UNE ACTIVITÉ PLUS INTENSE QUE PRÉVU SUR LES CHANTIERS Le secteur de la construction a déjoué les prévisions en 2017. L ’activité a été soutenue dans la plupart des secteurs, résultat de la bonne performance de l’économie et de la croissance de l’emploi. Les investissements publics et privés ont aussi été au rendez-vous, ce qui a contribué à intensifier l’activité sur les chantiers. Par Sylvie Lemieux, journaliste
Selon les récentes données de la Commis sion de la construction du Québec (CCQ), le volume de travail en 2017 s’élève à 148,1 millions d’heures travaillées, une hausse de 1,8 % par rapport à 2016. Le quatrième trimestre a terminé en force avec 41,1 millions d’heures travaillées (+ 3,8 %). Les quelques jours de la grève déclenchée au printemps n’ont donc pas eu d’impact sur la performance globale de l’industrie. Par le fait même, les travailleurs ont été plus nombreux sur les chantiers : 12
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on y comptait 114 000 individus, soit une augmentation de près de 3 % comparativement à 2016. Même si l’industrie se trouve toujours dans un cycle baissier par rapport à 2012, la courbe de l’activité remonte légèrement depuis deux ans. La plupart des secteurs ont connu une croissance de l’activité l’an dernier. Le volume de travail a crû de 6 % dans le secteur du génie civil et de la voirie et de 5,8 % dans le domaine résidentiel. Du côté institutionnel et commercial, c’est la stabilité, avec une légère hausse de l’activité de 0,6 %. Le portrait s’avère différent dans le secteur industriel, qui connaît une contraction des heures travaillées (-9,1 %) attribuable à la fin de grands chantiers comme la construction de la cimenterie de Port-Daniel, en Gaspésie. Voici donc un portrait de la situation, secteur par secteur.
GETTY IMAGES PAR GUY BANVILLE
LA CONSTRUCTION AU QUÉBEC EN 2018
PORTRAIT DE L’INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION
Génie civil et voirie : des projets structurants Dans le secteur du génie civil et de la voirie, la croissance de l’activité est attribuable aux vastes chantiers en cours de réalisation dans la grande région montréalaise comme l’échangeur Turcot, le pont Champlain et le Réseau express métropolitain (REM), d’une valeur de 6,3 G$. « Ce projet génère de l’activité tout le long du trajet qu’empruntera le nouveau train, explique Charles Brant, directeur de la recherche et de la documentation de la CCQ. C’est un projet structurant qui va entraîner d’autres réalisations majeures, qu’il s’agisse de rénovation d’infrastructures ou de construction dans les secteurs résidentiel et commercial. » Un bel exemple est le projet Solar Uniquartier mené par Devimco, à Brossard, dont la construction va bon train. D’une valeur de 1,3 G$, il comprendra 2 600 unités résidentielles en plus d’espaces commerciaux et d’édifices de bureaux. Il n’y a pas qu’à Montréal où ça bouge dans le domaine des infrastructures. Les projets se multiplient également dans la région de Québec avec, entre autres, l’élargissement de l’autoroute Henri-IV, un investissement estimé à 300 M$ qui pourrait s’échelonner jusqu’en 2023. Du côté de Gatineau, il y a l’élargissement du pont Alonzo-Wright, attendu depuis des années, d’une valeur de 65 M$, alors que dans le Bas-Saint-Laurent, la troisième phase du réaménagement de la route 185 en autoroute (947 M$) constitue un projet-clé pour le développement économique de la région.
Secteur résidentiel : loin de s’essouffler La baisse attendue de l’activité ne s’est pas fait sentir dans ce secteur, loin de là. Il y a plutôt eu une augmentation des mises en chantier de l’ordre de 19 % par rapport à 2016. « Cela surprend un peu tout le monde, constate M. Brant. Avec le resserrement des règles hypothécaires et la hausse des taux d’intérêt, on s’attendait à un ralentissement qui ne se concrétise pas. » Le marché demeure vigoureux dans le segment des immeubles de moins de six étages, surtout dans le secteur locatif et celui des résidences pour aînés. L’activité est toutefois en baisse du côté des maisons unifamiliales et des maisons en rangée.
Échangeur Turcot, Montréal
GETTY IMAGES PAR PATRICK_LAUZON
CHARLES BRANT Directeur de la recherche et de la documentation Commission de la construction du Québec
Dans le segment des immeubles de six étages et plus (qui fait partie du secteur institutionnel et commercial), c’est Montréal qui accapare en bonne partie l’activité avec plusieurs projets d’envergure qui contribuent à la densification du centreville. En cours de construction, il y a la Tour des Canadiens 3, un investissement de 150 M$, le 628, rue Saint-Jacques, un édifice à condos de luxe de 35 étages érigé au coût de 150 M$, de même que Humaniti, un projet de 200 M$ en plein cœur du Quartier international, qui attire
Tour des Canadiens 3, Montréal
CANDEREL
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PORTRAIT DE L’INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION
GETTY IMAGES PAR DONGSEON_KIM
Institut de cardiologie de Montréal
les acheteurs. Dès la première journée de vente, les promoteurs ont vendu 75 des 157 unités de la phase 1, pour un montant de 50 M$. Un exemple qui illustre bien l’état de la demande. Comment s’explique-t-elle ? « Montréal attire de plus en plus les investisseurs nationaux et étrangers grâce notamment à sa main-d’œuvre de qualité et à son coût de la vie relativement abordable, explique M. Brant. Elle se positionne comme une ville de calibre international, mais qui reste plus accessible que d’autres villes canadiennes comme Toronto ou Vancouver. C’est un des facteurs qui contribuent à l’activité du secteur. » Toute la région métropolitaine profite de cette vitalité. Des projets importants ont été lancés, dont District Union mené par Réseau Sélection, à Terrebonne. Estimé à 14
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Hôpital Saint-Luc en démolition, Montréal
WIKIMEDIA PAR BUSAND2003
WIKIMEDIA PAR JEAN GAGNON
900 M$, il créera un véritable quartier multigénérationnel avec des habitations pour les aînés, les milléniaux et les familles. La première phase du projet, déjà en chantier, devrait être livrée d’ici la fin de 2020.
Institutionnel et commercial : activité soutenue Dans ce secteur, l’activité est soutenue par les investissements publics dans les infrastructures scolaires et de santé. « Cela profite à toutes les régions du Québec même si les grandes zones urbaines sont davantage favorisées », explique M. Brant. Récemment, le gouvernement québécois révélait que la moitié des 2 700 écoles primaires et secondaires du Québec se trouvaient dans un état de détérioration avancé. Le parc immobilier du côté des cégeps et des universités nécessite aussi des travaux majeurs. Plus de 740 M$ seront injectés pour remettre le réseau scolaire en état au cours des prochaines années. Il y aura aussi des investissements majeurs dans le secteur de la santé. La phase 3 du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) débutera en 2019, une fois les travaux de démolition de l’hôpital Saint-Luc terminés. Mentionnons aussi la construction du Centre femme-jeunesse-famille du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Sherbrooke (198 M$), la modernisation de l’Institut de cardiologie de Montréal (189 M$) de même que celle de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (1,8 G$).
Espace Montmorency, Laval
MONTONI
Projet Zibi, Gatineau-Ottawa
Du côté de la construction commerciale, plusieurs projets sont en chantier, dont Square Children (450 M$) à Montréal, Espace Montmorency (420 M$) à Laval, le projet Zibi (1,2 G$) dans la région Gatineau-Ottawa, qui comprend logements, commerces et bureaux.
Industriel : au ralenti Ce secteur avait connu un rebond en 2015 et 2016 avec des projets majeurs comme la cimenterie de Port-Daniel ou la mine de Nemaska Lithium dans le Nord-du-Québec. « Maintenant qu’ils sont terminés, il n’y a pas de grands projets qui prennent la relève, explique M. Brant. C’est un reflet du recul de l’activité manufacturière que connaît le Québec depuis plusieurs années. L’incertitude liée à la renégociation de l’ALENA freine aussi les projets. »
WIKIMEDIA PAR JEAN GAGNON
À quoi doit-on s’attendre en 2018 pour l’ensemble du secteur de la construction ? Selon les prévisions de la CCQ publiées en janvier dernier, le niveau d’activité devrait connaître une relative stabilité. Toutefois, des signes montrent que l’année a com mencé en force, selon M. Brant. Comme il n’y a pas de grandes perturbations en vue, l’optimisme est de mise.
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