DECRYPT'AGE #9 Magazine d'actualité ISCPA LYON juin 2020

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POLITIQUE

LE DOS © AFP

Les États-Un divisés apr de Georg

Plus d’une semaine après le décès un policier blanc à Minneapolis, le policières se multip Le slogan «Black Lives Matter» était déjà employé au temps de Luther King, comme ici en 1963

L

undi 25 mai, une nouvelle bavure policière a enflammé les États-Unis. Celle qui a entraîné le décès de George Floyd, un afro-américain de 46 ans, au moment de son interpellation à Minneapolis. Les images insoutenables de sa mort se sont vite répandues sur les réseaux sociaux. On l’a tous vu… plaqué au sol, étouffé par le genou de l’ex-policier Derek Chauvin, alors qu’il répétait tant bien que mal ne plus pouvoir respirer. Des milliers de personnes réclamant justice se sont rassemblées à Minneapolis, et un peu partout aux États-Unis, dès le lendemain. Les manifestations se sont rapidement transformées en émeutes : des commerces ont été pillés et incendiés dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 juin, à proximité du commissariat où travaillaient Derek Chauvin. George Floyd ajoute son nom, bien malheureusement, à la trop longue liste des noirs américains, victimes de bavures policières volontaires. L’ampleur de la situation a, une fois encore, médiatisée le mouvement #BlackLivesMatter (Les vies noires comptent), créé en 2013 pour combattre les violences et le racisme envers les Noires.

La lutte pour les droits civiques La lutte des afro-américains pour leurs droits civiques remonte bien avant la création d’Internet et des hashtags. Lors de la Première Guerre Mondiale, l’immigration européenne est stoppée net pendant que le secteur industriel est débordé par la demande d’armement. Le besoin accru d’ouvriers entraîne alors l’embauche des Noirs du Sud du pays, dans les usines du Nord. La migration est telle que la population noire de Chicago passe de 44 000 à 234 000 personnes entre 1910 et 1930. New York est la deuxième ville la plus concernée par la migration noire, voyant sa population de couleur passer de 60 000 à 328 000 personnes, sur la même période.

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En route dans l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants, les afro-américains se heurtent à la répulsion et l’hostilité de la population Blanche. Les familles noires sont contraintes de s’entasser dans des quartiers isolés, de vivre dans des logements délabrés, et de supporter les emplois les plus humiliants. Évidemment très mal payés. La bêtise raciste du Sud arriéré des États-Unis, a rapidement progressé dans la totalité du pays.

Face à la situation, plusieurs organisations et mouvements luttant pour le respect des droits civiques, ont émergé. À leurs têtes, des intellectuels, mais aussi de simples citoyens engagés. À l’image de Marcus Garvey, Malcom X ou encore Martin Luther King Jr. Entre séparatisme racial radical, panafricanisme et militantisme pacifique, les solutions proposées pour s’émanciper de la suprématie blanche sont nombreuses. Mais c’est le mouvement pacifique des droits civiques mené par M. Luther King, qui contribue à crédibiliser très sérieusement la cause pour la fin des inégalités de traitement. Son célèbre discours « I have a dream… », lors de la marche pour l’emploi et la justice de 1963 à Washington résonne encore. Ainsi, les grandes lois de 1964 et 1965, interdisant la ségrégation et rétablissant le droit de vote de Ces scènes de chaos sont de tous les citoyens, ont pu entrer en grandes villes vigueur au Sud du pays. Parallèlement, son charismatique homologue Malcom X, partisan de l’usage de la force et plus en phase avec la colère, réussi à attirer une partie de jeunesse activiste Noire vers le Black Panther Party.


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