#06
Octobre/Novembre 06
GRATUIT
SOURIEZ, VOUS ÊTES INFORMÉS !
Ne pas jeter sur la voie publik
K.LIBRES #6 - Octobre/Novembre 06
KREDO. redo
(Principes sur lesquels la rédaction de K.libres fonde ses opinions)
Y suffit pas de s’afficher
L
e printemps 2006 s’est achevé sur un formidable mouvement revendicatif. Pour ou contre le CPE, un constat s’impose : en avril, nous avons tous été surpris par l’ampleur du débat qui a dépassé le seul monde étudiant. Alors pourquoi ne pas placer cette rentrée sous le signe de l’engagement ?
À quelques mois d’importantes échéances électorales, l’idée n’a rien de saugrenu.
Et vous, vous faites quoi cette année ? De la mise en place d’un système récompensant l’investissement extrascolaire (les très attendues Unités d’enseignement libre), en passant par les syndicats étudiants ou les associations, tous les moyens sont bons pour agir. Surtout ceux que vous inventerez. Une dynamique qu’au fil de ses pages, K.libres s’efforcera de relayer, d’amplifier… d’encourager en somme. Mais il ne suffit pas de s’afficher. L’important est de franchir le pas. Surmontons le paraître, confrontons les points de vue, quitte à s’engueuler parfois : l’enjeu en vaut vraiment la chandelle. À vous de saisir la balle au bond, c’est maintenant et ici que ça se passe. Pourquoi, d’ailleurs, ne pas le faire en intégrant la rédaction de K.libres, le mag’ informatif des étudiants angevins. Écrire pour agir ? Oui, on peut commencer par ça ! La rédaktion
Directeurs de la publication : Fabien Leduc et Dimitri Perraudeau Directeur de la rédaction : Dimitri Perraudeau – 06 74 74 77 00 Rédacteur en chef : Olivier Juret – 06 77 89 02 06 Comité éditorial : Jean-Philippe Colombet, Jac Guibert, Simon Jourdan, Olivier Juret, Fabien Leduc, Dimitri Perraudeau et Christophe Ricci Secrétariat d’édition : Fabien Leduc et Ilsa Paretti Photographe : Simon Jourdan – simonj.photos@wanadoo.fr Concepteur graphique : Jac Guibert Responsable commerciale : Élise Brielle – 06 87 47 15 08 klibres_pub@yahoo.fr
K.libres, le mag’ gratuit des étudiants angevins Bimestriel – année 2 – numéro 6 – octobre/novembre 2006 Contact : klibres_redac@yahoo.fr
Ont collaboré à ce numéro : Adrien Albert, Al Mayuk, B-bô, Thomas Boureau, Claire Braud, Romain Cadel, Armelle Cailleau, Julien Derouet, Mathilde Durfort, Guillaume Jolly, Albertine Julié, Jean-François Keller, Aziliz Le Berre, Morgane Lego, Laurence Mijoin, Mélanie Puel et Élise Richard Nous sourions aussi à Anna Bellan, Alice Bescond, Jérémy Bourdin, Alexandre Guais, Clémentine Julle-Danière, Samuel Lebrun, Antoine Lelarge, Christelle Magescas, Alexandre Porcher, Jean-Mathieu Potot, Ronan Stephan, Jessica Thaï-Thuc, ainsi qu’aux guerriers de l’Espace (Domitille, François, Françoise et Jean)
K.libres est édité par : Association (loi 1901) “Diversités” 15 rue Daillière – 49 000 Angers Imprimerie : Groupe Renard 138 route du Mans – 72 160 ARCONNAY Tirage : 10 000 exemplaires Dépôt légal : octobre 2006 ISSN 1774-122X
La reproduction même partielle des illustrations et des articles parus dans K.libres est interdite. Tous les prix mentionnés sont non contractuels.
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ases libres Kases
(Une aventure compartimentĂŠe pour de vrai mais totalement improbable)
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(Panel de sujets d’investigations, d’informations, pertinents, éprouvés et parfois surréalistes)
Kampus
pp. 6 à 9 Koi de neuf
pp. 10 et 11 Kursus pp. 13 à 15 Diagnostik
p. 16 K.pratik pp. 18 et 19 Koi ki s’passe
pp. 20 et 21 Eskapades pp. 22 et 23 Figure libre pp. 24 et 25 Kidam
Cités libres
pp. 26 à 28 Zik
p. 29 Lektures
pp. 30 et 31 Krayonnage pp. 32 et 33 Ekran total
p. 34 Kafé des sports
p. 35 C. pratik
pp. 36 à 39 Krapahutage
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de neuf neuf Koi de
(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)
Appel à mobilisation
Auda : Parce que mieux vaut prévenir que guérir ! nos Laisse z dist ribu teu
Vélo campus pour tous
Tou sa l'Au vec da !
!
Sous les pavés, les timbres !
Rendez nous service !
L
e nom Auda vous dit-il quelque chose ? Peut-être alors le Kiosque ou encore Vélo campus évoquent-ils chez vous le doux sentiment que sur les campus, on s’occupe de vous ? Ce serait compréhensible. L’Association universitaire pour le développement et l’avenir, conçue en 1989 par et pour les étudiants, propose tout un tas de services utiles et pas chers durant l’année. En misant sur la proximité (en l’occurrence, sa présence dans différents UFR), elle facilite votre vie à la fac (papeterie, photocopies, photos, reliures, presse, le fameux Vélo Campus – prêt gratuit d’une bicyclette en échange d’une caution non encaissée –, une cafétéria et des distributeurs de confiseries, boissons et sandwiches). Un avenir plus incertain que jamais
Alors quoi ? Pourquoi un «Appel à mobilisation» ? Parce que la têtière «Coup de gueule» n’est pas encore d’actualité et qu’avec votre participation il est de bon ton d’espérer qu’elle ne le sera jamais…
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a e Viv l'aud e itr ma
, vé s pa ! les bres us S o s ti m e l
Ren dez serv nous ic e !
rs
Jamais sa ns mon kiosq ue !
Explication : si le début d’année est synonyme de certitudes pour certains (genre, « Je suis dans le même TD que Julie »), pour d’autres, il en va autrement. L’Auda, en l’état actuel des choses (et des pourparlers avec les autorités compétentes au sein de l’Université), n’est en effet pas sûre de conserver les murs de la cafét’, ni ceux du kiosque à partir de l’année prochaine. De même, le contrat conclu entre l’UFR de Sciences et l’entreprise qui loue les distributeurs, dont une partie des recettes participe au fonctionnement de l’association, n’a pas été reconduit pour l’année 2007. Plus de local, moins de sous, un avenir pour le moins incertain… Pour toi, une mission toute simple
Si, au moment où ces lignes sont écrites, rien n’est encore fait, il paraît tout de même urgent
de sonner la tirette d’alarme. Mieux vaut prévenir que guérir ! Dans un premier temps, nous vous confions à vous, étudiants, en tant que bénéficiaires de ce service associatif, une mission toute simple : vous mobiliser. Allez donc traîner du côté de la fac de Lettres à Belle-Beille, discuter un peu avec les copains de l’Auda. Ils vous attendent déjà. Et surtout, n’hésitez pas à prendre cinq minutes quand on vous tendra un questionnaire sur l’utilité du Kiosque. Ce sera déjà ça. Pour la suite ? On verra bien comment tout ça se goupille… Dimitri Perraudeau
Expresso
ts : n a iv r r a x u a e v u No
C’est beau les arts, la nuit !
T
on goût prononcé pour les études t’a conduit à Angers. Et ça, c’est déjà pas mal. Mais jusqu’à présent, tu n’as guère eu le temps d’aller au-delà du chemin qui te mène entre ton petit nid douillet et le pupitre de ta salle de cours. Mais pas de panique, la Ville a décidé de reconduire, cette année, l’organisation du Forum accueil étudiant, à l’attention de tous les élèves étrangers et de ceux inscrits en 1re année. Les 17 et 18 octobre, les Greniers Saint-Jean prendront donc l’apparence d’une véritable caverne d’Ali Baba, avec la bagatelle de 40 stands – dont un «associations étudiantes» et un autre «Jobs» – garnis d’infos et de bons plans qui devraient faciliter ton intégration à la ville. Cerise sur le gâteau : un espace «restauration chaude» tenu par le Crous sera aménagé pour permettre aux visiteurs de déjeuner sur place (et ce, pour le prix d’un ticket de RU).
Et pour couronner le tout, quelques festivités sont au menu. Tandis que les nouveaux étudiants étrangers seront conviés à un cocktail (sur invitation), le mardi, de 19 heures à 21h30, les élèves de 1re année sont, eux, invités, le lendemain à partir de 20h15, au Chabada (sur invitation à retirer au Forum), pour un concert donné par Dajla (musique soul jazzy) et Orange Blossom (musique du monde – électronique).
Une visite nocturne et gratuite du musée des Beaux-arts (14 rue du Musée) est spécialement organisée à l’attention des étudiants angevins, le 16 novembre, de 18 à 22 heures. Une découverte festive et inattendue à ne rater sous aucun prétexte... Contact au 02 41 05 38 00
Étudiants et entreprises ont leur interface
Olivier Juret Forum accueil étudiant, le 17 octobre de 13 à 19 heures et le 18, de 10 à 15 heures, aux Greniers Saint-Jean. Contact auprès de la Mission jeunesse au 02 41 05 45 68 ou sur www.angers.fr
Les élèves ingénieurs de l’École supérieure d’électronique de l’Ouest (Eseo) organisent, le mercredi 8 novembre, au Centre de Congrès, la 9e édition du Forum Anjou Perspectives. L’événement, qui vise à favoriser les échanges entre élèves et entreprises, ouvrira ses portes de 9 heures à midi et de 14 heures à 17h30. Contact au 02 41 86 67 24 ou sur www.anjouperspectives.com
S’il vous manque le sens de l’orientation… Le Salon Studyrama des études supérieures pose ses valises au Parc des expositions d’Angers, le 2 décembre de 10 à 18 heures. Ce rendez-vous incontournable a pour objectif de vous informer sur les diverses possibilités d’orientation, de réorientation ou encore de poursuite d’études qui s’offrent à vous, en présence de très nombreux établissements publics et privés.
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de neuf neuf Koi de
(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)
Moissons austr
Un étudiant s’est envolé le mois dernier pour un périple qui devrait faire du bruit
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oquillages et crustacés oubliés, l’heure de la rentrée a sonné. Mais n’allez pas croire qu’Anthony Humeau est parti à l’autre bout du monde pour prolonger ses vacances (ni pour chasser le croco, d’ailleurs). S’il a débarqué à Melbourne le 18 septembre dernier, après 19 heures de vol, c’est pour récolter des sons. Une moisson pour le moins atypique qui a poussé l’étudiant à se concocter un parcours long de 18 500 km en guise de terrain de chasse. De Sidney à Brisbane, en passant par la Tasmanie, Perth, Cairns ou encore Alice Springs, Anthony va arpenter les routes australiennes, pendant une année, à la recherche d’ambiances, de bruits de la vie courante, de musiques et d’interviews. Un seul mot d’ordre dirigera cette quête hors du commun : le rêve. «Des rêves à partager»
Car, avec cette drôle de cueillette, le globe-trotter tient à « rappeler l’importance et la richesse de cette notion que l’on a malheureusement écartée de notre société occidentale ». Mais, pour autant, pas le temps de rêvasser. Ses trésors sonores feront l’objet de courts documentaires qui alimenteront, tout au long de son séjour, le site internet consacré à cette épique expédition, et l’émission «Des rêves à partager», spécialement programmée deux fois par semaine sur les ondes de Radio campus Angers. Anthony songe aussi à réaliser une fiction radiophonique qu’il diffuserait en public, à son retour. photo Simon Jourdan
Les «Guerriers de l’Espace» repartent en croisade
U
n tonnerre d’applaudissements avait accompagné, en septembre 2005, l’entrée en scène de l’Espace culturel dans le monde universitaire. Restait alors à se montrer à la hauteur des attentes d’un peuple étudiant en mal de culture. À en juger par l’affluence – 9 500 spectateurs dont 6 300 étudiants – et la diversité des événements présentés – pas moins de 71 dans les domaines de la musique, de la danse, du théâtre, de la poésie ou encore du cinéma – la culture à l’Université a assurément de beaux jours devant elle. Mais les «Guerriers de l’Espace» ne sont pas du genre à s’endormir sur leurs lauriers, comme en témoignent l’agenda de cette rentrée (lire ci-contre) et l’organisation tout au long du mois d’octobre de la 1re édition de «Campus en culture». Une manifestation qui a pour but de faire se rencontrer les
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élèves, les associations étudiantes et les institutions culturelles de la ville, par le biais de conférences et de rencontres, à l’Espace culturel, bien évidemment, mais aussi sur le campus de Belle-Beille. Car, là réside la principale innovation de cette rentrée culturelle à la fac. Le grand projet annuel pourrait très prochainement investir des contrées universitaires jusqu’alors quelque peu désœuvrées en matière d’offres culturelles. C’est de vous – étudiants de Belle-Beille et de Cholet – dont il est question. Alors profitez de cette aubaine pour vous manifester, et faire part de vos projets et besoins. O.J
Espace culturel de l’Université d’Angers 4 allée François-Mitterrand Tél. : 02 41 96 22 96
La prog’ de l’Espace culturel Octobre • Jeudi 19 à 20h30 / Rencontre avec Carlos Liscano, écrivain uruguayen Entrée libre • Vendredi 20 à 20h30 / Performance musicale sur photos projetées de Claude Dityvon Entrée libre • Mardi 31 à 20h30 / "Galerie de portraits : visite guidée" de Fabienne Tessier Entrée 5€ Novembre • Mercredi 8 à 20h30 / Cinémas d'Afrique avec Sia, le rêve du Python de Dany Kouyaté Entrée libre • Jeudi 23 à 20h30 Concert de Jean-Louis Bergère Entrée 5€ • 30 novembre, 1er, 2, 5 et 6 décembre à 20h30 / Comment Monsieur Mockinpott fut libéré de ses tourments, de Peter Weiss Entrée 5€
rales
Trois dispositifs qui aident à financer vos projets
vers l’Australie t.
S
i comme Anthony, une idée de projet a germé dans votre esprit, sachez qu’on peut vous donner un coup de pouce
financier. À condition de respecter certains délais… • Les jurys régionaux d’attribution des prix "Envie d’Agir" et
Ses études entre parenthèses
Des rêves plein la tête, l’aventurier espère surtout donner à son voyage sonore un écho sur le long terme. Soutenu par l’Université d’Angers, la municipalité et la Direction départementale de la jeunesse et des sports dans le cadre du «Défi Jeunes» (lire ci-contre), Anthony a fondé l’association Zaolis dans l’idée de produire d’autres créations radiophoniques. « Ce n’est qu’une première étape dans un véritable processus qui pourrait faire intervenir d’autres chasseurs de sons », assure celui qui a quand même mis ses études entre parenthèses. Titulaire d’un DUT multimédia à Laval et d’une licence d’information et de communication à Poitiers, partagé entre ses passions pour la photo, le dessin, le son, la vidéo ou le graphisme, Anthony a ainsi voulu se laisser le temps de réfléchir à son avenir professionnel. « Cette expérience devrait me permettre d’affiner mes envies. Ce sera peutêtre l’occasion de reprendre mes études ou de trouver un travail. » À bon entendeur… Olivier Juret
Contact : http://desrevesapartager.free.fr Jeu à la kon : kombien y a-t-il de kangourous sur cette page ? Envoyez vos réponses à klibres_kon@yahoo.fr
"Défi Jeunes" (Direction départementale de la jeunesse et des sports) se dérouleront le 7 novembre à Nantes. Le 15 novembre se réunira un jury départemental pour les "Projets J" (contacter Nicole Morin au 02 41 24 35 25). Les dossiers doivent être déposés 15 jours avant les différentes commissions. • La commission de la Mission Jeunesse (mairie d’Angers) aura lieu le 25 octobre (la clôture du dépôt des dossiers est fixée au 6 octobre). Contacter Josiane Jousset au 02 41 05 45 70. • La commission d’attribution de subventions pour les projets étudiants, dans le cadre du Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes de l’Université d’Angers (FSDIE), se déroulera le 21 novembre. Le dépôt des dossiers devra intervenir avant le 14 novembre. Contacter Sylvie Bouis au 02 41 96 22 52.
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Kursus
(Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”)
« L’histoire du Mali
est enc
Né au Mali et étudiant à Angers depuis cinq ans, Ibréhima Tamega vient de fonder l’association Siniko, dont l’objectif est de promouvoir la culture malienne. Après avoir suivi une formation en BTS de management des unités commerciales, Ibréhima songe sérieusement à « s’engager dans la politique ». Un choix qui s’explique aisément par son passé tumultueux. Ancien leader de l’Association des élèves et des étudiants maliens (AEEM), ce jeune homme de 27 ans a été arrêté et séquestré à plusieurs reprises pour avoir manifesté son opposition aux autorités maliennes. De cette expérience douloureuse, Ibréhima a gardé des marques corporelles indélébiles, mais aussi l’envie furieuse de « se battre pour le Mali ». Sortir de l’assistanat
Si venir en France était pour lui le moyen de se « mettre à l’abri » et d’étudier, pas question pour autant d’arrêter son combat. C’est d’ailleurs sa volonté de « lutter contre le fatalisme », qui l’a poussé,
« Nuancer le tableau d’une Afrique misérable » il y a six mois, à fonder Siniko, une association qui regroupe désormais une trentaine de membres et dont le nom signifie «Histoire de demain». Et cette histoire, c’est autant avec les Maliens qu’avec
photo Simon Jourdan
les Angevins que Siniko veut l’écrire. Une seule règle d’or, donc, pour cette jeune association : sortir le pays du cadre de l’assistanat et du seul jumelage Angers-Bamako. « L’important, c’est de favoriser le développement des régions les plus enclavées du Mali et de permettre
Les dessous de carte
de Mallé
Des rives du fleuve Sénégal aux quais de Maine, Mallé Diagana a tracé un parcours aussi original qu’opiniâtre. Itinéraire d’un géographe en quête d’orientation. De l’école coranique de Kaédi – une ville de 70 000 habitants au sud de la Mauritanie, frontalière avec le Sénégal – à l’entrée en post-doctorat à l’université de Nantes, 32 ans se sont écoulés. Des années pendant lesquelles Mallé Diagana n’a eu de cesse de suivre une trajectoire synonyme d’ouverture d’esprit et d’enseignement. Un fils du désert en pays pluvieux
Mallé est arrivé à Angers en avril 2000 pour effectuer une thèse de géographie qui l’a plongé dans la biodiversité floristique du territoire continental du Parc national du Banc d’Arguin1. Cet ancien attaché temporaire à l’enseignement et à la recherche (Ater) de la fac de géo de Montesquieu, docteur depuis novembre 2005, se rappelle que « ce n’était pas évident au départ ». « Je viens d’un pays quasi désertique, et ici, il pleut si souvent ! », se marre-t-il aujourd’hui. Avant d’arriver à Angers, Mallé a d’abord étudié à l’Université de Nouakchott (capitale de la Mauritanie), dont il est sorti major de sa promo en maîtrise (master 1). Ce brillant classement lui offre alors une bourse d’étude qui lui ouvre les portes de l’université de Tunis-I, où il effectue son diplôme d’études approfondies (appelé
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aujourd’hui master 2 de recherche). Avant de rentrer au pays, au bout de deux ans. Pourtant, il était dit que Mallé n’y resterait pas. Alors qu’il est responsable et animateur d’un groupe de recherche sur les zones humides mauritaniennes à l’Université de Nouakchott, il rencontre des profs de la fac de géo d’Angers en mission. Séduits par son projet, ils l’invitent à venir étudier dans la capitale de l’Anjou. On connaît la suite… L’exil, une formation à la tolérance
Au-delà du parcours universitaire qui le rend « fier et heureux » et dont il mesure « la chance que beaucoup n’ont pas eue », il est intarissable lorsqu’on lui demande ce que lui a apporté son exil : « Ça m’a ouvert l’esprit, tant sur le plan de la culture qu’au niveau des personnes que j’ai rencontrées. Ça a énormément contribué à développer ma tolérance ». Angers l’humide est ainsi devenue la « deuxième ville » de ce fils du désert : « Je me suis fait plein d’amis et je me suis beaucoup instruit. L’environnement et le cadre de vie me plaisent bien », dit-il avec un large sourire. Pour Mallé, une chose est sûre : il restera « toujours Angevin », même s’il quitte la ville après le post-doctorat. Il ne sait pas encore où il ira s’établir : « Je voudrais continuer dans la recherche et l’enseignement, peu importe où ». L’intégration dans le corps des enseignants chercheurs n’est en effet pas chose aisée. Car l’université ne leur ouvre pas les bras et de
core à écrire » une prise de conscience des populations pour qu’elles se sortent elles-mêmes de la misère », explique Ibréhima. Pour l’heure, Siniko possède déjà une antenne à Bamako. Un atout considérable, qui lui permet de nouer de précieux contacts. Un partenariat entre l’école primaire Malraux des Ponts-de-Cé et celle du village d’Oussoubidiagna (dans la région de Kayes au sudouest du pays) devrait bientôt être signé. Et d’ici quelques jours, huit membres de l’association partiront deux semaines au Mali pour « évaluer les besoins de la population ». Des fournitures, des livres et des manuels scolaires ont également été collectés. Ils serviront à remplir les étagères des futures bibliothèques, que Siniko projette de construire. Car la priorité, bien entendu, c’est l’éducation, « seule solution pour que les jeunes Maliens puissent se prendre enfin en main ». « Rapprocher les populations »
À raison d’une fois par an, Siniko souhaite organiser des voyages pour « rapprocher les populations française et malienne ». D’ores et déjà, l’association intervient dans des écoles et des maisons de retraite pour « faire découvrir aux Angevins la culture malienne et nuancer le tableau d’une Afrique misérable, dépeint par les médias. » Quant à son avenir, Ibréhima le voit au Mali. Il a confiance. « L’histoire de demain est encore à écrire. Pour ma part, je suis convaincu qu’on peut améliorer la situation actuelle, il faut juste s’en donner les moyens. » Élise Richard
Association Siniko (5 rue de l’Espine – 49 000 Angers) Tél. : 06 23 53 34 30 – Mail : siniko49000@hotmail.fr
photo Simon Jourdan
nombreux docteurs rencontrent un véritable problème d’intégration professionnelle au terme de leurs études. Qu’ils soient Français ou Mauritaniens. Christophe Ricci
Situé en Mauritanie, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1989 et inscrit comme «zone humide d’intérêt international» dans la Convention de Ramsar en 1992, ce parc naturel – le plus grand de l’Afrique de l’Ouest – s’étend sur environ 12 000 km2 entre l’océan Atlantique et le Sahara.
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iagnostik Diagnostik
(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)
photo Al Mayuk – http://al.mayuk.free.fr
Syndicats étudiants : petit politique deviendra Unef1, Confédération étudiante (Cé), Fage2, Sud étudiant ou Uni3 : autant d’organisations qui entendent défendre les droits des étudiants et leurs intérêts. Engagées dans des combats politiques, elles ne se reconnaissent pourtant aucune affiliation à un parti. Entre batailles électorales dans les universités et cortèges de manifestations, les syndicats étudiants ressemblent cependant à une antichambre du jeu politique. Dossier réalisé par Aziliz Le Berre
grand...
L
a notion syndicale des organisations étudiantes apparaît pour la première fois dans la Charte de Grenoble en 1946. Ce texte donne les grandes lignes du seul syndicat étudiant de l’époque : l’Unef. Les étudiants s’y déclarent « jeunes travailleurs intellectuels » et la volonté est alors de les inscrire comme des membres à part entière de la société. Ils ne demandent plus seulement des lieux pour organiser des ventes de livres et autres banquets, mais la reconnaissance d’un statut social qui leur permettrait d’acquérir des droits semblables aux autres travailleurs. Acteurs de la vie universitaire
« Dans tous les syndicats, y compris la Fage, il y a un projet de société, un projet de vie de la jeunesse, exprimé par les étudiants », développe Antoine, vice-président étudiant de l’université d’Angers de juin 2003 à décembre 2005. Depuis quelques années, les organisations étudiantes se sont donc multipliées. Chacune défend, aujourd’hui, sa manière d’inscrire l’étudiant dans la société. À Angers, ce sont actuellement «Interassos Angers» (dont la fé2a fait partie), «Unef et associations étudiantes» et «Cé, syndicat étudiant» qui ont majoritairement été élus pour siéger aux conseils universitaires4. À ce titre, ces organisations sont des acteurs de la vie universitaire et des représentants des étudiants au sein de l’université, comme dans la vie civile. Et cette présence leur donne droit de parole au nom de tous, sur des sujets bien plus larges que les affaires courantes des UFR.
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iagnostik Diagnostik
(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)
Un choix politique
Comment définir alors ce que devrait être le rôle d’une organisation étudiante ? Créées dans des buts uniquement corporatistes (défendre l’étudiant au sein de son université), car elles ne concernaient qu’un très faible pourcentage de la population, les associations étudiantes s’intéressent désormais à des enjeux qui dépassent ceux de la vie sur les campus : le droit à la formation, les conditions d’entrée sur le marché du travail ou encore les modalités financières permettant l’égalité des conditions d’enseignement. Les revendications prennent alors un ton politique, selon les projets sociaux que les syndicats aimeraient concrétiser au sein de l’université. Sur la vision même du monde universitaire peuvent s’opposer deux conceptions de l’Étudiant. Certains estiment, par exemple, juste et légitime, que les annales des examens soient gratuites et accessibles à tous. D’autres considèrent, au contraire, que faire payer ces annales permet de récolter des fonds pour proposer d’autres services. « Prendre parti politiquement »
Pas étonnant que, durant ces dernières années, les militants n’aient pas rechigné à aller à la rencontre des élus locaux, voire nationaux, afin de les solliciter politiquement dans la résolution des problèmes purement étudiants. Pas étonnant, non plus, que la donne politique soit de temps à autres au cœur des débats internes dans certains syndicats. « Je ne vois pas comment donner mon avis dans une organisation, sans prendre parti politiquement. S’abstenir sur tout ce qui semble politique ne fait que donner une position floue », confie Guillaume, secrétaire général de l’Unef Angers. D’ailleurs, il arrive que le syndicalisme étudiant ne soit qu’une première étape vers un engagement plus politique, parfois même au niveau national. « Parmi les anciens vice-présidents étudiants d’Angers, un est actuellement responsable syndical à Paris, deux sont au conseil municipal de la ville, et un autre est directeur de la Confédération étudiante », confirme Antoine.
La «victoire» obtenue a marqué les esprits. Depuis 12 ans, et le CIP envisagé par le gouvernement Balladur, aucune contestation étudiante n’avait abouti au retrait d’un dispositif législatif approuvé par le Parlement. Toutefois, les mesures annoncées en fin de mouvement (Allocations de rentrée pour tous, prolongation d’un mois de l’octroi des bourses due au report des examens…) sont aujourd’hui réduites à la simple mesure Aline, qui ne concernera que 80 000 étudiants sur les 500 000 boursiers (soit 3,65% du nombre total d’élèves inscrits dans l’enseignement supérieur - source www.sud-etudiant.org). Bien que travaillant toute l’année sur le terrain, les syndicats étudiants ne semblent être écoutés que lorsque la rue partage leurs revendications. C’est pourquoi chacun cherche à créer des alliances : de nombreux dirigeants de l’Unef s’investissent dans le PS, la Confédération étudiante est associée à la CFDT et l’Uni bénéficie du soutien de l’UMP. Mais deux autres raisons plus inquiétantes expliquent ce rapprochement… Le manque de militants, d’abord, entraîne une faible pression sur le personnel politique et un manque de financement, faute d’adhésion. Le jeu de séduction entrepris avec les élus politiques permet de relayer les revendications dans les assemblées nationales, et donc de tisser des liens avec les pouvoirs publics qui attribuent les subventions5. Enfin, la fac n’est qu’un lieu de transition, les leaders d’aujourd’hui seront demain des salariés. Cet état temporaire n’enracine pas les projets sur le long terme. Et le revers de la médaille est sans appel : plus ils essaient de se constituer en groupes de pression, plus les syndicats étudiants risquent de perdre leur légitimité auprès de ceux qu’ils essaient pourtant de représenter.
Deux conceptions de l’étudiant s’opposent
Une voix à faire entendre
Au cours du printemps dernier, le mouvement anti-CPE a ainsi vu les leaders étudiants défiler aux côtés des dirigeants politiques et syndicaux.
1 Union nationale des étudiants de France Fédération des associations générale étudiante 3 Union nationale interuniversitaire 4 Liste des élus étudiants au conseil d’administration et au conseil étudiant de la vie universitaire, sur le site de l’Université d’Angers 5 Cette année, ont été élus au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), 5 représentants Unef, 3 représentants Fage, un de la Cé, un de l’Uni, et un de la PDE (Promotion et défense des étudiants). Chacune de ces organisations a reçu 23 000€ de subventions par représentant élu. Les élections dans chaque fac comportent donc pour les syndicats des enjeux au niveau national. Leur financement est aussi dépendant de leur poids électoral. 2
Robi Morder :
« Les liens entre syndicats étudia et organisations politiques son complexes »
Président du Groupement d’études et de recherche sur les mouvements étudiants (Germe), Robi Morder est professeur associé en Droit social à l’Université de Reims en Champagne-Ardenne. Il a notamment dirigé l’ouvrage Naissance d’un syndicalisme étudiant (éd. Syllepse). K.libres : L’engagement au sein des syndicats étudiants est-il une pratique courante ? Robi Morder : « Si on parle de syndicats ou d’associations d’étudiants, en terme de militants actifs, tout le monde connaît les mêmes problèmes : il y en a peu. Certaines
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associations déclarent beaucoup d’adhérents, comparativement à des organisations syndicales, type Unef. Mais l’adhésion à ces dernières est globalement plus engageante, il y a moins de différences entre un adhérent et un militant. Par ailleurs, des étudiants peuvent
parfois intégrer des associations sans savoir qu’elles sont affiliées à la Fage ou à PDE (Promotion et défense des étudiants), car les fonctionnements et les structures ne sont pas les mêmes. »
universitaire) qui se réfère explicitement à l’UMP et qui donne cette consigne de vote, les liens sont flous. Je dirais plutôt qu’il s’agit de communautés de positions. Et s’il y a courroie de transmission, elle va dans les deux sens. Les responsables syndicaux vont s’engager dans les partis politiques pour essayer de faire remonter les problématiques étudiantes qui n’arrivent finalement que très peu sur la table de discussions. » K.libres : Ces problématiques ont-elles toujours été les mêmes ? Robi Morder : « Le champ des revendications s’est modifié en même temps que le champ des étudiants. Volontairement, j’ai écrit une tribune dans Le Monde faisant référence à la charte de Grenoble de 1946 et la déclaration de l’Unef, selon laquelle « l’étudiant est un jeune travailleur intellectuel ». Cette définition, c’est aujourd’hui qu’elle est vraie, car près d’un million d’étudiants travaillent. La question du salaire étudiant, qui était posée à l’époque, devient réellement justifiée. On est passé de 100 000 à 2 millions d’étudiants en France. La taille des universités constitue un des bouleversements les plus importants de ces dernières années, et cette taille a bien sûr approfondi le problème social. »
photo D.R.
K.libres : Justement, comment peut-on différencier un syndicat d’une association ? Robi Morder : « La distinction que je fais, c’est entre les groupements qui ont une fonction de représentation ou pas. Pour moi, il n’y a pas de différence de nature entre la Fage, l’Unef et PDE, qui assument une même fonction de représentation, alors qu’il y a des associations qui se définissent uniquement par un projet autre. En revanche, il peut y avoir des distinctions de politique revendicative, associative ou représentative, mais ce n’est pas ce qu’il y a de fondamental dans leur fonctionnement. »
ants nt
K.libres : Qu’est-ce qui peut décider certains étudiants à s’engager dans un syndicat ? Robi Morder : « En interrogeant des délégués aux congrès de la Fage et de l’Unef, on se rend compte que ce sont des gens qui connaissent déjà ce milieu. Par des actions qu’ils ont déjà menées ou par un héritage familial, ils savent à quoi ils s’engagent. Par exemple, beaucoup ont été délégués lycéens. Pour d’autres, les moments de contestation collective vont être source de connaissances ou de prises de conscience. Ils vont être à l’origine du
renouvellement des effectifs. Enfin, ces organisations peuvent être aussi des lieux de sociabilité et de débats. » K.libres : Les syndicats étudiants ont-ils des liens avec les syndicats professionnels ? Robi Morder : « Bien sûr. Par exemple, les syndicats d’étudiants en Médecine sont très liés aux organisations professionnelles des médecins. Parce qu’ils ont des problématiques communes sur les soins, l’accès à la santé ou l’entrée sur le marché du travail. De la même manière, il peut y avoir des liens entre l’Unef et les organisations syndicales professionnelles. D’ailleurs il est normal que des liens se créent entre syndicats professionnels de travailleurs salariés ou indépendants et organisations étudiantes, parce que les étudiants se posent la question de leur devenir. »
K.libres : Quelle est l’évolution de ces dernières années ? Robi Morder : « Dans le champ des revendications, on est davantage dans le concret. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’utopie, il y a toujours une utopie réaliste. Mais aujourd’hui, la volonté de changement part aussi d’une exigence de garanties pour l’avenir. Il y a 30 ans, la question du chômage était posée, mais il y avait, chez tous les étudiants, la certitude de trouver du travail, même déqualifié. Les revendications actuelles se basent sur la demande d’une sécurité de l’emploi. Le nombre de jeunes chômeurs n’a peut-être pas augmenté ; mais ce qui inquiète, c’est la multiplication des contrats courts et la précarité que cela induit. »
« La question du salaire étudiant est vraiment justifiée »
K.libres : Et leurs relations avec les partis politiques ? Robi Morder : « Les liens avec les organisations politiques sont plus complexes. On ne peut pas se contenter, par exemple, d’assimiler l’Unef au PS, ce serait trop réducteur. À part l’Uni (Droite
K.libres : Quel est aujourd’hui le poids des syndicats étudiants ? Robi Morder : « Ils ont un poids de mobilisation plus qu’un pouvoir réellement politique. Dans les débats électoraux, bien qu’il y ait quatre fois plus d’étudiants que d’agriculteurs, les problématiques qui les concernent sont très peu abordées. C’est un groupe qui est pour l’instant peu considéré au niveau des affaires politiques. » K.LIBRES #6 - Octobre/Novembre 06
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pratik K. pratik
(Vivre son campus, de la théorie à la pratique)
Donne du crédit à la culture…
K
.libres, à la pointe des nouveautés, a trouvé le bon plan de l’année pour toi qui as du talent ou des projets culturels plein la tête. Et oui, dès maintenant, tu peux aller retirer un dossier à l’Espace culturel de l’Université d’Angers qui pourrait te permettre d’acquérir jusqu’à 9 ECTS (European Credits Transfer System) sur l’année. Explication : un projet d’Unité d’enseignement libre (UEL) a été voté en Conseil d’administration le 6 juillet dernier, sous la houlette de Jean Birotheau, le responsable du service culturel de la fac, le but étant « d’inciter les étudiants à ne pas perdre la motivation concernant l’associatif culturel ». Une initiative qui devrait donc permettre aux élèves d’être récompensés, dans le cadre de leur cursus universitaire, pour leur investissement extrascolaire. Le jeu en vaut la chandelle
Ce projet concerne dans un premier temps le théâtre, la musique et le cinéma, mais devrait s’élargir à d’autres domaines. Alors, que tu sois artiste ou organisateur, seul ou à plusieurs, n’hésite plus et va t’inscrire ! Le personnel de l’Espace culturel te guidera dans ta démarche. En revanche, attention à toi, petit malin qui Bon à savoir voudrait frauder et t’insérer dans un projet sans réelle conviction. Un professeur référant devrait Un partenariat d’accompagnement être en mesure de te suivre et donc d’évaluer ton scolaire avec un lycée de ZEP implication. Si elle est au point mort, tu ne seras d’Angers a été mis en place. Si tout naturellement pas crédité d’ECTS. tu veux donner des cours dans la Le jeu en vaut donc la chandelle et, comme l’a semaine, à titre bénévole, il se dit un certain Pierre de C. : « L’essentiel est de se pourrait que tu puisses bénéficier de crédits pour ton engagement. Pour cultiver ». Romain Cadel
Espace culturel de l’Université d’Angers 4 allée François-Mitterrand Tél. : 02 41 96 23 96 Mail : espace.culturel@univ-angers.fr
cela, renseigne toi vite au 2e étage de la Présidence et demande Sylvie Bouis. Alors, frère d’engagement, si tu veux un conseil : « Get up, stand up… ». Contact : www.univ-angers.fr
UFR de Lettres et UFR de Droit : bientôt au diapason En marge du projet culturel dont il est question ci-dessus, une harmonisation concernant les ECTS alloués aux membres d’association se met doucement en place et pourrait voir le jour en cours d’année. Pour l’heure, les deux principaux pôles universitaires ne fonctionnent pas de la même façon : les membres d’association de l’UFR de Lettres peuvent bénéficier de 3 ECTS par semestre du fait de leur investissement, alors qu’à l’UFR de Droit rien n’est prévu à cet effet. Sylvie Bouis (service de la vie étudiante de l’Université) travaille actuellement sur le dossier pour « favoriser l’initiative étudiante en harmonisant le nombre de crédits sur chaque pôle universitaire ». Mais tout reste encore à peaufiner, « car insérer ce paramètre dans une maquette est un travail de longue haleine ». En attendant, Sylvie Bouis espère entrer en contact avec des associations qui auraient des projets « citoyens et humanitaires », afin de déterminer la faisabilité et les moyens qui pourraient être attribués. R.C.
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oi kikis’passe spasse Koi
(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)
Pour réussir un bon il faut quelques
Radio G ! story
25 ans sur la même longueur d’onde !
I
l était une fois 1981. Une époque où des pirates devinrent rois grâce à la loi du 29 juillet 1982 consacrant l’existence des radios libres. Et de cette bouillonnante et militante époque, parmi les différentes radios qui se lancèrent à Angers (Radio X, Danger FM, Plein Ciel, Angers 101…), il n’en resta qu’une, associative et alternative, un quart de siècle plus tard. Le projet Gribouille sort en effet de sa torpeur clandestine, il y a tout juste 25 ans, pouvant alors s’adonner aux joies de la liberté en prenant la première fois l’antenne un certain 5 octobre 81, avant d’obtenir de l’État, le 22 mars 1984, l’autorisation d’émettre. Une tranche de vie qui, dans le souvenir de son fondateur Jacques Arnaudeau, garde l’empreinte « du contexte politique de l’époque, marqué par les luttes pour l’écologie, les libertés individuelles, l’émancipation des masses et le féminisme ». Radio militante donc, qui a su durer en s’interdisant de se lancer dans le créneau des radios commerciales, et en mettant un point d’honneur à défendre la diversité culturelle et politique du tissu social angevin. Très bon anniversaire Radio G ! et longue vie ! Dimitri Perraudeau
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Du bon son Comme Jack Bauer, Radio G ! vit 24 • 55 émissions programmées et 13 heures chrono (mais 7 jours sur 7, et avec associations possédant leur propre 62 heures de live hebdo !) Sinon, Radio créneau. G ! c’est aussi : • Radio G ! mise sur l’éclectismsme. Jugez • 50% de prog’ musicale, 50% d’émissions plutôt la répartition : chanson française (sur 4 émissions, une est un magazine ou (24%), musique électro (20%), rock et un débat, les trois autres, des émissions pop rock (20%), reggae (13%), musique musicales spécialisées). du monde (6%), jazz (6%), hip-hop (5%), funk groove (5%).
Des auditeurs sympas Au fait, qui es-tu, toi l’auditeur de Radio G ! ? D’après une enquête de notoriété organisée il y a deux ans par Maxime et Camille, deux étudiants de l’IUT Technique de commercialisation, auprès de 385 personnes, l’auditeur type de Radio G ! est un homme, étudiant, entre 15 et 29 ans, résidant en zone urbaine. Cet auditeur a connu Radio G ! par le bouche à oreille. D’ailleurs, il l’écoute de façon occasionnelle et plutôt en soirée. Ce Monsieur type écoute notamment l’émission «Ma chansonnette», «Planète Reggae» et «Slammer».
Una makina associative ! La cerise (sur le gâteau…)
Radio G !, c’est bien, mais c’est qui ?! • Un conseil d’administration composé de 12 administrateurs • Un bureau composé du président, Jacques Arnaudeau ; du trésorier, Fred Rousseau ; et du secrétaire, Alain Genthon • Deux salariés : Joanne Erdual, chargée du développement, et Cécile Thomas, médiatrice culturelle • Une commission de programmation composée de 6 membres (dont 4 du CA), d’un bénévole, d’un animateur et d’un salarié. La commission a en charge la prog’ musicale et le renouvellement de la grille • Et sans oublier les… 92 bénévoles (toi, moi, nous ?) ! • R adio G ! a failli battre un record du monde en avril 2003 (88 heures de live contre 101h30) • La discothèque de Radio G ! contient plus de 3 000 CD…. Qui dit mieux ? • La plus vieille émission de Radio G ! est "Balade intertropicale". Et son animateur Jean Jean-Louis, le plus ancien de la radio. • 38 912 angevins (25,7% de la population) écoutent Radio G ! • Si tu as une dédicace à faire passer sur Radio G !, fais-le dans l’émission "Dimanche accordéon" (de 8 à 10 heures) ou dans "Ma chansonnette" (également le dimanche, mais cette fois de 10 heures à midi).
Quelques bougies
25 ans, ça se fête ! Radio G ! vous a préparé quelques surprises pour novembre… • Le mardi 7 : soirée concert au Loch Ness pour les 20 ans de l’émission Traffic • Le vendredi 10 : soirée concert au Chabada (Spanouch et 1977) • Le mardi 14 : rencontre au cinéma Les 400 coups (projection du documentaire R… ne répond plus des Frères Dardenne + débat sur le fonctionnement des radios libres) • Le vendredi 24 : concert au T’es rock coco (The Lost Communists, émission live + interview) • Le samedi 25 : débat/pique-nique à l’Étincelle autour du thème des médias alternatifs + Dj • Café citoyen au centre culturel Jean-Vilar : retour sur les événements de novembre 2005 en banlieue (date à définir)
Du nord au sud, de Tananarive à Tuléar, 1 000 kilomètres de Nationale. Des petites souris devant les montagnes des hauts plateaux. Un besoin de se couvrir, prises dans l’hiver austral. Échappés vers le sud-est, on grimpe à 75 dans un camion bâché aux roues d’un mètre cinquante de diamètre. Une enjambée de 520 kilomètres pour une broutille de 40 heures de cohabitation à moucher de la poussière, à dormir tant bien que mal, à laisser ses os en pâture. Ça passe vite jusqu’à l’excès, où l’irritation s’essouffle. On croit être prises dans une embuscade de tanks, on se fait peur. Le chauffeur s’arrête enfin pour piquer du nez deux heures, au bout de 30 passées au volant. On se réveille tous groggy. Alors, un autre sud se déploie enfin devant nos sourires fatigués de réussite. Entre les montagnes et l’océan, une impression espiègle que le ravissement masque
Claire Braud et Albertine Julié, 25 et 27 ans, sont parties, le 15 juin, à Madagascar. Les deux Angevines nourrissent un projet d’édition mêlant études du langage et dessins naturalistes. Du fin fond de la brousse, elles nous ont adressé un instantané de leur périple…
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Claire Braud et Albertine Julié
la misère ambiante. On se «repose» par de multiples rencontres, avant de remonter par un autre chemin menant, à nouveau, aux lancinants hauts plateaux. Un trop plein des étendues de cactus du sud invente le nord autrement. C’est beau et les villes déjà traversées prennent un autre sens. À nouveau 30 heures de camion, sur dix tonnes d’oignons, à cohabiter avec les sourires discrets, les attentions des hommes, les rires des femmes et les regards des enfants qui ne bronchent que rarement. Au bout de deux mois, les gens, les étendues, les bruits et les odeurs se font doux et tendres. La difficulté à se déplacer redonne à notre «arrivée» toute sa grandeur et charge ce pays de mystère : qu’y a-t-il là, sur cette carte, où aucune route ne va ? Tout un territoire décrété «zone rouge» : une surface immense, résidence des bandits de grands chemins, des «bareas»1, fusils et machettes en attirail. Notre périple doit alors se construire en évitant ce lieu hostile. Dans deux jours, nous gagnerons la côte est, où il pleut trois mètres d’eau par an et où les sangsues, grosses comme un pouce de gladiateur, pleuvent des arbres sur les pauvres bougres de passage. Nous avons hâte.
Madagascar by air mail
Claire Braud vient de publier une 2e BD Jazz, chez Nocturnes (Mills Brothers + 2 CD - 22€)
Les bareas (prononcer «bara») volent «par amour» : ils s’emparent du plus grand nombre de zébus pour séduire la plus belle femme. 1
« 30 heures de camion, sur dix tonnes d’oignons » :
n gâteau d’anniversaire radiophonik, s ingrédients savamment mélangés…
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libre igure libre Figure
(Le contraire d’une figure imposée, par un artiste invité librement)
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idam Kidam
(N’importe qui, susceptible néanmoins d’éveiller la curiosité)
Sarah Bettens :
« J’en veux beaucoup au
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l est fort possible que le nom de Sarah Bettens, Belge de 34 ans, ne déclenche pas chez vous un sursaut d’hystérie. Sans doute par méconnaissance, ou tout simplement par goût (ce qui, dans le domaine musical où la subjectivité est incontestable, semble légitime). Pourtant, l’ex-chanteuse du groupe K’s Choice mérite qu’on lui prête l’oreille. Derrière ce personnage discret se cache une femme rare et attachante à la voix empreinte d’une douceur et d’une sensibilité hors du commun. Émotion garantie ! Mais attention, ce timbre enchanteur n’est pas synonyme de mièvrerie. Son album solo – Scream – dans lequel elle aborde avec humour son homosexualité ou encore son aversion pour le président Bush, en témoigne. Rencontre avec une artiste bouleversante de simplicité et d’humanité. Interview Jean-François Keller Photos Simon Jourdan
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gouvernement
Bush »
K.libres : Après une dizaine d’années au K.libres : Ça fait sein de K’s Choice, tu as choisi de mener maintenant quelques une carrière solo. Pourquoi ? mois que ton album Sarah Bettens : « En fait, le choix s’est fait est sorti et que tu très rapidement. On était en concert au tournes seule. Ton Luxembourg. Mon frère et moi en avons frère ne te manque discuté ensemble. Ça a duré deux minutes. pas trop ? On était tous les deux d’accord. Après onze Sarah Bettens : ou douze ans avec K’s Choice, on était « Avant, vraiment prêts à faire quelque chose de je me cherchais » différent. On avait « Même si on se tous les deux besoin de se lancer un nouveau voit souvent, il me défi et de vivre une nouvelle aventure. » manque beaucoup car il est comme mon K.libres : L’âme de K’s Choice résidant dans meilleur ami. Nous la symbiose entre vos deux talents, n’a-t-il avons passé toute pas été trop difficile de travailler seule ? notre vie ensemble. Sarah Bettens : « On ne composait jamais Maintenant, j’habite ensemble, alors ça n’a pas vraiment changé aux États-Unis, et lui en Belgique (tous deux K.libres : Le téléchargement illégal de ma manière de travailler. Bien sûr, quand je sont belges, ndlr). C’est plus difficile. Cela musique tend à s’accroître. Quelle est ton composais une chanson, on la retravaillait dit, musicalement, c’est très excitant de faire opinion sur le «peer-to-peer» ? tous les deux. Alors que là, je ne l’ai plus à les choses seule. Et je m’amuse beaucoup. » Sarah Bettens : « Je crois qu’il faut que les gens côté de moi, je suis totalement seule. Ce qui comprennent que ce ne sont pas les grands en sort, c’est vraiment moi-même. » K.libres : Outre l’évolution musicale, on labels qui souffrent du téléchargement, mais perçoit dans les artistes. Si on K.libres : Scream est donc un album qui te Scream un pas d’argent, « J’ai rencontré trois filles n’a ressemble… engagement on ne peut pas Sarah Bettens : « Oui. Avec cet album politique plus enregistrer de pour monter un autre solo, je voulais aller plus loin, me sonder présent… nouvel album. plus profondément. J’ai écrit Scream alors groupe » Sarah Bettens : En même temps, que je traversais une période intense en « A u j o u r d ’ h u i , je sais que pour émotions. Je me suis séparée de mon amie ma vie est plus équilibrée. Je vis avec ma un ado, c’est quelque chose de difficile à et j’ai entamé une nouvelle relation avec une copine et notre enfant dans le Tennessee. intégrer. » autre personne. Ça a été une grande source J’aime cette vie de famille qui me rend plus d’inspiration. » sereine. Avant, je me cherchais et c’était K.libres : Quels sont tes projets musicaux ? beaucoup « moi, moi, moi ». Ce sentiment Sara Bettens : « On est en train d’enregistrer K.libres : En quoi cet album est-il de paix intérieure me laisse plus d’espace une démo qui devrait déboucher sur un musicalement différent de ceux de K’s pour d’autres réflexions et d’autres colères. » deuxième album solo. Parallèlement, j’ai Choice ? rencontré trois filles aux États-Unis pour monter Sarah Bettens : « Pour moi, le son est plus K.libres : Quelles colères ? un autre groupe. Mais c’est encore un peu direct. Et l’approche dans le travail en Sarah Bettens : « Eh bien, il y a évidemment prématuré pour en parler. » studio n’a pas été la même. Sur Scream, le regard que portent les Américains sur la le producteur a décidé de tout baser sur communauté homosexuelle qui me gêne ; K.libres : Est-ce que cela veut dire que K’s ma voix et d’y poser ensuite les parties mais surtout, j’en veux beaucoup au Choice est définitivement enterré ? musicales. Ce sont des petites choses, mais gouvernement de George Bush. Notamment Sarah Bettens : « Je ne crois pas, mais ça elles m’apparaissent très importantes. » pour son engagement militaire injustifié en dépend de beaucoup de choses. Les autres Irak. Il a utilisé le sentiment de peur pour musiciens sont partis sur d’autres projets. Ils K.libres : Quels sont les groupes qui rallier le peuple américain à sa cause. Il jouent dans d’autres groupes. Et ça sera sans t’inspirent aujourd’hui ? l’a manipulé en lui faisant croire que l’Irak doute difficile, dans cinq ans, de tous les Sarah Bettens : « J’écoute plein de styles constituait une menace pour les États-Unis. réunir. Ce qui est sûr, c’est qu’on refera des de musique différents. J’aime beaucoup les Toute cette manipulation vise à favoriser choses avec mon frère. J’en suis certaine. » groupes de filles ou les chanteuses comme son agenda électoral. Autant dire que je Sheryl Crow. J’adore aussi Cures, Jeff Buckley ne le soutiendrai pas lors de sa prochaine ou Muse. Certaines de leurs chansons ont campagne (rires). » certainement déteint sur moi. »
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ik Zik
(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
Contest national human beatbox à Angers… avant de ravir Tokyo
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es 13 et 14 octobre, le Chabada résonnera des performances vocales de 50 beatboxers français venus disputer le premier championnat de France de la discipline. L’occasion de découvrir l’une des composantes méconnues de la culture hip-hop. Sésame pour les championnats du monde
qui se tiendront cette année à Tokyo, la compétition promet d’être âprement disputée. Dans le cadre de cet événement, l’asso «Da Big Bouche», épaulée par le Chabada, la Maison pour tous Saint-Serge et les Zateliers Aladesh, organisent deux journées consacrées au human beatboxing, pratique qu’Ezra – membre organisateur et représentant de cet art dans la formation Nouvel R, déjà chroniqué dans ces pages – définit comme étant une « création et une imitation de sons avec l’organe vocal ».
B-bô Contact : Da Big Bouche au 06 63 02 52 57
Demandez le programme… • Vendredi 13 octobre, à 20h45, au Chabada : • Samedi 14 octobre : les compétiteurs des trois musicologues, phoniatres, techniciens, sociologues et Roxor Loops, champion consacré au niveau mondial, échangeront sur cette pratique en devenir (gratuit sur résa au 02 41 96 13 40).
catégories (homme, femme et par équipe) qualifiés lors des éliminatoires, de 14 à 18 heures à la MPT Saint-Serge (2€), exprimeront leur talent en public et devant un jury au Chabada, le soir venu, de 20h45 à 2 heures (13€ sur place). photo D.R.
Tartarin d’tarace… con !
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e dossier de presse donne d’emblée le ton : « Un swing aussi classe qu’un alcoolique au réveil, de la chanson aussi poétique qu’une actrice de porno amateur avec un soupçon de hiphop façon caille de basse-cour ». Après quelques changements de personnel, les Tartarin d’tarace se sont stabilisés autour d’une formation chant, guitares, contrebasse et violon. Le résultat : un premier maxi éponyme réussi où chanson populaire et jazz manouche télescopent les musiques traditionnelles de l’est, le tout relevé par un soupçon de hip-hop alternatif. On n’est pas loin de Java et de Sanseverino. Les textes, eux, rappellent l’univers de Bukowski. Autant dire que ce premier opus est fortement déconseillé aux oreilles chastes et prudes. Les fans devront attendre janvier pour apprécier leur prochain maxi Envoies tes couilles. D’ici là, ils pourront aussi patienter avec la compil’ lancée en novembre par le collectif angevin À la gueule du ch’val. Tartarin d’tarace fait partie de la douzaine de groupes sélectionnés (à lire, d’ailleurs, dans cette même rubrique). B-bô
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Une compil’ qui a d’la gueule Le collectif «À la gueule du ch’val» lance en novembre une compilation signée par douze groupes, tous du coin.
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ouze apôtres de la musique festive : Henri, Léon et les autres ; Spanouch ; L’air du Moleton ; Sviska Mepa ; Pignon sur Rue ; P’tit ® de rien ; Zel ; Format Standard ; Benjamin Belliard ; Mickaher ; Tartarin d’ta race ; Quartiers libres. Le tout sur une seule compil’. C’est le projet savamment orchestré par le collectif alternatif angevin «À la gueule du ch’val», qui a soufflé ses deux bougies cette année.
Le but est toujours le même : médiatiser auprès du public et des professionnels un réseau cohérent de groupes phares ou émergents, ayant un goût prononcé pour la chanson française. Dans cette compil’ hors norme, quatre inédits ont été versés au tronc commun (Quartiers libres, Format Standard, Tartarin d’ta race et une chanson collective).
Quatre titres inédits
Antoine, accordéoniste d’Henri, Léon et les autres, reconnaît qu’il s’agit « du plus gros chantier du collectif », mais les rencontres humaines sont ici les plus savoureux cachets. À l’image de l’enregistrement du titre final dans les murs de l’association Musica, partenaire du projet : « Une trentaine de musiciens se sont retrouvés ou rencontrés le
La troupe de «galopions» a déjà fait parler d’elle dans les bars par le biais d’un petit fanzine bourré de fautes mais qui avait le mérite d’être sincère, drôle et utile. Désormais, tout se dit sur la toile (algdc.free. fr). En novembre, ces gars du cru passent à la vitesse supérieure en diffusant, tout seul comme des grands, une compil’.
photo D.R.
temps d’un week-end ». Ce titre unitaire fera écho à « l’anarchie participative » régnant au sein du collectif, puisque les arrangements et les interprétations des couplets amplifieront chacun des douze univers artistiques. Le concert de lancement du 3 novembre, à l’Espace culturel, s’annonce anthologique. Fabien Leduc Album disponible à la Fnac et lors des quatre concerts de lancement pour la modique somme de 12€.
« Anarchie participative »
Jetez-vous dans la gueule du ch’val ! •M ardi 31 octobre : Quartiers libres, au K’fé du jour, rue Bodinier, à 19h30 (gratuit). • Mercredi 1er novembre : Format Standard, au T’es rock coco, rue Beaurepaire, à 19 h (gratuit). • Jeudi 2 novembre : Tartarin d’ta race, à l’Autrement café, rue Lionnaise, à 19 h (gratuit). • Vendredi 3 novembre : Benjamin Belliard, au Forum Fnac, à 17h30 (gratuit). À partir de 20h30, sept groupes se retrouveront à l’Espace culturel de l’Université d’Angers, allée François-Mitterrand (5€). Réservation pour la soirée très fortement conseillée au 02 41 96 22 96.
Spank Rock : un vent de folie sur la planète hip-hop
Dernière signature du légendaire label hip-hop de Londres «Big Dada», ce «posse» de la côte est-américaine (Baltimore, Washington DC) fait souffler un vent de folie sur la planète hip-hop. YOYOYO (Big Dada/Pias) est sûrement l’un des meilleurs albums du genre pour l’année 2006. À la croisée de la «Miami bass» et de la «ghetto music» de Chicago, le son de Baltimore et plus particulièrement celui des Spank Rock sert une recette imparable. La musique, rythmée entre 120 et 130 bpm, des lyrics répétitifs et «cuttés», une basse massive et une propension à recycler les productions déjà consacrées, remplissent le dance-floor dès les premières mesures. Une de leurs premières dates européennes, au Chabada, le 8 novembre, leur permettra de concrétiser les promesses d’un album encensé par l’ensemble de la critique musicale. B-bô
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(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
La Ruda, La trajectoire de l’homme canon (Les associés du réel/Wagram)
Ce 5e album des Saumurois confirme une orientation «rock» déjà amorcée sur Passager du réel. Bien sûr, la chaleur moite du ska n’est jamais bien loin, et il est difficile de rester insensible à cette invitation à la perte de calories. On note cependant que les compositions soignées font la part belle aux chants et à la batterie. L’ensemble donne une belle dynamique à cette Trajectoire de l’homme canon : plus haut, plus fort, plus vite.
Kiémsa, Eaux troubles (MH Prod/Codaex)
Avec ce deuxième album, les Mayennais de Kiémsa cultivent le meilleur de la fusion tout en s’éloignant du ska – façon Ruda – de leurs débuts. En un mot, ils ont trouvé leur style. Mélange de métal, de punk-rock et de ska, leur répertoire se fait délibérément plus agressif. Des guitares supersoniques, une batterie omniprésente et une voix rappelant singulièrement Lofofora ont séduit Pascal Légitimus et Franck Margerin, aperçus dans le clip diffusé sur Direct 8 et M6.
Dub Stories (UWE/Discograph)
Ce magnifique DVD, réalisé par des passionnés, retrace l’histoire du Dub, courant musical majeur qui influença l’ensemble des musiques «modernes». De la Jamaïque à Angers (avec les Zenzile) en passant par Londres, bienvenue sur la planète Dub ! Les interviews des pionniers (Lee Perry, Mad Professor…) se succèdent et sont accompagnées d’images de concerts légendaires. En bonus : un CD où plus d’une douzaine d’artistes expriment avec talent leur vision de cette version instrumentale réarrangée, inspirée du reggae.
The Hacker, A.N.D. N.O.W… (UWE/Discograph)
Homme de l’ombre du milieu techno, ce Grenoblois s’est fait connaître du grand public aux côtés de Miss Kittin’ (Franck Sinatra, 1982…). Sur ce mix savant, le «Pirate» enchaîne les références de l’histoire des musiques électroniques (Front 242, Liaisons dangereuses, Model 500…) avec les nouveautés électrotechno (Ellen Alien), et agrémente l’ensemble de ses propres productions. Cette sélection, inspirée, reflète la culture musicale éclectique d’un mélomane, pilier de la scène techno française.
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ectures Lektures
(Romans, essais, magazines et autres aubaines de se faire la belle)
Albert Jacquard, Mon utopie (Stock, 2006)
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ans présager de la suite à donner à la campagne présidentielle qui s’annonce, une chose tombe sous le coup de l’évidence à la clôture de cet ouvrage : Albert Jacquard doit être le prochain ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Il ne peut en être autrement, un point c’est tout. Car Mon utopie est celle d’un homme qui a passé le plus clair de sa vie à l’école, que ce soit en tant qu’élève ou professeur (il est devenu généticien, la quarantaine passée). À ce titre, si le bons sens impose d’écouter le Professeur Jacquard, les postures et ambitions des personnalités publiques actuelles sur le sujet nous obligent à adhérer à son discours. Celui d’un homme pour qui le sens de l’engagement (il milite entre autres au DAL1 dès 1991), la nécessité de la chose politique (écoutez donc ses chroniques sur France Culture), et la notion d’épanouissement collectif (le chapitre 4 – Droit Humain – pp. 87 à 119, devrait s’apprendre par cœur dès la maternelle) doivent être au fondement même de toute action pour et au nom de la société de demain. Oui, Albert Jacquard est à l’heure actuelle celui qui ose faire du bien
Blutch, Le Petit Christian 2003)
(L’Association,
Christian a 8/10 ans, il est un enfant des années 70, première génération de gamins nourris aux fantasmes télévisuels. Au premier rang desquels, il y a John Wayne le «coboye» et le désir enfantin de maîtriser les situations comme ce vrai mec, qui lui, n‘a pas peur des chiens… Voilà un des nombreux délires de gosse que Blutch reconstruit case après case pour nous réexpédier dans la cour de récré, un jour de pluie. Mais ce n’est pas une enfance rêvée, c’est une réminiscence complète de cette période, avec ses hontes, ses trouilles, ses «qu’est-ce que c’est ?», et son énorme capacité d’abstraction. Lire Le Petit Christian, c’est comme mâchouiller un vieux paquet de Frizzy/Patzzy, tout vous revient «dans la gueule» : les rivalités garçons/filles, la course à « c’est moi le plus fort », les premiers émois… On se marre tout le temps pour mieux rire de ce qu’on a été. Mélanie Puel
là où ça fait du mal : au fil des pages, il explique de façon professorale mais scientifiquement nécessaire que « c’est à l’école que se joue l’avenir ; c’est donc autour de l’école qu’il faut tenter d’articuler un projet ». Enfin quelqu’un pour le dire... À défaut d’avoir été prononcés à La Rochelle (ou dans Voici), ces mots résonnent harmonieusement à l’oreille de tous ceux qui s’évertuent à dire que, décidément, il reste encore un peu de place, dans l’arène politique, pour les gens qui n’en font pas leur métier, mais juste une passion urgente et fondamentale, pour tenter de faire de chacun de nous « un collègue en l’humanité ». Dimitri Perraudeau 1 Association Droit au logement LA phrase du livre à méditer (p. 40) : « Il ne s’agit pas de refuser l’autorité du pouvoir […] mais d’intervenir au quotidien dans le difficile équilibre entre le désordre et les excès de l’ordre. »
Corbeyran et Thierry Murat (d’après le roman d’Amélie Sarn), Elle ne pleure pas, elle chante (Delcourt G. Productions, 2004) Que peut-on écrire après avoir lu Elle ne pleure pas, elle chante ? Pas grand-chose. On reste silencieux, pensif, mal et plus qu’ému. Souvent les adaptations BD/ciné ou littérature/BD n’ont qu’un objectif mercantile… et souvent, ça rapporte ! En adaptant le roman d’Amélie Sarn, les auteurs savaient certainement que leur œuvre, plutôt devrais-je dire leur chef-d’œuvre, resterait à l’ombre des succès éditoriaux. Pourtant il mérite d’être lu… Ce matin-là un coup de téléphone réveille Laura. À peine remise de sa soirée de débauche hebdomadaire, elle apprend que son père, victime d’un accident de circulation, est dans un coma profond et risque de mourir. Délivrance pour elle qui a toujours gardé le silence et cette haine profonde pour ce père incestueux. Elle décide alors de se rendre chaque jour à son chevet, pour lui exprimer son dégoût et son mépris. Mais se souviendra-t-il de quelque chose s’il se réveille… ? Julien Derouet
Marc Dugain, La Malédiction d’Edgar (Folio, 2005) Directeur du FBI de 1924 à 1972, Hoover a en sa possession tous les détails qui font la vie d’un homme, mais qui ont une importance toute particulière quand ils sont ceux du Président des États-Unis. Ces secrets deviennent un moyen de pression, des preuves de compromission. Voilà comment Hoover traverse le XXe siècle, restant à sa place quand passent les présidents (de Roosevelt à Nixon), car des secrets du pouvoir au pouvoir des secrets, il n’y a qu’un pas qu’il franchit. À mi-chemin entre des aveux et un rapport des activités d’Hoover, le narrateur, Clyde Tolson, son «bras droit», livre tout. Des secrets d’État aux secrets d’alcôve. Loin d’une version racoleuse de ses fameux secrets, Marc Dugain utilise le cynisme de son narrateur pour renvoyer le lecteur à son devoir de citoyen : celui d’être le premier garant de la démocratie… Lecture saine et obligatoire en cette année électorale. Pour tous les fans de JFK d’Oliver Stone. M.P.
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(zone dessinée et parcellaire dont la circulation sur cette page permet de buller)
Kraehn : « Il y a des gens qui rencontrent la foi ; moi, ce fut la BD » photo D.R.
Au début des années 80, Kraehn est entré dans le petit monde de la bande dessinée avec sa série historique Les Aigles Décapités. Depuis, il enchaîne les succès éditoriaux. Son nouvel album – Quatrième mouvement de la série Quintett, imaginée par Giroud (éd. Dupuis) – vient de sortir. K.libres : Comment es-tu devenu auteur de BD ? C’est un rêve d’enfant ? Kraehn : « Comme beaucoup d’auteurs, j’imagine. Gamin, j’étais un gros lecteur de BD, mais j’ai fait des études qui n’avaient rien à voir avec le dessin. Je n’étais pas du tout dans un milieu artistique. Mon père était technicien du bâtiment. Et il n’y avait pas un seul livre d’art à la maison. Lecture et poésie, oui ! Mais rien sur l’art pictural et graphique. Je dessinais d’instinct, par plaisir. J’étais très attiré par tout ce qui touchait à l’image. C’est la rencontre avec Patrice Pellerin1, à une époque où je ne savais pas très bien ce que je voulais faire, qui a été déterminante. Ce fut pour moi comme une révélation. Il y a des gens qui rencontrent la foi ; moi, ce fut la BD ! Patrice, qui a le même âge que moi (51 ans, ndlr), vivait à l’époque chez Pierre Joubert et travaillait surtout pour l’illustration. En m’y essayant, je me suis rendu compte que ce n’était pas gagné. D’autant que je partais de très loin... » K.libres : Tu as commencé en tant que dessinateur, puis tu as écrit tes propres scénarios. Aujourd’hui tu écris aussi pour les autres. Qu’est-ce qui t’a séduit dans le projet de Giroud ? Kraehn : « L’envie, pour une fois, de me reposer sur le scénario d’un autre. Frank est un très bon scénariste et son concept me paraissait très original. De plus, le projet était sérieux, déjà bouclé et signé chez Dupuis. Un bonheur ! Je n’avais plus qu’à enfiler les chaussons du dessinateur, sans avoir à me poser dix mille questions ! »
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K.libres : Peux-tu nous parler de Quintett ? Kraehn : « L’action se passe en 1916, en Grèce, dans un village de la zone neutre, où stationne une garnison française et est installée une petite base aérienne. Une chanteuse, un officier, un mécanicien d’avion et l’aubergiste du village – une jeune femme – vivent un drame personnel au travers d’un drame collectif. Les quatre premiers albums racontent la vision de chacun. C’est une
Il n’y avait pas un seul livre d’art à la maison
histoire sur la subjectivité de la mémoire et des témoignages qui en découlent. Le cinquième album, la conclusion, racontera ce qu’aucun des protagonistes n’a vu, ou ce qu’il n’a perçu qu’en partie. Très intéressant, vou s disais-je… » K.libres : Tu places souvent tes histoires dans un cadre historique. Kraehn : « Oui. Toute histoire est historique, quand elle n’est pas contemporaine ou fantastique. Et encore le contemporain, quand il a vingt ans, est déjà un peu historique. Ce que j’apprécie dans l’histoire, c’est qu’elle nous permet de comprendre le présent. » K.libres : La BD, c’est une histoire de famille… Kraehn : « Ma femme travaille avec moi depuis que nous nous sommes installés en Bretagne, il y a dix-sept ans. À Paris, elle était dans la pub. Elle fait maintenant mes couleurs sur les séries que je dessine, et aussi sur certaines que je scénarise, comme Gil
Saint-André2 ou Myrkos3. Elle est aussi ma première lectrice, ce qui est très important pour moi. Son œil est impitoyable. Ma fille, qui vient de terminer ses études dans une école de graphisme à Paris, nous a aidés dans les périodes de bourre, lorsqu’elle était en vacances : à la couleur pour Le Ruistre4 et au dessin sur Quintett. C’était occasionnel. A priori, elle ne souhaite pas se consacrer à la BD. C’est dommage, car elle est vraiment douée. Ceci dit, je la comprends. Elle n’a pas forcément envie de suivre le même chemin que ses parents… » K.libres : Tu en es où dans tes autres séries ? N’est-ce pas difficile de passer du Moyen-Âge aux années 50 ? Tu t’organises comment ? Kraehn : « Par période de travail ! Quand je suis sur Tramp5, je n’écris pas sur Myrkos. En revanche, j’arrive rarement à écrire un scénario complet sans m’arrêter. Mais ce n’est pas difficile pour moi de passer de l’un à l’autre. J’aurais du mal à toujours faire la même chose, comme certains auteurs ou dessinateurs. Au contraire, c’est une façon de me ressourcer. » Interview Julien Derouet
1 Auteur de L’Épervier, éd. Dupuis Série policière, dessins de Vallée, éd. Glénat 3 Série d’antic-fantasy, dessins de Miguel, éd. Dargaud 4 Série historique, éd. Glénat 5 Série maritime, dessins de Jusseaume, éd. Dargaud
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Extrait du Quatrième mouvement de Quintett - © Giroud/Kraehn/Dupuis 2006 K.LIBRES #6 - Octobre/Novembre 06
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kran total total Ekran
(Placée devant le visage, cette page protège des rayons ultraviolets)
Recherche désert espagnol pour western spaghetti
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as un nuage à l’horizon. Pour trouver un ciel aussi clair en Europe, il faut descendre très, très bas. Et rouler très longtemps. Toujours vers le sud. Direction Almeria, Andalousie. Une ville connue pour le célèbre désert qui s’y rattache. Situé entre la Sierra de los Filabres et la Sierra de Alhamilla, il est aussi appelé désert de Tabernas. Les appellations sont multiples, mais il est unique, ce bout de désert d’environ 2 000 kilomètres carrés, qu’on peut chercher longtemps du regard, lorsqu’on parcourt l’autoroute qui longe la côte méditerranéenne. L’unique désert d’Europe
Plongé dans un décor montagneux et aride, quittant peu à peu la Sierra Nevada, on a beau faire des efforts, mettre son imagination à contribution, espérer un mirage, mais toujours pas de désert en vue. Du moins, pas comme on l’entend. Pas d’étendues de sable à perte de vue. Il faut aller le chercher, ce lopin de terre, ou plutôt de roches. Quitter la route principale, emprunter un autre itinéraire, direction Tabernas, un «pueblo» de quelque 4 000 âmes. Pas besoin, non plus, de s’arrêter dans cette petite bourgade. On pourrait attendre que l’immensité aride s’offre à nous, mais elle se cache encore, à l’abri des ravins, lovée au cœur des canyons locaux. Encore un effort, sur une route caillouteuse. Enfin. On pose le pied sur ce qui est officiellement l’unique désert d’Europe, avec autant de respect que si l’on foulait le sol lunaire. On pourrait d’ailleurs y voir une ressemblance, si de petits lézards ne fourmillaient pas autour des buissons piquants. N’imaginez donc pas de crotales au détour d’un rocher. Les couleuvres profitent des maigres précipitations pour se ressourcer, quand elles le peuvent.
Pour une poignée de dollars
Peu d’âmes ont élu résidence dans ce désert de poche, mais désert quand même ! Et fier de l’être. Car, dans les années 60, le lieu a atteint la postérité. Le firmament, Hollywood, la gloire, le désert de Tabernas doit tout à son parrain italien : le grand Leone. En 1964, Sergio accepte d’y tourner son premier western, alors que le genre est en perdition sur sa terre natale nord-américaine. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Pour une poignée de dollars est une production italogermanique, filmée dans un désert espagnol. On est bien loin de l’american dream. Pourtant, le film est un succès. Leone, l’habitué des péplums, enchaîne alors les westerns spaghetti, une appellation qu’il jugeait des plus grotesques. Dans ce désert petit modèle, Sergio Leone fait éclore une perle, un acteur désormais intouchable : Clint Eastwood. Il y filme aussi des plans inoubliables, au cinémascope, cadre le désert en étirant le temps, filme des sales gueules, clope au bec, en gros plan. La musique indélébile de Morricone, c’est la «final touch». Enfin, Leone offre la postérité à Tabernas et y laisse comme offrande ses studios de cinéma, saloons et bicoques de l’Ouest américain. Aujourd’hui des attractions pour touristes, qui aident des hommes, et une terre, à survivre, abandonnés – financièrement – qu’ils sont par l’État. C’est finalement un enfant du cru, Alex de la Iglesia (réalisateur talentueux du Crime farpait et du Jour de la bête), qui accomplira le devoir de mémoire tant attendu, en réalisant 800 Balles (2002), qui retrace le destin des acteurs cow-boy, qui font vivre les attractions de Texas-Hollywood, mais qui protègent aussi, comme une mère, leur terre sacrée.
Des sales gueules, clope au bec, en gros plan
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Laurence Mijoin
Le Labyrinthe de Pan Film fantastique de Guillermo del Toro, avec Ivana Baquero, Doug Jones, Sergi Lopez… Sortie le 1er novembre
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uillermo del Toro, le réalisateur émérite de Blade II, de Hell Boy et de L’Échine du diable, signe un nouveau long-métrage fantastique très attendu, Le Labyrinthe de Pan. À l’instar de L’Échine du diable, où il inscrivait son récit fantastique en pleine guerre civile espagnole, le réalisateur poursuit dans la même veine, précisant que son Labyrinthe n’est autre qu’une annexe à L’Échine… L’histoire se situe en 1944, cinq ans après la fin de la guerre civile. Ofélia, une petite fille installée depuis peu chez l’autoritaire Vidal, nouvel époux de sa maman et capitaine de l’armée franquiste, découvre, non loin de sa nouvelle maison, un mystérieux labyrinthe. Pan, une étrange créature, garde les lieux. Il va apprendre à la fillette qu’elle n’est autre que la princesse disparue d’un royaume enchanté. Le site officiel du film (www.lelabyrinthedepan.com), aux inspirations graphiques «burtoniennes», est à visiter absolument. Et pour les deux du fond qui ne seraient pas encore convaincus, le film, projeté cette année à Cannes, a été applaudi par la critique. Pour une œuvre fantastique, c’est plutôt bon signe…
Babel Drame de Alejándro González Iñarritu, avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael García Bernal… Sortie le 15 novembre
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e réalisateur et scénariste mexicain Alejándro González Iñarritu a définitivement marqué les esprits des cinéphiles, avec deux films inoubliables : 21 grammes et Amours chiennes. Deux films qui prennent aux tripes, deux «récits chorals» où s’entrecroisent des destins autour d’un même événement dramatique. Le montage, morcelé, s’assemble à chaque final – magistral – comme un puzzle. C’est la marque de fabrique d’Iñarritu, qui s’attache à dresser des portraits d’hommes et de femmes en souffrance, plongés dans un même espace-temps. Avec Babel – prix de la mise en scène 2006 à Cannes –, Iñarritu récidive avec le scénario à tiroirs, inscrivant cette fois-ci son histoire en plein désert marocain. Un coup de feu retentit et va déclencher toute une série d’événements qui impliqueront des personnages très différents. Et c’est là qu’intervient le talent du réalisateur. Sans juger ni brosser de «portraits-clichés», Iñarritu parvient d’une main de maître à dépeindre l’humanité. Et prouve que quels que soient la culture, le mode de vie ou la fortune, la douleur est la même pour tous. L.M.
Laurence Mijoin
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afe des des sports sports Kafé
(Trois p’tits jaunes et le zinc mute en piste aux étoiles)
Du sport, oui, mais pas à tout prix ! La Ville et l’Université d’Angers proposent aux étudiants de multiples exercices physiques, histoire de vérifier l’adage : «un esprit sain, dans un corps sain». Tour d’horizon des activités proposées à des prix défiants toute concurrence. • Le Service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps) offre aux étudiants de l’université pas moins de 39 disciplines, pour 123 créneaux horaires par semaine. Plus de 3 000 étudiants y sont inscrits. Y’a donc moyen de trouver des copains de jogging ou plus si affinité. Des enseignants spécialisés encadrent ces activités qui peuvent, outre par plaisir, s’intégrer dans le cadre d’une option. À vous de vous renseigner selon votre filière. Tarifs : 17€ pour une activité et 5€ par activité supplémentaire (sauf pour l’équitation, il faut ajouter 110€). Inscription valable pour toute l’année universitaire.
Contact : Suaps (6 boulevard Beaussier) au 02 41 22 69 49.
• À bicyclette… Pour rappel, il est toujours possible de ménager sa santé en se déplaçant gratuitement à vélo. La mairie prête, pendant une semaine au minimum et trois mois au maximum (renouvelable quatre fois), un vélo sur simple justificatif de domicile (+ Rib et pièce d’identité).
illustration Adrien Albert
Tarif : on ne vous demande même pas de chèque de caution. Toutefois, l’emprunteur paye les dégradations éventuelles ou le remplacement du vélo en cas de vol.
Contact : Vélocité (place Lorraine), ouvert du mardi au vendredi, de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h30. Tél. : 02 41 05 39 17.
•A u Centre information jeunesse (Cij), n’oubliez pas d’y passer si vous ne trouvez pas votre bonheur avec le Suaps et Vélocité. Plus de 200 activités sportives – et plus généralement de loisirs – y sont référencées. Contact : Cij (5 allée du Haras) au 02 41 88 58 85.
•À la mairie, vous pouvez toujours demander la bible des associations : l’Agora. Cet annuaire recense plus de 1 000 associations angevines. Extrêmement exhaustive et pratique avec tous les numéros et adresses, discipline par discipline. • L a Carte Passe-sports est un sésame qui offre 50% de réduction à la piscine et pratiquement autant à la patinoire (3,10€, patins compris, au lieu de 5,90€). Le dimanche matin, trois salles de la ville proposent trois activités (volley, badminton et tennis de table) pour 1,25€ la séance. La carte permet également de profiter gratuitement de nombreux équipements sportifs (court de tennis extérieur, piste d’athlétisme, boulodrome…) et de réductions pour le parcours de «swin golf» notamment. Des ristournes sont bien entendu offertes pour les matches de nos équipes locales de basket, de tennis de table et de handball. Pour les matches du SCO, au stade Jean-Bouin, c’est carrément gratos en retirant son billet trois jours avant le match au 12 rue des Ursules (derrière la mairie). Tarifs : 8,70€ sur présentation de la carte d’étudiant ou gratuit avec la Carte Partenaire si votre quotient familial est inférieur à 570€ (se renseigner auprès de la Caisse d’allocation familiale). Prévoir une photo et une pièce d’identité. Parfois plus avantageuse que votre classique carte d’étudiant, la Carte Partenaire offre jusqu’à 50% de réduction sur les cartes de bus, les entrées dans certains musées et les abonnements dans les bibliothèques municipales… Contact : Direction sports et loisirs au 02 41 05 45 25.
Fabien Leduc
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pratik C . pratik
(Les k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique)
Plus de hic, OK ?
Par Ilsa Paretti Ajouter son grain de sel Une envie frénétique d’œuf ? Tu sors le jambon, le pain frais coupé en mouillettes, le vin rouge. Tout annonce une soirée exquise. Mais au moment d’assaisonner l’œuf, rien ne tombe de la salière pourtant pleine ! Si tu avais écouté grand-mère, tu aurais glissé trois grains de riz dans ta salière pour en absorber l’humidité. La déception est rude. Mais si c’est râpé pour l’œuf, sois philosophe : il te reste quand même le jambon et les mouillettes.
•H ôtel de Ville d’Angers (boulevard de la Résistance et de la Déportation) : 02 41 05 40 00 • Douches municipales (2 rue Léon-Jouhaux) : 02 41 20 30 84 • Bibliothèque municipale (49 rue Toussaint) : 02 41 24 25 50 • Institut municipal (9 rue Musée) : 02 41 05 38 80 • Urgences adultes CHU (4 rue Larrey) : 02 41 35 37 12 • Centre anti-poison (4 rue Larrey) : 02 41 48 21 21 • Urgence dentiste (le week-end) : 02 41 87 22 53 • Sida info services : 0 800 840 800 (gratuit sur poste fixe) • Planning familial (35 rue Saint-Exupéry) : 02 41 88 70 73 • Commissariat central (15 rue Dupetit-Thouars) : 02 41 57 52 00 • Bus Cotra (place Lorraine) : 02 41 33 64 64 • Taxis : 02 41 87 65 00 • Objets trouvés : 02 41 05 44 79 • Maison de la Justice et du Droit (3 boulevard Pablo-Picasso) : 02 41 45 34 00 • Office de tourisme d’Angers (1 place Kennedy) : 02 41 23 51 11
On ne compte plus aujourd’hui les procédés saugrenus et postures acrobatiques censés faire passer le hoquet : faire peur au sujet contaminé, boire un verre d’eau à l’envers, sucer un sucre imbibé de vinaigre… Un remède miracle, tu en rêvais ? Grand-mère l’a trouvé. Prends trois gorgées d’eau sans les avaler, bouche-toi les oreilles avec tes index et avale en trois fois (il faut garder les oreilles bien bouchées au moment de la déglutition). Étonnant, non ?
Contre la fuite en avant Flic… floc… flic… floc… Au moment de s’endormir, le bruit d’un robinet qui fuit, c’est vraiment la goutte d’eau qui met le feu aux poudres. Voici une astuce qui te permettra au moins de passer la nuit sur tes deux oreilles. Munis-toi d’une ficelle : noue une extrémité autour du bec du robinet et fais-la pendre contre le bord de l’évier. L’eau glissera le long de la ficelle sans goutter. Ce système astucieux ne te dispense pas, le lendemain, de passer un coup de fil au plombier (même s’il a peu de chances de ressembler au beau Mike de Desperate Housewives).
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rapahutage Krapahutage
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Gamma F. Lafargue
(Crapaud + chahut = actions d’homo sapiens en terrain accidenté ou «difficile»)
Irak, le 10 novembre 2004, opération «Phantom Fury» à Falloujah : « Je suis assez content de cette photo (publiée dans Paris Match et Newsweek, ndlr). Elle a un côté absurde, une violence futile. Dans des actions de combats, je shoote souvent sans viser, mais celle-là j’ai visé, elle est vraiment cadrée. »
« Si c’est toi qui vois la grenade passer en
Frédéric Lafargue,
collection Fréderic Lafargue
En 2002, Frédéric Lafargue a croisé plusieurs fois le chemin de Yasser Arafat, président défunt de l’Autorité palestinienne, durant le siège, par Israël, de son QG à Ramallah
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Primé en 2002 pour un reportage au ProcheOrient (Prix du reportage d’actualité au Festival international du Scoop et du journalisme d’Angers1), Frédéric Lafargue est photographe de «hot news» pour la prestigieuse agence Gamma. À 38 ans, ce père de deux enfants a notamment couvert pour Newsweek, Time magazine, Paris Match, Géo, Der Spiegel… les conflits qui secouent actuellement le Proche-Orient. K.libres a voulu savoir ce qu’il était devenu depuis son prix angevin. Nous l’avons contacté une première fois en mars à Beyrouth, puis en août, après la guerre au Liban. Interview Fabien Leduc
Devant l’objectif de Frédéric Lafargue (de g. à d. et de h. en b.) : Lionel Jospin, alors Premier ministre, à La Réunion en 2001 ; le Roi du Maroc Mohammed VI et Jacques Chirac à bord de feu Charles-de-Gaulle en 2004 ; la tête de Zizou des mauvais jours, en 2002, au Mondial à Séoul ; la signature d’un tomahawk, en 2004, à Tikrit ; la victoire du Hamas célébrée dans les territoires palestiniens en janvier 2006 ; le futur président iranien Mahmoud Ahmedinejad à Téhéran en 2005 ; les GI’s déboulonnant la statue de Saddam en entrant à Bagdad ; les manifs à Jérusalem, en 2005, contre le retrait des colonies dans la bande de Gaza ; Charlotte Gainsbourg, membre du jury au Festival de Cannes en 2001 ; un étudiant parisien à terre en mars 2006 (le CPE le sera ensuite) ; les insurgés de Falloujah délogés, maison par maison, en 2004 (54 GI’s et 2 130 Irakiens tués).
ntre tes jambes… »
photographe à gamma K.libres : Comment est née ta vocation de photographe ? Frédéric Lafargue : « J’aime bien raconter des histoires et quand j’ai réalisé vers 13 ans que je pouvais le faire avec des photos, ça m’a séduit, c’était magique. Au lycée, dans le foyer des élèves, j’ai remis en route un labo photo noir et blanc en trouvant le b.a.-ba de la photo par moi-même. J’en ai passé du temps, dans ce labo…»
(quotidien aujourd’hui disparu, ndlr). Ça n’a pas duré longtemps, six ou huit mois. Mais suffisamment pour avoir plein de contacts. » K.libres : Ta première confrontation avec la «hot news» ? Frédéric Lafargue : « C’était pour Gamma, en couvrant en 1992 les émeutes du quartier du Chaudron, à Saint-Denis de la Réunion. Les émeutiers m’ont cassé tout mon matos sur la tête et ils me poursuivaient en me jetant mes téléobjectifs. Ça fait très mal. Et puis Gamma m’a demandé si ça m’intéressait d’aller faire un tour à l’île Maurice, pour faire du people. Ce que j’ai fait un moment. Mais quand tu aimes raconter des histoires en photo, ce travail n’est pas très passionnant. C’était pourtant la seule façon pour moi de rentrer à Gamma… »
K.libres : Et tes premiers pas dans la presse ? Frédéric Lafargue : « Un correspondant du quotidien Sud-Ouest m’a laissé faire les photos de sa commune. L’agence de Sud-Ouest à Libourne m’a ensuite pris comme remplaçant. En 1988, à 20 ans, j’ai fait mes premières piges pour l’agence de Bordeaux... Sud-Ouest a été pour moi une école remarquable. En 1991, je suis parti pour Sud-Ouest K.libres : Et tu es revenu en France… Dimanche au Kurdistan irakien Les émeutiers me poursuivaient Frédéric Lafargue : « En 1996, j’ai travaillé pour avec Médecins sans frontières, en me jetant mes téléobjectifs l’agence Laurent-Sola Presse Diffusion à Nice. durant l’exode provoqué par la Avant d’intégrer le staff de Gamma. De l’actu, première guerre du Golfe. Les mais aussi du people avec le Festival de Cannes... Peu à peu, j’ai fait camps de réfugiés étaient terribles. J’ai alors eu ma carte de presse et de plus en plus de news. » mon premier sujet pour Gamma… » K.libres : Qui était… Frédéric Lafargue : « La Coupe du monde des rouleurs de barriques, sur les quais des Chartrons, à Bordeaux ! C’était une commande pour un journal japonais. Je les vois encore, ces photos… J’ai eu ensuite l’opportunité de partir à La Réunion pour travailler au Réunionnais
K.libres : Quand a eu lieu ton virage vers le Proche-Orient ? Frédéric Lafargue : « Tout a changé le 11 septembre 2001. Gamma avait affrété un avion privé pour New York. Mais en arrivant à Paris, il n’y avait plus de place. Je suis alors parti à Jérusalem. En février 2002, j’ai couvert le siège du QG d’Arafat par l’armée israélienne.
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rapahutage Krapahutage
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Gamma F. Lafargue
(Crapaud + chahut = actions d’homo sapiens en terrain accidenté ou «difficile»)
Le 28 mars 2006, à Paris : un étudiant est à terre, le CPE le sera lui aussi, 15 jours plus tard. Quant aux CRS, ils étaient bons pour un coup d’essuie-glace sur leur bouclier
Après, on m’a envoyé à la Coupe du monde en Corée, qui a été un échec cuisant, puis est arrivée la deuxième guerre du Golfe… » K.libres : Tu te souviens de ta seconde entrée dans Falloujah (Irak), avec Patrick Baz2, en novembre 2004 ? Frédéric Lafargue : « Des jours et des jours d’attente, dormir sur le tarmac dans la zone verte, pour attendre un hélico qui n’arrive jamais et qui finit quand même par venir. Se retrouver dans un premier camp américain où les journalistes sont dispatchés, puis un second où on suit un entraînement avec les Marines, et enfin l’assaut sur Falloujah. Au total : une semaine d’attente, une semaine d’entraînement et sept jours dans la zone des combats. »
K.libres : Est-ce que tu subis des «flash-back» ? Frédéric Lafargue : « Après, tu réagis à des bruits un peu plus forts que d’autres. D’ailleurs, la médecine du travail a constaté que j’avais perdu 40% d’audition à l’oreille gauche, celle qui n’est pas protégée des explosions par l’appareil photo. C’est le syndrome des photographes de guerre, en général. » K.libres : Et la guerre, cet été au Liban ? Frédéric Lafargue : « Ça a été un peu dur, cette fois. Mais je ne suis pas vraiment allé en première ligne. Là, tu vas pas au carton, il n’y a rien à faire. »
K.libres : Tu as quand même fait, fin juillet, la Une du Courrier K.libres : De grosses frayeurs ? international avec un Beyrouth en ruine… Frédéric Lafargue : « Des mecs qui se font tuer à côté de toi, ça fait peur, Frédéric Lafargue : « Oui, mais ça, c’était pas de la guerre “live”, et si c’est toi qui vois la grenade passer c’était du constat d’huissier. Même si, pendant les J’ai perdu 40% d’audition entre tes jambes, c’est toi qui gueules bombardements, tu pouvais te prendre des missiles à l’oreille gauche pour prévenir et qui plonges avec les de croisière sur la gueule… Et les rares photos de autres. T’as pas d’armes, mais tu penses à te protéger sans arrêt. » combattants du Hezbollah que j’ai faites, ce sont des photos volées. Dans le pays, ils sont invisibles et très organisés. » K.libres : À rebours, tu réussis à faire la part des choses ? Frédéric Lafargue : « C’est compliqué quand même. Heureusement que K.libres : Entre-temps, en avril, tu es rentré en France pendant la t’es là pour faire des photos, pas seulement pour regarder. Et c’est allé crise du CPE… mieux à partir du moment où j’ai pu raconter ce que je vivais. Je l’ai Frédéric Lafargue : « Je bossais pour Newsweek. J’ai retrouvé les fait sur place, par téléphone satellitaire, pendant une heure et demi collègues à Paris, avec mon casque lourd. » avec une rédactrice de Paris Match. Pendant le coup de fil, des mecs tiraient des mortiers dans le jardin d’à côté… Ça m’a fait du bien de K.libres : La présence de photographes de guerre dans les manifs parler à ce moment-là. Baz a eu besoin de faire la même chose. Lui, parisiennes avait d’ailleurs surpris l’opinion publique… il a écrit. » Frédéric Lafargue : « Il faut reconnaître que mon casque lourd,
La liberté de la presse en péril En 2005, 63 journalistes ont été tués, 5 collaborateurs de médias tués, au moins 807 interpellés, 1 308 agressés ou menacés et 1 006 médias censurés. Les prisons ne sont pas en reste : au 1er janvier 2006, 126 journalistes (principalement en Chine et à Cuba), 70 cyber-dissidents et 3 collaborateurs de médias étaient détenus dans 23 pays (la liste complète est disponible sur le site de Reporters sans frontières : www.rsf.org).
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K.LIBRES #6 - Octobre/Novembre 06
Gamma F. Lafargue
© Beyrouth by night, Liban, le 7 août 2006 : pour la première fois depuis le début du conflit, l’aviation israélienne bombarde un quartier chiite de Beyrouth tuant 20 civils dans leur sommeil
je l’ai trouvé plus utile dans ces manifs que dans bien des cas où c’est vraiment la guerre. Quand il faut surveiller tous les angles en même temps parce que des mecs te lancent des pavés sur la gueule, c’est super facile de te faire tuer si tu n’as pas de casque. Je n’avais pas mon gilet pare-balles, mais le casque, le masque à gaz et les lunettes sont indispensables, surtout si tu dois faire des photos entre deux giclées de bombe lacrymogène. » K.libres : C’était vraiment chaud ? Frédéric Lafargue : « J’ai deux collègues qui se sont fait dépouiller leur matos, tailler les mains à coup de cutter, péter les côtes… Ça rigolait pas… Du coup, on restait groupés pour éviter de se retrouver isolés et entourés par la foule. » K.libres : D’où une couverture parfois surréaliste… Frédéric Lafargue : « J’ai vu une photo où un mec jetait un petit bâton sur une centaine de CRS, dont l’un d’eux lui lançait une giclée de lacrymo. Et entre ce CRS et le type, il y avait, j’ai compté, 84 photographes… Tu vois le travail ! La plupart du temps, surtout sur la place d’Italie et à la Bastille, c’était ça : des CRS et des manifestants qui tournaient sur une place avec, entre les deux, des dizaines de photographes et de caméras. Les jeux du cirque retransmis en direct et photographiés par toutes les agences du monde ! C’était grand-guignolesque. Et on a montré des images qui ont fait peur aux gens sans qu’il y ait trop de dégâts, finalement. » K.libres : Pour terminer, quelques questions pratiques : ça rapporte “photographe de hot news” ? Frédéric Lafargue : « Les photographes français ne gagnent vraiment pas assez par rapport à leurs confrères américains… » K.libres : Le sujet que tu détesterais faire ? Frédéric Lafargue : « Refaire du people. »
K.libres : Et que tu adorerais faire ? Frédéric Lafargue : « Si c’était bien payé, des photos de surf, du «water shoot» comme je faisais à la Réunion, avec un caisson étanche et des palmes. Ça détend. » K.libres : Le pire et le meilleur moment de tes reportages ? Frédéric Lafargue : « Le pire, c’est quand t’as fait un boulot dont tu es fier, en accord avec ce que tu penses et que tu ne le vends pas. Mon meilleur moment ? Le problème, c’est que les choses qui m’ont le plus impressionné ne sont pas toujours des moments heureux, au contraire, et parler d’un moment terrible comme étant un bon moment, c’est un peu compliqué… » K.libres : Quels conseils donnerais-tu au débutant qui se destinerait à ta profession ? Frédéric Lafargue : « Il n’y en a qu’un : il faut faire les photos dont les journaux ont absolument besoin. C’est tout. Même si c’est pas toujours très beau. Même si ce sont souvent les moins gratifiantes. »
Le Festival international du scoop et du journalisme d’Angers se tiendra cette année du 13 au 25 novembre. Contact : 02 41 22 12 12 ou www.festivalscoop.com 1
En avril 2004, Frédéric Lafargue est entré dans Falloujah une première fois en «wild cat» (c’est-à-dire en traversant les lignes de front de manière autonome) avec Patrick Baz, photographe depuis vingt ans, qui a notamment couvert la guerre du Liban et la première Intifada dans les territoires palestiniens pour l’Agence France-Presse. « On a pu entrer en contact avec des combattants irakiens. Baz est Libanais, il parle arabe, moi, je suis Français : à l’époque, c’était encore gérable. » Mais, en novembre, les deux photographes, face à la radicalisation des insurgés repliés dans la ville, ont été contraints de travailler aux côtés des soldats américains : c’est ce qu’on appelle, dans le jargon journalistique, l’embedding. La première semaine de combat, 38 GI’s ont été tués et 275 blessés. 1 200 insurgés ont péri durant cet assaut qui a duré un mois. 2
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