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POLITIQUE

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© AFP

Le slogan «Black Lives Matter» était déjà employé au temps de Luther King, comme ici en 1963 délabrés, et de supporter les emplois les plus humiliants.

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Les États-Unis (encore) divisés après la mort de George Floyd

Plus d’une semaine après le décès d’un afro-américain, asphyxié par un policier blanc à Minneapolis, les manifestations contre les violences policières se multiplient aux États-Unis.

Lundi 25 mai, une nouvelle bavure policière a enflammé les États-Unis. Celle qui a entraîné le décès de George Floyd, un afro-américain de 46 ans, au moment de son interpellation à Minneapolis. Les images insoutenables de sa mort se sont vite répandues sur les réseaux sociaux. On l’a tous vu… plaqué au sol, étouffé par de simples citoyens engagés. À

le genou de l’ex-policier Derek Chauvin, alors qu’il répétait tant bien que mal ne plus pouvoir respirer. Des milliers de personnes réclamant justice se sont rassemblées à Minneapolis, et un peu partout aux États-Unis, dès le lendemain. Les manifestations se sont rapidement transformées en émeutes : des commerces ont été pillés et incendiés dans la Entre séparatisme racial radical, blanche sont nombreuses. Mais fin des inégalités de traitement. Son célèbre discours « I have a pour l’emploi et la justice de 1963

nuit du jeudi 4 au vendredi 5 juin, à proximité du commissariat où travaillaient Derek Chauvin.

George Floyd ajoute son nom, bien malheureusement, à la trop longue liste des noirs américains, victimes de bavures policières volontaires.

L’ampleur de la situation a, une fois encore, médiatisée le mouvement #BlackLivesMatter (Les vies noires comptent), créé en 2013 pour combattre les violences et le racisme envers les Noires.

La lutte pour les droits civiques

La lutte des afro-américains pour leurs droits civiques remonte bien avant la création d’Internet et des hashtags. Lors de la Première Guerre Mondiale, l’immigration européenne est stoppée net pendant que le secteur industriel est débordé par la demande d’armement. Le besoin accru d’ouvriers entraîne alors l’embauche des Noirs du Sud du pays, dans les usines du Nord. de 44 000 à 234 000 personnes entre 1910 et 1930. New York est la deuxième ville la plus concernée par la migration noire, voyant sa population de couleur passer de 60 000 à 328 000 personnes, sur la même période. En route dans l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants, les afro-américains se heurtent à la répulsion et l’hostilité de la population Blanche. Les familles noires sont contraintes de s’entasser dans des quartiers isolés, de vivre dans des logements Évidemment très mal payés. La bêtise raciste du Sud arriéré des États-Unis, a rapidement progressé dans la totalité du pays. Face à la situation, plusieurs organisations et mouvements luttant pour le respect des droits civiques, ont émergé. À leurs têtes, des intellectuels, mais aussi l’image de Marcus Garvey, Malcom X ou encore Martin Luther King Jr. panafricanisme et militantisme pacifique, les solutions proposées pour s’émanciper de la suprématie c’est le mouvement pacifique des droits civiques mené par M. Luther King, qui contribue à crédibiliser très sérieusement la cause pour la dream… », lors de la marche

La migration est telle que la population noire de Chicago passe à Washington résonne encore. Ainsi, les grandes lois de 1964 et 1965, interdisant la ségrégation et rétablissant le droit de vote de tous les citoyens, ont pu entrer en vigueur au Sud du pays. Ces scènes de chaos sont devenues habituelles dans les grandes villes américaines Parallèlement, son charismatique homologue Malcom X, partisan de l’usage de la force et plus en phase avec la colère, réussi à attirer une partie de jeunesse activiste Noire vers le Black Panther Party.

Les États-Unis (encore) divisés après la mort de George Floyd

Plus d’une semaine après le décès d’un afro-américain, asphyxié par un policier blanc à Minneapolis, les manifestations contre les violences policières se multiplient aux États-Unis.

© Reuteurs

La radicalisation comme solution

Cependant, le tournant majeur dans les relations blanches aux USA se fait d’une toute autre façon. noirs

La hausse du chômage due aux fermetures des usines, aboutit à la paupérisation des quartiers Noirs. S’en suit le développement d’activités frauduleuses et criminelles, liées notamment au trafic de drogue. Les jeunes afro-américains adhérent de plus en plus aux idéologies du Black Panther Party. Le concept de « Black Power » incluant de se servir d’armes pour se défendre des brutalités policières. Pour endiguer le phénomène, les autorités municipales aux mentalités déjà pourries par le racisme, sont déployées dans les ghettos.

Commencent alors une série d’« étés chauds et longs », pendant lesquels des émeutes, le plus souvent causées par des altercations entre policiers et jeunes Noirs, éclatent dans les quartiers de Harlem, Watts et Détroit de 1964 à 1968. Pour exemple, on peut se référer à cette nuit du 23 juillet 1967. La police de Détroit décide d’intervenir dans un bar de la ville, où d’anciens combattants afro-américains de la guerre Ces scènes de chaos sont devenues habituelles dans les du Vietnam s’étaient retrouvés, grandes villes américaines pour célébrer leur retour. © Reuteurs Scène invraisemblable, la police décide juste d’interpeller toutes les personnes présentes au sein de l’établissement, soit 85 individus. Et en bonne représentante des valeurs blanches américaines, décide d’effectuer de rudes arrestations sur la rue principale. Après une heure de harcèlement, les personnes arrêtées sont emmenées au commissariat le plus proche. La gestion de la crise de Donald Trump est très critiquée. Beaucoup se plaignent de son silence et de son parti pris. Les habitants du quartier, présents lors de la scène se mettent à saccager des magasins de la rue. C’est le début de l’émeute de Détroit. Et il faudra attendre l’intervention de la garde nationale pour contenir la rébellion. Cette militarisation du maintien de l’ordre a inspiré le président américain actuel Donald Trump, qui a décidé d’utiliser les mêmes méthodes d’interventions la semaine dernière.

Martin Luther-King avertissait déjà : « Nous ne pouvons être satisfaits tant que le Noir est la victime des horreurs indicibles des brutalités policières ». C’est sur ce principe que repose le mouvement plus récent « #BlackLivesMatter », appelant à lutter contre les pulsions racistes, d’une poignée de meurtriers en uniforme. Après deux-cent cinquante ans d’esclavage et plus d’un siècle de lutte contre la discrimination, il est triste de constater que la vie des Noirs reste dénigrée et privée de dignité… Bien qu’ils ne soient pas les seuls à faire les frais de la haine raciale aux États-Unis.

Au-delà des frontières américaines, le mouvement #BlackLivesMatter se répand comme une traînée de poudre, ravivant d’anciens scandales raciaux dans différents pays. Au Royaume-Uni, des milliers de jeunes manifestants ont marché dans les rues londoniennes, rappelant le « scandale Windrush », qui a empêché des milliers de Noirs d’origine jamaïcaine du pays d’obtenir la nationalité britannique. Thibault Ajaguin

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