www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux
A comme Amour Poèmes classiques
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A comme Amour Poèmes recueil 7 2013-2014
Préfaces Cerner à quel genre poétique appartient l'univers de James Px., le rattacher à une école qui serait peut-être proche du surréalisme serait être réducteur et injuste. Le talent poétique de James est de nous amener à la frontière de l'invisible, dont il est un explorateur enivré, « D'un monde étrange dans lequel il se sent bien. » (dixit l'auteur). Le poème café est un remarquable exemple de cette dérive de mots dans un imaginaire fastueux, où les métaphores défilent, paysages fous où le feu côtoie la neige, les océans les nuages et l'ivresse nait sous nos yeux, inoubliable alcool de mots qui pénètre dans nos corps, par l'incantation voluptueuse de tous nos sens. Il y a cependant un fil conducteur entre tous ces poèmes, une trame où l'on retrouve sans cesse abordés les thèmes de l'amour, de l'imaginaire, de l'enfance et cette indestructible neige qui hante ses poèmes et jalonne les voyages de sa propre vie. Ne passez pas à côté de cet univers si riche qui nourrira votre imaginaire au point de vous donner l'envie de devenir l'artiste de votre propre œuvre. Elisabeth Mesner
Lectrice assidue de ses textes, je n’hésite pas à le qualifier d’auteur aérien tant il embrasse tous les thèmes. Un paysage, un regard, un parfum, un mot…. Tout devient prétexte à l’écriture et la banalité se trouve transfigurée sous sa plume car James fait se juxtaposer des réalités même diamétralement opposées. Pour le lecteur c’est la naissance d’images plus que surprenantes et on se laisse aisément emporter par son style. Nadine Tabère
À propos de ma poésie La poésie est dans mon corps Né quelque part en Savoie, j’habite désormais dans le Var. Ces espaces de liberté comme la montagne et la mer, comme ses éléments naturels la neige, le sable, le soleil, le vent, le froid, la chaleur, la forêt, l'herbe et les fleurs, comme la couleur et la lumière m’ont nourri abondement les yeux et le cœur... J’ai fini par attraper un virus, celui de dessiner et d'écrire partout et n'importe où pendant mes heures perdues et trouvées. Lecteur, je vais vous faire une confidence, comme j'ai du mal à gérer ma ponctuation lorsque j’écris de la poésie, je n'en mets pas. Je me dis souvent à l’oreille, qu’un texte c’est comme une peinture, je ne dois pas le figer dans un cadre mais lui offrir une évasion expressionniste voir surréaliste ; où vous, lecteur, vous vous sentirez presque à la maison et son interprétation évoluerait selon votre nature psychique et sentimentale du moment. Je crois que le son, l'harmonie, le rythme et le sens du texte doivent être libres d’interprétation ! Il y a aussi pour moi le côté esthétique du texte qui est primordial et la ponctuation ne lui va pas ! Je parle pour mes poésies et non pas de ma prose et de mes nouvelles. C'est comme pour les rimes, souvent je reste dans un état de grâce, de transe et je me laisse emporter… J’oublie volontairement la mécanique comme seul pouvoir ; ce pouvoir « d’école classique » me coupe souvent l’herbe sous le pied et me fait perdre l’équilibre ! Et c'est dans mon équilibre musical et de sincérité brute que j'essaie de transcrire mon âme en conciliant l’intellect et la sensibilité, l’intuition et le calcul, la métaphore et le figuratif. Bien que j’aie une grande compassion à l’égard de l'homme, je ne perds pas de dévoiler mes confidences personnelles. Je suis un homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours, ses rêves et ses peines.
« Le temps d'écrire comme le temps d'aimer accroît le temps de vivre. »
Peau d’âme La peau du ciel dévie Là-haut Dans le silence L’être Sage et amer Pur et irrésolu À l’abri d’internet Renoue avec l’absolu Dans le bleu éthéré Dans l’indifférence Papillon Abeille De fleur en fleur voltigent Nourrissent les arbres Les saisons celles du cœur Le rythme de mon pouls est l’aire de mes heures Nul besoin de débit De murs D’affreux vertiges À l’aube Sur l’eau vive Atterrissent mes ondes La neige Le soleil
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Mon éternel héritage L’amour Ma raison d’être La mort Mon sillage Prière Ne pas me joindre Enfin me laisser vivre Cette âme clandestine Assure de poursuivre L’horizon de ma vie Celle du vieux monde
« C'est souvent ceux qui s'aiment qui récoltent. »
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Ainsi la nuit Mecque de la beauté J’hallucine Troublante lumière blanche Fascinante nature morte Suffoquerais-je d’amour En plein cœur d’une voie Celle lactée du jour Libellule et prince Dans l’ombrage du vers Parsèment un parfum D’eau folle et d’innocence L’amant au moirage D’un moment étrécit Pénètre l’épiderme effeuillé indécis Où la lune Peau rouge amerrit par fréquences Si l’air d’une amante Sert mon pèlerinage Combien de fois seigneur Je dois ouvrir la plaie Des mots d’elle en amour Comme s'il en pleuvait J’ai choisi par hasard Le trouble du voyage Tissé à la sueur de sèves écarlates Peint à l’ombre voilée D’un cœur bleu acrobate -3-
L'excellence de l'amour est-elle un perpétuel festin Le festin s’exorcise Brûlant je parsème Un régal d’odeur Noble et révolutionnaire Une ripaille Pauvre et extraordinaire Fol J’hache et déchire La chair de ce dilemme L’éther comme le diable N’a pas de nom Ciel dans cette nuit torride Où la lune est féconde Où le succube hume Mes alcôves qui grondent Chaque geste Est l’acte d’un être démentiel À chaque manifeste Encore est toujours toi Mon doux faisceau unique Est mon regard sur toi Sur elle Ce qui semble essentiel Et à travers ses eaux D’un amour torrentiel Me croirais-tu vraiment Si je te dis je t’aime Moi qui ne suis ni or Ni diamant du diadème -4-
L’Édelweiss noire Neige n'est pas blanche Elle est noire de peau Au sommet du volcan Elle appelle un nuage Pour échapper au viol Et inscrit un message « Laissez-moi m'enfuir et aussi mon grain de peau » Bel esprit Encre ouverte Elle imagine un ciel D’alcool sans vase clos Fouille et creuse sa terre Plante ses racines Prie pour battre l’enfer Horreur et lâcheté Dealaient son arc-en-ciel Un mirage d’hiver Recouvre son corps nu Noirci ensanglanté par l’apocalypse Neige est un champ d'honneur où les faibles gémissent Son corset blanc conquis Par les mains nues du diable A brûlé ses derniers tendres flocons affables Personne-l'a sauvé Même Dieu l’a perdu -5-
Amour et comédie Ai-je seul déchiré ton être de soie blanche Et ce matin Je rêve encore de ton corps J’ai l’art et la manière De plonger à bras-le-corps Au fond de tes yeux noirs M’accoupler à tes hanches Ai-je vraiment pleuré le soir de ton départ J’ai exfolié ses mots Brûlé ses feuilles Oublié images et sonorités Tout amour est jetable Inondé sous le porche Mon regard est triste Une cendre grisâtre a recouvert mes pages Ma longue nuit d’hiver Loin de mon cœur M’appelle J’ai fini d’écrire Des mots Des vers Sans elle pour fuir Le cœur ensevelit dans mon aréopage Je n’ai plus de force L’horizon écorché Adieu mon cher poète Et pourtant bon marché
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L’âme rose est toujours rouge La rosée du ciel fane L’humus s’appauvrit Surgit un vent violent Des montagnes de glace Et sa poésie pleure Se fige sur place Demain à l’aurore Son cœur aura blanchi L'ombre de son arbre S’est suspendue au temps Ses branches balancent Et s’irisent de larmes Dénoncent un jour gris Habillé d’une alarme Son corps sage sonne Je sais que tu m’attends Et l’ineffable Aime cueillir l’homme sauvage Cultiver l’élégant Les plus précieux trésors Jouir de son art Pour nouer son servage Par-delà les mers Sans or ni navire Elle s’incarnera Dans une âme sœur libre Conquérir l’amour pur Repeuplé par sa fibre -7-
L’art incertain d’aimer J’aime l’art Parce que je peux être moi-même J’entends déjà l’épouvantail de la torpeur S’indigner de cette poésie de steppeur Rien ne l’oblige à lire « Salope je t’aime » Je m’évade En léchant les gros seins du seizième Mon Dieu Parce que je ne sais pas créer d’horreurs Qu’aimer avec mes grands yeux d’enfants De peindre l'ange bleu hirsute du septième Quand je ressors Conquis par cette Brocéliande Aux racines encore vierge Le plus souvent J’y retourne avec mon saint cierge Photographier ses fruits murs de mes gribouillis Douce canopée J’ai adoré ton ciel de lit Ce fou parfum d'airelles Huiler ton corsage Et promis Je reviendrai baiser tes nuages
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Arabesque Dans le jardin de la vie Il y a la belle L’artiste Disparue dans l’air du temps Seule et quelque part J’imagine Toutes ses larmes qui ruissellent Sur son visage en terre La vie incertaine Un tour de clef l’isole Avec ses sanglots longs Qui glissent sur les murs noirs De sa mine de plomb Se reflète sur ses toiles Son âme ancienne Comme tous les mortels Nous n’aimons pas l’oubli Son absence Est-elle une simple fêlure La vengeance de l’ombre D’un trou de serrure À l’heure Où le grand sommeil assomme Arabesque réveille Avec ses lèvres lies de vin faunesque Le coin des poètes disparus -9-
Héméré Je repousse la limite de ma prison Comme ce modulateur D’espace-lumière Bleuit l’épiderme chagrin De ma chaumière Nécessité d’être lié par ce tison L’onirique cercle sanguin de ma raison Est le lien absolu De cette année-lumière Le berceau grandiose Et bleu de ma costumière De ce nid de baiser Soumis à nos poisons Dans l’encre violette De ses douces lèvres J’aperçois mon corps à bout de souffle Et la fièvre De cet amour sans défaut Brûler ce poème Dans nos pas en cadence Trottent dans l’horloge Toutes les aiguilles de mes vers Et d’éloges Sur mes rêves se couche Celle que j’aime
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Dieu n’est-il pas l’heure de s’évader Dehors Il y a tellement de belles choses Ne reste pas à ne rien faire Arme éclose Car si la liberté nait de l'horreur Serein Le plus sublime crime Doit être le tient Il est l’heure de s’évader Vite dès l’aube De graver ton cœur Pour ne pas qu’il se dérobe Dans le ciel Sur la mer Sur les bleus de nos yeux Au creux d’un lit d'oreiller Sur l’être heureux L'art de la guerre Est-il une eau-forte crédible C’est comme de nous faire croire que la Bible Est un recueil d’amour sain Dépourvu de sang Écoute la méditerranée Ses courants Contemple l’horizon L'ascension délivrée Qui t’aspirent vers toutes ses divinités - 11 -
La fileuse de nuages Elle brûle le givre qui mord ses matins Et scrute ses doigts fins L’herbe de son destin Abandonne la glace ivre Son apanage Et réapparaît à l’abri des commérages Elle aspire un vent masculin Ses doux parfums Vivifiant son brillant âge Sa peau d’airain Ouvre la porte des songes De ses bocages Qui la protègent de l’araignée sarcophage Son ciel de lit En poudre de riz Bleu de Prusse Annonce un voyage éthéré Loin d’ici Au pays des étoiles filantes D’amour prose Le jeune fauve rejoint l’apothéose L’été indien glisse Sur ces corps solennels Les embaume par mille baisers éternels
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Sire… Léonarda vous fait la grâce Ce haut-lieu sacré d’élus Couronné d’un nimbe impopulaire Nous prend pour des inhumains Ces technocrates aux réflexes cornéens S’aveuglent « d'allo quoi » De leurs catacombes Ces bassesses Nous font voyager dans les limbes Mégafaune de l’holocène Avec des nains politiques Mais où sommes-nous ce matin Où sont nos lumières Dans ce pays d’outre-tombe L’Élysée cité lacustre de pachydermes Ce présente comme banque De monospermes Le peuple se réjouit D’une telle abondance Plus besoin d’étranger Sous le soleil de France Léonarda Tu sais Pour toi le paradis C’est le Kosovo Pour le restant de ta vie
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Au nom des roses L’automne givre mes roses désespérées S’écoule dans le ruisseau Mes jours heureux Le parfum de vos heures Tendres à mes yeux Dois-je fuir l’œil rouge L’âme défigurée Les chênes verts Embrassent vos lèvres gercées Et le saule pleureur S’incline à vos adieux J’aimerais ressaisir ce cœur Pharamineux Le conserver en vie Dans mes vers d’eau salée Comme je vois sur la branche Le corbeau chanté Dans mon jardin romantique Oui vous beautés Pour vos obsèques Recevez larmes et pleurs Et du peu de temps Qui vous reste encore à vivre Je volerai dans l’air de votre jeunesse Ivre Et m’endormirai sur vos dernières lueurs - 14 -
Qatar royaume de l'esclavage moderne Visiteur clairvoyant D’un soir de pleine lune Balaye avec le vent Un sable mordoré Et des façades cuites D'ossements soudés D'esclaves Népalais Provenant de Neptune Au cœur fondant D’un magma d’immense fortune Cette aberration fratricide de l’étranger Se dilue face au peuple À la vraie liberté Comme il tue l’histoire Chrétienne et falune La terre de ses ancêtres Par nos débris Ange aux portes de l’enfer De ce paradis Où le soleil de plomb Galvanise tes prières En vers Ce drapeau aux dents de scie Rouge et blanc Je te promets L'indignation et ma colère Honte à cet eldorado À ses mécréants
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Lapilli Fleur du ciel Aux invocations si brûlantes Tu n’as nul besoin de prières pour rêver Ni de confessions pour te faire pardonner Et sur ce nuage Couche-toi Dilettante Nue Coiffe et tunique à tes pieds Lèvres béantes L’olisbos va et vient Ivoire et incurvé Dans ce lac de cyprine Où le cuir damné du forgeron de l’Etna Te baise hurlante Il s’échappe de cette chambre magmatique Une mélodie d’hippocampes Où le pollen de ce déluge Bat encore Colonise toutes tes terres calcinées Et sa plume cendrée S’ancre dans ton cratère Pleurant libre Tes derniers soupirs d’orgue mort
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Aimer c'est saisir la fragilité de la chrysalide La fragilité est une terre spongieuse Où tu t’enfonces Quand tu perds le poids des mots Et il y a ce rêve Où un arbre pinceau Peignait l'air Sur ses feuilles aventureuses Dans le ciel Des nuées d’abeilles amoureuses Qui transformaient au printemps Ses fleurs En oiseaux Ses racines Les plus fragiles d’un manteau Ses branches D’or les plus intimes et précieuses La chrysalide survit dans l'humus fruité Où le baiser a ce goût d'immortalité Et de sérénité qui la métamorphose Au paradis En belle de jour et de nuit Sur l'ex-voto La fragilité à tout dit Afin que vif ou mort L'arbre ne soit que roses
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Quand un ange passe l’heure s’attache Que faire avec une heure en plus de sommeil Elle me cherche Elle me trouve Et cette année L’idée se cache Sur des lèvres allongées Où je croise une carte postale réveil L’heure en silence refuserait le soleil Timide et sans voix Troublante Cassiopée Où est l’amour mon astre Dans la voie lactée Où s’écrie un ange À travers seins et orteils Si le couple est peu répandu dans la nature Se serait-il épanoui dans la culture Bon Dieu Cette adresse et ses cris se sont les miens Je reviens vite à la nature de la chose Et sans perdre l’horizontale de ma prose Je crois bien que cette heure Est entre mes mains...
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Techno où est la mélodie de ta mélancolie Toi Techno Es-tu un shoot Un grand trait d’union Génial Entre une herbe folle et une rave Un mouvement de contre-culture zouave Où la musique se situe Entre Orion et la belle au bois fumant Une réunion mystique tribale Archaïque de choux-raves Psychédéliques en transe addictive Pulvérisée d’un fou « sound système » d’anion grave Partie Où les enfants rêvent main dans la main À un monde meilleur Sans valeurs mercantiles Ni voix sourdes à l’underground Ni de demains Qui se détournent de leurs écrits Et je vois l’enfer Qui chante sur ton manège Me sourit les yeux ailleurs Un amour futile
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Silence ça tourne Les bras diaphanes Comme une fleur sans pétales Elle contemple Les murs sombres de son palais Un cimetière juif Quelques vaches à lait Le baiser expiré d’une carte postale Des souvenirs D’un été aux heures fatales Passant d’un coup de cœur À un coup de balai. Elle rêve encore À ce lac aux tendres galets À lui qui est loin De sa frontière natale Riche de larmes Elle reste sur ses gardes Mains crispées sur ses maigres valises Hagarde Le temps crie sur son visage Attend le moment La libération Les retrouvailles L’amour Une voix s’élève Chérie Les contre-jours Recommençons Avant qu’elle quitte mon champ - 20 -
Fruit mûr d'un cauchemar L’ondine du mal S’imbibe d’eau de Cologne Comme cet innocent papier buvard de mon enfance Cachant mes songes affreux Et se glisse seins nus Dans mon berceau gigogne Où mes pensées vibrantes D’assaut sans vergogne De cette fêlure Indique à mon fou De déchirer ma chair Pour rencontrer mes yeux Dans un ciel gris Constellé d’étoiles ivrognes Corps et âme ensanglantés Et ivres s’envolent Rejoindre mon lit Sans savoir lequel choisir Parcourir un monde triste Sans air frivole Et s’échouent Sur dans marécage de serpents Le bien me rappelle à l’heure De conquérir et de franchir Cet amas visqueux et grouillant
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État de choc Seule dans l’air du temps Ivre d’aveuglitude La dame en noire débranchée S’éclaire encore Face à son miroir Où elle quitte son corps Et l’âme nouée Dans la même solitude Sexe au milieu du cannabis Turpitude Rose se pique les veines sur ce décor De Carnaval Brésilien Sans paillettes d’ors Et danse La rage au ventre L’incertitude Si le monde Gomme souvent ce qu’il déteste Il aime jouer avec l’autre, Il le teste et l’épie À travers judas et écrans noirs Ses belles marionnettes Sont si respectueuses Pour l’audimat Rose crèvera bien ce soir Sous l’œil de mère publicité L’insectueuse
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De nature amoureuse Drapée de verdure Ou voilée de neige fraîche Celle que je regarde n'est plus à l'abri Qu'il fait bon Dans la tiédeur de l'étourderie Dont l'aspect m'épouvante Et m'allume la mèche Elle me retrace ses souvenirs revêches Si proches de l'humeur De mon cœur engourdi La brume de ses lèvres Ne m'a pas tout dit Et bouillonnant Désormais j'explore la brèche Belle en fleur Doux trésor de la vallée humide Dans mes songes adorés Je m'envole avide Et en elle le pollen s'égrène Chantant Où l'amour L'âme sœur par un souffle céleste De mes illusions Régénèrent quelques restes Qui dans ce monde Un instant Arrêtent le temps. - 23 -
Alpina J’étais seul comme Dieu Au milieu de l’alpage Enfant l’œil verdi Par l'Alpe vert sauvage Là est la gentiane Tout près de la chapelle Je confonds ma neige Perdue dans sa coupelle Je suis enfin l’homme guidant son cœur ouvert J'hume ses pétales Son doux parfum d’hiver Son pistil s’élargit soudain Fou auprès du feu Glissons dans la braise Brûlons tous nos vœux L’éternel masculin a conquis sa nature Essoufflons nos veines En de folles blessures Aimons chaque jour L’âme éperdue dans son shoot Et cet esprit cocon Effacera nos doutes L’éternel féminin a recousu mes strophes Je pense à l’enfant Dieu lèvres à la voix-off Et je ne suis plus seul Cœur désenseveli Dis-moi jolie fleur bleue Chauffe encore le li - 24 -
Vernissage d'un essaim parfumé Le Nu s'exonde Amour Je vois l’oiseau bleu Je goûte à l'agrément De sa folle candeur. J’hume l’innocence De ses deux seins rieurs La chair de son cou pâle Et me noie dans ses yeux Nous sommes modelés De doux tissus pensées Ses berceuses M’offrent les rebords de son fleuve Ses ourlets tendres Et sa fleur comme preuve J’inscris alors ma vie Sur sa plume embrassée J'irai moudre son grain L’écume de sa peau Humecter ses grâces Ses fabuleux arômes J'irai la découvrir Briefer tous ses fantômes Sublimer ses lambeaux Tout ce qui semble beau
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Je conserverai tout Dans mon coffre-fort À l’abri des regards Égoïstement Je jetterai les clés Oecuméniquement Sans perdre la raison La pureté et l'espoir
« Une citation est là pour embrasser le silence. »
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Germinale ascension Un fil de neige gris s’étire vers le ciel Et l’œuvre manuelle Détend son arc-en-ciel Son souffle pèlerin Recouvre toutes les traces Immergé dans son flanc Il s’émerveille Lasse Loin dans la vallée L’ouvrier bat son fer-blanc Et enfin s’arrime À l’abrupt sommet franc La lune l’éclaire Le vent sèche ses larmes L’horizon étrange lui retire ses armes Les bleus sont dans sa main Le soleil dans son cœur La neige immaculée supporte ses rancœurs Ivre ascension L’âme immortelle est célébrée Là-haut le corps revit La vue équilibrée L’usine l’a noirci Écrasé sa vie Il s’est sauvé loin du puits La rage éblouie - 27 -
Au-dessus de la mer Vraisemblablement Il songe à l’amour abominablement Libre Il entend encore le bruit des courroies Et tous ses noirs cylindres broyeurs Qui triturent son signe zodiacale Pinçant son armure de pâte humide Tuant le son de sa voix
« L'homme n'est que ce qu'il sait. »
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Voici venir la noce de septembre À l’aube S’imprime le souvenir sous presse Dans le bruissement timide D’un pied-d’oiseau La noce blanche Abandonne au poétereau Le seul jeu qu’elle a envie Et qui seul l’intéresse Dans la profonde faille De sa forteresse Elle chancelle Aux douces notes du pipeau Ses cœurs amoureux tremblent de faiblesse Chantent dans l’ombre Et le silence du pinceau Peintre ou poète Serais-tu devenu sous le joug de l’épice Et si elle s’arrachait À ton obscurité d’artisan Se livrerait-elle bientôt Au jardin des délices Pour s’anoblir d’harmonieux courtisans Le poète est à la fois par caprice Ici et là-bas Et si sa poésie écoutait cette nocturne compositrice Serait-il toujours Le blême anonyme arbrisseau La lyre fébrile Au piaillement d'un faisandeau - 29 -
Reflet de France Blessures rassasiées L’encre du poète S’élève rouge Sur le mur d’en face Interpelle le zouave Interpelle le peuple Fille de l’injustice Ciment de la rage Écorchée à vif Dans la fissure de l’infortune Elle colporte l’usure de l’anonymat La misère officielle Un reflet de France D’une marque déposée Qui dépossède la fourmi Altère la cigale Fille de la liberté À l’esprit riche Aux lèvres d’argent Se gargarise de la fébrilité De l’empathie hiératique De la sauvagerie ambiante Un reflet de France D’une marque déposée La cigale comme la fourmi Ne sont plus des bêtes
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La cigale ne souhaite pas Marcher sur la lune Juste chanter dans sa clarté La fourmi ne souhaite pas Dormir à la belle étoile Juste sous son arbre de Noël Et solennel sur sa branche De nuances et d’ambivalence Maître corbeau à la plume Prisonnière de son horizon Savoure son excellence médiocrité Cloue dans l’urne l’espérance Et recouvre la fête de flocons gris Sur les cœurs du trottoir d’en face
Si vous n’êtes pas certains de comprendre ce que j’ai raconté, mettezvous à écrire votre propre texte exprimant ce que vous imaginez que j’ai pu vouloir dire. Ce n’est qu’à ce prix que vous pourrez espérer générer quelque chose de nouveau…
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L'amour laisse des traces L'amour est ailleurs Dans l'écharpe vaporeuse D'un accord idéal Qui parle d'amour Parle de ce qu'il ignore Même et surtout s'il est amoureux Et pourtant Il faut bien parler de lui Parce qu'il est Mais échappe à la définition Si par hypothèse L'amour était défini Il cesserait dans le moment même D'être amour Il n'existe qu'à distance De nos concepts Qui l'anéantissent en le touchant De quelque côté Que nous voulions l'aborder Il se dérobe à nous Baigne les visages du monde Et les paysages humains Comme une lumière Qui n'émanerait point d'eux L'amour n'est jamais très loin Et là je le vis sur la cime d'un astre Corps et âme Dans l'éblouissement de ses traces Sur l'accord idéal - 32 -
Lucie Mamie Déesse des vapeurs Et du savoir Tu as choisi ton séjour Et passé l'instant Dans l'or d'un nuage De neige et de fleurs De l'être au néant Proche des doux rayons Que répand l'œil de ton amour Celui de toujours L'aile pesante L'esprit troublé Désormais tu cherches Hésitante Sur la passerelle La mélodie universelle Repassant le gros chagrin Sur un lit de coton blanc Là où ton bien-aimé se repose Écoute et regarde Et dans la pudeur et l'espoir Sous le rose et le fard Loin des larmes Qui lui chantent l'Ave Maria Son souffle entre ciel et terre Coiffe celle qu'il attendait - 33 -
Tranquille dans l'aurore Au sein de Dieu Si l'homme Est né un jour pour agir Lucie et pierre Sont nés pour s'aimer Inutiles à la terre Utiles à ce beau lieu béni Nécessaires à l'esprit A nos vies Ils s'aiment à nouveau Demain vient Et nous laisse ce goût étrange Dans le malheur présent Dans l'espoir des plaisirs Lucie Mamie Merci Merci de nous avoir donné la vie Et tant aimé Hommage à ma Grand-mère (1921-2013)
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Le temps d’un rêve La vie est un jeu très court Et l'amour en est le prix Je suis sur l’horizon d’un rêve bleu Une larme s'échappe dans le ciel L’aile du désir n'est pas triste Juste suspendue à mon cœur Il lui reste une heure à traverser Soixante minutes pour vibrer L’amour peut être envoûtant Lorsqu’il est bien amené Sentir son œuvre dans l’obscurité Guidé par un cœur qui bat pour soi Est d’une volupté sans pareille Je ne sais pas où le voyage s'arrêtera Mais je sens que je commence à fondre Elle me murmure que je suis pris Emprisonné dans le piège d’un rêve Ma vie va m'échapper Si je n'ouvre pas les yeux À cet instant je m’en moque En fleur fou de son lys sauvage Alors laissez-moi dormir encore Quand tout sera fini sans regret Elle ne sera plus qu’oublie - 35 -
Une goutte au bout de ma plume Tout ce temps où je m’étais perdu Je ne voyais pas que j'étais heureux J'ai essayé de soutenir Le poids de mes erreurs Mais je n'ai que deux mains Une seule vie J'espère que j'aurai la chance de fuir Dans l’alcôve de son paradis Même si je n'ai ni carte ni Dieu Je souhaiterai juste me souvenir Et rester éveillé pour lui écrire Ma jeunesse est partie Dans mes yeux qui se ferment
« La poésie est l'herbier hygiénique de nos souffrances et de nos larmes de bonheur installes dans le cœur d’une fleur. » - 36 -
L'inspiratrice Au cœur de l'hiver Dans la fleur du crépuscule Découvrir l'intimité d'un ange C'est un peu connaître son âme En ouvrant les portes d'une chambre D'une alcôve ou d'un refuge On y entre un peu Dans l'immobilité Comme dans le mouvement Il y a la vie L’œuf de la compassion L’œuf de la clairvoyance L’œuf de l’intuition Et l'oiseau s'envole Rejoindre ses plumes Dans son jardin soleil Vers la lumière L’intimité c’est emprunter parfois Les mêmes traces dans le ciel Comme l'amour réunit Et la mort sépare Le temps est avec nous Je t'aime
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L'important c'est d'aimer La fleur est prise dans la glace Où ma racine mère me l'a songée Au creux de mon Elfe ouïe Proche du nid d'oiseau La chlorophylle de l'hiver Découvre mes sentiments Et mes yeux vivent La douceur de l'été Un air chaud et secret Se répand sur l'épiderme de l'œuvre Court le long de mon visage Entre les mains de mon paysage Seul je regarde comme un enfant Derrière la vitre le feuillage La sculpture dansée sur l'air L'ombre qui façonne la lumière Dans le sein vaste comme le jour L'important c'est d'aimer Et mes pieds l'éprouvent L’amour est dans le pré vert Là où les vaches broutent Le trèfle et la luzerne Là où les sourires s'envolent À la rencontre de l'autre
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Elle n'est jamais très loin Celle que j'aime Près de l'arbre à papillons Sur la colline du soleil Là où j'ai échappé au givre Et mes lèvres à la terre L'amour est un épiphyte Suspendu aux branches de mon cœur
« En aimant toutes les sauces on attrape jamais d'indigestion juste des courbatures. »
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L’ombre bleue Si on garde les yeux bien ouverts sur le monde Il se passe mille choses Auxquelles on ne prête pas attention Parce qu’on est dedans Tête baissée La chose offre aux regards Sa vision du monde À travers toiles et poésies Intérieur ou extérieur Vers d’encre de chine Au-delà d’un style Ma main parle d’une écriture Noire et blanche très présente De cet amour entre nous Où nous nous sommes rencontrés Ils ne peuvent pas savoir Ni comprendre Et pourtant On voit le mouvement des ombres Des pieds qui traversent la rue Allées et venues sans fin On est emporté dans le mouvement Avec ses ombres qui se croisent Sans jamais se rencontrer Est-ce avant tout l’anonymat La scène quotidienne qui m’attire Où la peur de prendre seul le tunnel - 40 -
Elle est belle si silencieuse Tout en nuance Dans l’ombre bleue Elle m’a frappé si violemment Quand je l’ai regardé J'ai pleuré pour elle Quand le ciel a pleuré pour elle Et quand elle est partie Un poète désespéré est venu m'accueillir Au-delà d’un style La chose n'était pas pour elle Quoique j’ai appris avec le temps L’amour est si humain Être seulement un chuchotement Un secret suffit-il À combler le vide Heureux à la porte d’un trésor Sans doute inaccessible Je traverserai la mort pour un monde différent Je reviendrai à la vie pour ne pas la perdre Je rêve à cette magie éveillée Dans le creux de ma main L’ombre bleue danserait-elle
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Passion Tous les chemins mènent à l’enfer Lorsque l’on songe Cœur enterré Aux mauvais moments Les mains froides Oublions l’infortune L'herbe court depuis qu'il y a un poète Dans le champ des disparues Sortie de l’œuf pendant qu'il est chaud La paille séchée de son caractère Au fond des étincelles A réchauffé le nid De sa robe a jailli la lumière Sa peau est devenue un poème Et sous mes yeux qui brûlaient depuis dans le vent Comme d'autant d'ampoules de douleur Le verre soufflé d’amertume s’est brisé Un morceau de sa hanche m’a rejoint Avec le sein de sa bénédiction Sur la queue du piano jaillit La silhouette de l’oubli À la nuque chétive d'un hippocampe Nul n’est inconsolable Des notes bleues gémissent L'exception n'est pas coutume Ni dans la symphonie de son visage Ni dans son ventre affamé Qui avait perdu le goût de vivre - 42 -
La passion a ses raisons Rappelons le bonheur Les mains chaudes Aux bons moments Cœur en plein air Lorsque l’on vit Tous les chemins mènent à l’amour
« La fragilité est une terre spongieuse où tu t’enfonces quand tu perds le poids des mots. »
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Le second visage Comment vivre Sans inconnu devant soi Comment vivre Si je perds cette voix Lorsque la sphère bleue Brise le tympan de mes yeux Je vois pleurer les étoiles Les étoiles percer le voile Et je vois dans mon rêve Se dresser un vampire de sève La nostalgie se faire sucer Le temps perdu par un fantôme Et jouir sur le visage mercurochrome Encore chaud de mon oreiller Je me vois tomber À l'appel d'une neige ambrée Aspirer par le sirocco Sur le dôme de sa peau Une mélodie gracile Au timbre subtil Apparaît dans le lait Un amour secret Où mes lèvres pieuses Découvrent la délicieuse Au milieu de la nuit La mort m’a séduite - 44 -
Et ma chair c’est enduite De ses perles de suie Aux rayons du soleil Mon cœur encore ému C’est évanoui nu Sur le dos de l'abeille Rejoindre l’air libre L’esprit toujours félibre Tout amour habité longtemps devient un héritage Comme la voix de l’autre est un second visage
Face au vent de la mer Toi qui cours l'aventure Prends le temps de voir la mer Amour de proue Cinglant l'obscurité Le verso du monde L'hypocrisie et le mensonge Ta beauté est prise dans l'écume Comme ton papillon dans ma lumière - 45 -
Cherche-t-elle une perle rare Des airs de pensées nocturnes Qui sentent poindre sur la cendre Le baume écarlate de l'œuvre Jetons la pierre dans l'immensité Où tes cheveux caramel bouclent Comme autant d'étoiles éparses Plongées dans le vent insondable Tes lèvres sont peintes De la couleur de mon sang Tout en nuance Tu avances je m'incline Dans le ciel pourpre Tu m'envoies sans peine Tes éclats de ton sommeil Dans le filet de mes songes Accrétés comme des perles De rosée par le soleil Tu es belle est si silencieuse Dans l'aurore idolâtrée Par ta force de conviction Je reste docile au vent De ton haleine offerte Face à la mer Et ma main tourne la page Plie et range Avec une pincée de nostalgie La belle de nuit Dans l'herbier de mon cœur - 46 -
L’amour poivre et sel Ô Brûlantes mèches bleues Tu es ce feu de mes nuits Lovée dans le miel d'écorce Et me brûles l’iris éternel Au gré d'éclore et de périr Je ne pouvais pas l’apercevoir Juste goûter du bout des lèvres De ma phobie du monde Tu es celle qui me protège Arrimée à mon corps Et me couvres de baisers Jusqu'à l'espoir de ne plus exister Je vivais à l'ombre humide D’une âme sauvage et solitaire Sous l'obscurité de mes songes Tu es ce cours d’eau sans fin Baignée dans le sel de ma vie Et l'élixir de mes chairs De la falaise aux galets Je me noyais dans l’écume Au-delà des océans célestes Dans ma convoitise des degrés Tu es ma parure morcelée Expulsée d’un nid de fierté Et mon abandon insaisissable Tout ce qui ne la fait pas naître - 47 -
La rend plus faible Une proie dans l'atelier du monde Maintenant je ne pourrais plus vivre Sans l'amour que tu me donnes Tu es le rêve qui se réalise
J'écoute l'herbe pousser La pluie n'est pas un miracle Lorsqu'une fleur quitte la terre Comme autant de poésies enterrées La profondeur de chaque mot Tranche au scalpel le limon Épais et serein de mon champ De pensée sanguine sémantique J'écoute l'herbe pousser - 48 -
Il n'y a pas de terminus ni barrière Rien à chercher à trouver Derrière l'arbre de ma vie Au-dessus de ses racines La couche de papier Interpelle mes mots Personne ne réclame son reste Chacune recompose sa propre histoire À partir du détail des mots J’ai appris à écouter l’herbe pousser Les abeilles butiner Lorsque qu'une abeille te pique Ta peau se referme En la chassant de la main Tu lui arraches le cœur Attachée au sang de ton corps L’abeille est éventrée Saigne et meurt J'écoute l'herbe mourir Je vais me réincarner en girafe Pour garder la tête dans les nuages Ne pas voir la cruauté du monde Juste la sainteté de plus près Il n'y a pas un grain de poussière Pas un cheveu pas un brin d'air Qui viendra se mettre au milieu Comme un intrus pas même Dieu Aucun orage juste elle et moi - 49 -
À l'heure du thé Au sein d’un silence naturel Sous la charmeuse écrue Suspendus au jardin d’hiver Les inséparables puisent l’imaginaire Garnies d’anses percées Façonnées à l'auriculaire d'Aphrodite Deux tasses en grès chamotté Posent sur la laque rouge Le puits du dragon D’une saveur fruitée Berce le feu de l’attente Reflète des cheveux d’anges Et se mélange le nectar À la chaleur féconde Sous un geste ancestral D’une cuillère en bambou L’amour lui coule des yeux Et ses lèvres ouvrent la cage Vers un plaisir partagé Où la plante morte Peut à nouveau redevenir verte
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Le berceau Perdu dans le berceau du penseur Sur un amas de feuilles écrues Peuplée de centaines de figures J’entends le crépuscule des Dieux Et m’enfuis par la porte de Rodin Lorsqu’une amazone s’est mise à croire à mes mots Je vis se dissoudre mon masque Qui m’avait servi de visage Éperdu d'étonnement Somptueuses figures endormies Dans les recoins de mon enfance Le vent s’est levé vêtue de poésies et d'ors Me refusa tout linceul Détendu dans le berceau du souvenir Une couleur sombre et mystérieuse Me baise le front C’était maman
« Chaque instant recèle sa propre poésie. » - 51 -
Plein hiver Internet est un précipice Et parfois je romps sa nuit Pour lancer un pont de singe lumineux Qui se balance en direction de la nature Voilà la vie qui s'éveille Je descends du noir Et dispose à bout de bras Les ailes de l'amour La nature s'incline ivre de tendresse Étale ses plus belles étoffes Sur mon corps nu recroquevillé Cette déclinaison nouvelle du bonheur M'entraîne vers la vallée blanche Là sous un abri de duvet et de miel Où son fard a libéré mes lèvres des gerçures Et ouvert la voie du baiser La collision a brisé la glace Un tapis de feuille entoure le naufrage Dans le souvenir de la vie Dans le souvenir de l'amour Aidé d'une poésie à deux têtes J'ai saisi le fil d'Ariane Décelé la courbure des membres Succombé aux mille caresses La vallée claque son vent dominant Une colonie de va et vient Hurle la mélodie du bonheur - 52 -
Et le dos se creuse La colonne se détend Le souffle s'épuise Dans un silence de cathédrale Le vent de la vallée s'évanouit On entend plus que le ronronnement des anges Des plumes contre le satin Et je sens contre ma joue Ses seins déjà gonflés Pour la prochaine étreinte Je romprai encore la nuit
« Libellule ce billet doux plié cherche une adresse de fleur. »
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Trouble espérance Perdue dans une boîte Où elle n'avait pas pied Combien de vertiges Elle a vu s'enliser Sur la dune mugissante des regrets De faisceaux d'orage En bris de vers Dans la marge Ensanglantée Combien de grains de sable Aimables et intelligents Rentrant en résonance Ont trahi la présence D’esprits malins Où de plumes en funambules Les pieds dans la lune Elle essaie de s’évader À travers l’anse d’un nuage Combien de mots amers Dotés de tous les dons De la tromperie à la séduction Son cœur a avalé Lèvres amarrées d’écume L’amour lui laissera Le poids de ses maux Se perdre et se noyer Au fond du récipient
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Mon dieu je suis tombé sur la tête Ouf fini le charivari de la ville La fesse droite timbrée par l'oiseau postal De la compagnie Air Crash Test Je zigzague entre les dos d’âne du ciel Direction le désert du Kalahari Non vous n'allez pas me croire Mais après un grand boum Me voilà déjà au-dessus de l'Afrique Dans le Sud où il fait jour en pleine nuit Tintin est un salaud car au Botswana Les esquimaux n'ont pas de plumes dans les cheveux L’alcool en volant ça rend con Je finirai mon verre plus tard Ma villageoise attendra au Congo Belge Hurluberlu la tête pleine de fariboles Je saute de mon nuage bleu blanc rouge Quand soudain je tombe au pied d'un baobab Face à une famille de Suricates Le visage dans l'ocre d’un excrément Mon Oryx m'attend dans sa robe marron glacé Ornée d’un triangle noir en bas du ventre Avec son masque bicolore au manioc Et son sourire venu du Kilimandjaro J'ai le cœur qui bat dans ce tohu-bohu Parmi cette foule de bêtes à cornes annelées Pourtant j’ai l’impression d’être seul à la maison - 55 -
Dans mon fauteuil regardant caméra au point Difficile de ne pas le reconnaître Je suis bien dans le désert de la tentation J'ai les sens qui s’éveillent à travers sa voix Sur l'accord de son arc musical Le cœur dans les tempes Elle laisse s’échouer à ses pieds Son peignoir de sable chaud Sauvages saveurs Gardienne de ses douceurs Elle dépose ses parfums Sur mes lèvres gourmandes Et sa peau dégouline Jusqu’à la source verte de mes yeux Le sol dérobe à nos orteils Nos derniers fruits mûrs Et laisse leurs noyaux en pâture Soudain j’ai le souffle coupé par un coucou Et de la sueur glacée me perle sur le front Comme la veille nous froisse le dos Sans s'en rendre compte Putain c’est l’heure d’aller au boulot La moralité de ce rêve cauchemardesque C’est que je passerai 8477 jours à dormir Alors autant se faire plaisir Et avec vos 2676 jours dépensés Devant l’écran à lire mes conneries Ne jetez surtout pas vos montres Indiquant les années mois jours heures minutes et secondes Qu'ils vous restent avant votre mort - 56 -
Je vous enverrai mes vœux de bonheur Car si je n’ai pas de montre pour vous oublier C’est parce que j’ai le temps de vous aimer Et si je lisais Tintin objectif lune
« Prendre à gauche prendre à droite pour finir au centre de tout. »
Le troubadour sibyllin Après une confession tactile Au cœur d'un tronc d'arbre Je m’allonge à même ses racines Les yeux imbibés dans l’azur Peint d’un bleu de Prusse intense Encadré d’un blanc immaculé - 57 -
Gorgé d’un air pur et frais Le gai savoir défile entre mes longs cils Par-delà bien et mal Chercherais-je le créateur Entre les seins lourds de la muse Et la récréation consommée Perdu dans l'aube de ses veines Je distingue désormais ma lumière Coincé dans un nœud café Où le marre transpire l’épicéa Ma vérité inhérente mortelle Mes illusions inhérentes vitales Et une goutte d’huile de coude Avant de rejoindre mes planches Blondes et généreuses Le cul de l’imbécile heureux Quoiqu’il chante vous contemple Une dernière fois Et se fout royalement Du corbeau déplumé et du renard empaillé Accrochés au mur du refuge Entre deux toiles d'araignées Car la vie n’est qu’une variété de l’au-delà Une variété très rare Donc je pars vite Ô bonheur Avant de fendre l’ascenseur Rejoindre la fibre de mon cœur
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Le prêcheur Les oiseaux ne se cachent plus pour mourir L’herbe pousse l’amour dans le pré Et les fleurs les abeilles Le printemps nouveau est arrivé Après le beaujolais et le trésor de Saddle Ridge Au pays du matin calme à l’heure de Tower Bridge Tous les jardins ne regorgent pas de pièces d’or Parfois une pièce d’eau quelques poissons rouges Gardés par un nain de jardin aux couleurs passées Ce qui me bouleverse le plus Ce sont les agréables événements Peut-être quand on prend de la bouteille Sans être vieux comme Mathusalem Le cœur s'ouvre à encore plus d'émotions Comme un filet qui voudrait attraper tout ce qui est important Comme une sieste qui déporterait un conseil sur la planète orange Secouez-moi Secouez-moi Pourvu que les bulles soient pleines d'idées Qu'elles libèrent une cellule œuf Pour en former des milliards d'autres Vertes ou mûres Je m’en moque je ne porte pas d'armure Et je ne suis pas cosmonaute ni astronaute Juste un poète sans le citer Un jardinier de l'amour - 59 -
Un mystique à qui tout fait mal Autrement dit je suis un internaute Moraliste perdu dans un forum Où la porte d’entrée indique la sortie Sans voler la vedette à Mickey Entre deux nénuphars Une oreille exercée Et je l’imagine perdue elle aussi Dans l’ouïe d’un sourd Entendra en me lisant une vague et légère mélodie Avec des accents qui rappellent La Rochefoucauld Un Chamfort de maintenant « Il vaut mieux être moins et être ce qu’on est » Brutal et sarcastique Grattant sans répit son ulcère Appelant un chat un chat Si ce n'est d'un mot plus vif Et ne sentez-vous pas en épluchant mes textes Ses grosses colères et ses ricanements Qui ne sont que des gémissements de douleur Il n'y a pas de meilleur ange pessimiste Il s'en prend au monde Tel que les hommes ou la vie l'ont fabriqué Un peu de culture De poil à gratter J'ai un numéro pair Et je vous emmerde à l'endroit Comme à l'envers - 60 -
Car je ne trouve pas ma place au cimetière Il y a trop de diesel dans l’enfumoir « On ne peut pas être et avoir été » Éditerais-je dans la maison des petits bonshommes verts
« La vitesse de la lumière est plus rapide que la vitesse d'un train mais plus lente qu'un coup de foudre. »
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Quand le sexe est crayonnages et ratures Connue pour ses peintures écrites Avec l'oiseau de son conjoint Aux teintes sombres Pépita Réal avait évolué vers la couleur En peignant des fleurs immenses Le jour où elle atteignit l’orgasme À vous muses vrombissantes Sachez prendre l’oiseau En cage ou libéré Et mettez-vous à la peinture Soyez imaginatives et perverses L’homme n’attend que ça Si par malheur il s’oppose À l’explosion de votre œuvre Prenez un bel amant À la plume docile Car la beauté est comestible Offrez à sa mouche du bon miel Au bon moment et au bon endroit Et il vous butinera le pistil Au geste ample Et aux couleurs exubérantes Vives éclaboussures La gravité de vos mots Coule vers le bas du tableau Pour signer Jouissance on recommence
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Un dernier poème Hier une nuit étoilée Demain un horizon éveillé Quelques graines d'acteurs Un bouquet de fleur Étrangère à ma clairière Thorax entrouvert Paire d'ailes froissées La libellule s'est enfoncée Dans la mousse verveine Comme toutes ses peines Promises et conseillées De vers bleus déshabillés À la mémoire enveloppée Des racines à la canopée L'écho de sa voix raisonne Ses questions m'étonnent Qui es-tu d'où viens-tu Où vas-tu de quoi rêves-tu Qu'est-ce qui vient de moi Qu'est-ce qui vient de toi Quand une branche cède L'arbre ne meurt pas Il grandit te précède Vers la lumière pas à pas Il n'est que d'aller Il n'est que d'aimer
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Ne prenez pas la vie au sérieux Avez-vous passé le temps d'aimer « How do you say » Ne prenez pas la vie au sérieux Stoppez Un hippopotame qui défie un crocodile Pour protéger un gnou en manque de tendresse Un homme grenouille qui saute dans le feu Pour sauver un pompier pyromane en permission Un tyrannosaurus rex qui mort les fesses D'Adéle Exarchopoulos Pour rendre jaloux la palme en caoutchouc D'Abdellatif Kechiche Un pornocrate qui suit un camembert Président Pour se taper les miettes de son quatre heures L'absence est le plus grand des maux « How do you say » Ne prenez pas la vie au sérieux Dessinez-moi un mouton En laine vierge de Nouvelle Zélande Et je vous tricoterai un Kiwi Avec un bec noir et des yeux bleus Écrivez-moi une fable Au bord de la fontaine de Trevi Et n'apprenez pas les deux pigeons Car tous les chemins mènent à Rome Cuisinez-moi une pie voleuse Dans une cocotte minutes à la plume fluide Et je vous porterai sur des variations - 64 -
De portes et de soupirs Embrassez-moi avec la langue Sans sucer un cachou Lajaunie Avant de franchir mes lèvres Je déteste le réglisse même chez vous Et rêvez-vous d’une vie Sans moi ni jour ni geste seule Et vous verrez le train passer De la cave au grenier Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau « How do you say » Prenez votre vie entre vos mains
Au printemps de quoi Au printemps de quoi rêves-tu Je ne sais pas je ne sais plus À ressentir ce que je ne rêve pas Au lyrisme de la Traviata Et à bout de force ce matin À Tes bras qui sont encore trop loin - 65 -
Au printemps de quoi pleures-tu Je ne sais pas je ne sais plus Aux phrases à jamais l'amour Où jour après jour Mon cœur ne l'ignore pas Le vide se creuse entre les grands hourras Au printemps de quoi ris-tu Je ne sais pas je ne sais plus De toi qui te cache sous ta plume J'aime ta fraîcheur et je la consume De toi qui déteste le train-train J'aime tes voyages et ceux que tu dépeins Au printemps de quoi doutes-tu Je ne sais pas je ne sais plus De moi-même qui tente ma chance De revenir en pas de danse Face au tempo de mon miroir En silence et dans le noir Demain de quoi rêveras-tu Je sais à un printemps ininterrompu À couler des jours heureux Dans le ciel de ses yeux bleus Restons au sud à l'abri des glaçons Dans ce grand cœur colimaçon
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Vu du ciel Quand je serai con riche et célèbre Comme une vierge qui fait ses excuses D’avoir enfanté l’irréversible Ou comme aujourd’hui au pied de la falaise Intelligent pauvre et inconnu Je consacrerai mon quart d’heure de pose Pour vous tweeter depuis mon drone « La terre est belle vu du ciel » Dieu ne me contredirait pas Les mains libres Le cœur sur sa joue L’esprit contemplatif L’œil objectif Harnaché à mon optimiste Je vous décris voile au vent La pollution est un tableau de Zao Wou Ki Énigmatique terrible troublant Et si poétique Mes yeux pleurent une pluie acide Et percent la toile La route est dans le feu de l'action Comme aux heures dingues de Jackson Pollock Où se mélangent le sang et l’or D’un bout à l’autre de la sphère Une circulation ivre morte De lumières folles La ville est une œuvre de Jean Nouvel - 67 -
Noyautée par des chauves-souris technocrates À la rallonge d’un sous de table Luxembourgeois Une fourmilière de tamanoirs Qui cherchent de l'ombre Dans un carré vert L’aéroport est une aile brûlée À la frontière du désert Volant au-dessus d'un sol Sans ressources ni bagages Où Liu Bolin camouflé en épi de blé Donne du pain aux oiseaux affamés La campagne est une agriculture De couleurs sans forces Me rappelant une merde De Laurent Marre Plus loin dans la galerie du fiel Je survole des champs de fleurs Appelant à l'amour de ses iris Gorgés de pesticide aveuglant La montagne blanche n’est plus une parabole Ni une paire de seins doux de Botero Juste un tas d’ossement Fossilisé d’entrailles D’une terre qui ne digère plus Ses peaux mortes L’océan est une œuvre impressionniste Infiniment libre et puissante - 68 -
Avec ses veines expressionnistes Jouant sur les plages du débarquement Avec des excréments surréalistes Des algues radioactives Et là au bout d’un quart d’heure Je viens de vomir mon quatre heures Je m’en souviens J’avais quatre ans
« Si la lune est le rêve du soleil l’homme est le cauchemar de la terre. »
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Postface Depuis le tout début Ma poésie n'a pas été un amoncellement De libellules de frise Et de fil de fer barbelé Elle est sans doute à recouper Dans les vers blancs d'un recueil Nous ne sommes jamais loin de la vérité Toujours présente J’entrevois dans la pénombre Les traits sages d’une poésie nue Elle se maquille toujours Avant de rentrer en scène Un doux parfum se diffuse dans l’air Un peu de Far West Sur ses paupières voyageuses Bercées par le croissant de lune De ses sourcils songeurs Un peu de gloss framboise Sur ses lèvres mûres sereines Lovées dans l’attente D’un fol baiser Une main qui effleure son cou Pour s’échouer sur la plage Humble de son sein droit Dressée d’une aréole myrtille L’autre qui peigne sa chevelure De mèches cuivrées et brunes - 70 -
Et un doux sourire se montre Dans un délice bien païen Lorsqu’elle m’aperçoit à son tour Sa langue m’attire au plus près Tu étais là mon ange Fin de la conversation Face au quai de ma position
« Allier la force à la plume et l'oiseau se supportera davantage. »
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Main d’œuvre Perdue au milieu de tags revendicatifs La main d'œuvre oscille entre colère et abattement Raisonne à des changements Entrer en conflit C'est une demande d'amour Une caresse avant de mourir À quoi sert la lumière du soleil Si Dieu garde les yeux fermés Soleil Agrippé dans les pierres du mur De l'usine en fin de carrière Désaffectée Et le fantôme persistant de l'humidité de la nuit S'élève au-dessus de la rumeur Par-dessus les cheminées en filets de vapeur Et surplombe la dame aux larmes de fer Évanescente
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L'invisible urbain 2014 tous les mêmes L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Une silhouette publicitaire dernier cri Nue au milieu d'un flash mob à la gare de l'Est Un mort vivant à l'heure occidentale Dans le bruit brumeux d'un turbo diesel Une erreur élevée à l'actualité Nostalgique d’un passé oublié Et d'un présent rythmé par son absence L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Un collectionneur d'objets inutiles et d'arts Fabriqués en Asie par son ombre chinoise Un bouffeur de plats surgelés de réparties à l’américaine De paroles et d'images cellulaires Un intérimaire à pied relié par satellite Qui prend les transports en commun sur Facebook Conduit par son propre fantôme d'amis divers L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Est dans le cirage de ses chaussures synthétiques Le visage perdu dans une prison sans barreaux Et respire l’air conditionné du bien-pensant Envoie ses commentaires par SMS Même s'il doute c’est une certitude Appel Dieu le dernier à la mode Pour un voyage en Syrie salutaire L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Selon son uniforme Finira dans un garde meuble Fuira l’amour la haine les conflits de canard - 73 -
Persuadé d’avoir bon goût Et que tout le monde écoute Stromae Vous les invisibles vous êtes tous les mêmes Spectateurs du temps qui passe L'invisible urbain 2014 tous les mêmes A si peur de mourir Qu'il vit juste dans des séquences virtuelles À l'horizon cimenté son oiseau de paille Survole l'aile et la cuisse de son porno Regarde son arbre de vie tweeter Sous un plafond bleu électrique Et cherche sa cigarette électronique L'invisible urbain 2014 tous les mêmes A commandé son clone sur Amazon Histoire de vivre centenaire sur son skateboard Maestro balance lui tes notes formidables Il ira draguer le fond de son écran Trouver une paire de seins un anneau Et sa progéniture sur l'île aux enfants Pour pénétrer le moule de la copropriété L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Souviens-toi de la première fois Où nos regards s'étaient croisés Tu avais encore la foi les yeux brillants Et tes lèvres baisaient la terre entière Derrière ton masque tu as fini aux urgences Malgré toutes ces bouteilles d'air Tous les chemins mènent aux trous
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De nature amoureuse Drapée de verdure Ou voilée de neige fraîche Celle que je regarde N'est plus à l'abri Qu'il fait bon Dans la tiédeur de l'étourderie Dont l'aspect m'épouvante Et m'allume la mèche Elle me retrace ses souvenirs revêches Si proches De l'humeur de mon cœur engourdi La brume de ses lèvres Ne m'a pas tout dit Et bouillonnant Désormais j'explore la brèche Belle en fleur Doux trésor De la vallée humide Dans mes songes adorés Je m'envole avide Et en elle Le pollen s'égrène chantant Dans ce monde Où mes illusions régénèrent quelques restes Où l'amour L’âme sœur par un souffle céleste Un instant arrête le temps
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Au gré du vent Sous mes yeux Près de mon pinceau Une libellule flotte Au gré du vent Quelle âme accompagnait-elle Nous sommes faits d’histoires Sur l’étang miroir Des très grands ronds se forment Une grenouille a sauté Sur les ricochets de ma pensée Je continue ma fuite Parmi les nymphéas La libellule se pose Sur mon chapeau de bambou Il ne reste que des débris Un petit cœur Traînant dans les champs Comme des sillons de quelque chose Des traits emplis de chair Mélangés à la glaise Les yeux clos bras en croix Le mistral se lève Et mon visage se tourne vers la mer Des étoffes aux tons chair dévoilent Légères Un jeu délicat de transparence - 76 -
Dans l’écume du jour Apparaissent de fluides silhouettes Qui évoquent les neiges et les parfums De mon enfance Une robe organdi de soie Brodée d'épis d'or Me berce Un manteau nervuré en feutrine de laine Me caresse Un dos nu en mousseline albâtre Plissé comme des cheveux d'ange Me sourit Et frileuse la libellule se blottit Sous la fourrure De mon armure La vie se déroule sous mes yeux Et j’aime imaginer des endroits Où ni les repères Ni les codes sont les miens Et prendre conscience Que ma logique N'est pas forcément universelle Quelle âme la libellule accompagnait-elle Au gré du vent
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Y-a-t-il un hiatus entre ce qui est écrit et la réalité Le mal du pays est le plus légitime De tous mes voyages poétiques Un soir de train dans l'hiver Sans heurs la lumière défile Rechercher un peu de magie Dans l'inertie embuée d'une fenêtre Sur la courbure de l'imaginaire Pour une libellule c'est le vol Une propriété légitime D'une plume libre Le bonheur est exigeant Comme ces mots et ces traits Accrochés au mur de mes pérégrinations Un bas-relief aphrodisiaque Me livre des lèvres Sensitives et acidulées Où l'un de mes iris l'effleure Où je mâche ses oreilles Pour ne pas qu'elles m'entendent M'essouffler sur les pastelles De son visage d'ange Où se brûle les calories D'un cœur toujours en vie Cet instant Je l'adore vraiment - 78 -
Car je perçois son moi Il me reste quelques heures Pour en connaître la raison Pour arriver à destination
« La vitesse de la lumière est plus rapide que la vitesse d'un train mais plus lente qu'un rêve qui arrive sous nos yeux hagards. »
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Consolation Le souvenir d'une nouvelle mémoire Comme une parabole réceptive S’accroche à sa peau captive Reviendra-t-elle à la maison Elle s'est mise à pleurer Et avait un peu peur L'eau comme les souvenirs Ne remonte pas la pente S'écoule toujours suffisante Érode l'esprit de la matière De la source à la mer Un électron libre croise la route De la libellule à la muette éloquence Se place sous ses ailes Et s'entraident à reconstituer le passé Pour conserver le présent À envisager l'avenir Hier l’innocence fleurissait la neige Un petit garçon sur sa luge en bois Glissait entre les fleurs bleues et rouges La libellule berçait l'air de l'insouciance Caressait ses joues pleines d’amour Et avait découvert là-bas Un nuage de coton qui lui chantait Pour l'envoyer rêver dans son lit Bonne nuit mon petit
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Aujourd’hui l'arbre de vie s’épuise Mais l'heure est venue D'une voix secrète Pour lever la quarantaine Trouvez sans chercher Un amour spontané Un bouquet de santé Un champ de préférence avec beaucoup de fleurs Un ruisseau avec des galets roses Un immense ciel bleu avec un petit nuage Un soleil chaud Et mélangez l’amour et le bouquet L’un après l’autre Versez le dans le champ avec les fleurs Délicatement faîtes couler le ruisseau sur les galets roses Couvrez avec l’immense ciel bleu Et laissez mijoter au soleil Le temps d’un soupir La santé sera dorée à point Une nouvelle vie peut commencer L'amour comme la santé Est interdit à personne Laissons alors agir la recette À la racine du mouvement Dans le pré des mortels La santé n’est pas un cimetière Comme une barrière tenue sur le vide Qui s'immisce dans le pouls Traîne sa fin plus loin
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Liaison covalente Parfois dans les brides de l'aurore Mon bouquet d'iris m'invite À la caresse d'un beau jour À un regard d'une tendresse absolu L'amour est dans ce baldaquin Comme cette feuille vierge Est mon vertige dans l'aurore Parfois la tempête souffle si fort Qu’il étouffe tous les cris d’ailes Dans ces nids collés à la falaise Avec son goût de sel amer Et la vie qui s’échoue sur le rivage Sous les traits d'une nature morte Le cœur palpite encore plus fort La vie avance à pas embrassés Baise chaque feuille D'heureuses étincelles Mangeons entre nous Juste par gourmandise La mort avance à pas froissés Poinçonne chaque feuille De funestes ocelles Rentrons chez nous Loin de cette marchandise
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Pour la seule beauté Relisez moi l'âme dilettante Demain ne sera plus que souvenir Une liaison de chair et d'ombre Entre deux feuilles atomisées
Anxiogène d'une phalange à l'autre Dans la poésie la vie Et encore plus vie que la vie même M'a soufflé Bielinski Et j'aime Être suspendu hors du temps Dans une purée de pois Loin du monde hors des lois Sur la branche d'un arbre Vers une poésie de l'être Qui tend vers l'émotion Vers une poésie de maux Qui tend vers la résurrection - 83 -
Déployer quelques feuilles Pour profiter de la lumière du jour M'extraire de la graine Et naître enfin Pour pointer hors de terre Une mince tige de bonheur Une fleur fragile La vie est une presqu'île Où cohue mensonge Solitude et songe Cohabitent Et si je m'en allais Avec elle me distiller Dans cette arbre immortel Sentir tout au fond de moi La puissance de sa sève Se gonfler dans ma fibre Pousser l'écorce et m'enfler Me gorger de force et de vie Et me dresser à travers l'air Jusqu'à vouloir crever le ciel Dans la lenteur des saisons Afin de croître Avec justesse et mesure Mon horizon Même si pour vivre Nous avons besoin de peu de vie
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S.O.S boîte noire À toi Perdu dans les limbes du pacifique Je t'envoie un peu d'herbe de Provence Pour le mélanger à ton tabac Et la fumée s'envole parfumer ma volonté céleste Chance Tu n'as plus peur de rien Dans le trouble des anneaux du temps Et te faufiles à l'intérieur Faire du Hula-Hoop Est inscrit sur la boîte noire en fer blanc Tabac de Provence Made For Pleasure Curieux mes yeux glissent à l’intérieur Et dans le fond je lis un premier message Quelque part petit papillon aux nuits fragiles Souhaiterait que la vie des hommes Dépende de leurs actes et vies passés Et l'éventail s'ouvre Quelque part ton regard en attente sur le quai Aimerait qu’il traverse le mien une dernière fois Quelque part sur la vague un bateau en détresse Imagine un homme à voile qui viendrait le sauver Quelque part des hommes et des femmes Sont emprisonnés pour une cause incertaine Il faut que tu réagisses
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Quelque part ton sourire pour quelqu'un Et ce n'est pas le même qu'hier Quelque part sur la lune mon âme s'endort en paix Te souhaite bonne nuit Pendant que mes mots s'échappent au fond de l'Astral Quelque part tes doigts sur mes cordes lyriques Te chantent une dernière mélodie d’amour Quelque part je ne sais pas je ne sais plus Combattez frères et sœurs Mais la vraie vie n'est pas ici Quelque part plus loin tu ne sais pas tu ne sais plus Et ce malheur dans mes artères Qui font planer ma tête en l'air Me rend fou Quelque part je reviendrai On ne s’est jamais revu
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Les rideaux d'argiles pleurent-ils encore Fragile L'ombre bleue Étale en plein jour Sa solitude Elle peint ses blessures Les rideaux d'argiles Tristes et noirs De ses songes Et la détresse Des heures dans sa chambre Douce Ombre bleue Dans la douleur qui te ronge M'apparaît ton long chemin Enfant la volonté pure d'une vie pleine Et l'autre Perçant ton être d'une flèche Te l'à tracé Ton chemin va dans le désespoir de tes vers Ombre Bleue dans ton désespoir Ne crains plus le noir Qu'il fasse nuit Scintille L'amour de mes feux verts Dans la chambre ta chair brille Face aux heures du doute - 87 -
La paix dans ta poésie C'est l'éternel combat Une course folle Pour effacer ce mal Il n'est qu'une vieille tumeur Passe à l'envol Ta plume attend Sur l'horizon bleu Où ton cœur Ne pleurera plus à sanglots longs
« La vie est un long fleuve tranquille si l'on sait éviter les crocodiles. » - 88 -
Horloge macabre Je roule Tic tac Nuit froide Bruit sourd Avenue bijouterie fast-food Rue pharmacie lampadaire Lumière absurde et terne S'il s'agit d'un voyage Même si tu vis encore trente ans Tout sera pareil C'est celui du retour Il n'y a pas d'issue C'est tout ce que je sais Tu mourras Et tout reprendra du début Tout se répétera comme avant Nuit rides glacées du visage Dans l'absurde solitude de chacun Rue pharmacie lampadaire Avenue bijouterie fast-food Bruit sourd Nuit froide Tic tac Je roule
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Cloué au zinc d'un nuage d'alcool Au zinc d'un nuage d'alcool Je suis cloué Je suis ivre depuis longtemps Tout m’est allogène Mon bonheur est tout entier Dans une bulle de cristal contenu S'infiltrant dans une bruine d’argent perdue Tout s’enfuit dans la bulle Tout s’enfuit Dans les neiges du temps Dans mes heures finies Seule l'imagination est encore à flots Avec la brume d’argent Sous la plante des pieds de l'amour Les étincelles voltigent Dans la sourde obscurité Tout ce noir par elles est la clarté Murmurent les angelots du baldaquin Sur le bonheur qui se dissous Et seule se voit dans le noir Ma plume d’argent toute la nuit écris Et toi Toi mon imagination Mon aveugle imagination Tu es ivre Ivre d'amour dans le noir
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Insomnie amoureuse L’amour est trop lourd Pour ne pas forger l'inspiration Jusqu'à imprégner l'essentiel Aujourd’hui J’ai vu quelques flocons s’isoler sur les crocus Et certains pétales ne pas résister au vent Du sentier qui descend de mon lit Jusqu'à l'escarpement de la chair Je contemple Je contemple en cette nuit de printemps La beauté apaisée D’une insomnie amoureuse Plus tu désires le sommeil Plus joyeuse est encore la vie La bruine mouillée s’éternise sur la baie vitrée L’épais tissu de la nuit Me pénètre la poitrine Déterre donc déterre ce que fut la vie Déterre donc ce qu’elle pourrait être encore La bruine s’éternise sur le champ de crocus Ah seulement Dormir Dormir Mais toujours Quelqu’un viendra nous aimer
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L'étoile endormie dans tes yeux Pendant tout ce temps J'ai tant voyagé Nulle part ailleurs Juste sur l'étoile qui brille dans tes yeux Maintenant l'heure a sonné Je pars me reposer Sur l'étoile endormie dans tes yeux Je me suis allongé dans cette beauté Il n'est plus question de reculer Et nos lèvres ont crié derrière la peur Les voilà qu'elles se reprennent à rire Au bord du chemin Un trèfle à quatre feuilles Nous présage un nouveau destin Je plais à l'oriflamme qui clignent des ailes Dans l'alcôve l'amour est là Inconditionnel Et penchant mon visage vers le ciel du lit Je lui dis ma belle prépare-toi Comme moi Pour repartir de plus belle Je suis ni le premier ni le dernier Mais notre amour sera pour longtemps plurielle Pendant tout ce temps J'ai tant voyagé Nulle part ailleurs Juste sur l'étoile qui brille dans tes yeux Maintenant l'heure a sonné - 92 -
Je pars me reposer Sur l'étoile endormie dans tes yeux Tout se meurt Tout Sauf ce que l'on protège en nous Pour l'offrir à l'autre
« La liberté porte des jarretelles car c'est un jeu de lois et de plaisir. »
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Demain Demain soufflera-t-il le vent de demain Comme le sage assis sous son arbre L'oiseau ne chante pas ce qu'il sait M'a soufflé le vent d'hier Il est des ondes où s’apaise L'orage nuisible de la vie C’est une plume qui vous caresse l’épaule Ou qui écrit un poème éblouissant Et alors l'habituel s'imbrique Au mur gris sans ouvertures Et doucement en face du mur La grue-console du silence s'envole Et la mélopée naissante et sourde Dans le silence qui enchaîne le zéphyr Frise les cordes ankylosées par l'existence L'ectoplasme tendu comme une harpe Comme l'harpie à la plume rapace Le pervers ne sait pas ce qu'il dit Si la femme est fragile l'homme est fragile
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L'encapsulation de ma mémoire J’éternise J’éternise ma subsistance Ma subsistance insensée et folle Aujourd'hui Dans l’insoluble protocole Éthernet Je souris me connecte imagine Je sauve garde Cette granularité très fine Le débit de ma vie Demain Je pleure revis chante Mon imminente naissance coaxiale Et derrière mon dos Immobile Se tient celle qui de son immense cœur Recouvre Tout entier le miroir de ma mémoire Mémoire numérique Éternelle Fermant les yeux La glace me projette un plein d'amour Dans ce domaine Où jamais on me quitte
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Cryogénie Le prénom de ses lèvres Le baiser sur la neige Limpide et glaciale Gorgée d'eau bleue Avec ce baiser abyssal Mon sommeil est profond Les mots qu'on n'ose dévoiler Deviennent les élus du silence Impossible de se tenir debout Sans jamais se coucher Et si l'on apprend peu par la mort Mais beaucoup par la vie J'ai choisi l'intensité de la lumière Où l'homme est le printemps La femme la fleur Avant de crier au génie Gorgée d'eau bleue Limpide et glaciale Le baiser sur la neige Est le prénom de ses lèvres Je t'aime
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Le cri Tu es parti aux antipodes Et je suis sur l'exoplanète Upsilon Andromède b En passant du côté sombre Au côté éclairé de la planète Un changement de température de 1.400 °C M'interrogeant contre la glace brûlante Maintenant mes lèvres ne peuvent l'avouer Le mot élu qui nécessitait lecture Je lis mon passé sans amertume Le cuir chevelu encore humide par ton règne Car je n'ai pas compris ta grandeur sacrée Je sais la vie humaine est une rosée passagère Oui tu es l'ange gardien si précieux De ce monde à la recherche Du bien sans résoudre le mal Le cri non ressuscité Et recueille un autre te flatter Laisse se multiplier injustice et terreur Le cri de l’Homme ne déposera sur ma tête Aucuns psaumes fantômes Sauf celui là « Heureux l'homme qui ne marche pas Selon le conseil des méchants... » Je ne serai jamais ivre De tes apparitions Comme je n'ai jamais été concerné - 97 -
Par ta nomination Et je publierai ce poème Quand l'Éternel me dira Tu es bien le fils de ton père
Sous la pluie À tes cils Sous la pluie J’ai suspendu mon âme Et flirté ma langue sur toi Toute l’envie De nous qui sait mon âme À ton corps asservie - 98 -
À tes yeux Sous la pluie S’est évanoui mon sein Puis est venue la mort Tout contre mon bonheur Un vent glacé du Sud Tout contre notre vie À deux Nouvelle À nous Dont l’ivresse en survie Semblait soudain fébrile Envolée la douceur Je ne me souviens pas Avoir pleuré sur nous C’est ainsi que si tôt L’amour a mis les voiles Dérobant sous nos pieds La terre d’un rêve doux Et si la lune enfin Nous prêtait une lueur Le ciel pleure encore Aux premières étoiles Aux mesures d’un temps Où désormais je meurs
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Rupture Elle est une idée Qui s’est détachée de moi Comme un enfant Qui cherche la liberté Pour mieux s'agripper À la main protectrice Aujourd'hui Sur les traces du poète Cela n’a pas d’importance Cela ne signifie plus rien Je suis dans le noir À creuser le fond de l'écran Pour écrire une dernière fois Mon chemin de vie J’ai du mal à me rappeler Ce que cela veut dire L’avenir Là-bas J’imagine qu’elle se brosse les cheveux Se pulvérise du parfum sur le cou Et les mains Avant de recevoir Un baiser d'amour
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Concerto J'aimerais qu'elle me dise Juste un je t'aime Vivre la bohème Encore mille et une nuits Son champ parfumé Est un feu à fleur d'été Tout est luxe et volupté Et le calme sera plus encore Quand l’aube arrêtera la danse De ses corps confus Découvrons leurs cœurs Ceux qui se sont couchés Sur la rosée d'un air fleuri Au temps d'heures sauvages Le paysage qui défile sans fard Me rappelle Me rappelle celui de ses yeux Verts et généreux Un voyage d'amour Sans bagages ni destination Attelé à un nuage de mousse Égaré dans une onde Solaire et blonde L'âme troublée Le cœur dénudé Mes pensées s'échappent - 101 -
Habiter l'autre lumière Le corps chancel Où est la fleur l'hirondelle À mes cils sous la pluie Sous l'éternelle voute De l'amour en déficit Sauvons-nous au plus vite J'aimerais qu'elle me dise Une rencontre N'est pas que le commencement D'une séparation
« Lève les yeux au ciel tu y verras passer les nuages, et tu pourras rêver à des voyages si beaux qu'il te semblera les avoir faits. »
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Soleil de nuit La première nuit est intense La deuxième confirme Humer la peau de l'autre Pour éteindre le feu La soif éternelle Ces souvenirs à l'obscurité Me rongent le jour Avec mon nombril Ma poésie est ma plus belle cicatrice Elle me rappelle que j'étais attaché À l'amour avant de vivre Qu'il puisse entrer Dans cet espace convexe Tous ses mots qui m'interpellent Tous ses maux qui m'épellent Je les ai insérés Dans les pores de mon corps Parfumés de son suc Lentement au bord d'un mail Et d'un SMS inutiles Le frisson épidermique Nourri ma solitude Le silence et le vide Jusqu'au jour
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La clé Entre le plaisir de l’un Et le plaisir de l'autre Il n’y a pas plus épais qu’un recueil Quelques feuilles d'encre folle Encore Faut-il savoir souffler entre les vers Pour saisir l'insaisissable À la première envolée Entreprendre le geste Pour exfolier le passé Cueillir deux iris pour apprendre À fleurir l'avenir S'apprivoiser dans une flaque Pour ne pas sombrer dans l'amnésie L'amour est une violence Une arme qu'il faut aiguiser Pour solidifier sa force Enraciner l'accord Nourrir la paix L'amour est un savant mélange De silence et de lumière C’est comme une grande pièce nue Avec un filament sans abat-jour L’éclairage est parfois violent Les ombres agressives Faut-il le craindre Fuir par une porte - 104 -
Celle du paradis Celle de l’enfer Celle de l’oubli Laquelle Chacun est libre D'esprit et de corps Rien ne se consume par hasard Le hasard est une conséquence D'une porte mal entretenue Où la charnière grince À chaque courant d'air Où l'absence envenime La serrure de la liberté L'amour est une clé Et il y a des clés Qui n’appartiendront jamais aux vainqueurs Et des victoires Qui n’appartiennent qu’aux vaincus
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Je viens d'écrire un poème Je viens d'écrire un poème intérieur Avec le pollen éparse de mon cœur L'invité ne comprends pas toujours Ce vase clos mûr du désamour J'ai tant écrit à l'encre folle Qu'aujourd'hui elle s'envole Sur mes peines sans valeurs Sur mes joies sans clameurs Sur un champ désolé Où j'ai parfois aimé La neige comme la peau Douces et capricieuses La nuit comme les eaux Profondes et mystérieuses Je viens d'écrire un poème essentiel Avec ce cheval ailé passionnel Le cavalier franchit toujours Cette haie ardente de l'amour J'ai tant écrit à l'encre bleu Mes souvenirs finissent dans les cieux Sur des nuages de mille corps Sur des arbres aux feuilles d'ors Sur les champs Élysées Où j'ai tant aimé La plume comme la chair D'une muse chatouilleuse La poésie comme ce vers La vie est si aguicheuse - 106 -
L'el canto de la ranita Elle se balançait au bout d'un nuage Sur le champ dépourvu de colères S'étend l'œuvre écarlate de la nuit Et comme une brume amoureuse Elle a enveloppé le jour naissant Dans ce silence sans grisaille ni haine L'œuvre privilégierait-elle La qualité ouatée d'un nuage Qu'à l'orage qu'il peut répandre La main qui danse face au soleil Et le pied qui frappe dans le noir L'œuvre ne voit pas L'œuvre n'entend pas Ni les éclats des merveilleux duels Ni les échos agités des disputes L'œuvre creuse l'harmonie Dans le chaos de ses sentiments Comprend les indices Des journées fatales et cruelles L'œuvre entend à nouveau « L'el canto de la ranita » Et voit Les ronds dans l’eau des oiseaux migrateurs Et ne peux plus dormir en paix Lorsque tant d'orages menacent La dissolution de son cœur - 107 -
L'heure est venue de se recueillir Avant d'affronter une nouvelle bataille Car la mort n'est qu'une plume Et la vie une montagne à gravir
La chose Si chaque chose a un prix Il y en a une qui n'en a pas Celle qui efface les nuages Gorgés d'amertumes Les parois de la solitude Les jours sans Et qui redessine la vie À la parallèle de l'incandescence Celle qui joue avec le vent Les mains et les lèvres étonnantes Avec les cheveux des muses - 108 -
Les canopées et les tours de verres Celle qui développe avec grâce L’esprit de fantaisie et de bonne compagnie À l’image des folles éponymes Qui s’adapte aux fantasmes les plus inventifs Sans perturber le développement de son hôte Et qui se fond avec douceur dans le paysage En une multitude de variations élégantes Celle qui s’amuse à transposer les songes en lumières Vers le cœur des uns et des autres Et qui déploie une gerbe de bourgeons colorés Aussi espiègle que propice À une disposition contagieuse Celle cousu qui invite à la mobilité Se découd s’enrubanne s’enroule Selon l’envie de chacun Lorsqu'elle envahit les corps La création d’une nouvelle inspiration Est un jeu d’enfant Une veilleuse de nuit inattendus Où le fil de soie de sa racine aérienne Tout en souplesse Passe à travers la chair et l'esprit Sans frontières ni mépris La simplicité de son accord La rend soumise et ludique Mais il faut la mériter Pour qu'elle se prête à l’imagination À l’initiative à l’humour À l'amour - 109 -
Titre des poèmes recueil 7 (Période 2013- 2014)
Page 1 - Peau d’âme Page 3 - Ainsi la nuit Page 4 - L'excellence de l'amour est-elle un perpétuel festin Page 5 - L’Édelweiss noire Page 6 - Amour et comédie Page 7 - L’âme rose est toujours rouge Page 8 - L’art incertain d’aimer Page 9 - Arabesques Page 10 - Héméré Page 11 - Dieu, n’est-il pas l’heure de s’évader ? Page 12 - La fileuse de nuages Page 13 - Sire… Léonarda vous fait la grâce ! Page 14 - Au nom des roses Page 15 - Le royaume de l'esclavage moderne Page 16 - Lapilli Page 17 - Aimer c'est saisir la fragilité de la chrysalide Page 18 - Quand un ange passe l’heure s’attache Page 19 - Techno où est la mélodie de ta mélancolie Page 20 - Silence ! Moteur, ça tourne… Page 21 - Fruit mûr d'un cauchemar Page 22 - État de choc Page 23 - De nature amoureuse Page 24 - Alpina Page 25 - Vernissage d'un essaim parfumé Page 27 - Germinale ascension Page 29 - Voici venir la noce de septembre Page 30 - Reflet de France Page 32 - L'amour laisse des traces Page 33 - Lucie Page 35 - Le temps d’un rêve Page 37 - L’inspiratrice Page 38 - L’important c’est d’aimer Page 40 - L'ombre bleue Page 42 - Passion Page 44 - Le second visage Page 45 - Face au vent de la mer Page 47 - L’amour poivre et sel Page 48 - J’écoute l’herbe pousser Page 50 - À l’heure du thé Page 51 - Le berceau Page 52 - Plein hiver
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Page 54 - Trouble espérance Page 55 - Mon dieu je suis tombé sur la tête Page 57 - Le troubadour sibyllin Page 59 - Le prêcheur Page 62 - Quand le sexe est crayonnages et ratures Page 63 - Un dernier poème Page 64 - Ne prenez pas la vie au sérieux Page 65 - Au printemps de quoi Page 67 - Vu du ciel Page 70 - Postface Page 72 - Main d’œuvre Page 73 - L'invisible urbain 2014 tous les mêmes Page 75 - De nature amoureuse Page 76 - Au gré du vent Page 77 - Y-a-t-il un hiatus entre ce qui est écrit et la réalité Page 80 - Consolation Page 82 - Liaison covalente Page 83 - Anxiogène d'une phalange à l'autre Page 85 - S.O.S boîte noire Page 87 - Les rideaux d'argiles pleurent-ils encore Page 89 - Horloge macabre Page 90 - Cloué au zinc d'un nuage d'alcool Page 91 - Insomnie amoureuse Page 92 - L'étoile endormie dans tes yeux Page 94 - Demain Page 95 - L'encapsulation de ma mémoire Page 96 - Cryogénie Page 97 - Le cri Page 98 - Sous la pluie Page 100 - Rupture Page 101 - Concerto Page 103 - Soleil de nuit Page 104 - La clé Page 106 - Je viens d'écrire un poème Page 107 - L'el canto de la ranita Page 108 - La chose
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Remerciements Je tiens à remercier en particulier ma famille Nadine Tabère pour ses corrections et préface Élisabeth Mesner pour sa préface Et tant d'autres La vie
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A comme Amour Poèmes Recueil 1
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