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le vélo, vraiment écolo ?

27 - environnement

Le vélo : sauveur de l’écologie ou hypocrisie idéologique ?

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Le vélo, particulièrement le vélo électrique, s’installe comme un des nouveaux moyens de déplacement préféré des Français. De plus en plus sensibles à leur empreinte écologique, ils se tournent vers des mobilités dîtes douces. Il apparait cependant que le vélo électrique ne soit pas le grand sauveur des émissions de CO2 et de l’engorgement de nos centres-villes.

Si le véhicule en lui-même reste indéniablement moins polluant qu’une voiture, le vélo électrique possède quelques lacunes en termes d’écologie. Le principal de ces inconvénients concerne les batteries au lithium dont l’autonomie est de courte durée. L’extraction massive du lithium dans des mines à ciel ouvert est l’origine de la destruction de plusieurs écosystèmes, par exemple au Chili et au Tibet. Chaque nouveau vélo sur une piste cyclable alimente les cargos gros émetteurs de CO2 sur les océans et fait suer les mineurs des Andes.

Fréderic Héran, économiste des transports et urbaniste soulève aussi le manque de savoir faire pour réutiliser ces batteries : « Le recyclage des batteries au lithium est très difficile à cause de la dangerosité de ce composant. A long terme il y a un grand risque pour l’environnement, à savoir des fuites d’acides ou autres produits chimiques. Le sol et l’eau seront les premiers à être contaminés par le lithium ». Aujourd’hui, les connaissances techniques sur ces batteries semblent assez limitées, « personne ne sait réparer ces batteries. Des recherches sont en cours pour que la solution ne soit plus de jeter sa batterie mais de la remettre en état » explique Fréderic Héran. Il existe donc une importante marge de travail pour améliorer la maîtrise du lithium. Un autre problème majeur concernant ces vélos se trouve dans les basfonds des fleuves lyonnais. Là où meurent de nombreux vélos. Comment organiser leur repêche pour éviter de polluer l’eau et le sol ? Pour Pascal Chopin, ex-directeur de JC Decaux (exploitant des Vélo’v), il y a encore des progrès à faire : « c’est une vraie difficulté du vélo urbain, et nous n’avons pas encore trouvé de solutions efficaces. C’est un challenge pour les années à venir et ça serait très imprudent de ne pas s’en préoccuper » avoue-t-il.

des cyclistes pas assez nombreux ?

Les deux roues ne seraient donc pas forcement les sauveurs des centres villes irrespirables. Surtout si son utilisation ne vient pas remplacer celle de la voiture. Fréderic Héran est catégorique : « le vélo n’est pas LA solution aux problèmes de pollution. La baisse du trafic automobile oui. Or, aujourd’hui, on ne constate pas de baisse de ce trafic ». Le vélo ne remplace pas, il vient s’ajouter aux flux des voitures. Pour inverser cela il faudrait « construire une politique de modération de la circulation. C’est-à-dire, un réseau de super-pistes cyclables, réduire drastiquement les facilités pour se déplacer en voiture » argumente-t-il. C’est également la solution défendue par Pascal Chopin : « je suis convaincu que si on donne la possibilité aux gens de se déplacer à vélo, ils privilégieront ce mode de transport ». Même son de cloche à la mairie de Lyon, Valentin Lugenstrass, adjoint à la mobilité, appuie « le réseau voiture étant déjà saturé, les gens devront obligatoirement se tourner vers le vélo et c’est en développent le réseau que les Lyonnais vont l’utiliser ».

Le vélo traverse une phase de développement importante. Cependant l’explosion du vélo électrique en particulier, est arrivée avant que les institutions soient en capacité de maîtriser réellement tous les aspects négatifs. Force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire et que l’impact des politiques déployées reste minime. Faute d’avoir précédé les aménagements d’un appareil de production, le vélo de monsieur Tout-le-Monde se révèle un émetteur indirect important de CO2.

De plus en plus de vélos sont abandonnés par leurs propriétaires, en particulier sur les quais. © Vincent IMBERT

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