ENTRETIEN SANITAIRE
ENTRETIEN D’ÉDIFICES ET AVANCÉES TECHNOLOGIQUES :
QUOI DE NEUF ?
GETTY IMAGES PAR USCHOOLS
PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE
Des équipements de nettoyage avec lesquels on communique à distance, des robots autonomes et des produits antimicrobiens efficaces et inoffensifs : le progrès profite à nos immeubles.
P
ourquoi s’intéresser aux avancées technologiques ? Parce qu’elles aident à améliorer la santé publique, la productivité et par le fait même la compétitivité, parce qu’elles contribuent à réduire les risques d’accident et les coûts de main-d’œuvre. Avoir des locataires et des occupants satisfaits parce que les lieux sont impeccables, n’est-ce pas ce que nous cherchons tous ? Alors quoi de neuf sous le soleil à ce chapitre ? « L’Internet des objets », mentionne d’emblée André Foisy, directeur du développement des affaires chez Larose et Fils. La communication cellulaire (ou sans fil) nous conduit, en effet, vers les objets connectés avec lesquels on peut communiquer à distance. Qu’est-ce que cela permet de faire ? « Dans le cas des équipements de nettoyage, par exemple, il est possible de vérifier où est l’appareil, son temps d’utilisation, son état, l’usure des batteries, des brosses ou du moteur, ou les cycles de charge et de décharge. Des codes d’erreurs transmettent une notification où que l’on soit dès qu’un bris s’annonce ou qu’un entretien est
ANDRÉ FOISY Directeur du développement des affaires Larose et Fils
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
11
::
::
ENTRETIEN SANITAIRE
requis et avant même qu’il n’oblige l’opérateur à immobiliser l’appareil. Bref, cela permet de surveiller la flotte à distance en temps réel. » Manon Larose, vice-présidente à la direction et directrice générale, ajoute : « Les gestionnaires et les entrepreneurs en entretien peuvent maximiser leur investissement en équipements de nettoyage en sachant, à distance, si un appareil est sous ou surutilisé ou s’il devrait être affecté ailleurs, par exemple. Et cela leur donne la possibilité de faire de l’entretien préventif, beaucoup plus rentable que de subir des ruptures de travail. »
MANON LAROSE Vice-présidente à la direction et directrice générale Larose et Fils
Nous sommes à l’ère des mégadonnées, et, dans le domaine de l’entretien sanitaire, elles évitent le gaspillage de temps de main-d’œuvre notamment, en permettant de s’appuyer sur des informations objectives et concrètes pour savoir où une intervention sanitaire est requise. Un exemple ? Les émoticônes que l’on voit de plus en plus dans les salles de toilette des aéroports et d’autres grands édifices publics signalent au gestionnaire où il s’avère nécessaire d’envoyer son personnel d’entretien. « Par ailleurs, les distributrices de papier connectées enregistrent l’achalandage en temps réel. Prenons un édifice avec 200 salles de toilette où 10 % d’entre elles sont très utilisées et où les autres le sont beaucoup moins. Il faut mettre les efforts dans les premières et y prioriser le réapprovisionnement des systèmes de papier ou de savon. Supposons que le gestionnaire détermine qu’un employé d’entretien doit passer après 200 utilisateurs, la connectivité des objets lui permet de savoir à quel moment ce nombre est atteint », explique
GETTY IMAGES PAR NADORE
12
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
Voici Roy Mobilis . Un nouveau service de ressources ponctuelles conçu pour intervenir dans des situations exceptionnelles, partout et en tout temps. Exclusif à Roy. Unique dans le secteur de l’entretien en immobilier commercial et institutionnel. Entretien ménager • Gestion technique Après-sinistre • Sécurité • Mobilis
ser vicesroy.com
::
ENTRETIEN SANITAIRE
LAROSE ET FILS
LAROSE ET FILS
14
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
::
André Foisy. Les distributeurs de savon électroniques, quant à eux, permettent maintenant d’assurer la conformité aux politiques de lavage des mains. Une avancée importante pour la santé publique, particulièrement en milieu hospitalier ou alimentaire. Où en est le marché actuellement ? « La connectivité des objets a fait son entrée dans notre quotidien au cours des 24 derniers mois. C’est une technologie accessible que les fabricants d’équipement de nettoyage et de fournitures sanitaires vont intégrer de plus en plus à leurs produits. Comme pour toutes les innovations, l’enjeu est d’en démontrer la valeur et le retour sur l’investissement pour l’utilisateur, l’entrepreneur en entretien ou le gestionnaire », répond Manon Larose.
« L’idée n’est pas d’éliminer le poste de travailleur qui manœuvre l’appareil, mais d’utiliser cette personne à meilleur escient, en augmentant, par exemple, la fréquence d’une autre tâche d’entretien. » – Manon Larose
LE ROBOT FAIT SON QUART DE TRAVAIL Autolaveuse, balai mécanique, aspirateur à tapis, les premières tentatives de robotisation des équipements de nettoyage remontent à une quinzaine d’années. La nouveauté ? Les fabricants investissent aujourd’hui dans la robo tisation incluant l’intelligence artificielle des équipements de nettoyage les rendant de plus en plus autonomes. « L’autorécureuse ou le balai robot effectue sa route de travail sans nécessiter d’opérateur. Nous pensons que cette technologie va s’implanter au fur et à mesure que la recherche et le développement vont permettre de baisser le coût d’acquisition et que la clientèle sera rassurée quant à la sécurité de tels appareils autonomes », explique André Foisy. Manon Larose ajoute : « L’idée n’est pas d’éliminer le poste du travailleur qui manœuvre l’appareil, mais d’utiliser cette personne à meilleur escient en augmentant, par exemple, la fréquence d’une autre tâche d’entretien comme le nettoyage des meubles rembourrés et les tapis, ou en permettant de réduire les tâches données en impartition. Ce déplacement des ressources humaines disponibles pourra contribuer à hausser les standards de propreté sans augmenter les coûts. » MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
15
::
ENTRETIEN SANITAIRE
LAROSE ET FILS
UNE GESTION CENTRALISÉE La tendance en matière de gestion des parcs immobiliers et des nombreux employés nécessaires à leur entretien va vers la centralisation des systèmes de gestion, selon André Foisy, qui fait remarquer qu’il existe présentement une panoplie de systèmes informatisés de gestion de routes de travail et du contrôle de la qualité. Il ajoute que les systèmes informatiques qui intègrent ces fonctionnalités à l’information que génère la connectivité des objets sont maintenant introduits dans le marché, ce qui offrira au gestionnaire les avantages d’un seul outil de gestion intégré. DES PRODUITS NETTOYANTS SANS AGENT CHIMIQUE Où en est-on avec les produits chimiques et les enjeux liés à leur utilisation ? « À cet égard, les fabricants cherchent à réduire les coûts, les risques et les dangers et à protéger les matériaux et les surfaces qui constituent des investissements pour les propriétaires immobiliers. Les produits chimiques corrosifs et dommageables ont été 16
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
largement remplacés par des produits verts certifiés écoresponsables, et nous dépassons maintenant ce niveau », répond Manon Larose, mentionnant que les produits nettoyants sans agent chimique représentent une avancée intéressante. Elle donne pour exemple les produits formulés à partir de minéraux renouvelables comme le sel et les carbonates ou encore la réingénierie de l’eau à partir du sel ou du potassium. Au moyen d’une décharge électrique, on peut fusionner certaines molécules pour former, par exemple, de l’acide hypochloreux (HOCl) et ainsi fabriquer un produit nettoyant / assainisseur. « L’eau et le sel sont des éléments déjà présents dans l’environnement, ils n’affectent en rien les eaux usées », souligne Manon Larose. LA PERCÉE TECHNOLOGIQUE DES DÉSINFECTANTS L’apparition depuis quelques années des superbactéries telles que les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) et le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline
::
« Les éclosions de Clostridium difficile (C. difficile), qui ont triplé en 10 ans, viennent poser un défi de taille pour les responsables de la salubrité des édifices. Leur présence déborde maintenant du milieu hospitalier. » – André Foisy
(SARM) – et les éclosions de Clostridium difficile (C. difficile) – qui ont triplé en 10 ans – vient poser un défi de taille pour les responsables de la salubrité des édifices. « Leur présence déborde maintenant du milieu hospitalier », constate André Foisy, s’appuyant sur un rapport des Centers for Disease Control and Prevention (aux ÉtatsUnis) qui indique que ces bactéries sont contractées maintenant dans la communauté. C’est une nouvelle réalité, il faut nettoyer en fonction de leur présence potentielle. Or, le C. difficile forme une spore extrêmement résiliente. Jusqu’à maintenant, rapporte André Foisy, le seul désinfectant approuvé au Québec est l’eau de Javel à très forte concentration (5 000 ppm). Une telle solution, avec un pH de 12,5 ou de 13, est corrosive et nocive pour l’utilisateur, et elle abîme rapidement les surfaces qui se MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
17
::
ENTRETIEN SANITAIRE
LAROSE ET FILS
AGIR TOUS LES JOURS
sur l’hygiène et la salubrité mikadoweb.com • 1 800 567-2157
corrodent et rouillent. Depuis toujours, les scientifiques cherchaient à réduire les taux de pH d’une solution chlorée, puisqu’un chlore neutre serait de 10 à 30 fois plus efficace, mais l’enjeu jusqu’à présent était qu’une telle formulation désinfectante se dégrade presque instantanément. « Nous pouvons maintenant parler d’une avancée technologique spectaculaire que je compare au Saint Graal, avance M. Foisy, une eau de Javel à pH neutre, dont la stabilité de trois ans en tablette est garantie. Elle désinfecte avec la même efficacité antimicrobienne, sans danger pour la peau, les surfaces et même les tissus; c’est du jamais vu. »
• Audits qualité • Gestion pro-active des travaux périodiques
18
• Gestion en temps réel des routes de travail • Maintien des actifs immobiliers
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
« Offrir un environnement et un milieu de vie sains devient un avantage compétitif doublé d’un avantage économique. C’est connu dans le domaine de la gestion immobilière, et dans le milieu des affaires en général, que le pouvoir appartient aujourd’hui aux occupants et aux visiteurs des édifices et des commerces, qui déterminent le niveau de propreté et de salubrité auquel ils s’attendent dans leur milieu de vie ou leur environnement de travail, parce qu’ils sont de plus en plus informés et avertis », commente Manon Larose. Un édifice propre, reconnu vert, certifié LEED, par exemple, contribue à la productivité globale, minimise la transmission des maladies et l’absentéisme des travailleurs. « C’est une valeur ajoutée monnayable pour les gestionnaires d’immeubles », conclut Manon Larose.
::
L’ASSOCIATION DES ENTREPRENEURS DE SERVICES D’ÉDIFICES
UN ACTEUR MAJEUR POUR L’INDUSTRIE QUÉBÉCOISE DE L’ENTRETIEN MÉNAGER COMMERCIAL ET INDUSTRIEL PAR YASMINA EL JAMAÏ, JOURNALISTE
La plupart des gestionnaires de propriétés majeures à Montréal et dans ses environs recourent aux membres de l’Association des entrepreneurs de services d’édifices (AESEQ) pour le nettoyage régulier de leurs locaux pour bureaux. Constituée en 1967, l’AESEQ souhaite regrouper encore plus de membres parmi les propriétaires ou les dirigeants d’une entreprise en entretien ménager et revitaliser ainsi l’essor de l’industrie des services de nettoyage commercial et industriel. L’ENVERGURE DE L’AESEQ ans le Grand Montréal, les Laurentides-Lanaudière, la Montérégie, la Mauricie et l’Outaouais, 55 % de la masse salariale en entretien ménager est assurée par une quinzaine d’entreprises membres de l’AESEQ. Le travail assidu des huit membres siégeant au conseil d’administration de l’Association a donné maints résultats, dont la négociation et le renouvellement des conventions collectives de travail maîtresses qui ont conduit à l’adoption et au renouvellement du Décret sur le personnel d’entretien d’édifices publics de Montréal par le Conseil des ministres. L’AESEQ représente plus de 1 200 entrepreneurs auprès du Comité paritaire de la région de Montréal, l’organisme chargé de faire respecter ce décret depuis plus de 30 ans.
D
UN ESSOR SOUHAITABLE Avec un regroupement de membres plus conséquent, le marché des services de nettoyage ménager, déjà prisé dans les sphères commerciale et industrielle, gagnera davantage d’influence pour toutes les parties concernées par sa contribution. La portée de l’industrie dépend de la valorisation de la profession et, bien entendu, de l’allocation d’un salaire et d’avantages sociaux attirants : « Après quatre mois de négociation, nous sommes parvenus à un accord de convention syndicale sur sept ans, avec des conditions de travail favorables pour le personnel en entretien ménager », explique Mme Annie Fortin, trésorière de l’AESEQ, non sans préciser que cette entente devra être homologuée par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Lorsqu’elle ne pilote pas son entreprise d’entretien ménager For-NetMC, Mme Fortin défend les intérêts des entreprises de nettoyage au sein de l’Association et siège au conseil d’administration du Comité paritaire de l’entretien d’édifices publics de la grande région de Montréal. « L’AESEQ est mandatée par le gouvernement du Québec pour représenter les entrepreneurs du Grand Montréal au Comité paritaire. L’objectif déterminant de ce comité est de s’assurer que l’ensemble des conditions salariales est respecté. La stabilité du personnel qui en découle est très avantageuse pour les gestionnaires d’immeubles », affirme Mme Fortin.
ANNIE FORTIN Trésorière AESEQ
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
19
::
ENTRETIEN SANITAIRE
« La protection de bonnes conditions de travail est propice au recrutement par les entreprises au personnel de qualité. » – Robert Barbeau
ROBERT BARBEAU, B.A.A. Secrétaire AESEQ
Robert Barbeau et Théodore Lazaris, qui jouent réciproquement le rôle de secrétaire et d’administrateur au sein de l’AESEQ, abondent dans le même sens. M. Barbeau, vice-président principal, stratégie et développement pour l’entreprise Roy – il est le fondateur de Signature, qui a fusionnée récemment avec Roy –, fait remarquer que « la protection de bonnes conditions de travail est propice au recrutement par les entreprises au personnel de qualité ». Théodore Lazaris, vice-président d’Entretien Peace Plus inc., renchérit en notant que « cette protection est garante du développement de l’industrie de services de nettoyage et de la rétention de son personnel ». L’AESEQ EN PLEIN RECRUTEMENT M. Barbeau estime que l’industrie des services de nettoyage se trouve dans une phase de consolidation caractérisée par des fusions et des acquisitions et que des entreprises plus modestes ont également leur place sur le marché. « La campagne de recrutement de nouveaux membres de l’AESEQ cible autant les plus grandes entreprises que les plus petites, souligne M. Lazaris. En se joignant à l’Association, tous les types d’entreprises en entretien ménager bénéficieraient de l’accès à notre connaissance pointue de l’industrie, des lois en vigueur, de nos compétiteurs ainsi que de la possibilité de partager et d’échanger sur le marché et sur ses vecteurs importants. Ces entreprises peuvent également enrichir notre industrie en apportant de nouvelles idées pour la promouvoir. »
THÉODORE LAZARIS Administrateur AESEQ
20
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2018
En outre, la réglementation de l’industrie des services de nettoyage comporte moult règlements et mesures de sécurité auxquels il faut se conformer, incluant le choix de produits d’entretien non allergènes et écologiques. Sans compter les lois relatives à la santé et à la sécurité du travail et les normes du travail propres à la province de Québec que gestionnaires d’immeubles, entreprises et employés doivent tout autant respecter. L’AESEQ publie régulièrement sur une panoplie de sujets ayant trait à l’entretien ménager commercial et industriel pour que ses membres soient au fait des dernières tendances et des enjeux les plus actuels (nettoyage vert et santé, ressources humaines, service à la clientèle, etc.).