décembre 2010
inCorrYgibleS les
la génération Y aux rayons X
sex-blogs les bloggeuses maîtresses du sexe
Débat
les jeunes et la politique
photosynthèse
stYlés, les Y Une génération sensible à la mode, ce qui se voit dans la rue. Voici un échantillon. Photos Emmanuelle Vieillard
2 décembre 2010 les incorrygibles
quoi encore ?
j’ai découvert la génération Y
Julien Pouget
Q
ui mieux qu'un jeune Y pour parler de la génération Y ? Julien Pouget est un des premiers à avoir lancé le thème via son blog " lagenerationY.com ". Il y a quelques semaines, il a d'ailleurs sorti un livre intitulé : " Intégrer et manager la génération Y ". Qui appartient à cette génération Y ? " Tous ceux qui sont nés entre 1978 et 1994, soit près de 21% de la population. " En clair, la génération Y compte, en France, plus de 13 millions de personnes. Pour Julien Pouge, la génération Y présente cinq grandes caractéristiques. La première c’est le rapport étroit avec les technologies de l'information et de la communication. " C’est la plus importante car c'est une génération internet, elle maîtrise toutes les technologies… en même temps elle est née avec et c’est aussi pour ça qu'on la qualifie de " digital natives ". " De cette caractéristique découlent les suivantes. Toutes sont liées aux nouvelles technologies. La culture de l'instantanéité. " C’est une génération Google qui a le goût du tout, tout de suite. Elle peut, grâce notamment à Internet, tout faire ou savoir très rapidement. Au niveau social ça se concrétise via des mobilisations flash comme les flashes mob ou les apéros géants. " Le mode d'apprentissage par l'action. " Les jeunes veulent être acteurs de leur apprentissage. Dans la tradition, pour apprendre, il fallait un prof et des élèves. Maintenant ils peuvent avoir accès à tout par eux mêmes. " Ce qui amène à la quatrième caractéristique, qui est la quête de sens. Y en anglais se dit " why ". Autrement dit " pourquoi ". C’est une génération qui a besoin de comprendre le pourquoi des choses. C'est encore une fois lié à l'accès rapide à
l'information. Ils ne veulent pas effectuer de tâches aveugles et recherchent constamment le pourquoi du comment. " Julien Pouget estime que ces caractéristiques s’expliquent par l’évolution des mœurs. " La sphère personnelle et familiale a changé. La famille traditionnelle n’est plus d’actualité… la place des négociations est plus importante dans les familles d’aujourd’hui. Les jeunes ne respectent plus les ordres qu’on leur donne et cherchent toujours le sens des demandes. "
photos Emmanuelle Vieillard
avec
Enfin, c’est une génération mondialisée. L’auberge espagnole, la référence… " La génération Y a grandi quasi sans visa ni frontière. Les jeunes voyagent beaucoup plus que leurs aînés et profitent de programmes comme Erasmus. " Le lien avec les nouvelles technologies se fait une nouvelle fois. " Les Y peuvent garder contact avec des personnes qui vivent dans d'autres pays grâce aux réseaux sociaux. Ils se mobilisent énormément pour des causes mondiales et pas que pour ce qui se passe en bas de chez eux. On peut prendre l'exemple du conflit Israélo-palestinien, ou, pour l’écologie, de la fonte des glaces et du désastre récent aux Etats-Unis. " Sarah Missaoui
" les Y, une génération Google qui a le goût du tout, tout de suite " décembre 2010 les incorrygibles 3
La jeunesse. Terme un peu vague pour définir toute personne comprise entre la fin de l’adolescence et le début de la vie active. Le " jeune ", spécimen sur lequel on s’interroge depuis toujours. Qui est-il ? Que pense-t-il ? Avec la mobilisation des lycéens et des étudiants contre la réforme des retraites et la sortie du livre de Rama Yade " Lettre à la jeunesse " (Grasset, 2010), la lumière est portée, depuis ces derniers mois, sur cette question. Si les jeunes demeurent une énigme pour les parents, professeurs et autres spécialistes destinés à les côtoyer, le marketing a résolu le problème en inventant le terme " Génération Y ". Un ouvrage a même été publié à ce propos : " La Génération Y : mode d’emploi ". à quand une version de la Génération Y "pour les Nuls " ? Une sorte de profil type des 16-32 ans a donc été établi. Ils seraient rapidement ennuyés, impatients, connectés et incultes. Voilà qui est dit ! Un rapide portrait brossé, bien trop simpliste. Certes, les jeunes sont " connectés ", c’est pourquoi on les appelle aussi les " digital natives ", mais pour le reste, ce n’est pas si évident. Comment peut-on mettre dans le même panier toutes les personnes âgées de 16 à 32 ans ? Cette obstination à vouloir mettre cette tranche générationnelle dans des cases bien précises semble trop réductrice. Cela relèverait plutôt de l’absurde. Après tout, un jeune de 24 ans peut tout à fait être indépendant et gérer son entreprise, tandis qu’un trentenaire, un " Tanguy ", vivrait toujours chez ses parents. Mais il ne faut pas être dupe. Derrière cette dénomination se cache en fait une certaine volonté de maîtriser les jeunes, voire de les manipuler, notamment en termes de management. En témoigne les ouvrages dédiés à ce propos : " Génération Y : Comment les intégrer dans l’entreprise ? " (De Boeck, 2008), " Intégrer et manager la Génération Y " (Vuibert, 2010). Les jeunes sont une catégorie de plus venant s’ajouter aux côtés de la " ménagère de moins de 50 ans ". Conclusion : les 16-32 ans sont une proie facile. Il est vrai que ces braves petits soldats de la société de consommation sont toujours prêts à débourser pour posséder les nouveautés du marché, tels que les iPhones, Blackberry et smartphones en tout genre. Pour mieux les séduire, les responsables marketing ont trouvé la solution : ils les décryptent. Le nombre d’études réalisées pour les cerner n’a de cesse de se multiplier. Tout comme la liste des stéréotypes qui leur sont accolés, qui n’en finit plus de s’allonger : malbouffe, désengagement politique, addictions aux jeux vidéo, à l’alcool ou aux drogues diverses et variées… C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité nous saisir de ce " nouveau " terme afin de dresser un portrait, plus fidèle, de la Génération Y. Et par là-même, tordre le cou à tous ces clichés.
Marion Fontenille 4 décembre 2010 les incorrygibles
les
Touche pas à ma génération
les InCorrYgibles 47 rue sergent Michel Berthet 69009 Lyon tel. 04 72 85 71 73 fax 04 72 85 71 99 www.kesckiscpass.com rédaction directrice de la publication Isabelle Dumas directrice de la rédaction Anne-Caroline Jambaud rédactrice en chef Marion Fontenille rédactrice en chef web Virginie Malbos secrétaire de rédaction / maquettiste Baptiste Marsal actu Jérôme Paquet, Camille Brunier, Sarah Missaoui, Baptiste Marsal, Marion Fontenille, Fabien Leone tout nu Virginie Malbos, Emmanuelle Vieillard, Vincent Serrano, Jean Rioufol magazine Clément Fayol, Fabien Leone culture Virginie Malbos, Jérôme Paquet, Camille Brunier, Emmanuelle Lebon. crédits photos Emmanuelle Vieillard, Baptiste Marsal, Vincent Serrano, Virginie Malbos, Sarah Missaoui, Nour-Eddine Al Quassam, Julien Allègre, Jérémy Dupuis, illustrations Getty Images remerciements Annie Gebelin, Clément Apap, Simon Astier, Marion Coville, Alexis Blanchet, Benjamin Pouzin, Julien Pouget, MarieOphélie Latil, Cifdine Bel Miloud, Monji Bouaire, Dr Damien Mascaret, Dr Fabienne Kraemer, Manon Chalmeau, Nour-Eddine Al Quassam, Younés, Yacine et Mary, JeanYves Vincent, Guillaume Cail, Mary Dubois, Cyril Lugbull, Romain Burgat, Benjamin Achard, Loïc Robert, Maryam, Guillaume et Julien (étudiants à Lyon 2), Kévin Gavant et Lucile Maubert, Anne-Caroline Jambaud, Laurie Madile, Antoine Lebrun, Anne, Sofiane, Dimitri Vetsel, Saral Duverger, Lauriane Rialhe, Xavier Chabert, Léo
magazine réalisé à la manière de l’hedbomadaire les inrockuptibles, dans le cadre de l’intensive presse écrite Iscpa J3 - 2010/2011
keskiscpass.com
l’édito
incorrigYbles
on discute
sommaire 02 photosynthèse style de rue
actu
03 quoi encore ? Julien Pouget
04 on discute
édito de Marion Fontenille
06 génération Y décryptage
08 événement
Lyon 2 sur les pavés
10 ici
Emmanuelle Vieillard
workin' génération
06 incorrigYbles
12 politique débat
les
14 ailleurs
16 TIC + réseaux sociaux 18 sexualité sex-blogs
12 Baptiste Marsal
en direct de la Toile
20 addictions
au-delà des limites
22 portrait
couple de geeks
24 religion
retour de la foi
26 société
mémoire et engagement
jeux vidéo
28 à la manette
télévision
29 séries TV
Influence
30 à la mode
digital naïves ? le streaming roi
Emmanuelle Vieillard
magazine
28
pop culture japonaise
18
Emmanuelle Vieillard
tout nu
tour du monde des Y
31 best-of
le meilleur des dernières semaines décembre 2010 les incorrygibles 5
Une génération Décryptée D'après Benjamin Chaminade Auteur du blog Génération 2.0
du X au Y Rupture éducative
Rupture économique En France, alors que la génération Y n’a pas connu la période bénie des Trente Glorieuses, elle a reçu de plein fouet les conséquences des principaux chocs pétroliers et des crises économiques. Le chômage est notamment devenu l’une des principales inquiétudes des 16-32 ans qui, même surdiplômés, subissent souvent la précarité de l’emploi. 6 décembre 2010 les incorrygibles
La génération Y a reçu une éducation passive, à la fois à la maison et à l’école, à la différence de leurs aînés, bridés, eux, par une autorité dite «punitive». Les enfants et les petits-enfants des soixante-huitards semblent donc avoir profité de la révolution de Mai-68 soutenue par leurs parents, mais aussi de la méthode Dolto.
Rupture technologique Qualifiés de génération connectée, les Y surfent comme ils respirent. Mais, en plus de faire preuve d’une aisance incomparable sur la toile, les 16-32 ans maîtrisent généralement les nouvelles technologies, de l’ordinateur au GPS, en passant par les smartphones ou les consoles HD.
LES BABY-BOOMERS 1945 - 1965 Contexte : Après Guerre et Trente Glorieuses. Idéalistes, ils veulent réformer et bâtir quelque chose de nouveau. Ils recherchent la réussite professionnelle, croient aux institutions et à l’autorité.
GENERATION X 1965 - 1980
GENERATION Y 1978 - 1994
GENERATION Z 1994 - ...
Contexte : chocs pétroliers, crises économiques, chômage et libération sexuelle. Les X sont en quête d'identité, cyniques et individualistes. Ils veulent trouver un équilibre entre travail et vie privée. Méfiance envers les institutions.
Contexte : avènement d'Internet et des nouvelles technologies. Les Y ont besoin d'immédiateté, ilscherchent un sens à donner à leurs projets. Travailler moins mais mieux, attrait pour l'expérience et les compétences.
Contexte : 11 septembre 2001. Aussi appelée Nouvelle génération silencieuse, génération C (Communication, Collaboration, Connexion et Créativité), Y’, AA ou Emos (pour émotionnels). Elle est hyper-connectée.
génération Y en 4 i Interconnectée :
Reliée continuellement par les technologies d'information et de communication, les réseaux sociaux, dans le monde du travail.
Individualiste :
Un individualisme communautaire. Le dévouement au travail ne passe que si celui-ci a du sens. Il s'agit de rechercher un projet de vie mais pas un simple projet.
Impatiente :
Volonté d'avoir un impact, d'être utile, même en bas de la pyramide hiérarchique.
Inventive :
Génération du copier-coller, où l'invention est plus " fluide ". Si l'entreprise est à son écoute dans ses projets et dans sa manière de manager, le Y peut s'investir et se montrer très innovant.
photo Emmanuelle Vieillard
mappy Selon l’Insee, la génération Y représente 21% de la population française. En effet, les Y sont plus de 13 millions à être nés entre 1978 et 1994. Selon un rapport de l'Union européenne sur la jeunesse, les Y sont plus de 74 millions au sein de l’UE, soit 15% de la population totale. Aux Etats-Unis, les 16-32 ans représentent 23% de la population, environ 70 millions de personnes. En Chine, ils sont plus de 200 millions, soit environ 15% de la population de l’empire du Milieu. Par ailleurs, dans des pays comme l’Afrique du Sud, Les Emirats Arabes Unis ou la Turquie, les moins de 30 ans représentent entre 50 et 55% de la population d’après le blog Génération Y 2.0.
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t
ac u " Pas d'armistice avec ce gouvernement " Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites perd en intensité, reportage à l’université Lyon 2, à Bron, où des étudiants souhaitent continuer le mouvement. par Jérôme Paquet photos Jérémy Dupuis et Julien Alègre
U
niversité Lyon 2, campus de Bron, le 8 novembre. Il est midi et demi, l’assemblée générale a commencé il y a trente minutes. Difficile pourtant de s’en rendre compte. Sur le chemin qui mène à l’amphi D, réquisitionné pour l’occasion, on croise de nombreux étudiants, " pas concernés " par l’AG. Beaucoup plus de monde devant l’amphi, tous prêts à entrer au moment du vote. En attendant, un peu plus de 200 étudiants sont installés à l’intérieur. Loin des 1 500 étudiants qui avaient voté le blocage de l’université Rennes 2 le 13 octobre dernier lors d’une AG en plein air, avant de renoncer au blocage le lendemain, après le vote de 3000 personnes. Ça sent déjà la fin, et ce n’est que le début. Après dix minutes passées dans l’amphi, on comprend mieux pourquoi certains attendent le vote pour entrer. Un étudiant de l’UNEF reconnaît lui-même que la réunion est mal organisée. C’est surtout que l’on cherche l’intérêt de toutes ces prises de paroles. Entre les syndicats qui recrutent à mots couverts, les anarchistes qui veulent aller plus loin dans le mouvement, et les étudiants lambda qui veulent savoir s’ils ont cours après ou si leurs absences seront comptées,
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c’est un joyeux capharnaüm auquel on assiste. Cela vaut tout de même le coup de rester jusqu’au vote. Outre la décision d’occuper les locaux de la présidence ou d’organiser une manifestation le 11 novembre, on demande aux étudiants de se prononcer pour ou contre un blocage de l’université le lendemain matin. Un opposant au blocage est copieusement hué par l’immense majorité des votants, mais le blocage n’est validé qu’à une trentaine de voix près. Et ce au grand dam des syndicats étudiants (!), qui s’attendent à une fermeture administrative de la fac. " Comment tu veux qu’on mobilise les étudiants contre la réforme si la fac est fermée ? C’est ici qu’on peut les voir, leur parler ", explique Guillaume, de l’UNEF. " De toute façon, je pense que le mouvement est en train de s’essouffler, et de se radicaliser. " " Il y en a qui m’ont dit qu’ils ne savaient pas pourquoi ils bloquaient " 7 h 30 le lendemain, quelques étudiants essayent de mettre en place le blocage voté la veille. Au programme, barricades dans le bâtiment K, celui de l’anthropo et de l’amphi D. La tentative tourne court. André Tiran, le président de l’université, arrive rapidement avec
deux agents de sécurité pour prendre en photo les bloqueurs cagoulés Après quelques échauffourées, M. Tiran et ses gorilles se retirent, et quand la police arrive, elle ne trouve que des tables et des chaises renversées. Le bâtiment est fermé par l’administration, et les étudiants se montrent de nouveau dans la matinée. Il n’est plus question de blocage, ni vraiment de filtrage. C’est une sorte de squat d’un couloir, où une trentaine d’étudiants sont assis et discutent un peu de tout, mais pas du blocage.Renseignements pris auprès d’un autre étudiant, " ils se relaient pour aller en cours ". " Je leur ai demandé pourquoi ils bloquent. Il y en a qui ne savaient pas quoi me dire ", explique Julien, en troisième année de socio. " Bien sûr qu’on sait pourquoi on bloque, répond Olivier, futur psy. On est là contre la réforme des retraites. On sait que si on bloque on va faire fermer la fac. De toute façon si on ne le fait pas on ne parlera pas de nous. Il faut que les travailleurs qui veulent continuer la lutte nous rejoignent, et là on aura une chance. " Finalement, rendez-vous est pris pour une nouvelle AG le mercredi qui décidera de la préparation d'une banderole " pas d'armistice avec ce gouvernement ". ■ En intégralité sur Keskiscpass.com
événement
Place Bellecour, Lyon, le 19 octobre 2010.
" on nous dévalorise "
D
ans le cortège des manifestants, la plupart des jeunes se sentent lésés, méprisés par ce projet de loi sur la réforme des retraites. Madeleine considère que cela ne date pas d'aujourd'hui. " Oui, la jeunesse est lésée, et la tendance Sarkozy le montre bien depuis 2007. " à 17 ans, elle a l’impression que les jeunes sont caricaturés dans les décisions prises pour eux. " Quand on fait une maison pour les jeunes ou une école de musique, c’est magnifique, c’est merveilleux, mais un jeune, ce qui l’intéresse ce sont ses études, c'est vivre correctement, entrer sur le marché du travail, et non pas passer sa vie au chômage. " Camille, 21 ans, partage cet avis : " On est considérés comme de la merde. Si les
Paroles de jeunes manifestants
jeunes se mobilisent, c’est pour ne pas aller en cours, ou car tous les jeunes sont des casseurs… On nous dévalorise, on ne sait pas nous écouter. " étudiante en Master à Sciences-Po, elle pense par contre que les jeunes n’ont pas plus subi que les autres concernant les retraites. " C’est la méthode qui m’a vraiment énervée. Il n’y a pas eu de débat, on n’a pas cherché à impliquer tous les acteurs. " Léo est plus mesuré. Selon lui, " c’est la même galère pour tous, les jeunes ne sont pas stigmatisés. Je pense que c’est tout le monde qui est méprisé par l’Etat. J’aurais été jeune, j’aurais été vieux, je me serais bougé quand même aujourd’hui ". Etudiant à Sciences-Po, il se dit " anti-
sarkozyste ", et défenseur des idées républicaines. " Je pense que Sarkozy n’incarne pas du tout les idées républicaines, qu’il les bafoue depuis qu’il est au pouvoir. " S’ils reconnaissent tous les trois être " habitués " à manifester (ils étaient dans la rue contre le CPE), Camille ne veut pas être vue comme une militante. " C’est pas le cas pour toutes les manifs mais là j'ai l'impression de ne voir que du mépris qu’on renvoie à la jeunesse. " Madeleine renchérit. " Il y a quelque chose qui fait que la jeunesse passe souvent après. A 17 ans, le seul moyen de se faire entendre c’est d’être dans la rue. " Se reconnaissent-ils dans la génération Y ? " Carrément, estime Léo. C’est ma géné-
ration, complètement. " En revanche, Camille est moins tranchée. " Oui, on est nés avec une souris dans la main. Oui, on va galérer pour trouver du boulot. Mais je ne pense pas qu’il y ait un rejet de l’autorité. Ce sont plutôt les vieux qui nous méprisent. C’est une réaction logique. Si l’autorité était plus ouverte au dialogue avec les jeunes, on n’aurait pas cette réaction violente. " Madeleine se retrouve elle aussi dans la génération Y. " Oui, je suis de cette génération parce que ça va être dur pour moi de trouver du travail. On est une génération relativement privilégiée au niveau technologique, au niveau social c’est moins ça. On n’est pas les pires, mais il y a des choses qu’on ne peut pas laisser passer. " décembre 2010 les incorrygibles 9
ici Benjamin ACHARD Jeunes PS Rhône 23 ans
Cyril LUGBULL Europe Ecologie - Les Verts 20 ans
Romain BURGAT Jeunes actifs UMP 30 ans
débat : comment les jeunes s'engagent-ils en politique ? animé par Fabien Leone et Virginie Malbos, retranscrit par Camille Brunier photos Baptiste Marsal Retrouvez le débat télévisé en intégralité sur le keskiscpass à l’heure où les jeunes semblent se dépolitiser, certains s’investissent au sein des sections " jeunes " des partis politiques. Débat autour de la question du désengagement de la génération Y dans la politique. Pourquoi s’engager en politique ? " La génération CPE (Contrat première embauche) ", c’est ce qui a poussé Cyril Lugbull, militant pour les jeunes Europe Ecologie-Les Verts à s’engager. " C’est là que le déclic s’est fait, quand les jeunes sont descendus dans la rue pour protester. " " Pour moi, cela a été plutôt une décision très réfléchie ", répond Romain Burgat, responsable des Jeunes Actifs de l’UMP du Rhône, " j’ai eu envie de participer au développement de la société. " La relation de Benjamin Achard, trésorier des Jeunes PS du Rhône, avec le milieu politique a débuté au lendemain du 21 avril 2002 (Jean-Marie Le Pen accède alors au second tour des élections présidentielles, après l'échec de l'ensemble de la gauche). " Avec des camarades du lycée, on était choqués par le résultat. " Trois militants, trois hommes. Les jeunes femmes ne s’engagentelles pas en politique ? " Bien sûr que si ! ", s’exclame Ben10 décembre 2010 les incorrygibles
jamin Achard, qui semble constater une mise en avant des hommes dans les partis politiques, plus qu’une absence des femmes dans le militantisme. " Ce serait une très bonne chose si la parité parfaite était appliquée à tous les niveaux, poursuit Romain Burgat, mais il y a une nette progression par rapport aux époques précédentes. " " Les femmes ont encore d’énormes combats à mener ", conclut Cyril Lugbull. Qui dit génération Y dit souvent désengagement politique… " C’est vrai qu’on a une génération qui ne s’implique pas beaucoup. Mais les jeunes ont d’autres projets : le principal restant de démarrer dans la vie active notamment ", concède le responsable des Jeune Actifs de l’UMP. Benjamin Achard constate davantage une difficulté des jeunes à s’encarter plutôt qu’à s’engager. Une difficulté qui proviendrait des partis politiques eux-mêmes, selon le jeune militant Verts, Cyril Lugbull : " Les politiciens sont perçus comme arrivistes et opportunistes. La démocratie est parfois bafouée, comme avec le référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Les jeunes ne se retrouvent pas dans la politique
actuelle. " Les politiques sont-ils déconnectés de la jeunesse ? " On arrive à porter les idées de la jeunesse aux politiques. Il faut permettre l’autonomie des jeunes, qu’ils puissent être force de proposition ", explique le trésorier du mouvement Jeune PS. " On alimente le débat politique, chez les Jeunes Actifs, on fait beaucoup de travail de fond sur le grand emprunt national ou sur les retraites ", ajoute Romain Burgat. Pour Cyril Lugbull, si les jeunes sont autant " montrés " en politique, c’est pour se donner une image. écouter la jeunesse est pourtant primordial, " c’est la génération future, elle peut apporter du mouvement, un petit grain de folie ou d’utopie. " Génération digital natives, cela se traduit-il dans votre engagement ? " Internet permet de faire le buzz et d’être relayé dans les médias ", répond Benjamin Achard, pour qui la génération Y doit être capable d’intégrer cette révolution numérique. " C’est important de faire le buzz, ajoute Cyril Lugbull, mais cela ne suffit pas. Le but c’est que les gens soient mobilisés différemment, mais par Facebook, on peut toucher ceux qui ne sont pas concernés par la
a lui-même mis trois ans avant de prendre la sienne chez les Verts. S’encarter était synonyme d’embrigadement, " un peu comme à l’époque du Parti Communiste, quand on prenait sa carte, on perdait sa liberté d’action. "
politique habituellement ». Son de cloche différent chez le responsable des Jeunes Actifs de l’UMP : " L’essentiel, c’est avant tout le travail de fond ", d’autant qu’Internet peut être un danger avec le risque " de falsification des informations. " Y’a-t-il une phobie de l’encartement chez les jeunes ? " Je ne crois pas qu’il y ait une
réelle phobie de l’encartement. Les jeunes ont peut-être du mal à se retrouver dans le monde politique. En général, on s’engage pour des valeurs ", répond Romain Burgat. Les représentants des Jeunes PS et Jeunes Europe Ecologie-Les Verts ne sont pas de cet avis. Selon eux, il y a, au contraire, une vraie peur de l’encartement. Selon Cyril Lugbull, " s’encarter est un pas difficile à franchir. " Il
Les jeunes sont-ils versatiles, en politique ? Versatiles, non, mais plus pragmatiques, ça ne fait presque aucun doute. " La politique est une affaire de valeurs, pas d’actualité ", affirme Romain Burgat. Son de cloche différent pour le trésorier du mouvement Jeune PS : " les jeunes sont bien plus aptes à déterminer leur engagement " grâce à l’importante diversité dans l’actualité et l’information, soutient Benjamin Achard. à Cyril Lugbull de conclure : " Les jeunes se cherchent, leur engagement évolue. Nos idées ne sont pas gravées dans le marbre, heureusement. Et comme on dit, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ! " ■
Le parti Les Indigènes de la République (P.I.R) a été créé en 2005. Héritiers de la tradition militante antiraciste et issus des banlieues, comment se démarquentils de leurs aînés ?
L
e mouvement des Indigènes de la République s’est formé suite à la création d’un musée du colonialisme " qui donne une image positive de cette période ". Le mouvement s’est vite mué en parti politique, le P.I.R.: " exister, c’est exister politiquement ; c’est
" exister politiquement, gage d'indépendance "
gage d’indépendance ", affirme Nour-Eddine Al Quasam, porte-parole de la section lyonnaise. Le terme " Indigènes " symbolise leur condition actuelle : être perçus comme des enfants d’immigrés et non des Français. " La marche pour l’égalité et contre le racisme " de 1983 et les associations créées dans les années 80 sont " un héritage résistant issu des quartiers populaires et du militantisme antiraciste ". Le PIR, qui combat toutes les formes de racisme et une vision " déséquilibrée " de
Nour-Eddine Al Quassam
sortir de l'invisibilité pour exister
l’histoire et de l’actualité, veut néanmoins éviter " les pièges des aînés et ne pas être repris politiquement comme un réservoir à minorités ". Ainsi, le jeune parti politique organise des manifestations et des conférences ouvertes à tous autour de sujets forts comme le " racisme ordinaire ". Leur porte-parole national, Houria Bouteldja est invitée sur les plateaux d’émissions télé. " Dans les années 80, le projet était de s’assimiler. Aujourd’hui, nous voulons sortir de l’invisibilité et faire connaître la réa-
lité des banlieues, trop souvent traitée de façon manichéenne ", résume le jeune militant, étudiant en Science politique. En effet, le PIR estime que nos " soi-disant représentants ne font que relayer l’avis des gouvernants, ce qui nuit à notre désir d’émancipation ". La particularité de notre génération serait que " le combat contre les discriminations ne concerne plus seulement leurs victimes : désislamiser le combat contre l’islamophobie est le défi d’aujourd’hui ". Fabien Leone décembre 2010 les incorrygibles 11
workin' génération à la loupe
Stages à répétition, études longues, difficulté à s’intégrer ou encore recherche d’indépendance, autant d’obstacles que la Génération Y doit franchir. Comment affronte-t-elle la précarité ?
Génération-Précaire
double page réalisée par Sarah Missaoui
C'est le " mouvement in " qui lutte pour la réforme des stages a été créé en septembre 2005. Ses sympathisants sont reconnaissables à leurs masques blancs. Leur but : éviter la banalisation des stages à répétition. "Les entreprises gagnent énormément grâce aux stages. La gratification est minime (417,02 €) quand elle est effectivement accordée. Ils ont de la main d'œuvre pas chère car souvent les stagiaires effectuent le même travail qu'un employé engagé en CDD ou CDI" explique Marie-Ophélie Latil, porte-parole de l'association. ■
Difficultés à l’intégrer ? Victimes de la crise ?
getty images
Elle a, pour beaucoup, joué en défaveur des jeunes diplômés. Ils sont arrivés sur le marché du travail à l'heure où les entreprises licenciaient. Quand la France compte plus de 2,6 millions de chômeurs, près de 25% d’entre eux font partie de la génération Y. Pour MarieOphélie, " le facteur crise n'est plus recevable. Aujourd'hui, les employeurs promettent des CDI au sortir des stages mais on n'en voit jamais la couleur. Plus grave encore, le stage a perdu sa fonction fondamentale qui était de former de futurs jeunes actifs." Génération-Précaire milite aussi pour que les stages obtiennent un statut qui puisse être intégré au droit du travail. ■
12 décembre 2010 les incorrygibles
Livres, études, mode d’emploi ou cours spécialement dédiés au management de cette génération, aujourd’hui des tas de moyens existent pour expliquer comment intégrer les jeunes dans une entreprise. Décrits comme versatiles, indépendants et contre toute forme d’autorité, ils feraient peur aux employeurs. Pourtant, pour Marie-Ophélie, ce comportement des jeunes correspond à tout ce qu'ils ont enduré avant d'accéder à un emploi fixe. "Un étudiant quitte la fac autour de 23 ans mais ne signe un CDI que 5 à 7 ans plus tard. Pendant toutes ces années il accumule petits jobs et stages, autrement dit, il zappe. Surtout que souvent on lui fait des promesses qui ne vont pas être tenues. C'est donc normal qu'il se méfie par la suite de ses employeurs, mais dans tous les cas, il veut pouvoir travailler." ■
C
’est connu, la génération Y galère, alors, pendant plusieurs années, Cifdine, lui aussi, a galéré. Une fois son baccalauréat scientifique en poche en 2003, il rejoint les bancs de la fac de médecine. Deux premières années malheureusement conclues par deux échecs. Pas découragé pour autant, Cifdine, armé de son culot, présente son dossier à la seule classe préparatoire aux concours paramédicaux gratuite de Lyon. Classe où il sera accepté. Viennent ensuite les concours à répétition, qu’il loupera à chaque fois. Sans pour autant douter, Cifdine reste à l’Univer-
sité Lyon 1, mais s’essaye cette fois à une licence bio. Enfin, il s’y inscrit juste, il ne va pas en cours. " Je me suis inscrit sans conviction, je préférais travailler en intérim plutôt que d’aller à la fac ". Il finit par remettre les pieds à l’école en 2007. " J’ai mis du temps à trouver ma voie, mais aujourd’hui je suis plus qu’heureux dans mes études ". Car aujourd’hui Cifdine est en troisième année d’ostéopathie à l'ISOstéo (Institut Supérieur d’Ostéopathie) de Limonest. Une école où il a trouvé stabilité et assouvi sa soif de connaissances. Son diplôme, il le décrochera en 2013 ; il aura alors 30 ans. En attendant, il vit toujours chez ses parents et travaille le week-end en tant qu’animateur de centre de loisirs. Il confie aimer ce job qui lui permet " de [se] faire un peu d’argent et de commencer à rembourser [son] prêt d’études de 40 000 euros ". Et, même s’il pense à son avenir, il préfère rester encore un temps un écolier ! ■
dur dur d'être entrepreneur
à
29 ans, Monji a passé une bonne partie de sa vie à travailler. Dès l'âge de 11 ans, il bosse déjà les weekends sur les marchés. Mais c'est seulement après être passé par la case BEP électrotechnique en 1999 qu'il entre vraiment dans le monde du travail. Impulsif, il n’hésite pas à quitter un job dès qu’il s’y sent mal, à tel point qu’il finit par ne plus travailler pendant près de deux ans. Pendant ce temps, il ne reste pas sans rien faire. Il passe son permis B puis, grâce à la mission locale de sa ville natale, Vaulx-en-velin, il obtient son permis poids lourds. On est en 2005. L’année qui suit, Monji devient copropriétaire d’une entreprise de multiservices dans l’automobile avec son grand frère. " On s’est lancé rapidement, confie-t-il en souriant. En moins d’une semaine, on avait l’accord pour racheter une station multiservices. " Tout aussi rapidement, la
structure devient un succès auprès des particuliers. " Jusqu’à aujourd’hui ça tourne bien, on gagne assez bien notre vie. " Mais, jeune, sans carnet d’adresses ou de réelle expérience, Monji ne décroche pas de gros contrats avec des entreprises. " Lorsque je venais vendre nos services, certains ne souhaitaient pas m’accueillir " explique-t-il, dépité. Aujourd’hui, Monji ne travaille plus. " Une partie de mes taches dans l’entreprise concernait le transport de colis et le dépannage de véhicules. Je passais énormément de temps en voiture et au fil du temps, j’ai perdu tous les points sur mon permis… " Il se retrouve donc au chômage technique. ■
Sarah Missaoui
Sarah Missaoui
tout vient à point à qui sait attendre
Le statut d'auto-entrepreneur Il a séduit près de 322 000 personnes en un an. Le statut d'auto-entrepreneur, créé dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie (LME), est disponible depuis le 1er janvier 2009. Le but de ce régime est de rendre plus accessible la création, l'interruption ou la cessation d'une activité. Le processus est simple: il suffit de s'inscrire sur Internet avant de recevoir sous huit jours un numéro Siret (www.lautoentrepreneur.fr). A cela s'ajoute un coût minime et des charges adaptées à chacun : les charges fiscales ou sociales sont calculées à partir du chiffre d’affaires, donc sans chiffre d’affaires, pas de dépenses. Enfin, attention, toutes les activités ne correspondent pas au régime d’auto-entrepreneur (plus d’infos sur le keskiscpass). Des " jeunes de la Génération Y ", il y a ceux qui ont créé leur entreprise et pour qui le statut d’auto-entrepreneur représente une activité principale (39 %). Et il y a les autres, souvent étudiants qui font de ce régime une source d’argent complémentaire à côté de leurs études (29 %). A eux tous, ils représentent 34 % (soit un tiers) des auto-entrepreneurs qui se sont lancés entre janvier 2009 et juin 2010. Autant dire que le statut plaît !
activité principale
activité total secondaire
moins de 25 ans
8 %
7 %
7 %
25/34 ans
31 %
22 %
27 %
total
39 %
29 %
34 %
Source : Insee
décembre 2010 les incorrygibles 13
ailleurs
Y jusqu'au bout du monde
Etats-Unis, Europe, mais aussi Asie… La Génération Y est un terme à résonnance mondiale. Pour autant, les 15-34 ans du monde entier ne présentent pas les mêmes caractéristiques. Tour d’horizon à l’Est du globe. Internet, une arme vers la liberté Birmanie, pays d’Asie du Sud-Est où la junte règne par la terreur. Toutefois, la jeune génération commence à se faire entendre et à montrer quelques signes de protestation. Impossible d’imaginer une telle situation sans l’arrivée d’Internet. Malgré les censures et autres sanctions auxquelles ils s’exposent, les " cybermilitants " font de leurs blogs une arme. Tous ces jeunes n’ont jamais voté, pourtant, ils considèrent que c’est leur devoir d’informer la population, de leur expliquer ce qu’est un scrutin et quel en est le fonctionnement. Il ne s’agit pas de prendre position en politique. Les jeunes birmans se définissent plus volontiers comme des « militants sociaux ». Conscients qu’ils ne seront pas à la tête d’une révolution, ils espèrent ouvrir des brèches dans un pays qui ne semble pas prompt à leur accorder plus de liberté. Cependant, la Birmanie n’est pas un cas isolé. En Inde, même schéma. Là-bas, les élections étudiantes ont été supprimées, Internet s’érige comme une voix dissonante. Difficile pour les occidentaux d’imaginer que des jeunes ne disposent même pas de syndicats étudiants. Et pourtant. Sur Internet, les sites sociaux et les blogs personnels fleurissent et se présentent comme le seul moyen d’insurrection possible pour cette jeune génération en mal de liberté d’expression. ■
La génération X-Y chinoise Les moins de 30 ans sont plus de 200 millions de personnes. Soit dix fois plus qu’aux Etats-Unis et 45 fois plus qu’en France. L’accent est d’autant plus porté sur cette génération que la Chine prend de plus en plus de place sur la scène internationale. Les jeunes représentent donc l’avenir du pays. Mais les " Y chinois " ont cela de particulier qu’ils sont à mi-chemin entre nos générations X et Y occidentales. Deux raisons : premièrement, la culture Y n’a pas fait son apparition dans les années 80 mais au milieu des années 90. Deuxièmement, la jeunesse chinoise reste très attachée aux valeurs familiales. Des valeurs aussi importantes que le sacrifice personnel au bénéfice du groupe et la réussite professionnelle. Génération de l’enfant unique, ils doivent à tout prix réussir pour rendre leur famille fière d’eux. En revanche, tout comme nos générations Y occidentales, les jeunes Chinois commencent à remettre les rapports hiérarchiques en question. L’obéissance inconditionnelle se fait plus rare et leur esprit critique se développe. De même que les réseaux sociaux. Les jeunes chinois sont « connectés », les sites Ren-Ren et Kaixin remplacent notre Facebook, interdit dans le pays. Ces particularités creusent véritablement le fossé entre cette jeune génération et celle des aînés. ■ 14 décembre 2010 les incorrygibles
Au Japon, les jeunes entre précarité et « réinsertion » Tenues excentriques, décalées, caractéristiques d’une jeunesse japonaise rebelle et aisée. Courtisée aussi à l’étranger pour sa créativité, ses talents. La réalité sur place est toute autre. Les jeunes Nippons de la génération Y, longtemps vue comme violente, dans les années 90, se retrouvent en difficulté. Enfants ou adolescents au moment de l’éclatement de la bulle financière japonaise, ils en subissent aujourd’hui les conséquences. Peu ou pas d’emplois disponibles, conditions de vie précaires - les étudiants habitent parfois à plusieurs dans moins de 15 m². Les étudiants qui ne trouvent pas d’emploi avant la fin de leurs études sont souvent contraints à ronger leur frein sans pouvoir exprimer leurs compétences. Certains " s’usent " à force de chercher un travail, victimes de leur manque d’expérience professionnelle. Et comme en Europe, de nombreux étudiants cumulent les petits boulots pendant et après leur scolarité afin de joindre les deux bouts, leurs parents ne pouvant pas toujours tout payer. Cette même génération de parents qui se tient pourtant responsable de la crise économique qui a touché le Japon il y a deux décennies. On décrit aussi la génération Y japonaise comme manquant d’entrain, peu désireuse de consommer. Des signaux qui semblent identiques à ceux observés en Europe. Au Japon, les 20-30 ans essaient de prendre les devants. Ils s’investissent de plus en plus en politique - une vingtaine de maires de l’archipel est à peine trentenaire créent des entreprises à caractère social. Des alternatives efficaces pour parer la morosité qui s’est installée depuis 1990 et la difficulté à s’insérer sur le marché de l’emploi. Enfin, point important, les générations précédentes ont pris conscience de leurs erreurs passées. Depuis quelques années, elle tente de réinsérer au mieux les jeunes au sein de la société japonaise. ■
Double page réalisée par Marion Fontenille et Baptiste Marsal
en Europe, c’est morose...
Au sein même de l’Union européenne, la jeunesse Y connaît des fortunes diverses.
1
2
RoyaumeUni
Grèce
700 euros/mois,
c’est le salaire que touchent 56% des Grecs âgés de moins de 30 ans. Baptisés la Génération 700, les jeunes Grecs sont les Européens les plus touchés par le chômage une fois diplômés. Cependant le problème s’étend au reste de l’Europe. Il y a également la Génération Praktikum en Allemagne et les Milleuristes en Es-
Multiplié par trois,
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Espagne Generación Ni-Ni.
Les paumés. Agés de 18 à 31 ans, ils ne sont ni étudiants, ni travailleurs. Ils ont arrêté leurs études en cours de route, et ne cherchent pas activement du travail. 50% des jeunes Espagnols déclarent n’avoir aucun but dans la vie.
4
pagne.
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4 Chômage Entre 17% et 18% de jeunes européens sont au chômage. Bosnie 58 %
Espagne : 37.9 % Italie : 25.4 %
Suède : 25.5 %
Irlande : 25.9 % Grèce 22 %
Royaume-Uni : 17.6 %
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getty images
le coût des inscriptions à l’université. Jusqu’à présent, les étudiants déboursaient au maximum 3 290 livres, soit 3 867 euros, pour une année d’étude. Mais le gouvernement souhaite élever ce montant à 6 000 livres voire 9 000 dans certains cas.
Italie " Gros poupons " :
3
nom donné aux 70% d’Italiens de 20-30 ans qui vivent encore chez leurs parents. Un pourcentage en augmentation croissante depuis le début de la crise. Au total, 51 millions d'Européens, âgés de 20 à 30 ans, habitent avec encore au moins un de leurs parents.
Sources : Le Parisien, Le Courrier International décembre 2010 les incorrygibles 15
tout nu t
t t
la généra ion Y ou e nue
billet
e-mage Regardez-moi ! J’existe. Je ne suis plus un avatar, une image associée à un pseudo, noyés dans la foule des surfeurs anonymes. Non. Moi, je suis de la version évoluée : la 2.0. Celle qui possède un prénom, et même un nom. La preuve d’une existence dans la « vraie vie », celle que j’étale tous les jours sur les réseaux sociaux avec la même routine que la confiture sur mes tartines le matin. Car oui, je tweete, je poste, je commente, je taggue, je râle, je critique... Bref je suis. Sans modération, et avec parfois un brin d’exagération. Car pour un " personal brandeur ", c’est un travail à plein temps que de soigner son image sur la Toile. Mes amis et followers en témoigneront. Parfois si bien qu’il m’arrivera d’en perdre mon job. La faute aux " amis de mes amis " qui ne goûtent pas mon humour. Ils ont tort. Je l’ai précisé hier sur mon statut Facebook. Depuis, dix personnes ont aimé ça. 16 décembre 2010 les incorrygibles
toujours plus d’infos sur les réseaux ? Un simple " désir ", et voilà Clément Apap qui tente le pari de donner du sens à la critique culturelle via un réseau social. Entretien. Comment décide-t-on de créer un réseau social ? Je travaille toujours avec les mêmes amis et les sites que l’on réalise sont ceux qu’on a envie d’avoir. Là, j’avais envie d’un site internet pour noter et critiquer des œuvres culturelles, pour conseiller et se faire conseiller. Je pense avoir les attentes classiques d’un internaute d’aujourd’hui, et jusqu’à présent, il n’existe rien qui rassemble vraiment les avis des gens aussi bien sur les livres, les films que les séries. C’est ce que fait Sens Critique. à travers les notes et critiques des autres, chacun peut se faire sa propre vérité. C’est ce qui est bien avec les réseaux sociaux. Sur les
généralistes comme Facebook, tu te mets en contact avec les gens que tu connais. Mais sur un réseau thématique, tu rencontres des personnes qui vont t’enrichir. Le site est basé là dessus. Du coup, nous avons été très ouverts aux suggestions durant les phases de test. Même si au final 90% des idées viennent de nous, les membres nous ont permis d’affirmer des choix. Les listes d’œuvres par exemple étaient une idée forte du projet mais on ne savait pas si elles allaient servir. C’est le cas. A contrario, étant collectionneur de jeux vidéo, j’ai voulu qu’il soit possible d’indiquer si l’on possédait le fascicule d’origine, quelle était la ver-
Emmanuelle Vieillard
par Virginie Malbos
tout nu
II 12.2010 tout nu
sion du jeu, son état… Il s’est avéré que cela n’était pas utilisé donc on a zappé cette idée. Ce site s’adresse-t-il en particulier à la génération Y ? Il en est caractéristique mais il n’est pas destiné qu’à eux. Pour l’instant, 90% des 15 000 membres ont entre 15 et 34 ans. J’en fais partie. Nous nous reconnaissons dedans. Le site est une résultante de cette génération Internet pour qui le collaboratif est devenu naturel, et qui a un avis sur tout et le donne sur Internet, quitte à devenir presque égotique. Mais bientôt il sera possible de voir le site sans en être membre : il prendra alors, en plus de l’aspect réseau social, celui d’un magazine culturel. Les gens qui ne voudront pas noter et critiquer auront tout de même intérêt à s’y inscrire pour pouvoir suivre des " éclaireurs " et avoir les informations qu’ils recherchent. Le site ne s’adresse donc pas qu’aux digital natives même si nous avons clairement pris dès le début le parti du communautaire et du participatif. Sa vocation première est donc d’informer ? Ce n’est pas un site d’actualité à proprement parler : nous n’avons pas de news ou d’articles. L’idée c’est plutôt qu’il devienne un site de référence culturelle. Je me suis aperçu que l’avenir n’était pas forcément aux sites éditoriaux. Les gens veulent se créer leur propre source d’information. Et puis on ne se fait plus un avis via ces sites. On vient juste voir celui d’un journaliste en particulier, dont on se sent proche. Sens critique permet de hiérarchiser soi même ses sources d’information. Faire son propre magazine culturel avec des gens en qui on a confiance : aussi bien des critiques professionnels que d’autres membres. Recueilli par Virginie Malbos
" sans eux, ça prend du temps " Parole de génération Y : information peut rimer avec réseaux sociaux. à condition d’utiliser les bons outils, selon ses centres d’intérêts. Pierre-Edouard, 25 ans, laborantin, Lyon Sur Facebook, mes amis sont très branchés musique donc ils postent beaucoup de vidéos. Du coup, cela me permet de suivre l’actualité musicale. Mais aussi celle des jeux vidéo, du cinéma... Et je suis inscrit au forum de l’OL : les débats qui y sont lancés ne concernent pas que le foot, il y a aussi des sujets d’actualité.
lité des séries, alors le mieux est de s’inscrire sur Tumblr, une sorte de Twitter enrichi. Mais ça prend du temps. Par contre, sur Facebook, je suis inscrit à certaines séries, comme celles venues d’Angleterre. Le marketing n’est pas aussi prononcé qu’aux Etats-Unis, ce sont les créateurs qui tiennent les pages de ces réseaux sociaux. Les infos y tombent avant les communiqués de presse.
Eve, 30 ans, animatrice qualité à colis Poste, Bressolles Facebook est le seul réseau social que j’utilise, et à part des commérages, je n’y apprends rien. Par contre, je vais beaucoup sur Wikipédia.
Mathilde, 27 ans, coordinatrice à l’organisation régionale de cancérologie, Paris Les liens partagés sur Facebook sont ma principale source pour connaître les actualités dans les domaines qui m'intéressent. J’ai aussi recours à Twitter car faire la tournée des sites qu’on aime prend du temps. Avec, je peux consul-
Manuel, 25 ans, scénariste et créateur de spinoff.fr, Sainte-Anne-d’Auray Je dois suivre l’actua-
ter toutes leurs nouveautés sur mon téléphone. Marceau, 25 ans, architecte, Lyon J’aime beaucoup le site Sens Critique car j’y trouve des informations sur les films, les bouquins et les jeux sortis. Je regarde les notations et les critiques, en particulier celles de mes éclaireurs, censés avoir les mêmes goûts que moi. Cela me permet de ne rien louper. Sophie, 21 ans, étudiante en ingénierie agroalimentaire, Bordeaux Sur mon téléphone, j’ai une application AP qui me permet de consulter l’actualité. Je n’utilise pas Facebook. Mais quand un ami poste un commentaire sur une actualité qui m'intéresse, il m’arrive d’approfondir le sujet. ■
vu, entendu
30
milliards C’est le nombre d’objets - articles, liens, vidéos etc. - partagés chaque mois par les 500 millions d’amis de Facebook. En moyenne, 23 heures sont passées par mois sur le site, contre un peu moins de 25 minutes sur l’Equipe.fr.
Résumé
Du premier au dernier clic, le Français Maxime Luère a décidé de condenser " Une vie sur Facebook " en 2 min 40. Une vidéo qui n’est pas sans rappeler la publicité de Google diffusée lors du SuperBowl. " A Parisian Love " jouait alors avec brio du moteur de recherche pour décrire un séjour dans la capitale.
Rivalités
La différence entre Google et Facebook ? Facile. Pourtant, la question pourrait devenir une colle. Le premier envisage sérieusement de créer son réseau social, avec un futur " Google Me ". De son côté, Facebook attaque " Google News " sur son terrain, avec un argumentaire bien rodé. "Vos amis sur Facebook aident à faire le tri dans le flux pour lire ce qui est le plus pertinent, découvrir de nouveaux sujets, et participer à des conversations approfondies ". décembre 2010 les incorrygibles 17
tout nu
12.2010 tout nu III
sexualité
Emmanuelle Vieillard
Les 16-32 ans avides de vidéos ou d’images pornos ? Pas sûr. Un phénomène émergent plus soft attire leur attention sur la Toile : les sex-blogs. Pourquoi la génération Y est-elle fascinée par ces espaces où le sexe s’expose par le verbe ? Autopsie d’une tendance.
sex-blogs : un remède au porno crade
L
a génération Y nous prouve que, à des années lumières de la Bibliothèque rose, le sexe est encore exploitable à l’écrit. Pour preuve : les sex-blogs, des espaces virtuels consacrés aux réflexions et expériences sexuelles de leurs auteurs. Sur Rue69, un blog d’actualité sur le sexe, Camille a bien compris la portée du thème. " J’ai déjà écrit sous mon vrai nom des articles qui ont fait beaucoup moins de lecture que n’importe lequel de mes papiers cul. " Tantôt avec drôlerie ou un soupçon de vulgarité, la sexualité intrigue. La blogueuse Ann Roïs préfère, par exemple, faire l’impasse sur les mièvreries.
"Je pense que l’écrit rend l’excitation beaucoup plus intense. J’aime dire " queue ", " salope ", " chatte " ". L’auteur de Aiguille-bas sans dessous, elle, s’évertue à faire monter le désir de ses lecteurs en douceur. " Je veux montrer la beauté charnelle de l’acte sexuel et non pas me perdre dans une description gynécologique. " Et alors que l’imaginaire collectif tient toujours les garçons comme les plus enclins à naviguer sur internet à la recherche de vidéos « hard », il semblerait qu’ils soient amateurs de cette nouvelle génération de sexblogs. Tendance que la blogueuse Maïa Mazaurette (Sexactu) confirme. 18 décembre 2010 les incorrygibles
La jeune femme a découvert grâce aux statistiques du moteur de recherche Google que son blog attire près de 85% d’hommes. Mais ce qui étonne aussi, c’est l’âge de leurs lecteurs. Pour l’auteur du
" ils viennent pour comprendre le désir féminin " blog Aiguilles-bas sans dessous, le constat est le même. Cette quadragénaire s’étonne d’être lue par une majorité d’hommes issus de la génération Y. Perle rare dans la blogosphère sexe, le blog Queue du bonheur est tenu par un trentenaire hétéro. En parfaite symétrie avec les blogs écrits par des filles, lui ne reçoit quasiment la visite que de jeunes femmes. Drôles et audacieux, ces sex-blogs semblent en tout cas offrir à leurs lecteurs un espace de dialogue décomplexant et propice aux confidences. Pour Ann Roïs, il est clair que les jeunes qui lisent son
blog sont à la recherche d’une nouvelle approche de la sensualité. " La plupart sont en grande détresse sentimentale et sexuelle, ils ne maîtrisent en rien leur vie affective. Je crois qu’ils viennent pour comprendre le désir féminin. " En effet, alors que la pornographie s’expose allègrement sur internet, la réalité semble désemparer les 15-30 ans. " Les hommes souffrent souvent plus qu’on ne le croit de la pression de performance qui leur est imposée : avoir toujours envie, une érection facile, dure, durable... Mais un excellent contrôle de l’éjaculation ! La barre est haute ! ", exulte Damien Mascaret, sexologue et analyste. Mais plus de 40 ans après la libéralisation des mœurs et des pratiques sexuelles, la pédagogie de la sexualité semble aussi manquer aux hommes. " Au niveau de l’éducation sexuelle on est dans le registre des messages de prévention santé pas un seul instant dans la découverte du corps, le respect de l’autre, l’exploration des sensations... ", s’agace le blogueur Alexandre Silénus (Queue du bonheur). Finalement, plus sereines quant à l’approche de la sexualité, les filles s’intéressent à ces blogs parce qu’ils les propulsent dans l’envers du décor et ses non-dits. Emmanuelle Vieillard
IV 12.2010 tout nu
pressex
tout nu les relous
par Emmanuelle Vieillard
interdit
© DR
© DR
On pensait la démonstration-vente à domicile morte et enterrée, définitivement précipitée dans la fosse par des vendeuses exubérantes et ringardes... Et pourtant !
Sextoys à domicile Dans les années 50, aux Etats-Unis mais aussi en France, les ménagères ont vu débarquer dans leurs salons des démonstratrices au chignon laqué les bras chargés de boîtes en plastique. Aujourd’hui, relancées par des entreprises managées par des femmes, les démonstrations-ventes font la promotion de gadgets sexuels. Depuis trois ans, sextoys et lubrifiants en tous genres séduisent de plus en plus, les moins de 30 ans, loin des sex shops sordides.
" entre fantasme et réalité "
entretien avec Fabienne Kraemer, sexologue La génération Y pas plus précoce
" On peut présenter la sexualité de la génération Y comme étant à la fois totalement différente des générations précédentes et tout à fait calquable. Ce qui n’a pas changé c’est l’âge d’apparition des caractères sexuels : règles, mue, barbe, seins... La génération Y n’est donc pas mûre plus tôt que la génération X. Et comme cette dernière, les jeunes Y connaissent leur premier rapport sexuel à 17 ans. "
L’accès simplifié à la pornographie change néanmoins la donne...
" Ce qui a changé, c’est l’accès à une foule d’informations sur le sexe grâce à Internet, qui facilite l’accès de la génération Y à la pornographie. La pornographie, qui n’est pas le reflet de la réalité sexuelle mais une mise en image de fantasmes. L’accès à ces connaissances, qui résulte d’un enseignement ou de l’expérience, s’est banalisé. On pourrait penser que ce phénomène est bénéfique, mieux vaut en effet connaître l’autre sexe pour l’aborder le plus naturellement possible... "
Réalité augmentée
" Comme avec les jeux vidéo, il y a souvent confusion chez la jeune génération entre fantasme et réalité. Prendre la pornographie pour argent comptant, c’est à la fois mettre en avant une image souvent dégradée de la femme, banaliser les transgressions, ou déshumaniser
le rapport amoureux... C’est aussi faire peser sur épaules des garçons comme des filles une pression terrible et la peur d’être incompétent. Les rapports sexuels dans le " porno " laissent dangereusement penser que tout le monde peut faire l’amour avec tout le monde, que les filles ne sont que des chiennes en chaleur et les hommes, des phallus infatigables. C’est tout sauf le reflet de la réalité. "
Les skins parties
" Il existe maintenant des fêtes organisées, via les réseaux sociaux, chez les ados qui ne sont que des orgies de sexe, mais aussi de drogues et d’alcool. Débuter la sexualité par cela, c’est déjà prendre le risque de multiplier la diffusion de MST, mais cela peut aussi avoir une incidence sur l’avenir sexuel de ceux qui commencent leur vie par tous les excès, et se privent d’une découverte mutuelle et progressive. La sexualité, auparavant, était un graal... aujourd’hui, c’est un sport ! "
Une éducation
" Alors comment faire pour lutter contre la banalisation du sexe tout en s’accommodant de l’évolution des technologies... ? Encore une fois, on en revient à l’encadrement des ados et à l’éducation qui devrait expliquer que les blogs sexos ou les films pornos ne sont pas toujours le reflet de la réalité mais juste des supports d’excitation. "
La Mairie de Paris a décidé d’interdire l’exposition du photographe et cinéaste américain Larry Clark aux moins de 18 ans*. En cause, entre autres, une série de clichés affichant sans détour des pénis en érection, une vulve en gros plan, des masturbations et quelques scènes de pénétrations. * Du 8 octobre 2010 au 2 janvier 2011 au Musée d’art moderne de Paris
ados mal informés D’après une étude menée par le fabricant de préservatifs Durex auprès de 15 000 jeunes européens, 20% des ados européens pensent qu’ils peuvent contracter des maladies sexuellement transmissibles en allant aux toilettes. Par ailleurs, l'étude montre que la majorité des adolescents helvètes estiment que leurs enseignants sont mal formés à l’éducation sexuelle.
sexy iPhone
Une étude publiée aux Etats-Unis par le site de rencontre OkCupid. com dévoile que les possesseurs d’iPhone ont plus de partenaires sexuels que les détenteurs de Blackberry ou d’Android. Il ressort que les Américains de 30 ans ayant le smartphone d’Apple ont déjà eu de 10 à 12 partenaires différents, contre 8 et 6 pour ceux qui utiliseraient un Blackberry ou un Android.
décembre 2010 les incorrygibles 19
tout nu
12.2010 tout nu V
cuisine
manger chic et sain : la nouvelle tendance à l'heure où la gastronomie française devient patrimoine de l'humanité, le retour du bien-manger reprend du service chez les 18 - 30 ans.
à l'Atelier des Chefs
L
Emmanuelle Vieillard
e constat de la diététicienne Julie Cortial est sans appel : " Dans l'ensemble, les jeunes mangent mal ", affirme-t-elle. Avant de poursuivre : " Cela dit, les campagnes relatives à la bonne bouffe - mangez bougez, cinq légumes par jour - se trouvent de plus en plus médiatisées et chacun, à son échelle, prône une alimentation plus équilibrée. " Anne-Charlotte est bloggeuse culinaire et passionnée de gastronomie : " Je mets un point d'honneur à
Anne-Charlotte Jacob
20 décembre 2010 les incorrygibles
Baptiste Marsal
les femmes ! ", lance Julie Cortial. Comment ne pas évoquer la moisson d'émissions culinaires à la télévision ? " C'est un effet de mode qui cache en réalité le retour du bienmanger. Le Français aime manger ", note la diététicienne.
manger sain avec des produits bios ou frais. Je déteste acheter du tout prêt. " En trois mois, la jeune femme n'a mangé qu'un Mac Do, et aucun sandwich ni pizza. Presque impensable à 22 ans ! " Je porte énormément d'attention à la qualité de mes produits, car je me suis rendue compte que beaucoup de maladies sont liées à la mauvaise alimentation. La clé, c'est la préparation. " Même son de cloche du côté de Julie Cortial : " Le rythme de vie accéléré est la cause principale de l'essor des plats industriels. Les jeunes ne prennent plus le temps de manger. Tout doit aller vite. " Elle avoue tout de même : " C'est vrai qu'une carotte seule, ça ne fait pas rêver ! " L'augmentation du surpoids et de l'obésité est devenue un problème de santé publique en France. Les restaurateurs sont de plus en plus nombreux à proposer des formules « saines » ou des salades fraîches. à Paris, la chaîne Mac Donald propose désormais des restaurants spécialisés en salades. " La marque répond ainsi à la demande croissante des Français. Cela ne concerne plus uniquement
Autre signe qui ne trompe pas: les cours de cuisine connaissent un franc succès. A Lyon, les clients de « L’Atelier des Chefs » réalisent eux-mêmes les recettes, en compagnie d'un chef. " Nous sommes partis d'un constat inquiétant : la jeune génération ne faisait plus la cuisine. Il fallait remettre les Français aux fourneaux. Cela passe par des recettes
" les jeunes ne prennent plus le temps de manger. tout doit aller plus vite " faciles et relativement rapides. En trente minutes, il est possible de bien manger ", souligne Alexandra Garavel, 30 ans, manager du concept. " La jeune clientèle est de plus en plus friande de makis, sushis, sashimis... La cuisine japonaise arrive en force chez les jeunes, ce plat est complètement dans l'ère du temps. Pas gras et chic ", ajoute t-elle. Chic, comme le décor de l'atelier : " Nous ne voulons pas associer la cuisine à un truc vieillot. Certains jeunes pensent qu'ouvrir un livre de cuisine est has-been. Ce sentiment-là tend à disparaître. Les personnes plus âgées savent déjà que la préparation est indispensable pour bien manger. La génération Y s'y met ", conclut Alexandra. Vincent Serrano
tout nu Emmanuelle Vieillard
VI 12.2010 tout nu
excès
tous accros ? " La consommation, c'est l'addiction ", cette citation de Luc Ferry pose une équation compliquée. La jeunesse Y est-elle forcément addict ?
"
Fumer tue", " mangez cinq fruits et légumes par jour ", " à consommer avec modération "… Les slogans préventifs, voire alarmistes ont fleuri ces dernières années. Pour qui, pour quoi ? Pour prévenir des addictions of course ! (le mot addiction est un anglicisme). Le discours hygiéniste ambiant cible la génération Y et la prochaine. En effet, la santé publique coûte cher à l’Etat… et les addictions à nos vies. Aujourd’hui, l’opinion publique définit l’addiction un peu n’importe comment. Le terme sert un peu de fourre-tout où l’on classe alcool, drogues, tabac, achats et sexualité compulsifs, réseaux sociaux, jeux (d’argent ou vidéo), anorexie, boulimie… Or, une addiction est bien plus complexe. Annie Gebelin, psychologue qui a participé à la structure du " Centre A3 " (aide et prévention des addictologies) à Lyon donne sa définition de l’addiction : " c’est lorsqu'on rentre en dépendance avec un produit, un objet, quelque chose dont on ne peut plus se passer. " Alors, la génération Y est-elle plus sujette aux addictions que la génération X ? Consomme-t-elle plus ? Rien n’est moins sûr. Toutes les jeunesses ont voulu tester leurs limites, transgresser l’interdit. En revanche, les types de consommations ont évolué. En 2010, on
observe une consommation massive d’alcool. C’est typiquement le phénomène du " botellon " en Espagne, du " binge-drinking " dans les pays Anglo-Saxons. Concrètement : s’alcooliser violemment et rapidement. La psychologue poursuit : " J’ai l’impression que c’est la défonce qui est recherchée. " Auparavant, le cadre semblait plus festif. Idem pour le cannabis. C’est d’ailleurs, selon Annie Gebelin, le produit " phare " de cette génération. Dire pour autant qu’un jeune est " addict " au haschich, il y a un pas. Entre la dimension active, c'est-à-dire s’adonner, et la dimension passive, où une réelle dépendance s’est installée, il y a un véritable fossé. Peut-on comparer les nouveaux types de consommations entre deux générations ? L’exercice semble périlleux. Dans les années 60-70, le LSD était à la mode, " c’était la
" la génération y cherchera à repousser les limites au maximum "
route des Indes des soixante-huitards ", poursuit la psychologue. Aujourd’hui, l’ecstasy, la MDMA (drogue de synthèse) ont fait leur apparition. Le crack s’est marginalisé, la cocaïne démocratisée. L’interdit demeure, certes. Alors qu’auparavant il était symbolique, aujourd’hui il est hygiénique. Se rebeller contre un monde en crise ? " Non ! ", s’emporte Annie Gebelin. Elle s’explique : " Actuellement, le discours de la science nous promet de toujours repousser les limites (comme celle de la mort par exemple). Donc, la génération Y cherchera à les repousser au maximum. Et puis, notre environnement est un monde de consommation, d’économie de marché, où l’on a tout sous la main et où l’on peut " jouir " tout le temps et facilement. Ce qui entrainera par conséquent des comportements d’abus, de dépendance, voire d’addictions. " Quid des quelques comportements que certains sociologues veulent cataloguer en addictions, comme la kleptomanie (vol), pyromanie (feu), trichotillomanie (s’arracher les poils et les cheveux) ? " Est-ce qu’un diabétique qui va s’acheter un éclair au chocolat tous les matins présente une addiction ? ", s’emporte la psychologue. à vous de juger ! Jean Rioufol décembre 2010 les incorrygibles 21
magazine ça clique pour eux
Simon et Alicia, 23 ans tous deux, sont un couple atypique. Passionnés d’informatique, leur métier, et de jeux vidéos, ils forment ce que l’on appelle un couple geek. par Vincent Serrano photo Vincent Serrano
U
n week-end d'automne, Simon et Alicia se baladent en amoureux dans les rues commerciales du quartier Montparnasse, à Paris. En passant devant les portes d'un grand magasin d’informatique et de technologies, impossible pour eux de ne pas y pénétrer. Le couple est à la recherche d’un appareil photo, direction donc, le rayon spécialisé. Deux étages plus haut, les jeux vidéos et consoles garnissent les étagères. Quinze minutes plus tard, Simon et Alicia passent la caisse, deux énormes cartons sous le bras : Guitar Hero et la Wii Fitness. " Nous avions besoin d'un appareil photo, mais nous n'avons pas franchi le pas. Comme pour compenser, nous avons craqué avec ces deux jeux ", explique la jeune femme. " Un coup de tête ! ", complète Simon. Un appartement high-tech. Responsable informatique dans une entreprise de production de films d'animations, Simon dépanne à longueur de journées ses collègues de bureau. " Vraiment efficace, il règle tous les petits ou grands bugs quotidiens ", témoigne un salarié. Le jeune couple se considère comme geek, surtout lui : " Moi, je me considère comme tel. J'aime bien tout ce qui touche à l'informatique. Sur mon iPhone, j'ai un logiciel qui m'informe des sorties technologiques et informatiques. En ce qui concerne les jeux vidéo, je suis toujours au
22 décembre 2010 les incorrygibles
courant des nouveautés ", rigole le jeune homme qui passe environ dix heures par jour devant un PC. Alicia, elle, en rentrant du travail (ingénieur d'étude et de développement informatique), concède : " Je déconnecte du PC ". Dans leur 36 m2 justement, impossible d'échapper aux nouvelles technologies: un écran plat, une console... une deuxième console puis une troisième au placard, un ordinateur portable... un second ordinateur, Guitar Hero avec batterie, guitare et micro, sans oublier la Wii Fitness, un iPhone et bientôt un autre smartphone. Dans le petit salon, les fils du téléviseur et du PC s'entrelacent. à l'heure d'emménager, le premier investissement d'Alicia a été son ordinateur portable : " J'ai économisé durant un an pour me payer mon portable, qui m'a coûté 1 200 euros. Le plus important était de pouvoir travailler tranquillement avec un outil puissant. Je peux ainsi faire du développement, c'est à dire créer des logiciels. Avec mes deux systèmes d'exploitation simultanés, l'ordinateur ne rame pas ", explique t-elle. Actuellement, Alicia règle les bugs pour le site d'une société d'assurance. " Dans cinq ans, je pourrai créer moi-même mes logiciels ", avance t-elle. Sept heures d'affilée sur la console. à eux deux, le couple gagne environ 4 400 euros net par mois. Leur compte n'est pas commun, alors pour Simon, le premier investissement fut une télévision : " 800 euros cash dans un grand écran pour jouer à mes
portrait
jeux vidéos et regarder des films. Ce week-end par exemple, j'étais seul à l'appartement. J'ai regardé à trois reprises les quatre films de la série Terminator ", dit-il avant de poursuivre : " Du coup, je n'ai joué que quatre heures à la console. " Lyonnais d'origine, Simon joue régulièrement en réseau avec son ami d'enfance Daniel, 23 ans. Durant trois semaines, en octobre, les deux compères ont usé leurs manettes quotidiennement pour un jeu de stratégie. Depuis Lyon, Daniel évoque cette anecdote : " Un jour, nous avons commencé à 21 heures, et ce, jusqu'à 4 heures du matin. A la fin, on n'en pouvait plus de fatigue, mais on a voulu terminer sur une victoire qui a mis du temps à venir. " Simon confirme : " Quand je pars en live, je pars en live ! " Et Daniel d'ajouter : " Cette passion ne date pas d'aujourd'hui : déjà au collège on jouait beaucoup. Depuis qu'il travaille, Simon a accentué son temps de jeu car il est passé en mode indépendant. Ses parents ne sont plus là pour le surveiller... Et puis, à Paris, il connaît moins de monde, donc il fait moins de sport et reste plus souvent chez lui ! ", plaisante-t-il. Comme pour se rassurer, il ajoute : " On partage aussi d'autres passions quand même, comme le basket ou le football. " Et Simon partage aussi le goût de cuisiner et du bien-manger : " Avec Alicia nous prenons régulièrement le temps de cuisiner surtout les week-ends. Lorsque nous n'avons pas le temps, nous raffolons de cuisine japonaise ", affirme t-il. Alicia confirme et
lance " Tiens, ce soir c'est sushis ! " Sur un fond de musique du chanteur M, la soirée s'annonce rêvée pour ce couple ensemble depuis maintenant quatre ans. ■
" un jour, nous avons joué de 21 heures à 4 heures du matin. à la fin, nous étions épuisés, mais on a voulu terminer sur une victoire qui a mis du temps à venir " décembre 2010 les incorrygibles 23
dossier
La société française perd la foi. 40% de la population de l’hexagone se déclare athée. Toutefois, un retour à la spiritualité est notable chez les jeunes. Retour sur ce regain d’intérêt pour la religion. par Fabien Leone et Clément Fayol
D
u converti au fidèle par héritage familial, " les chemins qui mènent à la foi sont divers ", souligne Younes, de retour d’Egypte où il étudie l’Islam afin de devenir imam. Ce constat semble dépasser les clivages religieux. Yacine et Mary sont issus de familles de croyants. La mère de Yacine, musulmane, lui parlait d’un Dieu unique au-delà des dogmes. L’étude de la Bible a toujours été au cœur de la vie familiale de Mary. Opposés à l’idée de rejoindre l’Eglise catholique, ses parents préféraient discuter de leur foi, le dimanche, en famille. " La spiritualité a toujours été au centre des discussions familiales, et je n’ai jamais cessé de me poser des questions à ce sujet ",
" pas d'étendard mais un slogan : I love mon prochain " 24 décembre 2010 les incorrygibles
explique Mary. Une démarche que Yacine connaît bien : " J’ai toujours cru en Dieu mais j’ai mis longtemps à trouver un dogme qui me corresponde. " Il s’est cherché une quinzaine d’années au travers du protestantisme et de l’agnosticisme avant de (re) découvrir l’Islam. C’est une religion " qui répond à mes attentes aussi bien spirituelles que quotidiennes ". Pour Mary, " le réel déclic a été lorsque je suis allée à une messe géniale où un prêtre hyper bon orateur a fait un sermon très intelligent. Je me suis dit que le catholicisme n'avait rien à voir avec le cliché dont on m'avait parlé ". Les deux jeunes gens ont découvert " une foi ouverte, charitable et intelligente " dans l'Eglise catholique et l’Islam. Pour Younes, le regain d’intérêt pour l’éthique religieuse ne le surprend pas. " Lors de la crise des subprimes, on a parlé de la finance islamique qui a résisté à la crise, comme une alternative à la spéculation abusive ", expliquet-il. Cette recherche de morale dans " un monde qui va mal " est, selon lui, une cause de ce retour à la religion chez certaines personnes. " Je rencontre des incroyants curieux de mieux connaître l’Islam ". Younes enseigne la
Emmanuelle Vieillard
ces jeunes qui ont la foi
lecture du Coran et constate que ses élèves sont pour moitié des agnostiques ou des reconvertis. " Beaucoup de fidèles convertis me présentent des incroyants curieux de connaître mieux l’Islam ", remarque ce lyonnais de 24 ans. Selon lui, la plupart des personnes incroyantes ne se sont jamais ou peu documenté sur les religions : " Lors de mes premières discussions avec des amis athées, ils étaient surpris que ma foi ne se borne pas au mystique mais qu'elle s'intéresse aussi à la raison. Ils l’étaient davantage lorsque j’exprimais la conviction que la science et la religion sont complémentaires. " Le futur imam dispense un enseignement " rigoureux du dogme " tout en invitant à " être perméable à toute forme de savoir ". " Dans la ferveur religieuse, certains confondent rigueur et rigidité ", regrette-t-il. Et de poursuivre : " Nos parents, qui ne se posaient pas vraiment de questions, appliquaient ce qu’on leur disait. " " En tant que jeune catho le témoignage est crucial ". A 21 ans, Guillaume est étudiant, marié et papa. Ses responsabilités précoces ne l’empêchent pas de passer ses week-ends à vivre son engagement religieux. Il a créé
Lyon centre
en octobre 2008 une association d’aide aux SDF qui rassemble aujourd’hui 50 jeunes : Les Festins d’espérance. Un jeudi sur deux, après un moment de prière, les jeunes sortent par équipe de cinq, " on sait très bien qu’on ne sera jamais aussi bien organisé que les grandes associations mais ce que nous voulons c’est passer des moments de partage avec ceux qui sont isolés, comme m’a dit un prêtre qui nous aide : il faut voir la personne du Christ dans le plus pauvre. Après des années où on n’osait plus être catho, on a trouvé le juste milieu, on ne s’affiche pas, pas d’étendard ni de grande croix, mais on en parle. " Une fois par mois, l'association rejoint le groupe de rock évangélique Glorious avec qui ils prient puis sortent dans la rue faire de bonnes actions. Pas d’étendard mais un slogan " I love mon prochain ", imprimé sur des t-shirts. " La vente de t-shirts était au début une opération de com’, on voulait être moins jeuniste que l’évêché avec ses t-shirts oranges immondes ! " Grâce aux fonds ramassés par la vente des t-shirts, thermos et couvertures ont été achetés. " En tant que jeune catho, le témoignage est crucial. L’image
getty images
le groupe de rock évangélique Glorious
des croyants a changé et il faut montrer par sa façon d’être que la religion ne sent pas forcément la naphtaline ! " ■
Les JMJ, encore plus fort que Woodstock Communément, on admet que les jeunes ne se reconnaissent plus dans la religion, que le relativisme et le culte de la science exacte prennent plus de place dans leur esprit que le dogme. Comment expliquer, alors, que ce sont les JMJ qui rassemblent le plus les jeunes générations ?! Les églises françaises et européennes n’en demeurent pas moins à majorité peuplées de personnes âgées (ce sont les jeunesses africaines et sud-américaines les mieux représentées lors des dernières éditions). Mais tout de même. Avec, en 1997, année record, plus de 4 millions de participants à Manille (Philippines), c’est bien un événement religieux qui mobilise le plus ! Woodstock, les festivals allemands de musique électro peuvent aller se rhabiller. Dans l’ordre, le Père, le Fils et le Saint-Esprit rassemblent plus que la paix, les raves parties et la remise en question des valeurs " patriarcales ". décembre 2010 les incorrygibles 25
société
ne pas oublier pour ne pas reproduire
L
Manon Chalmeau
a Seconde Guerre mondiale est le dernier conflit qui a eu lieu sur notre territoire. La Shoah est un traumatisme qui ne concerne pas la seule communauté juive. Il faut pourtant savoir que le devoir de mémoire, tel que nous le connaissons aujourd’hui dans son institutionnalisation, est très récent en France. La reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans les persécutions anti-juives entre 1940 et 1944 a eu lieu en 1995 par Jacques Chirac. Puis la loi du 29 janvier 2001 a reconnu officiellement le génocide arménien. Enfin, la loi Taubira du 21 mai 2001, admet la traite négrière et l'esclavage comme crime contre l’humanité.
" Le devoir de ne pas oublier nous pousse à nous mobiliser " 26 décembre 2010 les incorrygibles
La génération Y française n’a pas vécu les principaux conflits mondiaux du XXe siècle. Mais certains jeunes n’hésitent pas à prendre parti dans les conflits actuels. par Fabien Leone photos Vincent Serrano La génération Y est donc directement sensibilisée par la nécessité de ne pas oublier le passé. " Cette génération bénéficie encore des derniers témoins de la seconde guerre mondiale. La transmission de la mémoire par les témoignages est le moyen le plus constructif. Le défi aujourd’hui est que cette tranche-d’âge transmette ce travail de mémoire aux plus jeunes qui n’auront pas cette opportunité ", explique Jean-Yves Vincent, membre d’une association d’anciens combattants. Un devoir de mémoire qui serait donc respecté par les 16-32 ans sans être, pour autant, une cause militante. La génération Y est concernée par l’immédiateté et se tourne vers le monde. L’actualité le permet. Le conflit israélo-palestinien mobilise " surtout depuis l’opération " Plomb durci " de 2009 et plus récemment l’affaire de la flottille pour la paix " constate Manon Chalmeau, présidente de GénérationPalestine. Cette association de militants de 18 ans à 30 ans organise des voyages afin de " comprendre la situation réelle sur le terrain avec des partenaires israéliens et palestiniens. " De retour en France, l’association organise des soirées de
témoignages et invite des conférenciers comme Stéphane Hessel, l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. " Ces actions nous semblent plus efficaces que les manifestations que nous organisons également " , estimet-elle. " Nous nous appuyons sur le droit international pour légitimer nos actions. Nous n’avons pas d’avis tranché sur les solutions du conflit, mais le droit doit être respecté." Pour cette militante, le devoir de mémoire lui a permis de ne " jamais glisser vers la haine de l’autre. Afin d’être sûr de ne pas écouter des discours antisémites, j’allais à des conférences de militants israéliens pour comprendre ", se souvient la jeune femme de 22 ans. Le militantisme pour la cause palestinienne chez les jeunes pourrait s’expliquer " par notre caractère pragmatique. L’urgence humanitaire à Gaza et l’enlisement des négociations de paix appellent à l’action. Le devoir de ne pas oublier les périodes sombres de l’histoire nous pousse à nous mobiliser pour que cela ne se reproduise plus ", analyse Manon Chalmeau. ■
l'orthographe en mal d'éducation L'illettrisme, les fautes d'orthographes et de syntaxe seraient-ils les maux de la génération Y ?
par Clément Fayol photo Emmanuelle Vieillard
L
s’agirait que d’un espace privilégié où les conventions orthographiques n’existent pas, où les ados et jeunes adultes ignorent consciemment les règles de grammaire lorsqu’ils discutent entre eux, quelque chose de comparable à une Les jeunes, friands de ces espaces nouvelle forme d’argot écrit. d’expressions, en sont les premiers utiliSelon eux, l’usage du net par les adosateurs. Bien souvent sur la Toile, il s’agit lescents respecte "les règles pragmasimplement de transmettre une idée, tiques de l’interaction". Autrement dit, une impression à ses amis. Le style et la le ton léger et minimaliste, les fautes d’orponctuation sont remplacés par des émothographe ou de syntaxe s’expliquent par ticônes. Fini le phrasé travaillé, plus de l’absence dans ces lieux de policiers de suggestions non plus, le smiley prend la la langue française. Les jeunes discutent relève. entre eux, ils ne se reprochent ni ne se Les chercheurs du Laboratoire Langage corrigent ce qu’un prof’ de français aurait Mémoire et Développement Cognitif souligné de trois traits rouges. Mais ils (LMDC-CNRS) ne voient pas pour auseraient capables, lorsqu’on leur impose, tant les jeunes comme des illettrés. Il ne de respecter les règles du Bescherelle. " une crise sans précédent " François de Closets Les mauvais réflexes pris sur les blogs, les forums et les réseaux a écrit un livre à ce sociaux ne suffisent pas à expliquer le manque de maîtrise de la sujet, Zéro faute langue française. Comment un élève peut-il franchir les classes (éditions Mille et de collège et de lycée, obtenir son bac sans maîtriser les bases une nuits). Il affirme de grammaire enseignées en école élémentaire ?! Elisabeth vouloir se débarrasNuyts, enseignante et chercheur en pédagogie prend parti dans ser des complexes son ouvrage L’école des illusionnistes (Broché). "Notre civilisaqu’il a développés, tion est en péril parce qu’elle traverse une crise sans précédent plus jeune, à cause du verbe", le message a le mérite d’être sans appel ! D’après des règles d’orthoelle, les méthodes appelées globale et semi-globale enlèvent tout graphe. Il milite pour caractère analytique de l’éducation à la lecture. De cette façon, une simplification elle explique la recrudescence des dyslexies et autres dysorthode la langue frangraphies. ■ çaise, "il n’y a pas ’écrit ne disparaît pas, il émigre vers de nouveaux supports. Les commentaires et textos ont remplacé les échanges épistolaires. Ces nouveaux procédés d’écriture sont moins exigeants quant à l’orthographe et la syntaxe.
de fautes d’orthographe mais des fautes de français". Ici, ce sont les doubles consonnes arbitraires et exceptions dogmatiques (genoux, hiboux, cailloux…) qu’il pourfend. Il va plus loin "il faut savoir qu’il reste deux tabous en France : la masturbation et les fautes d’orthographe". Pour la masturbation, aucune mesure n’a été prise, en revanche concernant l’orthographe, le système universitaire et les institutions sont déterminés à s’emparer de la question. Car, selon eux, il y a problème même dans le cadre institutionnel que représente l’Université. Michel Mathieu-Colas, maitre de conférence honoraire à Paris XIII soutient le plan " Réussir en licence " et particulièrement le volet concernant la remise à niveau en français, " j’ai enseigné l’orthographe pendant de nombreuses années à l’université Paris-XIII, j’ai pu mesurer, tout à la fois, l’aggravation de la situation et la possibilité d’y remédier ". Dix-neuf universités ont pris le problème à bras le corps, craignant d’une part que l’illettrisme et les dyslexies handicapent les étudiants mais aussi que les lacunes en vocabulaire amènent à une situation où la " communication est brouillée et on ne se comprend plus entre générations ". ■ décembre 2010 les incorrygibles 27
Emmanuelle Vieillard
jeux vidéo
sous le signe du X Y Z
A
Doit-on cantonner un art à la génération qui l’a vue naître ou à celle qui l’a vu grandir ? Entre next-gen et retro le jeu vidéo ne choisit aucun camp.
ucune alternative possible. Le marketing a rendu son verdict : toute chose née entre 1978 et 1994 sera de la génération Y ou ne sera pas. Que penser alors d’un produit en gestation dans les années 50 et qui a pris son envol en 1972 dans un retentissant Pong ? Comment considérer le jeu vidéo, divertissement élevé au rang culturel dans les années 78-94 ? Alors que Super Mario fête ses 25 ans, le constat s’impose : oui sur le papier, il est de cette génération Y. Mais dans la vraie vie, la virtuelle ? Pour Alexis Blanchet, docteur en études cinématographiques, explorant les synergies entre cinéma et jeu vidéo, la génération Y n’a rien à voir avec cela. " Beaucoup de sociologues se sont demandé pourquoi le jeu vidéo était né à cette période. Mieux éduqués, les gens d’une vingtaine d’années dans les années 70 cherchaient un divertissement plus sophistiqué. Cette appellation génération Y est le produit de stratégies mises en application par les industriels. " Le jeu vidéo, un produit créé par la génération X pour la génération X ? Marion
Coville, ayant co-signé l’exposition " Arcade ! jeu vidéo ou pop art ? " ajoute : " Le jeu a sûrement pris les caractéristiques de la génération Y, mais il en va de même pour la plupart des médias et des loisirs d'aujourd'hui. Cela n’a rien de spécifique. " Exit donc besoin d’immédiateté, remise en cause des contraintes, culture consommée et mondialisée… S’ils caractérisent le jeu vidéo, ils ne sont en rien des preuves d’appartenance à la génération Y. Même la remise en cause des contraintes ne peut faire pencher la balance. Car si cette philosophie est à la base du jeu vidéo, ce sont les générations précédentes qui l’ont mise en œuvre. Alexis Blanchet résume : " Le jeu vidéo a le gène du hacking dans son ADN. Il est né d’objets informatiques détournés par des personnes qui aiment exploiter des bugs, modifier les programmes et ne pas suivre les règles ". Rien à voir donc avec " les digital natives ", qui nés une souris d’argent dans la main ne prennent pour la plupart plus la peine de comprendre les mécanismes informatiques. Virginie Malbos
la 4e dimension : le jeu vidéo s'expose Même joueur joue encore
Addictif le jeu vidéo ? Sous forme d’exposition : sans aucun doute. Une heureuse constatation pour le Musée des Arts et Métiers qui en redemande. Son MuseoGames est reconduit pour encore cinq mois. Les duels à coup de « Pong » sur des manettes d’époque devraient cesser en avril. Le Game over n’est donc pas pour tout de suite.
A fond les manettes
Massivement multijoueur
Quand on peut tout toucher avec les doigts, ce sont les yeux qui sont soumis à quelques limitations. Seuls 80 chanceux peuvent accéder à l’exposition en même temps. Une contrainte non rédhibitoire : en cinq mois, 30 000 billets ont été vendus.
Atari VCS 2600, CBS Colecovision, MB Vectrex, Amstrad CPC 464, Nintendo NES, XBox, PS2 ou N64… Autant de consoles qui reprennent vie sous les doigts des visiteurs.
28 décembre 2010 les incorrygibles
Casse-tête
Paradoxal MuseoGames… L’expo qui fait dans le temporaire renouvelé n’est pas à une contradiction près. Si la collection du musée est bien présente, ce n’est pas elle qui fait son succès. Derrière une grille, pour cause d’interdiction de toucher, elle laisse la part belle à celle de l’association MO5, offrant de traverser l’histoire en jouant.
séries
une culture en séries
A
vec le boom internet, c’est tout une industrie des séries télés qui s’est développée. Dernier concept en date, le streaming (de l’anglais " stream ", " courant ", lecture en flux ou lecture en continu). Le but, visionner les épisodes d’une série en instantané sur son ordinateur. Les sites de streaming sont aujourd’hui légion sur les sites web du monde entier et mettent à disposition des internautes la quasi-totalité des séries diffusées sur le petit écran. La nouveauté du moment : les teams traduction. Réunis en petites équipes, certains internautes traduisent de l’anglais au français les épisodes des séries étrangères et notamment américaines. Terminée l’attente interminable des fans avant que les séries ne soient enfin diffusées à la télévision. Les épisodes télévisuels dits " inédits " ne le sont plus tout à fait. Ces flux continus font l’objet de débats quant à leur statut juridique et leur légalité. Si " voir " n’est pas " télécharger " pour certains, lorsque un auteur n’a pas donné son autorisation pour la mise en ligne de son œuvre sur un site source, l’hébergeur (celui qui la diffuse) se rend coupable de contrefaçon. Ceux-ci
Emmanuelle Vieillard
Avec toujours plus de téléspectateurs, de visionnages sur Internet, les séries télés connaissent une flambée depuis les années 1990.
s’exposent donc au courroux de la loi Hadopi (voir encadré). Ces concepts qui naissent sur le net ou qui bouleversent les programmes à la télévision (des soirées entières leurs sont parfois réservées, notamment sur TF1, avec les Experts ou M6, avec Desperate Housewives, Medium ou Bones) sont générationnels. De plus en plus de séries télés, de plus en plus de thèmes abordés. Entre les sit-coms mettant en scène une bande de geeks asociaux (The Big Bang Theory), les nouveaux Friends 2.0 (How I Met Your Mother, Skins), le personnel d’un hôpital (Dr House, Grey’s Anatomy) ou un monde fantastique (Stargate SG-1, Heroes), les goûts et les couleurs sont satisfaits. Les scénarios n’ont que très peu changé (à Beverly Hills succède 90210 Beverly Hills, une version modernisée mais fidèle), l’industrie s’est adaptée aux goûts davantage éclectiques de ses " consommateurs ". Autrefois le parent pauvre du cinéma, de plus en plus de séries sont aujourd’hui adaptées au cinéma (X-Files, Les Simpson) et monopolisent les programmes de la petite lucarne. Les principales chaînes de
télévision ont leur propre série télé, que ce soit un concept créé de toute pièce avec leurs moyens ou importé de l’étranger. C'est le cas pour France 3, avec Plus Belle La Vie, TF1 et ses Experts ou encore Canal+ et sa Maison Close. Née une souris d’ordinateur dans la main droite et une télécommande dans la main gauche, la génération Y s’est nourrie de séries télévisées. Camille Brunier
la solution Hadopi Le texte de loi instaure un dispositif de riposte graduée. Sont prévus, la détection des actes de téléchargement illégal sur Internet, puis l’envoi de messages d’avertissement par une autorité administrative indépendante, avant que n’intervienne le volet répressif : suspension temporaire de la ligne Internet ainsi repérée. Bémol, l’identification d’une personne par son adresse IP à l’heure du WiFi ou du spoofing (usurpation d’identité) est extrêmement difficile. Les longues-vues utilisées par l’Etat pour détecter les " pirates " se floutent facilement, si tant est qu’on maîtrise l’outil Internet. à travers un protocole chiffré, impossible d’analyser les fichiers qui transitent entre la Toile et un ordinateur. Grâce à un proxy (ordinateur faisant office de passerelle entre un autre ordinateur et Internet) ou à un VPN (réseau privé virtuel), les adeptes des réseaux P2P (peer to peer, modèle de communication entre deux ordinateurs) sont à l’abri. Pourtant, les internautes dénoncent bien davantage un système où l’accusé se retrouve " présumé coupable " et où l’action d’un seul pourrait entraîner la punition de tout un groupe (dans le cas d’une connexion partagée par une famille entière). ■ décembre 2010 les incorrygibles 29
influence 30 décembre 2010 les incorrygibles
années 2000, ère de la japanmania
Partie du manga, la culture populaire japonaise prend une place de plus en plus importante en France. par Jérôme Paquet photos Virginie Malbos
O
viennent soutenir les ventes de BD en France, qui ont tendance à s’effriter un peu. Désormais, les mangas représentent plus de 40% des ventes de BD en France. L’Hexagone est d’ailleurs devenu le deuxième pays consommateur de mangas, derrière le Japon et devant les EtatsUnis, avec 23 millions d’exemplaires lus chaque année. Pour en arriver là, il y a eu un long travail marketing, que n’ont pas su mener les producteurs de dessins animés ou de BD français. Plus de 300 mangas ont été adaptés en jeux vidéo (Dragonball Z évidemment, mais aussi l’incontournable Final Fantasy, ou encore Bleach), contre très peu de jeux qui tiennent la route en France. D’autres produits dérivés permettent à la culture populaire japonaise de grandir, notamment grâce aux figurines des héros de mangas, mais aussi aux cartes à jouer. On n’est plus obligés d’attendre de voir qui gagne à la fin de la série, on peut réécrire toute l’histoire avec ses camarades de classe. Depuis le début des années 1990, la culture populaire japonaise a développé un véritable business, qui s’est traduit par l’organisation, à partir de 1999, de la Japan Expo, à Paris. Le concept est simple : réunir dans un grand salon tous les aspects de la culture japonaise (manga, animés, musique, jeux vidéo, mais aussi arts martiaux, mode ou tradition) et un grand nombre de leurs fans. Le pari est réussi : 3200 visiteurs la première année, et plus de 180 000 en 2010, dont 46% de 15-25 ans. De quoi pousser les organisateurs à organiser la première Japan Expo Sud à Marseille en 2009. Aujourd’hui, la plupart des grandes villes de France ont leur événement sur le Japon (Japan Touch à Lyon, Japan Event à Clermont, Passion Japon à Nantes, etc.). Un moyen pour les organisateurs d’ancrer la culture japonaise en France, et surtout d’en profiter pour développer leur marketing. Les salons sur le Japon sont l’occasion d’assister à des concours de cosplay, où les participants se déguisent en leur héros favori. Un bon moyen de faire vivre les personnages à travers les déguisements. Et en rentrant du salon, on mange bien souvent dans un restaurant à sushis, ils poussent comme Salon " Japan touch " à Villeurbanne des champignons. ■
n a d’abord pensé que le manga ne serait qu’une mode. Ça, c’était dans les années 80. Goldorak, Albator, Capitaine Flam ou encore Candi commençaient à se faire une place à la télévision, parce que le Club Dorothée et ses concurrents cherchaient des dessins animés et tombaient sur le vide artistique français de l’époque. Et puis, Akira (en 1990) et surtout Dragonball Z (en 1993) ont envahi les librairies françaises et les écrans de télé. " Ça changeait par rapport aux dessins animés français, explique Kévin, 22 ans. Ça faisait plus rêver, et puis c’était addictif. " Addictif parce que le format a changé, lui aussi. Au lieu de faire des épisodes indépendants, les mangakas japonais construisaient une véritable série animée à partir des mangas. " Il y avait une histoire plus longue, donc on avait toujours hâte d’être le mercredi suivant pour voir la suite. " Côté filles, même constat. " Les dessins animées japonais avaient l’air moins nunuches que les français ", estime Lucile, 18 ans, qui a grandi avec Lady Oscar, l’histoire d’une jeune fille élevée comme un garçon puis chargée de la garde de Marie-Antoinette. Après la télé vient l’intérêt pour la version papier, les mangas à proprement parler. Avec 17 millions d’exemplaires vendus en France, Dragonball Z s’est imposé comme la référence de la BD japonaise. Dans son sillage, ce sont Nicky Larson, Yu-Gi-Oh !, Naruto, Love Hina ou encore Nana qui trouvent leur public, et
t
guest-lis
best-of
Harry Potter et les reliques de la mort
David Yates Ultime combat pour le plus célèbre des sorciers qui sèmera l’impatience : le round 2 n’est pas prévu avant juillet.
Date Limite
Todd Phillips Du grand Robert Downey Jr, souffre-douleur d’un Zach Galifianakis au mieux de sa forme sur fond de road-movie catastrophe.
musiques
livres
The defamation of Strickland Banks de Plan B Pendant des années, il n’a pas osé faire du rap parce qu’il était blanc, et puis Eminem est arrivé. Il est Anglais et chante avec une voix super aigüe, c’est vraiment extraordinaire.
Where The Ocean
Ends - Cocoon Retour du duo le plus folk du moment. Un nouvel album au ton un peu plus pop, des rythmiques plus variées. Toujours aussi mélodieux. Cocoon reste irréprochable.
La chute des géants
Ken Follett Un projet ambitieux : résumer l’histoire du XXe siècle à travers celle de cinq familles. L’auteur de polars maitrise toujours l’art du roman historique.
Zombie d’Olivier et Sophian Cholet Une évidence pour moi. Rien que pour les dix premières pages, il faut la lire. C’est rare les français qui osent s’attaquer aux zombies. En fait, c’est tellement un genre américain que même si l’album est réussi, les passionnés rechigneront car c’est français. Oser le faire, c’est couillu. recueilli par Virginie Malbos
bd
Nothing
N.E.R.D Un 4ème album qui brosse tous les styles musicaux. Hip Hop, funk, pop, électro. De quoi prouver une nouvelle fois le talent de ce groupe dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Cormac McCarthy Bouleversant de réalisme, ce Pulitzer post-apocalyptique est réédité pour les fêtes de fin d’année. On ne l’offrira jamais trop.
Danger Days
Vinland Saga 8
Makoto Yukimura Le fils d'un Viking assassiné infiltre le clan adverse pour se venger. Il se retrouve dans une guerre pour conquérir l'Angleterre. Bluffant.
L’Yvain de Kaamelott et heureux papa multitâches de Hero Corp a donné de sa personne dans le coffret intégral qui vient de sortir.
séries tv
expos
The Walking Dead
La France en images
jeux
Un groupe d’Américains tente de survivre dans un monde envahi de morts vivants. Les effets spéciaux sont excellents et le suspense intense.
BNF, Paris Six ans de voyage de Depardon en France résumés par 36 photos. Un tour de l’Hexagone étonnant, et tout en couleurs.
Super Mario All Stars
sur Wii Retour vers les années 80, pour le plombier qui fête ses 25 ans avec un coffret et 4 Super Mario Bros à la clé.
My Chemical Romance Après un passage punk et un autre émo, le groupe américain revient de façon plus positive, et toujours aussi dynamique.
Dexter
Sommeil
Potiche
Birds and Drums
The Bewitched Hands Le premier album du groupe psychédélique rémois. Des mélodies dynamiques, à mi-chemin entre rock, pop et électro.
dvd Mother fucker de Florence Foresti 90 minutes sur les joies d’être mère…de la maman poule à la mère irresponsable, un témoignage tordant. Inception Un groupe de professionnels de " l’inconscient " plongés entre rêve et réalité. Coffret Jean-Luc Godard 9 films d’un des maîtres de la Nouvelle Vague, dont des inédits.
keskiscpass.com
François Ozon Une bonne comédie française aux résonnances actuelles qui compile émotions, humour, casting de rêve et table en Formica.
Simon Astier
La route
Tron l’héritage
Joe Kosinski Des retrouvailles père fils dans un programme de jeu vidéo. Le retour du film culte de la génération X. Pour la Y, ce sera en 3D. Pas moins.
How to make it in America En résumé, c’est l’histoire d’un mec qui fait des fringues. ça paraît chiant, mais en fait, c’est une série très moderne, très déroutante. Les gars qui la font sont aussi à l’origine d’ "Entourage", un fantasme pour les petits acteurs comme moi.
DR
cinémas
Haruki Murakami Une des plus belles nouvelles du Japonais à la plume onirique. L’histoire, illustrée, d’une mère au foyer redécouvrant la vie quand tout le monde dort.
Bludzee
Lewis Trondheim Un chat décide de remplacer son maître tueur à gages, enlevé. Tout en couleurs et en humour dans un format inédit.
Expert scientifique du service médico-légal de la police de Miami, père de famille et… tueur en série. Ce serial killer est le plus doué de sa génération.
Biennale du Design
Cité du design, Saint-Etienne Vingt expositions témoignent des futurs possibles : villes mobiles, prédictions ou ubiquité, la science-fiction version désignée.
Assassin’s Creed Brotherhood
sur PS3 et Xbox360 La lutte reprend entre Assassins et Templiers. Depuis les toits de Rome, le voyage dans le temps est toujours aussi envoûtant.
Lost saison 6
Apocalypse Bébé
Virginie Despentes Moins cru et agressif mais toujours trash. Quand Despentes rencontre le roman policier, elle ne renonce pas à la subversion.
Il était une fois en France
Fabien Nury et Sylvain Vallée La véritable histoire de M. Joseph, un vichysto-résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, avec des dessins réalistes pour une traversée dans le temps.
Ultime saison de la série. Rebondissements, révélations, émotions. Et en bonus dans le DVD, un épisode inédit " l’Epilogue ".
Brune Blonde
La cinémathèque française, Paris Cheveux longs, courts ou voilés. Teintes dorées ou chocolat. L’histoire du cinéma décortiquée au cheveu près.
Super Meat Boy !
sur PC et Xbox360 Barré et punchy. Dans ce jeu de plateforme un morceau de viande essaye de sauver sa princesse sparadrap.
décembre 2010 les incorrygibles 31
1978
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jeux vidéo
génération Y
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