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Avril/Mai 05
GRATUIT
MAG INFORMATIF ET CULTUREL DES ÉTUDIANTS ANGEVINS
Souriez, vous êtes informés
Cités libres :
Vivre son campus :
de la théorie à la pratique
Ne pas jeter sur la voie publik
bons plans en cascad e
KREDO. redo
(Principes sur lesquels la rédaction de K.libres fonde ses opinions)
K.libres débarque dans vos campus. Partout, des k.libristes vous offrent ce magazine. Oui, « vous offrent ». Ça fait bizarre la première fois, mais on s’habitue vite. K.libres est concocté par des Angevins -étudiants et journalistes- persuadés que leur cité et ses forces vives méritent ce miroir critique. Les rédacteurs de ce magazine informatif et culturel affichent 25 ans en moyenne. Aussi, nous espérons que vous vous reconnaîtrez dans les sujets abordés. Car K.libres est pensé pour que chacun des 30 000 étudiants -et plus généralement les 18/30 ans vivant à Angers- s’y retrouvent : actu des campus, bons plans, sorties, musique, ciné…
« Souriez, vous êtes informés. » Lecteurs de K.libres, vous pouvez être les acteurs de cette aventure (idées de sujets, photos, dates de soirées…). N’hésitez pas à nous contacter (klibres_redac@yahoo.fr). Notre proximité spatiale et notre statut associatif sont synonymes d’interactivité. Pour la mise sur orbite du numéro d’octobre, nous ouvrons nos pages aux annonceurs, afin que vous soyez plus nombreux encore à accéder à votre actualité. K.libres est gratuit et le restera, tous les deux mois. Les k.libristes vous donnent rendez-vous à la rentrée prochaine. D’ici là, bon courage pour les exams et bonnes vacances ! La rédaktion
Directeur de la rédaction et de la publication : Dimitri Perraudeau Rédacteur en chef : Olivier Juret Comité rédactionnel : Marc Hazouard, Simon Jourdan, Olivier Juret, Jean-François Keller, Al-Mayuk, Dimitri Perraudeau, Ilsa Paretti et Ghislain Rouffinec Secrétariat de rédaction : Ilsa Paretti et Ghislain Rouffinec Photographes : Simon Jourdan et Al-Mayuk Concepteur graphique : Jac Guibert Dessinateur : Patoche (patochetattoo@hotmail.fr)
K.libres, le mag informatif et culturel des étudiants angevins Bimestriel - gratuit - année 1 - numéro 1 - Avril/mai 05 Contact : klibres_redac@yahoo.fr Ont aussi collaboré à ce numéro : Adrien Albert, Yves André, A.B., B-Bô, Bruno Béchu, Anthony Berthou, Yann Colin, Marième Diané, Gonzague Jaret, Julien Frémy, David Friker, A.G., Sophie de Kepper, Julien Launay, Yves Lespor, Christelle Magescas, Guillaume Mercier, Benjamin Merieau, Laurence Mijoin, M. P., M. Patate, François Provost, Karim Rissouli, Grégory Schwarz et Agnès Verry K.libres est édité par : Association (loi 1901) «Diversités» 15 rue Daillière - 49 000 Angers Imprimerie : Groupe Renard - 30 bd Carnot - 49 100 Angers; Tirage : 5 000 exemplaires; Dépôt légal : avril 2005; ISSN en cours
La reproduction même partielle des illustrations et des articles parus dans K.libres est interdite. K.LIBRES #1 - Avril/Mai 05
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ous sourions à tous ceux qui, par leur soutien et leur aide, ont contribué à donner vie à K.libres :
Caroline Aubert, Alexandre Aublanc, Samuel Audigane, Lara Bakhos, Camille Belin, Jean Birotheau, Alice Boisnard, Nicolas Bonsaye, Dorothée Brillet, Virginie Brohan, Hermann Corvé, Geoffrey Crété, Pierre Daniel, Monique David, AnneFleur Delaistre, Benjamin Egron, Mélanie Foin, Marie Fournier, Guillaume Galard, Yvan Georget, Réginald Guinée, Jean Gupe, Charlotte Hervieux, Josiane Jousset, Ludivine Juret, Etienne Launay, Fabien Leduc, Myriam et François Lefloch, Antoine Lelarge, Clémence Loiseau, Lionel Besnard, Christelle Magescas, Camille Martinez, Denis Mazé, Thomas Mélin, Corentin Ménard, Frédéric Pasquier, Sarah Petit, Polly Petit-Pois de Vegas, M. Piétin, Coralie Pilard, Amélie Régent, André-Paul Ricci, Christophe Ricci, Richard Rousseau, Aurélie S., Olga Sytcheva, Cécile de Radio G ! et à tous ceux qui se reconnaîtront dans leur implication “K.librique”…
Avec le soutien de :
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K.LIBRES
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Kampus K ampus A la karte la karte pp. 6 et 7
KOI DE NEUF Les Zygomatiks musclent leur jeu L’Université dresse ses Tréteaux à partir du 9 mai Un raid humanitaire qui sent bon le sable chaud
pp. 8 et 9
KURSUS De France, Olga découvre la Russie Ses premiers tours de manivelles en option
pp. 10 et 11
DIAGNOSTIK Du resto universitaire aux Restos du coeur
pp. 12
K.PRATIK La bourse ou la vie Le SUAPS fait peau neuve
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de Koi de neuf neuf (Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page) Impro
photo Simon Jourdan
Née en 2004, la troupe des Zygomatiks pratique avec talent le théâtre d’improvisation. Spectacles, rencontres et matchs sont régulièrement proposés par ces étudiants.
V
oir les Zygomatiks en action, c’est changer d‘univers. Grimaces, mouvements étranges, jeux inconnus : bienvenue sur la planète Zygo. Ici une seule règle : improviser. Pas de limite, plus de timidité. Il s’agit de se laisser guider par son imagination. Pourtant, l’improvisation est un art qu’il faut maîtriser et qui s’apprend. C’est dans cette optique que Lydie, Thomas, Anthony, Audrey, Héloïse, Janusz et tous les autres se réunissent chaque jeudi à la Maison des étudiants à BelleBeille. De 18 heures à 22h30, deux groupes (débutants et confirmés) se rencontrent pour des échauffements, des jeux et bien évidemment des improvisations.
Relais dans le milieu étudiant Pour ces étudiants de Belle-Beille, de SaintSerge et des autres écoles d’Angers, l’aventure a commencé en 2002 avec Gaïa, troupe professionnelle d’improvisation. « Nous étions un groupe qui se retrouvait régulièrement avec un des intervenants de Gaïa pour faire de l’improvisation, explique Thomas, vice-président des Zygomatiks. Puis en 2004, nous avons décidé de lancer notre propre troupe. Comme Gaïa s’est professionnalisée, nous espérons prendre le relais dans le milieu étudiant. » Un pari réussi puisque les Zygos comptent aujourd’hui trente-trois membres et souhaitent créer un nouveau groupe à la rentrée prochaine.
Les Zygomatiks seront à l’Amphigouri à Saint-Serge le 13 avril, dans le cadre des Tréteaux de l’Université le 12 mai, puis à l’Autrement café le 4 juin à 21 heures. Pour plus d’informations : Lydie Blanchard au 06 87 59 86 61 et l’Amphigouri au 02 41 96 23 96
Pour l’heure, ils préparent leur prochain match d’improvisation. Sous l’œil attentif d’un acteur-arbitre, le public propose des thèmes à partir desquels les membres de la troupe improvisent durant une dizaine de minutes. Les meilleures prestations sont ensuite désignées par l’auditoire. Pour les acteurs, cela permet de créer avec le public un lien qui n’existe pas lors d’un spectacle classique. Avis aux amateurs… Agnès Verry
Une Maison des étudiants doit-elle être rentable ou contribuer à la vie étudiante ? Dilemme. La question est posée à la Ville et à l’Université d’Angers qui octroient annuellement une subvention de 38 000 euros chacune à l’association La MDE. Réponse sans équivoque : la rentabilité mon capitaine ! Services étudiants pas tenables financièrement, l’association sera dissoute le 30 juin. Finie, entre autres, la pause autour d’un café, clope au bec, les cours sur les genoux, devant Roland Garros à l’Amphigouri sur le campus de Saint-Serge. Les étudiants feront comme tout le monde : un jeton dans la machine à potage (et aux cafés-sans-goût), en attendant l’ouverture prochaine d’un service culturel universitaire ou la création (très hypothétique) par la Mairie d’un espace étudiant en centre-ville. Dimitri Perraudeau
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Festoche
L’Université dresse ses Tréteaux à partir du 9 mai Les festivals de théâtre étudiant foisonnent en cette fin d’année. Pendant un mois les Trois coups ont retenti à la Catho au rythme des arts de la scène. A partir du 9 mai prochain, les Tréteaux de l’Université prennent le relais. Jusqu’au 17 mai à l’Amphigouri à Saint-Serge, l’association étudiante présentera neuf pièces d’inspirations et de styles variés, réalisées par les élèves eux-mêmes. A.V.
Plein tarif 6 euros, réduit (étudiants, demandeurs d’emploi, scolaires) 4 euros, abonnement trois spectacles 10 euros. Renseignements : Alban Milon 06 81 36 68 80
photo Simon Jourdan
Expresso
4L Trophy
Festatum estudiant est… Chaque année, la Nuit angevine rassemble entre 3 000 et 3 500 étudiants. Organisée par l’ENSAM, l’ESEO, l’ESA et l’ESSCA, la plus importante soirée étudiante à Angers se déroulera le 12 mai au Parc des expositions. Billetterie dans tous les points de vente habituels, durant les quinze jours qui précéderont l’événement.
Etudiante en 3e année à l’ESSCA, Omérine revient du 4L Trophy, un rallye qui réunit chaque année des étudiants de toute la France pour un périple jusqu’au Maroc. Cette année, les équipages partaient du Trocadéro à Paris avant de prendre le bateau pour Tanger. Là, les péripéties pouvaient commencer… La course d’orientation avait prioritairement un but humanitaire : « A notre arrivée, nous avons déposé 50 kg de fournitures scolaires à Fès. Malgré la précarité dans laquelle vivent les Marocains, c’est le peuple le plus généreux que j’ai rencontré ». Mais le circuit n’était pas de tout repos. Les escapades dans l’Atlas et les rencontres avec les iguanes ont ponctué des journées déjà chargées en émotions. « Des étapes imposées accentuaient les difficultés du parcours. Dans un passage très accidenté, le cardan et le support de boîte nous ont lâchés ! » De son voyage, Omérine gardera en mémoire un souvenir impérissable des paysages, des rivières asséchées et des couchers de soleil sur l’Atlas. Ça sentait bon le sable chaud… photo Simon Jourdan
Laurence Mijoin
Les clics et les claps du CROUS Le CROUS renouvelle l’organisation de ses concours culturels nationaux autour des thèmes “Fragments de campus“ - “Hier, aujourd’hui, demain“. Cette initiative s’adresse aux étudiants et non étudiants de la région, âgés de moins de 30 ans. Dans le cadre du concours photo, les participants doivent faire parvenir deux photographies ou deux séries de photographies, légendées, en couleur ou en noir et blanc, de format 13x19 cm avant le 13 mai 2005. Ce concours offre la possibilité de participer à un Jury international qui décernera 3 050 euros au lauréat. Pour le concours du film court, les participants doivent fournir une œuvre originale de 7 minutes maximum sur support vidéo avant le 15 mai 2005. Informations et inscriptions au 02 40 37 13 27 ou sur www.crous-nantes.fr
Are you rock in Catho ? Les milliers d’étudiants qui fréquentent la Catho ne disposaient jusqu’alors d’aucune salle consacrée aux musiques actuelles. C’est maintenant fait grâce à la commission “Are you rock in UCO“, qui met à disposition des étudiants un local avec batterie, synthé, ampli, enceintes, platines…. Outre les répétitions, des cours de guitare sont proposés au tarif imbattable d’un euro la séance. Un concert est prévu courant avril. Contact : Florian au 06 74 70 42 57
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ursus Kursus (Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”) Itinéraire
De France, Olga découvre la Russie Le périple d’Olga, jeune Russe venue étudier à l’ESTHUA. C’est paradoxalement à Angers qu’elle comprend son pays natal.
1993
Olga effectue son premier voyage en France. Elle n’a que 11 ans et restera longtemps marquée : « Dans les magasins, je voyais des boîtes partout, des étiquettes de toutes les couleurs, et moi, je croyais que c’était de la décoration ». Une révélation qui précède le dépit : « C’est ici, en France, que j’ai découvert qu’il était “normal“ d’avoir plus de deux pulls pour soi ! » Comme une vérité enfin révélée. De retour chez elle à Iaroslavl – 250 Km au nord-est de Moscou –, Olga décide qu’elle reviendra en France, y rencontrer les gens. Se mesurer à une culture différente, comprendre la sienne. Prisonnière d’une autre langue Très tôt, Olga a le goût des autres. Elle fait partie d’un programme d’échanges entre jeunes du monde entier, l’American First Service (AFS) créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De cette époque, elle retient ceci : « On ne comprend vraiment les personnes qu’en connaissant leur langue et leur culture ». Découvrir et faire découvrir. Le tourisme est devenu une évidence. Commence alors un périple qui l’amène en Suisse en 1999. Les rencontres se multiplient. Sa première “Internationale“ à elle, composée de Colombiens, d’Equatoriens, de Guadeloupéens, de Japonais, de Finlandais… La maîtrise du français s’acquiert réellement l’année suivante en Belgique. Un plaisir du langage qui dissimule mal l’envie pressante d’en être prisonnière : « La plus belle et terrifiante des choses est de commencer à réfléchir dans une langue autre que la tienne ». Elle apprend au téléphone par sa mère qu’un salon présentant des formations dans l’Hexagone se tient à Iaroslavl. C’est le déclic : « Au moment où ma mère me parle de l’ESTHUA à Angers, un truc bizarre se passe. Je suis certaine que je veux aller là-bas. L’ESTHUA à Angers : ça sonne bien ». Retour en Russie en 2001, le temps d’un été, pour les formalités. Son rêve est à portée de main.
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L’heure du grand débarquement A la rentrée suivante, ils sont sept étudiants russes à fouler le sol angevin, et à intégrer l’année préparatoire de l’IUP. Premiers cours, premiers contacts avec les autochtones. Dans l’amphi, chacun se regarde et s’interroge. Le temps nécessaire pour apprendre à se connaître, à s’apprivoiser. Il ne faudra pourtant pas longtemps avant que la spontanéité d’Olga vienne à bout des résistances et des a priori suscités par sa présence et celles de ses compatriotes. Les amitiés peuvent désormais se nouer. Se sentir chez soi Les mois suivants se déroulent paisiblement. Sa vie à Angers s’organise. Elle partage pendant un moment une colocation avec une autre Russe. Les bons souvenirs s’amoncellent : « C’est une période que j’aime me rappeler. Nous hébergions toujours des gens chez nous, notamment des étrangers, comme si notre appartement servait de refuge ». Elle qui connaît la difficulté de se sentir chez soi dans un autre pays, trouve naturel d’accueillir et de soutenir les expatriés de passage. Mais elle gardera pour elle que tout devient plus compliqué, une fois l’adaptation réussie. Etranger chez soi. Chez soi, parmi les étrangers. Lors d’un stage de trois mois à Iaroslav pendant l’été 2003, elle peut enfin mettre en pratique ce qu’elle a appris à l’ESTHUA. « J’ai travaillé pour une association qui voulait mettre en place un nouveau programme touristique présentant une Russie différente de celle présentée sur les cartes postales. » Après ? Elle espère retourner au pays pour y travailler : « Il y a encore beaucoup de choses à développer là-bas, beaucoup de progrès à apporter ». Quoi de plus normal pour cette jeune femme qui aime rappeler à son entourage qu’elle a compris la Russie, ici, en France… Dimitri Perraudeau
Quelques chiffres sur… L’Ingénierie en maintenance immobilière et sécurité Etudes supérieures de tourisme et d’hôtellerie de l’Université d’Angers (IMIS-ESTHUA)
• Plus de 30 formations - deux DEUST : Economie et encadrement des activités équestres et de loisirs ; Maintenance hôtelière, hospitalière et immobilière - cinq parcours de licence en 3 ans, 13 licences professionnelles, une licence Technologies et Entreprises - une formation en 1 an aux métiers de guide interprète national - un magistère de tourisme en 3 ans - deux masters - une formation de18 mois en Management de projet en ingénierie des services • Trois pôles : Angers, Cholet et Saumur • 1 633 étudiants : 551 étrangers dans le département ESTHUA • 50 nationalités : 180 Chinois, 26 Sri Lankais, 29 Russes, 19 Allemands… Contact : 02 41 96 22 00
Formation
L
E cinéma reste pour la majorité des passionnés un dessein intouchable, une discipline mystérieuse. Mais au sein de l’Université d’Angers, il est possible de s’inscrire à l’option “culture et cinéma“ dispensée par Valérie Billaudeau, maître de conférence et docteur en Sciences de l’information et de la communication. Cette option a pour but d’aborder le cinéma sous trois aspects. Réalisation d’un court-métrage Premièrement, des données théoriques permettent aux étudiants de comprendre la réalisation et la lecture d’une œuvre cinématographique. Ensuite, l’utilisation d’extraits filmiques variés, tant au niveau de l’époque que des thématiques choisies par les auteurs, élargit leurs connaissances sur le 7e art. Le dernier objectif est la préparation d’un court-métrage d’environ 5 minutes. photo Simon Jourdan
Ses premiers tours de manivelles en option Contact : valerie.billaudeau@univ-angers.fr
Du plus réaliste au plus poétique Le sujet reste libre et le choix entre un documentaire ou une fiction est possible. La projection des réalisations se déroule pendant le dernier cours du semestre et est ouverte au public. Les inspirations sont diverses mais certains thèmes sont récurrents en 2005. La discorde conjugale apparaît plus que jamais comme un véritable sujet d’actualité. Outre les bases obligatoires qu’apporte cette option, le projet final est un moyen de refléter les ressentis de chacun, du plus réaliste au plus poétique. Il n’est pas nécessaire de posséder un matériel audiovisuel personnel. Les inscriptions sont ouvertes aux étudiants de toutes les filières de la faculté de lettres et de sciences humaines de Belle-Beille, ainsi qu’aux dispensés d’assiduité. Laurence Mijoin
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iagnostik Diagnostik (Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)
Du resto
universitaire >…...
« Excitante » et « insouciante », la vie étudiante s’apparente souvent à une parenthèse enchantée. Pourtant nombre d’étudiants flirtent avec le seuil de précarité comme le dénonce l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) dans son rapport 2004. Enquête réalisée par Anthony Berthou, Gonzague Jaret et Gregory Schwartz
A
vec environ 30 000 étudiants, la Ville d’Angers doit faire face chaque année à une demande massive de logements. Selon Antoine Lelarge, vice-président étudiant de l’Université d’Angers et élève en AES (Administration, économie et sociale), de plus en plus de jeunes, notamment étrangers, se retrouvent en situation précaire : « J’ai parfois vu jusqu’à huit étudiants asiatiques cohabiter dans un T1 ou un T2 ». Une réalité inquiétante, liée au déficit de logements étudiants en centre-ville, qu’il estime à près de 30%. « A l’avance, pas dans l’urgence » Pour pallier ce manque, des solutions sont envisagées. « Nous avons un projet de construction de cités universitaires, avec 300 places supplémentaires à Belle-Beille et 400 autres à Saint-Serge », expliquent Anne Bossé et Dominique Tremblais, assistantes sociales au CLOUS d’Angers (Centre local des œuvres universitaires et sociales). De la construction, certes, mais aussi de la prévention. Et Antoine Lelarge de faire campagne contre une mauvaise habitude : « Pour trouver un logement, les étudiants doivent s’y prendre à l’avance, pas dans l’urgence ». Une fois le lieu d’habitation déniché, encore faut-il être conscient des problèmes qui peuvent survenir en cours de location, en particulier pour les logements privés. C’est là qu’intervient l’association Consommation logement et cadre de vie (CLCV), qui propose aux étudiants-locataires de précieux conseils concernant leurs droits et devoirs. « Notre
Une fois son loyer réglé, l’étudiant ménage souvent son portefeuille en se serrant la ceinture. Selon le rapport de l’OVE, près de 7% des étudiants se limitent ainsi à un repas quotidien. Le budget consacré à l’alimentation est celui qui souffre le plus des situations précaires. Pour autant, ce phénomène dépasse largement celui de la précarité, puisque de nombreux étudiants, pour gagner du temps, se contentent souvent d’un sandwich à la cafétéria de la fac. Mais la diète forcée, par économie, n’en est pas moins réelle. C’est dans le but de lutter contre la malnutrition que l’action “Etudiant ventre vide” a été mise en place le 28 octobre dernier. Cette opération nationale, qui n’a pu avoir lieu à Angers (voir encadré), visait à récolter des dons sous forme
« Un seul repas par jour ! » mission consiste à informer ceux qui ne maîtrisent pas encore les aléas d’une location », explique Josiane Rochereau, présidente du bureau de la CLCV d’Angers. « On essaie d’apprendre aux jeunes à économiser leur argent, à ne pas se faire avoir », poursuit-elle. « En cas de litige avec le bailleur, nous les aidons à négocier avec leur propriétaire. » Chaque année, près de 4 000 étudiants angevins sollicitent cette sensibilisation juridique.
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de tickets RU, lesquels devaient être redistribués aux étudiants affamés. Par ailleurs, le Courrier de l’Ouest a révélé récemment que huit étudiants maliens et algériens avaient été envoyés par le CLOUS d’Angers aux Restos du cœur. « La majorité obligée de travailler » Pour boucler leur budget qui crie famine, 49% des jeunes inscrits dans l’enseignement supérieur trouvent un job durant l’année universitaire. Vendeurs, téléopérateurs, livreurs de pizza, caissiers : ils tentent de concilier vie étudiante et vie active. Certains n’accomplissent que quelques heures par semaine, glissant une garde d’enfants ou un peu de soutien scolaire dans leur emploi du temps. Mais d’autres cumulent deux activités concurrentes : les études d’un côté et un travail à mi-temps de l’autre. Si Antoine Lelarge reconnaît que certains
..> aux Restos du cœur Précarité : mode d’emploi
« On
apprend
à s’organiser, c’est tout » Thomas, 22 ans, est étudiant en licence de Droit à Nantes, où il suit 26 heures de cours hebdomadaires. Enfin, en théorie, car Thomas travaille 20 heures par semaine comme vendeur dans une chaîne de magasins suédois. « J’ai commencé cet été en contrat à durée déterminée. Quand on m’a proposé un CDI, je n’ai pas hésité ! » Il gagne ainsi près de 600 euros par mois, auxquels viennent s’ajouter une centaine d’euros d’aide au logement que lui accorde la Caisse d’allocations familiales. Travailler, pour Thomas, c’est un choix. Ses parents ont des revenus confortables, il n’a donc pas droit aux bourses du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et sociales). « J’ai toujours travaillé », affirme t-il. Serveur, vendeur de prêt-à-porter, cours particuliers. « C’est limite mais suffisant. Je réussis à avoir une vie culturelle et je profite pleinement du centre-ville. » « Le rythme n’est pas évident » Entre son loyer, les transports, les tickets RU, ses cigarettes, les sorties entre amis et les loisirs, Thomas avoue « s’en sortir sans problème, même si le rythme n’est pas évident ». Avec trois jours de travail salarié par semaine, il n’est pas souvent à la fac. Pourtant, Thomas place ses études en priorité. « On apprend à s’organiser, c’est tout. » Il a réussi à changer ses horaires de travaux dirigés et travaille à partir des manuels qu’il emprunte régulièrement à la Bibliothèque universitaire. « Pour l’instant, ça marche bien. Le jour où mes résultats en pâtiront, je lèverai le pied », conclut-il.
étudiants veulent travailler dans le cadre de leur formation (stages, vacations universitaires, internat hospitalier…) ou plus généralement pour valoriser leur CV, voire s’assurer un train de vie confortable (lire encadré), il n’en demeure pas moins que « la majorité d’entre eux est obligée de travailler ». Selon lui, on assiste depuis quelques années à « un véritable boom ». Les caisses des fast-foods et des grandes surfaces sont aussi familières pour les étudiants angevins que les amphis de l’Université.
ne sont pas boursiers, et même si c’est le cas, elles sont insuffisantes. » Beaucoup demandent une dispense d’assiduité afin de concilier leurs deux activités. Mais Antoine Lelarge n’est pas dupe : « Ce cumul d’activité entraîne une charge de travail considérable qui plombe les chances de réussite aux examens ». Ainsi, lorsque l’activité rémunérée -non intégrée aux études- est pratiquée à mi-temps ou plus et au moins six mois par an, les probabilités de réussite diminuent de 29% !
• Précarité. La précarité étudiante se traduit par l’échec ou l’abandon des études, par l’endettement, l’exclusion du système de bourse, par des problèmes de logement, de déplacement ou de situation professionnelle. • France. 107 000 étudiants sont en situation de précarité, soit 6,7% de cette population, et 22 600 en situation de pauvreté grave et durable. 80 000 demandent chaque année une aide exceptionnelle auprès du Fonds de solidarité universitaire (FSU). Près d’un étudiant sur deux a un emploi parallèle aux études. • Angers. 1 400 demandes de FSU en 2004 pour 30 000 étudiants. Source : OVE (rapport 2004)
“Étudiant ventre vide” Mise en place par le Secours populaire et la Fédération des associations générales des étudiants (FAGE), l’opération “Étudiant ventre vide” a deux objectifs : sensibiliser les étudiants à la précarisation grandissante de certains d’entre eux et mettre en place une collecte de tickets RU. Après quelques “cafouillages”, l’action a été lancée à Angers le 1er mars.
Consommation logement et cadre de vie (CLCV) au 02 41 87 58 42 Observatoire de la vie étudiante (OVE) sur www.ove-national.education.fr
« Le job plombe les examens » Et l’élu universitaire chargé de la vie étudiante de tempêter : « C’est un véritable problème, d’autant plus que beaucoup travaillent au black ». En effet, si les bourses sur critères sociaux sont allouées en fonction des revenus des parents, les aides au logement tiennent compte des ressources des étudiants. « Tous les étudiants
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.pratik K.p ratik (Vivre son campus de la théorie à la pratique)
La bourse ou la vie Comment obtenir une bourse étudiante ? A qui s’adresser ? Voici quelques réponses pour y voir plus clair.
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Bes in d’un coup de fil ?
La course est lancée : jusqu’au 31 avril 2005, chaque étudiant de nationalité française est en droit de faire une demande de bourse en constituant un DSE (Dossier social étudiant) : soit par internet en se connectant sur dse.ac-nantes.fr, soit par minitel en tapant 3614 ACADE*DSE. Le “dossier papier” sera ensuite envoyé au domicile de l’étudiant qui devra le déposer dans un délai de 15 jours à l’adresse indiquée. Les bourses d’études et/ou de logement sont attribuées selon un certain nombres de critères sociaux demandés lors de la constitution du DSE : ce sont les ressources et les charges de la famille qui définissent l’échelon d’attribution. Au niveau 0, l’étudiant est exonéré des frais d’inscription
• Centre local des œuvres 35 boulevard du Roi-René. 02 41 25 45 80
“logistiques” aux étudiants), 11 boulevard Lavoisier. 02 41 35 21 23
• La médecine préventive SUMPPS, Maison des étudiants de Belle-Beille, 2 boulevard Beaussier.
Sophie de Kepper Plus d’infos au CROUS à Nantes (Tél. : 02 40 37 13 57 ou sur www.crous-nantes.fr ou au CLOUS d’Angers (Tél. : 02 41 25 45 80)
LE SUAPS FAIT PEAU NEUVE
universitaires et scolaires (CLOUS),
• AUDA (associations d’aides
et de sécurité sociale. Les attributions annuelles, réévaluées cette année, s’échelonnent de 1 315 à 3 554 euros pour les échelons 1 à 5. L’étudiant se doit cependant d’être assidu aux cours et aux examens… Les étudiants qui se trouveraient en rupture familiale et qui ne peuvent fournir l’avis d’imposition de leurs parents peuvent faire une demande de bourse en passant par une assistante sociale du CLOUS. De leur côté, les étudiants de 3e cycle peuvent aussi demander une bourse sur critères universitaires, en fonction de leurs résultats. Si vous bénéficiez d’une bourse de l’Education nationale, vous pouvez enfin prétendre à une bourse départementale en retirant un dossier au Conseil régional.
Pour partir du bon pied en 2005, rien de tel qu’un peu d’exercice ! Avec le Service universitaire des activités physiques et sportives (SUAPS), il y a l’embarras du choix. Ouvert à tous les étudiants de l’Université d’Angers, le SUAPS propose un éventail d’une quarantaine de disciplines, des plus courantes (foot, basket, judo…) aux plus originales (aquagym, escalade, yoga…). Pour la modique somme de 17 euros, chaque étudiant peut adhérer à tout moment de l’année, que ce soit pour se détendre ou dans le cadre scolaire, avec validation européenne à la clé. Depuis le mois de janvier, le centre sportif universitaire bénéficie même de trois nouvelles salles, boulevard Beaussier. Les amateurs de musculation, de danse ou d’arts martiaux peuvent désormais disposer d’installations (et de professeurs) haut de gamme pour pratiquer l’activité de leur choix. Sur les 16 000 étudiants de l’Université, 3 000 sont déjà inscrits. Une véritable aubaine, vu le rapport qualité-prix de l’opération. Alors n’hésitez plus, relevez le défi sportif avec le SUAPS !
Anthony Berthou
02 41 22 69 10
Contact au 02 41 73 50 49 ou sur www.univ-angers.fr • Maison des étudiants de Saint-Serge, 4 allée François-Mitterrand. 02 41 96 23 96 (fermeture le 31 mai)
• Centre d’information et d’orientation (CIO), 14 rue Anne-Frank. 02 41 66 84 42
• Centre information jeunesse (CIJ), 5 allée du Haras 02 41 87 74 47
COMMENT VOYAGER POUR MOINS CHER ? L’un des bons côtés de la vie étudiante, ce sont les offres de voyages plutôt avantageuses dont on peut bénéficier. La référence pour les vacances à prix réduits reste l’Office du tourisme universitaire (l’OTU), malheureusement il n’y a plus d’agence à Angers depuis quelques années. La plus proche se trouve à Nantes. Les services de l’OTU sont néanmoins accessibles sur le site www.otu.fr. De nombreuses offres de voyage sont également disponibles à la LMDE et à la SMEBA (boulevard du Roi-René à Angers) ainsi qu’au Centre information jeunesse (CIJ), 5 allée du Haras. De plus, le CIJ édite, chaque année, un cahier “info vacances été”, disponible au mois d’avril. Ce document gratuit, destiné à ceux qui cherchent des activités dans le Maine-et-Loire, regroupe de nombreuses adresses et est à retirer directement au CIJ. Grégory Schwartz
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Cites Cités libres Libres
A la karte la karte pp. 14 et 15
pp. 16 à 19
KOI KI S’PASSE Des rêves en musique pour les enfants palestiniens Le trou de la République avide de commerce ZIK L’art de vivre des Zenzile loin des sentiers battus Daria sous haute-tension
pp. 22 et 23
KIDAM Interview de Sinclair
pp. 24 et 25
ESKAPADES Le Québec c’est l’fun Le plein de festoches dans vos poches…
pp. 30 et 31
LUDIK Spécial plomberie : Mario, la saga
pp. 34 et 35
C. PRATIK Bye bail, l’appart’ !
pp. 39
DECLIK Le cannabis au tournant Et bien d’autres sujets encore dans nos rubriques KAFE DES SPORTS, KATHODIK PRATIKANT, EKRAN TOTAL, LEKTURES, MANUSKRIT KOKIN, KASES LIBRES… sans oublier notre double page centrale FIGURE LIBRE…
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ki Koi oi kis’passe s passe L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit
Initiative
Des rêves en musique pour les enfants palestiniens Les musiciens d’Al Kamandjâti lors d’un concert à Ramallah en juillet 2004 - photo © Arnaud Brunet
E
n février dernier, les musiciens d’Al Kamandjâti (le violoniste) étaient en terres palestiniennes et au sud Liban. Depuis la naissance de l’association angevine en octobre 2002, son fondateur Ramzi Aburedwan et ses acolytes parcourent la Cisjordanie et Gaza avec leurs instruments (ils viennent de sortir leur dernier album - voir ci-contre). Ils proposent aux enfants des camps de réfugiés palestiniens des ateliers de découverte musicale et donnent des concerts classiques et orientaux où s’agglutine une population envoûtée. Une école de musique à Ramallah Leurs efforts sont aujourd’hui récompensés. En partenariat avec le centre de réhabilitation Riwaq, Al Kamandjâti a fondé sa première école de musique à Ramallah. Des enfants de trois camps de réfugiés bénéficieront d’un enseignement hebdomadaire dès septembre. D’autres écoles pourraient voir le jour à terme. L’association veut croire à de belles histoires, à l’image de celle de Ramzi, enfant de la première Intifada. Sa passion pour la musique, née dans les camps en 1997, s’est depuis concrétisée. Il étudie aujourd’hui l’alto au Conservatoire d’Angers. Il souhaite transmettre aux jeunes de la guerre une manière de s’épanouir, d’oublier un instant la violence et leur faire croire en un avenir meilleur. Musiciens, bénévoles et personnes de cœur, sont les bienvenus au sein de cette association qui apporte des rêves en musique aux enfants des camps. A l’occasion de la fête de la musique, l’association Al Kamandjâti sera présente sur la place du Ralliement. Plus de renseignements sur www.alkamandjati.com
Sophie de Kepper
Dal’Ouna Et nous aimons la vie (autoproduit, mars 2005)
Festoche
Depuis déjà huit ans, grâce au festival Tour de scènes, la fin du mois de mai est synonyme de festivités et de bonne musique à Angers. Organisé par l’association Musica en collaboration avec la mission jeunesse de la mairie d’Angers, ce festival gratuit propose à un public nombreux (35 000 personnes en 2004) un vaste panorama des musiques actuelles. Cette année, le festival se répartira sur trois lieux différents. Aux habituels quai Ligny et place Imbach s’ajoute la place Saint-Eloi, où le public pourra apprécier la récente et réussie rénovation du musée des BeauxProgrammation Arts. Une quarantaine de groupes En attendant la fin du mois de mai, voici un bref aperçu des formations que vous aurez est attendue les 19, 20 et 21 mai bientôt le privilège d’apprécier sur scène : Dupain (tradinovation provençale), Smooth prochains (voir encadré). B-bô
(electro soul experience), X Makeena (hip hop drum&bass), Les jambons (chanson humoristique), Sayag Jazz Machine (electro jazz cinématographique), Kwal (rap), Les Farfadas (spectacle pour enfants), Flying Pooh (cartoon core), Out of the blue (electro jazz), Malouar (chanson), Tupinambo (salsa), Nouvel R (rap), Ixi Manova (trip hop), Dandy dub concept (dub), Hounsi (fusion), Slaïdup (métal fusion) ou encore Royal Class (rap)… Plus de renseignements sur www.tourdescenes.com ou au 02 41 24 76 15
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Hallali
L’ouverture des nouvelles halles en mai ajoutera une ligne de plus à l’histoire mouvementée du quartier dont les origines commerçantes datent du Moyen-Âge. 1
R
ien n’a jamais entamé la vigueur commerciale du quartier de la République. Le site a connu toutes sortes d’ennuis depuis la grande inondation de 1856. Le lieu espère à nouveau renaître de ses cendres en mai et redonner vie à une vocation marchande qui remonte à l’époque médiévale. Au carrefour des principaux axes de négoce gallo-romains, l’ancêtre de la place de la République était d’ores et déjà un lieu grouillant de vie. Pâtisseries, boucheries, poissonneries et débits de boissons garnissaient les étroites rues de ce « quartier haut en couleurs et en odeurs », comme le rappelle Sylvain Bertoldi, conservateur des Archives municipales. Au XIXe siècle, il est décidé d’assainir le quartier. Le mauvais sort en est jeté. « C’est un premier pas vers l’installation d’un marché couvert, instamment réclamé par les riverains. » Les halles Baltard naissent en 1870 (photo 1). Jusqu’alors le marché était installé sur l’actuelle place Louis-Imbach. Quatre ans plus tard le bâtiment s’effondre faisant un mort et une quinzaine de blessés. A rc h
« Le royaume de la crasse et des courants d’air » Parallèlement, s’installe en 1875 le Palais des Marchands (photo 2). Pas d’alimentation sur les étals, mais de la vaisselle, des tissus et du mobilier. « Telle une pieuvre, le premier grand magasin d’Angers étend ses tentacules sur 6 000 m2. Il aurait dévoré tout un côté de la rue Plantagenêt si un gigantesque incendie ne l’avait arrêté dans sa course en 1936 », raconte Sylvain Bertoldi. « Le court-circuit à l’origine du sinistre ne serait pas tout à fait innocent. » Reste un immense terrain vague. Dans un état de délabrement total, les halles reconstruites en 1875, deviennent « le royaume de la crasse et des courants d’air » (photo 3). Elles sont démolies en 1971. Le “trou de la République” ne cesse de s’élargir et devient même un gigantesque parking improvisé (photo 4). Inaugurées en 1984, les halles troisième génération n’auront pas réussi à enrayer le déclin d’une des plus anciennes places d’Angers.
L’idée du marché couvert a vécu
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Archives municipales dʼAn gers, 9 Fi 1470 3, fonds Robert Briss et
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Olivier Juret
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L’ambition est clairement affichée : le nouveau centre commercial qui ouvrira le 4 mai est conçu pour durer plus de vingt ans. Une bonne nouvelle pour la dizaine d’enseignes qui occupera les lieux. Tournées vers l’extérieur (exit donc la galerie marchande), ces échoppes ciblent prioritairement une population jeune. Go sport, H&M, Monoprix, Planète Saturn, La Redoute, les vins Nicolas, France Telecom et une brasserie garniront notamment ce centre commercial « transparent, lumineux et moderne » dont le toit sera entièrement végétalisé… et privé. La classe américaine !
es dʼA ng er s, fond s Robert Br is se t, 9 Fi 14 621
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ik Zik (Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
Pour chaque nouvel album, Zenzile se sculpte un espace de jeu sur mesure. Pionniers à l’assaut de nouveaux horizons, le quintet angevin visite son côté sombre et brutal. En douze titres et 45 minutes, leur dernière production, Modus Vivendi, nous emmène loin des sentiers battus. Le mix assuré par Jaja, guitariste des débuts et fondateur du groupe, est une réussite indéniable. Oscillant entre tempos lancinants et bruitages percutants, ce long format s’impose au fil des pistes comme un impressionnant numéro d’équilibriste. Rencontre avec Matthieu, le bassiste… Propos recueillis par A.G.
photo Guillaume Bourreau
K.libres : Pourquoi avoir choisi un tel titre ? Zenzile : Modus Vivendi (l’art de vivre en latin) désigne un état de fait. Illustré par les deux coqs prêts à s’emplumer sur la pochette, le constat est atterrant. La violence de notre mode de vie et de la nature humaine est aujourd’hui alimentée par un consumérisme aveugle. K.libres : L’album est violent et sombre. C’est délibéré ? Zenzile : D’une manière générale, il est plus sombre bien que ce genre de tonalité ait déjà été amorcé avec Totem. C’est aussi plus en phase avec le registre d’Alex, le nouveau guitariste. Au niveau de nos compos, nous avons cherché des ambiances significatives. Le résultat est plus climatique et cinématographique. La cohérence est primordiale dans nos disques. C’est aussi pour ça que l’on a moins privilégié les ambiances reggae. Sur les 16 titres que nous avons enregistrés, nous n’en avons gardé que dix (plus deux interludes ndlr). En rajouter aurait rompu l’équilibre.
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K.libres : On retrouve les invités habituels du groupe sur cet album (Jamika, Jean de Meï Teï Shô, Vincent Ségal). Zenzile reste-t-il un quintet ? Zenzile : Zenzile est un collectif qui se compose d’un groupe avec cinq membres fixes et des invités. Nous sommes toujours ouverts à des collaborations. C’est un peu comme cela que sont nés les projets “5 + 1”. Nous avons une approche instrumentale de la musique qui nous permet de ne pas trop nous enfermer. Nos morceaux restent avant tout des espaces de liberté qui s’épanouissent au travers des expérimentations. Recourir plus souvent au chant pourrait nous murer dans un format. C’est pourquoi il y a trois morceaux chantés sur le dernier album. C’est un bon équilibre qui correspond d’ailleurs à nos concerts en compagnie de Jamika qui apporte une respiration chantée sur un tiers du set. K.libres : On entend également Guy (exLo’Jo) et son accordéon sur deux titres. Zenzile serait donc vraiment une formation à géométrie variable ?
Zenzile : Guy avait participé à Sachem in Salem. L’accordéon dégage une ambiance particulière, assez proche du mélodica. C’est bon à dubber. Il est possible de broder dessus de manière infinie. En plus, comme Vincent Ségal (moitié du Bumcello ndlr), Guy a vraiment du feeling. Tous les deux ont une approche différente de nos morceaux. Ils apportent de la fraîcheur et ouvrent de nouvelles perspectives. K.libres : Et l’arrivée de DJ Moon, l’ex Soul Choc ? Zenzile : DJ Moon est quelqu’un que nous avions déjà rencontré sur la production de Sound Patrol. L’idée consiste à l’intégrer comme un instrumentiste à part entière. Ce n’est pas simple, mais nous progressons. Dans la formation, il utilise exclusivement du son de Zenzile. Nous avons fait graver les voix de Jean et Jamika pour qu’il puisse les manipuler à sa guise pendant les lives. Il sera logiquement de la partie dans le prochain maxi. Modus Vivendi (Supersonic/Discograph), le 4e album des inclassables Zenzile, est sorti le 22 mars.
Daria
sous haute-tension Les Angevins de Daria abordent un mois d’avril sous haute-tension, mais quoi de plus normal pour un groupe qui carbure au 220 volts triphasé !
S
élection découverte du Printemps de Bourges pour les Pays de la Loire avec les Nantais de Smooth, les Daria ont bénéficié d’une courte résidence dans les murs du Chabada les 10 et 11 mars en compagnie de Michel Bonhour. Ce dernier a notamment travaillé avec Césaria Evora.
Cette résidence était nécessaire à l’élaboration d’un set au format inhabituel (une demi-heure) et donc à un autre rythme d’évolution sur scène. Le résultat de ce travail sera visible sur la scène de La Soute le 22 avril dans la capitale berrichonne. Un travail qu’on leur souhaite payant auprès des professionnels (medias, labels…).
photo Daria
Tournée irlandaise Il sera difficile de voir les Angevins d’ici-là puisqu’ils s’envolent pour une courte tournée (quatre dates) en Irlande, les premières à l’étranger. Ils y côtoieront des groupes tels que My Reverse, Murdoch ou encore Forever Aftermath. Cette courte escapade devrait concrétiser des démarches fructueuses auprès des médias spécialisés irlandais, et éventuellement la venue de groupes irlandais dans nos salles françaises… Entre l’Irlande et le Printemps de Bourges, les Daria auront peu de répit. Ils travaillent d’ores et déjà à l’élaboration de leur deuxième album qui pourrait s’intituler Electric avenue. Ce sera l’occasion pour Iain Burgess (Jaw box, Ministry, les Thugs) de reprendre du service en tant que producteur. Il est vrai que le groupe a fait le choix d’enregistrer cet album en analogique, ce que ne permet pas le studioscope d’Olivier “Cali” Fournier, auteur d’un magnifique travail sur le dernier maxi Tubes are warming up. Retour du batteur des Carc[h]arias et de Casper Ce futur album (voir chronique) se veut résolument plus “électrique” avec des morceaux courts et puissants, qui vont à l’essentiel, bref : efficaces… La section rythmique devrait disposer de plus de temps et d’espace sonore pour s’exprimer pleinement. A ce titre, soulignons que Ben, l’ancien batteur a quitté le groupe pour s’investir dans le projet Vesta Kom X et que c’est désormais Nono (batteur des regrettés Carc[h]arias et de Casper) qui reprend le flambeau. Le disque devrait sortir au premier trimestre 2006. Les fans, qui sont nombreux par ici, devront prendre leur mal en patience. B-bô
Daria, Tubes are warming up (autoproduit, 2004)
Pop subtile et riffs rock’n roll ne sont pas s’en rappeler Weezer, toutefois avec un peu plus de pêche. Les mélodies sont franchement accrocheuses et certaines proches du tube. Il est dommage que par moment cela devienne un poil trop “popi”. En tout cas, avec une voix aussi particulière et des prestations live si puissantes, il est sûr qu’on entendra à nouveau parler de Daria. Guillaume Mercier
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ik Zik (Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
Rencontre avec Guillaume d’USF à la veille de la soirée techno de l’année “Back to the Clash, 1995-2005” qui s’est déroulée le 2 avril au Chabada.
Propos recueillis par B-bô
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UDJC ndant lus, e p é d p :1 ger s. De hno in p tec olescente . Se replon lectro e o h e s r u ts ad du ult e d’ar r ture s de c reilles des ! l’ouve ient nos o e multitud de turpitu 10 an “ 6 e 9 u tiq 94. En n d’un ns et roubla héma s peu 93 et istes qui t ter ventio e vibratio er la t e is r t c artiste n é d in r d e l’ s r p ie e s a à c u n g e t e r n u t râc nte par éce van Peux prése nt ap ning g ités a une d res : nous ves so ces sonor un happe st saluer u a t K.lib r x s le e s c’e Peu lieu, le 49, ès à toute cue comm lingueur s, mier ur ls…). s e e r n u a p is v c n vé s, :D sF te ac tion. E j’s, live romo USF a facilité l’ pensée et les Tonton l’atten tures et p u style et rni (D t it u rt ir n a o o f t a n p é it e n t a en ie Im ty inv re nouve t les e par vent e en er Adv était b s peu orld Travell onçant un Zik et don chaqu tte époqu ment t e n n a é n v é kW ce nn r ve e cet dans DVD step a e et N d’inte teau d ypes ucteur du live break/ ir ling Zon t la p is o e L d w , tr ublic ? ec un res : ans le e, pro sents ems T s pré label Uw tif DSP av ound-syst K.lib du grand p ique d e n t o is r t t c r c s u s e a ue éle reux u coll connu o des teur d musiq nomb ates, fonda ent 6.3 d ic et 2Niz la s le e i p m R r le ccu : Parm ue N chnok it éga lace o USF ’Impact/Te lis. Il y ava axi, ainsi q e salle. rmais elle p u q : d Déso ro). o m d . k n r p c t r a f u o o r a r ie r g t jo r n K la le As lect ville le der e de stival as vu hip-hop, e e des ée de p fi t li n a du fe SF produit rné la scèn u enc raie tq ub, U o a n’au rbaines (d for te influ ers es d g a n dont isuels ont b A , a Ch ans hno, une v les u e, tec is deux onc le es musica estifs, avec tôt 20 s n u d o t ie h b e f u is s( A epu ? Depu RAM ux ou nique sthétiq …D res : ical angevin l, l’AD ouvelles e els, musica lectro uit en ville aux a b é i c l s . lo e s K u r n k r nouve ir roc musiq ge mu r des e le b ricultu paysa /terro tout l’esso rojets plu s aux tant contr ergent de u e a é r e r c t p r r m sa ce te ipal lu t aux t con ent su , où é : Sans s permett actuelle es emen rêté munic dans le 49 ll F ie S t uvoirs n U esse e à un ar les po hno cture tendance c t u e r e n r ! t t t o s n s s s se suit ces nne lles irée s. s, la lation ar s, e réfiés es so moin per so nique les re i Néan és électro dans les b se sont ra iplication d 0 et 500 u ’h d r s it lt 10 ts aujou sonor aux soirée és-concer t une mu vec entre teur s s sont e n f ll t a e a e n s c u es ac age m a r q s d o le , le è e e o Qu r ll r fl iv t a s a e im àê res par anc o) c cette acité n rép electr n obser ve sent des d r cap éfaire de islatio u g o is le lé , n 1 e é u n uv ed i ré 200 t pro vre d’u lic à s tifs qu en œu round ? lemen te au pub a collec e b is lo m s g g rès la is il re s ont under s : Ap u techno ystem vivant”, ma s e r d b n i ie l mil sou K. cle 1, les pecta s et le e 200 rme de “s public d is fo s lo velle rès le : Ap d’une nou déviants… F S s U s jeune nsable respo iatisée de éd surm ” ch
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DSP for USF (Audiolab, avril 2005) Connu pour l’organisation de soirées techno, le collectif angevin USF se lance dans l’aventure de la production avec la sortie d’un maxi trois titres DSP for USF. Derrière cette galette se profile une musique entre dubstep et breakbeat, aux basses péchues et teintées d’une atmosphère très “warpisante”. Issu de l’underground, 6.3 des DSP livre ici un live énergique et novateur, reflet d’influences multiples et loin de toutes les productions techno actuelles. David Friker Disponible en shop indépendant
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Made in Angers Techno
Ab Stru, La Outch vol. 1 (autoproduit, 1er avril 2005)
Né en octobre 2003, le groupe Vaggalam s’apprête à monter sur scène. Coup de projecteur sur ce nouveau son pop-rock made in Angers. Passionnés de musique depuis l’enfance, Alban Pouneau, Guillaume de Ponteves et Xavier Creff forment le noyau dur de Vaggalam. La vingtaine passée, ils n’ont pas hésité à mettre de côté leurs études pour tenter l’aventure musicale. Ils viennent d’ailleurs d’autoproduire leur premier album, Déliquescence. « C’est le nom d’une de nos chansons. L’originalité, c’est qu’elle ne figure pas sur le disque. On la réserve pour les concerts », explique Xavier. Le groupe se prépare justement à faire ses débuts sur scène, courant avril. Ils espèrent rencontrer leur public et multiplier les concerts. Avec, en ligne de mire, l’espoir d’attirer l’attention d’une maison de disques.
époque, synonyme de révolte ou simplement d’amertume. Les textes, remarquablement bien ficelés, se marient à des mélodies plutôt soft, tendance pop-rock et reggae. On y perçoit l’influence revendiquée de modèles tels que Noir Désir, Mano Solo, ou encore Radiohead. « Pour mieux coller à la musique, on utilise aussi bien le français que l’anglais. Ce qui compte, c’est l’harmonie entre les deux », confie Alban. Sans message politique, leur prise de parole exprime seulement les inquiétudes d’une jeunesse en mal d’idéalisme. Loin de se morfondre dans la fatalité, ils semblent chercher les bonheurs cachés de l’existence, à l’image du titre Ma bouteille à la mer. Que le vent les porte vers leurs désirs !
Ab Stru n’est sûrement pas inconnu de vos oreilles de mélomanes. Bassiste des feus L Zone Busta et Muneca, il est également l’auteur d’interludes sur les sessions Tour de scènes. Oscillant entre electro-break et broken beat, ce maxi s’adresse notamment aux Dj’s qui recherchent une matière première de qualité. Le premier titre ludique et enjoué, est revu dans une version plus “breakée” où les basses s’effacent. La face B, un morceau de 12 minutes, sait garder nos oreilles attentives à la qualité de la composition. B-bô Plus de renseignements sur www.abstru.com
Rock trip-hop
Brass, Mémoire d’éléphant (autoproduit, octobre 2004)
Voyage introspectif au cœur d’esprits torturés ? Brass pourrait laisser cette première impression si l’album ne séduisait pas au fil des écoutes. Au carrefour de multiples influences musicales, le groupe a réussi un rare brassage qui n’est pas sans rappeler Ezekiel ou d’autres groupes néo dub et trip hop, la puissance en plus. Tout cela servit avec des textes tout en métaphores mais solidement ancrés dans la réalité. Ils sont d’ailleurs parrainés cette année par le Chabada. Un signe ? Yann Colin
Anthony Berthou Vaggalam en concert le 14 avril (salle JeanVilar), le 23 avril (bar Le Paddock) et le 14 mai (bar Le Saltimbanque). Plus d’informations sur www.vaggalam.com
Métal
Barback, Le lac aux 6 ds (autoproduit, octobre 2004)
Les bonheurs cachés de l’existence Comme leur nom l’indique, les Vaggalam se méfient de la vie en rose. Leurs chansons traduisent une certaine mélancolie face à notre
Pour un premier essai ça se présente déjà pas mal : une pochette bien classe et une production qui ne fait pas dans l’amateurisme. Les influences sont clairement vieux métal pour les guitares, mais le chant et la rythmique, eux, restent très actuels, ce qui donne une vraie personnalité à l’ensemble. Une question tout de même : les hurlements sont-ils toujours indispensables ??? Guillaume Mercier
J’y étais
Klacktonclown à l’Entrepôt le 16 mars C’est toujours sympa de commencer une soirée par un petit concert de chanson française… L’ambiance est feutrée. Une atmosphère typiquement angevine. Puis, à leur entrée sur scène, c’est la cohue. Chacun veut palper de cette énergie tout droit venue de Nantes. Les chansons à textes, servies par un ensemble instrumental bien réglé (une contrebasse, un accordéon et un clavier), sont interprétées par Rachel et Régis Langlais. Un duo vocal enjôleur qui enthousiasme le public. A la pause, les musiciens s’adressent au public. On leur découvre alors une autre facette : extravertis quand ils jouent, ils ne sont, tout à coup, plus très à l’aise… Un décalage touchant qui montre à quel point Klacktonclown a su rester humble malgré les années et le succès ! Marième Diané
Klacktonclown, Du silence et du bruit (Mosaic music distribution, 2004). Plus d’information sur www.klacktonclown.net
Electro
Vendas Novas, Barry Black (Doxa/La Baleine, février 2005)
Premier album du trio angevin Vendas Novas, Barry Black sort sur le réputé label allemand Doxa. Cette première galette a de quoi combler les esprits curieux de sonorités nouvelles comme les adeptes du dancefloor. Les Vendas Novas s’autorisent un heureux mix : essence pop passée au filtre des machines, groove enflammant les jambes et mélodie qui envoûte les neurones. Un résultat que l’on qualifie volontiers de digne héritier de la scène allemande et de ses prestigieuses références. B-bô
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Contact : almayukf05@wanadoo.fr
ŠAl-Mayuk
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idam Kidam
(N’importe qui, susceptible néanmoins d’éveiller la curiosité)
photo Simon Jourdan
Sinclair : « J’ai un taux deschizo Docteur studio et Mister live, Sinclair, alias Mathieu Blanc-Francard, est de retour. A la tête de son propre label, le roi de la funk à la française remonte sur scène et prépare un nouvel album. Un tournant professionnel et personnel que ce stakhanoviste de la création musicale aborde avec enthousiasme et sérénité. K.libres : Douze ans de carrière, dix albums, des centaines de concerts… Quel parcours ! Sinclair : Et j’en suis content ! Mais pas du résultat. Cela a représenté beaucoup d’années de travail, mais finalement peu d’albums et une popularité toute relative. J’aurais voulu aller plus loin. Cela dit, je ne crois pas que l’heure du bilan ait encore vraiment sonné. K.libres : Après les soucis que tu as eu avec ta maison de disques EMI, tu as créé ton propre label : Mini strong. Une période charnière dans ta carrière ?
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Sinclair : C’est en quelque sorte un moyen de m’émanciper. J’éprouve le besoin de tout contrôler et j’assume ça parfaitement. Le problème avec les maisons de disques, c’est qu’il y règne une véritable inertie. Pour l’instant, je ne vends pas beaucoup de disques, mais au moins, je me prends en main. K.libres : Ça a changé ta manière de travailler ? Sinclair : Bien sûr. Ça m’oblige surtout à être plus carré alors que, dans la vie, je ne suis pas du
tout comme ça. Je suis complètement ingérable, je travaille dans l’anarchie la plus totale. K.libres : A la fois artiste et producteur… Comment ne pas de tomber dans une démarche commerciale ? Sinclair : Il y a en toujours une. J’adore avoir de l’oseille et aller faire les magasins, mais je ne fais pas de la musique pour ça. Sinon, j’aurais choisi autre chose. Je ne fais pas de la musique pour vendre des disques, mais le contraire. Et puis, j’ai un taux de schizophrénie très élevé et
ça me permet de me battre avec moi-même. Quand je suis artiste, je le suis à 100 %. Et quand je suis producteur, je fais en sorte de vendre mes disques. Mais en suivant une démarche plus généreuse que commerciale. Comme avec mon double album vendu au prix d’un seul. K.libres : Tu es l’un des rares artistes à avoir pris parti pour le téléchargement. Pourquoi ? Sinclair : Sincèrement, je ne crois pas que cela fasse autant de mal à l’industrie du disque qu’on peut le prétendre. Universal encule déjà assez la planète avec ses prix. Et puis, les gens payent déjà : leur abonnement, leur facture téléphonique… C’est sûr, il faudrait trouver un deal, peut-être mettre en place une législation pour que chacun y trouve son compte. Ce qui me révolte c’est qu’on attaque les particuliers qui ont téléchargé des chansons. D’autant que les albums qui sont les plus téléchargés sont aussi les plus vendus. Internet doit rester un espace de liberté où la culture peut se partager. K.libres : Tu écris un nouvel album. Quelle en sera la saveur ? Sinclair : Ce sera le fruit d’un mélange d’influences avec moins d’arrangements et plus
moi-même. Mais j’assume complètement. J’ai besoin de me plaire, mais je crois que c’est quelque chose de normal. Heureusement, à travers les textes, la musique constitue une bonne thérapie. K.libres : Tu vas bientôt avoir 35 ans. Ta coupe de cheveux est devenue plus orthodoxe. Sinclair aurait-il atteint de l’âge de raison ? Mathieu : Non, pas vraiment. Mais je n’ai plus besoin de me déguiser pour exister. Je pourrais arriver tout rasé et tout nu sur scène, je me sentirais bien. Aujourd’hui, je me sens à l’aise dans mes baskets, peut-être parce que je sais qui je suis vraiment. K.libres : Lorsque Sinclair n’est ni en studio, ni en tournée, que fait Mathieu ? Mathieu : Je sors beaucoup. Je fais la fête. J’ai besoin de me mettre la tête à l’envers quand elle est pleine. Je m’occupe aussi de ma fille. Mais je trouve les journées vraiment trop courtes. K.libres : Quel regard portes-tu sur la société actuelle ? Mathieu : On vit dans une société nase et il
phrénie très élevé »
un truc qui tue. Ça doit être une motivation. Il faut être stoïque car de toute façon, cette mode changera dans six mois ou un an. Rien n’est figé et c’est tant mieux. K.libres : Que penses-tu de la nouvelle vague d’artistes français qui émerge depuis quelque temps ? Mathieu : Il y a des trucs que j’aime bien dans la scène française. Les textes sont plutôt bien écrits et je respecte ça. Mais sincèrement, je trouve que c’est un peu pleurnichard. Ce qui manque aujourd’hui, ce sont des vrais chanteurs avec une voix.
« Il y a des gens que j’aime bien à Angers » K.libres : Tu ne passeras pas à Angers cette année. Peux-tu nous dire quelques mots pour consoler tes fans ligériens ? Sinclair : Je reviendrai (rires). En fait, on ne pouvait pas faire autrement. C’est un peu compliqué pour les salles. On n’a pas toujours le choix. C’est dommage d’ailleurs, car il y a des gens que j’aime beaucoup à Angers. K.libres : Quand tu passes à Angers, tu te produis au Chabada. C’est une salle que tu aimes ? Sinclair : C’est une salle sympa quand on y est bien reçu… K.libres : Que fais-tu après tes concerts ?
d’essentiel. Il y aura des choses jamais entendues auparavant. Par exemple, une ballade à la Eddy Mitchell avec des refrains à la R. Kelly. Les textes seront aussi en évolution. Mais je continuerai à parler de l’amour, des filles… (rires)
« Il m’arrive de me saouler moi-même » K.libres : Certains pensent que tu es un peu mégalo. Est-ce que tu confirmes ? Mathieu : C’est vrai que je suis très égocentrique. Si je ne l’étais pas, je ne ferais pas ce que je fais. Il m’arrive parfois de me saouler
faut faire avec. C’est ce qui me déprime. Il arrive un moment où tu comprends que tu ne peux pas faire éternellement la guerre à la société. C’est dépenser de l’énergie pour rien. Je pense qu’il vaut mieux faire du bien en direct, donner le meilleur à tous ceux qui t’entourent. Dans un premier temps, je crois que si on éteignait tous notre télé pendant un mois, le changement serait énorme. K.libres : On nous abreuve aujourd’hui de musique commerciale, via la télé notamment. La créativité est-elle en péril ? Mathieu : Au contraire, ça doit donner envie aux jeunes artistes de bien s’énerver et de faire
Sinclair : Quand on peut, on essaie de sortir, d’aller faire la fête. Mais c’est pas toujours facile. Quand on est en tournée, on voyage en bus. Il faut sans cesse tenir compte des horaires. Alors quand on sort trop tard, on vient nous chercher par l’oreille pour nous ramener. K.libres : Un souvenir de fiesta à Angers ? Sinclair : Je crois que c’était en 2001. Après le concert, on est allé finir la soirée en boîte. Au Jungle Jane. On a fini à cinq heures et demi du mat’ avec de la vodka qui nous sortait par les oreilles. C’était génial ! Propos recueillis par Jean-François Keller
Toutes les infos sur sa discographie et sa tournée 2005 “Comme je suis” sur www.sinclair.fr
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skapades EsKapades (Action volontaire de se soustraire momentanément à la routine) Tribulation
Le Québec, ce n’est pas seulement Garou et Natacha Saint-Pier, caribous et sirop d’érable…
L
es Québécois vénèrent les Cowboys Fringants, La Maudite, fameuse bière de Robert Charlebois, et la Poutine, cette célèbre assiette de frites recouvertes d’une sauce brune sucrée et parsemée de morceaux de fromages qui couinent sous la dent. Un mets particulièrement apprécié à 4 heures du matin en revenant de soirée… Camembert au rayon conserve Si la culture française est mise à l’honneur outre-atlantique, le vin et le camembert restent cependant boudés : le premier étant trop cher, le deuxième, si le cœur vous en dit, se trouvant au rayon des boîtes de conserve. La ville hétéroclite de Montréal abrite nombre de lieux de fêtes et même d’extravagance. Au milieu de magasins en tous genres, des boîtes de strip-tease pullulent sur la rue Sainte-Catherine, tandis que Saint-Laurent et Saint-Denis regorgent de friperies, restos, cafésterrasses, bars et clubs, qui sont à l’image de toute une population branchée et quelques fois excentrique. Le Mont-Royal, la “montagne” qui
Le centre d’affaires de Montréal vu du Mont-Royal (septembre 2001)
est aussi le poumon vert de la ville, accueille tous les dimanches, tant que la météo le permet, de nombreux joueurs de percus attirant les foules autour de pique-niques. Un petit coin de Bretagne Plus au nord, Québec ressemble à un petit coin de Bretagne avec ses rues pittoresques. C’est dans ces régions qu’à l’arrivée du grand froid il est possible de parcourir les étendues enneigées en raquettes, en motoneige, ou
photo Simon Jourdan
encore en traîneau. Il est aussi possible d’aller dire bonjour aux baleines. Reste au Québec, son froid glacial, qui peut atteindre – 50° C et qui transforme les moustaches à l’air en stalactites, son équipe de hockey, ses dépanneurs ouverts à toute heure, son accent, ses expressions typiques et bien sûr son accueil chaleureux. Pour emmener ta blonde ou ton chum en vacances, le Québec c’est l’fun ! Sophie de Kepper
Déambulations
C’est cadeau ! Fury Fest au Mans (72) du 24 au 26 juin (www.furyfest.com) Avec Anthrax, In Flames, Suicidal Tendencies, Pennywise, Neurosis, Isis, 7 Seconds, Wall Of Jericho...
Festival de Jazz de Montreux (Suisse) du 1er au 16 juillet (www.montreuxjazz.com) Avec The Hives, Seu Jorge, Elvis Costello & The Imposters, LCD Sound System, George Benson…
Furia Sound System à Cergy-Pontoise (95) du 24 au 26 juin (Tél. : 01 34 20 02 02) Avec Louise Attaque, Mano Solo, Les Ogres de Barback, Sinclair, Amadou & Mariam, Rachid Taha, La Rumeur, No One is Innocent…
Les Francofolies de La Rochelle (17) du 12 au 17 juillet Programmation disponible très prochainement sur www.francofolies.fr
Eurockéennes de Belfort (90) du 1er au 3 juillet (www.eurockeennes.fr) Avec Interpol, Queens of The Stone Age, The Killers, Kraftwerk, Emilie Simon, Amadou & Mariam...
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Festival des Vieilles Charrues à Carhaix (29) du 22 au 24 juillet Programmation disponible très prochainement sur www.vieillescharrues.asso.fr
Fêtes de Bayonne (64) du 3 au 7 août (www.fetes-de-bayonne.com) Feria de Dax (40) du 11 au 16 août (www.ville-de-dax.fr) La Route du rock à Saint-Malo (35) du 12 au 14 août (www.laroutedurock.com) Avec The Wedding Present,Yo La Tengo, Mus… Festival du bout du monde sur la presqu’île de Crozon (29) les 13 et 14 août (www.festivalduboutdumonde.com) Avec Youssou N’Dour, Sinsemilia, Amadou & Mariam, Ridan…
Indispensables, clairs et pratiques d’utilisation, www.infoconcert.com et www.concertandco.com répertorient les concerts partout en France
Le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac (15) du 17 au 20 août (www.aurillac.net) Festival Rock en Seine à Saint-Cloud (92) les 25 et 26 août (www.rockenseine.com) Avec les Pixies, Franz Ferdinand, Foo Fighters…
Calepin
Ce serait ballot de passer à côté Concerts
Visites et découvertes
14 avril de 20h à 3h au Chabada à Angers : soirée “Mél’Angers” avec Orange Blossom, Leïtuss, La Tête à Toto, BO, Dring Toy, Nouvel R et Dj’s 19 avril à 20h30 au Grand théâtre d’Angers : Quatuor avec piano du Philharmonique de Berlin 3 mai à 20h45 au Chabada : Seu Jorge 17 mai à 20h30 à la salle Jean-Carmet à Mûrs-Erigné : Asian Dub Foundation 29 juin à 21h au Parc des expositions de la Beaujoire à Nantes : Gilberto Gil
6 mai à 18h à la salle Jean-Lurçat à l’Office de tourisme d’Angers : “Histoire de l’essor des vins d’Anjou” par Mieke Overlaet Du 19 au 22 mai, dans les rues de Nantes : La visite du sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps par la troupe Royal De Luxe 14 juillet à Cheffes-sur-Sarthe : fête de la sardine (repas, spectacles, danses)
Conférences à l’Institut municipal Festivals Du 19 au 21 mai : Tour de scènes à Angers (voir rubrique Koi ki s’passe) En juin et juillet : Festival d’Anjou dans le Maine-et-Loire (02 41 88 14 14 ou www.festivaldanjou.com) 27 août de 17h à 3h : Frais’tival à Saulgé-l’Hôpital (06 88 97 88 79 ou www.bassecour.org). Dégustation de fraises au vin, théâtre et concerts (Sergent Pépère, Sviska Mépa, Hip Drop, DUT, Fenugrec Beat) Septembre : les Accroches-cœurs à Angers (www.compagniejobithume.com). Théâtre de rue et happening
Théâtre 16 avril à 20h30 au Trois-Mâts à Angers : match d’improvisation avec la Ligue d’improvisation Maine et Anjou (LIMA) 29 avril à 20h30 à la Comédie à Angers : Les Gaïards en scène par la Compagnie Gaïa ainsi que les 12 mai et 4 juin à 21h à l’Autrement café (rencontres avec d’autres troupes) Du 31 mai au 2 juin à 20h30 (le mercredi et le jeudi à 19h30) à la salle JeanDasté à Angers : Ernestine Chasseboeuf écrit partout d’Ernestine Chasseboeuf et Marie Gaultier
14 avril à 18h30 : “Histoire du cinéma” par Dino Risi 19 mai à 20h15 : “Le développement durable” par Walid Oueslati 21 mai de 16 à 18h : “Qu’est-ce que commémorer ?” par L. Guirlinger, D. Cailleteau, G. Clérot et B. Lacorre à l’occasion du 60e anniversaire de la Libération des camps
Expositions Du 14 avril au 17 mai à l’école des Beaux-arts à Angers : “Sam I Am”, peintures et animations de Regine Kolle Jusqu’au 22 avril aux Archives départementales à Angers : “Calligraphie : la beauté d’écrire”, calligraphies chinoises, arabes et latines Jusqu’au 17 mai à la Maison de l’environnement à Angers : “Les oiseaux des marais”, photos de Christophe Bourgeteau
C’est cadeau !
Spectacles 20 avril à 19h30 au Centre Jean-Vilar à Angers : Istanbul danse retour Du 5 au 8 mai à 20h30 (le dimanche à 17h) au Théâtre du Champ-de-Bataille à Angers : Couci-Couça/Kuusi-Kuusaa de la Compagnie Okibu 4 juin à 17h à la salle Jean-Carmet : rencontre Hip hop avec la Compagnie Quality Street
www.zicorama.com propose une mine d’information inépuisable sur les groupes, les concerts et les festivals dans le département. Un site indispensable…
Mais c’est où tout ça ? - Le Chabada, 56 bd du Doyenné à Angers (02 41 96 13 40)
- Nouveau théâtre d’Angers, salle Jean-Dasté, 12 place Louis-Imbach à Angers (02 41 88 90 08)
- Ecole des Beaux-arts, 72 rue Bressigny à Angers (02 41 24 13 50)
- Grand Théâtre d’Angers, place du Ralliement à Angers (02 41 24 16 40)
- Centre Jean-Vilar à Angers (02 41 68 92 50)
- Archives départementales, 106 rue de Frémur à Angers (02 41 80 80 00)
- Salle Jean-Carmet à Mûrs-Erigné (02 41 57 81 85)
- Théâtre du Champ de Bataille, 10 rue Champ de Bataille à Angers (02 41 72 00 94)
- Centre socio-culturel du Trois-Mâts, place des Justices à Angers (02 41 66 02 02)
- Office de tourisme d’Angers, 7 place Kennedy à Angers (02 41 23 50 00)
- La Comédie, 1 rue Cordelle à Angers (02 41 87 24 24)
- L’Institut municipal, place Saint-Eloi à Angers (02 41 24 13 14)
- Maison de l’environnement, avenue du Lac de Maine à Angers (02 41 22 32 30) - Théâtre de l’hôtel-de-Ville (THV) à la mairie à Saint-Barthélemy-d’Anjou (02 41 96 12 81) - Office de tourisme, 3 cours Olivier-de-Clisson à Nantes (02 40 20 60 00)
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des Kafe des sports sports (Trois p’tits jaunes et le zinc mute en piste aux étoiles) Foutchebôal
SCO
MOUSSI
À L’OFFENSIVE
A tout juste 20 ans, Guy Moussi semble promis à un bel avenir. Incorporé à l’équipe professionnelle du SCO en début de saison, le milieu défensif fait étalage de toutes ses qualités depuis janvier. Sur les pelouses de Ligue 2, ce solide joueur (1,89m pour 89 kg) impressionne autant par sa puissance physique que par son activité insatiable. Pourtant n’allez pas croire que le garçon s’enflamme. Ce qu’il veut dans l’immédiat, c’est « jouer un maximum de matchs ». En dehors du terrain, ce natif de Bondy en région parisienne, reste sage. Amateur de musique et de jeux vidéo, il sait que le football de haut niveau exige une discipline de vie stricte. Fan du PSG, son cœur lui ordonne avant tout d’aider Angers à rester en Ligue 2. « Le groupe est soudé. On va se maintenir ! », affirme-t-il. Peut-être avant de viser plus haut ? En tout cas, une chose est sûre : Guy Moussi n’a pas fini de faire parler de lui… Anthony Berthou
photo Al - Mayuk
Sporcherie
Dans l’imaginaire bienveillant de ma grand-mère, l’étudiant épanoui se doit d’être dynamique voire sportif. Pourtant, nos facs regorgent de maigrichons et de bobos bedonnants.
L
’étudiant qui fait le moins de sport est sans conteste celui qui fait le plus la fête. Rencontrer du monde, bavarder, s’enivrer… C’est possible autour d’un demi ou en short. Le sport est d’ailleurs un bon prétexte pour sortir. Il t’offre d’emblée un sujet de conversation avec celui ou celle que tu aimes bien. Ça doit donner un truc du genre : « J’adore ton service, faudrait que tu m’apprennes… » Outre le SUAPS, qui offre une kyrielle de disciplines sportives à des tarifs très accessibles, le jogging séduit beaucoup d’étudiant(e)s qui en voyant les beaux jours arriver se précipitent au Lac de Maine ou à l’étang Saint-Nicolas. Pour en croiser lorsque je cours, je tiens à préciser qu’il
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faut tout de même forcer un peu, sinon ça ne sert à rien. Les fans de boules se laissent aller au plaisir de la caresse Le football n’est pas en reste entre les tournois du SUAPS et les pelouses de la Baumette qui accueillent toute la semaine des étudiants. Short et baskets suffisent à se caser dans une équipe. Pour les fans de boules, il existe quelques terrains gravillonneux où l’on peut agréablement se laisser aller au plaisir de la caresse. Le jardin du Mail, le boulodrome de la Baumette et la place Ney sont les lieux les plus courus des francs-tireurs.
Pour les amateurs d’ambiance de stade, il y a évidemment l’héroïque SCO qui évolue sur le gazon de Jean-Bouin. Celui dont l’entraîneur Noël Tosi déclare : « Moi vivant, le SCO ne descendra pas. » Le même qui nous fait rêver en étant le roi du 0-0 et du jeu petit-bras… Le DJ du SCO, d’un point de vue strictement hard rock, est très bon (contrairement au DJ de la patinoire qui, les soirs de matchs, passe le groupe Europe). Dommage qu’il gâche tout en diffusant à la mi-temps, et depuis 1992, I saw the sign d’Ace of base. Voilà donc pour les amateurs et les amatrices de vestiaires, de stades, de sueur, de testostérone et plus généralement de sport. Le sport, qui rend les hommes agiles et les femmes graciles. Yves Lespor
athodik pratikant Kathodik pratikant (Adorateur de la mire qui reconnaît l’autorité du PAF, sans la subir) La loi des séries
Chirurgicalement vôtre Du sexe, du sang… et deux chirurgiens.Voici, en substance, le cocktail détonnant que nous propose Nip/Tuck, la nouvelle série made in USA en vogue sur le PAF. Après Six Feet Under, qui montrait l’univers des pompes funèbres sous un jour moins sordide, c’est ici le monde impitoyable de la chirurgie esthétique que l’on dissèque, façon décalée. Et l’opération ressemble fort à un succès. A condition d’être vacciné contre la vue incommodante de litres d’hémoglobine et d’incisions en tout genre, la série se regarde sans contre-indication. Boy-scout du scalpel Humour décapant, scènes cocasses ou dramatiques, Nip/Tuck passe ainsi en revue quelques travers gratinés des mœurs contemporaines. Sur le billard, on découvre tour à tour des jumelles en quête d’une autre identité, une veuve délurée mal dans sa peau, ou encore une maniacodépressive prête à tout pour avoir un corps de rêve. Au bout du compte, ces “bêtes de foire” nous paraissent à peine plus humaines. Pour rafistoler tout ce petit monde, deux beaux gosses associés tiennent boutique à Miami. L’un est puritain, père de famille, genre boy-scout du scalpel (Dylan Walsh). L’autre est plus flambeur, se servant volontiers de son bistouri perso pour satisfaire ses clientes (Julian McMahon). En somme, deux symboles de l’Amérique d’aujourd’hui. Un peu comme si on avait greffé le cerveau de George W. Bush sur le corps de Britney Spears. Tout cela n’est que pure fiction, n’est-ce pas ? Anthony Berthou
Nip/Tuck de Ryan Murphy, Greer Shephard et Michael M. Robin (2003), diffusé le vendredi à 22h30 sur M6. A partir de la fin avril, Paris Première diffuse les 13 épisodes de la saison 1, les 16 épisodes de la saison 2 et les inédits de la saison 3
Boom
Zapper avec un bâton de TNT La Télévision numérique terrestre rénove le paysage audiovisuel. Cette nouvelle technologie s’accompagne de l’arrivée de sept nouvelles chaînes gratuites sur le réseau hertzien.
Les sept nouvelles chaînes sont Direct 8, M6 Music, TMC, NT1, NRJ 12, Public Sénat/LCP et France 4
Neuf ans après un rapport concluant à sa faisabilité, la Télévision numérique terrestre prend enfin forme. Son lancement est intervenu le 31 mars. Le téléspectateur qui le souhaite pourra désormais s’adonner au zapping avec 14 chaînes gratuites, dont les sept actuelles (Arte et France 5 proposeront chacune des programmes toute la journée). Le tout avec une qualité d’image haute-définition. Car la TNT n’est pas qu’une technologie qui peut diffuser une quantité de chaînes par voie hertzienne, son procédé numérique lui permet également de transmettre des images proches de la qualité DVD. Une nouveauté attrayante pour le français “télévore” dans l’âme.
Début 2006 à Angers Un bémol tout de même. La TNT vit les premières heures de son existence et sera au départ accessible à 35% de la population pour en toucher environ 85% fin 2007.La mise en place des nouveaux émetteurs numériques commence par les grandes villes et l’Ouest. L’arrivée de la TNT n’est programmée que pour le premier semestre 2006 à Angers. Encore quelques mois de patience, ce qui laisse le temps d’aller se munir d’un adaptateur, pour la “modique” somme de 100 euros. La TNT totalement gratuite, ce n’est pas encore pour demain ! Julien Launay
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Ekran kran total total (Placées devant le visage, ces pages protègent des rayons ultraviolets) Zoom-Zoom
Le capitalisme selon Costa Gavras Costa Gavras s’essaie à la comédie pour dénoncer les dérives de la société capitaliste.
U
ne standing ovation avant même la projection du film… Certainement le lot des grands réalisateurs, ou au moins de ceux dont le travail a marqué les esprits. Et c’est indéniablement le cas de Costa Gavras, qui était à Angers fin janvier pour présenter son dernier film Le Couperet en clôture du festival Premiers Plans. Le réalisateur grec, à l’image de Ken Loach par exemple, a toujours vu le cinéma comme un medium servant plus à dénoncer des réalités qu’à inventer des histoires. Avec Le Couperet, il joue les funambules, constamment à la frontière entre engagement politique et fiction irrationnelle. Costa Gavras privilégie ici la comédie au drame pour raconter l’histoire de Bruno Davert (impeccable José Garcia), chimiste spécialisé dans le papier, au chômage depuis trop longtemps et qui se mue en serial killer pour éliminer tous ceux susceptibles de trouver un emploi avant lui dans son secteur. « Turbo-capitalisme » Mais l’essentiel n’est peut-être pas la vie de cette famille détruite à petit feu par la situation du père. L’essentiel, on le comprend aisément dans le portrait sans concession que dresse Gavras de la société néo-libérale. Une société dans laquelle ce n’est plus l’humain qui est au centre du système, mais le profit et la rentabilité maximale. Délocalisation. Dégraissage. Compression. Restructuration. Fusion. Le vocabulaire de ce qu’un personnage appelle le « turbo-capitalisme » est omniprésent et participe à cette satyre du monde de l’entreprise, « pays du sourire obligatoire ». On comprend où Costa Gavras veut nous emmener. On adhère souvent, on rit parfois. Mais finalement, on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu lorsque les lumières se rallument. Et on se dit que, peut-être, le message du réalisateur de Z et Missing aurait été plus fort s’il avait été traité sur un mode plus réaliste.
photo Simon Jourdan
Costa Gavras lors de la présentation de son film au festival Premiers Plans 2005 à Angers
Karim Rissouli Le Couperet de Costa Gavras, avec José Garcia et Karin Viard (Mars Distribution)
Konstantinos Costa Gavras de Amen à Z Amen (2001) avec Ulrich Tukur et Mathieu Kassovitz Mad City (1997) avec Dustin Hoffman et John Travolta La Main droite du diable (Betrayed) (1988) avec Debra Winger et Tom Berenger Missing (Porté disparu) (1982) avec Jack Lemmon et Sissy Spacek Etat de siège (1973) avec Yves Montand et Simone Signoret Z (1969) avec Yves Montand et Jean-Louis Trintignant Compartiment tueurs (1965) avec Simone Signoret et Yves Montand Filmographie complète sur Arte-tv.com
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Previews DVDélire
V’là l’film, mon frère ! Batman begins le 15 juin
Mine de rien, L’esquive a secoué le cinéma français depuis sa sortie en salle, en janvier 2004. Malgré une distribution confidentielle, le bouche à oreille a vite consacré ce long-métrage atypique. Déjà repéré pour son premier film (La Faute à Voltaire), Adbellatif Kechiche continue d’associer population immigrée et langue française, avec poésie et tendresse. Filmé sous la forme d’un documentaire, L’Esquive met en scène Krimo, 15 ans, un garçon ordinaire. Sauf qu’en banlieue, l’ordinaire prend vite des allures de prison. Peu expressif, l’adolescent traîne sa misère aux quatre coins de la cité, entre sa bande de potes, le bahut et sa chambre étriquée. Mais lorsqu’il voit Lydia, habillée en princesse du XVIIIe siècle pour le théâtre, il découvre l’amour, le vrai. Le garçon force alors sa nature, quitte à « jouer les bouffons » en revêtant le costume d’Arlequin et donner la réplique à Lydia. Malheureusement, Krimo n’est pas doué pour déclamer du Marivaux. Pour le reste non plus d’ailleurs, ce qui donne lieu à d’incroyables quiproquos. Avec une telle verve dans le propos, pas étonnant que L’esquive ait récemment décroché quatre Césars, dont celui du meilleur film. Un gage de réussite pour cette œuvre attachante et militante, qui réhabilite l’univers des banlieues avec originalité et sensibilité, bien loin des clichés d’usage. Kiffant !
Avec Christopher Nolan, la Warner se décide à ressusciter Batman après les succès des adaptations de comics dont nous abreuve Hollywood. D’après les premiers échos, Batman retrouve son austérité et son aura mythiques à travers le prisme d’un homme traumatisé. Un voyage hardcore en guise de rédemption… Dans le rôle de Bruce Wayne, on retrouve un Christian Bale au pur charisme animal. Cette cuvée risque d’être le coup de boule de l’année.
Anthony Berthou
François Provost
L’esquive (2004) d’Abdellatif Kechiche avec Sman Elkharraz et Sara Forestier (Noé Productions)
Batman begins, réalisé par Christopher Nolan, avec Christian Bale et Liam Neeson (Warner Bros)
La guerre des mondes le 29 juin
Hublot
L’Ovni sous-marin Wes Anderson (Rushmore, La famille Tenenbaum) nous ressert une fois de plus un petit bijou psychédélique, qui, coulé par les requins du box-office, n’avait enregistré que 120 000 entrées en première semaine. Délire fétichiste, comédie dramatique ou hommage à Cousteau : impossible de coller une étiquette à La vie aquatique, cet ovni sous-marin qui plonge le spectateur dans un univers coloré et peuplé de poissons fantaisistes. Au milieu d’une distribution de rêve, Bill Murray se révèle au summum de sa forme dans le rôle de Steve Zissou usé par la vie, aigri, imbu de sa personne mais terriblement attachant. Les autres acteurs ne sont pas en reste, à l’image du toujours poilant Owen Wilson, dans le rôle du fils prodigue. Mention spéciale à Seu George dont les reprises de David Bowie en portugais donnent une touche finale plus que sympathique. Benjamin Merieau La vie aquatique de Wes Anderson, avec Bill Murray, Cate Blanchett, Owen Wilson et Jeff Goldblum (Touchstone pictures)
L’homme aux multiples projets frappe encore. Avec le remake de La guerre des mondes inspiré du roman de Herbert George Wells, Spielberg retourne à la sciencefiction pour mieux la transcender. Au programme : un tournage marathon entamé ces derniers mois et l’un des plus gros budgets de l’histoire du cinéma. Tom Cruise sera à l’affiche de cette fable d’anticipation coordonnant invasion extra-terrestre et résistance humaine. F.P. La guerre des mondes, réalisé par Steven Spielberg, avec Tom Cruise et Tim Robbins (UIP)
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udik Ludik
Jeuxvidéos vidéos Jeux
(Relatif à toute activité non imposée générant un plaisir non dissimulé)
Mario la saga PLOMBERIE par Laurence Mijoin
Retour sur l’histoire d’un p’tit gars en salopette rouge…
L Photo Simon Jourdan
Actualité
World of Warcraft : un nouveau monde vous attend… Le nouveau jeu made in Blizzard est arrivé ! Cette fois-ci, il s’agit d’un “MMORPG”, c’est-à-dire un jeu de rôle en ligne. L’accessibilité, la richesse du background, et des graphismes époustouflants de beauté sont les points forts du jeu. Dans World of Warcraft, vous serez l’acteur de batailles épiques opposant l’Alliance et la Horde, où chaque soldat sera incarné par un véritable joueur ! WoW a rencontré un large succès aux Etats-Unis, où il a été unanimement salué par la critique. Il fera certainement beaucoup parler de lui en Europe. La boîte de jeu est disponible en deux exemplaires : Alliance ou Horde. Alors, choisissez votre camp ! Julien Frémy
es Bowser, Princess Peach, Wario et autres Koopa vous sont familiers ? Alors vous êtes les bienvenus dans cet article dédié au classique parmi les classiques du jeu vidéo, j’ai nommé… Mario ! Si comme Obélix, vous êtes tombés dedans quand vous étiez petits, vous trouverez entre ces lignes la potion magique pour un aller simple en direction de l’enfance… Mario, petit plombier rital coiffé d’une casquette rouge voit le jour grâce à l’inspiration de Shigeru Miyamoto, designer technique pour Nintendo. Ce talentueux créateur est aussi le papa d’autres personnages phares de l’univers de la célébrissime console. Outre Mario et son frère Luigi, il donna naissance à Zelda, Fox Mc Cloud et bien sûr à Donkey Kong, le vilain gorille kidnappeur de princesses et rival de Mario devant l’éternel.
Un modèle précurseur C’est justement en compagnie de son poilu de rival que Mario fait sa première apparition en 1983 sur une borne d’arcade où il doit sauver sa fiancée des grosses pattes sales de Donkey Kong. Il faut attendre 1986 pour pouvoir jouer à Super Mario Bros sur la toute première console de salon créée par Nintendo, la NES (Nintendo entertainment system). Résultat : succès fracassant pour le premier opus de la saga Mario qui deviendra un modèle exemplaire du jeu de plate-forme. 1989 est une année faste pour Nintendo. Le Game Boy fait son apparition et Mario Bros 3 prend la tête du peloton et écrase littéralement la concurrence. La sortie un an plus tard de la Super NES promet de beaux jours à notre plombier. La liste établie dans ces lignes ne saurait être exhaustive tant les versions sont nombreuses. Mais un succès de la saga ne peut être oublié : Super Mario Kart qui entraîne Mario et ses amis dans des courses endiablées sur des karts, bien sûr !
Console branchée-rétro Disponible sur PC et Mac. Environ 45 euros. Plus d’infos sur http: //fr.wow-europe.com/intro
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Vous l’aurez compris, les multiples déclinaisons de Mario et des personnages du jeu promettent une longue vie à la saga. Alors si vous êtes des irréductibles du bon vieux Mario “old school”, ou si encore vous n’avez pas connu les premières versions de ce jeu emblématique des années 80, essayezles ou adoptez-les sur les nouvelles versions d’origine contrôlée sur Game Boy Advance. Pendant ce temps, je vais m’inscrire à une cure de “démarionisation” pour pouvoir dormir tranquille et perdre le syndrome des-mains-qui-jouent-sans-les-manettesdurant-le-sommeil. Voilà, c’est dit.
Jeuxdede rôle etsociété de société Jeux rôle et de Actualité Dungeon Twister : dédale de dalles… Ce jeu phénomène mélange les genres avec bonheur. Imaginez deux groupes d’aventuriers enfermés dans un obscur donjon par un archi-mage facétieux. Il leur faudra éviter les pièges dans un dédale de salles pivotantes. Le but : trouver la sortie ou exterminer l’équipe adverse. A l’ouverture de la boîte, on découvre un jeu de plateau au matériel superbe et abondant. Dès la première partie, on comprend que la victoire n’est pas une question de chance. Vous devrez gérer au mieux vos actions et les capacités de vos personnages pour déstabiliser votre adversaire. De la voleuse qui se faufile au troll cherchant sa prochaine victime, les joueurs trouveront vite leur tactique favorite. Dungeon Twister réserve bien des surprises : régulièrement de nouvelles extensions apporteront leur lot de nouveautés. Ainsi vous pourrez composer votre groupe et lui fournir l’équipement à la mode pour de nouvelles missions impossibles… Editeur : Asmodée Nombre de joueurs : 2 Durée approximative : 45 minutes Prix indicatif : 29 euros
Anthologie Jungle speed : tu te crois rapide ? Attraper un totem avec les mains, a priori rien de bien malin. Au Jungle speed les joueurs cherchent à se débarrasser de toutes leurs cartes. A chaque tour, on les retourne et si deux sont semblables, c’est le duel. Le plus rapide à saisir le totem donne alors ses cartes à son malheureux adversaire. Mais gare aux erreurs et aux figures spéciales qui mettront vos nerfs à rude épreuve. Il paraîtrait que ce jeu tribal provient des forêts de la lointaine “Balourdpotamie”. Mais la vérité est ailleurs. Cet héritier du jeu du bouchon a été créé en 1991 par Thomas Vuarchex et Pierrick Yakovenko. Le jeu distribué en amateur connaît rapidement le succès, provoquant de par le monde sourires ravis et mains écorchées. Y jouer, c’est l’adopter et intégrer la tribu grandissante du totem. Pour les adeptes les plus expérimentés, une extension a vu le jour, et on murmure que les gourous créateurs nous réservent encore bien des surprises. Editeur : Asmodée Nombre de joueurs : 3 et plus Durée approximative : 30 minutes Prix indicatif : 19.90 euros
Les incontournables Les loups-garous de Thiercelieux Un village apparemment paisible est le théâtre d’horribles crimes. Chaque nuit, des loupsgarous dévorent une nouvelle victime. Chaque jour, les survivants se réunissent pour tenter de démasquer les coupables. Ce jeu d’ambiance riche en rebondissements, vous fera passer des soirées inoubliables entre amis. Editeur : lui-même Nombre de joueurs : 8 à 18 Durée approximative : 30 minutes Prix indicatif : 9 euros
Quoridor Soyez le premier à mener votre pion de l’autre côté du plateau. Chaque tour, il vous faudra choisir entre progresser ou gêner votre adversaire grâce à des barrières que vous pourrez disposer sur sa route. Mais attention, une fois les obstacles posés, vous ne pourrez plus les déplacer. Ce jeu de bois se révèle stratégique à deux et convivial à quatre. Editeur : Gigamic Nombre de joueurs : 2 à 4 Durée approximative : 30 minutes Prix indicatif : 40 euros
Bonhanza Ce petit jeu de cartes plein d’humour vous entraîne dans l’univers impitoyable de la culture de haricots. Echangez, donnez ou promettez la lune à vos adversaires pour réunir le maximum de cartes de la même variété telle que les “harrycoliques”. Vous pourrez alors amasser plein de thunes et qui sait, peut-être vous acheter un nouveau champ. Editeur : Amigo Nombre de joueurs : 3 à 7 Durée approximative : 45 minutes Prix indicatif : 16 euros
Chroniques réalisées par Bruno Béchu et M. Patate
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Lektures
(Romans, essais, magazines et autres aubaines de se faire la belle)
Des mots d’Angers
L’enigmatique
Ernestine
Chasseboeuf Ernestine Chasseboeuf a fait sienne la maxime « vivons heureux vivons cachés »
E
rnestine Chasseboeuf écrit partout. Elle commence même à être connue en dehors des librairies. Sa réputation de grand-mère désinvolte et hilarante la précède. Pour autant, elle ne s’est pas encore affichée au bras d’une célébrité de la téléréalité ou d’un académicien à la Une des magazines people. Pour en savoir davantage, j’ai décidé de retrouver cette vénérable et pétillante ménagère de presque deux fois 50 ans qui fait pleurer de rire ses lecteurs. Direction Coutures donc… Il fait froid ce matin. Le brouillard est épais dans ce petit bourg de 480 âmes. Je recherche une vieille dame dont la malice doit se lire dans le regard. Je l’imagine vivre dans un troglo. Peut-être même roule-t-elle en Minicomtesse. Je sors mon imperméable, bourre ma pipe. Elémentaire. Mon enquête peut démarrer. Omerta générale Premier contact. Un Couturois pure souche, juché sur son cyclomoteur, me le soutient mordicus : « La dernière fois que je l’ai vue, c’était du côté de la place, hier ! » Je brûle. Je déambule dans les ruelles assombries par cette brume tenace. Direction le bureau de Poste. C’est de là que doivent partir bon nombre de ses courriers ravageurs. Un monsieur très gentil s’enquiert de ma présence. « Vous cherchez Ernestine, vous aussi ? Et vous l’avez trouvée ? En tout cas, bonne chance », me lance-t-il, sourire en coin, en s’éloignant. Les rares commerçants du bourg ne sont pas beaucoup plus bavards. A croire que comme ce brouillard, tous préservent depuis toujours la tranquillité de leur concitoyenne. Pas un ne semble vouloir me renseigner. Et dire qu’il y a deux heures à peine, je m’imaginais déjà frapper à la porte de cette râleuse épistolaire et la surprendre en train d’écrire une de ses “gentilles diatribes”… L’enquête : un métier, une passion. Après bien des tours et des détours dans les rues froides de Coutures et quelques indices glanés de çà de là (parfois au prix de dures négociations…), je pense avoir trouvé une piste.
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Une brouette remplie de bon sens A 16 heures, j’aperçois enfin une petite dame dans l’allée de son jardinet, poussant avec abnégation une brouette remplie de bon sens… Mais là, le doute m’envahit, je fais demitour. Et si c’était bien elle ? Je me dis finalement, qu’Ernestine Chasseboeuf n’a pas besoin qu’on vienne lui casser les pieds chez elle. Que son combat, pour elle et pour ses pairs, méritait même qu’on lui fiche une paix royale… Tout bien réfléchi, je vais plutôt lui envoyer une petite lettre, juste pour la remercier de m’avoir donné les siennes à lire… Yves André
Ernestine Chassebœuf, hasta la victoria
Ernestine écrit partout, volumes 1 (1999) et 2 (2000-2003), Ginkgo éditeur, illustrations de Quentin Faucompré Du même auteur : Glossaire du patois des Troglodytes-du-Dessous, Deleatur, 2002
Comment ne pas faire le rapprochement ? Ernestine Chassebœuf et Ernesto Che Guevara : même combat ? En tout cas, celui d’Ernestine est plus subversif qu’il n’y parait. Pour le mener, elle avait le choix des larmes. Le monde qui s’agite autour (au-dessus) d’elle, Ernestine a pris le parti d’en rire, plutôt que d’avoir à en pleurer, comme disait l’autre… Et ça marche. Ernestine Chassebœuf, faut pas lui en raconter. Ses lettres sont justement là pour rappeler à tous qu’elle n’est pas dupe, et qu’il ne faut pas prendre les gens pour des lapins de garenne de trois semaines. Je la soupçonnerais même de cultiver dans son jardin quelques rangs de cette autodérision qui soulage de tant de maux. Avec Ernestine Chassebœuf, le combat des ronchons continue. Hasta la victoria, siempre…
Y.A.
Actualité
K
iffe kiffe demain, c’est l’histoire de Doria, 15 ans, qui raconte sa vie avec des yeux d’adolescente. En compagnie de sa mère, elle habite dans une cité HLM de Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis. Son quotidien n’est pas franchement réjouissant, mais elle le décrit sans misérabilisme, avec cette dérision et cette modestie des gens qui ne savent pas se plaindre. Pour un premier livre, Faïza Guène, 19 ans, a frappé fort. Sorti en décembre 2004, son roman s’est déjà vendu à plus de 100 000 exemplaires. Une belle récompense pour cette jeune étudiante, native de Bobigny. Dans la même veine que le film L’esquive d’Abdellatif Kechiche, Kiffe kiffe demain montre la vie des banlieues sous un jour plus réaliste, et donc plus positif qu’il est coutume de voir. Certes, le tableau reste sombre et cruel, mais les rapports humains sont analysés avec beaucoup de finesse, de tendresse même. Alors disons-le haut et fort : oui, la littérature des cités mérite d’être lue ! Du style, de l’humour, de l’émotion, voilà un livre qui se déguste avec jubilation. Toutes générations confondues, ce roman quasi-autobiographique séduira les lecteurs les plus aguerris par sa fraîcheur et par son authenticité. A découvrir de toute urgence ! Anthony Berthou
Kiffe kiffe demain de Faïza Guène (Hachette Littératures, décembre 2004)
Essai Photo Simon Jourdan
Michèle Cotta, Politic Circus (L’Archipel, 2004)
L’ancienne journaliste de L’Express, aujourd’hui chroniqueuse politique au Nouvel Economiste, dépeint ici les turpitudes d’un univers politique en proie aux stratégies de ses “illustres” représentants. Michèle Cotta dresse sans concession, seize portraits et itinéraires d’hommes et de femmes politiques actuels, de tous bords, qui se débattent tant bien que mal pour tirer leur épingle du jeu. Les ambitions sont clairement affichées : tous aspirent à la consécration nationale. D.P.
Incontournable Kateb Yacine, Le poète comme un boxeur : entretiens 1958-1989 (Seuil, 1994) Kateb Yacine a vu l’Algérie obtenir son indépendance. Il y a même participé. Son intervention, toujours littéraire, éminemment engagée, a tantôt pris la forme du journalisme (à L’Alger Républicain), du roman (Nedjma, Le Polygone Etoilé), du théâtre, mais aussi de la poésie. Cette figure du poète, homme du verbe, de la révolte est-elle alors conciliable avec celle du militant qui inscrit, lui, son œuvre dans l’action et la révolution. Les entretiens présents dans cet ouvrage livrent les réponses d’un Kateb Yacine pressé de jeter à la face de tous, la fièvre algérienne qui l’a poussé à l’exil hors de son pays. Dimitri Perraudeau
Magazine Mad Movies (hors-série #4)
Réalisé en collaboration avec Comic Box, défunt magazine d’information consacré aux comics, ce hors-série a valeur de réhabilitation pour un genre trop souvent considéré comme mineur. De ses origines à sa démocratisation avec les adaptations cinématographiques récentes, le numéro condense toutes les infos sur le sujet. Outre une liste des essentiels du comic-book, il propose notamment des interviews conséquentes ainsi qu’une bande-dessinée inédite et complète de Hellblazer. Constantine, la version cinéma était d’ailleurs à l’affiche en février. François Provost Il est toujours possible de commander ce magazine sur www.mad-movies.com
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.pratik C(Les pratik k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique) Locaptivité
Bye bail, l’appart’ !
Par Christelle Magescas
A l’approche de la fin de l’année, quelques conseils et astuces pour quitter son appartement dans les règles et garantir ainsi son bon droit auprès du proprio.
A l’aide ! Première hypothèse :
Deuxième hypothèse : votre logement est meublé
votre logement n’est pas meublé Qui donne le préavis ? Celui qui a signé le bail. En cas de colocation, tous les locataires doivent donner leur congé. Si un seul le donne, il reste tenu du paiement des loyers et des charges, même s’il a quitté le logement. Comment ? Par acte d’huissier (c’est classe mais ça coûte cher) ou par lettre recommandée avec accusé de réception. Attention, une simple lettre n’a pas valeur de préavis et vous serez obligés de continuer à payer les loyers. Quand ? Trois mois avant de quitter les lieux. Attention, le délai court à partir de la réception de la lettre par le propriétaire. Si ce dernier ne va pas la chercher, il peut être préférable de faire un acte d’huissier. Conservez l’accusé de réception. En cas de mutation, de nouvel emploi ou si le locataire est titulaire du RMI, le délai est seulement d’un mois. Ce n’est pas valable dans l’hypothèse d’un changement d’université ou de stage.
Le principe est la libre fixation des modalités entre les parties. Lisez donc attentivement votre contrat : le délais de préavis est sûrement indiqué. Il existe néanmoins des cas particuliers. Si vous avez un contrat à durée déterminée Il n’y a pas de préavis. Vous êtes tenus du paiement des loyers pendant toute la durée pour laquelle vous vous êtes engagés. Il est impossible de quitter le logement avant, sauf si vous trouvez un remplaçant avec l’accord du bailleur. S’il n’y a pas de contrat de bail En principe, le délai de préavis correspond au délai de paiement des loyers Si le propriétaire loue plus de quatre logements Retour à la règle du délai des trois mois
Vos obligations ? Vous devez continuer à payer le loyer et les charges pendant tout le délai du préavis, sauf si le logement est occupé par un autre locataire avec l’accord du bailleur.
Ça déchire sa grand-mère
Exit le rhume ! Plutôt que de continuer à errer comme un zombie, exténué à la seule idée de se moucher, mieux vaut essayer, entre deux éternuements, cette mixture mise au point par grand-mère. Lorsque les symptômes apparaissent, faites plusieurs infusions de thym avec du miel. Y ajouter des rondelles de citron et deux clous de girofle (ça n’a pas l’air aussi bon qu’un grog, mais c’est efficace !). Et pour dormir sans avoir la sensation de nez bouché, versez quelques gouttes d’huile essentielle de thym sur un mouchoir posé à côté de l’oreiller. Ilsa Paretti
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• Association nationale information sur logement (ADIL) sur www.anil.org • Union départementale des consommateurs (UDC) au 02 41 88 56 42 • Association des nouveaux consommateurs au 02 41 86 02 24 Si vous avez de faibles revenus, vous pouvez bénéficier de consultations juridiques gratuites. Il vous suffit de vous adresser au Palais de justice et de demander le secrétariat du Centre départemental de l’aide juridique. En cas de litige, vous avez sûrement droit à l’aide juridictionnelle. Plus de renseignement sur www.barreau-angers.org
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Bes in d’un coup de fil ?
Informatique
Bugbear m’a tué Bugbear Vous en avez marre de payer 60 euros par an pour un antivirus qui vous donne l’impression que votre ordinateur tracte une caravane à chaque analyse. Savez-vous qu’il existe des antivirus “open source”, c’est-à-dire libres de droit et donc gratuits ? BitDefender, AVG, Antivir ou encore Avast analysent le contenu de votre ordinateur de manière régulière et offrent une sécurité suffisante à condition de les combiner avec un pare-feu, également appelé “firewall”. Non ! Ce n’est pas un dispositif contre les briquets récalcitrants, mais un logiciel qui filtre les transferts de données entre votre ordinateur et le réseau. De même, il existe des versions “open source” tels que Sygate, Jetico, Softperfect… La jungle du net Pour le système d’exploitation Windows XP, vous devez penser à faire votre mise à jour au service “pack 2” qui intègre directement un pare-feu. Ce type de logiciel nécessite de réaliser une configuration. En fait, il suffit d’approuver ou non la connexion internet du logiciel. Il est par ailleurs possible que le “firewall” pose des problèmes de connexion. N’hésitez pas à le désactiver pour vérifier votre connexion et à le réinstaller en cas de souci. Vous voilà donc prêts à affronter la jungle du net à condition de respecter quelques règles basiques : ne jamais ouvrir de pièces jointes d’une personne inconnue et préférer les webmails (Hotmail, Voila, Yahoo…) aux logiciels de type Outlook qui téléchargent directement les messages sur votre ordinateur. Guillaume Mercier
Pour plus d’infos : www.asul.org Sites de téléchargement de logiciels libres sur http://sourceforge.net et www.telecharger.com
• Mairie d’Angers : 02 41 05 40 00
• Objets trouvés : 02 41 05 44 79
• Douches municipales : 02 41 20 30 84
• Fourrière automobile : 02 41 21 55 00
• Bus COTRA : 02 41 33 64 64
• Toutes les informations sur les associations sportives à l’Office municipal des sports : 02 41 43 30 85
• Laverie automatique de Létanduère, 118 rue de Létanduère : 06 07 56 37 07
• Laverie des Justices, 10 place des Justices : 02 41 47 24 22
Le bon plan du net
Du whisky ? Juste un doigt… C’est la quantité requise pour la préparation d’un “black jack” selon www.1001cocktails.com. Ce site propose 2 444 recettes (à mon dernier passage) alcoolisées -avec toute la modération que recommande la loi pour votre santé et celle des autres - ou non. Du “désir d’une nuit” (prometteur) au “russe blanc” (cher au Big Lebowsky) en passant par le “cuba libre” (cher à notre directeur de la rédaction) ou “le kalachnikov” (plus qu’improbable), les recettes sont accompagnées de commentaires, de données techniques et parfois d’un historique. Vous voilà prêts à partir à la découverte des ressources insoupçonnées de vos papilles. Cheers…
• Laverie du Cygne, 5 place de la Visitation : 02 41 86 11 20
B.A.
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A suivre ???
anuskrit M(Aparté a n usuggestif s k rsurpassant i t Kokin Kl’imaginaire o k i nmasculin)
Sous mon pantalon mes fesses nues, pas de culotte. Le soleil dans le dos, le noir du t-shirt absorbe la chaleur, ça descend jusqu’au bas des hanches. Vous voyez ce que ça donne, jusqu’au bas de mes hanches… Croiser, décroiser Croiser, décroiser Croiser, décroiser les jambes, frottements des cuisses entre elles. - Vous désirez, madame ? Sourire. Les yeux se croisent, quelques secondes, très appuyées. Croiser, décroiser les jambes. Le frottement. L’air tiède. Amusement de bienêtre. - Un petit café s’il vous plait.
SOUS MON PANTALON… Sourire. Il tourne le dos, va prendre une autre commande. Regarder la marche, le mouvement balancé de ses fesses rondes, juste ce qu’il faut. Imaginant le contact tissu/peau à cet endroit, précis, doux, un peu au-delà du doux, juste un peu plus qu’agréable…
Lentement croiser, décroiser les jambes la peau est nue dessous, lentement frottements, frôlements de la chair, sous les vêtements la peau est nue… C’est ce soleil, cette tiédeur légère de l’air, la langueur de la pose, calée dans ce fauteuil... Une légère tension des muscles, ceux de l’entrejambe, et parfois les hanches que l’on sent se crisper de frissons, imperceptibles. Sourire, sirotant son café, savoir, ces frissons qui tendent les muscles, chair ferme, douce, fraîche et toute moite, les deux. Croiser, décroiser, croiser, décroiser mes jambes, lentement, juste, pas plus frôler la gauche avec la droite, la droite frôlant la gauche, s’accrochant, se détachant de la gauche, sentir se gonfler… La gauche se détachant de la droite, la droite se détachant de la gauche, pas plus, une gorgée de café, pas plus, et observer le balancement des autres qui passent, va, vient, ces saccades répétées. Les yeux calmes… Légèrement ailleurs, sourire, pas plus. Je laisserai un pourboire en partant. M.P.
Envie de faire paraître un de vos écrits ? N’hésitez pas à nous envoyer vos poèmes, nouvelles et autres textes à klibres_redac@yahoo.fr Souriez, vous êtes publiés !
Adrien ALBERT
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éklik Deklik (Illumination verbalisée aussi soudaine qu’intuitive)
Le cannabisa
L
es fumeurs de cannabis sont-ils de grands dépressifs ? « Angoisse, malaise, bad trip », « Déconcentration, pertes de mémoire : le cannabis est une réalité » : voilà pour les slogans de la campagne sanitaire dans la presse écrite. Tandis que dans les spots diffusés à la télévision et la radio, le fumeur, lorsqu’il arrêtera de consommer des pétards, sera mûr pour les psychotropes légaux… A des années lumières de la dimension festive du “pet”, le discours ambiant relayé avec force par les médias nationaux et régionaux s’apparente à une diabolisation de la consommation. Une diabolisation que l’on retrouve devant les tribunaux.
jours avant d’être contrôlée. Quant aux fumeurs passifs, impossible de savoir s’ils peuvent être positifs ou non. L’introduction d’une nuance dans la mesure du taux de THC ne serait-elle pas plus juste eu égard à la sévérité des peines ? Punir, au point de marginaliser des individus intégrés dans la société, ne résout rien. Marc Hazouard
u tournant
Entre une campagne nationale de prévention du ministère de la Santé et le développement des contrôles routiers liés à la consommation de stupéfiants, rarement les fumeurs de joints auront été autant médiatisés.
Le choix de la tolérance zéro La loi du 3 février 2003 a créé le délit de conduite sous l’emprise de stupéfiants. Le législateur a fait le choix de la tolérance zéro. La tolérance zéro implique que seuls deux résultats sont possibles : positif ou négatif. Aucune distinction entre un conducteur qui viendra de fumer un ou plusieurs joints et celui qui aura consommé la veille ou au cours des jours précédents. Dans le Maine-et-Loire, les verdicts rendus à l’encontre d’automobilistes déclarés positifs au cannabis lors de contrôles routiers sont éloquents : retraits de permis de plusieurs mois, peines de prison avec sursis et amendes de plusieurs centaines d’euros…
Surveiller, punir et marginaliser Dans le Maine-et-Loire, les stupéfiants sont présents dans 25% des accidents mortels, selon les sources officielles. Il est évident qu’un conducteur sous l’emprise d’alcool et/ou de shit est un danger ambulant pour lui-même et pour les autres. Et qu’il faut le sanctionner à la hauteur de la gravité et de l’irresponsabilité de son comportement. Cependant, la lourdeur des sanctions infligées apparaît disproportionnée lorsqu’elle touche une personne qui a tiré trois “lattes” sur un pétard deux
54 contrôles positifs dans le département Maître Hugot a défendu le 10 décembre devant le tribunal correctionnel de Saumur, un jeune homme contrôlé positif. « Il dit avoir fumé un joint l’après-midi. En revenant de boîte de nuit, il a pris les clés car il n’avait pas bu. Il n’était pas sous l’empire de stupéfiants mais avait des traces dans le sang », raconte l’avocat. Il est condamné à trois mois de prison avec sursis, quatre mois de suspension de permis et deux cents euros d’amende. Depuis septembre 2004, 54 automobilistes ont été contrôlés positifs dans le département. Les autorités publiques y mènent trois opérations simultannées une fois par mois. Le dispositif prévoit un dépistage urinaire qui, s’il s’avère positif
au cannabis, à l’héroïne, à la cocaïne ou aux amphétamines, donne lieu à une prise de sang qui définit le taux. « Pour parler du cannabis, son principe actif -la THC- reste six heures dans la sang », indique le major Clémenceau, commandant-adjoint de l’escadron départemental de la Sécurité routière. Et le gendarme d’insister : « On retrouve également dans le sang un métabolite -la THCCOOH- qui reste plusieurs semaines. Cela reste un délit. Fumer un joint tous les jours revient à être positif en permanence. » Dès le deuxième semestre 2005, les forces de l’ordre auront la possibilité de réaliser des tests salivaires. « Une méthode encore plus pratique et moins coûteuse. »
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