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POLITIQUE

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ECONOMIE Le revenu universel, le modèle d’après ?

Le revenu universel (également appelé revenu de base) est une somme versée à tous les citoyens, sans condition garantir un revenu, à l’heure où la compétitivité des machines discussion générale. Il développe ainsi la théorie du revenu

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La crise du Coronavirus a fait naître des aspirations à un nouveau modèle économique ; celui du revenu universel. Retour sur l’histoire de ce fonctionnement.

L’heure est à la réflexion sur le «monde d’après». Le revenu universel est au cœur du débat pour cette société postcoronavirus. Et vendredi 29 mai, le gouvernement espagnol est le premier à franchir le pas. Il a approuvé la création d’un revenu minimum vital de 1108 € par mois pour environ 2,5 millions de ses citoyens les plus pauvres. Avant la pandémie, la question d’un revenu universel était déjà sur la table, car cela faisait partie de l’accord conclu entre les socialistes au pouvoir et le parti de gauche radicale Podemos. Et selon une étude de l’Université d’Oxford, 70% des Européens soutiennent ce concept de revenu universel de base. En Allemagne, le projet de revenu universel n’en est qu’à l’étape de pétition, celle de la styliste Tonia Merz, qui a recueilli plus de 460 000 signatures. Elle a même été envoyée au Bundestag. Quant à l’Écosse, elle est en discussion active d’autorité sur cette question-là. Face à la crise du Covid-19 en France, dix-neuf présidents de conseils départementaux ont relancé la demande d’un revenu de base avec un plan, le 11 avril dernier. Et La Fondation Jean-Jaurès a revu l’initiative du revenu universel de base (portée en 2017 par Benoît Hamon) au lendemain des crises sanitaires et économiques actuelles. Elle a proposé un revenu de base inconditionnel compris entre 725 et 1000 € par mois pour les ménages les plus pauvres de France. Mais pourtant, cette idée de procurer à tous un revenu universel sans conditions, est déjà relativement ancienne.

Les États-Unis, berceau du débat

gloire et se retrouver au cœur de nombreux débats. L’économiste Robert Theobald propose « sécurité économique de base » sous la forme d’un versement annuel de 1.000$ pour chaque adulte et de 600$ pour chaque enfant. Sa principale motivation est de menace directement l’économie des travailleurs. Et quand le président Johnson annonce « la guerre contre la pauvreté » lors de son discours sur l’état de l’Union en 1964, le message va être entendu. En effet, l’économiste et d’autres auteurs vont remettre au président quelques mois après, un rapport sur le « revenu adéquat en tant que droit ». Mais c’est le travail de Milton Friedman, économiste, qui inscrit une fois de plus le débat américain sur le revenu universel dans l’histoire. Avec son livre Capitalism and Freedom, Friedman prône une proposition un peu différente du revenu de base, mais qui s’en rapproche suffisamment pour rentrer dans la avec le gouvernement britannique sur ce sujet, n’ayant pas

permanent.

L’Alaska, seule réalisation

Sous l’influence du débat américain, de nombreux rapports sur un « revenu annuel garanti » sont publiés au Canada en 1970. Et au milieu des années 1970, le gouverneur de cet État, le républicain Jay Hammond, souhaite que la propriété du champs pétrolier Prudhoe Bay revienne aux citoyens de l’Alaska. Puis il met en place un fond destiné à assurer la préservation de cette richesse, l’Alaska Permanent Fund, en investissant une partie des recettes de l’exploitation pétrolière. Ainsi en 1982, un premier revenu universel de 1.000$ est versé à tous les résidents de l’État, qu’ils soient américains ou étrangers. Depuis, toute personne résidant en Alaska a droit à un dividende annuel égal (résidant sans interruption depuis le début de l’année précédant le paiement). Inès Pallot

L’HISTOIRE CONTINUE Le conservatisme religieux et culturel pour s’approprier l’Histoire

Le président turc Recep Tayyip Erdogan songe à renommer la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul en « mosquée Sainte-Sophie ». pour M. Erdogan de flatter la branche la plus conservatrice de

Le rêve du président turc Recep Tayyip Erdogan, de transformer la Basilique Sainte-Sophie à Istanbul en mosquée n’a jamais été aussi proche de se réaliser. Le 29 mai dernier, pour la première fois en 87 ans, un imam a récité une sourate à l’intérieur de la basilique. Avec l’exemple de la Hongrie dans le sixième numéro de Decrypt’Age, le président turc confirme qu’une appropriation de l’Histoire existe et continue.

En ces temps où la santé doit primer sur les combats politiques, il n’est pourtant pas rare d’observer un chef d’État conservateur s’approprier la culture grâce à l’Histoire. Dans le sixième numéro de Decrypt’Age, pourtant axé sur le coronavirus tant toutes les thématiques y étaient mêlées, la page politique était, quant à elle, aux couleurs de la Hongrie. Avec un projet de musée, prévu pour 2021, nommé « La maison des destins », le du président, pour ne pas « risquer votre vie sur terre, ou dans l’au-delà ». Nathan Vacher

chef d’État hongrois Viktor Orban continue d’essayer de réécrire l’Histoire. L’idée est alors de mêler les témoignages des victimes de l’occupation nazie et souligner, en faisant abstraction de la collaboration du régime de l’amiral Miklos Horthy, les actes de courage des Hongrois envers leurs compatriotes juifs. Pour rappel, l’ancien régent du royaume de Hongrie de 1920 à 1944 a, en plus de faire monter l’antisémitisme dans son pays, collaborer avec l’Allemagne nazie avec la déportation de 437 000 juifs hongrois vers Auschwitz en juillet 1944. Ce projet de musée est alors l’occasion parfaite pour le régime populiste de redorer son image de la Seconde Guerre mondiale.

passe de devenir une mosquée

© Lankaart

Le 29 mai dernier, la ville auparavant appelée Constantinople fête alors le 567e anniversaire de la conquête de la ville par le sultan Mehmet II, dit « le Conquérant », l’occasion pour le président turc Erdogan de réaffirmer son envie d’islamiser la basilique Sainte-Sophie à Istanbul, alors devenue un musée. Accompagné du ministre du tourisme et suivi par un Recep Tayyip Erdogan plongé dans l’émotion, un imam a alors récité une sourate du Coran dans ce monument du « patrimoine mondial », comme a tenu à le rappeler le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas. Ce processus est une façon son électorat, laquelle réclame la conversion du bâtiment en mosquée, une éventualité que songe réaliser de plus en plus le président turc ces dernières années.

Une volonté d’islamiser la Turquie

Ce n’est pas la première fois que le président turc enchante de cette manière ses soutiens religieux. Depuis 2010, date à laquelle il semble avoir abandonné sa posture laïque en faveur d’un Islam réformateur, le président Erdogan a multiplié les discours religieux. Il ne s’en cache pas, le plan est désormais d’islamiser la Turquie, à travers les annonces de construction de mosquées, d’une jeunesse religieuse, ou encore de cours de religion dans l’enseignement militaire. Au-delà de ces promesses, les allusions du chef de l’État sont parfois plus subtiles, comme le jour où il a invité ses partisans, venus l’écouter à Bursa, à voter « oui » au référendum de 2017 sur le renforcement des pleins pouvoirs Un monument mondial du Patrimoine culturel en

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