Élites Montréal économique 2012

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AÉROSPATIALE | SCIENCES DE LA VIE | TRANSPORT

édition 2012

VOLUME 3

Montréal économique

AÉROSPATIALE

Pour des PME de calibre mondial SCIENCES DE LA VIE ET NOUVEAU CHUM

Des tremplins économiques TRANSPORT

Favoriser la mobilité PLAN NORD

Tous les espoirs sont permis

9,95 $

PP 41614528

NUMÉRO 1


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Métropole audacieuse et innovante, Montréal se transforme et les projets y prennent vie

montréal UN ESPACE POUR CRÉER ET RÉUSSIR

Vous avez un projet? montreal2025.com 514 872-2025

MTLMetroInno06 03F indd 1

12 03 06 11:45


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Le futur Éco-campus Hubert Reeves, dédié aux entreprises du secteur des technologies propres. technoparc.com


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Sommaire ÉDITORIAL

SCIENCES DE LA VIE

5 Mot de la rédaction

37 Un nouveau souffle pour les sciences de la vie et les technologies de la santé

7 Montréal, ville de talents et de collaborations

38 Lier science et économie

8 Gérald Tremblay

43 Le Centre hospitalier universitaire

Miser sur l'innovation

(CHU) Sainte-Justine Investir dans la santé des futurs adultes

13 Richard Deschamps Favoriser l'immigration

44 Le nouveau CHUM

15 Montréal International

Un tremplin économique pour Montréal

Attirer des talents : la grande séduction

49 Le Centre de recherche du CHUM

51 La Fondation du CHUM

AÉROSPATIALE

52 Construire

19 Industrie aérospatiale

en grand

Les PME montent à bord des grands projets d’innovation

56 Technoparc Montréal

21 L’initiative MACH Affronter le régime minceur de la chaîne d’approvisionnement

TRANSPORT

27 Projet SA2GE

59 Un transport

Ouvrir la piste à l'avion de l'avenir

qui a de l’impact

66 Le port,

29 10 bougies et

véritable moteur économique

beaucoup de projets pour le CRIAQ

31 Disponibilité des talents

INDUSTRIE MINIÈRE

34 Un ciel favorable

68 Le Plan Nord

à l’industrie aérospatiale québécoise

ÉDITEUR Jacques Boisvert RÉDACTRICE EN CHEF Danielle Ouellet ÉQUIPE DE RÉDACTION Serge Beaucher, Jacques Boisvert, Catherine Flores et Danielle Ouellet

Tous les espoirs sont permis

IMPRESSION Imprimeries Transcontinental S.E.N.C. 2850, rue Jean-Perrin Québec (Québec) G2C 2C8 DISTRIBUTION EN KIOSQUES Messageries de Presse Benjamin ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS Convention n PP 41614528 o

RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES Catherine Faucher, Hélène Larue et Hélène Roy DIRECTION ARTISTIQUE ET INFOGRAPHIE Carole Bordeleau ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE Istockphoto par Samarskaya et Dzianis Haikov PUBLICITÉ Zoé Lafond, directrice des ventes

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ADRESSE DE RETOUR

Élites est publié par Jacques Boisvert Communications inc. 599, boulevard Sir-Wilfrid-Laurier Belœil (Québec) J3G 4J1

599, boulevard Sir-Wilfrid-Laurier Belœil (Québec) J3G 4J1

Téléphone: 450 446-2006 Sans frais: 1 866 446-3185 Télécopieur: 450 446-1442

Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque nationale du Québec, 2010.

info@jacquesboisvert.com www.jacquesboisvert.com

La direction laisse aux auteurs l’entière responsabilité de leurs textes. Elle se dégage de toute responsabilité face au matériel non sollicité. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur.

— Montréal économique – édition 2012


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Mot de la rédaction

La grande séduction

M

ontréal est aujourd'hui, à maints égards, en mode séduction. Avec la mise en place d'une véritable économie du savoir, le capital humain devient plus que jamais le moteur de la compétitivité des entreprises. Attirer et retenir les meilleurs talents dans la métropole est désormais un enjeu central du développement économique. Heureusement, Montréal a beaucoup à offrir. Au-delà de sa très bonne qualité de vie, bien connue à l'étranger, l'agence de promotion de l'investissement Montréal International met en valeur le statut de ville économique d'une métropole où il est avantageux de faire des affaires. Dans un contexte de forte concurrence mondiale pour recruter des jeunes fortement scolarisés, la créativité et l'innovation montréalaises deviennent des arguments de choix. Les grandes grappes économiques implantées il y a dix ans portent leurs fruits. Ainsi, grâce aux succès de maîtres d'œuvre et d'équipementiers de premier plan, Montréal est devenue l'une des trois capitales mondiales de l'aérospatiale. Aujourd'hui, le secteur mise sur ses PME et déploie tous les efforts pour que les sous-traitants se hissent au rang de fournisseurs de classe internationale.

DANIELLE OUELLET

Alors que les sciences de la vie et les technologies de la santé profitent d'une conjoncture très favorable à un nouvel élan, la médecine personnalisée jouit d'investissements majeurs, tant québécois que fédéraux, qui allient avec bonheur science et économie. S'ajoutent des constructions de grande envergure qui visent à renouveler les établissements hospitaliers et leurs centres de recherche. De nouvelles perspectives d'innovation et de collaboration s'ouvrent et suscitent déjà un grand intérêt à l'étranger. Clé de voûte de cette base économique renouvelée, la circulation des biens et des gens fait l'objet d'une attention très particulière. Un vaste plan d'urbanisme mise sur la densification démographique avec l'organisation de zones mixtes qui permettent de vivre, de travailler et de se divertir à proximité de points d'accès aux transports. La réfection du réseau routier entreprise au cours des dernières années est toujours d'actualité, et le transport collectif dans un contexte de développement durable est en voie d'occuper le haut du pavé. D'autres perspectives de retombées économiques pour Montréal et pour tout le Québec s'affichent avec le déploiement du Plan Nord, qui mettra en valeur, notamment, l'industrie minière et géologique du Québec au cours des prochaines décennies. Cette édition 2012 d'Élites « Montréal économique » présente les enjeux et les retombées des investissements liés aux nouvelles perspectives d'avenir. Danielle Ouellet Rédactrice en chef, Élites

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Montréal, ville de talents et de collaborations Par Jacques Boisvert

EMPLOI-QUÉBEC ESTIME QUE LE QUÉBEC AURA BESOIN, D’ICI 2019, DE PRÈS DE 1,4 MILLION DE TRAVAILLEURS POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DES ENTREPRISES. MONTRÉAL N’ÉCHAPPERA PAS À CETTE PÉNURIE ET DEVRA PRENDRE LES MESURES QUI S’IMPOSENT POUR CONTINUER D’OFFRIR UN ENVIRONNEMENT D’AFFAIRES ET UN MILIEU DE VIE ATTRAYANTS. GÉRALD TREMBLAY, MAIRE DE MONTRÉAL, ET RICHARD DESCHAMPS, VICE-PRÉSIDENT DU COMITÉ EXÉCUTIF AINSI QUE RESPONSABLE DES GRANDS PROJETS ET DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE, ONT BIEN L'INTENTION DE METTRE EN PLACE LES MEILLEURS MOYENS POUR DÉVELOPPER, ATTIRER ET RETENIR LES TALENTS.

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PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL

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PHOTO : ÉLITES PAR DENIS BERNIER

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Gérald Tremblay Miser sur l'innovation «

Le capital humain est au centre de la compétitivité des entreprises. Sa disponibilité et sa qualité conditionneront à coup sûr la croissance de Montréal à long terme. Déjà, la ville peut miser sur un actif d’enseignement supérieur et de recherche de calibre mondial, dont 11 établissements universitaires qui en font une véritable métropole de savoir. De plus, les grandes grappes économiques mises en place lors de mon arrivée à la mairie, il y a 10 ans – Montréal InVivo (sciences de la vie), Aéro Montréal (aérospatiale), TechnoMontréal (technologies de l'information) et le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec – donnent des résultats majeurs. Plus récemment, deux autres grappes – Écotech Québec (technologies propres) et Finance Montréal (services financiers) – sont venues compléter ces efforts.

« Mais la concurrence entre les grandes métropoles du monde est vive. Il ne suffit plus d’être une ville créative pour attirer les talents. Plus de 180 autres villes du monde se prétendent créatives. Nous voulons attirer encore plus de personnes compétentes, et surtout les retenir. Pour cela, nous continuons de provoquer la rencontre des secteurs, de favoriser le brassage d’idées, de faciliter les collaborations. Nous avons décidé d'être plus qu'un simple bureau de commerce et d'inscrire nos efforts dans un environnement favorable. Celui-ci s'incarne désormais dans la qualité du milieu de vie, dans la proximité, dans la diversité ainsi que dans l’aménagement et le design – Montréal est une ville UNESCO de design, ne l'oublions pas.

« Des services adaptés aux nouveaux besoins des entrepreneurs, des commerces de proximité complets et distinctifs, des infrastructures performantes, une mobilité accrue tant des personnes que des marchandises et des idées, dirigent nos actions. Concrètement, nous misons sur l'organisation de zones mixtes où se côtoient harmonieusement environnement de travail, milieu de vie et lieux de divertissement. C’est la notion du “work, live and play”, tel que la décrit la Stratégie de développement économique 2011-2017 de Montréal, dévoilée en juin dernier. Cette approche, réitérée récemment dans le Plan métropolitain de développement et d'aménagement, mise sur la densification et sur la concentration des gens et des services autour de points d'accès au transport et de zones d’emplois. Et toutes ces actions s'inscrivent dans une vision de développement durable, qui fera de Montréal une ville " verte et bleue " par excellence.

Montréal > Première en recherche universitaire au Canada > Première au Canada et troisième en Amérique du Nord dans le secteur de la musique > Dans le top 50 des villes de mode > Troisième meilleure ville d’été au monde > Dans le top 10 des meilleures villes au monde où il fait bon manger à l’extérieur > Dans le top 20 des meilleures destinations d’histoire et de patrimoine > Première ville en Amérique du Nord et huitième au monde pour les pistes cyclables > Dans le top 10 des villes les plus branchées au monde

« CONCRÈTEMENT, NOUS MISONS SUR L'ORGANISATION DE ZONES MIXTES OÙ SE

> Dans le top 10 des destinations à visiter en 2012

DE TRAVAIL, MILIEU DE VIE ET LIEUX DE DIVERTISSEMENT. C’EST LA NOTION DU “WORK, LIVE AND PLAY”. » – Gérald Tremblay

PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL

CÔTOIENT HARMONIEUSEMENT ENVIRONNEMENT

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MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

LE FESTIVAL JUSTE POUR RIRE

« Une zone mixte inégalée est déjà à maturité dans le secteur abritant Ubisoft, coin Saint-Laurent et Saint-Viateur. Tout un quartier s’est développé autour de cette entreprise de logiciels de loisirs interactifs. On y trouve désormais des logements de qualité et abordables, des bars et des restaurants pour se divertir et des services de proximité diversifiés. « Le Quartier de l’innovation, autour de l’École de technologie supérieure (ÉTS), est aussi en pleine ébullition, avec l’arrivée du Carrefour d’innovation INGO, la revitalisation de Griffintown, la construction des Bassins du Nouveau Havre, la présence du Centre Bell et, bien sûr, celle de deux universités, ÉTS et McGill. On crée un milieu de vie complet qui saura certainement attirer de nombreux talents. « Le secteur Namur–Jean-Talon, dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, connu sous le nom Le Triangle, fait pour sa part l'objet d'un vaste projet de revitalisation de 470 M$ et deviendra sous peu un espace urbain vert. Neuf projets résidentiels sont en construction dans ce secteur de 40 hectares, aux abords de deux stations de métro et de grands axes autoroutiers. À terme, 4 200 logements, en plus de commerces de proximité diversifiés, sont prévus. Un tout nouveau milieu de vie se crée là aussi sous nos yeux, transformant ce secteur commercial plutôt négligé en un quartier orienté vers le transport en commun et la qualité de vie. 10

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LE QUARTIER DE L’INNOVATION, AUTOUR DE L’ÉCOLE DE TECHNOLOGIE SUPÉRIEURE (ÉTS), EST AUSSI EN PLEINE ÉBULLITION.

SE MOBILISER CONTRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE Fusion Jeunesse est un organisme qui crée des partenariats innovateurs entre des universités et des écoles afin de contrer le décrochage scolaire en implantant des projets qui motivent les élèves, les stimulent, les attirent et les engagent.

PHOTOS : VILLE DE MONTRÉAL

LE TRIANGLE, LE SECTEUR NAMUR–JEAN-TALON, DANS L’ARRONDISSEMENT DE CÔTE-DES-NEIGES– NOTRE-DAME-DE-GRÂCE

Fusion Jeunesse

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MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

LA CRÉATIVITÉ MONTRÉALAISE SE MET EN MODE COMMERCE Du 22 au 25 mai 2012, Montréal sera l’hôte de la première édition de la Conférence C2-MTL, qui promet d’être courue par les dirigeants d’entreprises cherchant des moyens de placer la créativité au cœur du développement stratégique de leur organisation. Comptant sur des partenaires comme Sid Lee, le Cirque du Soleil, HSM Global et Fast Company, l’événement saura surprendre les participants, alors qu’il se déroulera dans un contexte complètement nouveau et dans un environnement propice à l'invention. Place aux talents montréalais !

Montréal International ATTIRER LES TALENTS Montréal International (MI) poursuit le développement de son expertise et de ses activités d’attraction de talents étrangers, notamment grâce à une subvention de 655 000 $ obtenue dans le cadre de la stratégie d’action de Conseil emploi métropole. Cette subvention permet à MI de contribuer au renforcement du bassin de main-d’œuvre qualifiée de l'agglomération montréalaise selon trois axes d’intervention : l’étude des gisements de talents étrangers, l’utilisation du web et le recrutement international.

« Mais au-delà de la qualité de vie, le talent montréalais est en lui-même très attirant. Les seuls noms Arcade Fire, Cirque du Soleil ou Moment Factory suscitent l'intérêt et incitent les gens à venir s'installer à Montréal. « Les entreprises qui s'établissent chez nous remarquent notre esprit distinctif de collaboration jumelé à notre créativité. On l’a vu lors du lancement de notre nouvelle stratégie de développement économique : des personnages virtuels comme Lara Croft sont habillés par des icônes de la mode montréalaise telle Marie Saint Pierre, la santé et les arts numériques s'associent pour accroître les capacités de guérison des enfants avec la Société des arts technologiques et le CHU Sainte-Justine, etc. Ce type de collaboration est plutôt rare dans le monde.

Montréal gourmand

PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL

UNE NOTORIÉTÉ EN DEVENIR À l’été 2012, Montréal sera une des destinations de l’Omnivore World Tour, un festival culinaire ambulant qui s’arrêtera dans 12 villes du monde réputées pour leur cuisine créatrice. Les chefs Hugue Dufour (M. Wells), Marc-André Jetté et Patrice Demers (Les 400 Coups) ainsi que Derek Dammann et Alex Cruz (DNA) ont été invités à participer à l’Omnivore Food Festival de Paris.

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ILLUSTRATION : VILLE DE MONTRÉAL

C2-MTL

« La gastronomie montréalaise est un autre secteur qui gagne du terrain et affiche un pouvoir attrayant. Des critiques culinaires de toute la planète s’y intéressent, ce qui attire chez nous de grands noms comme Daniel Boulud et son restaurant au Ritz-Carlton. Une image gastronomique de marque est en train de se cristalliser, estimait récemment le vice-président de Tourisme Montréal, Pierre Bellerose, ajoutant que 2012 serait une année très révélatrice pour l'image de “grande ville gastronomique en Amérique du Nord”. « On compte ainsi une grande variété de secteurs d'excellence dans lesquels nous récoltons déjà des médailles dans la course aux talents sur la scène internationale. »


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Richard Deschamps Favoriser l'immigration L'immigration se révèle une source de talents incontournable dans le contexte économique actuel. Outre la forte concurrence au niveau mondial pour attirer des compétences, le ralentissement démographique et le vieillissement de la population au Québec exercent une pression sur les besoins des entreprises et des employeurs. Ces deux facteurs risquent de provoquer des pénuries de main-d’œuvre, entre autres, dans les secteurs économiques à forte valeur ajoutée. Les jeunes actuellement en formation combleront la moitié des emplois, mais l'immigration est une deuxième source qui a toute son importance.

« D’où la nécessité de faciliter l’insertion socioéconomique des immigrants et d’agir de façon concrète sur les facteurs qui freinent leur intégration. Le manque d’expérience de travail et de contacts sur le marché canadien de l'emploi ainsi que la nonreconnaissance de l’expérience et des titres de compétence acquis à l’étranger, expliquent en bonne partie la difficulté des immigrants à s'intégrer parmi nos travailleurs.

PHOTO : ÉLITES PAR DENIS BERNIER

«

RICHARD DESCHAMPS

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MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

Festival international du Startup QUAND L’INNOVATION ET LA TECHNOLOGIE SE RENCONTRENT Du 11 au 13 juillet 2012, ce festival permettra la rencontre de vétérans de l’industrie, de nouveaux venus, de leaders d’opinion et de géants de la technologie de partout à travers le monde dans le cadre d’un événement au déroulement rapide et sans artifice. Le festival, qui en est à sa deuxième édition, propose des lancements de startups, des discours inspirants et des conférences de fond à propos de secteurs chauds comme la mobilité, les réseaux sociaux et le jeu.

Le Congrès mondial des technologies de l’information RÉALISER LES PROMESSES DE L’ÈRE NUMÉRIQUE Du 22 au 24 octobre 2012, Montréal accueillera des milliers de délégués de plus de 80 pays à travers le monde sous le thème « Une vision pour une société numérique mondiale ». Une occasion unique de démontrer le savoir-faire montréalais et de mettre nos infrastructures numériques publiques à niveau.

« LES QUELQUE 30 000 NOUVEAUX IMMIGRANTS ACCUEILLIS CHAQUE ANNÉE REPRÉSENTENT ACTUELLEMENT LE MOTEUR PRÉDOMINANT DE LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE DE L’AGGLOMÉRATION DE MONTRÉAL ET LA PRINCIPALE SOURCE DE CROISSANCE DE L’EMPLOI. » – Richard Deschamps

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« Les quelque 30 000 nouveaux immigrants accueillis chaque année représentent actuellement le moteur prédominant de la croissance démographique de l’agglomération de Montréal et la principale source de croissance de l’emploi. Cependant, le Conference Board du Canada affirme que pour répondre aux besoins, le taux d’immigration devrait connaître une croissance exceptionnelle, ce qui ne fait pas partie des prévisions actuelles au Québec. « Les plus récentes données indiquent que sur 10 immigrants accueillis, l’agglomération de Montréal réussit à en retenir sept, cinq ans après leur arrivée. Les trois autres partent soit en banlieue, soit dans une autre ville canadienne ou un autre pays. L’intégration au travail de ces immigrants et la rétention constituent ainsi un défi de taille que nous avons déjà commencé à relever. « Plusieurs initiatives ont été mises en place récemment afin de répondre adéquatement à ces défis : le Plan emploi métropole; le Conseil emploi métropole; une table de concertation sur les grands enjeux du marché du travail métropolitain de Montréal; la stratégie Défi Montréal, qui vise à favoriser l’accès à l’emploi des Montréalais issus de l’immigration; l’Entente franco-québécoise sur la mobilité professionnelle, visant un meilleur accueil des talents étrangers; le partenariat entre Montréal International et le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles pour favoriser la rétention des travailleurs temporaires spécialisés; l’émission d’un certificat de sélection du Québec pour les étudiants étrangers qui ont obtenu un diplôme au Québec et pour les travailleurs temporaires qui comblent des besoins de main-d’œuvre spécialisée; le programme Interconnexion mis sur pied par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en partenariat avec le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles et Emploi-Québec; le projet Emploi Nexus, choisir, investir, réussir, qui offre soutien et références aux entreprises montréalaises afin de mieux faire face aux défis du recrutement de travailleurs qualifiés issus de l'immigration dans les secteurs de l'aérospatiale, des technologies de l'information, des sciences de la vie et des technologies de la santé. » Des projets qui sont certainement porteurs d’avenir.


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Montréal International Attirer des talents : la grande séduction Entrevue par Danielle Ouellet

INVESTIR, INNOVER, TRAVAILLER, VIVRE DANS LE GRAND MONTRÉAL, VOILÀ AUTANT D'ACTIVITÉS QU'IL FAUT FAIRE VALOIR AUPRÈS DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES POUR LES ATTIRER DANS LA MÉTROPOLE QUÉBÉCOISE. LEUR RECRUTEMENT DOIT CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL (CMM) QUI, AVEC SES 82 MUNICIPALITÉS ET SES 3,9 MILLIONS D'HABITANTS, EST RESPONSABLE DE LA MOITIÉ DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB) DU QUÉBEC. LA COMPÉTITION EST FORTE SUR L'ÉCHIQUIER MONDIAL DE L'ÉCONOMIE DU SAVOIR, MAIS LE GRAND MONTRÉAL POSSÈDE DE NOMBREUX ATOUTS. JACQUES SAINT-LAURENT, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'AGENCE DE PROMOTION DE L'INVESTISSEMENT MONTRÉAL INTERNATIONAL (MI), EXPLIQUE SES OBJECTIFS ET SA STRATÉGIE.

Élites. Dans quelle mesure les entreprises étrangères installées à Montréal contribuent-elles à sa prospérité ? Jacques Saint-Laurent. Leur présence est très payante pour la région métropolitaine. Avec seulement 9 % de l'emploi total de la région, elles génèrent actuellement plus de 20 % du PIB du Grand Montréal. Elles sont créatrices de richesses, car très actives en recherche, en développement et en innovation. Elles offrent des emplois de haut niveau et très bien rémunérés, qui vont souvent jusqu’à une fois et demi le salaire moyen de la région.

JACQUES SAINT-LAURENT Président-directeur général Agence de promotion de l’investissement Montréal International (MI)

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MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

Depuis l'an 2000, les investissements de 7 G$ à travers 450 projets soutenus par MI ont contribué à la création et au maintien de plus de 40 000 emplois. En 2010 seulement, 28 projets spécifiques ont été menés à bien, dont la moitié étaient de nouvelles implantations.

L'entreprise aéronautique française Groupe Latécoère, par exemple, a annoncé l'automne dernier l'ouverture d'une nouvelle filiale canadienne, LATecis, où l'on prévoit créer 60 emplois d'ici 2014. Elle fait ainsi de Montréal sa porte d'entrée pour le marché nord-américain tout en se rapprochant de Bombardier.

É. Quel type d'entreprises ciblez-vous ? J.S.-L. Le recrutement est étroitement aligné sur les priorités économiques de la CMM. Montréal International vise entre autres les secteurs de haute technologie – aérospatiale, sciences de la vie et technologies de la santé (SVTS), technologies de l'information et des communications (TIC). Et les résultats sont encourageants.

Le pouvoir attractif de Montréal en Amérique du Nord 2e pour le nombre d'étudiants universitaires en pourcentage de la population 2e pour la qualité du système de santé et le niveau d'hygiène 3e pour la qualité de vie 5e pour le taux d'attraction des inventions brevetées 7e pour la concentration d'emplois en haute technologie Source : Montréal International (Données 2008-2009-2010)

L’entreprise de jeux vidéo Square Enix Group a pour sa part décidé d'agrandir son studio Eidos-Montréal, établi depuis 2007, avec la création de 100 nouveaux emplois de haute technologie. En 2012, elle ouvrira un autre studio, source de 150 emplois supplémentaires. La Ville de Beauharnois, qui fait partie de la région métropolitaine de Montréal, devient la porte d'entrée nord-américaine de OVH.com, le plus important hébergeur Internet européen, qui investira 127 M$ et créera 117 emplois d'ici trois ans. Nous appuyons les entreprises à toutes les étapes de leur implantation, tout en travaillant aussi à conserver nos acquis. Retenir et soutenir l'expansion des filiales déjà en place est crucial : la moitié des quelque 2 000 entreprises étrangères installées sur notre territoire occupent une position stratégique pour nous en termes de retombées économiques. Nos efforts portent aussi sur l'agroalimentaire, les nanotechnologies et les nouveaux matériaux, les technologies propres et le transport et logistique. Nous privilégions un ciblage « chirurgical », qui vise très directement des entreprises apportant une valeur ajoutée à ces secteurs. É. Comment la compétition se traduit-elle au cours de cette entreprise de séduction ? J.S.-L. La concurrence est très forte avec les autres grandes régions métropolitaines canadiennes, mais aussi américaines et européennes. Nous ne sommes pas les seuls à avoir compris qu'il est rentable d'attirer des entreprises de haute technologie. L'enjeu est de plus en plus difficile et le taux de change du dollar canadien, qui a augmenté face au dollar américain, ralentit les élans de certaines.

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De plus, les filiales montréalaises de grandes sociétés étrangères – par exemple, Bell Helicopter, une filiale de la société américaine Textron – se retrouvent aussi souvent en compétition avec d'autres filiales de la même entreprise installées dans des pays où la main-d'œuvre est moins chère ou qui offrent d'autres avantages. Nous appuyons fortement nos filiales pour qu'elles sortent gagnantes le plus souvent possible. Somme toute, Le Grand Montréal se tire très bien d'affaires.

« LA CONCURRENCE EST TRÈS FORTE AVEC LES AUTRES GRANDES RÉGIONS MÉTROPOLITAINES CANADIENNES, MAIS AUSSI AMÉRICAINES ET EUROPÉENNES. NOUS NE SOMMES PAS LES SEULS À AVOIR COMPRIS QU'IL EST RENTABLE D'ATTIRER DES ENTREPRISES

É. Quels sont nos avantages technologiques stratégiques ? J.S.-L. Nous compensons les difficultés par la qualité du terreau montréalais et nous pouvons compter sur de solides partenaires tels que les secrétariats de grappes industrielles ou Investissement Québec.

DE HAUTE TECHNOLOGIE. L'ENJEU EST DE PLUS EN PLUS DIFFICILE ET LE TAUX DE CHANGE DU DOLLAR CANADIEN, QUI A AUGMENTÉ FACE AU DOLLAR AMÉRICAIN, RALENTIT LES ÉLANS DE CERTAINES. » – Jacques Saint-Laurent

Notre masse critique d'activités dans les secteurs de pointe se situe au cœur de nos actions de recrutement sur le terrain.

« JE SUIS HEUREUX DE TRAVAILLER TRA AVAILLER EN PARTENARIAT PARTENARIA AT A VEC L AVEC LOTO-QUÉBEC, OTO-QUÉBEC, UNE ENTREPRISE QUI S’IMPLIQUE DANS NOTRE NOTRE ÉCONOMIE LOCALE. LOCALE. » DANS CLAUDE THIVIERGE, DIREC DIRECTEUR TEUR DE L’ATELIER L’ATELIER T POLY-TECK POLY Y-TECK

Lot Loto-Québec o-Québec a ttoujours oujours été fidèl fidèle e à sa mis mission sion de ccontribuer ontribuer éc économiquement onomiquement et social socialement ement à la ccollectivité. ollectivité. En 2010-2011, ell elle e a acheté pour plus de 310,9 millions de dollar dollarss en biens et servic services es aupr auprès ès d’entr d’entreprises eprises ffaisant aisant aff affaire aire au Québec.

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MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

« LES JEUNES TRÈS SCOLARISÉS CHERCHENT DE PLUS EN PLUS À S'INSTALLER DANS UNE VILLE QUI LEUR OFFRIRA PLUSIEURS POSSIBILITÉS AU COURS DE LEUR CARRIÈRE, ET LA QUALITÉ DE VIE EST POUR EUX UN CRITÈRE DE PREMIER PLAN. À CET ÉGARD, MONTRÉAL OCCUPE UNE PLACE DE CHOIX, EN PLUS D'OFFRIR UN ENVIRONNEMENT DE HAUT SAVOIR EXTRÊMEMENT RICHE. » – Jacques Saint-Laurent

L’agglomération de Montréal occupe le peloton de tête parmi les grandes régions métropolitaines du Canada pour : > > > > > >

les sommes investies en recherche universitaire le nombre d'étudiants et d'étudiants étrangers universitaires le nombre de centres de recherche le nombre de chercheurs le nombre de brevets détenus le nombre de publications scientifiques issues de collaborations université/entreprise > les investissements en capital de risque pour la période 1996-2011

En 2011, Airports Council International (ACI), qui compte 580 autorités portuaires internationales exploitant plus de 1650 aéroports dans 179 pays, a inauguré son siège social mondial à Montréal, impliquant des dépenses annuelles de 270 M$ et 1 500 emplois directs. Au-delà de ces avantages, la présence d’ACI projette Montréal sur la scène internationale comme ville ouverte sur le monde. Au même moment, le Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, installé ici depuis 2006, annonçait l'agrandissement de ses installations montréalaises en vue de préparer la mise en œuvre du protocole de Nagoya sur la protection de la biodiversité. D'autres métropoles mènent le même combat, mais peu d’entre elles jouissent d'un environnement aussi innovateur que le nôtre. La créativité est aussi un concept économique : le Cirque du Soleil ou le spectacle de Madonna au dernier Super Bowl, qui a été réalisé par l'entreprise montréalaise Moment Factory, en sont des ambassadeurs très convaincants.

Source : Montréal International (Données entre 2005 et 2008)

É. Quels sont les grands défis des prochaines années ? J.S.-L. Nous devrons attirer encore plus de talents. Cela peut paraître paradoxal, car nous avons une excellente et abondante main-d'œuvre hautement qualifiée, mais une véritable guerre des talents a cours à l'international. Les jeunes très scolarisés cherchent de plus en plus à s'installer dans une ville qui leur offrira plusieurs possibilités au cours de leur carrière, et la qualité de vie est pour eux un critère de premier plan. À cet égard, Montréal occupe une place de choix, en plus d'offrir un environnement de haut savoir extrêmement riche (voir encadrés). La reconnaissance de Montréal pour sa joie de vivre, sa gastronomie, sa culture, est telle qu'elle occulte un peu son statut de ville économique où il est avantageux de faire des affaires et de mener une carrière. Nous devons mieux faire connaître cet aspect à l'étranger. 18

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Aérospatiale

Industrie aérospatiale Les PME montent à bord des grands projets d’innovation Dossier par Catherine Flores

L'industrie se mobilise pour ses PME

M

ontréal s’est sans conteste hissée au rang de pôle mondial de l’aérospatiale grâce à la présence de maîtres d’œuvre et d'équipementiers majeurs. Mais l’industrie aérospatiale de la métropole, c’est aussi plus de 200 PME, de toutes tailles, qui gravitent autour des grands joueurs. Le tout forme un écosystème capable d’assurer sa compétitivité à l’international, à la condition qu’on accompagne les PME dans leurs efforts de croissance. « Renforcer les capacités d’innovation des PME est l’une de nos priorités, déclare Suzanne M. Benoît, PDG d’Aéro Montréal. Nous souhaitons les faire participer plus inclusivement aux activités de la grappe industrielle, comme le projet mobilisateur de l’avion plus écologique et l’initiative MACH pour l’optimisation de la performance de la chaîne d’approvisionnement. »

Faire passer une PME du statut de sous-traitant à celui de fournisseur de classe mondiale est un projet ambitieux qui nécessite l'établissement de mécanismes de collaboration étroite entre PME et donneurs d’ordre. « La compétition internationale, et en particulier celle à faible coût de production des pays émergents, exerce une forte pression. Si on veut maintenir les fabricants et la main-d’œuvre à Montréal, il faut donner aux PME l’occasion de s’élever au sein de la chaîne d’approvisionnement et donc dans la filière industrielle mondiale. Mais elles doivent prendre certains risques financiers et technologiques », souligne Mme Benoît.

Les membres d’Aéro Montréal sont mobilisés afin de développer l’expertise et le savoir-faire des PME, notamment en les associant à des projets précompétitifs de collaboration industrielle, comme ceux développés avec le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), et en les aidant à se financer, à se diversifier et à augmenter leur visibilité. « La force du secteur est sa formidable capacité à innover, comme en témoignent les 660 millions investis ici chaque année R-D, et les PME ont leur rôle à jouer sur ce plan », conclut Mme Benoît.

SUZANNE M. BENOÎT Présidente-directrice générale Aéro Montréal

« LA FORCE DU SECTEUR EST SA FORMIDABLE CAPACITÉ À INNOVER, COMME EN TÉMOIGNENT LES 660 MILLIONS INVESTIS ICI CHAQUE ANNÉE EN R-D., ET LES PME ONT LEUR RÔLE À JOUER SUR CE PLAN. » – Suzanne M. Benoît

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L’initiative MACH Affronter le régime minceur de la chaîne d’approvisionnement Faire des PME québécoises des partenaires de classe mondiale

On

observe une tendance très forte au niveau mondial : tous les grands donneurs d’ordre de l’industrie aérospatiale réduisent la complexité de leurs chaînes d’approvisionnement afin de gérer un nombre limité de sous-traitants. Un exemple est celui d’Airbus, qui, pour la fabrication de son A380, est passé de 3 000 fournisseurs à 500. Il incombe dorénavant aux fabricants de produire des systèmes intégrés et de gérer les nombreux sous-traitants qui sont liés à ces systèmes. Cela exige bien souvent une implication accrue des fournisseurs aux étapes de conception et un partage du risque technologique, voire financier. Dans un tel contexte, comment nos PME peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ?

« Nous manquons de PME ayant la taille critique pour assumer ce nouveau rôle, souligne le président du Chantier Chaîne d’approvisionnement d’Aéro Montréal, Philippe Hoste, chef de la direction de Sonaca Montréal. Nos PME doivent absolument se positionner différemment, en élargissant leurs compétences et leurs champs d’intervention. » Le Chantier s’est penché sur cet enjeu majeur. De la réflexion commune des acteurs de la grappe industrielle est née l’initiative MACH. Celle-ci vise à propulser les PME québécoises au rang d’intégrateurs et de fournisseurs de classe mondiale, en misant sur les liens privilégiés de collaboration entre ces derniers et les clients. De grands joueurs de l’industrie comme CAE, Bombardier Aéronautique, Bell Helicopter Textron Canada, Pratt & Whitney Canada, Héroux-Devtek, Mecachrome, L-3 Communications MAS, Mecaer, Sonaca Montréal et plusieurs autres y participent également et agissent comme parrains auprès des PME.

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Ce projet fédérateur comporte plusieurs aspects, explique M. Hoste : « Il y a d’abord un volet diagnostique, soutenu par le Cadre d’excellence MACH, un système de gestion développé par Aéro Montréal pour aider les PME à évaluer leurs résultats, à identifier des écarts de performance et à déterminer les actions nécessaires pour mieux se positionner dans la chaîne d’approvisionnement. Ce système priorise trois leviers fondamentaux : l’excellence en leadership, l’excellence opérationnelle et l’excellence dans la planification et le développement des compétences de la main-d’œuvre. L’outil diagnostique permet d’évaluer la maturité de la PME quant à 15 processus d’affaires clés en mesurant près de 800 points de contrôle. » L’évaluation du fournisseur donne lieu à l’attribution d’un label de performance comprenant cinq niveaux, MACH 1 à MACH 5. Elle est réalisée sans complaisance : la cote la plus basse obtenue dans l’un des processus d’affaires est celle qui sera donnée à l’entreprise. Le diagnostic relève d'un organisme externe et neutre, Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ), afin d’en garantir l’objectivité. Le deuxième volet consiste à aider la PME qui reçoit son diagnostic à se doter d’un plan de développement et à rehausser sa performance à l'égard des lacunes constatées. Une des particularités du programme est d’assurer l’accompagnement de la PME par un parrain, une entreprise cliente qui partagera ses expertises et ses meilleures pratiques, lui fera part de ses propres besoins en tant que client et la guidera dans l’atteinte de ses objectifs. »

Source : Aéro Montréal

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« LES PME AFFRONTENT UNE CONCURRENCE MONDIALE. TOUS LES DONNEURS D’ORDRE CHOISISSENT LES MEILLEURES, L’ENDROIT DANS LE MONDE IMPORTE PEU. NOTRE MODÈLE DE PARRAINAGE EST SANS ÉQUIVALENT AU QUÉBEC ET AU CANADA. » – Philippe Hoste PHILIPPE HOSTE Chef de la direction de Sonaca Montréal

Le budget alloué au programme MACH est de 15 M$ sur cinq ans, auxquels les PME et parrains participants contribuent à hauteur de 40 %. Les autres partenaires à ce jour sont le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, la Commission des partenaires du marché du travail, la Communauté métropolitaine de Montréal, Développement économique Canada et Aluminerie Alouette – une entreprise qui s'implique pour contribuer à donner de la visibilité aux PME participantes. Il est prévu que 70 PME adhèrent à cette initiative, l’objectif étant de permettre à la majorité d’atteindre un niveau de classe mondiale. Une première cohorte de 20 PME a entrepris la démarche, et la sélection des membres de la prochaine cohorte débutera sous peu. M. Hoste est confiant : « Les PME affrontent une concurrence mondiale. Tous les donneurs d’ordre choisissent les meilleures, l’endroit dans le monde importe peu. Alors qu'elles étaient laissées à elles-mêmes pour obtenir une visibilité et espérer trouver des clients, elles disposent avec l’initiative MACH d’un guichet d’accès unique aux donneurs d’ordre. Notre modèle de parrainage est sans équivalent au Québec et au Canada. »

Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec Établi en 2006, Aéro Montréal est un forum stratégique de concertation qui regroupe l'ensemble des premiers dirigeants du secteur aérospatial québécois issus de l'industrie, des établissements d'enseignement et des centres de recherche, en passant par les associations et les syndicats. Sa mission : optimiser la compétitivité, la croissance et le rayonnement de la grappe aérospatiale du Québec afin qu'elle demeure une source de création de richesse pour Montréal, le Québec et le Canada.

L'INDUSTRIE AÉROSPATIALE QUÉBÉCOISE EN QUELQUES CHIFFRES > Montréal, une des trois capitales mondiales de l'aérospatiale avec Toulouse et Seattle > Quelque 235 entreprises > Près de 40 000 travailleurs > 70 % des dépenses totales en R-D canadienne > Un chiffre d'affaires de 10,9 milliards de dollars

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PHOTOS : ABIPA CANADA

Et de souligner que Sonaca Montréal est elle-même un exemple d’organisation qui a pris son envol grâce à sa relation avec une grande entreprise, Bombardier Aéronautique. Il y a 20 ans, Sonaca n'était qu'une PME de 10 employés, nommée NMF, qui avait mis au point une technique de formage performante de panneaux de voilure très minces. Acquise en 2003 par le groupe belge Sonaca, elle emploie aujourd’hui près de 300 personnes et s’affirme sur le marché international de l’aviation régionale et de l’aviation d’affaires, grâce à sa capacité à fabriquer des panneaux d’ailes d'avion en aluminium de grandes dimensions. C’est aussi un intégrateur livrant des pièces finies à partir des dessins techniques de ses clients.

ABIPA CANADA INC., PARRAINÉ PAR SONACA MONTRÉAL « Un de nos points communs, à nous les PME, c’est souvent une vision stratégique à trop court terme », affirme Rui Cabral, directeur général d’Abipa Canada, une des 20 premières PME à participer à l’initiative MACH. Ayant reçu en octobre 2011 son diagnostic d’entreprise, elle s’attelle à son plan de développement, avec le soutien de son parrain Sonaca Montréal.

« UN DE NOS POINTS COMMUNS, À NOUS LES PME, C’EST SOUVENT UNE VISION STRATÉGIQUE À TROP COURT TERME. » – Rui Cabral

Fondée en 1982, la PME lavalloise produisait alors de l’outillage pour différents secteurs d’entreprises. Au cours des années, elle a orienté ses activités uniquement vers l'usinage et la soudure de composants pour l’industrie aérospatiale, grâce aux commandes de Pratt & Whitney Canada, puis de Bombardier Aéronautique, Safran et Rolls-Royce. Elle emploie aujourd’hui une centaine de personnes et l'augmentation de sa productivité laisse prévoir une croissance annuelle de 15 %. Inquiète de la vive compétition des entreprises à bas coûts des pays émergents, elle espère que MACH la propulsera sur le marché international.

PHOTO : ABIPA CANADA

RUI CABRAL Directeur général Abipa Canada inc.

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« Grâce à ce projet, nous pouvons comparer nos forces et nos écarts de performance avec ce qu’attendent les donneurs d’ordre, et nous connaissons leur vision sur un horizon de 10 ans, témoigne M. Cabral. Être aussi proche des stratégies des Bombardier Aéronautique, Pratt & Whitney Canada et autres maîtres d’œuvre nous oblige à pousser plus loin notre stratégie. Cela nous mène aussi à nous poser des questions : avons-nous la masse critique


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LA FORCE D’UNE CHAÎNE Une des entreprises marraines est elle-même une PME de 80 employés : Mecaer America Inc. Cette division du groupe italien Mecaer Aviation Group, établie à Laval, produit des trains d’atterrissage pour avions d’affaires et hélicoptères. Affichant un chiffre d’affaires annuel de près de 18 M$, l’entreprise détient une clientèle essentiellement basée à l’extérieur du Québec, soit en Ontario, en Italie et à Philadelphie.

pour offrir le service requis par le donneur d’ordre ? Faut-il viser à avoir directement celui-ci comme client, ou plutôt ses fournisseurs ? » L'autre avantage du programme, selon M. Cabral, est son effet harmonisateur : « Sur le plan opérationnel, c'est la continuité, car nous visions déjà l’amélioration de nos performances dans le cadre des programmes d’excellence de Bombardier Aéronautique et Pratt & Whitney Canada; mais c'était difficile de travailler simultanément avec différents programmes d’audit de fournisseurs. » Il espère que se multiplient de telles initiatives. Le coaching, le mentorat des grandes entreprises et leur souci de transparence quant à leurs besoins sont fondamentaux. Et il faut favoriser les collaborations à long terme entre PME. »

Sa vice-présidente à la chaîne d'approvisionnement, Anne-Marie Bertrand, qui siège à l'un des chantiers d’Aéro Montréal, tient à souligner la situation des PME de traitement de surface tout au bout de la chaîne. « Ces fournisseurs sont le plus souvent de très petites entreprises négligées, parfois de simples ateliers. Il leur est difficile de prévoir les commandes et de planifier, ce qui les éloigne des grands projets d’Aéro Montréal. Or, une chaîne n’est jamais plus forte que le plus petit de ses maillons… »

ANNE-MARIE BERTRAND Vice-présidente à la chaîne d’approvisionnement Mecaer America inc.

« CES FOURNISSEURS SONT LE PLUS SOUVENT DE TRÈS PETITES ENTREPRISES NÉGLIGÉES, PARFOIS DE SIMPLES ATELIERS. IL LEUR EST DIFFICILE DE PRÉVOIR LES COMMANDES ET DE PLANIFIER, CE QUI LES ÉLOIGNE DES GRANDS PROJETS D’AÉRO MONTRÉAL. OR, UNE CHAÎNE N’EST JAMAIS PLUS FORTE QUE LE PLUS PETIT DE SES MAILLONS… » – Anne-Marie Bertrand

Groupement Aéronautique de Recherche et Développement en eNvironnement

Une industrie aérospatiale plus verte pour un ciel plus bleu La première initiative en aviation écologique au Canada

www.gardn.org

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« IL FAUT JOUER DAVANTAGE LA CARTE DE LA COMPLÉMENTARITÉ, RÉUNIR NOS FORCES POUR DÉVELOPPER NOS RELATIONS AVEC LES CLIENTS POTENTIELS ET LEUR PRÉSENTER DES SOUMISSIONS CONJOINTES. GRÂCE À DES INITIATIVES TELLES QUE MACH, IL Y A DÉJÀ PLUS D’ÉCHANGES ET LA VOLONTÉ DES PME DE COLLABORER DEVIENT TANGIBLE. » – Anne-Marie Bertrand

telles collaborations. « Il faut jouer davantage la carte de la complémentarité, réunir nos forces pour développer nos relations avec les clients potentiels et leur présenter des soumissions conjointes. Grâce à des initiatives telles que MACH, il y a déjà plus d’échanges et la volonté des PME de collaborer devient tangible. »

Souhaitant apporter soutien et visibilité à Lego Centre de finition, son fournisseur de traitement de surface, Mecaer America Inc. lui a offert son parrainage. « Lego a déjà réalisé l’étape d’audit et du rapport diagnostique, et nous travaillons sur son plan d’amélioration. En se renforçant, elle éloigne le risque d’affaiblir toute la chaîne », précise Mme Bertrand, qui souhaite voir s'accentuer les effets de

Mme Bertrand est persuadée que la plupart des entreprises québécoises du secteur peuvent se hisser sur la scène internationale. « Certes, il n’est pas envisageable que les donneurs d’ordre au Canada se passent des fournisseurs extérieurs, et Mecaer pas plus que les autres, mais nos PME peuvent miser sur leurs créneaux forts et innovants. Il faut protéger nos compétences-clés et s’assurer de demeurer compétitifs. »

VOUS VOYEZ BLEU, NOUS PENSONS VERT Nos nouvelles technologies permettent d’offrir des moteurs qui sont plus silencieux, produisent moins d’émissions et consomment moins de carburant. Aujourd’hui, nos moteurs surpassent jusqu’à 50 % plusieurs normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Le monde peut se fier à nous pour les technologies vertes. Et pour un avenir bleu.

WWW.PWC.CA

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Projet SA2GE Ouvrir la piste à l'avion de l'avenir ON ESTIME QU’EN 2030, LE NOMBRE ANNUEL DE VOLS AÉRIENS DANS LE MONDE PASSERA DE 26 À PLUS DE 50 MILLIONS. D'OÙ LE SOUCI DE L'ENVIRONNEMENT AU SEIN DU SECTEUR AÉRONAUTIQUE.

L’

industrie québécoise n’est pas en reste. Six de ses fleurons – Bombardier Aéronautique, Bell Helicopter Textron Canada, Esterline CMC Électronique, HérouxDevtek, Pratt & Whitney Canada et Thales Canada – ont créé le Regroupement pour le développement de l’avion plus écologique, visant à préparer la voie à l’avion de demain, un appareil plus « vert ». Ceci a donné naissance récemment à l’initiative SA2GE (Systèmes Aéronautiques d'Avant-Garde pour l'Environnement), qui développe cinq sous-projets pilotés par ses membres : fuselage, moteurs d’avion moins polluants, avionique intégrée pour les applications des postes de pilotage, systèmes critiques et trains d’atterissage du futur.

Doté d’un budget de 150 M$ sur quatre ans, dont 80 apportés par l’industrie et 70 par le gouvernement provincial, SA2GE fait partie des projets qualifiés de « mobilisateurs » dans la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2010-2013 (SQRI). Ses partenaires industriels s’associent avec des entreprises et des centres de recherche québécois pour mener leurs activités de R-D. Dans les seules six entreprises du Regroupement, l’initiative devrait permettre de créer ou de maintenir 120 emplois.

PATRICK CHAMPAGNE Vice-président aux postes de pilotage et à l’intégration de systèmes Esterline CMC Électronique

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SA2GE vise non pas la conception d'un nouvel avion, mais l'amélioration des composantes. « Notre but : des avions plus performants, plus légers, moins bruyants, moins consommateurs de carburant et, de façon générale, plus respectueux de l’environnement », explique Patrick Champagne, vice-président aux postes de pilotage et à l'intégration de systèmes chez Esterline CMC Électronique, et responsable du volet avionique intégrée pour les applications des postes de pilotage de SA2GE. « Pour nous, cela passe par l’utilisation des technologies les plus innovantes, mais aussi par l’activation de réseaux d’entreprises qui développent et exploitent des compétences en commun.»

« NOTRE BUT : DES AVIONS PLUS PERFORMANTS, PLUS

Ce volet améliorera la performance de navigation des appareils, même en cas de conditions climatiques défavorables, et rendra plus précise la prédiction du moment de l’atterrissage, tout en réduisant les écarts de distance entre les avions. Quand le trafic aérien augmente, ou quand la météo retarde le décollage ou l’atterrissage, la congestion aux aéroports s’accroît. En attendant qu’une piste se libère, les appareils sont contraints de tourner, brûlant inutilement du carburant. Une solution est de regrouper, en face du pilote, les systèmes de calcul, d’affichage, de commande et de lecture de signaux dans un seul ensemble. « Il prendra de meilleures décisions, et obtiendra plus rapidement et plus facilement les données requises. »

LÉGERS, MOINS BRUYANTS, MOINS CONSOMMATEURS DE CARBURANT ET, DE FAÇON GÉNÉRALE, PLUS RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT. » – Patrick Champagne

L’INGÉNIOSITÉ DONNE DES AILES AUX IDÉES. L’ingéniosité naît de la rencontre entre l’imagination et le possible. C’est dans nos traditions de mettre le cap sur l’avenir lorsqu’il s’agit de relever les défis de l’industrie aéronautique. C’est ce qui fait de Bombardier un chef de file mondial en matière de réflexion stratégique, d’expertise technique et de solutions ingénieuses. Nous avons une volonté à toute épreuve et démontrons notre résilience. TOUT EST DANS NOTRE FAÇON DE PENSER.

aero.bombardier.com

Le programme des avions CSeries est présentement en phase d’élaboration et, à ce titre, est susceptible d’être modifié au niveau de la stratégie, de l’image de marque, de la capacité, de la performance, de l’aménagement intérieur ou des systèmes des appareils. Toutes les spécifications et les données sont approximatives, peuvent changer sans avis et sont sous réserve de certains règlements d’exploitation, hypothèses et autres conditions. L’appareil et la configuration réels peuvent différer de l’image illustrée. Bombardier, CSeries sont des marques de commerce de Bombardier Inc. ou de ses filiales.

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10 bougies et beaucoup de projets pour le CRIAQ

Le

Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) fête ses 10 ans cette année. Il compte parmi ses grands succès d’avoir su marier la culture du milieu de la recherche à la culture industrielle. Pour son PDG, Clément Fortin, le modèle de partenariat proposé par le Consortium – collaboration pour un même projet entre deux entreprises et deux universités ou centres de recherche –, unique en son genre, a favorisé la confiance entre partenaires. « On évite toujours les situations de compétition entre eux. En outre, l’entente de propriété intellectuelle générique que nous avons développée pour les projets précompétitifs favorise grandement ces échanges. »

Ce modèle de collaboration ouverte fait des envieux partout. « Nous avons signé plusieurs ententes de coopération internationale, dont un bon nombre en Asie, et récemment en Inde, pour la fabrication de biocarburant avec une pétrolière indienne qui investit 4 M$. Nous prévoyons étendre notre modèle à l’échelle canadienne », annonce M. Fortin. CLÉMENT FORTIN Président-directeur général Les projets de recherche chapeautés CRIAQ par le CRIAQ sont précompétitifs. Le PDG s'oriente vers la conception de démonstrateurs en construisant davantage de passerelles entre le stade de la recherche et celui du développement de produits. « Un CRIAQ+, en quelque sorte. »

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M O D É L I S A T I O N . S I M U L A T I O N . F O R M A T I O N .

« NOTRE FORUM BIANNUEL CONSTITUE UNE OCCASION EXCEPTIONNELLE POUR LES ENTREPRISES DE PRÉSENTER LEURS PROJETS ET DE REPÉRER DES PARTENAIRES POUR LES RÉALISER. PLUSIEURS PME TIRERAIENT PROFIT DE CE ‘’SPEED-DATING DE LA RECHERCHE’’ ! » – Clément Fortin

S’apprêtant à lancer son prochain forum en mai, le CRIAQ souhaite y accueillir davantage de PME. « Notre forum biannuel constitue une occasion exceptionnelle pour les entreprises de présenter leurs projets et de repérer des partenaires pour les réaliser. Plusieurs PME tireraient profit de ce ‘’speed-dating de la recherche’’ ! » Le CRIAQ compte 36 PME parmi ses membres. « Certaines viennent dans l’unique espoir d’augmenter leur visibilité auprès des grandes entreprises. Ce n’est pas, à mon avis, la meilleure façon de saisir les occasions d’affaires, regrette M. Fortin. Nous pouvons aider les PME à prendre entièrement part à la stratégie collaborative, que ce soit lors du forum ou lors des réunions du comité de la recherche rassemblant des gestionnaires de la recherche des universités et des centres de recherche. »

CAE est un chef de file mondial dans les domaines de l’aviation civile et des forces de défense du monde entier. s PLUS DE EMPLOYÏS Ì -ONTRÏAL s PLUS DE EMPLOYÏS Ì TRAVERS LE MONDE s CLIENTS DANS PLUS DE PAYS s PRÏSENCE DANS PLUS DE PAYS s FORMATION DE PLUS DE MEMBRES D ÏQUIPAGE CHAQUE ANNÏE cae.com

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Parmi les projets du CRIAQ pouvant offrir un bon tremplin aux PME, mentionnons aussi ceux avec le Groupement Aéronautique de Recherche et Développement en environnement (GARDN), une initiative fédérale visant le financement de recherches industrielles.


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LA DISPONIBILITÉ D’UNE MAIND’ŒUVRE QUALIFIÉE EST UN DES ATOUTS MAJEURS DU SECTEUR AÉROSPATIAL QUÉBÉCOIS. UN DIALOGUE BIEN ÉTABLI ENTRE LES UNIVERSITÉS ET LES ENTREPRISES ASSURE L'ÉQUILIBRE ENTRE LES BESOINS DE CES DERNIÈRES ET LE NOMBRE D'INGÉNIEURS FORMÉS. « LE DÉVELOPPEMENT DE PROGRAMMES OU DE COURS UNIVERSITAIRES DE GÉNIE AÉROSPATIAL TIENT COMPTE DES BESOINS DE L’INDUSTRIE, ET LA PRÉSENCE D’UN INSTITUT AÉROSPATIAL DANS LES QUATRE FACULTÉS OU ÉCOLES DE GÉNIE MONTRÉALAISES AGIT COMME CATALYSEUR », AFFIRME MME SUZANNE M. BENOÎT, PDG D’AÉRO MONTRÉAL.

PHOTO : ÉNA

Disponibilité des talents M. Patrick Champagne, d’Esterline CMC Électronique, se réjouit : « Les jeunes diplômés sont aujourd’hui plus ouverts sur le monde et savent davantage travailler en équipe. Ils ont bénéficié de programmes plus complets, mieux arrimés avec l’industrie, et de stages en entreprise. » Le multiculturalisme du milieu scolaire d’aujourd’hui est selon lui une chance : « […] les diplômés ont été habitués très tôt à la diversité culturelle. Pour des entreprises comme la nôtre, qui réalisent 85 % du chiffre d’affaires hors frontières, de tels collaborateurs sont un atout. » Mais tous les représentants de l’industrie s’accordent à dire qu’on manque de techniciens spécialisés. L’École nationale d’aérotechnique (ÉNA), qui offre des programmes spécialisés en construction aéronautique, en entretien d'aéronefs et en avionique, accueille 900 étudiants à temps plein, alors qu’elle a la capacité d’en accueillir 1300. De beaux démarrages de carrière s’offrent à ses diplômés, avec des salaires oscillant entre 17,33 $ et 30 $ l’heure et des taux de placement de l’ordre de 100 % en construction aéronautique. « Une grande partie de nos diplômés

SERGE BRASSET Directeur général du Collège Édouard-Montpetit et directeur de l’École nationale d’aérotechnique

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AÉROSPATIALE

PHOTO : ÉNA

ANDRÉ MARCIL Directeur des partenariats d’affaires de l’ÉNA ainsi que du Centre de services aux entreprises et de formation continue

« NOUS DÉVELOPPONS NOTAMMENT DES FORMATIONS COURTES ET SUR MESURE, TRÈS INTÉRESSANTES POUR LES PME PRÉOCCUPÉES PAR L’OBTENTION RAPIDE D’EXPERTISES. » – André Marcil

Un réseau unique de donneurs d’ordres et de fournisseurs Fournisseurs Fournisseurs

Donneurs Donneurs d’ordres d’ordres

Organismes Organismes économiques économiques

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info@stiq.com

L’ÉNA offre également de la formation continue. « Nous développons notamment des formations courtes et sur mesure, très intéressantes pour les PME préoccupées par l’obtention rapide d’expertises », indique André Marcil, directeur du Centre de services aux entreprises et de formation continue.

L'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM) offre un programme de neuf mois unique au Québec, dont les admissions sont ajustées aux besoins de l’industrie.

réunissant l’offre et la demande manufacturières !

514 875-8789

poursuivent leurs études à l’université », mentionne Serge Brasset, directeur général du Collège Édouard-Montpetit et directeur de l'École nationale d'aérotechnique.

www.stiq.com

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Selon une récente étude du CAMAQ sur les besoins en aérospatiale, l’industrie québécoise prévoit devoir recruter 3600 employés en 2012, dont 500 techniciens. « Le point culminant des besoins devrait être atteint en 2016. Ce sera la folie furieuse pour le recrutement d’ingénieurs, de spécialistes et de gens du métier ! », précise Mme Benoît.


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AÉROSPATIALE

Un ciel favorable à l’industrie aérospatiale québécoise

GILLES LABBÉ Président du conseil d’administration d’Aéro Montréal ainsi que président et chef de la direction de Héroux-Devtek

GILLES LABBÉ, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION D’AÉRO MONTRÉAL AINSI QUE PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION DE HÉROUX-DEVTEK, CHEF DE FILE CANADIEN DE LA CONCEPTION ET DE LA PRODUCTION DE TRAINS D’ATTERRISSAGE, PORTE UN REGARD OPTIMISTE SUR L’AVENIR. LES TENDANCES DE L’INDUSTRIE ANNONCENT EN EFFET DES PERSPECTIVES DE CROISSANCE PROMETTEUSES POUR L’INTÉGRATEUR COMME POUR SES PARTENAIRES.

POUR L'ESSOR DES PME LOCALES Pour M. Labbé, la vitalité de l’industrie aérospatiale québécoise dépend directement du développement des synergies entre les maîtres d'œuvre, les équipementiers et le réseau des PME. C’est pourquoi Héroux-Devtek est pleinement engagée dans le développement de sa chaîne d’approvisionnement au Québec, prenant part notamment, comme plusieurs entreprises du secteur aérospatial, au programme MACH, une initiative d’Aéro Montréal. « Aujourd’hui, être compétitif ne signifie plus seulement être le plus avantageux possible sur le plan des coûts, c’est aussi offrir un service complet en plus d’un produit, ce qui va de la conception au service après-vente. C’est vrai pour les intégrateurs comme nous, ça l’est aussi pour les PME », souligne M. Labbé. Ce dernier fait un parallèle avec le rôle de Héroux-Devtek auprès de ses clients, qui s’est considérablement élargi : « Nous ne sommes plus dans une stricte relation clientsfournisseurs, mais dans une relation de partenariat. Nous collaborons étroitement avec nos clients dans le développement de leurs nouveaux modèles d’appareils. Ce qui implique également un partage des risques financiers. Cette logique d’affaires s’applique aussi aux PME. En travaillant tous avec les mêmes objectifs, nous serons tous plus forts. » BILAN DE SANTÉ POSITIF « La bonne santé du secteur de l’aviation commerciale mondiale se reflète dans les carnets de commande de nos clients », constate M. Labbé. Ainsi Boeing, qui a annoncé à la fin de 2011 des commandes se chiffrant à 356 milliards et une augmentation de 9 % du chiffre d’affaires de sa division aviation civile, mise sur près de 600 livraisons d'avions civils pour cette année. Pour sa part, Airbus, qui a connu une année record pour ses commandes en 2011, estime voir celles-ci s’élever autour de 650 en 2012.

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Du côté de l’aviation d’affaires, qui avait connu un creux entre 2008 et 2011, une reprise semble s’amorcer, notamment grâce aux commandes asiatiques. Par exemple, Bombardier a officialisé des commandes de son CRJ-900 par la compagnie chinoise China Express Airlines. Une étude réalisée par Honeywell montre par ailleurs que les intentions d'achat en Asie pour la période 2012-2015 ont augmenté de 5 points par rapport à 2011, soit plus que celles des autres régions du monde. Déception cependant en ce qui concerne l’aviation militaire, secteur où Héroux-Devtek réalise 50 % de son volume d’affaires, avec l’annonce des compressions dans le budget de la Défense américaine. « Cela aura certes un impact sur les programmes d’aviation militaire, mais le gouvernement américain maintient son engagement envers un certain nombre d’appareils dans le cadre de ces programmes », précise M. Labbé. Par exemple, on prévoit 2400 appareils pour le F-35 Joint Strike Fighter, dont 600 destinés à

l’extérieur des États-Unis. Chacun d’eux représente environ 750 000 $ de revenus pour Héroux-Devtek, qui leur fournit des éléments de structure. « La croissance dans ce secteur sera moins rapide que nous l’espérions, mais ce sera quand même une croissance », constate M. Labbé. L’INNOVATION AU CŒUR DE LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT L’autre facteur-clé de la croissance s’appelle innovation. L’industrie canadienne aérospatiale investit pas moins de 1,4 G$ en R-D annuellement. « La hausse des prix du pétrole favorise les avions moins gourmands en carburant. Tous les avionneurs engagent actuellement leurs efforts pour la construction de tels appareils. Nos projets en R-D s’inscrivent dans ce mouvement, en visant notamment le développement de technologies qui nous permettront de fabriquer des trains d’atterrissage plus légers, et aussi moins bruyants », rapporte M. Labbé.

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AÉROSPATIALE

Son entreprise a désigné le développement de produits exclusifs à valeur ajoutée fondés sur l'ingénierie de conception comme son premier objectif stratégique et elle investit 5 % de son chiffre d’affaires à cette fin. Son équipe de R-D, qui compte aujourd’hui une centaine d’ingénieurs et de chercheurs, soit dix fois plus qu’il y a dix ans, vient d’être dotée d’un lieu à la hauteur de sa mission : un nouveau centre de développement qui permet de réaliser la simulation des atterrissages. Établi à Saint-Hubert, ce centre représente, pour Héroux-Devtek, un investissement de plus de 5 M$.

« DANS NOTRE DOMAINE, UN BON GESTIONNAIRE DOIT VRAIMENT PENSER À TRÈS LONG TERME. LORSQU’ON ENTAME UNE RELATION COMMERCIALE, IL FAUT ÊTRE CONSCIENT QU’IL PEUT S’ÉCOULER BEAUCOUP DE TEMPS AVANT DE REMPORTER UN CONTRAT ! » –Gilles Labbé

L’équipe de R-D doit de plus répondre à la demande de systèmes requérant une maintenance plus simple et plus rapide. Elle s’attelle également à la mise au point de nouveaux procédés de fabrication de revêtements de protection contre la corrosion plus respectueux de l’environnement. IMPLANTATION À L’INTERNATIONAL Héroux-Devtek s’est implantée depuis peu à Querétaro, au Mexique, afin d’accompagner le développement de ses clients, en particulier Bombardier et Bell Helicopter. Ce développement hors frontières représente-t-il une menace pour la main-d’œuvre québécoise ? Selon M. Labbé, le développement des projets de Héroux-Devtek assure suffisamment de travail à ses équipes au Canada, de sorte que celles-ci ne pâtissent pas du transfert de certaines tâches au Mexique. « Nous sommes soumis à l’impératif de demeurer compétitifs, tout en tenant à favoriser la conservation des savoir-faire et de la main-d’œuvre qualifiée chez nous. C’est un équilibre délicat à obtenir, mais je pense que nous sommes en mesure de l’atteindre », assure-t-il.

NOUS SOMMES COMPLICES DE VOTRE SUCCÈS L’usine mexicaine de Héroux-Devtek emploie à l’heure actuelle une vingtaine de personnes. Elle produira cette année les premières pièces de fuselage et d’ailes. D’ici à 2014, avec l’augmentation prévue de son volume d’affaires, elle devrait voir ses effectifs quintupler et sa superficie de production passer de 50 000 à 150 000 pi2. LEÇON D’OPTIMISME Selon M. Labbé, le secret pour réussir dans ce marché délicat qu’est l’aérospatiale, c’est la persévérance. « Dans notre domaine, un bon gestionnaire doit vraiment penser à très long terme. Lorsqu’on entame une relation commerciale, il faut être conscient qu’il peut s’écouler beaucoup de temps avant de remporter un contrat ! »

L’École nationale d’aérotechnique et le Centre technologique en aérospatiale : une expertise unique et des installations exceptionnelles pour la formation, la recherche et l’innovation.

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www.aerospatiale.org

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Et de mentionner qu’il a fallu, par exemple, pas moins de dix ans avant que Héroux-Devtek ne signe son premier contrat avec Lockheed Martin Aeronautics, en 1997. À l’heure actuelle, les deux entreprises ont une entente de sept ans, et de près de 70 M$, pour la fabrication du train d'atterrissage de l'appareil C-130J Super Hercules. « J’ai l’habitude de dire que, pour réussir dans notre secteur, il faut estimer qu’un non aujourd’hui, ce sera un oui demain », conclut M. Labbé.


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Sciences de la vie

Un nouveau souffle pour les sciences de la vie et les technologies de la santé Dossier par Danielle Ouellet

La médecine personnalisée fait l'objet d'investissements gouvernementaux et privés majeurs, la science s'allie avec l'économie, les entreprises pharmaceutiques réorganisent leur secteur recherche, des milliards sont investis dans la construction de nouveaux établissements dédiés à la santé tandis que les efforts pour attirer et garder des entreprises liées aux sciences de la vie et aux technologies de la santé à Montréal s'intensifient. L'avenir est prometteur.

ILLUSTRATION : ISTOCKPHOTO PAR ARTCALIN

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SCIENCES DE LA VIE

Lier science et économie En

ILLUSTRATION : ISTOCKPHOTO PAR VLADIMIR

2011, le gouvernement du Québec annonçait des investissements de 20 M$ dans la médecine personnalisée, une approche de soins liée à notre identité propre et qui se révèle une niche prometteuse tant pour Montréal que pour le Québec. L'entreprise privée allait devoir, en contrepartie, contribuer un montant équivalent. Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, affirme avoir reçu une demi-douzaine de propositions de projets : mise en valeur et consolidation d'une plateforme performante de validation de biomarqueurs, programmes de développement de produits telles des trousses de diagnostic, réalisation d'outils numériques, stratégie d'intégration et d'évaluation de ces outils dans le système de santé du Québec. Les projets acceptés seront dévoilés au printemps et leurs retombées stimuleront de façon majeure l'activité économique de ce secteur.

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S'ajoute à cet effort un grand concours de Génome Canada sur la génomique et la santé personnalisée, en collaboration avec les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Consortium sur les cellules souches du cancer (CCSC). En effet, l'organisme allouera près de 67,5 M$ pour favoMARC LEPAGE Président-directeur général riser la mise au point de Génome Québec traitements plus efficaces et ainsi stimuler la compétitivité du Canada en matière de médecine personnalisée. Fait nouveau, une composante économique doit faire partie intégrante des projets soumis : « Il s'agit d'une première, précise le nouveau président-directeur général de Génome Québec, Marc LePage. Les candidats devront prévoir les retombées socioéconomiques concrètes de leurs travaux


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et proposer des stratégies pour leur mise en œuvre. Un pourcentage important de l'évaluation sera attribué à ce volet, du jamais vu ! Nous sommes confiants que les chercheurs du Québec se classeront bien dans ce concours : nous avons déjà de gros joueurs dans différents domaines, notamment en oncologie, cardiovasculaire, neurologie, diabète et infectiologie. » Michelle Savoie, directrice générale de la grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé du Grand Montréal, Montréal InVivo, se réjouit de cette approche : « Nous collaborons étroitement avec Génome Québec, Génome Canada et les IRSC pour stimuler le développement de ce secteur au Québec. Nous créons une masse critique d'activités en médecine personnalisée qui mettra en vitrine notre expertise à l'international pour attirer des investisseurs. La création d'un nouvel organisme, le Regroupement en soins de santé personnalisés, un organisme sans but lucratif chargé d'implanter la stratégie développée pour ce secteur, ajoute-t-elle du même souffle, sera annoncée sans doute en juin 2012. »

L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE SE TRANSFORME Les derniers mois ont été le théâtre de nombreuses suppressions d'emplois dans le secteur pharmaceutique. « La situation affecte surtout la recherche et elle peut inquiéter, convient Michelle Savoie. Elle est toutefois liée à une transformation, depuis quelques années, du modèle d'affaires des entreprises pharmaceutiques, partout dans le monde. Souvent, celles-ci ne quittent pas Montréal. Elles délaissent le développement de nouvelles molécules à l'interne et s'allient à des biotechs, comme Caprion en protéomique, ou Coréalis, spécialisée en développement de produits pharmaceutiques - capsules, comprimés, granules -, ou encore à des laboratoires de recherche universitaires, tels l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal, l’Institut de cardiologie de Montréal, le Centre d’innovation Génome Québec et Université McGill, etc., générant ainsi de nombreuses occasions d'affaires.

« NOUS SOMMES CONFIANTS QUE LES CHERCHEURS DU QUÉBEC SE CLASSERONT BIEN DANS CE CONCOURS : NOUS AVONS DÉJÀ DE GROS JOUEURS DANS DIFFÉRENTS DOMAINES, NOTAMMENT EN ONCOLOGIE, CARDIOVASCULAIRE, NEUROLOGIE, DIABÈTE ET INFECTIOLOGIE. » – Marc LePage

UN SCIENTIFIQUE EN CHEF POUR LE QUÉBEC Le 1er septembre 2011, le Québec s'est doté d'un scientifique en chef. Chercheur en sciences de la vie, Rémi Quirion avait été jusque-là directeur scientifique de l'Institut Douglas, où son laboratoire menait des travaux sur le vieillissement et sur la maladie d'Alzheimer. Aujourd'hui, son rôle est de conseiller le gouvernement en matière de sciences dans un monde où l'interdisciplinarité est en train de devenir la norme : « Il est important de diminuer l'effet silo entre les différentes disciplines, explique-t-il. L'accès aux soins de santé, par exemple, bénéficie de plus en plus de l'apport d'autres professionnels - ingénieurs, éthiciens, artistes, etc. ». Ainsi, le scientifque en chef préside les conseils d'administration des trois grands organismes subventionnaires du Québec, le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), le Fonds québécois de recherche sur la nature et les technologies (FQRNT) et le Fonds de recherche sur la santé du Québec (FRSQ), « une posture de choix pour faire des liens ».

RÉMI QUIRION

Rémi Quirion complète actuellement une grande tournée de consultation auprès des 18 établissements universitaires du Québec. Heureux de constater l'enthousiasme des chercheurs de toute provenance, il se donne deux grands objectifs pour les cinq prochaines années : « Je veux consolider et bonifier le financement des grands fonds de recherche du Québec et mettre sur les rails quatre ou cinq projets intersectoriels de grande envergure. » À cet égard, le secteur minier, le vieillissement de la population, la culture, l'imagerie et le multimédia, et la formation d'une relève de haut niveau alimentent actuellement ses réflexions.

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PHOTO : ÉLITES PAR DENIS BERNIER

SCIENCES DE LA VIE

MICHELLE SAVOIE Directrice générale Montréal InVivo

« Une nouvelle ère se dessine, poursuit Michelle Savoie. À nous de bien nous positionner… Pour cela, nous nous assurerons de soutenir adéquatement nos entreprises et nos centres de recherche universitaires. Ils doivent avoir accès à du financement à différents maillons de la chaîne de développement de médicaments. La grande entreprise doit elle aussi être appuyée, et ce notamment dans le domaine de la propriété intellectuelle, dans lequel le Canada a pris du retard quant à sa compétitivité mondiale. À cet égard, le gouvernement québécois doit jouer son rôle auprès de ses homologues fédéraux pour moderniser notre approche, en particulier en ce qui concerne les brevets. »

CENTRE D’INNOVATION GÉNOME QUÉBEC ET UNIVERSITÉ MCGILL

par exemple, qui produit un traitement destiné aux patients atteints d'hypophosphatasie (HPP), une maladie génétique rare et souvent mortelle, a été achetée par la société américaine Alexion Pharmaceuticals pour près d'un milliard de dollars. Des investisseurs montréalais comme le Fonds de solidarité FTQ et Desjardins Capital de risque en profiteront sans doute.

La direction de Montréal InVivo a aussi l'intention de cibler, de développer et de promouvoir les secteurs d'excellence québécois pour que le pipeline de découvertes de médicaments et de procédés soit encore plus productif. Mais que dire du nombre grandissant de biotechs performantes achetées par des entreprises étrangères ? « Les conséquences se situent sur deux plans, indique Mme Savoie, qui évalue cette situation avec optimisme. Tout d'abord, ces achats créent un retour de capital possiblement très intéressant pour les investisseurs locaux. Enobia Pharma,

« Autre impact positif : dans plusieurs cas, les compétences montréalaises restent ici, ajoute Mme Savoie. Cela s'est produit notamment lors de l'achat de la lavalloise ViroChem Pharma, issue de Biochem Pharma, à l'origine de la trithérapie pour le sida, par l'américaine Vertex. Celle-ci a conservé le laboratoire de Laval et même augmenté le nombre d'employés. De même, Elekta, qui a acheté Resonant Medical, spécialisée en imagerie par résonance magnétique, a fait du laboratoire montréalais un centre d'excellence d'envergure mondiale. »

Montréal InVivo > Regroupe 620 organisations, dont quelque 150 organismes de recherche et 80 filiales d'entreprises étrangères > Rassemble 43 000 travailleurs et travailleuses qualifiés > S'appuie sur 11 établissements d'enseignement supérieur

PHOTO : GÉNOME QUÉBEC

Source : Montréal InVivo

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AUGMENTER LE POUVOIR D'ATTRACTION DE MONTRÉAL Quelque 5,5 G$ sont actuellement investis par le gouvernement du Québec pour moderniser les établissements du secteur de la santé à Montréal. Le nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et son centre de recherche recueillent la part du lion avec 2,5 G$ (voir p. 44). Ils constituent le noyau de départ du Quartier de la santé, qui comprendra aussi le campus NormanBethune, spécialisé en santé des populations, et qui accueille déjà l'Université du Québec à Montréal (UQAM) sur son territoire. Celle-ci compte plus de cent professeurs et une vingtaine d’unités de recherche qui s’intéressent à la santé et aux sciences de la vie, et environ cinquante programmes d’études aux trois cycles en lien avec la santé.


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&KH] 0HUFN QRXV WUDYDLOORQV IRUW SRXU TXH OH PRQGH VH SRUWH bien. Comment? En fournissant aux gens, partout Ă travers le monde, des mĂŠdicaments d’ordonnance novateurs, des vaccins, des produits grand public et des produits de santĂŠ animale. Nous offrons ĂŠgalement des solutions de premier plan en matière de santĂŠ qui font une diffĂŠrence. Nous accomplissons cela tout en ĂŠcoutant les patients, les mĂŠdecins et nos autres partenaires, en plus de devancer leurs besoins.

Notre raison d’être

Nous croyons qu’il est de notre devoir de s’assurer que nos produits puissent ĂŞtre disponibles pour ceux qui en ont besoin, peu importe oĂš ils se trouvent ou leur capacitĂŠ de payer. Nous avons donc mis en place des programmes et des partenariats GÂśHQYHUJXUH DÂż Q GÂśDWWHLQGUH FH EXW 9RXV SRXYH] HQ DSSUHQGUH plus sur merck.ca. 1RWUH TXrWH VH SRXUVXLW VH UHGpÂż QLU SRXU HQWUHWHQLU OÂśHVSRLU d’un plus grand nombre de personnes partout dans le monde. Nos objectifs sont bien ĂŠtablis et notre engagement est indĂŠfectible. Nous consacrons tous nos efforts Ă la rĂŠsolution de problèmes et la recherche de nouvelles solutions.

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Š 2011 Merck Sharp & Dohme Corp., une filiale Ă part entière de Merck & Co., Inc., Whitehouse Station, New Jersey, É.-U. Tous droits rĂŠservĂŠs.


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SCIENCES DE LA VIE

« LA PRESQUE TOTALITÉ DES RÉGIONS DU MONDE ONT CIBLÉ LES SECTEURS DU SAVOIR, EN PARTICULIER CELUI DES SCIENCES DE LA VIE, COMME MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. » – Michelle Savoie

Le CHU Sainte-Justine a reçu près de 1 G$ (voir p. 43) pour se moderniser et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) près de 2 G$ pour construire le campus Glen, qui regroupera l'essentiel des soins de santé et de la recherche à McGill. S'y retrouveront dès 2014 l'Hôpital de Montréal pour enfants, l'Hôpital Royal Victoria, l'Institut thoracique de Montréal, le Centre du cancer et l'Institut de recherche du CUSM avec ses quelque 500 chercheurs. Le campus Lachine, avec l'hôpital qui s'y trouve, et le campus de la Montagne, organisé autour de l'Hôpital général de Montréal, complètent la réorganisation de McGill. Toutes ces nouvelles installations visent l'amélioration des soins de santé tandis que les services et les activités de recherche liés à cet objectif deviendront des incitatifs puissants pour attirer des entreprises dans la région métropolitaine.

Les directions de ces trois hôpitaux ont à cœur de placer Montréal et le Québec dans le peloton de tête mondial. Dans ce contexte, la complémentarité est essentielle pour ne pas dédoubler les efforts : « Le Centre d'innovation Génome Québec et Université McGill est un excellent modèle de collaboration, souligne Marc LePage. Les équipements de recherche en génomique ont été rassemblés en un seul lieu, ce qui réduit les coûts d'achat et d'utilisation tout en augmentant la productivité du Québec. On y compte près de 70 employés et 800 utilisateurs canadiens (60 %) et étrangers (40 %), surtout américains. Le tout engendre un chiffre d'affaires de 10 M$ par année. Les activités de tous s'en trouvent mises en valeur. » Pour la PDG de Montréal In Vivo, ces efforts sont indispensables : « La presque totalité des régions du monde ont ciblé les secteurs du savoir, en particulier celui des sciences de la vie, comme moteur de développement économique. L'enjeu, pour Montréal, est notre capacité de bien nous positionner comme leader mondial dans nos secteurs d'excellence en nous dotant des bonnes orientations, des meilleures stratégies et des politiques les plus efficaces pour attirer et retenir les investisseurs et pour stimuler le développement d’entreprises québécoises performantes. »

Chez Pfizer, nous croyons que pour être vraiment en santé, il faut plus que des médicaments. Bienvenue sur plusquedesmedicaments.ca. Un site pour ceux qui aspirent chaque jour au bien-être et à une meilleure santé.

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2010, le gouvernement du Québec annonçait un investissement de 995 M$ pour moderniser les installations du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, qualifié alors de « joyau de la médecine pédiatrique » par le premier ministre Jean Charest. Pour le directeur général du CHU Sainte-Justine, le Dr Fabrice Brunet, ce projet est avant tout un investissement dans la santé de la population québécoise : « Au-delà des constructions, dit-il, les retombées économiques les plus importantes viendront à travers les générations futures. Nous voulons que les enfants d'aujourd'hui deviennent des adultes en santé et qu'ils participent ainsi plus efficacement au développement économique. La richesse des cerveaux est étroitement liée à la santé des gens. » L'ancien édifice sera rénové et comprendra le secteur ambulatoire, les laboratoires et les installations d'enseignement. Le nouveau bâtiment, dont la construction débute en mars, abritera les soins intensifs en néonatologie et en pédiatrie, le centre des naissances, le bloc opératoire et le secteur de l'imagerie médicale. Le centre de recherche occupera 27 000 mètres carrés et le nombre de chercheurs qu'il pourra accueillir passera de 165 à 265.

Les retombées se font déjà sentir à travers la venue de spécialistes de calibre mondial attirés par le nouvel environnement technologique : « D'autres s'ajouteront, prévoit le Dr Brunet. Les investissements nous permettront aussi d'augmenter notre participation au développement du réseau de soins et de services sociaux du Québec. La télémédecine, par exemple, offrira à plus d'enfants l'accès à des soins spécialisés et surspécialisés. »

DR FABRICE BRUNET Directeur général CHU Sainte-Justine

Le savoir-faire des experts de SainteJustine est déjà reconnu mondialement. Leurs services sont réclamés en technologies de l'information, en technologies biomédicales, etc. L'établissement a des liens avec 22 pays, dont le Maroc pour la chirurgie cardiaque, Haïti pour la construction d'un hôpital régional universitaire, et aussi la Chine, l'Inde, l'Europe, l'Amérique du Sud : « En fin de compte, affirme le Dr Fabrice Brunet, ces partenariats allègent le fardeau fiscal du Québec. Et il ne faut pas oublier, conclut-il, qu'une population en santé est le meilleur gage d'une économie en santé. Voilà le véritable objectif des investissements actuels. »

« Les installations modernisées seront aussi un lieu d'innovation technologique, souligne le Dr Brunet. L'unité de néonatalogie, par exemple, passera de 65 à 80 lits et permettra d'accueillir et de soigner les bébés prématurés à l'aide des meilleures technologies au monde. En cancérologie et en cardiologie, nous pourrons mieux comprendre les conséquences des traitements et réduire leurs effets secondaires. Dans tous les cas, notre objectif est de diminuer les séquelles et d'améliorer la santé des adultes de demain. »

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PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR DNY59

En

PHOTO : CHU SAINTE-JUSTINE

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine Investir dans la santé des futurs adultes


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ILLUSTRATION : CANNON-DESIGN - DCYSA ARCHITECTURE+DESIGN

SCIENCES DE LA VIE

Le nouveau CHUM Un tremplin économique pour Montréal Dossier par Danielle Ouellet

A

CHRISTIAN PAIRE Directeur général Centre hospitalier universitaire de l’Université de Montréal (CHUM)

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près des années de planification, le nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) est en bonne voie de réalisation. Prévue en 2016, l'ouverture sera précédée par celle du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et du Centre intégré d'enseignement et de formation (CIEF) dans le même édifice en 2013, et suivie par celle des bâtiments adjacents – amphithéâtre, bibliothèque, locaux clinicoadministratifs, en 2019. Ce pôle d'excellence de soins, de recherche et

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d'enseignement génère déjà des retombées économiques pour Montréal. Il porte aussi la promesse d'une activité économique accrue à l'échelle mondiale, rentable pour la métropole et pour le Québec. La mise en œuvre d'un plan stratégique ambitieux, l'élargissement et l'harmonisation de la culture de collaboration, le renforcement des complémentarités au sein du réseau de la santé, la multiplication des partenariats avec des entreprises et dans la communauté, l'intégration du nouveau CHUM dans un Quartier de la santé en émergence et la réalisation de constructions sophistiquées sont autant de défis pour les artisans de ce vaste projet, et leur l'enthousiasme est palpable.


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UN NOUVEAU DIRECTEUR POUR LE CHUM Habité depuis l'enfance par le goût du Québec, Christian Paire a accepté avec bonheur l'offre de diriger le Centre hospitalier de l'Université de Montréal et la construction de ses nouvelles installations. Recruté à Rouen, où il était directeur depuis huit ans de l'un des plus importants CHU de France, il s'installe à Montréal en décembre 2009 : « J'allais participer à un projet magnifique. Un investissement de 2,5 G$ en incluant le centre de recherche, un projet urbanistique et architectural original, son intégration dans le Quartier de la santé, tout cela en faisait un enjeu hors du commun, sans équivalent. Je tenais à démarrer sur des bases solides. » Dès son arrivée, M. Paire convainc le gouvernement québécois d'augmenter son investissement : « Ma responsabilité est de donner l'heure juste. Je connaissais l'importance de conserver le mouvement de mobilisation. Le Centre de recherche du CHUM regroupe quelque 165 équipes de recherche. Il y avait une volonté politique des autorités publiques, qui ont rapidement accepté d'investir les 400 M$ manquants afin que le projet reste conforme aux aspirations des chercheurs et au besoin de la population. Je constate aujourd'hui au quotidien le désir des chercheurs de se positionner à la pointe de l'excellence. La recherche est indissociable d'un hôpital universitaire. »

Les consultations ont mis en lumière des besoins très différents : « Il a fallu justifier nos deux grands partis pris, rappelle Mme Maisani, celui de lier la pratique clinique et la recherche, et celui d’accentuer dans le futur CHUM la part des soins surspécialisés. C’est là notre vraie mission de CHU. Pour y parvenir, le renforcement de nos partenariats au sein du réseau de la santé est essentiel. » Établir des ponts entre les cliniciens, d'une part, et les chercheurs, d'autre part, représentait un défi : « Les premiers sont très désireux de faire de la recherche, et certains en font déjà, mais ils sont débordés. Les seconds sont souvent très concentrés sur leurs travaux. Il a fallu réfléchir à la rémunération, à la gestion du temps, aux stratégies de recrutement médical. » Quant au type de soins offerts, « comme hôpital universitaire, nous avons les moyens de mieux servir les patients qui ont besoin de soins surspécialisés,

PAULINE MAISANI Directrice de la planification stratégique Centre hospitalier universitaire de l’Université de Montréal (CHUM)

« IL A FALLU JUSTIFIER NOS DEUX GRANDS PARTIS PRIS, CELUI DE LIER LA PRATIQUE CLINIQUE ET LA RECHERCHE,

UNE DIRECTION POUR LE NOUVEAU CHUM Christian Paire a aussi vu l'urgence d'élaborer un plan stratégique « qui allait nous indiquer la voie pour faire du projet un succès ». Pauline Maisani, qui avait contribué à la fusion d'hôpitaux parisiens, a assuré la direction du plan : « J'ai été frappée, confie-t-elle, de constater les différences de culture et de pratiques entre les trois hôpitaux – Hôtel-Dieu, Notre-Dame et Saint-Luc – qui allaient former le nouveau CHUM. La maquette du futur hôpital était belle, mais une réflexion macro et cohérente pour articuler l'organisation des actions s'imposait. Il convenait de partager notre vision d’avenir et de faire converger nos efforts vers le même but. »

ET CELUI D’ACCENTUER DANS LE FUTUR CHUM LA PART DES SOINS SURSPÉCIALISÉS. C’EST LÀ NOTRE VRAIE MISSION DE CHU. POUR Y PARVENIR, LE RENFORCEMENT DE NOS PARTENARIATS AU SEIN DU RÉSEAU DE LA SANTÉ EST ESSENTIEL. » – Pauline Maisani

interdisciplinaires, nécessitant un plateau technique à la fine pointe qui n’existe pas ailleurs. C’est au profit de cette catégorie de notre clientèle que nous voulons surtout faire porter nos énergies et nos ressources. » En bout de piste, l'Hôtel-Dieu sera fermé et l’Hôpital Saint-Luc, démoli et remplacé par le nouvel hôpital. L'Hôpital NotreDame deviendra pour sa part un hôpital communautaire : « Nous avons élaboré un partenariat avec le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, explique M. Paire, pour soutenir la transformation de Notre-Dame en un hôpital communautaire urbain. »

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SCIENCES DE LA VIE

Des collaborations interdisciplinaires, un recrutement en harmonie avec la vocation universitaire, un mode de rémunération innovateur du corps médical engagé dans l'enseignement et la recherche, la concertation et les partenariats ainsi qu'une révision des modes de financement de la santé sont des gages de succès du plan stratégique 2011-2015. Ce dernier, qui coïncide avec les 15 ans du CHUM, exprime une « volonté commune de positionner le CHUM, et à travers lui Montréal et le Québec, parmi les meilleurs établissements au monde dans le domaine de la santé ».

« LE VOLET ARTISTIQUE EST PRIMORDIAL. L'INTÉGRATION D'UN PROJET CULTUREL CHANGE LE REGARD D'UNE SOCIÉTÉ SUR SON HÔPITAL. ELLE PERMET DE TOUCHER LES GENS DANS LEUR INDIVIDUALITÉ, DANS LEUR HUMANITÉ. J'AI EU CONNAISSANCE DE DANSEURS DANS DES UNITÉS DE PATIENTS ATTEINTS DU SIDA, PAR EXEMPLE, QUI ONT MODIFIÉ AUSSI BIEN L'ATTITUDE DU PERSONNEL QUE CELLE DES MALADES. » – Christian Paire

Le nouveau CHUM en chiffres > Superficie de 336 800 mètres carrés, y compris le Centre de recherche et d'enseignement > Investissement de 2,5 milliards, y compris le Centre de recherche et d'enseignement > 772 chambres individuelles > 26 unités d'hospitalisation > 39 salles d'opération > 7 000 employés > 800 médecins > 5 000 étudiants et stagiaires > 1 350 chercheurs, investigateurs et cliniciens > 400 bénévoles

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UN ENVIRONNEMENT À ÉCHELLE HUMAINE En 2016, trois ans plus tôt que prévu dans les plans initiaux, les 772 lits du nouveau CHUM, tous en chambres individuelles, accueilleront leurs premiers patients. Ceux-ci auront accès à une médecine de haute technologie dans des locaux à échelle humaine : « Le volet artistique est primordial, affirme Christian Paire, convaincu du lien positif entre la culture et la santé. L'intégration d'un projet culturel change le regard d'une société sur son hôpital. Elle permet de toucher les gens dans leur individualité, dans leur humanité. J'ai eu connaissance de danseurs dans des unités de patients atteints du sida, par exemple, qui ont modifié aussi bien l'attitude du personnel que celle des malades. » En plus d'avoir accès à l'amphithéâtre de 500 places et à la bibliothèque, les patients seront soignés dans un environnement lumineux et pourront se reposer dans des aires ouvertes et conviviales tout en admirant de splendides vues sur la ville. AU CŒUR DU QUARTIER DE LA SANTÉ La proximité entre le nouveau CHUM et le Palais des congrès – 45 % des événements qui s'y déroulent touchent les sciences de la vie – créera par ailleurs une synergie renforcée par la construction, entre les deux, du Pavillon des bio-industries, d'une superficie de 15 000 mètres carrés : « Nous avons déjà commencé à courtiser le monde des biotechnologies, révèle Christian Paire, ainsi que les entreprises qui pourraient profiter de la proximité d'un tel complexe de soins et de recherche situé à 10 minutes du Centre des affaires, du Quartier international et du Vieux-Montréal touristique. » Autre élément intégrateur d'importance qui favorisera les échanges et les projets communs pour améliorer la santé de la population : l'École de santé publique de l'Université de Montréal. Installée très bientôt dans l'îlot Voyageur au nord du nouveau CHUM et de son centre de recherche, elle deviendra le premier maillon du Campus de santé public, qui devrait à terme regrouper l'Institut national de santé publique du Québec, la Direction de la santé publique de Montréal-Centre et l'Institut de recherche de santé publique de l'Université de Montréal.


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LE CHUM, MOTEUR ÉCONOMIQUE Le budget annuel du CHUM, d’environ 700 M$, représente un tiers de l'investissement total de quelque 2 G$ pour l'unique construction du centre hospitalier, « ce qui équivaut à seulement trois ans d'exploitation, insiste Christian Paire. L'investissement peut paraître énorme, mais la perspective est de 100 ans et les retombées économiques cruciales. « Une fois le pavillon des bio-industries en place, poursuit-il, l'impact sur l'économie de la recherche et des entreprises qui s'y installeront se précisera. Pour l'instant, le CHUM est le deuxième employeur de la région et nous créons de la richesse de nombreuses manières : en donnant du travail à des milliers d'employés, en embauchant des entreprises de services, en achetant des équipements médicaux et, surtout, en gardant en bonne santé des gens qui autrement ne seraient pas au travail.

À terme, conclut M. Paire, le positionnement de Montréal en santé égalera celui des grandes villes de la côte est américaine, comme Boston ou Philadelphie, et même Paris. Une condition, cependant : le Québec doit revoir son système de financement des hôpitaux et créer des incitatifs de performance, ce qu'il est en bonne voie de réaliser très bientôt ! » UN RAYONNEMENT INTERNATIONAL Des avancées scientifiques placent déjà le CHUM avantageusement sur la scène internationale. De nouvelles pistes de traitement du cancer du sein, la découverte de d’une cause génétique commune de l'autisme et de l'épilepsie, des percées quant aux causes de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Lou Gherig) en sont quelques exemples. Mais il y a plus.

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SCIENCES DE LA VIE

Les cinq grands secteurs d’excellence au CHUM > Cardiovasculaire et métabolique > Neurosciences > Transplantation > Oncologie > Musculo-squelettique fonctionnel LES QUATRE DOMAINES D’EXPERTISE TRANSVERSALE DE POINTE À L’APPUI DE CES SECTEURS D’EXCELLENCE CLINIQUES > Imagerie > Technologies avancées > Biomarqueurs et génétique > Immunologie et infectiologie

Le transfert des connaissances et la formation sont en train de devenir des moyens privilégiés d'augmenter l'impact de la recherche au Québec et dans le monde : « Nous voulons faire profiter la société des importants investissements consentis pour le projet, affirme Christian Paire. Des activités de prestation de services – télémédecine, technologies de l'information, Centre de simulations en enseignement – sont en développement. Des collaborations avec d'autres établissements au Québec, mais aussi en Inde, en Chine et au Moyen-Orient se dessinent. « La mondialisation a par ailleurs un impact important pour nous, ajoute M. Paire. Les essais cliniques sont de plus en plus réalisés dans des pays émergents, et, pour conserver notre avance dans ce domaine, nous devons miser sur nos valeurs d'éthique et de transparence et sans cesse innover dans le secteur des médicaments. Avec le nouveau CHUM, nous serons équipés pour briller sur l'échiquier mondial de la santé. »

Fière d’innover avec le CHUM

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PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR KRISTIAN SEKULIC

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Le Centre de recherche du CHUM

En

recherche particulièrement, l'argent est le nerf de la guerre. Le directeur du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), le Dr Jacques Turgeon, estime actuellement la contribution de son institution à « 60 millions de dollars par année à l'activité économique du Grand Montréal, sous forme de subventions aux chercheurs, de bourses de recherche et de contrats avec des entreprises pharmaceutiques DR JACQUES TURGEON Directeur et des agences gouvernementales ». Centre de recherche du CHUM Et il compte bien augmenter les sub(CRCHUM) ventions, de plusieurs manières : « Tout d'abord, par le regroupement en un seul lieu des équipes de recherche, actuellement réparties dans six endroits à Montréal. Cela permettra d'augmenter les collaborations et donc notre pouvoir compétitif dans les grands concours des Instituts de recherche de santé du Canada. « Avec la venue de chercheurs de calibre mondial et équipés des meilleures technologies, poursuit le Dr Turgeon, nous

pourrons attirer plus de capitaux étrangers, par exemple auprès de grandes institutions comme la Fondation Bill Gates et les National Institutes of Health, ou encore, en concluant des contrats avec les divisions internationales de pharmaceutiques installées à Montréal. Notre comité conseil externe, qui se réunit aux deux ans, rassemble des sommités mondiales du domaine qui nous aident à obtenir les meilleurs indices de performance. » Le Dr François Lespérance, directeur général adjoint aux affaires médicales et académiques et directeur des services professionnels du CHUM, insiste sur l'importance que la recherche fondamentale s'effectue dans le voisinage de l'environnement clinique : « La collaboration entre les secteurs public et privé, entre universités et entreprises, est en croissance et les centres de recherche sont interpellés de plus en plus tôt dans la production de nouveaux médicaments ou de nouvelles technologies de soins. La tendance est mondiale : la proximité engendre la confiance et favorise la connaissance. Nous devons aussi vendre notre expertise encore mieux et, pour cela, nous envisageons de nouvelles structures de valorisation de la recherche. »

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SCIENCES DE LA VIE

Le Centre de recherche du CHUM en chiffres > Investissement de 470 millions de dollars > 110 équipes de recherche fondamentale > 55 équipes de recherche clinique et en santé des populations > Plus de 800 chercheurs, étudiants et stagiaires postdoctoraux > Plus de 550 coordonnateurs de recherche, professionnels, techniciens de recherche et employés de bureau > 75 laboratoires

PHOTO : PRODUCTION MULTIMÉDIA CHUM

> Superficie de 68 800 mètres carrés

DR FRANÇOIS LESPÉRANCE Directeur général adjoint aux affaires médicales et académiques et directeur des services professionnels du CHUM

> 36 salles d'examens cliniques > 10 plateformes spécialisées > 1 cyclotron > 1 pharmacie spécialisée de recherche

Santé pour tous ! L’UQAM favorise une approche intégrée de la santé dans ses programmes d’enseignement et de recherche. Des sciences naturelles aux sciences sociales en passant par les arts et l’éducation, le corps professoral de l’UQAM apporte une contribution misant d’abord sur la prévention. Un effet qui opère.

Les efforts de positionnement international du CRCHUM, qui vise les 100 M$ de revenus pour la recherche annuellement, passent par la collaboration : « Nous favorisons la complémentarité avec d'autres universités, dévoile M. Turgeon, une approche privilégiée dans la création du Quartier de la santé. Nous serons chacun les meilleurs dans notre domaine et le CRCHUM sera à la hauteur des grands centres comme Singapour, New York, Toronto, Vancouver. » Dans cet esprit, le CRCHUM se distingue déjà dans trois secteurs majeurs : l'imagerie, renforcée par l'arrivée d'un nouveau cyclotron; la recherche clinique, favorisée par la présence d'un centre de recherche en phases 1 et 2; la création d'un centre d'analyse de données et de recherche évaluative et épidémiologique, pour lequel « nous venons de recruter trois sommités qui ont obtenu des financements de quelques millions de dollars », précise M. Turgeon. Ces travaux nous permettront d'obtenir un portrait global de la communauté très utile, par exemple, en médecine familiale. »

Expertise et priorités scientifiques au Centre de recherche du CHUM > Cancer > Risque cardiométabolique > Infection, immunité et inflammation > Maladies musculosquelettiques > Neurosciences > Santé des populations : risques à la santé, santé mondiale, systèmes de soins et de services

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La Fondation du CHUM

UNE PATIENTE, LA VIOLONISTE ANNE ROBERT, ET SON CHIRURGIEN, ALAIN GAGNON, QUI EST AUSSI PIANISTE, UNISSENT LEURS TALENTS DE MUSICIENS DANS LA MISE SUR PIED DU PROJET CONTINUUM.

P

artenaire privilégié du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, la Fondation du CHUM est née il y a 14 ans lors de la fusion des fondations des trois hôpitaux qui composent le CHUM, soit l'Hôpital Notre-Dame, l'Hôtel-Dieu et l'Hôpital Saint-Luc.

Les dons proviennent de la communauté des affaires, d'activités-bénéfices de la Fondation, de patients ou d'anciens patients, de particuliers ou de fondations familiales. En 2010-2011, la Fondation a remis plus de 8 M$ au CHUM, dont 45 % pour la recherche, 45 % pour les soins et la promotion de la santé et 10 % pour l'enseignement. Une initiative récente et originale suscite l'enthousiasme. Une patiente, la violoniste Anne Robert, et son chirurgien, Alain Gagnon, qui est aussi pianiste, unissent leurs talents de musiciens dans la mise sur pied du projet Continuum : « J'ai embrassé la beauté du projet !, s'exclame M. Ékram Antoine Rabbat, président-directeur général de la Fondation du CHUM. Aux concerts qu'ils offrent s'ajoutent un site Internet interactif, un CD musical et un livre.

Ils veulent transmettre aux patients porteurs de mutations génétiques des informations facilement accessibles sur un type de cancer du sein peu connu. Leur premier concert-bénéfice a déjà rapporté 80 000 $ à la Fondation pour Continuum. « La Fondation du CHUM est sur le point de lancer l'une des plus importantes campagnes de financement dans le milieu de la santé au Canada, confie M. Rabbat. Notre objectif de récolter 300 M$ est ambitieux, certes, mais loin d’être utopique considérant le soutien de la communauté et les nombreuses promesses d’engagement obtenues. »

ÉKRAM ANTOINE RABBAT Président-directeur général Fondation du CHUM

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SCIENCES DE LA VIE

Construire

PHOTOS : CHUM

en grand

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LE NOUVEAU CHUM EST L'UN DES PLUS GRANDS PROJETS DE CONSTRUCTION DE CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE AU MONDE – DÉPASSÉ UNIQUEMENT PAR DEUX AUTRES, ANGLAIS ET AUSTRALIEN. AUX 2,089 G$ PRÉVUS POUR LE CENTRE HOSPITALIER LUI-MÊME S'AJOUTENT 470 M$ POUR LE CENTRE DE RECHERCHE (CRCHUM), DANS LEQUEL ON RETROUVE ÉGALEMENT UN CENTRE INTÉGRÉ D'ENSEIGNEMENT ET DE FORMATION (CIEF). LE DIRECTEUR DU PROJET, PAUL LANDRY, SE RÉJOUIT D'ÊTRE ARRIVÉ EN POSTE « AU BON MOMENT, PENDANT LE PROCESSUS D'APPEL D'OFFRES » COMPLÉTÉ À LA FIN DE 2010 : « J'AI PU PARTICIPER AU CHOIX DU CONSORTIUM (VOIR ENCADRÉ P. 54), REVOIR LE BUDGET EN DÉTAIL ET ME RASSURER QUANT AU RÉALISME DE L'ÉCHÉANCIER. »

PAUL LANDRY Directeur de projet Nouveau CHUM

I

ntéressé depuis longtemps par l'administration de la santé dans un contexte de vieillissement de la population ainsi que par l’impact économique majeur et les changements que cela entraîne dans le domaine de la santé, M. Landry dirige aujourd'hui un mégaprojet dont les travaux se termineront en 2019 avec l'érection d’un amphithéâtre de 500 places, d’une bibliothèque et de locaux clinico-administratifs sur l'emplacement de l'actuel Hôpital Saint-Luc.

L'horizon le plus proche est celui du Centre de recherche et d’enseignement, d'une superficie de 68 800 mètres carrés, qui sera terminé en septembre 2013 : « Nous avons procédé à la dernière coulée de béton pour la tour nord de 15 étages, réservée à la recherche, précise M. Sylvain Villiard, qui dirige cette partie du projet, et cette étape est terminée pour la tour sud de 6 étages, consacrée à l'administration. Le premier tunnel reliant le Centre de recherche et d’enseignement au métro Champ-de-Mars est complété et est en attente de la construction de l’édicule de la Société de transport de Montréal pour être raccordé au réseau de métro. Le second tunnel, en direction de l'hôpital sous l’avenue Viger, le suit de près. C’est une construction complexe sur un chantier dans le centre-ville qui présente des défis importants pour le contrôle des impacts de bruits, de poussières, de vibrations ainsi que pour la circulation des automobiles, des piétons et des vélos.

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Avec notre partenaire, nous aurons à gérer étroitement ces impacts aux abords de l’Hôpital Saint-Luc. La qualité de construction, le respect de nos devis de performance, de l’échéancier et du budget ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs sont pour nous des priorités. »

SYLVAIN VILLIARD Secrétaire général, directeur général adjoint Affaires institutionnelles et juridiques Centre hospitalier de l'Université de Montréal

Les partenaires du CHUM Pour le Centre de recherche et d’enseignement : le consortium Accès Recherche Montréal est le partenaire privé de ce projet; la conception et la construction sont assurées par le consortium Pomerleau-Verreault S.E.N.C. Pour le centre hospitalier : Collectif Santé Montréal, des sociétés Innisfree, OHL Canada, Laing O’Rourke et Dalkia, est responsable de la conception, de la construction, du financement et de l'entretien de l'hôpital. La valeur de cette entente est de 1,97 G$ pour une durée de 38,8 ans, les premières années pour la construction et les 30 dernières années pour l'entretien.

En octobre 2013, quelque 2500 personnes – chercheurs, étudiants à la maîtrise et au doctorat, stagiaires postdoctoraux, personnels technique et administratif – circuleront chaque jour dans le Centre de recherche et d'enseignement. Avec ses 772 chambres, le centre hospitalier de 20 étages, pour une surface de 268 000 mètres carrés, recevra ses premiers patients en 2016. D'ici là, le lieu est le théâtre d'une activité intense : « Vers la fin de 2012, quelque 300 travailleurs seront présents chaque jour sur le chantier de construction du Centre de recherche et d’enseignement et davantage sur celui de l’hôpital, prévoit M. Landry. En 2013, le chantier accueillera 1 500 travailleurs quotidiennement, créant ainsi des situations génératrices d'activité économique, sans compter les centaines de millions de dollars investis dans l'achat de matériaux provenant en grande majorité de la région montréalaise et du Québec. » Fort d'une solide expérience acquise au cours de la construction de deux centres hospitaliers en Ontario, Paul Landry peut compter sur son grand sens de l'organisation, essentiel pour réussir une entreprise de cette envergure : « Il faut planifier, préciser la stratégie de réalisation en collaboration avec le consortium et pouvoir compter à l'interne sur des équipes performantes. Une soixantaine de personnes concrétisent au quotidien notre feuille de route développée il y a trois ans. « L'équipe de conseillers cliniques rencontre les médecins et les infirmières, et les accompagne auprès des architectes du consortium dans le but de répondre le plus efficacement possible à leurs besoins pour les salles d'urgence, les blocs opératoires, les salles de radio-oncologie et d'imagerie, bref pour l’ensemble des spécialités de l'hôpital. Ils sont soutenus dans cette démarche par l'équipe d'experts en ingénierie, qui vérifie la conception des plans et le respect des exigences de performance.

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« L'équipe de logistique, poursuit M. Landry, est responsable de la planification de toutes les étapes de livraison des biens – alimentation, fournitures médicales, outils, lingerie, médicaments, etc. – à temps et au bon endroit jusqu'à l'ouverture. Enfin, une quatrième équipe est responsable de l’approvisionnement des équipements médicaux spécialisés et des technologies de l’information. « Toutes ces personnes travaillent en étroite collaboration avec le groupe de gestionnaires de projets, ingénieurs, architectes et autres spécialistes des firmes SNC-Lavalin et Génivar, qui nous appuient auprès de nos partenaires dans l'avancement des différentes étapes de conception et de construction. » Le nouveau CHUM constitue la première et la principale grande étape de la revitalisation de ce qui deviendra un véritable quartier de la santé.

« IL FAUT PLANIFIER, PRÉCISER LA STRATÉGIE DE RÉALISATION EN COLLABORATION AVEC LE CONSORTIUM ET POUVOIR COMPTER À L'INTERNE SUR DES ÉQUIPES PERFORMANTES. UNE SOIXANTAINE DE PERSONNES CONCRÉTISENT AU QUOTIDIEN NOTRE FEUILLE DE ROUTE DÉVELOPPÉE IL Y A TROIS ANS. » – Paul Landry

nouveauchum.com

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SCIENCES DE LA VIE

Technoparc Montréal Par Danielle Ouellet

création, en 1987, du Centre d'initiative technologique de Montréal (CITech) répondait à une volonté gouvernementale d'implanter des centres de haute technologie dans la région métropolitaine. Le Centre avait pour mission de faire d'un espace de 2,3 millions de mètres carrés l'un des principaux centres de recherche au monde. Son héritier, Technoparc Montréal, s'organise aujourd'hui autour de trois pôles : au Campus Saint-Laurent se sont tout récemment ajoutés le Quartier de la santé et l'Éco-campus Hubert Reeves.

PHOTO : ÉLITES PAR DENIS BERNIER

La

MARIO MONETTE Président-directeur général Technoparc Montréal

Plus de 6 000 personnes se rendent travailler chaque jour sur le Campus Saint-Laurent. Elles sont âgées de 29 ans en moyenne, 60 % proviennent de l'étranger et, toutes origines confondues, elles parlent 30 langues différentes. La masse salariale totale est de 315 M$ et les quelque 300 M$ investis dans la construction génèrent des revenus de taxes municipales et scolaires de 13,5 M$.

PHOTO : TECHNOPARC

« Nous accompagnons les secrétariats des grandes grappes industrielles ainsi que Montréal International dans leurs démarches pour attirer des entreprises chez nous, précise le président-directeur général de Technoparc Montréal, Mario Monette, car sans de solides infrastructures pour les accueillir, les efforts seraient vains.

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« Les coûts liés à l'installation sur le Campus, fait-il valoir, sont beaucoup moins élevés à Montréal que dans toute autre grande ville nord-américaine, un avantage qui s'ajoute à des remboursements de taxes très avantageux, des taux d'imposition aux entreprises les plus bas en Amérique du Nord (30,9 %) et des congés de taxes de cinq ans pour les chercheurs étrangers. »


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Quartier de la santé AU CŒUR DE L'AÉROSPATIALE Enclavé dans un parc régional boisé, à 10 minutes de l'aéroport international Montréal-Trudeau et à quelques kilomètres au nord du centre-ville de la métropole, Technoparc Montréal est solidement implanté au sein du secteur de l'aérospatiale : « Plus de la moitié des sociétés canadiennes s'y trouvent dans un rayon de 30 km, fait valoir M. Monette, et 75 % des entreprises montréalaises sont à moins de 10 km. Plus de 1 500 ingénieurs et chercheurs en aérospatiale proviennent des quatre grandes universités montréalaises. Tous les principaux programmes de recherche de Bombardier à l'échelle mondiale y sont représentés, tandis que les employés du fabricant de moteurs Pratt & Whitney et ceux de Bell Helicopter peuvent se rendre à pied au plus gros centre d'entretien d'Air Canada. »

PHOTO : INFOGRAPHIE GRAPH SYNERGIE

secteur ouest : 42 000 m2, 2 bâtiments, 8 étages secteur centre : 10 000 m2, 2 bâtiments, 4 étages secteur est : 32 000 m2, 1 bâtiment, 12 étages Source : Technoparc Montréal

PHOTO : TECHNOPARC

LES SCIENCES DE LA VIE EN EXPANSION Le Campus Saint-Laurent est aussi devenu un lieu stratégique pour les sciences de la vie : « Celles-ci y représentent 50 % des activités et un tiers des emplois répartis dans quelque 300 groupes de recherche. Nous accueillons la Human Proteome Organisation, et l'accord de libreéchange entre le Canada et les États-Unis positionne Montréal comme une porte d'entrée stratégique pour un marché de plus de 425 millions de consommateurs, dont près de la moitié résident à moins de 1 000 km. »

LES ÉDIFICES DU QUARTIER DE LA SANTÉ SE RÉPARTISSENT EN TROIS RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES :

Depuis 2009, le Quartier de la santé s'est ajouté comme deuxième pôle à Technoparc Montréal (voir encadré) : « Nous avons réalisé des ententes avec des intervenantsclés du Quartier de la santé, explique M. Monette, qui offre désormais un site d'implantation supplémentaire intéressant au centre-ville pour des entreprises étrangères. Le nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), le Campus Norman-Bethune, spécialisé en santé des populations, et le Pavillon des bio-industries, destiné à accueillir des entreprises du secteur, s'y trouvent. D'autres grands projets immobiliers, au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et au CHU Sainte-Justine, contribuent à dynamiser les sciences de la vie et à mettre en place de nouvelles conditions de succès pour le futur. Des retombées importantes sont prévues d'ici deux ou trois ans. »

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SCIENCES DE LA VIE

UNE PREMIÈRE À MONTRÉAL EN TIC L'implantation, au Campus Saint-Laurent, d'un important centre de traitement de données informatiques « nous permettra d'attirer à Montréal des entreprises qui ont de grands besoins en termes de capacité de traitement, comme les Apple, Twitter et Google de ce monde », se réjouit Mario Monette. Le Centre de données de catégorie TIER III est établi avec la collaboration du chef de file canadien Canix, qui héberge déjà les serveurs de plus de 10 000 entreprises canadiennes et internationales.

Nombre de leaders mondiaux en technologies de l'information et des communications (TIC) ont déjà pignon sur rue à Montréal : le Centre d'excellence de CSC, spécialisé dans les applications d'affaires et de planification de ressources d'entreprises, Ericsson, IBM, Matrox, SAP, etc. Le Canada s'approprie 3 % des quelque 30 G$ du marché mondial des jeux interactifs novateurs et Montréal accueille plusieurs grands de cette industrie – Softimage, Ubisoft, Eidos et Electronic Arts Montréal : « Les industries du jeu vidéo et du multimédia sont toutefois plutôt regroupées dans le Quartier de l'innovation, non loin de l'École de technologie supérieure (ETS), précise M. Monette, et nous réfléchissons avec elles à la meilleure manière de nous impliquer dans le développement de ce pôle. »

L'ÉCO-CAMPUS HUBERT REEVES, DONT LA CRÉATION

LE TROISIÈME PÔLE L'Éco-campus Hubert Reeves, dont la création a été annoncée en 2010, complète la trilogie des pôles de Technoparc Montréal : « L'année 2012 sera une année charnière pour le développement de ce nouveau site, prévoit Mario Monette. Les bâtiments de démonstration pour des entreprises de technologies propres seront un lieu de tests, d'essais et d'échanges. Les défis de ce secteur sont liés aux décisions des consommateurs, qui ne sont pas toujours prêts à intégrer au quotidien des changements de comportement – même s'ils en connaissent bien les bénéfices, comme dans le cas d'actions pour contrer les changements climatiques. Le marché mondial des technologies propres est toutefois en pleine expansion et nous comptons attirer jusqu'à 60 % d'entreprises étrangères de ce secteur. »

A ÉTÉ ANNONCÉE EN 2010, COMPLÈTE LA TRILOGIE

ILLUSTRATION : TECHNOPARC

DES PÔLES DE TECHNOPARC MONTRÉAL.

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IMMOBILIER MONTRÉALAIS : UNE DEMANDE À LA HAUSSE « Un phénomène est à la hausse, pointe M. Monette, celui d'un appétit grandissant à l'international pour l'immobilier canadien et montréalais. Les répercussions se font sentir depuis quelques années. La déconfiture de Nortel en 2008, par exemple, avait laissé vides 10 bâtiments. Aujourd'hui, ces locaux sont remplis et seulement 8 500 m2, soit 4,26 % des espaces, de bâtiments très techniques sont vacants. Notre marché immobilier compte parmi les plus solides au monde, plus que ceux d'Asie et d'Europe. Le moment est propice pour profiter de cette position avantageuse. »


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PHOTO : STM

Transport

Un transport qui a de l’impact Dossier par Serge Beaucher

LE TRANSPORT, C’EST LE SANG D’UNE VILLE. CHAQUE JOUR, À MONTRÉAL ET EN PÉRIPHÉRIE, HUIT MILLIONS DE PERSONNES SE DÉPLACENT DANS TOUS LES SENS POUR ALLER TRAVAILLER, ÉTUDIER, S’AMUSER. EN AUTO OU EN CAMION, EN MÉTRO, EN TRAIN OU EN BUS, ELLES FONT TOURNER LA GRANDE ROUE ÉCONOMIQUE LOCALE. « LA MOBILITÉ DES GENS ET DES BIENS, C’EST LA BASE DE TOUTE ÉCONOMIE MODERNE», RÉSUME YVES PHANEUF, RESPONSABLE DU VOLET TRANSPORTS À LA COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL (CMM).

Si cette mobilité, en soi, stimule l’activité économique au quotidien, que dire des retombées des investissements dans les transports ? Dans les deux cas, investissements comme retombées, on calcule en centaines de millions de dollars par année. Et au chapitre des retombées, le transport collectif performe beaucoup mieux que le transport privé par automobile. D’ailleurs, le transport en commun est aujourd’hui dans la mire de toutes les instances, à Québec aussi bien qu’à la

YVES PHANEUF Responsable du volet transports à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)

Montréal économique – édition 2012 —

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TRANSPORT

Ville de Montréal et à la CMM. Tout en maintenant le cap sur la réfection du réseau routier entreprise ces dernières années, on s’apprête à investir des milliards de dollars dans le transport collectif. Pour l’environnement, bien sûr, mais aussi pour atténuer les problèmes de plus en plus aigus qu’occasionne l’engorgement des rues, des routes et des autoroutes du Grand Montréal. DES CHIFFRES ÉNORMES Qu’on regarde derrière ou devant, les chiffres sont énormes ! Seulement sur le réseau routier, qui comprend 24 ponts et 17 000 km de voies – 10 % en autoroutes –, près de 7 G$ ont été investis au cours de la dernière décennie.

20 % POUR LES SEULS TRAINS DE BANLIEUE ET 11,5 % DE 2007 À 2011 POUR LE RÉSEAU DE LA STM. » – Michel Labrecque

PHOTO : ATM

MICHEL LABRECQUE Président du conseil d’administration Société de transport de Montréal (STM)

« QUE CE SOIT SUR L’ÎLE OU EN PÉRIPHÉRIE, TOUS LES TRANSPORTS EN COMMUN ONT CONNU UNE HAUSSE D’ACHALANDAGE DURANT LA DERNIÈRE DÉCENNIE : 3 % DANS LE MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN,

AUTOBUS

Reliez votre entreprise au monde

Si le succès de votre entreprise repose sur votre présence où que ce soit dans le monde, le port de Montréal vous y mènera. Passer par Montréal réduit le temps de transit entre le Midwest américain et l’Europe, et offre des routes alternatives vers les marchés mondiaux. Le port de Montréal, votre lien avec le monde.

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www.port-montreal.com


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NOVA LFS ARTICULÉ

Entre 2000 et 2008 déjà, l’ensemble des systèmes de transport en commun de la région métropolitaine a bénéficié d’investissements de 2,7 G$, dont 700 M$ pour le prolongement du métro à Laval et de nouveaux équipements pour les trains de banlieue. Administré par l’Agence métropolitaine de transport (AMT), ce circuit de trains comprend cinq lignes qui transportent 16 millions de passagers par année. La STM effectue pour sa part 1,2 million de déplacements par jour sur l’île de Montréal, soit plus de 80 % de tout le transport en commun du territoire métropolitain. Son réseau comprend 213 lignes d’autobus (1700 véhicules) et quatre lignes de métro que parcourent plus de 700 voitures. Que ce soit sur l’île ou en périphérie, tous les transports en commun ont connu une hausse d’achalandage durant la dernière décennie : 3 % dans le Montréal métropolitain, 20 % pour les seuls trains de banlieue et 11,5 % de 2007 à 2011 pour le réseau de la STM. Pendant ce temps, l’utilisation de la voiture diminuait de 1 % dans l'agglomération montréalaise et de 6 % sur l’île – cela, malgré une augmentation constante du parc automobile. C’est donc dire que les investissements dans le transport collectif ont commencé à porter fruit. Selon les derniers chiffres disponibles, le quart des déplacements de la période de pointe du matin sur l’ensemble du territoire se font maintenant en transport collectif. Mais on vise plus.

PHOTOS : STM

Et cela n’est qu’une partie de tout ce qui s’en vient. Avec de grands chantiers comme ceux des échangeurs Turcot et Dorval, des ponts Mercier et Champlain ou du parachèvement de la route 30 sur la rive sud, pour n’en nommer que quelques-uns, les milliards continueront d’affluer encore plusieurs années. De quoi compléter le réseau et moderniser les infrastructures vieillissantes. Dommage collatéral, il faudra donc encore bien de la patience aux usagers du réseau, « qui pourront heureusement compter sur un transport collectif amélioré », nuance Michel Labrecque, président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM). MÉTRO

TOUT UN DÉFI Dans son Plan stratégique 2020, la STM prévoit investir 11,6 G$ pour l’amélioration de son réseau et de son offre de service afin d’augmenter à 540 millions le nombre de déplacements qu’elle effectuera en 2020, comparé aux 405 millions de 2011 : une hausse de 40 % ! « Cela représente tout un défi, convient le président du conseil. Il va falloir que les astres soient bien alignés, et une première conjoncture favorable surviendra en 2014 quand seront livrées les nouvelles voitures de métro que nous attendons depuis cinq ans. »

TROLLEYBUS

Parmi les autres mesures qui devraient aider la STM à atteindre son objectif figurent une kyrielle de projets : remplacement d’une deuxième série de voitures du métro; remplacement et ajout d’autobus, dont 32 seulement pour pallier les inconvénients des chantiers routiers; prolongement du métro vers l’est; implantation d’un

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TRANSPORT

« L’AMT ENTEND PAR AILLEURS CONSACRER UNE PARTIE DE SES EFFORTS À L’AUGMENTATION DE SON SERVICE DE TRAINS VERS L’EST ET VERS L’OUEST, AVEC AU MOINS UNE NOUVELLE LIGNE, AINSI QU’À L’ÉLECTRIFICATION DE L’ENSEMBLE DU RÉSEAU. »

PHOTO : ATM

– Yves Phaneuf

TRAMWAY

Le transport interurbain Le transport collectif, à Montréal, c’est également les milliers de personnes qui, chaque jour, arrivent d’un peu partout en autocar pour venir, elles aussi, faire tourner la roue de l’économie locale. À lui seul, le Groupe Orléans – plus gros transporteur interurbain au Québec – débarque ou embarque plus de 1 million de passagers par année sur les quais des terminus de Montréal et Longueuil. En plus de ses lignes Orléans Express, qui font aussi la navette vers l’aéroport, l’entreprise exploite un réseau d’autobus urbains dans la deuxième couronne de Montréal, Terrebonne et Repentigny, ainsi que des autobus scolaires et des véhicules de transport adapté dans Lanaudière. En outre, deux circuits quotidiens amènent étudiants et travailleurs de Saint-Donat et Joliette jusqu’à la station de métro Radisson, dans l’est de Montréal. Le nouveau président et chef de la direction, Denis Andlauer, ne cache pas que l’entreprise aimerait bien accentuer sa présence en transport urbain dans les banlieues éloignées. Elle voudrait également étendre ses activités du côté de l’Ontario par l’acquisition de firmes qui desservent ce marché. Le Groupe Orléans, qui a son siège social à Montréal, possède 450 véhicules, y compris ses autocars Murray Hill et ceux de sa flotte Acadian dans les Maritimes. Il emploie 900 personnes.

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DENIS ANDLAUER Président et chef de la direction Groupe Orléans

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système de communication intelligent (iBus) pour fournir de l’information en temps réel aux employés et aux clients; ajout de plusieurs voies réservées; mise en service de trolleybus et d’un tramway; électrification graduelle de toute la flotte de véhicules… Sur la rive sud, l’AMT et le Réseau de transport de Longueuil prévoient toujours prolonger de six stations la ligne 4 du métro qui arrive de Montréal (1,2 G$). Ils veulent aussi concrétiser le système de train léger sur rail dans l’axe autoroute 10 – pont Champlain, l’ancien projet « estacade ». L’AMT entend par ailleurs consacrer une partie de ses efforts à l’augmentation de son service de trains vers l’est et vers l’ouest, avec au moins une nouvelle ligne, ainsi qu’à l’électrification de l’ensemble du réseau. PLUS DE 20 MILLIARDS DE DOLLARS En tout, quelque 23 G$ devront être injectés dans les transports en commun du territoire au cours des 10 à 20 prochaines années, selon ce qu’on envisage dans le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) que la CMM a rendu public en décembre dernier. Ce document, qui fait suite à une large consultation, définit l’aménagement durable que la grande région métropolitaine (plus de 80 municipalités et MRC) devra se donner d’ici 2031. L’une de ses principales propositions concerne « la mise en place de quartiers durables autour des points d’accès au transport en commun afin d’y concentrer 40 % des nouveaux ménages [et peut-être] 60 % si l’offre de transport en commun est augmentée ». L’objectif, établi avec les partenaires, est d’augmenter de 30 % la part du transport collectif dans l’ensemble des déplacements sur le territoire.


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LA STM EN MOUVEMENT Avec d’importants investissements stratégiques liés à une croissance de plus de 30 % de l’offre de service, à la diversification et l’électrification des modes de transport, la STM augmentera de 40 % son achalandage et réussira à atteindre 540 millions de déplacements d’ici 2020.

Montréal respirera mieux et vous aussi.


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TRANSPORT

Mobilité intelligente Si l’objectif et l’intérêt économique sont d’accroître la part modale du transport collectif dans l’ensemble des déplacements du Grand Montréal, il faudra augmenter non seulement l’offre de transport, mais aussi l’efficacité des services en matière d’information, fait valoir Catherine Morency, titulaire de la Chaire Mobilité à l’École Polytechnique de Montréal. Or, c’est beaucoup là-dessus que tablent les municipalités et les organismes de transport, dont plusieurs sont des partenaires de la Chaire. L’usager du transport collectif deviendra un piéton intermodal, informé en temps réel de l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui pour se rendre où il veut, entrevoit Mme Morency. Il n’est pas loin le jour où, téléphone portable en main, cet usager pourra visualiser sa ville en 3D pour savoir exactement où se trouve – et dans quelles conditions de circulation – l’autobus ou le train qu’il attend. « De plus en plus de choses vont passer par l’information et la technologie dans les déplacements », dit la chercheuse. Pourrait-on parler de « mobilité intelligente » ?

Yves Phaneuf convient que 23 G$, c’est beaucoup d’argent. Mais le montant fait consensus chez les organismes de transport qui, pour l’élaboration du Plan, ont soumis leurs besoins respectifs, autant en termes de développement que de maintien et d’amélioration de leurs actifs. « Il s’agit maintenant de compléter le cadre financier pour faire face à ces besoins », dit-il. Ce volet du PMAD sera d’ailleurs soumis à de nouvelles consultations publiques ce printemps. On peut déjà prévoir que les participants auront à se prononcer sur des mesures comme le péage sur les autoroutes et les ponts, des augmentations des droits d’immatriculation et de la taxe sur l’essence, ainsi que d’autres sources de financement pas toujours populaires.

est mû à l’électricité, une énergie propre et québécoise, tandis que l’essence qui alimente les autos est importée.

INVESTISSEMENT RENTABLE Il faut cependant considérer qu’un tel investissement peut être rentable économiquement, ajoute M. Phaneuf. Citant une récente étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Le transport en commun – Au cœur du développement économique de Montréal, il fait valoir que chaque dollar investi dans le transport collectif stimule l’économie presque trois fois plus que le même dollar injecté dans le transport automobile.

Rien qu’en 2009, souligne l’étude, le 1,8 G$ dépensé par les organismes de transport de la région métropolitaine ont généré une valeur ajoutée de 1,1 G$ dans l’économie, tout en soutenant plus de 14 000 emplois-année ! Ils ont surtout fourni aux Montréalais un système de transport qui s’améliore d’année en année, ce qui profite d’ailleurs aussi aux automobilistes et à l’industrie du camionnage en allégeant un peu la pression sur le réseau routier.

Pourquoi ? « Entre autres parce que le Québec ne fabrique pas d’autos, alors que nous avons chez nous des Bombardier et des Alstom qui produisent du matériel roulant », répond Michel Labrecque. Également parce que le métro, et bientôt les autobus et les trains de banlieue, 64

CATHERINE MORENCY Titulaire de la Chaire Mobilité École Polytechnique de Montréal

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L’étude de la Chambre de commerce mentionne aussi la hausse de la valeur foncière des propriétés situées à proximité d’une ligne de transport, de même que l’atténuation des problèmes de congestion dont les coûts, dit M. Labrecque, « s’élèvent à 3 G$ par année à Montréal selon les plus récentes données du ministère des Transports ». Sans parler des coûts évités des accidents, des coûts liés aux émissions de gaz à effet de serre et des économies globales de 800 M$ par année pour les personnes qui choisissent le transport en commun.

Comme le dit le président du conseil de la STM, « aucune métropole dynamique n’est aujourd’hui capable de se développer économiquement et de maintenir sa vitalité si elle ne peut tabler sur un bon service de transport en commun ».


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LE TRANSPORT SUR MESURE Le Groupe Orléans est un spécialiste du transport par autobus sous toutes ses formes – urbain, interurbain, nolisé, aéroportuaire, scolaire ou adapté. Fiable, sécuritaire et résolument orienté clients, le Groupe Orléans satisfait toutes vos exigences. Voyageur ou autorité organisatrice de transport collectif, chacun de nos clients est unique, et c’est pourquoi nous vous offrons des solutions sur mesure qui correspondent à votre réalité. Le Groupe Orléans est membre du Groupe Keolis, chef de file européen du transport public de voyageurs dans le monde, présent dans douze pays, et compte la Caisse de dépôt et placement du Québec parmi ses actionnaires.

www.groupeorleans.com


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PHOTO : PORT DE MONTRÉAL, PHOTOGRAPHE JEAN-PAUL LEJEUNE

TRANSPORT

Le port :

PHOTO : YVES MÉDAM

véritable moteur économique Il serait difficile de parler de transport à Montréal sans mentionner au premier chef le véritable moteur économique que constitue le port. Des millions de tonnes de marchandises – 28 millions au cours de l’année record 2011 – y sont reçues ou expédiées année après année. Les 2 200 navires qui ont accosté au port l’an dernier représentaient le tiers de tous les bateaux ayant circulé sur le SaintLaurent. Le port de Montréal est le plus gros du Québec et le deuxième au Canada après Vancouver.

SYLVIE VACHON Présidente-directrice générale Administration portuaire de Montréal

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« L’impact économique principal du port, c'est les 18 000 emplois directs et indirects qu’il crée, de même que les retombées de 1,5 G$ qu’il génère », dit Sylvie Vachon, présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Montréal (APM). L’APM est l’agence fédérale autonome qui gère le port; elle loue ses installations aux entreprises privées qui exploitent les terminaux le long des 20 km de docks en aval du Vieux-Port. À elle seule, l’Administration portuaire investit 25 M$ par année en moyenne dans ses installations et, ensemble, les exploitants des terminaux en font probablement autant, selon Mme Vachon.


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Pour acheminer les marchandises jusque sur les quais, l’Administration portuaire possède par ailleurs son propre système ferroviaire : cinq locomotives qui sillonnent une centaine de kilomètres de voies ferrées reliées aux réseaux du CN et du CP et à tout un circuit autoroutier, rendant les marchés accessibles en quelques heures.

La marque de commerce du port, ce sont les conteneurs, avec quatre terminaux d’une capacité de 1,6 million de conteneurs-année, sur 80 hectares. Mais on manutentionne aussi tous les autres types de marchandises non conteneurisées, dont les vracs solides et liquides. Même les bateaux de croisière s’y amarrent en saison pour faire descendre ou monter des milliers de passagers – 48 000 en 2010. L’économie locale en profite d’autant plus, selon Mme Vachon, que Montréal n’est pas qu’une escale pour ces paquebots, mais un point d’arrivée ou de départ.

En plus de ses fonctions à l’APM, Sylvie Vachon est aussi présidente d’un comité provisoire qui, à la demande de la CMM, étudie la possibilité de constituer une grappe industrielle sur la logistique et le transport dans la région. Cette nouvelle grappe pourrait réunir une quarantaine d’entreprises du secteur du transport afin d’apporter des solutions à des enjeux communs.

PHOTOS : PORT DE MONTRÉAL, PHOTOGRAPHE CHRISTIAN CARPENTIER

L’autre impact majeur que souligne la PDG est d’attirer des entreprises à Montréal, « différentes sociétés de production ou de services qui veulent profiter de la proximité du port pour faire des affaires ». Des grandes entreprises maritimes comme Hapag-Lloyd et MSC Canada ont même choisi d’établir leur siège social dans la métropole.

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INDUSTRIE MINIÈRE

Le Plan Nord Tous les espoirs sont permis

PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR ANOUK STRICHER

Par Danielle Ouellet

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LE PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC, JEAN CHAREST, VEUT FAIRE DU PLAN NORD UNE PLATE-FORME ÉCONOMIQUE MAJEURE POUR LES 25 PROCHAINES ANNÉES. VASTE ET AMBITIEUX PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES EN MILIEU NORDIQUE, LE PLAN NORD POSE DES DÉFIS DANS DE NOMBREUX DOMAINES : EXPLORATION MINIÈRE ET GÉOLOGIE AU PREMIER PLAN, MAIS AUSSI, ENTRE AUTRES, TRANSPORT, MAIN-D'ŒUVRE, ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE. AU TOTAL , LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC PRÉVOIT DES INVESTISSEMENTS ET DES DÉPENSES DE PROGRAMMES DE 2,1 G$ POUR LE PREMIER PLAN D’ACTION 2011-2016. DES RÉFLEXIONS SE POURSUIVENT SUR LA RÉALISATION DU PROJET TANDIS QUE DES RETOMBÉES CONCRÈTES SE FONT DÉJÀ SENTIR DANS LE SUD. UNE CONJONCTURE HISTORIQUE FAVORABLE Les espoirs sont grands quant aux retombées des investissements, mais «ceux-ci ne sont pas irréalistes et la conjoncture est très favorable », selon Michel Jébrak, professeur de géologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), qui rappelle les périodes fastes de l'histoire du développement minier dans le monde : « Trois grands 'supercycles' correspondent à des moments d'urbanisation intense et donc à de fortes demandes en métaux. Le premier, au tournant du 20e siècle, est la Belle Époque, celle de la découverte de la plupart des grandes mines d'aujourd'hui, avec du fer en quantité, du cuivre, du charbon et, dans une moindre mesure, du nickel et de l'aluminium. Ce cycle a donné naissance à des géants comme Rio Tinto en 1880. « La deuxième grande période est celle de l'après-guerre. L'uranium devenait alors une source d'énergie en demande et le Canada l'un des plus grands exportateurs dans le monde.

« Nous sommes dans un boom minier et le marché des métaux est à la hausse dans le monde. Les populations à travers toute la planète visent à atteindre un niveau de vie égal à celui des Américains ou des Européens. Le Québec est bien positionné. L'apatite, en voie d’exploitation à Sept-Îles, par exemple, permet d'obtenir du phosphate qui entre dans la composition des engrais, eux-mêmes en forte demande pour nourrir une population mondiale en croissance rapide. » Alain Liard, directeur général et secrétaire de l'Ordre des géologues du Québec, précise : « Avant l'an 2000, les investissements miniers étaient pratiquement au point mort. Aujourd'hui, la demande, surtout chinoise et indienne pour le fer, par exemple, exerce une forte pression sur les marchés. Les grandes entreprises mondiales cherchent des sources alternatives d'approvisionnement. Nos gisements de fer ne sont pas tous exploités, mais nous connaissons leur présence depuis les années 1950. »

MICHEL JÉBRAK Professeur de géologie Université du Québec à Montréal (UQAM)

ALAIN LIARD Directeur général et secrétaire Ordre des géologues du Québec

« AVANT L'AN 2000, LES INVESTISSEMENTS MINIERS ÉTAIENT PRATIQUEMENT AU POINT MORT. AUJOURD'HUI, LA DEMANDE, SURTOUT CHINOISE ET INDIENNE POUR LE FER,

« Et, au cours de la dernière décennie, le monde est entré dans un troisième grand cycle minier. Les technologies modernes de communications, notamment, exigent une nouvelle gamme de métaux, comme les terres rares et le lithium, encore peu exploités. La Chine possède une importante mine de terres rares, et une autre se trouve en Californie. La demande est grande, mais contrairement au pétrole, il n'y a pas de risque de pénurie.

PAR EXEMPLE, EXERCE UNE FORTE PRESSION SUR LES MARCHÉS. LES GRANDES ENTREPRISES MONDIALES CHERCHENT DES SOURCES ALTERNATIVES D'APPROVISIONNEMENT. » – Alain Liard

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INDUSTRIE MINIÈRE

ATTIRER L'ATTENTION SUR NOTRE POTENTIEL MINIER Le regard d'Alain Liard sur le Plan Nord se veut réaliste : « Outre quelques projets existants, comme les mines de fer de la région de Fermont-Schefferville, les projets dans le Grand Nord québécois sont encore hypothétiques, et leur mise en œuvre exige des investissements colossaux. « Avec un investissement de l'ordre de 100 M$, on peut envisager une petite mine en Abitibi, poursuit-il, mais il faudra beaucoup plus dans le Grand Nord. Dans ce grand

Le Plan Nord, pour mettre le Nord québécois en valeur > 821 M$ pour les infrastructures de transport > 370 M$ pour les autres infrastructures, soit celles concernant le logement, la santé, l’éducation, la culture et la création de parcs et d’aires protégées > 382 M$ pour les mesures sociales en logement, santé et éducation > 52 M$ pour le démarchage des investissements à l’étranger et l’administration de la Société du Plan Nord > 500 M$ en avance de fonds à Investissement Québec pour la prise de participation dans les projets à venir Source : Nicolas Bégin, responsable des relations avec les médias, Direction des communications, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune

Retombées anticipées du Plan Nord pour les 25 prochaines années > Un minimum de 80 G$ d’investissements privés et publics > 47 G$ pour le développement d’énergie renouvelable > 33 G$ pour des investissements dans le domaine minier et celui des infrastructures publiques (routes, aéroports, etc.) > 14 G$ de recettes fiscales pour le gouvernement > 20 000 emplois créés ou maintenus en moyenne par année > Impact prévu de ces investissements sur le produit intérieur brut du Québec : 162 G$ Source : Nicolas Bégin, responsable des relations avec les médias, Direction des communications, ministère des Ressources naturelles et de la Faune

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territoire peu exploré, les premières étapes d'exploration géologique permettent de repérer des indices et plusieurs autres sont ensuite requises pendant des années avant de mener à une mine. L'ouverture de nouvelles mines exigera d'importantes infrastructures routes, chemin de fer, bâtiments, etc. Pour une seule mine, plusieurs milliards de dollars doivent être investis avant de produire une tonne de minerai. Les gisements qui pourront être exploités dans ces conditions devront donc être très gros ou très riches pour être économiques. « Dans ce contexte, le Plan Nord a l'avantage d'attirer l'attention des gens sur notre potentiel minier, mais les décisions d’investissement relèvent en grande partie de places financières loin du Québec. Pour créer de la richesse chez nous, nous devons utiliser les ressources de notre territoire. » La démarche minière du Québec, liée au Plan Nord, doit donc s'inscrire dans le contexte économique mondial : « Nos connaissances en géologie nous indiquent que le sous-sol du Nord québécois contient les métaux actuellement en demande sur les marchés, mais il faut faire attention aux retards, prévient M. Jébrak. Il peut s'écouler de dix à quinze ans entre le moment où l'on a besoin d'un métal et celui où l'on en produit. Aujourd'hui, les prix sont élevés et cela est vrai non seulement pour les terres rares et pour le lithium, mais aussi pour des métaux plus traditionnels comme le fer et le cuivre. En plus de nous arrimer à la demande mondiale, nous devrons penser à apporter une valeur ajoutée à l'extraction, notamment grâce à la transformation chez nous des matières premières. » DES RETOMBÉES POUR TOUT LE QUÉBEC Au-delà de l'exploration minière, la réussite du Plan Nord passe, pour le gouvernement du Québec, par le développement durable : « Il s'agit d'un projet exemplaire, affirme Nicolas Bégin, de la Direction des communications du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, qui intégrera le développement énergétique, minier, forestier, bioalimentaire, touristique et du transport, la mise en valeur de la faune ainsi que la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité. Il favorisera le développement au bénéfice des communautés concernées et du Québec tout entier, et ce, dans le respect des cultures et des identités. Le Plan Nord est un projet d’envergure. Il créera des emplois et de la richesse au bénéfice de tous les Québécois, et ce, pour les 25 prochaines années. »


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Alain Liard entrevoit d'importantes retombées économiques des gros projets nordiques pour le sud du Québec : « Les entreprises d'ingénierie seront fortement sollicitées, tout comme les équipementiers miniers, les fabricants spécialisés du Québec. La main-d'œuvre proviendra de tout le Québec. » La vision de Me Marc Dorion, avocat chez McCarthy Tétrault, s'inscrit dans cette même perspective : « Les retombées directes liées à l'exploration minière toucheront massivement les infrastructures et exigeront, entre autres, la construction de routes, d'un chemin de fer, d'un port, de lignes de transport d'électricité et des installations de fibre optique. Les avocats seront impliqués à toutes les étapes des travaux. « Notre travail se situe en interface avec le monde financier, précise-t-il. L'obtention de permis de construction, les négociations avec les Premières Nations, le financement

des projets, le respect des lois, les ententes environnementales, l'aspect fiscal des structures financières, sont autant de secteurs qui requièrent une expertise légale. » Michel Jébrak est aussi codirecteur, avec Suzanne Durand de l'Université du Québec au Témiscamingue (UQAT), de la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM : « Le nombre d’étudiants dans des programmes liés au développement minier est actuellement en forte hausse, notamment en raison des perspectives d'emploi pour des postes très bien rémunérés.

Me MARC DORION Avocat McCarthy Tétrault

« Le Plan Nord arrive à point nommé sur l'échiquier mondial de l'exploration minière, conclut-il, et tous les espoirs sont permis pour le Québec ».

SALON SAL ON PLAN PLAN NORD les 20 Pet 21 a avril vril 2012 alais des congrès de Montréal

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