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L’exemple grenoblois : « Je plains les Lyonnais »

La métropole de Grenoble d’aujourd’hui serait-elle la ville de Lyon de demain ? La capitale des Alpes s’est hissée au rang de capitale française du vélo selon les cyclistes de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) en février dernier. Si, pour les usagers du vélo, Grenoble est un paradis, la ville se transforme depuis six ans en enfer pour les commerçants.

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Plus 40%. Comme l’augmentation du nombre de cyclistes comptabilisés par la Métropole de Grenoble entre septembre 2019 et septembre 2020. « Une très bonne nouvelle » selon Gilles Namur, adjoint en charge des espaces publics à la mairie, qui voit ce résultat comme la concrétisation Les Grenoblois sont les champions de France du « vélo-taff ». © Grenoble-Alpes Métropole - Lucas FRANGELLA de « la démarche entreprise et les investissements lourds mis en place président de la Métropole, Sylvain Laval. Ce-dernier précise aussi que depuis six ans ». Un résultat à mettre cependant dans le contexte de la les aménagements ne sont pas à mettre au seul crédit des écologistes situation sanitaire. L’Association pour le développement des transports de la mairie, mais « à l’ensemble des élus de la Métropole ». Malgré la en commun (ADTC) de Grenoble a constaté une baisse de l’utilisation fin des élections, n’oublions tout de même pas les combats politiques... des transports en commun pendant et suite au confinement, « avec un report sur la voiture et sur le vélo », participant à cette hausse sur un an. « un centre-ville vidé de sa clientèle »

Rien que pour répondre à la demande post-confinement, 16 kilomètres de pistes cyclables ont été tracées par la métropole, qui dispose de ces compétences. Aujourd’hui, quatre kilomètres de ces « Corona-pistes » ont été supprimées au grand dam de l’ADTC pour des questions de réouvertures des voies aux voitures, de retour après le confinement. Reconnaissant malgré tout « que c’est à Grenoble que l’on se déplace le mieux à vélo », le président de l’association, Emmanuel Colin de Verdière, voudrait aller plus loin dans la transition vers des mobilités douces en étirant encore les 320 kilomètres de pistes cyclables déjà en place dans la métropole de Grenoble, « peu importe la couleur politique » des élus.

En effet, depuis 2014, la première vague Verte avait déferlé sur Grenoble avec l’élection d’Éric Piolle au poste de maire de la ville. Grenoble est donc l’une des seules agglomérations de France pouvant illustrer les conséquences des aménagements mis en place par les Verts. Quid de bien d’autres grandes villes française, la capitale des Gaules aurait-elle des leçons à recevoir de la part de la capitale des Alpes ? « En aucun cas », répond la mairie de Grenoble, qui espère plutôt être un exemple à suivre.

Un exemple, Grenoble, ou plutôt les Grenoblois, le sont manifestement. Selon le dernier recensement réalisé par l’INSEE en 2017, plus de 16% des Grenoblois se rendaient au travail à vélo, contre 2% seulement en moyenne pour l’ensemble des Français, faisant de la métropole iséroise la première ville de France de la catégorie, devant Strasbourg. Une avance qui s’explique à Grenoble par des aménagements conséquents en faveur des déplacements dits « doux » mais aussi à une géographie avantageuse de la ville, « toute plate entre les montagnes », selon le viceSi les mesures pro-vélos semblent satisfaire utilisateurs du vélo et associations qui le promeuvent, d’autres ne sont pas forcément de cet avis. Les commerçants de la Fédération des unions commerciales de Grenoble, par la voix de leur président Christian Hoffmann, dressent un bilan beaucoup plus sévère de l’administration Piolle.

Bien que ne refusant pas l’idée de la transition écologique à Grenoble, « qu’il ne faut pas condamner », les commerçants du centre-ville dénoncent des décisions « brutales, faites par des gens qui sont très dogmatiques et qui décident sans consultation ». Christian Hoffmann poursuit : « Quand je vois ce qu’il se passe à Grenoble, je plains les Lyonnais parce qu’ils ne savent pas encore ce que c’est ! ». Le résultat ? Un centre-ville « vidé de sa clientèle » et des commerçants qui le quittent de plus en plus au profit de la périphérie, « là où on peut encore rouler tranquillement ». Au final, les commerçants ne réclament qu’une seule chose : « que le milieu économique soit écouté pendant les prises de décisions ».

Des critiques que refusent la mairie et la métropole. Gilles Namur pour la première : « ce n’est pas uniquement le vélo qui leur fait perdre de l’argent, les problèmes des commerces en centre-ville est plus complexe ». Sylvain Laval, pour la deuxième : « le dialogue qui n’était pas forcément ouvert jusque-là, l’est désormais ».

Une mission difficile semble donc attendre Grégory Doucet et Bruno Bernard pendant ces six années pour réussir à allier transition écologique et prospérité économique à Lyon. Entre décisions politiques, engagements électoraux et réalité du terrain, il faudra faire des choix et ils ne plairont pas à tout le monde. Alixan LAVOREL

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