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FAIRE EN SORTE QUE LES GENS TOMBENT AMOUREUX DE LA MÉTROPOLE //
LAURENCE VINCENT COPRÉSIDENTE DU GROUPE PRÉVEL PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE
Laurence Vincent ne se destinait pas du tout au secteur immobilier. En fait, la fille du fondateur du groupe Prével se voyait plutôt œuvrer dans l’aide humanitaire. De fil en aiguille, elle en est pourtant venue à occuper le poste de coprésidente de l’entreprise familiale. Portrait d’une femme de tête qui a aussi le cœur à la bonne place.
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est une Laurence Vincent tout sourire qui nous accueille dans les locaux flambant neufs du groupe Prével, rue William à Montréal. Il faut dire qu’en peu de temps, ce quartier qui jouxte celui de Griffintown a bien changé, et pour le mieux. Les édifices de condominiums se sont multipliés, transformant de manière radicale ce secteur de la ville qui abritait majoritairement des bureaux ou des bâtiments désaffectés jusqu’à récemment.
Le dernier « bébé » de Prével, le 21e arrondissement, fait partie des projets qui vont amener des centaines de nouveaux résidents dans le secteur, mais il a aussi l’ambition de créer un véritable milieu de vie. Un petit supplément d’âme qui fait toute la différence dans un domaine où rien ne ressemble plus à une tour à condos qu’une autre tour à condos ! LE RÔLE CLÉ DU PROMOTEUR Même si elle préside aujourd’hui aux destinées de Prével fondé par son père Jacques en 1978, lorsqu’elle avait 20 ans, Laurence Vincent s’imaginait plutôt arpenter le monde et travailler pour des organismes humanitaires. Mais il faut croire que le
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4 au 26 janvier 2018, bec soulignait le travail ux de couverture sur le éal.
Lors de son congrès annuel tenu à l’Estérel du 30 janvier au 1er février 2019, l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec soulignait le travail remarquable d’un de ses membres pour les travaux de couverture sur le projet de RÉFECTION DU CLOCHER OLIER à Montréal.
fruit ne tombe jamais bien loin de l’arbre… Après un baccalauréat en histoire, elle prend une pause avant d’entreprendre une maîtrise en études internationales. « Je terminais mon bac à l’étranger et je m’ennuyais. Je voulais me reconnecter avec Montréal », se souvient-elle. Preuve que le hasard fait parfois bien les choses, le père de Laurence lui demande alors de donner un coup de main sur le chantier d’une résidence pour personnes âgées. « Plus jeune, j’avais déjà travaillé sur le terrain et j’avais beaucoup aimé l’expérience. C’est tellement vivant, les journées passent très vite, et il y a une belle camaraderie », explique-t-elle. Un an plus tard, elle est ensuite responsable de voir au soutien après-vente du projet, puis elle fait le saut dans le service des ventes. « À cette époque, je ne savais plus exactement vers quoi je voulais me diriger. J’envisageais une maîtrise en journalisme ou en travail social… J’ai finalement opté pour un MBA intensif à HEC Montréal, une formation dont j’espérais qu’elle pourrait m’ouvrir beaucoup de portes », raconte-t-elle. Son diplôme en poche, elle accepte alors la pro position de son père de parfaire son expérience pendant quelque temps encore au sein de l’entreprise familiale. Elle occupe alors des postes dans différents services de Prével et décide finalement d’y demeurer. « J’ai compris que j’aimais la compagnie, les gens que j’y côtoyais et les projets réalisés. Prével a toujours eu une excellente réputation non seulement auprès de ses clients, mais aussi auprès de ses partenaires et de la Ville, et j’étais fière de pouvoir en faire partie », dit-elle.
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Celle qui, dans ses jeunes années, se considérait comme une idéaliste se retrouve donc à brasser des affaires. Oui, mais pas n’importe lesquelles ni dans n’importe quelles conditions. Car tout comme son père, elle a une idée bien arrêtée du rôle que devrait jouer un promoteur immobilier dans une ville et, plus largement, au sein de la société. Son ambition ? Redorer l’image des promoteurs, en particulier celle des constructeurs de condos, qui ont parfois mauvaise presse.
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Laurence Vincent a donc une vision très claire de sa mission : nouer le lien entre un Montréalais potentiel et son futur port d’attache, faire en sorte que les gens tombent amoureux de la métropole. « Le dynamisme de Montréal dépend de ses habitants. Ce sont eux qui l’arpentent chaque jour, qui font vivre ses commerces, qui mettent de la vie dans ses quartiers. Créer de l’emploi ne
suffit pas pour stimuler l’essor d’une ville, il faut des citoyens pour l’animer, pour l’habiter. Ce n’est pas en passant chaque jour d’une ville-dortoir à un pôle d’emploi qu’on se crée un sentiment d’appartenance et un attachement envers sa ville », affirme la coprésidente. Car, selon elle, l’attachement est la clé : en créant de nouveaux Montréalais, le promoteur contribue donc au rayonnement et à la vigueur de la cité. Mais pour cela, il faut développer des milieux de vie et pas seulement bâtir des logements. « Construire n’est pas suffisant. Il faut avoir un impact positif sur la vie des gens et sur la ville. Avec l’habitation, on peut avoir une réelle influence sur ces deux éléments et faire une différence. En tant que promoteur, on a la chance inouïe de pouvoir transformer l’expérience d’une agglomération, par exemple en amenant de nouveaux résidents dans un quartier où l’on ne trouvait rien auparavant », affirme-t-elle. L’ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ FACILITÉ Laurence Vincent est aussi bien consciente que l’achat d’une propriété constitue généralement la dépense la plus importante d’un ménage. « Ce sont les économies de toute une vie que les gens mettent dans leur logement, et cela constitue bien souvent leur fonds de retraite. Leur habitation
va-t-elle bien vieillir et prendre de la valeur ? Les promoteurs ont une grande responsabilité, chaque décision en conception de projets aura des conséquences sur la valeur de la propriété. Cela confère à notre métier une dimension importante dans la mesure où l’on peut contribuer à améliorer la vie des individus », mentionne-t-elle. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles la clientèle est une priorité pour Prével. Sondage, groupe de discussion, mais aussi certains événements permettent de mesurer son degré de satisfaction et de mieux connaître ses besoins. D’ailleurs, il n’est pas rare que Laurence Vincent dîne avec des copropriétaires résidant dans l’un ou l’autre des projets de l’entreprise. « Les rencontrer chez eux aide à réaliser certaines choses. Par exemple, que nos petites poignées de portes d’armoire de cuisine sont peut-être très esthétiques et design, mais pas nécessairement faciles à saisir pour des personnes vieillissantes. C’est important d’en tenir compte et d’offrir différentes options mieux adaptées », souligne-t-elle. Elle estime que retenir les familles dans les quartiers centraux de la métropole est également un enjeu majeur. « Montréal est une véritable pépinière à bébés ! Mais quand les enfants grandissent, les parents décident de déménager en banlieue
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« Chez Prével, nous avons le souci de garder le marché de l’habitation accessible aux jeunes propriétaires. C’est pourquoi nous offrons également de petits condos plus abordables, pour les aider à mettre un pied dans l’immobilier, ce qui pourra éventuellement leur servir de levier afin d’acheter un logement plus spacieux par la suite. Cela contribue à faire de Montréal une ville dynamique et qui affiche une belle mixité. » – Laurence Vincent
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JONATHAN SIGLER ET LAURENCE VINCENT, COPRÉSIDENTS DU GROUPE PRÉVEL
pour avoir accès à une cour par exemple. Dans un tel contexte, comment réussir à les garder en ville ? » Pour répondre à ce défi, Prével offre des unités de trois ou quatre chambres dans certaines de ses tours, en plus de miser sur l’aspect modulaire des logements. « On prépare plusieurs plans pour un même espace, afin que le propriétaire puisse ajouter ou retirer des cloisons, selon ses besoins et l’évolution de la famille », explique-t-elle. C’est le cas à Union sur le Parc par exemple, un projet en plein centre-ville de Montréal qui offre aussi un minigymnase destiné aux enfants, un espace créatif pour le bricolage et une cuisine collective. Des lieux qui favori sent le développement d’un sentiment d’appartenance et donc l’enracinement dans une communauté. CAP SUR L’AVENIR Faciliter l’accès à la propriété fait aussi partie des chevaux de bataille de Laurence Vincent, qui estime que c’est une excellente façon de créer de nouveaux Montréalais. « Chez Prével, nous avons le souci de garder le marché de l’habitation accessible aux jeunes propriétaires. C’est pourquoi nous offrons également de petits condos plus abordables, pour les aider à mettre un pied dans l’immobilier, ce qui pourra éventuellement leur servir de levier afin d’acheter un logement plus spacieux par la suite. Cela contribue à faire de Montréal une ville dynamique et qui affiche une belle mixité », déclare-t-elle. Parlant de mixité, Laurence Vincent est aussi largement favorable à la construction de logements sociaux. Prével 10
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a d’ailleurs été parmi les premiers promoteurs à intégrer 15 % de ce type d’habitation dans ses projets, et ce, de façon volontaire. « Toutefois, je crois qu’il s’agit d’un enjeu de société auquel les différents acteurs devraient réfléchir ensemble. C’est une responsabilité partagée qui ne devrait pas reposer uniquement sur les épaules des acheteurs de condos neufs de l’île de Montréal », souligne-t-elle. Enfin, si les tours à condos ont leurs détracteurs, elles sont pourtant, estime Laurence Vincent, une excellente façon de contrer l’étalement urbain et donc de répondre à certains enjeux environnementaux. « La population ne cesse d’augmenter, et pour éviter qu’elle quitte Montréal, il faut densifier davantage. Certes, nous, les NordAméricains, aimons l’espace, mais il est illusoire de croire que tout le monde peut s’offrir un duplex ou un triplex en ville. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable d’un point de vue environnemental. N’oublions pas que la densification peut être extrêmement positive lorsqu’elle est réalisée avec savoir-faire et doigté », affirme-t-elle. Enfin, rappelons que Prével a fêté ses 40 ans d’existence en 2018. Comment sa coprésidente entrevoit-elle les prochaines années ? Elle espère que l’entreprise pourra continuer à mener à bien des projets importants et distinctifs tout en demeurant connectée aux besoins de sa clientèle. « Notre façon de voir l’avenir, ce n’est pas la croissance pour la croissance. Il est important de continuer à avoir du fun dans ce que l’on fait. D’ailleurs, j’ai toujours été convaincue que lorsqu’on a du plaisir, on fait bien les choses… », confie-t-elle. Assurément, il s’agit d’une recette gagnante pour Prével.