Introduction
Casablanca et Chandigarh sont des villes très différentes. La région qui accueille aujourd’hui Casablanca a été occupée depuis l’Antiquité tour à tour par les Berbères, les Phéniciens, les Romains, puis les Portugais. À partir de 1910, elle passe sous domination française. Les Français restaurent et rebâtissent alors cette ville ancienne, qu’ils destinent à devenir la capitale économique du Maroc. Chandigarh, quant à elle, est une ville entièrement nou velle, dont la construction se déroule dans les années suivant l’accession à l’indépendance de l’Inde de la domi nation britannique, en 1947. Les conditions historiques qui marquent la réorientation des modes de planification urbaine, dans le cas de Casablanca, et la naissance d’une nouvelle capitale, dans celui de Chandigarh, forment le contexte de la recherche présentée ici. D’un côté, l’administration du protectorat français cherche à instaurer un processus de transformation accélérée en matière de gestion de l’aménagement urbain pour une nation en marche vers l’indépendance. Ce processus s’accompagne de la nomination de Michel Écochard, urbaniste che vronné et éminent, et de la décision de faire de Casablanca, ville d’environ 40 000 habitants à cette époque, la ville la plus importante du pays. De l’autre côté, la nécessité d’avoir une nouvelle capitale au Pendjab est une conséquence de la tourmente déclenchée par la Partition, processus dramatique par lequel l’Inde et le Pakistan deviennent des pays autonomes. Si la création du Pendjab indien, berceau de la foi sikhe à la frontière du Pakistan, atteste de l’affranchissement du joug de la domination coloniale, lui donner Chandigarh comme nouvelle capitale témoigne surtout de l’habileté politique et de la déter mination du premier ministre Jawaharlal Nehru, premier dirigeant de l’Inde indépendante, dont le leadership indiscutable est à plusieurs reprises illustré dans les récits
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