VOLUME 9 – NUMÉRO 2
LA RÈGLE DU PLUS BAS SOUMISSIONNAIRE PERSISTERA-T-ELLE ?
PP 41614528
JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET
MOT DE L’ÉDITEUR
LA RÈGLE DU PLUS BAS SOUMISSIONNAIRE CONFORME DANS LE SECTEUR INSTITUTIONNEL
jacques.boisvert@jbcmedia.ca
Habituellement, le magazine Champions de la construction commerciale et industrielle, comme son nom l’indique, s’adresse exclusivement aux grands acteurs du secteur privé de la construction au Québec. Plusieurs de nos lecteurs entrepreneurs ne présentent pas de soumission en réponse aux appels d’offres de projets gouvernementaux, parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas les plus bas soumissionnaires conformes. Ils préfèrent concentrer leurs efforts à bien servir leur clientèle commerciale, qui n’a que faire du plus bas prix possible. Pourtant, les grands donneurs d’ouvrage privés savent très bien compter. Ils ont en effet compris depuis longtemps que la fiabilité dans l’exécution de travaux vaut très cher. « Quand nous annonçons l’ouverture d’un nouveau magasin pour telle date, telle heure, nous confient souvent les responsables de la construction dans ce secteur, ce n’est pas pour la semaine suivante ! » Mais si les règles gouvernementales en la matière venaient à changer, plusieurs champions de la construction du secteur privé soumissionneraient volontiers, et la compétition serait beaucoup plus forte. Comme nous accordons une place très importante dans ce numéro à la règle du plus bas soumissionnaire conforme, nous avons étendu pour l’occasion la distribution du magazine à plusieurs grands acteurs institutionnels. Si vous tenez cette édition entre vos mains pour la première fois, sachez que le magazine n’est pas nouveau, puisqu’il entreprend sa 10e année en 2020 ! Sur ce, je vous souhaite de passer une très belle période des fêtes avec vos proches, ainsi qu’une nouvelle année prospère, pleine de projets stimulants. Bonne lecture !
Jacques Boisvert Éditeur
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
3
Sommaire
Volume 9 - numéro 2
ÉDITEUR Jacques Boisvert RÉDACTION Suzanne Gagné, Johanne Landry, Sylvie Lemieux et Marie-Hélène Paradis RESPONSABLE DE LA QUALITÉ DES CONTENUS Johanne Landry RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Supervision : Edith Lajoie
5
Conception graphique : Carole Bordeleau pour Carbodesign Annonces publicitaires et mise en page : Lan Lephan PHOTOGRAPHES Denis Bernier et Roxane Paquet PHOTO EN PAGE COUVERTURE © Getty Images par shaunl PUBLICITÉ Souk Vongphakdy Responsable des ventes Montréal 450 670-7770
10
CONTRATS PUBLICS LA RÈGLE DU PLUS BAS SOUMISSIONNAIRE PERSISTERA-T-ELLE?
RÉNOVER DES PHARMACIES INDÉPENDANTES DISCRÉTION ET RAPIDITÉ REQUISES
Québec 418 317-0669
ADMINISTRATION Edith Lajoie Responsable des opérations et de l’expérience client COMPTABILITÉ Catherine Faucher Philippe Bérubé CPA ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS Convention no PP 41614528
12
DOSSIER SPÉCIAL
ADRESSE DE RETOUR 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 ABONNEMENTS abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Champions de la construction commerciale et industrielle. Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître.
ISSN 1927-5765
14
2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771
ASSOCIATION DES FIRMES DE GÉNIE-CONSEIL – QUÉBEC VALORISER UNE PROFESSION QUI EST AU CŒUR DE NOS INFRASTRUCTURES, DE L’INNOVATION ET DE LA DURABILITÉ LOUIS YVES LEBEAU
Le magazine Champions de la construction commerciale et industrielle est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert
GALA EXCELLENCE CREW M 2019 FÉLICITATIONS AUX GAGNANTES !
24
GARDIEN DES INTÉRÊTS DES PROPRIÉTAIRES ET INVESTISSEURS DEPUIS 30 ANS
info@jbcmedia.ca
www.jbcmedia.ca
27 29
4
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
LES INCONVÉNIENTS CACHÉS DE L’ÉCONOMIE D’EAU
NOUVELLES DES CHAMPIONS
GETTY IMAGES PAR AIR IMAGES
ENTREVUE
CONTRATS PUBLICS
LA RÈGLE DU PLUS BAS SOUMISSIONNAIRE PERSISTERA-T-ELLE? Par Sylvie Lemieux, journaliste
En août dernier, un groupe composé d’ingénieurs et d’architectes a relancé le débat sur la règle du plus bas soumissionnaire dans l’octroi des contrats de services professionnels. Selon eux, ce mode d’attribution ne favorise pas la qualité des projets et met en péril la pérennité des ouvrages. Bien qu’elle ait été souvent dénoncée, notamment lors de la commission Charbonneau, cette règle fait toujours partie du paysage municipal. Un changement se profile-t-il à l’horizon? Le point sur la question.
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
5
CONTRATS MAGASINS PUBLICS D’ALIMENTATION
GETTY IMAGES PAR VGA JIC
Ce n’était pas la première fois qu’architectes et ingénieurs ramenaient cette question sur la place publique. Ils avaient aussi sonné l’alarme à l’été 2018 à la suite du dépôt d’un projet de règlement modifiant l’octroi des contrats de services professionnels par le gouvernement de Philippe Couillard. Ce projet voulait introduire de nouveaux modes de sélection, dont la règle du plus bas soumissionnaire et une formule qualité-prix avec un prix ajusté ou non. Les réactions n’ont pas tardé. L’Association des firmes de génie-conseil (AFG) et l’Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), appuyées par un groupe de décideurs, d’experts et de professionnels, ont alors publié une lettre ouverte pour souligner les risques inhérents à l’attribution des contrats de services basée sur le prix plutôt que sur la qualité. Un « retour en arrière » qui n’était pas souhaitable, selon les signataires. On se rappellera que le mode de sélection basé sur la qualité pour les services professionnels d’architecture et d’ingénierie pour les ministères et organismes avait été adopté à la suite des conclusions du rapport sur l’effondrement du viaduc de la Concorde, survenu en septembre 2006.
Faire marche arrière Devant la forte mobilisation, le gouvernement Couillard a décidé de retirer son projet de règlement. Il a aussi créé le sous-comité de travail dans le cadre du Forum d’échanges sur les contrats des organismes publics dans le domaine de la construction qui a le mandat d’analyser et de réviser les modes d’octroi de contrats publics de services 6
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
professionnels. Après l’élection du gouvernement de François Legault, les travaux de ce groupe de travail ont été interrompus en décembre 2018. Ils ont finalement repris à l’automne 2019. « C’est un bon signe, affirme Lyne Parent, directrice générale de l’AAPPQ. On continue de chercher ensemble les meilleurs modes d’octroi de contrats pour les services professionnels. » Autour de la table se trouvent des représentants de grands donneurs d’ordres, dont quelques ministères de même que la Société québécoise des infrastructures et les professionnels concernés. Selon Mme Parent, il peut être souhaitable de faire un bilan de la mise en œuvre du système qui est utilisé depuis 11 ans. « S’il y a des aspects à améliorer, ça ne veut pas dire qu’on doive le changer ou l’éliminer. C’est la nuance que l’on veut apporter », explique la directrice générale. « Pour nous, c’est l’approche qui favorise le plus la qualité des ouvrages à long terme, ajoute-t-elle. Comme ingénieurs et architectes, nous travaillons à la conception et à la réalisation de plans et devis pour des ouvrages publics dans une optique de pérennité. » Le nouveau pont Samuel-De Champlain, qui a été construit de manière à lui assurer une durée de vie de 125 ans, en est un bel exemple. Selon l’AAPPQ et l’AFG, ce n’est pas non plus un choix judicieux que celui de tenter de réaliser des économies pendant la phase de conception d’un ouvrage, étape qui représente à peine 1 ou 2 % des coûts du projet. Au bout du compte, cela fera en sorte d’augmenter le coût global d’un ouvrage sur tout son cycle de vie, de sa construction jusqu’à son exploitation et son entretien.
FANY DUCHARME
LYNE PARENT Directrice générale Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ)
Les discussions se poursuivent au sein du sous-comité, mais il n’a pas été possible de connaître l’échéancier de travail. Le Conseil du Trésor a décliné notre demande d’entrevue à ce sujet. Tout ce que l’on sait, c’est qu’un nouveau projet de règlement devrait aboutir dans les prochains mois.
Étude indépendante Pour alimenter les discussions du groupe de travail, l’AFG, en collaboration avec l’AAPPQ, a commandé une étude indépendante visant à mesurer les impacts du critère « prix » sur diverses méthodes d’appels d’offres utilisées au Québec et au Canada dans l’attribution des contrats publics de services professionnels. Le cabinet d’économistes MCE Conseils a ainsi comparé les résultats de 714 soumissions consécutives à 137 appels d’offres. Il en ressort que la formule fédérale à « qualité-prix proportionnel », qui attribue 90 % de la note à la qualité et 10 % au prix, « s’avère l’approche la mieux équilibrée », a mentionné l’AAPPQ lors du dévoilement de l’étude en avril dernier. Utilisée depuis plusieurs années, « cette formule donne à la qualité une importance marquée dans le choix des soumissionnaires et n’avantage pas indûment le prix le plus bas », selon l’étude. La formule à paramètre K, pour sa part, « favorise dans la très grande majorité des cas le plus bas soumissionnaire ». C’est cette formule (qui permettrait d’ajuster un critère de qualité selon le type de projets) que le gouvernement du Québec avait envisagé de mettre en place dans son projet de règlement visant à proposer de nouveaux modes d’octroi de contrats publics en 2018. Pour ce qui est de la formule municipale, en
VILLE DE DRUMMONDVILLE
ALEXANDRE CUSSON Président de l’Union des municipalités du Québec Maire de Drummondville (Lors de l’entrevue)
place depuis 2002, l’étude a démontré qu’elle favorise de « façon quasi systématique le plus bas soumissionnaire », malgré un ajustement effectué par le gouvernement en 2017, avec le projet de loi no 122. Selon cette formule, la pondération du facteur qualité est trop faible pour avoir un impact réel pour favoriser la cote qualité versus le plus bas prix, conclut MCE Conseils. Tant pour les ingénieurs que pour les architectes, il est clair que la sélection basée sur la qualité doit être privilégiée en raison de ses nombreux bénéfices : meilleure planification, optimisation de la conception, incitation à l’innovation, honoraires plus précis, meilleur respect des échéanciers et réduction des litiges et des dépassements de coûts. Si plusieurs voix s’élèvent pour demander de revoir la règle d’attribution des contrats publics, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) est, pour sa part, satisfaite du système actuel. L’après-commission Charbonneau a mené à l’adoption du projet de loi no 122, qui reconnaît les municipalités comme gouvernements de proximité et augmente, à ce titre, leur autonomie et leurs pouvoirs. « Elle offre aux villes la flexibilité qu’elles recherchaient dans leur politique de gestion contractuelle, affirme Alexandre Cusson, qui était jusqu’à récemment président de l’UMQ. Pour certains types d’ouvrages, elles ont assurément la possibilité de tenir compte de la qualité dans leur grille de critères, alors que pour d’autres, la règle du plus bas soumissionnaire est suffisante. » Le fait que la loi accorde la possibilité d’octroyer un contrat de gré à gré pour les travaux d’une valeur allant jusqu’à 100 000 $ procure une marge de manœuvre supplémentaire que les villes jugent intéressante, selon M. Cusson, qui est aussi maire de Drummondville. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
7
CONTRATS PUBLICS
GETTY IMAGES PAR RONFULLHD
LA SOLUTION GAGNANTE DE LA CSEM La Commission des services électriques de Montréal (CSEM) a trouvé une façon de s’assurer de payer le juste prix pour les travaux qu’elle fait exécuter. Elle est un important donneur d’ouvrage de la métropole. Elle a la responsabilité de dresser les plans et devis pour l’installation et l’entretien des conduits souterrains pour l’alimentation électrique et la desserte en télécommunication sur le territoire de la ville de Montréal et sur celui de 8 des 15 autres municipalités situées sur l’île de Montréal. « Depuis cinq ans, la valeur des contrats octroyés a augmenté, passant de 50 à plus de 80 millions de dollars par année, précise le président Serge Boileau. Cela peut représenter de 20 à 30 contrats de diverses natures. » Tous sont soumis à la règle du plus bas soumissionnaire comme le stipule la Loi sur les cités et villes.
8
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
Bien avant la commission Charbonneau, soit dès 2006, la CSEM a décidé d’analyser ses pratiques. « On voulait savoir si l’on était à risque de collusion et, surtout, si l’on payait vraiment le meilleur prix », explique M. Boileau. À la suite d’une compilation des soumissions pour les contrats octroyés, le constat a été clair : « Quand on a comparé les prix réels une fois les travaux terminés, on s’est rendu compte qu’aucun des entrepreneurs choisis selon la règle du plus bas soumissionnaire n’était en fait celui qui offrait les meilleurs prix à l’analyse finale. » Les écarts pouvaient être appréciables. « Par exemple, pour un contrat d’une valeur de 18 millions de dollars, on avait payé un million en plus. On était loin de la plus basse soumission », précise M. Boileau.
des quantités aux contrats. Elle a aussi modifié ses devis en diminuant le cautionnement à 50 % au lieu de 100 % « On l’a fait dans un esprit de partage de risques, affirme M. Boileau. La confiance de l’entrepreneur dans la relation avec son client a un gros impact sur le coût facturé au donneur d’ouvrage. » En 2011, pour contrer le déséquilibre des prix, la Commission a introduit une clause de proportionnalité des prix. « Elle est inscrite dans le devis comme étant un point de conformité. Les éléments qui y sont soumis sont bien indiqués au bordereau ; si elle n’est pas respectée, cela peut entraîner une disqualification du soumissionnaire », explique M. Boileau qui avait préparé le terrain en annonçant la mise en place de cette clause de proportionnalité bien avant 2011 : « Il y a eu de vives réactions, mais les entrepreneurs ont commencé à s’y conformer avant même qu’elle soit en application. »
FANY DUCHARME
SERGE BOILEAU PRÉSIDENT Commission des services électriques de Montréal (CSEM)
Comment expliquer cette situation ? « Il a fallu se demander si l’on faisait une juste évaluation des quantités lors de la préparation des plans et devis. On a aussi constaté qu’il y avait un déséquilibre des prix, soit des prix non proportionnés, dans les soumissions qui nous étaient présentées. Autrement dit, les entrepreneurs ont une idée de la façon dont ils vont réaliser les travaux. En général, ils vont " débalancer " les prix, c’est-à-dire qu’ils vont accorder de plus gros montants unitaires sur les éléments qu’ils pensent faire en premier afin de recevoir un paiement plus rapidement. C’est une façon d’autofinancer les travaux. Ce n’est pas une pratique interdite ; par contre, cela vient fausser l’offre de soumission. » Devant cette situation, la CSEM a modifié ses façons de faire en 2007. Elle a mis encore plus de rigueur dans l’évaluation
En plus de réduire les possibilités de collusion entre les entrepreneurs, la clause a eu des impacts positifs notamment sur les surcoûts, qui ont diminué de 6,9 à 2,6 %. Il y a eu aussi diminution des reclassements qui se produisent lorsque le plus bas soumissionnaire conforme n’est pas celui présentant le prix le plus bas au départ (de 33 à 25 %). « On a remarqué également une stabilisation des prix unitaires, et ce, malgré la hausse du coût des matériaux de construction », précise M. Boileau. En dépit de ces résultats, la clause de proportionnalité n’est plus appliquée dans les devis de la CSEM depuis 2013. « Nous avons décidé de la suspendre le temps que la Ville de Montréal procède à des analyses plus approfondies pour éventuellement l’appliquer dans différents types de contrats comme des travaux d’asphaltage ou d’infrastructures de plus grande envergure. Toutefois, même si les entrepreneurs ne sont plus tenus de s’y conformer, ils continuent de l’appliquer dans la préparation de leur soumission », se réjouit Serge Boileau. Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation suit aussi le dossier avec intérêt. Faut-il souhaiter qu’elle devienne la norme dans l’attribution des contrats ? « Ce n’est peut-être pas la solution pour tous puisque la clause de proportionnalité des prix serait probablement plus difficile à appliquer dans des projets de nature complexe impliquant plusieurs types de spécialités, tels que les grands projets de bâtiments », estime M. Boileau. La démarche de la CSEM n’en est pas moins inspirante.
Contactez-nous pour une évaluation de la condition de votre toiture par un de nos employés certifiés. EXCELLENCE DURABILITÉ I N N O VAT I O N
7550, rue Saint-Patrick, Montréal (QC) H8N 1V1 • www.toiturestroisetoiles.com • 514 365-6600 CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
9
DOSSIER LA NOUVELLE SPÉCIAL MAISON TOITURE DE RADIO-CANADA
GETTY IMAGES PAR MARCHMEENA29
RÉNOVER DES PHARMACIES INDÉPENDANTES
DISCRÉTION ET RAPIDITÉ REQUISES Par Marie-Hélène Paradis, journaliste
Un laboratoire qui poursuit ses activités, des clients qui ont besoin de quiétude et un chantier qui doit se terminer le plus rapidement possible : Jessy Forgues, coordonnatrice principale de l’aménagement commercial chez Familiprix, nous parle des enjeux liés à la rénovation de pharmacies existantes ainsi qu’à la construction de nouvelles succursales. Familiprix a pignon sur rue depuis 40 ans et est établi un peu partout au Québec et au Nouveau-Brunswick. Tout a commencé dans l’est du Québec en 1977 lorsque le grossiste pharmaceutique Distributions Fraserville de Rivière-du-Loup lance la bannière qui
10
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
deviendra Familiprix quelque temps après. Avec ses 400 succursales et un chiffre d’affaires dépassant le milliard de dollars, l’entreprise est un joueur clé dans le domaine pharmaceutique et une bannière fortement implantée dans les régions.
des noms d’entrepreneurs, mais la décision ultime appartient au pharmacien propriétaire. Nous sommes par contre toujours ouverts à de nouveaux partenariats avec les entrepreneurs », confirme Jessy Forgues. Il y a deux façons de faire partie de l’équipe d’entrepreneurs en construction. Ceux-ci peuvent entrer en contact avec le service d’aménagement du siège social, que les pharmaciens consultent régulièrement, ou encore se présenter directement aux pharmaciens. « Il faut s’attendre à répondre à des appels d’offres, car souvent les pharmaciens veulent valider les prix. Après tout, ils sont responsables de la bonne marche des travaux à un juste prix », commente Mme Forgues.
Les critères de sélection des entrepreneurs
FAMILIPRIX
JESSY FORGUES Coordonnatrice principale de l’aménagement commercial Familiprix
Des rénovations et de nouvelles constructions « En moyenne, 40 projets d’envergure variée voient le jour annuellement chez Familiprix, parmi lesquels au moins trois ou quatre nouvelles constructions », affirme Mme Forgues. La plupart des nouvelles constructions sont de petites pharmacies, ou un laboratoire, ou des pharmacies situées dans les résidences pour personnes âgées. Ces dernières, bien qu’étant des succursales complètes, ont des superficies plus compactes. « Après 40 ans d’existence, il est normal que la majorité des travaux nécessaires soient des rénovations », ajoute Jessy Forgues.
Les donneurs d’ouvrage Familiprix est l’une des dernières bannières entièrement formées de propriétaires indépendants. L’autonomie complète des pharmaciens dicte donc la façon de procéder. L’image et les processus sont sous la responsabilité du siège social, mais le reste appartient à chacun des pharmaciens propriétaires qui prennent en charge les travaux de construction et de rénovation effectués dans leur commerce. Les donneurs d’ouvrage, ce sont eux et non pas le siège social de Familiprix. Toutefois, la bannière jouit d’une expertise intéressante pour les propriétaires, qu’elle partage volontiers avec eux. Le service d’aménagement du siège social agit à titre de facilitateur et de collaborateur avec la pharmacie membre et avec l’entrepreneur. « Nous avons bâti un réseau de partenaires au fil du temps ; nous pouvons donc proposer
Plusieurs enjeux sont associés aux travaux de construction réalisés dans un commerce de détail et particulièrement dans une pharmacie. « En ce qui concerne Familiprix, le principal défi est probablement l’obligation de garder le laboratoire ouvert ; il doit fonctionner comme si de rien n’était. On ne peut arrêter les ventes, et les travaux ne se font ni le soir ni la nuit, surtout par souci d’économie pour les membres », affirme la coordonnatrice. « Les gros travaux commencent donc très tôt le matin pour qu’ils soient le moins dérangeants possible. Il faut aussi que l’entrepreneur demeure conscient de l’environnement, de la poussière, du bruit et de tout ce qui pourrait déranger le confort de la clientèle et des employés du laboratoire. Le secret est dans la façon de bien couvrir le tout ; quand vient le temps de réaménager le laboratoire, par exemple, il faut envisager de le déménager dans la portion commerciale de la pharmacie et l’isoler par un grand mur temporaire », explique Jessy Forgues. Il va sans dire que la courtoisie et le professionnalisme sont exigés de l’entrepreneur et de ses employés. Autre enjeu, qui revêt lui aussi une grande importance : les délais sont très courts. Familiprix affirme que la période de rénovations est souvent très difficile pour le pharmacien et ses employés. La norme veut donc qu’on réduise au minimum le temps des travaux. Il faut que les entrepreneurs soient à l’aise avec ce genre de contraintes. « Les bons entrepreneurs ne sont pas difficiles à trouver, notre réseau est assez solide et expérimenté pour faire face à tous ces enjeux », souligne la coordonnatrice. « Nous essayons d’encourager nos propriétaires à faire affaire avec de la main-d’œuvre régionale ; c’est important pour nous, car nous sommes implantés dans les régions du Québec et du Nouveau-Brunswick. Si le pharmacien ne peut trouver un entrepreneur général local, il s’efforcera en contrepartie d’engager des sous-traitants de la région. Il faut donc que les entrepreneurs soient ouverts à travailler avec eux, en plus de gérer les différents enjeux liés à notre clientèle et aux services que nous offrons », conclut Mme Forgues.
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
11
PHOTOGRAPHES COMMERCIAL
FÉLICITATIONS AUX GAGNANTES ! CREW M a tenu, le 21 novembre, son 11 e Gala Excellence où ont été soulignées les contributions exceptionnelles de trois femmes dans une industrie où les hommes sont encore majoritaires. Le Prix Hommage remis à Anik Shooner Comme chaque année, le Gala Excellence CREW M a remis un Prix Hommage à une femme d’expérience qui a contribué significativement à l’avancement des femmes dans l’industrie. Le conseil d’administration de CREW Montréal a décerné le Prix Hommage cette année à Anik Shooner pour son parcours inspirant. Diplômée de l’Université de Montréal en 1987, elle est l’une des rares femmes à avoir fondé un grand bureau d’architectes dans les années 1990 et à le diriger encore aujourd’hui. La lauréate a mené plusieurs projets complexes et d’envergure qui ont révélé son exceptionnel leadership et son besoin incessant d’innover. Sa participation à de nombreux projets exemplaires comme ceux de l’Agence spatiale canadienne, de la Cité du Multimédia – Phase 8 et du tout nouveau Complexe des sciences de l’Université de Montréal témoigne de l’importance de ce pilier de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes. Ce Prix Hommage vient également reconnaître une pratique qui reflète son engagement envers le développement durable et son indéfectible quête d’excellence. 12
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
PHOTOGRAPHES COMMERCIAL
ANIK SHOONER Architecte associée et fondatrice Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes
À L’AVANT, DE GAUCHE À DROITE : JACINTHE LACHAPELLE, ANIK SHOONER ET SONIA GAGNÉ DERRIÈRE, DE GAUCHE À DROITE : ANTHONY ARQUIN (AVOCAT ASSOCIÉ, DAVIES WARD PHILLIPS & VINEBERG ET MEMBRE DU JURY), ANIK TRUDEL (CHEF DE LA DIRECTION, LAVERY ET MEMBRE DU JURY), LINDA ROULEAU (DIRECTRICE PRINCIPALE, GESTION IMMOBILIÈRE, IA GROUPE FINANCIER ET PRÉSIDENTE SORTANTE CREW M), HEATHER C. KIRK (VICE-PRÉSIDENTE EXÉCUTIVE ET CHEF DE LA DIRECTION FINANCIÈRE, COMINAR ET MEMBRE DU JURY), TARA PIURKO (ASSOCIÉE, MILLER THOMPSON ET PRÉSIDENTE SORTANTE CREW NETWORK), MARYSE COUTURE (PRÉSIDENTE, TOITURES COUTURE ET PRÉSIDENTE ÉLUE CREW M), SONIA GAGNON (PRÉSIDENTE, SGM AGENCE ET PRÉSIDENTE 2019 CREW M), MARIO BÉDARD (VICE-PRÉSIDENT, PLACEMENTS IMMOBILIERS, IA GROUPE FINANCIER ET MEMBRE DU JURY) ET PIERRE SCOTT (DIRECTEUR PRINCIPAL, COMPTES MAJEURS, JOHNSON CONTROLS ET ADMINISTRATEUR FINANCEMENT CREW M)
Le Prix Excellence et Leadership remis à Sonia Gagné Le Prix Excellence et Leadership récompense une femme d’expérience qui se distingue par ses qualités de chef de file et ses réalisations ; il a été décerné cette année à Sonia Gagné, architecte chez Provencher_Roy depuis 2003 – où elle est devenue associée en 2011. Elle est aujourd’hui chargée de projet et conceptrice principale. Sonia Gagné cumule 30 ans d’expérience en architecture et en design urbain. Ayant su depuis sa tendre enfance qu’elle embrasserait une carrière d’architecte, elle a tracé sa voie depuis sa Gaspésie natale, animée par un mantra d’excellence qui la guide et l’inspire encore aujourd’hui. L’intervention de Sonia dans le domaine de l’architecture est méritoire : canalisant son énergie à la bonification de la qualité de vie humaine, son travail marque le paysage québécois par une réflexion profonde sur l’environnement urbain. Visionnaire et perfectionniste, elle aspire également à démontrer aux jeunes de la relève que chaque défi est atteignable et qu’il est crucial de pousser plus loin ses idées. Animée par une forte responsabilité sociale et humaine et œuvrant sur des projets structurants pour Montréal, Sonia a une manière inédite d’aborder la ville et ses quartiers et joue un rôle d’importance dans le bien-être collectif montréalais.
PHOTOGRAPHES COMMERCIAL
SONIA GAGNÉ Architecte associée Provencher_Roy + Associés Architectes
Le Prix Étoile montante remis à Jacinthe Lachapelle Le Prix Étoile montante est décerné à une femme de moins de 40 ans qui travaille en immobilier commercial au Québec depuis moins de 10 ans. C’est Jacinthe Lachapelle qui a reçu ce prix cette année en reconnaissance de la qualité de son travail, de son dévouement, de son désir d’apprendre et de sa passion. Dès les débuts de sa carrière en immobilier commercial chez CBRE, Jacinthe Lachapelle nourrissait déjà une forte ambition et un grand besoin de se dépasser ; quatre ans plus tard, c’est mission accomplie : elle occupe maintenant le poste de chef d’équipe, Recherche et analyste des ventes, dans le cadre duquel elle chapeaute le service de Recherche et gère stratégiquement l’étendue des activités d’analyse des ventes. Interpellée par le dynamisme de l’immobilier commercial et sa complexité, elle s’est rapidement taillé une place importante dans l’industrie. Elle est d’ailleurs invitée à participer à plusieurs évènements, tels que le forum immobilier de Concordia. Jacinthe s’implique aussi depuis deux ans au Next Generation Committee du Jewish General Hospital, supportant la fondation de l’Hôpital.
PHOTOGRAPHES COMMERCIAL
JACINTHE LACHAPELLE Chef d’équipe, Recherche et analyste des ventes CBRE
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
13
>
LA NOUVELLE MAISON DE RADIO-CANADA
DOSSIER SPÉCIAL ASSOCIATION DES FIRMES DE GÉNIE-CONSEIL – QUÉBEC
AÉROPORT INTERNATIONAL JEAN-LESAGE DE QUÉBEC
VALORISER UNE PROFESSION QUI EST AU CŒUR DE NOS INFRASTRUCTURES, DE L’INNOVATION ET DE LA DURABILITÉ Propos recueillis par Suzanne Gagné
Le rôle de l’ingénieur a beaucoup évolué au cours des dernières années : les nouvelles technologies et sources d’énergie, les nouveaux matériaux et le souci croissant de l’environnement l’ont modifié en profondeur et font des sociétés de génie-conseil des acteurs de premier plan dans la conception des infrastructures, mais également dans leur durabilité et dans l’innovation. Depuis 1974, l’Association des firmes de génie-conseil – Québec défend les intérêts de plus de 50 firmes qu’elle représente. Nous vous proposons ici un dossier sur deux enjeux très actuels dans lesquels l’Association et ses membres sont parties prenantes.
14
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
Les modes d’attribution des contrats publics : un enjeu clé Quand on sait que les contrats publics représentent de 40 à 60 % du chiffre d’affaires des firmes de génie-conseil au Québec et qu’ils totalisent des milliards de dollars, on comprend mieux la raison pour laquelle l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG) fait des pieds et des mains pour défendre les intérêts de ses membres à l’égard des modes d’octroi des contrats publics. « Considérant l’importance des investissements dans les infrastructures québécoises, il est essentiel d’adopter un bon mode d’octroi des contrats, de bons modes de réalisation et de bons modes de rémunération, affirme André Rainville, président-directeur général, AFG. Nous représentons des entreprises de toutes les tailles, de toutes les régions et de toutes les spécialités ; nous souhaitons que chacune trouve son compte dans les marchés publics et puisse réaliser des projets à la hauteur de ses capacités et développer un portfolio qui lui permet de grandir ici et à l’étranger. »
Des démarches fructueuses En 2017, l’AFG est notamment intervenue dans le cadre du projet de loi no 122 sur l’autonomie municipale, dont certains articles portaient sur les modes d’octroi des contrats professionnels, qui incluent désormais une grille de pondération avec prix. Du côté du gouvernement provincial, depuis 2008, les contrats publics sont attribués aux firmes de génieconseil sur la base de la compétence. À l’été 2018, le gouvernement provincial déposait un projet de règlement qui faisait en sorte que la règle du plus bas soumissionnaire pourrait s’imposer. Or, selon l’AFG, ce mode d’octroi est loin d’être idéal.
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
ANDRÉ RAINVILLE Président-directeur général AFG
Voir à long terme « Pour répondre à ce projet de règlement, nous avons retroussé nos manches et préparé une réponse en pleine période des vacances de la construction, explique André Rainville. Nous avons fait des démarches importantes, avec l’appui d’une trentaine d’organismes provenant de divers milieux. » Résultat ? Le projet de règlement a été retiré au mois d’août, et un comité de travail a été créé pour déterminer et proposer les meilleures règles en matière d’adjudica- tion de contrats de services professionnels en architecture et en ingénierie. Des rencontres se sont tenues au fil des mois, puis elles ont été interrompues entre décembre 2018 et octobre 2019. Exaspérée, l’industrie, à l’initiative de l’AFG et de l’Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), a rédigé une lettre ouverte en vue de pousser le gouvernement à favoriser la poursuite des travaux du comité. Ceux-ci ont repris au début du mois d’octobre dernier, et ils devraient se terminer d’ici quelques mois.
Selon André Rainville, il est très important de prendre en considération le fait que la conception d’une infrastructure a une grande incidence sur les coûts de construction, d’exploitation et d’entretien, ainsi que sur sa durabilité. Lorsqu’il est question d’octroi de contrats en ingénierie, il faut donc adopter une vision à long terme.
L’AFG en bref • Fondée en 1974 • Représente des firmes de toutes les tailles, toutes les régions et toutes les spécialités, qui emploient 16 500 personnes au Québec • S’est donné pour mission d’assurer le développement, l’épanouissement et la reconnaissance du génie-conseil québécois, notamment par l’entremise de 10 comités permanents
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
15
DOSSIER SPÉCIAL AFG
« Chaque projet est un prototype, souligne-t-il. L’ingénieur doit le concevoir de A à Z en choisissant les solutions les plus aptes à offrir la meilleure qualité et la plus grande durabilité. Dans un contexte de sélection en fonction du plus bas soumissionnaire, les professionnels ne pourront pas nécessairement optimiser des solutions qui entraîneront un design esthétique, performant, innovant, de qualité et durable et qui favoriseront la réduction des coûts globaux de possession de l’ouvrage sur toute sa durée de vie. C’est un investissement. Il y a un rapport incontournable entre les honoraires qui nous sont consentis et l’effort que nous pourrons mettre pour obtenir les meilleures solutions. » Le PDG de l’Association rappelle également que la commission Charbonneau a clairement établi les dangers du mode d’octroi au plus bas soumissionnaire, qui peut favoriser la collusion tout en entraînant une baisse du niveau de service. Isabelle Jodoin, vice-présidente principale – Québec, chez Stantec, souligne que les coûts d’ingénierie représentent généralement 1 ou 2 % du coût total d’un projet sur sa durée de vie complète. « Si l’on essaie d’économiser 10 % sur cette portion très stratégique, on pourrait dépenser par la suite beaucoup plus pour des travaux qui n’auraient pas été bien planifiés. »
STANTEC
ISABELLE JODOIN Vice-présidente principale – Québec Stantec
Toutefois, même si un mode d’octroi basé sur la compétence était retenu, plusieurs sont d’avis qu’il conviendrait de s’assurer que les critères de compétence sont bien définis puisque chaque firme et chaque équipe ont leurs propres champs de compétences. « Il est faux de dire que tout le monde est sur un pied d’égalité en matière de qualité minimale, affirme François Plourde, président et chef de la direction, CIMA+. C’est la profondeur de l’expertise et l’expérience des équipes qui font toute la différence. Pour nous, cela signifie d’investir dans l’innovation, les normes de qualité et les nouvelles technologies et de recruter des ressources de talent. Nous prônons donc la valeur de la compétence de nos professionnels et du juste prix. » « Ma grande préoccupation est que l’ingénierie constitue un service stratégique, enchaîne Isabelle Jodoin. Les donneurs d’ouvrage doivent être en mesure de choisir de la compétence, de l’expérience et de la pertinence pour chaque projet. Il faut connaître les ingénieurs-conseils pour savoir que ce qu’ils veulent, fondamentalement, c’est faire de bons projets. Ils veulent bien servir le client, ils veulent être présents, ils veulent s’investir pour que ça soit un succès, c’est leur nature même. La formule d’octroi basé sur le prix vient décourager tout ça. C’est désolant. »
Une solution idéale
MONIC RICHARD
FRANÇOIS PLOURDE Président et chef de la direction CIMA+
Le mode d’octroi des contrats basé sur des critères de qualité bien déterminés et à juste prix est la formule que privilégie l’AFG. M. Rainville cite l’exemple du gouvernement fédéral, où la majorité des contrats sont attribués en fonction de critères de qualité et de prix, où la qualité compte pour 90 % du pointage des soumissionnaires. Selon lui, il serait également important que les besoins soient bien saisis dès le départ au moyen d’études préparatoires. Toutefois, la question du mode d’attribution des contrats publics n’est pas le seul enjeu dans la situation actuelle. En effet, les travaux en ingénierie octroyés par le gouvernement provincial sont régis par un décret qui date de 1987, et les tarifs versés aux sociétés de génie-conseil sont établis par un décret qui n’a pas été revu depuis 2009. Une mise à jour s’impose donc. Tous ces éléments seront étudiés par le comité de travail au cours des prochains mois. Un dossier à suivre !
16
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
GETTY IMAGES PAR METAMORWORKS
Tetra Tech et la Ville de Percé remportent le PRIX VISIONNAIRE pour le projet de protection et réhabilitation du littoral de l'anse du Sud L’optimisation de l’ingénierie dans ce projet a permis d’identifier une solution efficace et esthétique, qui s’est aussi avérée la plus économique. C’est un superbe exemple de l’impact majeur d’une ingénierie de qualité. - André Rainville, président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec
Firme : Tetra Tech Client : Ville de Percé Architectes : Vachon et Roy architectes Architecte de paysage : AECOM Pour tous les détails, visitez le www.afg.quebec/grands-prix
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
17
DOSSIER SPÉCIAL AFG
Le génie-conseil à l’heure des changements climatiques La nécessité de l’adaptation aux changements climatiques, qui sont étroitement liés au développement durable, est un bon exemple de tout le travail de réflexion qu’exige la conception d’un ouvrage à l’heure actuelle. En effet, les ingénieurs doivent se pencher sur des éléments aussi divers que l’efficacité énergétique, l’analyse et la protection de la biodiversité, la réduction des gaz à effet de serre et de l’empreinte carbone, ainsi que la gestion de l’eau et des risques d’inonda tion. Ouf ! « Nous pouvons plus facilement nous soucier de ces facteurs dans un contexte où nous avons la latitude de le faire au moment de la préparation des plans et devis, ce qui met en lumière toute l’importance du mode d’octroi des contrats basé sur la qualité », souligne André Rainville.
Une demande croissante
MONIC RICHARD
LUC JOLICŒUR Vice-président principal, Bâtiment CIMA+
Selon Luc Jolicœur, vice-président principal, Bâtiment, chez CIMA+, les demandes liées aux changements climatiques vont en croissant, notamment pour les infrastructures existantes, et cela donne lieu à de nouveaux services d’ingénierie. « Par exemple, nous avons réalisé des analyses des risques climatiques et des vulnérabilités de bâtiments qui permettent à nos clients de mieux se préparer en vue des prochains phénomènes météorologiques, précise-t-il. Pour eux, il s’agit d’une saine gestion de risques. » Lorsqu’il s’agit de nouvelles infrastructures, M. Jolicœur indique que l’industrie doit bien sûr se conformer aux différents codes en vigueur, mais que ces derniers ne sont pas tout à fait adaptés aux changements à venir. « On doit s’assurer que le design sera durable, souvent en allant au-delà des normes », affirme-t-il. Les ingénieurs peuvent se tourner vers plusieurs modes d’adaptation au réchauffement climatique, comme la ventilation naturelle pour diminuer les besoins en climatisation, la géothermie ou l’utilisation combinée d’hydroélectricité et d’énergie solaire et éolienne pour économiser l’énergie. « Nous pouvons également emmagasiner de l’énergie ou mieux l’utiliser à l’échelle d’un secteur, par exemple en récupérant la chaleur des égouts ou la vapeur d’un incinérateur pour faire un réseau de chauffage urbain », souligne M. Jolicœur. « Dans les villes, pour contrer les îlots de chaleur, poursuit-il, on essaie de plus en plus d’utiliser les arbres, des couleurs de revêtement plus claires et des surfaces plus perméables… Les nouveaux matériaux intelligents qui réagissent au degré d’ensoleillement offrent aussi de nouvelles pistes de solution. Comme un verre qui peut emmagasiner ou rejeter la chaleur selon le besoin. »
Bien gérer l’eau Les inondations font de plus en plus souvent la une au Québec, et les ingénieurs travaillent d’arrache-pied avec les municipalités pour trouver des solutions qui permettront de les prévenir. JULIE BEAUSÉJOUR
JULIE BEAUSÉJOUR Vice-présidente, International EXP
Entre autres, la ville de Vaudreuil-Dorion a récemment mis à niveau sa station de traitement des eaux usées municipales en doublant sa capacité et en mettant de l’avant plusieurs innovations en cours de route. « La méthode traditionnelle d’ingénierie aurait consisté à grossir les tuyaux pour contenir plus d’eau et à agrandir l’usine d’épuration pour prendre de plus gros débits, mais c’est un peu du gaspillage, dit Julie Beauséjour, vice-présidente, International, chez EXP. Pour innover, il faut s’adapter aux changements climatiques en utilisant l’intelligence des instruments de mesure pour ajuster les procédés et traiter ces extrêmes de précipitations dans la même infrastructure. »
18
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
DOSSIER SPÉCIAL TOITURE
>
EXP
USINE D’ÉPURATION DE VAUDREUIL-DORION
Ainsi, l’équipe d’EXP a décidé de se servir de deux usines en parallèle pour en améliorer la résilience et le rendement. « En adoptant les nouvelles technologies, explique Mme Beauséjour, nous pouvons occuper de plus petits espaces et nous rapprocher des résidences. » Elle ajoute qu’auparavant, l’utilisation de produits chimiques était courante dans les procédés d’épuration, alors que son équipe s’est plutôt tournée vers le biologique, autant pour le traitement de l’eau que des odeurs. « Nous utilisons les bactéries de façon beaucoup plus innovante puisq u’elles permettent d’éliminer encore plus de microcontaminants », explique-t-elle. De plus, comme certains secteurs se trouvent presque au niveau du lac, ils sont plus susceptibles d’être inondés. Depuis quelques années, la ville travaille donc en surface pour aménager de la rétention et de l’infiltration d’eaux de pluie plutôt que de passer directement dans le lac par les égouts et de causer des débordements d’eaux usées non traitées. « Les riverains CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
19
DOSSIER SPÉCIAL TOITURE
sont très sensibles aux débordements parce qu’il y a des odeurs d’égout après de grosses pluies », dit Julie Beauséjour. « Dans une ville comme Vaudreuil, où le terrain est plat et où la gravité est faible, il y a plusieurs conduites et réservoirs souterrains qui se rem plissent pendant les grosses pluies, ajoute-t-elle. Cette rétention permet d’améliorer la qualité de l’eau rejetée au lac et réduit l’érosion dans les cours d’eau. Toutes les stations de pompage sont contrôlées par un système automatisé afin de tamponner les gros débits et de réduire l’impact sur l’environnement. » Au bout du compte, les changements climatiques ne disparaîtront pas, et tant les ingénieurs que les municipalités souhaitent s’y adapter. « Quand nous travaillons sur un projet d’usine d’épuration pour une municipalité, nous ne traitons pas uniquement les problèmes actuels, mais aussi ceux des 30 prochaines années », conclut Mme Beauséjour.
GETTY IMAGES PAR ZHAOJIANKANG
enjeux
20
positions
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
réalisations
www.afg.quebec/perspective
DOSSIER SPÉCIAL AFG
>
STÉPHANE GROLEAU
MANÈGE MILITAIRE DES VOLTIGEURS DE QUÉBEC
Le Manège militaire des Voltigeurs de Québec, un mariage entre le patrimoine et la modernité Le Manège militaire des Voltigeurs de Québec, dont la première partie a été construite en 1886, a été la proie d’un incendie en 2008. Or, la firme Tetra Tech a été mandatée à titre de consultant en structure et génie civil afin de réhabiliter les secteurs ravagés, reconstruire les sections démolies, mettre le bâtiment aux normes et l’adapter à de nouveaux besoins, notamment en y intégrant des espaces multifonctionnels et en préparant les lieux pour la tenue d’événements communautaires et culturels. Le principal défi consistait à combiner la restauration et la conservation
d’un bâtiment historique endommagé et l’installation d’une solide structure contemporaine. Et l’équipe l’a relevé avec brio, le nouveau bâtiment alliant patrimoine et modernité, avec des trésors structuraux, incluant la consolidation de murs de maçonnerie d’origine. Le bâtiment, qui a fait l’objet d’un investissement de 104 M$, a été conçu de manière à minimiser l’empreinte environnementale et à surpasser les normes applicables. Le régiment a pu réintégrer le bâtiment l’an dernier, et le public est maintenant invité à venir l’admirer.
>
MARJORIE ANCTIL
RÉFECTION DE LA ROUTE 112
Une réfection de route périlleuse La réfection d’une route est chose courante, pas vrai ? Mais pas si la route en question s’est affaissée à la suite d’un glissement de terrain et encore moins si elle longe une ancienne mine d’amiante ! Ce sont là les défis qu’ont dû relever les équipes de Norda Stelo et de SNC-Lavalin sur la route 112, entre Saint-Joseph-de-Coleraine et le secteur Black Lake de Thetford Mines. La sécurité était le
mot d’ordre pour composer avec les restes de l’ancienne mine à ciel ouvert, le terrain accidenté et le déplacement de près de 1,5 million de mètres cubes de stériles miniers contaminés. La route a été finalisée en 2018, et l’expertise unique développée dans le cadre de ce projet s’est avérée utile pour la municipalité, pour le ministère des Transports et même pour le secteur de la santé. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
21
>
AÉROPORT INTERNATIONAL JEAN-LESAGE DE QUÉBEC
DOSSIER SPÉCIAL AFG TOITURE
RÉFECTION DE LA PISTE PRINCIPALE DE L’AÉROPORT INTERNATIONAL JEAN-LESAGE DE QUÉBEC
Du nouveau à l’Aéroport international Jean-Lesage L’agrandissement et le réaménagement de l’aérogare de l’Aéroport international Jean-Lesage par la firme Stantec constituaient le plus important chantier de l’histoire de cet aéroport et il était doté d’un investissement de 227 M$ répartis en une dizaine de projets. Entre autres, la superficie du bâtiment a doublé. Cet agrandissement devait être effectué en maintenant les activités de l’aéroport et la sécurité de
22
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
tous. Il s’agit également d’un modèle de développement durable reconnu dans le secteur aéroportuaire. Soulignons que l’équipe de Stantec s’est également chargée de la tâche fort délicate de la réfection de la piste principale de l’aéroport alors même que les opérations aéroportuaires étaient maintenues, ce qui a exigé beaucoup de rigueur de sa part.
REPORTAGE PROMOTIONNEL
ASSOCIATION STRATÉGIQUE ENTRE FOSS NATIONAL LEASING ET ODOTRACK Deux entreprises unissent leur expertise et leur réseau de distribution afin d’offrir aux propriétaires de parcs de véhicules une solution améliorée pour le journal kilométrique et les rapports qui en découlent.
Un partenariat stratégique entre les compagnies Foss National Leasing et Odotrack permet d’offrir aux propriétaires de parcs de camions une solution qui allie technologie et fiscalité pour générer un registre kilométrique ainsi que des rapports de gestion et fiscaux automatiquement. La plateforme a été développée par Odotrack, et Foss National Leasing l’intègre dans sa gamme de services. COMMENT ÇA FONCTIONNE ? Dès qu’un véhicule est mis en marche, le système démarre de lui-même. Les déplacements sont géolocalisés, et les données sont transmises instantanément vers les serveurs automatisés d’Odotrack. Il est alors possible de constituer, pour chaque véhicule, un journal de bord personnalisé, d’établir un registre de déplacements et un relevé de dépenses, en plus de déterminer les avantages imposables, explique Steve Aguzzi, directeur national des ventes pour Odotrack. La combinaison de la télémétrie – mesure des distances par des procédés technologiques – et du positionnement GPS permet d’obtenir beaucoup plus d’informations pertinentes pour le gestionnaire ou le propriétaire d’un parc de véhicules ou de camions. Établir les parcours de livraison ou de déplacement les plus efficaces ou élaborer une grille d’entretien intelligente qui assure non seulement que les véhicules seront toujours en bon état de fonctionnement, mais aussi qu’ils seront disponibles
Steve Aguzzi, directeur national des ventes chez Odotrack, et Jean-Simon Richard, vice-président, ventes et service à la clientèle pour l’est du Canada chez Foss National Leasing, sont heureux d’annoncer un partenariat entre les deux entreprises.
quand et où les utilisateurs en auront besoin, en sont des exemples. Lorsque les véhicules sont lettrés au nom de la compagnie, il importe pour l’image de l’entreprise que chaque conducteur ait une conduite irréprochable. « La technologie développée par Odotrack permet d’établir des fiches d’indice de conduite. Elles enregistrent plusieurs paramètres comme les excès de vitesse, les freinages violents ou encore le degré estimé de fatigue au volant. Au démarrage, chaque chauffeur s’identifie ; il est alors possible
de repérer les fautifs pour leur demander de corriger les écarts ou encore de féliciter les conducteurs qui démontrent de bons comportements routiers », fait valoir Steve Aguzzi. Jean-Simon Richard, vice-président, ventes et service à la clientèle pour l’est du Canada chez Foss National Leasing, se réjouit de cette offre à valeur ajoutée pour ses clients. « La possibilité de savoir exactement comment chaque véhicule est utilisé constitue certainement une information qu’ils vont apprécier », conclut-il. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
23
DOSSIER SPÉCIAL TOITURE
Louis yves LeBEAU PRÉSIDENT DE MACOGEP
GARDIEN DES INTÉRÊTS DES PROPRIÉTAIRES ET INVESTISSEURS DEPUIS 30 ANS
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
Par Johanne Landry, journaliste
Il a contribué au développement du concept de gestionnaire de projet indépendant, celui qui joue le rôle de vérificateur, de facilitateur et même de négociateur sur les chantiers de construction. Rencontre avec Louis yves LeBEAU, fondateur de Macogep.
24
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
GETTY IMAGES PAR GILAXIA
C’était clair dans l’esprit de Louis yves LeBEAU qu’il fonderait un jour une entreprise. Après ses études en gestion de projet à Polytechnique Montréal, il a accumulé diverses expériences qui lui ont permis d’apprivoiser le domaine, de travailler pour des propriétaires, des ingénieurs-conseils et des entrepreneurs en construction, mais aussi de découvrir un créneau inoccupé : celui de représentant des propriétaires. « J’en avais vu quelques-uns manquer d’expertise pour traiter avec les prestataires de services », relate-t-il. En 1989, il fonde donc Macogep (pour mandataire, coordonnateur, gestion de projet). « Aucune entreprise ne jouait ce rôle à l’époque », se souvient Louis yves LeBEAU. Les débuts ont été lents ; il devait faire valoir les avantages de ce concept. Plusieurs, en effet, voyaient le gestionnaire de projet indépendant comme une duplication de services avec ceux des architectes qui, dans le cadre de leur mandat, assumaient un rôle administratif. « Mais ce n’était pas dans leur champ d’expertise, c’était en quelque sorte
complémentaire sans être leur première préoccupation. Et il y avait des dérives budgétaires et d’échéanciers, des problèmes de gestion et de performance, difficiles à régler pour eux », expose Louis yves LeBEAU. Puis, les gouvernements ont petit à petit introduit ces notions de vérification à l’intérieur de leurs façons de faire si bien qu’aujourd’hui, presque tous les grands donneurs d’ouvrage publics et privés ont recours à des gestionnaires de projet indépendants. « Le temps m’a donné raison, conclut-il, au point que j’ai maintenant une quinzaine de compétiteurs qui emploient chacun une vingtaine de personnes, alors que nous sommes 80 chez Macogep au Québec. S’y ajoutent une quinzaine d’employés en Europe. » Comme précurseur, pense-t-il avoir influencé l’industrie ? « Assurément, répond-il. L’industrie s’est adaptée au fil des ans, en plusieurs étapes. Il y a eu l’arrivée des premiers gestionnaires bacheliers en ingénierie, puis les grands travaux hydroélectriques ont fait évoluer les pratiques, alors que les investisseurs américains ont exigé que la firme d’ingénierie en travaux publics Bechtel soit partenaire dans le consortium de gérance avec Hydro-Québec. Cette firme assurait le contrôle des coûts et des échéanciers, comme Macogep le fait aujourd’hui. »
La vérification et le contrôle Avec son équipe d’experts, Macogep protège les intérêts des propriétaires, investisseurs et donneurs d’ouvrage, en s’occupant entre autres du contrôle des coûts et des échéanciers, de la gestion des contrats, ainsi que du respect de la réglementation de tous les paliers gouvernementaux. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
25
« Plusieurs facteurs peuvent faire déraper un projet, explique M. LeBEAU, d’abord parce qu’il y a énormément d’activités dans la construction en ce moment et que tous les intervenants sont extrêmement occupés, mais les écarts peuvent aussi provenir de la façon dont les travaux ont été planifiés, des délais accordés aux entrepreneurs pour soumissionner, ou même de la complexité du design. Dans la conception d’un édifice, on a vu un cas avec plusieurs types de murs rideaux, une complexité d’exécution qui faisait majorer les prix. Qu’il s’agisse du design, du délai d’exécution, d’exigences contractuelles ou d’un transfert de risques, nous accompagnons les entreprises afin de poser le bon diagnostic et de mettre en place les bonnes solutions. » Il poursuit : « Plusieurs donneurs d’ouvrage n’ont pas l’expertise à l’interne pour bien définir leurs besoins et pour établir les rôles et les responsabilités des divers intervenants, deux éléments fondamentaux pour délimiter le périmètre d’un mandat de services professionnels ou la portée d’un contrat de construction et, conséquemment, pour pouvoir rédiger l’appel d’offres qui décrit la prestation attendue, les obligations et risques à assumer, les garanties à fournir et le mode de rémunération à appliquer. Le gestionnaire de projet indépendant les accompagne dans ces démarches. »
L ’ aéroport Trudeau parmi les grands projets La feuille de route de Macogep liste plusieurs grands projets parmi lesquels Humaniti, le centre sportif du Parc olympique, le Centre Vidéotron à Québec, ainsi que le programme de développement côté ville d’Aéroports de Montréal (ADM). « En consortium avec BTY, nous accompagnons Aéroports de Montréal dans le contrôle des coûts, la gestion des risques et la planification du programme. Il s’agit d’un projet structurant pour la métropole, qui conduira ADM à reconstruire les infrastructures d’accueil à YUL et à revoir l’intermodalité du site aéroportuaire avec l’arrivée du Réseau express métropolitain », précise-t-il.
26
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
LOUIS YVES LEBEAU Président Macogep
Investir aux bons endroits pour réaliser un projet qui se démarque
Les coûts des services professionnels ne représentent d’ailleurs que 2 % du coût d’un ouvrage sur son cycle de vie. « Des projets qui ont une valeur, une signature, qui sont efficients et durables, c’est en investissant dans leur conception qu’on les réussit », insiste-t-il.
Invité à se prononcer sur la thématique de ce numéro de Champions de la construction, Louis yves LeBEAU considère que la règle du plus bas soumissionnaire n’est pas applicable dans l’attribution des contrats de services professionnels. « C’est une erreur de vouloir engager sur la base du prix seulement des professionnels à qui l’on confie le mandat de trouver les meilleures solutions pour optimiser le projet. Ce n’est pas cohérent, car celui qui obtiendra alors le mandat aura assigné les ressources les moins coûteuses et consacré des efforts réduits en temps. » C’est là, selon lui, des économies qui s’avéreront les moins rentables pour le donneur d’ouvrage et qui se répercuteront en cours d’organisation sur les coûts de réalisation et d’exploitation. « C’est une visée à court terme », exprime-t-il.
Louis yves LeBEAU est d’avis qu’il faut sérieusement repenser la façon d’attribuer les contrats, autant dans le domaine public que dans le privé. Dans un mémoire déposé devant la commission Charbonneau, Macogep, qui accomplit régulièrement des mandats en France, a fait valoir les méthodes utilisées là-bas. « Ils ne fournissent pas seulement un prix, mais aussi un plan de travail, explique-t-il. Une évaluation du temps, des efforts, des qualifications des ressources qui seront affectées. Les prix trop hauts ou trop bas sont automatiquement rejetés. Ils ne sont pas évalués par rapport à la moyenne des soumissionnaires, mais plutôt en comparaison avec l’évaluation chiffrée que le donneur d’ouvrage a faite de ses attentes. Voilà qui permet de ramener le prix dans un ordre de grandeur raisonnable par rapport aux autres critères. »
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
REPORTAGE PROMOTIONNEL
GETTY IMAGES PAR KRISANAPONG DETRAPHIPHAT
LES INCONVÉNIENTS CACHÉS DE L’ÉCONOMIE D’EAU On ne peut être contre la vertu, mais la réduction des débits d’eau entraîne son propre lot de problèmes. Depuis de nombreuses années, plusieurs groupes environnementalistes, organis mes publics et ministères militent pour une utilisation plus rationnelle de l’eau, sa conservation et même sa réutilisation. De nouveaux appareils sanitaires à faible et même à très faible volume ont vu le jour comme les toilettes à 4,8 L/c ou à double chasse et les urinoirs sans eau. De plus en plus utilisés, ils sont même devenus obligatoires dans certaines collectivités. En outre, la robinetterie limite les débits aux baignoires, douches et éviers de cuisine. Les robinets de lavabo, également à débit réduit, installés dans les bâtiments commerciaux, de bureaux et institutionnels fonctionnent de plus en plus avec des mécanismes de détection qui limitent la durée d’écoulement. Les organismes soucieux de la conservation de l’eau et le marché de la plomberie en général visent une économie globale de la ressource. Or, les efforts se sont concentrés sur la consommation minimale de l’eau sans nécessairement prendre en compte l’impact de cette diminution du débit pour le transport des matières solides dans les réseaux d’évacuation.
HENRI BOUCHARD
HENRI BOUCHARD
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
27
L’ÉCONOMIE D’EAU
DES FACTEURS D’ÉVACUATION DÉSUETS ? À ce jour, peu de recherches ont été effectuées ou publiées pour orienter les entrepreneurs, les ingénieurs ou les concepteurs afin qu’ils adaptent les réseaux d’évacuation à ce changement, particulièrement en ce qui a trait au matériau, au diamètre, à la pente de la tuyauterie, etc. Ils n’ont aussi que peu de documentation à leur disposition. Les codes de plomberie et autres règles de l’art sont encore basés sur des facteurs d’évacuation qui ne tiennent pas compte de ces nouvelles données. Ils n’exigent pas non plus que la conduite d’évacuation d’une toilette soit « lavée » par l’évacuation d’un autre appareil. De plus, même si cette exigence existait, la robinetterie est souvent à débit réduit, quand elle ne fonctionne pas avec un temporisateur qui minimise sa durée de fonctionnement, et donc elle ne réussirait probablement pas à injecter assez d’eau dans la conduite d’évacuation. Parce que les changements intervenus au cours des années, proposés ou imposés par des organismes gouvernementaux ou municipaux liés à la consommation d’eau, ne sont pas encadrés par les codes, la tuyauterie est souvent dimensionnée de façon inadéquate pour respecter l’édition en vigueur du chapitre III, Plomberie du Code de construction du Québec (ce qui n’est pas vraiment un choix…).
La réutilisation des eaux grises constitue également un autre facteur qui contribue à assécher les réseaux d’évacuation. En effet, le détournement de l’eau de la douche et du bain et même, dans certains milieux qui l’acceptent, du lavabo et de la lessiveuse fait en sorte que le réseau primaire d’évacuation s’assèche jusqu’à devenir complètement sec dans certaines parties, ce qui évidemment ne contribue pas à l’évacuation des solides.
Y A-T-IL UNE SOLUTION ? La solution pourrait-elle passer par des modifications au code de plomberie ? Nous croyons que le Code doit revoir la méthode de dimensionnement de la tuyauterie d’évacuation des eaux usées selon le type, le débit et le nombre d’appareils. Il doit réduire les facteurs d’évacuation liés aux appareils à volume réduit, particulièrement dans le cas des toilettes. Les pentes de tuyauterie pourraient être augmentées, et il faudra également revoir la configuration de la tuyauterie, en priorisant le lavage de tuyau. D’un autre côté, il est à espérer que la recherche et le développement dans le domaine sanitaire apporteront des solutions à cet épineux problème. Il est possible que de nouveaux types de toilette voient le jour. Ces derniers pourraient inclure un système d’injection d’eau qui agirait après un certain nombre de chasses, etc. Une chose est certaine, il faut poursuivre la recherche dans ce domaine afin de répondre plus adéquatement aux demandes d’économie d’eau. On ne peut être contre la vertu ; l’économie et la réutilisation de l’eau, et donc l’efficacité des appareils sanitaires, sont fondamentales pour qui a une vision à long terme du développement durable, mais l’utilisation intelligente et responsable de l’eau doit encore primer. L’équilibre entre les avantages et les inconvénients doit se faire de façon à ne pas déshabiller Pierre pour habiller Jacques… « Une rivière doit toujours avoir assez d’eau pour que le bateau puisse naviguer.1 » 1. Traduit librement d’une citation tirée d’un article de Ron George, CPD, paru dans l’édition d’août 2011 de Plumbing Engineer.
Les problèmes occasionnés sont de plus en plus fréquents. Les tuyauteries installées dans le sol ont tendance à bloquer quand des appareils à faible volume sont installés lors de rénovations, particulièrement lorsqu’il s’agit de tuyauterie en fonte et que la conduite est longue. Les clapets antiretour avec battant en laiton représentent également un obstacle de taille pour le transport des solides. Des entrepreneurs rapportent que lorsque plusieurs toilettes à faible volume sont installées en série, la conduite d’évacuation se bloque à répétition jusqu’à ce qu’ils installent une toilette à plus grand débit ou un mécanisme d’injection d’eau en bout de ligne, ce qui contribue au meilleur transport des matières solides.
Henri Bouchard est directeur du Service technique à la CMMTQ. Il voit à l’interprétation et à l’explication des articles des codes régissant la mécanique du bâtiment. En plus de rédiger des articles, des guides techniques et des formations, il donne des conférences, participe à des comités de la RBQ et siège au comité permanent du CNRC ainsi qu’à des comités nationaux de CSA. GETTY IMAGES PAR ESP_IMAGING
28
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
NOUVELLES des Champions Pelletée de terre officielle
Un contrat de 5 M$ pour faire revivre l’un des plus grands symboles historiques nationaux du Canada datant de la guerre de 1812
Le coup d’envoi aux travaux de construction du nouveau siège social de Cantin Beauté ltée a été donné le 14 novembre dernier. L’événement s’est tenu en présence du maire de Saint-Augustin, M. Sylvain Juneau, des propriétaires MM. Raynald Bouchard, Éric Bouchard et Jonathan Poulin ainsi que de l’équipe de leur partenaire, Drolet Construction, soit M. Marcel Lalancette, directeur développement commercial et industriel, Mme Nadia Bussières, directrice générale, et M. Patrick Demers, chargé de projets. Le projet de plus de 8 M$ est un investissement majeur pour l’entreprise et permettra la création de 20 nouveaux emplois.
Roland Charneux, figure de proue du développement durable et de l’efficacité énergétique, a récemment reçu le Prix du pionnier en bâtiment durable remis par le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa). Ce prix récompense un individu qui fait preuve d’une approche innovante pour soutenir et faire progresser l’industrie du bâtiment durable.
GSR Construction Décontamination est la première entreprise québécoise à innover grâce à l’utilisation d’une nouvelle technologie de décontamination éprouvée en Europe. Avec l’acquisition d’équipement de pointe, du robot Brokk et du Planeur BCP 250, GSR pourra planer les cloisons intérieures et les plafonds des lieux contaminés sans avoir à tout démolir, ce qui ouvre de nouvelles avenues plus écologiques et moins coûteuses. Grâce à cette technologie, le travail est standardisé, plus rapide et diminue significativement le volume de déchets. GSR CONSTRUCTION DÉCONTAMINATION
GSR révolutionne le domaine de la décontamination au Québec !
CBDCA
Roland Charneux reçoit le Prix du pionnier en bâtiment durable
DROLET CONSTRUCTION
GROUPE ATWILL-MORIN
Témoin de l’Histoire du patrimoine militaire canadien, la Tour Martello-deCarleton, érigée en 1813 par les Britanniques sur les sommets d’un escarpement rocheux surplombant le port et la ville de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, sera restaurée par le Groupe Atwill-Morin qui vient d’hériter d’un contrat de 5 M$ pour cette réalisation d’envergure.
L ’ industrie québécoise de la construction se mobilise pour accélérer son virage numérique Une trentaine d’associations et d’organismes publics liés au secteur de la construction et de l’environnement bâti ont participé le 5 septembre dernier au Forum québécois BIM-PCI, visant à faire converger les efforts en matière de virage numérique, notamment en ce qui concerne le déploiement de la modélisation des données du bâtiment (BIM). L’appel à la mobilisation et à la collaboration a reçu un appui favorable de la part des représentants des associations et organismes présents.
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
29
NOUVELLES des Champions Une nouvelle direction aux Elles de la construction
Manulift investit près de 12 M$ dans son expansion du côté ontarien
Les Elles de la construction ont le plaisir d’annoncer la nomination de Mériane Bergeron au poste de directrice générale de l’organisation. Formée en administration et marketing, Mme Bergeron a été gestionnaire principale au sein d’entreprises marketing montréalaises de renom. Elle travaillera à la promotion des femmes dans l’industrie et s’assurera du développement de l’organisme à Montréal et en région.
MANULIFT
Manulift de Montréal vient de lancer un nouveau centre opérationnel de 12 M$, à Stoney Creek (Hamilton), Ontario, afin de conquérir le grand marché du Toronto métropolitain. Cette expansion assurera la croissance des ventes et fera passer à 200 M$ le volume d’affaires actuel de 100 M$. Avec ce nouveau site, le nombre d’employés passe à 300.
Du nouveau au Groupe Recrutement 4iT / Précision / Prestige Eric Bernard s’est joint au Groupe Recrutement 4iT / Précision / Prestige comme directeur de compte et chasseur de têtes. Appuyé par une équipe de 45 professionnels du recrutement dans ses bureaux de Montréal et Québec, il peut intervenir sur tous postes administratifs et techniques en immobilier et dans le bâtiment.
Afin de soutenir la croissance de sa division de construction Dalcon, la direction de Groupe Dallaire est fière d’annoncer la nomination de Philippe LeBel à titre de directeur, Développement des affaires et partenariats, tout en maintenant son rôle au sein de l’équipe de location. Son leadership, la force de son réseau et son engagement envers l’entreprise sauront sans aucun doute contribuer au rayonnement du Groupe.
Accès Location + devient concessionnaire Dieci Accès Location+ est heureux d’annoncer la toute récente entente de partenariat avec Équipements FDS (Consultants F. Drapeau inc.), faisant du centre de location un fier concessionnaire des équipements Dieci dans la grande région de Montréal. Cette nouvelle gamme de produits s’ajoute à l’offre de service d’Accès Location+, totalisant un investissement de près de 3 M$. Les équipements seront graduellement intégrés à la flotte d’ici avril 2020.
VOUS AVEZ UNE NOUVELLE BRÈVE INTÉRESSANTE ?
RECRUTEMENT 4 IT
30
Nomination de Philippe LeBel
Faites-la-nous parvenir à nouvelles@jbcmedia.ca . Si elle est retenue, elle sera publiée dans notre prochain numéro.
CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
LE MEILLEUR
RÉSEAU POUR REJOINDRE
VOS CLIENTS ! VOLUME 9 – NUMÉRO 2
LA RÈGLE DU PLUS BAS SOUMISSIONNAIRE PERSISTERA-T-ELLE ?
VOLUME 12 | NUMÉRO 6 | DÉCEMBRE – JANVIER 2020
RÈGLEMENT SUR LA MIXITÉ
L’INDUSTRIE PARLE D’UNE SEULE VOIX
PP 41614528
DOSSIER SPÉCIAL IDU
VOLUME 9 | NUMÉRO 4
L’ÎLOT BALMORAL UNE GÉOMÉTRIE PARTICULIÈRE POUR UN IMMEUBLE À VOCATION CULTURELLE
GROS HIVER EN VUE : ATTENTION À LA GLACE SUR VOS TOITURES ! DOSSIER INNOVATION TECHNOLOGIES EN CONSTRUCTION DES IMMEUBLES
PP 41614528 PP 41614528
UNE WEBTÉLÉ SPÉCIALISÉE EN IMMOBILIER Maintenant en ligne
1 866 446-3185 |
450 670-7770
jbcmedia.ca
jbcmedia.tv
« UnE saine concurrence est benefique pour tout le monde ! » Joanie Métivier Chef de section aux enquêtes
Lorsqu’on respecte les règles de conformité, on fait le bon calcul pour soi et pour la santé de l’industrie de la construction. C’est ce qui aide tous les entrepreneurs à travailler sur un pied d’égalité pour proposer des prix justes et embaucher des travailleurs compétents qui reçoivent leur dû. Pour favoriser la santé du milieu de la construction, la CCQ fait près de 45 000 rencontres d’employeurs par année. Et ça, ce sont des chiffres qui comptent.
Pour toute question ou tout signalement concernant la conformité : 514 593-3132 ou 1 800 424-3512 ccq.org/conformite
LE RESPECT DES RÈGLES, ÇA COMPTE !