SCOOP N°10

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Saison 2006 - N°10

SCOOP Le magazine des métiers du journalisme • Une publication réalisée par les étudiants de l’ISCPA - Institut des Médias - Paris

Scoop 10 ans déjà !

DOSSIER La presse gratuite

Quand la presse se donne !


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PROGRAMMES ET DÉBOUCHÉS ECOLE PROFESSIONNALISANTE L’ISCPA - Institut des Médias de Paris forme 450 étudiants aux métiers de la communication, du journalisme, et de la production audiovisuelle, TV, cinéma, musique, jeux vidéo, spectacle vivant. Créé en 1991, l’ISCPA-Institut des Médias a pour spécificité de former : - En 3 ans après le baccalauréat : des journalistes - En 3 à 4 ans après le baccalauréat : des chefs de projets en communication - En 2 ans après un bac + 3 : des responsables de la communication et des relations extérieures - En 3 ans après un bac + 2 ou en 2 ans après un bac + 3 : des professionnels de la production dite " entertainment ". 3 FILIÈRES DISTINCTES Elles intègrent - des stages de longue durée chaque année (stages à l’étranger possibles, sous convention ) - une pédagogie axée sur des apprentissages professionnels (tournages, journaux, compétitions d’agences, pitchs…). Le mode d’évaluation des étudiants est tourné vers le Système Académique répondant aux normes des crédits ECTS, système initié par le Groupe IGS (Institut de Gestion Sociale) auquel l’école est rattachée. Ces méthodes d’organisation semestrielle et d’évaluation pédagogique permettent une plus grande ouverture sur la poursuite d’études en Europe.

(programmes détaillés sur simple demande)

Journalisme Les débouchés du métier de journaliste, reporter, secrétaire de rédaction ou rédacteur en chef se situent dans la presse écrite ou on-line, la télévision, la radio ou les agences de presse. - 1ère année : Validation d’acquis de culture générale, de techniques d’enquêtes, des bases rédactionnelles et apprentissage des outils. - 2ème année : Mises en situation professionnelle dans les médias (presse écrite, Internet, radio, TV). - 3ème année : Spécialisation au travers de projets et partenariats (TV, radio, Presse écrite).

Communication Les débouchés sont variés : communication externe, interne, événementielle, relations presse ou publiques, sectorielle, d’influence, de crise, création publicitaire…, tant en secteur privé, associatif, public ou au sein des agences. - 1er cycle, 1ère année : Découverte (initiation) de l’univers de la communication (acteurs, méthodes, langage, actions de communication professionnelles…). - 2ème année : Application pratique des outils de la communication, de la publicité, de l’audiovisuel, du multimédia ; cas d’entreprises… - 3ème année : Spécialisation métier (média / hors média) et ancrage professionnel via les compétitions d’agences. - Ancien 2nd cycle, 4ème année : Conduite de projets et/ou option " International " - Nouveau 2nd cycle en 2 ans, 4ème et 5ème années : Maîtrise des enjeux et outils de conduite du changement dans l’entreprise via des enseignements pratiques.

Production – TV, cinéma, musique, jeux vidéo, spectacle vivant Il s’agit d’apprendre, en tant que futur producteur, à maîtriser un projet dans sa continuité, de l’évaluation de sa faisabilité à sa diffusion. Ce métier de coordination, de gestion et d’impulsion offre des débouchés variés dans les univers de la télévision, du cinéma, de la musique ou du multimédia. - Année Préparatoire " Prépa Prod " : Mise à niveau et contacts avec la profession - Nouveau 2nd cycle, 1ère année (BAC + 4) : Découverte économique, politique, culturelle, juridique du secteur et de ses techniques. - 2ème année (BAC + 5) : Gestion de la création à la diffusion – distribution d’une œuvre artistique. Pitch et showcase. MOYENS TECHNIQUES

ET EVENEMENTS

ADMISSION

L’ISCPA - Institut des Médias de Paris met à disposition de ses étudiants de nombreuses caméras numériques, un studio radio/régie, un studio TV/régie, de nombreux bancs de montage Final Cut Pro, des amphi-théâtres, des salles informatiques équipées de Pentium orientés PAO et multimédia, un accès libre Internet sur le campus …

La participation des étudiants aux événements et associations de l’école crédite leur CV d’expériences vécues et concrètes, en autonomie et en équipe : - l’Open de Tennis des Journalistes de l’ISCPA (tournoi joué entre journalistes professionnels, organisé par les étudiants) - le BDE (Bureau des Elèves), - la Pépinière Junior Entreprise “ IDM Création ” (missions effectuées auprès d’entreprises comme une vraie prestation d’agence de communication) - l’Association des Anciens Elèves, - et tous les événements de l’école (festivals, tournois sportifs, clubs culturels).

Directe ou en admission parallèle selon les places disponibles : De Bac à Bac + 4 validé : nous consulter. Examens : - en 1er cycle : étude du dossier, culture générale, expression écrite, anglais, entretien de motivation. - En 2nd cycle : étude approfondie du dossier et entretien de motivation. Dates des épreuves : certains jeudis à partir de décembre sous réserve de places disponibles. Nous consulter. Frais de dossier et de tests d’aptitude : 50 € en 1er cycle ; 70 € en 2nd cycle.

VIE ASSOCIATIVE CONTACT : ISCPA - Institut des Médias - Paris Campus Parodi, 12 rue Alexandre Parodi, 75010 Paris Tél inscriptions 01 40 03 15 56 Tél secrétariat pédagogique 01 44 84 30 64 Tél stages / relations entreprises 01 44 84 30 80 Fax : 01 40 03 15 31 Email : iscpaparis@groupe-igs.asso.fr Site Internet : www.iscpa-paris.com Etablissement d’Enseignement Supérieur Privé


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Dans le rétro • Scoop il y a 10 ans • L’état de la presse quotidienne en 1996

Scoop fête ses 10 ans ! Joyeux anniversaire SCOOP ! 10 ans déjà ! Les étudiants en journalisme de l’ISCPA – Institut des Médias font vivre d’année en année ce magazine. Tout au long de ces vingt pages, le métier est exploré par de futurs spécialistes. Le chiffre est rond : une décennie de découvertes, d’analyses et de décryptages du métier. Les étudiants n’ont cessé d’appréhender leur future profession de manière concrète. Des interviews, des enquêtes, des recherches leur permettent d’élargir leur vision et d’entrer dans le monde du travail. Dix promotions d’étudiants se sont succédées pour assurer la pérennité de SCOOP créé en 1996. Chaque année, les professionnels interviewés ont transmis leur passion : journaliste de guerre, sportif, économique, politique, télévisé ou même reporter photographe… Tous ont pris plaisir à participer au contenu du journal, de manière différente et avec un état d’esprit inhérent à chaque période. Ces changements ont permis au magazine d’évoluer. En dix ans, les métiers ont changé et la presse écrite n’est pas restée figée. Elle souffre aujourd’hui d’une concurrence de plus en plus menaçante et tend à disparaître. Les raisons essentielles évoquées sont un manque de lectorat et un financement publicitaire qui s’amaigrit de mois en mois. Tous les médias sont entrés dans une nouvelle ère : celle où l’argent est roi. Les lecteurs refusent de plus en plus de dépenser pour s’informer. Il ne s’agit plus de débourser 1 euro pour lire les actualités. La population préfère attendre la prochaine station de métro où les gratuits sont en libre service. Quotidiens ou hebdomadaires, ils sont au nombre de quatre et ils dominent la presse écrite française : 20 minutes, Métro, Sport et Economie-Matin. Le réflexe de s’informer passe désormais par la gratuité. Les Français deviennent de plus en plus des consommateurs passifs. Ils profitent de passer devant une gare ou un centre commercial pour se procurer un peu de lecture en attendant le journal télévisé de 20 heures. Cette année, les étudiants ont donc décidé de s’intéresser à ce phénomène grandissant que sont les gratuits ; un phénomène dangereux pour les quotidiens nationaux traditionnels. Et qu’il convient de décrypter et d’analyser afin de mieux cerner l’univers de la presse d’aujourd’hui.

La révolution des gratuits Les gratuits en trois questions • Gratuité rime-t-elle avec qualité ? p.6 • Les gratuits ont-ils modifié le circuit de distribution ? p.7 • La publicité indicateur de bonne santé ? p.8

Metro • Un parcours sans frontières

• En tête de la course • Entretien avec Francis Jaluzot, directeur de la publication

• Top chrono : une journée à 20 minutes • Entretien avec Luc Lemaire, rédacteur en chef

p.14

Profil des lecteurs de presse gratuite

p.16

p.15

Enquête exclusive ISCPA

Métiers • L’art du marketing appliqué au journalisme • L’alternative Internet - Portrait d’anciens

Mise en page :

12 rue Alexandre Parodi 75010 Paris Tél. : 01 40 03 15 56 E-mail : iscpaparis@groupe-igs.asso.fr

Marine Brulant, Emilie Chamoreau, Sandy Elfassy, Jean-Louis Tourre, Mathias Raynaud, Matthieu Sustrac.

Ont collaboré à ce numéro :

Jean-Jacques Morello (professeur)

p.12 p.13

• L’économie pour le grand public - L’ADPGI • Entretien avec Jean-Baptiste Giraud, directeur de la publication

ISCPA - INSTITUT DES MÉDIAS - PARIS :

Directeur artistique :

p.11

Economie Matin

Presse par les étudiants en journalisme 2e année de l’ISCPA - INSTITUT DES MÉDIAS - PARIS

Bernard Marcout (professeur)

p.10

20 minutes

SCOOP n°10 – Saison 2006, est un magazine réalisé dans le cadre des cours de pré-spécialisation

Rédacteur en chef :

p.9

Sport

MARINE BRULANT ET EMILIE CHAMOREAU

Le site de l’école : www.iscpa-paris.com

p.4 p.5

Nathalie Astruc, Alicia Bader Martin Baumer, Angélique Boilet Edouard Boyer, Mélissa Brion Bruno de Faria Lopes, Céline de Magalhaes, David Dietz, François-Xavier Dupouy, Sylvain Egret, Virginie Enée Christophe Guérit, Alexandre Guetta Benoît Jourdain, Ossama Lofty, Sophie Piat, Benjamin Postaire, Mélanie Roddier, Bénédicte Roux, Damien Simonart, Benjamin Smadja, Bérengère Weiss, Marine Wolf

Les portraits photographiques ont été réalisés par les membres de la rédaction sauf indications contraires et couverture ©Robert Mansker - Dreamstime.com.

Support logistique et diffusion : Cédric Malroux Mehdi Zerhouni

Responsable d’édition : Sabine Defrémont (responsable communication de l’école)

Directeur de la publication : Pierre-Emmanuel Richard (directeur de l’école)

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Sommaire

Edito


Il y a dix ans...

Anniversaire

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PAR BERNARD MARCOUT ls s’appelaient Julien, Catherine ou encore Elodie. Trois prénoms parmi tant d’autres étudiants de deuxième année de journalisme. « Ce magazine a été entièrement réalisé par les étudiants de Deuxième Année option Presse de l’ISCPA. C’est un exploit : déjà familiarisés aux techniques de rédaction, la grande majorité des élèves ne s’étaient encore jamais frottés, en revanche, aux problèmes

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concrets que pose la fabrication d’un journal, de la livraison de la copie au Bon à Tirer (…) ». Ainsi démarrait l’édito de Didier Mervelet, rédacteur en chef de Scoop. On était en 1996, année de la mort de François Mitterrand, de l’embargo français sur le bœuf du Royaume Uni, ou de la fin des essais nucléaires français dans le Pacifique sud. La France adoptait cette année-là le numéro de téléphone à 10 chiffres. Dix, comme les dix ans que fête

Scoop. Une décennie durant laquelle l’eau de la passion des étudiants n’a cessé de couler sous les ponts de l’apprentissage du métier de journaliste. Quand le numéro 1 de Scoop paraissait, le noir et blanc était de mise. Pas de tristesse ni de grises mines, seulement le reflet d’un enfant qui voyait à peine le jour et manquait encore de couleurs. On s’étendait alors sur les avatars d’un Jean Bothorel, éditorialiste au Figaro, qui faisait les frais de

sa trop grande franchise. On ne dénonce pas impunément – ce qui est toujours vrai – les pratiques de la presse sans en subir les conséquences. Petite parole de Bothorel à méditer encore aujourd’hui : « La presse ne crée pas un appétit, sinon les gens iraient acheter »… On évoquait également le retour de la vente à la criée. On parlait alors des journaux payants. En 2006, on n’entend que les murmures des distributeurs de gratuits. 1996, c’était aussi les débuts de la télé numérique et de la retransmission des matches de football sur Canal Satellite. On parlait alors de « pay per view ». Scoop n’allait pas manquer l’occasion d’enquêter. La radio n’était pas oubliée dans ce numéro 1 aux allures de « grand » malgré son statut de nouveau-né. Les locales de Radio France, pas encore devenues « réseau France Bleu », étaient également à l’honneur, et les passionnés du micro pouvaient trouver dans l’article toutes les infos pratiques. Et puis, pour terminer ce 16 pages, un titre révélateur : « Recherche carte de presse désespérément » ! Comment obtenir cette fameuse carte de presse, passeport pour l’information ? Les choses n’ont pas changé malgré une perception de cet outil parfois dénaturée. La carte de presse ne constitue pas un privilège ni une fin en soi. Elle n’est que la clé destinée à ouvrir toutes les portes d’un métier qui, chaque jour, fait rimer passion et émotions. Elle n’est pas un dû, mais un honneur. Ils s’appellent aujourd’hui Marine, Emilie ou Matthieu. D’autres étudiants de 2e année de Journalisme. Dix ans après le premier Scoop, ils cultivent le même jardin que Julien, Catherine et Elodie. Qu’ils n’oublient jamais ce qu’on écrivit sur la tombe de « l’homme qui inventa une seconde fois la presse ». Emile de Girardin (22 juin 1806 – 27 avril 1881)

« Il est né journal, Il vécut journal, Il est mort journal »


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À y regarder de plus près, les quotidiens de la Capitale – longtemps prétendus nationaux – sont les premiers responsables de ces mauvais résultats : ils représentent moins de 30 % du total diffusé depuis 1990, alors qu’ils approchaient d’une proportion double un demisiècle plus tôt. Leur tirage global est descendu de 6,5 millions d’exemplaires en 1939 à 2,5 millions aujourd’hui. Quant au nombre de titres, il a dégringolé de 80 en 1914 à... 6 en 1996, depuis la disparition d’InfoMatin. Même la hiérarchie des

quotidiens d’information générale et politique a été profondément bouleversée à Paris. Ainsi relégué au deuxième rang parisien avec des ventes avoisinant 350 000 pour des tirages proches de 475 000, Le Monde semble émerger lentement d’une période difficile. France-Soir tire à 300 000 sans en vendre les deux tiers. Plafonnant, les meilleurs jours, à 80 000 exemplaires payés, Libération traverse une épreuve à peine moins grave. Derrière eux, La Croix et L’Humanité luttent désespérément pour survivre – et Le Quotidien de Paris pour ressusciter – avec moins de 100 000 clients par jour – ce que nul n’est parvenu à réussir durablement jusqu’ici. Car la chute parallèle des recettes publicitaires n’a fait qu’aggraver les difficultés. L’érosion est moins nette parmi les quotidiens régionaux. Le nombre de titres a également diminué trois fois et demi : plus de 240 en 1914, moins de 70 aujourd’hui. Mais les tirages n’ont connu qu’une chute relative : d’un peu plus de 9 à un peu plus de 7 millions. Au cours de la dernière décennie, les titres champions sont presque seuls à continuer à progresser. En tête, OuestFrance vend environ 770 000 exemplaires pour un tirage de 870 000. Puis Le Parisien, réel vainqueur de la période, qui tire les bénéfices de son habile repositionnement comme régional, en vendant plus de 420 000 exemplaires sur quelques 530 000. Derrière eux, Sud-Ouest et La Voix du Nord se disputent

la troisième place autour de 350 000 ventes quotidiennes. Le Dauphiné libéré, Le Progrès et La Nouvelle République suivent avec plus de 250 000. Nice-Matin, La Montagne, L’Est républicain, La Dépêche du Midi et Les Dernières Nouvelles d’Alsace parviennent également à dépasser les 200 000. Mais un petit quotidien classé en quatorzième position, Le Télégramme de Brest, affiche

des résultats financiers meilleurs que les leurs. (...) » (Extrait de « La presse française en crise » par Michel Friedman, Centre national de documentation pédagogique)

Disparition d’InfoMatin Apparu le 10 janvier 1994, « InfoMatin », vendu 3 francs à environ 300 000 exemplaires a très vite vu sa vente stabilisée autour de 70 000. Une moyenne de 130 000 exemplaires était nécessaire pour atteindre le seuil de rentabilité fixé par la direction. Le déficit cumulé des deux années d’existence du journal avait atteint 145 millions de francs. Ni l’augmentation du prix de vente (3,80 francs depuis début 1995) ni le récent passage à une nouvelle maquette n’avaient permis de modifier la situation, la diffusion chutant même autour de 55 000 au mois de décembre 1995. Le quotidien devait disparaître au cours de l’année 1996 après 508 numéros parus.

©Behema

a presse française va mal. En diffusant moins de 160 exemplaires de quotidiens pour 10 000 habitants, notre pays se classe en effet au 23e rang mondial. Il se trouve ainsi loin derrière la Norvège, la Suisse ou le Japon (qui dépassent les 600 exemplaires), mais aussi derrière l’Autriche, la Grande-Bretagne et l’Allemagne (plus de 300 exemplaires), et même après la Belgique, la Lettonie ou l’Irlande... Ce déclin apparaît aussi constant que dramatique. À peine 9 millions d’exemplaires distribués par moins de 70 quotidiens. La diffusion est donc tombée d’environ un million d’exemplaires ces dix dernières années, après en avoir perdu plus de deux millions en quarante ans. Parallèlement, un titre en moyenne a disparu chaque année au cours de la dernière génération.

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Anniversaire

1996 : L’ état de la presse quotidienne

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Gratuité rime-t-elle avec qualité ? PAR ANGÉLIQUE BOILET

Les gratuits ont réussi à se faire une place dans le monde fermé de la presse. Leur arrivée ne s’est pas faite sans heurts. La presse payante pointe du doigt la qualité des gratuits.

que Metro, avec 1,5 million de lecteurs, et 20 Minutes, avec 2,2 millions, faisaient partie des cinq quotidiens les plus lus par les Français. Le directeur des rédactions de Metro, Didier Pourquery*, se félicite par ailleurs « d’avoir redonné aux gens le réflexe de lire » grâce à un fonctionnement de proximité. Mais peut-on dire la même chose du contenu rédactionnel ? Car si les deux journaux séduisent les Français, ils ne font pas l’unanimité du côté

l’analyse serait absente, un ingrédient essentiel du travail du journaliste. D’après Laurent Chabrun, journaliste à L’Express, « pour être un journal de qualité il faut une équipe qui tienne la route, ils n’ont pas les moyens de faire de l’information avec de véritables reportages et des enquêtes. Ce sont des machines à renouveler de l’information ». Didier Pourquery reconnaît que le journal « ne fait pas toute la gamme du journalisme ». Avec ses 37 rédacteurs,

©Angélique Boilet

Presse gratuite

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Didier Pourquery, directeur de la rédaction de Métro avant l’été 2006

millésime des gratuits. Quatre ans déjà que les deux grands pontes de la presse quotidienne gratuite ont fait leur apparition en France. Une irruption qui a bousculé le paysage de la presse. Aujourd’hui, 20 minutes et Metro caracolent en tête des meilleures distributions avec respectivement 805 000 et 700 000 exemplaires mis chaque jour entre les mains des Français. Ces journaux ont véritablement révolutionné la façon de traiter l’information et de la diffuser. Un succès grandissant confirmé par l’Etude de la presse quotidienne (EPIQ). Elle a révélé le 15 mars 2006

2002

des médias. Un tableau qui est noirci par de nombreuses critiques sur leur façon, bien à eux, d’aborder l’actualité. Ces journaux quotidiens « mettent en forme l’information brute de manière agréable », déclare Pierre Haski, directeur adjoint de la rédaction de Libération. Ce qui fait la réussite des gratuits est avant tout leur facilité d’accès, leur lecture rapide et digeste. Le lecteur peut brosser l’information en « 20 minutes » dans les transports en commun. Ils sont donc vite consommables et vite jetables. Mais aux yeux de la profession, l’actualité n’est pas assez fouillée et

le quotidien « ne prétend pas faire la même chose qu’un journal qui compte 300 journalistes ».

La presse scindée en deux Aujourd’hui les gratuits sont de sérieux concurrents pour la presse payante. Chacun propose donc une fonction différente. L’un, une actualité balayée dans son ensemble à travers de nombreuses brèves et d’articles courts. L’autre, les quotidiens payants, qui tendent de plus en plus

vers une formule magazine avec des débats, des enquêtes où l’information est profonde. « Les journaux gratuits sont moins précis sur l’actualité, il n’y a pas d’angle ni de hiérarchisation », annonce Philippe Larroque, responsable du service médias au sein du Figaro Economie. Les journaux gratuits ne vivent que des investissements publicitaires. Les médias craignent que cette dépendance totale à la publicité mette en danger la liberté de la ligne éditoriale. « Lorsque vous dépendez à 100 % des annonceurs, il risque d’y avoir une certaine forme de censure », affirme Philippe Larroque. Lorsque Didier Pourquery* évoque l’organisation de son journal, il concède que « l’augmentation du nombre de pages et donc de l’équipe du journal, dépend de la quantité de pub présente sachant qu’il en faut 50 % dans un journal ». C’est sur ce concept, qui déplaît à la presse payante, que repose l’existence de ces gratuits. Du côté de Metro, on assure que les gratuits « sont des journaux parmi tant d’autres » et représentent une lecture de complément. La presse payante ne partage pas cet avis. « La plupart des gens qui lisent des journaux gratuits ne se contentent que d’un quotidien, l’idéal serait que cette lecture mène les gens à aller chercher une information plus précise », affirme Pierre Haski. Les gratuits ont trouvé leurs clients. Deux catégories de lecteurs semblent se dessiner. Les exigences divergent et la « qualité » n’est pas à l’origine de cette différence. Des gens, pas forcément consommateurs de quotidiens, ont trouvé leur bonheur dans les gratuits avec une lecture qui ne nécessite que le temps d’un trajet. De l’autre, des personnes qui souhaitent trouver, au-delà de l’information, une analyse plus poussée. * Depuis cette interview, Didier Pourquery a annoncé son départ de Metro. Selon le Figaro et nouvelobs.com, il devait rejoindre une filiale française d’un groupe de presse allemand pour le lancement d’un nouveau quotidien national payant.


Distribution : un schéma complexe

ls sont sur notre chemin le matin quand on va au boulot, explique François, habitué des transports en commun, ça fait passer le temps, c’est gratuit et on n’a qu’à tendre la main pour l’avoir. » Société de consommation. Le mot est lancé et constitue la clé de voûte de l’analyse de la distribution des presses gratuites et payantes. Domaine stratégique que les grands groupes ont compris en distribuant leurs gratuits dans les grands magasins comme le Printemps. Pour cette société proche de sa bourse et de sa montre, le modèle de diffusion de la presse gratuite est béni : une presse instantanée et à disposition. Adel est étudiant en Sciences de la Vie à Jussieu mais aussi colporteur pour le quotidien gratuit Metro. Il a déjà été victime d’agressions verbales alors qu’il distribuait le gratuit.

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© Choon boon Ng - Dreamstime.com

De la rédaction au lecteur, la distribution constitue le dernier maillon de la chaîne. Presse gratuite et payante : les réseaux diffèrent mais quelles sont les relations entre eux ? « J’ai en moyenne quatre personnes qui m’agressent par jour. Ce n’est pas grand-chose, juste des paroles comme + C’est de la connerie ce truc ! + et ça concerne toujours le fait que ce soit un gratuit. On attaque la qualité du journal. » Adel finance une partie de ses études grâce à ce petit boulot. Selon lui, pas plus de pression que dans un autre boulot et la paie reste dans les normes. Selon Stéphane Bribard, responsable des relations extérieures pour les NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne), les réseaux de distribution des presses gratuite et payante sont deux mondes distincts. L’une est distribuée par des colporteurs - souvent des étudiants - et l’autre possède des points de vente fixes et des partenariats spécifiques. « Il n’existe pas de lien entre ces marchés car c’est un nouveau marché qui s’est créé

et qui n’interfère pas sur le marché actuel », explique Stéphane Bribard. Le marché de la distribution de la presse payante se porte cependant mal avec une baisse de 5% sur un an. Mais les raisons de cette mauvaise santé économique seraient autres (arrivée des nouvelles technologies, modification des comportements…). Mais les cartes sont brouillées avec le rachat de sociétés : par exemple, Metro

Deux réseaux distincts a pour actionnaires des groupes de presse puissants et surtout versés dans la presse payante (Ouest France, TF1, Le Monde). De même que la distribution des payants a parfois des allures de gratuits dans certains contextes : ils sont distribués dans les aéroports,

parkings et autres lieux insolites. Les gratuits avancent l’argument de la conquête d’un nouveau lectorat qui n’entame pas celui de la presse payante. Mais les distributeurs traditionnels ne partagent pas cet avis. « On a senti une baisse des ventes quand les gratuits sont arrivés sur le marché. », fulmine un kiosquier parisien. Le 18 février 2002, des colporteurs de journaux gratuits ont été agressés par des membres du Syndicat du Livre et des exemplaires ont été détruits. Etre exclus de ce marché (messageries privées) ne leur aurait pas du tout plu selon le responsable des relations extérieures de la NMPP. « C’est un nouveau marché auquel ils voulaient participer. » commente Stéphane Bribard. Pour (NDLR l’ancien) directeur des rédactions de Metro, Didier Pourquery, les relations sont bonnes avec les syndicats. Le journal est imprimé par le Syndicat du Livre et joue le jeu de payer plus cher. Son confrère 20 minutes est imprimé hors du réseau des syndicats. Le journal avait demandé à être diffusé par les NMPP mais avait essuyé un refus. « Et dire que Metro est diffusé dans les kiosques en Espagne. » Une vue utopique du problème quand on sait que les NMPP vivent des commissions sur le prix de vente...

Diffusion des quotidiens nationaux (Source OJD 2005)

Nom des supports

Diffusion France Payée

AUJOURD'HUI EN FRANCE LA CROIX LES ECHOS L'EQUIPE EDITION GENERALE LE FIGARO FRANCE SOIR L'HUMANITE INTERNATIONAL HERALD TRIBUNE LIBERATION LE MONDE PARIS TURF LE PARISIEN + AUJOURD'HUI EN FRANCE (Couplage) LA TRIBUNE

158 465 96 253 116 457 341 052 325 289 50 633 51 639 24 858 136 945 320 704 76 629 498 021 79 349

Payée

Totale

160 401 97 662 118 722 351 654 337 118 52 450 51 783 204 303 142 581 360 610 83 825 499 957 80 398

161 408 103 404 140 313 355 333 342 445 53 335 55 629 242 182 144 504 367 153 84 468 506 490 89 866

Presse gratuite

PAR NATHALIE ASTRUC

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La publicité, indicateur de bonne santé

Presse gratuite

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PAR ALICIA BADER

L’arrivée des quotidiens gratuits en France a fait évoluer le marché publicitaire destiné à l’ensemble de la presse. Moins de publicité pour les uns, davantage pour les autres, des investissements qui diminuent, bref, un secteur en pleine fragmentation. n lecteur est aussi un consommateur. C’est pourquoi, l’environnement rédactionnel est aujourd’hui structuré de telle sorte que la publicité fasse partie intégrante de la lecture. Entreprises individuelles ou commerciales sont les premières à utiliser les journaux comme support de messages publicitaires. Si le lecteur tend à penser que la publicité occupe parfois une part trop importante dans les journaux, du côté

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des annonceurs et des directeurs de publication, les annonces publicitaires permettent le financement total ou partiel et la viabilité d’un titre. En effet, plus le chiffre d’affaires de la publicité est important et plus il est possible de maintenir au plus bas le prix d’un journal. C’est ainsi que vit la Presse quotidienne gratuite (PQG), arrivée en France, en février 2002. Depuis quelques années déjà, la diffusion de la presse quotidienne payante ne fait que chuter. L’arrivée de la PQG n’a pas eu pour effet de relancer l’achat des grands quotidiens nationaux, bien au contraire. On aurait pu penser, qu’après une lecture rapide d’un quotidien gratuit, le lecteur voulant approfondir un sujet, se pencherait vers un quotidien national payant. Ce qui n’est pourtant pas le cas, puisque aujourd’hui 73 % des lecteurs de 20 minutes ne lisent pas de quotidiens payants. Avec Metro, quotidien d’actualité général le plus distribué au monde et 20 minutes, lu par 1,885 million de personnes en France,

devant Le Parisien, Le Figaro ou Libération, les annonceurs choisissent davantage la presse gratuite comme support publicitaire. En 2005, selon Frédéric Filloux, patron de 20 minutes, le journal comptait environ 400 annonceurs et a publié quelque 700 campagnes de pub. Plus le portefeuille d’annonceurs est diversifié et le titre puissant, plus la publicité est « un facteur économique important ».

Les annonceurs séduits par les gratuits Les gratuits, parcourus par une majorité de jeunes représentent donc une excellente cible publicitaire, l’impact des marques citées étant plus important. Mais en conséquence, la publicité des annonceurs nationaux échappe tout doucement à la presse payante, qui plus est, à l’heure où les investissements publicitaires diminuent. Pour Pelle Anderson, fondateur

de Metro, journaliste et designer, cette « migration des lecteurs et des annonceurs vers les gratuits se poursuivra. Les quotidiens payants vont continuer à perdre leur part du gâteau publicitaire. Et même si la presse reste le support préféré des annonceurs ». Le prix des annonces va diminuer entraînant une baisse des revenus publicitaires. Earl Wilkinson, directeur général de l’INMA (Association internationale pour le marketing des journaux) évoque lui aussi cette migration de la publicité, cette fois-ci vers les nouveaux médias électroniques. D’année en année, la part des budgets publicitaires investis dans les nouveaux médias augmente, notamment avec l’éclosion d’Internet. Si la gratuité a toujours existé, elle a cependant pris de l’ampleur ces dernières années dans le secteur de la presse. Mais aujourd’hui, la gratuité entraîne avec elle une réalité économique. La baisse des investissements publicitaires peut-elle conduire à la mort de nos journaux quotidiens payants ?

Les principaux titres gratuits (Source : tarif.MEDIA.com) À NOUS PARIS BABY BOY CITATO ÉCONOMIE MATIN FEMME EN VILLE HOMME EN VILLE METRO Paris: Lyon: Marseille, Aix, Aubagne et Toulon: Lille: Toulouse: Bordeaux: Nice: Strasbourg: Ouest: 20 MINUTES NEWZY SPORT

350 000 exemplaires (source éditeur) 32 000 exemplaires (source éditeur) 172 360 exemplaires (OJD du 21 décembre 2004, année civile 2004) 300 000 exemplaires (source éditeur) 501 900 exemplaires (OJD du 6 janvier 2005, année civile 2004) 300 000 exemplaires (source éditeur) 303 100 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 32 809 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 63 748 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 22 681 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 20 660 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 20 013 exemplaires (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 25 000 exemplaires (source éditeur) 15 000 exemplaires (source éditeur) 35 000 exemplaires dont Nantes : 20 000 et Rennes: 15 000 exemplaires (source éditeur) (OJD du 23 février 2005, année civile 2004) 414 169 (OJD du 12 janvier 2005, année civile 2004) 141 667 exemplaires (OJD du 15 octobre 2004, année civile 2004) 600 000 exemplaires (source éditeur)


PAR BENJAMIN POSTAIRE

Plus de 10 ans après sa première parution en Suède, le quotidien gratuit Metro s’est installé dans le paysage. Distribué dans 19 pays et lu chaque jour par 18,5 millions d’individus, son caractère international en fait une exception, voire un exemple, s’il parvient à gagner le plus difficile de ses combats : la crédibilité.

Depuis cette interview, Didier Pourquery n’est plus directeur des rédactions de Metro. Lire notre encadré p.6

vec 64 éditions quotidiennes sur quatre continents et des rédactions en lien constant qui partagent toutes les informations, ce Metro est sans frontières. Une manière de fonctionner novatrice et pourtant si simple. Chaque papier écrit dans un pays et pouvant en intéresser d’autres est traduit en anglais par le journaliste et mis en ligne sur l’intranet du journal. Un intranet global et une centralisation de l’information qui réjouissent le Directeur des rédactions de Metro France, Didier Pourquery* : « C’est notre force, explique-t-il, on travaille de manière très transparente en étant en réseau en France et dans le monde ». Un mode de fonctionnement international également en place à l’échelle française. Pour neuf éditions distribuées dans les onze plus grandes villes du pays, le quotidien dispose de 37 journalistes, dont deux par ville, qui envoient leurs informations à la rédaction parisienne. Avec 450 journalistes répartis dans le monde, Metro s’appuie

A

sur un important réseau de sources, au plus proche des évènements. Une manière pour Didier Pourquery de prouver que, contrairement aux idées reçues, les gratuits ne sont pas que l’alignement de dépêches AFP. « Seulement un tiers de nos sources vient des agences de presse, le reste sont des informations de nos reporters locaux, précise-t-il avec véhémence. Dans Metro chaque papier est signé, ce qui n’est pas le cas partout. »

Un journal « neutre » Le caractère international de Metro, s’il est une force, peut aussi se révéler être une faiblesse. Son manque de prises de position, directement lié à cet aspect transfrontalier, en est l’exemple parfait. Le nombre important et toujours extensible d’éditions du journal l’empêche de définir une ligne éditoriale précise et commune. « C’est vrai que depuis sa création le quotidien se veut neutre, justifie

Didier Pourquery, mais même sans être de parti pris, on a montré par la hiérarchisation de notre information, que des thèmes comme l’environnement ou les relations internationales nous tenaient à cœur ». C’est peut-être la frontière à laquelle se heurte Metro et les gratuits en général. Des journaux qui se revendiquent « populaires » et voulant « toucher tout le monde » peuvent-il se montrer critiques et ne pas subir la dictature du lectorat ? S’il reconnaît être au « degré 0,1 du journalisme », Didier Pourquery précise qu’ « un journal pour les lecteurs, c’est un journal qui se met à leur place et ça ne veut pas dire les tirer vers le bas. Je suis moi-même issu d’une famille d’ouvriers où on ne lisait pas, et c’est une fierté de donner à lire au plus grand nombre ». 70 % des lecteurs de Metro ne lisaient pas d’autres quotidiens auparavant. Reste à savoir si leur regard sur l’actualité est aujourd’hui plus affûté.

Un équilibre fragile Metro International annonçait en avril dernier (source : Les Echos) des résultats en forte baisse au premier trimestre 2006, avec une perte de 4,5 millions d’euros, contre un bénéfice net de 4,6 millions d’euros, sur la même période de 2005. La perte d’exploitation s’est élevée à 3,07 millions d’euros contre un bénéfice de près de 6 millions d’euros. En France, où le groupe a vu ses revenus bondir de 32 %, à 7,2 millions d’euros, les neuf éditions distribuées ont enregistré une perte opérationnelle de 872 000 euros.

Presse gratuite

©Behema

METRO Un parcours sans frontières

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SPORT En tête de la course

Presse gratuite

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PAR MÉLANIE RODDIER

L’hebdomadaire Sport séduit par ses images et sa maquette attrayante. Dédié aux sports et aux loisirs, l’unique magazine gratuit sportif déclare aujourd’hui 600 000 exemplaires par jour de parution. Un bilan qui laisse présager d’un avenir plutôt serein… haque vendredi matin, dans le métro parisien, le journal gratuit Sport est froissé par des centaines de milliers de voyageurs, avant de finir, abandonné, dans les couloirs souterrains. C’est le phénomène de la presse gratuite : un élément éphémère

C

qui convient parfaitement à l’air du temps de notre société de consommation. Distribué pour la première fois en septembre 2003, Sport a été conçu par trois associés : Francis Jaluzot, ancien patron du quotidien 20 minutes, Bruno Breton et François Rossignol. A l’époque, leur principale difficulté était de convaincre les annonceurs de s’impliquer sur un marché plutôt morose. Avec son « S » horizontal, cet hebdomadaire a réussi à se frayer un chemin dans l’univers des gratuits, imprimant 600 000 exemplaires chaque semaine et demeurant jusqu’à ce jour, l’unique gratuit spécialisé dans le domaine du sport. L’hebdomadaire cible prioritairement les hommes de 25 à 49 ans, urbains et actifs. Pour séduire le plus grand nombre, un design pimpant et des photographies multiples ont été la clé de sa réussite. « L’esthétique et les images

occupent une place centrale dans la maquette. Notre concept est fort : un magazine de sport avec autant de photos, cela n’existe pas », souligne Claire Raynaud, chef de service à la rédaction du journal.

Sport, monopole de la presse sportive gratuite La question de la concurrence s’impose alors. Pour les membres de la rédaction, Sport ne fait pas d’ombre aux journaux sportifs payants. « Nous serions en concurrence si demain un hebdomadaire sportif gratuit sortait », explique Claire Raynaud. Par sa gratuité, le magazine ne jouerait alors pas sur le même tableau… Pourtant, cette dernière avoue que si la presse gratuite n’annonce pas une nouvelle forme de journalisme, elle garantit une nouvelle forme de presse. Journaux gratuits

et journaux payants, pourrontils cohabiter sur le marché ? S’il est trop tôt pour y répondre, une seule certitude : les premiers, gratuits pour le lecteur, sont en pleine expansion pendant que les autres sont mal en point. Ce constat attise les critiques envers la presse gratuite. Ce à quoi Claire Raynaud répond : « Les critiques faites à notre égard dans le milieu ne sont que de la jalousie. A l’heure actuelle, il est rare de travailler pour un journal qui marche ». La presse gratuite est jeune mais n’hésite pas à se diversifier. Sport a déjà commencé à élargir son champ d’intervention en créant quatre fois par an, Sport models pour les femmes et en intervenant sur des gros évènements comme la Coupe du monde de football 2006. Cette innovation permanente permet au magazine d’attirer un nouveau lectorat, les femmes par exemple, et d’en fidéliser un autre. Un bon moyen de rester en tête de la course.

Un contenu grand public PAR BENJAMIN SMADJA, JEAN-LOUIS TOURRE ET MATTHIEU SUSTRAC

Le contenu rédactionnel est l’une des clés de la réussite de Sport. Entre publicité et visuel omniprésents, les rédacteurs ne se sentent pas moins journalistes que leurs collègues de la presse payante. reestyle, glamour, aventure…des rubriques inhabituelles pour un magazine consacré aux événements et activités sportives. Et pourtant, elles participent pleinement au concept novateur que représente la ligne éditoriale de Sport. « Nous avons su nous adapter à l’évolution du sport dans les médias, note Francis Jaluzot, directeur et fondateur du journal. Désormais, c’est le premier spectacle au monde, la preuve : les plus grandes audiences télévisées sont des événements sportifs. »

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Prendre l’exemple de la télévision n’est pas anodin, car depuis plusieurs années, l’image est devenue incontournable dans le traitement du sport. C’est pourquoi iconographie et infographie tiennent un rôle prépondérant dans l’hebdomadaire. « L’image est tout aussi importante que le texte. On veut réinventer l’image en mouvement », insiste même l’ancien PDG de 20 minutes.

Un concept qui attire les annonceurs Soigner l’image, une ligne directrice qui n’altère en rien l’importance du texte et du contenu. « Mon travail n’est pas différent d’avant, je continue à faire du terrain », lance Lionel Vella, rédacteur en chef de la rubrique football et ancien du quotidien France-Soir ou du mensuel But! « Parfois, l’omniprésence de l’image nous empêche de traiter les sujets un peu plus en profondeur, il faut donc que les

articles soient les plus synthétiques possible » concède-t-il. L’équipe rédactionnelle de Sport est donc confrontée aux mêmes problématiques que l’ensemble de la profession. Les journalistes de l’hebdomadaire doivent expliquer et présenter clairement un événement à un public pas forcément spécialiste. Si le contenu rédactionnel paraît moins important que dans un journal classique, l’espace réservé à la publicité n’occupe pas plus d’un tiers du journal. Sport a réalisé la plus forte progression publicitaire en 2004, une augmentation exponentielle, qui place l’hebdomadaire dans le Top 30 Secodip des magazines français tous titres confondus et hors presse TV. En moins de trois ans, Sport est devenu le leader de la presse masculine en matière d’investissements publicitaires. Les annonceurs permettent à l’hebdomadaire d’obtenir certaines exclusivités. Ainsi, durant la campagne publicitaire pré-Coupe du Monde 2006 « Joga Bonito », aucune publicité Nike ne se trouvait dans le journal. En contrepartie, la marque a proposé une interview exclusive de son ambassadeur Eric Cantona. L’ancien footballeur s’est donc retrouvé en une du numéro 93.


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PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-LOUIS TOURRE, BENJAMIN SMADJA , ET MATTHIEU SUSTRAC

©Jean-Louis Tourre

Francis Jaluzot, co-fondateur et directeur de la publication, est fier des résultats de l’hebdomadaire Sport qui arrive à l’équilibre financier après seulement vingt mois d’existence. Ce succès, il l’explique par le concept novateur de son hebdomadaire gratuit. Ambitieux, il décrit l’évolution du journal et sa stratégie de distribution.

Francis Jaluzot, co-fondateur et directeur de Sport

SCOOP : vos comptes sont à l’équilibre pour l’année 2005, quelle est votre réaction ? Francis Jaluzot : c’est un véritable exploit d’avoir atteint l’équilibre des finances en moins de 30 mois d’existence (NDLR : le premier numéro a été publié en novembre 2003).

« Le lecteur est le premier client » Il n’y a pas de cas historique d’hebdomadaires aussi largement diffusés ayant réussi cette performance. Normalement, il faut cinq à six ans pour y parvenir.

S : quelles sont les raisons de ce succès ? F.J : nous avons offert un concept totalement novateur sur le plan éditorial mélangeant sport de compétition et sport loisir. Un modèle qui correspond aux attentes du lectorat et auquel peu de gens croyaient. Le sport dans les médias a évolué : d’un domaine de spécialistes, il est devenu le premier spectacle du monde. Par exemple, les plus grosses audiences télévisées sont réalisées par des évènements sportifs. C’est pourquoi on fait de l’avant-papier plutôt que du résultat (NDRL : Sport est distribué le vendredi, avant les événements du week-end) en accordant une grosse importance à l’image. S : les annonceurs, votre unique source de revenus, ont donc été séduits ? F.J : pour eux aussi, le concept est novateur. Nous leur offrons à la fois une force de frappe avec deux millions de lecteurs et un ciblage précis, les jeunes hommes actifs urbains et leaders d’opinions. Un groupe qui est très recherché en communication. Ainsi, nous avons doublé notre pagination publicitaire (NDLR : de 317 à 624 pages) sur l’année 2005. S : séduire les annonceurs, est-ce une contrainte dans vos choix rédactionnels ? F.J : non, le lecteur est le premier client, il passera toujours avant l’annonceur. Produire un contenu solide sur le plan journalistique est la base pour obtenir et maintenir une crédibilité forte indispensable pour lier des relations durables avec nos annonceurs. Notre but est d’attirer la confiance du marché. Nous sommes très fiers d’être intégrés dans les études de références comme l’AEPM (étude des audiences pour la presse magazine) ou l’étude SIMM 2005 sur les comportements de consommation des Français.

S : la presse gratuite est donc un modèle économique viable ? F.J : bien sûr, c’est le modèle le plus vendeur. Metro a aussi annoncé des bénéfices. C’est une presse qui peut s’imposer dans beaucoup de domaines mais pas tous. Avec l’évolution du sport depuis 15 ans, il y avait un manque dans lequel nous nous sommes engouffrés. La presse gratuite a permis de reconquérir des gens qui ne lisaient plus. Elle est complémentaire de la presse payante puisque les passionnés lisent et consomment davantage que ce qui est proposé dans les gratuits. S : comment va se traduire ce succès dans l’évolution du journal ? F.J : nous allons déjà augmenter notre pagination de 30 % pour la porter de 48 à 54 pages au lieu de 40 à 48 pages. Nous allons aussi développer notre site Web (www.freesport.fr). Ces deux médias se complètent parfaitement car ils sont gratuits tous les deux. Le web c’est l’actualité chaude, en temps réel. Il doit permettre d’apporter de l’actualité heure par heure et d’approfondir. S : la stratégie de distribution occupe une belle place dans votre succès. Va-t-elle évoluer ? F.J : dès le début, avant Metro et 20 Minutes, nous avions pris le parti d’avoir une diffusion nationale. Le journal est donc distribué dans onze villes de France et ce chiffre devrait augmenter. Nous avons multiplié par quatre le nombre de points de distribution qui sont définis en fonction de notre cible. Par exemple, nous sommes les seuls à être distribués dans les salons d’Air France ou des Galeries Lafayette Homme. Nous étudions aussi la possibilité de distribuer Sport dès le jeudi soir. Sport est enfin une marque mondiale déposée. Nous sommes donc en phase de développement international, reste à savoir si cela sera en propre ou sous forme de licence…

Presse gratuite

« Atteindre l’équilibre,un exploit ! »


20 minutes Topchrono ! PAR CÉLINE DE MAGALHAES ET JÉRÔME CRIDLIG

Si depuis trois décennies la presse écrite payante est en plein déclin, la presse gratuite, elle, connaît un véritable essor. Le quotidien 20 minutes arrive en tête du secteur avec près de 1 850 000 lecteurs. Info-pilule ou véritable presse d’information ? Notre équipe s’est glissée une journée entière dans les coulisses du journal pour découvrir son fonctionnement.

©C. De Magalhaes

Presse gratuite

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Conférence de rédaction

09h45 : L’arrivée. Depuis janvier dernier, le journal a quitté la porte de la Villette pour venir s’installer dans un immeuble huppé du boulevard Haussmann. Nous découvrons des locaux flambants neufs avec vue sur l’Opéra. La salle de rédaction est encore presque déserte. 10h30 : Conférence de rédaction. Tous les rédacteurs se réunissent autour de Frédéric Filloux, directeur de la publication. C’est l’occasion de faire approuver leurs sujets. Neuf rubriques composent essentiellement le quotidien : Grand Paris, France, Monde, Santé, Économie, Sport, Culture, High-tech et People. En pleine nébuleuse à l’époque sur l’affaire Clearstream, la rédaction envisage de faire une « théma » ; dans leur jargon, il s’agit de réaliser un article principal explicatif accompagné de six encadrés. Le but : rappeler la chronologie des faits et clarifier une vision brouillée du scandale. Voilà ce qui à 11 heures pourrait éventuellement faire la Une. Question en suspens… 11h15 : A chaque rédacteur son sujet. Loin de l’image des journalistes de bureau qui leur est souvent associée, une fois la conférence terminée, tous partent sur le terrain. « On fait tout sauf du copier-coller des dépêches AFP », nous lance un des

Arrivée des SR

rédacteurs en chef. Comme pour anticiper les critiques dont le quotidien fait l’objet. 11h30-13h30 : Le « central » intervient. Il s’agit en fait d’une rédaction en chef technique qui, dès la fin de la conférence de rédaction, finalise le chemin de fer, répartit les tâches, procède aux modifications de gabarit tant pour les pages publicitaires qu’informatives, refait les huit chemins de fer pour le lendemain, etc. En somme, Florence Rifaux, l’un des rédacteurs en chef technique, assimile ce travail à celui d’un chef d’orchestre. 15h : Arrivée des SR. Les secrétaires de rédaction sont douze à se partager un travail de correction, de relecture et à avoir le dernier mot sur la titraille de chaque article. Dernière relecture par un correcteur, à qui aucune faute d’orthographe n’échappe. Les SR sont en étroite liaison avec le central. Deux heures plus tard, tout s’accélère. Les journalistes qui étaient sur le terrain commencent à rentrer et s’attèlent à la rédaction de leurs articles. L’heure du bouclage se fait progressivement sentir. 17h30 : « Réunion de la Une ». 20 minutes a son « Monsieur Une ». Cette semaine, il s’agit de Boris Bastide, secrétaire de rédaction titulaire. En concertation avec Luc

Réunion de la Une

Lemaire, Carole Chatelain et William Assayag, tous trois rédacteurs en chef, la Une est définitivement adoptée. Le choix de la photo est alors évoqué avec Gaëlle Labarthe. Ensemble, ils prévoient les titres à mettre en « streamer » (le deuxième gros titre de l’actualité, à droite du logo) et en « appel » (la colonne de titres avec ses photos en miniature)… et ce pour cinq Unes ! Le quotidien est distribué dans huit grandes villes de France : Paris, Strasbourg, Lille et Lyon qui présentent la même couverture, contrairement à celle de Nantes, Toulouse, Marseille et Bordeaux. A titre d’exemple, 20 minutes Marseille titre sur le meurtre de deux enfants de la région, tandis que 20 minutes Bordeaux commémore l’abolition de l’esclavage. Chaque édition régionale ayant sa propre actualité, « c’est le choix d’une Une localisée », résume le chroniqueur. 18h30-19h : Le grand rush. Les premiers papiers tombent. L’heure en est à la relecture et à la « triple » validation à la fois par le SR, le central et le rédacteur en chef. Selon l’importance du papier à rédiger, les rédacteurs d’une rubrique ont un deadline différent. C’est le « code des températures » inscrit sur le chemin de fer qui régit ces impératifs : ainsi ceux bénéficiant du code A auront jusqu’à 20 heures pour remettre leur papier, code B :

Bouclage

19 heures, code C: 18h30, code D: 18 heures. Deux photographes travaillent à temps plein: Sébastien Ortola et Serge Pouzet. Par principe, l’équipe préfère avoir ses propres photos, et ce même s’ils disposent d’un abonnement à l’AFP. Peu à peu, le quotidien prend forme. 20h : Remise des derniers papiers. A ce stade, le moindre retard se répercute plus tard dans le rythme de l’impression. 22h-22h45 : Bouclage. Après avoir reçu toutes les Unes, le journal est bouclé, prêt à être envoyé à l’impression. Les soirs de retransmissions de matches, les résultats sportifs obligent à retarder d’une heure tout au plus le bouclage. Les derniers rédacteurs peuvent enfin quitter la salle. 00h-02h30 : Impression. 20 minutes Paris possède trois imprimeries basées en Seine et Marne. A Nîmes, 70 000 exemplaires sont tirés, soit à peu près 20 000 par heure. 05h30-06h : Livraison. Les huit éditions du 20 minutes sont brochées et livrées dans de nombreux points de distribution… à l’heure du premier métro. A Paris, 450 000 exemplaires tomberont entre les mains des passants.


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Après avoir fait ses armes dans la presse payante au sein de grandes rédactions, Luc Lemaire, rédacteur en chef de 20 minutes fut à l’origine de plusieurs projets de magazines comme Matin Paris ou La Truffe. C’est finalement avec 20 minutes qu’il rencontrera le succès. Fier de son journal, il balaie les critiques dont 20 minutes est la cible et interpelle les grands quotidiens sur la nécessité de faire leur autocritique.

20 minutes en chiffres : 805 000 exemplaires quotidiens, dont la moitié à Paris.

9 000 euros : c’est le prix d’une page de pub 1/3 du journal est dédié à la pub. 50 journalistes à temps plein en CDI. 8 éditions pour huit villes en France.

Scoop : qui est à l’origine du projet ? Luc Lemaire : c’est le groupe norvégien Schibsted qui eu l’idée et les moyens de lancer des quotidiens gratuits d’information. Le premier 20 minutes fut lancé en Espagne où son succès encouragea les investisseurs à tenter l’expérience ailleurs. Très rapidement, le quotidien a été lancé en Suisse puis en Allemagne où il fut littéralement Luc Lemaire, rédacteur en chef de 20 minutes étouffé. Sous la fronde de la presse qui ne lit pas, notre cible reste les jeunes payante, 20 minutes y fut privé de publiactifs urbains. En ce sens, nous ne sommes cité. La justice allemande a d’ailleurs pas un journal populaire. D’ailleurs les donné raison à la société jeunes que je rencontre me disent que éditrice et il n’est pas impossible qu’il y même lorsqu’on leur donne les autres réapparaisse très rapidement. quotidiens, ils préfèrent 20 minutes. On ne veut pas faire du « prêt à penser », S : en France aussi, le concept a été très on essaye d’être le plus neutre possible critiqué. Comment réagissez-vous aux tout en étant didactique. Si on fait des attaques sur le contenu du journal ? papiers courts, ce n’est pas en qualité de LL : on nous a accusés d’être les responsagratuit mais pour être plus lisible. bles du déclin de la presse française, or ça fait plus de trente ans que les ventes baisS : justement, qu’est-ce qui vous différencie sent. On nous soupçonne aussi de ne faire de votre concurrent Metro ? que recopier les dépêches AFP, mais LL : nous avons une philosophie radicaleregardez autour de vous, nous sommes ment différente. Metro se définit lui-même plus de comme un journal low-coast, une sorte de cinquante journalistes à 20 minutes et très « McPaper » (en référence à McDonalds). peu sont dans la rédaction. La plupart sont Nous sommes dans une logique de payant, en reportage contrairement à ce qui se fait nous voulons susciter l’envie d’être acheté. chez nombre de nos détracteurs. On a même des correspondants à New-York, S : craignez-vous l’arrivée sur le marché des Londres, Jérusalem, Beyrouth ou encore gratuits des autres grands groupes de Shanghaï. Nous avons aussi deux photopresse ? graphes à plein temps, l’essentiel des LL : non, pas du tout. Le projet du Monde photos publiées dans le journal nous sont n’a pas d’argent et celui du Figaro est propres. censé paraître le soir, ce qui est à mon sens une erreur, et ne nous concurrence S : la dépendance totale à la publicité pas. De plus, il y a de la place, nous pourn’est-elle pas une menace pour la liberté rions tirer le double d’exemplaires. Si éditoriale ? nous ne le faisons pas, c’est uniquement LL : à 20 minutes, il y a une coupure totale pour des raisons économiques. entre la rédaction et la pub. Nous ne les informons jamais du contenu du journal. C’est une volonté affichée, imposée par le directeur de la rédaction Frédéric Filloux. Notre indépendance nous a déjà valu des problèmes avec des annonceurs, mais vous savez, la pub ce n’est pas du mécénat, les annonceurs viennent parce qu’ils y trouvent un intérêt. S : êtes-vous devenu le nouveau grand journal populaire de France ? LL : même si nous visons une population

S : pensez-vous qu’à terme, seule survive la presse gratuite ? LL : non, je suis convaincu qu’il y a de la place pour les payants. La presse traditionnelle, notamment les grands quotidiens, doit surtout apprendre à faire son autocritique et arrêter de mettre en cause la télévision, les gratuits ou l’Internet. Il faut impérativement qu’elle se pose des questions pour être plus en phase avec son époque.

©C. De Magalhaes

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS-XAVIER DUPOUY

Presse gratuite

« Ne du pas faire prêt à penser »


Economie matin L’économie à la portée de tous

Presse gratuite

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PAR BRUNO DE FARIA-LOPES ET CHRISTOPHE GUÉRIT

Lancé en 2004, Economie Matin est un hebdomadaire gratuit accessible et pratique. Le succès de sa formule a permis une récente levée de fonds qui présage un avenir brillant. conomie Matin voit le jour en juin 2004. Premier hebdomadaire gratuit traitant de l’actualité économique, il est alors distribué à 100 000 exemplaires sur le quartier d’affaires de La Défense à Paris et, dans une moindre mesure, sur le reste de l’ouest parisien. Le magazine est apprécié et voit sa diffusion se propager : Lyon, Nice, Monaco, la Bretagne et le Pays de Loire. La distribution s’articule autour de colporteurs dans le métro et surtout de l’envoi direct aux entreprises. Bilan : 300 000 exemplaires édités, pour un hebdomadaire unique en son genre.

E

Le succès d ’Economie Matin est à mettre à l’actif d’une ligne éditoriale novatrice, qui a su expliciter l’économie pour la sortir de son ghetto technocratique. Malgré l’apparente complexité de certains sujets, le langage utilisé reste celui de tous les jours. Le mot d’ordre : éviter les conventions linguistiques susceptibles d’échapper à une partie du lectorat. On ne parle plus de la « rue de Solférino » mais bien du siège du Parti socialiste. Dans un même objectif de clarification, les noms propres sont systématiquement mis en caractères gras. Le propos principal de chaque article est surligné pour faciliter la lecture et permettre à ceux qui manquent de temps d’aller à l’essentiel. Même la légende des photos tranche avec ce qu’on a l’habitude de voir : pas de texte, mais un chiffre fondamental, qui, mis en évidence, interpelle le lecteur. Ce positionnement novateur est né de la volonté de Jean-Baptiste Giraud, directeur de la publication et ex-journaliste à BFM, de démocratiser l’accès à l’actualité économique. Pour cela, il fallait donc la rendre plus accessible, mais aussi plus

Une ouverture vers l’économie

concrète, plus pratique, davantage ancrée dans la vie quotidienne des lecteurs potentiels. Contrat rempli avec une ligne éditoriale mêlant efficacement les grands évènements français et internationaux, l’économie dans la vie de tous les jours, les tendances de consommation... Mais n’y a-t-il pas un risque, celui de se couper des spécialistes, entrepreneurs ou traders ? Pas pour Jean-Baptiste Giraud, pour qui « les choses répétées plaisent ». Autrement dit, on ne perd pas de temps à conforter ceux qui savent déjà dans leurs connaissances. Et les enquêtes sur le profil du lectorat lui donnent raison. Economie Matin a su toucher le public visé. Cœur de cible : les actifs de moins de cinquante ans, salariés dans le privé, au pouvoir d’achat attirant… pour les publicitaires. Des lecteurs souvent satisfaits, puisqu’un quart d’entre eux se déclare même prêt à payer pour lire leur hebdomadaire. Et ces bons résultats sont confortés par la bonne situation économique du titre. Pour couronner deux ans d’une aventure réussie, le capital a été récemment augmenté avec l’arrivée de deux fonds d’investissement. L’objectif est affiché : poursuivre la croissance pour doubler la diffusion à 600 000 exemplaires d’ici mai 2007.

Las’organise presse gratuite autour de l’ADPGI PAR BRUNO DE FARIA-LOPES

L’Association pour le développement de la presse gratuite d’information (ADPGI), réunit À Nous Paris, Femmes en Ville, Metro, Sport, Le Journal du Golf, Économie Matin. Cet organisme définit ce qu’est la presse gratuite d’information. a presse gratuite a besoin d’être représentée. Elle revendique les mêmes droits que la presse payante ». C’est le leitmotiv du président de l’ADPGI, Francis Jaluzot (ex-20 Minutes, fondateur de Sport). Un souhait logique, qui découle de l’essor de la

«

L

presse gratuite en France. Il a fallu sept ans depuis l’apparition de Metro Suède (1995) pour que l’édition française et 20 Minutes arrivent sur le marché. Mais depuis, nombre de magazines gratuits spécialisés ont émergé dans des secteurs aussi différents

que l’économie, la presse sportive, la presse masculine et féminine, la presse santé, d’information locale et agricole. La presse gratuite est en effet devenue une spécificité française, ayant besoin d’une représentation forte. Ainsi, pour 2006, l’ADPGI s’est donné quatre objectifs. Tout d’abord, adhérer à Audipresse, la société de référence qui mesure l’audience de la presse magazine. Ensuite, demander à TNS Media Intelligence de prendre en compte la presse gratuite d’information dans les indicateurs d’évolution de la presse, puis obtenir de la commission paritaire sa reconnaissance

et l’équité en matière d’aides et de subventions à la presse. Enfin, participer, notamment avec les représentants des annonceurs et agences média, à l’évolution et à la modernisation de l’ensemble des indicateurs de performances de la presse en France. Pour devenir membre de l’ADPGI, il est tout de même nécessaire de remplir certaines conditions. Il faut être une publication périodique satisfaisant aux obligations de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et se soumettre à une pluralité d’informations, écrites par des journalistes professionnels. La distribution doit quant à elle, rester libre.


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Presse gratuite

« Se démarquer de la médiocrité de la presse payante » Scoop : pourquoi un gratuit sur l’économie ? Jean-Baptiste Giraud : en France les gens ne lisent pas la presse économique. Elle est réservée à une élite de financiers, politiques et journalistes. Nous avons voulu sortir l’économie de ce confinement en permettant au plus grand nombre de s’y intéresser. Proposer un journal gratuitement est un premier gage de réussite. D’autant qu’en 2004, quand j’ai monté ce journal, nous étions les premiers sur le marché des gratuits à se tourner vers l’économie. Ce concept a d’ailleurs été repris par la suite à l’étranger, ce qui montre bien sa pertinence. De plus notre lectorat est particulièrement intéressant pour les publicitaires puisqu’il dispose souvent d’un grand pouvoir d’achat et s’équipe volontiers en matériel high-tech et en nouvelles technologies.

©Economie matin

Jean-Baptiste Giraud, directeur de la publication et de la rédaction d’Economie matin livre sa vision de la presse gratuite et dresse un constat cinglant de la presse payante

Jean Baptiste Giraud

S : quelles sont les spécificités du journal ? JBG : au-delà de ces considérations commerciales, nous avons fait le choix d’adopter un ton qui s’adresse à tout le monde. Comme je le dis souvent, les journalistes parlent aux journalistes, qui parlent aux politiques, qui s’intoxiquent les uns les autres. Partant de ce constat, nous avons décidé de rompre avec le langage

journalistique habituel, fait de conventions et de raccourcis, qui au final exclut une part importante de la population. En d’autres termes, nous avons adopté une approche populaire. Nous voulons de l’audience car l’audience c’est le peuple. Nous assumons ce choix et la connotation qui l’accompagne. Il n’y a d’ailleurs rien de péjoratif. S : que reprochez-vous à la presse payante actuelle ? JBG : de ne pas avoir su s’adapter à son époque… Nous sommes un révélateur de sa sclérose. Le prix, le contenu et la maquette… Ils doivent réapprendre à écrire et mettre en page. Si vous prenez l’exemple du Figaro, ils sont allés chercher la maquettiste de 20 minutes pour concevoir leur nouvelle formule. Lorsque l’on compare l’expérience de ces deux journaux, il paraît étrange que le Figaro ait des leçons à recevoir d’un gratuit qui existe depuis quelques années seulement. C’est une tendance lourde et révélatrice de la crise d’identité des journaux traditionnels. S : comment voyez-vous évoluer le monde de la presse gratuite ? JBG : de plus en plus, la presse gratuite intéresse et touche toutes les tranches d’âge.

C’est une presse qui doit garder ce qui a fait sa force, c’est-àdire rester simple. Encore une fois, notre apport fondamental est d’avoir su se démarquer de la médiocrité éditoriale de la presse payante. Nous nous adressons à tous, grâce à un langage clair et un effort d’explication toujours renouvelé. Il faut s’adapter au niveau de connaissance des lecteurs sans pour autant sacrifier le fond. Ce langage couplé à la gratuité incite indéniablement les gens à lire cette nouvelle presse. S : vous avez dit que le concept a été repris à l’étranger. Economie Matin a-t-il vraiment été imité ? JBG : c’est évident. Nous avons créé le concept d’un gratuit en économie. C’est une première mondiale. Il y a un grand intérêt à investir dans ce secteur. Aujourd’hui, sont apparus « 20 Negocios » à Barcelone, « Cash daily » à Zurich et « City AM » à Londres. Ce dernier nous a d’ailleurs été plus ou moins volé, puisque la personne qui l’a lancé s’était retrouvée avec notre dossier entre les mains, car nous souhaitions à terme, nous exporter à Londres. Cette personne n’avait pas donné suite, mais quelque temps plus tard « City AM » apparaissait à Londres…

©Economie matin

PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO DE FARIA-LOPES ET CHRISTOPHE GUERIT


Presse gratuite

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Profil des lecteurs de presse quotidienne ENQUÊTE RÉALISÉE PAR DAVID DIETZ, VIRGINIE ENÉE, ALEXANDRE GUETTA , ET BENOÎT JOURDAIN

Etude quantitative menée auprès de 200 personnes de plus de 15 ans, interrogées le 9 mai 2006 aux abords des gares de l’est parisien. Les chiffres sont donnés par CSP (catégories socio-professionnelles), par âge et par sexe.

76% des personnes interrogées déclarent lire la presse d’information quotidienne, qu’elle soit payante ou gratuite. 1/4 de la population de la région de l’est parisien ne lit donc ni quotidiens gratuits, ni quotidiens payants.Parmi ces lecteurs de PQ (presse quotidienne), 71 % admettent consulter régulièrement les gratuits. Plus de la moitié des personnes interrogées (64%) qui parcourent les payants ou les gratuits, estiment que les gratuits fournissent une information insuffisante pour être au fait de l’actualité. Ce constat engendre-t-il pour autant un taux plus important de lecture de la presse payante ? Y a-t-il un profil type de lecteur de presse gratuite, et un autre de presse payante ? Voici les résultats de notre enquête.

Habitudes de lecture de la presse payante Les gratuits sont lus de manière quasi-quotidienne. En ce qui concerne les quotidiens payants, les 3/4 des lecteurs de presse quotidienne en achètent plus ou moins régulièrement. Seule une minorité (moins d’un tiers) des lecteurs de PQ lit quotidiennement la presse quotidienne payante. • 32% des lecteurs de presse payante en lisent quotidiennement • 37% plus de deux fois par semaine • 31% occasionnellement

Une répartition hommes/femmes similaire pour les deux types de presse Presse gratuite

Presse payante

Au vu des chiffres très proches entre hommes et femmes d’une part, presse gratuite et presse payante d’autre part, aucune conclusion significative n’a pu être apportée quant à l’influence du sexe des individus sur leurs modes de lecture de PQ lors de cette enquête.

Profil générationnel des lecteurs de presse quotidienne Le lectorat de la presse gratuite est plus jeune que celui de la presse payante. Presse gratuite Les jeunes, étudiants pour la plupart, sont les premiers lecteurs de journaux gratuits. D’après notre échantillon, plus de 2 lecteurs des gratuits sur 3 ont moins de 35 ans. Presse payante Pour autant, les quotidiens payants continuent d’attirer toutes les tranches d’âge. Presque 3 lecteurs de “payants” sur 4 sont âgés de plus de 25 ans.

Un lectorat de presse payante à priori plus aisé financièrement Presse gratuite 64 % du lectorat des “gratuits” est issu des CSP “employés”; “étudiants” et “ouvriers”.

Presse payante Parmi les personnes sondées lectrices de presse quotidienne payante, les employés et les professions intermédiaires sont très représentées (respectivement 20,4 % et 24,8 %). Les étudiants ne sont pas en reste avec une part de représentation de 19,5 % de l’échantillon. Les retraités sont en revanche plus nombreux à lire la presse payante que la presse gratuite.

Les critères économiques et générationnels au niveau de la population de l’est parisien, semblent les plus significatifs et exercent une influence réelle sur le mode de lecture de la presse quotidienne.


PAR SOPHIE PIAT

A Paris, les agences de presse se bousculent. Cela n’a pas empêché Nicolas Jouandet de se lancer dans l’aventure en créant 1835. Spécialisée dans l’actualité des 18-35 ans, son agence de presse mise sur l’interactivité et la proximité notamment par le biais du blog. Portrait d’une agence multimédia et de son fondateur. ociétés de production, pigistes et agences de presse, le marché du journalisme peut paraître bouché. Mêlant ses expériences de marketing et de journalisme, cette impressionnante concurrence n’a pas effrayé Nicolas Jouandet. Le presque quadragénaire dynamique, ancien de la BBC puis responsable marketing Internet de

1835 sont déjà en ligne sur le blog de son fondateur www.kronikhall.com. « Internet offre de multiples possibilités. Il permet d’être plus empathique, plus impliqué et proche des personnes à qui l’on s’adresse. »

mettre à portée de tous. Mon but est de parvenir à expliquer à Papy et Mammy le fonctionnement des nouveaux produits high-tech qui envahissent le marché. » Pour l’instant, l’agence de nouvelles 1835 n’en est qu’à ses premiers pas. Le démarchage des futurs clients n’a pas encore débuté. Si certains contrats sont d’ores et déjà envisagés, Nicolas Jouandet préfère ne rien divulguer. « Les acheteurs ont été interpellés par les sujets de mon blog, la vitrine de 1835. » En effet, grâce à cette tribune quasi quotidienne, le journaliste n’est pas tributaire des réseaux classiques, évitant les nombreuses conférences et les communiqués de presse. « Les commentaires des surfeurs sont primordiaux pour moi puisque certains m’inspirent de nouvelles idées de reportages ou me procurent des contacts intéressants.» Nicolas Jouandet n’a cependant jamais vraiment coupé les ponts avec l’AFP. Une collaboration serait en ligne de mire. « 1835 est un clin d’oeil puisqu’il s’agit de la date de création de l’agence Havas, l’ancêtre de l’AFP. » Ce profond attachement laisse penser que si l’aventureuse parenthèse 1835 venait à se terminer prématurément, le fondateur pourrait revenir à ses premières amours.

« Expliquer le high-tech pour Papy et Mammy » Support privilégié de la jeune agence de presse, la toile permet un traitement multimédia des sujets. Textes, photos, vidéos et sons permettent de viser large et d’offrir aux différents organes de presse une véritable banque de reportages. Souvent sur des thèmes que les médias traditionnels ne sont pas habitués à traiter. Les journaux nationaux ou régionaux, la télévision et même la radio peuvent piocher dans les productions de 1835 pour compléter leurs émissions ou articles. Un moyen d’élargir leur audience, mais pas seulement. « Mon ambition n’est pas de me cloisonner dans une tranche d’âge précise. Il est nécessaire de vulgariser les termes employés et de les

©Sophie Piat

S

l’AFP pendant près de 10 ans, s’est lancé en février 2006 dans une périlleuse entreprise. « J’ai observé l’évolution des médias et leur audience ces dernières années. Je me suis vite rendu compte que le nouveau consommateur ne se retrouvait pas dans l’offre actuelle. » Nicolas Jouandet a créé 1835, une agence de nouvelles spécialisée dans l’actualité des 18-35 ans. Sport, high-tech, culture, sorties… « Débuter l’expérience par ces rubriques me permet de ne pas traiter de politique ou même de sujets de société tels que le CPE, assure-t-il. Je ne désire pas une coloration trop classique d’agence de presse. » En attendant l’arrivée imminente de deux collaborateurs journalistes, Nicolas Jouandet joue les « hommes à tout faire ». Mise en page, reportages, recherches de financement et de futurs clients, rythment des journées chargées. « L’ingrédient miracle est l’absence de sommeil ! Il ne faut pas être un gros dormeur si l’on veut se lancer dans une entreprise comme celle-ci. » Les premières productions de

Nicolas Jouandet, ancien de la BBC et de l’AFP.

Métiers

L’art du marketing appliqué au journalisme

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Uneà alternative la presse quotidienne ? PAR MÉLISSA BRION

Depuis une dizaine d’années, Internet révolutionne le paysage médiatique. L’actualité est désormais à la portée de tous grâce à une information continue et gratuite. La presse quotidienne payante connaît quant à elle une crise et l’explosion des sites d’information ne lui profite pas. arrivée d’un nouveau support dans le monde de l’information ne facilite pas la donne pour la presse quotidienne. Grâce à Internet, de nombreux sites diffusent gratuitement des actualités. Face à eux, les quotidiens connaissent une sérieuse baisse de leurs ventes. Les plans de restructuration ou de « départs volontaires », comme au sein des rédactions du Monde en 2004 et de Libération en 2005, deviennent fréquents. France Soir est certainement le journal le

L’

plus touché par cette crise de la presse écrite. Toutefois, Arnaud Levy, rédacteur en chef du titre, considère l’émergence d’Internet comme « une cause marginale du déclin de la presse. Mais pour autant, l’information disponible sur les sites prive les journaux papiers de certains lecteurs ». Selon lui, les nouvelles générations n’achètent plus de journaux dans les kiosques. Se connecter à Internet et lire les dernières actualités gratuitement et presque simultanément est plus dans l’air du temps.

Internet, un média complémentaire Les technologies évoluent et pour survivre, la presse écrite doit s’adapter. Certains quotidiens ont d’ailleurs franchi le pas. Libération, Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, possèdent un site. Fabrice Rousselot, rédacteur en chef de Libération.fr, explique que « le site et le journal sont complémentaires », il parle de « bi-média ». Toute la rédaction du journal participe à l’écriture des articles destinés au site.

Portrait d’anciens de

Les journalistes doivent donc modifier leur façon de travailler. D’autres journaux du Net se sont créés sans aucun support papier. C’est le cas de Sport365.fr, filiale de Sporever. Nicolas Puiravau, son rédacteur en chef, ne se considère pas comme un concurrent de L’Equipe. En tout cas pas du point de vue qualitatif car les moyens ne sont pas identiques. « La rédaction de Sporever est composé de douze journalistes, cela ne représente même pas la rubrique tennis de l’Equipe ! » Cependant, il soutient que d’une manière plus générale, le web peut être vu comme un concurrent de la presse papier. La rapidité de diffusion de l’information ainsi que l’interactivité avec les internautes restent les atouts des sites Internet. Sport365 dénombre en moyenne 8 millions de pages vues par mois. En un an son nombre de visiteurs a augmenté de 186 %. Malgré des audiences très élevées, Internet ne devrait pas remplacer la presse écrite.« Dans son histoire, la presse a rencontré d’autres crises. Elle aura un avenir si elle réussit à accompagner Internet », conclut Arnaud Levy.

l’ISCPA Paris

exemple de parcours en presse web PROPOS RECUEILLIS PAR BÉRENGÈRE WEISS

études j’avais d’ailleurs choisi en troisième année la spécialisation documentaire. Rien à voir donc avec ce que je fais actuellement. Le support web est un formidable média que j’ai appris à connaître et qui ne cesse de me passionner. A côté du travail de journaliste à proprement parler, c'est-àdire la recherche de sujets, les reportages, les interviews et les enquêtes, je m’occupe de l’animation du forum du site. Par ailleurs, SeniorPlanete.com, à peine âgé de cinq mois, est toujours en période le rodage, ce qui est très motivant et stimulant.

Quatre questions à Anne Tersinet, ancienne élève de l’ISCPA, promo 2005. Scoop : vous êtes sortie de l’ISCPA en septembre 2005. Depuis, que s’est-il passé ? Anne Tersinet : j’ai eu beaucoup de chance puisque j’ai trouvé du travail dès le mois de décembre, soit trois mois après être sortie de l’école. J’ai signé un CDI à SeniorPlanète.com, un site Internet ciblant les quinquagénaires. C’est là que j’avais réalisé mon stage de six mois de fin d’études. Ce stage s’était très bien passé. A l’époque, la rédactrice en chef ne m’avait promis aucune embauche. En revanche, à la fin de mon stage je lui avais proposé de rédiger des piges. Et puis il y a eu une création de poste. La rédactrice en chef a tout de suite pensé à moi. Aujourd’hui, je suis son bras droit.

©Scoop

Métiers

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Anne Tersinet, diplômée de l’ISCPA en sepembre 2005

S : quelle place occupe l’ISCPA dans votre parcours ? AT : fondamentale. A l’ISCPA j’ai appris un certain savoir-faire : travailler dans l’urgence, maîtriser les outils techniques tels les logiciels de mise en page en presse écrite. Par ailleurs, les stages que j’ai réalisés tout au long de mon cursus m’ont permis de créer un réseau que je n’aurais jamais pu me constituer sans être

passée par l’école. L’ISCPA m’a permis d’être tout de suite opérationnelle pendant mon stage, ce qui a été, a fortiori, un vrai «plus» lorsque je suis arrivée sur le marché du travail. S : aujourd’hui vous êtes rédactrice en chef adjointe. Ce premier poste est-il tel que vous l’imaginiez ? AT : pas du tout. Pendant mes

S : est-ce pour vous un aboutissement ? AT : non, il s’agit juste d’une période dans ma carrière professionnelle. Je n’y resterai pas car c’est le support qui est ainsi. La presse web est très malléable, le turn-over est de rigueur, et c’est ce qui fait toute la vivacité du média. Etre journaliste en presse web, c’est presque un métier à part. Il faut savoir tout faire. C’est ce qui me plaît.


O P E N Tournoi de tennis ISCPA des Journalistes Organisé par les étudiants de l’ISCPA - Institut des Médias de Paris des filières communication, production, journalisme au TCBB - Tennis Club de Boulogne Billancourt

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ème

édition

tennismen classés ou journalistes amateurs de tennis, à vos balles !

M. Hovine

A deux pas de Roland Garros, dans un cadre dépaysant et très fréquenté par les amateurs de tennis du monde des médias se déroulera en 2007 la treizième édition de l’OPEN ISCPA. Ce tournoi de tennis d’une durée de deux semaines offre la particularité d’être organisé par une école du monde de la presse et des médias pour des journalistes professionnels de tous horizons. Au-delà de l’événement sportif en lui-même, l’Open ISCPA est un lieu d’échanges et représente un challenge en terme d’organisation pour les étudiants de l’ISCPA - Institut des Médias - Paris. Tout y est organisé dans un esprit de détente et de convivialité favorisant la rencontre entre journalistes professionnels et journalistes étudiants de l’école organisatrice. C’est ce qui fait et fera encore longtemps le charme de l’Open ISCPA. L’équipe d’étudiants qui organise l’évènement se dévoue chaque année et se donne pour ambition principale de faire passer un bon moment à des journalistes parfois stressés par leur métier. Cette expérience n’en est que plus enrichissante pour tous ceux qui prennent le temps, durant deux semaines, de prendre du plaisir en venant jouer, qu’ils soient classés en tennis ou simples amateurs. Certains de ces mêmes joueurs réaffirment chaque année ne vouloir manquer un Open ISCPA pour rien au monde.

De gauche à droite Philippe DOUCET (vainqueur de l'édition 2006), Laurence BOBILLET (marraine de l'édition 2006), Pierre-Emmanuel RICHARD (directeur de l'ISCPA Institut des Médias de Paris), le directeur du TCBB et Mireille PALLARES (directrice des études de l'ISCPA - Institut des Médias de Paris). et .

Contact pour participer au tournoi en 2007 : 01.40.03.79.63 e-mail : openiscpa@groupe-igs.asso.fr Président : Adrien KOCH FORBIN 06.78.19.47.89 Vice-président : Marc Antoine PARRONA Trésorière : Anne Catherine IENNE Vice-trésorière : Florence WALME Secrétaire : Elodie HATIER Vice-secrétaire : Sarra GUERSHANI Retrouvez toutes les infos sur le site de l'OPEN ISCPA :

www.openiscpa.com

M.Souchon

M. Rang des Adrets

Petit extrait du livre d’or : " C’était vraiment sympa, je reviendrai l’année prochaine avec plaisir " Denis Brogniart " C’est un très agréable tournoi qui doit beaucoup à la gentillesse et à la compétence des étudiants qui l’animent " Christian Quidet " Je ne fais que deux tournois par an avec Roland Garros : celui-ci est le meilleur ! " Valentin Macovescu Ont aussi déjà participé à l’OPEN ISCPA : Patrick Poivre d’Arvor, Antoine Cormery, Nelson Montfort, Frédéric Jaillant, Bruno Millienne, David Barouh… La nouvelle équipe organisatrice nous révèle ses ambitions pour l’édition 2007 " Durant les 12 dernières années Une partie de l'équipe de l'OPEN 2006 les membres de l’Open ont oeuvré pour que le tournoi se passe dans les meilleures conditions. Cette année nous en ferons autant, voir plus. Nous veillerons à ce qu’il y ait autant de joueurs que de joueuses, que nos journalistes professionnels s’amusent un maximum sur le terrain. Nous souhaitons accroître l’image positive que véhicule notre école. Avec l’aide de l’ancienne équipe, nous mettrons tout en œuvre pour tenir nos objectifs et organiser un tournoi convivial où l’on aime se retrouver chaque année "

Les compétitions sont de bon niveau et les joueurs enthousiastes. Certains réaffirment chaque année ne vouloir manquer un Open ISCPA pour rien au monde, dès lors que leur emploi du temps professionnel le permet (les aléas du métier !). Heureusement, les participants peuvent choisir leurs horaires et leurs adversaires. De nombreux cadeaux sont à gagner, la présence de sponsors permettant d’organiser une manifestation quasiprofessionnelle. Pour les étudiants de l’ISCPA-Institut des Médias de Paris, c’est aussi l’occasion d’apprendre à organiser un événement sportif, qui demande 6 mois de préparation. Constituée en association loi 1901 depuis 2004, l’équipe d’étudiants mandatée par l’école s’est structurée : chargés des partenariats, des relations presse, de l’édition, de la production, de l’organisation des matchs, de la trésorerie, et bien sûr, l’incontournable webmaster qui permet, au jour le jour, de suivre l’événement sur internet.



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