A comme amour recueil 4 james perroux 25 11 2013

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www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux

A comme Amour Poèmes Recueil 3

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A comme Amour Poèmes recueil 4 2009-2013


Préfaces Cerner à quel genre poétique appartient l'univers de James Px., le rattacher à une école qui serait peut-être proche du surréalisme serait être réducteur et injuste. Le talent poétique de James est de nous amener à la frontière de l'invisible, dont il est un explorateur enivré, « D'un monde étrange dans lequel il se sent bien. » (dixit l'auteur). Le poème café est un remarquable exemple de cette dérive de mots dans un imaginaire fastueux, où les métaphores défilent, paysages fous où le feu côtoie la neige, les océans les nuages et l'ivresse nait sous nos yeux, inoubliable alcool de mots qui pénètre dans nos corps, par l'incantation voluptueuse de tous nos sens. Il y a cependant un fil conducteur entre tous ces poèmes, une trame où l'on retrouve sans cesse abordés les thèmes de l'amour, de l'imaginaire, de l'enfance et cette indestructible neige qui hante ses poèmes et jalonne les voyages de sa propre vie. Ne passez pas à côté de cet univers si riche qui nourrira votre imaginaire au point de vous donner l'envie de devenir l'artiste de votre propre œuvre. Élisabeth Mesner

Lectrice assidue de ses textes, je n’hésite pas à le qualifier d’auteur aérien tant il embrasse tous les thèmes. Un paysage, un regard, un parfum, un mot…. Tout devient prétexte à l’écriture et la banalité se trouve transfigurée sous sa plume car James fait se juxtaposer des réalités même diamétralement opposées. Pour le lecteur c’est la naissance d’images plus que surprenantes et on se laisse aisément emporter par son style. Nadine Tabère


À propos de ma poésie La poésie est dans mon corps Né quelque part en Savoie et j’habite désormais dans le Var. Ces espaces de liberté comme la montagne et la mer, les éléments naturels, la neige et le sable, le soleil et le vent, le froid et la chaleur, les couleurs et la lumière m’ont nourri abondement les yeux et le cœur. J’ai fini par attraper un virus, celui de dessiner et d'écrire partout et n'importe où pendant mes heures perdues et trouvées. Lecteur, je vais vous faire une confidence, comme j'ai du mal à gérer ma ponctuation lorsque j’écris de la poésie, je n'en mets pas. Je me dis souvent à l’oreille, qu’un texte c’est comme une peinture, je ne dois pas le figer dans un cadre mais lui offrir une dimension expressionniste voir surréaliste ; où vous, lecteur, vous vous sentirez presque à la maison et son interprétation évoluerait selon votre nature psychique et sentimentale du moment. Je crois que le son, l'harmonie, le rythme et le sens du texte doivent être libres d’interprétation ! Il y a aussi pour moi le côté esthétique du texte qui est primordial et la ponctuation ne lui va pas ! Je parle pour mes poésies et non pas de ma prose et de mes nouvelles. C'est comme pour les rimes, souvent je reste dans un état de grâce, de transe et je me laisse emporter… J’oublie volontairement la mécanique comme seul pouvoir ; ce pouvoir « d’école classique » me coupe souvent l’herbe sous le pied et me fait perdre l’équilibre ! Et c'est dans mon équilibre musical et de sincérité brute que j'essaie de transcrire mon âme en conciliant l’intellect et la sensibilité, l’intuition et le calcul, la métaphore et le figuratif. Bien que j’aie une grande compassion à l’égard de l'homme, je ne perds pas de dévoiler mes confidences personnelles. Je suis un homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours, ses rêves et ses peines. Et voilà le résultat, je vous l’offre !


« Une poésie n’est-elle pas le seul endroit au monde où deux âmes étrangères peuvent se croiser intimement. »


Au revoir tristesse Ne gaspille pas tout Saisis-toi d’une vieille poésie triste Et ressuscite-la Comme tu sais semer l’amour Et fleurira ton état d’esprit N’oublie pas de la sortir N’oublie pas de la respirer N’oublie pas de la laisser rentrer Au plus profond de ton cœur Et tu ressentiras la vie autrement N’ai pas peur Tu as l’envergure pour la déployer À la seconde où tu l’auras dans la peau Follement tu habiteras ce corps à corps Et flotteras dans la pesanteur Affale les voiles de ton cœur Souffle-lui tes plus beaux mots N’essaie pas d’écrire la plus belle poésie du monde Tu n’as pas tous les maux Juste un souffle à l'âme Ne la laisse pas sombrer Tu l’as repêché maintenant va la ranimer Rappelle-toi laisse la dériver sur ton cœur Et tu renaîtras comme si t'étais enfant A la seconde où tu l’auras dans la peau Laisse-la te caresser laisse-la flirter Tu attends quelqu’un pour écrire

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Et tu ne sais pas s’il va venir Les mots sont dans ton cœur Les pages sont entre tes mains Ne gaspille pas tout Saisis-toi d’une vieille poésie triste Et ressuscite-la Comme tu sais semer l’amour Et fleuriront tes états d’âmes

Lettre noire et blanche Regarde autour de toi Regarde ses yeux Les yeux de celle que tu aimes Ou touche un arbre Simplement Et enlace son écorce As-tu déjà essayé Essaie et tu comprendras Tu ne l’as pas seulement caressé L’arbre t’a répondu à sa façon Il t’a manifesté son affection Alors à cet instant tu comprends L’arbre est bien plus qu’une forme végétale Et ressentirais-tu cette connexion existentielle -8-


Avec tout ce qui nous entoure Telle une communion Ton hirondelle est un être à part Elle ne sait pas encore vraiment où est sa place Mais elle la trouvera Elle le sait Intuitivement Une relation se doit d’être authentique Elle a l’amour comme racine Le partage du désir et du plaisir Comme tronc et feuilles Elle n’exige rien N’attend rien Et lorsque les routes se sépareront Les amants se glisseront des adieux avec gratitudes D’avoir joué un rôle important l’un pour l’autre D’avoir partagé tant de joie de bons moments Ce n’est qu’en se libérant de la prison De son conditionnement Des idées morales ou immorales Du péché ou de la vertu Que nous trouvons la vérité Au fond de notre cœur Et commençons à voir la vie Dans sa nudité À la fois douce et cruelle La dualité des choses est une réalité Le Ying et le Yang est une réalité Tout n’est pas blanc ou noir

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Herbe rouge Est-ce l’écho de ta voix aux alentours Que j’entends au lever de ce petit jour La fenêtre ouverte à la bise d’hier Caressant sur toute cette chair Une fleur douce encore séduite Au creux d’une lueur du temps en fuite Est tristement seul et givre Ne faut-il pas être toujours ivre De vin de soleil d’amour de poésie Avant que le verbe s’enfuit Est-ce l’overdose d’une alchimie d’âmes Entre un diable souverain et une femme Entre un tragique destin Et une culture du chagrin Entre un cœur sanguin Et une fleur perdue enfin J'attends près du parchemin Un message de ma belle amie en vain A-t-elle dressé l’oublie Serait-elle vraiment partie Elle m’envoie un roseau Avec la pointe taillée en biseau Et de l'encre rouge Dessinant des rayons infrarouges Sur le pré qui nous sépare M’enverrait-elle une herbe rare

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Voyages Il y a le voyage intime À l’ombre de mon île suspendue Ne me dites pas Ce que je pouvais accomplir Ne me dites pas Tu devrais revenir Ne vous inquiétez pas D’autres jours restent à découvrir Ne vous inquiétez pas D’autres nuits restent à recouvrir Il y a le voyage ultime Seul l'âme perdue Ne me jugez pas Même si l’heure sonne Ne me jugez pas Même si l'aiguille détonne Ne m’attendez pas Tout cela n’a aucun sens Ne m’attendez pas Le temps n’a plus d’importance Il y a le voyage d’ivresse Entre une femme et son amant Et maintenant que le bateau est parti Je veux qu'il m'enivre encore indécis Ne me dites pas Tout est rose dans la vie Ne me jugez pas - 11 -


Pour condamner ma folie Ne vous inquiétez pas Je ne vous oublierai pas Il y a le voyage tendresse Des bras d'un père à l’enfant Et maintenant que le bateau parsème Je veux tout simplement qu'il m’aime Ne m’attendez pas Comme si c’était le jour d’un baptême Ne me dites pas Tu es toujours blême Ne vous inquiétez pas Je ne vous quitterai pas Il y a le voyage extraordinaire Où mes yeux se posent sur la lune Je veux qu'il m'emporte Et c'est l'heure de franchir la porte Ne vous inquiétez pas Je passerai dans le ciel inaperçu Ne me dites pas Nous sommes souvent déçu Ne me jugez pas De toute façon je suis ainsi conçu Il y a le voyage imaginaire Où mes mains composent ses dunes Je veux qu'il m’oblige à rêver À chacune de mes nuitées Ne vous inquiétez pas - 12 -


J’ai franchi avec passion cet endroit Ne vous inquiétez pas Il y a toujours une partie de moi À l’ombre de mon île qui a survécu Je reviendrai convaincu

Un ver doux sinon rien Je n'oublie pas mes amis Même si le temps reste muet Le cœur est toujours en éveil À la lueur d'un photophore Ou à l'ombre d'une brande de bruyère Déversé dans un palais de cristal Il chérit ses flagrances de miel de coing D’orange de citron confits C'est la bohème d'une étoffe - 13 -


Généreuse paille ambrée Frivole et glamour L'éclat de l'ambre est à l'honneur Cette langoureuse allure fumée de noix Laisse penser qu'elle est la plus belle fleur du bouquet Et son côté savoureux Très mange-moi Comme ses filles du sud Le regard noir surligné par l’azur Le cheveu sauvage et dense L'accent qui fleure bon le soleil Et là limpide Je prends toujours une place folle Personne ne s'en plaint Les filles sont toutes ravies J'adore ça Normal Je suis splendide comme une tête d'affiche La finesse des plus grands Et l'éloquence des meilleurs On jure de se revoir Et pas dans dix ans Regardez le passer Notez l'ampleur C'est mon verre d'ambre douce

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Edelweiss Se laisser vivre Et mourir dans la nuit profonde Murmurait-elle dans mes veines Serais-tu mon soulier de vair Après l’amour La terreur Dans le froid Sous la neige Ses pas s'effacent À l’aplomb de la forêt L’étoile des Alpes Hiberne Comme l’ours blanc Est ma foulée Et je piétine D’impatience De la revoir Proche de ma chaumière Loin du diable Dans ma prairie La peau blanche C’est mon emblème Mes gémissements Je l’aime Le cœur à fleur de peau Je bois tous ses mots - 15 -


À l’encre de miel Elle m’écrit du ciel Pour fuir la réalité Rêver d’astres dorés Écrire une chanson Ses illusions Vivre sa vie Et mourir dans mes nuits profondes

L'enfant divin L'enfant Entend des cris Brûler la nuit Innocemment Les noiera-t-il Avec ses yeux D’eau bénite Au plafond Un ciel noir Et se détache Un ange blanc Le monde Sourit - 16 -


Anémone Elle m’appelle automne L’horizon vermillonne Et la montagne flambe Gaiement entre ses jambes Elle m’appelle automne Plus rien ne m’étonne Et la neige précoce Ensevelit mon sacerdoce Elle m’appelle automne La pluie m’assaisonne Et son bouillant torrent Brûle mon pénitent Elle m’appelle automne Le vent pilonne Et le bleu du ciel s’affole L’ancelle s’envole Elle m’appelle automne Trop vite elle s’abandonne Ses dorures s’esquissent Et mes rouges applaudissent Elle m’appelle automne Morte est l’anémone Et inscrite dans l’herbier Je vous quitte apaisé - 17 -


Colline Colline la fesse cabriolet Assise sur le tabouret Recouvert d'une broussaille Joue à la courte paille Avec ses doigts Lequel gagnera le droit Te taquiner l’échancrure De sa carrosserie à température Colline les seins nus Face au miroir inconnu Recouvert d’une légère buée Dessine des cœurs cintrés Avec sa langue en émoi Lequel sera le roi Pour lui mordiller Ses aréoles accastillées Colline la cuisse frivole S’allonge à même le sol Recouvert de pétale de rose Songe à l’amour en prose Attend l’archange Gabriel Lequel tombera du ciel Aimer cette bohémienne Cette chanteuse musicienne

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La symphonie d'une chair Joannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart De son vrai nom au hasard Suspendue désormais sur son Saint-Siège Est mort seul sous la neige Sans Twitter Facebook ni fortune Accompagné à la fosse commune Par un chien et des fantômes Et sur ce tapis mercurochrome Cette filandreuse mineure N’est-elle pas en do mineur Face à son destin Poupée d’un réseau clandestin Placée en première ligne sur son manège Avec son faux petit tailleur Courrèges Et ses grands yeux noirs Repassés chaque soir au laminoir Et c’est Pierre-Auguste Renoir Dit Auguste Renoir Avec ses doigts tordus qui rentre en scène Au bord de la Seine Loin est le moulin de la galette Peint la jeune fille au piano Cosette S’est-elle encore perdue Cette poupée de l’inattendu Dans un menu vital d’androïde Elle n’avait pas choisi cette vie cycloïde Elle ne voulait pas sniffer la neige - 19 -


Ni être baisée au milieu de ce cortège Ravel avait une tumeur Et ce n’était pas une rumeur Elle lui suça d'un coup toute sa musique La femme est une clameur unique Beethoven était sourd Et entendait le bruit du crabe tambour Dans son désastre de neige Du haut de son solfège La poupée a les cheveux blancs de sagesse Mais son cœur est mordu sans cesse Comme elle voulait parfois oublier Fuir le mauvais génie déployé Quitter les affres de cette vie Quitter les rimes de cette poésie Alors elle est partie se perdre dans la forêt Elle n'espère rien même pas un éventuel s’il vous plait Elle a fait ce qu'elle a pu Et nul ne se souvient de ce qu'elle fut Bientôt on ne verra plus l'empreinte de ses pas Et qui se souviendra De cette jolie fille aux grands yeux noirs Elle voulait juste goûter les joies de la neige Juste dire un au revoir Et mourir à temps sous son chêne-liège

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Ronde à violette Violette ce qu’elle ignore C’est que je l’aime encore Il faut que je la numérise À travers ma fumée grise Et si elle jouait du violon Je lui écrirais une chanson Dont ses peurs avec le temps S’estomperaient doucement Immobile dans son univers Elle pleure mon regard solaire Cherche désespérément mon visage Piétine avec ses sauts de pages La pluie efface son abandon Pieds nus dans ses sillons C'était l’affichage attendu De son ennui répandu Violette ce qu’elle ignore C’est que je l’aime encore Il faut que je la singularise Anéantisse cette crise Et si elle jouait du violon Je lui écrirais une chanson Dont ses idées avec le temps S’épanouiraient doucement Sous ses accords sévères Tremblent mes vers Qu'il était triste notre été Aucun murmure même étouffé - 21 -


Tout seul statufié et muet Debout près du bar je buvais Noyé dans un long voyage Oubliant les traits de son visage Violette ce qu’elle ignore C’est que je l’aime encore Il faut que je la mémorise Lui offre mille fleurs éprises Et si elle jouait du violon Je lui écrirais une chanson Dont ses joies avec le temps Fleuriraient doucement Une de mes larmes s’échappe Il faut que je la rattrape Je n'avais pas bien compris Elle vivait juste pour lui Et moi je suis sans doute lui Je n'avais pas bien compris Le poids de son secret Dois-je lui écrire sans arrêt Violette ce qu’elle ignore C’est que je l’aime encore Il faut que je la numérise Il faut que je la singularise Il faut que je la mémorise Et si je l'ai bien comprise Je lui écrirais un petit air Sur sa douce peau si clair

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Mes derniers vers Parce que le dernier mot N'est pas le mien Ce poème trempera ses lèvres Dans l'immense marécage blanc Il faut un long silence Pour une harmonie parfaite Je me tiens debout silencieux Comme un enfant au cœur fébrile Les pieds mordillés par le froid Mes rhizomes sentimentaux Se disputent avidement Consonnes solides Voyelles liquides Dans la vase de mes pensées Ne dites rien c’est une prière Entre le nymphéa le papyrus L'iris bleu et le lotus Et s’endort le poète Peu importe le mirage Tout est question d'éclairage Sa vie s’évanouira au coucher du soleil Pour s’échouer dans les ombres dorés Voir éclore ses vers sous la lune Au bout de ses lèvres Le front dégoulinant de fièvre En plein rêve avec ses griffes - 23 -


Il cherche encore ses lettres À l’épicentre de ses lacunes Il faut un long sommeil Pour écrire une poésie parfaite Parce que le dernier mot N'est pas le mien Ce poème trempera ses vers Dans l'immense marécage blanc

Ci-gît un brin d'amour Je ne suis pas certain Qu'il apparaisse cette nuit À l'heure au rendez-vous L'inconnu ne marchera pas Sur nos ombres ductiles L'abîme étoilé s'ouvre Juste à l'ardeur d'aimer Heureusement Sans compter ici ou là Les violences du monde Je me réjouis à l'embrasure D'apercevoir en face de moi - 24 -


Sa grande chevelure À la piste du bonheur Combattre dans l'arène Sur ma transhumance secrète L'alcôve ondule bras ouverts Dans ce berceau sauvage Où l'herbe folle m'invite À l'ivresse de son pâturage Et sa gourmandise se délecte Des cimes de mon arbre de vie Mon auguste sanctuaire Aux mille poèmes et délices Où mes lèvres récompensent Cette ménade nuptiale Au pistil de safran Et il est l'heure au picador De percer le losange de la fruitière Et à la fontaine de son ventre de fuir De chanter et de chanter encore Une incantation torrentielle Derniers bruits du baldaquin Comblé d’ombres allégoriques L'inconnu ne marchera pas Sur nos ombres ductiles L'abîme étoilé s'ouvre Juste à l'ardeur d'aimer Heureusement - 25 -


Rêve éveillé Cérès cultive ses fruits Sur l’élytre de son sein Son entêtement sera la récolte De nos jours heureux Son esthétisme sera le fluide De nos nuits parsemées Comme au sortir d’un rêve Et vole le jour Sur ce tapis d'arômes magiques Recouvrant l’air du temps Il y a des fleurs Des fleurs blanches Des roses des rouges Des violettes des jaunes Ses pieds pour les caresser Il y a la rousseur de sa chevelure Ses lèvres pour les embrasser Et il y a des papillons Dont un épousant Le parfum de sa robe Et vole la nuit Flambeaux à la main Pousse de grands soupirs Réveille-moi de l’intérieur Crie mon nom Sauve-moi des ténèbres - 26 -


Ordonne à ton sang D’arroser mes racines Qu’elle me tapisse Le sol de ma prairie Ramène-moi à la vie Ramène-moi à la beauté Ramène-moi à toi

« Allier la force à la plume et l'oiseau se supportera davantage. »

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Donne-moi un baiser Changeons le monde C’est de l’autre côté de la rue C’est le jour C’est la soif absolue L'avide tend ses bras Vers cet élan fou Un nouveau souffle Pour se fondre Et se confondre À un baiser d’amour D’une totale agonie A un baiser volé Encore tiède Elle ferme ses yeux Ne bouge pas immobile Vaguement mais de partout J’ai dévoré l’instant Laissons-le sang mêlé Le baiser est universel

Le monde célèbre chaque année l'une des fêtes les plus romantiques. Il s'agit de la journée internationale du baiser.

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Ne faites pas pleurer les libellules Dans les arcanes acides De ce foyer populaire Reflet de l’antonyme Miséricordieuse humanité Elles sont celles qui sont humiliées Dès qu’elles expriment leurs dissidences La beauté la volupté ou l’inconscience Invisibles visibles ou simples cibles Petites grandes sveltes ou dodues Jeunes moins jeunes brunes ou blondes Pourvu qu'elles soient bêtes « La mâle et diction » S’inscrit dans le marc « Faune étique » masculin Une parmi les autres se détache Elle est celle qui se fait lapider ou crucifier Selon une lobotomie religieuse Et bouillonnante sous un cuir épais Dès qu’elle laisse libre cours à sa révolte À son désir de vivre et de crier Le mâle observe les dents s’éclater Sous son manche à balai poussiéreux Tout au long de son chemin ensanglanté Le sort de l’homme lui-même Est à peine plus enviable que le sien Avant de faire l'amour Sous la matraque dévoilée - 29 -


Avec ses mots et maux bleus À la croisée du vol obsessionnel Le vautour n’est jamais rassasié Du carnet de route pornographique Au « forum-movie » rétrospectif Ne faites pas pleurer les libellules Et avant tout un éloge à la femme À l'homme libéré de ses chaînes De la différence et de la singularité « Mâle et diction » C’est le tour de France Buvez une bière anabolisante Et vissez-vous la casquette Sur ce monde d’arrogance qui nous tue Ne voyez-vous pas le monde Qu’à travers votre écran de fumée Il n’y plus que la poésie Pour vous le dire Ou il n’a plus qu’à attendre Et prier pour tout gerber Ce voile d'un été en pente douce Annoncerait-il une rentrée en pente raide Être poète quand on veut gouverner Cela ne s'est jamais vu Je trinque à la liberté de penser À la femme

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Penetralia Quand vous viendrez à Penetralia Dans le trouble brûlant de l’été Vous ne manquerez pas Ce sublime phallus de bronze Au creux de l’oreille Dans le grand pavillon blanc Cherchez-le bien En silence Il est dans mon jardin de curé Derrière la colonie d'agapanthe violine Sur la gauche Divin Lumineux Discret Et puissant à la fois Le bronze est là Sous vos yeux Solaires et pervers Comme un habitant secret du jardin Un jardin de senteurs reflétant Dans sa matière veloutée À la fois le ciel et la verdure Ce corps beau des limbes Cru et ironique Emblématique Après un long chemin - 31 -


Pavé des plus grands succès Un phallus le plus étonnant Et vous l'incandescente apparition Allongée sur l'autel Le corps rutilant Enlaçant la beauté De ce phallus Une déclaration d’amour Sans équivoque au corps À la beauté À la force À la douceur Regardez ces phallus mobiles Suspendus dans l’air du plafond De ma Chapelle Sixtine À l’aplomb du débat Dont un fait de coquilles d’œufs Maintenues par du fil d’or D’une fragilité extrême D’une beauté en regard Je vous le confie Il vous attendait

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L’échelle du temps a-t-elle l’heure Je songe à mon passé Pour moi un lait de souvenirs Le présent est-il affreux Si je reste sans avenir Dans le cambouis du ciel Sur cette terre scène d’orgueil Je construis dans mon garage À côté de mon électro-bus Une échelle de Jacob Avec du bois d'arbre de Judée Nourri dans le sein De mon jardin d’hier C’est là que j’ai appris La voix de la nature Je vis sur mon nuage Histoire de toucher L'étoile polaire Dans le Nord De mon orbite gauche Avant que le cimetière M'envoie sur la lune Comme hier à droite Sur le mur de mes lamentations Le soleil ferme ses yeux La nuit ouvre son cœur Je m’endors sur des galets - 33 -


De plumes alcalines J’abandonne Platon Pour recevoir Épicure J’abandonne tous les cons Pour aimer ses murmures Je songe à mon passé Un vacherin à la framboise Je l’ai commandé pour ce soir

L'ineffable racine À l’heure perdue Celle des songes L’étagère de papier brûle Et de la cendre Renaît une feuille caressante Volubile tendre fruitée - 34 -


Le verbe doux À l'écoute À l'heure la plus passionnée Sa sève m’envoie Pour m’extraire De vieux fantasmes Mais il n'y a ni fleur ni papillon C'est en silence Qu'elle apprivoise serpentant De liane en liane L’esprit coquin du baldaquin La nuit s'anime L’ombre se démêle De ses pétales de rose Va-t-elle m’enserrer Par ses lèvres de vers Masquées par ses strophes L’aurore réveille ses longs cils Dévoile une lumière chaude Je n’avais pas encore Oublié ma bien-aimée Poésie L’ineffable racine La poésie Cette sève qui coule Dans les esprits immortels

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L’homme a brûlé la pellicule des anges La douceur spirituelle Se consume sur le bleu En colère le ciel se venge Dans l’épaisse fumée noire Au milieu d’une chair blessée Je cherche Dorothéa Lange Ses yeux son regard révolté Dieu ses clichés demeurent Et continuent d’être alimentés La misère ne l’a pas fascinée Juste les déportés de la vie L’ont bouleversée La misère n’a pas abandonné Et cette fillette assise Près du poêle à bois Sans branches ni feuilles Sur une larme imprécise Noyée et aux abois Quelque part réfugiée Dans une prairie calcinée Froissé un dernier papier Reflète sur ses lèvres d’argent Un Franklin déprimé Sa tortue son doudou son trésor Comment s’appelle-t-elle - 36 -


Qu’est-elle devenue J’ai une pensée pour elle Pour ceux qui ont perdu Dignité et émotion Et qui ne croiseront jamais L'ange et son objectif Je laisse l’amour partir Dans ce coin sombre Dans la brume je sens La fraîcheur de l’herbe

« On devrait employer l'appareil photo comme si demain on devenait aveugle. » Dorothéa Lange

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La beauté c’est de l’éther Le métèque des milliers d’innocents Mangent désormais seuls La racine de leur liberté Je me suis réveillé avec E=MC2 Inscrit sur mon front populaire La vie est un mouvement Plus il y a de la vie de la flexibilité Plus vous êtes fluides et vivants Ce prix Nobel de physique Entre Brigitte et Frigide C’est la guerre des roses D’une relativité restreinte D’une énergie de masse Une convention épineuse De sans-culottes ni papiers Fumant des mèches blondes Aux racines de beurre noir Sur une peau blanche Vous parlez des extrêmes Des dures et des molles « Annus mirabilis » incertaine C’est la crise des sexes symboles Des cucurbitacées des politiques Des religieux des extra-terrestres Entre un bardot et un barjot Un âne reste un âne - 38 -


Pourvu que l'on ne lui coupe pas les ailes Est-ce l’heure de l’apéro Ou un appel du FMI D’un anus sans matraques D’un bébé phoque D’un rhinocéros aphrodisiaque D'un enfant Syrien D’un matraqué du billet vert Et où sont passées la première dame La femme de ménage À droite à gauche au milieu Pourvu que je reste en haut de mon escabeau Et regardez Le petit oiseau dans sa cage Il vient de s'envoler Au cœur de mon pèlerinage Une langue me chante Fleuve et flamboyante À l'embouchure sinueuse Aux méandres arabesques À la sublimissime couture Pulpeuse et humide Elle me berce mon ascension Son charme ethnique De ses notes exubérantes D’une écorce brûlée Sur le scintillement - 39 -


De son regard profond Inanimé et éteint Quelque part sans raison Se suspend magnifiquement À la courbure de ses sourcils noirs C’est l’éphémère oubli De ma propre mémoire Ses cheveux auburn Aux reflets et parfum D'oranger m’enivrent Se déposent sur une épaule frêle Une brise légère caressante Une forme rebelle Pour un appel au front Un grand frisson Serait-ce l’heure d’amerrir Un nez à la symétrie noble Abrupt et rieur Harmonise deux pommettes Hautes et pleines de douceur S'élevant au-dessus d'un sourire Un éclat ravageur en équilibre Serait-ce le vacillement déferlant Une folie douce et libre Je rêve alors de ce voyage Arrimé à son cou De caresses anoblies - 40 -


Et tout à coup Serait-ce son corps qui s'évanouit Ou le mien dans cette impasse Son visage disparait à jamais Mon cœur garde quelques traces Et je vois Frigide Barjot Au milieu d'escargots Les seins à l’air sur une barricade Mon Dieu quelle heure est-il Avant que je ne donne l’assaut Thé ou café avec vos croissants Si la beauté c’est de l’éther La liberté n'est pas l'enfer

« La fragilité est une terre spongieuse où tu t’enfonces quand tu perds le poids des mots. » - 41 -


Voyage à travers l'impossible J'ai quitté la neige Et croisé Hans Arp Sur son bateau de cristal Un mobile interstellaire D’Alexander Calder D’une figure de nuage J'aperçois une figure humaine Dans l’œil de sorcière De ce miroir soleil Ses ombres de lune Me laissent la contempler Couchée sur un nénuphar Elle peint l’air du temps Essouffle la fleur fraîche Plus éphémère que l’encre De ma plume en ébullition Le temps passe aveuglément Comme un nuage sans étoiles J’ai quitté le sol Et croisé Daniel Buren Échoué sur ses colonnes Des rêveurs de lune Dans l’œil de Georges Méliès Ce trou noir m’impressionne J'aperçois une fleur en herbe - 42 -


Rejoindre une libellule Jouir de ses faveurs La lune glisse doucement Sur le lit en cathédrale La nuit défile sur les canisses Scintillante s’esquisse L’éther de l’imagination Rêve de douces mélodies D'incandescentes plumes d’argent Le temps passe aveuglément Comme une vie sans amour

« Il paraît que la lune est le rêve du soleil que dire après ça que l'homme est le cauchemar de la terre. »

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La Conteuse Il vous arrive d'écrire D’écrire à la bougie Tard jusqu’au matin Des contes sans fins Des lumineuses poésies Des nouvelles fraîches Vous êtes une plume Pour le plaisir des mots Et il y a la Caisa Qui nous berce Il vous arrive de chanter De chanter sous la pluie Avec ou sans refrains Dans vos souvenirs La nuque blanche et noire De vieilles mélodies Vous êtes une femme Pour le plaisir du monde Et il y a la Caisa Qui nous berce Il vous arrive de peindre De peindre sur les murs Le corps prêt à bondir Des ronds dans l’eau Des trous dans la cage - 44 -


Des lignes sans fins Vous êtes un voyage Pour le plaisir des yeux Et il y a la Caisa Qui nous berce Il vous arrive de courir De courir dans l’herbe Au milieu de la ville Sur les coulures du bitume Nu-pieds poing levé Habillée d’une banderole Le cri au bord des lèvres Pour défendre la liberté Juste pour vous dire Que je vous aime Je ne sais pas où vous êtes Et il y a la Caisa Qui nous berce

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Poésie cette étoile qui ne mènerait à rien Le cœur rempli Abandonnerais-je la poésie Je m'exporte Comme elle est venue Par la petite porte Celle du temps perdu L'âme épanouie Je me suis aperçu Qu'en les écrivant Mes rêves s'éloignaient De mon soleil levant Face à la mer Dos à la montagne L'air enveloppé d'un pagne J'interroge ma légèreté À côté de la beauté Que j'aimerais faire renaître Face à mes vers Abandonnerais-je la poésie À cœur ouvert L'esprit a choisi Mes rimes vont disparaître Ensemble Nous avons grandi Ensemble Nous irons mourir - 46 -


La poésie s'élève dans l'astreinte Mûrit dans la liberté Je pars rejoindre Par-delà la clairière Mes premiers amours La neige éternelle Le chant de la fontaine L'alcôve suspendue Abandonnerais-je la poésie Cette étoile qui ne mènerait à rien Et je me réveille Encore La merveille je l’imagine La rose à nouveau Me piquerait-elle l’abdomen La poésie C'est ce que l'on peut amener De plus précieux Dans l'éternité

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Au gré des ondes Nés d’un geste expressif Textures et symboles du récif S’emparent de mon bleu ciel Est-ce une angoisse existentielle Seul au bord de ce mirage L’objectif immortalise l’image Nu dans un décor peint J’observe arriver le train Le temps n’a plus d’importance Mes souvenirs flirtent l’errance Un petit air à dormir et Zao Wou-Ki M’accompagnent dans ce wagon-lit La nuit noire lisse ma peau La toile et mes blancs vaisseaux Se noient dans une rizière allégorique Tachetés d’une abstraction lyrique Et je pars allégé en voyage Musique peinture comme seuls bagages Aveuglément ma perspective Dans le flux de la locomotive Dissout les brumes de mon cœur Les alvéoles de mes rancœurs Restera mon carrosse macabre Ses roues plantées dans l’arbre De vie aux ombres frugales Une muse à l’infusion bestiale - 48 -


Mes vers luisants comme paralume Filtrant l’encre noire de ma plume Un calque sous la lame du rasoir Et vous les anonymes d’un soir Il ne vous restera plus qu’à relire Mon lyrisme 46 rue des Soupirs Ai-je rêvé que je vous portais entre mes bras En réalité il n'y a qu'un pas Il suffit de connaître la pointure de ses pieds Et le temps s’arrêtera quelque part réfugié

« Rien ne sert de crier si tu ne cours pas derrière pour ramasser les réponses. »

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D'amour et de passion Est-ce un signe La neige est revenue Il y a quelque part Une fenêtre secrète Verticale et minuscule Où l’on s’échappe Hors du monde De son propre monde Où l’on perd Aussi son passé Pour renaître Ici tout le monde parle De l’amour Mais un brin le connaît La rareté des choses Serait le prix à payer Pour libérer le fruit Celui de la passion À cause de sa rareté La franchise est une vertu J'aimerais croire A la franchise des choses Laissons-nous emporter Sans intellectualiser Par la lumière de la nuit Par la générosité De ses messages - 50 -


L'écriture sauvageonne Celle des montagnes Apparaît Scandée par un nuage Et une seule étoile Qui dit-elle s’interroge le cœur Indompté qui embrasse si peu Décryptant les grands caractères D'un intense bleu escarpé Est-ce lui qui est compris Ce massif au cœur silencieux Tourné vers le ciel Vertigineux

« Toutes les fins ont des saveurs distinctes selon le palais dans lequel elle se déguste. »

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À qui sait bien aimer les fleurs À qui sait bien aimer les fleurs Il n'est rien impossible Entre la fleur et l'oseille Le cœur respire Les poches transpirent Entre Baudelaire et Corneille Les fleurs du mal Loin de mon idéal Me balancent de l'adret à l'ubac Et je perds le contact L'esprit encombré d'amertume L'attaché-case s'élance de l'océan Comme l'homme volant Combat la gravité de ses plumes Et je me retrouve là sans effort Lové dans un coffre-fort J'avais l'infini en face de moi Vais-je finir hors-la-loi Il y a une poignée d'air Pour des millions sans terres Est-il besoin d'insister Pour détacher le fer à mes rimes Pour comprendre l'importance L’importance des fleurs dans notre vie Les fleurs ne sont-elles pas - 52 -


Les étoiles de la terre Et les étoiles ne sont-elles pas Les fleurs du ciel Celle proche de mon être Est mon océan de couleur Ma passion ma nourriture Ruskin dit que les fleurs Sont la consolation de l'humanité Les trésors du cottage Et dans la ville enfiévrée Elles ornent d'un fragment d'arc-en-ciel Les fenêtres de l'ouvrier Dans le cœur duquel Elles amènent la paix et la joie La nuit brille dans mes yeux Je redescends le quai des orfèvres Libre comme les pigeons De la place Saint-Marc Attendant une nouvelle inondation Loin du quai de midi Quand la révolution applaudissait La liberté dans le sang À qui sait bien aimer les fleurs Il n'est rien impossible

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À l'âme engagée Merci d'avoir ouvert cette page Page qui semblait close Close et soudée Par l'acidité sang d'encre L'être verglacé De peurs de préjugés D'amertumes de confusions A ouvert la porte Merci d'avoir ouvert cette voie Voie qui semblait hostile Hostile et misérable Par la course infinie du profit Mes yeux sans papier De cris de désillusions De silences d'espoirs A reposé ses pieds Merci d'avoir ouvert ce recueil Recueil qui semblait inaccessible Inaccessible et invertébré Habité d'une poésie mort-née D'aventure sans lendemain De niaiseries d'exhibitions Sans fantaisies ni hauteur A révélé le contraire Merci d'avoir lu jusqu'ici

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Jusqu'ici qui semblait loin Loin et inimaginable Dirigé d'une conscience perdue L'être exacerbé en vous De dégoûts d'interrogations De justices de liberté A fini de lire et oublie

Le silence du muguet Le silence ne rend pas sourd Rendrait-il aveugle Je capture l’invisible J'écoute l'inaudible Est-ce cela le silence La voix de la complicité Le silence hurle À travers le monde Les villes les campagnes Les prisons les assemblées Le muguet est une fleur Un parfum d'espoir Un cri de l'intérieur - 55 -


Le silence est un message Comme ne rien faire est un acte Laisse ce que tu es Éclater et résonner Dans chacun de tes gestes Dans chacun de tes mots À partir de ce moment précis Tu deviendras ce que tu es Je ne vois pas d’autres issues Pour t’échapper Que d’être toi-même Ta responsabilité s’engage Ce que tu vis est intrinsèque À ce que tu es Tu es ton propre mérite Tu deviens ton propre messager Même si tu n’es qu’un Homme Tu es le messager Tu es le silence du muguet

« La souffrance donne au visage une expression qui n’est pas la sienne. » - 56 -


Le petit cercle Je suis un verre d’eau clair Elle est une rivière Je suis une vitre Ses yeux passent au travers Soulignés d’un sourire Pourquoi toi Je ne sais pas Et déjà mes os se séparent De la rivière en crue Sœur liquide de ma folie Mes vers se brisent Je suis parti à la campagne Élever des légumes Pour la viande Égaré au milieu de mon lit N’essayez pas de me suivre Ni de me comprendre Je m'endors avec dans l'oreille Le rythme de mon sang Se confondant à sa cascade Je ne viendrais jamais à bout Et je vois des ronds Des ronds dans l’herbe C’est si joli un petit mousseron Un petit mousseron Tout frais tout rosé - 57 -


Bonjour Je viens te cueillir La fleur entre les mains Le mors aux dents Et l’amour s’abreuve Sur ce cercle Si petit Pourquoi toi Je ne sais pas

Boire l’amour Boire un verre vide C'est changer d'air Rencontrer l'autre Boire nos souvenirs Ce n'est pas oublier C'est digérer sa vie Boire l’amour Le verre plein C’est enivrant - 58 -


Si je ressuscite j'aurais quel âge Je fais grâce à ceux qui prient Comme à ceux qui s'oublient Ces inscriptions votives Ces mélancolies expéditives Reconnaissantes et envoûtantes Poésie d'amour Folle demande Cherche des réponses Avant de rejoindre L'aurore du vide Et la voilà anxieuse Bornes et sarcophages Se nichent sur sa route Un vaste replat herbeux À deux pas du bitume Grimpant au lac bleu Ignorés des foules Haut perchés Des tas de pierres Dessinent les passages d'un jour Et à travers une pierre Mon regard oblong perçoit La plus belle fleur du monde La Gagée des champs Mon cœur Flirtant avec les pâquerettes Est à moitié enseveli - 59 -


Dans ses pétales pensifs Et je suis là Les yeux sur le plancher Agrippés au plafond Collés au sol Tout est en bois De chair rose Patiné par l'émotion D'un temps si court Caressé par mes cils Moins froid que la pierre nue Mon être se couche Sur ce champ jaune Que le soleil chauffe Et le cœur berce Une voix me dit de partir Rejoindre les étoiles Un voyage éclair Pour une nuit infinie

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Élévation amoureuse Mes nuits sont plus belles que mes jours Sans pain ni vin En silence Au détour d'un songe S’élève mon être Comme toujours Le plus fou Là-bas sur les berges D’un fleuve encore vierge Sans écluse ni garde-fou Assis Couché Allongé Recroquevillé Serais-je parti sans vous Je dérive Je plane Je rampe Je plonge Assis sur un banc de poissons Survolant l'écume rouge de la mer noire Je dérive au milieu d'un désert De sable rose dans une tour d'ivoire Couché au cœur d'un essaim d'abeilles - 61 -


Chantant l'œil rebelle l'art gourmand Je plane au-dessus d'une montagne sucrée Habillée d'alcôves de miroirs galbés Allongé sur une pierre en mousse Chevauchée par la rosée fraîche Je rampe corps figé sur la terre humide D'une forêt habitée de mille cierges Recroquevillé avec mes pensées nocturnes Cueillant cette fleur à la peau douce Je plonge nez honoré à l'odorat sain Les paupières closes sur ma couverture Et perdu Mon île est apparue Seule dans la nuit Chaude et toujours en vie Drapée d'une soierie Envoûtante et transparente Je vois battre sa chair Sang et or d'un feu écarlate Pose ses pieds nus Sur ce méandre de pierres plates Légère Dans cette flamme d'air Elle me rejoint Au sein de cette atmosphère Et commence un doux murmure Sur cette couche d'émaux

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La chambre aux fées A la verticale Au bout de mes mains Un dolmen de granit Symbole de puissance Et de foi Maintenant Lentement s'affaisse Disloqué Amoindri Déchu L'eau glauque Envahit son couloir souterrain Ses chambres funéraires La terre spongieuse l'aspire L'attire vers l'irrémédiable Engloutissement de l'oubli À l'entour La nature aux forces renouvelées Semble perpétuer l'élan de la vie Des grands chênes De la prairie La foi de l'homme A déserté la pierre Et la pierre peu à peu Retourne au néant

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Du cerveau-ordinateur à l’instinct Fluidité des corps Baignant dans l’eau vive Cohérence cognitive Où l’affect la mémoire L’éthique et le raisonnement Enduisent leur cortex Elle et lui Au-delà des apparences Profondes et légères Ils s'aiment Lucidité et folie douce Inspirent la confiance Être un artiste N’est pas superflu N'est pas qu'un travail Ou un hobby C'est une façon d'aborder la vie De réfléchir De créer notre avenir Refusant d'imiter les autres Ou de nous limiter Aux idées préconçues Nos couleurs sont uniques Nous seul pouvons les exprimer Et prendre notre place Dans la grande mosaïque Celle de la vie De la foule d’internet Dans le cœur de l’autre - 64 -


Souviens-toi que tu mourras Assez rare Pour ne pas l’oublier Ma dernière lecture M’a chuchoté « Le bel âge ne serait-il pas Le moment pour lequel Nous sommes nés » Et sur la pointe des pieds Après une longue marche Le liant de mes ligatures De vers et de couleurs S’associe à mon esprit Maîtriserais-je enfin ma vie Ce liant qui cimente L’homme à la nature L'âme au cœur L’amitié à l’amour La joie à la peine La vie à la mort L’arme à l'œil Et j’aperçois sur le toit Celui de la vanité Recouvrant le monde mortel Une fleur sans pétales Une peau sans couleurs Une nature morte Habitée de liants divers - 65 -


D’inflexion de mépris De rancune et de pitié Assis dans le jardin d’hiver C’est le mal de Charles Baudelaire Enracinée dans une peau en fleur Un crayon d’ocre rouge Un verre vide d’eau de vie Une sanguine écorchée Reflétant sur la paroi de vers L’empreinte de mes aïeuls Celle d’un temps oublié Un temps qu’il ne faut plus perdre Pour ne pas s’oublier En gardant un œil sur l'épée Au-dessus de la tête de chacun Nul ne sait de quoi l'avenir sera fait Rions aujourd'hui Car demain Dieu nous invite

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Le temps d’un flash mob Être nu C’est aussi être vrai Sans connaître le jeu Je suis nu Comme au premier jour Sans artifice et je me demande Qui suis-je vraiment Qui suis-je au milieu de cette foule Où à la fois Ma peur et mon désir Entre éclaircie et brouillard Expriment ma nature profonde Au milieu de ces chairs immobiles Soudain mon mobile tremble Le sol se dérobe à mes pieds Une kyrielle d’image danse Des images de neige de pluie De lumière d’obscurité Où le noir et blanc Se marient à ciel ouvert À ce mouvement zénithal Dans l’écharpe vaporeuse D’un songe D’un éblouissement Mon regard s’échappe À la frontière idéale - 67 -


Vers un autre regard Supérieur et irréel Exaltant cette blanche noirceur M’ouvre-t-il la voie Celle du ciel de tes yeux

« La frontière n'existe pas c'est l'homme qui l'imagine et la défend. »

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L'esquisse d'un printemps féminin Je viens vous dire Que l'espoir est vain Et je viens vomir Tout ce trop-plein Je viens vous écrire Qu'il est l'heure de partir Et si la lune se lève Au milieu d'étoiles Peu farouches L'homme sur terre meurt Comme une vieille souche Et pourtant Même sans arrosage Le chérubin nous pousse Nous pousse vers notre fin Une fin aride Souvenez-vous encore De l'école maternelle Elle nous semble désormais si loin Antonyme insouciance Pauvre temps Je viens vous dire Que je m'en vais Là où les hommes Ne trichent plus Là où les enfants Ne pleurent plus - 69 -


Je m'en vais Vers un printemps féminin À la révolution libertine Croquer ses bourgeons en chocolat Qui fondront sur ma langue Laissant mes mains libres Cueillir la fleur d’un entrejambe Flirtant l’air du temps Je plongerai bulbe en érection Dans un lys d’une maison éclose Vivons le printemps Ces fêtes de Pâques Même si l'homme Est au bord d’une crise de foi Existentielle et plurielle Laissons les bulles s’éclater La liberté propose Et ses virtuoses imposent Un menu spécial À chacune ses spécialités À vous de les découvrir Je viens vous dire Que je m'en vais Là où les femmes Nous aiment Comme au premier jour

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À l’instant à l’instinct À l’instant je la vois À l’instinct c’est elle L'unique de mes sens Elle m'inspire c'est rare Assez pour lui écrire Se dévoilera-t-elle Avant de se dérober Chevelure miel et d’ébène Inscrit dans ce vent Qui souffle sur l’épiderme De ma main qui tremble À l’instant je la sens À l’instinct c’est elle L’unique de mes sens Elle m’hypnotise c’est enivrant Assez pour la peindre Se déshabillera-t-elle Avant de se lover Le sein blanc Croqué à l’encre de chine Qui cerne mon regard L’amour naissant À l’instant je la désire À l’instinct c’est animal L’unique de mes sens Elle s’approche c’est bestial Assez pour la prendre - 71 -


Se couchera-t-elle Avant de se cambrer Dans le rein de sa chute Sous les caresses de ma plume Qui s’envole rejoindre Ce dernier vers d’alcool

« Tant que tu souris la chatte court après. »

Le premier bonheur du jour C’est désespérément son parapluie Qui se nichera au-dessus d’elle C’est encore un jour de pluie Un jour où pleure l’hirondelle - 72 -


Sur le fil noir de sa vie Où son téléphone muet l’oublie La fleur encore son académie Dort sur les ailes de ses soucis Et son café fout le camp Avec le marc de sa folie Son voile et ses seins étourdis Sur la brume de ses envies Et lui chante Françoise Hardy « Ma jeunesse fout l’camp » Sur un son de cloche de midi Avec tous ces oiseaux de paradis Non ne tirez pas sur sa faïence Ses doigts qui brodent nos sens Et sur ses paupières est inscrit Mon amour fout le camp Les bras ballants et soumis Pour mourir seule dans le maquis À côté de son papillon de nuit Au pied de son olivier vert et gris Où ses rêves s’accrochent Comme un mouchoir de poche Sur des larmes de survie Et moi je serais là aussi Pour lui écrire jour et nuit Des vers sans faux et poésie Avec dans mes bagages Ses cheveux blancs et nuage Le dernier bonheur du jour Des vers d'amitié et d'amour - 73 -


Dans le sein d’une volupté L’alcôve printanière S’ouvre à la lumière À la fleur de crocus Blanche et rosée Je viens m’offrir Et me servir Je vais mélanger à ta substance Un amour nouveau Je te donne Sans t'en donner les clés Le coffre de mes sens Et je te déposerai sur ton être Toute la richesse de ma passion L’auréole de mes anges La honte de mes fantasmes La parure de mon enthousiasme J'attacherai au bout de tes seins Mes succès mes réminiscences Mes lèvres et mes absences Je déposerai des trésors Sur tes flancs et vénérations Je remplirai d’admiration mon cœur De tout ton être Je me répète en chœur Tes hommages ton unité Tu es là

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Pour mes reconnaissances Tu es là Pour ma retraite Dans l'avenir De notre immensité

Un vieil arbre l'ami Si l’arbre cache la forêt Cache-t-il aussi l’amour Enlacé dans son écorce Inscrit dans ses écailles Lové dans ses feuilles À l'aube du printemps Alors que jardins et terrasses Ont soif de renouveau Cet arbre au milieu de la cour Cet ancêtre à nous tous - 75 -


Même de ses murs qui l’entourent Quel âge a-t-il Au bout de ses branches Du haut de son tronc Combien de jours a-t-il embrassés Sous le vent qui l’a solidifié Pendant tout ce temps Le long de ses racines Se sont écoulées tant d’heures D’eau d’encre De sang et de larmes De fluides viscéraux Mélange de vie et de terreaux Heureux et malheureux Un arbre sans fruits Plaît à la solitude est jugé Qui veut le couper N’oubliez pas son âme Admirez l’éphémère Comme son mystère Ses bourgeons à la lumière Glanez l’idée Celle qui vous tient en vie Et vous serez clément Comme un ciel de printemps Avec cet arbre qui vous apportera Encore cet été son amour à l’ombre

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Semper fidelis À qui peut s’en servir Elle est l’âme du domaine Agilité élégance et beauté La gardienne éclectique D’une forteresse sans murs La sentinelle de mes nuits À travers ses battements Ses tempos ses ébats Son charme irradie L’or noir de ses yeux Où émergent des oscillations De lumières délicates Des images qui font rêver Tous ces rêves Offrent les récits Les mythes les fantasmes Tous ces fantasmes Dont l’homme À besoin pour s’épanouir Et se transformer Là à la renaissance L’amour est une bulle Au-dessus de la mêlée Multiple et multitude Où ses mots électriques Se connectent entre eux Illuminent les plumes de nos ailes - 77 -


Pour des vols planés sensuels Aux parcours sans distance Invitant au changement À l’abandon d'un lâcher prise Dans ce champ de mine D’or et déjà Elle m’offre son silence L’aube s’abat entre nos cadavres Privés de sépultures Nos ailes remontent Hurlant de plaisirs Mes dents réfléchissent Je quitte la scène D’un saut de l’ange Sans filet ni parachute Pour me protéger D’une fleur à l’autre Être funambule C’est parler aux étoiles en silence C’est prendre le risque D’être ridicule Je vais tenter une chose Celle d’écrire une poésie Je devrais lui envoyer À l’intérieur d’un bouquet de fleur Sur le dos d’un papillon de nuit Ab origine fidelis

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La solitude d’Éphélide C’est un jour de pluie Un temps où l’oubli Immerge le corps Comme un désaccord La soif d’une déchirure Soûlant le cœur Ici et partout ailleurs Une vie en friche Une banalité en pleurs Une fleur qui sèche Entre la rue des macchabées Et la montée des noirs corbeaux Son nombril scintille Ses cris sourds enivrent Et sa rousseur s’éveille J’ai construit un pont en pierre Enjambant un filet d’étoiles Comme la jalousie est amère Mais l’amour sans jalousie Est-il un amour imparfait Ou singulier comme pluriel C’est le temps qui défile Les déceptions qui s’empilent Toutes ces heures creuses À boire seul la Gueuze C’est la fille aux jambes effilées Qui aime la vie - 79 -


Qu’aimerait faire un vœu Unique de vivre à deux C’est si facile D’avoir des faux cils Au milieu de la nuit Debout et de dire oui Entre la rue des macchabées Et la montée des noirs corbeaux

Toile d'attente Dans le limbe de mon crâne Habite une errance obstinée Le rêve d'un miracle d’une fleur S’éveillant sur ma pierre de lave Mon spleen peut m’abattre Mais bien heureux en moi Est l’autre volcan - 80 -


Dont son désir d’elle Perfore la toile de mes songes Et pour ne pas oublier Les racines de son empreinte Sur ma poitrine Lorsque le sirocco dépose Sans brouillard ni contrefaçon Ma terre de sienne Sur sa robe blanche Et la soulève Légère Telle une colombe Telle une fleur rose D'un sable émouvant Mes pieds l’accompagnent Et se calquent à ses aurores Déversant lumière et bonheur Comme par pur plaisir Et juste là À la naissance D'un premier baiser cendré Avec ses yeux qui fondent L’impossible à jamais S’éclatent inexorablement Ses lèvres contre mes vers La gorge sèche Face au vent encore tiède Un dernier trompe-l'œil M'attend face à la toile

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Mon bonheur est une femme Une femme sans amour Est-elle une fleur sans pétales Un homme sans fleur Est-il un homme sans terre Et l’œuvre du souffle À mes lèvres voltige Sans craindre Tous mes vertiges Son parfum éveille l’homme Ma route Alpine S’enrôle à cette voyageuse Lèche ses fossettes Découvre l’élixir Immergeant nos cœurs De salive nocturne L’aurore pluvieuse Dégivre mon visage Dépose sa langue Autour de mon héritage Et sur mon radeau d'osier S'échoue l'ondine Silhouette cristalline De la matité de sa peau À la brillance de ses iris Verrai-je le noir en blanc Les nuages en transparence Où la lune flirte - 82 -


Avec le ciel et ses nuances Saoule dans l'océan blanc Au-delà de la raison La liqueur de sa jouissance Imbibe son papillon de nuit Scelle le cuir de mes lèvres À chaque galop de sa chair L'ourlet écarlate reluit Sur le mât de misaine Et mes yeux s’enroulent À ses vagues innocentes À l’écume chahutée La voilure prend le large Nos cadavres d'or chantent Dans la bière de nos amours Où le silence éveille les murs Cette femme est une poésie Et moi sa modeste prose Mon bonheur est une femme

« J’aimerais garder les pieds sur terre quand l’amour m’élève. » - 83 -


La fille du torrent Entre les eaux noires Et les rochers rouges Assise dans les ténèbres Sombres et enfumées Elle observe le jeu des flammes Et un visage se détache Osseux et ridé Dans les reflets bleus Serait-ce une vieille dame Elle était debout En chemise blanche Pieds nus sur le seuil de sa porte Sur une dalle en pierre Ses orteils se tordaient Sous le froid de l'hiver Était-elle encore Consciente ou abattue La fille du torrent Porteuse d'éternité Aux eaux vertes et profondes Détenait au bout de son encre féconde Plusieurs ouvrages Dont un délivrant un message d'amour De cavales bondissantes De remous tumultueux Si étroits si profonds que l'eau seule Suintante et éclaboussée Allumait lueurs et reflets - 84 -


Taxi Girl Éperdue elle tapisse Les veines de sa prison Décalque ses jours sang Dans l’empreinte d’un homme Aux os de vers Lui a-t-il insufflé Un mauvais sort Dans la vase de ses poésies En cristal de bohème Côtoie un petit peuple Virtuel et soporifique Aux mérites éclectiques Sur l’écran géant Des gouttes de sang Graines de mots éparses Vides ou pleines germent Ma consanguinité poétique Est-elle capable de résister À la morsure du temps Ô mignonne vient vers moi Allons voir si la rose est éclose Et pourtant Dès qu’elle rougissait Branchée à mon rosier D’un éclat tamisé De lucioles lunaires Sa rose parfumait - 85 -


Mes sens imaginaires Et s’enflammaient nos corps Aux plaisirs du brasier Ses copeaux survoltés Sanglaient mon cuirassier M’étourdissaient sans faim Les sens de mon palais Devenu carnassier L'aimerais-je encore J’écoute le silence de la nature Un soupir lui échappe Ses yeux se ferment Le réveil tragique succède Un sommeil sans rêve La forme de son corps Ne veut rien dire pour moi Taxi Girl a disparu Sur le petit écran Une goutte de sang Aussi belle qu'une balle Elle est si belle qu'il est difficile De ne pas se pencher pour la regarder Aussi belle qu'une balle Et moi je n'attendais qu'elle

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Le col des Arts Lové dans l’alcôve Du chalet en bois blond Un calice flotte sur ma veine Une beauté une rudesse De vermeil et d’argent Le culte brille dans la forêt D’ hêtres de chênes De sapins d’épicéas Il fleure bon cette odeur De paradis terrestre Sur le col des Arts L’histoire d’Adam et Eve Un suggestif massacre des innocents Le vent énumère Des trésors des couvents Des siècles des révolutions Des pillards des antiquaires Des hommes sans scrupules N’ont laissé que les restes épars Il n’y a pas de hasard Par la fenêtre verticale Les aiguilles s’y mirent Pour se poudrer de neige fraîche Sur la toile de coton Un bloc de schiste Lustré et glacé Des pieds nus sont gravés - 87 -


En empreintes par paires Des pieds de femmes Et de petits pieds d'enfants Tous orientés vers le Sud Pour quel lointain voyage Rite incantatoire Symbole mystique Cela s'est passé En des temps si ancien Les montagnes muettes En furent les témoins Et j’essaie de comprendre Est-ce la porte d’entrée De ma liberté passagère Devant cette toile d’air Manteau flottant au vent Empanaché mon esprit S’envole et se déconnecte

« Chacun mange le fruit de sa vie comme digère les pépins de ses amours. » - 88 -


Coït altiplano Un soir d'hiver Sous la flûte de pan À fleur de frange Enrubannée d’un duvet De soie à elle L’offrande kaolin s’élève Adamantine et acidulée Soudé dans l'arôme des corps Le membre adepte Effleure les cimes Au cœur de la fruitière Éperdu il tapisse Ourlet et fluide Ce soleil d'étoffe rouge L'anfractuosité s’épanouie Sous son empreinte Explosive et étoilée Et dans le biceps de sa folie En chair de bohème La muse s’incline sous l’émotion D'un précipice indomptable Ou s'asperge la rumeur insoluble De facettes étourdissantes

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À la foire d’une rencontre Marché hebdomadaire La vie de chaque jour Et assise sur le rebord De la fontaine Au bec en fer forgé Au milieu de la place Une fille aux pieds nus Danse sur le son Du goutte-à-goutte Où perle une infusion tilleul Et nos corps en crue Imprègnent le linceul Baigneraient-ils Dans un limon d'amour Où le pourpre Ruisselle sur nos contours Sur le versant rosé À la feuille de bouleau Une gorge profonde Caressée par le pinceau Trouble et sinueuse Ligne de fond S'enrichit d'une nuit blanche Au rouge profond Écarlate fard carmin Au bout de ses seins Où flottent des sangs alcoolisés - 90 -


Des clichés instantanés Couleurs de feu sur un nuage Où la fièvre Colorise les anges À la frontière du vide Pour une jouissance apatride

«La gourmandise est un plat qui se mange chaud comme froid. »

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À la cime de l'oisiveté L’œil au balcon Dans l’éclat de l’azur Mains scellées Au garde-fou De ma poésie Un bras de fer Étire mes mots Abrupts et ductiles Mes deux ailes Neige et soleil Couvrent et forgent Mes bas-reliefs En pâte de verre Sur les chemins Glacés et translucides De mon voyage Bravant la pente Et l’aplomb De mes pensées Plume légère Cordée à la chaîne De ses images verticales Maintient mes songes En suspension De l’adret à l’ubac

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La repasseuse Sa plume est dans ses cheveux À bout sa main blanche en feu Bat la mesure des mots Tant que le fer est chaud Évite les faux plis De ses costumes gris Ses cheveux de plumes dansent Caressent l'œil bleu du ciel Encore et toujours elle imagine Et rêve de s’évader là-bas Où elle trouvera la nature Celle qui écrit la liberté Sa plume est toujours brillante Le soir quand sa fleur se couche Entre ici et ailleurs elle imagine Et rêve de s’émouvoir là-bas Où elle trouvera l’amour Celui qui chante en cœur Sa plume est dans ses cheveux Au bout du chemin nuageux Elle s’envole battre le vent Tant que l’enfer reste froid Elle évite la vapeur de sa folie Et les costumes gris elle s’enfuit

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Ses cheveux de plumes s’accouplent Au duvet d’une nouvelle vie Dans le creux d’un nid de baisers Sans aigles ni frelons ni avares Juste dans un nid douillet de plumes Ressemblant à ce qu’elle imaginait Toujours et encore dans ses cheveux Désormais sa plume apaise Et réchauffe les cœurs Tous ces cœurs perdus éperdus Sous la neige le soleil ou l’ennui Sa plume écrit c’est sa vie

Vertige perché L’esprit huit-clos À l’abri du monde Harnaché à l’œuf Serré contre la coque Sans duvet dois-je encore Savourer l’instant De ses dernières chaleurs Où s’exhale une haleine - 94 -


Éthérée et facétieuse Un nid de baisers Perdu dans les brûlures De lèvres asséchées Les parois s’éclaircissent Des nuages de vapeur Maquillent au loin la forêt De songes grimaçants Une pluie lestée les tapisse De cristaux déliquescents Et glisse à mes oreilles Recroquevillées dans la laine Un vent à la vocalise antique Entendraient-elles L'écho d'un chant Alpin sacré et enivrant Mes cils me noircissent Le champ de neige Le corps en gravitation Suspendu au néant Est-ce cela le paradis Une vibration soudaine C'est l’arête de midi Tout ce blanc me saoule L'innocence verglacée Habille le plancher Du belvédère oublié Vais-je suivre l’itinéraire Ou finir mes vers blancs Et secs en attendant Le soleil de minuit - 95 -


La danseuse au pays du soleil de minuit L’éther s’affranchit De la sagesse réfléchit L’écorce reste délicate Lorsque la sève est libre Sur cette couche de silicate L’amour pêle-mêle est par nature Un calice en équilibre Sortons de nos armures C’est l’heure de partir À la conquête du menhir À l'épicentre de la voie lactée Sur une branche éclatée Un oiseau majestueux D’une aurore boréale Murmure le feu Du chant nuptial La hardiesse de cet élan Serait-ce le talent Unissons toutes nos pensées Avant de danser Sur le lichen Au cœur d'un week-end Où l’ombre de son chapeau Agitera mon oripeau Sur sa tendre chair Limpide et claire Comme l’eau de roche - 96 -


Et à l’abri-sous-roche Son sein Graal À l’auréole astrale Flottant au-dessus de la toundra Sublimera le manège La sueur de nos draps Nourrira nos arpèges L’écorce de mes vers Et les fruits de l'hiver

La danseuse du van Je crible ma dernière moisson Sculpte ses derniers grains De cette beauté Récoltée et disparue J’épie ses gestes d’ors Et déjà son itinéraire - 97 -


Elle neige dans ma tête Ensevelit les traces De nos derniers pas Sur le plancher en mélèze Seule sa cire butineuse subsiste Des huiles essentielles Aux parfums stupéfiants D’hallucinations olfactives D’épilepsies enivrantes Au son de l’air tournesol À l’épicentre de mon jardin d’hier Télégraphié sur mes toiles d’hiver L’ai-je expédié loin Très loin au pôle aimanté Sur l’ardoise glacée De mes songes Où nos vies succombent Au sel de sa banquise Au lin de mes vertiges Où la scène ravive Toutes nos morsures sur le vif Étale des cristaux de marbre Sur lesquelles nos pieds saignent De cette beauté Dans la lumière du van Encore présente L’amour persiste

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Le miroir attend l’alouette De ce cadavre exquis Me survit un morceau De chair olfactive Ancrée dans les pores De mes phalanges Me subsiste un ectoplasme Tatoué sur ma fébrilité S’éternise la trace D’une griffure profonde Sur mon insurrectionnel D’images abandonnées De cette vraie peur Par-delà les mots Ce quelque chose Comme une réminiscence Me rappellerait-elle Ces heures fantastiques Où son insuline Me nourrissait le sang Où sa fièvre Galvanisait mon œuvre De ce cadavre exquis S’extirpent ses ombres fanées Enfumant le marc De ma porcelaine accumulée Se broient encore mon fusain Sous son régime déchaîné - 99 -


De sa mie de pain S’effacent l’écoline Chinées et voyageuses Dans le switch Ethernet Comment déjà s’appelait-elle Nostalgie d’une alouette Qui m’a plumé l’air Et déposé en plein désert

« Tant que le ciel côtoie les nuages sans saigner il y a de l'espoir. » - 100 -


Mille et une nuits Baladines Dès qu’elle se branchait Éteinte à ses fusibles L’alcôve s’éclairait À l’orée de sons sensibles Dans l'ombre de sa forêt Ses lucioles tintaient Elle jouait la romancière Ses intrigues irraisonnées De fresques empoisonnées Dans son boudoir d’épicière Où l’argent se galvanisait en or Prenaient de l’essor Son présent sort de l’armure Caresse ses raisins mûrs Dans une lie d’aurore Et son visage divin s’évapore De ses crocs aiguisés L’archange croque ce sein Et boit ce lait d’essaim D'une Baladine épuisée

L’amour dans ce corps n’est qu’une envie cachée et délicate de posséder ce que l’on aime après beaucoup de mystères.

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On reconnaît le bonheur lorsqu’il s’en va Son bonheur s’embarquait dès l’aube sur l’étang Avec son bouledogue et ses airs de fofolle Sa journée sera belle ancrée à ses corolles Les clapotis berçaient son regard conquérant La main sur l’éventail en plume de faisan Elle virevolte telle une libellule Sur l’âge de sa fleur elle triche et s’envole Chevilles couvertes et chaperon au vent Mon imagination la croque avec passion Elle m’a vu m’observe et joue son jeu d’actrice Je lui souris surpris mais sans rougeur ni vice Balaie ses cheveux roux poursuit son ambition Mélangeant mes huiles je découvre ses dons Et de quels seins provient sa chaleur jouvencelle Mon pinceau atout cœur pique son air rebelle La scène m’inspire et dépeint mon abandon S’échouera-t-elle sans rame et sans raison Je crois qu’elle m’aime les yeux pleins de malices Si les deux font la paire elle sera mon caprice Et la toile achevée mains liées nous fuiront Sur un amas doré inévitablement L’âme térébenthine et elle, encore à l’huile Au bord du chevalet j’enduirai ma spatule Et le bouledogue gardera ses amants - 102 -


Un tchat fait le buzz sur le web Après « Skype » me voici Devant « MSN » D’une « faim de semaine » Allo Lili C’est Lulu Tu m’éblouis Tu n’as rien vu Allo Allo J’adore l’ADSL et ses petites coupures Aïe mes pixels ont des courbatures Après deux antalgiques Un visage angélique Sur un corps de salope Se dépose sur mon enveloppe Sans timbre ni adresse Et moi qui voulais faire un break Voilà une nouvelle déesse Qui se gare sur mon rumsteck Comme toutes ses copines Incontrôlable et féline De la gouttière et du miroir « What else » encore rien pour ce soir Quoique sous l’angora Si elle enlevait son sparadrap Peu importe la force du vent Sa friandise se coucherait à temps - 103 -


Sur mon doigt mon tout Miaou-miaou-miaou De la cave au grenier De la pelouse à la machine à saliver De la mairie à l’église Du Groenland à Bélize Du moment que j’ai un billet Sans os pour chatouiller son stérilet La vie est belle Surtout si on la vit plurielle Aujourd’hui on rencontre sa moitié Ni dans son quartier ni sur son palier Mais sur Meetic ou ici La trompe sur Badoo ou ici Et elle nous trompe sur Cougard Sans dire non pas ce soir et sans crier gare Annonce le divorce sur Facebook Et nous twitte sur son press-book On vend la baraque sur Leboncoin C’est la génération des coin-coins Et des miaou-miaous celle du net Où le sexe parfume l’air d’internet Où nos amours sont des clones Et nos vies de beaux cyclones

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Vrai-semblable-ment Est-ce que le vrai malheur Rendrait un simple bonheur Absolument inimaginable Son cœur inexpugnable Se débat dans sa gangue Comment dénouer ma langue Combien de larmes amères Pour lui écrire de jolis vers Parfois ce sont les siennes Des gouttes baudelairiennes Qui m’enivrent et me vautrent Parfois celles d'une autre Ignorées ou inconnues Combien de sang méconnu Coulera encore cette année Dans ce monde enrubanné De miasmes et de crapauds Et je pense à fleur de peau Dans l'obscurité de sa lumière À l'amour de ce cœur solitaire

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Chair de poule numérique Je n’étais qu’un appareil photo Sans grand objectif Le diaphragme en contre-jour Seul sur mon piédestal Un dimanche à la campagne Perdu au milieu du salon Je cadrais sans retenue Au bord de la fenêtre La lumière embrassait le jardin Leurs cheveux de feu Leurs peaux caramel Dans cette forêt de roses Je sentais mes pixels trembler Loin de mes clichés habituels Mes sentiments apparaissaient J'avais perdu mes sens numériques J'avais saisi une femme J’avais saisi une petite fille J’avais ressenti l’amour J’avais éternisé le bonheur Ce n’était pas une délivrance Juste un instant magique Je m'avançais vers elles Le pied volant à peine Mon flash brûlait mes doigts Mes captures alimentaient ma joie Elles parlaient sans dire un mot Juste avec les yeux les cils

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Elles me souriaient l'air tournesol Prêt à chanter en duo Sur cette ambiance dominicale Mes lentilles capturaient l’invisible À travers la toile de coton Berçait l’amour innocent Ce silence conjugué Devenait un message de tendresse Un acte authentique Elles m’offraient ce qu’elles étaient Dans chacun de leurs gestes L’émotion me saisissait à mon tour À partir de ce moment précis Je devenais ce qu’elles représentaient Je ne voyais pas d’autres issues Pour m’échapper de mon état Mon boîtier est devenu chair Pour les rejoindre Dans la vraie lumière À l’intérieur de cette palette atemporelle Que représente la vie de famille Un dimanche à la campagne

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La famille Barbapapa est en deuil Ses esprits invisibles Aux actions terribles Peuplent les lieux Selon « incertain » Dieu Où il y a de l'eau Des endroits inhabités Des maisons en ruines Et tout autre endroit désert Sèment l’épine du mal Moi je suis de l’autre côté Un Barbapapa dans la lumière Où la vie n’a pas de prix Où la liberté est commune Où la femme et l’homme Sont une balance de vérité Et je préfère transformer les roses En un parfum d’amour Supprimer ses épines Que de répandre son sang Et ses barbelés J’aime Barbidul Barbidou Comme j’aime Barbalala Barbotine J’aime le Gin comme les Djinns Avec modération à l'âme Et les mille et une nuits Barbabelle porte des jeans Écoute dans la rue Billie Jean Barbouille aime dessiner - 108 -


Le prophète en pieds Nickelés C’est notre enfant Barbidur Noyé dans sa barbe Devenu Jihadiste Perdu dans le désert Parti dans deux extrêmes Les deux étant des erreurs Qui rend triste nos cœurs Et l’esprit visible Véridique et sincère A compris le concept L'heure du combat Reste aux services d'Allah Non pas de leurs passions De leurs projets personnels De leurs abjectes pensées Et soyez comme moi Juste un poète rose Loin d’être en osmose Avec le crime maquillé À l’eau bénite du désert À l’au-delà imaginaire Aux armes citoyens Formez vos crayons Écrivons écrivons Qu’une encre pure Abreuve la raison À tous nos Barbidurs

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Douce France Douce France Pays de mon enfance Où est passé notre insouciance Douce misère Pays en colère Où est passé Yvette Horner Sans timbre ni enveloppe Je pose mes fesses face à la porte De l’ancienne poste Celle des toilettes mixtes Un service public qui a bien fini Le restaurant est bondé J’arrive souvent le dernier Une odeur confuse Rattrape mes sinus L’homme sage N’est pas un portemanteau Ni un pet de lapin Il n’a pas qu’un usage Il est apte à tout et je rajouterai Qu’il s’adapte à tout Quand tu as l’estomac vide Tu ne regardes plus la déco Valérie Damidot et ses lolos Tant d’hommes méprisent les femmes Comme celui en face de moi Le chef du rayon boucherie - 110 -


Qui parle tout seul la bouche pleine Enfin ses lèvres bougent ses oreilles aussi Avec ses gros osselets sales Qui poussent sa bidoche Contre les flageolets de la Mère Horner Les femmes sont difficiles Il me parle ce crétin des Alpes Si vous vous liez d'amitié avec elles Elles deviennent insatiables Il pourrait me regarder quand il me parle Et si vous les ignorez Elles vous en gardent rancune Ah c’est le peuple qui se fout de la charité Mais ils parlent de son hôtesse de caisse Oui il n’aime pas prendre l’avion Trop lourd trop fort trop typé Et l’homosexuel à ma gauche Le chef du rayon cosmétique Il en pense quoi de cet animal Il reste confus sur son nuage Il décolore mon bleu de Prusse Avec son air méfiant Oui je suis pour le mariage Si je suis invité à la noce Sinon je m’en fous comme les gens civilisés Qui regardent le monde tel qui l'est Et je pense à mes voyages opalescents Au cœur de mes montagnes Ces puretés mélange incessant D’horizontalité et de verticalité - 111 -


Tout s’évapore dans la musique Une valse au contour imprécis M’invite à déposer mon regard Sur un des murs du restaurant Un tableau sans cadre m’aspire Dans le noir au milieu d’ombres agitées Je pars rejoindre mon festin animé Pour semer mes pensées dans la neige Dans le blanc des yeux du macadam Je récolte les morceaux les drames Je suis l’aube rouge de mon territoire J’aime mon égérie sarcastique Je crie liberté je crie des saletés Je crie l’amour je crie des obscénités En brandissant ma langue Hors de ma bouche Interpol veut ma peau Enfin la grosse langue de bœuf Le milieu veut ma tête Enfin le futur marié propose son cul Le politique veut m’appâter Enfin l’inspecteur des impôts Ou l'agent de sécurité cynophile Et mon voisin me veut à la morgue Si je prends la dernière tarte Tatin Ma violence mon amour Elle peut me condamner Ma violence ma haine Elle peut me sauver Ma violence mon arme - 112 -


Elle peut me tuer Tout le monde le dit Celui qui règne par les armes Périra par les armes Mais que pèse mon égérie dans mon assiette Des tours de passe-plats d’ici ou là Orchestrés par les multinationales Du crime de l’herbe de la farine Par les politiques de ce pays Béni par l’inactivité de leurs âmes Pour un oui pour un non Je cours déposer ma violence Et mon fric chez Cahuzac Entre un petit vol un hold-up Je veux être l’ordre de mon quartier Sans me faire prier ni travailler Yvette Horner a fini de jouer du haut-parleur Je tombe des nues Au milieu de grasses baigneuses Du set de table de Cézanne Ouvre-toi la formule est fausse D'où la serveuse avec l’addition Je reviens à moi dans ce bas monde Vivre par procuration est une folie Notre apparat éternel D'angoisses de déviances humaines Agrippé à la sente de nos vies A eu raison de lui et d’eux Enfants femmes et vieux Ces milliers d’exilés sans papiers - 113 -


Ces milliers sans domiciles fixes Ou mobiles à travers quais et rues À travers champs de ruines d’immondices À l’angle de ce restaurant Siège l’ascenseur céleste Le carrefour où la musique Est la nébuleuse de l'art Le jardin d’Eden où le parfum De jasmins de roses est une mélodie La vie simplement où la poésie Est la partition du bonheur Arrive l'heure de nous élever De ma chaise c’est un bon début Pour jouir ensemble de la vie C'est notre travail à accomplir Le tout dans la joie la persévérance Dans l’art et la manière de nos amours Il gèle fort ce midi Le restaurant est vide Je pars le dernier comme d’habitude Rejoindre les étoiles de ma vie

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Ne tirez plus sur les oiseaux moqueurs Ce n'est pas le mariage Qui crée l'amour C’est l’amour qui crée l’union Le mariage est un acte civique De droit et de devoir Est-ce un acte sentimental À délibérer ou à exposer Sur la place publique Est-ce un acte religieux Pour tuer l'envol amoureux Entre deux êtres qui s’aiment Faire et non pas subir Tel est le fond de l'agréable La vraie croisade politique à venir Serait d’unir un palestinien à une juive Une palestinienne à un juif Plus besoin de construire Des tunnels clandestins Des murs de la honte Sur une terre universelle Construisons leur maison Marier un musulman à une catholique Une musulmane à un catholique Plus besoin d’armer Des enfants terroristes De terroriser des enfants Armons leur amour - 115 -


Et nous aurons la paix Le mariage est un acte politique De droit et de devoir La démocratie nous le doit Ne tirez plus sur les oiseaux moqueurs Pour nous éviter de voler Les conséquences ultimes Le monde n’est plus soumis

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Titre des poèmes recueil 4 (Période 2009- 2013)

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Remerciements Je tiens à remercier en particulier ma famille, ma généreuse correctrice Nadine Tabère et Élisabeth Mesner pour sa préface.

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www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux

A comme Amour Poèmes Recueil 4

Copyright numéro 00051199-1 Tous droits réservés Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

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