www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux
A comme Amour au fil des jours Poèmes Recueil 13
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A comme Amour Poèmes recueil 13 2017
Préfaces Cerner à quel genre poétique appartient l'univers de James Px., le rattacher à une école qui serait peut-être proche du surréalisme serait être réducteur et injuste. Le talent poétique de James est de nous amener à la frontière de l'invisible, dont il est un explorateur enivré, « D'un monde étrange dans lequel il se sent bien. » (Dixit l'auteur). Le poème café est un remarquable exemple de cette dérive de mots dans un imaginaire fastueux, où les métaphores défilent, paysages fous où le feu côtoie la neige, les océans les nuages et l'ivresse nait sous nos yeux, inoubliable alcool de mots qui pénètre dans nos corps, par l'incantation voluptueuse de tous nos sens. Il y a cependant un fil conducteur entre tous ces poèmes, une trame où l'on retrouve sans cesse abordés les thèmes de l'amour, de l'imaginaire, de l'enfance et cette indestructible neige qui hante ses poèmes et jalonne les voyages de sa propre vie. Ne passez pas à côté de cet univers si riche qui nourrira votre imaginaire au point de vous donner l'envie de devenir l'artiste de votre propre œuvre. Elisabeth Mesner Lectrice assidue de ses textes, je n’hésite pas à le qualifier d’auteur aérien tant il embrasse tous les thèmes. Un paysage, un regard, un parfum, un mot…. Tout devient prétexte à l’écriture et la banalité se trouve transfigurée sous sa plume car James fait se juxtaposer des réalités même diamétralement opposées. Pour le lecteur c’est la naissance d’images plus que surprenantes et on se laisse aisément emporter par son style. Nadine Tabère
À propos de ma poésie La poésie est dans mon corps Né quelque part en Savoie, j’habite désormais dans le Var. Ces espaces de liberté comme la montagne et la mer, comme ses éléments naturels la neige, le sable, le soleil, le vent, le froid, la chaleur, la forêt, l'herbe et les fleurs, comme la couleur et la lumière m’ont nourri abondement les yeux et le cœur...
J’ai fini par attraper un virus, celui de dessiner et d'écrire partout et n'importe où pendant mes heures perdues et trouvées. Lecteur, je vais vous faire une confidence, comme j'ai du mal à gérer ma ponctuation lorsque j’écris de la poésie, je n'en mets pas. Je me dis souvent à l’oreille, qu’un texte c’est comme une peinture, je ne dois pas le figer dans un cadre mais lui offrir une évasion expressionniste voir surréaliste ; où vous, lecteur, vous vous sentirez presque à la maison et son interprétation évoluerait selon votre nature psychique et sentimentale du moment. Je crois que le son, l'harmonie, le rythme et le sens du texte doivent être libres d’interprétation ! Il y a aussi pour moi le côté esthétique du texte qui est primordial et la ponctuation ne lui va pas ! Je parle pour mes poésies et non pas de ma prose et de mes nouvelles. C'est comme pour les rimes, souvent je reste dans un état de grâce, de transe et je me laisse emporter… J’oublie volontairement la mécanique comme seul pouvoir ; ce pouvoir « d’école classique » me coupe souvent l’herbe sous le pied et me fait perdre l’équilibre ! Et c'est dans mon équilibre musical et de sincérité brute que j'essaie de transcrire mon âme en conciliant l’intellect et la sensibilité, l’intuition et le calcul, la métaphore et le figuratif. Bien que j’aie une grande compassion à l’égard de l'homme, je ne perds pas de dévoiler mes confidences personnelles. Je suis un homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours, ses rêves et ses peines. On imagine on échafaude on théorise Et puis il faut confronter tout cela à la réalité C'est à ce moment-là que les poètes bâtissent des révolutions S'accrochent à la muse de chair ou d'air Presque tous les poètes en ont besoin Des révolutions tout droit sorties des laboratoires Que se passera-t-il demain Pour le savoir vivons l’expérience d'une révolution Choisissons la nôtre et ouvrons les portes La poésie est une suspension qui éclaire le monde
╭∩╮(︶︿︶)╭∩╮ Pour l'année 2016 et pour celles qui suivront c'est toujours bon de s'impliquer au moins moralement envers ceux qui n'auront pas ma chance celle de pouvoir tendre l'oreille d'écouter de raconter de rêver d'aimer toutes ses choses vivantes et essentielles à la vie d'aider comme on peut même qu'une pensée aide si l'on croit à la réciprocité car nul n'est à l'abri du pire comme du meilleur
Jour blanc La vérité est dans la neige Comme la neige est dans mon sang Je m'approche et je glisse dessus Je n'ai plus de stress Mes traces ont disparu dans le velours blanc Le soleil a peint mon visage Et à nouveau joue à cache-cache Entre les pommes de pin et les crêtes Peu à peu les flocons suppléent les rais Dans un bal de sens affranchis S'étale le jour blanc Et s'immerge à mon sang L'ivresse Des lueurs orange viennent clore le jour Le feu chante une dernière fois La page se tourne -1-
La nuit tient l'équilibre Sur son lit de douleur Elle écrit de petites chansons Avec les maux des autres Debout dans le noir Elle n'a plus besoin de se battre avec son corps Sa voix ne la fait pas souffrir Et ses oreilles entendent davantage Elle commence par une chanson a cappella J'ai traversé toutes les ombres noires Me voilà face à la misère en manteau chic Nous n'avons rien à perdre sauf la liberté Désormais tu me fais mordre l'essentiel Nous voilà face à l'ombre bleue Dans une chasse furieuse à la vie En humant sa peau blanche et amère Je compose un nouvel air Et glisse entre son rouge baiser -2-
Le monde entier qui a été défiguré Le vide immense qui nous reste à combler Et si encore une fois Elle sentirait le vertige l'abattre Quand elle me tient comme ça Les mains ferment dans mon dos Elle ne tomberait plus La nuit tient l'équilibre
« La poésie voit tout y compris ce qui est invisible. » -3-
Vis-à-vis Vous ne pouvez pas me voir de là Où je me regarde en moi Pour accepter la vie Dites-moi Ne faudrait-il pas Que la vie se change en neige Que la neige se change en eau Et que l'eau se change en mémoire Toutes mes pensées Saines et troubles Tout ce que j'écris Avec et sans lumière Se posent et se métamorphosent Sur le versant caché de la forêt des songes Où je viens évacuer ma peine Loin de l'asphalte Proche de la combe vierge -4-
Où je viens écouter le silence Qui s'insinue à mes veines Au hasard des rencontres J'accepte la vie Et je peux la voir de là Où elle se regarde en elle
« Il y a moins de mots dans le Larousse que d'êtres humains... Aux poètes d'en créer l'émergence par leurs sensibilités et autres détours... » -5-
Goutte à goutte Jambes écartées Entre deux sentiments L'espoir et la crainte Assèchent l'évasion Je tends les bras à l'eau du ciel Vers le sol qui m'a vu naître Où la dernière fleur du jour Envahie par l'herbe folle M'embrasse et sanglote N'y entendre goutte Mes lèvres se ressourcent Ma langue récolte son parfum Et mon cœur desserre l'aube Elle tombe dans mes yeux Et pollinise la pureté de l'instant Mon amour offre-moi ton sein -6-
Un gène ou deux Toute substance illicite est la bienvenue Lorsque par chance Sa fumée douce m'échappe Sans qu'elle m'oublie Une continuité Une unité Je considère la figure ci-contre Fleur bleue de la nuit Elle a des pétales Que je peux épétaler Me place dans son repère Considère deux points Finalement Je calcule les coordonnées du milieu La théorie du genre Ou le monde rêvé des anges Il y a toujours un père Une mère -7-
Je ne sors pas du néant Je m'approche de l'extravagance L'émotion est mon eau forte Et mon trouble ne se filtre pas À l'élégance rêveuse Je ne me laisse pas abandonner Même seul en ma compagnie Argument valide C'est l'admiration qui m'émeut L'allégorie s'impose à moi Elle est le lieu de la révolution De l'amour de la lumière Je renouvelle l'appréhension du réel Lieu favorable À l'exercice de mon secret Un gène ou deux Pour vivre heureux Avec les mots Avec elle
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Figure d'une hypotypose L'hexagone comme le monde dérive Sur le flanc hostile À la démocratie Celle des lois Appliquées et inventées Par la seule plume Dont l'homme possède À son insu Le miroir réfléchit La peau de ses crimes Jusqu'alors inouï Entre vous et moi Elle vit Sur tous ses cadavres Où glissent encore Le sable de l'allégorie De la vallée de l'ombre Celle de la mort -9-
Inexorablement Sentiment de désolation Sur le champ de mars Où le temps lui aussi S'aliène à la folie Ma tête Se démêle et se confond À l'absurde À tous ses boulets Aux courbes ensanglantées Elle est une survivante Une messagère et rien d'autre À la fois libre et condamnée
« Le vide est une substance illicite. » - 10 -
Peut-être L'aurore s'approche Encore une journée Qui veut changer le monde L'envie passe Comme toutes ses heures blanches Chargées de nuages Tantôt blancs tantôt noirs J'écris dans un état normal Assoiffé de vie Rêve banal Écrire est un acte d'espoir Je suis dans le flou Traverse des nuages Une maison jaune Aux volets verts et gris Je vois tes mains Dessiner un calligramme Tu sais tu me fais rire - 11 -
Je sais le monde est rempli de bonnes personnes Je me retourne vers toi Tu oses m'aimer La raison est un grand cœur tendre Avec le soleil et les chiens J'irai te cueillir Un bouquet de fleurs Sur la colline des roses rouges Face au rond point Des anciens combattants
« Vous écrivez si bien que vous me donnez envie de rendre ma plume au premier pigeon qui passe. » - 12 -
Délire J'ai l'impression de perdre mon temps De ne rien retenir De ne rien comprendre Moi qui n'aime pas lire Je vous conseille le contraire Pour me détacher Je m'attache à lire Son abus est une source de lumière Pour porter des verres progressifs Se laisser pénétrer par l'abondance Pour mieux la filtrer Lire protège Moi qui essaie d'écrire de la poésie La rue est noire je marche seul À l'angle mort Une enseigne lumineuse Des notes de musique une voix - 13 -
Encensent ma vie Lire est doux Ce soir la pluie donne du relief Des flaques d'eaux réfléchissent Pour comprendre l'autre Et ses hiéroglyphes J'appelle Champollion Il est sur répondeur Lire est une aventure J'écoute le vent M'approprie quelques images Rejoins le toit du monde Par le colimaçon tournoie en spirale Et évite le ciel plein de corbeaux Lire c'est voyager Je laisse derrière moi quelques refrains Toutes ses ombres qui se promènent Le long des murs Pour m'endormir avec quelqu'un de différent Une voix me souffle De ne pas me laisser infirmer Ni par l'autre ni par moi Lire libère Ma prose est un arc indéfiniment tendu Et si quelques flèches survolent mon aire Aucunes m’atteignent Dans la folle ignorance Blessé je l'ai été Lire soigne
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Au-dessus du chapiteau en pierres bénites Ni anges ni démons Un va-et-vient s'immisce à la chair complice Monte et descend un éléphant rose Sous la voûte du saule pleureur Une minuscule lueur lunaire Lire console La brume a recouvert ma nuit blanche D'un manteau suave Je rejoins avec Morphée Mes souvenirs oubliés Et me repose entre deux feuilles écrues Entre liberté et enfermement D'où me vient cette mystérieuse sensation De déjà lu
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Une porte s’est ouverte Une voix douce Aussi vive et légère Qu'une demoiselle Une perception Qu'elle entremêle Une main la décale Sur la voie de l'absurde Pétrie d'anxiété Condamnée au silence Presque expiatoire Dissidente Sur l'air volage Ses yeux voient loin Comme un marin Met au point sa longue-vue Vers l'île au trésor Elle aime la sombre douceur - 16 -
Du corps masculin Tout cela remonte à bien longtemps Quand son panier était rempli De dattes et de roses Le lit couvert de pollens Où la bise transportait Le parfum de ses nuits passées Au cœur du cercle De ses chuchotements Son encre bleue Est le flot de ses émotions Son vaisseau clandestin Les oiseaux les plus proches Sont à des dizaines de lieues Il n’y a qu'un mot sur terre Qu'elle voudrait posséder Dans la forêt des mots Sur la branche des je t'aime Jusqu'à l'impact Dieu que l'amour est rebelle Une porte s’est ouverte
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Aujourd'hui Avant qu'ils se tuent Tous les oiseaux de l'avenue Chantent les yeux fermés Tous leurs post-scriptum Les croyants tombent des nues Il y a ceux qui sont bons et justes Il y a les fourbes les arrivistes Les salauds et tous les autres Je voulais être sans affectation Un anonyme Ne pas me prendre la tête En dépit de la brume à l'horizon La clarté m'invite J'ouvre les yeux C’est la vie même qui me parle Elle a retrouvé la parole - 18 -
Envol d'un petit bonheur Suspendus à une branche morte Est-ce le moment De nous dire adieu Défions la terreur à pied d'œuvre Conservons le venin pour l'empoissonner Jusqu'à la prochaine équipée sauvage Toutes ses intoxications manifestes Polluent les reliefs du monde Bouffent la vie le goût de l'être L'odeur de la tourbe la fluidité Quand disparaît le sens des choses Il me reste le sens des mots Pour me déposer à l'endroit que j'ai choisi Proche d'une éclaboussure à la couleur franche Comme celle qui tapisse Les fibres de mon for intérieur Entre les senteurs de Provence Et le cœur des trois vallées - 19 -
Voyage à pas d'éléphant Croisons le bonheur au pied levé Préservons ses pas pour les partager La muse des neiges se dandine Sous un ciel bleu de Prusse Mes yeux s'adressent à la malice Face à la maison où j'ai grandi Au grand jour de notre complicité Tout est ivresse et onctuosité J'ai glissé sur toutes les pentes Encore vives dans leurs écrins Laissant mes mains sur le clavier J'ai écrit toute la nuit L'esprit dans le grenier de la lune Laissé mes mains sur son corps alcalin C'est le moment De nous dire à tout se suite Dans le jardin blanc
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Muse et châtiment Puis-je résister au chagrin Changeras-tu mes larmes en vin Il y a ce compte à rebours Le trafic arbitraire des muses Dès l'effleurement Elles rallument le feu Dans le livre virtuel Et tu attends l'obscurité Celle qui t'a touché Il y a ce sentiment indéfini Un soupçon de poésie Une infusion un clavier Une petite idée Voici l'heure musicale Qui embaume la nuit Irréversiblement
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Il y a ce chat noir à la fenêtre Qui ouvre sur le grand ouest Balayé par un vent humide L'attente a creusé Dans la chair une échappée La verge bleutée L'âme chante Puis-je résister au chagrin Changeras-tu mes larmes en vin
« Rien ne sert de crier si tu ne cours pas derrière pour ramasser les réponses. » - 22 -
Devant mes mots Regard incliné il s'écrit Sueur et mélancolie De la pluie des soupirs L'eau grise nos os Le temps n'a pas de pitié Entraîne nos corps vers le néant Dans le silence d'une mort annoncée Erreur de mise en scène Ou guerre civile Il n'y avait qu'elle Et ma honte Dans le ciel Une nourrice offre ses seins Poison ou vin Être sombre à jamais
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Elle coud sur le plancher des fleurs Parfumée de mille senteurs Essaye de se remémorer le passé La fenêtre attire son miroir Ouverte comme une rose Elle est sans pareille Dans l'apparente quiétude Brûle la nuit Devant mes mots Sainte lumière Elle ne s'est jamais échappée Même si elle n'a pas pu tout prendre
« Courir ou voler seule la destination compte. » - 24 -
Contradiction Regard vertical Du champ de blé aux étoiles « Bavérité » au coin des lèvres Chercherais-je le discernement Ma langue pointe vers l'orgie Glisse sur le sol Avec le blanc de la neige Le chemin de la raison Se dissout facilement La cime est toute proche Un pic où la poésie Est l'hésitante de mes clairs de lune L'amante de mes nuits fauves Cernes violets Lovés au cordeau Regrets et consolation - 25 -
M'emportent sur le souffle De la voix qui m'interpelle L'encre s'épuise Sur l'iris des contradictions Hier j'ai vu une lueur d'espoir Laisse-moi te regarder Sourire et pleurer Demain le soleil Nous éblouira de vérité
« La poésie est une présence des mots. » - 26 -
Streaming L'audace est nécessaire à l'ivresse Pour s'épanouir Ma main prolonge ce point de vue Accélère les particules Délivre les larmes De ses blessures du cœur De ses sentiments prisonniers Au diable le soupçon lyrique Une petite lueur sur les naufragés Le flux continue Même six pieds sous terre L'au-delà reste ouvert Aux réseaux clandestins Si vous me suivez du soir au matin Il est vrai que parfois Je me perds Mais plus tu creuses plus tu t'aères
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Du tien du mien des chiens Je retourne à la niche Aider les apprentis lecteurs À prendre confiance Il est l'heure Pour qu'ils ne me regardent plus Comme le loup qui regarde l'agneau J'ose vous dire À quoi bon de me lire Si vous n'écrivez pas la suite De la plus fausse À la plus vraisemblable Peu importe Ce que je sais C'est que les idées ne germent pas comme ça Si tu ne leur consacres pas Placidité et persévérance Avec ce qui me reste à vivre J'essaie d'autogérer ma sphère Face à cette putréfaction Livrée chaque jour Par le monde
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L'innocence Spotify se lève Deezer se couche La musique caresse mes sens Ses mélodies figent mes absences Tant d'idées importantes me tournent autour Elles sont venues au monde Comme cet oisillon En équilibre sur sa branche Il y a tous ses malentendants Qui écoutent ronfler leurs discours Dans un paysage à la figure décomposée Je distingue l'aveugle Au milieu de son champ d'honneur Qui suit le ver luisant Sans saisir son stratagème Un petit oiseau Courageux et innocent - 29 -
Suivi d'un vieux rapace Fourbe et méchant Vous n'allez pas me dire Tout le monde vole de la même façon L'innocence n'est pas une chair noire
Hommage aux victimes de l'attaque chimique à tous ses innocents qui tombent chaque jour
« Et si la poésie était l'arme fatale contre le désenchantement actuel du monde. » - 30 -
Dilemme Le carillon a du fil à retordre Ce que j'ai voulu taire Cette nuit je l'ai entendu Pour bien vivre Tu ne dois pas penser à la mort Difficile Elle m'accompagne Une présence qui m'aide à croire Le long des sentiers glacés Poumons purifiés Proche du Penseur Une absence un ailleurs La tête dans les cirrus Pour oublier Coexister
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Apprendre à respirer Avant d'apprendre à mourir La voix des cieux La mélancolie me regarde Sans tout à fait me voir Je tombe le masque Rentre en création Il y a ce passage noir Qui me plonge dans une tragédie Mélange de naïveté Parfum d'utopie Qui nous manque si cruellement Et si la poésie était l'arme fatale Contre le désenchantement Actuel du monde libre Rêver encore Écouter les échos de la vie Qui n'a pas envie D'être sur le chemin Le chemin d'un ange Je rentre dans ses yeux Très grands C'est une capture vert-noisette Voilà ce qui me fascine L'émotion
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Ineptie J'entrevoie encore Quelques corridors terrestres Un désert froid Un corps solide et résistant Le pied sur un pâturage de lichen blanc Indispensable pour ses rennes Un désert chaud Un corps agile et léger Les yeux fixés sur son bétail Indispensable pour sa famille Aux confins la maîtrise de la vie Est le garant de la survie J'entrevoie encore Quelques îles suspendues Mais le facteur du coq est mort Avec son béret en tartan Rejoindre le timbre de sa voix Avec l'élu à la case vide - 33 -
Un dernier message conscient Nous avons ce trésor infini Et tout ce que nous savons créer Sert au pillage Ici-bas une poignée de dollars Suffit pour vivre un vrai cauchemar
« La poésie est un rempart contre les forces de l’insensibilité et l’abrutissement. » - 34 -
Où sont les mouches Sur une passerelle en fil d'or et de soie Riche abstention je ne serai plus avec toi Par le bris du miroir de la vitalité J'ai vu tant de pauvreté pour ne rien cacher Des jours immobiles qui deviennent des nuits Des milliers d'ailes chastes déjà avachies Des vies fantômes sans l'ombre d'une jouissance Il y a la silhouette aux longues fréquences Avec ses mensonges aux histoires vécues Et le jeune énarque à la langue bien pendue Je change de hauteur pour dépeindre la foule Une basse-cour où s'affrontent coqs et poules Cochon de l'espèce cheval de Troie d'ailleurs La faucille du paysan veut l'argent du beurre Et ses sots finiront borgnes ou cul-de-jatte Dans l'écurie des purs-sangs à grand coup de latte - 35 -
Au coin de l'assemblée un coiffeur chirurgien Coud la sainte perruque de Marianne en vain Sur le crâne élu le plus vieux sage en déplaise Et ses bigoudis à la comédie française Dit petit prince dessine-moi un mouton In fine je voterai sans grande illusion
« Tout est bon dans la poésie... Si l'on sait lire les pensées de l'auteur. » - 36 -
D'un printemps à l'autre Loin du vivier de l'horreur Porté sur le talisman des heures Au bout de son smart phone Mon cœur en détresse sonne À la vie à l'ivresse Fleur de lune et d'épice Au regard d'un caprice Couleur chair brune L'émotion tremble Nous sommes déjà en mai Folie la neige s'est invitée Sur le vent tiède de nos corps Le temps s'édulcore Vogue l'oasis du vaisseau Sur l'écume du renouveau Où ses chansons parcourent La voûte de mes sens nuit et jour - 37 -
Avec ce qui ne peut plus être séparé Bercent l'homme dressé Sans fausses notes ni colères Message personnel Je ne suis rien sans elle Et je franchis gonflé d'orgueil L'aube de ses frontières L'œil éveillé sur ses peintures Le temps c'est de l'aventure Petit à petit j'entends le son Perdu au sceau de son nombril À peine précipitée Sur la voie ombragée Ma flûte boit ses larmes d'avril Charmée par le génie La libellule s'envole bénie Demain nous nous élèverons Sur les bassins dévastés Avec les mots qu'il nous faut S'il existe d'autres horizons Et bien nous verrons Le temps c'est de l'amour
- 38 -
Point de vue Au bord de la cage L'amour de l'animosité Est la singerie de quelques aliénés Nourris d'agressivité Qui rêvent de devenir les sauveurs De l'humanité De manier le fouet de la peur Jusqu'à l'insoutenable De mettre la main entière Dans le sac de l'opulent Pour apprivoiser l'oublié Et lui arracher le cœur Je me griffe Regarde Intensément Rêveusement L'intelligible Pour voir vraiment - 39 -
Le sens visible de la vie Un bon poète Est plus utile Qu'un mauvais politique
« Le beau comme le laid s'écaillent si la pommade n'est pas naturelle. » - 40 -
Un dimanche à la campagne Troublé par l'ondée verticale Encore un matin Qui berce les tuiles de l'euphorie Un réveil immortel Pour les gastéropodes Les rainettes vertes Les corbeilles d'argent Les sirènes oubliées J'entends à la gloire de mon père Les feuilles du chêne qui prient Les yeux face à terre La pergola en fer forgé Agiter son chapeau de paille L'épouvantail s'éventrer Sous les cris du merle noir Le temps change précipitamment Par-delà le champ d'honneur - 41 -
L'urne vient d'accueillir tous les nuages Les blancs comme les indécis J'entraperçois quelques insoumis Une mésange bleue se détacher du ciel Dont la plume a pris l'eau Un faisan en marche Saluer un chasseur Un seul remède Partir avec mon pigeon ramier Écrire à l'encre de seiche Mes affabulations Et souhaiter un bon dimanche À Madame l'éphémère
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Continue la vie À la veille d'un nouvel essor Proche de l'urne du crépuscule Lieu de cauchemar Chaque destin hésite encore Par tant de mouvement de dégoût Par les interstices Aucun oiseau en cage ne manque d'air Pour eux la liberté Se love au sein des verrous Ailleurs Songe à la nature Sur le clapotis du jour Condamné à l'amour L'arbre en fleur Célèbre ses murmures À bout de lèvre - 43 -
Et danse Ses feuilles dessinent Sur la nouvelle mosaïque Les ombres du bonheur Volubile Continue la vie
« La beauté c’est ce qui nous échappe trop souvent. » - 44 -
Inadvertance J'ai traversé seul la frontière Dans le silence du hibou Mes yeux restés derrière moi Achèveront mon périple émotif Dans ce pays géométrique À la luminosité romantique Où le soleil se baigne Dans le lac des cygnes L'extase sera-t-elle au bout du voyage Pour marquer le début d'une nouvelle page Il y a ce corps délicat Qui promet l'étoile de la nuit Travail achevé au pied du lit Des notes entrelacs Parviennent à l'oreille Le piano accompagne le violoncelle Tout devient universel - 45 -
La voix des draps annonce des averses Soutenues par une forte bise L'eau glisse sur nos joues Nos cheveux rejoignent Les branches centenaires du cèdre Dénicher l'havre de paix des nations unies Si j'avais eu envie d'être heureux Je ne m'y serais pas pris autrement La joie un moment A eu lieu Je m'accroche au cerf-volant Les racines dans le vide Le cœur gonflé comme la libellule À l'heure où la terre bascule Vers la pleine lune Je termine ce que je ne finirai Sans doute jamais Perdu au milieu des dunes
- 46 -
Au plus près de l'amour Ni seules ni mortes Belles comme la lumière Deux flaques d'encres nocturnes Ondulent sur les larmes D'une rivière d'or et m'emportent D'où vient cette brise légère Qui souffle sur nos pores Entre les mailles de la libellule Cet air d'espoir si tendre Loin des querelles Envolons-nous Élevons-nous Encore plus haut Avec tous ces nuages fraternels Libres et égaux reposons-nous Sur l'immensité d'une plaine À la singularité plurielle Au plus près de l'amour - 47 -
De zéro à l'infini Zéro Un numéro de série anonyme Quelques mystères Un élan promut Dans le système en marche Coordonnées tous azimuts Comme cette goutte d'eau Au milieu du désert Qui prend tout d'un coup Un poids infini Et t'aide à traverser l'enfer Même musclés de certitudes Ne choisissons pas la douleur Tentons d'inventer le réel En supprimant nos fantômes Un pied devant l'autre Le visage quelque part Au-delà de l'horizon - 48 -
Un coït avec le ciel L'amour dans les yeux Nous dénuderons l'air vicié Mettrons du rire dans nos colères De l'espoir dans nos vers Sur nous Tout le chemin Encore des chaînes Où commence la vie De zéro Les mains déliées Quelques convaincus Trop plein de certitudes Buveur de bière Haïrons notre logiciel Le pauvre gonflé d'orgueil Le riche menteur L'ogre adultère Avec ce goût de terre Qui nous rappellera Que le pas qui nous porte Est trop proche du gouffre Pour revenir en arrière Marchons Marchons ensemble Jusqu'à l'infini
- 49 -
Phénix ou dragon Il y a des peaux blanches voilées Qui défilent asservies... Comptez Face à elles un air vacillant En bas résille cheveux au vent De son aréopage il domine Ce serpentin de bandit vermine Représentant de l'obscurantisme Un faux membre d'SOS racisme La débroussailleuse débroussaille L'herbe folle en ordre de bataille Entre la fumée et les pollens L'orage sauve les marjolaines La vie n'est pas une série Télé, du vivre libre en esprit Juste la reproduction naïve De quelques mules roses furtives - 50 -
L'ascension a lieu à la cimaise D'un ciel gris et d'une terre glaise Annonce-t-elle la venue D'un archange ou d'un hurluberlu Où est la graine de nos ancêtres Qui s'empiffrera de tout son être De poissons gras d'endives sableuses De riz vert de salades pouilleuses Visite guidée sans bouger l'os La moelle épinière a la fosse Mince que ne faut-il pas se mettre Pour ne pas succomber, dans le ventre Vie éternelle de guerre lasse Furieuse de son indépendance La libellule n'est pas people Et ne rejoindra pas la coupole
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Nomade L'illusionniste Ne tire pas encore De plans sur la comète Le mouvement est à l'orée du bois Jour et nuit Tout rentre et sort Il n'y a que le fossile qui dort À l'abri du R.M.I L'arbre traverse le toit de la prison Cultiver la loi du soleil La peau de mouton du berceau Câline le ventre du nourrisson Le chien assis compte les étoiles De la constellation du Verseau Le jazz s'amuse Derrière le grillage d'un Lidl Loin de l'herbe plébiscitée Autour du feu - 52 -
L'enceinte pleure les yeux noirs La guitare suspendue À la branche la plus solide Se balance entre les doigts De l'éternelle liberté
« La poésie est une suspension qui éclaire le monde. » - 53 -
D'un arcane à l'autre L'ombre s'exhume des griffes de la nuit Rejoindre les étoiles les apollons Et toutes ses vagues vierges d'abandons Qui dansent sur l'onde des belles de nuit J'embrasse dès lors son visage d'airain Pour la réanimer au petit matin Heureux l'imago s'invite à la lumière Lorsque l'amour fou s'accorde sans chimère À l'extérieur des murs sous les ponts hors sol La peau des titans n'est ni morte ni folle La misère se patine avec le temps Du plus sensible au milieu du champ en pleure L'insensible caresse le sens bâtant Plié en quatre le trèfle perd ses fleurs Face aux ombres anesthésiées indicibles Et toute la crème avorteuse visible Meurent seuls trop de mains tendues de cœurs Malgré la douce montée des ascenseurs - 54 -
Des cartons de l'usure un chien une bâche Un chariot d'hyper une sombre gouache À quoi bon la vie la pluie ne mouille plus Pourquoi l'amour le soleil ne brûle plus L'ombre s'exhume des griffes de la nuit Rejoindre les étoiles les apollons Et toutes ses vagues vierges d'abandons Voilà l'intacte création de l’arcane Qui danse sur l'onde des belles de nuit Pour coulisser libre à leurs cous diaphanes
« La poésie est le fer de nos traits d'unions. » - 55 -
Dis-moi Dis-moi Dis-moi pourquoi Ne pas libérer Toutes ces notes bleues Qui gisent sur le corps blanc De mon piano accroche-cœur La fumée verte de mes pensées Ce jet translucide Qui à l'orée du bois Parfume l'eau vive D'une éclaboussure L'intimité des fleurs Dis-moi Dis-moi pourquoi Ne pas courtiser L'onduleux libre-échange L'animation mortelle De l'orchidée sauvage - 56 -
Sur l'air de mon oreiller La fragilité Même déguisée De ses yeux d'angelot Qui séduisent la colère De mes glorieux os Dis-moi Dis-moi pourquoi Ne pas adorer Le noctambule silence De la nuit Le désordre ordonné Du jour L'audace singulière et velours De ces instants À la liberté asservie L'âme du vent des libellules Les douze coups de minuit Dis-moi Dis-moi pourquoi Ne pas libérer Ne pas courtiser Ne pas adorer Dis-moi Dis-moi pourquoi Ne pas vivre La légèreté D'une dernière fantaisie Avant de refermer La dernière page De ma poésie
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Hors du temps Sang solitaire De l'étoile rouge Sur le vaisseau du monde Comme un chanvre récréatif Dans une sphère sous vide Où il n'y a pas de rêveur Ni de dresseur de lune Juste un apparatchik Au bout du pont Toute voie cherche la liberté Un dernier regard détaché Dépeint ses ecchymoses Où intrigues et abandons Ont recouvert de lichen L'arbre de sa vie Sentirais-je l'incarcération Attendrait-elle la communion - 58 -
Brûlante à l'agonie D'un bouquet de mémoire Comme une abeille Dans une nature Où il n'y a plus de fleurs Ni de ruches écarlates Juste une tour sans fenêtre Au bout du champ des morts Toute voix cherche la prière Son dernier souffle Balaie ses cauchemars Où anges et démons Ont découvert le ciel Son nouvel abri Si loin si proche de nous
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Filament Mes pensées Mon poison S'asphyxient Je ne peux pas t'aider L'étuve secrète Contribue à l'aridité De mes sous vers Hors cadre Tu pourras toujours suivre Dans le gel trouble D'une prochaine nuit Mon filament lumineux Caché dans la goutte d'eau Qui se détachera de tes yeux Au fur et à mesure La glace de ton corps Se fendillera sous tes pas - 60 -
Quelques étoiles t'éclaireront Tu seras dans mes bras Nous tournoieront Avec toutes ses liaisons Du temps présent Tu danseras Sur la queue de la comète Lovée à son halo d'éther Colorier le noir en vertige
« Chaque instant recèle sa propre poésie. » - 61 -
L'eau à la bouche Derrière le rideau L'au-delà s'écoule toujours Le long du zinc Jusqu'au bac à fleurs Éclairé par des pattes de verre Il reflète le paysage d'hier Une silhouette filiforme Elle obéit à une règle d’or Celle des contrastes Exacerbé par sa finesse Je pose mes mains sur ses hanches Dans mon enfance La pierre était blanche C’est quand elle est dénudée Qu'il est possible d'envisager Aujourd'hui elle s'écrie Reviens vite Ou ne reviens jamais
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Sur le quai 34 Question cruciale Pourquoi la taille trente quatre A vingt fois plus de choix de vêtements Que la druidesse du sacré cœur Rouler sur un cheveu blanc Rendrait l'homme plus sage Le génie de la mode Préfère la pédale Qu'un exercice de la contrariété Vertu porte bonheur La passion n'a pas de ceinture Penser Sans hésitation ni maladresse Aux lignes oubliées À la sensuelle rondeur - 63 -
Au sourire innocent Qui débarquent sur le quai De la beauté au naturel Une rangée de vélib' Cherche les longues jambes Sans retouches De la pin-up du jour Loin des chapelles Suivons le miroir de la muse
« Si tu ne repasses pas je ne serais pas froissé. » - 64 -
Improvisation La fragilité dessinait partout des cœurs Bleus ciel Sur la peau des courriels Vairons Sur les ailes des papillons Sans aucun bagage Ces mots découvrent un nuage Bonjour étranger Au visage caché Je vais venir près de toi comme chroniqueur
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Fable du vers Parmi le vent des chênes verts La joubarbe agrippée aux pierres Et la menthe de la bâtisse Puise la fraîcheur de la terre Assise à l'ombre des canisses Panse toujours ses cicatrices L'aloès a la grâce entière Comme l'ange parti en guerre Tente de gagner l'interstice Face aux démons d'une prière Vers des nuits pleines d'artifices Où tous les amoureux s'unissent L'olivier extraordinaire A la mémoire séculaire Des uns et des autres délices Appelle l'âme embryonnaire À ses pieds s'éveille l'épice - 66 -
La belle bleue la séductrice L'homme est cet enfant sans frontières Dont l'innocence coud ces vers De rien sans aucuns sacrifices Un poème peut sauver l'air Voilà le monde qui s'éclipse Et apparaît l'être complice
« La fragilité est une terre spongieuse où tu t’enfonces quand tu perds le poids des mots. » - 67 -
Autour de ma clairière Désenchanté De tous ceux qui séduisent Avec des mots Sans vertiges ni langages Je ferme les yeux C'est l'été L'air enivrant m'effleure les paupières Une fugue vers l'enfance J'ai hérité d'une clairière Où je me rendais à la tombée de la nuit Un présent Où je rencontre mes souvenirs Hume l'allégresse Celle de la matière Qui ne se perd jamais
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Un après-midi Où le vent déborde du cadre Accompagné par les branches D'un arbre fatigué qui se cambre Et se libère de ses chaînes Une feuille À la chlorophylle Toujours lumineuse Se dépose à mes pieds M'offre le récit de son voyage Un endroit Ni saint ni damné Où les vivants et les morts S'alimentent Ne changent pas de place Là et nulle part ailleurs Autour de ma clairière C'est l'été L'air enivrant m'effleure les paupières Je ferme les yeux
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Décence En dansant sur la terre Ferme et poussiéreuse Elle a croisé Des rosaires d'être humain À la fois magnifiques et déshérités Un si fragile vernis de bonté Une substance culturelle L'erreur peut être dramatique Si l'on place l'éthique Avant l'éducation En dansant sur l'écume Frémissante et grise Elle a croisé Des marées de semblables À la fois terrifiées et soulagées Un si fragile équilibre d'humanité À la manière d'Antigone La pertinence l'a acheminé - 70 -
Sur un radeau d'encre ivre Et vertueux Décence Un acte moral Pour les uns Une opportunité Pour les autres Peu l'importe L'oiseau partage sa dextérité Avec le vent et les nuages Comme le poète engagé Sa plume et son courage
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Seul le tonnerre absout L'inconnue céleste de juillet M'attire au plus près Vers d’autres significations De la canicule à l'arc-en-ciel En électron libre Dans l'enceinte Je me décharge De ce sourire violet en tête à tête Entre un enfant bleu et la mort Je me rappelle de cette course folle La bouche encore pleine d'alcool De cette fleur indigo qui se lève Sous les larmes d'un fusil Du pollen infiniment vert Sous un drap blanc Se faner à la nuit tombée De ce souvenir bleu de ses yeux Disparu dans un funeste mystère - 72 -
Je me rappelle d'un sol en mouvement Qui a perdu tous ses repères De cette étendue Émeraude et fauve Chasser les nuages du ciel La mer se retirer avec une vague À l'écume d'une famine éprouvée De cette terre bleue À la fois amère et sanguine Je me rappelle de cette berceuse Incantatoire d'un souffre-douleur L'herbe est toujours plus jaune ailleurs Seul le tonnerre absout
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D'une berge à l'autre L'âme sœur A sur ses paupières Ta beauté Qui puise la couleur Où boit l'arc-en-ciel Tu n'es pas encore Vraiment toi Juste pluriel Il te reste à franchir Le pont de l'arc À devenir cette fleur Sans t'éloigner De ton propre visage Être vivante Pas davantage
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Outlow Inutile de prendre des coups Pour ressentir la douleur La foule a encore les stigmates Des corbeaux Qui fonçaient droit sur elle Un jour de fêtes Accolé à la baie du monde J'ai dispersé les miettes Et changé Pour ne pas être Une cible Mais un phare Partir rejoindre La promenade des anges Comme un heimatlos Face à l'immonde
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Toujours là Où se gangrène la douleur À chaque drame qui s’invite Où l'aspiration m'écache Contre l'énergie crucifiée De mes plus fidèles convictions Au pied de stèles inconnues Après le choc Reprendre la parole Au-delà de la brume meurtrière Qui cristallise nos êtres Pour vivre des nuits douces Sans armes sous le manteau Par la gravité Voguent les cristaux Tendres vertiges L'équilibre est primordial Comment survivre Le cœur entre deux continents Sur cette sphère obèse Où une poignée sert la ceinture Outlow face à l'éternel Amour Déchire la fin
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La minimalité Tatoué d'amour L'oiseau de mes veines Plume douce et zen Parcourt encore Le cœur de la muse Ma fausse destinée Ce n'est pas pour autant Qu'aujourd'hui À contretemps Elle s'est éloignée Il y a toujours ces heures Qui pleuvent et se vantent Sourient et pleurent Je soulage ses ailes Qui balancent leur sang Contre les fenêtres de la nuit Et si l'incertitude trace mes jours - 77 -
Elles peindront mon corps Aux pieds tendres De la fontaine parfumée Où mes sens s'enfuiront Rejoindre l'aurore Tatoué d'amour J'ai le goût de l'essentiel La minimalité
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Los Angeles Les pieds dans le sable du Pacifique En passant chez Universal On se ramène ici pour rêver Mais tous les piétons sont suspects La vie c'est la clef du toucher Ici on court après Le mythe s'éteint La colline porte-t-elle bien son nom Au bout d'Hollywood boulevard Les étoiles se confondent À la misère des sens Les détritus tuent Je n'avais jamais vu autant De graisse autour d'un squelette Je quitte l'enflure Plein Est Demain sera un autre jour
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Bullhead Le désert est-il le paradis Uniquement des géologues Et autres animaux sans compagnie 42 degrés à l'ombre d'un joshua tree En plein désert des Mojaves Je tombe sur un bruit de crécelle Bien que la seule chose que je maîtrise Est le pardon Il y a des moments de solitude Où seul l'amour te dirige Vers la bonne destination Sans courir l'effet de foehn Me sèche le bas du dos Plus vite qu'un James Dyson Face au vert gris du Colorado De l'autre côté du fleuve Les lumières d'un bateau casino - 80 -
Invitent la nuit à la roulette Alors qu'ici le jour ne meurt jamais Les yeux dans mes tongs O'neill Toujours du gras entre deux jets skis La climatisation bat la mesure Mes oreilles chantent Born in the moon Je me suis réveillé Les pieds dans la machine à glaçons Prêt à repartir Vers plus de pitié En attendant la route 66 Bullhead restera une énigme Un poisson en plein désert
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Une belle histoire De kingman à Seligman Quelques vestiges Ressemblent aux pièces du puzzle De la fameuse transcontinentale Entre vieilleries poussiéreuses Et souvenirs importés d'Asie J'achète un magnet 66 Pour le Frigidaire Et traverse l'air De trois clichés de carcasses Qui ne demandent qu'à mourir en paix Cloué à l'asphalte J'essaie de maintenir la légende Ce n'étaient que des mots écrits sur du sable Une belle histoire
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Las Vegas En pleine kermesse populaire Épouserais-je l'ombre verdâtre Sur le carreau d'un dernier vertige Mais où est donc passé Mon ultime Washington Sans doute dans la fente du hasard Où s'évanouissent Les uns après les autres Tous ces uppercuts du rêve clandestin Toujours en ébullition Même dans les pensées les plus avares Ou casanières Cette vieille dame de trèfle Qui pique nos poches de cœur Las Vegas la stupéfiante M'a flingué pour un temps Ma paranoïa « écophile » - 83 -
Je nage désormais Dans la cour des miracles De sons et de lumières Ininterrompus Au petit matin Hors champ des miroirs Une fumée d'ocre rouge S'échappe de mes pieds Est-ce le ciel de Monument Valley Qui appelle à la méditation
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Diné bikéyah Plus profond qu'un rêve Plus déchiré qu'une souffrance Monument Valley Et ses dentelles rouges Qui affrontent l'azur M'offrent un tableau grandiose Je m'approche sur la pointe de ma curiosité À ces pieds Des maisons de fortunes Des hommes libres et prisonniers De la couleur de leur terre Qui forment un cercle soudé À l'intérieur d'une réserve interdite Un mirage d'espoir après le crime De chaque côté du bitume Une ligne continue de barbelés - 85 -
Rappelle que la croix Divise l'air des sains esprits Et si le blanc hisse un drapeau Avec des étoiles qui évoquent l'union Tant de paradoxe Au cœur des quatre montagnes sacrées Le rouge se tourne vers Hesperus Mountain Où l'étoile du soir Tient le crépuscule dans ses mains Et chante " Souffrez que je vous salue " À la fois émerveillé et révolté Je m'endors à Mexican Hat Au bord du fleuve San Juan Avec ce goût de terre brûlée Qui questionne mes lèvres gercées Demain le ciel sera-t-il encore vierge
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Géant Ce corps qui me porte A rejoint mon imagination Pour jouer à cache-cache Dans l'amphithéâtre de Bryce Canyon Entre Hoodoos et Shipmunks Pour respirer l'immensité Du Grand Canyon Où mes yeux cherchent encore l'abîme Le fil de l'histoire Pour chausser la courbe d'eau verte D'Horseshoe Bend Les pieds au bord du précipice Pour marcher le long de la rivière Virgin Au cœur des falaises de Zion Pour caresser le dos ciselé Du Cheskerboard Mesa Pour me mesurer aux séquoias géants Du Général Sherman Cette âme qui m'emporte - 87 -
A rejoint le fantastique Death Valley Où le temps finira par m'embaumer De sel et de sable magique Sur la vapeur horizontale de la fournaise Je voyage pour être étonné
« Le vide est une substance illicite. » - 88 -
Sacramento À Old Sacramento Je marche sur des planches Qui chantent le Far West Entendent siffler le train Et les balles perdues D'un duel au soleil Sous le porche de la librairie vintage Je vois dépasser d'une étagère La tête de Benjamin McCulloch Avec une étoile de Shérif Où Presumed Innocent Et Farewell My Lovely Cherchent preneur La ruée vers l'or a quitté les quais Mais un monstre d'acier noir Campé sur ses rails Évoque avec force L'effervescence de ses années folles - 89 -
Où la liberté avait un prix Libéré sous caution Mes yeux descendent la rivière Rejoindre la baie de San Francisco
« L'homme n'est que ce qu'il sait. » - 90 -
Sidewalk South of Market Et tendu là Quémandent Tant de bras mauves D'indifférence De ces yeux sans logement Se décroche la démence Qui roule jusqu'à mes pieds La libellule prend la plume Mais ne parle pas sa langue L'homme de Financial District ne réagit Que lorsqu'il a du sang sur les mains À l'air libre de Twin Peaks Le ventre plein d'œufs Vrombit une mouche bleue Une araignée faucheuse l'observe - 91 -
Et l'a piège dans sa toile Le travail accompli L'araignée s'en va Tisser l'esprit du poète
« Quand la chèvre perd l'équilibre c'est la montagne qui s'écroule. » - 92 -
Golden Gate Bridge Un matin d'hiver en plein été Mon petit gars mon amour Il ne m’était jamais venu à l’esprit Que je pouvais te faire pleurer Que je marchais sans être suivi Je ne peux pas garder ça pour moi seul Tout ce qui n’est pas vu s'efface En embrassant l'aurore La brume s'évapore Des ombres rouges apparaissent Et se dressent à la lumière endiablée Une structure inouïe Surgit de nulle part Chantant l'air pacifique Admiration et vertige Sur le Golden Gate Bridge - 93 -
Gripman Lorsque l'homme se précipite Le diable sourit-il Sous mes pieds Entre Hyde et Lombard Street Les rails bourdonnent de plus en plus Et passe à pleine vitesse Chargé comme une mule Aux heures de gloire de la ruée vers l'or L'icône de fer et de bois Le San Francisco Cable Car Ses étincelles dévalent la pente sans perdre conscience Et frappent si fort mon objectif Que l'image instantanée Est un amas de copeaux de lumière Où seuls se distinguent Accrochées à la poignée Les dents du Gripman Un demi-tour attractif Et le manège redémarre - 94 -
Irma Lorsqu’Irma éteint la lumière La solitude n'attend aucun message Juste cette peur qui perce la chair Plus pointue qu'une aiguille Où est le ciel si vif Que tu en oublies sa couleur Écrasé sur une terre éclatée Tu joues le jeu des vers Ou des morts vivants
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Banc d'essai Au bout de la terre Si on veut savoir où l'on va Il faut savoir d'où l'on vient Comme une blessure Une saignée déchire La peau d'une étoile Suis-je tombé Dans un univers parallèle En imaginant la matière sombre Au-delà de l'horizon cosmologique J'écris des multivers À cœur d'une inflation amoureuse Éternelle aspiration Ni passé ni présent ni futur Juste une vibration de cordes qui résonne La conversation m'engage Celle qui parle de désir - 96 -
Où « nos rêves sont un fil à plomb Qui nous relie à la vérité de notre être » T'es-tu déconnecté Pendant ton séjour Là où tu sais Je n'ai pas réussi Comment l'expliques-tu J'angoisse J'angoisse de retrouver mes vieilles habitudes De tomber sur de vieilles photos Et toi Je ne me pose pas la question Le temps n'a pas d'heure J'écris aux étoiles Là où tu sais
*
Hommage à Anne Dufourmantelle « La douceur peut être une force majeure de résistance à l'oppression » « Être doux avec les choses et les Êtres, c'est les comprendre dans leur insuffisance, leur précarité, leur immanence, leur bêtise. C'est ne pas vouloir rajouter à la souffrance, à l'exclusion, à la cruauté, et inventer l'espace d'une humanité sensible, d'un rapport à l'autre qui accepte sa faiblesse, et ce qui pourra décevoir en soi. Et cette compréhension profonde engage une vérité. »
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Il est temps d'aimer Il est temps de s'éveiller À la douceur de l'être Avec l'aurore des anges Et les verbes d'une colombe À la charmante mort D'une jeunesse couchée Sur le divan d'un sablier De graines de tournesol À un sentiment de sécurité Il est temps de s'unir À toutes ses ombres Qui caressent l'air Peuplé d'esprit voltigeur Aux Dieux du stade Le risque est beau D'aller toujours plus haut D'escalader les murs sombres À la posture flamboyante - 98 -
Il est temps d'aviver À la prochaine pleine lune Tous ses battements d'ailes Assoiffés sur le flanc d'un nuage Qui entraînent en pleine terre L'impossible vérité Pour cueillir ses fruits défendus Loin des marécages Du monde matériel Il est temps d'aimer Cette beauté rugueuse Dont le grain s'accroche Légèrement à la langue Élégance translucide Sur la chair et tendre Où les doigts courent Sans anicroche Ah l'amour et toujours
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Il y a du vent dans mes poumons Dans ma vie Il y a la fleur blanche aux bas noirs La cigale et la fourmi De grands moments Inoubliables et intenses D'autres à oublier Sans pour autant les nier Au bout de la voie romaine À l'ombre d'un vieil arbousier Un homme en tenu d'Adam Confirme mes meurtres poétiques L'insomnie de ma vie Il y a du vent dans mes poumons La plume de mon oiseau m'a sauvé Mon encre ne périra jamais Ce n’est qu’en partie vrai Tuer est d'abord une révélation - 100 -
Une revanche à l'égard du temps Qui t'amène là Où personne ne veut finir Pitié pour la femme qui pleure Car elle a peur d’oublier Le goût de mes lèvres Dans ma vie Il y a la fleur blanche aux bas noirs
« Pourquoi s'attacher à la poésie libre car il n'y a rien de plus faux de se mettre des barrières pour libérer l'émotion ses émotions. » - 101 -
Dans le sillage de son parfum L'harmonie regarde la coquille Qu’elle vient de quitter Je saisis ses chevilles L'or de la suavité Sans connaître l'alchimie Tout l'empyreume naissant La vie est cet extrait dénommé désir Et lorsque Vénus apparaît Ma langue reprend le thème Où narcisse et chrysanthème Se pendent à cet essai Dans le sillage de son parfum Je reprends mon recueil Lâche la corde et l'orgueil Cueillir le crépuscule des défunts Je ne leur ai jamais dit je t'aime Ni même à moi-même Je ne me suis pas totalement accompli L'œuvre n'est pas finie - 102 -
Révérence Décoller encore un mot Lié à un sentiment aérien Sur le point d'acheminer Un air de liberté À chaque cœur fébrile Une colombe anonyme Se faufile lentement Dans l'œil de la peur S'infuser d'une ordonnance Croire en l'autre À travers soi Oser l'impression Pour raviver l'encre L'âme bleue cible l'exemple Dans les mânes des ombres À l'aube naissante
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Animé d'un rêve Le jour se dévide Sous l'aile de l'incidence L'eau de vie candide Ablue la fée du logis La plume est de sortie Par surcroît un dernier motif Pour crier des mots de foi
« Une plume a se pouvoir de caresser comme de mordre. » - 104 -
À qui L'été n'a épargné personne Les branches du saule pleureur Ont plongé ses feuilles sèches Dans l'encre de la rivière Où désormais S'élève la brume Épaisse et fragile D'un automne accompli Bientôt le soleil Lui percera le cœur Et la nuit Lui dénichera l'espérance D'un nid de baiser Beaucoup de mystère Et de beauté À ne pas croire Sans importance La lune danse toujours - 105 -
Sur les paupières du temps Qui submergent À chaque printemps Le carnet blanc du poète Où toutes les lèvres des filles Embrassent de nouvelles conquêtes À l'orée des derniers Bruissements d'ailes D'amour et de liberté Le saule pleureur a écrit L'oreille abandonnée À la musique d'Érik Satie Ce vertige sans confettis
« Tout s'éteint sauf la veilleuse du cœur. » - 106 -
Résiste à l'air du sang En te levant Sur l'info du matin Souviens-toi Combien est précieux Le privilège de vivre Pourquoi s'attacher À la poésie libre Parce qu'il n'y a rien de plus faux De se mettre des barrières Pour libérer l'émotion Ses émotions Qui n'a jamais eu envie De tout envoyer balader Quoi qu'il se passe Résiste à l'air du sang Projeter sur l'autre ses problèmes - 107 -
Au lieu de les régler soi-même Engendre la haine des gens Garder les pieds sur terre Pour fouler ses frustrations Sans oublier l'enfer De condamner tous ces fous Qui ne proposent qu'une réponse À tes questions Ne t'en fais pas Un de perdu Dix de retrouvés Mets-toi à la place De celui qui tue et meurt Pour atteindre son objectif Il faut l'abandonner Fais-le pour ceux Qui ne le peuvent plus La vie nous donne toujours Une autre chance Résiste à l'air du sang
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À l'origine du monde Sous un parapluie au soleil En vacances au boulot Après une journée de folie Le binôme ne fonctionne pas Mais de peu Aux quatre coins de l'espèce Lingam et Yoni sont seuls Autant promener son clébard Au cœur de la brousse inhumaine Là où le vert des feuilles fuit le bois La pisse canine est devenue trop acide Après tous ses essais nucléaires Seule la poésie Permet d'entrer en contact Avec l'esprit des arbres Une fois que les champignons - 109 -
Retournent à la terre Même avec un ami Je n'irai jamais creuser aussi loin Comme dirait le diable Le bienfait de la compagnie d’un clebs Tient à ce qu’il est possible De le rendre heureux Sans systématiquement Se sentir redevable Il ne demande aucune prière Ni de trucs compliqués Et son ego Se limite à montrer ses dents Et si je me recourbais À l'origine du monde Humer un nouveau parfum
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Clair-obscur Dans un appartement art déco Derrière une monumentale porte Un châle dénudé joue du piano Rarement entendu Par curiosité je la pousse Entre le bazar de la paresse Et la riche marqueterie De la bibliothèque rose L'infiniment me gracie L'air m'accompagne S'émeut et griffe Les cheveux blond fauve De la virtuose Romaine Qui repaire les sept notes Dans l'intervalle Toutes ses phalanges glissent Au-delà de la partition - 111 -
Comme le premier envol D'un jeune cygne Sur le lac des songes Les bulles de champagne Sont en mouvements Les nénuphars du jardin d'hiver Nagent de bonheur Autour des notes saoules Do ré mi fa sol la si Une seule touche Avec Maya la chatte noire Aux grands yeux verts Le secret s'agite dans l'antichambre Caresse la volupté des voilures L'élégance de ses rayures zébrées D'une blanche à la noire Rarement soumises Seul continue le piano Derrière une monumentale porte Dans un appartement art déco
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Rêve causé par le vol du vent Légère bulle arachnéenne Vive et sincère Dans mon sommeil Elle n'est pas la seule Et si son éclat m'a ébloui Son cœur me retiendra-t-il Je n'attendrai pas d'être parfait Pour rejoindre aveuglément L'étoile Intra-muros Avant mon départ en silence Je me suis assis sur un nuage À la tonalité étrange Entre le Christ De Saint Jean de la croix Et le cri
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Compression terrifiante Au pays qui m'habite Ému je supplie L'inaccessible humanité Avec l'œil candide Installé de l'autre côté de la mer Où toute l'injustice illettrées s'excite Sur les tâches d'une girafe Un seul de mes vers A sauvé l'instant Plusieurs pourront-ils sauver Ses frères et sœurs Rempliront-ils la carafe De poison ou d'élixir Au petit matin Beauté hiératique Des nuages intermédiaires Me paraissent plus humains Impression surréaliste Au pays de vol au vent Légère bulle arachnéenne Vive et sincère À mon réveil Nous ne sommes plus seuls
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L'ombre d'elle même Proche de la chute de Rome Loin d'un roman à l'eau bleue L'ombre déifie sa vie Dans la peau d'une autre Et crèvera en douceur Sur le petit bonheur du jour Mise en scène de soi Compas à travers calque Égo portrait plein champ L'ombre déifie sa vie Dans la peau d'une autre Et refermera le cercle noir Sur un futur poème aveugle Angoisse de la mort
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Arborescence sans états d'âmes Horizon sans clefs ni serrures L'ombre déifie sa vie Dans la peau d'une autre Et tremblera avant d'être éclairée Comme un éléphant sur la banquise
« L'ombre sans doute est la lumière la plus lointaine. » - 116 -
Il n'est jamais trop tard Perdue dans la foule Au bordel du livre Dissimulée sous une pile De fœtus suralimentés Par les gardiens du temple Une poésie anonyme se débat Pour fuir Le syndrome de l'imposteur Elle veut se détacher de l’idée Que seule La publication à compte d’éditeur Valide son authenticité Son identité L'existence même De son créateur Cette beauté pure Infantile et mûre - 117 -
Ce brin de liberté Et d'innocence Aimerait éviter le sanibroyeur Cette fiction digérée Par ces empereurs De la pipe et du caleçon Derrière l'image floutée Le poète a sorti sa plume Et choisi son récipient d'air Dépose son encre Sans passer par la case édition
« Le noir en secret épanouit les couleurs et laisse récolter au grand jour l'amour. » - 118 -
Et j'ai lu ses lignes Frères et sœurs Tout a été dit Tout reste à faire D'une ambiguïté existentielle À une heureuse coexistence Ou simple vue de l'esprit Peu importe En attendant le divin Soyez bienveillants et secourables Envers ce corps céleste Qui vous laisse le champ libre Vous n'êtes pas innocent de votre propre vie Tout le monde porte son ombre Étrange comme mon cœur Je marche dans le labyrinthe L'ombre court derrière moi Le soleil n'est jamais très loin Elle désirait tellement s'élever - 119 -
Et j'ai lu ses lignes Je n'appartiens à aucun groupe Ni parti ni religion Je n'ai aucune haine Ni mépris ni jugement J'accepte que mes valeurs Et ma liberté de penser Me donne le droit d'aimer Je pleure sur le désarroi Et les peurs transpirantes Des gens malheureux Je ne veux point la gloire Ni applaudissements ni spéculation Je vis pour un sourire La joie l'amitié l'amour la simplicité J'imagine des épopées merveilleuses Suaves harmonieuses Je goûte chaque moment De tendresse et de plaisir Avec enivrement et gourmandise Je vois une nature éblouissante Blessée par la rage humaine J'entends la douce musique de la vie Me fredonner à l'oreille Un chant de liberté Tout ce que je ressens Je le dois à l'ivresse de mes passions Frères et sœurs Tout a été dit Tout reste à faire
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Les invisibles Je suis entouré Par tant d'invisible Quand l'été nous quitte Nous redémarrons sous la pluie Une fois de plus Ma langue jongle D'une saveur sucrée À une saveur salée Et distingue Toute cette errance Qui marche sur la braise Sommes-nous tous mortels Quand l'automne appelle à la guerre Je suis entouré Par tant d'invisible - 121 -
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Titre des poèmes recueil 13 (Période 2017) Page 1 - Jour blanc Page 2 - La nuit tient l'équilibre Page 4 - Vis à vis Page 6 - Goutte à goutte Page 7 - Un gène ou deux Page 9 - Figure d'une hypotypose Page 11 - Peut-être Page 13 - Délire Page 16 - Une porte s’est ouverte Page 18 - Aujourd'hui Page 19 - Envol d'un petit bonheur Page 21 - Muse et châtiment Page 23 - Devant mes mots Page 25 - Contradiction Page 27 - Streaming Page 29 - L'innocence Page 31 - Dilemme Page 33 - Ineptie Page 35 - Où sont les mouches Page 37 - D'un printemps à l'autre Page 39 - Point de vue Page 41 - Un dimanche à la campagne Page 43 - Continue la vie Page 45 - Inadvertance Page 47 - Au plus près de l'amour Page 48 - Dé zéro à l’infini Page 50 - Phénix ou dragon Page 52 - Nomade Page 54 - D'un arcane à l'autre Page 56 - Dis-moi Page 58 - Hors du temps Page 60 - Filament Page 62 - L'eau à la bouche Page 63 - Sur le quai 34 Page 65 - Improvisation Page 66 - Fable du vers Page 68 - Autour de ma clairière
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Page 70 - Décence Page 72 - Seul le tonnerre absout Page 74 - D'une berge à l'autre Page 75 - Outlow Page 77 - La minimalité Page 79 - Los Angeles Page 80 - Bullhead Page 82 - Une belle histoire Page 83 - Las Vegas Page 85 - Diné bikéyah Page 87 - Géant Page 89 - Sacramento Page 91 - Sidewalk Page 93- Golden Gate Bridge Page 94 - Gripman Page 95 - Irma Page 96 - Banc d'essai Page 98 - Il est temps d’aimer Page 100 - Il y a du vent dans mes poumons Page 102 - Dans le sillage de son parfum Page 103 - Révérence Page 105 - À qui Page 107 - Résiste à l’air du sang Page 109 - À l’origine du monde Page 111 - Clair-obscur Page 113 - Rêve causé par le vol du vent Page 115 - L'ombre d'elle même Page 117 - Il n'est jamais trop tard Page 119 - Et j'ai lu ses lignes Page 121 - Les invisibles
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Remerciements Je tiens à remercier en particulier ma famille Et tant d'autres La vie
www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux
A comme Amour au fil des jours Poèmes Recueil 13
Copyright numéro 00051199-1 Tous droits réservés Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur
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