Parallèles - Février 2008

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ParalLèles Numéro 1 / Février 2008

La religion s’invite au coeur des primaires américaines

P. 28

Chaînes publiques : Les PUBS à la poubelle

P. 76

Sex Toys : « Oh my GODE ! »

P. 62

La gauche en quête d’union sacrée

P. 44



SOMMAIRE EDITO Actus

P 4

P 28

Kava, l’alcool «PEACE n’ LOVE»

P 34 P 36

«Touaregs... TOI MÊME !»

Siège de la rédaction : 9, rue Alexandre Parodi 75010 Paris

Vous avez dit Force Basque ?

P 94 P 96

Humeur

Ciné : un Combat Rock

P 86 P 92

Bienvenue dans l’espace

Léonard Cohen, le polar

P 82 P 84

Culture, quoi de neuf ?

La Cure Artistique

P 76 P 78

Dans le foyer d’une plume

Portfolio : Six Feet Under

P 72 P 74

La PUB à la poubelle

Sex-Toys : «Oh my GODE !»

P 66 P 68

«Gone Parents Gone»

Le monde selon Linux

P 60 P 62

La vie façon Boxe Thaï

ETA : les sources de la lutte

P 56 P 58

«F*** ME, I’m Streaming»

Gauche : l’Union pas la Force

P 50 P 54

DOM TOM, Incorruptibles ?

Maroc, SEX and Sun

P 40 P 44

Une Justice «Datienne»

Primaires US, Amen

Mode : Vintage is Back

P 98

Playlist à chaque a rticle

Directeur de la publication : Eric Ouzounian - Rédacteur en chef : Alexandre Claude Chef des Informations : Emilie Bar - Secrétaire de rédaction : Marie-Astrid Kunerth Directeur Artistique : Nicolas de Rosamel - Maquettiste : Grégoire de Villepoix Iconographe : Guillaume Flaux - Rédacteurs : Hélène Bourgon, Damien Grosset , Thomas Federici, Pierre Tenaud, Géraldine Grand Colas, Grégory Kapustin, Thomas Rudeau, Agathe Seydoux, Jérôme Salbat, Stéphanie Ricome, Anne-Laure Vaineau, Lisa Ribinik, Valentine Marcireau, Reynald Trunsard Fanny Adjadj, Marie Bernard, Elodie Zamiara, Gédéon Richard, Anne Pinsolle - Crédits Photos : DR©

S

i la presse écrite est devenue en 2008 l’un des derniers salons ou l’on essaie de réfléchir, ou les tentatives de résister à l’uniformisation, aux formats courts et aux sources online sont restées vivaces, c’est qu’elle demeure le média ou l’exigence du journaliste, dans la forme comme sur le fond, ne peut plus tellement proposer au temps de cerveau disponible que rigueur et qualité de traitement. De parallélisme comme d’autres mots en «isme », il fallait pourtant se méfier, au risque de passer, comme l’Attali moyen, comme un barbare éloigné du quotidien du lecteur, qui naturellement cultivé, éveillé, docte, pondéré et réfléchi, se méfiant de l’opinion de Huns comme des autres, pouvait se sentir en manque de connivence avec l’époque, déconfit comme un adepte de la méthode Cauet devant la Une du Monde Diplomatique. Les élections américaines, l’audiovisuel public, la nécessaire interaction entre les plaisirs des filles et l’industrie du silicone, les nouvelles nouveautés des technologies, le retour du Vintage et de Leonard Cohen offrent en ce début Février un éclairage subjectif sur un monde en mouvement sous de multiples latitudes, qui du Maroc à la Nouvelle Calédonie sans oublier les lointaines galaxies, offre à l’œil curieux de multiples raisons de s’informer, sur un mode ludique et décalé que n’aurait pas renié le défunt, mais néanmoins excellentissime Jean-François Bizot, fondateur d’Actuel, à qui ce premier numéro se permet de faire un clin d’œil posthume. Eric Ouzounian


MONDE

Vite dit Rice Tour Condoleeza Rice effectuera une tournée en Asie fin février. La secrétaire d’État américaine se rendra à Séoul pour la cérémonie d’investiture du nouveau président sud-coréen. Sa visite interviendra alors que les pourparlers sur les activités nucléaires en Corée du Nord se poursuivent entre les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Russie et la Corée du Sud et du Nord.

Législatives en Iran En vue des législatives du 14 mars, les anciens présidents iraniens Rafsandjani et Khatami ainsi que l’ex-président du Parlement ont décidé d’unir leurs forces pour obtenir le repêchage de candidats réformateurs et conservateurs modérés. Ils ont été plus de 50% à être disqualifiés des législatives.

L’Ukraine rentre dans l’OMC L’accord conclu le 25 janvier concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’OMC, devra être validé par l’ensemble des pays membres de l’organisation au cours d’une réunion du Conseil général le 5 février.

Fin de carrière pour Fidel Castro ?

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résidera, présidera pas ? Il reviendra à l’Assemblée nationale de décider de l’avenir politique de Fidel Castro, le 24 février prochain. La législation lui donne 45 jours pour désigner le prochain gouvernement et président cubains. Fidel Castro, 81 ans, est en convalescence depuis 18 mois, suite à une lourde opération intestinale. C’est son demi-frère, Raúl Castro, qui assurait jusqu’alors le rôle de chef d’Etat par intérim. Lors des élections législatives du 20 janvier, renouvelant l’Assemblée nationale, 8,4 millions d’électeurs ont réélu le Lider Maximo, député, témoignant de sa popularité. Après avoir rendu visite à Fidel Castro, le président Lula l’a jugé « prêt à assumer » de nouveau le pouvoir. L’état de santé du

Après 18 mois d’absence, Fidel Castro pourrait retrouver son siège présidentiel

dirigeant cubain semble pourtant toujours instable. Commentant la rencontre avec son homologue brésilien, le Lider Maximo déclarait « je me suis senti

très bien. » Quelques jours plus tard, il expliquait ne pas disposer « des capacités physiques nécessaires » pour participer à une mobiF.A. lisation électorale.

La France n’abandonne pas Ingrid

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ernard Kouchner gie diplomatique Ingrid Bétancourt est détenue par se rendra particulière afin de les FARC depuis février 2002. prochainetraiter avec les FARC. ment en Colombie. Dans le cas de la La date exacte du déColombie, il ne suffit placement reste à pas de traiter avec les définir. Le voyage du rebelles comme cela a ministre des Affaires pu être le cas au Tchad étrangères est destiné à ou en Libye. Il faut accélérer le travail aider le président, concernant la libéraAlvaro Uribe, à communiquer tion des otages des avec les rebelles Forces Armées Révopour faire avancer lutionnaires Colomles négociations. biennes (FARC). Après Il souhaite que ce la remise en liberté de déplacement renClara Rojas et Consuelo Gonzalez, l’espoir est re- bienne est détenue par les force « la convergence venu pour les familles des rebelles depuis le 23 février des actions » des chefs d’Amérique captifs, le clan Betancourt 2002. Bernard Kouchner d’Etats en tête. La franco-colom- doit adopter une straté- du Sud. S.R.

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MONDE

Présidentielle russe sans surprise ter la victoire. Son principal adversaire Mikhaïl Kassianov a été contraint d’abandonner la course électorale, n’ayant pas réussi à obtenir le nombre de signatures nécessaires pour se présenter. Lui et d’autres, comme Gary Kasparov, ont alors été automatiquement rayés de la course présidentielle. S’il parvient à la tête de l’Etat russe, Medvedev envisage de « poursuivre un développement calme et stable. » De son côté, Vladimir Poutine dit être prêt à servir comme Premier ministre sans exclure cependant de se présenter à l’élection de 2012. E.Z.

Vladimir Poutine au côté de son successeur désigné

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auf avion qui s’écrase sur le Kremlin, Dmitri Medvedev, l’actuel vice-Premier ministre, devrait devenir, le 2 mars prochain, le nouveau président de la Russie. Non pas que Vladimir Poutine veuille abandonner le trône, mais deux mandats

successifs obligent, il va falloir changer de chaise. Poutine a déjà fait savoir qu’il soutenait fermement celui avec qui il travaille depuis le début des années 1990. En tête de tous les sondages, Dmitri Medvedev est quasi assuré de rempor-

La France rectifie le tir en Côte d’Ivoire

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’opération Licorne, la force française déployée en Côte d’Ivoire depuis le début du conflit en 2002, va réduire ses effectifs de 2 400 à 1 800 hommes d’ici mars. « La France va procéder à un nouvel ajustement et une ré-articulation de son dispositif », a ainsi déclaré le capitaine Christophe Prazuck, invoquant « l’amélioration de la situation sécuritaire » en Côte d’Ivoire. Déployée en 2002 pour protéger les ressortissants étrangers, Licorne est devenue une force de réaction rapide en soutien aux 8 000 Casques bleus de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Selon le porte-parole de la for-

Des soldats de la Force Licorne en Côte d’Ivoire, en avril 2007

seront désormais basées à Abidjan, la capitale économique, et à Bouaké, le quartier général de l’ex-rébellion. Les casques bleus de l’Onuci se redéploieront plus largement sur le territoir. G. G-C.

ce, le lieutenant-colonel Jacques Combarieux, cet ajustement se fait en « parallèle avec les forces de l’Onuci qui vont réduire le nombre de leurs camps de 44 à 24. » Les forces françaises en Côte d’Ivoire

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Ils l’ont dit « Le moment est venu de lancer la bataille décisive contre le terrorisme. » C’est ce qu’a déclaré Nouri Al-Maliki, Premier ministre irakien, au lendemain de la journée la plus meurtrière à Bagdad. Deux attentats, attribués à Al-Qaïda, ont fait une centaine de morts et plus de 200 blessés, le 1er février dernier.

« D’un côté, M. Kibaki se dit engagé dans le processus de médiation en cours. De l’autre, il sape ce processus en disant que les problèmes du Kenya peuvent être résolus par l’action des tribunaux locaux », a déclaré Raila Odinga, le chef de l’opposition au gouvernement kenyan. Les camps du Président et l’opposition ont convenu de prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux affrontements post-électoraux.

« Le président Déby nous a demandé de nous occuper des blessés, de les prendre en charge, nous le faisons », a précisé le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner suite à l’aggravation de la situation au Tchad.


MONDE

Elections « libres » au Pakistan

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es Pakistanais attendent avec impatience les élections législatives du 18 février. Celles-ci voulues « libres, régulières et transparentes » par le Président pakistanais Pervez Musharraf attirent toute l’attention de la communauté internationale. L’assassinat du chef de l’opposition pakistanaise Benazir Bhutto, qui avait déclenché une vague de violences, avait contraint Musharraf à reporter les élections. Ces législatives représentent un enjeu très important, pour le pays qui compte 160 millions d’habitants et seul état du monde musulman à posséder l’arme atomique. Des élections essentielles pour Pervez Musharraf, qui serait contraint de quitter son poste si l’opposition venait à remporter la majorité des sièges. Les membres du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), ancien parti de Bhutto estiment déjà que le scrutin pourrait être « truqué » pour permettre aux partisans du Président de rester en place. Fidèle allié des Etats-Unis, Musharraf confirme vouloir poursuivre sa lutte contre le terrorisme. E.Z.

Le Liban dans l’impasse

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e 24 novembre 2007, le mandat d’Emile Lahoud en tant que président de la République libanais prenait fin. Le Liban se retrouve sans personne à la tête de l’Etat et plonge alors dans une crise politique sans précédent. Plus de deux mois plus tard, la situation n’a pas évoluée. Il y a eu au total 13 ajournements de la réunion du Parlement libanais destinée à élire le nouveau chef d’Etat. La nouvelle date retenue est celle du 11 février. Pourtant, pour de nombreux observateurs, cela ne fait aucun doute que cette date sera de nouveau synonyme de camouflet tant la situation politique est complexe. Le président du Parlement, Nabih Berri, se défend : « Il y a de nombreux arguments capables d’expliquer les reports de semaines en semaines de l’élection d’un nouveau président de la République. » Les multiples crises régionales qui touchent le pays, l’incapacité des camps politiques à s’entendre, les problèmes sont nombreux, les solutions rares. Aujourd’hui l’impasse dans laquelle se trouve le Liban semble totale. R.T.

Pervez Musharraf

Vite dit Bush l’Africain

Eco-développement

Deep Impact

George W. Bush, entamera une visite en Afrique du 15 au 21 février. Ce périple le mènera au Bénin, en Tanzanie, au Rwanda, au Ghana et au Libéria. Durant son voyage, le président américain et ses hôtes discuteront notamment du renforcement de la coopération économique et de la lutte contre le sida et le paludisme.

La sixième édition du sommet d’affaires européen se tiendra les 21 et 22 février à Bruxelles. Intitulé « Greening the economy: new energy for business », il visera à faciliter les rencontres entre dirigeants commerciaux et politiques, ONG, médias et universitaires internationaux. Objectif : échanger leurs idées sur le changement climatique, l’énergie et l’éco-innovation.

Un satellite espion américain pourrait bien s'écraser sur Terre dans les semaines à venir, suscitant déjà de nombreuses inquiétudes sur une possible pollution de l'atmosphère ou du lieu d'impact.

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EUROPE

Vite dit A demi-mots La Serbie devrait signer, le 7 février, un accord essentiellement commercial et de facilitation de visas avec les pays de l’Union européenne. Les PaysBas s’étaient opposés à un accord complet de rapprochement entre la Serbie et la communauté européenne. En parallèle, l’UE a souligné qu’elle souhaitait « approfondir ses relations avec la Serbie. »

Radars sur l’eau Bientôt les canaux de Venise seront équipés de radars automatiques dans les zones où la vitesse est réglementée. Les bateaux, trop souvent en excès de vitesse, seront équipés d’une puce électronique afin d’être identifiés.

Changement climatique La Commission européenne organisera, le 26 février, un séminaire sur le changement climatique et les normes environnementales. La problématique qui sera abordée : « Comment concevoir les politiques industrielles dans une perspective de développement durable ? »

Le Traité de Lisbonne en voix de ratification

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les trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le Parti socialiste ayant déjà annoncé qu’il boycotterait le Congrès. Plus connu sous le nom de « mini-traité », selon la formule du chef de l’Etat, ce traité constitutionnel reprend 90% des dispositions, dans leur principe,

e Traité européen de Lisbonne suit son chemin vers la ratification. Alors que le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté fin janvier la révision de la Constitution française, c’est au tour du Parlement, convoqué par le Président Sarkozy, de se réunir le lundi 4 février en Congrès à Versailles. Les 577 députés et 330 sénateurs devront voter la mise en conformité de la Constitution française, préalable à la ratification du Traité de Lisbonne. La majorité, qui a toutes les chances d’être réunie, devra recueillir

de l’ancienne Constitution européenne rejetée par référendum le 29 mai 2005. L’autorisation de ratifier le Traité sera par la suite examinée par les Parlementaires. Le projet de loi sera discuté à l’Assemblée nationale puis au Sénat les 6 et 7 février. A-L.V.

Le Kosovo bientôt indépendant

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e qui apparaissait il y a encore quelques mois comme de la pure utopie, n’est plus qu’une question de jours. Le 27 janvier dernier, le président de l’Albanie, Bamir Topi s’en est félicité. « Le Kosovo est au seuil d’un moment historique, celui de la déclaration d’indépendance. » Deux jours avant, Hashim Thaçi, Premier ministre du Kosovo, déclarait dans le Wall Street Journal, « cela se fera dans les jours qui viennent. » Il reste néanmoins de nombreux détails à régler. Le 28 janvier, Thaçi a rencontré le Président Fatmir Sejdiu et le président de l’Assemblée, Jakup Krasniqi, pour finaliser la déclaration d’indépendance et se mettre d’accord sur les nouveaux symboles du pays (drapeau et hymne). Un grand débat public sur la Constitution est également en préparation. Appuyé par l’Union européenne et les Etats-Unis mais condamné par la Russie et la Serbie, l’indépendance du Kosovo devrait intervenir le 18 février à l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ou au plus tard début mars. R.T. Un camp de réfugiés au Kosovo

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Politique

Vite dit France 2025 Le 11 février, François Fillon donnera le coup d’envoi de l’exercice « France 2025. » Un rapport sur l’état du pays, qui précédera la mise en place de groupes de travail, chargés de proposer des stratégies politiques sur le long terme d’ici à l’automne. Le secrétaire d’Etat à la prospective, Eric Besson, s’est déjà défendu d’une quelconque réponse au rapport Attali.

Sarkozy en Afrique du Sud

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icolas Sarkozy se rendra en visite officielle en Afrique du Sud les 26 et 27 février. Une première en cinq ans pour un chef d’Etat français. Ce déplacement intervient dans la lignée du sommet Union européenne / Afrique de décembre 2007. Les conflits en Afrique et les opérations de maintien de la paix sur le continent seraient ainsi au centre des discussions. « Nous travaillons au niveau bilatéral et à travers l’Union européenne et l’Union africaine sur les situations des conflits », a déclaré le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères Aziz Pahad. Des officiers français travaillent déjà en collaboration avec des experts militaires d’Afrique du Sud sur la mise en place de forces de défense en République centrafricaine. Nicolas Sarkozy emmène également dans ses valises la présidente du directoire d’Areva. La société a déjà proposé à l’Afrique du Sud de lui fournir deux réacteurs nucléaires de troisième génération. EDF souhaiterait également investir dans le pays. De nombreuses entreprises françaises ont déjà signé plusieurs contrats ces derniers mois. S.R.

Conférence sociale Nicolas Sarkozy propose une rencontre avec les partenaires sociaux, le 6 février 2008. Cette conférence sociale a pour objectif de créer un « agenda » de réforme pour la protection sociale. Le Président veut afficher sa nouvelle stratégie de négociations pour 2008.

Un jour férié de plus Le lundi de Pentecôte est de nouveau férié. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Travail Xavier Bertrand, expliquant que le principe d’une « journée de solidarité » était toujours de mise mais qu’il laissait le libre choix aux entreprises de choisir une date pour cela.

Le PS, un parti en crise

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e dernier forum de la rénovation du parti socialiste devait être le point de départ des élections municipales. Les principaux responsables du parti étaient d’ailleurs tous là. De Fabius à Hollande, en passant par Royal. Même DSK avait trouvé le temps de quitter Washington et son poste de président du FMI, histoire de rappeler à ceux qui en doutaient encore qu’il était toujours socialiste. Pourtant, pour les militants, cet événe-

ment a de nouveau été synonyme de déception, voir d’agacement. A l’heure où le PS devrait se moderniser, la danse des éléphants est repartie de plus belle. Une situation qui dure depuis top longtemps. Les querelles entre ses leaders font que le parti de la rose n’attire plus. Pire encore, elles font fuir ses militants. Les premières estimations montrent une baisse de près de 40% du nombre d’adhérents. La bataille des municipa-

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les est donc une échéance à ne pas rater. Après, il sera alors temps de parler de rénovation. Un nouveau départ qui pourrait être symbolisé par Bertrand Delanoë, qui lui n’a jamais été aussi populaire. R.T.


Politique

Un plan sur la comète

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e Plan banlieue, baptisé « espoir banlieue », proposé par Fadela Amara sera détaillé, le 8 février, par Nicolas Sarkozy. Le projet fait polémique depuis le début de l’année. François Fillon avait notamment déclaré vouloir jouer un rôle dans ce projet politique, soulignant la nécessité de mettre en place une stratégie « spécifique » se rapportant aux quartiers les plus sensibles et défavorisés. Christine Boutin, ministre du Logement déclarait, pour sa part, ne pas croire « en un plan banlieue mais en une autre politique de la ville. »

Le projet, s’il sort enfin de la sacoche de Fadela Amara, devrait notamment prévoir la mise en place de l’accompagnement personnalisé des jeunes sans emploi. Ces derniers pourraient dès lors se voir proposer de suivre une formation longue, débouchant sur un emploi. Autres mesures annoncées, le désenclavement des quartiers et la mise en place de moyens permettant de lutter contre l’échec scolaire. La question du financement du plan reste en suspens. Fadela Amara souhaite consacrer un milliard d’euros au désenclavement de 50 quartiers. S.R.

Le plan «espoir banlieue» favorisera 50 quartiers défavorisés.

En vue

Relancer le pouvoir d’achat

Luc Chatel : Le secrétaire d’Etat chargé de la consommation et du tourisme fait surtout parler de lui pour ses travaux sur les recours de groupe en justice. Mais Luc Chatel planche également sur des sujets aussi divers que l’ouverture des commerces le dimanche, les soldes ou la possibilité pour les grandes surfaces de vendre des produits pharmaceutiques. A 43 ans, le secrétaire d’Etat affirme ses positions et n’hésite pas à s’opposer à Christine Albanel, ministre de la Culture. Ce fut le cas récemment sur la taxation des hôtels de luxes.

Cécile Duflot : Après avoir été porte-parole des Verts pendant un an, Cécile Duflot a été élue secrétaire nationale des Verts, en remplacement de Yann Wehrling. Elle souhaite faire de son camp, l’un des principaux parti d’opposition. La jeune femme âgée de 32 ans, a régulièrement apporté son soutien à José Bosé lors de ses actions de lutte contre les cultures OGM.

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Jérôme Chartier

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érôme Chartier et Frédéric Lefebvre, députés UMP du Val d’Oise et des Hauts-de-Seine, sont attendus à Poitiers le 15 février, à Epinal le 21 et à Dijon le 28 février, à l’occasion de leur tour de France du pouvoir d’achat. Chargés d’un groupe de travail sur le pouvoir d’achat à l’Assemblée nationale, où ils ont déjà émis plusieurs propositions de loi sur ce thème, les députés ont entamé leur marathon le 23 janvier dernier. Dans leur présentation, ils optent pour la pédagogie, afin d’expliquer concrètement aux Français les mesures mises en place par le gouverne-

ment pour relancer le pouvoir d’achat. « Ce tour de France vise à montrer par la preuve que […] l’heure supplémentaire travaillée, […] atterrit vraiment dans la poche des français », explique Jérôme Chartier. Au cours de ces réunions publiques dans les grandes villes universitaires, ils reviendront aussi bien sur le système de paiement des RTT que sur les mesures de réduction d’impôts sur la résidence principale. Ces dates n’ont pas été choisies au hasard. A la veille des municipales, le thème du pouvoir d’achat est le centre des préoccupations des Français. E.Z.


Société

Vite dit L’homme qui valait 5 milliards La cour d’appel de Paris examinera, le 8 février, l’appel du procureur contre la remise en liberté du trader voleur de la Société Générale. Jérôme Kerviel, qui avait causé un trou de 4,8 milliards dans les caisses de la banque française, pourrait être placé en détention provisoire pour éviter une fuite à l’étranger.

Les charrettes sur les rails

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a SNCF va supprimer 1 500 postes en 2008. La nouvelle devrait être annoncée le 13 février lors du conseil d’administration de l’entreprise ferroviaire. L’information, qui avait déjà filtré dans les colonnes du Figaro, faisait premièrement état de 6 000 suppressions d’emplois dans le fret. La SNCF affirme que « seuls » 1 500 emplois seront concernés, soit moitié moins qu’en 2007. Un discours auquel le syndicat Sud-Rail n’accorde toujours aucun crédit. Le chiffre de 6 000 suppressions serait bien authentique et pourrait même être revu à la hausse une fois la restructuration de l’activité fret terminée. Une théorie que dément la SNCF. Par ailleurs, l’entreprise ferroviaire a précisé que ces suppressions ne donneront lieu à aucun licenciement. Elle promet même le recrutement de 5 000 jeunes. On ne sait pas encore cependant si la SNCF signera des contrats à durée indéterminée ou si elle pariera sur l’emploi intérimaire et son faible investissement financier. Le service fret, qui a perdu 900 millions d’euros en 2007, compte aujourd’hui 20 000 cheminots. F.A. Les employés du fret sont les premiers oncernés par le remaniement de la SNCF

Hommage Nicolas Sarkozy rendra hommage à Claude Erignac, le 6 février, au ministère de l’Intérieur. Le préfet avait été assassiné le 6 février 1998 à Ajaccio. Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, pour le meurtre du préfet, a fait appel de la décision judiciaire en janvier dernier.

Taxis à l’arrêt La fédération nationale des artisans du taxi appelle à une nouvelle journée de mobilisation le 6 février. Les chauffeurs de taxi s’opposent à la déréglementation du secteur, suggérée par le rapport Attali et demandent entre autres « l’actualisation des tarifs » et « l’exonération de l’éco-pastille. »

La nouvelle offre de l’ANPE

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près 41 ans d’existence, l’ANPE va bientôt disparaître. Promise par Nicolas Sarkozy, la loi de réforme du service public de l’emploi, comprenant la fusion de l’Agence nationale pour l’emploi et des Assedics devrait être adoptée courant février. 40 000 agents issus de l’ANPE et des Assedics vont prochainement devoir s’unir. La fusion des deux maisons, préparée sous le nom de code « Franceemploi », est en cours et devrait voir le jour fin 2008. Son objectif : permettre une meilleure prise en charge des demandeurs d’emplois et ainsi faire passer le taux de chômeurs de 9 à 5 % d’ici 2012. Mais les syndicats et les salariés ne sont pas du même avis. Ils dénoncent les réductions d’effectifs que vont engendrer la nouvelle loi et l’obligation pour les chômeurs d’accepter les offres proposées afin de conserver leurs allocations. Malgré la grogne des syndicats, la loi sera sans aucun doute votée d’ici peu. Déjà, des formations sont prévues pour initier chaque agent du nouvel organisme, aux métiers de l’ANPE et des Assedics. M.B.

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Société

Des défibrillateurs en libre accès

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nstallés aux Etats-Unis depuis dix ans, les défibrillateurs libre-service se généralisent en France. La ville de Paris a prévu d’installer 236 défibrillateurs dans 106 emplacements de la ville savamment choisis. Les lieux de forte fréquentation, comme les gares, seront donc équipés. Côté pratique, les adultes comme les enfants sachant lire peuvent utiliser un défibrillateur automatisé. Il suffit de prendre l’appareil sur la borne, lire les instructions et le schéma qui composent le pack et

de passer à l’action. Un geste qui permettrait de sauver 40 % des personnes en arrêt cardiaque. Aujourd’hui, seules 3 % des victimes survivent. Pour Pascal Blanchet, responsable à la Croix-Rouge, il est impossible de mal utiliser l’appareil : « Ces défibrillateurs ne se trompent jamais, ils envoient des chocs électriques uniquement si besoin. Leur taux d’erreur n’est que de 0,2% ». Des défibrillateurs libre-service sont également en cours d’installation dans diverses villes de France (Arras, Marseille, Caen…). F.A.

Procès d’images L’audience finale du procès en appel de l’affaire Mohammed Al-Dura se déroulera le 27 février. Philippe Karsenty, responsable de Média Ratings, avait été condamné en 2006 pour diffamation envers Charles Enderlin, reporter à France 2. Il l’avait accusé d’avoir délibérément mis en cause Tsahal dans l’assassinat du jeune palestinien.

La mode contre le Sida

Les défribilateurs automatisés s’utilisent sans brevet de secouriste

Le permis fait le point

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Le permis de conduire n’en finit pas d’être revu

Vite dit

e secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau souhaite réformer le permis de conduire avant cet été. Il projette de « simplifier cet examen » avec l’aide de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie chargé de la sécurité routière. Le projet vise à réduire la pollution et la consommation d’essence en misant sur la conduite économique et la sécurité. Les propositions devraient être présentées à François Fillon avant le printemps.

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Avec cette réforme, le secrétaire d’Etat aux Transports espère également diminuer le temps d’attente entre l’inscription et le passage de l’examen. Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau envisagent enfin d’instaurer « le permis tout au long de la vie ». Il permettrait aux conducteurs, de tous âges et de toutes expériences, d’avoir un suivi régulier avec des inspecteurs de permis ou des intervenants d’auto-école pour s’assurer de rester à niveau. S.R.

Dès le mois de février, H&M et Rihanna s’engagent contre le Sida. La chanteuse américaine et la marque de vêtement suédoise lancent une collection spéciale dont 25% des bénéfices seront reversés à la lutte contre le Sida.

Derniers jours A cinq semaines des élections municipales, il est encore temps d’établir une procuration. Mandant et mandataire doivent habiter la même commune. La procuration, valable pour un ou deux tours, est gratuite. Seul impératif, s’assurer de remplir les papiers trois jours ouvrables avant les élections.


ECONOMIE

EasyJet s’envole en France

Luc Chatel souhaite adapter la class action en France

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Consommateurs: unissez-vous !

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e secrétaire d’Etat à la Consommation, Luc Chatel remettra dans les prochaines semaines ses propositions sur l’action de groupe (« class action », en anglais), à Christine Lagarde, la ministre de l’Economie. Elles devraient faciliter les recours en justice des consommateurs français. L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a même lancé une pétition sur Internet en faveur des actions de groupe. L’UFC dénonce par exemple les « prix excessifs dans la téléphonie mobile, les prélèvements de frais bancaires inclus, et la défaillance

ingt-trois nouvelles lignes seront ouvertes par easyJet en France au premier semestre 2008, notamment vers Marrakech, Hambourg, Cracovie, Porto et Venise. La compagnie britannique à bas coûts augmentera ainsi l’étendue de son réseau de 50 %. Grâce à cet important développement, ce sont huit millions de passagers qui devraient désormais lui faire confiance tous les ans, soit deux millions de plus par rapport à l’an dernier. « L’ampleur du développement d’easyJet sur les quelques mois à ve-

nir démontre l’important potentiel de croissance de la France. Avec un taux de pénétration du lowcost inférieur de moitié à la moyenne européenne, l’Hexagone offre d’extraordinaires opportunités de développement », justifiait François Bacchetta, directeur d’easyJet France. L’année dernière, les compagnies européennes membres de l’association des transporteurs à bas coûts (ELFAA) ont transporté plus de 120 millions de passagers. Elles affichent ainsi une augmentation de 19 % par rapport à 2006. E.Z.

des fournisseurs d’accès à Internet ». Déjà plus de 105 000 signataires ont approuvé cette pétition. Jusqu’à présent, seul un regroupement en association autorise les groupes d’individus à intenter une action devant les tribunaux. Avec ce projet de loi les consommateurs ayant subi un même préjudice, pourront faire reconnaître leurs droits. « Nous allons y arriver, les mentalités ont évolué, tant au parlement que chez les professionnels qui ne sont plus fermés à cette logique d’action de groupe », a annoncé Luc Chatel lors de ses voeux à la presse. E.Z.

Vite dit L’argent du jeu Ventes record pour les jeux vidéo : 2007 aura été une année très fructueuse pour Nintendo, Microsoft et Sony, qui se partagent 19,7 milliards de dollars de vente de jeux vidéo aux Etats-Unis. Au total, ce sont 8,5 millions de DS et 6,3 millions de Wii qui se sont écoulées sur le marché américain.

Mauvaise passe Comme un malheur n’arrive jamais seul, Daniel Bouton, le PDG de la Société Générale était convoqué par le tribunal correctionnel de Paris le 4 février, pour le procès du Sentier 2. Mis en examen pour blanchiment d’argent, il est accusé d’avoir participer à un trafic de chèques entre la France et Israël.

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Ça capte mal Nokia quitte l’Allemagne pour la Roumanie. Le directeur général de Nokia a annoncé la fermeture de l’usine située à Bochum en Allemagne. Le géant finlandais de la télécommunication a préféré délocaliser sa production en Roumanie. 2 300 personnes se retrouveront ainsi au chômage.



ECONOMIE

Des fonctionnaires mieux payés

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’ensemble des syndicats de fonctionnaires et le Premier ministre se rencontreront le 4 février pour discuter de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique. La réunion, d’abord prévue pour le 18 février,

fait suite à la grève du 24 janvier. Les syndicats et fédération de fonctionnaires avaient écrit à François Fillon pour lui demander l’ouverture de négociations salariales et ce « dès la première semaine de février. » Le pouvoir d’achat sera au coeur des

débats : les syndicats de fonctionnaires estiment qu’il a diminué de 6 % entre 2000 et 2006. Eric Woerth, a d’ores et déjà annoncé que le point d’indice, servant de base de calcul du salaire des fonctionnaires, augmentera cette année, sans toute-

fois préciser le montant de cette hausse. Un point de pourcentage en plus représenterait un coût financier de 1,6 milliard d’euros par an. D’après Bercy, il serait difficile d’aller au-delà, le budget du ministère ne dispose pas de fonds suffisants. E.Z.

Krach boursier ou simple crise ?

L

a dégringolade se poursuit sur les places boursières. Toutes sont irrégulières, après la tempête financière qui a agité les grandes places mondiales le mois dernier. Ce n’est pas tant l’instabilité financière qui inquiète, mais bien la peur de voir s’installer une crise économique plus profonde. Pour contrer ce risque, la Réserve fédérale

américaine a abaissé son principal taux directeur de 1,25 point, le ramenant ainsi à 3 %. En toile de fond, on retrouve la crise des Subprimes qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Alan Greenspan qui a dirigé la Fed de 1987 à 2006, estimait à « 50/50, peut-être plus » le risque de récession économique. Mais, on est loin de la crise de 29 qui

a agit comme un véritable cataclysme à l’échelle mondiale. Les petits épargnants peuvent donc se rassurer : « Ces fluctuations ne sont pas structurelles mais bien conjoncturelles. Ce n’est simplement pas le bon moment pour vendre ses actions. Sur 4 ou 8 ans par exemple, les actionnaires seront gagnants », estime un conseiller de la Caisse d’Epargne. E.Z.

Chiffres Avec une augmentation de en un an, les prix des produits pétroliers (essence, fioul, huiles…) sont, en février, à leur apogée. Même mauvaise surprise pour les fruits et légumes. L’Insee prévoit un bond de des prix pour la même période.

12,4 %

La compagnie aérienne China Airlines, basée à Taïwan, a commandé . Les premiers appareils devraient être livrés en 2015. La compagnie souhaite ainsi moderniser sa flotte long-courrier face à une demande toujours plus importante.

XWB

20 A350

10 à 11%

16

38,4 M 11%

C’est le chiffre de la croissance économique de la Chine, pour l’année 2007. D’après les économistes, ce taux correspond à la croissance la plus importante jamais vue depuis 13 ans.

C’est le déficit budgétaire de la France l’année dernière. Les dépenses de l’Etat atteignent 266,8 milliards d’euros, en 2007.



media

Vite dit Ryan Air s’excuse La compagnie aérienne a présenté jeudi 31 janvier ses « excuses profondes » à Nicolas Sarkozy et à sa femme Carla Bruni. Attaqué en justice par le président, Ryan Air avait détourné une photo du couple pour sa dernière campagne promotionnelle. Le juge donnera sa décision mardi 5 février.

Les progrès du « Progrès » Le quotidien régional « Le Progrès » a décidé d’apporter quelques modifications au niveau de sa ligne éditoriale et de sa maquette. Jean-Claude Lassalle, directeur délégué du groupe, indique qu’une réflexion a lieu sur une réduction éventuelle du format papier. Son site Internet va également être développé.

RFI disparaît de la Côte d’Ivoire L’organe de régulation des médias en Côte d’Ivoire a ordonné l’interruption, depuis le 31 janvier dernier à minuit, de la diffusion des émissions de Radio France Internationale. La raison, l’absence d’un correspondant de la radio dans ce pays.

GQ débarque en France

L

e 20 février prochain, les kiosques vont accueillir la version française du magazine GQ (prononcez « djikiou »). Bien que le marché du masculin haut de gamme n’ait jamais vraiment décollé en France, le groupe de presse Condé Nast a décidé de lancer une édition française de son célèbre Gentleman’s Quaterly. Avec plus de deux millions de lecteurs dans le monde, dont 850 000 pour le seul marché américain, le magazine créé en 1957 a su trouver la recette

L’édition américaine du magazine GQ

du succès international. Un magazine pour le mâle citadin de 25 à 40 ans à tendance généraliste et éclectique. Anne Boulay, ancienne de Libération, sera aux commandes d’une équipe éditoriale de choc, Frédéric Beigbeder, David Abiker, Jean-Paul Dubois en tête. Pour Xavier Romatet, PDG de la filiale française de Condé Nast, GQ n’est pas « une revue de substitution mais […] un complément des news (Le Point / l’Express) ou des pictures magazines (VSD / Paris Match). »L.R.

Le Monde va-t-il enfin tourner rond ?

L

e Monde est en crise. Le président de la société des rédacteurs du quotidien (SRM), Jean-Michel Dumay a quitté la société le 1er février dernier, ne pouvant briguer un nouveau mandat. Le Monde écrit une nouvelle page de son histoire. Eric Fottorino, journaliste et romancier, a été élu président du directoire le 25 janvier. Le journal connaissait des difficultés depuis début 2007 suite à l’éviction de Jean-Marie Colombani, et le départ de l’ancien président JeanPierre Jeantet en décembre dernier. L’élection de Fottorino à l’unanimité doit, sur le papier, abaisser les tensions. En réalité les querelles restent vivent entres actionnaires externes et internes.

Eric Fottorino

Eric Fottorino devra apporter des « garanties pour que la relation entre le futur président du directoire et la SRM soit pacifiée. » La création d’une commission pour la recapitalisation du groupe promet un retour à l’équi-

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libre d’ici à 2009. Le nouveau président du directoire devra enfin, trouver un « gestionnaire de premier plan » pour l’épauler. David Guiraud, ancien directeur général du groupe Les Echos, est fortement pressenti pour le rôle. L.R.



Sports

Vite dit Le retour du Cris Le brésilien Cris devrait bientôt rechausser les crampons face à Manchester, fin février. Absent des terrains depuis août dernier après une rupture des ligaments croisés antérieurs du genou droit, il est de retour à l’Olympique Lyonnais, depuis janvier, où il continue sa longue rééducation.

Cuche en remet une couche ? Nouvelle étape de la coupe du monde de ski alpin du 21 au 24 février à Whistler, au Canada. Une nouvelle épreuve qui permettrait au Suisse Didier Cuche, d’asseoir sa première place du Super G. Autres épreuves au programme : descente femme, géant homme et super combiné femme.

All-Star Game On connaît la composition des équipes qui s’affronteront le17 février lors du NBA All-Star Game. Côté Ouest, les participations de Kobe Bryant et Tracy McGrady sont déjà assurées, contrairement à celle de Tony Parker, pour le moment 6e arrière. La conférence Est devrait notamment compter sur les stars Jason Kidd et Tim Duncan.

Lièvremont change la donne

N’Tamack et Lièvremont, deux des trois nouveaux coachs du XV de France

C

onstruire le jeu de l’équipe de France de rugby. C’est le but avoué du nouveau trio d’entraîneurs, Marc Lièvremont, Emile N’Tamack et Didier Retière. Pas de pression donc pour les six nouveaux du XV de France (Brugnault, Faure, Parra, Mela, Trinh-Duc, Malzieu)

en vue du Tournoi des VI Nations , commencé le 2 février en Ecosse. En place depuis la fin de la coupe du monde en octobre dernier, Marc Lièvremont et ses acolytes s’attaquent à un chantier compliqué. Les Bleus, décevants 4e du dernier mondial, doivent évacuer

la déception. Certains cadres ont pris leur retraite (Pelous, Dominici, Betsen, Ibañez), d’autres ont été laissés à quai pour le Tournoi (Poitrenaud, Harinordoquy, Mignoni, Chabal…). Un moyen comme un autre de mettre un terme à l’ère Laporte. Le trio d’entraîneurs court les matchs du Top 14 en quête de nouveaux joueurs depuis la reprise du championnat. Le bon début de saison de Montpellier (6e) a servi Trinh-Duc et Ouedraogo. Biarritz n’a, pour la première fois depuis longtemps, qu’un seul international retenu (Traille). La surprise du chef, la sélection de Brugnaut, pilier de Dax (13e). A.P.

Vous avez dit snowK ball ?

D

u 2 au 9 fevrier, la station de Courchevel accueille les deuxièmes championnats de France de snowK ball. Un sport encore inconnu du grand public, né en février 2004. A l’origine de ce rugby des neiges, une bande d’amis qui s’ennuient sur les pistes, et qui un jour improvisent un jeu en se lançant un sac à dos.

Ils inventent les règles, remplacent le sac par un body power amélioré et le snowK est né. Le principe : des mini-skis, une « balle » à trois branches, une piste rouge et deux équipes de quatre joueurs. L’objectif : aplatir la balle derrière la ligne de but adverse, après avoir fait un maximum de passes aux équipiers stués en amont de la pis-

te. Mais contrairement au rugby, les plaquages et les contacts frontaux sont exclus. Au final, les équipes marquent autant de points qu’il y a eu de passes entre les joueurs avant l’essai. La manche est finie quand les joueurs atteignent le bas de la piste. La partie se déroule en trois manches gagnantes. Voilà pour les bases. E.B.

Le snowK ball est un sport qui s’apparente au rugby, les coups en moins

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SCIENCEs ET TECHNOLOGIES

Asus ce qu’il faut

A

peine les pré-commandes enregistrées, l’Eee va débarquer en Europe début février. Plus révolutionnaire financièrement que techniquement, l’Eee d’Asus est l’attraction informatique de ce début d’année. Pour moins de 300 €, il offre un panel d’outils intéressants pour tout utilisateur novice, et même pour les plus confirmés. Ce nouveau mini PC d’Asus se distingue par sa taille ultra compacte, sa facilité d’utilisation et son prix défiant toute concurrence. Malgré tout, ce n’est justement pas l’envie de la société taïwanaise de rivaliser avec les ultras portables actuels, mais plutôt de se démarquer en proposant un ordinateur ludique pour les plus jeunes et les novices, tout en affichant une interface intuitive, tournant sous Linux mais également compatible avec Windows XP. « Easy to learn, easy to work, easy to play », voila le slogan de l’Eee. Et il est clair que devant cette espèce de gadget Playschool technologique, on peut paraître désorienté par un tel concept. Grosses icônes, design bon enfant, touches minuscules, on est loin d’un outil pour professionnel de l’informatique. Certains passeront leur chemin, d’autres s’intéresseront à sa taille, son prix et ses quelques innovations. A coup sûr, une très bonne affaire d’entrée de gamme ciblant un public plutôt tourné vers la simplicité que des gamers purs et durs. L’Eee risque au final de séduire une clientèle d’entrée de gamme, à l’image de son produit. T.R.

Dell s’ouvre enfin à la vente en grandes surfaces…

Dell est pris qui croyait prendre

P

ionnier de la vente sur Internet, Dell s’est toujours refusé à commercialiser ses ordinateurs en grande surface. Pourtant le géant américain doit aujourd’hui se résigner à franchir le pas, faute de résultats significatifs en 2007. Débouté de sa première place mondiale dans le domaine de la vente informatique par Hewlett-Packard, Dell veut contre-attaquer en ce début d’année. La société texane a ainsi décidé de s’affilier avec Carrefour, pour proposer ses ordinateurs dans les rayons dès 2008. Une volonté de reconquête qui semble arriver un peu tard, tant la concurrence est déjà bien en place. Déjà présent sur le marché américain depuis mai, dans les 3500 magasins Wal-Mart, l’entreprise américaine va proposer ses produits au plus grand nombre en Europe, et très prochainement en Asie. Le filon de la vente sur Internet n’est plus vraiment une exclusivité de Dell. De nombreux sites du même type ont vu le jour sur la toile, Materiel. net, Alienware (filiale de Dell) de quoi inciter l’ex-leader informatique à s’ouvrir à d’autres marchés. T.R.

L’EEE, la nouvelle révolution ludique d’Asus

Vite dit Nouveau créateur

Double objectif

Après avoir conquis le graphisme en 3D, la société finlandaise Futuremark se lance dans le développement de jeux vidéos. Objectif de l’entreprise : créer des jeux de haute-qualité visuelle. Le tout nouveau studio de création sera présenté au Game Developper Conference, du 18 au 22 février à San Francisco.

Nikon, sortira en février et mars deux nouveaux appareils compacts haute-définition. Premier à venir, le Coolpix S210, comme son « petit frère », le S520, sera équipé d’un capteur 8 mégapixels pouvant atteindre une sensibilité de 2 000 ISO et d’un objectif Nikkor 3x. Avantage du S210, son stabilisateur d’image numérique.

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ENVIRONNEMENT

OGM, un champ de bataille

L

’examen du projet de loi sur les OGM, le 5 février, se fera dans un climat tendu. L’activation de la « clause de sauvegarde » auprès de l’Union européenne, suspendant la culture du maïs Monsanto810, avait accentué la polémique entre pro et anti-OGM. Le sénateur UMP Jean Bizet, rapporteur du projet de loi, et la Fédération nationale des syndicats d’éleveurs et d’agriculteurs, ont déjà dénoncé une « reculade » du gouvernement sous la pression du leader altermondialiste. Un mécontentement partagé par les EtatsUnis, producteurs du maïs Monsanto,

« très inquiets  » au sujet de la décision de la France de suspendre la culture d’OGM. « Nous avons été consternés par une série de propositions dans lesquelles nous voyons le climat ou l’environnement être utilisés comme excuse pour fermer des marchés », a déclaré Susan Schwab, représentante américaine au Commerce. De son côté, le collectif anti-OGM souhaite maintenir la pression en organisant une mobilisation citoyenne, le 5 février, devant le Sénat. Il dénoncera un texte qui « va à l’encontre des engagements du Grenelle de l’Environnment.» G.G-C.

Vite dit

Un champ de maïs transgénique

La nuit de l’agriculture Veaux, vaches, cochons, tous seront réunis du 23 février au 2 mars porte de Versailles, à Paris pour le 45e salon de l’agriculture. Son thème, « L’agriculture au coeur de la vie ». Sa particularité, le jet-setteur agriculteur. En effet, pour la première fois, le salon organisera une nocturne le vendredi 29 février. Une aubaine pour N. Sarkozy, roi de la nuit.

La France, poubelle de Taïwan ?

U

n petit goût de déjà vu du côté de Taïwan. Après avoir essayé d’expédier ses déchets radioactifs en Corée du Nord en 1998, l’île projette de les envoyer en France, selon le quotidien China Times du 20 janvier. Les deux centrales de stockage de l’île, qui produisent 4,8% de l’électricité nationale, arriveront à saturation d’ici à 2011. Le ministère de l’Energie atomique n’a toujours pas accepté d’accroître la capacité des sites, qui seraient alors contraints de fermer. Une situation qui inquiète Taipower, la com-

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pagnie d’électricité publique du pays, propriétaire des centrales. En 2007, elle avait demandé aux autorités de prendre en compte le problème de saturation. Le groupe nucléaire français Areva a déjà proposé à Taipower d’assurer le transfert des déchets nucléaires de Taïwan vers la France. En Grande-Bretagne, où le traitement des matières radioactives fait aussi polémique, la construction d’une nouvelle usine permettrait de transformer 60 000 tonnes de déchets en combustible. Un défi qui pourrait inspirer les autorités taïwanaises. F.A.

Ski et écologie Pour sa 3e édition, le Respect festival on tour, posera sa tente sur les pistes des Houches, des Arcs, de Valmorel et de Val Thorens, dès le 10 février. Hymne aux campagnes sur les pistes, le festival abordera les sujets chers aux jeunes mais tendance écolo, type co-voiturage ou bière bio.

Salon Habitat & Environnement Le Palais de l’Europe du Touquet Paris-Plage accueille le Salon Habitat & Environnement du 22 au 24 février. Ouvert au grand public, il permettra aux visiteurs de se renseigner sur l’habitat écologique et sur les nouvelles énergies.


CULTURE

Vite dit Cotillard aux Oscars Et si la 80e édition des Oscars était enfin la bonne pour le cinéma français ? Le 24 février prochain, l’équipe de la Môme, Marion Cotillard en tête, celle du Scaphandre et du papillon et Marjane Satrapi, réalisatrice de Persepolis, monteront les marches du Kodak Theatre. Reste à espérer que les scénaristes en grève ne gâchent pas la fête.

Victoires de la musique classique La 15e cérémonie des victoires de la musique classique, le 13 février, rendra hommage à Pavarotti et Rostropovitch. Parmi les nommés, la chanteuse Nathalie Dessay, le compositeur Eric Tanguy, ou encore Valérie Lemercier pour sa participation à l’enregistrement de Pierre et le loup.

Césars 2008, les nominés sont...

F

ouquet’s, strass et paillettes, mines ridées et sourires obligés… L’esprit plan-plan, type défilé de mode devant un bol de pop corn, avachi sur son fauteuil du théâtre du Châtelet, fait toute la réputation des Césars. Et la 33e cérémonie, le 22 février, ne fera sans doute pas exception à la règle. Aucune surprise en vue donc. Avec onze nom i n a t i o n s ,  d o n t c e l l e ,  b i e n évidemment, de la meilleure actrice (Marion Cotillard), La Môme devrait rafler la mise. Claude Miller, avec Le Secret (onze nominations) joue déjà les outsiders. Suivent Le Scaphandre et le Papillon (sept nominations) de Julians Schnabel et Persépolis (six nominations) de Marjane Satrapi, déjà en lice pour l’Oscar du meilleur film d’animation et La Graine et le Mulet (cinq nominations) d’Abdellatif Kechiche. Unique satisfaction de la soirée : la présence d’Antoine de Caunes, en qualité de maître de cérémonie. Et celle de Jean Rochefort, comme président. Un côté bourgeois plus décalé que celui de Carole Bouquet. En progrès. D.G.

Les nuits fauves de Vlaminck Carnaval de Nice Le Carnaval de Nice revient cette année avec un thème original : « Roi des Ratapignantas, Raminagrobis et autres ramassis de Rats masqués ». Cette 124e édition se déroulera du 16 février au 2 mars dans un monde de fables et de contes de fées.

L

e musée du Luxembourg de Paris célèbre, le mercredi 20 fevrier, le cinquantième anniversaire de la mort de Maurice de Vlaminck. Le peintre fait partie des étendards du fauvisme, un mouvement qui a fait exploser les couleurs chaudes sur la toile au début du XXe siècle. L’oeuvre de Vlaminck marque une période charnière dans l’histoire de la peinture, car elle clôt la génération impressionniste de Van Gogh et de Cézanne. Son audace et sa liberté annoncent déjà la période cubiste. « Je haussais tous les tons, je transposais dans une orchestration de couleurs pures tous les sentiments qui m’étaient perceptibles. J’étais un barbare tendre et plein de violence », déclarait Maurice de Vlaminck à l’automne 1929. Intitulée « Un Instinct fauve », l’exposition propose au public près de 70 tableaux jusqu’au 20 juillet. J.S Musée du Luxembourg, du 20 février au 20 juillet 13,20 euros, -25 ans : 12,20 euros, gratuit pour les moins de 10 ans. Du lundi au vendredi à partir de 15 heures

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ETRANGES & ETRANGERS

A poil !

D

u 1er au 17 février prochain, le carnaval de Québec va mettre la ville et ses visiteurs sans dessus dessous. Oubliés les masques blancs de Venise ou les plumes flashy de Rio. Cette année, Québec déshabille le carnaval et s’apprête à faire groover les caribous avec sa nouvelle thématique : le Carnaval donne le ton. Au programme de cette 54e édition et pour fêter « dignement » le 400e anniversaire de la ville, des spectacles et activités hauts en couleurs : le nouveau défilé, avec ses

Vite dit

deux marionnettes de 24 pieds, la course de traîneaux ou en canot, sur les eaux glacées du fleuve Saint-Laurent, le déjeuner Western et le Super Barbecue du Stampede de Calgari, sans oublier les séances de patinage avec Bonhomme Carnaval ou la compétition de sculpture sur neige. Côté glamour, enfin, le carnaval de Québec n’aura rien a envié à celui de Rio. Comme chaque année, en effet, les intrépides fêtards s’adonneront à un bain de neige des plus revigorants. Une occasion rare d’assortir ses moufles avec son bikini.

Voleur cherche taxi On savait les Britanniques un peu barrés mais tout de même. Après avoir dérobé un trésor de 4 700 euros chez une Galloise, un cambrioleur n’a pas hésité à appeler un taxi de chez sa victime. Lors du procès, celle-ci n’a pu s’empêcher d’avoir un fou rire, imaginant la situation. Le voleur a été condamné à trois ans de prison ferme.

Souris vapeur

G.G-C

Les engelures seront au rendez-vous du bain de neige, place Desjardins à Québec.

S’envoyer en l’air

E

n demandant à 1 100 personnes à quelles activités elles aimeraient avoir accès à bord d’un avion, le responsable marketing d’un site de voyages en ligne australien, ne s’attendait pas à ce genre de réponse. Loin d’évoquer des films d’action ou la venue d’un disc jockey pour mixer, 60% des Australiens interrogés préfèreraient « avoir une relation sexuelle lors un voyage en avion ». Une proposition qui ne nécessite pas d’installation particulière de la part de la com-

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pagnie, si ce n’est accroître l’espace des toilettes. Cette exigüité rebute en effet 42% des sondés même si 12% de petits coquins ont pourtant déjà fait avec. C’est notamment le cas de l’acteur Ralph Fiennes qui a tenté l’expérience avec une hôtesse de l’air d’une compagnie australienne. Cette étude a enfin révélé que 50% des sondés appartiennent ou aimeraient appartenir au « mile-high club », un groupe réunissant les voyageurs ayant s’étant déjà envoyé en l’air en avion. F.A.

Un patient finlandais a eu l’appétit coupé en découvrant au milieu de ses légumes vapeur la tête d’une souris. Le corps de l’animal n’a toujours pas été retrouvé. Dans les jours à venir, un autre patient pourrait bien déguster une souris d’agneau avec un peu plus de souris, que d’agneau.

Naturisme en plein ciel Un voyagiste allemand crée l’événement en permettant aux naturistes de voyager dans le plus simple appareil et ce, dès le mois de juillet, mais uniquement sur des vols spéciaux. Seul le pilote et les hôtesses porteront l’uniforme.




Primaires ElecTions Américaines

God Bless

Hillary Rodham Clinton

Né en 1947 à Chicago, avocate de formation, l’ex first-lady est devenue sénatrice en 2000. A la conquête des électorats évangéliques et centristes, elle invoque les « valeurs morales ». Elle défend le combat des femmes dans le monde entier contre le viol, l’excision et la prostitution. Elle est favorable à la peine de mort et a déclaré en 2000, « souhaiter réduire le nombre d’interruptions volontaires de grossesses. »

John Sydney McCain

Né en 1936 au Panama, c’est un vétéran de la guerre du Viet-nam. Elu à la chambre des représentants en 1982, il est de sénateur de l’Arizona depuis 1987. Conservateur, John McCain compte poursuivre la politique étrangère de George W. Bush. Il n’est pas favorable aux évangélistes, mais s’oppose aussi à l’IVG, au mariage gay et à l’utilisation d’embryon humain pour la recherche. Il est favorable à l’adoption et a fait voter un amendement contre la torture en 2005. 28


America

Barack Hussein Obama Willard Mitt Romney

Né en 1947 à Détroit, cet ancien gouverneur du Massachussetts (2002-2007), est un mormon, membre de « L’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours ». Ancien homme d’affaires, il place la religion au centre de sa campagne et se veut le rassembleur des conservateurs chrétiens. Pour lui, les Etats-Unis sont « une nation sous Dieu et nous avons bien confiance en Dieu » qui doit défendre la famille et la religion.

Né en 1961 à Honolulu, il a tour-à-tour vécu à Londres, Nairobi et Djakarta où il a suivi l’école coranique, puis catholique. Après un échec à la chambre des représentants en 2000, il est devenu sénateur en 2005. Idole des milieux et classes défavorisés, les plus croyants, il incarne l’image du neuf. Proche de pasteurs comme Rick Warren et T.D Jakes, il est membre de la congrégation chrétienne de Chicago. Il voit dans la foi « une force d’action pour la justice. »

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La religion, élément incontournable

I

Pas un jour, pas un discours fait par l’un des candidats républicains

pas de s’afficher. On n God we ou démocrates n’échappe aux références bibliques. Car pour ratisse le terrain. Deux trust » : cette séduire les américains croyant à 85% en Dieu, il faut faire étalage candidats circulent maxime révèle à elle seule la de sa foi. La religion est très présente dans la société, relayée aussi sans relâche les églic o m p l e x i t é bien par des « méga church », des chaines télé évangélistes ou par ses du midwest et du de la Constitution des personnalités affluentes dans l’administration Bush. Sud, décrites comme américaine. « une ceinture de la Elle garantit bible » par l’écrivain qu’il n’y a pas d’église Douglas Kennedy. Le mormon Mitt officielle mais elle offre aussi une Romney, vainqueur des caucus* du grande liberté de culte. Aux EtatsMichigan (le 15 janvier avec 39% des Unis il est de bon ton d’afficher sa foi. voix) et du Nevada (le 19 avec 51%) Et si « les pères fondateurs, inspirés rêve de réanimer la coalition des nédes lumières, avaient distingué polioconservateurs chrétiens qui a été détique et religion, la dérive a depuis cisive dans la réélection de George W. été progressive », constate Charlotte Bush en 2004 (78% ont voté pour lui). Lepri, chercheuse à l’Institut de Mais il a du s’exprimer sur ses convicrecherches internationales et stratétions religieuse, tout comme John giques (IRIS). Fitzgerald Kennedy en sont temps « Par tradition américaine, on ne ca(seul président catholique de che pas sa foi. Les premiers migrants l’histoire américaine). sont venus parce qu’ils étaient perséCertains évangélistes, qui considècutés. Aussi bien WASP* que quakers* rent la religion mormone comme ou encore juifs. La religion, c’est dans hérétique, préfèrent le pasteur Mike l’esprit du pionnier », explique Anne croyant. Huckabee, qui fait campagne sur la Toulouse, correspondante de RFI à Aussi bien Barack Obama, qui a cru famille, la foi et la liberté. Vainqueur Atlanta. bon de rappeler ses attaches chrétien- du caucus de l’Iowa, le 3 janvier avec nes en se rendant à la First Congre- 34% des voix, il semble plus à même gational United Church of Christ, le de séduire ces derniers, qui repré16 décembre 2007, qu’Hillary Clin- sentent un quart de l’électorat améton, qui a assisté à l’office de Water- ricain. loo, dans l’Iowa, la veille de Noël. « Si les démocrates incarnent une plus nette séparation des pouvoirs, il n’en sont pas moins croyants », Chaque candidat à l’investiture tente rappelle Charlotte Lepri. à sa manière de séduire l’électorat Côté républicain, on ne se contente Pour une partie des Américains,

Conquérir la « ceinture de la Bible »

L’église bien présente

Qu’est ce qu’un mormon ?

Qu’est-ce qu’un évangéliste ?

L’église des saints des derniers jours vénère le prophète mormon qui aurait vécu en Amérique entre 311 et 385 après Jésus Christ. Le livre de mormon aurait été écrit en 1823 par Joseph Smith, qui aurait reçu la visite d’un Ange dans l’état de New York. Ce dernier lui aurait fait le récit d’une civilisation millénaire qui aurait vécu en Amérique, en attendant la venue du messie, dans le Missouri. Parmi d’autres pratiques, les mormons doivent verser obligatoirement au clergé une dime équivalente à 10% de leurs revenus.

Le christianisme évangélique regroupe un ensemble d’églises protestantes qui ont pour caractéristiques communes d’accorder une importance primordiale à la conversion personnelle, la rencontre mystique avec le Christ, l’expérience personnelle. Il a également des visées expansionnistes, la « vérité » devant être répandue. Autre caractéristique des évangéliques, la recherche de signe de la réapparition du Christ provenant du nouveau testament, comme la reconstruction du temple de Jérusalem et la conversion des Juifs.

G.R.

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de la campagne américaine l’église reste encore un lieu privilégié de rencontre des communautés. « Les églises bénéficient de dons défiscalisés et gèrent aussi bien des coopératives que des chaines de télévision », raconte Denis Lacorne, directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales-Sciences politiques. Les Etats-Unis comptent ainsi plus de 800 « mégachurchs », la plupart évangéliques ou baptistes, qui comptent souvent plusieurs milliers d’individus. Toutes les tendances religieuses se déclinent aussi sur les ondes. Certains talks-shows, invoquant le filtre de la « majorité morale », comme ceux du révérend Jerry Falwell (mort en 2007), ou de James Robinson, qui accueillent les candidats aux primaires, sont d’ailleurs souvent décisifs dans la conquête de l’électorat. « Ces groupes ont pesé au niveau local en 2004, quand onze états se

sont prononcés contre le mariage gay », reconnaît Denis Lacorne. Et à Washington, les lobbys religieux ont percé au sein de l’administration Bush. A travers John Ashcroft, membre de l’église pentecôtiste de l’assemblée de Dieu, ancien Attorney General des Etats-Unis (ministre de la Justice) entre 2000 et 2005. Ou Paul Wofowitz, ancien secrétaire d’Etat à la Défense, qui dirige la mouvance des chrétiens sionistes. Et encore plus proche du Président en la personne de son conseiller, Richard Perle, chef de fil des néoconservateurs. De tels liens ont surement dû influencer la politique étrangère des Etats-Unis, notamment au MoyenOrient. Même si Denis Lacorne préfère y voir de simples « convergences d’intérêts ». Attention toutefois, à l’approche du Super Tuesday du 5 février, jour où 22 états voteront, à ne pas voir dans le vote religieux la seule explication

Star Spangled Banner Jimi Hendrix

des résultats des caucus. Les principaux déterminants du vote restant la race, l’idéologie politique, le sexe et les revenus. Ce qui explique déjà en partie les résultats des caucus de Caroline du Sud chez les démocrates (55% Obama, 25% Clinton) et placent McCain favori chez les républicains. Gédéon Richard

WASP : White Anglo-Saxon Protestant. Désigne les blancs protestants d’origine anglaise qui ont émigré en masse aux ÉtatsUnis dès les premières colonies fondatrices. Créateurs du pays, leurs descendants font souvent parti de la classe aisée. Quakers : Désigne les membres de la Société religieuse des amis, un mouvement dérivé du christianisme créé au XVIIe siècle par des Anglais qui refusèrent l’anglicanisme et se réfugièrent aux Etats-Unis. Caucus : nom donné aux élections primaires servant à désigner le candidat républicain et le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine.

Dieu dans le coeur des américains

Into my arms Nick Cave

Rarement les institutions d’un pays auront été aussi imprégnées de religion. Un comble pour le pays de la démocratie. Mais les États-Unis ont réussi à associer les deux. Retour sur l’Histoire d’une puissance à la fois éprise de Dieu et de modernité.

« Chaque pas qui nous fait avancer dans la voie de l’indépendance nationale semble porter la marque de l’intervention providentielle », rappelait George Washington, à cet instant Chef d’Etat-major de l’Armée continentale, mais bientôt futur premier Président des EtatsUnis. Des déclarations que reprendront d’autres personnages officiels, même plus d’un siècle et demi plus tard. Thomas Woodrow Wilson, président américain à l’issue de la première guerre mondiale : « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde. Elle a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde. Nous sommes venus racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » Depuis la « création » du Nouveau Monde, cette certitude d’être transporté par le sceau divin inonde les discours des Américains. Comme

une sorte de Renaissance imbibée de religion, pour mieux s’éloigner des royaumes corrompus de l’Ancien Monde. Est-ce la seule raison de cette certitude typiquement américaine d’être guidée par Dieu ? Pourquoi la réussite repose-t-elle si excessivement sur les épaules de l’Etre suprême ? Pour Yves Lacoste, professeur émérite à l’université Paris XVIII, la religion fait partie intégrante de la vie politique, telle une « norme intériorisée dès la naissance. Le matin, à l’école, les élèves prêtent serment à la nation. Même chose pour le président : il porte serment sur la Bible. » Et, selon lui, cette particularité remonte au tout début de la fondation

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du pays, lors de l’arrivée des premiers colons protestants, persuadés d’être chargés d’une missions divine. « Selon eux, les Etats-Unis étaient une sorte de terre promise, qu’il fallait faire fructifier ; c’était une mission divine. De fil en aiguille, ils ont pensé tout naturellement qu’ils construisaient une terre d’espoir et de liberté, source d’inspiration pour l’humanité ».

La religion comme arme de la démocratie « Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables », annonce la Déclaration d’indépendance du


Dieu dans le coeur des américains (suite)

L’église Saint-Joseph, Molokai, Hawaii 4 juillet 1776. Quinze ans plus tard, le premier amendement de la Constitution : « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion ». Tous les textes fondamentaux sont imprégnés par l’idée que l’Amérique est l’élue de Dieu. Une vision antagoniste de celle que se fait le Vieux continent, où la laïcité est une condition élémentaire au respect de la démocratie. Selon Alexis de Tocqueville, écrivain et historien parti étudier le système (carcéral, au début de sa mission) américain entre 1831 et 1832, la religion guide et modère le régime démocratique. Qu’importe si elle est hypocrite, seule la jouissance matérielle qu’elle suscite sert à la rendre utile. Dans De la démocratie en Amérique, l’auteur explique sa vision du continent : « Pays de la nouveauté, des réveils religieux, des croisades, les Etats-Unis sont également celui de la transformation profonde des structures traditionnelles, de l’adaptation constante à la vie changeante d’une communauté nationale plurielle. » Autrement dit,

la religion est un facteur d’identité sociale prêt à contrecarrer les excès de l’individualisme, l’un des effets pervers de la démocratie. Même constat pour Max Weber, au début du XXe siècle, dans L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme. Pour le sociologue, chez les puritains, « le travail constitue le but même de la vie, tel que Dieu l’a fixé. » Traduction : pour que le citoyen américain confirme son statut d’élu de Dieu, sa plus haute tâche à accomplir est celle du travail. Sans cesse s’enrichir, donc. D’où cette prospérité plus visible chez le peuple américain, à majorité protestant, que dans d’autres nations catholiques du monde occidental.

Le politique indissociable du religieux La séparation de la religion et de l’Etat ? Juste un instrument de l’har-

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monisation du religieux avec la politique démocratique. Car au lieu d’être affaiblie, la religion a renforcé sa position au sein de la société américaine. « Puisqu’elles sont indépendantes, elles dépendent uniquement de leurs propres moyens, pour s’intégrer dans le jeu démocratique et acquérir ainsi une légitimité », explique Tocqueville. Soit tout le contraire de ce qu’il se passe en Europe occidentale. Avec la religion comme outil politique (In God We Trust) force est de constater que les hommes d’Etats américains font appel à l’esprit de croisade, contre l’« axe du Mal ». Georges W. Bush l’use à foison depuis le 11-Septembre. Une bévue grandiloquente pour la plupart des grandes nations européennes, qui en ont fini avec les croisades depuis la moitié du XIVe siècle. Sans nul doute que la conception inégale de la religion approfondit le fossé culturel entre les Etats-Unis et le Vieux continent. Et de ce point de vue, les Américains sont bien plus proches du monde musulman, et notamment des Arabes. Damien Grosset


MØeldar

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L’Øriginale

Des pompes : oui... mais MØeldar !!!


INTERNATIONAL / Kava, l’alcool «PEACE n’ LOVE»

Le kava, alternative Le kava, ou poivrier sauvage (piper methysticum) s’est imposé comme une nouvelle coutume dans les différentes communautés calédoniennes. Importée du Vanuatu au début des années 80, on tire de sa racine mélangée à de l’eau un breuvage café au lait prisé notamment pour ses propriétés antianxiolytiques et antistress. La Nouvelle Calédonie, où neuf personnes sur dix de plus de quinze ans boivent quotidiennement de l’alcool, autorise la consommation du kava qui représente une boisson aussi « sociale » mais moins dangereuse.

A

u couché du soleil, la ville de Nouméa s’éprend d’un curieux phénomène. A l’entrée de 150 bâtiments s’allument de petites lumières rouges. Si en Europe les habitués du comptoir accostent les bistrots, les Océaniens vont au nakamal, le bar à kava. Pour 100 francs CFP (1,20€), on vous sert dans un cèle (un récipient en noix de coco) un liquide doté d’une forte odeur. Le gout est âcre, fort, il pique la langue, brûle. Certaines personnes crachent et se ruent sur le morceau de fruit qu’on leur a remis quelques secondes auparavant. Rapidement on prend place dans un cercle de personnes formées autour d’un feu ou d’une table basse. On engage la conversation doucement. Le kava facilite les relations humaines, donne de l’éloquence. « L’effet débute par une légère anesthésie des muqueuses buccales. Puis on sent rapidement comme une baisse de tension. Il agit comme un relaxant, relâche la pensée, les fibres nerveuses et musculaires. Les kawalactones (alcaloïdes) qui sont les principes actifs du kava entrent en action », explique Pierre Cabalion, chercheur à L’Institut de la recherche pour le développement (IRD) de Nouméa. « Pourtant, le kava n’est pas une drogue : il ne provoque ni accoutu-

mance, ni dépendance, ni hallucinations, ni désinhibition ni changement des réalités », poursuit Vincent Lebot, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) à Port-Vila, au Vanuatu.

Une coutume millénaire importée et rapidement adoptée Dans les îles du Pacifique Sud, le kava a toujours été consommé. Au Vanuatu, il est sacré et interdit aux femmes. Dans les tribus, il est préparé par le « Man blo Kustom » (l’homme de la coutume en Bichelamar). C’est un régulateur comme le raconte Jean-Marc, producteur de kava à Nouméa : « traditionnellement, on boit le kava avant de se fâcher avec quelqu’un, puis on discute. En général il règle beaucoup de conflits. » Le kava marque aussi la fin de la journée. Cette cérémonie se déroule dans la maison collective où tous les hommes se retrouvent. Chacun est invité à boire en fonction de son rang. La reprise de cette pratique ancestrale a été adaptée dans tout le Pacifique. « Le nakamal est un lieu de rencontres formidable. Des gens de 25 à 45 ans en moyenne, issus de toutes les ethnies et de toutes les couches so-

Bol de kava D.R ciales de la société s’y retrouvent », précise Jean-Marc. « Chaque jour je bois en moyenne trois ou quatre cèles. Ce que je recherche en venant au nakamal c’est un break entre le boulot et chez moi. Un vrai moment de détente où on évacue la tension de la journée en parlant. Plus que le kava, c’est la convivialité, la tranquillité du lieu qui m’intéresse », témoigne Michel Alart, consommateur quotidien de 53 ans. Sur l’île, touchée par l’alcoolisme, il est mieux vu d’aller au

Les dangers du cocktail kava, alcool, cannabis Le « triathlon » kava, alcool, cannabis est très fortement déconseillé. Le kava renforce dangereusement l’effet d’autres substances agissant sur le système nerveux central. Mélangé, il provoque un trouble de la vision, une forte incoordination motrice et plonge l’utilisateur dans un état hypnotique. L’ivresse alcoolique est plus forte, incontrôlée. « Le kava agit déjà sur le système nerveux central et l’alcool vient tout dérégler », commente Pierre Cabalion. 34


à l’alcool Mais en Europe, en Austranakamal qu’au bar. Et pour cause, la Nouvellelie et au Canada il a été Calédonie accumule interdit en 2002. Une de tristes records trentaine d’hépaen la matière. La tites fulgurantes collectivité teret des lésions ritoriale est au au foie ont été Localisation : Pacifique Sud, 14e rang monconstatées chez 2 500 km à l’Est de l’Australie. dial de la des patients Superficie : 18 575 km² consommautilisant des tion d’alcool. dérivés du kava Population : 230 789 habitants 12% de la popuet l’Agence franen 2004 lation y est ivre çaise de la sécuPIB/hab : 22735 €/hab une fois par semairité sanitaire des en 2006 ne et les premières aliments (AFSSA) a conséquences en sont les émit une recommandaviolences de genre et l’ivresse tion déconseillant « toute utipublique des mineurs. lisation. » La consommation jugée raisonnable « Les données toxicologiques pour par la population est de sept verres apprécier les risques à long terme par jour (contre trois par l’OMS), ce qui octroie au pays la première place pour la mortalité par accident de la route (854 morts à cause de à l’alcool entre 2001 et 2004). Le kava est donc vu comme une alternative. « Nous avons constaté il y a trois ans qu’un pourcentage non négligeable de gros consommateurs d’alcool passés au kava, avaient nettement diminué leur consommation d’alcool», explique Pierre Cabalion.

NouvelleCalédonie

Good good lovin g The Gladiators

n’étaient pas assez nombreuses », rappelait l’été denier à RFI Murielle Eliasévitch, alors directrice de l’évaluation des risques à l’AFSSA. Et même si un rapport de l’OMS est récemment venu dédouaner le kava de ces graves effets secondaires, imputables au passé des patients, l’interdiction persiste. « Le kava n’est pas dangereux quand il est préparé avec les bonnes variétés (cinq sur vingt-et-une) et la bonne partie, la racine. Là, on l’a associé à des solvants dangereux (…) et on rejette la responsabilité sur la plante », s’indigne Vincent Lebot. En Europe, le kava n’est disponible que par commande sur Internet. Gédéon Richard

Un marché important mais contesté Le kava représente aujourd’hui un marché de 100 millions de dollars dans le monde et sa production avoisine les 30 000 tonnes par an. Le Vanuatu, les Fidji, la NouvelleCalédonie, Wallis & Futuna, Hawaï et Tahiti en sont les principaux consommateurs. Au début des années 90, l’industrie pharmaceutique a commencé à s’y intéresser et est aujourd’hui présent dans plus de 200 médicaments. Il est aussi commercialisé sous forme de poudre à diluer, de gélules, de pastilles, de vins, de pains, de miel, de sirop etc.

Taveuni Island, Fiji, cérémonie traditionnelle du kava aux Fiji D.R


INTERNATIONAL / Maroc, Sex and Sun

Maroc, le sexe entre deux chaises Bar boîte « African’Chic », boulevard Mohammed V, Marrakech ; minuit et des poussières. Un européen grand et maigre s’approche, gêné ; il demande discrètement « dites vous savez ce que c’est comme bar ici ? ». Un bar à prost ituées. Il revient un quart d’heure plus tard : « j’ai demandé à un Français qui vit ici. C’est 200 euros la nuit ». Fier et jovial, assez gras et chauvin, il est tout excité.

D’ordinaire les couples ne s’affichent jamais dans la société marocainne


on structi e d o t u A Sinik

A

u bout du bar, un décolleté magnifique et la jeune fille qui l'arbore se trémousse devant un quinquagénaire amusé. Elle lui demande de lui expliquer quelque chose sur son portable. Elle lui caresse le bras en riant à toutes ses blagues. Elle est charmante, c’est un ange. « La femme marocaine est réputée pour savoir particulièrement bien donner du plaisir à un homme », dit-on. A tel point qu’elle s’exporte très bien, en Jordanie notamment. A tel point aussi qu’on vient de loin pour elle, avec en tête de liste Saoudiens et Français. Afin de comprendre le problème de la prostitution au Maroc, il faut observer les choses de plus près, et surtout d’un œil nouveau. Il s’agit de parcourir, en suivant le fil complexe de la sexualité des Marocains et Marocaines, une culture perdue, un grand écart entre modernisme et tradition, entre ouverture et perte de repères. Un pays qui est aussi, dans cette indécision, fier et beau, sage et optimiste. Un pays où tout et son contraire se côtoient en permanence et cohabitent presque en paix. Mustapha et Soumaïa Soubat sont confiants : « En tous cas, publiez votre article avec votre vrai nom et les nôtres, et nous vous soutiendrons s’il vous arrive quoi que ce soit. » Ils sont très rassurants, et leur travail avec l’association Femmes de Demain ne semble pas avoir de limite. Pour améliorer le droit des femmes, ils ont dû toucher à toutes les composantes de la société, des traditions, de la culture, de la religion. « Notre plus grand combat est dans les mentalités… L’un des plus grands fléaux ici c’est le fatalisme des femmes. » Effectivement, les femmes de ruralité ou des quartiers pauvres, ou même dans d’autres couches sociales, soumises à leur homme et à la tradition, souffrent de leur fatalisme. « Tant que le mari est là et qu’il y a de l’argent, elles se disent que c’est comme ça que leur vie a été décidée par Allah, et ne se plaindront pas d’être maltraitées. Mais si le mari commence à les enfermer, les quitter, ou les répudier, là elles souffrent énormément. » Alors, le premier travail de l’association est

Paradoxe à la marocaine, les jeunes filles sont voilées mais n’hésitent pas à se maquiller.

d’insuffler les notions de souffrance et de droit de la femme.

« L'amour n'existe pas dans la culture marocaine » Le poids de la tradition est grand. Pour en avoir la plus mauvaise image, il suffit d’interroger des Français. Martin vit à Marrakech depuis cinq ans et est expéditif : « Les Marocains n’ont pas de sentiment. Pas d’amour et pas d’amitié, tout est une question de moyens. Et tout et tout le monde se vend, ou se prête pour de l’argent, ou un cadeau. » Une Européenne qui tient une maison d’hôtes a reçu « un Européen cadre très supérieur dans une entreprise française au Maroc. Un soir, un imam lui a laissé son fils pour la nuit, et la chose était entendue » ; il pourrait profiter du garçon pour la nuit, s’il continuait à donner à la famille. Le Maroc est bel et bien « tout et son contraire. » Dans la médina de Marrakech, le quartier traditionnel fait de souks et ruelles dispersées en ordre aléatoire, peu de filles sont habillées à l’occidentale. Mais à 15 minutes de marche, au Mc Donald de la ville moderne, les adolescentes rivalisent d’un style acéré, hyper-sexualisé ; les garçons sont en jean slim et certains tecktonisés. Pour les Européens interrogés vivant sur place, il est clair que « l’immense majorité de ces adolescentes se sont prostituées pour acheter ces vêtements. Ici les filles vendent leur corps pour rien, ça n’a

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pas de valeur. Ce qui a de la valeur, c’est un bon mariage et, grand luxe, avec un Français ; mieux, lui faire un enfant. Mais avec les Chlamydiae elles sont toutes infertiles. » Pour Mustapha et Soumaïa, la situation est heureusement plus modérée, plus compliquée, et surtout en pleine évolution. « Le corps pour la femme est un corps à problèmes. Il est source de rivalités, d’espoir pour la famille si l’on est courtisée, et de rejet si l’on n’a pas de succès à un certain âge. Mais à la fois, on lui a aussi inculqué l’idée depuis toujours que son corps est sa richesse, son capital. » Elle sait donc très bien s'en servir.

La prostitution, un épiphénomène En fait, la prostitution n'est que la partie émergée de l'iceberg qu'est l'horreur de la sexualité marocaine. L’inceste est commun. La prostitution, même si elle n’est pas aussi systématique que décrite par les Européens rencontrés, est fréquente, et voyante. Le viol est toujours habituel, et source de problèmes inimaginables pour nous. Ici ce qui compte « c'est la dignité, et elle est dictée par la tradition et le commérage », nous explique Karim, vendeur de vêtements et auteur d'un mémoire sur le sujet en psycho-sociologie. Il existe en fait une période difficile pour les Marocaines, un entre-deux qui va de la puberté au mariage, zone de tous les risques et naissance de tous les problèmes. Durant cette période peuvent survenir


INTERNATIONAL / Maroc, Sex and Sun des « problèmes », et, selon Halima Oulami, présidente de l'association El Amane pour le développement de la femme, « la majorité des mariages au Maroc arrivent après un ''problème'', et non un schéma normal rencontre – amour – présentation aux parents – mariage. » Car le mariage est une solution, « utilisée même par les tribunaux » pour régler un « problème » en sauvant l'honneur de la famille et assurant la survie de la fille. Halima Oulami raconte l'histoire d'une fille « que nous avons accompagnée jusqu'au tribunal grâce à l'avocat de l'association, pour porter plainte pour viol. Elle a gagné son procès. Le résultat ? Elle allait être mariée au violeur, voilà la décision du juge. Et tout le monde était satisfait ! » Voilà le Maroc d'aujourd'hui, connu pour être l'un des pays arabes les plus modernes. Annan, cuisinière pour des Européens, se mariera « par amour, dit-elle d'un immense sourire, mais

ce qui est sûr, c'est que s'il n'est pas assez riche, ma famille n'en voudra pas, et je ne pourrai pas l'épouser. Cela m'est déjà arrivé plusieurs fois. » Karim conclut : « Bien sûr les gens se rencontrent par amour, au collège, au lycée, dans des cafés, ou au travail. Ils se voient quelques fois dans des lieux publics, jamais en privé, puis s'ils se plaisent il y a rencontre avec les parents. Donc l'amour est là. Mais s'il y a un problème d'argent, ce sera toujours celui-là qui fait autorité. » Et les problèmes d'argent, dans ce pays d'une pauvreté omniprésente, font légion. Ce sont bien eux qui sont la racine des mariages arrangés. Ainsi, si le mariage n'est pas forcé pour un problème de respect de la dignité selon la tradition et la religion, et si une fille ne trouve pas l'amour et un mari riche en la même personne, « elle aura très peur de devenir vieille fille », c'est-à-dire célibataire à 25 ans, nous précise Soumaïa Soubat, de Femmes de Demain. « Et chez nous une vieille fille est renvoyée de la fa-

Le sexe ne s’affiche pas si facilement en public.

mille, elle peut vite devenir sans domicile fixe si elle n'est pas alphabétisée, ce qui est très fréquent. » Elle risque alors d'autant plus le viol, l'inceste...

Tableau noir et vérité « Le Maroc change, progresse », se réjouit Soumaïa Soubat ; récemment, le code de la famille a été changé. La scolarité des filles est devenue obligatoire, le viol plus sévèrement puni, tout comme la violence conjugale, et les pensions alimentaires ont été augmentées. « Le problème à cela, regrette Halima Oulami, c'est que dans les milieux pauvres personne ne s'imagine que la loi existe, et qu'elle peut protéger les femmes. De plus, les jugements sont rarement appliqués », faute d'une police et d'huissiers compétents et non corrompus. Les associations travaillent donc à la sensibilisation des femmes de tous âges, prin-


cipalement dans les campagnes, « car aucune femme ne s'imagine que c'est juste mal de la battre ! » Malgré tout, Soumaïa Soubat nous assure que « toutes les jeunes filles marocaines qui le souhaitent ont des histoires d'amour au collège, au lycée, comme toutes les filles du monde », à la différence bien sûr que leur virginité ne doit pas être menacée. La schizophrénie est réelle dans la société marocaine, « la société est très sexualisée : les femmes entre elles ne font quasiment que des blagues pornographiques ! », de 17 à Dans la soirée, ces adolescentes vendront 77 ans. On le releur corps au plus offrant. marque autrement : les jeunes Marocaines n'ont pas les « La mondialisation nous frappe de yeux dans leurs poches, même voi- plein fouet par le tourisme et Interlées. Et celles qui s'habillent de façon net. Mais il n'est pas arrivé seul, il ostentatoirement sexy sont très fré- est arrivé aussi avec l'Irak et l'Afghaquentes dans les quartiers modernes nistan » ; méfiance donc, mais pas de Casablanca, Rabat, Meknès, et seulement à cause de la guerre. Sa surtout Marrakech et Agadir. « Mais femme surenchérit : « par exemple, bon. De toute manière le sexe, c'est il y a certaines choses dans vos pays ''chouma'', interdit d'en parler. Mais que nous ne voulons pas faire : abandonner nos grands-parents, laisser tout le monde le fait... » beaucoup d'enfants avec des parents divorcés, ignorer les plus pauvres » ; et ce sont des qualités justement assurées par la tradition marocaine, plus généralement musulmane. Il faut donc savoir prendre le bon côté des Le Maroc a vraiment la sexualité entre deux tendances en conflit au Maroc, deux chaises. « On essaie de prendre ce qui est très difficile pour ce pays, le bon de la modernité ET le bon de la au niveau individuel comme social ou tradition », nous assurent les associa- politique. tions rencontrées. C'est aussi pour- C'est le même constat que fait Halima quoi ils ont décidé de ne jamais être Oulami : « Le lien, l'entraide entre les révolutionnaires, « pour ne pas pren- gens, nous ne voulons pas les perdre, dre le risque de tomber dans l'extrême même si c'est aussi une cause des prode l'un des deux ; aussi bien l'extrême blèmes de commérage et de dignité » libéralisme que l'intégrisme tradition- qui forcent chaque année des milliers nel », explique Mustapha Soubat, le de femmes à se marier contre leur gré. « Mais bon tout cela est vain, car mari de Soumaïa, militant lui aussi.

Modernité et tradition

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tant qu'on vivra dans une telle pauvreté, les mentalités ne pourront pas changer. » Car dans la famille marocaine, même s'il est question de dignité, « c'est celui qui paie qui commande » ; ainsi, les filles prostituées sont tolérées si elles font vivre la famille. L'hypocrisie et la schizophrénie sont totales. « C'est le Moyen-Âge qui côtoie le libéralisme le plus extrême », conclut un Français installé à Marrakech.

Un retard ? « Les Européens, et les journalistes, même certains Marocains à l'étranger, ont tendance à tout expliquer du Maroc en parlant de la religion, du fait que c'est une monarchie de droit divin, et de la tradition », s'insurge Mustapha Soubat. Alors que selon lui, ce qu'il faut prendre en compte sont « la pauvreté extrême qui décide de tout, et le décalage temporel : comment était la France il y a à peine 100 ans ? Autant de mariages arrangés, autant de viols et d'incestes » ; souvenons-nous du viol de Fantine pour un simple ruban de tissu... C'était il y a à peine plus d’une centaine d’années. « C'est le regard de la famille et du voisinage qui compte. Individuellement, les Marocains sont ouverts, martèle-t-il, mais c'est en famille que tout change. Là y règnent argent, tradition, et religion ». Pour Rachid, 25 ans et qui semble très moderne, « c'est la merde, ça ne changera jamais, ça ne peut pas changer [...] Moi j'aurai une femme gentille, qui ne demandera pas beaucoup de choses. » La laissera-t-il travailler ? « Non... Ou peut-être... je ne sais pas... » La laissera-t-il sortir seule ? « Oui, mais alors elle ne doit pas être vue en train de parler gentiment à un autre homme. » Mais si c'est lui qui lui parle ? « Et alors ? Elle ne doit pas, c'est tout. » Le Maroc est en marche... Gregory Kapustin


INTERNATIONAL / Touaregs... TOI MÊME !

Des Arm es Noir Dés ir

Rébellion touarègue

Areva met les doigts dans l’emprise

C

'est un conflit inconnu. En s'y penchant, on y trouverait drogue, armes, religion, culture, dictatures, mines anti-personnel et surtout, uranium. Un conflit dont voulaient nous parler les journalistes Pierre Creisson et Thomas Dandois, rentrés sains et saufs après avoir risqué la peine de mort au Niger, pour « mise en danger de la sûreté de l’état. » Les « hommes bleus », appelés ainsi pour la couleur de leur turban qui déteint sur leur peau, sont berbères. Ils se seraient nomadisés après l’invasion du Maroc au XIe siècle. Grâce à un système de confédération des tribus, un certain talent guerrier et une connaissance inouïe du désert, ils arrivent à s’assurer une sérénité précaire sur un territoire immense, par des luttes successives avec le Mali, l’Empire Songhaï, le Maroc puis les Peuls. Ils deviennent riches grâce à divers commerces à travers le Sahara, notamment le trafic d’esclaves noirs. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, c’est la colonisation européenne, surtout française, que les tribus touarègues combattent, de façon san-

LE NIGER EST CERTES LE PAYS LE PLUS PAUVRE DU MONDE SELON LE CLASSEMENT ETABLI PAR L'ONU, IL N'EN EST PAS MOINS DEUXIEME PRODUCTEUR MONDIAL D'UNE RESSOURCE QUI VAUT MAINTENANT SON PESANT D'OR : LE YELLOW CAKE, L'URANIUM LOURD. PREMIER EXPLOITANT DE CES MINES, LE FRANÇAIS AREVA POURRAIT ETRE EN TRAIN DE PRENDRE DES RISQUES. RISQUES NON POUR SES INTERETS, MAIS POUR UNE ETHNIE OPPRIMEE AU NIGER : LES TOUAREGS.

glante. Mais une fois le territoire aux mains des Français, la région est plutôt calme. Lors de la décolonisation, l’aspect ethnique des Touaregs sera complètement ignoré par les Européens, et les nouveaux états de la région, Lybie, Algérie, Maroc, Mali, et Niger, réprimeront de façon encore plus sanglante les peuples du désert.

Un conflit inconnu La partie la plus violente de la rébellion touarègue se déroule à huis clos, dans une zone interdite aux médias, celle où les journalistes Pierre Creisson et Thomas Dandois ont illégalement filmé : le nord du Niger. Le conflit qu’ils voulaient mettre au grand jour nous est quasiment inconnu. C’est une guerre muette, cachée. Alors, difficile de se faire un avis. Un quotidien national français, par exemple, est de ceux qui ont des certitudes sur le conflit touareg. Dans un article du 15 Janvier, le pétrolier Areva s’inquiète de la rébellion. Selon le quotidien, les mines posées par les Touaregs le long des routes menacent les camions transportant l’uranium, unique mais

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grande richesse du Niger, pour l’instant plus pauvre pays du monde selon l’ONU. Pour Salvatore Sagues d’Amnesty International, « Il y a des exactions des deux côtés, extrêmement graves. L’armée nigérienne s’est rendue responsable d’exécutions extrajudiciaires, abattant de sang froid des Touaregs, même des vieillards, sous des prétextes fallacieux. » Quant aux mines antipersonnel, « Nous avons constaté que les deux belligérants en ont posées, on ne peut donc accuser personne en particulier pour cet acte. » Si les passions et les cruautés se déchaînent tant ici, c’est que le conflit mêle des ingrédients de choc : passé esclavagiste, décolonisation irresponsable, et ressources énergétiques. Durant les 20 dernières années, alors que les pays de la région (Mali, Niger, Nigeria, Lybie et sud de l’Algérie) naviguaient entre sécheresses, famines et guerres civiles, on y découvre pétrole, diamants, et uranium. A la terreur continuelle de la répression des Touaregs et de leur rébellion sanglante peuvent s'ajouter des industriels


occidentaux aux allures de girouettes ; Areva en première ligne. « Nicolas Sarkozy a fait du nucléaire un axe majeur de sa politique, et Areva tire 40% de son uranium du Niger, prévient Kader Abderrahim. Pour assurer l’exploitation malgré le conflit, il ne faut surtout pas que la France soutienne le régime de Niamey contre les Touaregs. » Son appel ne semble pas entendu, puisque selon le quotidien évoqué précédemment, le groupe Areva étudie avec Niamey la possibilité d’encadrer militairement les convois d’uranium.

Une affaire compliquée : Areva en situation difficile Abdoul Salam Bello est Nigérien ; après des études à HEC, ce fils d'ambassadeur travaille en Arabie Saoudite, au siège de la Banque Islamique de Développement, politiquement neutre. L'affaire est plus compliquée que prévu. « Peut-être n'est-ce pas vraiment Areva qui est en tort, c'est certainement le gouvernement nigérien qui le lui impose, d'une manière ou d'une autre... Il faut voir que maintenant, Areva n'a plus une grande marge de manoeuvre au Niger, ils sont obligés de faire profil bas », explique-t-il et cela pour plusieurs raisons. La première est que le gouvernement nigérien ne veut plus des relents de la domination française. « Nous ne sommes plus une colonie, nous ne sommes plus des indigènes ! », déclarait Mohammed ben Omar, ministre de la Communication nigérien, en passage à Paris fin 2007. Et Abdoul Salam Bello de confirmer : « Le Niger s’est enfin décidé à briser le monopole d'Areva. Il donne donc des concessions minières à des entreprises chinoises » bien moins regardantes sur les questions politiques et humaines. La seconde raison est donc la perte du monopole : avec des concur-

rents directs, il s'agit de ne pas faire trop de bruit et ne pas gêner le gouvernement, qui pourrait, du jour au lendemain, « éjecter, manu militari, les ressortissants français du Niger,

Nigérien

Il ne s'agit pas aujourd'hui, pour les journalistes français comme pour la communauté internationale, d'émet-

« il y a l’idée profonde à présent que les frontières existantes sont indépassables » et remplacer Areva par des Chinois qui ne poseraient pas tant de soucis et n'amèneraient pas de journalistes, eux », constate, désolé, Abdoul Salam Bello. Enfin, « depuis que Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il romprait avec les pratiques de la ''Françafrique'' de ses prédécesseurs, il va bien devoir le faire... Alors Areva au Niger doit être un acteur neutre, et non jeter de l'huile sur le feu », renchérit-il, ou en tous cas, cela ne doit pas se savoir. D'ailleurs, Areva ne fit aucune déclaration lorsque les journalistes français furent faits prisonniers...

Une affaire compliquée : le bon Touareg et le méchant

tre un cri de solidarité avec la répression des Touaregs, contre l'alliance industrio-politico-militaire Areva / Niger. Par exemple, et comme l'a précisé le porte-parole d'Amnesty International, les Touaregs sont aussi fautifs de comportements guerriers insoutenables, comme l'installation de mines anti-personnel jusqu'aux rues de certaines villes. Abdoul Salam Bello corrige dès qu’on prononce le terme de ''guerre civile'' : « On ne parle pas du Kenya ou du Soudan ici, attention, est-ce que moi je dis que la France est en guerre civile parce que les Corses font brûler un bâtiment de la République ? » Ces pays d'Afrique sont aussi des mosaïques d'ethnies : « moi, je suis d'origine peule, confie Abdoul Salam, et nos représentants sont disséminés des frontières du Sénégal jusqu'à l'Ethiopie, et nous ne sommes pas aussi violents que les Touaregs. Cela

Les touaregs sont appelés les «hommes bleus» car leurs turbans bleus déteignent sur la peau du visage.


INTERNATIONAL / Touaregs... TOI MÊME ! reste tout de même un peuple guerrier et qui vit sur le trafic, il faut voir en tant que tel. » Autre argument de tempérance, donc. Enfin, « il y a autant de comportements de Touaregs qu'il y'a de chefs touaregs, ils sont très divers, précise Kader Abderrahim, chercheur à l'IRIS. Mais certains d'entre eux commencent à s'allier avec des intégristes islamistes. » Al-Qaida au Maghreb pour ne pas les citer. Et là les choses deviennent plus sérieuses, car les dangers, les moyens, les armements, et les répercussions géopolitiques sont plus grands.

« Aujourd’hui tout Touareg a une arme » Pourtant, les Touaregs sont connus pour représenter un rempart à la prise de puissance des intégristes is-

lamistes au Maghreb. Melissa Winhouse est comédienne et voyage fréquemment dans la région ; elle rentre à peine d’un mois passé à Kidal, ville touarègue du nord du Mali. Pour elle, la réputation des Touaregs concernant les intégristes est toujours d’actualité : « Il y a deux ans, un imam radical m’avait empêché de monter une pièce de théâtre avec des enfants, à Kidal. Le mois dernier j’y suis retournée et, quand ils ont "mis une rouste" à l’armée malienne, ils en ont profité pour virer aussi les radicaux. » Et culturellement, « les femmes ne portent pas de voile chez les Touaregs, et elles ont une place très importante dans la société, dans la famille », assure-t-elle. Ce qu’elles ne devraient pas avoir selon un Islam radical… Fin septembre 2006, l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement avait même affronté les Salafistes du GSPC algérien, aujourd’hui appelé Al-Qaida au Maghreb. Le fameux « 23-Mai » dernier, un début de rébellion secoue le nord malien.

Ibrahim Ag Bahanga prend les armes et ses troupes prennent en otage une quarantaine de soldats maliens, pour protester contre le manque d’application par le Mali et le Niger des accords d’Alger, eux-mêmes obtenus après le grand mouvement de rébellion touarègue de 1990. Pour les Touaregs, se battre, c’est « culturel », continue Melissa Winhouse : « C’est une société de guerriers ; aujourd’hui, tout Touareg a une arme. Après les rebellions des années 90, ils se sont confortés dans la lutte ». Mais la rébellion violente, comme elle se déroule au Niger, a des raisons particulières. « Il y a un racisme constant dans les pays d’Afrique Noire entre Touaregs et "Noirs"… et puis historiquement, la richesse des Touaregs provient du trafic, et notamment du trafic et de la prise d’esclaves noirs, il y a quelques siècles. » Pour autant, ce lourd passé historique est-il aujourd’hui toujours source du conflit ? « Non, il y a l’idée profonde à présent que les frontières existan-

Le peuple touareg est réputé pour être guerrier et pour mener une rébellion très violente au Niger.


tes sont indépassables, et qu’il faut réunir et faire s’entendre toutes les ethnies qui composent le Mali. Au Niger… C’est différent, car l’état n’a pas la même ambition », affirme-t-elle. Pour Kader Abderrahim, Areva se doit d'une retenue exemplaire dans ce dossier : « si Areva, qui est perçu au Niger comme ''La France'' est tout à coup considéré comme ami du gouvernement nigérien, il y a risque que la situation s'enflamme... entre Touaregs et Nigériens "de souche", et contre les ressortissants français. » Charles Hufnagel, du service de presse d'Areva, insiste lui sur la nécessité d'établir un protocole de protection militaire des convois d'uranium : « La protection des convois est déjà assurée de fait, on ne fait ici que l'officialiser par un protocole, comme on l'a d'ailleurs fait avec la France. » Et quant au dialogue avec l'armée nigérienne, il est tout à fait normal : « Nous sommes dans un pays souverain, et le seul interlocuteur qui nous semble légitime est l'Etat du Niger. Nous ne faisons pas de politique, nous faisons notre travail et nous adressons donc au gouvernement légitime. » La rébellion touarègue est définitivement d'une extrême complexité, et nous ne pouvons que saluer le travail de Thomas Dandois et Pierre Creisson qui désiraient nous en informer.

Exploitations d’une mine d’uranium près d’Arlit au Niger

Gregory Kapustin

Les touaregs se seraient nomadisés après l’invasion du Maroc au XIe siècle

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POLITIQUE / Gauche : l’Union pas la Force


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La gauche de la gauche est éclatée. Quatre mouvements (LO, LCR, PC et antilibéraux) se partagent environ 10% de l’opinion publique. Avec une telle division, difficile de se faire entendre sur la scène politique nationale. Olivier Besancenot a ainsi lancé un appel à la création d’un nouveau parti d’extrême gauche unie. L’union paraît tout de même illusoire vu les logiques et les intérêts divergents entre les différents camps. Ce nouveau parti pourrait bien n’être qu’une LCR liftée qui se débarrasserait de ses références à son ancienne idole : Trotski.


POLITIQUE / Gauche : l’Union pas la Force Meeting Pessac le 6 octobre 2007

Union impossible

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livier Besancenot veut créer un nouveau grand parti d’extrême gauche. Un parti capable de peser sur le débat public et de proposer une « vraie » défense des valeurs de gauche contre la « dérive droitière de la classe politique. » Il a lancé un large appel à la constitution de ce nouveau parti qu’il décrit comme « anti-capitaliste ». C’est certainement le bon moment. La gauche de la gauche est en piteux état. Le Parti Communiste qui a tenu le rôle de grand parti d’extrême gauche pendant 50 ans ne s’est jamais remis de sa participation au gouvernement Jopin et la place est donc libre. Lutte Ouvrière, trop dogmatique n’est pas à même de remplir ce rôle. Reste alors la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) du jeune facteur. Il compte sur un échéancier extrêmement rapide et espère que son nouveau parti connaîtra son premier congrès d’ici la fin de l’année 2008. Fort de ses 4% à la dernière présidentielle, Olivier Besancenot s’im-

pose comme un véritable leader de la gauche. Des récents sondages (à prendre avec des pincettes) montrent que les Français le considèrent comme un des opposants les plus crédibles à la politique de Nicolas Sarkozy tout parti confondu. Il est le seul à avoir su se faire entendre au moment où le Président était en « état de grâce », il est donc le principal bénéficiaire de la dégringolade du chef de l’Etat dans les sondages. Avec un Parti Socialiste moribond et inaudible, le leader de la Ligue a l’ambition de devenir majoritaire à gauche.

La LCR a fait une croix sur les valeurs trotskistes La LCR est un appareil bien trop dépassé pour atteindre cet objectif. Son existence n’a plus vraiment de raison d’être. La scission entre trotskistes et communistes n’est plus d’actualité. Il est fini le temps de la IVe Internationale où s’opposaient communistes

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fidèles à l’union soviétique et fervents supporters de Léon Trotski et de sa critique du modèle stalinien. Il faut maintenant que l’extrême gauche s’unisse pour pouvoir se faire entendre. « Il n’y a plus d’opposition sur le fond et sur le programme », affirme Gérard Filoche, grand penseur de l’extrême gauche. « La LCR a fait une croix sur les valeurs trotskistes et le PC a fait son mea culpa à propos du régime stalinien », confirme Raymond Debord, ancien membre du comité central de la LCR et directeur de la revue Militant. « Il n’y a plus de verrou historique, rien n’empêche une union hormis les logiques d’appareil », poursuit-il. Pourtant l’attente de l’union de la gauche est grande et le potentiel électoral est là. Le courant alter mondialiste le prouve. Tout comme les différents mouvements sociaux qu’a connu le pays depuis 2005. L’électorat de la gauche radicale représentait environ 10% lors de la dernière élection présidentielle, sans compter les déçus de Ségolène Royal en quête d’un nouvel idéal à défendre. Reste


maintenant à transformer l’essai dans les urnes. Mais avant de penser au combat, il faudra d’abord réussir à s’unir. Car la réconciliation à l’extrême gauche ne date pas d’hier. Léon Trotski Depuis près de 20 ans, les différentes mouvances de la gauche anti-capitaliste essayent de se regrouper pour former une seule et même entité. Mais en vain. Les querelles du passé finissent toujours par l’emporter. Depuis l’après guerre et la scission à l’intérieur du PCF, les militants de chaque camp se sont à la fois unis dans la rue et combattus dans les textes. Trotskistes, altermondialistes, communistes pur jus, syndicalistes ont divergé sur des thèmes essentiels. Tout d’abord, les petits partis reprochent au plus gros (le PC) de faire des compromis pour intégrer le gouvernement. Les alliances faites par le PC au moment de la gauche plurielle déplaisent notamment côté LCR. Les communistes se voient reprocher d’avoir tourné le dos à leurs idéaux pour de basses intentions électorales. Olivier Besancenot, lors de son appel à la création d’un nouveau parti à d’ores et déjà annoncé que cette nouvelle entité ne s’allierait pas à un gouvernement social libéral mené par le PS. Cette exigence risque de refroidir la tranche plus réformiste du PC, héritée de Robert Hue. Pour Gérard Filoche, il est impossible de s’unir dans la désunion. « Il n’y arrivera jamais s’il ne cherche pas l’union de toute la gauche», assène-t-il. Selon lui, sans le Parti Socialiste on ne peut pas fédérer les forces de gauche. Olivier Besancenot compte lui sur les militants du PS tout en rejetant fortement la tête du parti. « Par en haut c’est bloqué,

mais par en bas il y a un souffle et une nouvelle génération militante. La masse de ceux et celles qui luttent », espérait Olivier Besancenot au micro de France Inter. « Impossible, réplique Gérard Filoche. En attaquant

la tête, on se met à dos les militants, celui qui ne sait pas ça en politique doit retourner à l’école ». Il ne pourrait donc pas y avoir d’union de la gauche de la gauche sans le Parti Socialiste. « En tout cas pas avec la pratique de la Ligue qui consiste d’abord à lutter contre le PS », poursuit le philosophe et ancien directeur de la revue Rouge.

Les communistes tiennent à leur appareil « L’appel ne s’adresse pas d’abord aux forces politiques », répète à l’envie le leader de la Ligue. Mais pour Gérard Filoche, l’union est une vieille rengaine : « Ca fait 30 ans qu’Alain Krivine essaie de faire la même chose sans succès. » Mais cette fois, la LCR va pouvoir s’appuyer sur les cendres encore chaudes des collectifs antilibéraux dont la création vient de l’envie de fédérer toutes les forces de gauche. Au moment de la campagne référendaire de 2005, les différents mouvements d’extrême gauche se

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sont unis pour soutenir le non. Lutte Ouvrière, la Ligue Communiste Révolutionnaire, le Parti Communiste Français et même une frange du Parti Socialiste se sont unis pour poursuivre un même objectif. C’est ainsi que se sont formés les collectifs antilibéraux. La victoire du non leur est apparue comme une preuve que tous ensemble, ils avaient un vrai impact dans l’opinion. Fort de cette dynamique, les collectifs ont voulu poursuivre jusqu’à la présidentielle et présenter un candidat antilibéral unique. Mais l’union n’a pas eu lieu. Lutte Ouvrière avait refusé tout net l’option d’une candidature commune. Arlette Laguiller s’est donc présentée. Les autres organisations avaient réussi à se mettre d’accord sur un programme commun de 70 propositions. Mais au moment de designer le candidat, l’unité a éclaté. « Les raisons invoquées par la Ligue étaient artificielles », dénonce Yves Salesse, co-président de la fondation Copernic et candidat à la candidature présidentielle au sein des collectifs antilibéraux. Ce dernier a ainsi vu la chute de ses espoirs unitaires en raison des choix stratégiques de la Ligue et du PC. « Il y avait un formidable espoir d’unir les antilibéraux, il y avait une vraie dynamique », déplore Yves Salesse. « L’extrême gauche peut s’unir pour former des fronts sur des combats précis, mais ne pourra pas s’allier sous la forme d’un parti », prévient Gérard Filoche. De leur côté, les militants communistes ne semblent pas très enclins à rejoindre ce nouveau parti. Pendant des années le contentieux entre trotskistes et communistes était violent. Certes les haines ont disparu mais de là à s’allier, il reste un pas. Les com-


POLITIQUE / Gauche : l’Union pas la Force

Olivier Besancenot, vendredi 7 décembre 2007, meeting de la LCR à Sarcelles (95) copyright Photothèque Rouge JMB

Chronologie des scissions Trotskistes / Communistes :

munistes souhaitent défendre leur appareil historique et ne sont pas prêts à l’abandonner comme ça. « Je ne pense pas que ce soient des apparatchiks, simplement ils pensent qu’il leur faut recentrer la ligne du parti pour qu’il retrouve sa superbe », explique Raymond Debord. « Je pense que l’appel à l’union de l’extrême gauche par Olivier Besancenot est une mascarade, s’amuse Raymond Debord. Il veut juste s’ouvrir à des sympathisants par nature moins idéologisés. Il n’attirera, à mon avis, aucun encarté ou très peu. » Pour attirer ses adhérents moins convaincus, la LCR promet des victoires

1848 : Karl Marx et Friedrich Engels publient le Manifeste du Parti Communiste. Ce texte marque la naissance du communisme, jusqu’alors fondu dans le socialisme.

électorales en annonçant la création d’un grand parti de gauche capable de rivaliser avec les grandes formations. « Pour satisfaire ce type de militants, la position anti-PS sera intenable », prévoit l’ancien membre de la LCR. Au moment du choix entre les « durs », partisans de l’isolation face aux socialistes et les nouveaux adhérents, il risque d’y avoir scission, une grande tradition des mouvements d’extrême gauche. La position d’ouverture de la LCR est assez récente. Dans les années 70-80, la position de la Ligue était d’aboutir purement et simplement

1864 : Création de la Première Internationale (Association Internationale des Travailleurs) qui rencontre un succès modéré et se termine par une querelle entre anarchistes et marxistes.

1894 : L’affaire Dreyfus éclate. Les socialistes se divisent sur cette affaire. D’un côté certains estiment que ce n’est qu’un conflit bourgeois à l’image de Jules Guesde, de l’autre les défenseurs de Dreyfus à l’image de Jean Jaurès.

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à la révolution. Ce n’est que dans les années 2000 qu’elle s’est résolue à laisser de côté le thème de la dictature du prolétariat. Désormais, la position est beaucoup plus électorale. L’objectif d’arriver au pouvoir par les urnes n’est plus exclu contrairement à Lutte Ouvrière qui garde la grille de lecture révolutionnaire. Ce bouleversement explique la volonté des cadres de la LCR de s’étendre à de nouveaux publics. Mais là encore il faudra revoir l’hypothèse d’une alliance avec le PS. A moins d’espérer la mort du Parti Socialiste et d’en prendre la place. Scénario peu probable. Véritable appel désespéré à une

1917 : La révolution russe montre la voie à une révolution communiste.

1919 : Lénine fonde la IIIe Internationale (le Komintern). L’organisation incite tous les révolutionnaires à se séparer des socialistes pour rejoindre les partis communistes.


Lambert, un homme de l’ombre Pierre Boussel alias Lambert est mort le 16 janvier dernier à 87 ans. Militant et dirigeant trotskiste depuis plus de 50 ans, il était un leader de l’ombre des mouvements d’extrême gauche antistaliniens. Né en 1920 à Paris, il intègre le PC en 1934 dont il est exclu à peine un an plus tard pour avoir critiqué le pacte franco-soviétique. Il fait son apprentissage politique aux moments du Front populaire de 1936 et de la montée des régimes totalitaires en Europe. Accusé d’hitléro-trotskisme au sortir de la guerre, il est exclu de la CGT. Il entre alors à Force Ouvrière. En 1952 la IVe Internationale se scinde en deux, dont une partie est dirigée par Lambert. Souvent considéré à tort comme un promoteur de l’entrisme (mot généralement galvaudé), Lambert missionnait des « agents dormants » censés se réveiller une fois arrivés à des postes clés. Il fut le maître politique d’un grand nombre de leaders politiques actuels à l’image de Lionel Jospin (qui intégra le PS pour le compte du mouvement Lambertiste) ou encore Jean-Christophe Cambadélis (député socialiste). Il sortit de l’ombre en 1988 pour devenir candidat à l’élection présidentielle. Il recueille alors 0,38% des suffrages soit environ 117 000 voix. A sa mort, il était toujours un important militant du Parti des Travailleurs. union impossible de toute l’extrême gauche ou calcul stratégique pour attirer de nouveaux militants ? Seuls les sympathisants d’extrême gauche pourront répondre à cette question. S’ils affluent en masse dans le parti d’Olivier Besancenot (encore sans nom), le rapport de force à la gauche de la gauche pourrait changer et le PC, déjà en difficulté financière, pourrait bien ne jamais s’en relever. Pierre Tenaud

Port-Leucate du 23 août 2007 Universités d'été de la LCR Meeting avec Olivier Besancenot Photothèque Rouge CM

1920 : Congrès de Tours au cours duquel la SFIO décide si elle rallie la IIIe Internationale et accepte les 21 conditions. Une majorité quitte la SFIO pour fonder le Parti Communiste. Blum, Jaurès et Guesde restent fidèles à la SFIO.

1936 : Socialistes, radicaux de gauche et communistes s’allient pour former le Front Populaire et gagnent les élections.

1938 : Trotsky fonde la IVe Internationale qui donne naissance à la LCR en France. Une haine tenace oppose désormais Communistes et Trotskistes.

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1989 : Chute du mur de Berlin. En France cet événement est le point de départ d’un rapprochement idéologique entre trotskistes et communistes.


NATIONAL / Une Justice «DATIENNE»

Carte judiciaire une réforme mal engagée

En se portant garante de la modernisation de la justice française, la ministre de la Justice, Rachida Dati a entrepris un découpage territorial. Elle a annoncé la suppression de 328 tribunaux dans le cadre de la réforme de la carte judiciaire. L’ensemble de la profession regrette le manque de consultation préalable et critique la manière autoritaire dont la garde des sceaux a fait preuve.

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e souhaite que la justice française se modernise. » Le 27 juin dernier, Rachida Dati annonce la réforme de la carte judiciaire par la suppression de tribunaux d’instance (TI) et de tribunaux de grande instance (TGI). Dans un discours ouvert, elle a réuni un comité consultatif composé de magistrats et des représentants de la profession afin de réfléchir sur les points problématiques. Ce comité a pour l’instant été réuni une seule fois lors de sa création. La modernisation de la justice par Rachida Dati passe en effet par plusieurs étapes. L’acte I consistait à faire un découpage territorial. En quelques mois, la garde des sceaux a annoncé la suppression de la moitié des TI et d’une partie des TGI, cour d’appel par cour d’appel, qui seront amenés à disparaître au terme de la réforme en 2010. En tout, 176 TI sur 473 et 23 TGI sur 181 vont être supprimés. L’acte II de la réforme consiste à remodeler la répartition des contentieux au sein de chaque tribunal et de prévoir une spécialisation des juristes afin de faciliter l’accès au droit des justiciables. « Ce n’est pas sur le fond mais sur la forme que nous nous opposons à ce projet, déclare David Depasse de

pas le fond de la réforme. Les décrets d’application sont en cours d’examen par le conseil d’Etat et seront signés ensuite par le gouvernement.

Pourquoi réformer la justice française ? Dans sa dernière allocution à la Chancellerie le 18 janvier pour l’installation du groupe de travail sur la répartition des contentieux, deuxième phase de réflexion de la réforme, Rachida Dati a rappelé : « Les Français nous disent qu’ils comprennent mal le fonctionnement de la justice. Les critères de compétence des juridictions apparaissent flous. L’actuelle répartition des contentieux est trop complexe. » Définis en 1958, la répartition entre tribunal d’instance et tribunal de grande instance, par la nature du litige, n’est plus applicable. La France compte 1 190 tribunaux. L’apparition de contentieux de masse, comme le droit des affaires familiales et le droit matrimonial peu connus auparavant, est maintenant très sollicitée. Malgré cela les tribunaux de grande instance qui statuent en principe de manière

« On va vers une justice

d’être restructurés voir agrandis. En France l’attente moyenne des textes de décision par affaire est de six mois dans les TGI. La sécurité du justiciable est en effet remise en question. Guy Geoffroy, vice-président de la commission des lois et maire UMP de Seine-et-Marne, s’est penché avec la garde des sceaux sur le problème de l’effectivité des décisions de justice et leur rapidité : « Il est important de faire le tri et de garder les tribunaux qui ont un minimum d’activité. Ceux en dessous d’un certain seuil doivent disparaître afin d’éviter la paupérisation et le manque de qualité de traitement et de rendement des décisions. » Il n’est pas en mesure de définir les vrais critères de suppression. « Je doute des critères sur lesquels s’est basée la ministre pour justifier de la suppression des juridictions », s’inquiète Alain Vidalies, également vice président de la commission des lois, député PS des Landes. Le TGI de Montluçon qui devait disparaître lors de la première mouture du projet a finalement été sauvé. Guy Geoffroy avait accepté en direct d’une radio locale de répondre aux revendications du président du TGI. Il se vante donc de la possibilité de concertation et de l’ouverture à la discussion mais est incapable de définir les critères exacts retenus pour le maintien de ce tribunal quand on l’interroge. Va-t-on vers du cas par cas où le copinage entre élus et décideurs dessinera la nouvelle carte des juridictions en France ? La question se pose. Exemple du TGI de Fontainebleau en Seine-et-Marne, où Guy Geoffroy est maire, qui est finalement maintenu car on a découvert que l’activité correctionnelle était suffisante. Ce n’est sûrement pas le seul. Il poursuit pourtant : « Nous avons la volonté d’orienter les justiciables vers des juridictions regroupées et spécialisées dans leur domaine de compétence. La proximité géographique avancée par les syndicats de la profession n’est pas le seul critère. Nous ne devons pas nous arrêter à cela. Si nous voulons tous une justice efficace il faudra faire ce sacrifice. » Sur le terrain, pas le même son de cloche, les réalités géographiques et démographiques semblent faire un pied de nez à ce raisonnement bien arrêté.

au détriment des plus faibles » l’union syndicale des magistrats. En annonçant la suppression massive des tribunaux de proximité, service public incontournable, la ministre méprise les intérêts des justiciables et l’égalité d’accès à la justice devant lequel tout citoyen doit pouvoir accéder, toutes villes confondues. » La profession regrette en effet le manque de consultation et de travaux communs préalables et nécessaires pour arriver à la mise en place effective d’une telle réforme. Derrière le slogan « Une justice au coeur, les justiciables au centre » adopté par la commission Guinchard, interlocuteur privilégié de la ministre qui doit rendre un rapport le 30 juin 2008, se cachent des réalités territoriales et humaines incontournables. Cette réflexion servira d’inspiration mais ne changera

collégiale sont débordés. Beaucoup de TGI fonctionnent à juge unique sur des affaires moins complexes. A l’inverse les TI se voient confier des affaires de plus en plus complexes comme le droit à la consommation qui prend une ampleur considérable par la multiplication des affaires. Le ministère de la Justice y voit un risque de dérive et un besoin de rénovation. Le regroupement de certaines juridictions au niveau départemental est une des priorités du gouvernement. La justice pénale est en mal d’efficacité. Une grande partie des peines prononcées à l’encontre des accusés sont inexécutées. L’encombrement des prisons ralentit certes le processus mais la cause principale reste le manque de moyens pour résoudre les affaires. Certains tribunaux méritent

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NATIONAL / Une Justice «DATIENNE»

Les réticents, une majorité Différents groupes de travail à tous les échelons de la professions, magistrats, présidents de chambre, de cours d’appel, de TGI et de TI ont été appelés à entamer une première réflexion sur le découpage territorial des juridictions, première phase de la réforme. Et à la rendre public en septembre. Un délai court. Trop court d’après la secrétaire générale du syndicat de la magistrature, la juge, Hélène Franco. « Une réforme digne de ce nom doit se faire avec des critères de répartition bien définis et des études démographiques préalables, indispensables pour que l‘égalité d’accès au droit du justiciable soit garantie », assure-t-elle. La suppression de la moitié des tribunaux d’instance, un service public de proximité, met en danger le droit du justiciable à saisir un juge. La saisie devant un TI est accessible, peu chère et rapide. Elle ne requiert pas la présence d’un avocat. Si le demandeur en a besoin, les TI disposent d’avocats formés pour as-

sister la personne. D’après le conseil national des barreaux c’est une justice qui fonctionne bien. La décision de les supprimer est une question purement économique au détriment des citoyens. Un grand nombre d’entre eux vont être rattachés aux TGI situés dans les grandes agglomérations les plus proches. C’est le cas du TGI de Marmande dans le Lot-et-Garonne qui va être transféré au TGI d’Agen à 60 km. « C’est une absurdité. La majorité des affaires que l’on traite ici relève du droit des tutelles. C’està-dire des personnes âgées, ou incapables majeures qui ont déjà, en temps normal, des difficultés à se déplacer avec leur tuteur », remarque maître Franck Dupaille, bâtonnier au TGI de Marmande. Il en va de même pour toutes les affaires relevant du tribunal des prud’hommes. La plupart des contentieux sont des salaires ou des heures supplémentaires impayés. Les personnes les plus précaires vont renoncer à aller devant le juge si elles doivent parcourir 120 km dans la journée. On va vers une justice au détriment des plus faibles ». La France compte actuellement 800 000 personnes sous tutelle. Avec le vieillissement de la po-

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pulation, on atteindrait un million de personnes dans les années à venir. Une réalité qui n’est pas prise en compte par la réforme. Parmi les craintes de la profession, reste celle de la lenteur de la justice. Faire déplacer les magistrats et leurs greffiers ne règle pas le problème de l’efficacité de la justice. Les délais de rendu de décisions risquent aussi d’être prolongés. Les tribunaux vont se retrouver engorgés. Il est prévu d’en agrandir certains. Des sommes considérables vont êtres engagées pour le déménagement des locaux dans les grandes villes où sont maintenus les TGI. Les élus refusent d’en supporter le coût. Actuellement, la propriété des bâtiments des tribunaux appartient aux communes. Les collectivités vont certes récupérer les locaux et les reconvertir mais le coût humain est important. La fédération des maires des villes moyennes, craint une perte d’activité économique et des professions supérieures: « Les villes moyennes concentrent un tiers des emplois publics. La disparition des TI, TGI, tribunaux de commerce et cours de prud’hommes risque de dissuader les entreprises et propriétaires qui ont besoin de ces services de venir s’installer. C’est


toute une profession qui part dans les grandes villes. Cela va à l’encontre des lois de décentralisation. »

En définitive « Notre justice se destine à être réduite à la médiation et au découragement des justiciables à se présenter devant un juge», déplore Hélène Poivey-Leclercq, présidente de la commission ad hoc à la commission Guinchard, et chargée de réfléchir au déclassement des professions et aux limites de la médiation. « A vouloir réduire les lieux de justice, en faisant appel à une justice sans professionnels, les arbitrages déjà existants vont persister au détriment des justiciables », souligne-t-elle. En effet les maisons de justice et de droit, lieux d’accueil, d’écoute et de conciliation entre les parties restent les seuls représentants de la justice de proximité. Elles sont gérées par les collectivités. Des avocats et des greffiers détachés règlent les conflits à l’amiable. Cependant « ces maisons ne remplaceront jamais un tribunal d’instance où la personne a accès au juge et elles ne sont pas nombreuses », poursuit-elle. Elles sont deux à Paris et règlent déjà 10 000 affaires par an. Le développement des nouvelles technologies, audiences par audioconférence et les audiences foraines, faire venir un juge une journée pour juger plusieurs affaires de même

nature sont des alternatives proposées par la ministre. Le financement et la difficulté de faire parler cer-

forme entre dans sa dernière phase mais du côté des professionnels rien n’est réglé. Les magistrats en poste

« Notre justice se destine

à être réduite à la médiation et au découragement des justiciables. » tains prévenus par caméras interposées sont des questions qui restent en suspend. Côté gouvernement, la ré-

amenés à partir n’ont pas de réponse quant à leur avenir. La garde des sceaux donne rendez-vous au comité de réflexion le 30 juin prochain pour mettre à plat leurs propositions sur le deuxième volet de réflexion, la répartition des contentieux. « Nous refusons d’aborder ce deuxième « Acte » tant que le premier point sur la suppression des tribunaux ne sera pas plus amplement justifié avec des critères qui seront les mêmes pour tous. Il serait temps d’apporter des réponses sur le choix de faire disparaître certains tribunaux qui fonctionnent très bien. Les dysfonctionnements ne concernent qu’un quart de ces juridictions amenées à disparaître, rappelle Hélène Franco. La ministre ne doit pas mépriser le besoin de maintenir une justice de proximité dans certaines agglomérations, nous professionnels, nous y veillerons. »

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Hélène Bourgon


NATIONAL / ETA : les sources de la lutte

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Le 10 janvier dernier se déroulait le sommet franco espagnol à Paris avec pour toile de fond la lutte contre le terrorisme basque. L’occasion de revenir sur la nouvelle coopération entre ces deux pays afin d’éradiquer ETA. e président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, ont formé une équipe permanente contre le terrorisme, à la suite de l’assassinat de deux g ardes civils espagnols à Capbreton le 1er décembre dernier. Une décision longtemps attendue par les Espagnols. Le 1er juillet 2006, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré que « la question de l’ETA relève de la souveraineté espagnole » et avait placé la France hors du dialogue engagé entre le gouvernement ibérique et ETA. Les premiers assassinats d’ETA sur le sol français l’ont apparemment fait changer d’avis. Batasuna (gauche indépendantiste basque) voit les choses différemment. « Pour que Paris change d’attitude vis-à-vis de l’indépendance du Pays Basque, rien

de tel que de se battre. Les Kanaks (autochtones de Nouvelle-Calédonie) ont obtenu ce qu’ils ont obtenu parce qu’ils se sont battus pour l’avoir. La lutte contribue à transformer les fins de non-recevoir du départ en des dispositions beaucoup plus ouvertes à la négociation », indique Xabi Larralde, son porte-parole.

La France longtemps hors du coup L’Espagne lutte depuis 40 ans contre le terrorisme basque. Un véritable problème que la France a toujours refusé de combattre ouvertement. Pourtant, au milieu des années 80, elle a eu fort à faire avec les GAL (Groupes anti-terroristes de libéra-

Les trois régions françaises et les quatre provinces espagnoles revendiquées par ETA.

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tion), organisation implantée dans les services spéciaux espagnols, dont le but était d'éliminer des terroristes basques espagnols vivant au Pays Basque Nord et de faire pression sur l’Etat français pour qu'il arrête les terroristes résidant sur son sol. 40 attentats et 27 meurtres seront commis entre 1983 et 1987 en Espagne et en France, notamment à Bayonne. Depuis, l’indépendantisme basque fait des émules au Pays Basque français. Le 17 juin 2006, Xabi Larralde lançait un appel à Paris : « Il est temps que la France fasse un mouvement envers nous ». Depuis, ETA a frappé pour la première fois sur le sol français.

Le raquet, monnaie courante La France est la base arrière d’ETA depuis des décennies. De nombreuses planques d’armes ont été retrouvées dans le Pays Basque français. Les etarras (membres présumés d’ETA) fugitifs se sont longtemps cachés dans les Pyrénées-Atlantiques. Le raquet (« l’impôt révolutionnaire » selon les termes d’ETA) est toujours en vigueur, que ce soit dans le Pays Basque français ou espagnol. « Je suis basque d’origine et il y a trois ans, j’ai acheté une maison à Ciboure pour les vacances. Peu de temps après notre arrivée, j’ai reçu une lettre menaçant mes enfants et mon mari si je ne payais pas une certaine somme », raconte cette nantaise d’adoption qui reste proche de ses racines. « En refusant de payer cet


Les membres d’ETA préfèrent cacher leur visage durant leurs conférences.

rorisme “impôt révolutionnaire“, j’ai reçu des lettres de plus en plus troublantes, détaillant ma vie avec précision et j’ai pris peur. Finalement, j’ai vendu la maison ». Malgré tout, elle revient encore avec plaisir au Pays Basque, « mais à l’hôtel, c’est plus sûr ». Ce raquet est monnaie courante. Beaucoup préfèrent payer plutôt que de vivre dans la peur. Le champion du monde de football, Bixente Lizarazu, a lui aussi été victime d’une tentative de raquet.

Le dispositif franco-espagnol « La coopération franco-espagnole contre ETA est très importante et nous tient à cœur », indique-t-on du côté du ministère de l’Intérieur. Même son de cloche de l’autre côté de la frontière. « Nous sommes fiers de cette collaboration. Nous l’attendions depuis longtemps et elle devrait nous permettre d’aller plus loin dans la lutte contre le terrorisme », explique José Blanco, porte-parole du PSOE (Partido Socialista Obrero Español). Après l’échec des négociations entamées en juin 2006 entre le

gouvernement de Zapatero et ETA, cette coopération est importante. « Après le désastre des négociations pour lesquelles nous étions contre, la nouvelle de cette coopération va enfin dans le bon sens. On ne discute pas avec des terroristes », souligne le porte-parole du PP (Partido Popular), Ángel Acebes. Les moyens et les effectifs vont être renforcés. Le plus important reste le caractère permanent de cette coopération. Les objectifs sont précis, mais les détails sur les actions à venir restent vagues. Sécurité oblige. Anne Pinsolle

Kale Borroka ou la lutte dans la rue Kale Borroka est le nom en basque de la guérilla urbaine pratiquée par les indépendantistes radicaux basques (abertzale), un certain nombre d’entre eux faisant partie de l’organisation terroriste ETA. Cette pratique, créée dans les années 70, s'est développée une vingtaine d’années plus tard dans le Pays Basque espagnol et en Navarre. Le nom Kale Borroka est né à cette époque. Alors qu’une centaine de cas (130) de Kale Borroka ont été recensés en 1987, 1996 a vu la guérilla exploser avec 1 100 actions. Ces dernières années, les actes de Kale Borroka ont sensiblement diminué. Les raisons : la trêve de 2006, les 20 ans de prison encourus (si les prévenus sont convaincus de participation à cette guérilla) et le manque de soutien de la population. Mais, Kale Borroka reste un instrument important dans la stratégie d’ETA.

La guérilla urbaine ou Kale Borroka, instrumentalisée par ETA.

ETA, 40 ans de terreur Euskadi Ta Askatasuna (Pays Basque et liberté) ou ETA est une organisation terroriste basque créée le 31 juillet 1951 à Bilbao. Son but premier est de faire face à la répression franquiste. Elle jouit d’ailleurs, à ses débuts, d’une grande popularité. Mais, ETA change son fusil d’épaule et s’autoproclame « organisation clandestine révolutionnaire » au milieu des années 60. L’organisation commet son premier meurtre, celui d’un policier, le 7 juin 1968. Plus de 800 assassinats suivront. Après la mort de Franco (1975), l’Espagne s’attend à une diminution des actions d’ETA. Au contraire, le groupe se structure et se développe. Les revendications actuelles sont à court terme un rapprochement des prisonniers basques (plus de 500 en Espagne et 200 en France) et l’autonomie du Pays Basque incluant les provinces françaises du Labourd, de la Basse-Navarre et de la Soule. A long terme, ETA souhaite l’indépendance totale d’un Pays Basque réunifié et socialiste. 55


NATIONAL / DOM TOM : Incorruptibles ?

Tke the po wer ba Rage Again ck st the Machin e

L’Outre-mer corrompue L’Outre-mer représente 97% des eaux territoriales françaises.

L

L’Etat va consacrer 15,3 milliards d’euros aux 2,5 millions

es élus d’Outre- d’habitants des départements et collectivités d’Outre mer taller en Guyane, Falconmer ne sont plus en 2008. Selon le projet de loi finances 2008, présenté le bridge et Inco en Nouque des distribu- 19 décembre dernier par Christian Estrosi en Conseil des velle-Calédonie, Hilton teurs de fonds. ministres, 56% de ces fonds seront destinés à l’emploi. à Tahiti et bien d’autres Des "messieurs Les départements français d’Outre mer, confrontés à 19,6% encore. subventions" dont il faut de chômage en ont bien besoin. Pourtant, chaque année, Autre question à laquelle est confronté l’Etat. s’attirer les bonnes grâces une partie de ces sommes est détournée. Comment soutenir les pour en bénéficier. » C’est le grave constat de Manuela Gomez, installer des hommes forts Outre- économies locales ? Réponse : Avec en charge des Dom Tom au parti mer, au cours des années 70, pour l’administration. L’Etat est le premier communiste français. être sûr d’en garder le contrôle. Des employeur Outre-mer, occupant près Pour elle, ce résultat est la consé- dirigeants comme Lucette Michaux- du tiers des actifs. Une situation disquence des décennies de politique Chevry en Guadeloupe, Gaston Flosse parue dans l’Hexagone à la fin des d’assistanat de la France à leur égard. à Tahiti ou encore Jacques Lafleur trente glorieuses. Les salaires des fonctionnaires et les Des milliards de francs, et mainte- en Nouvelle-Calédonie. nant d’euros, qui ont été investis dans Pour s’assurer de leur fidélité, l’Etat retraités de la fonction publique sont des appels d’offres pour des projets les a noyés sous l’argent, les laissant indexés (ils sont multipliés par 1,77) sans fin. à loisir se tailler des lois sur mesure, pour gonfler la consommation et en« La route de la Tiwaka-Koné [en s’accaparer l’économie et les aides tretenir une économie de comptoirs. Une politique justifiée il y a un deNouvelle-Calédonie] a coûté qua- financières et installer leurs milices. mi-siècle par le coût et le temps d’un tre milliards de francs français à trajet en bateau, mais toujours en vil’Union européenne et à la France entre 1990 et 1996. Il est avéré que gueur aujourd’hui. D’autant qu’elle deux milliards ont été redistribués incite les Métropolitains à s’exiler, au en rétro commission à divers élus et grand damne des populations autochentrepreneurs. Et que 10% de cette tones, diluées démographiquement, somme ont été partagés entre les dif- Ces pratiques, dignes des républi- ce qui limite le poids politique des inférents partis politiques français, FN ques bananières et des dictatures, dépendantistes. exclu », raconte Patrick Caillet, grand servaient à garantir une stabilité po- Autres mesures utilisées par Paris litique aux firmes multinationales. pour soutenir les économies locareporter à RFO. A l’écouter, Paris aurait cherché à Ainsi Ariane Espace a pu venir s’ins- les : les défiscalisations destinées à

Soutenir l’économie

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accélérer les investissements privés, les contrats de développement aux îles et aux entreprises, l’ouverture à la concurrence des transports aériens et la création de zones franches dans les Dom.

DOM et COM, quelles différences ?

Certains s’en sortent mieux que d’autres

Les territoires d’Outre mer, hérités du colonialisme, possèdent différents statuts juridiques. Les départements d’Outre-mer (Guyane, Martinique, Guadeloupe et Réunion) sont régis de façon identique à leurs homologues français, selon les articles 73 et 74 de la Constitution. Les collectivités d’Outre-mer (appelées territoires avant 2003) possèdent leurs propres gouvernement, leur parlement et rédigent leurs propres lois. Définis par l’article 76 de la Constitution, ils se composent de la Polynésie française, Wallis et Futuna, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre et Miquelon. Quant à la Nouvelle-Calédonie, elle possède un statut à part, sui generis.

« La situation n’est pas pire qu’ailleurs », selon Stéphanie Joannès, journaliste à la Réunion. Pour elle, « il y a des détournements, certes, mais les travaux d’infrastructures indispensables sont quand même faits ». Pourtant la Réunion ne s’est pas tout à fait remise des scandales de corruption qui l’ont touchée au début des années 90. Les fonds détournés manquent et le chômage atteint 29,6%. Le rapport Lambert sur « les relations entre Etat et collectivités territoriales », remis le 7 décembre dernier à François Fillon dénonce l’enchevêtrement des compétences entre Etat et

collectivités territoriales, les contraintes réglementaires trop lourdes, les relations financières complexes et le doublon des institutions. Pour Manuela Gomes, qui a visité la Martinique en compagnie de Michelle Alliot-Marie lors de la campagne présidentielle, c’est le système administratif tout entier qu’il faut revoir. « Il faut former une nouvelle classe politique, (…) que la France ait une attitude plus accompagnatrice et simplifier les niveaux de compétences. Mais que cela vienne d’un mouvement démocratique, pas de Paris », propose-t-elle.

L’économie des Dom Com semble encore trop dépendante des échanges avec la France. La Martinique, la Guadeloupe et la Réunion sont pénalisées par la baisse du cours de la banane et de la canne à sucre. Ce sont des signes d’une économie trop dépendante d’une seule filière et d’un seul partenaire. La France devrait davantage accompagner les Dom Com à développer leurs exportations avec leurs voisins régionaux. Cela diversifierait leurs activités. Mais il faut quand même reconnaître certains succès à la politique française. Tahiti (+5% de croissance annuelle) vit très bien de son tourisme, tout comme la Nouvelle-Calédonie (+7%) tire ses richesses du nickel. « C’est la collectivité qui a le plus de chance de s’en sortir. En dix ans, elle a ramené son taux de chômage à 7,8% et la Province Nord a rattrapé le Sud grâce aux contrats d‘aide au développement. L’aide au logement est financé par le nickel », explique Anne Pitoiset, correspondante du quotidien économique Les Echos à Nouméa. Ces deux collectivités aspirent d’ailleurs à plus d’autonomie, avec un référendum d’autodétermination prévu en 2014 en Nouvelle-Calédonie et à travers des élections à l’assemblée territoriale, dimanche 27 janvier, par une coalition entre indépendantistes d’Oscar Temaru (UPLD) et des souverainistes de Gaston Flosse Gédéon Richard (Tahoeraa).

L’Outre-mer, réserve énergétique L’Outre-mer française est un enjeu stratégique. Elle représente 97% des eaux territoriales. Hors, le fond des océans regorge de nodules polymétalliques, sorte de petits cailloux de 5 à 20 cm. Ils sont riches en minerais, particulièrement en manganèse, en gaz et en nickel. Estimé à 500 millions de tonnes dans le monde, ces ressources sont pour l’instant inexploitables. Mais ce sont des réserves énergétiques pour l’avenir. 57


ECONOMIE / Le Monde selon Linux

La marche contre ming n m i w S Simo e i l i Em

l’Empereur

La renommée de Linux n’est plus à faire, mais son implantation mondiale n’est pas encore significative d’une réussite probante. À l’heure où Vista déchante et Mac enchaîne les déceptions, il serait tant pour le pingouin de se faire une place de choix dans l’univers de l’informatique.

E

n informatique, il existe trois grands systèmes d’exploitation, qui sont la base même de l’ordinateur : Windows, Macintosh et Linux. D’après une étude réalisée en décembre 2007 par le site d’analyses web Xiti, il ressort clairement que Windows règne sans partage sur le monde de l’ère informatique. Avec 94,96 % de parts de marché (79,52% pour son système XP et 11,57% pour son système Vista), Microsoft ne laisse que quelques miettes à ses rivaux : Mac ne décroche que 3,72% de parts de marché, et Linux arrive troisième de ce classement, avec seulement 0,88%... Ce chiffre bien maigre indique que Linux reste encore loin de l'empire Microsoft.

des internautes ventent les mérites du pingouin, notamment sur les sites consacrés au multimédia et à l’informatique. Une popularité qui cache l’iceberg Microsoft. Mais Linux, qu’est ce que c’est ? Basé sur le projet GNU (système d’exploitation exclusivement composé de logiciels libres) de Richard Stallman, créateur de la Free Software Foundation (FSF), Linux est un système d’exploitation construit sur la base du noyau

à l’exception de l’Eee PC, nouvel ultra portable qui débarque en ce début d’année dans l’Hexagone. Une première, qui pourrait sur la durée faire une belle publicité pour le troisième système d’exploitation mondial. Pour Xavier Antoviaque, consultant en gestion de communauté chez Flouzo, rien n'est encore joué : « Une partie du grand public n'est pas vraiment touchée par Linux. Les raisons sont simples : comme

« Une partie du grand public n'est pas vraiment touchée par Linux »

On a l'habitude de dire que Linux, c'est l'avenir, le compromis idéal pour une ossature fiable, une sécurité assurée et une navigation fluide et rapide. Il est clair que le système d’exploitation (OS) de Linus Torvalds, le créateur de Linux, est irréprochable de fiabilité et de simplicité. Mais est-ce bien utile quand le marché est si restreint et peu ouvert ? Difficile à dire. Il est pourtant étonnant de constater que sur le net, une grande partie

Linux, système compatible Unix (OS multitâche et multiutilisateur). En clair, il se base sur le système Unix pour fonctionner, et profite des licences GNU pour se développer. En 1991, l’OS était né, et Tux, sa mascotte, dévoilée. Linux est l’OS parfait pour les connaisseurs, mais ils ne cristallisent qu’une minorité des possesseurs d’ordinateurs… Impossible de trouver un micro configuré avec Linux en grande surface,

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le nombre d'ordinateurs utilisant Linux est minoritaire, cet OS peine à se développer dans le commerce. Cela bloque surtout au niveau des fabricants, des logiciels et des drivers. » Il poursuit : « Il est vrai qu'il existe encore quelques incompatibilités dues au nondéveloppement de logiciels pour Linux qui lui font beaucoup de tort. Pour certaines personnes ça peut être un frein, mais cela se résout avec le temps. Aujourd'hui, les équivalences existent dans


La banquise disparait peu à peu, mais Linux est toujours là...

la quasi-totalité des cas. » Mais alors, pourquoi bouder un tel système ? Est-ce la faute des fabricants qui privilégient Microsoft avec une quelconque close de ralliement au groupe de Ray Ozzie, qui vient de prendre la succession de Bill Gates ? Encore une fois, difficile à dire. Car Linux semble vouloir faire petit à petit son trou. Cette licence Open Source se base sur la gratuité de sa conception, et des logiciels libres d’utilisation proposés un peu partout sur la toile. Gratuit, et avec un large panel de logiciels, Linux n’arrive pourtant pas à s’imposer dans le monde de l’informatique. Sa plus grande faiblesse, c’est de rebuter les utilisateurs lambda pour qui l’installation d’un nouveau système d’exploitation n’est pas la chose la plus évidente qui soit, et préfèrent donc rester sur leur bon vieux Windows XP. Économiquement parlant, Linux continue de se développer dans des conditions propices, puisque de plus en plus d’entreprises commencent à l’adopter. Pour exemple, l’année dernière, le groupe PSA Peugeot Citroën a annoncé le déploiement de Linux sur 20 000 postes de travail. Une bataille remportée par le pingouin alors que Microsoft sortait en même temps son nouveau bébé Windows Vista, qui peine à s’imposer tant il est chahuté de toutes parts… Pour Xavier Antoviaque, tout reste encore à faire : « Microsoft impose aux fabricants d'installer Windows sur leurs ordinateurs. Mais aujourd'hui, on voit débarquer des nouveautés comme l'Eee PC qui est une bonne chose. Il tourne sous Linux, et même si les gens ne le savent pas forcément, c'est un point important pour la suite. Car actuellement, Linux est en plein essor, et cela s'accélère d epuis pas mal de temps. Les choses changent... » On assiste depuis plusieurs années à l’explosion de l’Open Source, et

la facilité de l’OS permet un grand nombre de possibilités qui attirent les particuliers et entreprises. Il ne manque plus qu’une renommée sur la scène mondiale pour booster l’essor de Linux et autres divers systèmes d’exploitation. Mais, étrangement, personne n’en parle vraiment. Un terrain trop glissant pour une explication simple et efficace, même si certains magasins tentent de se faire une place dans le monde de la presse informatique française en se consacrant exclusivement à Linux. Une difficulté d’éclosion qui devrait rapidement en savoir plus sur son avenir. Microsoft s’apprête à dévoiler son nouveau projet, qui devrait porter le nom de Windows Seven, pour faire face au flop de Vista. Mac devrait quant à lui

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rester dans la même cible d’acheteurs, en s’appuyant sur les accès Internet de poche (iPhone) pour réunir un plus grand nombre de consommateurs. Linux connaît également une rapide progression, qui pourrait dans les mois qui viennent déboucher vers un OS encore plus performant, et qui pourrait éventuellement se retrouver comme système d’exploitation de base sur de nombreux ordinateurs, comme c’est le cas actuellement pour l’Eee PC d’Asus. Rien ne semble encore joué, et la licence gratuite est loin d’être une espérance « hasbeen » et inutilisable. Au contraire, devant la hausse des prix des matériaux informatiques (disques durs, outils de stockage…), la gratuité semble être un atout majeur dans la manche du pingouin. Thomas Rudeau


ECONOMIE / F*** Me, I'm STREAMING

Foals Cassius

Clearstreaming Décidément, il est très compliqué de deviner comment évolue Internet. Peer 2 Peer, Newsgroups et maintenant Streaming, la notion de partage ne cesse d'évoluer sur la toile. La lecture en continu sur le net ne cesse de se développer et de proposer des contenus toujours plus intéressants et novateurs...

E

n novembre dernier, le rapport Olivennes était présenté en grande pompe aux Français. Ce rapport préconisait une répression encore plus forte contre les pirates et une aide des fournisseurs d'accès à Internet pour débusquer les mercenaires de la toile. Moins de deux mois plus tard, avec l'annonce du rapport Attali, tout pourrait être remis en cause. Le texte de l'ancien conseiller de François Mitterrand prône en effet le retour à la Licence Globale, en ouvrant les vannes des réseaux de téléchargement, mais en taxant l'abonnement ADSL mensuel pour permettre de rééquilibrer les rémunérations des artistes et autres créateurs. En dehors du piratage, il existe plusieurs méthodes pour profiter de chansons, de séries et même de films. Cette technique, c'est le streaming. Littéralement « lecteur en continu », le système de streaming est apparu depuis longtemps sur Internet, mais a pris son envol grâce à son développement et à la qualité qu'il propose aujourd'hui, rapidement et gratuitement. Dans les faits, il s'agit d'un envoi de contenus le plus souvent en direct sur Internet. Ce qui est intéressant dans cette méthode, c'est qu'il ne s'agit pas de téléchargement puisque le streaming n'a pas vocation à récupérer l'ensemble des données d'un morceau ou d'un film pour pouvoir l'utiliser sur son propre bureau. La mémoire tampon est récupérée peu à peu par le program-

me de lecture en continu, et la vidéo ou la chanson continuera d’être chargée en même temps que la lecture de la piste. Concernant la musique, il est difficile de ne pas parler de RadioBlogClub. Le plus grand site de streaming musical a malgré tout été sous la menace perpétuelle d'une interdiction « d'émettre », puisqu'il est possible de télécharger les musiques partagées grâce à une petite astuce. « RBC » doit néanmoins faire face à la concurrence qui pointe le bout de son nez,

comme Deezer, nouvelle passerelle de la musique online. Les sites affluent, et les internautes également. La gratuité vaut tous les téléchargements du monde, surtout si elle permet d’écouter n’importe quelle chanson. Outre CD et autres compilations, la grande mode sur le net, ce sont les concerts « streamés ». En live, les artistes jouent sur scène et dans tous les foyers désirants assister au show et au chaud. Une façon d’attirer un plus grand nombre d’internautes.

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Certes, le streaming n’apporte pas une qualité d’image parfaite, et il est parfois compliqué de s’y connecter, mais la persévérance en vaut la chandelle. Une raison de plus de s’acclimater à ce nouveau média, qui tend à se développer au rythme de l’accélération d’Internet. A ce sujet, Youtube, qui diffuse en streaming vidéo, a récemment annoncé l’arrivée du streaming haute définition. Le monde du disque est en pleine perte de vitesse, malgré les résultats plus qu’encourageants pour l’exercice 2007 des artistes français. Si la licence globale tend à devenir la référence pour le téléchargement dans l’Hexagone, le streaming ne devrait pas véritablement en souffrir tant il est implanté aujourd’hui dans les esprits. D’ailleurs, ce nouveau media est en plein essor et suscite la convoitise de chacun… Les principaux fournisseurs d’accès Internet s’y intéressent déjà de très près. Exemple le plus récent : Orange, qui vient de proposer en ligne un service de streaming gratuit pour ses abonnés, en association avec Lagardère Interactive. Une avancée significative qui démontre l’engouement des internautes pour la musique en ligne. Pour faire simple, le concept du streaming est adapté à tous, tant que la connexion internet suit un minimum. Ce nouveau média fait recette et plait à une grande majorité d’internautes. Gratuit et pratique, le streaming audio n’est pas encore une référence, mais il tend fortement à le devenir… Thomas Rudeau


Les principaux sites de streaming Youtube : Le plus connu de tous. Youtube est devenu une référence sur la toile, au même titre que Google, Yahoo ou Wikipedia. Il référencie la plus grande majorité de toutes les vidéos diffusables sur le net, mais subit de plus en plus de pression de la part des diffuseurs. Chaînes de télévision, entreprises du cinéma, ligues de football, de nombreuses vidéos sont pointées du doigt puisqu’aucune interdiction n’est imposée à l’internaute lorsque celuici dépose une vidéo. Mais le concept de Youtube est tellement novateur qu’il est impossible de faire marche arrière. Seul petit défaut, le site présente une interface très austère et peu agréable à l’œil… www.youtube.com

Deezer : Deezer est le petit frère de RadioBlogClub. Lui aussi créé par deux Français, il propose une interface agréable et simplissime à prendre en main. Il fonctionne de la même manière que son concurrent direct, mais attire beaucoup plus l’oeil grâce à son esthétisme. Un très bon site, qui a en plus le mérite d’être disponible dans de nombreuses langues. www.deezer.com

Dailymotion : Le concurrent direct de Youtube. Lancé par deux Français, le site rencontre un grand plébiscite de la part des internautes, grâce notamment à une interface dynamique et séduisante, et à un système de commentaires et d’affiliations très bien construit. Le site marche tellement bien qu’il s’est engagé dans la lutte des droits TV du foot français, une véritable révolution serait alors enclenchée si Dailymotion parvenait à dérober aux chaînes de TV un si beau butin… En clair, Dailymotion est peut-être l’avenir de la télévision… www.dailymotion.fr

RadioBlogClub : RadioBlogClub est le plus grand site de streaming audio du web. Il contient une playlist affolante, et est ultra simple d’utilisation. Le site fonctionne grâce à la participation de tous ses visiteurs, qui mettent à sa disposition leurs propres chansons, et il suffit d’un moteur de recherche intégré pour retrouver facilement ses chansons préférées. Rien de plus simple donc, surtout qu’il ne s’agit que d’un streaming audio et que les pistes se chargent très facilement. Une référence. www.radioblogclub.com

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Je t'aime moi n Serge Gain on plus sbourg

SOCIETE / Sex Toys : Oh my GODE !

In gode we trust

L

es sex-toys ont Les escapades honteuses au sex shop crapoteux sexes. Mais c’est l’existence longtemps été du coin sont désormais terminées. Il n’existe pas même de ces enseignes qui considérés com- aujourd’hui plus hype que le jouet sexuel. Alors laissez en font bondir plus d’uns ou me appartenant vous entraîner dans cet univers aux multiples plaisirs, d’unes. Et les mouvements au domaine de la en solo ou à partager à deux ou plus. féministes sont loin d’être pornographie. On les trouve les derniers sur la liste. Du alors exclusivement dans les sex-shops, MLF (mouvement de libération des ces épiceries du cul aux vitres tein- nus ce qu’ils sont aujourd’hui. Plus femmes) aux chiennes de garde, sans tées et devantures clignotantes. on s’enfonce dans la boutique, plus aucun doute parmi les plus acharL’explosion du nombre de ces ma- les produits proposés sont extrêmes. nées, l’industrie du sexe est dénoncée, gasins a commencé après 1968 mais Sans grands ordonnateurs, tous les stigmatisée et associée aux hommes, leur contenu ne varie alors guère sex-shops s’organisent de la même ces gros dégueulasses constamdes librairies libertines. C’est avec façon. DVD, préservatifs et lubri- ment en demande. Cepenl’apparition des cabines de visionnage fiants à l’entrée et dans le fond de la dant le féminisme sectaire s’essouffle, et c’est tant mieux. La femme est aussi en droit de désirer les rapports sexuels, de les prendre en main ou de se faire prendre. A chacun ses fantasmes. Tant qu’il y a du respect et du consentement, rien à redire. Les années 80-90 marquent l’entrée des jouets sexuels dans la vie courante des femmes. Elles rentrent désormais dans les sexshops, seules, et parlent ouvertement de jouissance, de plaisir. Elles ne se cachent plus et c’est comme ça qu’on les aime.

Hard’tistique Au design original, les formes et les couleurs des godes satisfont tous les goûts. en 1971 et la fermeture de nombreux cinémas pornographiques à partir de 1975 que les sex-shops sont deve-

boutique, tous les accessoires du plaisir : godemichets, vibromasseurs… Il y en a pour tous les goûts et tous les

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Les hommes ont longtemps constitué la clientèle principale et quasi-exclusive des sex-shops. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus les premiers consommateurs et se trouvent relativement négligés au profit des femmes. Mais


Pour les nostalgiques des pochettes surprise de leur enfance pour ces dernières, ce ne sont pas les sex-shops les principaux lieux de recherche du plaisir. Auparavant, pour faire l’acquisition d’un vibromasseur ou autre sex-toy, il fallait prendre son courage à deux mains pour s’aventurer au fin fond de ces magasins glauques à souhait. Et ils sont nombreux dans le genre ! La porte franchie, il fallait ensuite écarter du bout des doigts la lingerie en latex avant de tomber sur le fameux objet tant convoité. Un vrai parcours du combattant pour rien de bien méchant, en plus. Heureusement, de nombreuses enseignes se sont ouvertes, qu’il s’agisse de sites Internet, de vente à domicile ou de sexy-boutiques. La quête du plaisir s’émancipe de l’univers confiné des sex-shops et vise un public plus varié. Les sites Internet coquins ont poussé sur la toile et « représentent l’un des premiers lieux d’achat, notamment en province, explique le Dr Boutami, sociologue. Gérer son plaisir n’est pas une notion commune à tous. Alors, comme la discrétion est assurée et que c’est ce que recherche la clientèle, le succès est grandissant. » Les sites sont très colorés, les sex-toys mis en avant et les commentaires fleurissent. Chacun partage ses expériences ou ses fantasmes, exprime ses désirs et donne son avis sur les sex-toys utilisés. Qui a dit que le partage n’était qu’une question de religion ? Restons ouverts… A toute proposition et de préférence

la plus indécente, c’est quand même retrouve les sexy-boutiques. tellement plus agréable. Elles ont pignon sur rue et leur seul imMesdames, vous avez l’habitude des pératif est d’interdire l’entrée aux miapéros entre filles, voilà un nouveau neurs. Elles sont encore associées au concept qui va vous plaire si vous ne sex-shop mais cela ne devrait plus dul’avez pas encore adopté. Dans son rer très longtemps. Ici, vous trouvesalon, autour d’un verre, en général rez tous les conseils nécessaires pour alcoolisé (ça désinhibe au besoin), une première fois ou pour grimper on accueille une vendeuse pour une dans la quête de plaisirs, jusqu’alors soirée type Tupperware. Mais, ce que insoupçonnés. La gamme de l’on y vend est beaucoup plus inté- produits proposés s’offre princiressant. Ces ventes privées, nommées Le système de boules muscle le périnée « Apéros coquins » et favorise les sensations par la marque Yoba, vous proposent une large gamme de sex-toys chics. Une vendeuse se déplace chez vous et vous présente les derniers nés, aussi bien en matière de design que de plaisir. Car la différence principale avec ce que vous trouverez dans le fin fond d’un magasin à Pigalle, c‘est avant tout la classe que dégage l’objet de la délectation. Il peut désormais trouver sa place sur la table basse du salon ! Dans la même gamme de produits, on


SOCIETE / Sex Toys : Oh my GODE !

palement aux femmes même si les hommes, et notamment la communauté homosexuelle, y trouvent leur bonheur. C’est beau, chic et pour ne rien gâcher, ça donne terriblement envie. Entrez dans la boutique, vous ne repartirez pas les mains viLe plug, sex-toy anal, s'emploie avec un lubrifiant, l'anus ne fournissant aucune sécrétion.

des. On prône désormais l’érotisme raffiné et délicat et l’affirmation de la féminité.

En quête de plaisir Le cul devient artistique, sensuel et érotique. Le sexe c’est chic et il devient ultra tendance d’avoir son sex-toy à la maison. Honte à celles qui n’en seraient pas encore pourvues, sauf si elles préfèrent la version humaine et c’est un point de vue qui se défend. Cependant, voilà un petit rattrapage pour trouver ce qui vous convient le mieux. Plaisir plutôt solo ou en couple ? Imitation, jusqu’aux veines apparentes, du sexe masculin et de ses deux attributs, et c’est là qu’on y trouve un grand intérêt, le godemichet signifie « réjouis-moi », en latin. Et j’ai plutôt envie de dire que c’est réussi. De tailles diverses, vous pouvez

l’utiliser dans un jeu de douces caresses en surface ou de délicieuse pénétration. Tout est une question de ressenti le moment venu. Laissezvous aller pour votre première fois. Passez ensuite au vibromasseur. Le principe est équivalent sauf que celui-ci est muni de piles. Les vibrations sont plus ou moins soutenues et le plaisir peut en être décuplé. Placé à la base du clitoris, la sensibilité est indescriptible. Il ne vous reste plus qu’à le tester. Mais attention, c’est souvent synonyme d’adopter. Pour les godemichets et les vibromasseurs, il existe différentes tailles. Pour une première fois, préférez les petits modèles, vous aurez largement le temps d’agrandir votre collection. Et pour jouer à deux, il n’est pas déplaisant de varier les tailles, les couleurs et les sensations. En plus d’être particulièrement agréables, les boules de geishas ont un atout de qualité. Plus ou moins larges et souvent


reliées par deux, elles stimulent, massent et exercent le muscle du périnée. Vos relations sexuelles n’en seront que sublimées, en témoignent de nombreux hommes. La magie de la technologie a fait son entrée dans l’univers des sex-toys. Avec le Oh mi Bod, le i-Pod façon gode, vous allez vibrer au rythme et à l’intensité de votre musique préférée. Dans le même genre, le body talk réagit à chacun des appels que vous recevrez. Il vibrera en rythme et vous désespérerez d’avoir encore plus d’amis pour être appelée et bénéficier de ces quelques instants de plaisir dérobé. Le dernier-né de ces hi-tech de la jouissance est l’œuf vibrant. Il se commande à distance et vous procurera des sensations que vous n’aurez jamais imaginées dans des situations les plus insolites. Les dîners de famille barbants sont désormais terminés. Mais attention, votre plaisir est dans les mains de votre partenaire

qui se délectera de vous faire jouir à tout moment. L’effet de surprise est garanti. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas condamnées à rester branchées 24 heures sur 24 à votre machine vibrante. Libres à vous de préférer le 100% naturel et utiliser en guise de godemichet votre main ou celle de votre amant. Rien ne remplacera le beau manche de votre homme, son goût, son parfum, sa forme, sa puissance… Et pour jouer avec lui, vous pouvez préférez les accessoires pour deux. Huiles de massage, menottes ou les cockrings qui prolongent l’érection (il existe également des cockrings vibrants), l’offre est vaste pour satisfaire les goûts des couples. Alors, pour la Saint-Valentin, variez des traditionnelles fleurs ou boîtes de chocolat et pimentez votre vie sexuelle. Le plaisir est l’apanage de l’être humain, il serait dommage de s’en priver. Marie-Astrid Kunerth

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Certains les aiment en laisse...


SOCIETE / La vie façon BOXE THAI

Le Muay Thaï

en quête de rédemption La boxe thaïlandaise est un art martial technique et complet à part. Débarquée en France à la fin des années 70, cette discipline traîne une réputation sulfureuse. Sport de prédilection des banlieues au côté du roi football, le Muay Thaï impressionne et effraie parfois les profanes par son côté réaliste et spectaculaire. Aujourd’hui, son impact dans les cités de l’Hexagone reste important, considéré comme un vecteur de cohésion sociale et une véritable école de vie. Parmi eux, Grégory Choplin, 27 ans, double champion du monde 2006 WPKL et 2007 WFCA, se mesure avec ses collègues sous l’oeil attentif de Claude Mendy. En effet, le Dereck est un club historique, fondé en 1983 au sein d’une Ile-de-France qui est le creuset du Muay Thaï français.

Des débuts prometteurs C’est en 1978 que Roger Paschy, champion de karaté et acteur de films d’action, introduit la boxe thaïlandaise en France. Personne ne connaît à l’époque cet art martial où l’on se bat

Sous la houlette de Claude Mendy (2ème en partant de la gauche), les élèves travaillent en condition de combat avec protections.

I

l est bientôt 19h30 et la nuit hivernale est déjà tombée sur la ville de la Courneuve en Seine-Saint-Denis (93). Les silhouettes affluent petit à petit en direction du complexe Jean Guimier, qui héberge le club du Dereck Boxing. De 19h30 à 21h30, tous les lundis et mercredis, les jeunes et moins jeunes peuvent venir s’entraîner au Muay Thaï, plus communément appelé boxe thaïlandaise. Tous les âges sont représentés et les filles n’hésitent pas à se lancer dans l’aventure. Une section 6-13 ans a même été créée en novembre dernier. Le Dereck compte 120 licenciés en tout et environ 40 par séance. Tandis que le dojo se remplit, personne n’oublie de passer saluer

Léon Mendy dans son bureau, 48 ans, président-entraîneur du club. A 19h30, les trois autres coachs, Claude Mendy, Abdel Chuider et Tony Abelli, lancent la séance pour deux heures de sueur. Une ligne de basse funky s’échappe des haut-parleurs d’un lecteur CD, pour la motivation et la bonne humeur. On est loin des clichés de violence gratuite qui circulent sur la boxe thaï. « Nous ne sommes pas des machines, le but n’est pas de se faire mal ou de jouer avec son organisme », tel est le mot d’ordre du staff courneuvien. Au fond de la salle, les plus aguerris s’exercent au combat réel avec protections sur le ring. Celui qui ne respecte pas les consignes du coach est automatiquement écarté.

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Leon Mendy, président du Dereck Boxing.


avec les tibias, les coudes et les genoux, avec la possibilité de projections et de corps à corps. Paschy se lance donc dans une série d’événements pour présenter ce sport atypique. En 1979, Jacques Mairesse et Gilles Belloni, eux aussi champions de karaté, partent s’initier au Muay Thaï traditionnel à Bangkok. A leur retour, ils fondent les premières vraies écoles dans la région parisienne. La France tombe sous le charme, avec l’organisation des premiers championnats nationaux en 1982 et 1983. La couverture médiatique est assurée entre autres par Canal + et TF1, l’enthousiasme grimpe en flèche. La vague Bruce Lee est en pleine déferlante, contribuant au glamour des sports de combats. Même le star-system s’éprend de ce sport rude et difficile. Léon Mendy évoque cet « âge d’or »: « Beaucoup de personnalités s’y intéressaient vraiment, Jean-Philippe Lustyk, Charles Biétry mais aussi Jacques Villeret ! Un peu plus tard il y a aussi eu Vincent Cassel, Samuel Le Bihan …» Arrivé au Muay Thaï « par hasard », Léon Mendy se destinait à une carrière de footballeur pro. Il a notamment évolué au Matra Racing, côtoyant des mythes comme Rabah Madjer et Enzo Francescoli. Sportif invétéré et soucieux de garder une bonne condition physique,

il raconte le choc éprouvé en 1984 en apercevant à travers les vitres d’un gymnase un entraînement d’un sport dont il n’avait jamais entendu parler : « Connaissant les autres principaux styles de boxe, c’était surtout la préparation physique qui m’intéressait, à hauteur d’une heure à la fin de chaque cours. En fait, j’ai été happé par le Muay Thaï avec mes premières compétitions interclubs et mes premiers voyages en Thaïlande. » Léon Mendy boxera jusqu’en 1990 avant de raccrocher les gants à cause d’une grave blessure et de devenir le coach de grands champions (Dida Diafat, Khaled Hebieb…).

Une dimension sociale L’engouement médiatique s’essouffle ensuite au fur et à mesure que son nom devient synonyme de « sport violent de voyous des cités », en partie à cause de ceux qui se disent pratiquants sans cultiver l’esprit de l’art martial. Pourtant, l e Muay Thaï peut être une école de la vie. Pas un as-

censeur social comme peut l’être le football, mais surtout un milieu favorable à l’épanouissement personnel en raison de l’éthique inhérente à sa pratique. Abdel Chuider, l’un des coachs du Dereck, explique que « la violence physique, morale et verbale est omniprésente dans le quotidien de tout le monde, en particulier celui des gens des banlieues. Les valeurs du Muay Thaï que sont le respect et le sacrifice de soi sont des rails qui permettent de canaliser les tensions et les frustrations. » Jean-Pierre Delinois, entraîneur de football et proche du staff du Dereck, souligne que « ces vertus se retrouvent dans toute discipline sportive si elle est consciencieusement pratiquée. » Comment expliquer alors la cote d’affection du Muay Thaï dans les quartiers sensibles ? Léon a son idée sur la question : « A mon sens, la boxe thaï est un sport de combat complet, très proche du réel et très spectaculaire du fait que l’on utilise toutes les parties du corps et que l’on peut s’accrocher à son adversaire. L’aspect technico-tactique est très intéressant. C’est un fait. A côté de ça, il faut en permanence repousser ses limites pour avancer. Du coup, le Muay Thaï enseigne très vite l’humilité et la remise en question, cela peut aider à rester sur le droit chemin. » Le coach se remémore alors une anecdote significative : « Un jour, un juge pour enfants du tribunal de Bobigny m’appelle à l’improviste sur mon portable. Il me demande de m’occuper d’un sauvageon de 15 ans qu’il gère tant bien que mal depuis cinq ans. Au bout de six mois à s’entraîner au Dereck, le gosse était métamorphosé… » « Oui, la boxe thaï fait peur, concèdent Abdel Chuider et Léon Mendy, surtout à ceux qui ne font pas l’effort de connaître ce sport. Mais nous avons tous l’espoir et la conviction que le Muay Thaï se démocratisera sous peu en France. » Thomas Fédérici

Grégory Choplin, champion du monde de Muay Thaï, sur les traces de Dida Diafat.

k We Got The Fun Positive Force 66


PORTFOLIO

Voyage

au

cen

Toits, usines, carrières, catacombes, grues, tout ce que l’homme laisse derrière lui, parfois à l’abandon, et en interdit l’accès, fascine ces amoureux d’histoire, de spéléologie et surtout de sensations fortes. Depuis 1892, dans la presse, on trouve déjà des traces de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Urbex : l’exploration urbaine. Acmo, membre des « Compères », raconte sa passion en images et en souvenirs.

Banlieue parisienne – 31 juillet 2007 Il est probable que nous les ayons déjà croisés, au détour d’un carrefour, un soir, tard. Il est aussi possible que nous n’ayons même pas fait attention à eux. Véritables caméléons, ils parviennent à se fondre dans ce décor qu’est la ville. Ce soir-là, il leur a suffi de soulever une plaque pour accéder aux profondeurs de la terre. « Notre première descente par puits. Ce qui est drôle, c’est qu’on était tellement équipés, avec nos combinaisons, nos cordes, nos baudriers et le carré d’égoutier (pour ne pas que les passants tombent ndlr), qu’une voiture de police est passée sans même s’arrêter.»

Val d’Oise – 16 juillet 2007 Si en ville il leur est difficile de pénétrer dans ces carrières fermées au public en toute discrétion, en banlieue, l’exercice se révèle plus aisé. En forêt, les accès leur ouvrent grands les bras, comme une invitation à la découverte, à plonger dans l’aventure.


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Terre

Texte : Anne-Laure Vaineau Photos : © Hugo Clément

Vaux – 02 novembre 2006 Dans les carrières, ces lieux d’où sont extraits les matériaux de construction, tels le calcaire, la craie, le gypse ou le ciment, la trace de l’homme est parfois encore très présente. « En province, les exploitations ont fermé il y a moins longtemps qu’en banlieue. On y trouve des objets et des outils de travail en très bon état. » Ici à Vaux, des blocs de pierres taillés et numérotés ont été abandonnés, et, autres bizarreries, de vieilles et belles voitures disparaissent lentement sous les couches de poussière.

Châtillon – 13 janvier 2008 Les spéléologues (les vrais), explorent des rivières souterraines et peuvent être confrontés au danger que représente la montée des eaux. Les explorateurs urbains, quant à eux, n’ont pas ce genre de problème. L’eau des carrières provient en fait de la nappe phréatique qui s’infiltre dans le vide artificiel que l’homme a créé et ne peut augmenter que sur la durée, jamais d’un coup. « A Châtillon, nous sommes les premiers à avoir visité cet étage inférieur. Il était complètement inondé et n’apparaissait sur aucune carte officielle. » Sur cette photo, malgré les apparences, le visiteur clandestin est simplement assis.

Savoie – 19 septembre 2007 Ici, la roche a été creusée en strates verticales, ce qui a transformé la mine en une galerie unique de 70 mètres de hauteur sur 3 mètres de large. Pour l’explorateur peu aguerri, le danger est réel. En sous-sol, l’ennemi principal s’appelle l’effondrement. Et pourtant, Acmo relativise. « Le risque d’un accident est le même que celui de se faire renverser en traversant la route. Sauf que là, c’est comme si on traversait la route à longueur de journée. »

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Paris – 20 janvier 2007 Entre deux stations, les rails du RER A sont aussi un terrain de jeu apprécié des explorateurs. « Ce soir-là, on était avec un groupe de touristes rencontrés dans les catacombes. Les étrangers cherchent souvent à visiter le Paris souterrain. On les a baladés et puis on est tombés sur un puits d’accès au RER déjà ouvert alors on s’y est engouffrés. Ils ont adoré. »

Méry sur Oise – 16 juillet 2007 Véritable microcosme de la société de surface, la vie dite underground est elle aussi parsemée d’artistes. Fresques, peintures, sculptures, les sous-sols eux aussi éveillent la créativité. Le château de la Lepto, sculpté dans la roche, a récemment été détruit par les jeunes des quartiers au-dessus, pour qui les carrières sont devenues de véritables squats mais surtout des zones de non-droit.

Meudon – 25 septembre 2007 Lorsqu’il est temps de rejoindre l’extérieur, pas le moment de montrer des signes de fatigue. La visite terminée, le spéléologue qui sommeille en l’explorateur doit lui aussi refaire surface. « Notre groupe a reçu la même formation que tout apprenti spéléologue. » L’exploration urbaine, serait-elle un loisir (un peu) comme un autre ?


PORTFOLIO

Suresnes – 24 août 2006 Mais une fois remontés à la surface, il arrive aux « Compères » d’avoir envie de contempler le monde d’un tout autre point de vue. Là, en altitude, ils regardent la ville, dont ils connaissent les entrailles avec un autre regard, « unique et éphémère. »

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J’ai la m émoir qui flanc e Jeanne he Moreau

SANTÉ / «Gone Parents Gone»

Le temps qui reste C

Alzheimer a été déclarée « grande cause nationale » par le président de la République, Nicolas Sarkozy. En l’absence de traitement efficace, la maladie pose le problème de la dépendance affective et financière des victimes vis-à-vis de leurs proches. Quand les enfants accompagnent la fin de vie de leurs parents…

ette jeune femme est atteinte de la maladie d’Alzheimer» : tel est le message lancé par l’association France-Alzheimer, dans sa dernière campagne publicitaire. La maladie touche toute la famille, et la jeune femme photographiée sur l’affiche devra affronter la mort intime d’un de ses proches. A 35 ans, Marion Carrère arrête d’enseigner pour s’occuper de sa mère. « Elle oubliait ses clefs, elle laissait le gaz allumé, elle développait des troubles de la mémoire immédiate. Je l’ai amenée consulter un spécialiste, elle présentait un Alzheimer en phase 1. » La maladie décrit trois stades d’évolution, de l’amnésie bénigne au changement de personnalité. « Comme elle présentait un danger pour elle-même, je me suis occupée d’elle à domicile, sept jours sur sept. J’ai pu bénéficier du soutien psychologique de mon mari et de mes enfants. » L’état de sa mère s’aggrave rapidement, elle devient plus agressive envers son entourage, qui subit La maladie d’Alzheimer touche toute la famille également les effets indésirables de la maladie (somnamSi les frais médicaux liés à cette bulisme, troubles du comportement, maladie neurodégénérative sont incontinence…). Après un long séjour pris en charge à 100% par la sécuà l’hôpital, le vrai déchirement se rité sociale, le placement en institut produit quand Marion place sa mère spécialisé coûte relativement cher. en maison de retraite. « Je lui rends La plus grande USA (unité spécialisée visite plusieurs fois par semaine. Alzheimer) vient d’ouvrir à Beauvais. Elle ne sait plus exactement quel lien « Les Héliades » accueillent des panous unit, un jour elle me voit comme tients en phase terminale. « Le prix sa soeur, un autre comme sa cousine. est de 54,53 € par jour, pour une perLors de mes dernières visites, elle sonne, confie le docteur Xavier Cnocne me reconnaît plus, elle est murée kaert, du service gérontologie. Nous dans son silence. » Marion souffre de proposons un service de soins palliavoir sa mère perdre sa dignité et en tifs adapté aux besoins des patients vient parfois à souhaiter son départ. et au degré de développement de leur

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maladie. Ces soins garantissent la meilleure qualité de vie possible aux personnes en fin de vie. » Comme son nom l’indique, Les Héliades détournent la luminothérapie à des fins thérapeutiques. « L’obscurité effraie des malades qui retombent parfois en enfance, précise le docteur Cnockaert. Et leur difficulté à distinguer les couleurs est compensée par l’utilisation de teintes vives et chatoyantes. » Les Héliades font également tout pour favoriser l’accueil des proches, dont le soutien est décisif dans le traitement de ce type de maladies. Plus de 50 € par jour, les placements en centres spécialisés s’avèrent coûteux. Une loi hospitalière de 2001 prévoyait le développement de soins palliatifs à domicile, mais ce projet est pour le moment laissé en suspens.

Le droit au « laisser mourir » A seulement 26 ans, Mathieu Dély est devenu le nouveau pilier de la famille. Miné par un cancer du colon, son père décède en décembre 2006, à 62 ans. « Au début, j’étais sous le choc de l’annonce. Je refusais d’admettre que mon père était malade. C’était trop lourd à porter, j’ai préféré fuir la réalité. » Mathieu termine alors ses études loin de sa famille et limite au maximum les allées et venues. Il finit par se rapprocher de son père dans la dernière ligne droite. « Son cancer a été découvert tardivement, et son état s’est vite détérioré. Je l’ai découvert amaigri, chauve, métamorphosé par les traitements. »


Mathieu en profite pour rattraper le temps perdu et aborder des sujets nouveaux avec son père (la fin de vie, la responsabilité, la transmission de valeurs). « Ma mère a refusé de le voir abandonner son combat. J’ai très mal vécu les dernières chimiothérapies, l’abrutissement par les drogues. Quand les médecins vous Les Héliades, un centre spécialisé dans les maladies neurodégénératives et le traitement des disent qu’il n’y a patients en phase terminale. plus d’espoir, il faut être capable de lâcher prise, de désormais responsable de sa mère et en France, qui prohibe l’euthanasie laisser partir ceux que vous aimez. » de sa petite sœur. active et passive. Roselyne Bachelot, Le jeune homme a acquis une grande La dignité des personnes en fin de vie ministre de la Santé, a récemment maturité dans l’adversité, il se sent souligne les carences de la législation déclaré qu’elle « ne fermait pas la porte » à une évolution de la loi. Elle souhaite également un développement des soins palliatifs. « Il y a maintenant des moyens d’empêcher de souffrir. On va doubler les capacités de prise en charge et faire en sorte qu’il y ait une culture du soin palliatif pour les professionnels, les associations et les familles. » La ministre a choisi une position médiane, elle préfère défendre le droit au « laissermourir » plutôt que l’euthanasie. Pour Jacqueline Amiel-Donat, professeur de droit à l’université de Perpignan, « la loi sur la fin de vie est très hypocrite en France. Ce qui est interdit par le Code pénal est pratiqué dans le secret des lits d’hôpital, en dehors de tout contrôle et en toute impunité. Nous accusons un vrai retard par rapport à nos voisins européens, tels que la Belgique, les PaysBas ou encore la Suède. » Certains membres du corps médical ne souhaitent pas un toilettage du texte. « Si l’on développe l’accompagnement des patients et les soins palliatifs, on dédramatiserait la fin de vie et la revendication de l’euthanasie perdrait de sa légitimité, explique Xavier Cnockaert, gérontologue au centre hospitalier des Héliades. Le vrai problème est la gestion de la douleur et la solitude des malades. » D’après l’étude MAHO (Mort à l’hôpital), un patient sur cinq en France meurt sans avoir ses proches auprès de lui… La ministre de la Santé préfère défendre le droit au « laisser-mourir ».

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Jérôme Salbat


SANTÉ / La Cure Artistique

Les arts salvateurs

À

De camin o Buena V a la vereda ista Soc ial Club

Peindre, chanter, danser, modeler. En art thérapie, la

auprès de jeunes autistes : première vue, création joue le rôle de médiateur entre le patient « Une toile, un modelage il s’agit d’un et l’art thérapeute. Une pratique approfondie dans ou un collage changent la atelier d’ar- les années 50, pas encore reconnue, mais en pleine relation entre le patient et tiste ordinaire. expansion. l’art thérapeute, l’idée c’est Des supports qu’il puisse exprimer des en bois peinturlurés, des étagères où s’amassent boîtes et tes. Cas psychiatriques ou d’autisme, ressentis et se les réapproprier. » pinceaux, des chevalets entassés personnes endeuillées, au chôma- Un atelier plutôt qu’un cabinet, une et des toiles empilées. L’odeur de ge, dépressives, schizophrènes ou toile plutôt qu’un divan. Il n’y pas térébenthine inonde la pièce mais anorexiques, pour eux, la thérapie de face à face, pas de projection diaucune oeuvre n’est affichée. Dans ce fonctionne quand les pinceaux se recte avec le psychothérapeute. Pour cocon, les inscrits sont des patients, substituent aux mots. Patricia River- favoriser l’expression plastique de les professeurs, des arts-thérapeu- ti est psychologue et art-thérapeute chacun, Patricia Riverti préconise des séances en groupe ou individuelles en trois temps. L’ouverture et la Enérgie, chaleur, détente et partages rythment les séances de baïlothérapie. prise de contact avec la matière (préparation des couleurs, choix d’un thème…). Puis le travail plastique où l’intime prend forme. Enfin le temps de clôture où les patients se séparent de leur peinture et sont libres de commenter leur oeuvre. L’artthérapie ne guérit pas mais soulage le patient, l’aide à s’épanouir et vient renforcer une simple psychothérapie.

Seul face à l’imprévu Devant les créations, l’art-thérapeute est seul, parfois désemparé, touché par le vide de penser, symptôme courant chez les psychothérapeutes. Et puis il y a les imprévus décourageants, les réactions violentes de refus : « Il ne s’agit pas de réagir par une sanction, on ne se place pas dans une position pédagogique ou éducative, il faut comprendre ce qu’il y a derrière ce refus », précise Patricia Riverti. L’essentiel selon Simone Belleville, danse-thérapeute, est d’être attentif : « J’ai déjà eu une patiente qui a tracé une ligne pendant une heure et demi ou une autre qui a pleuré pendant toute la séance mais ça ne fait rien, mieux vaut créer que de se couper les veines. »

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A l’origine de cette pratique ?

Patricia Riverti, psychologue et artthérapeute, elle anime des ateliers d’expression d’enfants et d’art-thérapie pour jeunes autistes.

Destin des productions « La plupart des patients sont mécontents de leurs oeuvres d’autres ont l’impression d’avoir créé l’œuvre du siècle », témoigne Simone Belleville. Ils peuvent passer par deux émotions, celle de l’artiste animé par l’envie de donner vie. Puis une fois l’oeuvre achevée, il la rejette. Qu’importe le résultat, pour les arts-thérapeutes, le processus de création prévaut. Penser pouvoir découvrir des symptômes d’une pathologie à travers une production artistique est un « fantasme. » Cependant, « l’oeuvre peut, lorsque sa valeur artistique est grande, poser un réel problème aux thérapeutes. Car seul le patient peut, en principe, décider de sa destinée. Il peut la détruire, la garder, la donner ou la confier à l’institution, à des fins scientifiques ou à des fins esthétiques », explique le Docteur AnneMarie Dubois, secrétaire générale du Centre d’étude de l’expression. Pour Van Gogh ou Bacon, la déraison a libéré leur imagination et donné vie à des chefs d’oeuvres. Folie et génie sont-ils liés ? « La question est toujours débattue, explique Patricia Riverti, il n’y a pas de lien de cause à effet, c’est un mythe contre lequel on se bat ».

L’art chez les malades mentaux est pris en compte dès la fin du XIXe siècle. Ces derniers se sont mis à créer, puis les médecins psychiatres s’y sont intéressés. En 1872, le médecin légiste Ambroise Tardieu évoque leur importance : « Bien que l’attention n’ait été fixée jusqu’ici que sur les écrits des aliénés, je ne crains pas de dire que l’on rencontrera souvent aussi un intérêt réel à examiner les dessins et les peintures faits par les fous ». Selon Anne-Marie Dubois, les oeuvres ont d’abord été perçues comme des « objets de curiosité et de collection » par la suite, elles ont « principalement été considérées comme des documents aidant au diagnostique, avant de s’inscrire clairement dans une action psychothérapeutique. » Aujourd’hui, des diplômes universitaires en artthérapie existent mais pas de diplôme d’Etat. Ils s’adressent aux infirmières, psychologues ou éducateurs, et aux personnes issues du domaine des arts. Mais attention aux dérives, pour Simone Belleville, « il est impossible de s’improviser art-thérapeute, il faut avoir suivi des études de psychologie et avoir un outil artistique dans lequel on est performant. » Les arts plastiques suivis de la musique sont les techniques les plus répandues en

art-thérapie. La danse séduit de plus en plus, surtout quand elle est importée d’Amérique latine.

Bailothérapie Libérez votre stress, retrouvez votre équilibre mental et brûlez des calories sur un air latino. Telle est la méthode prônée par Angel Romero, alias Randy, bailothérapeute. Après des études en psychologie et comportement humain il s’installe à Paris, où sa thérapie fait un tabac. Carole est une adepte : « Ca m’a permis de retrouver un certain tonus, ça m’aide beaucoup au niveau de la gestion du stress. » « Eso, Eso ! », scande Randy tout en se déhanchant sur un style samba, cha-cha-cha, mambo, salsa et raeggeton : « la méthode utilisée est centrée sur une étape de découverte, pour apprendre le rythme et les pas de danse, on étudie les aspects techniques et on oriente l’élève à faire un travail d’évaluation de ses aptitudes. » Une heure de bailothérapie et pas une seconde pour souffler. Très vite, les effets se font ressentir. « Chaque cours, m’offre une bouffée d’air frais qui me permet de me regonfler à bloc. Avec une séance je me sens apaisée, vidée de tous mes tracas et plus forte pour affronter le reste », s’enthousiasme Bahia. Elles viennent en nombre suivre cette thérapie de choc, encore faut-il pouvoir ensuite s’en priver. Agathe Seydoux

l’atelier «Les Pinceaux», un lieu chaleureux propice à la création, où les oeuvres d’art des patients sont préservées en secret.

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MÉDIAS / La PUB à la poubelle

Service audiovisuel public,

L

Lors de sa conférence de presse du 8 janvier, Nicolas

tion des téléspectateurs ». e 8 janvier der- Sarkozy a annoncé le lancement d’une réflexion sur la Aussi, depuis la libéralisanier, lors d’une suppression totale de la publicité en 2008 pour les tion du secteur de la comconférence de chaînes de télévision publiques. Une réforme qui laisse presse, Nicolas craindre un renforcement du secteur privé et donc un munication audiovisuelle dans les années 1980, pluSarkozy provoque la stupéfaction chez assujettissement du secteur public au pouvoir exécutif. sieurs lois importantes ont contribué à développer la les acteurs de l’audiovisuel Jusqu’à son démantèlement ? concurrence avec le secteur public, en annonçant la suppression de la publicité sur ses « Cela fait plusieurs années que le public. Et si de multiples réformes chaînes. Il s’agira d’une « véritable gouvernement s’attaque à tous les ont par la suite cherché à le renforrévolution culturelle dans le service services publics. On assiste à une cer - présidence commune d’Antenne public de la télévision », annonce véritable dérive libérale, alors pour- 2 et de FR3 en 1989, création de la alors le Président. A peine l’effet de quoi le service audiovisuel y échap- société holding France Télévision en surprise retombé, Christine Albanel, perait ? », s’interroge Roselyne 2000 et création du Groupe France ministre de la Culture et de la com- Robert, enseignante et sociologue en Télévisions en 2002 - elles n’ont pas munication, prévoit de clôturer le journalisme. L’annonce de Nicolas empêché les groupes privés de s’enSarkozy semble s’inscrire dans la graisser puis de s’imposer comme les projet après les élections municipales, permettant à la loi d’être votée lignée d’un long processus, qui, au fil défenseurs de la création culturelle avant l’été. Si certains y voient « une du temps, a considérablement réduit française. offre culturelle plus dense, plus créa- l’espace de l’audiovisuel public. tive, plus audacieuse », pour d’autres, Pour point de départ, la privatisation l’annonce de cette réforme est l’ultime de la première chaîne, devenue TF1 coup de poignard porté dans le dos du en 1987. Son objectif est de « vendre du temps de cerveau disponible à L’opinion publique n’est donc pas service public télévisuel. Coca-Cola », explique par la suite dupe. La réforme annoncée par le chef son président, Patrick Le Lay, qui de l’Etat, le 8 janvier dernier, masque n’entend pas cacher la vocation la velléité du gouvernement à renlibérale de la chaîne. Une philosophie forcer, une fois de plus, l’attractivité toute en contradiction avec l’ambition des chaînes privées. Des chaînes par que s’était donnée en 1964, l’ORTF, ailleurs plus propices à délivrer une alors en charge du service public, de information favorable au pouvoir. En « satisfaire les besoins d’information, supprimant la publicité sur les chaîUne révolution ? Pas tant que ça. de culture, d’éducation et de distrac- nes publiques, le privé pourrait ainsi

Place au privé

Un projet depuis longtemps orchestré

Une réforme appliquée à l’international

D

emandée cet été par Nicolas Sarkozy, la réforme de l’audiovisuel extérieur est également à l’ordre du jour. Le projet, remis récemment aux partenaires québécois, belge et suisse de TV5 Monde, préconise la création d’une holding qui se nommerait « FranceMonde » et réunirait TV5Monde, la chaîne internationale d’informations France 24, et RFI. L’objectif étant de centraliser les services

administratifs et logistiques mais aussi les fonctions de commercialisation et de diffusion des trois entités. Le chef de l’Etat a annoncé, mardi 9 janvier, qu’il refusait de faire payer au contribuable la diffusion de programmes non francophones. Aussi, la nouvelle chaîne « ne diffuserait qu’en français », avec d’éventuels sous-titrages en anglais, en espagnol ou en arabe. Déjà de vives contestations se font entendre. La ministre belge de l’Audiovisuel a affirmé que la 76

Belgique ne « paierait pas pour un outil de rayonnement francofrançais ». La chaîne publique suisse a quant à elle déclaré que ce texte « semble peu compatible avec le principe d’autonomie de la chaîne francophone et le respect des partenaires ». Enfin, France 24 a dénoncée « l’arrogance d’une France qui ne parvient à s’adresser qu’à quelques élites expatriées ».


Sortez le s TRYO

réformer pour mieux régner

Locaux de France télévisions voir ses revenus publicitaires largement augmenter. « Il n’y avait qu’à voir le rictus de Sarkozy à l’annonce de cette réforme, pour comprendre que cette suppression va évidemment créer un levier pour les chaînes privées », ironise Jean-François Téaldi, secrétaire général adjoint à la SNJCGT. Pour preuve, quelques minutes à peine après l’annonce du Président, le cours des actions de TF1 et M6 Métropole TV, s’envolait à la bourse de Paris. TF1 prenait ainsi 8,38% et M6 6,86%.

La mort annoncée du service public audiovisuel

Un vent de fusion souffle par ailleurs sur la France. Avec l’annonce d’une réforme de l’audiovisuel extérieur, le Président planifierait en premier lieu de se débarrasser des chaînes de télévision et de radio TV5, RFI, CFI, France 24, Euronews (voir encadré). Mais cette mesure n’est qu’un début. Elle pourrait se poursuivre par une révision à la baisse de l’espace de France Télévisions lui même à travers une fusion des chaînes au sein d’une société unique. Aussi, les rumeurs courent déjà, quant à la fermeture de l’une des chaînes de France télévisions dans les années à venir. « Je ne crois pas à la privatisation de l’une des chaînes de France-Télévisions », explique Jean-françois Téaldi. En revanche, le cahier des charges de l’audiovisuel

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public va clairement être renégocié. « Si l’on prend l’exemple de France 3, il est fort possible de voir disparaître sa mission nationale qui reviendrait à France 2, et sa mission locale, au profit de la presse quotidienne régionale et privée », ajoute-t-il. Déjà les syndicats se mobilisent. Courant février, une grève à France Télévisions, suivie d’une manifestation, devrait être organisée autour de la question du financement du service audiovisuel public. Est-il pour autant condamné ? « En tout cas, il pourrait bien devenir, à terme, un service public «alibi» et n’être conservé que pour l’image qu’il représente », s’accordent à dire les syndicats. Marie Bernard


CULTURE / Léonard Cohen, le polar

Cohen, l’amour Chanteur, écrivain, poète : Leonard Cohen, personnalité aussi charismatique et complexe que Bob Dylan, revient sur scène après quinze ans d’absence. Une manière pour le singer songwriter de prouver qu’il est enclin à rentrer dans l’Histoire. Retour sur le parcours alambiqué de l’un des derniers grands mystiques de notre époque.

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en bandoulière

C

omme l’oiseau sur la branche, comme l’ivrogne dans le choeur de la nuit, j’ai cherché ma liberté ». Au mieux, trois syllabes par mots. Pour accompagnement, quatre accords de guitare. Sur le papier, difficile de faire plus simple. Et plus universel, donc. Mais pléthore de critiques et d’amateurs sont unanimes sur le cas Cohen : il n’a jamais brillé par la finesse de ses qualités musicales. Lui-même l’avouera dans une interview à Ira B. Nadel, pour le Canadien Errant, biographie sur l’artiste : « Certains prétendaient que je ne connaissais que trois accords, alors que j’en connaissais cinq. » Une phrase simple dans sa structure, encore. Mais toujours armée de cette célèbre pointe facétieuse, caractéristique des riches talents d’orateurs du personnage. Reste que sur ces quatre accords de Bird On A Wire, justement, le chanteur tire sur la corde sensible de la provocation. Résultat : une immaculée conception musicale, accouchée dans la douleur, rivalisant maintenant avec les monuments fantomatiques de l’histoire du folk dépressif.

Bidr on w Leonard ire Cohen

« J’ai toujours été en faveur d’une armée, même au plus fort de la guerre du Viêt-nam » ou Bob Dylan) proposent deux alternatives : se mettre la corde au cou (ce à quoi le météoritique Ian Curtis, chanteur maussade de Joy Division et sorte de lointain héritier de Cohen, se résoudra) ou faire l’amour. De toute évidence, avant ou après l’acte, peu importe lequel, on s’ordonne à une méditation métaphysique. C’est en ça que Cohen, apprécié ou pas, ne peut laisser

vieillesse obligent), que l’on se surprend à écouter les paroles. Pire, on ne peut plus s’en défaire. S’installe alors, entre la mélancolie cohénienne et l’auditeur, une indéfectible connivence. Et qu’importe s’il ne pousse pas la chansonnette. Dylan, peu de temps avant, a déjà prouvé que la diction pouvait se superposer à la voix, si nasillarde ou cuivre soit-elle.

indifférent. Son timbre de voix est si sombre, au plus bas des profondeurs sépulcrales (et qui s’est réchauffé au fil des albums, cigarette et

Cohen, c’est avant tout un souffle. Un chuchotement à l’oreille qui implique ce semblant de générosité et d’intimité qui frétille les sens. Qui

Plus qu’un chant, un souffle Voix techniquement limitée, souvent monocorde, au parlé-chanté d’écorché vif aussi lyrique que cafardeux : le song-writer, abonné au triptyque amour, spiritualité et dépression (ça change du fidèle sexe, drogue et rock’n’roll de la fin des années 60), agace (voire endort) ou inonde. Ses chansons, plutôt taillées pour l’intimité d’une chambre à coucher, du genre lumière tamisée, miroir et bougie (ambiance qu’il a reproduite pendant l’enregistrement de son premier album, The Songs of Leonard Cohen, dans le studio de John Hammond Sr, légendaire lanceur de révélations, comme Billie Holiday

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CULTURE / Léonard Cohen, le polar

« Que ceux qui essaient de nous saboter

sachent qu’ils sont en face d’hommes armés

remet en question tous les fondamentaux pour les reconduire à l’origine. Les remettre en mouvement. Cohen, un révolutionnaire ? Certainement pas de la trempe d’un protest-singer à la Dylan. L’homme est un solitaire. Il se tient à distance des débats et des opinions. « La vie n’était faite que de coutumes et de rapports à la communauté. L’idée de rébellion ou de conflit ne m’a jamais effleuré car il n’y avait rien contre quoi se rebeller », dit-t-il à Nadel, au sujet

»

de sa vie adolescente. Pas de révolte précoce, donc. Plutôt un personnage ancré dans la tradition (« Seule la tradition est révolutionnaire », pour Charles Péguy), fidèle à une juste morale, celle du combat. Un conservateur, alors ? Pas plus. Personne ne sait sur quelle rive vogue Cohen. Lui non plus d’ailleurs. Cette ambiguïté, il apprendra vite à s’en servir, quitte à verser dans ce qu’il pratique avec élégance : la provocation : « J’ai toujours été en faveur d’une armée,

même au plus fort de la guerre du Viêt-nam. Bien sûr qu’il devait y avoir une armée, qu’il doit y avoir des hiérarchies, des classes. Les institutions sont OK. » OK ? On croirait entendre un républicain bas du front de la campagne texane. Anecdote cocasse. Eté 70, Aix-enProvence. Cohen fait la tournée de son album à succès, Songs From A Room (dans lequel figure « Bird On A Wire »). Comme à son habitude, la France est paralysée par des grèves d’anthologie. Ce que préconise Cohen pour arriver à l’heure au rendez-vous ? Faire le trajet à cheval. Original. Mais aussi irritant pour le public, qui prend ça pour une ultime crânerie. Conclusion : pendant le concert, histoire de rendre la pareille, des incidents surgissent dans la foule. A la fin du titre Famous Blues Raincoat, le chanteur interrompt la scène : « que ceux qui essaient de nous saboter sachent qu’ils sont en face d’hommes armés ; je veux dire armés de fusils, prêts à s’en servir. Si vous croyez que la liberté consiste à crier n’importe quoi n’importe quand, alors vous ne savez rien de la liberté. Mais si vous voulez vous attaquer à nous, alors montez sur scène. Nous nous défendrons. » Une intervention dotée d’une certaine classe, certes. Mais qui confirme son tempérament guerrier, déterminé à ne pas se dérober au combat.

Tombeur de ces dames La pensée de Cohen à l’aube de sa célébrité ? Tout le contraire du mot d’ordre du moment : « peace and love. » Quoique. L’individu a toujours semé la contradiction autour de ses oeuvres. La fête de l’Humanité, il l’a faite. Le festival de l’île de Wight, aussi (il passe sur scène juste après Jimi Hendrix, qui avait déjà bien chauffé les planches). Le poète Allan Ginsberg, Kerouac, Joan Baez : la Beat Generation, il l’a fréquentée, mais toujours de loin. Car si ses préoccupations sont aussi d’ordre spirituel, priorité a toujours

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été faite dans la confusion de ses sentiments amoureux. Et même quand il s’en approche, il joue toujours de la puissance inconditionnelle de la séduction et de l’amour. Exemple probant : sa rencontre avec la reine du blues psychédélique, Janis Joplin. Retranscription ascenseur du

de la Chelsea

scène : Hotel,

New York, 1967. « Vous cherchez quelqu’un ? », demande-t-il. Janis : « Kris Kristofferson. » « C’est votre jour de chance belle dame, répliquet-il à la fille «la plus moche du campus», je suis Kris Kristofferson. » Sur la suite des évènements, rien ne sera dévoilé explicitement. A part, dans la sublime chanson Chelsea Hotel qu’il dédiera à la défunte chanteuse des années plus tard. « Je me souviens bien de toi au Chelsea Hotel, de tes paroles si braves et si douces ; tu m’as pris dans ta bouche sur le lit défait, pendant que les limousines patientaient dans la rue. »

Le Canadien errant

Janis Joplin

Si Cohen était un personnage historique, il serait certainement Casanova. Un rapprochement à priori fortuit et indécent, tant l’italien était avant tout un amuseur de galerie, mesquin et bandit, collectionneur d’aventures incestueuses. Mais ce côté homme en exil perpétuel, pour qui l’amour ne dure que le temps d’une étreinte, lui ressemble. « L’amour est un feu, il brûle chacun, il enlaidit chacun, c’est l’excuse qu’a trouvé le monde d’être si laid », écrit-il dans The Energy Of Slaves, en 1972. Toute la thématique cohénienne se décrypte dans ce recueil de poèmes. Juste parce qu’il égrène les affres d’un homme qui a cherché dans l’amour un absolu surpassant toute religion sans rien trouver que la précarité des sentiments, des étreintes, des relations. Cette fatalité, il la clamera encore plus fort dans la chanson I’m Your Man, une quinzaine d’années plus tard (There ain’t no cure for love).

« Un jour viendra où l’on reconnaîtra que je suis le styliste de mon temps, et le seul honnête homme dans les parages »

Si Cohen était un endroit, il serait un mélange de reliefs. Une ville, d’abord. Profondément urbain, il vole de Montréal (là où il est né, le premier jour de l’automne 1934), à Nashville (un poète juif au royaume des fondamentalistes ?) pour atterrir à Los Angeles, paradis artificiel qui le fascine pour sa « mentalité bancale ». Une île, ensuite. Hydra, en Grèce, de préférence. Pour son côté rustique, spartiate. Un havre bohème inaccessible, propice pour tout écrivain en quête d’inspiration. Enfin, il serait un mont. Celui de Baldy, en Californie. Là où il fit l’une des plus importantes rencontres de sa vie, celle du maître zen Rôshi, un père de substitution. Pourquoi le bouddhisme ? Pour s’investir au plus profond dans toutes les sensations corporelles. Et pour sortir de sa dépression, qui revient comme un cycle inaltérable. Une sorte de cure, en somme. Ses exils, il ne les a toujours pas terminés. Sans doute cette nécessité constante de chercher sa liberté, de retrouver la transparence de l’air qu’il n’y a pas en ville. Toujours est-il que le poète sème derrière lui une nouvelle zone d’ombre. Un peu comme Dylan dans les années 80, Cohen fait aussi son « never ending tour ». « Un jour viendra où l’on reconnaîtra que je suis le styliste de mon temps, et le seul honnête homme dans les parages », confia-t-il à Nadel. Nul doute que Cohen dit vrai. Car les plus grands artistes sont ceux qui durent. Comme tout écrivain qui sent passer sur le front le vent de l’histoire, il veut « en être ». Même discret, il ne se résoudra jamais à abandonner. Ce printemps, il amorcera une nouvelle tournée (les dates n’ont pas encore été dévoilées). « Je monte mon groupe de musiciens. Je n’ai pas joué de la guitare depuis 14 ans, donc je suis un peu anxieux », avoue-t-il au quotidien montréalais La Presse. Ce trac qu’il éprouvera nous remémorera celui de ses débuts, il y a pile 40 ans, lorsqu’il chanta Stanger Strong pour une émission de télévision britannique, le Julie Felix Show. Damien Grosset

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CULTURE / Dans le foyer d’une plume

La cigar

Intolérance zéro

M

ette

Il a encore frappé ! Phil Marso, éditeur, chroniqueur de théâtre et auteur de polars diplômé en horticulture, a une actualité pour le moins chargée. Ce mois-ci, il lance une nouvelle édition de ses journées mondiales « Moins de blabla au téléphone portable » (les 6, 7 et 8 février) et « anti Big Brother » (le 29 février). Le citoyen engagé n’en oublie pas pour autant son statut d’écrivain et sort Mistertaff, un polar ludique qui dénonce, avec humour, les conséquences du décret anti-tabac.

Phil Marso dans son bureau de la rue Wurtz à Paris. Ambiance polar.

Parallèles : est venue Mistertaff ?

Comment vous l’idée d’écrire

Phil Marso : Dans Passage à tabac, en 1996, j’avais déjà trouvé mon idée de départ pour parler des risques du

« Je ne défends pas

spécialement les buralistes, ni l’industrie du tabac, mais je trouve qu’en matière de liberté individuelle, ça devient limite.

»

tabagisme. C’est l’histoire de Bob Cancero, surpris en train de vider un sac poubelle plein de mégots, du Commissaire Mafouin et du détective John Wilson Bread, qui tentent de faire avouer au suspect, surveillé depuis des mois, qu’il s’est remis à fumer. A travers cette garde à vue musclée, mais humoristique, je parle des dangers du tabagisme chronique mais aussi de l’acharnement thérapeutique et de l’intolérance de certains non fumeurs.

P. : Mistertaff est donc la suite de Passage à tabac ?

P.M. : Pas tout à fait. J’ai commencé à écrire une suite en 2006, que je ne n’ai pas réussi à terminer. L’idée, c’était de reconvoquer Bob Cancero dix ans plus tard, à l’occasion du décret de février 2007 et de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Malheureusement l’écriture du livre a traîné et j’ai raté le coche pour le 1er février 2007, d’abord, puis pour janvier 2008. En même temps, j’avais trouvé un nouveau concept avec un autre livre, paru lors de l’élection présidentielle, Votez Président(e), et j’ai voulu le tester sur le thème du décret. Je me suis donc mis à écrire Mistertaff, en attendant de reprendre mon roman. Le 18 décembre 2007, j’ai commencé à faire


ce que j’appelle des « sondageons » : une série de questions réponses sur les conséquences du décret.

Vous vouliez absolument sortir un livre… Au début, ça m’a semblé un peu court. Mais il fallait quand même faire quelque chose, parce que je trouve que cette loi, dans les restaurants, c’est normal, mais dans les bistrots, ça va trop loin. Je ne défends pas spécialement les buralistes, ni l’industrie du tabac, mais je trouve qu’en matière de liberté individuelle, ça devient limite.

Quelle est exactement la trame de Mistertaff ? Mistertaff est un réseau mafieux, créé dans «Passage à tabac 2» (2003), qui s’organise. Je pars du principe qu’à partir du 1er janvier 2008, il est pourchassé par la brigade anti-tabac. Ensuite, à travers une suite de questions, j’explique toutes les conséquences liées au décret.

Vous avez parlé de « nouveau concept ». Quelle est l’originalité de ce livre ? Il est traité comme un polar, mais sous forme de jeu. La règle de départ, c’est d’être dans un bistrot. On fait un premier tour de table pour que chaque personne choisisse l’une des réponses du sondage. Puis, au second tour, chacun propose une réponse supplémentaire. Celui qui répond de la manière la plus convaincante gagne… une allumette ! Il doit ensuite la faire craquer, « pour qu’un esprit fumeur s’éveille dans les murs du bistrot. » L’allumette est aussi un clin d’œil à Mistertaff, le parrain du réseau. Une fois retiré des affaires et en attendant de passer l’arme à gauche, il passe son temps à faire des maquettes en allumettes.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de « sondageons » ? Les sondageons sont classés par chapitre, comme dans un polar. Le chapitre 3, « Légendes », rend par exemple hommage aux fumeurs hauts en couleur du monde du

cinéma. Aujourd’hui, les associations anti-tabac comptent aller encore plus loin dans la loi et interdire les scènes où des personnages fument. C’est n’importe quoi ! On imagine mal de ne plus voir de cigarettes dans un polar. J’ai d’ailleurs écrit un sondageon à ce sujet - Dans quel film serait-il ridicule d’interdire la cigarette ? Réponses possibles : 1. Dans un film sur les tranchées de la guerre 14-18. 2. Dans un film retraçant la vie de Bob Marley.

numéros de téléphone, en demandant aux adhérents du forum d’écrire à la police… Le pire, c’est que le président de l’association s’en vante !

Quelles sont vos revendications vis-à-vis de ce décret ? Je voudrais que l’argument de tabagisme passif, qui est au centre du débat, soit remis en cause. Ce serait bien qu’on fasse enfin une étude sérieuse sur le sujet, en dehors du lobby pharmaceutique, des associations antitabac et de l’industrie du tabac.

D’ailleurs, j’ai l’impression que le Au fait, fumeur ou non cinéma actuel entre un peu en résis- fumeur ? tance. Dans tout ce que j’ai vu récemment, notamment dans le film français « Le tueur », ça clope dans tous La cigarette, j’ai commencé à 11 ans les sens. et j’ai arrêté à 12. Aujourd’hui, ça Dans le chapitre « La Bavure », j’ex- m’arrive d’en griller une autour d’un plique que forcément, avec ce décret, verre, en soirée. C’est un geste conviil y a des ratés. Les clients des disco- vial et il n’y a pas de problème tant thèques, par exemple, se plaignent que je maîtrise ma consommation. des odeurs corporelles qui remplacent celle du tabac. Et je ne parle pas de la pollution des mégots dans les Propos recueillis par Géraldine Grand Colas caniveaux ! Dans « Partage du taff », enfin, j’évoque les protagonistes du décret, dont les associa- Premier roman sur le tabagisme de l’auteur. Paru tions anti-tabac… aux éditions Megacom-Ik le 1 janvier 2003

Vous semblez assez remonté contre les associations antitabac… Disons que certaines associations sont très virulentes et procédurières. Je cite, dans mon livre, l’association des Droits des non fumeurs que j’ai rencontrée quand j’ai écrit Passage à tabac en 1996. Elle est actuellement en procès avec un site Internet de club de cigares. Pour moi, cette association représente une patrouille municipale qui circule. Ce sont aussi des gens qui pratiquent la délation. La DNF (pour Droits des non fumeurs) a notamment publié sur son site l’adresse des bars réfractaires au décret et leurs

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Ciné : un Combat Rock

FJ Ossang : « Tout est cyclique au final » Ecrivain, poète, cinéaste, musicien, le dénommé

Dans quel contexte FJ Ossang joue l’électron libre depuis trois décennies. avez-vous découvert le Tellement libre qu’il peine à financer ses films, tant son rock et qu’est-ce qui approche artistique, mélange de « série B, de Godard vous a plu ?

musique. Et puis c’est vrai qu’un grand disque est un film.

Dans ma toute jeunesse, et de rock », effraie les esprits frileux. Enfant de la Frank Zappa déclarait je n’étais pas spécialement scène punk des années 70, une rétrospective intégrale que sa musique était « un tourné vers le rock. Et puis lui sera consacrée aux 8e Journées Cinématographiques film pour les oreilles »… j’ai découvert les Stooges, le de Saint Denis qui se tiennent du 6 au 12 février. A mes yeux, un disque des Velvet Underground et Roxy Stooges est même plus imCe festival nommé « Combat Rock » (clin d’œil aux Clash) portant que les trois-quart Music, tandis que je commençais à écrire à 17 ans. souhaite exposer l’impact sociopolitique de l’union J’ai ensuite été pris dans ce du cinéma et du rock au travers de longs et courts des films. qu’on a appelé l’explosion métrages en passant par les rockumentaires. Rencontre punk, avec mon premier avec FJ Ossang qui raconte, avec l’oeil brillant du groupe DDP (De la Destrucpassionné, son parcours de rescapé de la génération tion Pure) en 1977, j’avais 21 ans. Ensuite ça a été « No future ». Nezw Old MKB Fractions Prode Pierre Clémenti visoires dans les années 80. Mais au départ, la musique était surtout un prétexte pour vivre une expérience. Le punk, c’était non-stop, une expérience quotidienne, une provocation, une contestation, jusqu’à la Quand on vous définit comme un cinéaste punk, rupture ouverte. De grands groupes ont émergé, mais c’était ça vous convient ou c’est un raccourci peu pertivraiment un mouvement multiforme, diffus et très radical. nent ? Cela comprenait la peinture et l’écriture, le tout hanté par C’est un raccourci. Je ne renie pas du tout ces années forles colères errantes des années 20 style Dada. Pour moi, la tes, passionnantes, brûlantes. Joe Strummer disait bien période punk de 75-78 était très riche en rock’n’roll. Je suis « Punk un jour, punk toujours » [sourire]. J’y ai un peu ensuite passé derrière la caméra en 82. L’écriture cinéma souscrit, en le filmant dans « Docteur Chance » (1997), et rock’n’roll sont… mais mon objectif à ce moment-là était plutôt d’enterrer la jeunesse, de creuser le tombeau du XXe siècle. Mais … deux arts qui se rejoignent ? « cinéaste punk », ça ne veut pas dire grand-chose, Oui voilà, parce que si on regarde les grands cinéastes, certains documentaristes qui ne l’étaient pas ont proil y en a quand même quelques-uns qui viennent de la duit des œuvres qui étaient les oripeaux du punk. Pour « Morituri » (1984, premier long-métrage), je disais à F. J. OSSANG, réalisateur l’époque que ce n’était pas un film punk, mais fait par des punks, ce qui est différent.

Que préférez-vous, le format filmique court ou long ?

C’est différent, le court pourrait se rapprocher du poème et le long du récit. Ce n’est pas que j’ai une préférence particulière, mais surtout que j’ai toujours eu du mal à mettre sur pied des long-métrages. D’une part c’est techniquement ardu et de l’autre, on m’a souvent mis au ban, marginalisé. Entre-temps, j’ai réalisé le court « Silencio » (2006, Prix Jean Vigo 2007) qui a dû plaider en ma faveur. C’est un peu mortel de réaliser un film tous les huit ans. Là je prépare mon quatrième long, « La souscription Starkhov », que je tourne en 2008. En parallèle, je pense que le court-métrage mériterait plus de considération.

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Rock

the C The C asbah lash

Billy Corgan des Smashing Pumpkins chantait « I’m in love with my sadness », est-ce représentatif selon vous de ce qu’est le rock ?

Gimme Shelter des frères Maysles et Charlotte Zwerin

Pas dans l’absolu, cette vision est plutôt une émanation du rock qui fait du rockeur un « romantique électrifié ». Mais c’est vrai que c’est un aspect non négligeable. En fait, l’aspect « pragmatisme de la survie », « activisme existentiel », compte beaucoup dans le rock’n’roll. D’autant que son origine est d’abord adolescente. Mais les objectifs du rock, punk, noise’n’roll ou encore musique industrielle ont toujours comporté des angles d’attaque différents et surtout réactifs.

Qui est selon vous le réalisateur « rock » par excellence ? Jarmusch ? Waters ? Godard ? On tend à les qualifier ainsi à cause de leur propension à casser les règles… Cette étiquette rock me gêne. Des gens comme William S. Burroughs ou Jack Kerouac ont renversé les codes, et pourtant Kerouac était plus influencé par le jazz que le rock. La transgression n’est pas le seul apanage du rock. Et puis cette façon de globaliser ne veut rien dire. Les Inrocks, Rock’n’Folk, tout ça, ça ne me parle pas. C’est comme l’intitulé cinématographique « Nouvelle vague », quasi commercial, pour classer des attitudes différentes : Chabrol, Truffaut, Rivette et Godard, il y avait un précipice entre chacun d’entre eux. A côté de ça, quelqu’un comme Godard a réalisé des films sur le rock comme « One + One » avec les Stones. D’accord. Mais j’ai plus envie de m’intéresser au « noise’n’roll du cinéma » plutôt qu’au « cinéma du rock ».

Est-ce que l’effervescence idéologique, l’engagement politique qui a été celui du rock à ses débuts existe encore ?

Je ne sais pas, on verra ça à la fin du siècle [sourire malicieux] ! J’ai toujours eu cette idée que les mentalités réagissent avec six ou sept ans de retard. Le XXe siècle a pris forme vers 1905, 1907. Pareil pour le XIXe. Il y a souBorn To Lose de Lech Kowalski vent un effet de rémanence d’une fin de siècle sur le suivant, et puis « Boum », c’est l’explosion ! Certains courants et attitudes deviennent obsolètes pour un ou deux siècles, avant de revenir. C’est assez abstrait, j’en conviens, mais ce phénomène de fin de siècle me semble réel. Je dirais même qu’à un autre niveau, cela peut s’appliquer aux décennies. Les années 50 par exemple, il ne se passait rien, c’était affreux, figé. Quelqu’un comme Kerouac, qui avait presque tout écrit à 34 ans, a été détruit par la résistance du monde de l’édition avant de pouvoir publier ses oeuvres à la décennie suivante et devenir quelqu’un de considéré. Tout est cyclique au final. Propos recueillis par Thomas Fédérici


CULTURE / Sorties ciné Cloverfield

S’il y a bien un producteur - réalisateur en vogue en ce moment à Hollywood, il s’agit forcément de J.J. Abrams. Roi du buzz et de la médiatisation, le créateur d’Alias et de Lost, après avoir réalisé Mission Impossible III, revient avec son nouveau bébé, Cloverfield. Un monstre géant envahit Manhattan... Un scénario à la Godzilla qui devrait apporter son lot de surprises, tant l’imagination de J.J. Abrams est inattendue et recèle de rebondissements et d’inventivité. Servi par un casting sans grandes stars mais appuyé par une réalisation au top, nul doute que Cloverfield n’aura

Les liens du sang

Un peu plus d’un an après Ne le dis à personne, Les liens du sang sont l’occasion de retrouver le duo Guillaume Canet – François Cluzet. Mais cette fois-ci, dans un registre totalement différent. A la fin des années 70, le film raconte l’histoire de deux frères, l’un inspecteur, l’autre ex-taulard, qui essayent de se reconstruire grâce aux liens qui les attachent, mais ils devront affronter leurs vieux démons. Reprenant l’histoire vraie des frères Papet, Les liens du sang s’intéresse aux relations humaines et familiales. Neuf ans après Nos vies

pas de mal à séduire l’Hexagone. D’ailleurs, les fils de l’Oncle Sam ne s’y sont pas trompés, le film a réalisé le plus gros démarrage de l’histoire pour un mois de janvier au box-office américain, avec 41 millions de dollars de recettes. A ce rythme, le carton annoncé aux Etats-Unis aura bien lieu. En France, l’engouement devrait être similaire tant l’attente a été longue pour découvrir la grosse bêbête d’Abrams... Date de sortie : 06 Février 2008 Réalisé par Matt Reeves Avec Michael Stahl-David, Lizzy Caplan, Jessica Lucas... Durée : 1h30min

heureuses, qui avait connu un joli succès d’estime, Jacques Maillot revient donc sur le devant de la scène, en mettant en avant deux des comédiens français les plus courtisés du moment. Pas forcement très attendu du grand public, ce film devrait à coup sûr séduire grâce au jeu de ses deux acteurs principaux...

Date de sortie : 06 Février 2008 Réalisé par Jacques Maillot Avec Guillaume Canet, François Cluzet, Clotilde Hesme... Durée : 1h 46min

John Rambo

Il est de retour. Il est vieux, mais encore très très méchant. Vingt ans pile après avoir survécu à l’Afghanistan, John Rambo reprend du service. Retourné en Thaïlande en aspirant à une vie plus sereine, son repos sera de courte durée quand il apprendra que des volontaires venus apporter des soins et de la nourriture à un camp de réfugiés n’ont pas donné signe de vie depuis plus de deux semaines de l’autre côté de la frontière... On se doute bien que Rambo ne va pas enfiler des perles pendant le film, mais plutôt les stocks de munitions... Après avoir ressorti avec un certain succès son costume de Rocky Balboa, Sylvester Stallone revient

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en force dans le rôle qui a fait de lui une star mondiale du cinéma. Un peu de botox dans les pommettes, et Rambo est d’aplomb, frais comme un gardon. Machine de guerre donnant dans l’ultra-violence, Stallone surfe sur la vague du renouveau de ses personnages clés. Un plaisir que devrait partager les fans de la première heure, même si le filon risque, à force, de s’user rapidement...

Date de sortie : 06 Février 2008 Réalisé par Sylvester Stallone Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze... Durée : 1h 30min


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CULTURE / Sorties DVD Les Simpson – Le Film

Homer a encore fait la boulette. Le père de famille au teint jaune a gravement pollué le lac de Springfield. Toute la ville est mise en quarantaine par le gouvernement sous un dôme géant. Les Springfieldiens sont bien décidés à lyncher le coupable. La famille Simpson doit fuir et prend la route, direction l’Alaska. Après 18 saisons au compteur depuis sa première diffusion en 1989, les Simpson débarquent sur grand écran. Une aventure drôle, politiquement incorrecte et pleine de rebondissements qui s’inscrit dans la suite logique de la série télévisée. L’équipe qui a travaillé sur le film est la même que pour la série.

Mise à Prix

Le directeur adjoint du FBI envoie ses meilleurs agents retrouver un magicien très louche de Las Vegas qui doit témoigner contre un parrain de la Mafia. Ils vont devoir le protéger de celui-ci dont on dit qu’il a fait assassiner plus de 130 personnes. La Mafia offre un million de dollars pour le faire disparaître. Mercenaires, assassins et tueurs à gages par-

Seuls certains scénaristes n’ont pas participé à l’écriture du script, s’attelant à la création d’épisodes de la saison en cours à l’époque du tournage en 2007. Imaginé par Matt Groening (créateur de la série) et réalisé par David Silverman (Monster & Cie), Les Simpson - Le Film ne décevra pas les fans du dessin animé. Le DVD propose également un commentaire de Matt Groening, des documentaires, des scènes inédites et des bonus cachés.

Les Simpson – Le Film réalisé par Alexandre Bustillo, Julien Maury (20th Century Fox) Sortie DVD dès le 13 février 2008

tent à sa recherche. Action, humour et casting de rêve (Ben Affleck, Andy Garcia, Ray Liotta…) sont au rendezvous. Scènes coupées, commentaire audio et bêtiser sont en bonus sur le DVD.

Mise à Prix réalisé par Joe Carnahan (Studio SM) Sortie DVD dès le 5 février 2008

A l’Intérieur

Sarah est veuve et enceinte. Elle décide de passer le réveillon seule chez elle, la dernière nuit avant d’entrer à la maternité où elle doit accoucher dès le lendemain. Ce n’est pas le Père Noël qui frappera à sa porte cette nuit-là, mais une femme, bien décidée à lui arracher le bébé qu’elle porte en elle. Un film d’horreur au féminin où la violence et le gore sont poussés à l’extrême. La tension est à son comble jusqu’à la dernière minute du film. Le huis clos horrifique entre les deux actrices Béatrice Dalle et Alysson Paradis tient la route. Cris, sang et dialogues sont parfaitement dosés. Les réalisateurs Julien Maury et Alexandre Bustillo signent

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ici leur premier long métrage. Ils succèdent brillamment aux productions du réalisateur français Alexandre Aja (Haute Tension, La Colline a des Yeux) qui a su remettre les films d’horreur au goût du jour. Les amateurs du genre apprécieront. Âmes sensibles : s’abstenir absolument ! Le double DVD offre parmi d’autres bonus, un making-of, une interview de Béatrice Dalle et un court-métrage.

Interdit en salles aux moins de 16 ans. A L’intérieur réalisé par Alexandre Bustillo et Julien Maury (Pathe Video) Sortie DVD dès le 20 février 2008


CULTURE / Sorties livres Battement d’Ailes

Dans un endroit splendide en Sardaigne, Madame ne veut pas voir cette si belle nature se transformer en bloc de bétons à touristes. Elle refuse de vendre le terrain qu’elle possède, l’argent ne lui importe guère. Ses parents et ses voisins ne sont pas tous du même avis. Ils aiment cette femme pour sa générosité et son combat acharné mais néanmoins naïf. D’autres, comme le grand-père de la jeune narratrice, restent ses

L’Homme du Lac

Des tremblements de terre se sont produits en Islande en juin 2000. Le lac de Kleifarvatn se vide au fur et à mesure à la suite de ces événements. Une géologue découvre au fond du lac asséché un squelette accompagné d’un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacés. La police est envoyée sur les lieux. Erlendur et son équipe sont chargés de l’enquête. Ils vont alors s’intéresser aux disparitions qui ont eu lieu au cours des années 60 en Islande et qui n’ont jamais été élucidées. Les investigations s’orientent bientôt vers les ambassades ou délégations des pays de l’ex-bloc communiste. Peu à peu, Erlendur et son équipe

alliés. Ils assistent tous aux amours de Madame qui filent, mais pas comme elle l’aurait imaginé, rêvé… L’auteur italienne Milena Agus avait déjà écrit « Mal de pierres » dont l’adaptation cinématographique est en cours de réalisation. Battement d’Ailes par Milena Agus aux éditions Liana Levi Sortie le 7 février 2008 15 euros

remontent la piste de l’homme du lac dont ils finiront par découvrir le terrible secret. L’auteur réfléchit sur l’humanité et la cruauté du destin et nous raconte également une belle histoire d’amour sans tomber dans le roman à l’eau de rose. L’écriture, tout en retenue, rend la tragédie d’autant plus poignante. Arnaldur Indridason est l’auteur de six romans noirs, dont plusieurs sont des best-sellers internationaux. On retrouve certains des personnages des oeuvres précédentes dans « L’Homme du Lac ». L’Homme du Lac par Arnaldur Indridason aux éditions A.M. Metailié Sortie le 7 février 2008 19 euros

Conte de fée à l’Elysée

Elle courait, elle courait la rumeur quant à la date officielle de l’union entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. L’éditeur de BD Glénat s’est emparé de cette nouvelle idylle surmédiatisée. Jul, dessinateur chez Charlie-Hebdo, sortira le 6 février la bande dessinée humoristique « Conte de fées à l’Elysée », réalisée en trois semaines seulement. Un temps record. La maison d’édition Glénat publie l’album, tiré à 40 000 exemplaires, après avoir déjà sorti trois albums sur le candidat et le président Sarkozy en 2007,

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dont « La face karchée de Sarkozy », l’un des best-sellers de la campagne présidentielle. La BD est née de l’annonce de la liaison du président de la République avec la chanteuse/extop model en décembre. Auteur et éditeur de bande dessinée n’auront jamais été aussi proches de l’actualité politico-people.

Conte de fées à l’Elysée par Jul Vent des savanes/Charlie Hebdo Sortie le 6 février 2008 7,50 euros


CULTURE / Sorties CD Nada Surf – Lucky

Devenu Popular grâce à la chanson du même nom, Nada Surf revient deux ans après avec The Weight Is A Gift. Leur cinquième album, Lucky, aborde le thème de la nostalgie et de la fugacité de l’amour. Le groupe new-yorkais, formé en 1992, espère renouer avec son public, plutôt déçu de leur dernier opus. C’est l’Europe qui aura la primeur de leur nouvel album, puisqu’il sortira le 4 février sur le vieux continent, soit un petit jour avant sa sortie mondiale. Le premier single tiré de Lucky s’intitulera Whose Authority, le clip étant déjà disponible sur le Web. Malheureusement, difficile de

Morcheeba – Dive Deep

Pilier de la scène trip-hop, Morcheeba a connu des hauts et des bas ces dernières années. Valse des chanteuses, musique trop commerciale, les fans étaient déçus par la qualité des morceaux proposés. Des lacunes que Dive Deep devrait expressément effacer, tant il se rapproche du vrai son de Morcheeba. Le groupe des frères anglais Paul et Ross Godfrey revient donc à la charge avec un album plus proche de ses racines, original mais loin d’être homogène

retrouver le vrai Nada Surf d’antan, celui de Popular avec la voix révoltée du chanteur Matthew Caws tant le style du groupe a évolué. Rebel à l’époque, il est devenu beaucoup plus grand public, ce qui lui a fait perdre une partie de son charme. L’album se laisse écouter, mais sans vraie profondeur ni intensité. Le plus français des groupes américains (Matthew Caws et Daniel Lorca, les deux fondateurs du groupe, ayant étudié au Lycée Français de New York) sera au Showcase à Paris le 20 février.

Nada Surf – Lucky Sortie le 4 février

dans la qualité de ses morceaux. On se délectera tout de même de morceaux comme One Love Karma ou Enjoy The Ride. On ne peut que se satisfaire de ce regain de forme. Morcheeba sera de retour sur scène pour quatre dates dans l’Hexagone : le 13 mai à Nancy, le 14 mai à Paris (Grand Rex), le 16 mai à Lyon et le 21 mai à Bordeaux.

Morcheeba – Dive Deep Sortie le 4 février

Lenny Kravitz – It’s time for a love revolution

Enfin, Lenny Kravitz sort de sa longue période de silence. Quatre ans après Baptism, le natif de New York revient avec It’s time for a love revolution, qui renoue avec son style et ses mélodies d’antan. L’ex de Vanessa Paradis revient à la source de son talent, comme le prouve le premier extrait de son neuvième album, I’ll be waiting. Une mélodie douce et reposante, comme une envie de quiétude et de paix avec

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soi-même. Kravitz s’autoproduit, et joue de tous les instruments. Un signe de liberté et de maturité, pour un chanteur autodidacte qui n’hésite pas à s’engager politiquement (Guerre du Golfe, Irak). Certes, son style épuré se retrouve souvent dans ses mélodies, mais c’est aussi sa marque de fabrique. L’attente a été longue mais elle en valait la peine, le nouveau Kravitz se laisse écouter avec plaisir.

Lenny Kravitz It’s time for a love revolution Sortie le 4 février



SPORT / Vous avez dit Force Basque ?

Force Basque :

S

Le Pays basque est l’une des plus belles régions

port hors du com- de France. La mer et la montagne séparées de ques seront déclarés vainmun, la force seulement quelques kilomètres, un cadre de vie queurs grâce à leurs prouesbasque voit son agréable, une gastronomie délicieuse et un sport ses sportives et à la qualité de origine décou- méconnu, la force basque. leur présentation. Bien que ler des travaux méconnue, la force basque quotidiens. Depuis des siècles, les un défi sur soi-même. Je déteste per- s’est imposée dans la capitale franjeunes Basques se lancent des défis dre surtout parce que mon orgueil çaise. A l’initiative de Pierre Dospital d’une ferme à l’autre. en prend un coup et que je supporte (ancien rugbyman de l’Aviron bayonUne rivalité qui pas ça », raconte Allande Barnet- nais), le palais omnisport de Paris existe encore che, spécialiste du lever de paille. Bercy abrite depuis quelques années aujourd’hui, une rencontre inter villages de la formais qui ce basque. Et ça plaît. « J’y suis allé reste bon sans savoir ce que c’était il y a cinq enfant. ans, raconte Jean Darrieu, parisien. «   L a C’est un spectacle hallucinant et c’est f o r c e La force basque est intégrée dans un à se demander si les Basques sont b a s q u e , ensemble de sports dits « locaux ». faits comme nous. Depuis, je me déce n’est pas qu’un sport. C’est une tradition • Soka tira (tir à la corde) : l’épreuve réunit huit hommes par cordée. Pour ancrée dans de vaincre, chaque équipe devra tirer son adversaire sur quatre mètres. L’épreuve n o m b r e u x  v i l se déroule en deux manches gagnantes. L’épreuve du lever lages basques. • Untziketariak (épreuve des bidons) : chaque concurrent doit parcourir la de pierre dite Comme les Esdistance la plus grande avec un bidon de 41 kg à chaque main. Harri altxatzea pagnols avec la • Zaku lasterka (sprint avec un sac sur l’épaule) : il s’agit d’une course en relais. corrida, nous Elle engage une équipe de trois coureurs, utilisant comme témoin un sac de maïs avons notre sport traditionnel. La de 81kg. Cette épreuve existe aussi en course individuelle. polémique en moins », explique •Arpanariak (scieurs de long) : Il s’agit pour les deux sportifs d’effectuer Koldo Alduntzin, ancien adepte et plusieurs coupes le plus spécialiste de la force basque. Huit rapidement possible sur un tronc de 60 à 75 cm de diamètre, avec une scie passe à dix épreuves par tournoi (voir enpartout. cadré), un public demandeur, mais c’est aussi la fierté du Basque qui est en jeu. « Bien sûr, c’est d’abord un En 1992 à Bonn, a d’ailleurs eu lieu L’épreuve de la sport et donc un jeu, mais c’est aussi la première Olympiade des sports charrette dite Orga joko locaux. 38 pays étaient représentés.

Des adeptes hors du Pays Basque

Les épreuves de force basque

«C’est un spectacle hallucinant et c’est à se demander si les Basques sont faits comme nous

»

L’épreuve de sprint avec un sac sur l’épaule dite Zaku lasterka

« Ça a duré trois jours. Trois jours difficiles où les démonstrations ont été impressionnantes. Et nous avons gagné », indique Alduntzin. Devant plus de 100 000 spectateurs, les Bas-

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ocolatero Paquito Ch da Baiona Ban


une tradition de poids place au Pays basque chaque été et j’en profite pour faire la tournée des compétitions. Je me régale. »

Un sport ouvert aux femmes mais…

L’épreuve du lever de ballots de paille dite Lasto altxatzea

Les épreuves de force basque sont ouvertes aux femmes et dans toutes les spécialités. Les masses à soulever sont allégées. Malheureusement, elles évoluent en même temps que les hommes. « C’est la différence des performances entre les deux sexes qui nous met au second plan », explique

• Orga joko (épreuve de la charrette) : le sportif doit faire tourner, à bout de bras, une charrette de 360 kg sur son timon. • Aizkolariak (bûcherons) : il s’agit de couper le plus rapidement possible un nombre de troncs de hêtre, d’un diamètre de 35 à 60 cm. Les troncs sont disposés verticalement au sol et à 6 mètres de hauteur. • Lasto altxatzea (lever de ballots de paille) : le concurrent hisse une botte de paille de 45 kg au bout d’une corde, à l’aide d’une poulie, à une hauteur de huit mètres. Le mouvement se répète le plus grand nombre de fois en deux minutes. • Harri altxatzea (lever de la pierre) : l’athlète soulève des pierres de différents poids (250 à 300 kg) et les hisse sur son épaule. L’épreuve dure 4 minutes.

Maïder Irigoyen, spécialiste de tir à la corde à Indarka, club de Bayonne (le seul qui licencie des femmes). Le milieu est très machiste et les femmes sont souvent regardées comme des bêtes cu- L’épreuve scieurs de long dite rieuses. Une centaiUntziketariak ne de spectacles de force basque ont lieu chaque année au Pays basque, mais aussi dans d’autres villes de France (Paris, Marseille. Auch, Toulouse…), sous les yeux émerveillés des enfants. Des locaux mais aussi de nombreux touristes se pressent dans les villages afin de découvrir une coutume atypique. Anne Pinsolle

L’épreuve des bûcherons

Les Basques aiment le sport Outre ce sport hors norme, le Pays basque regorge d’adeptes d’autres sports. Certains sont très connus, d’autres moins. Ils attirent les jeunes et les moins jeunes. Le plus célèbre reste à ce jour le rugby à XV. Jusqu’à sa professionnalisation, le Pays basque fournissait une grande partie des internationaux de l’équipe de France. Les données sont différentes aujourd’hui avec la popularisation de ce sport. Autre discipline typiquement basque et relativement connue, la pelote basque. Son origine vient du jeu de paume. On classe les jeux

selon le terrain. Le trinquet, qui se joue partout dans le monde, est un fronton couvert utilisant 4 murs. Le Jaï-Alaï, d’origine espagnole, est un fronton couvert avec un mur à gauche et à l’arrière. La place libre est le fronton du village situé en plein air. Enfin, il y a le fronton avec un mur à gauche, couvert ou découvert. La pelote basque, c’est plusieurs façons de jouer : la main nue, la cesta punta, la pala, la chistera… Suit le surf, sport très populaire chez les jeunes. Biarritz et Mundaka (au Pays basque espagnol) sont deux villes mondia-

lement connues dans le circuit du championnat de surf professionnel. L’aviron connaît aussi un engouement de longue date au Pays basque. Ce sport est d’origine populaire. A Bayonne, la création de clubs d’aviron remonte à la fin du XIXe siècle. Enfin, la Zipota est un art martial basque semblable à la boxe française. On l’enseigne avec l’utilisation d’un Makila (bâton de marche basque) et un couteau.


Bienvenue dans l’espace

Demain, toucher

C

Les billets sont déjà disponibles. Il sera bientôt possible

en France par Voyageurs ’est un matin de s’adonner à un tourisme totalement nouveau : le dans l’espace, branche de presque comme tourisme spatial. Ne plus sentir le poids de son corps, les autres. Il se voir la planète bleue depuis l’espace. Des rêves qui l’agence de voyages Voyalève, boit son geurs du monde. L’agence ne se concrétisaient jusqu’alors que pour quelques café et part en a signé un partenariat avec taxi vers l’aéroport. Tra- astronautes, se matérialisent lentement pour le Virgin Galactic à qui apverse l’Atlantique, se pose à commun des mortels. partiennent les brevets de New York quelques heures SpaceShip One et de son sucplus tard pour redécoller en direc- Une ascension de 50 minutes est cesseur, et qui projette la construction tion du Nouveau Mexique, zone aride effectuée grâce à la partie avion de d’un spatioport au Nouveau Mexique des Etats-Unis aussi connue pour ses l’engin. La partie fusée où se trou- dont les premières ébauches sortent supposés petits hommes verts. Notre vent pilotes et passagers est larguée tout droit d’un livre de science fichomme attend depuis longtemps ce à 15 200 m d’altitude à une vitesse tion. Mais si l’expérience a fonctionné moment. Celui où depuis le taxi qui de 800 km/h, vitesse d’un avion à comme prévu avec des mannequins l’amène de l’aéroport, il aperçoit au réaction civil type Airbus. Spa- dans le premier engin (SpaceShip loin le Spatioport dans lequel l’at- ceShip One est ensuite propulsé à tend son appareil pour effectuer un 4 000 km/h ou 3,3 fois la vitesse du vol suborbital. Non vous n’êtes pas son (1 235 km/h) avec une accéléradans Star Trek. Un scénario identique tion de 3,4 G. Pour comparaison, l’atattend d’ici 2010 tous ceux qui pour- traction Space Mountain de Disneyront débourser 150 000 euros pour land est à 2,5 G au démarrage. Après y prendre part. C’est en tout cas ce un vol supersonique de 90 secondes qu’a annoncé Richard Branson, cha- le moteur de la fusée est arrêté à rismatique PDG de Virgin, le 23 jan- 80-90 km d’altitude. La barrière symvier dernier au musée de l’espace de bolique des 100 km, altitude admise New York, devant une nuée de jour- de l’espace, est finalement franchie tout moteur éteint pour atteindre nalistes. une altitude maximale de 110 km. Les passagers profitent alors, ceinture détachée, d’un vol en impesanteur* de quatre à cinq minutes sans propulsion. Enfin, le vaisseau entame une phase de descente lors de laquelle la décélération est littéralement écrasante (jusqu’à -6 G pendant quelques secondes). Après 45 minutes de vol retour, pour un temps de vol total de 2h30 environ, SpaceShip One Schéma du vol d’essai de © Virgin Galactic touche à nouveau le sol du nouveau SpaceShipOne Mexique. One), le second (SpaceShip Two) est loin d’être prêt à effectuer des vols SpaceShipOne, premier appareil habités. Il n’a été révélé à la presse d’essai de chez Virgin capable que sous la forme d’ « une maquette d’effectuer un vol subspatial Cette attraction de luxe sera proposée de deux mètres », explique Jean© Virgin Galactic

Rêve ou réalité ?

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les etoiles ... Luc Wibaux, spécialiste en tourisme astronomique et spatial chez Voyageur du monde et membre de l’Association Française d’Astronomie. Il précise qu’ « une explosion de raison inconnue a fait trois morts et trois blessés en juillet dernier lors d’un essai de carburant. » Ceci étant, rien n’est perdu. Jean-Luc Wibaux ajoute que la firme de Branson fonctionne souvent avec ce type de coup de pub : « C’est une véritable leçon de marketing, il fait payer du rêve pour avoir les moyens de le concrétiser par la suite. Et ça marche ! Mais là il est encore loin du compte. EADS a présenté au Bourget un projet viable du même type que Virgin Galactic, mais précise qu’elle n’entamera la concrétisation qu’avec 1 milliard de dollars de financement. Mais Branson a déjà dégoté 260 millions de dollars de financements privés, moins longs à obtenir que les financements publics très certainement attendus par EADS. » Mais entre la méthode prise de risques et poudre aux yeux à la Virgin et la passivité du numéro un mondial de lancement de satellites,

« le tourisme spa-

tial verra de toute façon le jour d’ici quelques années » un troisième tente discrètement mais sûrement de se frayer un chemin. « L’ancien PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a aussi un projet qui semble être le plus abouti des trois, explique Jean Luc Wibaux. Le milliardaire a déjà

Knoc Heav king on en’ Bob s door Dylan

BluOrigin : prototype de l’ancien PDG d’Amazon Jeff Bezos, un projet discret mais déjà bien avancé © Blue Origin LLC investi le fameux milliard de dollars qui semble indispensable à mener à bien ce type de recherches. Il communique peu mais il est déjà possible de voir le premier vol d’essai sur le net. » Le montreur d’étoiles conclut affirmant que « le tourisme spatial verra de toute façon le jour d’ici quelques années, même s’il est difficile de savoir lequel des trois projets passera de la phase de recherche à la phase d’exploitation. »

Vers l’infini et au-delà… Le simple tourisme spatial n’est pas la seule option envisagée par Virgin Galactic. L’entreprise projette le transport long courrier de passagers à vitesse hypersonique. Avec sa future flotte d’avions spatiaux, Virgin Galactic ambitionne par exemple de rallier Paris à Sydney en une demi-heure, d’ici à 15 ans. « Et pourquoi pas des voyages en orbite ou des hôtels dans l’espace », a même lancé Richard

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Branson lors de la conférence du 23 janvier. Jean-Luc Wibaux confirme que « des essais d’habitations spatiales gonflables ont déjà été couronnées de succès. » Mais pour que tout cela aboutisse, il faudra maîtriser la complexité des vols balistiques, et en particulier le freinage sans échauffement excessif, d’un appareil lancé à 18 000 km/h. Une opération qui pourrait rendre les vols suborbitaux rentables et donc de moins en moins chers, ceux-ci étant déjà mille fois moins gourmands en carburant que les vols orbitaux classiques (fusée Ariane par exemple). Et si le projet est un succès à grande échelle, l’évolution de l’informatique ces 20 dernières années laisse effectivement présager un avenir se rapprochant de plus en plus de la science fiction ou même du célèbre mythe d’Icare. Et pourquoi pas demain, toucher les étoiles. Grégoire de Villepoix * Impesanteur : autrefois appelée apesanteur, c’est la sensation de ne plus sentir son propre poids à cause de l’absence d’une gravité suffisamment forte.


Mode : Vintage is Back

It’s a good day Peggy Lee

Un coup dans le rétro

D

La mode du vintage connaît un réel engouement

epuis quelques mais il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. désirable. Le vintage satisfait années, la mode Quelques explications sont nécessaires pour ne une envie de rareté, de personse la joue am- pas se perdre dans cette jungle. nel, dans un monde où tout ce biance éternel requi est à la mode est produit commencement. massivement, partout et siA chaque saison, une décennie de passé. La tendance aujourd’hui, c’est multanément. En s’offrant un sac des style tient le haut du pavé et squatte de porter du vieux, de l’ancien. Il suf- années 60, un fauteuil qui a du vécu ou notre quotidien. Si la mode aime la fit de se servir directement dans le des chaussures griffées au nom d’un nostalgie, de nombreux créateurs passé pour créer du neuf. La mode grand couturier, on affirme son goût s’inspirent ou rendent hommage au millésimée est devenue hautement pour l’authenticité et l’originalité.

Quelques pièces La veste en cuir Un classique indémodable mais qui en version vintage apporte une valeur ajoutée à n’importe quelle dégaine. C’est l’objet de notre désir parce que le cuir souple et patiné, qui a du vécu et qui fleure bon le tannage ça a quand même plus de gueule qu’une veste en simili ! Seule solution, partir en mission chez Vintage Clothing, 10 rue de Crussol, 75011 Paris. Avec un peu de chance vous y trouverez la veste de vos rêves, que ce soit un perfecto égaré par un punk des 80’s ou un blouson façon aviateur. Pour la couleur, noir, caramel ou marron glacé, on vous laisse choisir.

Le disque vinyle Ressortez vos 45-tours et le tourne-disque de papi des cartons, la galette vinyle contre-attaque dans un monde en numérique ! Il paraît que c’est le dernier cadeau à la mode auprès des petits Anglais, désireux de découvrir ce format inconnu à la pochette comme une oeuvre d’art et au son si particulier. Le disque vinyle fait un come-back remarqué et n’est plus seulement l’apanage des collectionneurs. Pour preuve, la sortie du dernier album de notre Johnny national en coffret 4 disques 33-tours vinyle. On préfèrera quand même se faire offrir un vinyle d’époque chez En avant la zizique, 8 rue Beaudelique, 75018 Paris, juste pour s’attribuer une petite parcelle d’histoire. 96


Signifiant au sens propre « grand cru, millésime », le vintage c’est comme un vin qui prendrait de la grandeur au fil des années et vieillirait bien. Vêtements, accessoires, meubles ou objets de décoration, tout y passe. Pour être estampillé vintage, il faut avoir au moins dix ans d’âge, une certaine rareté et être si possible griffé et en parfait état. Pour Laurent Journo, organisateur du Salon du Vintage : « Le vintage représente un repère pour certaines personnes. Ces objets qui viennent s’inscrire dans une époque sont les maillons d’une chaîne affective, un peu comme des meubles hérités de nos grands-parents. Quand il ne fait pas l’objet d’une spéculation ridicule, le vintage est un parfait exemple de réinsertion. L’idée qu’on peut redonner vie pratiquement à l’infini à un objet me passionne et

me fascine. »

Le vintage s’invite chez les commissaires priseurs La folie vintage concerne aussi bien le prêt-à-porter que les marques de luxe. Certaines pièces s’arrachent à prix d’or sous les marteaux des commissaires priseurs de Drouot qui organisent maintenant des ventes à thèmes. Accessoires griffés, manteaux signés, bijoux fantaisie ou couture, toutes ces pièces font l’objet d’une datation. Entre l’estimation, la mise à prix et l’adjudication, il faut avoir les moyens de céder à son petit péché mignon. Chanel, Hermès, Dior, Saint-Laurent

ou encore Givenchy remportent les préférences des accros du vintage. Mais rassurez-vous, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir un portefeuille bien fourni pour se faire plaisir. « Pour les petits budgets, le vintage est le moyen d’acheter des pièces rares, que l’on aurait jamais pu posséder sinon. Une jeune fille qui chine aux puces peut trouver une pièce des années 50 vraiment bien coupée. Elle y mettra 50 euros alors que dans le commerce, elle aurait eu à ce prix un vêtement quelconque », explique Romain, vendeur chez Frip’n’star. Toute la différence réside donc dans la qualité. Une pièce vintage c’est avant tout une valeur sure car indémodable et intemporelle. Lisa Ribinik

maîtresses vintage Les lunettes rétro

Ultra kitsch, voir pour certains ringardes, les grandes lunettes façon Woody Allen ou Tom Cruise dans Risky Business - ont été empruntées aux années 60. Avant d’être adoptées par les modeux, on

les voyait sur les « geeks », ces accros de l’informatique. On les porte aujourd’hui de manière détournée en version XXL, en solaire ou à porter au quotidien façon lunettes de vue. On mise sur des montures noires ou en écailles. Elles font fureur auprès de ceux qui assument leur côté décalé avec un certain sens du style. Le must-have, le modèle original Wayfarers de Ray-Ban chez Mode de Vue, 53 rue de Turenne, 75003 Paris.

Le Salon du Vintage Après Londres, Milan et New York, Paris a aussi son Salon du Vintage. Il se déroulera les samedi 9 et dimanche 10 février 2008 à l’Atelier Richelieu. Mode et design seront au rendez-vous de cette première édition du Salon du Vintage à Paris. Des vêtements années 50 à 80, du mobilier des années 30 aux années 80, des accessoires et des marques cultes. De Ray Ban à Courrège, de Jean Prouvé à Le Corbusier, de très belles pièces seront en vente. Dans une ambiance musicale seventies-eighties, une trentaine de professionnels se réunissent pour les amateurs de vintage et les autres. Samedi 9 et dimanche 10 février de 10 heures à 19 heures L’Atelier Richelieu 60 rue de Richelieu 75002 Paris

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Mamie Blue va te relooker Si vous avez encore du mal à parler le vintage, le magasin Mamie Blue s’occupe de vous. Véritable temple de la fripe et fournisseur de costume de scène et de cinéma, ici vous êtes entre de bonnes mains. Que ce soit pour un jour ou pour toujours, Brigitte et son service de relooking intégral vintage vous montreront les ficelles pour apprendre à mélanger les styles et les époques.

Relooking de 30 à 150 euros Mamie Blue 69 rue Rochechouart 75009 Paris


HUMEUR

Unité

Union n. f.

Relation qui existe entre des personnes ou des choses considérées comme formant un ensemble.

Unité n. f.

Caractère de ce qui n’a pas de parties, ne peut être divisé.

Il paraît que l’union fait la force. Tout le monde sait ça. De la maternelle aux plus grands de ce monde, on s’est rendu compte que pour vaincre, il faut être uni. L’Histoire a démontré que l’union entre les personnes et les peuples a fait les plus grandes victoires. Les nostalgiques se souviennent de la belle époque de 68, des grabataires du Front Populaire. Pourtant aujourd’hui, cette notion disparaît encore plus vite que les fonds de la mairie de Paris sous Tiberi.

P

ierre Leroux, théoricien du socialisme, a déclaré que la vie ne se manifeste que dans l’unité et qu’elle disparaît quand cette dernière cesse. Les partis politiques d’aujourd’hui devraient plus souvent réviser leur philo. Après DSK, Fabius et autre Ségolène, c’est autour des Obama-Clinton de jouer le remake de Fight Club. N’est pas Edward Norton ou Brad Pitt qui veut. Les coups volent bas et ce sont Bush et les Républicains qui rigolent. Quoi de plus facile que de vaincre un ennemi affaibli par son propre camp. Cette doctrine, Sarkozy y repense, sourire aux lèvres, tous les matins en se rasant. Il faut dire que ceux de la rue Solferino l’ont bien aidé à accéder à son palais royal. Après la course à l’Elysée, on retrouve nos trois compères dans la course au PS. Tiens toi prêt François, ils arrivent. Et si dans la même occasion, on peut égratigner Delanoë, lui-même focalisé sur sa mairie, ce n’est pas grave. Ca fait parti du jeu. C’est triste, on frise le ridicule. Pourtant, il y a pire. L’extrême gauche française se revendique trotskiste ou guévariste. Heureusement pour eux que ces derniers ne sont plus là, car cela n’aurait pas été la même affaire. Et là encore, on aurait pu parler de Fight Club. Le spectacle offert par Besancenot, Buffet, Bové et consort est encore pire qu’un album de la nouvelle génération rock. Vous savez, ceux qui jouent les rebelles mais qui ne connaissent pas les Clash ou les Ramones. Mélenchon lui les connaît. C’est peut-être pour cela qu’il a tendance à quitter le navire rose pour son cousin éloigné un peu plus rouge. Avec lui à bord, la fine équipe est au complet, le naufrage est assuré. La droite française emmenée par son Président new generation, qui préfère Closer au Monde, n’a pas à s’inquiéter. Elle a de beaux jours devant elle. Revenons à l’actualité et à nos chers Etats-Unis. Ce pays est le symbole de l’unité, d’union, de puissance … En fait, le symbole de tout. Pourtant ces dernières années, il a plus été symbole d’incapacité que d’autre chose. Après huit années de « Busherie », les Démocrates doivent nous sortir de là. On y croirait presque. Et encore une fois, la réalité nous rattrape. Obama et le couple Clinton n’ont rien compris. Qui a dit que la France n’avait plus d’influence en dehors de ses frontières. Dommage que ce que l’on exporte le mieux, c’est ce que l’on fait de pire. Et là je ne parle pas de Mireille Matthieu, notre « star » internationale par excellence. C’est triste. Triste comme la réalité du nouveau millénaire. L’union fait la force, oui, mais plutôt celle de l’adversaire.

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? Where is my mind The Pixies

Reynald Trunsard




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