Colette Besson, la flamme éternelle

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COLETTE BESSON


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Autres ouvrages d’Alain Billouin

Athlétisme, courses et concours (2 tomes), Robert Laffont, 1977. Le Livre d’or de l’athlétisme (8 tomes), Solar, 1978-1985. Jogging, en bande dessinée, Chancerel, 1980. Patinage, avec Philippe PÉLISSIER, Robert Laffont, 1989 (prix Marie-ThérèseEyquem). Courir, avec Cordner NELSON, Robert Laffont, 1995. « L’Équipe », Cinquante Ans de sport, dirigé par Robert PARIENTÉ, avec Serge LAGET, Alain BILLOUIN et Alain LUNZENFICHTER, L’Équipe, Calmann-Lévy, 1995 (grand prix de la Littérature sportive). La Magie de l’athlétisme, avec Roberto QUERCETANI et Mel WATMAN, éditions IAAF, 1998. Le Patinage français, Légende d’un siècle, Solar, 1999. L’Athlétisme français, Livre d’or des exploits du siècle, Solar, 2000. 100 Dieux du stade, Solar, 2001. Les 90 Ans de l’athlétisme mondial (coauteur), Éditions de l’IAAF, 2002 La Fabuleuse Histoire de l’Athlétisme, avec Robert PARIENTÉ, Minerva-La Martinière, 2003. Périls sur les jeux Olympiques, avec Henri CHARPENTIER, Le Cherche-Midi, 2004 [prix Iris d’honneur du Fair-Play (CNOSF)]. Les 50 Plus Belles Histoires du Stade de France, Timée-Éditions, 2005. Michel Jazy, l’Ange de la piste, Prolongations, 2007. Les Déesses du sport, avec Henri Charpentier et Serge Laget, La Martinière, 2007 (prix du Plus bel ouvrage sportif illustré de l’année 2007, au Sportel de Monaco). Laure Manaudou, un fabuleux destin, Solar, 2008.

© Éditions Jacob-Duvernet, 2008


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ALAIN BILLOUIN JEAN-PAUL NOGUÈS

Colette Besson FLAMME ÉTERNELLE

Préface de Michel Drucker

ÉDITIONS JACOB-DUVERNET


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Sommaire

Préface de Michel Drucker ..................................................................9 Avant-propos de Michel Lenguin................................................................11

PREMIÈRE PARTIE Destin d’une championne par Alain Billouin

1. Le manège enchanté .........................................................15 2. « Une cavale, crinière au vent… » ...................................21 3. « À bientôt sur l’écran »...................................................33 4. Un septième ciel olympique .............................................45 5. Monsieur Saint-Omer, le Pygmalion ................................61 6. Cendrillon revient du bal ..................................................73 7. Comme une lumière d’or..................................................81 8. Vive Nicolette !.................................................................91 9. Munich, revoilà les JO !..................................................101 10. Dernière ligne droite.....................................................113


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DEUXIÈME PARTIE Passions d’une femme par Jean-Paul Noguès

1. Premier Tango à Lomé....................................................123 2. Droit au cœur ..................................................................133 3. Au-delà des mers ............................................................141 4. En route pour le paradis..................................................155 5. Bonjour Paris !................................................................165 6. Pour la beauté du geste ...................................................173 7. « L’école bessonnière ».................................................. 197 8. La guerre aux tricheurs...................................................203 9. Destin cruel.....................................................................213 10. Voir Venise ....................................................................227 11. Cette flamme toujours en elle.......................................243 12. Encore partie courir ......................................................249 13. Adieu Colette ................................................................263

Annexes Sa carrière en bref .......................................................................271 Les grandes dates de sa vie.........................................................272 Stades et gymnases Colette-Besson ............................................274 Remerciements ............................................................................275


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Préface de Michel Drucker

Au moment où la France se regarde dans le rétroviseur de Mai 68, où Daniel Cohn-Bendit et les étudiants de Nanterre, devenus depuis des papys, revivent leur jeunesse, j’ai envie de me souvenir d’une jolie silhouette qui a marqué à jamais l’ancien reporter sportif que je suis. Mon Mai 68 à moi restera comme un épisode particulièrement sombre. Viré par le général de Gaulle qui n’avait pas supporté que les vedettes de l’ORTF de l’époque paralysent sa télévision, je dois à Colette Besson le seul moment de joie de cet été cauchemardesque. Car la star qui succéda aux héros des barricades fut cette jeune femme de 22 ans qui illumina le ciel de Mexico en remportant l’une des épreuves reines, le 400 m. Colette avait travaillé dur pour remporter cette médaille d’or. Je me souviens de sa préparation à Font-Romeu où, profitant des longues grèves de mai, elle avait pu s’acclimater à l’altitude en dormant sous la tente pendant plusieurs semaines. Quand elle remporta cette précieuse médaille, ses larmes sur le podium olympique bouleversèrent la France. Même le général de Gaulle, à peine remis de la révolte étudiante, avoua lors de la réception des athlètes français à l’Élysée que Colette Besson avait été la seule femme à l’avoir fait pleurer. 9


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Colette Besson

Vingt-cinq ans avant Marie-José Pérec, il faut se souvenir de l’exploit de celle qu’on appela « la petite fiancée de la France ». Colette Besson était lumineuse, talentueuse, irrésistible. Mexico passé, cette athlète exemplaire continue de courir loin de la France, jusqu’au jour où, lors d’une tournée en Afrique, elle rencontrera Jean-Paul Noguès, son futur mari, à qui elle donnera deux charmantes filles qui peuvent être fières de leur maman. Au cours de ces dernières années, j’ai revu souvent Colette, qui défendit ardemment la candidature de Paris aux jeux Olympiques de 2012. Toujours souriante, alors qu’elle se savait gravement malade, elle a donné jusqu’à la fin de sa vie l’image du courage dont elle avait fait preuve pendant toute sa carrière d’athlète. Il y a quelques mois, en me promenant sur le port de La Rochelle, où elle s’est éteinte le 9 août 2005, j’ai repensé au regard radieux de cette championne exemplaire, battant sur le fil la grande favorite, la Britannique Lillian Board, après une extraordinaire fin de course, bouclant le tour de piste en 52 secondes. À quelques semaines des JO de Pékin, Alain Billouin et JeanPaul Noguès vous racontent l’itinéraire hors du commun et parfois douloureux d’une femme d’exception. Colette ne s’est pas seulement battue sur la piste. Sa vie n’a pas été épargnée par les drames, qu’elle a su surmonter avec discrétion et élégance, comme seuls les grands champions savent le faire. Michel Drucker

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Avant-propos par Michel Lenguin*

Quatre cents mètres menant à l’Olympe sur les hauts de Mexico, une Cendrillon à la brune chevelure, une émotion collective : telle est l’image que les médias, avides d’exploits, ont cru devoir retenir de Colette Besson. Sa vie pourtant fut autrement accomplie : une ascèse persévérante, des vertus acquises et maintenues au prix d’une volonté sans faille, dans un tête-à-tête permanent avec soi-même. Sans doute avait-elle la grâce, c’est-à-dire l’élégance, de gommer les aspérités d’un cheminement qui n’était pas tout tracé. Rien ne lui fut donné. Dès son enfance, la vie fut avec elle exigeante ; seule la porte étroite lui était proposée pour accéder à l’essentiel. Ses dons d’athlète, partout salués et certes évidents, n’étaient pas exceptionnels. Déjà pointait la détermination qui fera d’elle la sportive et la femme que nous avons connues. Pugnace, courageuse, honnête, généreuse, responsable, authentique, c’est ainsi qu’elle était. Pugnace et courageuse pour s’extirper, dès l’enfance, d’une condition difficile, mener le double défi d’un projet professionnel et d’un projet sportif contre vents et marée, c’est-à-dire malgré des moyens matériels pré* Président d’honneur du Bordeaux Étudiants Club. 11


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Colette Besson

caires et la médiocrité des agissements de l’institution. Pour oser mettre aussi sa notoriété en jeu en participant à des épreuves qui n’étaient pas sa spécialité. Généreuse et solidaire, elle le fut au détriment de sa préparation spécifique et de la performance, en mettant son talent au service de l’équipe du Bec dans les cross hivernaux et les compétitions interclubs, afin de savourer une joie partagée. Honnête, son éthique était l’esthétique de sa vie. En tous temps et tous lieux, elle refusera toutes formes d’opportunités loin de ses idéaux. Son nom, sa notoriété, elle les mettra au service des causes justes, soutenant les faibles et les déshérités de la vie. Responsable, elle a été l’enseignante qui inculquait à ses élèves les réalités de la vie, qui les aidait à les supporter, et qui les mettait en garde contre les mirages héroïques du champion. Jusqu’à la fin, elle dénoncera tricherie et dopage en acceptant la responsabilité de présider aux activités du Laboratoire national de détection du dopage de Châtenay-Malabry. Authentique, elle agissait et parlait vrai. Pensant à elle, nous nous rappelons d’Antoine Blondin, qui écrivait : « Explosion de féminité » lorsqu’il évoquait sa grâce et son autorité dans l’exercice de son talent ! Dans sa manière d’être et d’agir, elle alliait simplicité, éthique et esthétique. De l’Olympe redescendue, elle nous aura instillé le philtre d’un humanisme responsable. Merci Colette.

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Première partie DESTIN D’UNE CHAMPIONNE

par Alain Billouin


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Le manège enchanté

Saint-Georges, doux pays de son enfance… Tout part de cette charmante ville de Saint-Georges-de-Didonne, sur la Côte de Beauté, située à l’estuaire de la Gironde et dans le prolongement sud de Royan. C’est bien là que grandit tranquillement une jolie petite fille aux longs cheveux bruns, au regard ardent, dont le nom sera bientôt sur toutes les lèvres. C’est là que se dessine le destin fabuleux d’une future championne olympique qui fera chavirer de bonheur la France entière en 1968. Elle s’appelle Colette Besson. Colette habite chez ses parents dans une bien modeste maison de bois, au 38, rue du Chemin-Vert, aux confins du village, avec Francine, sa cadette plus jeune de dix ans, et son frère aîné, Claude, quatre ans plus âgé. Cette demeure a en fait été reconstruite en lieu et place d’une maison détruite pendant les bombardements de la guerre. Henri, le papa, est chauffeur de taxi. Cette activité le mobilise presque essentiellement pendant la saison estivale, quand les vacanciers, qui débarquent en force, envahissent joyeusement la cité, transformée alors en coquette station balnéaire dont la réputation ne cessera de croître. Quand surviennent la fin des vacances et la rentrée des classes, M. Besson change un peu d’activité pour se consacrer à des tâches intérimaires 15


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Colette Besson

de manutention où de pêche aux alevins d’anguilles (les pibales) très prisés par les gastronomes. Simone, la maman de Colette, est femme au foyer et effectue des travaux de couture et de tricot. Pour améliorer l’ordinaire, il lui arrive de s’occuper de l’entretien ménager au domicile d’un notaire, ou bien elle propose ses services à un restaurateur. Chez les Besson, on ne roule pas sur l’or, c’est clair. Pour Colette, petite fille vive et joyeuse, la vie s’écoule paisiblement dans cette ville si agréable de Saint-Georges-de-Didonne, au milieu de concitoyens avenants comme le sont généralement les Charentais. On proclame aussi sur les affiches touristiques de l’époque, vantant la beauté du site, qu’ici, c’est « le paradis des enfants ». Le cadre est en effet superbe avec sa très longue plage de sable fin bordée d’une forêt de pins maritimes et de chênes verts. Elle s’étale sur près de deux kilomètres entre le phare aux 36 marches datant du début du siècle et la falaise calcaire de Suzac. Depuis cet endroit majestueux qui conserve les vestiges austères d’un ancien bunker allemand du mur de l’Atlantique, il est surtout possible de découvrir l’immensité de l’Océan avec, de l’autre côté de l’estuaire de la Gironde, le fameux phare de Cordouan. À Saint-Georges-de-Didonne, les couchers de soleil sont sublimes. L’air est pur et vivifiant. La vie est animée, même en dehors de l’été, avec notamment le marché autour de l’église Saint-Georges, bâtie au XIIe siècle. Colette adore sa ville, les baignades l’été, et se signale assez tôt par son heureux tempérament et une vitalité peu commune. Encore petite fille, elle a surtout la passion de la danse, mais elle aime aussi courir et ne s’en prive pas quand sa maman lui demande d’aller faire quelques commissions. Parfois d’ailleurs, elle se mesure à son frère Claude, qui prend difficilement le dessus. Les gens du village ont pris l’habitude de voir la petite Colette surgir en courant au détour d’une rue. Claude et Colette raffolant des activités athlétiques, ils décident un jour, d’un commun accord, de confectionner un sautoir en hauteur dans le jardin familial. « J’en avais tellement envie que mon père n’a pas hésité à sacrifier plusieurs rangs de fraisiers 16


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Destin d’une championne

pour installer ce sautoir, a raconté Colette plus tard. On est allé chercher du sable dans les dunes pour la fosse de réception. Un menuisier ami, M. Metoyer, nous a fabriqué des poteaux. Et avec Claude, on essayait à tour de rôle d’améliorer nos records personnels. Je crois que je n’ai pas dépassé 1,48 m. » Colette, bien entendu, fréquente d’abord l’école primaire de Saint-Georges-de-Didonne. Et voici l’heure des premiers examens. Elle a 14 ans et va passer son certificat d’études. Il y a des épreuves physiques au programme. Pour les préparer, la directrice de l’école emmène Colette et ses petites camarades courir sur la plage ou, le plus souvent, sur un trottoir proche de l’établissement scolaire. « Au certificat, j’ai finalement obtenu le maximum de points possible avec des espadrilles achetées par mon père. Je glissais un peu avec. J’ai quand même réussi 7 s, et le préposé au chronométrage n’en croyait pas ses yeux. Il était persuadé qu’il s’était trompé ! Pour ma part, je venais d’avoir la confirmation de ce que j’avais plusieurs fois entrevu : j’étais capable de courir vite. » Mais voici maintenant Colette inscrite au cours complémentaire Jules-Ferry de Royan, en classe de cinquième, avec cette fois un vrai « professeur de gymnastique », comme on disait encore au début des années 60. Elle s’appelle Mme Auxirre. Elle détecte chez la petite Colette des qualités très supérieures à la moyenne. Il faut lui trouver un club. Or, à Royan, l’ancien athlète du Bordeaux Étudiants Club Yves Durand Saint-Omer, nommé maître de secteur postscolaire depuis 1961, vient de fonder l’AS Goélands, exclusivement réservée à l’athlétisme. Rendez-vous est pris. Ils ne sont guère alors qu’une dizaine de jeunes couvés par un entraîneur rêvant de développer l’athlétisme dans son coin. La première rencontre entre Colette et Yves Durand Saint-Omer a lieu vers la mi-décembre. Il souhaite évaluer son potentiel et lui propose de courir un 60 m. Elle se sent envahie de peur. Mais elle boucle quand même sa distance en 8 s 3. 17


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Colette Besson

« C’est en fait la première fois que j’ai ressenti le trac avant une course », confiera-t-elle un jour. Elle annonce tout de go à Yves Durand Saint-Omer qu’elle voudrait faire plutôt de la hauteur dans le club. Il lui répond que, vu son âge, elle doit toucher à tout : la course, les haies, la longueur comme la hauteur, et même s’essayer aux lancers. C’est un principe qui est largement établi déjà dans la « méthode française » pour découvrir et aimer l’athlétisme, sport agréable pour les jeunes mais peut-être moins attrayant que les sports collectifs. Il convient donc d’organiser, au départ, des « jeux éducatifs ». Mais il faut aussi valoriser les vertus de courage et d’assiduité, et développer la force de caractère chez les tout jeunes athlètes. Yves Durand Saint-Omer réalise immédiatement que Colette possède un fameux tempérament. Des qualités athlétiques, certes, mais surtout, elle est réellement une fille courageuse, une gagneuse qui ne lâche rien. L’objectif de l’entraîneur est de jeter les bases, de respecter les fondamentaux, d’amener progressivement sa jeune protégée vers un régime d’entraînement qui sera plus tard assez intensif, mais sans brûler les étapes au cours de sa prime jeunesse athlétique. Colette, avec lui, va donc préparer ses premières compétitions de jeunes au stade de la Triloterie à Royan – qu’elle fréquentera encore en fin de carrière –, sur une cendrée plus ou moins bien entretenue ceinturant la pelouse du terrain de rugby. Pour elle, ce stade est devenu une sorte de manège enchanté. Pourtant, au sein du club, il y a plus douée qu’elle. Une certaine Monique Pagenaud, que Colette regarde avec envie, prenant ainsi conscience que la réussite ne sera au rendez-vous plus tard qu’au prix d’un long travail assidu, régulier et tenace. Après de multiples petites compétitions régionales, y compris en cross, son premier grand rendez-vous a pour cadre le stade Charléty le 1er juillet 1962, alors qu’elle vient de fêter, quelques semaines auparavant, ses 16 ans. Premiers championnats nationaux scolaires cadettes dans ce fameux stade où tant de grands records sont déjà tombés, où tant d’illustres champions ont brillé, comme Michel Jazy, vice-champion olympique aux JO de Rome 18


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Destin d’une championne

en 1960. Colette est contrariée car elle s’est fait une légère entorse dans la semaine. Mais elle se qualifie pour la finale et monte sur le podium à la troisième place au 56 m haies (9 s 1). La première s’appelle Danièle Guéneau, jolie Nantaise qui deviendra plus tard championne de France en seniors et internationale. Colette a maintenant le virus de l’athlétisme. Elle veut progresser. Si nécessaire, il faut s’orienter vers des études d’éducation physique, comme l’a déjà suggéré son entraîneur. Elle s’intéresse au plus près à tous les résultats des meilleurs athlètes français et admire beaucoup Évelyne Lebret, qui domine le 400 m français, mais aussi Maryvonne Dupureur, future vice-championne olympique du 800 m en 1964. Toujours en cadettes, elle se retrouve en 1963 à Jean-Bouin en finale des championnats de France des jeunes sur 150 m et prend la deuxième place (en 19 s 2), derrière Gaby Meyer la Toulousaine, future internationale qui, deux ans plus tard sera double championne de France 100 m-200 m à 18 ans ! En 1964, Colette s’affirme sur 200 m avec un chrono de 25 s à Cognac et à Saintes. Et, après avoir réussi un excellent 2 min 18 sec au 800 m, le jour vient où Yves Durand Saint-Omer, en fin de saison 1964, juste après les JO de Tokyo, marqués par la grande malchance de Michel Jazy au 5 000 m, lui propose de courir son premier 400 m. Colette a 18 ans. Elle réalise 63 s 6. Elle est à plus de onze secondes du temps mis par l’Australienne Betty Cuthbert pour devenir championne olympique à Tokyo. On sait déjà que les prochains JO auront lieu en altitude, à Mexico. Comment imaginer alors que, quatre ans plus tard, Colette pourrait se retrouver là-bas en finale ? En 1965, alors que l’athlétisme français s’apprête à vivre le grand festival de records mondiaux et d’Europe de Michel Jazy. Colette va avoir 19 ans. Avec l’assentiment de ses parents, elle décide pour une raison apparemment sentimentale de partir dans la région parisienne et demande à son oncle et sa tante de l’accueillir à Athis-Mons. Grâce à sa réussite au concours administratif de la 19


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Colette Besson

préfecture de la Seine, elle a trouvé un petit emploi. Elle s’entraîne à la Croix-de-Berny et avec les athlètes du Puc, à Charléty. Mais bien insuffisamment. Au milieu de l’été, elle décide finalement de retourner à Saint-Georges-de-Didonne, où elle reprend logiquement ses entraînements avec Yves Durand Saint-Omer. Celui-ci lui demande en contrepartie de jouer le jeu, d’accepter une vraie ligne de conduite… et de s’y tenir ! Un nouveau plan d’entraînement est donc fixé pour les saisons à venir. L’objectif Mexico est évoqué. Dans l’immédiat, Yves Durand Saint-Omer incite Colette à préparer le monitorat d’éducation physique et à se présenter au concours du Creps (Centre régional d’éducation physique et sportive) de Boivre, à Poitiers. Et là, l’incroyable se produit. Colette est éliminée à cause d’une épreuve physique : celle de la natation ! « Elle a tout simplement perdu son soutien-gorge, ce qui l’a perturbée, et on ne lui a pas permis de repasser l’épreuve », raconte aujourd’hui Yves Durand Saint-Omer, toujours aussi choqué. Il se souvient avoir alors dit, très en colère, à Colette : « On t’a refusé l’entrée par la petite porte. Tu rentreras au Creps par la grande ! » Et il a immédiatement rencontré M. Gantier, directeur de la Jeunesse et des Sports, à La Rochelle, pour lui exprimer son mécontentement tout en confirmant ce qu’il avait dit à Colette. Tous deux se sentent victimes d’une injustice, et voilà que se lève comme un léger vent de révolte qui va aiguillonner un peu plus l’appétit de conquête de ce fameux tandem, qui évolue malgré tout dans un étonnant sentiment de plénitude joyeuse. Déjà, en effet, le cœur de Colette ne cesse de battre à l’idée de cueillir les plus beaux lauriers…

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