#02
Octobre/Novembre 05
GRATUIT
Ne pas jeter sur la voie publik
MAG’ INFORMATIF ET CULTUREL DES ÉTUDIANTS ANGEVINS
K.LIBRES #2 - Octobre/Novembre 05
KREDO. redo
(Principes sur lesquels la rédaction de K.libres fonde ses opinions)
et PeNdANt cE TEmPs-là ÀaNgErs... - T’as lu ? K.libres revient ! - K quoi ? Libre de quoi ? - Magazine informatif, pratique et culturel, gratuit, plein de couleurs, 44 pages. - … (silence) - Sérieux, tu connais pas ce canard ? « C’est libre, c’est gratuit, c’est K.libres ! » … « Souriez, vous êtes informés !» … Non ? Tous les deux mois, pour les étudiants angevins.
photo Jennifer Beach
www.mumiabujamal.net www.cosimapp-mumia.org
- Si… j’en ai entendu parler à une soirée. La Une avec un bandeau vert et la photo d’un type qui brandit ses menottes comme José Bové ? Pas l’air très libre ce garçon. - Non, en revanche toi t’es libre d’adhérer ou pas, de comprendre, de découvrir ce choix éditorial. Y’a pas d’article s’y référant. C’est exprès, pour éveiller la curiosité. - Et comment ? - En te connectant sur www.mumiabujamal.net ou sur www.cosimapp-mumia.org
Charge ton K.libres toi-même klibres_redac@yahoo.fr
- Ok. Et qui gère K.libres ? - Une association qui maîtrise le barillet, avec des étudiants et des jeunes pros (journalistes, photographes, graphiste et dessinateurs). Et y’avait presque pas de pub dans le numéro 1… - Pour la pub, je suis sceptique*. - Juge sur pièce. En plus, tu peux le charger toi-même ton K.libres (idées de sujets, de photos, de dessins, de bons plans…), ça t’coûte rien et dès le mois de novembre, K.libres s’étire sur les ondes : une heure par mois, Kalibrophonik décapsulera tes oreilles sur Radio G (101.5 FM). Ça aussi c’est gratuit. La rédaktion * En réalité, à peine 7 pages de publicité, sur un total de 44, figurent dans ce numéro 2. Soit moins de 15%…
Directeur de la rédaction et de la publication : Dimitri Perraudeau Rédacteur en chef : Olivier Juret Comité rédactionnel : Jac Guibert, Simon Jourdan, Olivier Juret, Jean-François Keller, Dimitri Perraudeau, Christophe Ricci et Ghislain Rouffinec Secrétaires d’édition : Ilsa Paretti et Ghislain Rouffinec Photographe : Simon Jourdan Concepteur graphique : Jac Guibert (jacguibert@voila.fr) Responsable commercial : Matthieu Chesneau (klibres_pub@yahoo.fr)
K.libres, le mag’ informatif et culturel des étudiants angevins Bimestriel - gratuit - année 1 - numéro 2 - octobre/novembre 05 Contact : klibres_redac@yahoo.fr Ont aussi collaboré à ce numéro : Elsa Ajar, Adrien Albert, Al-Mayuk, Emilie Audouin, Alexandre Aublanc, Aurélien, B’A, B-bô, Bruno Béchu, Sophia-Maria Bossard, Claire Braud, Hugues Cunegatti, Keller & co, Samuel Lebrun, Delphine Legoué, Julien Mielcarek, Laurence Mijoin, M. Patate, Patoche, Madame Polly, Mélanie Puel et Benjamin Thibaudeau Merci à Philippe Val Nous sourions aussi à Arash, Jean-Philippe Colombet, Fabien Leduc et Ronan Stephan
K.libres est édité par : Association Diversités (loi 1901) 15 rue Daillière - 49 000 ANGERS Imprimerie : Groupe Renard - 138 route du Mans - 72 160 ARCONNAY Tirage : 10 000 exemplaires - Dépôt légal : octobre 2005
La reproduction même partielle des illustrations et des articles parus dans K.libres est interdite. Tous les prix mentionnés sont non contractuels.
ISSN 1774-122X
K.LIBRES #2 - Octobre/Novembre 05
K.LIBRES #2 - Octobre/Novembre 05
Kampus
pp. 6 et 7 KOI DE NEUF
pp. 8 à 10 KURSUS
Cités libres
pp. 11 à 13 DIAGNOSTIK p. 14 K PRATIK pp. 16 à 18 KOI KI S’PASSE
pp. 20 et 21 ESKAPADES
pp. 24 et 25 C PRATIK
pp. 26 et 27 KIDAM
pp. 28 à 30 EKRAN TOTAL
p. 31 RADIOPHONIK
pp. 32 à 35 ZIK
pp. 36 à 37 KAFE DES SPORTS
p. 38 INFORMATIK
p. 39 LUDIK
p. 40 LEKTURES
Thierry Lepicier : « En quoi t’es rock, coco
?»
épique nuit de tournage à Anger s
pp. 42 et 43 DECLIK
Sans oublier nos rubriques
KASES LIBRES, KRAYONNAGE, FIGURE LIBRE, MANUSKRIT KOKIN.
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de neuf neuf Koi de
(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)
Téki, la mascotte vous donne rendez-vous le 17 octobre
Friture
Les étudiants angevins parlent aux étudiants angevins. Je répète…
V
oilà deux ans que Mathieu Audebeau et Rémi Gavage s’échinent à mener à terme un projet « farfelu » : lancer une radio étudiante à Angers. Depuis le 17 octobre, les deux élèves de la Catho voient enfin leurs efforts récompensés puisque Radio campus Angers émet sur internet. Difficile d’oublier ou de se tromper : c’est le www.radiocampusangers.com. Intronisé directeur de la radio, Mathieu a l’espoir de diffuser dès février prochain sur la bande FM. « En attendant l’étude du dossier par le CSA, nous allons en profiter pour rôder la machine », s’amuse l’Angevin de 26 ans. Une soixantaine de bénévoles !
Musique, culture et bons plans constituent l’essentiel de la grille de programmation. Une soixantaine de bénévoles se relaient au micro et à la technique tous les jours entre midi et minuit. « A partir de 18 heures, ce n’est plus que du live », s’enflamme Mathieu, qui invite les étudiants intéressés à se joindre à l’aventure. Sous le mécénat d’un groupement de chefs d’entreprise, Radio campus Angers se veut citoyenne. « Nous comptons répondre aux attentes des auditeurs et favoriser les échanges entre les différents campus », promet Mathieu. Une ambition qui se concrétisera dès le 25 octobre avec l’organisation d’un concert de 19 à 23 heures. Rendez-vous donc sur le campus de Saint-Serge, à l’Espace culturel qui accueille d’ailleurs les studios de la radio associative. Olivier Juret
Tea time
photo Simon Jourdan
C
’est une des nouveautés de la rentrée à l’Université d’Angers. L’accès aux savoirs universitaires est désormais à portée de main sans limite d’âge, niveau scolaire, ni objectif professionnel. Dix-sept conférences et 41 ateliers et cycles de cours sont ainsi au programme, dans des domaines plutôt variés : cinéma, droit, environnement, histoire, géographie, informatique, littérature, médecine, sciences… Les cours du soir démarrent à 18h15 (c’est précis), à Saint-Serge ou à Belle-Beille. Côté porte-monnaie, il faut compter 5 E par heure, en plus du droit d’adhésion à l’année, fixé à 20 E (plein tarif) et 10 E (demi-tarif). Les conférences auront lieu, quant à elles, un jeudi sur deux, à 18h30 à l’UFR de droit, à l’amphi Lagon, pour seulement 3 E (programme ci-contre). O.J. Programme complet disponible sur www.univ-angers.fr/universitepermanente ou au 02 41 96 23 84.
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Les conférences et leurs intervenants jusqu’en décembre 20 octobre : “La bio informatique” – Emmanuel Jaspard 27 octobre : “A la recherche du rayonnement gravitationnel : l’interférence viergo !” – Régis Barille 10 novembre : “Le contrôle fiscal des particuliers et des entreprises” – Sophie Lambert 24 novembre : “Paul Klee, la vocation d’un peintre” – Anne-Sophie Petit 8 décembre : “Les phases de développement de la graine à la plante” – MarieAnne Pou
élémentaire
L’UNEF place la fac d’Angers parmi les 60% d’Universités qui pratiqueraient des frais de scolarité « illégaux ». Sans crier au vol, tout n’est effectivement pas si juste dans la meilleure des facs. Enquête réalisée par Elsa Ajar photo E.A.
Après une demi-heure d’attente dans les bureaux bondés de la scolarité, c’est souvent avec résignation qu’on finit par signer son chèque. La condition pour pouvoir poser son derrière sur les bancs d’un amphi… A l’heure de l’inscription, Nabila, qui veut tenter les concours d’entrée à l’Institut d’études judiciaires (IEJ) pour être avocate, commence pourtant à s’interroger : « 500 euros de frais de scolarité ! Mes parents m’avaient fait un chèque en blanc, mais pas pour une telle somme ! Ils sont ouvriers… L’égalité des chances, j’y crois plus trop ! ». A l’instar de Nabila, les étudiants ignorent souvent ce qu’ils financent. Observées à la loupe, certaines sommes posent question. C’est ce que dénonce l’Union nationale des étudiants français (UNEF) dans son rapport de rentrée sur les frais de scolarité « illégaux » : « Même si ça reste raisonnable à la fac d’Angers, certains frais facultatifs s’expliquent mal, constate Pierre Laugery, président local de l’UNEF. Ils sont souvent votés en juin par le conseil d’administration, quand les représentants étudiants sont en examen ! ». 10 euros de médecine préventive…
L’exemple de cet étudiant non boursier1 permet d’y voir plus clair. Qu’il s’inscrive en L1, L2 ou L3, le montant est le même : 380 euros. Sur ce total, deux sommes sont fixées par le ministère : 156 euros de droits nationaux2, frais d’accès à la BU compris, et 186 euros de cotisation à la Sécurité sociale. Restent 38 euros, sur lesquels l’Université dit prélever 28 euros de photocopies – « dans certaines filières, des masses de polycopiés sont nécessaires », justifie Brigitte Brault, responsable de la division des enseignements – et surtout, 10 euros de médecine préventive ! Soit 5,43 euros de plus que le montant légal pour cette visite médicale, fixé à 4,57 euros. Les explications de Brigitte Brault deviennent alors hésitantes. Quant à Henri-Marc Papavoine, secrétaire général de l’Université : « Cela recouvre tous les services de santé supplémentaires : psychologue, diététicien, centre de planification… ». Il reconnaît que, peut-être, « il faudrait essayer de refondre ce système un peu inégalitaire et engager une réflexion concertée avec nos différents partenaires ». Certes, l’université d’Angers reste loin des records de « frais illégaux » dénoncés par l’UNEF (jusqu’à 3 500 euros !), mais le syndicat craint une généralisation de ces pratiques : « On pense que ce problème est lié à une dotation insuffisante du ministère envers les Universités. Plus ça va, plus elles ont du mal à entretenir leurs équipements. Mais on ne voit pas pourquoi, ce serait aux étudiants de payer la facture ! » (1) Les boursiers sont exonérés de frais d’inscription. (2) Les frais nationaux augmentent avec le niveau d’étude : 199 euros en master et 305 euros en doctorat.
Entre 0 et 1 000 euros l’inscription Entre Sylvain, boursier, qui ne paie aucun frais de scolarité, et Aurélie, qui hésite à poursuivre en master à l’école des Études supérieures de tourisme et d’hôtellerie de l’Université d’Angers (ESTHUA) car les frais avoisinent les 1 000 euros, l’éventail des tarifs est large. L’écart se creuse entre les filières classiques (lettres, sciences, droit…), pour lesquelles les frais facultatifs fixés par la fac n’excèdent pas 40 euros, et les filières “professionnalisantes”. Là, dès la licence, ça grimpe en flèche. Plus 80 euros sont imposés pour “frais de stage” à tous les étudiants bénéficiant dans l’année d’une convention. Il faut encore ajouter 80 euros quand la formation nécessite une sortie terrain. A l’IUT, ces frais de sortie sont de 155 euros. Et on est loin des 325 euros supplémentaires demandés à l’inscription dans certaines formations de l’ESTHUA, comme la licence pro restauration ou les masters management et sécurité routière. « 90 % de nos intervenants viennent de l’extérieur. Il faut bien les rémunérer », justifie l’établissement.
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Kursus
(Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”)
Prévention routière
Dossier réalisé par Hugues Cunegatti (en collaboration avec Ghislain Rouffinec)
H
ugues Cunegatti, 27 ans, est étudiant en doctorat de sociologie à l’Université de Nantes, au sein du Centre nantais de sociologie. Il fait des recherches dans le domaine de la sécurité routière, plus précisément sur les automobilistes français : « Dans 95% des accidents, le comportement du conducteur est en cause, les infrastructures routières le sont dans un peu plus de 4% des cas et dans moins d’1% des cas, la voiture est défaillante ». A bas les pilotes du dimanche ! Les jeunes en première ligne
Sa thèse, en cours, porte donc sur l’apprentissage de la conduite dans les auto-écoles, le permis de conduire, du formateur à l’inspecteur en passant par le candidat : « Après mon DEA axé sur le fonctionnement des auto-écoles, j’ai voulu aller plus loin. J’étudie désormais les comportements des gens sur la route pour les comprendre. C’est plutôt les jeunes qui sont au cœur de mon étude. C’est normal puisque, proportionnellement, ils meurent plus que les autres en voiture. »
Le futur “Docteur es permis B” travaille depuis deux ans avec un groupe d’étudiants et de chercheurs ainsi qu’avec la Direction de la circulation et de la sécurité routière, dirigée par le délégué interministériel Rémy Heitz (M. Sécurité routière au gouvernement). Hugues espère ainsi apporter sa contribution « à la compréhension de ce phénomène meurtrier, et au final, changer les mentalités et les comportements ! » Vaste et néanmoins courageuse mission dans un pays où les routes (pour ne pas dire les automobilistes) figurent parmi les plus dangereuses d’Europe.
Chef de projet et conseil en sécurité routière :THE master
Un master forme à Angers, sur deux ans (niveau bac + 4 et bac +5), des étudiants à la fonction de “chef de projet et conseil en sécurité routière”. Unique en France pour son angle management, ce master s’effectue à l’IMIS-ESTHUA, un département professionnalisé de l’Université d’Angers.
ques professionnels, finance et marketing des entreprises, statistiques, histoire et politiques de la sécurité routière, analyse des accidents… Durant la deuxième année, s’y ajoutent l’apprentissage de l’élaboration d’une politique de sécurité routière, prévention, droit, gestion des ressources humaines, management…
Le contenu ? Un mélange de modules théoriques, de stages professionnels (3 à 6 mois par an) et d’un séjour pédagogique, soit 500 heures par an. Première année : informatique, communication, langues, psychologie, montage de projet, ris-
Qui peut intégrer la formation ? On peut venir de tous les horizons universitaires à partir de la licence. Il existe cependant une sélection. D’abord sur dossier, puis à l’aide d’un test de culture générale et enfin sur entretien.
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Les débouchés ? Des emplois dans des sociétés privées pour agir dans le sens de la prévention du risque routier, mais aussi dans des structures de conseil, cabinets d’étude, services de l’État, collectivités territoriales, associations de lutte contre la violence routière… Combien ? 719,50 euros pour les non boursiers et 264,50 euros pour les boursiers (tarifs 2003/2004) Date limite de dépôt des dossiers en 2005 : 20 mai Plus de renseignements auprès du département IMIS-ESTHUA - 7 allée François Mitterrand - BP 40455 - 49004 ANGERS CEDEX 01.
Feu vert pour la Semaine de la sécurité routière La 6e Semaine de la sécurité routière aura lieu partout en France du 17 au 24 octobre. Le thème retenu cette année : “Les petits trajets de tous les jours”. Les Angevins n’échapperont pas à la règle : dans la matinée du 21 octobre, l’entrée sera libre au Multiplexe pour suivre un examen factice du code de la route avec de vrais inspecteurs du permis de conduire. Un Forum des initiatives locales se déroulera également au Parc des expositions le 18 et le 19 octobre. Au programme, des tables rondes et un panorama des actions de sécurité routière menées par les associations locales. A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, nous n’avons peut-être pas été informés de toutes les animations de sensibilisations prévues durant cette semaine.
Capitaines de soirée, formez les rangs ! Le Comité interministériel à la sécurité routière a fixé trois priorités : lutter contre les comportements dangereux, engager des actions de prévention en direction des jeunes et mobiliser les différents acteurs de la sécurité routière. Concernant l’action en direction des jeunes, on retiendra quatre décisions dont la première est de faciliter l’accès à la conduite grâce au “permis à un euro par jour”. C’est en fait un prêt à taux zéro. La deuxième est l’instauration, sur la base du volontariat, d’un rendez-vous pédagogique qui interviendrait « environ 6 mois après l’obtention du permis de conduire ». Un “A” aussi à l’avant !
La suivante est le fait de devoir mettre un “A” à l’arrière mais aussi à l’avant du véhicule pendant la période du permis probatoire… histoire de ne pas échapper au radar, vue que la période probatoire impose des vitesses plus basses ! Et, enfin, de « renforcer les contrôles d’alcoolémie et de stupéfiants à la sortie des discothèques ». A noter que la Journée nationale “Capitaines de soirée” aura lieu le 10 décembre.
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Kursus
(Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”)
Sabbatique
Développement durable :
Ancien élève de l’ESSCA à Angers, Sylvain Darnil a réalisé un tour du monde du développement durable. Publié le 13 avril, le livre 80 hommes pour changer le monde retrace son périple.
S
e prendre une année sabbatique et faire le tour du monde… Non seulement Sylvain Darnil a réalisé ce rêve, mais il lui a aussi donné un sens. Pendant quinze mois, cet ancien étudiant de l’École supérieure des sciences commerciales d’Angers (ESSCA) a sillonné la planète à la recherche de pionniers du développement durable, accompagné de Mathieu Le Roux, lui aussi diplômé en commerce. « Emploi et responsabilité écologique »
Les deux jeunes compères ont ainsi croisé la route de 80 “alter entrepreneurs”. Parmi eux, un Hollandais qui propose aux agriculteurs de se passer de produits chimiques tout en augmentant leurs rendements. Il y a aussi ce fabricant américain de T-shirts qui a doublé son chiffre d’affaire tout en refusant les délocalisations et en payant ses employés le double du salaire
D.R
minimum ; ou encore ce Bangladais à l’origine du principe du micro crédit (lire ci-dessous). Pragmatisme et idéalisme
« Ces gens passionnants combinent création de richesse, humanisme, emploi et responsabilité écologique. J’ai fait quatre ans de commerce, j’ai étudié des centaines de cas et jamais je n’ai entendu parler de ces entreprises rentables à but social », s’étonne encore l’ancien étudiant angevin, âgé de 25 ans. Soucieux d’aligner leurs actions quotidiennes sur leur système de valeurs, à l’image de tous ces entrepreneurs, les deux aventuriers ont même tenu à compenser l’impact climatique de leur voyage, dû à leur « excessive utilisation des transports ». Sylvain et Mathieu ont ainsi financé un projet de plantation en Tanzanie. « La croissance de ces arbres absorbera l’équiva-
lent des 11 tonnes de CO2 émises par l’ensemble de nos déplacements. » Déjà vendu à 14 000 exemplaires, le livre qui retrace ce périple de 65 000 kilomètres à travers 38 pays offre une vision décidément inédite du monde, empreinte à la fois de pragmatisme et d’idéalisme. Sylvain travaille aujourd’hui au sein d’une grande société en Suisse où il réalise des audits internes afin de proposer des solutions socialement et écologiquement durables. « Je me fais la main avant de devenir un entrepreneur semblable à ceux que nous avons rencontrés », promet celui qui devrait revenir à l’ESSCA en janvier, le temps d’une conférence. Olivier Juret
Contact : www.80hommes.com
Il invente la banque des pauvres :
« Le pionnier des pionniers » D.R
Le héros de Sylvain Darnil n’est ni footballeur, ni chanteur, mais “alter entrepreneur”. Muhammad Yunus a inventé le principe du micro crédit, considéré comme l’innovation du XXe siècle en matière de lutte contre la pauvreté. « C’est le pionnier des pionniers. La plus belle rencontre de notre périple. » Le professeur d’économie bangladais a fondé dans les années 70 la première banque destinée aux pauvres, la Grameen Bank, qui prête des petites sommes aux plus défavorisés afin qu’ils se relancent dans un nouveau cycle économique. Remboursé à 99%
« Elle est devenue la deuxième plus grande banque commerciale du Bangladesh. Muhammad Yunus aurait sorti deux tiers de ses douze millions de clients de la pauvreté », reprend Sylvain. Pied de nez aux idées reçues : le taux de remboursement atteint près de 99% alors qu’en France le chiffre avoisine “seulement” les 97 %. Le micro crédit a aujourd’hui été adopté dans plus de 120 pays et profite à 65 millions de personnes. O.J.
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80 hommes pour changer le monde, par Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux, JC Lattès, 282 p., 18 €.
iagnostik Diagnostik
(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)
REVOLUTION CULTURELLE A LA
FAC
D ANGERS
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iagnostik Diagnostik
(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)
Dossier réalisé par Dimitri Perraudeau Photos Simon Jourdan
Avec l’ouverture de l’Espace culturel, feu l’Amphigouri à Saint-Serge, le 27 septembre dernier, le nouveau chargé de mission culture de l’Université frappe très fort et impose son style. La culture à l’Université. Vous en rêviez ? Jean Birotheau l’a fait.
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juin 2005, un pan de la culture à l’université d’Angers s’écroule. L’association “La maison des étudiants” qui, depuis près de 10 ans, s’échine à proposer aux étudiants un peu de culture entre deux TD, est dissoute. Les subventions ne suivaient plus. La machine s’essouffle. Pour finir, en mars dernier, la mairie se retire du deal. Elle donnait jusqu’alors 38 000 euros de subventions annuelles. C’est l’ultime chronique d’une mort annoncée. A l’Amphigouri, la culture reconnaissante
Alors quid de cette culture que l’Amphigouri portait jusqu’alors à bout de bras (et à bout de force) ? C’était sans compter sur un homme, Jean Birotheau, 1m72, qui, à l’instar de l’Agence tous risques, représente la dernière chance au dernier moment… L’asso est effectivement dissoute mais la culture a de beaux jours devant elle. Inculquer et sourire
Domitille, LE bras droit de JB
Jean B., LE boss
Françoise, LA secrétaire
Originaire de Rennes, l’homme a les traits de Michel Foucault, crâne lisse, des lunettes aux montures noires, le regard impatient mais sûr de son engagement. Il a été nommé chargé de mission culture à l’université d’Angers le 1er décembre 2004. Depuis, le quinquagénaire déploie toute son énergie et sa force de conviction au sein de la fac pour faire admettre cette évidence : l’Université ne peut pas ignorer la culture, encore moins ne pas tout tenter pour la mettre à la portée des étudiants. Il réussit à force de discussions, de rapports, de réunions, à imposer sa vision d’un véritable espace culturel au sein de l’Université. Un espace qui, d’après ses mots « doit devenir un pôle d’attraction et d’activité sur le campus afin de favoriser l’émergence de nouvelles pratiques et d’en garantir la qualité à travers la formation, l’accompagnement ou encore la programmation ». Et PAF !
En chiffres : - 111 places assises dans la salle de spectacle - 0,80 euro le café - Une quinzaine de micros, 25 projecteurs dont 4 tricolores (bleu, rose et vert) - 6 WC dont deux pour handicapés (3 pour les gars et 3 pour les filles) - 3 sorties de secours - 3 lignes téléphoniques - 53 ans d’expérience (l’âge de Jean Birotheau) et 56 ans de fraîcheur (cumul des âges de Françoise et Domitille) - 20 cuillères (ce qui nécessite beaucoup de vaisselle…) - Une tireuse à bière à 1,50 euro (pas la tireuse, la bière) - 6 cendriers - Presque plus d’allumettes - 96 vitres - 4 à 5 mois de réflexion pour monter le projet
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Car son projet est clair et ambitieux. Faire de l’Espace culturel un haut lieu de programmation artistique. Danse, musique, théâtre, poésie, cinéma. Un espace convivial dans lequel les étudiants peuvent trouver les clefs de leur bonheur culturel. Pour cela, Jean Birotheau a fait signer des conventions avec la plupart des acteurs de la scène culturelle angevine (Chabada, NTA, CNDC, Les 400 Coups). L’idée étant que ces derniers proposent des ateliers de formation à celles et ceux qui veulent découvrir ou approfondir les différents champs d’investigation artistique. Proposer et faire participer. Car les groupes et troupes étudiantes pourront bénéficier de la salle pour répéter, se produire. Encore mieux qu’à la télé… Sauf que cette fois, c’est la réalité.
Espace culturel de l’université d’Angers Pôle saint Serge 4 allée François-Mitterrand Tél. : 02 41 96 23 96 Mail espace.culturel@univ-angers.fr
LE BROUILLON DE CULTURE DE JEAN BIROTHEAU SON MOT PRÉFÉRÉ : arts ...... SON INJURE PRÉFÉRÉE : « Je suis colère » ...... SON ARTISTE FAVORI : César (le sculpteur) ...... LE LIVRE QU’IL LIT ET RELIT : Le Petit Prince ...... LA PHRASE QUI LE GUIDE : « Si même je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, je ferai tout pour que vous puissiez le dire » ...... CE QU’IL DÉTESTE LE PLUS AU MONDE : les mails (pour l’écriture qui ne ressemble à rien, la vitesse à laquelle on doit répondre) ...... SA QUALITÉ ESSENTIELLE : la patience ...... UN SIGNE PARTICULIER : il boit du sirop de menthe quand il est colère ...... LA PREMIÈRE CHOSE QU’IL FAIT LE MATIN AU LEVÉ : regarder le ciel (les nuages, le soleil, etc.) ...... LE PERSONNAGE QU’IL AURAIT RÊVÉ D’ÊTRE : Paul-Émile Victor ...... CE QU’ON TROUVE SUR SA TABLE DE CHEVET : un livre (L’auteur, l’auteur, de David Lodge, en ce moment), un verre d’eau, un réveil qui ne fonctionne pas (il n’en a pas besoin mais il trouve la forme sympa) et une lampe de chevet ...... LE PLAT QU’IL RÉUSSIT LE MIEUX : les spaghettis bolognaise ...... LE PAYS QUI L’A LE PLUS MARQUÉ : « La Hongrie des années 75 » (pour sa rencontre avec la musique traditionnelle) ...... SI DIEU EXISTE, CE QU’IL AIMERAIT ENTENDRE DE LA BOUCHE DE CE DERNIER À SON ARRIVÉE AUX PORTES DU PARADIS : Surtout rien.
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DANSE
(CNDC) ntemporaine nal de danse co , tio se na an e od tr dé en Vi C al Le festiv première fois le ntre Pompidou. Ce du e accueille pour la qu ati m ’au 23 risienne emblé manifestation pa nt projetés, jusqu films de danse so 57 e, dr ca ts. ce Dans s et déba rs, avec rencontre vénement octobre à Ange évidemment à l’é n bie e cip rti pa l re jeudi ltu le , cu rd e ga ac re sp L’E s et un atelier du film q ramme cin og t pr an le os en prop e libre), selon 18 à 22h (entré 20 octobre, de qui suit…
MUSIQUE
n (22’) set, Trisha Brow 18h : Set and Re gouet (37’) Ba ue niq mi Do , 18h25 : Necesito (21’) eu rri La l nie Da 19h : Waterproof, par Anne Lenglet é im an ard reg 19h25 : Atelier du mpkins (30’) To rk Ma , nce d Da 20h30 : Song an c (70’) bo Du ile os, Od 21h00 : Trois Bolér
JAZZ Mercredi 19 octobre : concerts de jazz dans le cadre des 50 ans du CROUS (entrée libre). 18h30 : Layon’s Jazz Band, big band composé de 18 musiciens d’Angers 19h : Ophonius, quartet de cuivres composé de quatre musiciens du Mans 19h30 : Syncopators, sextet composé de six musiciens de Nantes Vendredi 25 novembre à 18h (entrée libre) Concert de Sandi Russell, chanteuse et écrivain américaine, accompagnée au piano par Dominique Lofficial. Américaine résidant actuellement en Angleterre, Sandi Russel a travaillé avec de grands noms du jazz tels que Lionel Hampton, Roy Eldridge, Ellis Larkins, Beaver Harris et Jean Toussaint. Son répertoire de jazz et de blues plonge dans la culture afro-américaine, mais aussi, plus généralement, dans l’héritage des standards américains. MUSIQUES ACTUELLES Radio Campus Angers organise quelques cessions de concerts le mardi 25 octobre, de 19 à 23h, avec “Fire’ n’ vibes” (reggae), le mardi 22 novembre, de 19 à 23h et le mardi 6 décembre, de 19 à 23h (entrée payante). L’association Musica propose le 10 novembre de 20h45 à 1h, une soirée de musiques actuelles (entrée payante) avec Zmiaya, Dandy dub concept et un DJ. MUSIQUE CLASSIQUE
CINEM
A
THEATRE
En partenariat avec l’associa tion Cinémas culturel propos d’Afrique, l’Esp e des projection ace Mercredi 26 oc s gratuites. tobre à 20h15 : Tasuma, le feu de du jury étudiant Kollo Daniel Sa festival 2005) nou (Prix Mercredi 23 no vembre à 20h1 5 : 1 000 mois de Lundi 12 déce mbre à 20h15 Faouzi Bensaïdi, Maroc : Le truc de Kona Cousines de Lyes té de Régina Fa Salem nta Nacro et
Ateliers de formation proposés par le Nouveau théâtre d’Angers et ouverts à tous Samedi 19 (13h à 19h30) et dimanche 20 novembre (10 à 17h) : Ateliers de jeu dramatique Samedi 26 (13h à 19h30) et dimanche 27 novembre (10 à 17h) : Approche de la mise en scène Renseignements auprès de Séverine Hamelin (NTA) au 02 41 88 99 22. Programmation théâtrale à l’Espace culturel
Mardi 29 novembre : Journée Campus en musiques (entrée libre) avec plusieurs concerts au sein de l’Université, en collaboration avec l’Orchestre national des Pays de la Loire et l’association Vox Campus.
Mercredi 30 novembre à 20h30 : Le mâle effet de Jean-Christophe Astoul (Cie Bups Théâtre). Mise en scène de Christophe Duffay.
Mercredi 7 décembre à 19h : récital piano de Julien Martineau organisé par l’association Hors Piste.
Retrouvez aussi les Zigomatiks le 15 décembre à 20h30 à l’Espace culturel.
UN PETIT COUP DE MAIN ? Tout au long du mois d’octobre, l’Espace culturel de l’Université ouvre ses portes aux étudiants et aux associations étudiantes ayant un projet culturel pour cette année universitaire, afin de proposer un accompagnement au montage de projets et à la recherche de fonds (FSDIE, Culture action…). L’opération “Campus en culture” offre également aux étudiants l’opportunité de rencontrer les partenaires de l’Espace culturel.
Antoine vice-président des étudiants K.LIBRES #2 - Octobre/Novembre 05
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pratik K. pratik
(Vivre son campus, de la théorie à la pratique)
Rancards
Un Bien pour un MAL
Conférence 8 novembre de 11 à 13h : “Métiers ouverts aux littéraires” (SUIO), UFR lettres, langues et sciences humaines Forum 1, 2 et 3 décembre : forum formations-professions (SUIO) au Parc des expositions d’Angers Rencontre 13 décembre : le rendez-vous étudiants/entreprises (SUIO) au Centre de congrès d’Angers Sida : jeudi stop Le jeudi 20 octobre, tous à la faculté de Belle-Beille et de médecine de l’Université d’Angers contre le Sida. Au programme : atelier de sensibilisation, conférence, soirée et diverses animations. Renseignements sur www.fe2a.fr.
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S
ur le campus, les adresses utiles ne manquent pas. La médecine préventive fait partie de ces endroits où les étudiants ont tout à gagner en y allant (conseils et suivis médicaux, prise en charge de soins, écoute par des professionnels de la santé et des assistantes sociales…) et pas grand-chose à perdre (c’est gratuit). Un pépin physique, un souci, une question, besoin d’une ordonnance ? On se tient prêt à vous recevoir sur rendez-vous à la maison des étudiants à Belle-Beille. Le service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) est ouvert de 8h45 à 17h45 de lundi au vendredi (fermé l’été et durant les vacances de Noël et de Pâques). Bon à savoir : depuis l’année dernière, la médecine préventive a mis en place une consultation tabac, qu’il s’agisse de faire le point sur sa dépendance ou bien de son envie d’arrêter de fumer. Ponctuellement dans l’année, elle organise également des actions de préventions concernant la sexualité, l’alcool, la sécurité routière, l’audition, etc. D.P. Toutes les infos sur www.univ-angers.fr/sumpss ou au 02 41 22 69 10.
ases libres Kases
(Une aventure compartimentée pour de vrai mais totalement improbable)
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Déborah
la chienne de la SPA Tous les bons plans avec
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Le Mickey’s pub
Le bar du Bord
17, RUE St LOLO - 49 000 ANGERS
Croquettes de lendemain de fête. 17, RUE BOISLAIT - 49 000 ANGERS
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oi kikis’passe spasse Koi
(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)
Session nocturne angevine Reportage de Christophe Ricci Photos Simon Jourdan
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Les snow-boarders de l’asphalte filent dans la nuit
L
es long-riders glissent silencieusement et rapidement dans les rues d’Angers. De préférence lorsqu’elles sont vides, la nuit. On les voit parfois filer sur leurs longs tapis roulants, accrochant jusqu’à 50 km/h. « T‘as l’impression de planer », sourit Antoine. Le bruit des dérapages fait se retourner les rares noctambules dans une rue piétonne. Les roues grincent contre les pavés. Pierrot fait des arabesques : ses mains gantées glissent sur le sol, ses pieds sont rivés sur la planche. Rapide et écolo
Par rapport au skate, « c’est moins casse-gueule et tu fais moins de figures. T’as plus de stabilité et de vitesse : c’est le snow-board de l’asphalte »,
explique Antoine. « Tu prends le plaisir dans les courbes et dans la vitesse ». Leurs longues planches deviennent un moyen de déplacement, pour aller en cours ou chercher le pain : une forme urbaine rapide et écolo de circulation. Les Tontons cruisers
Mais, si les long-riders filent à la vitesse des vélos, ils ont un statut légal de piéton. Ils doivent donc emprunter les trottoirs. La rue est pourtant bien plus propice à la vitesse. « Les pistes cyclables et les voies de bus – qui ont la particularité d’être communes à Angers – sont idéales », poursuit Antoine. Enfin, les riders surfent plu-
tôt sereinement dans les rues angevines. Et la nuit, car la glisse y est meilleure (moins de monde, moins de bruits). Cet été, quelque riders ont monté les Tontons cruisers. « On a besoin de structurer le mouvement à Angers pour pratiquer en toute sérénité, dans de bonnes conditions et sans crainte », motive Antoine. Leur vœu sera bientôt exaucé (voir encadré sur la manifestation de octobre). Ils projettent également de monter une “Nuit de la glisse”, avec assurance et secours, rue bloquée, bref : que du plaisir ! Contact sur www.angerslongskate.fr.st
A ne pas rater Skate in door, le 22 octobre à Jean-Vilar
« Faut pas faire le kéké » et bien s’équiper « Il faut maîtriser et savoir freiner. Faut pas faire le kéké », prévient Pierrot.T’as aussi intérêt de prévoir l’équipement adéquat pour amortir les chocs : casque, coudières, genouillères, protections dorsales et du coccyx (venues de la moto). Ce serait tellement bête de se croûter à 50 km/h sans précaution élémentaire. Entre artisanat et technologie
Les gants ont vraiment une gueule terrible : un mélange d’artisanat et de technologie. Pierrot les détaille : « Les plaques sur les doigts sont en téflon, c’est le plastique le plus compact. Ça a l’avantage de glisser et de te permettre de réaliser des figures pour t’arrêter. Le bois, c’est du cœur de noyer, le plus résistant des bois ». Grâce à cet équipement, Pierrot ne s’est jamais trop esquinté en 11 ans de glisse.
C’est une première à Angers. Une rampe de skate sera installée à l’intérieur d’une salle. Ladite salle qui a le cran d’organiser cette journée dédiée aux pratiques urbaines est celle du centre Jean-Vilar à La Roseraie. Des shows - mêlant DJ, graf, trial, hip hop, BMX, skate et roller-blade - animeront, toute la journée, l’intérieur et l’extérieur du centre. Avis aux amateurs… “Check spirit” gratuit de 13 heures à 20 heures, “Shows in door” dès 20 heures au prix de 3 euros. Inscriptions au centre Jean-Vilar au 02 41 68 92 50.
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oi kikis’passe spasse Koi
(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)
V’là la prog’ mon coco…
Questions réponses
Samedi 22 octobre : Nadia Nid El Dj (Angers, musiques du monde) - gratuit
Jeudi 27 octobre :
Marxmallows + M-Sixteen (Paris, pop-punk, hardcore) - 5 €
Vendredi 28 octobre :
Henri, Léon et les autres (Angers, chanson cynique et dansante) - 4 €
Samedi 29 octobre :
El Barön L.A (électro) - gratuit
Lundi 31 octobre :
Soirée Halloween avec Lycosia (Paris, Glam-Goth Deluxe) - 5 €
Jeudi 3 novembre :
Earl (Angers, metal-hardcore) - 4 €
Vendredi 4 novembre :
Spanouch (Angers, chanson swing manouche) - 5 €
Samedi 5 novembre :
Simon Mary Trio (Nantes, jazz) - 6 €
photo Simon Jourdan
Jeudi 10 et vendredi 11 novembre : Laoun Sharki (Angers, musiques métissées du Proche-Orient) - 5 €
Samedi 12 novembre :
Mister Kiff (du coq à l’âne mix) – gratuit
Vendredi 9 décembre :
Babette et Bouchon (Angers - chanson française) - 5 € Secouez le cocotier des infos sur le www.tesrockcoco.com
Thierry Lepicier :
« En quoi t’es rock, coco ? » Cool : un caf’conc’ dans la Doutre ! T’es rock coco – titre d’une chanson de Léo Ferré – vise à promouvoir le spectacle vivant, les rencontres et le lien social. Thierry Lepicier, fondateur de Musique caméléon, guitariste de Bell-Œil depuis 10 ans, est à l’initiative de ce bar musical. K.libres : Comment est né T’es rock coco ? Thierry Lepicier : « L’idée d’un café-concert date d’il y a 15 ans. Elle prolonge la création de Musique caméléon, une association qui s’occupe du développement artistique de musiciens du Maine-et-Loire. Le caf ’conc’ est en lien avec l’activité de l’asso. Les musiciens ont besoin de jouer, d’abord dans des petits lieux. Aujourd’hui il y a de moins en moins de cafés-concerts. Une petite scène est pourtant viable économiquement. Elle offre aux artistes la possibilité de faire des dates et au public de découvrir une programmation de qualité, à des tarifs assez bas (5 euros en moyenne, NDLR). En tournée avec Bell-Œil, j’ai vu plein de groupes qu’on ne peut jamais écouter et qui sont pourtant intéressants. »
K.libres : Dans quel esprit s’inscrit la programmation ? Thierry Lepicier : « L’éclectisme, l’ouverture aux différents styles musicaux et à toutes les formes d’expression : peinture, théâtre... Un caf ’conc’ s’inscrit dans une logique socioculturelle. Ce n’est pas le même esprit qu’un bistrot. Il y a la proximité avec les artistes, la découverte d’autres styles. Plein de gens n’ont pas l’habitude du spectacle vivant et beaucoup sont à la recherche de culture, dans une autre démarche que de mâter la télévision. Un bar, c’est un commerce, mais le concert lui donne une dimension culturelle. C’est un lieu de vie, de rencontres et de mélange, social, générationnel et artistique. Tout le monde écoute de la musique, sans cesse, même sans s’en rendre compte. Elle est vitale pour l’homme. »
Christophe Ricci
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rayonnage Krayonnage
(Zone dessinĂŠe et parcellaire dont la circulation sur cette page permet de buller)
Mardi 22 novembre à 20h30, au Théâtre Chanzy : Unit réunit cinq leaders originaires de cinq pays différents ! Location ouverte à partir du mercredi 9 novembre.
Concerts de jazz Mardi 18 octobre à 20h30, au Théâtre Chanzy : Franck Tortiller Nonet - ONJ (Close to heaven - Tribute to Led Zeppelin).
Mardi 6 au vendredi 9 décembre, au Grand Théâtre, à 20h30 sauf mercredi et jeudi à 19h30 : Le faiseur de théâtre de Thomas Bernhard, mise en scène de Yvon Lapous (location ouverte à partir du mercredi 23 novembre).
Du mardi 22 novembre au vendredi 2 décembre au Carré des arts à Pellouailles-les-Vignes à 20h30 (sauf mercredi et jeudi à 19h30, samedi à 15h et 20h30 ; relâche le dimanche 27 novembre) : La mouette d’Anton Tchekhov, mise en scène de Jacques Delcuv (location ouverte à partir du mercredi 9 novembre). En bonus : Rencontre avec l’équipe artistique au bar du Théâtre pour un “apéro rencontre” le 26 novembre à 18h30. Possibilité de navette pour Pellouailles-les-Vignes.
Théâtre Mardi 8 novembre, jeudi 10 novembre (Andromaque) et mercredi 9 novembre (Bérénice) à 20h30 au Grand Théâtre : Philippe Delaigue met en scène Racine (location ouverte à partir du mercredi 26 octobre).
Nouveau théâtre d’Angers (NTA) et Centre nationale de danse contemporaine (CNDC)
Du jeudi 3 au 5 novembre à 20h30 et le 6 à 17h : Le Bus, de Stanislas Stratiev, mise en scène par Béatrice Poitevin de Artbigüe Compagnie (qui signe la Figure libre en page centrale de ce numéro 2).
Le Théâtre du Champ-de-Bataille
Tarifs : Pour toi, l’étudiant, trois tarifs sont pratiqués : - “individuel” (trois spectacles avec au moins une création NTA) : 9,50 euros la place. - “préférentiel” (idem mais en formant un groupe de dix potes) : 7,50 euros la place (et 5,50 euros seulement pour le responsable du groupe). - autrement, il faut compter 14 euros hors abonnement (moins de 26 ans). Pratique : accueil (12 place Imbach), du lundi au samedi de 11 à 19h - Tél. : 02 41 88 99 22.
En bonus : rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation jeudi 8 décembre.
Du mardi 6 au samedi 10 décembre à 20h30 (sauf mercredi et jeudi à 19h30), au Centre Jean-Vilar : Numéro, conception Emmanuelle Huynh et Nicolas Floc’h (location ouverte à partir du mercredi 23 novembre).
Danse contemporaine Du 13 au 23 octobre, Festival de films “Vidéo danse”, (60 films pour 44 chorégraphes) au Studios Bodinier, dans l’ex-Amphigouri et au Théâtre des Dames aux Ponts-de-Cé : TOUT EST GRATOS !
Vendredi 9 décembre à 19h30 : Spanouch’ (concert-tapas) promet d’entremêler les vents musicaux, « d’est en sud ». C’EST GRATOS ! Contact : Le Trois-Mâts, place des Justices, au 02 41 66 02 02. Contact : 10, rue du Champ-de-Bataille. Tél. : 02 41 72 00 94. Tarifs : 6,50 euros (étudiant).
Du 12 au 26 novembre : expos, animations et conférences sur l’environnement, le nôtre : Attention, Terre en danger. C’EST GRATOS !
Jeudi 20 dès 19h30 et vendredi 21 octobre dès 20h30 : Nuits Toucouleurs (concert-tapas avec le quintet Gombofola le premier soir et conférence illustrée sur l’éducation au Mali le deuxième soir). C’EST GRATOS !
Centre socio-culturel du Trois-Mâts
Du jeudi 1er au 3 décembre à 20h30 et 4 décembre à 17h : Tarkos (poésie sonore), interprété par Philippe Languille (Cie UdreOlik), accompagné par Éric Philippon (guitare électrique et contrebasse).
Du jeudi 24 au 26 novembre à 20h30 et le 27 à 17h : Équation, duo de danse avec Olivier Bodin et Véronique Weil (vidéo et musique), par la Cie Olivier Bodin.
Du jeudi 17 au 19 novembre à 20h30 et le 20 à 17h : Barbara, pour l’amour de vous, conçu par Marie-Christine Garandeau et Pierre Remerand, mise en scène par Stéphanie Gouin (Cie de l’Intemporelle).
Du jeudi 10 au 12 novembre à 20h30 et le 13 à 17h : Fiction d’hiver, de Noëlle Renaude, mise en scène par Bernard Chanteux (Théâtre artisanal transgénique).
Cette sélection est arbitrée par Ghislain Rouffinec. N’hésitez pas (directeurs de théâtre, médiateurs artistiques, organisateurs d’événements divers et d’étés…) à lui communiquer les dates d’événements que vous souhaiteriez défendre dans ces pages (klibres_redac@yahoo.fr).
THéâtre - concerts - danse
Ce serait ballot de passer à côté !
Tarif : 6 euros (étudiant). Pratique : Maison de quartier Saint-Serge Saint-Michel place Ney à Angers. Tél. : 02 41 77 26 28. www.jazzpourtous.com.
Vendredi 2 décembre à 21h : Avis de tempête avec Olivier Leveau (Fender Rhodes), Sylvain Poslaniec (basse) et Fabien Eckert (batterie).
Vendredi 4 novembre à 21h : Klezmerstone (jazz klezmer). Cinq interprètes célèbrent le mariage du jazz avec la musique juive des pays de l’Est.
Jazz pour tous
Illustration : Adrien Albert
scapades Eskapades (Action volontaire de se soustraire momentanément à la routine)
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Vendredi 25 novembre à 20h30 : Daphné (première partie) et Alexis HK (chanson française).
Vendredi 4 novembre à 20h30 : Richard Desjardins (chanson - Québec).
Vendredi 21 octobre à 18h30 : Robinson (chanson engagée et poétique - jeune public).
Théâtre de l’hôtel de ville de Saint-Barthélemy-d’Anjou (THV)
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Pratique : 33, place Jean-XXIII à Saint-Barthélemy-d’Anjou, direction Saumur par la Nationale (le théâtre est situé juste en face l’église, dans la mairie). Tarifs hors abonnement de 13,80 à 7,10 euros, de 9,20 à 5,60 euros pour les abonnés (trois spectacles minimum). Contact au 02 41 96 14 90 (billetterie) ou à thv.stbarth@wanadoo.fr
Samedi 3 décembre et dimanche 4 décembre à 20h30 : Les Acrostiches (cirque - humour).
Contact Jean-Vilar (La Roseraie) : 02 41 68 92 50.
Samedi 3 décembre à 20h30 : Carte blanche à la Cie de danse hip hop Exprime (deux créations Underground triptyque et Work in progress) et à ses invités. Tarifs : 5 euros (étudiant).
Samedi 5 novembre à 20h30 : L’émission de télévision (théâtre Cie Au fil des mots). Quand deux chômeurs quinquagénaires témoignent de leur vie au petit écran… Tarif : 3 euros.
Centre Jean-Vilar
BON PLAN : le soir du concert, pointes-toi à partir de 20h, sur présentation de ta carte d’étudiant et si tu as moins de 25 ans, il ne t’en coûtera que 3 euros l’entrée (dans la limite des places disponibles).
Tarifs : de 10 à 23 euros (réduit) ou de 12 à 26 euros (plein). Tél. : 02 41 24 16 40.
Samedi 3 décembre à 17h (GRATUIT) : concert de musique de chambre au grand foyer du Grand Théâtre.
Vendredi 2 décembre à 20h30 : Récital de piano par l’Américain, ambassadeur des contrées lisztiennes, Nicholas Angelich (Schumann et Liszt).
Mardi 29 novembre à 20h30 : Trio avec piano par les ravissantes sœurs russes Bekova (violon, piano et violoncelle). Au programme : Rachmaninov, Ravel, Takemitsu et Dvorak.
Mardi 18 octobre à 20h30 : Récital de piano par Jean-Frédéric Neuburger, virtuose âgé de seulement 19 ans (Clementi, Schuman, Berg, Ravel, Chopin).
Les mardis musicaux au Grand Théâtre (musique classique)
Pratique : théâtre situé au bord du chemin de la Maraîchère à Trélazé (parking du Musée de l’ardoise). Tél. : 02 41 33 74 74.
Tarif : 8 euros (étudiant).
Vendredi 18 novembre à 20h30 : Jazz tempo (inspiration-expiration) avec Jean-Luc Cappozzo (trompette), Claude Tchamitchian (contrebasse) et Gaguik Mouradian (kamantcha).
Théâtre de l’Avant-Scène (Trélazé)
BON PLAN : c’est risqué, mais si tu as moins de 25 ans, et toujours dans la limite des places disponibles, la place ne te reviendra qu’à 3 euros en te pointant une demi heure avant le concert (si rendez-vous amoureux, à éviter, c’est de mauvais goût).
Vendredi 9 décembre à 20h30, dimanche 11 décembre à 17h et mercredi 14 décembre à 20h30 : l’ONPL dirigé pour la première fois par Jerzy Semkow et son chœur appuyé par une soprano, une alto, un ténor et une basse, donnera à entendre l’ultime chef-d’œuvre de Mozart, Requiem, Symphonie n°35 Haffner. Tarifs : de 10 à 15 euros (moins de 25 ans). Tél. : 02 41 87 80 52.
Vendredi 25 novembre à 20h30 et dimanche 27 novembre à 17h : l’ONPL dirigé par Isaac Karabtchevsky et accompagné par la soprano Camilla Nylund, interprètera la Symphonie n°4 de Mahler, l’Ouverture de Don Giovanni de Mozart et le Sept Lieder de jeunesse de Berg.
L’Orchestre national des Pays de la Loire (ONPL) au Centre de Congrès
Tarifs et horaires au 02 41 57 83 12. Le centre Jean-Carmet est situé au 37, route de Nantes à Mûrs-Érigné. Réservations au 02 41 57 81 85.
Mercredi 23 novembre : Tiken Jah Fakoly (album Coup de gueule).
Samedi 29 octobre : Raphaël.
Centre Jean-Carmet (Mûrs-Érigné)
Pratique : Centre Brassens, parc Brassens, allée Brassens. Tél. : 02 41 31 11 30. Depuis Angers en bus : emprunter le ligne n°3, descendre au Bois du Roy.
Tarifs : de 9 à 13,50 euros ou de 8 à 9 euros sur abonnements (8 ou 5 spectacles).
Vendredi 25 novembre à 21h : Dévorez-moi, comédie d’Olivier Lejeune.
Vendredi 18 novembre à 21h : Beach Band des Sables-d’Olonne (jazz, 17 musiciens et chanteurs).
Centre Brassens (Avrillé)
Infos concerts (avec une programmation fournie et de qualité, difficile d’opérer une sélection drastique… à noter tout de même que le concert de Camille du 7 décembre est COMPLET, qu’on se le dise) au 02 41 96 13 48, en consultant Le Yéti (programme du Chabada disponible partout) ou au 56, bd du Doyenné. Réservations : point de ventes habituels. Tarifs : entre 11 et 20 euros.
Le Chabada
libre igure libre Figure
(Le contraire d’une figure imposÊe, par un artiste invitÊ librement)
K.LIBRES #2 – Octobre/ Novembre 05 - FIGURE LIBRE - Cette fois-ci, c’est B’A qui s’y colle !
pratik C . pratik
(Les k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique)
CONTRACTATION
Par émilie Audouin
Quelques rappels à propos des contrats que vous êtes susceptibles de conclure en tant qu’étudiant. Le CDD
Le CDI à temps partiel
La durée Il peut être conclu pour une période maximale de 18 mois.
Un contrat écrit Le CDI à temps partiel doit obligatoirement être écrit et comporter certaines mentions : la qualification du salarié, sa rémunération, la durée de son travail, la répartition de ses horaires et les conditions des heures complémentaires.
(art.L122-1 à L122-3-17-1 du code du travail)
Un contrat écrit Le CDD doit obligatoirement être écrit et comporter différentes mentions telles que la durée du contrat, la désignation du poste ou la rémunération. La période d’essai Elle est au maximum d’une durée de deux semaines pour un CDD inférieur à six mois et d’un mois pour un CDD supérieur à six mois. Cette mention doit être inscrite dans le contrat de travail. L’indemnité de fin de contrat Vous la percevez à la fin de votre contrat, mais attention, celle-ci n’est pas obligatoire dès qu’il s’agit de travaux saisonniers et de contrats pour les jeunes pendant les vacances. Les congés et jours fériés Vous avez droit aux congés annuels ou à une indemnité compensatrice de congés payés. Cette dernière est versée au terme du contrat et vous avez également droit au paiement des jours fériés chômés. La rupture Elle peut avoir lieu avant son terme si votre employeur est d’accord ou en cas de force majeure (des circonstances extérieures, imprévisibles et insurmontables). Attention car si la rupture a lieu sans motif légitime, son initiateur doit payer des dommages et intérêts.
(art.L212-4 à L212-4-11 du code du travail)
Les heures complémentaires Heures travaillées au-delà de l’horaire de base, à la demande de l’employeur (elles doivent être prévues dans le contrat). Elles ne peuvent dépasser le 1/10e de l’horaire de base et ne sont pas rémunérées davantage. Attention : un accord collectif peut prévoir que le nombre d’heures complémentaires dépasse les limites ordinairement admises. Ces heures sont alors majorées de 25%. La modification du contrat La répartition du temps travaillé n’est possible que si une clause du contrat autorise l’employeur à l’exiger.
Dans tous les cas, pensez à consulter votre convention collective mentionnée dans le contrat de travail ainsi que le règlement intérieur à disposition dans l’entreprise.
Où ?
Consulter votre convention collective gratuitement : - A la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP), 7 rue Bouché-Thomas à Angers. - Au secrétariat du conseil de Prud’hommes, rue de la Röe à Angers. - www.journal-officiel.gouv.fr Renseignements sur la législation du travail auprès de la DDTEFP, au 02 41 44 54 80. Les codes du travail sont consultables dans les bibliothèques municipales ou universitaires.
Ça déchire sa grand-mère
La poubelle de la cuisine ne sent pas la rose ? La faute à la cancoillotte que Tonton René tenait tant à te faire goûter ? Conjuguée aux restants de sardines du barbecue de samedi… Heureusement, on inventa la litière pour chat. Verse au fond de chaque sac-poubelle un peu de la litière destinée au petit coin de Kiki. Les petits granulés absorberont toutes les odeurs désagréables. Merci Kiki… Ilsa Paretti
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K.LIBRES #2 - Octobre/Novembre 05
Gargantuesque
e, 1 0 e u r o s e l b a t n po eà r t c h i c et éq u a che Qu t u n menu ilibr e é La Fée gamelle* a aimablement concocté ce menu pour K.libres. Nous nous sommes empressés de le tester pour vous, lecteurs. La rédaction s’est depuis embellie d’une nouvelle jardinière à manche, on ne saurait donc que trop vous conseiller de surveiller vos pommes lors du sacro-saint dessert. Matos indispensable : Une cocotte-minute, un four (même petit), des plaques chauffantes, un mixeur, une grande casserole, un plat à gratin et des lunettes de plongée (ça c’est pour éplucher les oignons).
ENTRÉE
Velouté de carottes au cumin (3 euros) 1 oignon - 800g de carottes - persil - poivre - 1 cuillère à soupe de cumin en poudre - 2 tablettes de bouillon de volaille - 2 citrons - 2 cuillères à soupe d’huile d’olive
Dans une cocotte-minute, faites revenir l’oignon et les carottes émincées dans l’huile d’olive. Lorsqu’ils sont translucides, ajoutez un litre d’eau et le bouillon de volaille. Portez à ébullition. Laissez cuire 10 à 15 minutes. Ajoutez le cumin, le persil et un jus de citron. Mixez le tout. Vous pouvez lâcher, avec un contentement non dissimulé, « c’est moi qui l’est fait » et servir chaud avec une rondelle de citron dans chaque bol. On peut accompagner ce velouté de pain grillé frotté à l’ail.
PLAT
DESSERT
Lasagnes de thon (5 euros)
Compote de pommes salidou (2 euros)
6 plaques de lasagnes - 8 portions de “vache qui s’marre” (ou tout autre fromage fondu) - 400g de tomates concassées en boîte - 250g de thon au naturel - herbes (origan, thym…) - 100g de crème fraîche - 100g d’emmental râpé - noix de beurre ou filet d’huile
500g de pommes - 200g de sucre - 50g de beurre - 50g de crème fraîche - sel
Il faut d’abord ouvrir les boîtes de thon (égoutter, émietter) et de tomates. Mélangez le thon émietté, la pulpe de tomate et les herbes. Salez légèrement et poivrez. Dans un plat à gratin beurré ou huilé, parsemez de 1/4 de crème fraîche et deux portions de “vache qui s’marre” en petits morceaux, disposez des plaques de lasagnes dessus. Couvrez de la moitié de sauce tomate au thon, parsemez de “vache qui s’marre” et du 1/4 de crème fraîche… Recommencez l’opération (lasagnes, sauce tomate et “vache qui s’marre” et crème fraîche). Terminez en couvrant de plaques de lasagnes, parsemez de “vache qui s’marre” du reste de crème et d’emmental râpé. Cuisson : 40 minutes au four à 170 degrés. Version végétarienne : remplacez le thon par des légumes cuits (poêlée de légumes, courgettes, champignons, carottes, etc.) Version carnivore : remplacez le thon par des restes de viandes en petits morceaux, du jambon ou du steak haché poêlé Version fromagère : remplacez la “vache qui s’marre” par du chèvre frais et l’emmental par de la mimolette ou du cantal, etc.
Pelez et coupez les pommes en huit quartiers chacune (convient également pour des poires, ou un mélange de pommes et de poires). Dans une casserole à fond épais, étalez le sucre en y ajoutant quatre cuillères à soupe d’eau. Laissez cuire à feu très doux jusqu’à ce que le sucre se transforme en caramel en remuant la casserole (non pas avec une cuillère mais en bougeant la casserole par des moulinets de poignet vifs et fréquents). Lorsque le sucre est liquide et brun, éteignez le feu et ajoutez le beurre en petits morceaux en remuant à l’aide d’une cuillère en bois. Lorsque le beurre est fondu et intégré au sucre, ajoutez la crème et mélangez. Remettez à feu doux et jetez-y les quartiers de pommes. Laissez cuire 15 à 20 minutes à feu très doux, en mélangeant souvent, jusqu’à ce que les pommes soient cuites. Versez dans des ramequins (servir tiède ou froid avec des biscuits). Pour nettoyer la casserole, laissez tremper dans l’eau jusqu’au lendemain, ça part tout seul - Si ce n’est pas le cas, on peut toujours en faire une jardinière. C’est joli aussi.
*Catering et réceptions, Sophia-Maria Bossard, Saveurs mélangées pour bipèdes, www.smb.fr.fm.
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idam Kidam
(N’importe qui, susceptible néanmoins d’éveiller la curiosité)
« La vie n’a rien à vo qu’on ac D.R.
Il voulait être footballeur, il est finalement devenu comédien. On le croyait cloisonné au registre comique et pourtant il triomphe actuellement au théâtre en incarnant Mozart. Bientôt il sera Sartre à l’écran. Lorànt Deutsch n’a pas fini de nous surprendre. Sans doute car son talent est à la mesure de son être : un miroir aux multiples facettes. K.libres : Tu dis être devenu comédien par accident. Comment est-ce possible ? Lorànt Deutsch : « L’idée de devenir comédien ne m’avait jamais traversé l’esprit. C’est un hasard incroyable. En fait, j’ai commencé en arrivant à Paris, comme on gagne un peu d’argent pour partir en vacances. Un jour, on m’a proposé un casting pour la série Les Intrépides. Je n’avais aucune expérience à part quelques cours de théâtre quand j’étais petit. Mais j’ai été pris. Un gros coup de chance. Puis, petit à petit, c’est devenu une passion. » K.libres : Ton truc c’était plutôt le foot... Lorànt Deutsch : « Je voulais effectivement devenir footballeur professionnel. Je suis resté au centre de formation de Nantes jusqu’à l’âge de 15 ans. Mais ils m’ont gentiment indiqué la porte de sortie. J’avais pas le physique. » K.libres : Ça a d’ailleurs influé sur ton comportement quand tu étais enfant… Lorànt Deutsch : « Plus jeune, j’étais assez bagarreur. J’avais une réputation de petit loubar. Cette agressivité était sans doute due à ma petite taille. Ça me permettait sûrement de me prouver que ça n’enlevait rien à mon courage, ni au fait que j’étais sévèrement burné (sourire). »
« Angers, la ville que je préfère après Paris »
K.libres : Il paraît que tu parlais déjà beaucoup. Lorànt Deutsch : « J’ai toujours été grande gueule. A l’école, avec mes amis ou au centre de formation, j’étais un peu le bout-en-train. Quand on ne s’aime pas vraiment, on a envie de plaire aux autres. C’est presque un besoin. Beaucoup de comédiens ne se supportent que grâce aux regards extérieurs qu’on leur porte. Je fais partie de cette catégorie. » K.libres : Ta carrière a véritablement commencé en 1999 avec Le ciel, les oiseaux et ta mère. Tu as ensuite enchaîné avec des rôles dans des films à succès comme Peut-être, L’Envol, Jet-Set, 3-0, Le Raid, Les Ripoux III. Tout ça en quatre ans. Comment as-tu vécu ce subit coup de projecteur ? Lorànt Deutsch : « C’est vrai que ça a été très brutal mais je l’ai bien digéré. Cette médiatisation m’a ouvert des tas de portes.Tout à coup, j’ai été très sollicité et j’ai eu plein de potes. Les témoignages d’affection ont été décuplés. On m’a proposé plein de projets, plein de soirées. Mais comme le temps n’est pas élastique, je ne pouvais pas tout accepter.
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oir avec un cadre ccroche dans ses toilettes » C’est surtout le regard de certains de mes potes qui a changé. Ils ont cru que j’avais pris la grosse tête. Ils ne comprenaient pas que je ne décroche pas mon téléphone quand ils appelaient. Le problème, c’est que souvent, j’étais déjà en ligne. Mes amis les plus proches l’ont bien compris. Maintenant ils laissent un message et je les rappelle dès que je peux. » K.libres : 2004 a été l’année de la sortie de l’Américain, un film dans lequel tu partageais l’affiche avec Thierry Lhermitte, mais aussi celle du prix Jean-Gabin. Une consécration ? Lorànt Deutsch : « Pour le film pas vraiment. On peut même dire que ça été un gros échec. Mais le prix m’a vraiment fait chaud au coeur. Cela dit, ce n’est qu’une distinction. La vie n’a rien à voir avec ce cadre qu’on accroche dans les toilettes. C’est simplement un encouragement de ses pairs qui donne envie de continuer. »
K.libres : J’espérais que tu me dises que c’était Angers... Lorànt Deutsch : « Angers est la ville que je préfère après Paris. Je suis originaire de Sablé. Je n’ai jamais vécu à Angers mais mon meilleur ami y habite. Quand j’étais plus jeune, j’y passais des week-ends et les vacances scolaires. Maintenant, j’essaie d’y revenir tous les deux ou trois mois. J’ai de supers souvenirs de fêtes à Angers, au Bar du Centre, au lac de Maine et en boîte… C’est vraiment une ville extra. »
« Je risque de devenir l’image de Sartre à 20 ans »
K.libres : Tu es actuellement sur les planches dans la pièce Amadeus où tu donnes la réplique à Jean Piat. Pas trop risqué de passer de la comédie au théâtre ? Lorànt Deutsch : « C’est vrai que j’ai fait beaucoup de films comiques. Mais j’avais envie de faire autre chose. Et quand on vous propose d’incarner Mozart, on ne peut pas refuser. Ça permet de montrer que je sais faire autre chose que le pitre. En plus, ça fonctionne. La pièce fait un gros carton. Elle est prolongée jusqu’au 31 décembre. »* K.libres : Un succès donc. Mais tu as aussi fait des tas d’autres choses moins glorieuses comme des pubs et des séries TV... Lorànt Deutsch : « C’était alimentaire. Mes parents ne pouvaient pas me soutenir financièrement. Alors je ne me suis pas permis de refuser ce qu’on me proposait. D’ailleurs, il ne faut pas refuser. J’ai fait des trucs qui n’étaient pas géniaux comme la série Cordier juge et flic mais ça reste louable. Non seulement ça fait vivre, mais surtout ça fait partie de l’apprentissage et ça permet de rencontrer des gens. » K.libres : Je crois que tu as une passion assez originale… Lorànt Deutsch : « Oui. J’adore l’histoire de Paris et de ses rues. Je trouve passionnant de voir comment la ville s’est enroulée autour d’elle-même comme un hérisson. Quand j’ai un rendez-vous quelque part, je consulte un bouquin pour en savoir plus sur le quartier. Quand je suis sur place, je vérifie par moi-même. Je suis fan d’histoire et de Paris. C’est ma ville préférée. »
K.libres : Revenons à ton actu. Tu as tourné cet été un film qui s’appelle Le Temps des Portes-Plumes dans lequel tu incarnes un agriculteur de l’Allier, ami d’un gamin de la DDASS. C’est fini pour toi la comédie ? Lorànt Deutsch : « A vrai dire, en ce moment, je refuse systématiquement les comédies qu’on me propose. Ce qui ne veut pas dire que je n’en referai pas. Mais là, j’ai moins envie. Une carrière, c’est long. Alors il faut savoir se rendre séduisant en surprenant et en se diversifiant. » K.libres : Tu as aussi prêté ta voix à un petit poulet dans le film d’animation de Disney Chicken Little qui sortira en décembre… Lorànt Deutsch : « C’est un joli conte de fées pour les enfants. J’ai trouvé ça génial d’abandonner mon visage pour ne garder que ma voix. C’est assez drôle car le personnage de dessin animé n’a pas besoin de moi pour exister mais il ne peut pas vivre non plus sans moi. » K.libres : Tu viens de finir de tourner les Amants du Flore, un film dans lequel tu joues le rôle de Jean-Paul Sartre ! C’est un sacré challenge… Lorànt Deutsch : « Je ne suis pas très fan de Jean-Paul Sartre ou plutôt de ses idées. Mais il faut reconnaître que ce rôle est à la fois intimidant et aussi très exaltant. C’est un personnage majeur de notre histoire, sans doute le plus important du XXe siècle en ce qui concerne notre façon de vivre. 1968 dont nous sommes les héritiers n’est que le résultat de l’existentialisme qu’incarnait Sartre. En fait, on peut dire que nos pères et nos mères s’appelaient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Ce qui est amusant dans le film, c’est que je joue Sartre à l’âge de 20 ans. Or, on ne sait pas vraiment à quoi il ressemblait à cette époque. Je risque ainsi de devenir l’image de Sartre à 20 ans. » Propos recueillis par Jean-François Keller *Théâtre de Paris, 15, rue Blanche, 9e
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kran total total Ekran
(Placées devant le visage, ces pages protègent des rayons ultraviolets)
MARTIN SCORSESE
DRESSE DYLAN No Direction Home sort aux États-Unis et en Angleterre. En 210 minutes de vies compilées, le documentaire de Martin Scorsese retrace 40 ans d’un Dylan enfiévré.
D
ylan est dans le vent. Cette année, le premier volume de son autobio, Chronicles, a été un succès en librairie. Et, signe qui ne trompe pas, en décembre, celui qu’on n’avait plus vu à la télévision depuis 20 ans, a accordé une interview d’une heure pour l’émission 60 minutes de Ed Bradley sur CBS. A la clé, des millions de téléspectateurs et un record d’audience. Soucieux de sa vie
D’où ce constat : après l’acharnement médiatique dont l’auteur de Blonde on Blonde a fait l’objet dans les années 60, après le silence entretenu qui s’en suivit, Dylan a décidé de livrer sa version des faits. Dans son livre d’abord. Et dans ce film, No Direction Home, découpa-
D.R.
ge-assemblage d’enregistrements inédits et d’interviews exclusives. Sous l’oeil de Scorsese, (auteur de The Last Waltz qui montrait le dernier concert de Dylan avec The Bands, au Winterland Ballroom de San Francisco en 1976), on y retrouve Joan Baez et Allen Ginsberg, Al Kooper et Dave Van Ronk... Tous ceux qui, dès Greenwich Village, ont accompagné l’auteur dans son travail et dans sa vie. On y voit Bob Dylan, seul ou accompagné, qui joue, qui parle, qui rit (peu) et qui doute. No Direction Home retape la légende “dylanienne” et nous livre un homme soucieux de sa vie, de son image. A Paris le 3 novembre
Prophète malgré lui (« J’aurais préféré ressembler à Elvis »), engagé involontaire dans une supercherie dont il ne sortira pas indemne, Dylan reste une personnalité insaisissable, marqué par le temps et les efforts. On saura gré à Scorsese de se concentrer sur la musique et de ne pas tomber dans les témoignages soporifiques d’Hollywood Stories. A la clé de nombreuses anecdotes de studios et des interviews de musiciens influencés par Dylan. Pour ceux qui souhaitent aller encore plus loin, le chanteur est en concert le 3 novembre prochain au Zénith de Paris. Alexandre Aublanc
Preview
Les noces funèbres Sortie le 19 octobre
Un film de Tim Burton et Mike Johnson, avec les voix de Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Christopher Lee… Genre : animation fantastique Durée : 1h15
Après le récent carton de Charlie et la chocolaterie, Tim Burton est de retour. Les noces funèbres reprend le flambeau du film modèle de l’animation fantastique, déjà signé Burton : L’étrange Noël de Monsieur Jack. L’univers du réalisateur, entre conte macabre et fable romantique, s’épanouissait alors dans ce chef-d’œuvre onirique où se rencontraient des personnages venus des mondes de Noël et d’Halloween. Cette fois, c’est l’histoire d’un jeune homme qui doit choisir entre deux prétendantes, l’une bien vivante, et l’autre appartenant au royaume des morts, afin de célébrer son mariage dans un village de l’Europe de l’Est du XIXe siècle. Quand on sait que Johnny Depp et Helena Bonham Carter, respectivement l’acteur fétiche et l’épouse de Burton, doublent les personnages principaux, une chose est sûre : la VO s’impose… Laurence Mijoin
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DVD
La Chute
Actu
La mort en ligne
Un film d’Olivier Hirschbiegel, avec Bruno Ganz et Alexandra Maria Lara
Un film de Takashi Miike, avec Kou Shibasaki et Shinichi Tsutsumi Genre : Fantastique Durée : 1h52
En retraçant les derniers jours d’Hitler, le réalisateur offre un nouvel angle de vue sur les horreurs du nazisme. La réalisation en immersion donne l’impression d’être enfermé dans ce bunker, comme introduit dans le cerveau du Führer. La polémique à la sortie du film est née du rejet de voir Hitler humanisé. Mais le film montre un humain pour que l’humanité se rappelle qu’elle porte en elle sa part de malfaisance. Réalisation allemande, La Chute est l’occasion pour ce pays de transmettre son histoire, sa souffrance et aussi, sa culpabilité. La version collector comprend des documentaires inédits offrant une connaissance plus aboutie sur Hitler et l’enjeu des derniers jours de la guerre en Europe. Premier film entièrement en allemand sur cette époque, la version originale confère une véracité quasi originale.
Avec Ring d’Hideo Nakata, c’était le téléphone fixe qui se faisait le messager de la Grande Faucheuse. Dans La mort en ligne, dernier film de Takashi Miike, le téléphone portable prend le relais et envoie à son propriétaire un message émanant de son propre numéro. Lorsque Yoko, la première adolescente victime de la malédiction, écoute son répondeur, c’est sa propre voix qu’elle entend, suivie d’un cri d’horreur. La recette est éculée : des images inspirées de Ring et de Destination finale, et quelques répliques un tantinet grotesques. Voilà comment s’annonce le film dans sa première partie. Fort heureusement, le travail d’orfèvre de Takashi Miike et de son équipe pour la photo et le son rattrape l’ensemble. Malgré tout, La mort en ligne ne parvient pas à se démarquer de la récente vague des films nippons, autrement plus effrayants.
Mélanie Puel
Laurence Mijoin
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Vu d’Angers
(Placée devant le visage, cette page protège des rayons ultraviolets)
Épique nuit de tournage à Angers
photos Elsa Ajar
Le réalisateur angevin Pascal Bonnelle tourne jusqu’à fin octobre Les Ephémères, son premier long métrage. Un film d’auteur qui condense idées géniales et système D. Ambiance. 30
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V
oilà tout juste une semaine qu’ils sont dans le jus. Quai de la Savate, face au château, l’équipe de tournage s’est réunie en nombre réduit. « Je me suis orienté vers une équipe jeune et dynamique, confirme Pascal Bonnelle. Sur ce genre de tournage, je savais qu’il nous faudrait être inventif. Je les connaissais tous avant*. Ils sont flexibles, légers et réactifs. » Avec souplesse et précision, il donne ses ordres dans la nuit noire. Les lumières tamisées des belvédères le satisfont visiblement. « Le héros erre dans son taxi comme dans un rêve. Les prises doivent avoir un aspect mystérieux » pour un film qu’il aimerait situer entre Mulholland drive de Lynch, et Hiroshima mon amour de Resnais. Une virée nocturne sur le front de Maine
« Pour avoir une vue plongeante du taxi, on a eu l’idée de louer ce vieux camping-car », explique Dominique, second du réalisateur. Un engin qui figure tout le système D à l’œuvre sur ce tournage. Sylvain, chef-opérateur, s’engouffre à l’horizontale dans la cage surélevée du véhicule, caméra numérique au poing. La petite virée
nocturne peut commencer ! Un peu à l’étroit devant son écran de contrôle, Pascal Bonnelle lâche, tandis que le camion suit le taxi : « Ça, vous voyez, une équipe d’anciens n’est pas forcément prête à le faire ! ». Trente tours du rond-point de l’Horloge plus tard, après une vingtaine de prises et les plaintes répétées du caméraman - les coups de frein l’ont projeté plusieurs fois contre la cage de la camionnette -, l’engin s’arrête. Et laisse l’équipe sur le front de Maine, avec un léger mal de cœur… Habitué des courts-métrages, le cinéaste nourrit aussi avec Les Ephémères des ambitions pour sa région. Il l’inscrit volontairement dans une logique de film fait par des professionnels locaux de l’image. « Ce que j’aime, c’est rêver. » Et faire rêver, comme il s’efforcera de le montrer, lors de la première projection des Éphémères au festival Premiers plans, qui se tiendra du 20 au 29 janvier 2006. Elsa Ajar *La plupart des membres du tournage a suivi l’option cinéma au lycée Renoir, à Angers, où Pascal Bonnelle intervient.
Radiophonik
(Page-relais des ondes radio-électriques diffusant des programmes éclectiques et sonores)
Tendance
Les Français n’ont pas le moral, ce sont les sondages qui le disent. Depuis quelques mois, la “sinistrose” est devenue un sujet privilégié des media au point que les radios fondent leur communication sur ce thème. L’ère de la transgression, de l’impertinence et de la provocation est-elle révolue ? L’an passé, on parlait des déboires de Maurad. Aujourd’hui, l’animateur de libre-antenne est absent des ondes. Les radios ont dorénavant décidé de miser sur le dialogue. C’est le cas des grandes généralistes, à commencer par RTL, qui lançait dès 2003 son désormais célèbre “Vivrensemble”. Mais cette année, les duos “transgénérationnels” de ces pubs se veulent être une nouvelle conception de notre société, rien que ça. La station précise ainsi vouloir mettre l’accent sur la notion de « liens qui se créent ». Écouté par tout le monde
Créer des liens, c’est aussi le nouveau credo d’Europe 1 et de sa nouvelle signature : “Parlons-nous”. Son nouveau patron, Jean-Pierre Elkabbach, définit la station comme une « radio de société ». « Je veux
redonner ses lettres de noblesse à la parole, lui conférer un rôle à part entière dans notre société : parler, c’est s’impliquer, c’est agir » expliquait-il récemment dans Le Figaro. Le nouveau film publicitaire de la radio met ainsi en scène un auditeur qui, mal réveillé, casse son transistor. En sortant de chez lui, il se rend alors compte que toute la population parle de ce qui s’est raconté le matin même sur… Europe 1 bien évidemment ! Un spot amusant et un rêve d’animateur : celui d’être écouté par tout le monde. Patrick Sabatier doit en tout cas méditer dessus. Même s’il a pris soin de s’inscrire dans cette lignée en intitulant son émission Tous ensemble, les salariés de France Bleu souhaitent l’arrêt de son rendez-vous quotidien car ce programme national se substitue aux tranches locales du réseau public. Comme quoi, le “Vivrensemble” connaît aussi ses limites. Julien Mielcarek
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ik Zik
(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
Wadi et Atone ont lancé le 15 octobre Instants d’instincts*. Rencontre avec deux univers différents mais animés par une même ardeur, impétueuse et maîtrisée.
photo Simon Jourdan
LEURS PARCOURS Son rap,Wadi le chante et l’écrit depuis 1992. Il a fondé en 96 Wadi la Familia, encouragé par des applaudissements aux Francofolies, aux Energ’hip hop (Nantes), durant Tours de scène 2001 et au Chabada. Les rencontres qui ont posé les jalons de son parcours d’artiste : Diam’s, Kerry James, Sniper, entre autres. Atone a notamment participé au Collectif 17 ans, accompagné des projections vidéos ou, plus récemment, avec “Face à f’A.S”, joué en partie en live une bande son pour quatre danseurs professionnels. Il s’affirme en solo dans un album sur Arbouse recording et a mixé sur plusieurs labels (Fresh poulp, Hyptnotik,Trombose, Skam, Néo Ouija).
W.A - Instants d’instincts C’est la première galette du duo W.A (pour Wadi le rappeur et Atone le producteur). Si l’instrument emblématique du rap est la platine du scratcheur, les boîtes à rythmes et les samplers ont toujours été présents dans l’histoire de ce mouvement musical. Ici, la platine a disparu au profit des machines. Il en ressort une grande souplesse
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dans la façon d’aborder les morceaux mais aussi une plus grande richesse sonore. Wadi, lui, impressionne avec un flow révélateur d’une grande maîtrise des techniques vocales, on pense immédiatement à Booba. Il scande des textes inspirés, aux rimes riches. Avec Wadi, la poésie est descendue dans la rue. Un art de la rime revendiqué dans des titres tels que Quelques lignes, Mon art, Inspiration ou Écrire. B-bô
« Instants d’instincts, c’est un mélange de fougue et de contrôle ». Wadi, 25 ans, défend dans ses textes un « rap conscient » où le “je” et le “tu” encouragent à l’introspection. Originaire de La Roseraie, il se nourrit justement de son vécu. Une muse urbaine qui ne lui inspire pas d’appel gratuit à la violence, comme trop souvent dans le rap, bien au contraire : « Je revendique la place de l’individu dans le système, sans fond politique, pour qu’il s’émancipe, s’exprime et ne se moule pas dans un autre système ». Un “just do it” citoyen en quelque sorte. Démarche e xpérimentale
Le regard à la fois pénétrant et souriant, le môme qui a grandi la tête dans son dictionnaire a su s’entourer d’individualités marquées, en travaillant « au feeling ». Atone est de ceux là. Il lui offre sur Instants d’instincts ses beats hip hop conjugués à des “nappes vaporeuses”. Un son « electro underground et minimal, influencé par les courants allemands », qui s’inscrit clairement dans une démarche expérimentale, différente de “l’abstract hip hop”. Une saine humilité
Le jeune homme de 27 ans, plutôt solitaire et observateur, semble intérieurement habité par l’une de ses multiples « strates sonores » qu’il additionne, sur un rythme qui flirte parfois dans son regard avec du trip hop. Deux mondes différents, « aux références pourtant identiques », unissent donc les deux hommes. Un travail interactif qui respire une saine humilité.Wadi et Atone jouent ainsi les funambules avec grâce et cohérence, entre fougue rageuse et contrôle outrancier. Ghislain Rouffinec
*Instants d’instincts est coproduit par l’association A Passionada (l’un des principaux porte drapeaux du hip hop angevin) et le label indépendant nantais Why not Mc (seul distributeur régional spécialisé dans le hip hop).
Les 9 et 10 septembre derniers, Ezra était l’un des rares Français à participer au premier championnat du monde de beatbox à Liepniz en Allemagne. Ezra, c’est son nom de scène. « Et ça ne veux absolument rien dire », lâche l’intéressé en riant. Jeans baggy, sweat rouge et bonnet noir, Ezra est beatboxer. Littéralement “boîte à rythme”. En clair, il crée des centaines de sons avec sa bouche. « Les premiers à avoir utilisé et enregistré de la beatbox ont été Les Fat Boys, c’était en 1984 à New York. » Une technique issue du hip hop, mais qui a depuis pris ses libertés. Ezra s’est ainsi retrouvé cet été sur la scène des Escales de Saint-Nazaire, a accompagné Jacques Higelin à Valence, et fait des bœufs avec les Saïn Supa Crew ou les Meï Teï Shô. « La beatbox, c’est la rencontre des gens et des genres. » Depuis l’âge de 14 ans
A 21 ans, Ezra vient d’obtenir son diplôme des “arts du spectacle”. Il vit aujourd’hui au Mans et passe parfois par Angers pour retrouver ses amis du collectif de hip hop Nouvel R, dont le premier album est attendu courant 2006. « Si tout va bien dans un an, je suis professionnel », lance-t-il fièrement comme quelqu’un à qui tout réussit. La carrière d’Ezra aura commencé dans la cour de récré. « J’avais 14 ans. Un copain s’est mis à jouer un rythme avec sa bouche, j’ai trouvé ça
génial, alors j’ai commencé à m’entraîner dans ma chambre. » Ce n’est qu’après avoir mûri sa culture musicale (Kila Kella, Zap Mama, etc.) qu’il franchit le pas, sans jamais avoir appris la musique. Il monte une première fois sur scène en 2003. D.r.
Trois sons en même temps
Aujourd’hui, Ezra maîtrise des centaines de sons et variations. Des percussions bien sûr, mais aussi des instruments et une multitude d’effets, de la réverb à la pédale wah wah… « J’arrive à produire au maximum trois sons en même temps. Les percussions avec la bouche et la basse que tu fais venir du nez… Il faut savoir gérer sa respiration car certaines sessions durent parfois un quart d’heure. Quand je suis seul sur scène, j’enregistre un premier rythme que je fait tourner en boucle, puis je procède par strates jusqu’à composer le morceau dans son intégralité. » Et l’avenir assurément composera avec Ezra. Bientôt, il devrait retrouver ses collègues des Fabulous Trobadors et des Saïan Supa Crew dans le petit monde des “boîtes à rythme” professionnelles.
Le calendrier d’Ezra Tout en continuant d’animer des ateliers de beatbox dans tout le Grand Ouest, Ezra doit faire face à une actualité chargée : - le 21 octobre : création à la Villette (Paris) avec l’Angevin Kwal - le 29 octobre : concert avec Nouvel R à Saint-James (Manche) - les 18 et 19 novembre : festival Bebop au Mans - le 26 novembre, Ezra organise le “Beatbox West Contest” à Rennes, premier rassemblement de beatboxers français… en attendant les championnats de France qu’il espère pour le début de l’été 2006
Samuel Lebrun
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ik Zik par B-bô
Made in Angers
(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)
La première galette de
E photo Simon Jourdan
n septembre 2005, le duo angevin a sorti son premier maxi sur le jeune label Hérisson records. Un maxi quelque peu éloigné de leurs prestations live. Sur scène, les deux acolytes distillent un son proche des 80’s, revendiquant comme influence des groupes tels Vive la fête ! ou New Order. Une électro-pop minimaliste flirtant parfois avec la new wave. Rythmes élégants et mélodies «poppies»
Bed and Breakfast (Hérisson records/Hérisson records)
Après s’être produit dans des clubs (Jungle Jane à Angers, le Privilège à Nantes), des soirées alternatives (USF, Techno Trafalgar, Cinétic, The Little Friends…), comme des lieux institutionnels (Chabada, Lieu Unique), les Bed and Breakfast se lancent dans l’aventure discographique…
Sur ce maxi, tous les morceaux sont accompagnés de textes naïfs et amusants, habillant avec grâce une house terriblement sensuelle. Ce disque se révèle être un subtil dosage de rythmes élégants agrémentés de mélodies “poppies”. Au final, ces quatre titres sauront plaire tant aux amateurs de pop novatrice que de house music. Pas le temps de s’endormir sur leurs lauriers, les Bed and Breakfast travaillent d’ores et déjà sur un maxi vinyle aux sonorités plus orientées “dance-floor”, dont la sortie est prévue pour 2006. Version orchestra
Entre-temps, il leur faudra mener à terme d’autres projets. La formation Bed and Breakfast Orchestra (Bed and Breakfast + 1 violon alto + 1 violon + 1 scratcheur) devrait bientôt assurer ses premières représentations. La création d’une scénographie - qui fait souvent défaut aux formations électroniques - adaptable aux différentes configurations de scènes, devrait ainsi se finaliser prochainement.
Sonar # Le maxi de Babette et Bouchon, Droguerie, est à l’écoute au Donald’s Pub et au Café du Jour. Contact au 06 18 06 24 48. # Après la sortie de leur 1er album, Signs for the sigh city en juin dernier, retrouvez le rock mélodik angevin de Vesta Kom X, en résidence les 19 et 20 novembre à Noyant-la-Gravoyère. Plus d’informations sur le www.vestakomx.com. # www.zicorama propose une mine d’informations inépuisable sur les groupes, les concerts et les festivals dans le département. # Indispensables, clairs et pratiques d’utilisation, www.infoconcert.com et www.concertandco.com répertorient les concerts partout en France.
C’est à Astropolis à Concarneau (Finistère) que s’est déroulé l’un des gros évènements musicaux de la saison festivalière. Le groupe punk-rock emblématique des 80’s a fait son retour sur scène. Pour ce deuxième concert (après un passage mémorable aux trans’musicales en 2003) depuis l’arrêt du groupe en 1993, quelques milliers de personnes attendaient de revoir le groupe Bérurier Noir, ses textes libertaires et rageurs sur des rythmes endiablée. Une débauche d’énergie assurée par toute la “raïa bérurière” a enflammé les esprits d’un public a priori plus amateur de musiques électroniques. Esprit subversif et révolte, forever
A contrario d’autres groupes de la même veine musicale et de la même génération (Sex Pistols en 1998), ce retour sur scène était motivé par
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Nuits Toucouleurs :
de l’Afrique à ici, de concert Il y a des rendez-vous annuels qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. Les amoureux de la musique africaine trouveront encore une fois le moyen de repaître leurs oreilles de sons du continent noir lors de cette nouvelle édition des Nuits Toucouleurs. L’association Flux propose, du 14 octobre au 6 novembre, une quinzaine de représentations de groupes originaires de l’Afrique noire (Burkina Faso, Congo, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal). Ces concerts seront visibles et audibles dans différents lieux d’Angers et de ses environs.
Par exemple, le nouveau café-concert d’Angers, le T’es rock coco, proposera une “semaine Afrique” autour de trois spectacles. Le Chabada sera également de la partie en proposant deux soirées les 17 et 22 octobre. On notera les premières représentations d’une création franco-malienne appelée Koto Canté, aboutissement d’une résidence de création où se sont rencontrés artistes maliens (vieux Kanté, Ali Dembélé et Missa Koné) et le groupe angevin Lustro (avec la voix enchanteresse de Loredana Lanciano et son pendant sonore Mattieu
DVD musical
Dans la vapeur et dans le bruit (Les associés du réel/ Wagram)
P
our ceux qui n’ont pu se rendre les 16, 17, 18 décembre 2004 au Chabada, une session de rattrapage est toujours possible avec la sortie du double DVD Dans la vapeur et le bruit. Si le support médiatique n’est pas à même de reproduire les effluves, le son, l’ambiance du concert dans votre salon, il n’en présente pas moins de nombreux avantages... Rythme étourdissant
Dans la vapeur et le bruit : le titre du dernier opus des Saumurois porte bien son nom. Le premier DVD est la mise en images de leurs derniers concerts.
D e l a u n a y, NDLR). Le public aura également la possibilité de rencontrer certains de ces artistes venus d’ailleurs lors de rencontres dans les différentes maisons de quartier d’Angers. Contact : www.flux-ntc.com
Si le groupe a gagné ses lettres de noblesse sur scène, c’est en premier lieu dû à l’énergie qu’il dégage et transmet à la foule. En vidéo, on applique la même recette. Travellings, gros plans, multiplication des prises de vue s’enchaînent à un rythme étourdissant. La réalisation se révèle digne d’un studio de télévision. Car si la qualité de la matière première (la prestation scénique) est importante, la production audiovisuelle l’est tout autant. On ne peut que saluer les efforts fournis pour restituer au mieux ces trois concerts. THE clip avec Bernard Menez
Sur le deuxième DVD, la Ruda dévoile en quelque sorte son intimité. C’est tout comme si l’on feuilletait l’album de famille. Dix ans de vie commune, les galères, les petits bonheurs ou comment cultiver l’art de la joie. Vacances au ski, tournées, clips, interviews, enregistrements permettent à tout un chacun de rentrer dans l’univers du groupe. Une mention spéciale pour le clip de Riffifi chez les branques avec l’inénarrable Bernard Menez. Ce deuxième DVD est une mine de trésors pour les passionnés du groupe.
photo Delphine Legoué
des raisons autrement plus nobles que l’appât du gain : la présentation du label fondé en 2003 par le groupe, Folklore de la Zone Mondiale. Les jeunes groupes qui ont le privilège d’être soutenus par d’aussi illustres parrains ont en commun l’esprit subversif et la révolte de leurs aînés. Chacun dans son style musical (trance punkoïde pour Ethnopairs, trip-hop pour Barbirooza, dub’n’roots pour Junior Cony, électro hiphop pour Cellule X, rap manouche pour Hydra…), a su, sur scène, se montrer digne de reprendre le flambeau anarko-contestataire. Vive le feu ! B-bô Contact : www.fzm.fr
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afe des des sports sports Kafé
(Trois p’tits jaunes et le zinc mute en piste aux étoiles)
photo Al-Mayuk
Sportivement durable
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e façon générale et dans les sports collectifs les plus médiatisés, la vie des joueurs semble n’être rythmée que par les entraînements et les compétitions. Les pratiquants, souvent connus des foules, sont réputés inaccessibles et leur implication en qualité de citoyens se révèle pratiquement inexistante. L’agglomération angevine recèle cependant d’une exception voire d’un bijou avec le club de handball d’Angers Noyant. Cette structure sportive, administrée bénévolement, évolue depuis plusieurs années au plus haut niveau du handball français. Bien entendu, les joueurs angevins sont soumis aux exigences des sportifs de cette trempe : entraînements quotidiens, travail physique, récupération, compétitions hebdomadaires… Ce menu serait de nature à satisfaire l’appétit des plus voraces mais les valeurs du club soumettent les joueurs à des obligations extra sportives. Haut niveau et citoyenneté Chacun d’entre eux est ainsi investi de missions d’intervention dans des clubs de l’agglomération, de participation à l’animation sportive dans des quartiers populaires, de visites auprès de jeunes malades hospitalisés et de distribution d’aliments dans les structures des Restos du cœur. Ces contributions à la vie de la cité, instituées par le président Serex et l’équipe dirigeante, permettent aux joueurs de s’impliquer dans certains aspects de la vie de la cité, de sortir du cadre parfois trop étroit du handball. Ces actions visibles, régulières et mesurables, ne sont pas sans effet sur la jeunesse notamment qui se rend alors compte que sport de haut niveau et citoyenneté sont parfaitement et concrètement compatibles. Keller & co
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A la volée
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uel point commun existe-t-il entre Ronaldinho, l’homme football, et Antonin Artaud, l’homme théâtre ? A priori aucun. Toutefois, nombre d’intellectuels et d’artistes se pâment aujourd’hui devant la beauté de la pratique sportive. Avant, il existait un certains mépris des artistes envers les sportifs. Nick Hornby avec son livre Carton jaune, Mickey 3d et son Johnny Repp, les Wedding Presents et leur album George Best, Maceo un peintre angevin dont la muse est brésilienne et joue à Copacabana, ou encore Emir Kusturica et son film sur El pibe de oro (Maradona) sont parmi ceux qui n’hésitent plus à revendiquer leurs inspirations sportives. En revanche, l’inverse n’est pas possible. Le sport ne peut s’inspirer de l’art pour évoluer. Bien sûr, on pourra être tenté de rapprocher la gestuelle sportive, lorsqu’elle atteint la perfection, de la pratique artistique. Cependant, ce raccourci ne tient pas compte des motivations de ces deux disciplines.
Le sport, même pratiqué de la plus belle des façons, ne trouve sa finalité que dans la performance. Bien sûr, il y aura toujours ceux qui affirmeront pratiquer pour le plaisir. Le sexe, c’est les jeux antiques
Mais quelqu’un qui assure perdre avec plaisir est tout aussi benêt que Pierre de Coubertin et son naïf : « L’important est de participer ». Ce n’est pas un hasard si la devise olympique est « plus haut, plus vite, plus fort ». L’art n’a cure de la comparaison. Expression d’un sentiment, d’une émotion, il existe pour lui même. La différence qui demeure entre le sport et l’art est d’ailleurs peu ou prou la même qu’entre le sexe et l’amour. Nos amis du Real Madrid veulent faire l’amour à toutes les défenses du monde, ils se font baiser tous les week-ends. Le sexe, c’est les jeux antiques : tu es performant ou c’est la mise à mort. L’amour, ce serait plutôt les jeux apéritifs du camping des flots bleus : on ne gagne rien, mais on y est très bien. Aurélien
Mickaël Illes et Pierre Malfoy, deux des joueurs d’Angers Noyant qui s’impliquent activement dans les initiatives du club
photo S.J.
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normatik Informatik
(Medium qui permet d’automatiser et rationaliser toutes sortes de connaissances, ou de les anéantir en cas de bug)
Clic, cliC
Petite rando dans le maquis informatique Dans la masse de matériel informatique disponible sur le marché, il n’est pas toujours facile de faire le bon choix. Voici quelques petits conseils pratiques. La première étape consiste à évaluer le besoin (bureautique, multimédia, jeux en ligne…). Reste à se décider après pour un modèle portable ou fixe. Les possibilités en matière de fixe étant plus variées, c’est ce type de matériel que nous allons présenter. Les PC de marque sont constitués de composants de marque, souvent plus chers. En cas de panne il faut les remplacer par des composants identiques et donc plus onéreux. Ces machines sont très souvent livrées avec des logiciels, leur permettant de fonctionner dès l’achat. Au moins aussi performant
Les PC assemblés sont formés à partir de composants standard, plus faciles à réparer. Bien conçus, ils sont au moins aussi performants que les PC de marque.Vous pouvez également obtenir une configuration très précisément conforme à vos besoins (en général les entreprises de montage conseillent avec talent). Ces ordinateurs sont souvent moins chers, mais vous ne disposez d’aucun logiciel. Il vous faudra donc installer vous-même le système d’exploitation et les autres logiciels pour les faire fonctionner. Des opérations relativement simples…
Quelques conseils C’est votre utilisation qui doit déterminer le choix du matériel. Voici, pour information, quelques “utilisations types”. Pour les jeux (les derniers sortis en tous cas) et le montage vidéo : tabler sur un processeur haut de gamme, le plus performant possible. Pour le montage photographique, le traitement d’images ou de sons : choisir un processeur grande puissance, milieu de gamme. Pour internet, la messagerie ou la bureautique standard : préférer une faible puissance, entrée de gamme.
Deux programmes sympas VLC Media player permet de lire les principaux formats audio et vidéo (Mpeg-1, Mpeg-2, Mpeg-4, DivX, AAC, MP3, OGG, AVI, WMV, MOV…). Avantages : gratuit, peu volumineux et peu coûteux en puissance, ce programme fonctionne sans codecs (un luxe dans la jungle des formats vidéo existants). Pop up stopper free edition évite l’apparition des pop-up sur le net et permet de surfer tranquille.
Avantages : vraiment très simple d’utilisation et gratuit.
Lexique Codecs : ils gèrent la compression de la vidéo pour qu’elle soit plus facile à utiliser et à stocker, ainsi que sa décompression pour la lecture. Pop-up : c’est une fenêtre informatique qui apparaît lorsqu’on surfe sur internet, souvent pour afficher un message publicitaire.
Sites à visiter http://www.01net.com Un espace qui en plus de proposer des infos, des trucs et astuces… sur l’informatique, propose de télécharger gratuitement ou d’essayer pendant une période donnée des milliers de logiciels en toute légalité ! http://www.absoluflash.com Des centaines de petits jeux, plus ou moins intelligents, certains frôlant même le débile. Marrant ! Rubrique réalisée par Benjamin Thibaudeau
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Ludik
(Relatif à toute activité non imposée générant un plaisir non dissimulé)
Jeux de société Jeux vidéo
Fan des années
Jeu de Go
80
On connaissait déjà le succès incommensurable des “Gloubiboulga nights” et des soirées “rétro”. La nostalgie des années 80 a suscité bon nombre de nouveaux produits, jeux vidéo compris. En toute logique, Infogrames a récemment réédité l’Atari 7800. Son nouveau nom ? L’Atari Flashback. Proposée avec 20 jeux (Asteroids, Saboteur, Breakout, c’està-dire le ping-pong et le casse-briques) et deux manettes qui feraient pâlir de jalousie nos joysticks de PS2, la console est vendue à moins de 30 euros. Bien entendu, beaucoup de rabat-joie vanteront les mérites des émulateurs que l’on trouve à foison sur le net. Mais le must de cette console réside autant dans ses jeux que dans l’objet en lui-même, qui ne sort pas d’un vide-greniers et qui marche ! Alors, adeptes du pixel géant, prenez quelques amis, nostalgiques de préférence, un bol de cacahuètes, une petite télé (d’époque si possible) et votre Atari Flashback vous comblera de bonheur ! Laurence Mijoin
Nombre de joueurs : 2 Durée approximative : 1 heure Prix indicatif : de 25 à 70 euros
Le jeu de Go est né en Chine il y a plusieurs milliers d’années. C’est l’ancêtre des jeux de stratégie. Mais cette vénérable activité est toute neuve dans nos pays, et sa pratique en plein développement. Comme tous les bons jeux, comprendre les règles prend quelques instants, puis chaque partie apporte ensuite son lot de nouveautés…
Wanted Editeur :Tilsit Nombre de joueurs : 4 à 7 Durée approximative : 45 minutes Prix indicatif : 20 euros
La loi du Far West est impitoyable. Dans Wanted, chaque joueur incarne un personnage (avec une capacité spéciale) et un rôle secret. D’un côté, on trouve le shérif et ses adjoints, de l’autre des hors-la-loi, et au milieu de tout ça, se cache un renégat. Au début, tout le monde se regarde en chien de faïence. Mais quand les deux camps se dévoilent, tout le monde se tire dessus !
Les Aventuriers du Rail Editeur : Days of Wonder Nombre de joueurs : 2 à 5 Durée approximative : 1 heure Prix indicatif : 40 euros
Découvrez ce jeu qui fait le tour du monde des prix ludiques (jeu de l’année en France, en Allemagne…). Votre mission : relier les grandes villes des États-Unis pour réaliser vos objectifs. Mais vous pouvez aussi mettre des bâtons dans les rails de vos adversaires… Un jeu aux règles simples mais terriblement efficaces, idéal pour jouer en famille ou entre amis. Chroniques réalisées par Bruno Béchu et M. Patate
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ectures Lektures
(Romans, essais, magazines et autres aubaines de se faire la belle)
Au crible
Chroniques
Roman Paul Auster, Brooklyn Follies (Actes Sud, 2005)
Lovecraft,
le maître du récit fantastique
Un cancer en rémission, Nathan Glass a décidé de finir sa vie à Brooklyn, quartier populaire de New York. Mais l’existence de cet ancien assureur de Manhattan prend un tournant inattendu lorsque, par hasard, il revoit son neveu dans une librairie. Tout commence alors. L’envie d’écrire. L’urgence d’aimer. Et les rencontres accidentelles. Car Paul Auster aime ces coïncidences, toujours sous-jacentes, à l’origine des mouvements de l’existence. Ce n’est jamais la force des choses que l’auteur américain s’emploie à scruter mais leur nécessité et leur force créatrice. Et l’Amérique dans tout ça, s’en sort-t-elle ? Dimitri Perraudeau
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eut-on reconnaître le talent d’un homme malgré ses penchants racistes ? Peut-on tenter de comprendre - sans excuser - les raisons qui l’ont conduit vers la xénophobie ? Howard P. Lovecraft, auteur américain né en 1890 et mort en 1937 dans sa ville natale, Providence, conserve pourtant son autorité de maître initiateur du récit fantastique. Ses nombreuses créations, parmi lesquelles figurent le Necronomicon, livre maudit fait de chair et de sang, et le mythe de Cthulhu, ont pris place au sein de Mère Réalité. Ses écrits, sombres et remplis de ses propres peurs, sont sans équivoque. En quelque sorte, une vision prémonitoire du “no future”. Cette fatalité, cette peur de l’inconnu, ainsi qu’un conditionnement ultra-puritain l’ont amené à faire fausse route, chose qu’il commencera à réaliser juste avant sa mort, en apprenant les horreurs de la répression instaurée par Himmler en Allemagne. Lovecraft n’a jamais joui de sa notoriété, ayant choisi de vivre en ermite depuis son plus jeune âge, comme le prévoyait le titre de sa première nouvelle, The Beast in the cave. Preuve que la médiatisation peut aussi avoir du bon. Laurence Mijoin
Essai Philippe Grangereau, Au pays du grand mensonge (Editions Payot & Rivages, 2003)
Visite de la Corée du Nord, dernier sanctuaire d’une dictature de modèle stalinien, pays du grand mensonge, du culte de la personnalité, des famines organisées, de la peur et de la répression. Cette autocratie quasi-ubuesque pourrait frôler le risible si elle n’avait pas conduit à la famine plus d’un million de personnes en dix ans. Avec la description de son voyage, le rappel historique et les témoignages, le journaliste aide à prendre conscience de la réalité de ce pays dont on parle très peu. Un livre paru en 2003 mais qui s’inscrit parfaitement dans l’actualité internationale du moment. Mélanie Puel
Des mots d’Angers Johan Bourret, Le camp des loups (Éditions France Loisirs, octobre 2005)
Simone Veil et Serge Klarsfeld ont fait part de leur émotion à la lecture de ce roman. Le camp des loups est le point final d’un triptyque signé Johan Bourret, un jeune auteur saumurois, qui conclut ainsi sa saga entamée en 1999 avec Quand les loups rôdent. Préfacé par Lucie Aubrac, ce livre qui raconte l’histoire de trois destins déchirés par la Seconde Guerre s’est vendu à 60 000 exemplaires. Sorti en 2003, Dans la gueule du loup rencontre le même succès. Rebondissements, émotions fortes et intrigue menée tambour battant sont de nouveau au rendez-vous de ce dernier tome. Olivier Juret
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kokin anuscrit kokin Manuscrit
(Aparté suggestif surpassant l’imaginaire masculin)
« Que cette femme est cochonne ! » lâche-t-il tout bas, les joues rouges de honte et chaudes d’excitation. Au beau milieu des légumes, il sent l’air passer sur ses chevilles tant son pantalon remonte haut. La chaleur électrique qui court le long de son dos s’écrase à grosses gouttes dans le circonflexe de ses sourcils. Jamais la marchande n’a exercé tant d’effet. Elle trône là, au milieu des tomates, des grosses courges et des œufs d’oies. Autour de son cou, pend la chose obscène : un homme à l’air béat et crucifié. Ses deux pieds joints trempent dans la moiteur que dégagent les deux seins lourds, retenus par un fin corsage ficelé. Les soubresauts de la femme le fait aller et venir au creux du vertigineux décolleté. Toute l’indécence du monde s’est donné rendez-vous en ce point précis. Le temps s’est arrêté pour lui seul. Derrière, devant et des deux côtés de lui-même, personne ne soupçonne ce trouble.
Le jeune homme plonge fatalement la main dans la poche de son pantalon. Elle était chaude et humide cette poche. A travers le coton fin, ses doigts tremblants saisissent le fruit défendu de son adolescence boutonneuse. Plus il fait chaud, plus il est rouge et plus ses doigts chahutent la verge folle. Érectile, elle s’épanouit dans tous les sens. La longueur et la largeur se confondent. L’envie de se répandre l’obsède tellement, qu’il lâche alors prise. Le gourdin devient furieux. Il cogne contre le slip bleu. Le gland tourné vers le ciel cherche la lumière. Rien n’y fait. A s’y méprendre, c’est là un coup de Satan. L’ énorme enflure fait, d’un coup, exploser le slip et la boutonnière du garçon. Et paf ! Le bouton de son Levi’s fend l’œil de la marchande en deux parties distinctes. L’effroyable scène met tous les vieux en alerte. Le garçon, honteux, mange ses doigts, l’œil rivé sur l’engin diabolique. Sa taille a triplé en quelques secondes. Ce n’est plus un sexe, c’est immonde. Il se sait la risée du village pour toujours. Il imagine déjà sa mère l’obligeant à inscrire “Bite de cheval” en lettres rouges sur sa carte d’identité. C’en est trop. A cette seconde, il conclut que sa vie ne se résumera désormais qu’en deux ou trois mots : “Grande bite” et “grande humiliation”. Alors, sous les yeux révulsés des badauds, il prend la première et étrangle la seconde. Son corps tombe, telle une pierre sur le sol boueux. A ce moment - cadeau de la vie et contre toute attente - de son pénis, jaillit du foutre à n’en plus finir.
Illustration : Adrien Albert
Madame Polly
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éklik Deklik
(Illumination verbalisée aussi soudaine qu’intuitive)
Notre deuxième Déklik ne pouvait se passer de Philippe Val. Et cela pour une bonne raison. Le thème de la presse gratuite nous est cher. Ayant nousmêmes fait le choix de la gratuité pour K.libres, nous n’avons cependant jamais fait l’économie d’une vigilance particulière à l’égard de ce phénomène. Néanmoins, si les gratuits nationaux peuvent représenter un danger dans leur captation de publicité vis-à-vis des autres journaux, reste qu’à une autre échelle (celle des associations qui veulent lancer une publication), la gratuité permet une souplesse financière et à terme, peut-être, une viabilité économique. Nous n’avons ni l’assise des grands groupes de presse qui flairent les opportunités du marché publicitaire de la presse gratuite, encore moins leurs objectifs de rentabilité et leur appétit financier. Notre impératif est tout autre. Il se réduit à la simple urgence de vouloir exister pour donner aux uns et autres la possibilité de s’exprimer. Or, Philippe Val, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, connu pour son engagement - et fort d’un discours sans concession - sur cette nouvelle façon d’informer, délivre un point de vue éclairant et précis sur le sujet. Il nous donne son avis sur la question en nous faisant l’amitié de nous confier la publication de cet article tiré de ses archives qui plus est et, pour la petite histoire, gratuitement… La rédaktion
Après Métro, Boulot, Métro, Quelle différence y a-t-il entre un journal payant et un journal gratuit ? La réponse, à première vue, est un paradoxe. Dans un journal payant, vous trouvez quelque chose de gratuit, tandis que dans un journal gratuit tout est payant. Démonstration.
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ans un journal payant, même s’il contient des publicités qui peuvent influencer son contenu, la rédaction jouit d’une certaine indépendance. Il lui faut parfois négocier, lutter contre la régie publicitaire du journal, mais il y a un rapport de force, et ce ne sont pas toujours les publicitaires qui en sortent gagnants. Il y a souvent des psychodrames violents, mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il reste encore beaucoup de journalistes qui refusent de céder au chantage exercé par les acheteurs d’espace. C’est parce qu’ils s’appuient sur le produit de la vente du journal que ce rapport de force est possible et tourne encore quelquefois en leur faveur. Ce qu’offre un journal payant n’a donc pas de prix : c’est une information gratuite en ce sens qu’elle est le produit d’un devoir d’informer et non d’une obligation de rentabilité. En payant son journal, on paye cette gratuité, cette indépendance relative, certes, mais réelle. Tandis qu’un journal gratuit, qui ne vit que de ses recettes publicitaires, ne donne rien. Rien n’y est gratuit. La publicité dicte sa loi sans aucune contrainte. La rédaction ne peut en aucun cas appuyer son indépendance sur l’adhésion d’un lectorat, puisque le lecteur, ne déboursant rien, n’existe pas. La gratuité d’un journal fait disparaître deux personnes : le lecteur, qui n’a aucun lien avec son journal, et aucun compte à lui demander — au nom de quoi critiquerait-il le cadeau qu’on lui fait ? —, et le journaliste, qui n’est que l’employé d’une régie publicitaire, et dont le travail ne doit en aucun cas nuire à la rentabilité de l’entreprise.
indispensable à tout citoyen qui veut se faire une idée du monde dans lequel il vit, et se déterminer au moment des échéances électorales. Voudrait-on que tout ce qui concerne des entreprises comme Alstom, par exemple, ou la SNCF, ou France Télécom, ou Vivendi, ou Elf, ou les chaînes de supermarchés demeure définitivement à l’abri de toute enquête ? Le jour où toute la presse sera gratuite, la corruption et la collusion entre les groupes industriels et le pouvoir politique seront multipliées par cent, et personne n’en saura rien. La seule chose qui changera, c’est que nous ne serons plus dans une démocratie, et que nous vivrons dans un régime totalitaire, où la censure sera exercée par les groupes industriels qui posséderont à la fois les moyens d’information et ceux qui y collaborent. Les journalistes ne seront plus que les attachés de presse et les cellules de relations publiques de leurs financiers. L’argument selon lequel les gens qui lisent les journaux gratuits de toute façon ne lisent pas de quotidiens, et qu’il vaut mieux qu’ils lisent ça que rien, ne tient pas. On dit même que ça éduque les jeunes gens à lire tous les jours un journal. Alors, il vaudrait mieux lire n’importe quoi que rien. C’est idiot. C’est faire de la lecture une valeur en soi, alors que la valeur, elle est dans ce qu’on lit, pas dans le fait qu’on lit. Sinon, à une époque où les Allemands lisaient moins, il faudrait rendre grâce à Hitler d’avoir publié son best-seller Mein Kampf, qui a incité toute une génération d’Allemands à se remettre à la lecture. C’est absurde. Le monde a tort
La censure des groupes industriels
Or les annonceurs publicitaires sont des acteurs de la vie politique et économique, et la connaissance des informations les concernant est
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Il vient de se produire en France un événement de toute première importance, qui annonce un redoutable changement de société. TF1 vient d’acheter pour 12 millions d’euros sa participation au capital du journal
Dodo, Métro, Métro* par Philippe Val gratuit Métro. A priori, tout le monde s’en fout. Le monde a tort. Car c’est le prélude à l’effondrement de la presse libre et indépendante, qui tient encore debout bien que ce ne soit plus la mode. Il faut savoir que, pour des raisons aisément compréhensibles, la publicité télévisée pour les journaux est interdite en France, ainsi d’ailleurs que pour l’édition en général. On imagine que si ça n’était pas le cas, les journaux qui auraient les moyens de se payer cette ruineuse promotion seraient les seuls, à leur tour, à pouvoir rafler le marché de la publicité. Mettez-vous à la place d’un annonceur. Si vous voulez vous payer des espaces de pub dans la presse, vous choisissez évidemment la presse qui elle-même fait de la pub à la télé. Les autres journaux verront s’envoler toutes leurs recettes publicitaires, et disparaîtront purement et simplement. Pour un journal indépendant, qui dépend à vingt ou trente pour cent de la pub, ce qui reste raisonnable et permet le rapport de force expliqué plus haut, c’est la mort. D’ores et déjà, il ne reste plus que deux journaux nationaux, en France, qui ne dépendent d’aucune recette publicitaire : Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo. Or, ni je pense Le Canard enchaîné ni Charlie ne souhaitent la disparition de leurs confrères, dont ils sont complémentaires. Premier acte d’une mise à mort
En janvier 2004, la France devra se mettre en conformité avec la directive européenne autorisant la publicité télévisée pour les journaux. C’est là que la prise de participation de TF1 dans le quotidien gratuit Métro prend tout son sens. Dans un avenir proche, Métro pourra faire sa promotion sur TF1, et les annonceurs vont évidemment acheter à prix d’or les espaces du journal gratuit, et comme les recettes publicitaires de la presse en général ne sont pas élastiques, les quotidiens payants verront leurs recettes s’écrouler. Sauf si, comme le journal Le Monde, ou comme Le Parisien, on a déjà pris la peine de pactiser avec le diable, en investissant dans les gratuits. Le Monde, qui, par ailleurs, a déjà des accords manifestes avec le groupe TF1, via leur collaboration avec LCI, sortira renforcé de cet assassinat programmé de l’information libre. Le premier grand perdant de l’affaire, sera précisément Libération,
D.R.
grand concurrent du Monde. L’entrée de TF1 dans Métro est le premier acte d’une mise à mort du dernier quotidien national du matin qui, comme par hasard, est de gauche. Le prix de la gratuité
Les intermittents du spectacle, les chercheurs, les architectes, les enseignants et les représentants des professions menacées parce qu’elles produisent dans la société un bien incalculable, qui est de l’ordre de la création et de la liberté, un bien qui relève de cette gratuité sans laquelle il n’y a pas de démocratie, devraient s’intéresser de près à ces problèmes qui recoupent exactement les leurs. Et le fait que les gratuits soient désormais régulièrement cités dans les revues de presse devrait les alerter. Il faut ne posséder que trois neurones qui se battent en duel pour ne pas comprendre que ce qui fonde la légitimité d’une rédaction, c’est de n’avoir de comptes à rendre qu’à ses lecteurs. Et que le lecteur n’a d’existence légitime en tant que lecteur que s’il finance l’indépendance de son journal. Et que les groupes tels que TF1 vont nous faire cadeau d’un journal gratuit sans rien nous demander en échange. En échange de mon petit torchon quotidien que je te distribue gratuitement, je ne te prends qu’un petit droit pour lequel tes aïeux ont lutté pendant plus de deux siècles : la liberté de la presse. Après l’avoir arrachée au pouvoir politique, maintenant, il faut l’arracher au pouvoir économique. Mais peut-être que tu t’en fous comme de ta première paire de Nike ? En dernier ressort, ce sont les gens qui trancheront, en restant fidèles à des vrais journaux sur lesquels ils pourront exercer leur esprit critique parce qu’ils les payent. Sinon, sans risquer de se tromper, on peut prédire que, dans un avenir proche, on va payer très cher la gratuité des journaux. *Charlie n° 588, 24 septembre 2003, page 11
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