Klibres #5

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#05

Avril/Mai 06

GRATUIT

Ne pas jeter sur la voie publik

MAG’ INFORMATIF ET CULTUREL DES ÉTUDIANTS ANGEVINS


Kampus

(Panel de sujets d’investigations, d’informations, pertinents, éprouvés et parfois surréalistes)

pp. 4 à 10 Koi de neuf

p. 11 K.pratik

pp. 12 et 13 Kursus

pp. 14 et 15 Diagnostik

pp. 16 et 17 Kidam

pp. 18 et 19 Figure libre

, ue ChPrE n o iq

ienlit” h c c “ e l l e v u o d’une n Étudiantes et détenues bénévo les Les Tréteaux entrent en scène

Sacrée “Mystère d’Anjou”

L’associatif étudiant :

à bas la sinistrose ! « Je suis du côté : u a e r o M e n Je anqui ne sont pas d’accord » de ceux

p. 20 c. pratik

« Je m’appelle sans-papiers »

Cités libres

pp. 21 à 23 Koi ki s’passe

Cascade de bons plans

pp. 24 à 26 eskapades

pp. 27 à 29 zik

pp. 30 et 31 ekran total

pp. 32 et 33 lektures

pp. 34 et 35 krayonnage

K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

Tour de scènes : en mai, écoute ce qu’il te plaît

« Peace, unit y, love » : le hip-hop au pouvoir

Khams, jusqu’ici tout va bien

Cinéma d’animation :

l’invasion vient de Fr ance ! Dermaut, aroudeur un dessinateur b


KREDO. redo

(Principes sur lesquels la rédaction de K.libres fonde ses opinions)

Je te tiens, tu me tiens…

A

u jeu du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », qui, du gouvernement ou de la rue cédera ? En 1994, la contestation contre le Contrat d’insertion professionnelle de Balladur avait réussi un tour de force démocratique, en imposant par la rue le retrait d’un texte de loi approuvé par le Parlement. Faut-il voir alors dans le mouvement d’opposition au Contrat première embauche une nouvelle étape marquante de la fronde populaire ? Deux possibilités : la lutte contre la précarité légiférée et une jeunesse ghettoïsée s’éternise ou se radicalise ; soit, contre toute attente, ce 5e K.libres, qui allume sa première bougie d’existence, est périmé. Et le CPE, qui vous crispe à une écrasante majorité, a été retiré.

Photo de Une réalisée par : Simon Jourdan (Angers - manifestation du 28 mars 2006)

Tout ira bien, alors, dans le meilleur des mondes.

Et pourtant, on nagera encore en pleine “démocrazy” : système ubuesque de gouvernement du peuple par des politiques qui ne le représentent plus. Un socle républicain dont l’équilibre institutionnel n’a plus la volonté ni la capacité à résoudre et désamorcer les conflits sociaux. Conflits que tout un chacun subit dans un quotidien de plus en plus précaire (santé, travail, culture, éducation, retraite, logement…). Comment réorganiser le pouvoir pour qu’il serve enfin l’intérêt général ? Et s’il suffisait d’abord, comme nous le confie Jeanne Moreau, « d’être toujours du côté de ceux qui ne sont pas d’accord » ? Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette… La rédaktion

Retrouvez K.librophonik le mercredi 10 mai à 18 heures sur Radio G ! (101.5)

Directeur de la rédaction et de la publication : Dimitri Perraudeau - 06 74 74 77 00 Rédacteur en chef : Olivier Juret - 06 77 89 02 06 Comité éditorial : Jac Guibert, Simon Jourdan, Olivier Juret, Jean-François Keller, Fabien Leduc, Dimitri Perraudeau et Christophe Ricci Secrétariat d’édition : Fabien Leduc et Ilsa Paretti Photographe : Simon Jourdan - simonj.photos@wanadoo.fr Concepteur graphique : Jac Guibert Responsable commerciale : Élise Brielle - 06 87 47 15 08 klibres_pub@yahoo.fr

K.libres, le mag’ gratuit des étudiants angevins Bimestriel - année 2 - numéro 5 - avril/mai 2006 Contact : klibres_redac@yahoo.fr

Ont collaboré à ce numéro : Elsa Ajar, Adrien Albert, Émilie Alland, Al-Mayuk, Yves André, B-bô, Alice Bescond, Claire Braud, Romain Cadel, Julien Derouet, Pauline Fouesnant, A.G., Céline Herbreteau, Jézabel Jacquat, Mademoiselle Kasslakroute, K.M., Laurence Mijoin, Alexandre Porcher et Élise Richard Nous sourions aussi à Jean-Philippe Colombet, Jean Fougerouse, Samuel Lebrun, Antoine Lecaudey, Christelle Magescas, Jean-Mathieu Potot, Mélanie Puel, Sophie (AIDES), Ronan Stephan, Willix, ainsi qu’aux six cultureux de l’Espace (Domitille, François, Françoise, Jean, Pauline et Sophie)

K.libres est édité par : Association (loi 1901) “Diversités” 15 rue Daillière - 49 000 Angers Imprimerie : Groupe Renard 138 route du Mans - 72 160 ARCONNAY Tirage : 10 000 exemplaires Dépôt légal : avril 2006 ISSN 1774-122X La reproduction même partielle des illustrations et des articles parus dans K.libres est interdite. Tous les prix mentionnés sont non contractuels.

K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06


de neuf neuf Koi de

(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)

photo Simon Jourdan

Que le gouvernement ait retiré ou non le Contrat première embauche (CPE), bien malin qui pourrait le dire au moment où nous écrivons ces lignes, le mouvement de protestation sociale qu’il a engendré dans la société, et plus particulièrement parmi la jeunesse, signe l’échec d’une politique en rupture de citoyenneté. Tour d’horizon de la contestation “made in Angers”.

S

i les premiers actes de protestation contre le CPE ont démarré en février, les étudiants de Belle-Beille n’ont rejoint le cortège des opposants qu’après le début du mois de mars (on mettra ça sur le compte du fameux quart d’heure angevin). Le blocage de la faculté de Sciences et de Lettres débute jeudi 9 mars, avec le vote de 300 étudiants. Un blocus que regrette alors Alain Barreau, le président de l’Université. Étudiants et lycéens : même combat

Le lundi suivant, l’amphi A de la fac de Lettres se transforme en agora. Plus de 1 500 étudiants se présentent au vote : 913 se déclarent favorables à la poursuite du blocage. Les responsables des UFR de Sciences et de Lettres leurs apportent leur soutien. Dès lors, AG et votes se succèdent sans jamais connaître de véritables essoufflements. Très rapidement, les lycéens des établissements publics, puis privés, s’engagent contre le CPE, tandis que dans les rangs étudiants la contestation se limite au campus de Belle-Beille. « Plus de justice sociale »

5 000 jeunes manifestent dans les rues d’Angers le 16 mars, Alain Barreau, dans la presse locale, se déclare « sensible à l’inquiétude des étudiants face à la précarité ». Samedi 18 mars, 8 000 personnes (salariés, étudiants et lycéens) défilent dans les rues de la douce cité angevine. Le 21, une centaine de jeunes envahissent le Palais de justice pendant une heure et réclament « plus de justice sociale ». Le 23, 4 000 étudiants et lycéens défilent à nouveau dans les rues d’Angers. Des affrontements à la gare avec les CRS font un blessé… Le 28, trois millions de personnes défilent dans les rues françaises. Avant que Villepin ne radicalise “la chienlit” étudiante, comme De Gaulle l’avait fait en 68, l’Université d’Angers demande après d’autres que « l’application du CPE soit suspendue ». Christophe Ricci

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CPE :

nouveau mode d’emploi Ça touche qui ? Les jeunes chômeurs (plus de six mois) de moins de 26 ans et les entreprises de plus de 20 salariés.

C’est quoi ? CDI avec une période de consolidation de deux ans.

En cas de licenciement ? Le préavis : Deux semaines si le licenciement a lieu dans les six premiers mois de travail. Un mois si le licenciement a lieu après six mois de travail. Pas de préavis pour les jeunes embauchés depuis moins d’un mois. L’employeur n’a pas à convoquer le salarié à un entretien préalable : la rupture du CPE doit être notifiée par lettre recommandée, sans être nécessairement motivée. Les indemnités : En cas de rupture de son CPE pendant la période d’essai, le salarié percevra une indemnité équivalente à 8% de sa rémunération brute.

Une fois au chômage ? En cas de rupture de son CPE après quatre mois de travail, si le salarié n’a pas droit aux Assedic, il recevra une allocation forfaitaire de 16,40€ par jour pendant deux mois. En dehors de ce cas précis, les règles d’indemnisation du chômage s’appliquent normalement.

On r’met ça ? Un salarié en CPE licencié pendant la période d’essai pourra être réembauché en CPE par le même employeur après un délai de carence de trois mois.

Et le CNE dans tout ça ? Le contrat nouvelle embauche est semblable au CPE, si ce n’est qu’il s’adresse à tous les salariés et uniquement aux petites et moyennes entreprises (PME) et industries (PMI) de moins de 20 salariés (96% des entreprises françaises).


Entretien réalisé par Dimitri Perraudeau

Avocat au barreau d’Angers et membre du Syndicat des avocats de France, Paul Cao a pour activité principale la défense des salariés. À ce titre, il se prononce sans ambiguïté contre le CPE. K.libres : Pourquoi le CPE est-il si décrié ? apprennent à se connaître et s’apprécier, ce qui Paul Cao : « Parce qu’il offre aux employeurs une n’est pas techniquement le cas de la période de “immunité de rupture”. Je m’explique. Avec le consolidation de deux ans dont la nécessité de se CPE, exit pendant deux ans les règles relatives à sa connaître ne constitue plus vraiment un fondement rupture : entretien préalable, motif, obligation de déterminant. Car finalement, ce qui est fondamental reclassement... Ne nous le cachons pas, la raison dans une relation de travail, c’est la confiance qui d’être de ce texte, c’est surtout d’éviter les recours existe entre le salarié et son employeur. Croyezau Conseil de vous que prud’hommes. « Le chômage est dû à un problème celui qui Ce texte, et signe un CNE d’activité économique » plus encore ou un CPE le CNE qui le peut être en précède, traduit une croyance populaire véhiculée confiance dès lors que pendant deux ans, plane au par le patronat selon laquelle, les salariés font trop dessus de sa tête un licenciement sans que celui-ci de recours au Conseil de prud’hommes. Par là, on n’ait besoin d’être motivé ? » essaye de nous faire croire que le chômage en France serait dû aux salariés qui entreprennent de K.libres : N’est-ce pas finalement le Droit du telles démarches. Mais, n’importe quel salarié doit travail qui pose problème en ce qu’il serait trop savoir pourquoi il se fait licencier. » protecteur pour le salarié ? Paul Cao : « On nous le martèle sans cesse, le K.libres : Qu’est ce que ces contrats modifient en Droit du travail freinerait l’embauche, serait trop terme de droit pour le salarié ? Paul Cao : « Premièrement, jusqu’à ce que le CNE soit mis en place en catimini par une ordonnance, en août dernier, la règle était qu’en cas de contestation par le salarié de son licenciement, il était en mesure d’opérer un recours en Conseil de prud’hommal et prouver que le motif invoqué par son employeur était erroné ou abusif. C’était alors à l’employeur de justifier sa décision. Désormais, le salarié devra prouver que celui-ci, en le licenciant, a commis un abus de droit, ce qui sera beaucoup plus difficile à démontrer. Deuxièmement, autre point technique qui a son importance s’agissant des CDD, dans des cas prévus par la loi, un employeur qui en signe un de façon injustifié (renouvellements successifs de CDD, signature de CDD pour des raisons autres que celles prévues par la loi, etc.), verrait ce contrat requalifié en CDI. Or, le CPE et le CNE permettent de faire des CDD masqués sans jamais avoir ce risque de requalification. Pour reprendre un mot d’ordre compliqué, contraignant pour les employeurs. entendu lors des mobilisations étudiantes, le Je ne vais pas vous mentir, en France, il est CPE ce n’est pas mieux que rien, mais pire que difficile de licencier un salarié qui a un minimum d’ancienneté… Mais heureusement ! Oui, le droit tout ! » français est protecteur et c’est bien ainsi. Et puis K.libres : Ce qui semble fâcher les gens, c’est aussi soyons réalistes, la plupart des employeurs sont cette fameuse période d’essai. Peut-on revenir responsables et attentifs au bien être de leurs employés. Ceux-là, vous ne les assigniez jamais dessus ? Paul Cao : « Comme son nom l’indique la période en Conseil de prud’hommes. Ils n’ont pas besoin d’essai est utile pour que l’employeur et le salarié de CNE ni de CPE pour embaucher. Il existe

suffisamment de motifs de création de CDD (accroissement d’activité, remplacement de salarié absent ou travail saisonnier…). Le chômage, en France, est dû à un problème d’activité économique. » K.libres : Avez-vous observé des attaques répétées à l’endroit du Code du travail depuis 2002 ? Paul Cao : « Je ne parlerai pas des 35 heures qu’on remet sans cesse en cause. En revanche, il y a un point fondamental sur lequel je veux revenir. Il existe dans le Droit du travail un enchevêtrement de règles, il est vrai, assez complexe : le contrat de travail, la convention collective, la loi, les règlements des normes particulières, etc. Or Monsieur Fillon a déjà, l’an dernier, remis partiellement en cause le principe essentiel du Droit social qu’est le principe de faveur. Celui-ci prévoit que si on a le choix entre plusieurs règles de droit applicables, c’est toujours la règle la plus favorable au salarié qui s’applique. » K.libres : Et ce n’est peut-être pas fini. On nous promet le contrat unique… Paul Cao : « Ce contrat unique va même au-delà de ce qu’a déjà entrepris le gouvernement. Usant

de l’idée selon laquelle le Droit du travail est trop compliqué et qu’il constitue un frein à l’embauche, les jeunes entrepreneurs essayent de faire pression pour l’instauration de ce contrat. Il serait défini sur la base du CNE. Tous les contrats signés en France seraient alors, entre autres, assortis d’une période de consolidation de deux ans… Cela n’augure rien de bon pour les salariés français. »

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(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)

Étudia

déten

Hortense et Élise œuvr Étudiantes à Angers, elle

D

eux heures par semaine, Hortense, 21 ans, et Élise, 20 ans, entrent en contact direct avec le monde pénitentiaire. Membres de l’antenne angevine du Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (Génepi), elles donnent des cours aux prisonniers et organisent des activités au sein du centre de détention d’Angers. Des surveillants partout

Entrer pour la première fois dans une prison reste une expérience marquante. Membre du Génepi depuis la terminale, aujourd’hui étudiante en Sociologie à la Catho, Élise garde surtout en mémoire « la grande porte bleue qui s’est refermée » derrière elle. « Il n’y a jamais deux portes ouvertes en même temps. C’est comme dans les films : les longs

870 génepistes

pour 70 prisons

L

e Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées a été créé en 1976, sous la tutelle du ministère de la Justice, après des mutineries de prisonniers en région parisienne, dénonçant des conditions de détention déjà déplorables. Le mouvement national comprend aujourd’hui 870 étudiants (dont 23 Angevins) qui interviennent dans 70 établissements pénitenciers. Les génepistes représentent un soutien pour les animateurs socioéducatifs dans les maisons d’arrêt en donnant avec eux des cours d’anglais,

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de maths, de français, d’histoire… Ils préparent aussi les détenus à des examens et animent des activités culturelles. À Angers, l’association vient en aide aux personnes purgeant seulement des peines inférieures à un an, ou en attente de jugement. Des génepistes interviennent également dans des établissements scolaires angevins, où ils essaient de sensibiliser les jeunes aux réalités de l’univers carcéral afin « d’éviter les réflexes de peur et d’exclusion vis-à-vis des personnes sortant de prison ».


antes et

Dossier réalisé par Elsa Ajar Reportage photographique : Simon Jourdan “Suivi d’une étudiante membre du Génepi, de l’entrée à la salle de cours de la Maison d’Arrêt d’Angers”

nues bénévoles

rent, au sein du Génepi, à la réinsertion des détenus. es témoignent de leur rencontre avec l’univers carcéral. couloirs, les passerelles. Ça résonne partout. C’est impressionnant. Mais on s’y habitue, ça devient un lieu de travail. » Quant à Hortense, étudiante à l’UFR de Droit, elle est génepiste depuis octobre 2004. Elle se souvient davantage de « la première fouille » et de cette impression « de voir des surveillants partout avec leur trousseau de clés ». Regagner sa dignité

Malgré une méfiance réciproque, leur première rencontre avec les prisonniers s’est très bien passée : « Le fait qu’on vienne bénévolement nous donne du crédit ». Toutes deux évoquent l’éprouvante découverte du quartier des mineurs et le premier contact avec des détenus de leur âge. « Avec eux, ce n’est pas évident. Ils ont moins de respect. Mais ça vient vite. Après, on les sent pleins d’attentes. » Hortense et Élise le

savent : elles sont une bouffée d’oxygène dans le quotidien carcéral. Elles s’inquiètent pour ces jeunes, la plupart en échec scolaire, et font tout pour qu’ils réussissent leurs examens à l’intérieur de la prison. Histoire de préparer leur sortie. « Plus j’y vais, plus je me rends compte que c’est dur d’en sortir », confie Élise. Plus largement, c’est une réflexion sur la société entière que les deux étudiantes veulent amorcer par le biais du Génepi. « C’est un monde qui fait partie du nôtre. On ne peut pas faire comme s’il n’existait pas ! Il faut une réflexion de toute la société pour qu’ils puissent se réinsérer correctement. » Car, pour un exdétenu, regagner sa dignité reste un combat quotidien. Contact : hdevaliere@yahoo.fr

Quatre concours pour fêter 30 bougies

Comme nous l’évoquions dans notre numéro 3, le Crous organise, à l’occasion des 30 ans du Génepi, plusieurs concours (BD, film court et photo) à l’adresse de tous les étudiants sur le thème “Prisons”. Les épreuves sont à déposer avant le 10 mai. Plus d’informations auprès du délégué action culturelle du Crous de Nantes 02 40 37 13 28 ou crous.dve@ac-nantes.fr Adresse postale : 2, boulevard Guy-Mollet - BP 52 213 - 44 322 Nantes cedex 3

“Son pour son prison” L’association Génepi organise la soirée “Son pour son prison” au Chabada le 9 juin, à 20h45. L’entrée est gratuite.

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Partiels :

la fièvre du dimanche soir

Les WC, c’est bientôt libre mon canard ? Révolution dans les cités U. Ou plus précisément dans leurs toilettes. Un journal affiché sur les portes à l’intérieur des WC, ça ne s’invente plus, ça s’appelle Canard WC ! En voilà une initiative qu’elle est rigolote. Paul Michel, étudiant en 3e d’Anglais, a participé cette année au concours des Cités U. Il a pondu un journal qui fait la part belle à la vie associative et à celle des résidences universitaires. Un canard lisible par les résidents dans un créneau que tous ont au moins une fois dans la journée. Le fameux Canard WC est disponible à tous les étages de la cité U de Belle-Beille. À quand l’encombrement généralisé dans les autres résidences et à la fac ? D.P. Contact : Paul Michel, Résidence de Belle-Beille, 10 boulevard Victor-Beaussier, chambre 717

photos Simon Jourdan

C

hers étudiants !Vous qui fréquentez les amphis, qui errez dans la bibliothèque ou qui déambulez dans la faculté, bref, étudiants de tous poils, une chose nous concerne tous : les partiels ! Ces examens sadiques et méchants qui n’ont qu’un seul but : pointer du doigt notre médiocrité dans toute sa splendeur. Et dire que toute une année de labeur ne tient qu’à un petit mot en bas de page : “Admis” pour les plus chanceux et “Ajourné” pour les autres. Décidément, notre scolarité ne tient qu’à une ligne. C’est sans doute pour cela qu’une véritable fièvre envahit alors la masse estudiantine. Nous nous trouvons soudain pris d’un vif intérêt pour le pavé de cours qui s’amoncellent alors que le semestre n’a été qu’une longue apathie. Calculs stratégiques

Nous tentons alors d’ingurgiter minutieusement tout ce qui a pu être dit. Nous ne sommes pas là pour comprendre mais pour restituer. Mais peut-être passons-nous à côté de quelque chose : avaler, c’est bien, mais digérer, c’est encore mieux ! Sûrement ai-je une conception trop rabelaisienne de la faculté : aiguiser son esprit et « ronger l’os pour en tirer la substantifique moelle » n’est à l’évidence plus le mot d’ordre. “Avoir son année” est devenu la priorité. S’ensuit alors une série de calculs stratégiques pour valider ses 60 crédits à tout prix. Ah ! Quelle merveilleuse chose que d’avoir son diplôme ! Encore faudrait-il qu’il nous serve… Pauline Fouesnant

Tu t’es vu quand t’as BU ? Toiles, photographies et divers objets réalisés par Sébastien, Thierry Paulico et Franck Lemasson, investissent la bibliothèque universitaire de BelleBeille jusqu’au 6 mai. L’exposition “Paulico Lemasson” est visible tous les jours de 9 à 19 heures du lundi au samedi, sauf à partir du 24 avril, de 9 heures à 17h30.

Dossier social étudiant, le rappel ! Coquillages et crustacés attendront un peu, le temps que toi, étudiant sans le sou, tu remplisses ton dossier social étudiant, afin d’obtenir une aide financière ou un logement en résidence universitaire. Il te reste jusqu’au 30 avril. Toutes les infos sur le www.crous-nantes.fr

Passer un concours

ne s’improvise pas Pour réussir un concours de la Fonction publique nationale, territoriale ou hospitalière, il faut acquérir des savoirs (droit, économie, culture générale…) et des savoir-faire (dissertation, note de synthèse…). Tu peux y arriver à peu de frais en t’inscrivant en Licence d’administration publique (LAP) à l’Université (70% de réussite aux concours). Tu obtiendras alors un diplôme adapté, en vue des concours administratifs ou dans l’enseignement. Plus d’infos au 02 41 96 21 23

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La prog’ de l’Espace culturel

Bienvenue aux

“Cultural space musik Awards”

F

aire de la musique, c’est parfois pas pratique. Pas de panique, l’Espace culturel vous invite à ses premières scènes “Musicophonic”. Ça se passe entre le 29 mai et le 20 juin : trois semaines frénétiques de résidence pour 22 groupes débutants et éclectiques. Et, c’est plus sympathique, les nouvelles graines artistiques doivent obligatoirement présenter des créations (intergalactiques !?) ! Une place dans la prog’ 2006/2007

Chacune bénéficiera d’une demi-journée de résidence pour travailler le son, la mise en lumières et la présence scénique. En bonus : l’enregistrement d’une maquette. C’est pas

magique ? Tout ça, sous l’œil bienveillant du régisseur général de l’Espace culturel, François L’Haridon, un type chic. C’est que chaque soir à 20h30, les groupes en résidence, joueront devant le public… L’ensemble des enregistrements donnera lieu à une compilation acoustique. Les cinq groupes les plus charismatiques seront, eux, intégrés à la programmation de la saison 2006/2007 de l’Espace culturel. Allez, bonne zik !

D.P.

Les dossiers d’inscriptions sont à retourner avant le 10 mai. Il est possible de se les procurer auprès de l’Espace culturel, sur le www.univ-angers.fr ou à espace.culturel@univ-angers.fr. Plus d’infos au 02 41 96 23 96

AVRIL •M ardi 25 à 20h30 / Trio Duchemin (Cabaret Jazz) TP 6€, TR 4€ MAI •M ardi 9 à 20h15 / Projection de Pièces d’identité, de Mweze Ngangura Entrée libre • J eudi 11 et mercredi 24 à 20h30 / Théâtre d’improvisation avec les Zygomatiks TP 6€, TR 4€ •V endredi 12 à 20h30 / Projection d’Ascension (50’), réalisé par Atomic films Entrée libre •L undi 15 à 20h30 / Projection de La vengeance du dragon (30’) et d’Un ange passe (30’), réalisés par Atomic films Entrée libre •M ercredi 17 et vendredi 19 à 20h30 / Derrière la porte (création chorégraphique de Marie-France Roy) • Jeudi 18 à 20h30 / James Sacré (poésie) Entrée libre •L undi 22 à 20h30 / Jazz poetry improvisational ensemble (cabaret jazz) TP 6€, TR 4€ •M ardi 23 à 19 heures / Trio harpe, flûte et percussion TP 12€, gratuit pour les étudiants Espace culturel de l’Université - 4, allée François-Mitterrand - 02 41 96 23 96

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de neuf neuf Koi de

(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)

Du burlesque, de la tragédie, de la comédie : le festival de théâtre des Tréteaux de l’Université se fait fort de satisfaire les goûts de chacun, et même ceux des autres. Au programme : 12 pièces étudiantes et quatre spectacles invités. Et tout ça, entre le 10 et le 21 avril à l’Espace culturel et sous un chapiteau de cirque, installé tout spécialement pour l’occasion entre le RU et la BU de Belle-Beille.

Krash, de Jean-Yves Picq « Sans queue, ni tête »

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Mercredi 12 - 20h30 - chapiteau Jeudi 13 - 20h30 - Espace culturel Vendredi 14 - 20h30 - chapiteau

L’Auberge des 5 sens (création) « À déguster avec vos 5 sens » Lundi 10 - 20h30 - Espace culturel Mardi 11 - 20h30 - Espace culturel Jeudi 13 - 20h30 - Espace culturel

Les Bonnes, de Jean Genet « Drame, amour et trahison »

7

2

3

Mardi 18 - 20h30 - chapiteau

Lutte contre les clauses abusives (création) « Delirium aigu »

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4

Mardi 11 - 20h30 - Espace culturel Mercredi 19 - 20h30 - Espace culturel

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Norbert (création) « Absurde, combat des chefs, Dallas » Mercredi 19 - 20h30 - Espace culturel

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5

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Dimanche 16 - 17h - chapiteau

ThEAtre sans animaux, de Jean-Michel Ribes « Comédie de l’absurde »

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5

Lundi 17 - 20h30 - chapiteau

4

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Dans les limbes (création) « Poésie, clair-obscur, infernal » Vendredi 14 - 20h30 - chapiteau Dimanche 16 - 17h - chapiteau Vendredi 21 - 20h30 - chapiteau

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Des Manteaux avec personne dedans, de Jean-Pierre Cannet « Souvenirs, rêveur et cotonneux »

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J’aime beaucoup ce que vous faites, de Carole Greep « Humour, hypocrisie et téléphone »

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Coin pratik… et pas cher TR 4€,TP 6€, 3 spectacles 9€ Prévente : RU et BU de Belle-Beille ainsi qu’à l’Espace culturel (4, allée François-Mitterrand) - Contact : 02 41 96 23 96

6

3 10

Mercredi 12 - 20h30 - Espace culturel Vendredi 14 - 20h30 - Espace culturel Dimanche 16 - 20h30 - Espace culturel

Jeudi 20 - 20h30 - Espace culturel

Mercredi 12 - 20h30 - chapiteau

9

Caligula, d’après Albert Camus « Tragédie rock’n’roll et absurde décadent »

8

Mardi 11 - 20h30 - chapiteau

P. . . de toi (création) « Amour, musique et déception »

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Samedi 15 - 17h - chapiteau Dimanche 16 - 20h30 - chapiteau Jeudi 20 - 20h30 - chapiteau

Samedi 15 - 20h30 - chapiteau Lundi 17 - 20h30 - Espace culturel

Vendredi 21 - 20h30 - chapiteau

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4.48 Psychose, de Sarah Kane « Douloureuse réalité, rose séchée, ciel lointain »

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pratik K. pratik

(Vivre son campus, de la théorie à la pratique)

Et voilà le travail !

Voilà l’été, Voilà l’été,

Voiles à l’été

Entre indolence et bouffées de chaleur, les radios rediffuseront le refrain des Négresses vertes. On rêvera de plages et d’exotisme, avant de partir au boulot. Cette année encore, pour nombre d’entre nous, été rimera partiellement avec taf. Principe de réalité oblige, la nécessité de garnir de quelques thunes son compte éloigne des ailleurs dorés de l’été. Pour compenser le sacrifice des beaux jours : des euros ! Mais pas seulement.

-L e lieu : Centre information jeunesse (5 allée du Haras - 02 41 87 74 47 - www.angers.fr/cij/) -L a date : le mercredi 12 avril aux Greniers Saint-Jean (Doutre), de 10 à 17 heures sans interruption, le CIJ organise une journée spéciale “jobs d’été” -L es autres sites : www.anpe.fr (incontournable), www.anefa.org (jobs saisonniers dans l’agriculture) et www.emploi-international.org (comme son nom l’indique)

au guichet d’une banque… Sans parler de la possibilité d’aller rouler sa bosse ailleurs, dans une autre région ou à l’étranger. D’un point de vue sociologique, il est possible de vivre une expérience enrichissante au sens plein du terme. Concrètement

Une interface

L’offre d’emploi estivale est vaste et ses horizons divers : animateur dans un club de vacances, DJ dans un camping, ouvrier d’usine ou des champs, barman… Chacun de ces univers peut s’apparenter à un voyage. Il est possible d’envisager les expériences comme des interfaces avec l’Autre : l’urbain de souche qui part bosser dans l’agriculture, l’étudiant, à la chaîne tôt le matin ou cravaté

On ne vous filera pas de numéros de téléphone incluant un job prêt à l’emploi. D’autres le font très bien (voir encadré). Sachez toutefois que l’ANPE de la Roseraie est spécialisée dans les jobs saisonniers et que les secteurs de la restauration, de l’animation et de l’agriculture ont beaucoup de désistements de dernière minute. Christophe Ricci

photo Al-Mayuk

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Kursus

(Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”)

Vidya est une énigme. Étudiante, mannequin, elle n’a pas seulement deux casquettes mais tout un tas de chapeaux : écriture, dessin, voyages… Qu’est-ce qui peut bien animer cette jeune fille du haut de ses 22 ans, sacrée Miss, début 2005, sur les terres d’Anjou ?

E

lle a un emploi du temps de ministre. Caler un rendez-vous avec Vidya n’a pas été une mince affaire. Elle est actuellement en stage à Paris. Mais qu’importe… C’est déjà lundi. Bientôt 14h30. L’interview doit se dérouler dans un bar du centre-ville. Les questions sont prêtes, ma panoplie de sourires aussi. Miss oblige. Je le confesse, je suis venu chercher une réponse à une interrogation pleine de préjugés : qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à s’inscrire à un concours de beauté ? Sûr de moi, certain de mon charme à l’heure où je commande mon premier expresso, je repars de cet entretien quelques heures plus tard, sous le sien. Artiste jusqu’au bout des ongles

Car je découvre une fille pleine de malice, séduite de tout, éprise de rencontres, et artiste jusqu’au bout des ongles. Depuis toute petite, Vidya déambule dans un univers créatif. photo Simon Jourdan

« Ma classe,

c’est comme mon public »

Enseignant à l’ESOO, Jean-Christophe Astoul est aussi un mordu de théâtre. En cours comme sur scène, il n’hésite pas à user de tous ses talents de comédien.

J

ean-Christophe Astoul est aussi à l’aise sur une estrade que sur les planches. Transmettre est un plaisir. Jouer demeure une passion. Enseignant depuis deux ans à l’École supérieure d’optique de l’Ouest (ESOO), Jean-Christophe a suivi une formation d’opticien. Fondu de théâtre, il a déjà derrière lui une longue carrière de comédien. « Je monte sur les planches depuis que j’ai 20 ans. Au départ, je jonglais entre l’optique et la scène. Et puis, il a fallu choisir : ce fut le théâtre. » Pendant huit ans, Jean-Christophe vit au jour le jour. Il enchaîne les représentations, « court après le cachet » et se retrouve obligé d’accepter des « rôles pas très intéressants ».

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L’art d’enseigner

Lassé de sa vie d’intermittent, Jean-Christophe décide de devenir enseignant en optique, sans pour autant abandonner le théâtre. Et d’ailleurs, les deux ne sont pas incompatibles. Bien au contraire : « Enseigner, c’est comme un jeu. Le but est de capter l’attention des élèves ». Et pour y parvenir, Jean-Christophe use de tous ses talents de comédien. « Quand je me retrouve face à une classe, c’est comme si j’étais sur scène. Je n’ai jamais de note car, en général, je connais mon cours par cœur. Et sinon, j’improvise ! Je n’hésite pas non plus à mimer ce que je dis et à faire rire mes élèves pour les intéresser. » Seule règle d’or : respecter l’autre. « Je parle à mes élèves comme à des collègues : si je les respecte, ils me respectent. Et ça fonctionne très bien. »

Un comédien épanoui

« En devenant enseignant, j’ai tout gagné : non seulement je fais un boulot qui me plaît, mais surtout, je peux écrire et monter mes propres pièces. » Après Le Mâle Effet - présenté il y a quelques mois à l’Espace culturel - Jean-Christophe Astoul songe déjà à monter une nouvelle pièce, « totalement délirante », La Duchesse. Le texte est déjà prêt. « Si tout va bien, elle devrait être présentée en février 2007. J’envisage de solliciter


Sa mère est cantatrice, sa tante artiste peintre. Loin de freiner les besoins d’expression d’une fille curieuse de tous les arts, ses parents lui offrent la possibilité de s’en nourrir. Ces derniers décident en effet de quitter la banlieue parisienne fin 1997 pour la naissance de leur quatrième enfant, la petite sœur de Vidya. Direction Chanzeaux. « On a les moyens de devenir quelqu’un, ici. À Paris, on est noyé dans la foule », reconnaît-elle. Voir l’autre côté du miroir

Devenir quelqu’un. Une question à laquelle Vidya donne une dimension culturelle. Son père est Mauricien. Si le métissage nourrit parfois l’angoisse et l’urgence de se trouver une identité, chez elle, il s’agit plus d’explorer la culture des autres. « Apprécier, c’est comprendre », explique-t-elle. Et comprendre, c’est accepter de ne pas se laisser enfermer dans des préjugés. « Si j’ai participé à l’élection Miss Anjou, c’était d’ailleurs pour voir l’autre côté du miroir. Voir ce qui s’y passe. Je pouvais le faire. Alors je l’ai fait. » Voilà mon explication. Miss France ? Pour elle, c’était un défi. Ce qui ne l’empêche pas de dire sans hésiter qu’elle recommencerait l’aventure, même si elle reste convaincue qu’on peut très vite se perdre dans ce strass et ces paillettes : « Par

certains côtés, l’élection des Miss est aliénante : tu n’as pas le temps de penser. Tout est fait, dit, mâché, digéré pour toi par ceux qui t’entourent ». Le tout est de le savoir. Tiraillée entre deux cultures

Vidya aime à se trouver au côté des autres. Elle qui n’est pas solitaire pour deux sous, n’y voit pas le moyen de flatter un ego surdimensionné, bien au contraire : « J’ai tout à apprendre des rencontres ». Être artiste, n’est-ce pas faire s’épanouir des émotions et pouvoir renvoyer aux autres sa propre sensibilité ? Elle fait donc les Beaux-arts à Angers. Pour travailler les formes, les contenus, les matières. Ses interrogations aussi. Elle admet d’ailleurs volontiers une part de fascination pour ce qu’elle ne connaît pas. Elle se sent notamment attirée par le bouddhisme, même si celui-ci « exige des codes et des structures de pensée que nous pouvons difficilement saisir en Occident ». C’est ce qu’elle comprend en 2003 en se rendant au Népal, puis en Inde. Alors, là-bas, naît l’idée d’écrire un bouquin. Un livre qui raconterait l’histoire – un peu la sienne – d’une fille tiraillée entre deux cultures… Et un garçon ! Car comme dans tous les beaux romans, il est aussi souvent question d’amour… Dimitri Perraudeau

photo Domitille Baudouin

des étudiants pour réaliser les costumes et les décors. » Et si aujourd’hui Jean-Christophe peut se targuer de « s’éclater au théâtre », il ne voudrait pour rien au monde abandonner l’enseignement. « Au fond, ma classe, c’est comme mon public. La seule différence c’est que je ne suis jamais applaudi après un cours… Mais l’avantage, c’est que la salle est toujours pleine ! » Élise Richard

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iagnostik Diagnostik

(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)

L

a cité angevine regorge d’associations disposées à t’arracher à ton cocon et à t’ouvrir sur l’extérieur. Plus d’une centaine œuvrent dans ce sens1. Certaines se retrouvent même au sein de fédérations telles que Inter-assoc ou la Fé2A. Elles jouent un rôle dans différents domaines : humanitaire, théâtre, musique, sport, cinéma... Chacun peut donc trouver association à son pied ! Ancrées sur les campus, d’autres asso’ se consacrent au monde étudiant. De l’organisation d’un concert, au tournoi de badminton, en passant par l’in-con-tournable soirée étudiante : les BDE ont les moyens de faire chanter la sinistrose et ce, malgré une implication inégale des diverses administrations scolaires.

BDE public et privé : L’étudiant vit au rythme des amphis, des potes et du programme concocté par son Bureau des étudiants. Mais comment s’organisent les BDE pour animer vos plus belles années ? Benjamin et Anne-Lise (ESSCA) ainsi qu’Étienne (Psych & Trucs), ont accepté le comparatif entre privé et public. K.libres : Comment intégrer le BDE ? BDE ESSCA : « Chaque année, des élections ont lieu en novembre. Plusieurs listes se présentent. Une seule est élue par les 1 600 élèves. Ainsi, un unique BDE représente le site angevin et parisien. » BDE Psych & Trucs : « Le bureau a été repris en octobre par des volontaires issus de Psycho. Nous avons quatre membres et quatre adhérents. La grande difficulté, c’est la succession. On apprend sur le tas, d’où une grosse perte de temps et d’énergie. » K.libres : Comment êtes-vous financés ? BDE ESSCA : « Sur chaque inscription est prélevée une cotisation, qui représente au total un montant d’environ 120 000€, réparti

Bouge toi ! D’autant que le cadre d’étude se prête bien aux pratiques sociales et à l’épanouissement personnel. Malgré le masque remarquablement livide et passif de certains étudiants, beaucoup sont prêts à participer à l’effervescence de leur microcosme. Et puis l’engagement associatif évite de s’enfoncer dans un individualisme insidieux. Il permet, au contraire, de savourer les sensations généreuses du collectif, par la mise en place d’initiatives passionnantes et concrètes. C’est par la pérennisation et le développement de ces BDE que le campus reprend ponctuellement des couleurs. Et uniquement parce qu’une poignée d’irréductibles ne compte pas son temps et son énergie pour la collectivité. Pour toi. Dossier réalisé par Romain Cadel, Céline Herbreteau et Alexandre Porcher L’Agora qui recense les associations existantes sur Angers et dépendantes de la Ville (disponible à l’accueil de la mairie)

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Le Doyen de Saint-Se Doyen de la faculté de Saint-Serge, dernièrement élu viceprésident du Conseil d’administration de l’Université, Daniel Martina pose un regard d’une étonnante sincérité sur la vie étudiante dans les structures publiques. Il constate avec regret le désengagement des BDE dans le monde associatif. K.libres : Quelles sont vos relations avec les BDE ? Daniel Martina : « Les BDE et l’administration ne communiquent pas beaucoup. C’est une constatation. Je crois qu’il y a pourtant une réelle volonté de chaque côté. Nous sommes ouverts au dialogue. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous souhaiterions mettre en place des réunions régulières par le biais de tables rondes pour discuter des projets de chaque association. »


S’engager peut rapporter… Si tu es membre d’une association étudiante, la réforme LMD peut te donner un coup de pouce. Pour te récompenser de ton engagement, elle te fait gagner des ECTS, les fameux crédits européens. Le service des examens de ton établissement te renseignera sur les conditions à remplir. Un tien vaut mieux que deux, tu le sauras…

deux poids, deux mesures proportionnellement entre les quatre commissions. Le reste se fait sous forme de prestations grâce aux partenariats. » BDE Psych & Trucs : « Nous disposons de la caisse de l’ancien bureau, cependant cela ne suffit pas pour mettre en place de grands projets. Quant à la faculté, elle ne nous donne pas un centime. » K.libres : Quelles relations entretenez-vous avec l’administration ? BDE ESSCA : « Nous déjeunons chaque mercredi avec des membres de la direction pour discuter des projets. Nous avons également des réunions tous les mois afin de réfléchir aux remarques des étudiants. C’est une relation de confiance qui nous unit. » BDE Psych & Trucs : « Inexistantes ! Nous ne sommes absolument pas soutenus, chacun fait son bout de chemin de son côté. Cependant, nous souhaitons ouvrir le dialogue. L’an prochain peutêtre ! On aimerait simplement connaître les décisions prises par l’UFR Sciences pour en informer les étudiants. »

K.libres : Et avec les autres bureaux ? BDE ESSCA : « Nous faisons partie de la Fesic et de la Fé2A, nous organisons également des manifestations avec des BDE d’écoles privées. » BDE Psych & Trucs : « Nous sommes affiliés à la Fé2A et à Inter-asso mais cela n’implique pas forcément de lien avec les autres bureaux, sauf pour Histoire de et Anjou Fle, avec qui nous dialoguons toute l’année. Nous regrettons le manque de discussion avec les BDE de Saint-Serge, mais on y réfléchit ! » K.libres : Quels sont vos projets ? BDE ESSCA : « Des week-ends sont organisés régulièrement, ainsi que des conférences et visites d’entreprises. Il y a également les “Asso awards” qui récompensent le meilleur film d’une de nos 40 associations. » BDE Psych & Trucs : « Une soirée dans un bar du centre-ville et une prise de contact avec le Secours populaire pour aider les étudiants en grande précarité. »

« À la fac, nous ne sommes pas soutenus »

erge : « Pourtant, à mon époque… » K.libres : Comment analysez-vous ce manque de communication ? Daniel Martina : « En raison d’un trop grand nombre d’étudiants dans les universités, il est difficile de créer de véritables structures. La mobilité des étudiants et leur hétérogénéité font apparaître un problème d’individualisme. À la faculté, le sentiment d’appartenance n’est pas le maître mot. Enfin, on relève aussi un problème de succession. Il faudrait penser par avance à la pérennité des bureaux. »

informatique. Nous voudrions à court terme revoir l’attribution des salles. Nous pouvons également trouver des financements sur un budget précis pour des œuvres qui mettent en avant l’image de l’administration. Mais, à mon avis, la subvention ne doit pas être la principale source d’aide. »

« Nous sommes ouverts au dialogue »

K.libres : Quels sont les moyens mis en œuvre pour les BDE ? Daniel Martina : « Les aides sont essentiellement d’ordre logistique. Nous mettons à la disposition des étudiants des locaux et du matériel

K.libres : Quelles sont les grandes différences entre public et privé ? Daniel Martina : « L’Université n’est pas institutionnalisée contrairement au privé qui a des traditions de longue date. À l’ESSCA, par exemple, il y a de véritables structures qui sont définies. L’information circule dans les deux sens et le temps d’étude y est beaucoup plus long. À l’Université, ce n’est pas le cas et je le déplore. Pourtant, à mon époque, les BDE étaient beaucoup plus développés et la vie associative prenait une part plus importante dans la vie des étudiants. »

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idam Kidam

(N’importe qui, susceptible néanmoins d’éveiller la curiosité)

Jeanne Moreau :

de ceux qui

photo Simon Jourdan

Jeanne Moreau, l’éternelle jeunesse du cinéma angevin ? Assurément. À 78 ans, l’actrice n’a rien perdu de sa superbe. Marraine de cœur du Festival Premiers Plans depuis trois ans, elle défend avec ardeur et enthousiasme le Septième Art à la française qu’elle perçoit créatif et impertinent. Un cinéma qui, sans aucun doute, lui ressemble... K.libres : D’où vous vient ce coup de cœur pour Premiers Plans ? son patrimoine chargé d’histoire... L’architecture y est vraiment splendide. Jeanne Moreau : « J’ai découvert le Festival en 2003. J’ignorais jusqu’alors Je cherche d’ailleurs un appartement à acheter à Angers. » son existence. Je me suis rendue compte qu’il s’agissait là d’un jardin pour l’avenir sur le plan des réalisations. Mais surtout qu’il drainait des K.libres : Vous voulez quitter Paris ? spectateurs de tous âges et de milieux sociaux très différents. J’ai même Jeanne Moreau : « Non, mais je vais passer de plus en plus de temps à rencontré des femmes retraitées qui venaient de loin pour passer sept Angers. À l’occasion du Festival bien sûr, mais aussi lors des ateliers que j’ai jours à Angers à l’occasion de mis en place l’an dernier à l’intention des jeunes cinéastes. Premiers Plans. Ce n’est pas « Le cinéma reflète toutes nos J’ai d’ailleurs obtenu les financements nécessaires pour anodin. J’ai la certitude que le reconduire cette année. Ils auront lieu du 30 juin au tensions et nos émotions » les cinéma est le miroir de notre 9 juillet et donneront lieu à la projection d’un film. » vie et qu’il reflète toutes nos tensions et nos émotions. » K.libres : Comment situez-vous aujourd’hui le cinéma français sur la scène K.libres : Cet attachement plutôt rapide au Festival a-t-il changé votre regard internationale ? sur la ville ? Jeanne Moreau : « À l’échelle européenne, il est exemplaire. La France est Jeanne Moreau : « En réalité, l’un fait partie de l’autre. Le Festival se le seul pays qui a organisé, grâce à Malraux, un système de taxation qui déroule au cœur d’Angers. On peut s’y rendre très facilement à pied. permet de nourrir les films. Cela a un impact extrêmement important Tout comme dans les salles de cinéma. J’apprécie beaucoup cette ville, sur la création. Le cinéma français est aussi précurseur. Il est le premier à

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« Je suis du côté

ne sont pas d’accord » avoir révélé le cinéma asiatique. Certes, bon nombre de sujets sont venus de l’étranger mais dans le même temps, beaucoup de cinéastes français ont émigré aux États-Unis. »

K.libres : Vous faites partie des monstres sacrés du Septième Art. Est-ce que ce statut vous offre une plus grande latitude d’expression ? Jeanne Moreau : « Je suis avant tout humaine, trop humaine. Je fais sans doute partie de la mythologie du cinéma du fait de ma longévité et des K.libres : Comment voyez-vous son avenir ? personnes avec qui j’ai tourné. Tout cela a effectivement un avantage. Jeanne Moreau : « Le monde change. Nous avons besoin de plus en Cela me permet de pouvoir me taire et de parler quand je le souhaite. plus de films car les supports se C’est aussi le privilège de l’âge. Mon statut me donne multiplient très vite. La Grandesurtout la possibilité de donner des coups de pouce : de « Il y a tant de sujets Bretagne, par exemple, est très trouver une place à l’hôpital, de lutter contre les ventes à d’actualité exaspérants » demandeuse de téléfilms. La la découpe des immeubles parisiens... Si cela peut servir France est aussi un peu dans la à quelque chose... » même dynamique. Et puis, la diffusion de films va s’opérer de plus en plus facilement sur Internet. Il faut s’y préparer. » K.libres : Après une carrière comme la vôtre, de quoi peut-on encore avoir envie ? K.libres : Pensez-vous que la politique culturelle de la France est à la hauteur Jeanne Moreau : « Je n’ai jamais eu envie de rien. J’ai toujours vécu au jour des ambitions du cinéma français ? le jour et je ne compte pas changer mon mode de vie. » Jeanne Moreau : « Je crois qu’elle est très positive. Selon moi, la distribution Interview : Jean-François Keller cinématographique va changer. Les grosses productions commencent à s’essouffler. Heureusement qu’elles sont distribuées en Europe ! Ça leur permet de vivre. Elles ont besoin d’avoir cette vitrine pour vendre des films dont certains ne marchent pas aux États-Unis. Attention, je ne suis absolument pas anti-américaine. Je pense seulement que nous avons besoin les uns des autres, sans parti pris. » K.libres : Vous avez joué dans Les Valseuses, un film qui, à son époque, avait choqué. N’avez-vous pas aujourd’hui l’impression que le cinéma a tendance à être trop lisse ? Jeanne Moreau : « Pas vraiment. Des réalisateurs comme Audiard ou Kassovitz n’y vont pas molo... » K.libres : Le rôle du cinéma est-il de contester et de dénoncer ? Jeanne Moreau : « Bien sûr que c’est son rôle, c’est inévitable ! Il y a tant de sujets d’actualité exaspérants. Ne pas avoir prévu, par exemple, l’explosion du marché international est vraiment scandaleux. Si les politiques n’ont pas cru que les entreprises iraient dans les pays où les coûts de fabrication sont moins élevés, c’est que ce sont vraiment des cons. Au lieu de s’occuper des véritables problèmes, ils se focalisent sur qui sera candidat à la présidentielle de 2007. Malheureusement, on a le sentiment que c’est le destin personnel qui prime. » K.libres : Y’a-t-il d’autres sujets qui vous mettent en colère ? Jeanne Moreau : « Évidemment. Comment ne pas réagir face aux réponses données par l’État après les récentes émeutes qui ont secoué la France ? Il aurait fallu essayer d’en déterminer les causes plutôt que de mettre systématiquement les gens en taule ! Ce n’était pas la solution. C’est au contraire un clou qu’on enfonce. Je ne condamne rien du tout, mais je constate que ce sont toujours les personnes qui sont les plus mal placées qui en bavent le plus. Aujourd’hui, les jeunes doivent faire face à de longues périodes de précarité professionnelle. Avant, on pouvait trouver facilement du travail. Pour eux, tout est toujours à recommencer. » K.libres : Vous avez des solutions ? Jeanne Moreau : « Je ne suis pas extralucide. Et si j’en avais, j’aurais fait de la politique. Cela dit, je suis du côté de ceux qui ne sont pas d’accord. » K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

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libre igure libre Figure

(Le contraire d’une figure imposÊe, par un artiste invitÊ librement)


K.LIBRES #5 – Avril / Mai 06 - FIGURE LIBRE « Séropositifs, séronégatifs, tous solidaires. Ensemble, changeons notre regard ! Cette fresque, parmi six autres, verra prochainement le jour sur les murs de grandes villes de France. Et pourquoi pas à Angers ! » Aides 49 - 02 41 88 76 00 - www.aides.org


pratik C . pratik

(Les k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique)

Ça déchire sa grand-mère Judiciairement parlant

Éviter une douche froide

Vigilances urbaines

C’est dimanche matin. Tu te prépares psychologiquement à prendre ta douche hebdomadaire. Mais du pommeau de la douche ne sort qu’un mince filet d’eau… à cause du calcaire. Pas de panique, Monique ! Enfile d’abord un tricot de peau pour ne pas prendre froid. Puis enveloppe délicatement la pomme de douche dans un sac plastique rempli de vinaigre. Fais tenir avec un élastique et laisse agir quelques heures. Alors maintenant, plus de fausses excuses : il va vraiment falloir y passer !

Quels sont exactement les pouvoirs des agents de sécurité des grands magasins ? Selon l’article 73 du Code de procédure pénale, toute personne peut appréhender l’auteur d’un crime ou d’un délit flagrant, et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. Une disposition qui s’applique aussi aux agents de surveillance (vigiles) des grands magasins. Et contrairement aux idées reçues, ces derniers n’avaient aucun pouvoir de contrainte supplémentaire. Pas étonnant alors qu’une grande surface ait été reconnue coupable de séquestration pour avoir retenu une personne au-delà du temps strictement nécessaire pour la remettre aux autorités. Mais la loi Sarkozy du 18 mars 2003 a entrepris de soutenir la justice privée.

Un pull pile-poil « En avril, ne te découvre pas d’un fil… » Suivant cet adage, tu enfiles ton pull fétiche. Mais en chaussant tes lunettes, tu t’aperçois qu’il est tout plein de bouloches. La consternation ne doit pas te faire oublier qu’il y a une solution : glisse une boîte de pansements dans ta poche et munis-toi d’un rasoir jetable (ou d’une lame de rasoir si tu aimes l’aventure) que tu passeras délicatement sur le pull. Les bouloches se détacheront en deux coups de cuillère à pot. Ce truc marche aussi pour les vestes et les manteaux. Et les pansements, me diras-tu, c’est pour quoi faire ? Essaie et tu verras bien. Ilsa Paretti

Du coup, les agents de sécurité ont désormais le droit de « procéder à l’inspection visuelle » de nos bagages à main. Petite subtilité tout de même : ils ne peuvent pas encore les fouiller sans l’accord de leur propriétaire. Alors, si vous n’avez rien à vous reprocher, et si vous avez du temps à perdre, vous pouvez refuser la fouille de votre sac, et exiger la présence de la police, histoire de rappeler que la présomption d’innocence a encore du sens en France.

Les idées

pique-nique de Mademoiselle

kasslakroute

K.M.

Avec les premiers jours du printemps, ton estomac a besoin de simplicité. Préparer soimême SON sandwich, c’est un plaisir simple. Alors, tente l’expérience ! Au petit matin, va acheter à la boulangerie du quartier une baguette, ce sera l’occasion de rencontrer le boulanger (ou la boulangère), puis passe chez le boucher prendre une bonne tranche de jambon vendéen, c’est couleur locale… Tartine ton pain de beurre salé ou d’huile d’olive. Coupe quelques tomates en tranches fines, dispose-les sur le pain, ajoute quelques feuilles de salade et des petits radis. Mets quelques morceaux de fromage et une tranche de jambon, parce que c’est bon le jambon… Pour faire frétiller les papilles, frotte le pain avec des gousses d’ail ou garnis le sandwich d’oignons frais. Et n’oublie pas le basilic ou la menthe qui parfumeront délicatement la garniture. En dessert, je te conseille les premières fraises de l’année. Emballe le sandwich et mets les fraises dans un Tupperware à maman. Et si ce midi, le soleil pointe son nez, direction les jardins du campus.

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oi kikis’passe spasse Koi

(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)

« Je m’appelle sans-papiers »

Dossier réalisé par Jézabel Jacquat Photos Simon Jourdan

Plus les années passent, plus le droit au visa devient inaccessible en France. Réduits au concept de “masse”, rangés dans la case “exclus de la société”, les sans-papiers vivent dans l’indifférence générale.

F

ace à l’immigration, le gouvernement entend agir. Son choix : la réduire. Son plan d’action : renforcer les systèmes de contrôle aux frontières, alourdir les peines et chasser les sans-papiers installés en France. Depuis deux ans, les avis d’expulsion ont ainsi augmenté de 60%. En proie aux dénonciations perpétuelles, aux arrestations systématiques, les sans-papiers doivent donc se cacher, voire fuir pour survivre. Mais c’est quoi un sans-papiers ?

Dans un monde qui va mal, où la dictature et la guerre sévissent, des hommes et des femmes décident de tout abandonner pour se construire ailleurs un avenir meilleur. Alors, ils s’installent dans les pays dits “développés”, là où les projets sont réalisables sans pression gouvernementale, là où les Droits de l’Homme

sont appliqués. Du moins, c’est à cet eldorado qu’ils croient quand ils partent de leur pays. Car à l’approche des frontières, l’espoir se réduit. Le droit au visa étant de plus en plus inabordable, certains décident de s’échapper clandestinement, quitte à risquer leur vie. Pour ceux qui détiennent un visa, l’enjeu principal consiste alors à obtenir son renouvellement, sous peine d’expulsion arbitraire, sans motif apparent. La France est régulièrement condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour ses exactions en “zone d’attente”. Trente-deux camps de rétention ont d’ailleurs été construits en France, dont 25 en l’espace de dix ans. Tenus dans des conditions inhumaines (insalubrité, atteinte à l’intégrité physique des personnes), ces camps permettent le “stockage” des étrangers.

Vers “l’immigration choisie”…

Pour les futurs migrants, un avant-projet de loi a été voté en février dernier, favorisant une immigration du travail ou “immigration choisie”. Piloté par Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, ce dossier, fondé sur les besoins économiques des employeurs français, propose la création d’une nouvelle carte de séjour “Talents et compétences”, destinée aux étrangers hautement qualifiés. Ce quota sera rarement rempli puisque les migrants pour la plupart ne sont pas “qualifiés”. Est-ce là un moyen de favoriser l’élite d’un peuple opprimé ? À l’extérieur, nos frontières semblent inaccessibles. À l’intérieur, aucune mesure de régularisation n’est envisagée. Entre expulsion et clandestinité, des milliers d’immigrés sont, si rien ne change, condamnés à être des sanspapiers permanents. K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

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oi kikis’passe spasse Koi

(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)

Kader : « Aucune so légale ne s’offr « Je m’appelle sans-papiers », me déclare Kader, un soir, dans les rues de Nantes. Six années se sont écoulées depuis, entre espoirs et labeurs, et rien n’a changé pour cet Algérien de 37 ans. Kader vit de cave en cave et traîne avec lui la conscience lourde d’un échec permanent. Jour après jour, il survit à la dure loi de la réalité : sans propriété, sans identité, sans papier. Alors pour continuer, pour oublier, Kader erre… K.libres : Pourquoi as-tu fui l’Algérie ? Kader : « Dans mon pays, dès l’âge de 9 ans, on pense à faire sa vie. Et faire sa vie, c’est partir. Il n’y a pas d’avenir en Algérie. Le gouvernement, la police, presque tous sont corrompus ! Nous avons seulement le choix de nous taire, sinon on encourt des représailles. Je me rappelle cette bombe qui avait explosé dans le cimetière de mon village. Le lendemain, 35 personnes suspectées d’être les instigateurs de cet attentat terroriste ont été mitraillées en public par l’Armée. Les hommes et les femmes - l’une d’elle enceinte - étaient nus, le cou serré par des colliers d’acier, prêts à rejoindre la fosse. Pas d’enquête, pas de justice. Là-bas, on tue sans raison. »

K.libres : Tu as immigré de façon clandestine ? Kader : « Non, j’avais un visa de trois mois renouvelable. Après les attentats terroristes à la fin des années 1990, j’ai pu demander un droit d’asile territorial et je me suis réfugié en Espagne, puis en France. » K.libres : Pourquoi avoir choisi la France comme ultime destination ? Kader : « Parce qu’elle symbolise les Droits de l’Homme, du moins je le pensais ! Et puis, je

combattu avec la France pendant la guerre. » K.libres : En France, qu’est-ce qui caractérise le quotidien d’un sans-papiers ? Kader : « La peur, d’abord. J’ai beau avoir un ticket de bus, dès qu’il y a un contrôleur, je m’enfuis parce que je crains qu’il me demande ma carte d’identité. L’indifférence ensuite. J’ai demandé des restes, une fois, à un restaurant, et l’on m’a répondu qu’ils ne donnaient qu’aux SDF. Et moi, je suis quoi ? C’est simplement parce que j’étais “présentable” qu’on n’a pas voulu me donner à manger ! Partout dans ma vie, dans mon quotidien, partout où je vais, je suis un sans-papiers… C’est pour ça que certains

« le travail au noir ou le mariage blanc » connais bien ce pays… L’Algérie a été colonisée pendant 130 années. Je suis nécessairement imprégné de la culture française. J’ai même appris la langue à l’école ! Et mon père a

Un ou deux sans-papiers régularisés chaque année à Nantes Le Groupement accueil service promotion du travailleur immigré (Gasprom) se bat depuis plus de 40 ans à Nantes, pour les sans-papiers. Face à l’indifférence politique générale et à l’angoisse accrue de certains Français sur la question des immigrés, Luce, une militante, témoigne. K.libres : Quel soutien proposez-vous aux sans-papiers ? Luce : « Avant la maîtrise des flux migratoires en 1970, notre association s’appuyait surtout sur l’entraide et le bénévolat. On attribuait des boîtes postales aux sans-papiers, on les aidait dans leurs démarches administratives. Aujourd’hui, c’est avant tout politique. Notre principal but consiste à lutter contre les expulsions abusives, contre l’absence de soins fondamentaux. Nous travaillons en réseau avec d’autres associations et proposons une aide juridique ainsi qu’une aide aux familles et à l’enfance. Il faut savoir que chaque année, à Nantes, seuls un ou deux sans-papiers sont régularisés. » K.libres : Pourquoi lutter en leur faveur ? Luce : « Le traitement infligé aux sans-papiers est inadmissible. Aucune solution n’est proposée et le renouvellement des cartes de séjours se fait rare. Résultat, ces personnes doivent une nouvelle fois tout abandonner : leur famille, leur travail. Dernièrement des policiers ont pris deux enfants alors qu’ils étaient à l’école, et les ont emmenés dans des camps de rétention sans leurs parents. C’est aberrant. »

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Contact : 02 40 47 00 22 K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06


olution re à nous » abandonnent ! Ils vendent de la drogue, ou ils cherchent le conflit avec les flics et les vigiles pour rentrer gratuitement dans leur pays ! Seulement pour moi, retourner en Algérie, c’est la case “départ”, c’est réduire à néant le combat que je mène depuis six ans. » K.libres : Quelles solutions proposes-tu ? Kader : « Qu’on s’occupe au moins des sanspapiers en France, qu’on régularise ceux qui ont envie de s’en sortir ! On m’a proposé des CDI, des patrons ont appuyé ma demande de carte auprès de la Préfecture, mais ça n’a jamais marché. À chaque fois, on prétexte qu’il faut que je retourne dans mon pays pour obtenir mes papiers. Mais si je retourne là-bas, je ne pourrais jamais repartir. L’Algérie délivre si peu de visas, même touristiques ! Avoir une carte de séjour semble inaccessible, surtout avec les nouvelles lois de Sarkozy. Je travaille dans des marchés où 99% du personnel est sans papier. On fait donc marcher le commerce, la société, et on est payés deux fois moins cher que les Français ! L’État le sait bien ! Le paradoxe, c’est que d’un côté, on demande notre expulsion, et que de l’autre, on ne dit rien aux patrons qui emploient des sans-papiers. On a deux choix pour survivre :

le travail au noir ou le mariage blanc. J’ai un ami qui est atteint d’une maladie cardiaque incurable en Algérie et qui a dû se marier pour rester en France et se soigner. Aucune solution légale ne s’offre à nous. » K.libres : Pourquoi, à ton avis, la plupart des Français sont-ils aussi méfiants envers les sans-papiers ? Kader : « Peut-être parce qu’ils ne nous connaissent pas, parce qu’ils craignent qu’on profite d’eux. On n’est pas là pour nuire. C’est vrai, certains abusent, mais n’en faisons pas une généralité ! Nous sommes simplement là pour avoir plus de chances de construire une vie meilleure. J’ai rencontré des Français qui voulaient nous aider en nous hébergeant une nuit, mais les lois les poussent à ne pas le faire : accueillir un sans-papiers, c’est 3 000 euros d’amende. »

L’immigration en chiffres En 2005, selon le ministère de l’Intérieur, entre 200 000 et 400 000 clandestins ont résidé en France, le flux annuel d’entrées irrégulières s’évaluant entre 150 000 et 200 000 personnes. En moyenne, 60 000 régularisations sont proposées aux sans-papiers sujets aux regroupements familiaux, et 30 000 pour les clandestins et les réfugiés politiques. Les demandes de naturalisation ou de réintégration sont minimes : 17 366 sur 84 137 personnes ont été acceptées en 2003. En 2006, la France ordonnera quelque 25 000 expulsions.

Zak sauvé par le gong

U

n peu de répit… C’est ce que laisse la décision du Tribunal administratif de Nantes à Zakaria, étudiant marocain sans-papiers dont nous vous parlions dans le numéro 3 de K.libres (“Jerry nie les vices”). Le jeune homme de 19 ans vit en France depuis cinq ans. Tout naturellement, il a fait une demande de carte de séjour mention “étudiant” au moment d’entreprendre en septembre dernier des études de sciences à Belle-Beille. Mais c’était sans compter sur le refus de la Préfecture, qui a accompagné sa décision du 8 février, d’un arrêté de reconduite à la frontière. Demande d’expulsion que la juridiction nantaise a tout simplement annulée, jugeant la décision préfectorale « entachée d’une erreur manifeste d’appréciation ».

Un répit - jusqu’à la fin de l’année scolaire - que Zak compte bien utiliser pour se mobiliser en faveur des autres étudiants sans-papiers. « Oumar Diallo, Choletais expulsé vers le Mali ; une élève en 3e année de Droit à Saint-Serge, sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière ; Sarah, en 1re année de Lettres à Belle-Beille, elle aussi invitée à quitter le territoire », décline-t-il, visiblement écœuré par les dernières politiques mises en place. « Les cas se multiplient. Les choses ont changé. » O.J. Zakaria invite chacun à se mobiliser : soutien-zak.skyblog.com ou soutien-zak@laposte.net

K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

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Jeudi 13 avril, à 20h45, Da Silva + invité (chanson) Samedi 15 avril, à 20h45, Hamlet (thème et variations) + Robert le Magnifique (théâtre + electro hip-hop) Mardi 18 avril, à 20h45, Nada Surf + Goldrush (pop) Mercredi 19 avril, à 20h45, Brisa Roché (photo) + Ginger Ale + Sarah Slean (pop au féminin) Vendredi 21 avril, à 20h45, soirée Hip Notik Records (lire en Zik) BON PLAN ! Mercredi 26 avril, à 20h45, On Stage#20, sélection de groupe locaux émergents (GRATOS ! avec la carte Chabada ou 3€ sans !) GRATOS ! (sur invitation à retirer à la Fnac, au Bar du centre, au Donald’s Pub ou au Bazar), vendredi 28 avril, de 19h30 à 2h, les Nuits Zébrées Jeudi 4 mai, 20h45, La Grande Sophie + Prototypes (chanson) Vendredi 5 mai, à 20h45, Max Roméo+ 100 grammes de têtes Mercredi 10 mai, à 20h45, deejaying dans le cadre du Festival Hip Opsession 2 (lire en Zik) Vendredi 12 mai, à 20h45, Hip

Chabada

Du 11 au 15 avril, le Centre national de théâtre dresse des passerelles entre les différentes disciplines des arts vivants. Des débats, des spectacles (danse ou théâtre), des concerts et, surtout, des projections sont proposés au public. Voici les bons plans GRATOS ! de ce remarquable festival : Du 12 au 14 avril à 21 heures et samedi 15 avril à 14 heures, studios CNDC Bodinier (dans l’ordre de passage, les quatre films sont signés par le provoquant Vandekeybus, Bozon, Mathilde Monnier et la géniale Pina Bausch).

Scènes grand écran !

Bons plans

Infos concerts : au 02 41 96 13 48, en consultant le Yéti (programme du Chabada disponible partout) ou sur la toile (www.lechabada.com). Adresse : 56 bd du Doyenné. Réservations : points de vente habituels.Tarifs : entre 10 et 20e

journée du disque (gratuit avec la carte Chabadaboum, 2€ sans) GRATOS ! Vendredi 9 juin, à 20h45, Soirée “Son pour son prison” (association Génepi, lire en Koi de neuf)

Du mercredi 12 au vendredi 14 avril, au Grand Théâtre : Drop it ! (hip hop) Du jeudi 11 au samedi 13 mai, au Grand Théâtre, Music (chorégraphie de Déborah Hay, avec les étudiants de la formation Essais du CNDC)

Danse contemporaine

Mardi 10 mai, à 20h30, Quartet Ursus Minor (jazz sidéral, entre funk et electro). Au Théâtre Chanzy, 30 avenue de Chanzy

Jazz

Du mardi 11 au samedi 15 avril, à l’Atlelier Jean-Dasté, Les Présidentes de l’Autrichien Werner Shwab Du mercredi 19 au vendredi 21 avril, au Grand-Théâtre, Léonce et Léna, de Büchner Du mardi 9 mai au jeudi 11 mai, à l’Atelier Jean-Dasté, à ma personnagité, d’après les Écrits bruts Du mercredi 17 mai au vendredi 19 mai, au Grand Théâtre, le célèbre Macbeth de Shakespeare, revisité par le Canadien Matthew Jocelyn

Théâtre

Nouveau théâtre d’Angers (NTA) et Centre national de danse contemporaine (CNDC)

Contact CNR : 26 avenue Montaigne à Angers.Tél. : 02 41 24 14 50

Les élèves du Conservatoire national de région (CNR) ouvrent leurs auditions au public. L’entrée est GRATOS ! à venir : jeudi 13 avril, à 18h, auditions de la classe de basson (salle d’examens du CNR) ; vendredi 14 avril, à 18h, auditions de la classe de contrebasse (salle d’exam’ au CNR) et vendredi 14 avril, à 19h, auditions de piano (chapelle des Ursules). Et toujours, le samedi, à 17 heures, n’oubliez pas de jeter un œil au Grand foyer, au 1er étage du Grand Théâtre : musiciens ou/et chanteurs de l’école y donnent régulièrement des concerts. L’entrée est GRATOS ! Bon plan romantique assuré.

Bon plan classique au CNR !

illustration Adrien Albert

Tarifs : 3, 4 et 6€ Réservations : 02 41 96 23 96 Durée : 1h20

Mardi 18 avril, à l’Espace culturel, à 20h30, comédie et tragédie se marieront dans un bus avec, comme fil conducteur, des passagers incarnant différents archétypes et un chauffeur qui veut à tout prix trouver du pain pour sa famille. Avec cette situation improbable pour prétexte, les neuf comédiens de l’Artbigüe compagnie, mis en scène par Béatrice Poitevin, démontrent l’absurdité d’un système communiste déliquescent. « L’agonie lente de tous ces êtres piégés dans la meilleure société du monde n’a rien de comique, mais finalement, le rire est la voie la plus immédiate pour échapper à un tel cauchemar » (dossier de presse). Prônant l’anticonformisme, Le Bus a été écrit par Stanislav Stratiev avant la chute du Mur.

Bon plan théâtre Prenez Le Bus à l’Espace culturel !

BONS PLANS ! (entre 3 et 6€) : cet excellent café concert situé dans la Doutre, juste dans la continuité du pont de Verdun, affiche une programmation inversement proportionnelle à sa jauge (il faut venir tôt pour se glisser parmi les veinards de spectateurs) : consulte vite leur agenda sur le Net. (www.tesrockcoco.com)

T’es Rock Coco !

THéâtre - concerts - conférences - danse - expo

Ce serait ballot de passer à côté !

k l i b r e s _ r e da c @ ya h o o . f r

scapades Eskapades (Action volontaire de se soustraire momentanément à la routine)


Opsession 2 (lire en Zik) Samedi 13 mai, de 22 à 4h, Gay pride, (Cie Gianni Joseph) + Anatanomie Bousculaire (photo) + DJ LP + The Electroman Mardi 16 mai, à 20h45, Gipsy Swing avec Marcel Loeffler & Lisa Doby (jazz D.R. manouch) Mercredi 17 mai, à 20h45, Cheikh Lô + DJ Fenugrec Beat (afro-pop) BON PLAN ! Samedi 20 mai, de 10 à 18h

K.LIBRES #4 - Février/Mars 06

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Renseignements : 02 41 88 99 22

Le 12 et 14 avril, à 20h15, aux studios des Abattoirs, projections de Dog days Du 12 au 15 avril, à 18h, au NTA place Imbach, projection de ElectreOreste (2h10) Samedi 15 avril, projection en plein air, au Musée des Beaux-Arts, à 20 heures, de The Party (film de Blake Edwards -1968 - 1h40)

Vendredi 14 avril, à 21h, Cool jazz + Ease of Sunrise (guitare et piano). Tarif : 6€ (étudiant). à la Maison de quartier Saint-Serge – Saint-Michel place Ney à Angers. Tél. : 02 41 77 26 28. www.jazzpourtous.com

Jazz pour tous

Contact : http://al.mayuk.free.fr

Jusqu’au samedi 15 avril, place des Halles à l’Auberge de Chalonnes-sur-Loire, Al-Mayuk a accroché ses « fotos du monde » : le photographe livre une approche humaniste des cultures indiennes vivantes au Mexique (Voyages aux pays des gens des nuages, 20 photos). Une soirée Flamenco sera organisée avec Toma ke toma le samedi 15 avril. Al-Mayuk a déjà signé plusieurs clichés dans K.libres, notamment la Figure libre du premier numéro, en avril 2005.

avec Al-Mayuk !

Bon plan expo

Contact : centre Jean-Vilar (La Roseraie), au 02 41 68 92 50

Samedi 15 avril, à 20h30, Théâtre d’impro (7,50€) Vendredi 21 et samedi 22 avril, Festival Vibrascène (soirée tremplin pour des groupes locaux) Jeudi 4 mai : open mic – show case (3€) Samedi 6 mai : danse et spectacle avec La rualité, Slyd, Néoteam (5€)

Centre Jean-Vilar

Tarif : 5€ (étudiant)

Contact : 10, rue du Champ-de-Bataille. Tél. : 02 41 72 00 94.

Les 11, 12, 13 mai à 20h30 et le 14 mai à 17 heures : Rêve autrement – L’œil d’une pierre (création chorégraphique et musicale). Vendredi 19 et 20 mai, à 20h30, compagnie La Thébaïde (théâtre). Les 1er, 2, 3 juin à 20h30 et la 4 à 17h, Veillée funèbre de Guy Foissy (compagnie Tréteaux tardifs).

Théâtre du Champ-de-Bataille

D

éjà remarqués en 2003 sur la scène du Chabada - après leur premier album éponyme - Yannick, les frères Margerie, Toto, Marie et toute la clique de l’Akabi compagnie signent un deuxième opus aux textes plus matures. Enrichi par deux voix féminines et plus abouti instrumentalement, Le bruit du coin se glisse dans les oreilles comme la mousse de bière dans une moustache. La musique est festive et les textes sont patinés d’autodérision, leur première qualité. Faussement acerbes mais volontiers mélancoliques, les joyeux drilles, des lampions dans les yeux, restent égaux à eux-mêmes : pertinents, sincères et bourrés d’énergie.

Le bruit du coin (ska festif - chanson française). Album autoproduit disponible à la Fnac. Contact :www.pignon-sur-rue.fr

Fabien Leduc

Les chansons sont enveloppées d’une couverture cuivrée (trompette, trombone, sax’), tissée de cordes bien senties (basse, contrebassine, violon...), le tout parfois saupoudré - avec malice - d’un air d’accordéon. Pour les cœurs aigris, Pignon sur rue en live est un antidote à la sinistrose, qui sonne comme une réclame des années 50, le nez pincé: « Écoutez Pignon, l’amertume prendra des gnons ». Rendez-vous, le sourire en coin, le 27 mai, place Imbach, pendant Tour de scènes.

Bon plan concert Pignon sur rue : un antidote à la sinistrose

E-mail : thv.stbarth@wanadoo.fr

Pratique : 33, place Jean-XXIII à SaintBarthélemy-d’Anjou, direction Saumur par la Nationale (face à l’église, dans la mairie). Tél. : 02.41.96.14.90 (billetterie)

Vendredi 21 avril, à 20h30, Art Mengo en concert Du lundi 29 mai au vendredi 2 juin, à 20h30 (sauf mercredi et jeudi, à 19h30) : Inutile de tuer son père, le monde s’en charge (de et avec Pierre Ascaride, mis en scène par Ariane Ascaride). Tarifs NTA. N’hésitez-pas à vous décentraliser, le THV de Saint-Barth propose une programmation musicale, dansée et théâtrale riche en découvertes…

Théâtre de l’hôtel de ville (Saint-Barthélemy-d’Anjou)

Tarifs NTA - CNDC: 9,50€ la place (abonnement étudiant 3 spectacles) ou 14€ hors abonnement. Attention aux horaires ! : toutes les représentations ont lieu à 20h30 sauf mercredi et jeudi à 19h30. Pratique : accueil (12 pl. Imbach), du lundi au samedi de 11 à 19h - Tél. : 02 41 88 99 22 ou www.nta-angers.fr


scapades Eskapades

(Action volontaire de se soustraire momentanément à la routine)

En mai,

! t î a l p e t l ’i u q e écoute c

Page rédigée par B-bô

L

es 25, 26 et 27 mai, Angers vibrera pour la neuvième fois sur les sonorités de l’excellent Tour de scènes. Accueillant chaque année près de 35 000 personnes, le festival s’est imposé comme “le” rendez-vous musical angevin. Le public aura l’opportunité d’apprécier sur les trois scènes (quai Ligny, place Imbach et cloître Toussaint) une quarantaine de formations, tous styles musicaux confondus. Pour cette nouvelle édition, le festival devrait par ailleurs accueillir, le samedi 27 mai, un forum citoyen s’adressant aux Angevins de 15 à 25 ans. Ces derniers seront invités à s’exprimer sur leur vie quotidienne à Angers et à émettre des propositions concrètes en vue de l’améliorer.

photo Daria

Petit aperçu de la pré-programmation concoctée par l’association organisatrice, Musica : Puppet Mastaz (hip hop new age), Gangbé Brass Band (fanfare afrobeat), Bell Œil (chanson rock), Idem (dub rock), Les Zetlaskars et la trompida (rock-a-muffin-chansonhip-hop), Gong gong (electro), Daria (rock), Mukta (jazz world), Aïwa (trip hop electro world), Lustro (chanson expérimentale), Alafia (groove world), Vendas Novas (electro), Craftmen Club (rock), Urban Poizon (hip-hop metal), Les hommes beiges (chanson), Zaruts (dub), Albert Magister (chanson rock), Casualty (dub), Pignon sur rue (ska festif-chanson).

Vendas Novas : massif, audacieux et efficace Vendas Novas n’est que trop rarement présent dans nos contrées. La formation electro angevine n’a eu de cesse, l’année passée, de se produire dans les clubs les plus prestigieux d’Europe pour défendre son album Barry Black. Son nouvel opus Radio Sasha confirme l’énorme capacité du “General Midi” à retourner les dance-floors en assénant des beats rageurs. Ce maxi vinyle évocateur des productions electro allemandes actuelles développe un son massif, audacieux et efficace. Tours de scènes sera l’occasion pour Vendas Novas de présenter son dernier-né au public angevin. Un rendez-vous à ne pas manquer, le 27 mai au cloître Toussaint ! http://vendas-novas.com

Aïwa : l’urbanité à la sauce orientale Il y a trois ans, leur premier album éponyme leur avait ouvert les portes des plus grandes scènes (Trans’musicales, Printemps de Bourges, Montreux Jazz festival) et les avait conduits sur les routes italiennes, marocaines, allemandes, polonaises et anglaises. Avec Elnar, sorti en février, Aïwa explore de nouveau les musiques urbaines à la sauce orientale. Des mélodies arabisantes croisent des beats electros, des chants hip-hop ou ragga (avec Jamalski en featuring, svp !) succèdent à des mélopées venues des palais des mille et une nuits…Instruments traditionnels, platines, machines, guitare, batterie et saxophone fusionnent pour créer une musique originale et novatrice. Samedi 27 mai, le quai Ligny vous invite à un périple musical étonnant, pour repaître nos oreilles avides de sonorités nouvelles. http://aiwamusic.free.fr

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K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06


ik Zik

(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)

« Peace, unity, love » :

le hip hop au pouvoir Le programme

Le Festival Hip Opsession 2 déferle à Angers du 30 avril au 12 mai. Un événement inégalé en Europe, par son ampleur et son foisonnement artistique. « C’est le plus grand festival hip-hop d’Europe. » Vincent Gaugain, président de l’association Apassionada et coordinateur de l’événement Hip Opsession 2 à Angers, est récompensé de sa pugnacité. Durant un mois - à Nantes du 15 au 29 avril et à Angers du 30 avril au 12 mai - le festival aligne les rendez-vous : concerts, chorégraphies, show case, conférences, stages, jam graff ’... Pour la petite histoire, l’édition 2005 ne s’articulait que sur deux soirées.

champion du monde DMC ; Big red, ex Raggasonic ; ou encore Wady et Atone – WA – (lire K.libres #2), sans parler des compagnies références en matière de danse hip-hop. Vincent Gaugain ponctue souvent ses conversations du « Peace, unity, love » d’Afrika Bambaataa, qui incarne la genèse du hip-hop. Ce n’est pas ici du politiquement correct, mais du concret. Fabien Leduc

La locomotive Apassionada

Porte-drapeau de la culture hip-hop à Angers et pourfendeur des idées reçues sur certains codes parasites de ce mouvement, Vincent Gaugain a activé son réseau et fédéré de nombreux partenaires pour l’intérêt collectif. L’enjeu est double : côté scène, son association sert de locomotive aux groupes locaux et les invite par ce festival « à se structurer » et côté salle, Apassionada « accompagne le mouvement hip-hop angevin ». Et l’encourage à se développer.

Dimanche 30 avril et lundi 1er mai : jam graff’ sur le parking du Chabada (gratuit) Mardi 2 mai : concert et démo avec NSA, W.A. (Angers) et Big Red (Paris) à Écouflant (l’atelier, 4€) Mercredi 3 mai : concert de groupes angevins / 4spri9, Mi-rage, West dynasty, RDP, faranight + Street Skillz (Marseille) à la MPT Monplaisir (5€) Jeudi 4 mai : danse amateur jeunes “CHO time” avec DJ Croph (salle Villoutrey, gratuit) + open mic – show case (Jean-Vilar, 3€) + concert hip-hop au T’es Rock Coco à Angers Vendredi 5 mai : conférence hip-hop + soirée hip-hop (MDQ Verneau) Samedi 6 mai : danse et spectacle avec La rualité, Slyd, Néoteam (Jean-Vilar, 5€) Dimanche 7 mai : danse avec C dans C, Quality street, La rualité (Chanzy, 10€) Mardi 9 mai : film hip-hop, au 400 coups Mercredi 10 mai : concert DJ avec Coups2cross (Nantes) + DJ Moon, DJ Rizo (Angers) au Chabada (5, 10 ou 12€)

Des références du genre

Le tout “parrainé” par des pointures : Sinik, plus de 200 000 albums vendus en 2005 ; Dj Coups2cross, triple

Vendredi 12 mai : concert (Sinik + 1re partie au Chabada, 12, 14 et 16€)

illustration Adrien Albert

Infoline : 06 61 55 05 40 apassionad@yahoo.fr

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ik Zik

(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)

KHAMS jusqu’ici tout va bien Khams parcourait le sud de la France fin janvier. Le combo de Saumur nous a invité à voyager en zone de turbulence. Désormais, leur fusion explosive et décomplexée s’exporte. Résumer Khams n’est pas aisé. À l’évidence influencés par les premiers disques de Spicy box, ils partagent avec leurs aînés bien plus que leur origine géographique. L’énergie scénique, bien évidemment. Mais aussi l’aptitude au mélange des genres et cette capacité à parler à la fois aux corps et aux consciences. Khams définit son style comme « un rock énervé aux sonorités electro tranchantes ». Un assemblage génial de sonorités aussi diverses qu’efficaces. Paroles conscientes, phrasé hip-hop, punk émeutier, breaks cataclysmiques, riffs mordants et beats ravageurs. Leur tournée méridionale a débuté à Montpellier. K.libres y était. Il y avait tout au plus une trentaine de personnes. Ce qui n’a pas entamé le moral des Khams auteurs d’un set puissant et efficace. « C’était le plus mauvais accueil de la tournée : la faute à une promo quasi inexistante. Le concert de Nice a réuni beaucoup plus de monde, Perpignan fut un vrai succès. » De nouvelles dates dans le midi et en Espagne devraient être programmées d’ici l’automne 2006.

D.R.

Ils viennent par ailleurs d’achever l’enregistrement de leur album. La sortie de ce premier long format est annoncée pour l’automne. En attendant, Khams organise des concerts. Le prochain réunira La Caution et Urban Poizon à la Scoope de Saumur, le 30 avril. A.G.

Khams (www.khams.org) en concert : 21/04 - Le Rayvaughan - Mayenne (53) 22/04 - L’Espace Herbauges - Les Herbiers (85)

Kronik You-k-off, Le silence est cri Après un parcours musical avec le groupe Faz Realist, You-k-off entame un voyage en solitaire, avec la sortie de son premier album Le silence est cri. Le rappeur originaire du Mans s’impose par un style tout aussi corrosif que réfléchi, où l’écriture est son atout. Auto-intitulé « modeste chroniqueur », You-k-off a choisi de dénoncer le malaise actuel, d’une manière subtile et provocatrice. Ironiques ou empreintes de mélancolie, ses plaidoiries méritent d’être écoutées et… entendues.You-k-off accomplit un singulier exercice de style, en parfaite harmonie avec les productions musicales de BCD Product’son et de Dj Sed. Un étonnant premier opus, adulte et engagé. Laurence Mijoin www.you-k-off.com

Hip Notik Records, Monster zoo Hip Notik Records, le jeune label angevin poursuit son travail de production et de création oscillant entre hip-hop et electro. C’est en mai 2005 que sortait la surprenante compilation Hypothetik disaster, où, sur 18 titres inédits, se côtoyaient artistes angevins et musiciens venus des quatre coins du monde. En février, Hip Notik Records a sorti son premier album : Monster Zoo du producteur Debmaster. Le disque alterne morceaux electro mêlant breakbeats redondants et boucles electronoise avec de singulières compos hip-hop. Sur ces dernières se succèdent plusieurs rappeurs invités parmi lesquels The Whyknows, Subtitle ou encore Name Science. Une brève tournée en France est d’ores et déjà prévue. Et nécessairement, elle commencera au Chabada le 21 avril. B-bô http://www.hipnotikrecords.net/

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Avant les Z’éclectiques,

un zest de Z’échotroniks !

C

’est avec un plaisir non dissimulé que l’on apprend le grand retour du festival Les Z’éclectiques, organisé par le collectif éponyme. Ce festival avait drainé, lors de sa dernière édition, plus de 6 000 spectateurs. 30 groupes et six compagnies de théâtre de rue étaient invités à donner libre cours à leur art, dans un décor délirant. Les 18 et 19 août prochains, à la ChapelleRousselin, les bénévoles remettent le couvert. En attendant cet événement incontournable, on pourra se rendre à la 4e édition du festival Les Z’échotroniks. Le 30 avril, salle de l’Avault à Chemillé, quatre groupes se succèderont pour soutenir les Z’éclectiques dans leur effort. L’affiche, composée de Gong Gong (sélection Pays de la Loire “Découverte Printemps de Bourges”), Kaophonic Tribu, High Tone et Interlope, devrait faire recette la veille du Lundi de Pâques.

High Tone - Infographie ocoughi@no-log.org

B-bô

High Tone - Photo Jif Gong Gong - D.R.

DJ Zebra - D.R.

Spanouch’, Un après-midi en 2CV La formation acoustique ligérienne (guitares, contrebasse, accordéon) saura séduire les amoureux de chanson française (des Nonnes Troppo aux Blérots de Ravel) comme les adeptes du swing manouche. Les guitares swinguent avec délicatesse quand l’accordéon apporte énergie et assurance. De son côté la contrebasse rythme, avec sa rondeur caractéristique, ces compositions originales. En six titres et un clip vidéo, la tribu Spanouch’ nous fait partager son univers insolite et sombre. On pourra d’ailleurs apprécier leur talent au Festival de Rablay-sur-Layon les 3 et 4 juin. B-bô http://spanouch.free.fr

Dajla, Soul Poetry C’est bien d’ivresse musicale dont il s’agit ici. Dajla sort le 18 avril son premier opus intitulé Soul Poetry. Un titre qui colle parfaitement à son univers. Pour cet album “nu soul” (entendez de la soul nouvelle vague), Dajla s’est inspirée de nos incontournables Soul Sisters pour moderniser le genre. Le style oscille entre jazz bluesy et hip-hop downtempo, à l’instar d’Erykah Badu ou autre Macy Gray. Une différence tout de même, Dajla est Nantaise, encore de quoi nous la péter ! Chanteuse, bassiste, auteur et compositeur, la jeune femme a signé chez Undercover, label du déjà reconnu Wax Tailor. Réchauffons nos oreilles, nos âmes et laissons-nous aller à la sensualité de cette voix envoûtante et fragile. Ça sent le printemps. Émilie Alland http://dajla.com

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kran total total Ekran

(Placée devant le visage, cette page protège des rayons ultraviolets)

Renaissance, de Christian Volckman

Malgré la domination des Américains et des Japonais, les Frenchies ont réussi à imposer leur style dans le paysage du cinéma d’animation. Les productions “made in France” s’imposent désormais au premier rang européen et au troisième mondial.

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epuis la naissance du Septième Art, la France a toujours innové en matière d’animation. Des premières pantomimes lumineuses d’Émile Reynaud en 1892, à Fantasmagorie, premier dessin animé réalisé par Émile Cohl en 1908, sans oublier la célèbre Planète sauvage de René Laloux en 1973, l’Hexagone a lui aussi son univers animé. Les Américains ont d’ailleurs compris que la France représente une source intarissable d’animateurs bourrés de talent. En 1995, Disney a même ouvert des studios à Montreuil. Puis Steven Spielberg, himself, s’est offert les services d’animateurs diplômés des Gobelins pour la réalisation du Prince d’Egypte. Mais les Français n’ont pas uniquement consacré leur temps aux productions étrangères. Les longs-métrages d’animation français sortent enfin de leur torpeur…

Le carton de Kirikou

Le succès international de Kirikou a redonné confiance aux investisseurs français. Le dessin animé de Michel Ocelot marque le début d’une nouvelle ère. Entre 1990 et 1996, seulement deux longs-métrages ont été produits. Depuis Kirikou, l’Association française du cinéma d’animation annonce une embellie dans l’univers de l’animation à la française, qui conservait auparavant sa troisième place mondiale grâce aux productions destinées à la télévision. Bien entendu, le montant moyen des dépenses pour un film d’animation français reste bien en deçà des colossaux budgets américains. En France, un producteur investit en moyenne 4,57 millions d’euros, alors qu’aux States, le budget peut grimper jusqu’à 160 millions d’euros. Mais l’Hexagone a décidé de se lancer lui aussi dans des projets d’envergure, capables de damer le pion aux productions ricaines et japonaises. De l’animation à la science-fiction

Certains projets, malgré un scénario parfois léger, ont ainsi contribué à l’essor de ce cinéma en constante évolution. Immortel (ad vitam) d’Enki Bilal apporte du sang neuf à l’animation, mêlant univers virtuel et prises de vues réelles d’acteurs. Œuvre respectant les codes de la science-fiction et des films d’anticipation, elle ouvre la voie au cinéma SF, peu virulent en France. La sortie en mars dernier de Renaissance, réalisé par Christian Volckman, suit le même chemin et risque fort d’épater les cinéastes outre-Atlantique. Inspiré de l’univers de Sin City, ce thriller d’anticipation en noir et blanc a retenu les leçons de ses prédécesseurs pour ne garder que le meilleur : un scénario bien ficelé, une esthétique irréprochable et l’utilisation de la “motion capture”1. Les films d’animation sont donc de plus en plus aboutis et misent autant sur la qualité graphique que sur le scénario. Les budgets sont de plus en plus conséquents et les gros producteurs comme Europa Corp, la société de Luc Besson, se lancent dans l’aventure de l’animation. Espérons que cette ruée vers l’or n’assèchera pas les minces filons créateurs que la France renferme.

Renaissance risque d’épater outre-Atlantique

Laurence Mijoin

Capture de mouvements réels travaillés en 3D sur ordinateur

1

Immortel (ad vitam), d’Enki Bilal

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Silent Hill

V

Un film de Christopher Gans

Un film de James Mc Teigue

(sortie le 26 avril)

pour

Vendetta

(sortie le 19 avril)

Après plus de cinq années de refus catégorique de la part de la société Konami de voir son bébé adapté au cinéma, Silent Hill, qui compte déjà quatre adaptations sur Playstation (et peut-être bientôt une cinquième), verra bel et bien le jour dans les salles obscures. Pour la réalisation, c’est le Frenchy Christopher Gans qui s’y colle. Fan absolu des jeux vidéo et adepte des univers brumeux – il a notamment réalisé Necronomicon, Crying Freeman et Le Pacte des Loups - Christopher Gans parle déjà avec beaucoup d’amour de son prochain long-métrage. Rappelons l’histoire… Rose (Radha Mitchell), une jeune maman désespérée, part trouver un remède à la maladie de sa fille unique Sharon (Jodelle Ferland) qui, selon les médecins, devrait être internée dans un hôpital psychiatrique. Ignorant les protestations de son mari (Sean Bean), Rose part avec son enfant pour Silent Hill, une ville abandonnée, noyée dans le brouillard, peuplée de créatures étranges et où les ténèbres transforment tout ce qu’elles touchent. Sa fille serait étrangement attirée par cette ville aux secrets profondément enfouis… Pour un avant-goût de la frousse qui vous attend, rien de tel qu’un petit tour sur le site officiel : www.silenthill-lefilm.com ! Brrrr…. Laurence Mijoin

Les bandes dessinées sont décidément des sources d’inspiration inépuisables pour les cinéastes. Pour l’adaptation de V pour Vendetta, ce sont les frères Wachowski, fans de la BD d’Alan Moore (également auteur de From Hell et La Ligue des gentlemans extraordinaires), qui signent le scénario. Mobilisés pendant une dizaine d’années sur la trilogie Matrix, les deux frangins se consacrent enfin à ce projet, pour lequel ils réunissent une bonne partie de la dream team de Matrix, jusqu’à Hugo Weaving, le fameux agent Smith qui incarne ici V, le vengeur masqué. Londres, XXIe siècle. Dans la capitale, sous le joug d’un régime fasciste et sécuritaire, les citoyens, soumis, ont vu leur pays livré au tyran Sutler. Comme tous les autres, Evey Hammond (Natalie Portman) accepte la situation. Jusqu’au jour où V la prend sous son aile pour un apprentissage difficile, en lutte contre le régime totalitaire. À travers sa BD, Alan Moore avait ainsi voulu dénoncer la politique thatchérienne, au pouvoir au moment de l’écriture. Après la récente vague de films américains accusateurs (Syriana, Lord of War, Jarhead…), il serait peut-être temps de nous y mettre aussi. On ne manque pas de matière première… L.M.

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ectures Lektures

(Romans, essais, magazines et autres aubaines de se faire la belle)

Jean-Pierre Brisset, moderne malgré lui Rendons hommage à l’auteur de la Grammaire logique qui a tenté de démontrer l’origine batracienne du langage…

F

aire l’économie d’un maximum de lettres sans pour autant altérer la compréhension du langage : voici résumé le postulat de l’écriture“texto”. C’est aussi une théorie, défendue dans l’œuvre prolifique d’un certain Jean-Pierre Brisset. Une idée développée dans sa Grammaire logique qui date de… 1878 ! Jean-Pierre Brisset a passé une bonne partie de sa vie à Angers. Il y était surveillant à la gare Saint-Serge. Mais il avait aussi

des talents d’écrivain. Il a passé sa vie à démontrer par a + b que l’origine du langage est à chercher ailleurs que dans nos ouvrages de grammaire latine ; plus précisément du côté de nos “archi ancêtres batraciens”. Toute son œuvre, qui a fasciné surréalistes, pataphysiciens et autres linguistes, tend à développer cette sympathique théorie empreinte de rigueur scientifique et de poésie, d’invention langagière et de théologie. Pour autant, si Jean-Pierre Brisset

Mil a n K unde r a , R isibl e s a mours

J

e n’accepterai jamais d’être chauve : adieu ! » Cette lettre d’adieu est sans doute la plus ridicule que vous ayez jamais lue et pourtant… Rassemblant plusieurs nouvelles toutes aussi cyniques, Kundera s’amuse à décliner l’âme humaine sous toutes ses formes avec une justesse et une dérision certaines. Il parle de l’angoisse, de la mort et de la décrépitude humaine. Il tourne l’amour en chimère et

’histoire commence dans le Japon des années trente. Chiyo, une fillette aux magnifiques yeux gris bleu, est vendue par son père, un modeste pêcheur, à une Okiya de Kyoto, maison où vivent les geishas. Méconnue du monde moderne et définie à tort comme une simple prostituée, la geisha est une véritable artiste qui maîtrise autant la danse, que le chant, la musique ou l’art de la conversation. En grandissant, Chiyo devra suivre un dur apprentissage qui

Lire Le Brisset sans peine, concocté par Gilles Rosière (Ginkgo Éditeur) http://perso.wanadoo.fr/chambernac/ petition.html

(Folio, 1968)

Pauline Fouesnant

(Le Livre de Poche, 1997)

fera d’elle la légendaire geisha Sayuri, et subir la méchanceté de ses rivales. Grâce à sa beauté et ses multiples talents, elle fascine les hommes les plus puissants. Mais elle est hantée par un sentiment inconcevable et méprisé : l’amour. Un roman poignant, émouvant, et parfois drôle, qui décrit le quotidien de milliers de jeunes filles dans le Japon traditionnel. Ce livre vient d’être adapté au cinéma sous le titre Mémoires d’une geisha. Alice Bescond

Tarek et Morinière, Les 3 Petits Cochons

A

Yves André

montre à quel point l’être humain n’est mû que par le désir de plaire. La simulation apparaît alors comme le seul moyen d’action valable dans un monde qui sonne faux. Et pourtant le tout est affreusement drôle ! Notre bassesse humaine nous est jetée à la figure tel un ricanement grinçant et notre existence apparaît alors bien vaine.

Arthur Golden, Geisha

L

dissèque ainsi cet “instrument” fabuleux qu’est le langage, c’est parce qu’il en connaît le pouvoir. « De toutes les choses nuisibles, la parole est ce qu’il y a de plus dangereux. Malheur aux États où les bavards arrivent au pouvoir », écrit-il. D’une étonnante actualité…

(Proust, 2006)

vec le lancement de leur collection jeunesse, les éditions Proust gâtent aussi les adultes ! En revisitant le conte bien connu des Trois Petits Cochons, Tarek nous en fait voir de toutes les couleurs... Deux loups sont engagés par le comité des jeunes lecteurs pour manger les petits cochons afin de faire peur aux enfants. Problème : l’un est juif et l’autre arabe... Aucun des deux ne peut donc manger de cochon, et ni l’un ni l’autre

n’a envie d’être méchant. Sans jamais oublier de nous faire sourire, Tarek en profite pour aborder le problème du racisme, de la peur et de la méconnaissance de l’autre. Un petit chef-d’œuvre du Neuvième Art. Ah oui, j’oubliais : ne vous étonnez pas si, au fil des pages, vous voyez passer les Sept Nains, le Petit Chaperon Rouge ou une manifestation d’animaux en colère. Julien Derouet

Le Scéno : tes soirées illico !

O

yé, oyo, les copains du Scéno sortent leur 7e numéro ! Depuis octobre dernier, Angers (au même titre que d’autres grandes villes de France), a donc son agenda culturel. Scéno, tu te le mets dans la poche et tu le sors pour préparer ta soirée… Cafés-concerts, bars, salles de spectacles, centres culturels, bibliothèques : ben oui, il faut de tout pour faire un monde !

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Distribué à 15 000 exemplaires, le Scéno rend la vie pratique et éclectique. En plus il t’informe sur les tendances culturelles du moment : musique, théâtre, danse, cinéma, expositions… Tu peux le dégoter tous les 1ers jeudis du mois dans les quelques 500 points de distribution de la région angevine. Merki ki ? Merki Scéno ! D.P.


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rayonnage Krayonnage

(zone dessinée et parcellaire dont la circulation sur cette page permet de buller)

photo Simon Jourdan

K.libres : Comment es-tu devenu auteur de BD ? François Dermaut : « Contrairement à beaucoup de mes camarades qui sont arrivés dans la BD par accident, j’ai toujours voulu faire ça. Dès l’âge de 7 ans ! Mon père, un peintre du dimanche, m’a soutenu dans cette voie. Il avait une ouverture d’esprit que peu de personnes avaient à l’époque : il adorait le dessin. » K.libres : Dans Les Chemins de Malefosse, ta série phare, tu t’en prends pas mal aux gens d’Église... François Dermaut : « C’est vrai. J’ai été élevé chez les frères Saint-Jean-Baptiste-de-laSalle. Mes parents m’avaient inscrit dans cet établissement car ils avaient un gage de bonne éducation... Ils m’ont rendu complètement hostile à la religion. Ce rejet s’est confirmé quand j’ai fait le Chemin de Compostelle après ma cure de désintoxication. J’y ai rencontré des catholiques intégristes. Plus récemment, j’ai fait la Route de la Soie où j’ai rencontré des musulmans intégristes. Si l’on met ces gens les uns en face des autres, c’est forcément la guerre. Pourtant, ces deux religions prêchent la tolérance. » K.libres : Ce rejet de la religion ne t’a pourtant pas empêché de faire la Route de Compostelle… François Dermaut : « La Route de Compostelle fait partie de notre patrimoine culturel.

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K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

Au début des années 80, François Dermaut a créé, avec son compère Bardet, Les Chemins de Malefosse, une série qui a marqué la bande dessinée historique. Après deux carnets de voyage, il prépare une nouvelle BD pour l’année prochaine. K.libres présente, en avant-première, l’une des toutes premières planches.

Beaucoup n’y vont pas par conviction religieuse. Je déplore l’amalgame entre religieux et spirituel. Je n’ai pas fait un chemin religieux mais un chemin spirituel. Ça m’a permis de faire le point sur ma vie et de réfléchir à ce que j’allais en faire. Après ma cure de désintoxication, j’allais marcher pendant des heures pour calmer mes pulsions alcooliques. Et plutôt que de tourner en rond, j’ai choisi Compostelle... Je suis parti avec l’idée de faire un carnet de voyage (Carnet de Saint-Jacques-de-Compostelle, Glénat, 2003). Quand on est dessinateur de BD, on est toujours enchaîné à sa planche. Là, je renouais avec la tradition familiale de dessiner dans la nature. » K.libres : Et tu as récidivé avec Carnet d’une longue marche (Phébus, 2005)… François Dermaut : « Avant de partir à Compostelle, j’ai rencontré Bernard Ollivier qui faisait la Route de la Soie à pied entre Istanbul et Pékin. Il en a tiré trois bouquins. Je lui ai montré l’intro du mien et les premiers dessins... et il a voulu lire la suite. Quand il

est arrivé à Pékin, il m’a envoyé un petit mot très sympa. Je lui ai envoyé mon bouquin sur Compostelle. À l’époque, ses lecteurs lui demandaient des images de ses voyages. Il m’a alors demandé de refaire avec lui la Route de la Soie, mais en voiture cette fois. On a rencontré des gens qui l’avaient déjà accueilli. Je me suis placé en “voyeur” de ces retrouvailles. Je n’avais jamais passé la Méditerranée de ma vie : ce fut fabuleux. » K.libres : Et la BD dans tout ça ? François Dermaut : « J’ai arrêté ma collaboration avec Bardet sur Les Chemins de Malefosse, qu’il continue avec Brice Goepfert. Actuellement, j’entame une autre série avec les mêmes personnages, Malefosse, qui se déroule 20 ans plus tôt. Ce qui m’intéresse dans ce projet, c’est que mon co-scénariste, qui n’a jamais fait de BD, a une approche très cinématographique. En plus, l’intrigue se déroule pendant la SaintBarthélemy, période où l’intégrisme religieux est très présent. » Interview : Julien Derouet


Copyright : Malefosse de Dermaut et Gelot (GlĂŠnat, 2006) K.LIBRES #5 - Avril/Mai 06

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