? Les Pixies (5) ! J’aurais vraiment voulu qu’ils sortent un cinquième album dans les années 90 après Trompe le monde ! Mais bon, s’ils se décident à le faire maintenant, je suis preneur quand même, hein!
Le groupe qui n’aurait jamais du voir le jour ? Muse
La chanson qui te ressemble ? Instant street // dEUS.
Si tu devais dédicacer une chanson à un(e) ami(e) ? Aujourd’hui, maintenant // Experience
La pochette d’album que tu aurais aimé dessiné ? J’adore la pochette de Goo de Sonic Youth (6), dessinée par Raymond Pettibon. C’est un dessin que j’aurais aimé faire !
Ça aurait donné quoi ? Le personnage masculin aurait certainement eu un plus gros nez !
Retrouvez les deux volumes de Gimme Indie Rock sur le site de Vide Cocagne
nour tohmÉ
Salut Nour, peux-tu te présenter ? Hello, je m’appelle Nour Tohmé, et je suis graphiste & illustratrice franco-libanaise. Je suis passionnée par l’illustration, la typographie, et la musique, et mon travail est un mélange de ces trois choses.
Tu as seulement 23 ans et tu travailles déjà à la fois sur le « print » et sur le « web design », quel a été ton parcours ? J’ai d’abord fait mes études en design graphique au Liban, à l’Université Américaine de Beyrouth. Ma formation était plutôt centrée sur le print, donc j’ai choisi de m’orienter vers le webdesign et le multimédia pour mon master, que je suis venue faire à l’IESA Multimédia à Paris.
Qu’est-ce qui t’a amené à l’illustration ? J’ai toujours pratiqué ca depuis toute petite. J’ai commencé à développer mes techniques et compétences en intégrant de l’illustration dans mes projets universitaires de print ou web, et je continue à le faire aujourd’hui dans ma vie professionnelle. Je n’ai jamais vraiment suivi un apprentissage particulier en dessin et en illustration, d’ailleurs je considère que j’ai encore beaucoup de faiblesses et plein de choses à apprendre !
Ton travail est un mélange entre l’illustration et le travail typographique. Pourquoi avoir voulu associer les deux ? Je pense que c’est en étudiant l’art psychédélique des années soixante que mon obsession pour la typographie a commencé, et que j’ai commencé à la voir comme une forme d’art tellement intéressante et riche. J’adore l’illustration et j’adore la typographie, donc c’était naturel pour moi de vouloir mélanger ces deux formes d’art, pour créer ma propre expression. Ce n’est pas juste un but esthétique, c’est aussi intéressant de créer un dialogue entre l’image et le texte, que ce soit une complémenta-
rité ou une contradiction, et donner un nouveau sens à l’œuvre.
On t’a découvert avec ton site Draw me a song. Peux-tu nous en expliquer le concept et son évolution ? Draw me a song™ (« dessine-moi une chanson ») est une marque conceptuelle de posters que j’ai créée, qui illustrent des paroles de chansons célèbres de tous les genres. C’est une fusion entre le monde des arts visuels, et celui de la musique. C’est également une nouvelle manière d’exprimer ses préférences musicales. J’ai commencé à faire ces illustrations il y a environ 2 ans, sans but précis, sans penser que je pourrais en créer une marque. C’est à cause du buzz que ça a créé, des réactions des gens autour de moi, des gens sur internet qui voyaient ces illustrations sur mon blog, sur DeviantArt etc. , que j’ai voulu développer le projet. Je l’ai présenté en tant que mon projet de diplôme à l’IESA Multimédia. J’ai ensuite gagné le Deutsche Bank Creative Award, un prix de 10 000 € pour financer le projet! Je travaille actuellement sur toute la partie légale (il faut obtenir des contrats auprès des éditeurs de musique), avant de pouvoir lancer le site et vendre les posters au public. C’est pour bientôt !
Tu dois être fière d’avoir gagné le Deutsche Bank Creative Award cette année… Je suis très contente bien sur, je ne m’y attendais pas du tout, et ça m’a donné beaucoup de confiance en mon projet.
Est-ce qu’aujourd’hui, les internautes peuvent te demander une création personnelle ? En ce qui concerne Draw me a song, lorsque le site sera en ligne, les internautes pourront demander des posters de chansons qu’ils aiment. Bien sur,
je ne pourrais pas toutes les faire, mais je ferai celles qui seront beaucoup demandées, et celles pour lesquelles je peux obtenir les droits facilement. Pour d’autres illustrations ou créations, je travaille en freelance actuellement pour plusieurs clients, et j’accepte des commandes de créations personnelles et des collaborations !
Tu peux nous parler de tes projets « web design » ? En ce moment je me concentre plutôt sur des projets d’illustration et print, je dirais que le projet web auquel j’ai consacré le plus de temps en terme de design est Draw me a song. Mes projets web étaient surtout faits dans le cadre de mon Master, et j’ai aussi fait quelques sites pour des musiciens.
Quel rapport as-tu à la musique ? C’est ma première source d’inspiration. Je travaille très rarement dans le calme, il me faut de la musique pour m’inspirer. J’aime vraiment tous les genres de musique, je ne suis pas trop difficile. Les chansons que j’illustre ne sont pas forcément toutes des chansons que j’écoute ou que je préfère. Mais ce sont des chansons qui, je pense, sont importantes dans l’histoire de la musique, qui ont créé un impact sur le monde d’une manière ou d’une autre. Je choisis des chansons qui font partie de la culture populaire, pour atteindre le plus grand nombre possible de gens.
Comment travailles-tu chacune de tes illustrations ? Je fais d’abord beaucoup de recherches, surtout pour les illustrations de Draw me a song. Beaucoup de recherches sur la chanson, l’artiste, le style, le sens des paroles etc. Ensuite je fais mes croquis au crayon, et je les retrace et les colorie à l’ordinateur avec une tablette graphique. J‘ajoute ensuite les textures et motifs, que je fais souvent manuellement.
Quels sont tes futurs projets ?
Cet été, je dois finir un livre illustré pour enfants sur lequel je travaille actuellement. C’est la première fois que j’illustre un livre en entier donc c’est énorme pour moi ! Sinon j’ai plusieurs petits projets en freelance prévus, mais je me concentre surtout sur Draw me a song.
Maintenant quelques petites questions musicales… Dernier album acheté ? Adele // 21 (1)
La chanson que tu écoutes en boucle en ce moment ? Radiohead // Lotus Flower
La chanson que tu adores mais dont tu as un peu honte ? Britney Spears // I’m a Slave 4 U
L’artiste que tu pourrais écouter jusqu’à ta mort ? Radiohead // Portishead (2) // The Beatles
La chanson de ton mariage ? The Moldy Peaches // Anyone else but you (3)
Celle de ton enterrement ? Megadeth // Promises ou Dream Theater // The spirit carries on
La chanson qui te fait pleurer ? Jacques Brel // Ne me quitte pas (4)
Celle qui te redonne le sourire ? Les chansons Disney !
Celle qui te redonne le sourire ? Les chansons Disney ! (5)
La chanson qui te ressemble ? Kelis & Cee-Lo Green // Lil Star
Si tu devais dédicacer une chanson à un(e) ami(e) ? Bobby McFerrin // Don’t worry be happy
La pochette d’album que tu aurais aimé illustrer ? The Beatles // Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (6)
Ça donnerait quoi ? Aucune idée, elle est parfaite ! Mais j’espère qu’un jour j’aurai l’opportunité de travailler sur une pochette d’album aussi impressionnante que celle-ci.
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VOIR AVIGNON EN JUILLET... ET MOURIR (ou le Festival d’Avignon, c’est quoi ?) « Malgré toute ces grossieretés nous aurons été vivants.» Vincent Macaigne, Requiem 3
Soyons honnête, Avignon, pour moi, c’est le rêve : je passe mes journées à voir des spectacles et à boire des coups en terrasse ; je ne suis jamais seule car je ne peux pas me balader sans croiser quelqu’un que je connais (forcément tout le petit milieu du théâtre est là), il fait beau, chaud, il y a toujours quelque chose à voir, à lire, à entendre, c’est l’effervescence perpétuelle de jour comme de nuit…je sens tout l’énergie, la ferveur, le pouvoir de création et d’imagination, je sens le pire comme le meilleur, je sens que personne ne dort jamais, que le reste du monde n’existe plus… Bref, je vis une histoire d’amour palpitante pendant une semaine ! (parce qu’en revanche je n’y reste rarement plus d’une semaine...).
Y aller, ça fait quoi ? Sachez-le, amateurs d’aventures, aller à Avignon demande une certaine organisation ! Difficile de s’y prendre au dernier moment. La première fois que je suis allée à Avignon, en 2005, je ne bossais pas encore dans le milieu théâtral, je n’avais donc aucune entrée particulière pour y aller. J’ai alors fait comme tout festivalier motivé : j’ai cherché et réservé un appartement hors de prix dès le mois de janvier, j’ai mis mon réveil à 8h pile le jour de l’ouverture des réservations par téléphone et patienté pendant 20 minutes avec une musique barbante pour obtenir les spectacles et les dates que je voulais ; et je suis arrivée là-bas, hallucinée par le joyeux bordel régnant dans les rues saturées d’affiches en tout genre, bluffée par le monde qu’il y avait jour et nuit dans la petite rue des teinturiers, émerveillée par le Palais des Papes fièrement dressé devant moi en sortant du parking de la place de l’Horloge où on avait garé la voiture, effrayée par le nombre de spectacles qui se jouaient dans une même journée, émue par les efforts et la foi de ceux qui investissent argent et énergie dans leur projet artistique...et réveillée tous les matins par cette parade à la chanson débile qui passait systématiquement en bas de la fenêtre de ma chambre.
Le IN et le OFF, c’est quoi ? Très vite, on comprend qu’à Avignon, une guerre ancestrale sévit depuis fort longtemps : celle du IN contre le OFF, ou celle du OFF contre le IN…j’ai jamais trop compris d’où venaient les hostilités. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne s’aiment pas beaucoup : les uns sont taxés de prétentieux, hautains et friqués ; les autres de ploucs, vulgaires et galériens. Tous les clichés du milieu théâtral réunis! Fascinant ! Et pour avoir des amis qui bossent dans les deux camps, je peux vous dire que pendant ce festival, il y a bien un peu de mépris et de dédain d’un côté, et un peu d’aigreur et de jalousie de l’autre. D’une part, on a les compagnies du IN, subventionnées, qui jouent dans des lieux absolument incroyables de la région, avec un bar select rien que pour elles et la formidable responsabilité d’être le reflet de la création théâtrale de la scène contemporaine et internationale. D’autre part, les compagnies du OFF prennent souvent de gros risques financiers pour jouer un mois à Avignon, dans un rythme effréné elles doivent se battre les unes contre les autres pour exister dans une jungle concurrentielle, et, à défaut de bar privé, elles peuvent toujours se rabattre sur le Délirium, boîte d’Avignon, plutôt sympa au demeurant, même si on y crève de chaud. Pour moi, le IN et le OFF sont incontestablement complémentaires mais pas égaux. Sans le OFF, le Festival d’Avignon serait bien chiant, les rues seraient bien calmes et la vie moins festive. Inversement, sans le IN, le OFF serait insuffisant. La programmation officielle du IN permet de faire du festival un rendez-vous de renommée, donnant ses lettres de noblesse à certaines compagnies, permettant de voir des oeuvres incroyables et de faire avancer les mentalités.
Cette tendre guerre est, je crois, inévitable. Elle est, de plus, le reflet d’une dichotomie qui existe réellement dans le milieu. Grossièrement, celle qui existe entre le théâtre dit « privé », qui relève d’une économie privée, et le théâtre dit « public », soit subventionné. Impossible de l’ignorer ou de passer à côté : le festival d’Avignon est un étrange miroir du paysage théâtral français (ou en tout cas parisien) : toute la profession se retrouve dans les ruelles d’Avignon, on s’arrache des places pour les spectacles qui font le buzz (je le jure, j’ai déjà vu des bagarres de spectateurs devant les entrées des théâtres ou des gens faire la queue plus de 4 heures en plein cagnard avant un spectacle dans le but de choper des places de dernière minute...), on rêve de dénicher des entrées pour squatter aux pots de premières dans le verger du Palais des Papes ; mais surtout on focalise sur un endroit très controversé : le bar du IN !
Le bar du IN, pourquoi? Ce bar, c’est le QG du IN. A la base, il a été créé pour permettre aux gens qui bossent pour le festival d’avoir un endroit calme et tranquille où se retrouver le soir. Les entrées sont ainsi distribuées avec parcimonie aux artistes programmés et aux salariés. Le bar du IN, c’est une cour d’école aménagée genre bar cosy avec des espaces feng shui pour se poser boire un verre et passer la soirée en plein air avec un gymnase transformé en boîte de nuit où j’ai rarement vu plus de 20 personnes danser en même temps. Sauf que ce bar est devenu « the place to be ». Si bien qu’il existe un vrai trafic de places, chacun y va de son stratagème pour en dénicher, on se les échange, on les mendie, on les pleure…le but étant de pouvoir dire le lendemain : « hier soir ? oh, j’étais au bar du IN, c’était naze… » tout en rêvant bien sûr d’y retour-
Š laurent friquet
ner le soir-même ! Bref, ce qui est drôle avec le bar du IN, c’est que tout le monde dit que c’est nul, mais tout le monde cherche tout le temps des places pour y entrer...rien d’étonnant...cela n’est qu’une des nombreuses mascarades du Festival d’ Avignon.
Etre spectateur du Festival, comment ? Se balader avec son éventail qu’on agite constamment devant son visage en sueur. Privilégier les spectacles qui jouent dans des salles climatisées. Prévoir une couverture pour les spectacles du soir en extérieur. Etre constamment équipé de son petit plan de la ville et des théâtres. Toujours avoir un ou deux spectacles sous le coude à conseiller dans le OFF pour faire marcher le bouche à oreille. Profiter longuement des délicieuses terrasses de la ville attendant l’heure de son prochain spectacle. Et, le top du top, s’amuser à élire le titre le plus nul et l’affiche la plus ratée du spectacle OFF. J’ai notamment en tête l’excellentissime La Belge et le clochard dont je rêverais de vous montrer l’affiche, Ma voisine ne suce pas que de la glace (un classique du genre!), Ma cousine est un chic type, ou encore l’inimitable Beurgeois Gentilhomme ! Oui, c’est vrai, vous le sentez à mon ton moqueur, Avignon est aussi un monde cruel, dans lequel la critique est facile et les langues parfois acerbes ! Mais imaginez quelle joie, lorsque la veille de votre départ, accompagnée de vos deux amis passionnés de théâtre qui viennent de vivre leur premier festival avec vous, vous rentrez chez vous à 4h du matin dans une petite rue fraiche et agréable d’Avignon, un peu alcoolisée, doucement euphorique et déjà nostalgique, vous croisez le Beurgeois Gentilhomme lui-même, à vélo, semblant voler vers son destin , filant droit sur les pavés pour continuer son aventure, ce Beurgeois dont l’affiche et le
nom vous auront suffit à marquer les annales de votre amitié comme une blague récurrente et imparable dont on se souviendra toujours un sourire au coin des lèvres... by Charlotte Vié
Les spectacles du Festival d’Avignon (IN) que vous pourrez retrouver à la rentrée à Paris et que je vous conseille... Oncle Gourdin de Sophie Perez et Xavier Boussiron du 8 sept en 8 oct au Théâtre du Rond-Point Sul consetto di volto del figlio di Dio (sur le concept du visage du fils de Dieu) de Romeo Castelluci du 20 au 30 octobre au Théâtre de la Ville Au moins j’aurais laissé un beau cadavre de Vincent Macaigne du 2 au 11 novembre au Théâtre National de Chaillot Angelica Lidell présente Maudit soit l’honne qui se confie en l’homme, un projet d’alphabétisation au Festival 2011. La saison prochaine ne manquez pas ses 2 spectacles joués pour la 1ère fois à Paris : El Ano de Ricardo du 12 au 29 janv au Théâtre du Rond-Point et La Casa de la Fuerza du 23 au 28 mars au Théâtre de l’Odéon (spectacles passés au Festival d’Avignon en 2010).
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