Champions de la construction commerciale et industrielle | volume 10 numéro 2

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VOLUME 10 – NUMÉRO 2

LA FAMILLE EN AFFAIRES DOSSIER CAUTIONNEMENT LEADERSHIP AU FÉMININ REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX

PP 41614528


« Le Chantier de l’Emploi, initiative de l’ACQ-Québec, nous a permis de rencontrer des candidats de qualité et vraiment intéressés par la construction. L’édition 2019 en octobre dernier, nous a permis de combler tous les postes administratifs affichés. » Alain Lemieux, Revenco

EMPLOYÉS DE CHANTIER

Arpenteur • Boutefeu-foreur • Briqueteur-maçon • Calorifugeur • Carreleur • Charpentier-menuisier • Chaudronnier Cimentier-applicateur • Couvreur • Électricien • Ferblantier • Ferrailleur • Frigoriste • Grutier • Main-d’oeuvre de lignes • Manoeuvre Mécanicien d’ascenseurs • Mécanicien de chantiers • Mécanicien de machineries lourdes • Mécanicien en protection-incendie Monteur-assembleur • Monteur-mécanicien vitrier • Opérateur de pelle • Opérateur d’équipements lourds • Peintre • Plâtrier Poseur de revêtements souples •Poseur de systèmes intérieurs • Soudeur • Tuyauteur.

AUTRES MÉTIERS ET PROFESSIONS

Agent de prévention SST • Estimateur en construction • Gérant de projet-Ingénieur • Personnel auxiliaire • Adjoint aux chargés de projets • Adjoint administratif • Chargé de projet • Directeur de projet • Surintendant de chantier • Technicien / diverses spécialités Technicien en architecture • Ingénieur • Architecte•Comptable•Gestionnaire RH.

ET BIEN PLUS !


MOT DE L’ÉDITEUR

DES ENTREPRISES EN CONSTRUCTION QUI SE DÉMARQUENT ET QUI PERDURENT jacques.boisvert@jbcmedia.ca

Ce numéro s’intéresse aux entreprises familiales qui se démarquent et qui perdurent. La journaliste Gabrielle Brassard-Lecours s’est entretenue avec Isabelle Le Breton-Miller, professeure à HEC Montréal et titulaire de la Chaire sur la relève et sur l’entreprise familiale ; la spécialiste explique que si ces entreprises offrent des avantages, elles comportent aussi des pièges à éviter. Trois dirigeants d’entreprises familiales de troisième génération vous partagent ensuite leur propre expérience dans le secteur de la construction. La journaliste Sylvie Lemieux, pour sa part, s’est intéressée aux femmes dirigeantes d’entreprises. Elle en a interviewé trois. La première, Rose Loiseau, vient de lancer la sienne en gestion de projet ; la deuxième, Maryse Couture, a repris les rênes de l’entreprise familiale en 2014 ; et la dernière, mais non la moindre, Marie-Claude Houle, dirige depuis 1998 la plus importante entreprise de construction au Québec, après Pomerleau. Si vous croyez tout connaître du cautionnement en construction, ne manquez pas le reportage de Nathalie Savaria, qui a fait une incursion dans le secteur. Elle vous présente un dossier spécial étoffé, réalisé en collaboration avec l’Association canadienne de caution. Gabrielle Brassard-Lecours signe un second article dans ce numéro. Elle s’est inté­­res­sée cette fois aux revêtements extérieurs architecturaux en choisissant une très belle réalisation, le projet Paddock du Grand Prix de Formule 1 du Canada, à Montréal. Ce projet a d’ailleurs été primé récemment par l’Ordre des architectes du Québec, en raison de son élégance et de sa virtuosité. Bonne lecture !

Jacques Boisvert Éditeur

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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Sommaire

Volume 10 - numéro 2

ÉDITEUR  Jacques Boisvert RÉDACTION Gabrielle Brassard-Lecours, Sylvie Lemieux et Nathalie Savaria

LA FAMILLE EN AFFAIRES COMMENT EN FAIRE UN SUCCÈS

RÉVISION  ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Supervision : Edith Lajoie Conception graphique et mise en page : Carole Bordeleau pour Carbodesign

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Annonces publicitaires : Lan Lephan PHOTOGRAPHES  Denis Bernier, Laëtitia Boudaud, Jean-Marc Carisse, Jessica Garneau et Roxane Paquet PHOTO EN PAGE COUVERTURE © Steve Montpetit

DOSSIER SPÉCIAL

PUBLICITÉ  Souk Vongphakdy Directeur des ventes internes Montréal Québec 450 670-7770 418 317-0669 ADMINISTRATION  Edith Lajoie Directrice des opérations et de l’expérience client COMPTABILITÉ Catherine Faucher Philippe Bérubé CPA

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LE CAUTIONNEMENT UN OUTIL POUR GÉRER LE RISQUE

ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS  Convention no PP 41614528 ADRESSE DE RETOUR  2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 ABONNEMENTS Fatima Reynel Gracia abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Champions de la construction commerciale et industrielle. Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître.

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LEADERSHIP AU FÉMININ  PORTRAIT DE TROIS FEMMES AUX COMMANDES

ISSN 1927-5765

Le magazine Champions de la construction commerciale et industrielle est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771 info@jbcmedia.ca

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REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX  L’HABIT FAIT LE BÂTIMENT

www.jbcmedia.ca

Nous reconnaissons l’appui financier du Gouvernement du Canada

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NOUVELLES DES CHAMPIONS


LA FAMILLE EN AFFAIRES

COMMENT EN FAIRE UN SUCCÈS Par Gabrielle Brassard-Lecours, journaliste

Les entreprises familiales sont nombreuses au Québec dans plusieurs domaines, dont celui de la construction. Bien qu’il y ait de multiples avantages à se lancer en affaires au sein d’une même famille, il faut être conscient des défis qu’une telle initiative peut engendrer.

ISTOCK PAR SHIRONOSOV

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ENTREPRISES FAMILIALES

Une bonne gouvernance Bien se connaître, se faire confiance, assurer la relève, dans certains cas : voilà certains avantages qu’apporte une famille à la mise sur pied d’une entreprise. Mais pour éviter qu’une belle aventure au départ ne tourne au cauchemar, il est essentiel de se fixer des balises claires et des règles de vie. « Idéalement, plus tôt que tard », affirme d’emblée Isabelle Le Breton-Miller, professeure à HEC Montréal et titulaire de la Chaire sur la relève et sur l’entreprise familiale. « L’entreprise fami­ liale, comme son nom l’indique, implique qu’il y a deux systèmes à gérer : l’entreprise et la famille », poursuit-elle. Et c’est là le défi : comment distinguer le personnel du professionnel quand on travaille avec des membres de sa famille ? Comment y arriver quand, se connaissant sur le bout des doigts, on peut à la fois se comprendre à demi-mot, mais aussi savoir exactement ce qui déclenchera des tensions chez l’autre ? Pour la professeure, avoir recours à des mécanismes de gouvernance qui permet­tent une bonne gestion tant de l’entreprise que de la famille est un élément vital pour assurer le succès à long terme de cette aventure entrepreneuriale.

Instaurer une structure « La famille doit mettre en place des règles de vie pour avoir un jugement éclairé. Par exemple, même si des membres de la famille ont le droit d’intégrer l’entreprise, ils doivent détenir un certain niveau d’édu­cation, cumuler de l’expérience vécue à l’extérieur de l’entreprise ou avoir fait leurs preuves », explique Mme Le BretonMiller. Par règles de vie, elle entend aussi le fait de ne pas soulever de désaccords devant les employés. « Si c’est le cas, on peut aller prendre l’air ou partager un café au restaurant du coin, mais on évite de faire subir les désaccords familiaux aux employés, affirme-t-elle. La gouvernance de la famille a inévitablement un impact sur l’entreprise et sur la façon dont elle sera gérée à l’interne. »

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ISABELLE LE BRETON-MILLER Professeure à HEC Montréal Titulaire de la Chaire sur la relève et l’entreprise familiale

La professeure explique aussi qu’une entreprise familiale n’appartient pas toujours à 100 % à la famille. La compagnie peut être la propriété de plusieurs familles ou, selon la taille de l’entreprise et de son actionnariat, d’un mélange de membres d’une même famille et de personnes extérieures à celle-ci et qui siègent de facto au conseil d’administration. « Ce dernier a entre autres comme rôle de s’assurer de la bonne gestion de l’entreprise – le volet surveillance –, mais aussi de la conseiller. C’est donc une bonne chose qu’il y ait des gens externes pour que ce second rôle soit pleinement joué, croit la titulaire de Chaire. Selon moi, le volet le plus important en ce qui touche une entreprise familiale, c’est d’avoir des administrateurs capables de parler franchement à la famille et qui peuvent les aider, qui peuvent agir ponctuellement comme experts dans leur domaine pour assurer le développement et la pérennité de l’entreprise », ajoute-t-elle. Un autre volet important concerne la professionnalisation de l’entreprise. Si cette dernière grandit et s’étend au-delà du noyau familial, par exemple en ayant des employés, d’autres actionnaires, etc., il faut mettre en place une structure pour en assurer le bon fonctionnement. Il arrive un point où l’on doit déléguer ; pour ce faire, il faut avoir établi des politiques et des processus pour formaliser la gestion, qui ne doit pas se faire à la sauvette, et faire preuve de rigueur. « Que ce soit pour l’embauche du personnel, pour le système informatique ou autre, ce sont souvent les générations suivantes ou les cadres qui vont assurer un peu plus de structure, mettre en place des processus pour permettre à l’entreprise de grandir tout en s’épanouissant. Si l’on éteint toujours des feux, l’entreprise ne peut évoluer et atteindre son plein potentiel. La professionnalisation, ce n’est pas non plus de se dire que ça nous prend absolument des gens de l’extérieur. On entend souvent cela, que ça implique de se débarrasser de la famille, mais il s’agit plutôt de mettre en place une structure, d’établir une façon de faire, donc des processus, et de clarifier une délégation des pouvoirs à l’intérieur de l’entreprise », estime Mme Le Breton-Miller.



ENTREPRISES FAMILIALES

Tirer profit des avantages La gestion d’une entreprise familiale comporte certainement son lot de défis. Mais elle offre aussi des avantages. « En plus de bien se connaître, on peut compter les uns sur les autres », confie la professeure. En cas de coups durs, on se serre les coudes en partageant non seulement le patrimoine financier, mais aussi son réseau, ses contacts. On est souvent plus dans un mode de partage que dans un autre type d’entreprise. « Est-ce qu’un collègue ou un parfait inconnu sera aussi généreux de son temps, de ses ressources financières, de son réseau ? », demande-t-elle. Il peut être très gratifiant de travailler sur un projet que l’on a envisagé ensemble. Cela peut assurer la relève. Selon ses recherches, Mme Le Breton-Miller constate que les couples en affaires sont très performants : « C’est le duo gagnant. » Venant de deux horizons différents, les conjoints apportent à l’entreprise leurs propres réseaux et leurs ressources. Ils ont souvent aussi un élément en commun très fort, les enfants. « Les couples se choisissent, en plus de choisir de se lancer en affaires ou de reprendre une entreprise ensemble. Il s’agit de deux choix éclairés. Au contraire de sa famille, que l’on ne choisit pas, pour le meilleur et pour le pire dans un contexte d’affaires », explique la titulaire.

Bien se comprendre Il est possible d’assumer plusieurs rôles dans une entreprise familiale : propriétaires, gestionnaires, employés, conseillers. « Si l’on veut être de bons propriétaires, il faut avoir un minimum de compréhension du fonctionnement de l’entreprise et être formés en ce sens, estime la professeure. Une entreprise n’est pas seulement une vache à lait. Il faut aussi en être responsable », ajoute-t-elle, en précisant également qu’une entreprise est souvent le tissu social et économique d’une région. « Même dans une entreprise familiale, on peut être un employé. Il n’y a pas de sous-fonction. Le travail de président-directeur général n’est pas nécessairement fait pour tout le monde, famille ou non », affirme-t-elle. Elle fait également savoir que gérer une entreprise demande plusieurs compétences qui augmentent avec la taille et la complexité de celle-ci : « Il faut connaître son marché, envisager l’avenir, savoir se réinventer, être capable de gérer le stress et d’investir beaucoup de temps, d’énergie, en plus d’accepter de s’endetter. » « Au fil des générations, on se passe parfois les clients, les fournisseurs. On est interconnectés. La notion de confiance traverse le temps. C’est notre réputation, c’est notre nom qui est attaché à l’entreprise familiale. On est connus et l’on se connaît, et c’est un avantage compétitif qui se bâtit dans le temps et qui peut se transférer. La famille est souvent présente même quand on choisit de se lancer en affaires sans elle. Ne serait-ce que sous la forme d’un peu d’argent pour le démarrage, de contacts, d’un coup de main… », soutient également Mme Le Breton-Miller.

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Elle confie aussi qu’au départ, il faut avoir une petite fibre entrepreneuriale pour se lancer dans cette aventure qui n’est pas sans risques, mais qui permet d’être ensemble. « Il faut être complémentaires, demeurer à l’écoute les uns des autres et se trouver des façons de gérer les conflits. C’est notre vision et nos valeurs qui vont guider l’entreprise et les employés. C’est notre ADN qu’on injecte dans l’entreprise », conclut-elle.


S’ÉPAULER, DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION En 1927, Albert Jean, dans son salon, décide de fonder une compagnie de construction, en sollicitant quelques clients du domaine résidentiel. Son fils Pierre prend la relève de l’entreprise en 1965 et y développe le milieu bancaire, notamment avec la fabrication de chambres fortes pour ce type de bâtiments. Les restaurants se sont ajoutés à la liste des clients dans les années 1980. C’est dans les années 1990 que la fratrie Jean, troisième génération, s’investit à son tour dans l’entreprise fami­ liale. Deux frères et leur sœur sont donc devenus propriétaires de Construction Albert Jean, ajoutant encore plus de domaines d’expertises, comme celui de l’informatique.

D’une demi-douzaine d’employés au départ, Construction Albert Jean en compte aujourd’hui 70, gérés par Pierre-Albert à titre de président, Patricia, vice-présidente finances, et Sébastien, vice-président opérations. C’est donc un véritable trio familial qui mène la barque, en endossant des rôles différents et complémentaires. « Ça évite de se battre pour le même poste, comme je l’ai déjà vu dans d’autres entreprises, ce qui menait finalement à deux compagnies plutôt qu’une parce que tout le monde voulait diriger », raconte le président. Sur le site Web de l’entreprise, on peut d’ailleurs lire que Construction Albert Jean conserve sa recette gagnante depuis des décennies en privilégiant « la qualité, le respect, l’intégrité, la responsabilité, l’équipe, la famille et le plaisir, valeurs ancestrales qui lui permettent de solidifier ses relations d’affaires ». Albert Jean avait-il l’intention de faire de son idée de départ une entreprise familiale dans les années 1920 ? « Je ne pense pas », croit son petit-fils Pierre-Albert. Il confie néanmoins que c’était le rêve de son père, Pierre, et qu’il a ressenti, en tant qu’aîné, une certaine pression pour reprendre les rênes de la compagnie. « Mais c’est bien tombé parce que ça me tentait »,

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

Dans l’ordre habituel : Patricia Jean, vice-présidente finances, Pierre-Albert Jean, président, et Sébastien Jean, vice-président opérations, petits-enfants du fondateur CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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Prendre les rênes de la bonne façon Pour se préparer à prendre les commandes de l’entreprise, les membres de la famille Jean ont suivi des cours dans des groupes d’entreprises familiales pour bien com­ prendre la différence entre les affaires et la famille. Ils y ont notamment appris ce que représentait le fait d’être actionnaire dans une entreprise familiale. « C’était important d’établir des règles et de définir le rôle de chacun pour qu’on soit capables de se parler et de se comprendre. Si l’on se lance en prenant de mauvaises décisions, c’est là que les conflits surviennent », explique M. Jean.

«C’était important d’établir des règles et de définir le rôle de chacun pour qu’on soit capables de se parler et de se comprendre. Si l’on se lance en prenant de mauvaises décisions, c’est là que les conflits surviennent. »

Comme le recommande Mme Le BretonMiller, les frères et leur sœur se sont dotés de règles de vie pour s’assurer de la bonne gestion de leur entreprise. « Nous ne parlons pas d’affaires quand nous sommes en famille. Nous n’argumentons pas ensemble devant les employés », cite en exemple le copropriétaire.

– Pierre-Albert Jean

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

précise-t-il. Son frère et sa sœur se sont également joints à l’entreprise familiale de leur propre chef. Y aura-t-il une quatrième génération pour assurer la relève de Construction Albert Jean ? « Mes enfants ne sont pas partis pour ça, et je ne leur mets pas de pression en ce sens, affirme le gestionnaire. L’important, c’est qu’ils soient heureux et qu’ils fassent ce dont ils ont envie. » Il faut certainement posséder la fibre entrepreneuriale pour vouloir s’investir dans une entreprise familiale, croit Pierre-Albert Jean : « Mon grand-père voulait se lancer en affaires, mon père avait un côté entrepreneur, et comme la compagnie était déjà en place, il s’est tout simplement tourné vers elle. J’avais aussi ce côté en moi. » 10

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S’il n’y a que la famille dans le processus décisionnel, le trio au sommet travaille en incluant beaucoup l’équipe dans les décisions. « Si nous prenons une décision qui touche les ressources humaines, nous allons inclure la personne qui s’en occupe dans nos discussions », explique Pierre-Albert Jean. L’entreprise développe également des relations de confiance avec ses sous-traitants et ses fournisseurs qui, eux aussi, suivent parfois les générations. « Même parmi nos employés, j’en ai un dont le père et le grand-père travaillaient pour nous », relate M. Jean. Pour l’avenir, la direction familiale n’exclut pas de faire de certains employés des actionnaires, et elle aimerait développer le domaine médical et étendre le volet industriel. « La plus grande inquiétude de mes parents était de se dire que si ça ne fonctionnait pas et que si le bateau coulait, tous leurs enfants étaient dans l’entreprise, confie l’aîné de troisième génération. Mais ça fait 20 ans et ça va toujours bien », affirme-t-il.


LÂCHER PRISE C’est notamment grâce à sa maîtrise de l’anglais que Roland Nadeau fait son nom à partir de 1954 dans le domaine de la toiture en tant que Couverture Montréal Nord. Le Beauceron d’origine ne manque pas de travail, car Montréal est en pleine expansion. « Il y avait l’Expo, la construction des cégeps, les bungalows ; ça donnait beaucoup de travail de couverture », raconte Richard Nadeau, fils aîné de Roland, aux commandes de l’entreprise depuis 1992 avec son frère et ses deux sœurs, mais qui a rejoint la compagnie une dizaine d’années auparavant. Là encore, la fratrie occupe des postes différents : secrétariat, comptabilité, gestion de bâtiment, direction, et ses membres sont tous copropriétaires de l’entreprise. Comme chaque génération qui passe dans l’organisation familiale, cette dernière prend de l’expansion grâce à la nouvelle direction. Couverture Montréal Nord a réalisé 60 000 projets depuis sa fondation et compte aujourd’hui 160 employés. La compagnie possède entre autres une expertise de ferblanterie unique et appré­ ciée dans le domaine et a délaissé le secteur résidentiel au fil des années pour se consacrer à l’industriel et au commercial. Depuis quelques années, le fils de Richard Nadeau, Pierre-Olivier, a également joint l’entreprise familiale, pour en prendre un jour la direction. « Je suis très heureux que mon fils prenne la relève, mais un transfert, ça se prépare », confie son père, qui peine parfois à lâcher prise, même

Dans l’ordre habituel : Pierre-Olivier Nadeau, vice-président, petit-fils du fondateur, et Richard Nadeau, président, fils du fondateur

JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET

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«Mon fils place son équipe, comme je l’ai fait quand je suis arrivé. C’est confrontant, mais il faut laisser aller. C’est un sevrage.» – Richard Nadeau

si c’est ce qu’il souhaite. Il évoque par exemple l’aspect financier, qui n’est pas anodin : « Parfois, le repreneur a des dettes à payer, il prend donc un risque. » Il doit également apprendre à gérer les tensions, les émotions liées à cette importante étape dans la vie d’une entreprise familiale. « Je pense rester encore quelques années, afin de mentorer et de conseiller Pierre-Olivier, déclare M. Nadeau. Il faut redéfinir mon rôle, car il diminue dans l’entreprise. Mon fils place son équipe, comme je l’ai fait quand je suis arrivé. C’est confrontant, mais il faut laisser aller. C’est un sevrage », analyse-t-il avec un sourire dans la voix. Pour le dirigeant d’entreprise, tout comme pour Mme Le Breton-Miller, aller chercher des ressources pour préparer une telle étape est primordial. C’est d’ailleurs ce que le père de famille a fait. Membre de plusieurs regroupements tels que le Groupement des chefs d’entreprise et l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec, M. Nadeau y a trouvé des conseils et des outils auprès d’autres entrepreneurs qui franchissaient la même étape. Ses collègues et lui ont même créé un comité relève et mentorat au sein de l’Association des maîtres couvreurs. « Il faut garder le côté entrepreneurial vivant, et plusieurs ressources existent pour ce faire, beaucoup plus qu’avant », s’enthousiasme M. Nadeau.

JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET

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PASSER LE FLAMBEAU JM Demers inc., une entreprise d’exca­ vation située à Lévis, a fêté ses 60 ans d’exploitation en 2013. Jean-Marie Demers offrait à ses débuts, en 1953, la location d’équipement lourd, la vente de terre, de gravier, ainsi que des services de déneigement. « Quand mes parents ont racheté l’entreprise il y a une quarantaine d’années, ils se sont plutôt tournés vers le domaine de la construction. Ils ont beaucoup fait grossir l’entreprise, ont rajeuni les équipements et engagé un estimateur, un chargé de projet et plusieurs autres experts »,

raconte Anne-Marie Demers, qui s’apprête à prendre la direction de la compagnie avec son frère sous les conseils de leur père, toujours présent, mais dans un poste qui comporte moins de responsabilités. « Mon frère est dans l’entreprise depuis 15 ans, et moi, depuis une douzaine d’années. On est en train de prendre la relève. Ma mère a pris sa retraite il y a cinq ans. Mon père est encore là parce que c’est un passionné, et il adore ce qu’il fait ; pour nous, il est une bonne source de conseils. Il nous fait confiance et il fait vraiment ce qu’il aime maintenant, donc ça se passe bien », résume Mme Demers. C’est sur un processus s’étalant pendant environ cinq ans que le transfert des responsa­ bi­lités s’est opéré. La sœur et le frère ont été bien accompagnés. « Ça ne se fait pas facilement, surtout pour les parents, qui doivent laisser aller leur bébé. Mais ce fut bien fait pour que les clients et les employés nous suivent là-dedans », relate la gestionnaire.

JBC MÉDIA PAR LAËTITIA BOUDAUD

Anne-Marie Demers, chargée de projet et directrice générale, petite-fille du fondateur CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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Là encore, les membres de la famille endossent des rôles différents. Anne-Marie Demers s’occupe des bureaux, des estimations, de la charge de projets et de la direction générale, alors que son frère veille aux opérations et aux chantiers. « Nous avons chacun notre carré de sable, mais nous jouons ensemble l’un à côté de l’autre », image Mme Demers. Aucune pression de la part des parents n’a été mise sur les enfants Demers pour travailler dans l’entreprise, mais c’est ce qu’ils avaient tous deux envie de faire. Pour Anne-Marie Demers, le plus grand défi, c’est de faire la part des choses entre la famille et les affaires. « C’est mon frère, mais aussi mon collègue. On se connaît depuis tellement longtemps. La façon dont on fait des affaires par rapport à celle dont on est dans la vie de tous les jours n’est pas nécessairement la même. Quand on prend des décisions en affaires, c’est pour l’entreprise et non personnellement, et il faut s’en souvenir », affirme la chef d’entreprise, ajoutant qu’en famille autour d’un repas le dimanche soir, son frère et elle tentent de ne pas discuter du travail, surtout par respect pour leurs conjoints. « J’ai dû apprendre à donner ma couleur à l’entreprise, et mes parents, à accepter que les choses ne seraient pas faites de la même façon. Il fallait prendre sa place, et c’était de gros souliers à chausser ; mes parents dirigeaient l’entreprise depuis près de 30 ans. Il y avait une dizaine d’employés quand ils ont pris la relève. Quand est venu notre tour, on était rendu à une cinquantaine d’employés, et aujourd’hui on en compte 70 », raconte Anne-Marie Demers.

JBC MÉDIA PAR LAËTITIA BOUDAUD

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«Quand on prend des décisions en affaires, c’est pour l’entreprise et non personne­l­ lement, et il faut s’en souvenir.» – Anne-Marie Demers


Chez JM Demers inc., les décisions se prennent aussi main dans la main avec les différents responsables de secteurs. « Nous pensons même à accueillir des actionnaires extérieurs dans l’entreprise », confie Anne-Marie Demers qui avoue également que son frère et elle souhaitent qu’une quatrième génération prenne la relève, même si les enfants sont encore bien jeunes. « Mais ils n’auront pas de pression non plus. Ce sera vraiment leur choix », insiste la femme d’affaires. « Nos parents ont pris le temps de nous accompagner là-dedans, avec l’aide d’un coach externe, ce qui nous a permis de parler des vraies choses et d’assurer une bonne transition. Le plus important, c’est d’être capables de communiquer », conclut la gestionnaire, qui évoque les prochains projets de JM Demers inc. : déménager les bureaux pour avoir un nouveau siège social et intégrer davantage la technologie au sein de l’entreprise.

Bâtir son succès Construction Albert Jean, Couverture Montréal Nord et JM Demers inc. sont trois exemples d’entreprises familiales multigénérationnelles à la gestion et au transfert des pouvoirs réussis.

ISTOCK PAR JUNCE

Ce n’est pas le cas de toutes les entreprises du genre, mais si des règles de base claires sont établies en amont, que des règles de vie sont mises en place et qu’une séparation nette entre la famille et les affaires est tracée, l’aventure de l’entreprise familiale peut s’avérer une belle histoire de succès et perdurer pendant des décennies, voyant à sa tête trois, voire quatre générations.

« Quand tout le monde respecte les memes regles, on a des prix justes. »

Claudel Petit-Frère Aimé Technicien aux enquêtes

Lorsqu’on fait respecter les règles, on aide les entrepreneurs à se faire concurrence loyalement. Au bout du compte, on obtient des prix plus justes basés sur des critères homogènes. En 2019, on a constaté une baisse de 17% du nombre d’infractions pour le même nombre d’employeurs rencontrés, par rapport à l’année précédente. Et ça, ce sont des chiffres qui comptent.

Pour toute question ou tout signalement concernant la conformité, faites le 514 593-3132 ou le 1 800 424-3512

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LE RESPECT DES RÈGLES, ÇA COMPTE ! ccq.org/conformite

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REPORTAGE PROMOTIONNEL

L’ACQ-RÉGION DE QUÉBEC : UNE ASSOCIATION À L’ÉCOUTE DES BESOINS DE SES MEMBRES Riche de son histoire, l’Association de la construction du Québec (ACQ)-région de Québec est résolument tournée vers l’avenir. Membre du grand réseau ACQ, solidement implanté dans toutes les régions de la province, elle est toujours à l’écoute de ses membres et sait trouver des solutions novatrices pour répondre à leurs besoins.

LAËTITIA BOUDAUD, PHOTOGRAPHE

En juin dernier, l’ACQ-région de Québec a reçu le Prix de la meilleure association de l’année en construction au Canada décerné par l’Association canadienne de la construction (ACC), une prestigieuse reconnaissance qui souligne son leadership exceptionnel en matière de mise en valeur et d’amélioration de l’industrie, mais aussi de formation et de recrutement des membres. Cette récompense vient souligner l’extraordinaire travail accompli par ce regroupement qui compte près de 1 200 membres dans la grande région de Québec et de Chaudière-Appalaches, tous des entrepreneurs, des fournisseurs ou des partenaires de l’industrie de la construction. Le réseau ACQ est donc un joueur clé qui contribue activement à promouvoir les nouvelles pratiques en matière de construction, de santé et sécurité, de relations du travail, d’innovation technologique et de construction durable.

Le Chantier de l’emploi sera au rendez-vous Le secteur de la construction continue d’avoir le vent dans les voiles malgré les conditions sanitaires. « En dépit de la situation actuelle, les entrepreneurs doivent faire face aux mêmes enjeux qu’auparavant, notamment en matière de recrutement », souligne Véronique Mercier, directrice générale de l’ACQ-région de Québec. Pour les aider à relever le défi de la pénurie de maind’œuvre, l’ACQ-région de Québec a lancé, en 2019, le Chantier de l’emploi, le premier salon de l’emploi et de la formation entièrement consacré à l’industrie de la construction. Cet événement a permis de regrouper sous un même toit près d’une centaine d’exposants et a connu un vif succès. CHAMPIONSDE DELALACONSTRUCTION CONSTRUCTION 216 CHAMPIONS

VÉRONIQUE MERCIER Directrice générale de l’ACQ-région de Québec DANIEL PLANTE Président de l’ACQ-région de Québec


LAËTITIA BOUDAUD, PHOTOGRAPHE

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CONSEIL D’ADMINISTRATION 2020-2021 (de gauche à droite) : Mario Boucher, Jérôme Côté, Pierre Blouin, Anne-Marie Demers, Frédérick Purcell, Guy Leblanc, Yvan Laroche, Nelson Bouffard, Richard Guay, Daniel Plante, Jean Lapointe, Réjean Rondeau, Simon C. D’Anjou, Jean Dallaire et Véronique Mercier (directrice générale).

Malgré la pandémie, la deuxième édition de ce salon très attendu aura lieu les 12 et 13 février 2021. Toutefois, compte tenu des circonstances, il sera offert en formule hybride. « Nous travaillons sur une solution et sur des outils qui permettront de tenir le salon malgré tout. Nous œuvrons en collaboration avec des acteurs de l’industrie, des écoles et des spécialistes de l’événementiel pour offrir la meilleure formule possible selon l’évolution de la situation entourant la COVID-19 », explique Véronique Mercier.

Grâce à son réseau solidement établi, ses services et ses produits de qualité, l’Association est aussi très bien placée pour accompagner ses membres. Du démarrage à la croissance de leur entreprise, l’ACQ œuvre à faciliter la tâche des entrepreneurs en construction dans tous les dossiers qui les touchent grâce à la collaboration d’experts chevronnés, contribue à l’élaboration de nouvelles solutions et effectue des représentations gouvernementales pour les secteurs institutionnel, commercial, industriel et résidentiel.

Outre le recrutement, la relève constitue aussi une préoccupation constante de l’ACQ-région de Québec. Par l’intermédiaire de son réseau, l’organisme offre d’ailleurs coaching et mentorat à ceux qui souhaitent reprendre le flambeau. Véronique Mercier fait aussi valoir l’implication du Comité des jeunes leaders de la construction, un regroupement de plusieurs membres de la relève qui agissent comme des ambassadeurs et des influenceurs dans l’industrie.

« Notre regroupement est un joueur clé dans l’industrie de la construction », se réjouit Véronique Mercier, persuadée que l’ACQ continuera à assumer son rôle de premier plan dans les années à venir.

Une association bien implantée L’ACQ-région de Québec fait partie du réseau provincial ACQ. Par l’entremise de ses 10 associations régionales implantées dans plus de 17 villes à l’échelle de la province, l’ACQ est bien présente sur le terrain et offre de nombreux services à ses membres : volet juridique, santé et sécurité du travail, relations du travail, services techniques, accompagnement, etc. « Nous existons depuis 1907, ce qui nous confère une expertise reconnue. Mais notre force réside assurément dans nos membres et leur engagement au sein de notre organisation. Il faut savoir que toutes nos orientations et nos décisions passent par eux, car ils siègent aux différents comités. Ce sont des gens de terrain, qui connaissent bien l’industrie et qui ont envie de faire avancer les choses », remarque Daniel Plante, président de l’ACQ-région de Québec.

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REPORTAGE PROMOTIONNEL

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« SE RETROUVER DANS LE TOP 3, C’EST LE RÉSULTAT D’UN TRAVAIL D’ÉQUIPE » - STÉPHANE LECLERC, LES PLÂTRIERS LG

Stéphane Leclerc ne cache pas son étonnement de détenir la troisième position chez les plâtriers au classement annuel des entrepreneurs spécialisés les plus actifs au Québec. Une « belle surprise » et toute une remontée pour Les Plâtriers LG, qui occupait la sixième place du palmarès l’année précédente. « Je ne pensais jamais me rendre à ce niveau et me retrouver aux côtés de joueurs d’un tel calibre », affirme-t-il. Publié dans le magazine Champions de la construction, le classement se base sur le nombre d’heures travaillées déclarées à la Commission de la construction du Québec (CCQ) l’année précédente. En 2019, Les Plâtriers LG a comptabilisé un nombre record de ces heures travaillées en raison de la forte activité sur les chantiers. « Pour répondre à la croissance de la demande, j’ai dû procéder à plusieurs embauches. De 40, notre équipe est passée à 52 employés aujourd’hui », précise Stéphane Leclerc.

Agir en renfort Fondée en 2012, l’entreprise de Saint-Césaire, en Montérégie, dessert principalement le secteur commercial, mais est aussi active dans le résidentiel et l’industriel. Une bonne part de son chiffre d’affaires est réalisée en sous-traitance pour des clients fidèles, dont Construction Michel Gagnon.

CHAMPIONSDE DELALACONSTRUCTION CONSTRUCTION 218 CHAMPIONS

STÉPHANE LECLERC Président


Comme tireuses de joints, elles sont plus minutieuses que les gars et ont une grande capacité de travail. Et heureusement, il y a de moins en moins de réactions négatives à l’égard de la présence de femmes sur les chantiers », explique-t-il.

La passion du métier Stéphane Leclerc a été initié au métier de plâtrier très jeune, soit dès l’âge de 14 ans. Il est littéralement tombé amoureux du domaine, qui exige à la fois des compétences techniques et un talent artistique pour réaliser des formes architecturales. Un métier qu’il ne se résout pas à abandonner malgré le temps consacré à la gestion de son entreprise. À 53 ans, il manie encore la truelle trois jours par semaine. « Quand on aime ce qu’on fait, c’est difficile de lâcher », dit-il.

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Le Pavillon D de l’École de technologie supérieure (ÉTS), des complexes immobiliers comme Le Griffix, en plein cœur du quartier de Griffintown, ou l’Oasis Saint-Martin, à Laval, la Place des Arts… Stéphane Leclerc et son équipe ont œuvré sur plusieurs projets majeurs. Parmi toutes les réalisations, il y en a une dont il n’est pas peu fier : « On a participé au tournage de la série Les Héros de la réno, diffusée à Canal Vie. L’émission vient en aide à des gens qui sont dépassés par leur projet de rénovation. Une expérience qui sort de l’ordinaire puisqu’il s’agit d’un travail bénévole, mais que j’ai beaucoup aimée. C’était très gratifiant parce qu’on aidait les participants à améliorer leur intérieur. »

Le Griffix

Être dans le top 3 des entrepreneurs les plus actifs au Québec le remplit aussi de fierté. « Le défi, maintenant, sera de maintenir notre position, affirme Stéphane Leclerc. J’ai l’équipe qu’il faut pour y arriver. »

C’est par texto que Stéphane Leclerc reçoit les demandes de ses clients. Il va sans dire que son cellulaire vibre sans arrêt certains jours : « On m’appelle en renfort et souvent en urgence. La pénurie de main-d’œuvre, les entrepreneurs la vivent au quotidien. Je me fais un devoir d’offrir un service rapide, parfois dans la demi-heure. Ma force, c’est de savoir gérer la disponibilité de mon équipe. J’aime le défi que cela entraîne. »

Pour Stéphane Leclerc, cette remontée au classement pour Les Plâtriers LG est le résultat d’un travail d’équipe. « Dans l’industrie, on assiste à une guerre des prix et des territoires. Je ne peux pas aller au front tout seul. Les plâtriers sont mes soldats sur le terrain et ils livrent la marchandise », indique-t-il. Rien ne le satisfait plus que de voir ses employés travailler dans le plaisir et la bonne humeur : « Il règne un véritable esprit de famille au sein de l’équipe. Chez nous, ce n’est pas un cliché. » La venue de plusieurs nouveaux employés n’a pas changé cette dynamique. Parmi ses effectifs, Les Plâtriers LG compte six femmes. Stéphane Leclerc en embaucherait d’autres si elles se faisaient moins rares sur le marché de l’emploi. « Elles sont un plus au sein de l’équipe.

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Il n’a jamais refusé de mandats, peu importe que le client ait besoin d’un seul plâtrier pour la journée ou d’une équipe. « Il n’y a pas de petits chantiers à mes yeux, affirme-t-il. Je vais toujours trouver le moyen de bien servir l’entrepreneur qui fait appel à nos services. Qui sait, il pourrait devenir un client d’envergure un jour. » ÉTS, Pavillon D

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DOSSIER SPÉCIAL

LE CAUTIONNEMENT

UN OUTIL POUR GÉRER LE RISQUE Propos recueillis par Nathalie Savaria

Tout projet de construction comporte des risques. Le cautionnement peut se révéler une stratégie judicieuse de gestion de risque. Coup d’œil sur l’industrie de la caution et sur cette garantie particulière.

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DOSSIER CAUTIONNEMENT

L’ A SSOCIATION CANADIENNE DE CAUTION

LA VOIX DE L’INDUSTRIE Fondée en 1992, l’Association canadienne de caution (ACC) veille depuis à la promotion et à la défense des intérêts de l’industrie, entre autres auprès des instances gouvernementales et des médias. Ses membres se divisent en quatre catégories : les compagnies de caution, les courtiers, les réassureurs et les entreprises offrant des services complémentaires. Au Canada, l’ACC, présidée par Steven D. Ness, regroupe de 30 à 40 entreprises membres, dont une quinzaine au Québec.

Un plan d’action À la suite d’une consultation menée à l’échelle du pays, l’ACC a déployé une nouvelle stratégie de développement, qui a conduit, entre autres, à la nomination d’un directeur régional pour le Québec. Pierre Cadieux est ainsi entré en poste en février 2018. Son plan d’action, basé sur le plan stratégique canadien qu’il a adapté pour le Québec, comporte trois piliers : les relations gouvernementales, le développement des affaires, l’éducation et la formation. Pour remplir sa mission, il peut compter sur l’appui du comité régional réunissant les membres du Québec qui ont une fonction de conseil. « Ils ont le rôle de m’informer. Ce sont eux qui ont le pouls du marché », dit-il.

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L’information et l’éducation Sur son site Internet, l’ACC propose divers documents et des vidéos sur les multiples aspects du cautionnement. Des cours d’apprentissage en ligne – en anglais pour l’instant – sont également disponibles. Au Québec, un cours en introduction au cautionnement en français est offert gratuitement à divers corps publics. À cause de la réglementation, les donneurs d’ouvrage publics exigent qu’un projet soit cautionné. Or, même s’il s’agit d’une pratique courante, des erreurs peuvent être commises dans leurs appels d’offres quant au cautionnement. « Parfois, c’est une question de virgules, de mots, ou alors c’est l’étendue du cautionnement qui est concernée », indique Pierre Cadieux. Ainsi, l’ACC met tout en œuvre pour aider et conseiller les donneurs d’ouvrage, en ce qui a trait tant à la souscription qu’à la réclamation.

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Des dossiers majeurs Actuellement, trois dossiers retiennent l’attention de l’Association au Québec. La question des paiements accélérés figure en tête de liste. Une importante coalition pancanadienne a sensibilisé les différents gouvernements provinciaux et le fédéral aux retards de paiement dans l’industrie de la construction. En 2018, le Construction Act of Ontario a rendu le cautionnement obligatoire, tout en prévoyant le paiement accéléré des contrats ainsi qu’un processus de règlement des différends. Au Québec, le gouvernement a plutôt mis sur pied plusieurs projets pilotes pour faire l’essai d’un calendrier de paiement obligatoire et d’un mode de règlement des différends, avec le recours à un intervenant-expert. « Nous sommes en communication avec le Conseil du trésor qui est responsable de ce dossier, souligne Pierre Cadieux. On attend de voir les conclusions qui devraient arriver dans les prochains mois. Lorsqu’on sera rendu à discuter du cautionne­ment, on va s’assurer de pouvoir faire les démarches nécessaires auprès du gouver­nement du Québec pour qu’il comprenne bien, avec une législation sur les paiements accélérés, ce qui va se passer pour la caution. »

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DOSSIER CAUTIONNEMENT

Le projet de loi no 16 visant la copropriété préoccupe également l’Association au Québec. « Dorénavant, l’inspecteur en bâti­ment devra acheter un permis, et ce permis sera cautionné, mentionne Pierre Cadieux. Avec la Régie du bâtiment du Québec, nous nous occupons de suivre la réglementation, qui ne devrait pas aboutir avant des mois. » La Loi prévoit aussi que le dépôt pour l’achat d’une copropriété divise soit protégé par diverses garanties, dont le cautionnement. « L’industrie n’a pas été consultée à ce sujet. Alors, nous avons bien des questions. Nous sommes en discussion avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec. Des consultations auront lieu cet automne, et nous allons y participer », poursuit-il. Enfin, l’industrie de la caution souhaiterait implanter un produit au Québec : le cau­ tionnement de subdivision en urbanisme.

Il s’adresse à l’entrepreneur général en habitation qui veut mettre sur pied une subdivision auprès d’une municipalité, ce qui requiert un dépôt de garantie. Selon Pierre Cadieux, « ce produit n’est pas vraiment développé au Québec, car la seule garantie acceptée est la lettre de crédit bancaire. Même si elle est efficace, elle réduit de beaucoup l’encaisse de l’entrepreneur ». L’ACC est actuellement en discussion avec l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), qui est très intéressée par ce produit, ajoute-t-il.

La valeur économique du cautionnement « On représente un chiffre d’affaires annuel d’environ 800 M$, mais on est à l’origine de la réalisation de centaines de milliards de dollars de travaux publics annuellement », fait valoir Pierre Cadieux. Selon le directeur régional, la valeur économique du cautionnement est indéniable. Une étude canadienne indépendante, réalisée à partir de l’analyse de 150 000 projets cautionnés réalisés par plus de 10 000 entreprises en construction sur une période de 20 ans, a démontré, entre autres, qu’une entreprise de construction non cautionnée est 10 fois plus susceptible de devenir insolvable que les compagnies cautionnées1. Le cautionnement est donc un instrument de choix pour réduire les risques, notamment en temps de pandémie. « Tout projet de construction comporte des risques inhérents. Les pratiques de saine gestion visent à minimiser les risques possibles et inimaginables. Le cautionnement s’intègre à cette boîte à outils », souligne M. Cadieux.

1. CANCEA, The Economic Value of Surety Bonds in Canada.

QU’EST-CE QUE LE CAUTIONNEMENT?

«

Le cautionnement est un contrat à trois parties par lequel la caution garantit au donneur d’ouvrage (ou le bénéficiaire, dans les libellés) l’exécution des obligations contractuelles de la troisième partie, soit l’entrepreneur (ou le débiteur).

»

Pour avoir accès à la plupart des contrats publics de construction et de services au Québec et dans les autres juridictions en Amérique du Nord, un entrepreneur doit fournir des garanties. Les cautionnements en font partie.  - Sylvain Darsigny, vice-président cautionnement Québec Intact Assurance INTACT ASSURANCE

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SOUSCRIPTION

MODE D’EMPLOI Il existe deux grandes familles de cautionnements : les cautionnements de contrats et les cautionnements commerciaux. « La première catégorie, la plus utilisée, sert d’abord à garantir les obliga­ tions contractuelles d’un entrepreneur en faveur du donneur d’ouvrage (ce qu’on appelle, en langage courant, le cautionnement d’exécution) et aussi à garantir le paiement de la main-d’œuvre et des matériaux au contrat », indique Sylvain Darsigny, vice-président cautionnement Québec, Intact Assurance.

Ce n’est pas ce que nous faisons qui nous différencie, c’est comment nous le faisons.

Quant aux cautionnements commerciaux, ils sont requis la plupart du temps par des entités gouvernementales pour l’émission de divers permis et licences. Au Canada, les deux catégories représentent habituellement 50 % du prix du contrat. Par ailleurs, mentionne M. Darsigny, « au moment de la soumission, on peut exiger un cautionnement pour garantir la signature du contrat, soit un cautionnement de soumission, ainsi qu’un engagement à fournir les cautionnements décrits plus haut ».

Un processus rigoureux Selon Sylvain Darsigny, il faut établir la distinction suivante : « Bien que ce soient les assureurs qui émettent les cautionnements, il ne s’agit pas d’une relation assureur-assuré. La relation entre la caution et l’entrepreneur s’apparente à celle avec son banquier, c’est-à-dire que la caution exigera elle-même un processus de qualification et des garanties de l’entrepreneur. Ainsi, la décision prise par la caution de soutenir un entrepreneur sera basée sur une analyse exhaustive de la situation financière globale de l’entreprise, de ses capacités d’exécution, de son carnet de commandes, de son marché, des dirigeants et du personnel en place. » Lorsque la relation est instaurée, la caution recevra des demandes de cau­ tionnement relatives aux contrats pour lesquels l’entreprise soumissionne. Encore là, « pour chaque soumission, la caution analyse les documents contractuels et la capacité de l’entrepreneur à mener à terme le projet. Celui-ci doit s’attendre à ce que la caution procède à des suivis réguliers afin de s’assurer que toutes les obligations du contrat sont respectées jusqu’à la livraison du projet en question », précise Sylvain Darsigny. Pour ce qui est de la tarification, il s’agit d’une question comportant plusieurs facettes. « Pour avoir une idée, vous pouvez estimer jusqu’à 1 % du prix du contrat pour des cautionnements standards », dit-il.

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DOSSIER CAUTIONNEMENT

Des clauses à surveiller Comme la caution est solidaire des obli­ gations contractuelles de l’entre­preneur, il est important pour les parties de bien comprendre les clauses du contrat, souligne Sylvain Darsigny : « Certaines exigences contractuelles du donneur d’ouvrage peuvent présenter des défis pour un entrepreneur comme les délais irréalistes, l’absence de clause en cas de force majeure, les dommages liquidés abusifs et les clauses exécutoires qui forcent une partie à exécuter des travaux avant de pouvoir en avoir fixé le prix au préalable. » Cependant, note l’expert, même s’il existe beaucoup de libellés de cautionnements standards et acceptés par l’industrie, certains libellés sont malheureusement plus restrictifs et plus risqués pour les entrepreneurs et les cautions.

Des avantages de part et d’autre Selon Sylvain Darsigny, le cautionnement est intéressant tant pour le donneur d’ouvrage que pour l’entrepreneur : « Le donneur d’ouvrage se voit conférer une garantie qui couvre 100 % du contrat avec l’entrepreneur. De son côté, l’entreprise donne des garanties à la caution qui ne gèleront pas les liquidités de l’entrepre­ neur, contrairement à l’émission d’autres types de garanties, comme les lettres de crédit bancaire. »

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SOUMETTRE UNE RÉCLAMATION Concrètement, qu’advient-il en cas de défaut et s’il y a réclamation ? Pour Me Nicolas Gagnon, associé chez Lavery, De Billy et expert en droit de la construction et du cautionnement, « lorsque le donneur d’ouvrage voudra faire appel à une caution, c’est parce qu’il y aura eu un défaut significatif au terme du contrat de construction. Il n’y a pas un donneur d’ouvrage, sous un prétexte superficiel, qui voudra mettre fin au contrat. Cette notion de défaut significatif est importante. Dans le cas de l’entrepreneur, il peut s’agir d’un problème de solvabilité, qui entraîne pour lui des difficultés ou l’impossibilité à poursuivre les travaux. Si l’entrepreneur est en faillite, le défaut devient évident. En principe, la caution n’aura pas de motif de refuser d’intervenir. » Un autre exemple, c’est lorsque « les parties ne s’entendent pas sur la portée d’un contrat, dont certains comportent plusieurs milliers de pages de documents techniques avec des descriptions de l’état physique des lieux. On arrive dans la réalité et ce qu’on voit dans les sols ne correspond pas à ce qui a été prévu. Les méthodes de travail qui avaient été planifiées en appel d’offres et pour lesquelles on avait fourni des prix ne tiennent plus. Cela génère des demandes d’extras et de changements sur lesquelles les parties peuvent ne pas s’entendre », illustre Me Gagnon.

Me NICOLAS GAGNON Associé chez Lavery, De Billy Expert en droit de la construction et du cautionnement

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DOSSIER CAUTIONNEMENT

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Des étapes à suivre En cas de réclamation, « le rôle de la caution est d’abord de comprendre la situa­tion dans laquelle se trouvent le ou les projets, ainsi que les raisons qui ont mené à ce défaut pour préparer les actions à mettre en place », explique Jonathan Lévesque, directeur régional de la souscription – Cautionnement chez Travelers Canada. « La première étape consiste à sécuriser le chantier. La caution procède ensuite à une enquête afin de savoir où en est le projet, le travail des sous-traitants et elle vérifie si ces derniers ont été payés ou pas. La collaboration de l’entrepreneur est donc importante. Avec le donneur d’ouvrage, la caution tente également de comprendre ce qui a causé le défaut », explique-t-il. La caution envisagera par la suite diverses options. Par exemple, si l’entrepreneur n’est pas en faillite, la caution mettra tout en œuvre pour lui permettre de terminer les travaux. « C’est lui qui connaît le mieux le projet et qui est déjà sur les lieux. Si l’on veut donner une réponse rapide au donneur d’ouvrage, c’est en général la solution privilégiée. À certaines occasions, ce n’est pas possible d’utiliser le même entrepreneur », souligne M. Lévesque.

TRAVELERS

JONATHAN LÉVESQUE Directeur régional de la souscription – Cautionnement Travelers Canada

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ISTOCK PAR ANDRII YALANSKYI

L’avocat évoque une autre option : « Si l’entrepreneur a quitté le chantier, il faut le remplacer, ce qui nécessite parfois un nouvel appel d’offres ou l’aide de nos clients pour terminer les travaux. »

Une nouvelle approche Actuellement, deux nouvelles tendances se dessinent dans le marché, souligne Jonathan Lévesque. Les paiements accé­ lérés en sont une : « Ce qu’on dit au donneur d’ouvrage, c’est qu’il devrait continuer à payer ce qui est payable et mettre la réclamation de côté pour laisser le contrat se poursuivre. » Les rencontres prédéfaut en sont une autre : « Au lieu d’avoir une situation conflictuelle et de recevoir un avis de défaut du donneur d’ouvrage, on implique la caution pendant le projet pour la mettre au fait de ce qui se passe et essayer de résoudre les conflits. » Ces rencontres accélèrent également la mise en place d’un plan B en cas de défaut.

L’intervention en situation de crise Comme le fait remarquer Me Gagnon, la caution intervient généralement en situation de crise. Le but premier de la caution est, en tant que partenaire, d’aider les deux parties à trouver une entente grâce à une approche collaborative et consultative. Même si la médiation est prévue dans la plupart des contrats en construction, l’avocat avoue y recourir rarement parce que « les gens n’ont tout simplement pas le temps ». Voilà pourquoi la caution cherchera plutôt à réunir les parties et, dans certains cas, les professionnels qui ont préparé les soumissions. « Parfois, en quelques réunions, après avoir jasé du dossier et des enjeux, on est capable de démontrer que le défaut n’était pas justifié.

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DOSSIER CAUTIONNEMENT

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Il y a des donneurs d’ouvrage qui réalisent que leur dossier n’est pas suffisamment étoffé et qui vont faire marche arrière. Et ils vont conclure que, présentement, l’entrepreneur reste la meilleure person­ ne pour mener le projet à terme », expose Me Gagnon. Parfois, quand il est impossible de clarifier la situation, « l’enquête est reportée à plus tard, et l’on tente de trouver une façon de cohabiter quelques mois, le temps de terminer le contrat. Après quoi, on calcule les coûts supplémentaires », ajoute-t-il.

Les recours devant les tribunaux

Dominic Albert, PAA, CPA, CMA Expert en cautionnement Cell. 514 758-4993

David Chartrand, CPA, CMA Expert en cautionnement Cell. 438 403-3746

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C’est à ce moment que des recours judi­ ciaires peuvent être intentés, soit de la part de la caution et de l’entrepreneur, soit de la part du donneur d’ouvrage. Selon l’avocat, la plupart des recours contre les cautions sont habituellement des réclamations sur les garanties de maind’œuvre et de matériaux (dans 90 % des cas, les réclamations relatives à ce genre de cautionnement sont payées par la caution sans qu’une action soit intentée). « Mais je vous dirais que dans ce cas, la cau­tion a fait son travail, soit de s’assurer que le contrat est achevé au meilleur coût possible et que les droits des gens sont préservés », conclut Me Gagnon.

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LEADERSHIP AU FÉMININ

PORTRAIT DE TROIS FEMMES AUX COMMANDES

ISTOCK PAR WUTWHANFOTO

Par Sylvie Lemieux, journaliste

Les femmes entrepreneures dans l’industrie de la construction demeurent rarissimes, mais nous avons pensé vous en présenter trois particulièrement dynamiques, qui en sont à des stades différents de leur carrière. La première, Rose Loiseau de Groupe Alca, spécialisée dans la gestion de projet de construction, amorce la sienne avec force et détermination. La deuxième, Maryse Couture, contribue à faire grandir l’entreprise que son père a fondée il y a plus de 30 ans, Toiture Couture. Elle a pris le siège de présidente-directrice générale en 2014 après avoir occupé différents postes au sein de la PME spécialisée dans le revêtement de toitures dans les secteurs commercial, institutionnel et industriel. Elle caresse des projets d’expansion qui occupent son quotidien, ce qui ne

l’empêche pas de s’engager dans divers regroupements qui se sont donné comme mission de favoriser la place des femmes dans la construction. Enfin, Marie-Claude Houle est la tête dirigeante du Groupe EBC, leader de son industrie, qui compte des centaines d’employés et dont le chiffre d’affaires atteint aujourd’hui la barre du milliard de dollars. Grâce à elle et à son équipe, EBC fait maintenant partie des grandes entreprises du Québec. Elle est de bien des chantiers d’envergure, que ce soit la construction de grands immeubles, de ponts et de routes, de barrages hydroélectriques, etc. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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LEADERSHIP AU FÉMININ

«

J’AI UN GRAND BESOIN DE CRÉER ET D’INNOVER, POUR TOUJOURS FAIRE MIEUX.

»

- Rose Loiseau, Groupe Alca

GROUPE ALCA

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E

lle est jeune, débordante d’idées, et la gestion de projets la passionne. Après avoir travaillé pendant quelques années au sein d’entreprises de construction, Rose Loiseau a décidé de se lancer en affaires. Avec son associée, elle a fondé Groupe Alca, qui offre des services de gestion de projet à la carte. « Je rêve d’avoir ma propre entreprise depuis que je suis toute petite », soutient l’ingénieure de formation. Après des mois de préparation, les nouvelles entrepreneures étaient prêtes à attaquer le marché en janvier dernier. Puis est arrivée la pandémie. Loin de freiner le démarrage de Groupe Alca, la crise sanitaire lui a plutôt donné une impulsion. « À la réouverture des chantiers, le téléphone s’est mis à sonner. Les entreprises de construction nous contactaient parce qu’elles réalisaient que la gestion de projet pouvait se faire à distance », raconte Rose Loiseau. Le carnet de commandes s’est rempli au point qu’elle songe à embaucher deux gestionnaires de projet à court terme.

Trouver sa voie C’est durant son baccalauréat en génie de la construction à l’École de technologie supérieure qu’elle a eu la piqûre de la gestion de projet : « J’ai su que j’avais trouvé ma voie. Je pouvais ainsi lier le génie avec ma capacité à monter et à gérer des projets. » Depuis toujours, elle est celle qui met en marche ses idées et qui mobilise les autres, que ce soit pour organiser un spectacle à l’occasion de la remise des diplômes à son école primaire ou pour former un groupe afin de combattre l’intimidation. « J’ai un grand besoin de créer et d’innover, pour toujours faire mieux. » Rose Loiseau est aussi constamment à la recherche de nouveaux défis, faute de quoi elle a le sentiment de plafonner. En ce sens, l’entrepreneuriat répond tout à fait à ses ambitions. « Des défis, j’en ai ! Se lancer en affaires en était tout un ! Et dès nos débuts, on nous a confié de beaux mandats. Je suis complètement dans mon élément », affirme celle dont les parents sont d’origine haïtienne.

Prendre sa place Même si le fait d’être une femme dans une industrie largement dominée par les hommes pose des défis, cette situation est loin de la déstabiliser : « Je le vois plutôt comme un énorme avantage. J’ai le sentiment d’être respectée, car les hommes n’ont pas autant de facilité à malmener des femmes ou à leur parler fort. C’est comme si le fait de travailler avec une femme faisait ressortir la douceur chez eux. Quant aux relations avec les autres femmes, le respect et les encouragements viennent d’emblée puisque nous partageons les mêmes difficultés. » Elle doit davantage se battre contre son apparence jeune, puisqu’elle ne fait pas ses 34 ans. « Ça influence le regard des gens, constate-t-elle. On me demande souvent quelle est mon expérience. Je dois encore plus me prouver comme jeune entrepreneure. » Cela dit, elle a déjà reçu des commentaires sexistes et racistes lors de visites de chantier. Mais elle n’a pas peur de clouer le bec à ceux qui dépassent les bornes. Malgré le contexte de crise sanitaire, Rose Loiseau a bon espoir que Groupe Alca puisse tirer son épingle du jeu. « Les entrepreneurs en construction ont besoin d’améliorer leur gestion de projet, et ils doivent le faire en travaillant à distance. C’est là notre force ! », conclut-elle.

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LEADERSHIP AU FÉMININ

«

J’AI GAGNÉ EN CONFIANCE QUAND J’AI COMPRIS QU’IL ME FALLAIT ÊTRE MOI-MÊME.

»

- Maryse Couture, Toiture Couture

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I

l y a six ans, Maryse Couture a pris la tête de l’entreprise familiale, Toiture Couture, à la suite d’un processus de relève qui s’est fait dans les règles de l’art. Son père, Laurent Couture, a toutefois fait plus que lui passer les rênes, il lui a aussi transmis la passion du métier. « La toiture, c’est un secteur méconnu de l’industrie de la construction. L’installation d’un recouvrement exige une grande expertise, et son entretien est vital. Cela contribue à protéger les actifs immobiliers », explique la présidente-directrice générale. Avant d’en prendre la direction, elle a occupé plusieurs postes au sein de l’entreprise afin d’en connaître tous les rouages. Il lui a aussi fallu établir sa crédibilité en tant que femme dans un milieu encore majoritairement masculin et, surtout, se défaire de l’image d’être « la fille du boss ». « Ce fut le plus grand défi. Cela rajoutait une couche de difficulté, mais j’y suis arrivée », dit la titulaire d’une maîtrise en sciences comptables et détentrice d’un titre de CPA. Le commentaire qu’elle recevait le plus souvent – « Ça ne se passait pas comme ça avec ton père… » –, elle l’entend de moins en moins. « J’ai gagné en confiance quand j’ai compris qu’il me fallait être moi-même. J’ai ma propre façon de gérer l’entreprise. De plus, l’industrie change. Les recettes d’hier ne sont plus forcément les mêmes aujourd’hui. Il faut s’adapter. » Son père continue d’être présent dans l’entreprise en agissant comme ambassadeur et mentor. « À 70 ans, il est toujours actif même s’il a réduit un peu son horaire. Il s’occupe de ce qui lui plaît le plus, les ventes et le service d’entretien. On se parle beaucoup. Il y a une bonne communication entre nous », commente la pdg.

Prendre le virage technologique C’est sous la gouverne de sa présidente que Toiture Couture a entrepris un important virage technologique. « Même si dans les métiers de la toiture, bien des tâches doivent être exécutées de façon manuelle, il y a des processus qui peuvent être améliorés grâce aux technologies, soutient Maryse Couture. On a ainsi développé notre propre outil de gestion, dont une version grand public déjà utilisée par plus d’une cinquantaine d’entreprises, pour qu’il soit plus facile, autant pour nos employés que pour nos clients, de trouver toute l’information dont ils ont besoin pour le suivi des travaux. Ils ont maintenant accès aux soumissions, aux plans et aux rapports détaillés avec photos au même endroit. » L’entreprise a également ajouté l’inspection par drone à sa gamme de services. Cette technologie, qui gagne en popularité dans l’industrie, fournit des données précises, que ce soit pour vérifier l’état d’une toiture de manière préventive ou à la suite de problèmes majeurs, ce qui facilite la gestion des parcs immobiliers. « Ce sont de beaux projets de développement à mener dans une optique d’amélioration continue », ajoute-t-elle.

Faire le métier qu’on aime En plus de jouer son rôle de pdg, Maryse Couture est engagée dans différents regroupements d’affaires où elle a bâti un solide réseau de contacts. Elle est actuellement présidente de CREW M, une association professionnelle dont la mission est de promouvoir le succès des femmes en immobilier. Elle est aussi membre des Elles de la construction, un organisme qui souhaite plus de mixité sur les chantiers : « C’est important pour moi de faire ma part pour favoriser l’attraction des femmes dans la construction. On est encore loin d’atteindre l’objectif souhaité de 3 %. Au-delà des chiffres, il faudrait réussir à faciliter l’accès aux métiers de la construction pour les femmes. Faire en sorte qu’elles fassent le métier dont elles ont envie. » Malgré toutes ses bonnes intentions, Toiture Couture, qui compte 130 employés, n’a pour le moment qu’une seule femme sur ses chantiers. « Nous continuons à travailler dans ce sens, car pour moi, la diversité des équipes est un objectif important, la présence d’hommes et de femmes fait toujours avancer les façons de faire et de voir le travail. C’est un échange primordial », indique Mme Couture. La relève à la troisième génération est peut-être en train de se préparer chez Toiture Couture. Mère de trois garçons âgés de 8 à 15 ans, Maryse Couture a vu son aîné prendre plaisir à travailler pour l’entreprise familiale durant l’été : « Il a bien le temps de penser à son avenir. Je suis l’exemple de mon père, je ne mets pas de pression. Ce sera son choix. »

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LEADERSHIP AU FÉMININ

«

J’EN APPRENDS ENCORE TOUS LES JOURS SUR NOTRE INDUSTRIE.

»

- Marie-Claude Houle, EBC

EBC

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E

lles sont rares les femmes à la tête d’une entreprise qui atteint un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars. Marie-Claude Houle peut se targuer de faire partie de ce groupe restreint, elle qui dirige le Groupe EBC, leader québécois dans le domaine de la construction, depuis 1999. Elle avait 35 ans quand elle a pris la relève de son père, Fernand Houle, qui a cofondé l’entreprise avec son frère en 1968. D’abord orientée vers la construction de bâtiments institutionnels, EBC s’est considérablement transformée au fil des ans en diversifiant ses activités dans tous les secteurs du bâtiment et les travaux de génie civil. La croissance est au rendez-vous, si bien que l’entreprise engrange des revenus de 100 M$ lorsque Marie-Claude Houle prend la chaise de présidente et chef de la direction.

Des projets d’envergure À son tour, elle lui insuffle un nouvel élan en investissant de nouveaux secteurs comme les mines et l’éolien en plus de projets immobiliers de promoteurs, en développant le marché canadien et en obtenant des contrats de grande envergure, comme la construction du nouveau pont Samuel-De Champlain ou du Réseau express métropolitain (REM). « Ce sont des projets de plus en plus gros et complexes qui nous obligent à travailler en consortium, explique la dirigeante. Par exemple, pour le projet du REM, évalué à 5 G$, nous sommes cinq partenaires qui nous partageons le risque. Pour la négociation des contrats, il faut s’entourer d’avocats et de nombreux autres experts. C’est sans parler des défis techniques à relever. C’est challengeant, mais c’est aussi ce qui fait que j’en apprends encore tous les jours. » Le barrage hydroélectrique la Romaine 4, le projet de service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX, le Complexe des sciences du Campus Mil, le palais de justice de SaintJérôme, le projet immobilier Humaniti, au centre-ville de Montréal… Ce ne sont là que quelques-unes des réalisations d’EBC, en cours ou terminées. Tout cela fait en sorte que l’entreprise est devenue le numéro deux au Québec et se classe dans le top 15 des plus gros entrepreneurs au Canada. Et elle n’a pas fini de rayonner. Marie-Claude Houle a encore des projets d’expansion pour EBC. L’Ontario et la ColombieBritannique offrent de belles perspectives d’avenir, notamment dans le domaine du génie civil, selon elle. Au Québec, la construction de maisons pour les aînés, d’écoles secondaires et des projets d’infrastructure urbaine devraient fournir du travail pendant quelques années. Des contrats de réfection de centrales hydroélectriques et de quais maritimes sont aussi dans la mire. « Les projets ne manquent pas, confie Mme Houle. On veut aussi prendre le temps de digérer la croissance rapide des dernières années de façon à consolider nos bases. »

Un travail d’équipe EBC compte actuellement 500 employés permanents qui travaillent au siège social de Québec et dans les différents bureaux de l’entreprise au Canada. À eux s’ajoutent environ 2 000 travailleurs sur les chantiers, un nombre qui peut varier selon les années. Sans minimiser ses réalisations, pour Marie-Claude Houle, le succès d’EBC est évidemment le résultat d’un travail d’équipe. « Je me réjouis de pouvoir compter sur des employés de grande expérience et sur une belle jeunesse prête à poursuivre le travail », dit-elle. Toutefois, ces équipes sont encore majoritairement masculines. « C’est vrai que je suis souvent la seule femme autour de la table. Cela dit, notre industrie change tranquillement et est de plus en plus intégrée. Je vois avec bonheur l’intérêt grandissant des femmes dans la construction. Elles sont présentes dans les firmes d’architectes, les bureaux d’avocats, les institutions financières. La situation progresse, et c’est tant mieux », constate la présidente. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX

L’HABIT FAIT LE BÂTIMENT Par Gabrielle Brassard-Lecours, journaliste

Mélange de matériaux et revêtement extérieur ; délais serrés et aléas météorologiques : la conception d’un bâtiment, à toutes les étapes, peut connaître son lot de défis. Mais livré à temps et respectant la vision de départ, un projet de bâtiment peut également procurer beaucoup de fierté.

STEVE MONTPETIT

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Des délais serrés Dans le cadre d’une entente de renouvel­ lement pour le Grand Prix de Formule 1 du Canada, la Ville de Montréal a dû remplacer les structures temporaires existantes par un bâtiment permanent qui satisfait les besoins de l’événement. Répondant à l’appel d’offres public, c’est la firme FABG qui a remporté la mise pour le volet architecture. Pour sa construction, le mandat a été octroyé à l’entrepreneur général Groupe Geyser, qui a plusieurs réalisations à son actif, dont le collège Montmorency, le pavillon d’accueil du parc Rivière-des-Milles-Îles et plusieurs autres. « Le plus gros défi de ce projet, c’était les délais très courts, confie l’architecte Éric Gauthier, directeur de projet pour l’Espace Paddock. Nous devions cons­truire ce bâtiment entre deux courses, ce qui ne nous donnait que 10 mois pour tout faire. » De plus, les conditions hivernales de construction n’étaient pas faciles. « Comme il s’agissait d’une struc­ture de bois, il fallait s’organiser pour la protéger. Les premières neiges sont arrivées rapidement, il y a eu beaucoup de gel et de dégel, donc il fallait trouver des façons d’assécher le bois avant d’en faire la couverture finale, et cet aspect a été difficile à gérer pour tout le monde et pour l’entrepreneur qui était responsable des travaux », confie Éric Gauthier. Mis en service en mai 2019, le nouveau paddock comprend des garages pour les écuries, des bureaux pour la Fédération internationale de l’automobile (FIA), un espace salon pour 5 000 personnes et un centre multimédia pour les journalistes et les diffuseurs. Pour faciliter la réalisation du projet de 50 M$ dans ce court délai, le bâtiment est un assemblage de pièces préfabriquées comprenant des panneaux de béton, des

FABG

L’architecte Éric Gauthier, associé principal chez FABG Architectes, a agi comme directeur de projet pour cette réalisation.

poutres et des colonnes en acier, des poutres et des panneaux en bois CLT, des mursrideaux et des cloisons démontables. Il est également démontable, et le matériau peut être réutilisé en cas de fin de course automobile. Tous les meubles et les équipements sont expédiés de l’étranger et installés pour la durée de l’événement. « Nous avions un budget inférieur à ce qui se fait ailleurs comme installation pour la F1. Dans les Émirats arabes unis ou dans les pays asiatiques, on investit beaucoup plus dans les installations de la F1 que nous, constate l’architecte. Mais nous sommes quand même arrivés à faire quelque chose dont nous tirons une grande fierté », souligne Éric Gauthier. Comme beaucoup d’autres architectes, la firme FABG explore les projets aux structures en bois, ce que l’on peut remarquer dans plusieurs nouvelles constructions à l’échelle de la province. Forte de l’expérience du nouveau paddock, la firme d’architecture considère maintenant des moyens de protection rapides pour des structures aux matériaux plus susceptibles d’être endommagés par les intempéries en imposant à l’entrepreneur de prévoir une protection dès le départ du projet ; si des conditions météorologiques risquent de causer des dommages aux structures avant leur finition, celles-ci seront mieux protégées. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

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REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX

STEVE MONTPETIT

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Innover dans la simplicité Éric Gauthier explique avoir opté pour une vision de développement durable dans la conception de ce nouveau bâtiment. Contrairement à d’autres Grands Prix internationaux, les zones lounges n’ont pas de murs extérieurs ni de climatisation. Les finitions sont nues, les panneaux solaires fournissent de l’électricité pour l’éclairage, et le bâtiment tente de refléter un usage responsable de l’argent public. « C’était une vision quand même originale d’essayer d’installer des concepts verts, dans la mesure où l’industrie de la F1 est souvent associée au gaspillage et à la pollution. On voulait projeter une image de Montréal responsable qui se préoccupe de l’environnement dans ce projet », affirme l’architecte. Notamment lauréat du Prix d’excellence Canadian Architect en 2018, Éric Gauthier reste modeste : « On ne travaille pas pour les prix, mais ça fait toujours plaisir et ça montre probablement qu’on a fait des bons choix même s’ils étaient innovateurs pour ce qu’on demandait de livrer. » Il précise que le projet devait répondre aux normes du client – la Ville de Montréal –, mais aussi à celles de la F1, qui a une charte très précise à respecter pour toutes ses installations dans le monde. Le projet Paddock a également remporté le Grand Prix d’excellence, mention Innovation de l’Ordre des architectes en 2020. « Le jury a été émerveillé par la virtuosité et l’élégance de ce projet. Le nouveau paddock du circuit Gilles-Villeneuve répond en deux volets à l’ostentation de la Formule 1. D’une part, avec son arrivée spectaculaire, son rez-dechaussée en transparence et sa toiture de bois élancée, le bâtiment dote le circuit montréalais d’une signature visuelle audacieuse, à la mesure de l’envergure internationale

du Grand Prix du Canada. D’autre part, l’architecte remplit le mandat que lui a confié la Société du parc Jean-Drapeau avec la volonté évidente de contrebalancer les dimensions critiquables de l’évènement. Le projet a la modestie de comporter des lounges ouverts, non climatisés, à la finition minimale, en plus de produire par ses panneaux solaires assez d’électricité pour compenser la dépense énergétique du bâtiment pendant la tenue du Grand Prix et de séquestrer plus de 1000 tonnes de CO2 dans sa toiture de bois québécois. La géométrie de la structure rappelle d’ailleurs le logo d’Expo 67, ce qui dénote une sensibilité appréciable à l’histoire de l’île Notre-Dame. En décernant ce grand prix d’excellence à l’Espace Paddock, le jury récompense un projet audacieux, admirablement conçu et mené de main de maître », peut-on lire sur le site de l’Ordre des architectes quant au choix du projet pour ce prix.

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REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX

Exploiter le bois Le nouveau paddock se distingue par sa grande toiture de bois. « Avec les délais et le budget accordés, nous ne pouvions pas faire une structure trop complexe, mais nous nous sommes quand même donné un défi de conception, notamment en exploitant le bois », raconte Éric Gauthier. Cette ressource naturelle bien de chez nous est de plus en plus encouragée dans la conception architecturale d’ici, faisant même partie d’un programme gouvernemental qui vise à la valoriser. « Jusqu’à récemment, on utilisait le bois surtout pour fabriquer des deux par quatre, mais sans y ajouter une valeur intéressante, comme on le fait dans des pays comme la Norvège ou la Finlande, dont on s’inspire de plus en plus ici pour nos modèles de bâtiments », commente Éric Gauthier. En plus d’être une ressource naturelle abondante au Québec, son utili­ sation est également bénéfique pour une meilleure empreinte carbone que le béton ou l’acier. « Avant, on se concentrait beaucoup sur le bois de charpente, fait à partir de petits morceaux d’épinette. Mais en collant ces morceaux dans les deux directions, on arrive à produire du bois massif, des panneaux, des poutres. Il y a une valeur ajoutée au bois qui permet de produire des structures complexes préusinées, ce qui est très intéressant. Tout le monde dans le milieu suit cette tendance, surtout alors que le papier journal et les deux par quatre tendent à être moins utilisés », poursuit l’architecte. « Il y a une dizaine d’années, je faisais visiter Montréal à des architectes français qui voulaient que je leur montre les miracles que l’on faisait avec le bois. J’étais incapable de trouver des exemples », confie Éric Gauthier. Le nouveau paddock en est maintenant une démonstration. La firme FABG continue de conceptualiser des projets avec le bois. C’est le cas notamment de l’un de ses projets actuels, l’Esplanade Clark, en construction dans le centre-ville de Montréal. Dernière phase du Quartier des spectacles, ce projet inclura une grande patinoire extérieure, ainsi qu’un bâtiment de services abritant une aire de repos, un service de location de patins, un restaurant et... une grande structure en bois. STEVE MONTPETIT

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JBC MÉDIA PAR JESSICA GARNEAU

Dans l’ordre habituel : Pierre Tremblay, responsable de la gestion administrative et du développement des affaires, et Stéphane Tremblay, responsable des opérations techniques chez RTSI

Parmi ses autres réalisations, FABG a dans son portfolio l’auditorium de Verdun, le Musée d’art de Joliette, le siège social du Cirque du Soleil et de nombreux autres.

Imbriquer le revêtement extérieur dans le processus Le projet Paddock a requis l’apport de nombreux fournisseurs et de diverses exper­tises, dont celle de revêtement exté­ rieur. Répondant à l’appel d’offres, RTSI, une entreprise sherbrookoise spécialisée en revêtement résidentiel, commercial et industriel, a aussi participé au projet.

Pour elle également, les courts délais ont constitué tout un pari. « Ce fut un beau défi de logistique, parce que nos panneaux prennent parfois quatre, cinq ou six semaines à arriver. Dans le projet de la F1, il fallait qu’ils arrivent toutes les trois semaines, donc il fallait s’organiser rapidement avec nos fournisseurs et nos fabricants de panneaux pour qu’ils rentrent dans des délais record », explique Stéphane Tremblay, responsable des opérations techniques chez RTSI de son bureau à Brossard, où l’entreprise s’est également installée. « L’élément le plus important de ce projet, c’était vraiment la livraison et la coordination entre le fabricant et le peintre, puisque les panneaux étaient faits à Thetford Mines, peinturés à Québec et devaient être livrés à Montréal à temps », raconte Pierre Tremblay, responsable de la gestion administrative et du développement des affaires chez RTSI. Là encore, l’entreprise a appris de cette expérience. « Ce processus de rapidité, nous l’avons établi dans nos autres projets aujourd’hui. Ç’a donc été une expérience d’apprentissage intéressante. Elle nous a forcés à changer un peu nos façons de faire, que nous avons

PUB_REVUE_panfab_FINAL-2.pdf 1 2020-01-09 15:21:10

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MANUFACTURIER DE PANNEAUX ARCHITECTURAUX SUR MESURES

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N

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REVÊTEMENTS ARCHITECTURAUX

MACH

Carrefour de l’Estrie, à Sherbrooke

pu appliquer à nos autres projets. Nous sommes encore meilleurs au chapitre des livraisons maintenant, affirme Pierre Tremblay. Le défi des délais, nous l’affron­ tons souvent. S’il y a des retards en début de projet, on nous demande par la suite de les combler, il faut donc nous ajuster rapidement. » Le revêtement extérieur arrive normale­ ment plutôt vers la fin d’un projet. « Après nous, c’est le gazon et les fleurs », explique Stéphane Tremblay, qui a repris les rênes de l’entreprise familiale fondée par son père en 1968. Mais dans le projet Paddock, le revêtement s’est fait très rapidement, alors que la structure n’était pas tout à fait finalisée. Travaillant surtout l’aluminium, l’alpolique et des produits architecturaux spéciaux, RTSI utilise parfois des revêtements de bois pour des projets résidentiels, mais il s’agit d’un matériau moins performant que d’autres produits pour le revête­ment extérieur. RTSI a également travaillé sur un autre projet ambitieux, celui du Carrefour de l’Estrie, à Sherbrooke. L’entreprise a notamment bâti sa réputation en utilisant des matériaux uniques, parfois venus de loin. Ce fut le cas pour ce projet de centre commercial. « On a travaillé avec des matériaux européens 44

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que l’on n’utilisait pas souvent. Quand on commande, il ne faut pas se tromper parce que ce sont des produits coûteux qui viennent de loin et qui arrivent par bateau. C’est lourd aussi, souvent en béton, donc il ne faut vraiment pas faire d’erreur dans la découpe des panneaux, des couleurs, etc. », affirme Stéphane Tremblay. « Si l’on se trompe, il y a un impact financier pour le client, mais aussi sur les délais », ajoute Pierre Tremblay.

Diversifier les matériaux Les deux hommes à la tête de RTSI constatent en effet que les designs architecturaux évoluent, pour le mieux, notamment en utilisant plus d’un matériau dans la conception des bâtiments, faisant évoluer du même coup leur métier d’entrepreneur en revête­ment extérieur. « Avant, on faisait des bâtiments assez simples, avec des panneaux de tôle standard et pas grand-chose d’autre. Aujourd’hui, il y a souvent trois, quatre, voire cinq matériaux différents sur un même bâtiment, qui peuvent venir d’ici et d’Europe », détaille Stéphane Tremblay. « Ça fait vraiment une très belle architecture, durable. Un peu plus complexe pour nous, parce qu’il faut gérer tous ces produits-là, mais c’est un beau défi agréable », renchérit Pierre Tremblay. Ils citent en exemple la nouvelle salle de spectacles de SaintJérôme, un exemple de design unique et d’utilisation de plusieurs matériaux différents, dont le métal déployé. « C’était la première fois qu’on utilisait ce matériau, et ça s’est très bien passé », résume Stéphane Tremblay. « On nous choisit souvent pour installer des matériaux architecturaux spéciaux parce que nous connaissons ces produits. Notre main-d’œuvre polyvalente peut manier plusieurs matériaux », ajoute le responsable des opérations. Parmi les réalisations de l’entreprise de revêtement métallique, qui confère une allure moderne aux bâtiments, figurent l’un des pavillons de l’Université Sherbrooke, le centre hospitalier de Granby et de nombreux commerces et projets résidentiels en Estrie, sur la rive sud de Montréal et sur l’île. RTSI travaille actuellement sur l’un de ses plus gros contrats jamais réalisés : le Square Children’s, au centre-ville de Montréal « Il y a quatre tours d’une trentaine d’étages qui montent en même temps. On est très fiers de travailler en ce moment sur ça », conclut Stéphane Tremblay.


NOUVELLES des Champions

AVIS DE NOMINATION LafargeHolcim signe un engagement net zéro avec des objectifs basés sur la science LafargeHolcim rejoint l’initiative SBTi (Science Based Targets initiative) «Business Ambition for 1.5°C», devenant ainsi la première entreprise mondiale de maté­riaux de construction à signer l’engagement avec des objectifs intermédiaires pour 2030, validés par SBTi. Cet engagement s’appuie sur le leadership de LafargeHolcim dans la construction verte avec des solutions de pointe telles que l’ECOPact, son béton vert, et Susteno, son ciment circulaire phare.

Le concours et gala Les Elles reconnaissent est de retour pour sa 3e édition Fort de ses deux éditions précédentes, le concours Les Elles reconnaissent récompense et valorise les femmes au parcours remarquable ainsi que les entreprises impli­quées dans l’avancement de l’intégration féminine. Cette année, le prix relève s’ajoute à la compétition. Le concours est ouvert à toutes les femmes de l’industrie et il se compose de 6 catégories. Les lauréates seront récompensées en mars 2021, lors du gala organisé par les Elles de la construction et ses partenaires.

Luc Girard, vice-président, Construction, EDYFIC Construction (division Construction de Devimco Immobilier)

Devimco Immobilier est fière d’annoncer la nomination de M. Luc Girard au poste de vice-président, Construction, pour EDYFIC, sa division Construction, en date du 3 août 2020. Cumulant plus de 40 années d’expérience dans le secteur de la construction, Luc Girard a fait ses débuts dans le domaine de la menuiserie. Sa carrière l’a conduit à travailler sur une multitude de projets dans les marchés commercial, institutionnel et résidentiel, notamment pour la construction d’immeubles locatifs, de condos et de résidences pour personnes âgées. Il a œuvré autant au Québec que dans le reste du Canada et aux États-Unis. M. Girard a, auparavant, été entrepreneur général et a occupé des postes de directeur de projets pour Intrawest, la Corporation Proment et Groupe Sélection. Dernièrement, il a assumé le poste de vice-président, Construction, pour le Groupe EMD Construction – Batimo.

Kébec St-Jean Électrique honoré par l’ACQ Lors de la Soirée des prix Construire qui se tenait de façon virtuelle le 27 août dernier, l’Association de la construction du Québec (ACQ) a dévoilé les lauréats de ces trophées qui visent à reconnaître le talent, l’engagement et l’excellence d’entreprises et de personnes qui contribuent positivement à l’industrie de la construction au Québec. Au cours du gala animé par Mme Mélanie Maynard, Kébec St-Jean Électrique inc. de Saint-Jean-sur-Richelieu a reçu le prix Entreprise de l’année, région de la Montérégie.

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NOUVELLES des Champions

AVIS DE NOMINATION

L’APCHQ lance la ligne COVID-19 destinée à ses membres

Marc-André Dion, vice-président, Construction, EDYFIC Construction (division Construction de Devimco Immobilier)

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a lancé le 24 septembre dernier la ligne téléphonique COVID-19 pour les entrepreneurs membres de l’Associa­tion afin de les accompagner davantage en matière de santé et sécurité du travail et ainsi les aider à passer à travers la deux­ième vague de la crise sanitaire en toute sécurité.

Devimco Immobilier est fière d’annoncer la nomination de M. Marc-André Dion au poste de vice-président, Construction, pour EDYFIC, sa division Construction, en date du 3 août 2020. Marc-André Dion œuvre dans le domaine de la construction depuis plus de 35 ans. Il a évolué, tout dernièrement, au sein du Groupe Sélection en tant que directeur, Architecture et Construction. Par le passé, il fut notamment engagé dans des projets d’envergure tels qu’Espace Montmorency, District Union et Sélection Retraite Repentigny. Il a agi comme directeur de projets pour des constructions d’importance comme Sélection Panorama, la première résidence pour aînés de 30 étages au Canada. Il a également assumé le poste de directeur de projets pour le Groupe EMD Construction – Bâtimo.

ISTOCK PAR ANDRESR

Entrepreneur en construction se spécialisant en bâtiments résidentiels de prestige, M. Dion a remporté pas moins de trois prix décernés par l’Association de la construction du Québec et un prix Domus de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec dans les catégories « Entrepreneur de l’année » et « Bâtiments énergétiques ». Membre de l’Ordre des technologues professionnels du Québec, il est reconnu pour son leadership et sa rigueur.

Bonne nouvelle : le siège social d’Epsylon s’agrandit ! Souhaitant répondre à la demande grandissante de ses clients et partenaires, Epsylon Concept, chef de file dans le domaine des murs-rideaux préfabriqués, a tout récemment entamé un agrandissement majeur de l’ordre de 24 000 pi2 de ses bureaux et de son usine, qui sont situés à Québec. Restez à l’affût!

VOUS AVEZ UNE NOUVELLE BRÈVE INTÉRESSANTE  ?

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Faites-la-nous parvenir à nouvelles@jbcmedia.ca. Si elle est retenue, elle sera publiée dans notre prochain numéro.

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