Le bois-énergie, première ressource renouvelable en France Le bois-énergie, un marché bien réel, un fort potentiel de croissance Avec, 9,8 M tep (Tonnes équivalent pétrole) consommées en 2001, soit 4 % de la consommation primaire nationale, le bois-énergie est la deuxième source d’énergie nationale après l’hydraulique. Dans ce total, la part du secteur domestique est largement prépondérante et les secteurs collectif, tertiaire et industriel ne représentent ensemble que 12% du bois-énergie consommé. En 2001, la chaleur représentait 40% de l’usage de l’énergie en France. En France, le chauffage des 24 millions de résidences principales représentait 31,5 M Tep en 1999. 6,5 millions des résidences principales utilisent le bois (45% des ménages), généralement en appoint avec des cheminées ou des poêles. La consommation de bois de chauffage dans les résidences individuelles principales en France s’élevait à près de 50 millions de stères au cours de la saison de chauffage 1998 – 1999. La ressource encore disponible est évaluée à 3 millions de Tep, soit 15 millions m3 de bois économiquement récupérables. Ce potentiel pourrait fournir l’énergie à 2 millions de logements supplémentaires. L’accroissement naturel des forêts et l’abandon des terrains agricoles en friche accroît ce potentiel de 30 000 ha/an. Cet effet est renforcé par les problèmes sylvicoles engendrés par la non réalisation des travaux sylvicoles, de type éclaircie. Faute de débouchés suffisants pour ces sousproduits (branches, houppiers, petites perches), les exploitants forestiers sont contraints de les abandonner. Le manque d’entretien des forêts augmente ainsi les risques d’incendie, les risques sanitaires (maladies) et les effets dévastateurs des tempêtes. Chaque année, des millions d’euros sont ainsi perdus. Pourtant, le bois-énergie a un potentiel de création de richesse et d’emplois à hauteur de 1,5 milliards d’euros par an en France équivalent à la création de 50 000 emplois. Il constitue donc un marché bien réel avec un fort potentiel de croissance. Le bois-énergie, une panoplie très large de débouchés Le marché domestique : vers une diminution des consommations Avec les cheminées, les poêles et les chaudières, le particulier dispose d’une offre très complète de moyens de chauffage d’appoint ou principal. Le particulier représente à lui seul plus de 85% du marché. Mais la consommation de bois-énergie dans le secteur domestique régresse doucement depuis une décennie aux dépends en particulier de l’autoconsommation et ceci malgré la croissance du parc des appareils. Ceci est du à la réduction des consommations unitaires suite à l’amélioration des performances des appareils mais surtout au vieillissement de la clientèle que se tourne vers des systèmes plus automatiques, ne connaissant pas aujourd’hui les possibilités apportées par le bois en matière de confort. Ceci a pour résultat direct d’accroître de plus en plus la quantité de ressource disponible ou non valorisée. Il y a donc ici matière à redynamiser ce marché capable d’ingurgiter des quantités énormes de bois, vendues à un prix très correct, en particulier en faisant connaître ce secteur à une clientèle nouvelle, celle des jeunes qui travaillent la journée et qui sont prêts à faire un geste pour une énergie plus propre : mais cette demande est différente et l’offre doit l’être également.
L’industrie du bois : vers une autosuffisance énergétique Chaque étape de la transformation du bois génère des sous produits (de 10 à 70%). Ces sous-produits se présentent sous différentes formes : les écorces, les sciures et copeaux, les chutes courtes et chutes diverses. Une partie de ces déchets de bois peut être valorisée pour la fabrication de papier ou de panneaux agglomérés. Le reste tend maintenant à être consommé en interne pour le chauffage des bureaux, des ateliers, pour la production de chaleur pour le séchage du bois, pour la production d’électricité, ou éventuellement pour le chauffage des habitations voisines. Ce marché est limité et représente un peu plus de 10% de la consommation de bois-énergie en France. Ce sont surtout les contraintes réglementaires qui ont poussé les industriels dans cette voie, les intérêts environnementaux et économiques étant souvent trop mal mis en valeur face aux sirènes des énergies polluantes concurrentielles. Les marchés publics : l’objet des politiques actuelles Ils ne représentent encore que quelques petits points du marché du bois-énergie, cependant il canalise l’essentiel des politiques publiques françaises, toutefois encore bien timides au regard de certains autres pays européens. Ils constituent depuis le lancement du plan bois-énergie en 1995 une locomotive pour le secteur des chauffages automatiques modernes. Il existe aujourd’hui plus de 660 chaufferies collectives fonctionnant au bois en France. Quelques grandes villes sont aujourd’hui équipées de réseau de chaleur au bois, qui alimente en chauffage et en eau chaude des quartiers entiers (immeubles, bâtiments tertiaires, autres équipements collectifs) à partir d’une chaufferie centrale et d’un réseau enterré. Les réseaux de chaleur ont un très bon impact environnemental pour la résorption intelligente des déchets, pour la création d’emplois, l’entretien des paysages ou encore la réduction des émissions de CO2. Ces réalisations restent cependant encore modestes en tailles au regard de ce qui existe en Scandinavie où des dizaines de réseaux de chaleur urbains de plus de 100 km longueur et de plus de 50 MW de puissance bois réalisent une part importante de la chaleur et de l’électricité de ces pays. Au vu de la densité de population de nos agglomérations et de la disponibilité grandissante de la ressource, il y a place maintenant pour des installations importantes de production de chaleur au bois. La production d’électricité peut aussi se concevoir mais dans un soucis de rationalité énergétique et environnementale, c’est à dire seulement en cogénération devant un production de chaleur. La chaufferie du quartier Sous-Plumont à Dole dans le Jura a été rénovée en 1998 et dessert 286 logements. 80% des besoins en chaleur sont désormais assurés par une chaudière automatique au bois de 900kW. La chaufferie est régulièrement approvisionnée en plaquettes (bois déchiqueté) et écorces. L’installation est entièrement automatisée depuis le convoyage jusqu’au foyer et à l’évacuation des cendres. Un système multicyclone assure l’élimination des poussières dans les fumées. Le rendement global de l’installation s’élève à 82%. Les propositions pour renforcer le bois-énergie Des mesures ont été proposées lors du débat national sur les énergies en 2003, pour le développement de la chaleur renouvelable par un collectif d’associations
(AGEMO, AMORCE, ATEE, Biomasse Normandie, CLER, Energie-Cités, FG3E, ITEBE et SER). Dans le cadre du prochain projet de loi d’orientation énergétique, les associations nationales et européennes demandent qu’un chapitre entier concerne la Chaleur et en particulier de la Chaleur renouvelable, afin de faire reconnaître politiquement et juridiquement ce service énergétique de première nécessité et de définir les bons usages de la chaleur, les objectifs chiffrés en matière d’économies d’énergie, de diminution des émissions de gaz à effet de serre,.de développement de la chaleur renouvelable en matière de chauffage et d’eau chaude sanitaire. Le rôle des acteurs Les dispositifs de soutien à cette nouvelle politique. Un des dispositifs de soutien concerne la création d’un fonds de service public de la chaleur. Il pourrait être géré par la Caisse des Dépôts et de Consignation pour permettre de financer (à hauteur de 500 M€) la production de chaleur, produite à partir des énergies renouvelables. Ce fonds pourrait être assis sur les consommations finale d’énergies pour les besoins de chaleur. Les modalités de soutien pourront être définies en fonction des spécificités des filières et seront complémentaires des aides allouées par l’ADEME. Les autres mesures : D’une part, l’offre de bois-énergie pourrait être soutenue par le lancement d’un programme de recherche et développement pour aider les fabricants à développer des appareils toujours plus performants, notamment dans le secteur domestique (85% de la consommation de bois-énergie en France). Ce programme devrait aussi bien porter sur les appareils de production de combustible, sur les logistiques d’approvisionnement, que sur les technologies de chauffage afin de développer une filière performante. Les métiers de production de combustibles pourraient ainsi être plus attractifs pour les jeunes. La production de bûches en forêt est pénible mais elle devient plus facile dans des installations sur sites dédiés. Il faudrait aussi encourager un programme de formation des acteurs de la filière : exploitants forestiers, bureaux d’études, conseillers bois-énergie, collectivités, installateurs, exploitants de chaufferies... Ces formations ont pour but de professionnaliser tous les secteurs de la filière. L’offre en bois-énergie a également besoin de structurer et développer du circuit de distribution des combustibles : − structurer des producteurs de combustibles : création d’un code NAF pour les producteurs de bois de chauffage, d’aide financière (emprunt à taux bonifiés) au stockage pour améliorer la qualité de leur produit. − encourager la production de plaquettes forestières, notamment en rémunérant les autres services rendus par cette exploitation : éclaircies, lutte contre les incendies, amélioration de l’état sanitaire des forêts, entretien du paysage … − revaloriser le prix de rachat de l’électricité produite à partir du bois (actuellement elle est au maximum de 6.1 c€/kWh et reste insuffisante pour le développement de ces unités. Augmenter le tarif à 8 c€/kWh pour les installations fonctionnant avec des plaquettes forestières. D’autre part, les propositions concernant la demande en bois-énergie consistent à
rétablir l’égalité des chances dans le choix des énergies en intégrant tous les coûts externes dans les calculs de coûts c’est - à - dire les coûts environnementaux : en instaurant une taxe CO2 ou des crédits carbone. réserver la consommation des énergies chères, polluantes ou en voie de raréfaction (électricité et fioul) aux usages d’entraînement mécanique et aux usages spécifiques de l’électricité. mettre en place d’une politique de communication pour moderniser l’image du bois-énergie auprès des particuliers mais également des représentants des collectivités locales, des bureaux d’études, des élus … mettre en place des crédits d’impôts aux usagers de la chaleur renouvelable Pour le secteur domestique des mesures plus spécifiques peuvent être aménager : moderniser du parc de chauffages domestiques au bois français en 10 ans (à réaliser en priorité pour améliorer l’image du bois-énergie, mais aussi pour respecter les règles européennes actuelles et futures sur les émissions). Des déductions ou incitations fiscales lors du remplacement d’anciennes installations pour une installation moderne et performante pourraient constituer une des mesures incitatives (emprunt à taux zéro, crédits d’impôt …). systématiser l’évaluation des besoins énergétiques et le dimensionnement correct de l’installation lors du remplacement d’un ancien système : mettre en place une aide à la réalisation de cette étude. inciter des particuliers à l’installation d’un appareil performant passe également par une information accrue du grand public sur le boisénergie : lancer des campagnes de communication à grande échelle sur les énergies renouvelables. Pour le secteur collectif et tertiaire : promouvoir le chauffage collectif au bois en rendant obligatoire l’étude comparative entre les différentes énergies pour toutes constructions de plus de 300 m2. aider au développement des réseaux mixtes public-privé en facilitant les procédures administratives. accroître le programme bois-énergie mené par l’ADEME Pour le secteur industriel, l’effort de promotion des installations bois-énergie est à poursuivre auprès de l’industrie du bois et de l’agriculture. Les budgets d’intervention qui seraient nécessaires pour atteindre les objectifs des accords de Kyoto, ceux du Livre Blanc de la Commission Européenne et surtout pour profiter pleinement des ressources nationales s’élèveraient à 300 000 000 €/an pendant 10 ans. Cet effort permettrait de baisser les importations d’énergie, de créer des emplois, d’apporter des recettes fiscales et sociales supplémentaires et permettraient également de réaliser des économies sur l’entretien des espaces ruraux et sur la lutte contre les incendies de forêt. Frédéric Douard, Directeur de l’ITEBE Institut Technique Européen du Bois-Energie 28 boulevard Gambetta BP 149 F- 39004 LONS le SAUNIER Cedex
TĂŠl : +33 384 47 81 00 - Fax : +33 384 47 81 19 Email : info@itebe.org Internet : www. itebe.org