www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux
A comme Amour Poèmes Recueil 5
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A comme Amour Poèmes recueil 5 2009-2013
Préfaces Cerner à quel genre poétique appartient l'univers de James Px., le rattacher à une école qui serait peut-être proche du surréalisme serait être réducteur et injuste. Le talent poétique de James est de nous amener à la frontière de l'invisible, dont il est un explorateur enivré, « D'un monde étrange dans lequel il se sent bien. » (dixit l'auteur). Le poème café est un remarquable exemple de cette dérive de mots dans un imaginaire fastueux, où les métaphores défilent, paysages fous où le feu côtoie la neige, les océans les nuages et l'ivresse nait sous nos yeux, inoubliable alcool de mots qui pénètre dans nos corps, par l'incantation voluptueuse de tous nos sens. Il y a cependant un fil conducteur entre tous ces poèmes, une trame où l'on retrouve sans cesse abordés les thèmes de l'amour, de l'imaginaire, de l'enfance et cette indestructible neige qui hante ses poèmes et jalonne les voyages de sa propre vie. Ne passez pas à côté de cet univers si riche qui nourrira votre imaginaire au point de vous donner l'envie de devenir l'artiste de votre propre œuvre. Élisabeth Mesner
Lectrice assidue de ses textes, je n’hésite pas à le qualifier d’auteur aérien tant il embrasse tous les thèmes. Un paysage, un regard, un parfum, un mot…. Tout devient prétexte à l’écriture et la banalité se trouve transfigurée sous sa plume car James fait se juxtaposer des réalités même diamétralement opposées. Pour le lecteur c’est la naissance d’images plus que surprenantes et on se laisse aisément emporter par son style. Nadine Tabère
À propos de ma poésie La poésie est dans mon corps Né quelque part en Savoie et j’habite désormais dans le Var. Ces espaces de liberté comme la montagne et la mer, les éléments naturels, la neige et le sable, le soleil et le vent, le froid et la chaleur, les couleurs et la lumière m’ont nourri abondement les yeux et le cœur. J’ai fini par attraper un virus, celui de dessiner et d'écrire partout et n'importe où pendant mes heures perdues et trouvées. Lecteur, je vais vous faire une confidence, comme j'ai du mal à gérer ma ponctuation lorsque j’écris de la poésie, je n'en mets pas. Je me dis souvent à l’oreille, qu’un texte c’est comme une peinture, je ne dois pas le figer dans un cadre mais lui offrir une dimension expressionniste voir surréaliste ; où vous, lecteur, vous vous sentirez presque à la maison et son interprétation évoluerait selon votre nature psychique et sentimentale du moment. Je crois que le son, l'harmonie, le rythme et le sens du texte doivent être libres d’interprétation ! Il y a aussi pour moi le côté esthétique du texte qui est primordial et la ponctuation ne lui va pas ! Je parle pour mes poésies et non pas de ma prose et de mes nouvelles. C'est comme pour les rimes, souvent je reste dans un état de grâce, de transe et je me laisse emporter… J’oublie volontairement la mécanique comme seul pouvoir ; ce pouvoir « d’école classique » me coupe souvent l’herbe sous le pied et me fait perdre l’équilibre ! Et c'est dans mon équilibre musical et de sincérité brute que j'essaie de transcrire mon âme en conciliant l’intellect et la sensibilité, l’intuition et le calcul, la métaphore et le figuratif. Bien que j’aie une grande compassion à l’égard de l'homme, je ne perds pas de dévoiler mes confidences personnelles. Je suis un homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours, ses rêves et ses peines. Et voilà le résultat, je vous l’offre !
« Une poésie n’est-elle pas le seul endroit au monde où deux âmes étrangères peuvent se croiser intimement. »
Du noir à l’autre Mon noir Est antérieur à la lumière Sous la lumière Est né mon amour Antérieur pour chacun de nous Avant d’avoir vu le jour Cette notion d’origine Est-elle la raison Pour que le noir Nous expulse si puissamment Mon visage a surgi du noir Dans cet extrême J'ai vu en quelque sorte La négation du noir Et du sombre Émane une clarté Une lumière picturale Dont son pouvoir émotionnel Anime mon désir de lui écrire Et de l’aimer sans encre J'aime que cette couleur violente Incite à l'intériorisation Pour mieux m’extérioriser Mon instrument n'est plus le noir Mais cette lumière secrète Venue du noir D'autant plus intense Dans ses effets qu'elle émane Je me suis engagé dans cette voie -7-
Toutes les autres Sont de subtiles illusions Aussi bien Les douces teintes du couchant Ou du feuillage des bois Que le velours doré Des ailes de papillons Ou les seins d’une jeune fille Rien de tout cela Ne fait partie intégrante des choses C'est un simple enduit Et toute la divine nature Est simplement peinte Le mot qui désigne l’amour Ne rend pas compte De ce qu'il est réellement
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Par-delà une nouvelle année Poésie de l’altitude Pénétrée par la majesté La splendeur des sommets La vitalité de la nature Me sourirait-elle à nouveau Ce que nous demandons C’est juste contempler encore La montre n’est pas arrêtée La nuit s’encanaille Un ciel blanc de gris Ne finit pas de sombrer Une chambre sommaire Habillée de bois blond Une petite cuisine Éclairée par deux bougeoirs Un îlot de vie Au milieu d’un désert blanc J’écris l’esprit aventureux Sous les étoiles le soleil La pluie les flocons Et qui n’a pas rêvé De fouler cette neige De suivre ces arêtes blanches Les corniches étincelantes Pourtant si redoutables Si désespérantes
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Je ne connais rien de plus beau Qu’une étendue immaculée Ouatée d'une sérénité éphémère Se lover dans ses anfractuosités Où l’on perd pieds Le temps les rides de l’esprit Où le bruit n’est que le vent Sculptant des corps de neige Où le cristal se transforme En eau bénite annonçant Une nouvelle année Sans fin du monde ni météorites
Araméen S'il rit Joyeux Noël Et bonne nuit Sous les boules du sapin d’Alep Ou de douce glace Est-il en corps beau Et le noir fût À défaut de lumière Cil pleure En vie Croire C'est toujours mieux Que de ne rien voir - 10 -
Ispahan L’âme oasis au milieu de la neige Panse mes feuilles mortes Que le vent encore m'apporte Me laisse diriger au près Sans ailes ni gouvernail Mes idées folles J’écris les yeux clos Sur mon clavier azerty Mes doigts connaissent les chemins Les raccourcis les astuces Ma vie est une prison Au papier peint fleuri Où la lumière artificielle Distingue mes heures Impossible de quitter ce monde Sans avoir goûté à Ispahan Ce biscuit macaron rose À la crème de rose Des framboises fraîches Et des litchis Avec lui je traverse les saisons C’est ma douceur évanescente Au cœur de ma prison jardin
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La vraie vie est ailleurs Rimbaud et si cet ailleurs Est ici entre neige et pluie Où les nuages parlent Où les mains racontent Où les yeux touchent Où les bouches Veulent avant tout sourire Et ne pas trop dire Où les cœurs s’ouvrent Pas trop souvent Mais toujours à propos Quand la vie le réclame Qui connait le temps Qui sait le temps Je suis sur la canopée Avec Dieu qu’elle est belle Et c’est sans doute le dernier soir Où je grimace d’horreur Tu es dans ton cercueil Comme une petite fille Éternellement perchée Sur une branche couchée Tu es cachée sous les feuilles Hors d'atteinte de la morphine Calmant juste ta douleur Laissant crier ton cœur
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Ton corps encense ton cercueil Et la maison vide Devient forêt Dans la brume ton parfum Personne n’ose parler Ni même murmurer À cet instant Je pense aux étranges accointances De l'âme et du corps Elles ne nous appartiennent plus La vraie vie est ailleurs Rimbaud et si cet ailleurs Est ici entre neige et pluie Où les nuages parlent Dans ce pays Il y a forcément un autre parfum Là-bas tout là-haut
« Je ne mords pas car j'ai le cerveau plus proche du cœur que des dents. » - 13 -
Substitution amoureuse Un désert « no limit » la traverse Tête contre versée à l’herbe opiacée Les yeux somnambules noyés d’alcool Dans un ciel bleuté d’ecchymoses Les mains crispées à ses vertiges L’ennui du cœur saborde ses vaisseaux De fièvres de nausées de crampes Être funambule C’est parler aux étoiles en silence C’est prendre le risque De se condamner Sans rien résoudre Et entre en scène l’amour Sans filet ni public Un éclat d'air Dans son univers sous vide La beauté de l’homme Ne s’habille pas dans sa carrure Elle se révèle sans dire un mot Son plaisir sa joie comme sa douleur Illuminent son visage Lui offrent cette beauté Celle qui vient de l’intérieur Et si la beauté du corps Naît sans choisir
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Fils tu seras Pour être un assassin Faut-il être tolérant Pour être spadassin À la solde d’un tyran Il ne faut pas être un ange Juste un détonnant mélange De haine et de mépris Un flingue a tout prix Un boucher sans cœur ni foi Un apatride sans terre ni loi Pour être un politique Faut-il être une plume de faisan Pour être un bon tirailleur À la solde d’un chasseur Il ne faut pas être noir et blanc Juste un mélange détonnant De dédain et de morgue Un cercueil d’anthropologue Un vieux sénateur hors-la-loi Un député menteur de surcroît Pour être un académicien Faut-il être intelligent Pour être dans la lune enfin À la solde de l’alunissant Il ne faut pas être un monarque Juste un détonnant paranoïaque D’une cuvée douce en liberté - 15 -
Un oligarque de l’oisiveté Un écrivain sans feuille de vigne Un nègre obsédé sans consigne Fils tu seras peu importe Rappelle-toi quand tu passeras cette porte Le monde est une arène Ton destin sera un jour D'être un combattant Rappelle toi tu as grandi dans l'amour Le monde est une arène Ton destin sera un jour D'être un géant
« Il arrivera un jour où tu compteras plus d'imbéciles que de minutes dans une heure et à ce moment précis de ta vie tu deviendras un homme. »
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Douglas J’ai rencontré un sapin à l’ascension Au fond de la forêt des béatifications Il s’appelle Douglas un être majestueux Seul dans le noir sous un ciel désastreux Je voudrais l’inviter par-delà mes rêves Pour qu’il commémore Noël avec sa sève Et embaume tous nos vœux en liesse Coiffé de l'étoile de Bethléem sa sagesse Veillera par sa lumière sur notre ivresse Vêtu d’un décor digne d’une princesse Les cadeaux lui tiendront compagnie silencieux À l’aube son port blanc s’écoulera insoucieux Douglas recueillera la joie à ses pieds floconneux Et vous Père-Noël vous disparaitrez à travers eux Vous tenez ce monde si imparfait en grand-messe Croire encore à vous Père-Noël je vous le confesse Redonne à chaque fin d’année un peu de bonheur À tous ceux qui ne croisent pas un Douglas de cœur J’ai rencontré un ami sur cette destination Au bord du chemin de la manifestation Il s’appelait Douglas un être miraculeux Et vient de s'endormir sur un nuage révérencieux
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Le testicule est misogyne et athée Si d'autres accusent Moi j’abuse du « je » en fin de compte Pour que vous ne vous sentiez pas obligés Obligés d’adhérer à ce que je raconte Le synonyme de testicule est valseuse Le synonyme d’athée est libre Suis-je libre de valser sans avoir les boules Dieu a créé la bière avant la femme Il a pensé à tout enfin je crois Car contrairement à une femme Une bière est toujours consentante N'est jamais jalouse d'une autre Ne passe pas son temps au téléphone N'a jamais la migraine ne ronfle pas Ne crée pas de problèmes ne parle pas « Je » est dans la mousse de la religion Qui l’encercle dans ses vers avec obstination Je ne suis pas un testicule misogyne Je suis juste un individu athée Un être traversé par un flux continu D’émotions d’actions D’interactions et de relations Et je vous rappelle Qu’une bière blonde n'est jamais fausse Tout cela ne vient pas de moi Je ne suis pas le seul maître à bord Je ne suis pas le seul porte-voix Et je vois toutes ces nuées toxiques - 18 -
Qui corrompent chaque instant Ma liberté de penser mes plaisirs mon temps Quand j’étais môme en bande Je pissais dans le bénitier Juste pour défier Dieu ou l’autre Et parfumer les grenouilles à barbe J’avais constaté à ce moment-là Que la bière n'était jamais de mauvais poil Voir toutes ces âmes sans reproches Mettre les mains dedans Je me soulageais doublement Pour m’éviter la confession Pour lorgner à travers une serrure Grimper dans les arbres Contempler le ciel Une bière ne vous fera jamais porter des cornes Et je continue de mastiquer des blasphèmes Tant que le sacré nous passera la laisse au cou Combien de fois aurais-je à tuer Dieu Avant que son spectre sanglant Cesse de hanter mes rêves De transformer le monde en cauchemar Dieu a créé l’horreur avant la femme Il a pensé à tout enfin je crois Dois-je être plus violent méprisant Pour gerber ma bière sur sa chasuble Aussi longtemps qu’il nous étouffera Le jugement dernier d’Hans Memling Où ces corps des damnés - 19 -
Sont précipités dans le tournoiement des flammes De l’enfer par des démons hybrides Tenant des instruments de torture rougeoyants Cette croyante anguille grouillante Qui pend de l’anus d’un dieu Qui n’a rien d’autre à faire Que de sodomiser des fidèles charognards Dans ces temples infestés de haine Une bière est non violente Et ne prétend pas être intelligente Personne ne naît avec l’envie de mordre Dans la chair de l’autre De le ligoter d’un linceul sur un bûcher Parce qu'il a brassé une bière rousse Et parce que je ne crois pas à l’invisible Pourtant ma fleur imaginaire est sensible Laissez-moi juste croire à la vie Peu importe mon parcours Une bière n'est jamais complexée Laissez-moi juste aimer la chair Peu importe ma couleur Il n’y pas de problème de langue Avec une bière étrangère
« Une plume a se pouvoir de caresser comme de mordre. » - 20 -
Les essayages de la vie Le bonheur forcé N’est-il pas de dormir Avec ses cauchemars Nécessaire à sa vie La fille en taffetas En toile de soie Défile légèrement D’un pas brillant et bruissant Face à l’épreuve Pour sa première incarnation Des fils d’or et d’argent Brodent sa chevelure Un rouge intense Nacre la surface de ses lèvres Ses longs cils noirs Couronnent son regard Elle transcende l’assemblée Avant de s’effacer Il y a cet inconnu Au bout de la scène Avec des fleurs Il veut les lui offrir Réveilleront-elles son cœur Nécessaire à ses rêves Le bonheur par hasard N’est-il pas de s’endormir Avec l’amour de sa vie - 21 -
L'annonce faite à Marie Laissez son temps tranquille Éteignez vos lumières Elle a peur des aiguilles Et souffre en silence Et m’a cru de vous dire Qu’il était annonciateur Qu’il est dans son cœur Laissez l'intérieur agir Maintenant sans pleurs Elle est assise à un angle Et se peigne les cheveux Et m'a supplié de vous dire Qu'ils étaient nombreux Qu’ils sont bouclés et soyeux Laissez la fenêtre ouverte Pour laisser l’air l’embarquer Jusqu’au quai de la gare Et repense à sa vie Et m’a chantonné de vous dire Qu’elle était fabuleuse Qu’elle est légère et majestueuse Laissez la porte fermée Quand elle se réveillera Elle sera partie sous la neige S’endormir de l’autre côté Et m’a murmuré de vous dire - 22 -
Qu’il était comme elle l’imaginait Qu’il est plus que parfait
Sans dire un mot Lorsque la fleur danse Cette beauté légitime Est dans sa chevelure Danser à fleur de peau C’est parler en silence Sans dire un mot Lorsque son parfum s’envole Cette beauté du ciel Est dans les étoiles S’envoler parfumé de vérité C’est répandre son aura Sans dire un mot Lorsque son cœur chante Cette beauté des âmes Est dans sa poésie Chanter à cœur ouvert C’est déclarer son amour Sans dire un mot - 23 -
Aimer c’est vouloir être aimé À travers un champ de mine J’esquive l’inévitable saut Et je survis à la solitude Les yeux fermés assoupis Un paysage blanc s’approche Et à grande enjambée Pour comprendre Je me confonds à cette brume Déserte mon corps Une silhouette m'ensorcelle Je m’identifie à elle Au pied de l’échafaud Une larme perce mon cœur Je résiste à l’aube rouge Son donjon est mon asile Je sens une forte présence Ma pénitence m’asperge de sagesse Ma virilité s’embaume d’une plume légère Mes envies exhalent le silence Mon désir cherche la marche Dans la démarche de l’autre Cette offensive me réveille Serein et de bonne humeur Le soleil à la vapeur spongieuse Éclaire mon âme en écritoire J’immerge dans son ombre Mes lèvres pour boire sa musique - 24 -
Mon esprit s’abreuve à sa source Je me nourris de sa lumière Et de son essence gestuelle Le crépuscule sculpte l’amour Entre ciel et terre sur un velours Où je ne suis plus moi en clair Elle est ma vie mon alliance Et je meurs en haute fréquence Perché sur son feuillage mortel Son inconscient a bu mes vers Aimer c’est vouloir être aimé
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Renaissance en Arcadie Dans l'obscurité dans la lumière Dans une maternité sous un réverbère Nous sommes tous nés quelque part Les yeux clos innocents La peau fragile en état de larve Beaux et laids l’esprit fugueur Et nous nous sommes épanouis Ouvert au monde malgré nos blessures L’aube s’agace une nouvelle saison s’éveille La brise siffle sur les pâturages et les bois Des gouttes d’eau paraissent flotter dans l'air Je bois cette lumière étrange venue de si loin Cette turbulence folle et transparente Qui barbote sur quelques anémones roses Anémones qui se balancent sur leurs grandes tiges Résisteront-elles à la tentation de s’endormir À la clairière de mon ascension aux pays d’Arcadie Apercevrais-je une nymphe en boléro bleu marine Qui coule ses dernières heures dans le ruisseau en cru Et danse sur une feuille de nénuphar en sursis elle aussi J'embrasse sans retenue la soie de mes toiles tendues Et toutes ces plantes à floraison tardive Qui rougissent dans leurs couleurs originelles Une curieuse sensation me secoue les sens En fermant les portes en vert de mon regard Mes lèvres déambulent à tâtons sans toucher terre Serais-je encore sur le sein de mon jardin d’hiver Où le son d’une flûte de Pan glisse à mon oreille Pour me réveiller à nouveau comme au premier jour - 26 -
Entre parenthèses C’est une fraîche soirée et l'amour se consume Sur ce rebord souris du caniveau ma plume Elle s’enfuit et se laisse couler dans l’avaloir Rejoindre vivement j’imagine mon encre noire D’habitude son accès est impossible Aujourd’hui par hasard il devient accessible Et fort je crie son nom personne ne m'entend Je parle bien d’elle personne ne me comprend Quand verrai-je à l’abri de ses bruits sourds l’aurore Quand verrai-je tourner sa tête son sourire Au nom de l'amour d’un nuage je l’implore Au nom de la grâce pieusement je la désire Au nom de la beauté de la vie je la veux Car son impertinence s’enflamme sous mes cheveux Donne une lumière affective un sens à ma vie Son label écarlate recouvre mes jours gris Demain la nuit sera jour l'hiver sera joie Notre pluie sera fine et l’amour bleu agrume La neige fondra et ses fleurs seront sur moi Ses délicieux pétales baiseront mon corps de brume Son amour avide redessinera mon cœur Malgré la tristesse tu resteras ma liqueur Malgré les blessures tu vieilliras avec moi J’attends patiemment mon heure pour te dire je t’aime - 27 -
Je remplirai de neige d’oie ma couche bohème Et le silence assourdi par ce manteau blanc Apaisera sans cris ni douleur tous ses maux J’écrirai sur la table d’argile tous nos mots Cette parenthèse banale écrit ce mélodrame Respirons encore cette vie qui excite nos âmes Et je ramperai à nouveau l’esprit tranquille Rejoindre j’imagine ton plat ventre coquille
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Le roc des trois marches À mes yeux la poésie peut tout Elle possède le pouvoir sublime Le tranchant de la simplicité L’humilité d’un mot d’une larme L’œil astral observant la montagne L’essentiel vers la pure intensité J'appartiens à la nature de ces pâturages Bordés de lauriers de Saint-Antoine Sur ce sentier qui serpente l’alpage Entre les fleurs de rhododendrons et le lichen Et la nuit m’enlace errant sous les étoiles Je me rapproche du sommet enneigé À chaque pas le tapis blanc grésille Sous mes plantes de pieds engourdis Le froid pénètre dans mes os Que la fièvre vienne jusqu’à moi Que la source amoureuse réplique À la dureté de mon aventure pédestre Ma chair brûle ce que mon regard a découvert Ce que les autres n’ont pas rêvé Seul l’amour est mon fluide vital Et j’aimerais dire la vérité Les portes se ferment Les unes après les autres Aimer serait-ce alors doubler son regard Seuls nos yeux créent l'espace J’aimerais écrire la liberté - 29 -
Les pages s’ouvrent Les unes après les autres Aimer c’est ouvrir son cœur Seuls les actes resserrent les liens Comme c'est beau l'amour
Sève amoureuse Je pénètre dans un tronc d’arbre Dans la tempête Supporterais-je encore Cette apparente sérénité Au cœur de ce typhon - 30 -
Mon corps est dans ce vaisseau Sur cette terre brûlée J’aimerais m’envoler Quitter la clairière Élargir mon horizon Essouffler mon être Fuir mes fantômes Aspirer l’invisibilité Déchirer le jour Crever la nuit Et je reviendrais dans cette forêt Dans la sève Au cœur de ce parfum Discuter avec les Elfes Échanger mes pouvoirs magiques Aimer l’humain dans sa différence Et si l'alchimie s’opère Sans trahison ni mensonges L’écorce nourrira le bonheur Le bonheur Cette petite chose que l'on souffle Assis dans la texture du vent La texture Cette petite chose que l’on appelle Amour
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En attendant l'oubli Si un jour tu m'oublies J’aimerais que tu saches Je regarde la lune de cristal Elle court seule dans la nuit abyssale Elle court vite sur un trottoir givré Au-dessus de branches folles et cuivrées Sur le bitume dans le paraître Dans l’automne gris de ma fenêtre Si un jour tu m'oublies J’aimerais que tu saches Je regarde l’aile d’une scolopendre Elle vole nu-pieds avec mes cendres Elle vole le corps ridé sur l’adieu Au milieu des braises de ma chair bleue Sur le granit poivré de mes cheveux Dans l’hiver humide de mes deux yeux Si un jour tu m'oublies J’aimerais que tu saches Je regarde l’océan s’éloigner Il se retire sur un fard doré Il se retire l’esprit migrateur Jumeler son bateau ivre de peur Sur les arômes amers de ta peau Dans le printemps vert de ton île corbeau - 32 -
Si un jour tu m'oublies J’aimerais que tu saches Je regarde ce chemin qui survit Il traverse le fossé de ma vie Il traverse les dunes de ton cœur Au pays de mes racines et liqueurs Sur les sommets enneigés d’automne J’écrirai ton prénom d’âme félonne
« Il faut construire sa vie et son bonheur avec ses propres outils et non avec ceux des autres. »
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Rêve noir Je scrute intensément cet œil noir Cela ne suffit pas pour le voir Je l’écoute en tendant l'oreille Cela ne suffit pas pour l’entendre Je la goûte langoureusement Cela ne suffit pas pour en trouver la saveur Connaître l’harmonie C’est saisir le constant Saisir le constant C’est être illuminé Et la nuit tombe derrière mes yeux Une lueur conquérante À grand coup d’illusions Allonge ma ferveur Elle englobe tant de divers Nuits câlines Nuits d'amour Nuits d'ivresse Et je m’écroule Il est sept heures Mon rêve s'achève
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Impermanence amoureuse Au cœur de la matrice vingt et une Sommes-nous tous des poissons lunes Rien n'est plus souple Et plus faible que l'eau Mais pour noyer le dur et le fort Rien ne la surpasse Peu importe l’état de sa surface La faiblesse a raison de la force La souplesse a raison de la dureté Tout le monde le savent-ils À sa naissance l'homme est doux et faible À sa mort il est dur et tout raide Les milliards d’êtres d’algues de poissons Pendant leur vie sont tendres et vulnérables À leur mort ils sont secs et recroquevillés Car ce qui est dur et fort est serviteur de la mort Ce qui est doux et faible est serviteur de la vie Et l’homme à l’aileron déchiré L’algue écaillée le recoud Il y avait quelque chose d'indéterminé Ni chair ni poisson Avant la rencontre de ce duo Ce quelque chose est muet et vide Il est absolu et sempiternel Il nous envahit sans se lasser
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Ne connaissant pas son nom Je le dénommerais « Amour » L'homme imiterait-il l’algue L’algue imiterait la femme La femme imiterait l’amour L’amour n'a d'autre modèle que lui-même Il accomplit ses œuvres Sans se les approprier Le retour est le mouvement du sentiment C'est par la faiblesse qu'il se manifeste Et ces deux sentiments partiront Dans l'encre de la nuit Et je les regarde sans les surprendre Je les nomme les invisibles Je les écoute sans les entendre Je les nomme les inaudibles Je les touche je ne les sens pas Je les nomme les impalpables L’amour est fuyant et insaisissable Il devient la Mère de tous ces poissons L’amour est notre écume et sel
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Puisque l'on ne s’écrit plus que de dos Je garderai Mon tablier de forgeron Forger mes mots Dans mon bras de fer À l’amour de ma vie Puisque l'on ne s’écrit plus que de dos Je conserverai Mon tablier de forgeron Tordre mes maux De l'œuvre blanche d’hier Avec mes armes d'aujourd'hui Puisque l'on ne s’écrit plus que de dos J’enlèverai Mon tablier de forgeron Jongler les flammes Du feu de l'étreinte À mes rêves païens Puisque l'on ne s’écrit plus que de dos Je brûlerai Mon tablier de forgeron Alunir mes larmes Dans son empreinte Mes yeux sur les siens Puisque l'on ne s’écrit plus que de dos
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La tête dans les nuages Je respire rue paradis C’est de là que je vous écris Mes ailes se dessinent Et mes poésies peaufinent Filtrent la tendresse Soulagent la détresse Singulières et plurielles Torse nu les bras au ciel Vers un ultime voyage Je libère tous les mirages Me dresse sur l’écume Sans oublier ma plume Une femme disparaît Au fond de mon secret Feuille d’espérance blonde Sur mes pensées vagabondes Et un portrait diaphane Dans les voiles haubane Je l’interpelle Seriez-vous Cybèle Ô nature sauvage Survivante du carnage Venez vite à bord Me rejoindre sans préavis Supprimer notre mort Me danser la vie
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La fleur cachée C'est mon bouton-d’or Et moi son conquistador Perchée sur son mirador Elle attend le message du condor C'est ma cantatrice Et moi son feu d’artifice Chantant nue dans son office Elle convoite mon calice C'est ma nouvelle foi Et moi son nouveau roi À travers champ en convoi Elle rayonne sur mon palefroi C'est ma fleur prisonnière Et moi son parfum aurifère Détendue dans ma gentilhommière Elle me dédicace une prière
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Lettre noire et blanche Regarde autour de toi Regarde ses yeux Les yeux de celle que tu aimes Ou touche un arbre Simplement Et enlace son écorce As-tu déjà essayé Essaie et tu comprendras Tu ne l’as pas seulement caressé L’arbre t’a répondu à sa façon Il t’a manifesté son affection Alors à cet instant tu comprends L’arbre est bien plus qu’une forme végétale Et ressentirais-tu cette connexion existentielle Avec tout ce qui nous entoure Telle une communion Ton hirondelle est un être à part Elle ne sait pas encore vraiment où est sa place Mais elle la trouvera Elle le sait Intuitivement Une relation se doit d’être authentique Elle a l’amour comme racine Le partage du désir et du plaisir Comme tronc et feuilles Elle n’exige rien N’attend rien - 40 -
Et lorsque les routes se sépareront Les amants se glisseront des adieux avec gratitude D’avoir joué un rôle important l’un pour l’autre D’avoir partagé tant de joie de bons moments Ce n’est qu’en se libérant de la prison De son conditionnement Des idées morales ou immorales Du péché ou de la vertu Que nous trouvons la vérité Au fond de notre cœur Et commençons à voir la vie Dans sa nudité À la fois douce et cruelle La dualité des choses est une réalité Le yin et le yang est une réalité Tout n’est pas blanc ou noir
« Un songe sans mensonges est-il un vrai songe. » - 41 -
Voyages Il y a le voyage intime À l’ombre de mon île suspendue Ne me dites pas Ce que je pouvais accomplir Ne me dites pas Tu devrais revenir Ne vous inquiétez pas D’autres jours restent à découvrir Ne vous inquiétez pas D’autres nuits restent à recouvrir Il y a le voyage ultime Seul l'âme perdue Ne me jugez pas Même si l’heure sonne Ne me jugez pas Même si l'aiguille détonne Ne m’attendez pas Tout cela n’a aucun sens Ne m’attendez pas Le temps n’a plus d’importance Il y a le voyage d’ivresse Entre une femme et son amant Et maintenant que le bateau est parti Je veux qu'il m'enivre encore indécis Ne me dites pas Tout est rose dans la vie Ne me jugez pas - 42 -
Pour condamner ma folie Ne vous inquiétez pas Je ne vous oublierai pas Il y a le voyage tendresse Des bras d'un père à l’enfant Et maintenant que le bateau parsème Je veux tout simplement qu'il m’aime Ne m’attendez pas Comme si c’était le jour d’un baptême Ne me dites pas Tu es toujours blême Ne vous inquiétez pas Je ne vous quitterai pas Il y a le voyage extraordinaire Où mes yeux se posent sur la lune Je veux qu'il m'emporte Et c'est l'heure de franchir la porte Ne vous inquiétez pas Je passerai dans le ciel inaperçu Ne me dites pas Nous sommes souvent déçu Ne me jugez pas De toute façon je suis ainsi conçu Il y a le voyage imaginaire Où mes mains composent ses dunes Je veux qu'il m’oblige à rêver À chacune de mes nuitées Ne vous inquiétez pas - 43 -
J’ai franchi avec passion cet endroit Ne vous inquiétez pas Il y a toujours une partie de moi À l’ombre de mon île qui a survécu Je reviendrai convaincu
La fille en poult-de-soie Face à la madrague Les yeux clos Plongée dans sa fugue Elle rêve à huis-clos D’un jeu d’éventail Lui souffler Une chanson sur son corail Lui insuffler L’amour à travers ses digues - 44 -
Au gré d’un courant d’algues De l’écume d’un jour Au désir d’une brasse S’éveille l’amour L’indescriptible méduse se délasse Et sur son visage Apparaît un séduisant rivage Recouverte d’une sauvagine En poult-de-soie Cette fille à l’âme marine Habite l’eau qu’elle boit Mystérieuse Respire comme une sirène crieuse Et l’absence noire de monde Où personne ne loge près de la bonde Au fond de son océan amer Lui crie sa détresse sa misère Face à la madrague Les yeux clos Plongée dans sa fugue Elle rêve à huis-clos D’une lueur qui transperce ses profondeurs Où ses paupières se redressent sans heurts À l’appel amoureux de ce flux tant attendu Elle sourit éperdue
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Tropique du silence Momifiée de la tête aux pieds D’un linge en coton blanchâtre Les bras le long du corps Quelque part une femme est allongée Sur un nuage d’orage À côté d’elle un cytise D’une floraison jaune acide Un vrai poison Ses grappes d’inflorescences Fixent ce monde malade Aujourd’hui elle se précipite Sous une dernière pluie d’escalade Parce qu’elle a envie de se sentir libérée De manger l’air humide et pur Parce qu’elle a envie de boire la vie De parler de sa maladie Elle aimerait manger ses fleurs parfumées Pour chevaucher l’ultime voyage Un voyage ascensionnel Coloniser d’autres nuages Des îles suspendues entre ciel et mer Perdues dans un camaïeu de bleus Fuir ce mois de juillet son cancer Vue de l'extérieur comme de l'intérieur Il y a des hauts et des bas Elle a besoin de parler de son chagrin - 46 -
Personne est là pour l'écouter Peu importe les rayons du soleil Le mauvais temps va lui être fatal Ce qu’elle redoute le plus c’est le silence Le silence des autres Ce silence propre qui la ronge Elle aimerait manger ses fleurs parfumées Pour partir en voyage Coloniser d’autres nuages Ne jamais revenir Pour oublier enfin ce silence
« Même si on ne cherche rien on finit toujours par trouver quelque chose. »
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Sieste songeuse Les enfants des fées rebondissent Verdoient sous les feuilles Du chêne de Tronjoly Ils sont ses halos dans l’éclaircissement Ils se consomment sans retenue Ajoutant de la sève à la sève Dans ces branches millénaires Où des auréoles tremblent dans l'air doré Une silencieuse bonté brûlée dans le paysage Capte mes pores calcinés un à un Tout cela m'est offert Beauté grâce Vision humaniste À moi qui n'attend plus rien À moi qui pense sur mes feuilles Comme un homme réel qui réfléchit durement Et mon âme avec les enfants des fées Escalade l'air d’été
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Rêverie d'un nulle part ailleurs Meurent-ils avec un arrière-goût d’inachevé Des vagues de haine claquent sur les berges de la foi Et brûlent dans les profondeurs bleues marines La statue de la liberté Des vagues de désespoir assèchent les digues de l’humanité Et transforment le sel de la vie en poussières volcaniques Sur un sol en exil Des vagues de mépris dévient le cour des fleuves nourriciers Et percent les yeux faibles de faim Comblant leurs lits d’ossements Des vagues de dégoûts violent les places fortes encore vierges Et enchaînent ses yeux gorgés d’amour Condamnant les derniers sanctuaires La terre se meurt l’homme n’a rien compris Et j'aimerais croire À un goutte à goutte à l’épicentre d’un lieu sacré Alimentant un puits magique Où la sagesse est une reine de cœur Où fleurissent des fleurs éternellement Où une forêt silencieuse au-dessous de nuages fertiles Berce la bienveillance et l'harmonie Où l’homme épris de la reine regarde fixement le ciel Pour admirer la pleine lune briller Au bord de tous ces yeux éperdus
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Ici l’homme a dompté la vague À mi-chemin entre la terre et la voie lactée Et il attend de vous croiser sur le chemin du ciel Habillé de vos lanternes à huile et de vos mains ridées Pour vous emmener dans son nouveau monde
La cage folle Psychose encerclée Dans sa cage rouillée En fer martelé Elle tourne en rond Et sur son crâne Plane et s’écrase L’obscurité Un sourire crispé À travers les vitres Sombre est cette vie Dissimulant au loin Ses tentations de s’échapper - 50 -
Déséquilibre encadré Dans une maille effilée En fer stressé Elle danse enserrée Et ses pieds blessés Saignent et pourrissent En chair putréfiée À travers le linoléum Se régale le geôlier Scarifiant son âme Son avidité de s'enfuir Aliénation poétique Dans sa cellule cloîtrée En fer trempé Elle ne vit plus Et son cœur désaxé Crache et vomit De la haine avariée À travers le colimaçon Tortueux de ses vaisseaux Mâchant les marches Celles de ne plus aimer écrire
« Les certitudes rendent stériles. » - 51 -
Arcane Voilée par des brumes oniriques Secrètement Laisserais-tu se presser Dans les corridors de ton corps Tes désirs étourdissants Laisserais-tu s’échapper Dans les labyrinthes de ton esprit Tes rêves capiteux Eux seuls ressentiraient ton existence Parmi tous les lieux du monde Illustrée par des voyages fantastiques Secrètement Aimerais-tu féliciter l’amour Le plus herculéen Le plus abyssal Aimerais-tu cette île extasiée et nue Où tu te confondrais à la mer Où tu t’enlacerais au vent Où tu te bercerais au clair de lune D’elle seule tu symboliserais l'idole Parmi tous les Dieux du monde Nourrie par des fruits aphrodisiaques Sentirais-tu la terre Les arbres et le vent Monter vers les astres Comme un cri pur et céleste Aimerais-tu ce printemps - 52 -
Gonfler de parfums tes sentiments D’eux tu ne désirerais juste l’exaltation Une houle aux écumes sauvages Et je te regarderais Verser de l'eau dans l'Enfer Et mettre le feu au paradis Vivrais-tu courageusement Sans crainte Sans penser aux conséquences Seuls les craintifs penseraient aux conséquences T'aimerais-je encore dans mille ans
Aux larmes Dis-moi Et dis-moi Pourquoi ça ne va pas Dis-moi Et dis-moi Pourquoi tu n’es plus là
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Et je vois dans mes yeux Brisés contre la glace S’échapper du bleu Traverser l'espace Pour revenir la voir J’aimerais tant y croire Dis-moi Et dis-moi Que tu ne t’en vas pas Dis-moi Et dis-moi Que tu resteras Et j'imagine dans ses yeux L’innocence d’un d’enfant Chercher sa part de Dieu En ce jour de printemps Briller dans le noir J’aimerais tant y croire Dis-moi Et dis-moi Que tu ne triches pas Dis-moi Et dis-moi Que tu reviendras Et j'exhale dans mon rire Au cœur de mon visage Autant de pleurs que d’élixirs - 54 -
Autant de peur que de courage Effacer mon désespoir J’aimerais tant y croire Dis-moi Et dis-moi Que tu ne disparaîtras pas Dis-moi Et dis-moi Que tu réfléchiras Et je fleure dans son rire Perdu sur son manège Autant de sagesse que de délire Autant de soleil que de neige Enflammer son auditoire J’aimerais tant y croire Dis-moi Et dis-moi Que tu ne t’abîmeras pas Dis-moi Et dis-moi Que tu te ressaisiras Et dis-moi Dis-moi Que tu m’aimes toujours Sous le soleil ou la neige Un peu plus chaque jour Même depuis ton manège - 55 -
Espérance silencieuse Rapproche-toi Rapproche-toi encore Et ressuscite indécise et tremblotante Arachnéenne et fragile Par allégresse ininterrompue Reconquiers ton berceau sans mémoire Et va t’affilier à ses rêves forcenés Le voilà étendu sur une terre fidèle Où le fragment d'un miracle candide et nu Révèle une empreinte profonde d'amour Et plus jamais de choses atroces Un angelot blanc Sautille sous les eucalyptus Et sous peu à grands coups d'ailes Ils s’envoleront vers des îles suspendues Et plus loin encore Ils dansent des ombres minces amoureuses Elles entourent ton nouveau cœur accordées de silence Rapproche-toi Rapproche-toi encore
« La souffrance peut donner à un visage une expression qui n'est pas la sienne. » - 56 -
Annabelle Quand elle me caressait de bon matin Quand elle grimpait sur mon pèlerin Nue cambrée à califourchon Je devenais soudain un étalon Y avait ses poires et ses raisins Y avait Michel-Ange au plafond Et puis sa sœur dans le salon J'étais vraiment amoureux d'elle On se sentait pousser des ailes A travers les draps sous l'ombrelle On ne pensait qu’à se rouler des pelles On n’avait jamais vécu l'enfer Pour ne pas mettre les pieds à terre Et vu du ciel on se voyait tout faire Faut dire qu'elle y mettait du cœur C'était la fille de mon professeur Je n’étais pas un enfant de cœur Je l’aimais depuis mes huit ans Elle avait les yeux d’encre bleus pélican Quand on s'approchait de la rivière On se tripotait dans les fougères Quand tombait le soleil sur l'horizon On se faufilait sous les buissons Je la suivais même jusqu’au lac On revenait par le dernier bac On se roulait dans les champs - 57 -
Faisant naître des serpents Des papillons et des océans Un jour l’été a sonné Nos silhouettes se sont abandonnées Je me souviens du bon vieux temps Le cœur un peu vague pourtant De n'être pas seul un instant Avec elle encore se colle un sentiment Je me souviens quand j’étais adolescent (Parodie À bicyclette d’Yves Montand)
Bulbophyllum nocturnum Les pétales de l'orchidée se déploient Ébranlent l’âme de son cœur de surcroit Le noir enveloppe le soleil qui se couche Et l’invite à s’endormir sur sa bouche La nuit accouchera de l’audace Et sur ses lèvres s'imprimera la grâce - 58 -
Reviens vers moi Ô mon amour Il n'y a pas de jours Sans nuits Comme il n'y a pas de nuits Sans toi Reviens vers moi Et je me souviens Je me souviens De ta voix De tes je ne sais quoi Chanter demain Se mêler au mien Ô mon amour Il n'y a pas de bonjour Sans douceur Comme il n'y a pas de bonheur Sans toi Reviens vers moi Et je me souviens Je me souviens De tes lèvres De tes chefs-d'œuvre Effleurer mes songes Caresser mon allonge Ô mon amour Il n'y a pas d'amour Sans crises - 59 -
Comme il n'y a pas de surprises Sans toi Reviens vers moi Et je me souviens Je me souviens De l'heure de ton départ De ton adieu sans faire-part Déjouer mes désirs Abattre mes souvenirs Ô mon amour Il n'y a pas de compte à rebours Sans esclavage Comme il n'y a pas de voyage Sans toi Reviens vers moi Et je me souviens Je me souviens D'être parti sur tes traces Défier tes impasses Savoir pourquoi s'être déplu Savoir pourquoi s'être perdu Ô mon amour Il n'y a pas de jours Sans nuits Comme il n'y a pas de nuits Sans toi Reviens vers moi Et j'aimerais J'aimerais - 60 -
Ne pas oublier notre histoire Pour continuer à croire Tu me manques ce soir Et seul je t'attends dans le noir
Fenêtre sans danseuse Je ne suis pas un papillon éclair Même si ma foudre caresse l’air Je ne suis pas un orage Alors qu’il pleut sans cesse sur mes pages Je ne suis pas un moulin Mais j’égruge mes paroles Pour aimer à nouveau chaque matin Et aujourd’hui plus rien ne m’affole Pourtant ma muse je l’ai perdu Même si je la vois toujours nue Dans mes plus lointains souvenirs J’ai perdu sa chaleur et son rire Comme ses nuits dévorantes Et ses aurores époustouflantes Je ne suis qu’un homme libre Cherchant son propre équilibre
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Voisin voisine Le ciel est au fond de l'eau La fille d'à côté Mesure Le mec d'en face Attend La fille d'à côté Mesure Elle mesure son pouls Sa tension artérielle Elle mesure son poids Ses heures de sommeil Elle mesure ses humeurs Le temps passé à ne rien faire Ou se relie sur Facebook La fille d'à côté Mesure sa fracture La fille d'à côté Mesure Le mec d'en face Attend Le mec d'en face Attend Il attend son heure Le dernier grain de sable Il attend le sommeil - 62 -
Son billet pour quelque part Il attend la belle sans la bête Le début d'une histoire Ou gazouille sur Twitter Le mec d'en face Attend depuis longtemps Et pourtant Voisin Voisine Ils le sont Chaque matin Ils se croisent Ils se croisent le trait triste Sans se regarder Ils se croisent les yeux rouges Sans nuit blanche Ils se croisent les lèvres cousues Sans les découdre Ils se croisent Pour trouver les mots La fille d'à côté Mesure Le mec d'en face Attend Et pourtant Voisin Voisine Ils le sont - 63 -
Chaque nuit Ils rêvent Ils rêvent de se réaliser Sans rêver Ils rêvent de choisir le bon moment Pour tout recommencer Ils rêvent de trouver une main De la serrer fort Ils rêvent De ne pas la perdre La fille d'à côté Mesure Le mec d'en face Attend Et finalement Voisin Voisine Ils le sont En ce jour obscur Ils se cognent Ils se cognent l'un à l'autre Contre le miroir fragile Ils se cognent la gorge sèche Le cœur palpitant Ils se cognent le ventre noué Le regard figé Ils se cognent Violemment
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La fille d'à côté Mesure l'amour Le mec d'en face Attend l'amour Le ciel est au fond de l'eau
Boire l’amour Boire un verre vide C'est changer d'air Rencontrer l'autre Boire nos souvenirs Ce n'est pas oublier C'est digérer sa vie Boire l’amour Le verre plein C’est enivrant
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Déréliction Je l'observe Hors du monde Emmurée dans des rets obscurs Lardée de cauchemars Menacée d'asphyxie Une femme dépoitraillée Au milieu des limbes Sous un ciel en pierre voûtée S’indigne de sa solitude Du cœur à l’âme Ses lèvres se gorgent d’insanités Ses yeux roulent sur le sable Ses jambes gainées de sang S'écartent entre l’amour et la mort À la limite de la transe La haine du silence Pénètre son œuvre Ce sentiment d'abandon La tue
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Dernière expansion de ma pensée Dans l’alcôve Ma seule liberté Est ma liberté d’imagination Quand je peins Je ne veux rien dire Je veux peindre C'est tout Quand je veux dire quelque chose J'écris Ce sont des moments magiques Comme une nostalgie Et ce qui me rend beau Ce n'est pas la victoire Mais le combat Le combat que j’entretiens Avec moi-même Cet élan vital De ma légèreté masculine Me souffle au cœur La féminité insaisissable Il y a toujours un peu d’elle en moi Sur ce tapis d'arômes féeriques Recouvrant l’air du temps Finir d’écrire une histoire - 67 -
C’est recommencer à peindre Et si l'alchimie s’opère La toile nourrira le bonheur Le bonheur Cette petite chose que l'on souffle Assis dans la texture du vent La texture Cette petite chose que l’on appelle Amour
« La fragilité est une terre spongieuse où tu t’enfonces quand tu perds le poids des mots. »
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Flora la primavera « Una lacrima scappa La gabbia non è Appena pazza sospesa Nel vuoto…» Une larme s'échappe La cage n'est pas folle Juste suspendue Dans le vide Le temps guette Tendre et morose Le regard empli D’une grande beauté Le cœur encore cloîtré La nymphe s’impatiente Respire son champ fleuri De lys sauvages d’anémones De coquelicots d’ancolies Rêve à son envol Désire son vent d’0uest Et voilà un messager Un bel oiseau Se dépose entre ses mains Et délivre un mot Un mot d’amour Je te cueillerai à l’aurore Zéphyr le magnifique - 69 -
« Flora la primavera » Meurt à l’idée de joie Et l’été la recueille Encore plus belle Aliénation poétique D’un oiseau d'une fleur Du vent d’une plume D’un Dieu d’une déesse
« La poésie pour moi c'est une partie de jambes en l'air qui cherche un kilo de plume pour éviter de se prendre un kilo de plomb dans l'aile. »
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Phallus facéties et canicule Le mieux pourvu par la Nature Est-il le plus heureux des hommes Et rendrait-il plus heureuse les femmes La taille du Phallus Un plat qui se mange chaud Sachant que le garde-manger Compte uniquement pour du beurre La taille se lit-elle dans les doigts Ou sur les lèvres d'Aphrodite Une petite pilule bleue Effet turgescent Pour Benhamou* de Marseille Bouchera-t-il le port Avec son morceau de réglisse Passez-lui le savon Qu'il retrouve les coulisses Du médiateur à l'huile d'olive Et je vous salue Marie Pleine de Grèce Ô phallus antique Statue à la feuille de vigne Encore vierge vous m’avez dit C’est à croire Que la Terre ne tourne pas Autour du Soleil
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La canicule suppute Qu’il y a dans cette surenchère De quoi en intéresser Plus d’un et d’une Sur ce forum de misère La taille semble avoir son importance Comme celle des commentaires Mesdames un petit truc Sans baisser son slip À la fleur de sel Ou la chasuble du vermicelle À fleur de peau Tout tient dans la main Tout tient dans la main Premières indice et prière Seront-elles les dernières Une tête chercheuse Asiatique Anti-missile nucléaire Montre qu’une corrélation existe Entre la longueur et le ratio digital * « Ah j’adore ça mais ça m’a l’air compliqué » Plus la différence Entre les deux doigts est marquée Plus la verge est grande À l’inverse Si l’index a tendance à rivaliser Non Mamie - 72 -
Je ne parle pas du lexique de la vierge Du dernier roman de Stéphane Rose Le barbu au cul pincé Je reprends Si l’index a tendance à rivaliser Avec l’annulaire La vierge non la verge sera plus petite Vous m’avez capté Sur la même longueur d’onde 37°2C depuis ce matin Alors munissez-vous donc d’une règle Et d’une calculatrice Lequel de ces poètes Qui vous chatouille les amygdales Est le mieux pourvu par la Nature Dieu seul nous le dira Tant à la poésie Elle est de Nature généreuse * Benhamou : « Les personnages dont Benhamou et les situations de ce récit étant purement fictifs, toutes ressemblances avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. » Ratio digital : Taille de l’index divisée par celle de l’annulaire
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My name is Nobody Rythme sourd Au sommet d'une tour Qui peut savoir Ce qui se passe le soir Au fond de mes vers De ce cœur humain Trop souvent solitaire Blotti dans ce coffre ancien Qui s'illumine et s'éteint Comme un phare sans tain Qui a le droit de savoir Que je me cache dans le noir Nobody Nobody Nobody Nobody We do not know We shall not know Il y a probablement quelqu'un Quelqu’un d’inhumain Qui m'a tué Puis s'en est allé Hors du monde Flirter les ondes Du silence de la nuit Sans quitter son fusil Je ferme les yeux Pour la continuité du noir La perpétuité du désespoir - 74 -
Où je sombre miséreux Personne personne Personne personne L'on ne sait pas L'on ne saura pas
« La fragilité est une terre spongieuse où tu t’enfonces quand tu perds le poids des mots.»
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Embrune Au coin de mes yeux La ride chante Un désir profond Celui de vivre heureux Des notes nostalgiques S’inscrivent Sur mes sillons malheureux S’estomperont-ils face aux nuages Transits d'idées exaltantes Derrière ses yeux Lire qu'amour Infinie bonté Elle que j'ai tant aimée Elle n'aura su qu'aimer Aimer Toujours aimer Au-delà du réel Dans ses yeux La nuit Elle m'appelle Angoisse et courage Un nouveau jour sans elle Sous l’orage Une bourrasque d'ombres Je perds ses traces Retrouve ses cendres - 76 -
L’amour éclat temps Dans l’éclat d’un vers L’incidence de son cœur A brisé la glace du temps Je m'intéresse à sa blessure Comme à ses césures Je veux savoir à quoi elle aspire Ourlet d’écume Mains légères Me demanderait-elle Avec ses gestes espiègles Dis-moi que tu m'aimes Lui murmurais-je alors Un oui d'ores et déjà Ému Dans l’éclat du jour Au milieu du verger Coiffée d’un chapeau de paille Je m'intéresse à ses boutures Comme à sa culture Je veux savoir à quoi elle rêve Sourire juteux Lèvres écarlates Me demanderait-elle Du bout de ses racines Veux-tu goûter à ma fruitière Lui soufflerais-je alors Un oui d'ores et déjà Délictueux - 77 -
Dans l’éclat du soir Lovée dans son fauteuil d’osier Mouchetée d'un grain savoureux Je m'intéresse à sa luxure Comme à ses voilures Je veux savoir à quoi elle espère Robe noire aux chevilles Mirant l'oiseau de proie Me demanderait-elle Dans un état d'ivresse Veux-tu me faire l’amour Lui clamerais-je alors Un oui d'ores et déjà Féroce Je veux savoir à quoi elle aspire Je veux savoir à quoi elle rêve Je veux savoir à quoi elle espère
Pardonnez mon silence Je me suis enfui cueillir l’été ailleurs Où le ciel a regardé mes pieds Où le vent a soulevé des ailes D’essences extraordinaires Libellules et papillons J’ai respiré la sève - 78 -
D’arbres à pins et de bouleaux Sur la pointe des pieds J’ai foulé la mousse L’esprit vers tendre et rêveur J’ai glissé sur l’air libre d’un canyon Serpenté autour de granits en plumes Au fil d’une eau douce et vierge L’incertitude m’avait flambé ma dernière syllabe Cette pause m’était nécessaire À trop solliciter l'inspiration Elle s’épuise et nous perd Mais c’est si bon de se laisser perdre De bercer nos corps et âmes À la musique délicieuse du temps Un temps qui ne compte plus J’ai réinventé sans perdre un mot Un langage à la patience Comme caresser des yeux Des horizons nouveaux Les pigments de la nuit Chanter la vie sans aucune fausse note De ce qui pointe en elle De ce qui se ferme en moi Je prolonge la parenthèse enchantée Profiter et me nourrir Encore un peu de cette trêve estivale Avant de réveiller ma mémoire De ses instants magnifiques - 79 -
L'ombre bleue marine Assise sur l’horizon devant son écran Aveuglée de réel comme égarée La vieille ombre n’imagine plus rien L’ennui lui parle crie sa douleur Imprègne ses pieds de larmes salées Elle aimerait s'inventer un nouveau monde Des bagages légers des vacances Et le torrent traverse la salle de bain La montagne remplace l’escalier Des rets de bonheur se collent à ses fenêtres Sur la console en bois de rose Jonche son calendrier de proses Et l’image du jour anime les mois Comble les vides de jours heureux La faune subjugue ses yeux de biche La flore guérit ses plaies Son pistil acidulé recueille le pollen Égaré dans l'air de la cheminée La minéralité lyrique de ses ventricules Draine ses vibrations amoureuses Sur la table son ventre blanc caresse Une main habile et douce Un relief gouleyant exhume sa porcelaine Un manteau forestier recouvre sa chair parfumée La nuit s'échoue obstinément sur sa clarté
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Dimanche les cloches sonnent Dans la solitude et l’intimité Elle conservera dans la glace Du haut de son clocher immergé Ses idées folles et ses voyages En buvant l'eau de la rivière Le bord bleu de sa mémoire À travers ses feuilles encore vierges Défile disloquée par l’envie de mourir Tous ses membres désenchantés Où ses pas se transforment en orage Comme si ses pensées aspiraient le ciel Elle m’ouvre la porte J’embrasse son regard clair-obscur Cette matière imbibée de mots D’amour de tendresse et de mystères Tous ces mots qui offrent un visage humain au monde L'ombre bleue marine dort sur la bise D'un rêve de fées et de libellules
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L'étincelle J'aime l'indécence de cette feuille blanche Et se lève une première couleur Où encore libre Mes yeux déversent Une encre d'innocence Celle de ma mémoire vive Longue et nue Perlée de pluie Inventant l'amour Lié à un sentiment D’un désir futur Et se lève une deuxième couleur Douce et frêle À peine palpable Je suis le pinceau D’un va et vient D’air et de pensées Furetant toutes les ombres Celles de ses mots De son grain de peau Près de l'île consacrée Et je m'allonge Dans la couleur magenta De ses lèvres charnues Sur le dernier coin vierge De son corps liqueur - 82 -
Comme une folie Des étoiles tombent Les unes après les autres En sable magique Autour du pôle
Vade-mecum Au pays des incertitudes Le plaisir comme la peine Sont des histoires sans fins J'ai rencontré un endroit étrange La forêt Je l'ai visité J'ai décidé de suivre ses ombres Elles m'ont guidé - 83 -
Sur une mélodie Celle de la saison des pluies Je l'ai adopté Après les brûlures de l'été Mes pas craquent Sur d'éparses brindilles Bardées de souvenirs imparfaits Des rets de lumière percent l'air Où sillonnent insectes et pollens Cette magie apaiserait-elle mon regard Et là me vient à l'esprit Une musique de parfum De fleurs sauvages J'entends le murmure de la fée des bois Dans le clair-obscur Où ses yeux mordorés S'attachent à mon cœur Ma mémoire restera parfumé De ses premiers pas Foulés avec ma main Dans celle que j'aime L'amour est fragile Comme une goutte de rosée Il a besoin d'une force naturelle Pour vivre s'épanouir Et mourir en souriant
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Poesia grátis (Parole la poésie libre) Je n’invente rien J’ai conçu un espace Qui s’il n’est pas des plus étonnant Me permet d’être au moins Plus sincère avec le monde Quand un cœur demande le silence C'est parce qu'il a cette conviction De devoir juste écouter sa propre voix La poésie est indispensable à la pensée humaine Dont elle est l'une des formes d'expression Les plus anciennes et spontanées Le souvenir est poésie Et la poésie n'est autre que souvenir Alors pouvons-nous juger une poésie C'est à dire les souvenirs de quelqu'un Qui a déposé son cœur sur sa feuille Peut-on plaire à tout le monde Est-ce qu'une majorité a toujours raison L’histoire a la réponse La poésie n'a pas besoin de chiffre Car elle est intemporelle Elle traverse le temps Avec l'âme du poète C'est une plume légère Berçant nos cœurs blessés et amoureux - 85 -
Nul besoin de savoir Si l'une ou l'autre est la meilleure Car la poésie n'est pas un comptable Juste la muse de nos états d'âmes Et je suis et resterai un « free rider » En compétition l'à peu près n'existe pas Tout est calcul loin la spontanéité Tout est sous contrôle loin est la liberté À l'opposé la poésie récolte l'humanité Les joies les drames les faibles les défaillances Les injustices les tricheurs les morts les enfants Les fous les dieux... Aucuns partis pris et aucunes mesures Ne peuvent la contrarier Elle traverse le temps Comme l'air mon sang Sans savoir si elle sera comprise Aimée ou détestée Peu importe La poésie fait sensation Plus véridiquement L'amour est sensation L'amour à l’état brut comme un minerai Et la poésie comme l’amour Reste prise dans la gangue des mots Elle est une traduction ennoblie De la profondeur tragique - 86 -
De chaque être Voilà le plus important Au diable la varice Des votes réclamations Suffisances et récompenses Mon cul s'assied dessus À la bonne heure Regarde les étoiles et les fleurs Et vous salue Poésie libre
« La rose est aux fleurs ce qu'est la poésie à l'homme une inspiration inépuisable. »
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L’amour propre Depuis une éternité Je marchais seul Sur des ruines antiques De mon écran sourd J’écoutais le son du crayon Comme les vagues D’une mer infinie Moi l’introvertie exalté À la pensée antiseptique Réfugié dans mes briques De papier blanc écru Citronné de péchés véniels Et de mots détenus Je marche à nouveau libre Sur le ciel du lit Dans les griffes du plaisir Et sans quitter la nuit Le noir en secret Épanouira les couleurs Et laissera le grand jour Récolter l'amour Sur le rebord aphrodisiaque De mes peaux mortes
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Les vents d'Ange Les lions dans la savane Les singes dans la forêt Les saumons dans les torrents Et l’homme dans la lune Le temps passant Au cœur de la nef À conjurer le sort Des tas de secrets Et ma veilleuse de nuit À bout de souffle A purifié ma conscience Sa beauté m’aveugle Sa fragilité m’ordonne L’amour ne se couche pas S’il n’y a pas de cœur Et je pénètre son vignoble Un chef-œuvre de la nature Je cueille ses grappes Les plus mûres Où les frelons guettent Je dévore son miel J'hume son nectar Je bois son vin Enivrons-nous d'amour Sniffons tous ses pollens Colonisons toutes ses chairs Sur mon vers juteux - 89 -
Presse-t-elle son cœur Mon temple veille Ivre d'elle Sous ce cépage de pleine lune Sa voie pressée Fracasserait-elle le Juda De ma feuille de rose J’ouvre la porte à ses racines Avant qu'elles se pendent Seules dans l’éther Foule-moi du pied De tes vapeurs de mourvèdre Embaume ma peinture fraîche De ton huile de pressure Et je verrais tes cheveux d'ors Déjà pleins de gouttes nocturnes Fermenter dans l'ocre rouge J'ai ôté mon feuillage Comment le remettrais-je J'ai lavé ma fortune Comment la salirais-je Ma phobie a passé la main Par le trou de la serrure Et ma levure encore S'est émue pour elle Je me suis levé avec la clé de sol Les mains sur la poignée Et mes doigts sur l'argile Jusqu'à récolter l'aurore S’enfuient avec le vent - 90 -
Je crois me souvenir Je n'aime pas dire qui elle est Une coque ivre Sans maître à bord Sur une mer aubergine Sous un ciel nocturne Je crois me souvenir De son corps fuselé Où j'emplissais mes lèvres De ses pores salés L’amour de sa chair Je crois me souvenir Regarder au loin l’île Suspendue au couchant Me submerger d’embruns Ma mémoire reste parfumée De son dernier baiser Je n'aime pas dire qui je suis
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D'une racine à l'autre Mes racines sont loin Trop profondes pour les oublier Et me tiennent à distance Je regarde mon arbre L’ombre et la lumière m’attirent Là-bas il me manquait l'amour et la matière Et je me sens écrire Écrire des choses ridicules Pourtant la poésie m'est essentielle Et l'essentiel à l'autre Se laisse voir à chaque sourire À chaque émotion Ce soir encore sur mes feuilles Le voyage se prolongera Mes vers se pendront À mes branches qui s’effeuillent Sur des nuages en nappes pondérées Ici il me manque le cœur et l'éther Avoir de la tête et du corps Il faut chercher la motivation Et le sens Le pourquoi et l’à quoi bon Et maintenant que veux-tu Où est-ce que tu vas Nous allons nous donner le temps Maintenant Je sais que je suis sur le chemin De mes nouvelles racines
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La valise Une valise s'est échouée Au gré de ses tourments Entrée sans sonner Et sur le sol s'est reposée Ce baiser de l'usure A élu domicile Sur l'aile de l'échine D'un coléoptère Une feuille en elle-même Est comme une valise qui s'enracine Elle devient ce que tu écris Bonheur ou douleur Cette liberté est ta vie Alors d'un zeste d'audace Tes pensées l'émancipent Détachée de la poignée Détentrice du code Réclamerait-elle Du haut de son armoire Sous l'assaut de fatigue Une invitation au voyage Un simple refuge d'intimité Confronté au poids Des bâtons de la tendresse La vie est faite d'instants volés Ce qui est pris n'est plus à prendre - 93 -
Juste à suspendre Il y a si peu d'espace Un petit coin convoité Comme un boudoir prisé Et de ce mal être refermé S'échappent voyelles consonnes Une noce de chairs molles À la comète ambitieuse De courbes abandonnées L’amour a toujours le dernier mot La valise est en voyage
L'amour nous a envahi L'amour est une horloge Qui oublie souvent l'heure De nos aiguilles ailées Derrière la porte nommée désir - 94 -
L'amour est une lumière noire Qui réfléchit le sable blanc De nos larmes d'eau vive Sur le tableau gris de nos vies L'amour est une lame aiguisée Qui tranche le couvre-feu De la sève de nos rêves Sur la jetée de nos cauchemars L'amour est une plaie profonde Qui déshabille le tissu du cœur De nos parfums éphémères Sur la peau d'un ange disparu L'amour est un voleur silencieux Qui appauvrit les nuits bruyantes Tant de jolies lèvres douces Sur chacun de nos vers tendres Et même si l'amour cause la cécité Contemplons le dans cet arbre de vie Avec nos yeux d'enfants Parlons dans sa langue avec conviction Pour se confondre à ses racines Et choisissons la bonne branche Celle que nous recherchons tous Inconsciemment elle offrira à nos visages Cette expression qui n’est plus la nôtre L'amour nous a envahi - 95 -
Le cauchemar du crime À l’aurore la beauté naissante L’île très haute se dresse et cri Un crime a eu lieu cette nuit Là où je rêve sous mes pieds La rumeur est la fumée du bruit Comme dit Victor Hugo je contemple Et l'apprends par la cheminée Qui me conduit à la radio Du phare de mes ouïes Encore un innocent pécheur L'âme en fleur Éventré par un poisson-lune Mais je n'en crois rien Je marche souvent des heures Sur les os tièdes du sous-bois Et je ne ressens rien Ni le regret la peur ou la folie Je reconnais juste le grouillement Celui d'une ville souterraine Dans le cœur de l'humus Comparable à une fourmilière Avec ses obligations ordonnées Mais rien ne le rapproche De la fureur du crime Je ressens juste ses mouvements aériens Ses silences et ses résonances Qui tournent autour de ma tête - 96 -
Papillons lampyres et lucioles Des points brillants Parmi les herbes du ciel Ils ont quelque chose de plus fluide Que le pas tranquille du criminel Caché dans mon dos fragile L'insecte luminescent qui appelle son partenaire Tend un piège de lumière froide Juste pour prévenir qu'il est immangeable Je sais combien le souffle du vent Dans les feuilles jalouses d'un arbre Est plus imperturbable plus doux Qu'une respiration placide De l'exécuteur sommaire qui me suit Je reconnais entre le reflet des astres Dans l'écume et les lueurs scintillantes Des rangées d'étoiles amères L'éclair bref et précis du tranchant D'un aileron du poisson-lune Je sais que le visage paisible Et triste de la lune Ne ressemble en rien à cette grimace finale Le souvenir comme la mort Y prend une place mystique Je reste éveillé sur l'île de mes rêves Sans haine pour le péché Juste de l'amour pour le pécheur - 97 -
L'imagination « combleuse » de vides Toi douce et seule Ta présence dessine L'éther de la beauté Toi aussi étrange que les anges Planant au-dessus des nuages Dansant dans les bleus Les plus profonds Tu es comme un rêve Il me faut ton odeur Ne pas empoisonner L'auréole de parfum Qui entache ton port Mon sang d'encre tremble Sous le sein de tes caresses Imprègne ma toile Je sors du cadre Il me faut ton regard Ne pas être aveugle Ta curiosité est un khôl Dont on ne se sépare pas Mon art se farde Dans le trouble de tes yeux Vers un voyage solaire Je me brûle les ailes Il me faut ton souffle Ne pas étouffer - 98 -
Tes lèvres passerelles À la musique de l'air Qui sifflent à mes poumons Le mot passion Ma chair de poule s'affine Dans le ventre de ton ventre Moi perdu et solitaire La lumière du jour me lèche Pour te voir prendre forme Toi aussi étrange que le paradis Mes yeux se sont ouverts Mes mains te délassent le cou Et mon cœur enlace ton âme
« Une plume a se pouvoir de caresser comme de mordre. »
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Dehors Dehors L'automne était pluvieux Et les nuits froides Les uns et les autres lui disaient Qu’elle était la fille d’une putain Elle me disait Qu’elle ne pourrait pas être aimée Alors elle se lovait Avec son siamois Sous son toit à deux pans Dans le duvet de ses récoltes Solitaire Et l'odeur du bois blond Nourrit à la cire d'abeille Un parfum qui la tenait en vie L’emmenait voyager ailleurs Dans un monde plus tendre Il y avait une araignée Dans le sous-sol Elle me disait Qu’elle ne pourrait pas être aimée Là J’ai appris à voir seulement Ce que je voulais voir Dedans
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Fantôme Le paradis peut être la frontière ultime Je ne vais pas passer ma vie À attendre qu'un os d'ange apparaisse Dans ma niche en chien de faïence Ni à chercher un arc-en-ciel Qui aurait vraiment un pied Dans mes rêves délavés par la pluie Maintenant que je l'ai trouvé J'arrête la poésie de mes recherches Et je reviens à la vie D'ailleurs ne cherche pas je trouve Je trouve de tout et de rien Surtout rien de bien méchant Et je ne vais pas passer ma vie À fixer toutes les étoiles du ciel En me demandant si la paix de mon âme Est dans la plume de mon fantôme Maintenant que je l'ai trouvé J'arrête la poésie de mes recherches Et je reviens à la vie Si j'étais resté seul sans écrire Je n'aurais jamais connu le monde Tous les fracassés du clavier azerty Qui vont disparaître maintenant Et vais-je finir mes jours - 101 -
À écrire sur la plume de mon fantôme Parce que tu es dans ma vie Maintenant que je l'ai trouvé J'arrête la poésie de mes recherches Et je reviens à la vie Épouse-moi Fantôme soit la fée de mon monde Avant de t’évanouir sur la foule en délire Achète-moi un disque chez Virgin Même si les fantômes n'existent pas Bien que j'ai le sentiment Qu'ils ne vont pas disparaître Aujourd’hui je brille sous la pluie Maintenant que je l'ai trouvé J'arrête la poésie de mes recherches Et je reviens à la vie Le spleen des marées me submerge Ne pouvait sauver l'os du chien Le retour sur terre est un chemin très rude Vole-moi l’exaltation de mon esprit Avant que je ne reparte dans l’espace Soit ma constellation juste à moi Rêve à ma place je serais toujours là Maintenant que je l'ai trouvé J'arrête la poésie de mes recherches Et je reviens à la vie
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Souvenirs d'M Je me souviens De ce berceau de brume Niché sur l'adret de la montagne De l'aurore aux doigts de rose Où j'observais inconsciemment Des noctiluques dorées près des crêtes Et bleuâtres au-dessus de nous Où tétaient mes lèvres les ombres Gigantesques de ses planètes laiteuses Je me souviens Des vaches mauves à l'odeur noisette Des oiseaux verts sur des arbres rouges De la couverture en peau d'elle Qui préservait ce nid de coton et de laine Sous les toits cette ligne de partage Qui n'était que le faîtage de son cœur Où s'entassait la douceur maternelle Et ses comptines mimées Où glissait au printemps sur son fard Le miroir tendre de l'hiver Je me souviens De ce nouveau visage qui apparaissait Et tu accourais libre comme ses nuages À la vitesse de la lumière À la nuit tombée sur la couche Tes paupières se fardaient de flocons d'étoiles - 103 -
Et celle du berger me regardait Mes rêves s'animaient Et moi bébé je m'endormais profondément Comme si c'était hier Je me souviens
Résurrection d'un café noir Son dernier café Un pur arabica Lui brûle la langue Elle part sans dire un mot
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Au fond du jardin Une prière clouée dans la brume S’agrippe à ses racines nues Qui dansent sur la musique de l'intenable Un corps dénudé s’habille de limbes D’un hêtre aux nervures dorées et pourpres Où son âme se dérobe Pour défier les trombes D’un automne désenchanté La nuque de ses belles pensées brisées Ses pores s’identifient au marbre noir D’une pierre tombale Où ses graines les plus éparses Cherchent l’humus d'une nouvelle terre d’asile Pour renaître dans le dos de son épitaphe Le cycle de la vie lui échappe Comme son cœur qui s’est éteint Dans la lumière d’un coup de foudre Il aimait repousser le grand vide Pour épouser le trop plein Il s’était doucement lové Dans un ennui d'absurde qui glissait lentement Dans l'œil du cyclone Malgré son esprit singulier Parfois nous sommes détournés hors du sentier battu de la raison Non il n'a pas peur de changer - 105 -
Il n’a jamais vu de gens se battre pour des prisons Imaginer si vous lâchiez prise Personne n'est responsable Tout le monde est coupable pour combattre les leurres Et il sait qu’avec ses convictions Il peut quitter cette prison De pierres friables au ciment pauvre Aussi naturellement qu’un jour de pluie Lave la crasse de nos fautes Son amour retournera au jardin Là d'où il est venu Là où il se sent bien Il suffira qu'une goutte de sève de son hêtre Le préfère à l’acidité du sol qui l’a vu naître Et son cœur à nouveau Repoussera le vide Épousera le plein L’ami après s’être brisé Se recycle Chaperonner par la belle-de-jour Élue par l’hémicycle D’une nature immortelle Ce n’était pas l’endroit qu’il aimait Un étang de vers qui drague Le fond des abysses D’un monde qu’il déteste
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Plus ou moins Mes pas mesurent à la hâte Le lien de ta puissance Mains jointes entrelacées Regard ivre Reflet automnal Feuilles dorées Les mots bougent Jumelés Homme Femme Parfum Amour fou Amour tendre Sur la grande pente du rêve Tempête Pluie Cris Désespoir Comme celui d'un amour Qui pleure sa propre disparition Le rêve s'ensevelit Le soleil enfonce dans la boue L'image d'hier Éclectique Foisonnante L'amour se construit tous les jours - 107 -
Tu es mon héroïne ma chance Tu es mon héroïne ma chance Cette richesse hors de moi Ma nouvelle clairière Hypnotique et sauvage Mon nouveau centre Où tu occupes tout mon temps Mes pensées mon énergie Tu es l’euphorie de mes feuilles Ce lac de baisers Que l'on imagine en plein désert Mon attention s’est fixée Telle une liane à son tronc Une mère sur le berceau de son enfant Mes nuits sont blanches Et mes jours sans repos Mes douleurs mes tourments S’évanouissent Le temps s’est suspendu Ma plume vole à travers le monde Et mes crayons le redessinent Suis-je ton forgeron Qui aiguise tes larmes en armes Pour modeler tes chairs Brûler tes chimères Suis-je ton esclave Inouï Et toi une folie naissante Qui ensevelit l’inhibition - 108 -
Tu n’es pas une sublimation Tu es mon phénomène Ineffable et divin Tu es mon héroïne ma chance Cette richesse hors de moi Ma nouvelle clairière Hypnotique et sauvage Pour un duel en mouvement perpétuel D’un envol stationnaire Sur un nuage de roses sans épines Où je n’ai plus besoin de parler Pour savoir ce que tu désires Je reste sans voix à ta vue Ma langue se brise La fièvre me peuple Ma vue se brouille Sans te farder de Belladone Tes pupilles me pénètrent Mes oreilles bourdonnent En écoutant ton miel me cristalliser J’ai chaud j’ai froid je crois mourir Je parade et cultive mes lignes pures À l’intelligence se lient la fantaisie L’enthousiasme la passion Tu es mon héroïne ma chance Cette richesse hors de moi Ma nouvelle clairière Hypnotique et sauvage Le propre de l’amour est de bouleverser l’existence - 109 -
Mélange des genres Dans le ciel fossoyeur Un cadavre de nuage Se déchire sur les draps Comme la plume d'un ange désolé Efféminé à l’excès Étrange Mélange des genres Vallon des brumes Chariot de feu La fourche en fer et d'envie Dégrafe les pores de sa peau Charrie des pelotes de pluie Et la suintante cicatrice Nue tremble Troublant Un vieux rond-de-cuir Curieux pèlerin Va et vient dans le marais Olisbos agonisant La fièvre féline vrombissante S'épuise avec Et sa dentelle Scarifiée par la griffe électrique Vibre dans les prières - 110 -
D'un chapelet de nuages Chevalier du ciel Artiste de l’amour L’amant crie paradis à la salope Que son péché l’a tué Dans le ciel fossoyeur Un cadavre de nuage Se déchire sur les draps Comme la plume d'un ange désolé Efféminé à l’excès Étrange
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Et vogue la misère L’exil peut surprendre Sans rien attendre Narrateur sous le pont De son autofiction Jagachandra regarde couler Ses larmes imagées Il est un arbre mort À l'écorce amère Tombe de ses pores Entre ciel et chair L'écume grise de son cœur Il cherche en son sein l'épaisseur Ses racines ses adresses Respire l'air de sa détresse Il ne se sent pas bien Et ô combien À l’heure orange Nappé de couleurs froides Comme le feu bleu d’un ange Il irait brûler son escouade Manger là sa plume Pour changer l’amertume De sa peau son histoire Et comme dans trop d'histoires Quand le silence vogue en mer Nos langues ont le goût de terre Et il ne se sent pas mieux Alors il vous dit juste adieu
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Il y avait une musique La tempête est entrée sans frapper Et m'a effacé La nuit que je viens de passer Dans une certaine dimension Où mes doigts surfaient sur la mer Soyeuse et douce Celle de ses cheveux Il y avait une musique Un piano Comme personne n'en a joué Avec des frissons partout Les pieds dans le sable La tête dans les étoiles L'amour dans les yeux La tempête est entrée sans frapper Et m'a effacé La nuit que je viens de passer Quand la mer noie un enfant J'abandonne tout espoir De mourir vieux Je prie L'horreur dans les yeux Il y avait une musique Un fracas Une odeur indéfinissable Des quartiers rasés Des corps gisant sur le sol
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Des survivants hébétés La tempête est entrée sans frapper Et m'a effacé La nuit que je viens de passer Dans l'inexprimable Le jour se lève Le mal pille les cadavres Brise les vitrines encore debout Où est l'homme L'animal Où sont les secours Il y avait une musique Un silence de mort L'île se noie L'amour avec
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L’enfant de la lune Le pré vert où Dieu règne Depuis l'artifice d'un astre Est mort à son tour Une surdose excessive A répandu sur sa couche Une poussière infertile Sans fleurs ni arbres Songe délavé d’un enfant Sur le manuscrit du jour Ceinturé de barbelés Des oiseaux épouvantails Guettent cette proie au corps nu Ses yeux de mammifère jouent À la poupée d’ocre rouge L'harmonie mineure Qui les enveloppait A noirci alors la portée De son espoir innocent Sous le toit du mirador Invisible est le cauchemar D’une lune devenue sa sœur Le diable lui perce Son sommeil clair La plante des pieds Barbare de ses miettes acquises Et de son sang froid L’éponge gorgée d'or et de rêve Soupire comme autant d'églises - 115 -
L’enfant de cœur ne brille plus Au soleil À la fenêtre La peau inutile De son dernier souffle Les diluviennes tranchent De cette noce acide Sur le marbre imaginaire Un cortège d’étoiles Attendent l’heure noire Un règne d'amarres Et d'ocres nuages Où l'enfant attend la nuit La lune sa sœur
« La persévérance est la meilleure alliée de l'artiste. » - 116 -
J'ai vu son ombre sur la lune J'ai vu son ombre sur la lune Coïncidence Unique dans l’univers Objet de désir Amante de la terre Amoureusement humaine Rêve nocturne Vérité Foulée par une union indélébile Éternité J'ai vu son ombre sur la lune En voulant sauter dessus Je suis tombé dans le vide Ce qui est une évidence pour l’un Est un mystère pour l’autre Elle est la beauté du monde Fragile balance à l’arête blanche Entre l’euphorie et l’angoisse Séparant le cœur en deux J'ai vu son ombre sur la lune
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Face à face Avant que la peur nous glace L’œil attaché face à face J'ai laissé mon cœur S'accorder à ses sommets Exalter l'air du jour Le plus puissant Mes souvenirs Les plus innocents Au plus coupables Je ne cherche pas à quitter les nuages Je cherche juste à saisir ses messages Puisque l'auteur de ma vie S'est caché dans son ventre Rien ne m'oblige De me reprocher son ascension Et j'ai retenu la plus belle leçon De cet art absolu qu'est la vie Celui d'apprendre à aimer À être aimer Avant que la mort nous glace L’œil détaché face à face
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Elle cherche encore Des pas et des voix Du côté sombre du jardin Foulent ses partitions Il y a ce silence À l’intérieur des murs Où la dernière note Frôle la mort Compose son second souffle Et prie Elle cherche un refuge De la chaleur À rompre ses appels aux secours Des rires et des chansons Au clair de la lune Habillent ses branches nues Il y a ce crépitement À l’intérieur des corps Où la dernière flamme Anime l’obscurité Brûle l’absence Et danse Elle cherche à partager Un cœur Elle cherche toujours
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Des rêves et des joies Dans le sillon de l’aurore Bercent de nouvelles racines Il y a cette nuit À l’extérieur des murs Où la dernière larme Alimente l’éden Provoque l’espérance Et enchante Elle cherche la paix Un peu de bonheur Enfin l’amour La terre cherche encore Comme elle
« Si la lune est le rêve du soleil l’homme est le cauchemar de la terre. » - 120 -
Titre des poèmes recueil 5 (Période 2009- 2013)
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Remerciements Je tiens à remercier en particulier ma famille, ma généreuse correctrice Nadine Tabère et Élisabeth Mesner pour sa préface.
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www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux
A comme Amour Poèmes Recueil 5
Copyright numéro 00051199-1 Tous droits réservés Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur
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