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le cas vélo’v

Vélo’v, le précurseur du vélo en partage

Depuis quelques années, avec la prise de conscience écologique, les transports doux ont bonne presse. L’une des solutions la plus largement choisie est le vélo en partage. Lyon a été l’une des premières villes au monde à mettre en place ce service avec l’aide de JC Decaux. Un service qui s’est démocratisé et qui rencontre un grand succès.

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Les petits vélos rouges sont devenus au fur et à mesure du temps, des éléments centraux du décor lyonnais. Et comment ! Lyon a été l’une des premières villes à accueillir un tel dispositif. Pascal Chopin, exdirecteur régional de JC Decaux se souvient : « après avoir testé le dispositif à petite échelle dans des villes en Espagne ou en Autriche, nous avons proposé de le mettre en place à Paris ». La capitale qui projetait d’accueillir les Jeux olympiques refuse, trop de risques. « En 2004, la métropole de Lyon devait renouveler son mobilier urbain », explique Pascal Chopin, « elle trouvait intéressant l’idée de mettre en place un système de vélo en partage ». JC Decaux saisi l’opportunité : si cela ne se fait pas à Paris, alors ce sera à Lyon.

La métropole fait appel à un prestataire extérieur pour proposer ce nouveau service car elle n’a ni les moyens, ni les connaissances nécessaires. Le contrat est passé, l’entreprise doit mettre en place les points d’accroche et déployer la flotte de vélo. Le modèle économique est simple, l’entreprise vit de la publicité. L’ex-directeur régional précise, « dans un premier temps, si nous ne gagnions pas suffisamment pour rentrer dans nos frais, la métropole nous remboursait la différence. En revanche, si nous en gagnions, nous devions payer une redevance ». Ainsi, le 19 mai 2005, Vélo’v fait son apparition à Lyon. En 2019, on comptait près de 350 stations dans la métropole et 77 000 abonnés.

un service qui a su séduire les lyonnais

Si aujourd’hui les vélos sont légion dans les grandes villes, à l’époque, il n’occupe pas une si grande place dans le milieu urbain. Alors quand Vélo’v a débarqué à Lyon, cela a été l’euphorie générale. Entre incompréhension et curiosité, les réactions étaient aussi diverses que variées. « On n’avait jamais vu ça », se remémore Christophe, un Lyonnais d’une quarantaine d’années. « Il y a d’abord eu une période de test, on pouvait essayer le service gratuitement, simplement avec sa carte d’identité », explique-t-il avec un sourire en coin. Dans les premières semaines, la demande a été si forte que le système informatique n’a pas suivi. « Deux mois après le départ, nous avions déjà enregistré plus de 10 000 locations », se félicite Pascal Chopin.

Au contraire, sur les routes, l’accueil n’a pas

Au coeur de Lyon et Villeurbanne, on trouve une borne Vélo’v tous les 300 mètres. © Vincent IMBERT

été aussi unanime. Christophe témoigne : « les gens ne savaient pas vraiment rouler à vélo, ils essayaient de se débrouiller comme ils pouvaient dans le trafic alors forcément ils se faisaient klaxonner ». Même si, au départ, la cohabitation a été mal engagée, très vite les automobilistes ont commencé à faire plus attention aux cyclistes. Vélo’v a ainsi, en quelque sorte été un catalyseur du vélo urbain. Une initiative qui, encore aujourd’hui, est saluée par la majorité verte.

la recette du succès

« Avec Vélo’v, nous avons su mettre en place une solution durable et qui marche », explique l’ex-directeur régional de JC Decaux. « Nous avons créé un vélo performant et solide, l’utilisation du service est facile et rapide, notre flotte est entretenue continuellement et surtout : il y a des stations à intervalles rapprochés. » Au cœur de l’agglomération lyonnaise et à Villeurbanne, il y a en moyenne une station Vélo’v tous les 300 mètres. Pour certaines personnes, il est donc plus simple de se rendre vers l’une d’entre elles plutôt que de prendre les transports en commun, et finalement, un abonnement Vélo’v revient moins cher que de prendre sa voiture. Bien entendu, tout cela vaut pour des trajets courts (environs trois kilomètres, NDLR). Entre les transports en commun, les trottinettes électriques ou encore les voitures et scooteurs en location, la concurrence est rude. Cependant, des sociétés comme Indigo ont essayé de pénétrer le marché, sans succès. Pascal Chopin explique, « ces tentatives ont été infructueuses car il ne suffit pas de proposer un vélo, il faut tout le service qui va derrière ». C’est notamment le cas de startups chinoises qui ont essayé d’inonder les rues avec leur service de « free floating ». Ces différentes tentatives ont échoué et ont donné lieux à des images de montagnes de vélos entassés dans des décharges. Le constat est similaire pour les trottinettes. Selon une étude du Boston Consulting Group, quatre mois d’exploitation sont nécessaire pour rembourser le coût d’acquisition.

Vélo’v possède ce grand atout de toucher un public large. L’entreprise trouve sa clientèle chez tous les âges. « J’ai beaucoup de retours de personnes plus âgées qui m’expliquent qu’elles utilisent régulièrement nos vélos pour aller se balader ou acheter le pain », confirme Pascal Chopin. Les autres grands adeptes du vélo en partage semblent être les étudiants, Mélissa confie « j’utilise les vélo’v en moyenne deux fois par jour pour

me déplacer ». Le service a su conquérir et entrer dans le quotidien des Lyonnais. Même durant le premier confinement, et la mobilité limitée en ville, il a su se maintenir à un nombre de locations satisfaisant, en battant même le record avec plus d’un million cent mille utilisations en septembre.

Facile d’emploi et abordable, c’est aussi dans son essence que le vélo’v est apprécié. « C’est une solution pratique et économique », déclare Mélissa en ajoutant, « ça me permet de faire du sport, de me déplacer rapidement et surtout de ne pas payer d’abonnement TCL ». Malgré les récentes aides de l’Etat pour que les particuliers puissent acheter leur propre vélo, le Vélo’v continu de fonctionner et d’attirer les Lyonnais. Pas de vol, pas d’entretien, pas de problème de stockage, etc... un service qui touche un large public

Ainsi, JC Decaux a su conquérir la ville de Lyon avec son concept de vélos en partage, mais pas seulement. L’entreprise est présente dans une grande partie des villes françaises et même à travers le monde. A une heure où les particuliers commencent à acquérir leurs propres moyens de transports doux, les services de vélos en partage continuent de fonctionner. Mais pour encore combien de temps ? Julien BARLETTA

le vélo en partage, une tradition française

Les Vélo’v ce sont imposés dans le paysage lyonnais. © Vincent IMBERT En France, la tradition du vélo en partage est ancienne. Les premiers balbutiements du concept datent de 1976. A cette époque, 350 « vélos jaunes » sont déployés à La Rochelle sur trois points de location.

Par la suite, l’entreprise Clear Channel met à disposition 200 vélos et 25 stations dans la ville de Rennes.

Pourtant, ce n’est qu’en 2005 que le vélo en partage à grande échelle apparait en France. Vélo’v débarque à Lyon avec quelques milliers de vélos et des points d’ancrage disséminés dans toute la ville.

En France, ce sont deux sociétés qui se partagent les agglomérations : Clear Channel et JC Decaux.

Ainsi, plus d’une cinquantaine de systèmes de vélos en libre-service sont actifs aujourd’hui. Cependant, certaines villes comme Perpignan, Aix-en-Provence ou Chalon-sur-Saône, ont stoppé le service en raison de son coût ou de son utilisation trop faible. Depuis quelques années, les vélos en flotte libre (« free floating ») font leur apparition en France. Selon 6-T, un bureau d’étude spécialisé dans la mobilité, ces derniers représentent 20% de l’offre sur tout le territoire. Julien BARLETTA

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