Villes d'avenir volume 12 - numéro 1 - Le Québec économique

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VOLUME 12 | NUMÉRO 1

ÉDITION À CONSERVER - 2022

RÉAGIR AU MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE DOUZE PÔLES DE CROISSANCE TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

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On bâtit à la hauteur de l’avenir. Des projets immobiliers qui soutiennent notre économie et qui enrichissent nos communautés, c’est ce qu’on met en chantier depuis 30 ans avec nos partenaires leaders dans le secteur.

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MOT DU PRÉSIDENT DE L'UMQ

LES DÉFIS ÉCONOMIQUES DE NOS COMMUNAUTÉS : MUNICIPAUX D’ABORD !

N

os sociétés font face à des enjeux économiques complexes et multiples qui influent directement sur nos milieux de vie, et ce, dans toutes nos régions. On n’a qu’à penser, par exemple, à la pénurie de personnel, au virage numérique ou à la vitalité de nos artères commerciales, ou même à la pénurie de logements et de places en services de garde, qui ralentissent la relance post-COVID-19. Les solutions à tous ces défis se trouvent en premier lieu dans nos communautés. Comme gouvernements de proximité, les municipalités connaissent bien les réalités spécifiques et les besoins précis de leurs populations et de leurs entreprises ; elles sont les mieux placées pour déterminer les mesures à déployer pour y répondre, en collaboration avec les acteurs économiques sur leur territoire. Bref, c’est d’abord au palier municipal que l’on peut relever les défis de notre économie !

Dans ce contexte, plusieurs municipalités réussissent à miser sur leurs forces vives et à tirer leur épingle du jeu pour s’imposer comme des pôles écono­miques en plein essor. Le Québec économique 2022 brosse un portrait fort intéressant de quelques-unes d’entre elles, de leur tissu économique et de leurs objectifs de croissance, tout en offrant un survol de la rareté de main-d’œuvre, un phénomène qui touche présentement nos entreprises et nos milieux de vie, partout au Québec. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) est fière de s’associer de nouveau à JBC Média pour vous présenter cette édition de l’annuel Le Québec économique, encore une fois riche et variée en contenus pertinents et d’actualité pour les décideurs. Bonne lecture !

Daniel Côté Président de l’UMQ Maire de Gaspé

LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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SOMMAIRE : : ÉDITION 2022

TRIBUNE

3 MOT DU PRÉSIDENT DE L'UMQ

MAIRES ET MAIRESSES DE

5 MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF 7 ENTREVUE – DANIEL CÔTÉ Des conséquences partout, même où l’on ne s’y attend pas

DOSSIER PROMOTIONNEL

11 SI LA MONTAGNE NE VIENT PAS À TOI, VA À LA MONTAGNE

32 REPENTIGNY Des projets novateurs pour demeurer un moteur économique

16 DES DEMANDES DE PARTOUT, MAIS AUSSI DES SOLUTIONS

36 VARENNES De fleuve et d’exploits 350 ans de prospérité économique ! 38 SALABERRY-DE-VALLEYFIELD Un centre-ville métamorphosé 42 LAVAL Le défi de la main-d’œuvre Laval se mobilise 44 GASPÉ Une ville en pleine effervescence

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46 SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU Densifier pour croître de façon durable

TROUVER DE LA MAIN-D'ŒUVRE Un des mandats essentiels du gouvernement Legault

48 DRUMMONDVILLE Ville résiliente, verte et attrayante

57 DOUZE PÔLES DE CROISSANCE AU QUÉBEC 24

50 GRANBY Concilier boom économique et respect de la nature

CONTENU COMMANDITÉ

52 JOLIETTE Une ville à haut indice de bonheur et d’attractivité

LE RECRUTEMENT INTERNATIONAL Une stratégie efficace pour les entreprises bien préparées

ÉCO-CALCULATEUR

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LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF

ÉDITEUR Jacques Boisvert RÉDACTEUR EN CHEF René Vézina

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

RÉDACTION René Vézina RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Supervision : Edith Lajoie Conception graphique et mise en page : Carole Bordeleau pour Carbodesign PHOTOGRAPHE Denis Bernier

RÉAGIR COLLECTIVEMENT AU MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE

ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE © iStock par Halfpoint PUBLICITÉ Claire Boisvert Conseillère en publicité Caroline Nicolas Responsable Qualité et satisfaction client Québec 418 317-0669

Montréal 450 670-7770 ADMINISTRATION Edith Lajoie Directrice générale COMPTABILITÉ Catherine Faucher Philippe Bérubé CPA

ENVOI DE POSTE – PUBLICATIONS Convention no PP 41614528 ADRESSE DE RETOUR 70, rue De La Barre, bureau 120 Longueuil QC J4K 5J3 ABONNEMENTS Fatima Reynel Gracia Responsable des abonnements abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Villes d’avenir, édition Le Québec économique. Le nom de l’auteur ou du photographe doit également apparaître. L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion de toute publicité.

Le magazine Villes d’avenir, édition Le Québec économique est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 70, rue De La Barre, bureau 120 Longueuil QC J4K 5J3 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771 info@jbcmedia.ca

René Vézina

Certains parlent de pénurie. D’autres préfèrent le terme « raréfaction ». Quel que soit le vocable utilisé, le Québec manque douloureusement de bras et de cerveaux. Et les municipalités sont aux premières loges pour constater les dommages que ce manque de main-d’œuvre cause actuellement d’un bout à l’autre de la province. C’est l’une des constatations les plus étonnantes : plus une seule région n’y échappe, même pas celles dont on disait il n’y a pas si longtemps qu’elles étaient affligées par un fort taux de chômage. Aujourd’hui, on gratte les fonds de tiroir de l’Abitibi à la Gaspésie pour deux bonnes raisons. D’abord, le Québec vieillit et les gens quittent leur travail par régiments entiers. En 2021, la tranche d’âge la plus nombreuse regroupait les personnes de 60 à 64 ans. C’était prévisible. Les projections démographiques nous l’annonçaient. Ce qui l’était moins, c’était la robustesse de l’économie québécoise, malgré les assauts répétés de la COVID, qui ont obligé les employeurs à chercher du renfort. Avec les départs à la retraite, la tâche est devenue imposante. Si les municipalités sont sur la première ligne, c’est qu’elles peuvent observer l'impact de ce défi à la fois sur leurs propres besoins et sur ceux des entreprises et des organisations actives sur leur territoire. Leur statut de gouvernements de proximité les incite à agir pour trouver des solutions. Voilà ce dont il est question dans les pages qui suivent. Quelle est la nature du problème ? Comment l’affronter ? En proposant des exemples de réponses et de municipalités qui ont pourtant le vent dans les voiles, on parvient à tracer un portrait convaincant, d’autant que le gouvernement du Québec se dit lui-même interpellé par le malaise. Nous espérons donc que cette lecture vous sera profitable.

www.jbcmedia.ca Nous reconnaissons l’appui financier du Gouvernement du Canada

René Vézina Rédacteur en chef

LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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ENTREVUE

DANIEL CÔTÉ Président Union des municipalités du Québec (UMQ) Maire de Gaspé

UMQ

DES CONSÉQUENCES PARTOUT, MÊME OÙ L’ON NE S’Y ATTEND PAS

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

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C’est tout le Québec qui souffre et qui risque de souffrir pendant un bon moment de la pénurie de maind’œuvre. Tel est le constat du président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé, Daniel Côté. « Je ne vous apprends pas grand-chose, dit-il, on en parle depuis 25 ou 30 ans, mais le problème empire et il frappe partout en freinant l’offre de services, de la santé à l’alimentation en eau potable. Il va falloir des années avant que la situation se x normalise. »

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il faut attendre que la pyramide des âges se rétablisse, elle qui signale un vieillissement graduel et implacable de la population, l’attente sera longue, reconnaît Daniel Côté : « Il serait périlleux de compter sur une augmentation des naissances. Il y a d’autres options, comme la hausse de l’immigration économique. Mais il va falloir en arriver à la régionaliser. C’est essentiel. »

UN BESOIN CRIANT, PARTOUT Les chiffres confirment son analyse. Les plus récents relevés montrent que 76 % des immigrants s’installent dans l’agglomération de Montréal. « Or, les besoins de main-d’œuvre sont au moins aussi grands en région. Il va bien falloir trouver des incitatifs pour les encourager à regarder au-delà de la métro­ pole », fait-il valoir. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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ENTREVUE

Et même s’il admet volontiers qu’il n’existe pas de solution miracle, le président de l’UMQ est bien placé pour mesurer l’ampleur de l’enjeu et l’importance de poser des gestes. « Je ne connais pas un maire, pas une ville qui ne manque pas de main-d’œuvre. À SaintGeorges-de-Beauce, pour ne parler que d’elle, les PME poussent un cri d’alarme et elles ne sont pas les seules », indique-t-il. Le risque de rupture de services l’inquiète, d’autant qu’elle peut survenir un peu partout, quels que soient les domaines. « Dans les hôtels, et Montréal n’y échappe pas, il arrive souvent que le ménage ne soit pas fait quotidiennement quand on y séjourne pour un moment. Je pense aussi à l’industrie du camionnage, qui est lui aussi en manque et qui ne suffit plus à la tâche. Ça ne s’arrangera pas de sitôt parce que les chauffeurs avancent en âge eux aussi. Imaginez ce qui va arriver si personne ne transporte plus nos biens. Et vous avez entendu parler du secteur du tourisme ? Au Québec, la demande est en hausse, alors que les prestations de services sont compromises, faute de personnel », souligne Daniel Côté. L’été dernier, par exemple, on ne pouvait trouver de massothérapeute à Percé, pourtant un haut lieu de l’industrie touristique au Québec. Même les hôtels réputés qui avaient l’habitude d’offrir ce service se trouvaient sans ressources. Rien n’indique que ce sera plus facile cet été. « Il faut vraiment un énorme coup de barre, rien de moins », lance M. Côté. L’EXEMPLE ÉLOQUENT DE GASPÉ Gaspé est aujourd’hui l’une des municipalités les plus étendues au Québec avec un territoire qui couvre 1 500 km2. Son maire est aux premières loges pour constater l’impact de cette pénurie de main-d’œuvre là où, en apparence, on ne l’attendait pas. « Si l’on s’arrête simplement aux données sur le taux de chômage, la Gaspésie n’est pas la plus mal prise, dit-il, puisque bien des gens seraient disponibles. Mais ici, les industries sont en bonne partie saisonnières. On ne peut aller à la pêche aux crevettes en janvier ni récolter des carottes. Et les touristes viennent essentiellement l’été même si de belles initiatives en attirent l’hiver. Or, les travailleurs qui ne sont plus au travail six mois par année ne reviennent pas nécessairement quand l’activité reprend. Ce taux de chômage est trompeur. Nous manquons nous aussi de main-d’œuvre. Même le Tim Hortons a souvent dû fermer la nuit, faute d’employés. » Sans compter que l’économie de Gaspé peut maintenant s’appuyer sur des entreprises qui roulent à fond 12 mois par année, comme les chantiers navals ou LM Wind Power, une filiale de la multinationale General Electric,

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LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

UMQ

qui produit des pales pour les éoliennes géantes. La demande d'énergies de remplacement est en hausse, la production de l’usine de Gaspé aussi. Ses projets d’expansion sont impressionnants… pourvu qu’elle puisse recruter les travailleurs dont elle a besoin. « L’usine employait quelque 300 personnes en 2016, elle a réussi à en embaucher 200 de plus récemment pour augmenter la cadence, mais voilà, elle veut maintenant tripler sa superficie, car la demande est forte. Il lui faudrait déjà monter l’effectif à 700, peut-être jusqu’à 1 000... Ce ne sera pas évident », constate Daniel Côté. Et le manque de logements n’arrange rien. À Gaspé, le taux d’inoccupation est tombé à 0,2 %. Autrement dit, il est presque impossible de se loger. « Il y a un projet en cours qui ajoutera 144 unités. On n’a pas vu ça depuis des décennies », dit le maire Côté. Il doit aussi composer avec d’autres défis, à commencer par tout ce qui touche au transport. Dans son récent budget, le gouvernement du Québec a inclus des subventions pour améliorer la desserte en région et limiter les tarifs. Au moins, Gaspé peut déjà compter sur deux transporteurs, et cette concurrence favorise les voyageurs, même si les prix demeurent relativement élevés. Il faut facilement débourser 500 $ et plus pour un aller-retour Montréal-Gaspé. Par ailleurs, le dossier du transport ferroviaire progresse, mais lentement. Gaspé a perdu la liaison par Via Rail en 2011, et les retards dans la réhabilitation de la voie ferrée reportent toujours plus loin le retour du service.


« L’usine (la LM Wind Power) employait quelque 300 personnes en 2016, elle a réussi à en embaucher 200 de plus récemment pour augmenter la cadence, mais voilà, elle veut maintenant tripler sa superficie, car la demande est forte. Il lui faudrait déjà monter l’effectif à 700, peut-être jusqu’à 1 000... Ce ne sera pas évident. » – Daniel Côté Daniel Côté ne se laisse pas décourager. « Au moins, la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine est redevenue attractive, précise-t-il. Pour 2021, nous affichons un bilan positif de 1 378 personnes, c’est du jamais vu. Notre marketing territorial a bien fonctionné ! » Mais un gain ici signifie probablement une perte ailleurs, et le maire de Gaspé doit aussi reprendre son rôle de président de l’UMQ. « L’urgence de l’hôpital de Senneterre, en Abitibi, vient juste de rouvrir après être restée fermée pendant cinq mois, rappelle-t-il. Il y a eu des ruptures en obstétrique à Matane et ailleurs. Ce sont des services essentiels. Comment le Québec peut-il poursuivre son développement si l’on n’est pas en mesure de répondre aux besoins des citoyens comme à ceux des employeurs ? »

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UMQ

SI LA MONTAGNE NE VIENT PAS À TOI, VA À LA MONTAGNE DES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS

PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

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est exactement ce qu’ont fait les maires de six villes québécoises, en janvier 2019, en investissant à Paris le Salon du travail et de la mobilité professionnelle dans le cadre d’une mission parrainée par l’Union des municipalités du Québec (UMQ). Leur slogan était clair : « On a besoin de toi, c’est urgent ! » L’objectif l’était tout autant : attirer le plus de candidats qualifiés possible pour atténuer la pénurie de maind’œuvre qui faisait déjà mal dans toutes les régions du Québec. Pendant deux jours, les maires et mairesses de Drummondville, Sainte-Julie, Contrecœur, Saint-Donat, Matane et Deux-Montagnes se sont employés à vanter les attraits et les avantages de la société québécoise, en insistant sur les multiples possibilités qu’elle offre aux femmes et aux hommes prêts à participer à son développement.

UN ESPOIR DÉÇU, UNE PÉNURIE QUI FAIT MAL Le message a bien passé. Le kiosque de l’UMQ a été très couru. Il a vu défiler 1 500 demandeurs d’emploi, et 500 curriculum vitæ ont été recueillis. Mais c’était tout juste deux mois avant le premier confinement lié à la vague initiale de la COVID-19… « Évidemment, les restrictions qui ont suivi, puis les différends entre les deux gouvernements n’ont pas aidé, et nous avons perdu bien des candidats potentiels qui ont fini par se décourager », dit Denis Martin, qui participait à cette mission comme maire de Deux-Montagnes et président de la Commission de développement économique de l’UMQ. « Mais c’est vous dire à quel point les villes du Québec ont pris elles-mêmes les devants pour pallier le manque de travailleurs qui handicape leur économie », témoigne-t-il.

De gauche à droite sur la photo : Joé Deslauriers, président du Caucus des municipalités locales de l’UMQ et maire de Saint-Donat ; Suzanne Roy, présidente de l’UMQ (2014-2016 et 2019-2021) et mairesse de Sainte-Julie (2005-2021) ; Alexandre Cusson, président de l’UMQ (2017-2019) et maire de Drummondville (2013-2020) ; Denis Martin, président de la Commission sur le développement économique de l’UMQ et maire de Deux-Montagnes ; Maud Allaire, mairesse de Contrecœur ; Jérôme Landry, maire de Matane (2013-2021). LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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DES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS

Il a 60 ans et il en a vu d’autres, mais cette crise est l’une des plus sérieuses qu’il ait dû traverser comme élu. « Nous parlons depuis 2005 du manque de main-d’œuvre, ça ne date pas d’hier, mais là elle nous arrive en plein visage avec des répercussions un peu partout. Les maires m’en parlent continuellement », dit-il, en citant quelques exemples de municipalités et secteurs frappés par le problème. Les régions de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord sont particulièrement touchées. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le commerce de détail est durement affecté. La municipalité régionale de comté des Pays-d’en-Haut, dans les Laurentides, voit le manque de logements compliquer la vie des employeurs qui tentent de recruter des travailleurs. « Imaginez, il faudrait construire plus de logements, mais l’industrie de la construction est elle-même à court de monde ! » lance-t-il. Ailleurs, les organismes communautaires de la Haute-Yamaska sont eux aussi à la recherche active de personnel. Les clubs de golf, qui ont connu une affluence quasi record l’an dernier, ont globalement besoin de pourvoir 1 000 postes qui demeurent disponibles en ce début de saison. « Et par chez moi, sur la Rive-Nord de Montréal, je vois des restos pour le déjeuner qui ne sont plus ouverts que quatre ou cinq jours par semaine, alors que les loyers, eux, ne baissent pas, ajoute le maire de Deux-Montagnes. Les centres-villes risquent de ressentir les contrecoups de ces horaires réduits pour les commerces. »

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LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

VILLE DE DEUX-MONTAGNES

DENIS MARTIN Maire de Deux-Montagnes Président de la Commission de développement économique Union des municipalités du Québec (UMQ)


MUNICIPALITÉ DE SAINT-EUSTACHE ANDRÉ BOURGEOIS

MUNICIPALITÉ DE SAINTE-ANNE-DES-PLAINES ROMAIN KOWALSKI LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 13 RK


DES CONTRECOUPS DANS LES RÉGIONS

ANTONY DEGUISE

« Il va falloir accompagner nos organismes et nos PME. Notre avenir en dépend. » – Denis Martin

En fait, c’est tout le secteur de l’hébergement et de la restauration qui souffre, car on évalue à 11 % le taux de postes vacants, signale Denis Martin. « Aujourd’hui, ditil, dans bien des hôtels, le ménage des chambres n’est plus fait quotidiennement, mais à l’arrivée et au départ même si vous y passez deux ou trois jours. Ça aurait été impensable il n’y a pas si longtemps. » L’AUTOMATISATION À LA RESCOUSSE Au-delà de toutes les solutions qui ont été évoquées, il en retient une qui pourrait aider à court terme, du moins dans certains établissements. « Avec le soutien des gouver­nements, pour l’investissement initial, on pourrait automatiser là où c’est faisable, comme ces caisses libre-service dans les épiceries, les consommateurs s’y habituent peu à peu, note-t-il. Quand on y pense, c’est un renversement d’attitude : au départ, on craignait que ces machines ne finissent par coûter des emplois alors qu’au fond, elles vont aider certains commerces à en préserver et à demeurer en santé. » Il faut réaliser que nous vivons là un important change­ ment de paradigme, affirme Denis Martin : « Lors des dernières campagnes électorales, on nous promettait la création de nombreux emplois de plus, alors que ce qui importe maintenant, c’est de maintenir ceux qui existent et de pourvoir ceux qui sont vacants ! » De là l’importance de mettre collectivement la main à la pâte, pour reprendre son expression. « Il va falloir accompagner nos organismes et nos PME. Notre avenir en dépend », conclut-il. 14

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DES DEMANDES DE PARTOUT, MAIS AUSSI DES SOLUTIONS PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

« La pénurie de travailleurs représente actuellement le premier enjeu pour les employeurs, et il faut absolument y trouver des réponses. » Le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn, dispose de solides informations pour étayer cette affirmation. Un sondage réalisé à la fin 2021 auprès de ses membres révèle à quel point ils sont préoccupés.

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n détail, pas moins de 94 % d’entre eux disent devoir composer avec des problèmes liés à l’embauche de personnel. Autrement dit, presque tous les employeurs y sont confrontés, peu importe leur taille, leur région ou leur secteur d’activité. En outre, près de la moitié (45 %) signalent avoir dû retarder ou même annuler un projet, faute de personnel suffisant. Puis 43 % admettent avoir refusé au moins un contrat par manque de main-d’œuvre, donc avoir dû mettre de côté le projet de croître… alors que tout dirigeant d’entreprise passe une partie de sa vie à courir après les mandats ! « Imaginez le déchirement, dit Karl Blackburn, et imaginez l’impact sur l’économie du Québec, quand on sait qu’en 2019, les investissements du secteur privé lui ont procuré 30 milliards de dollars. Toute la société finit par en souffrir. » Les données du CPQ recoupent celles de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). Son

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CPQ

KARL BLACKBURN Président Conseil du patronat du Québec (CPQ)


FCCQ

ISTOCK PAR ANDREYPOPOV

CHARLES MILLIARD Président Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)

président, Charles Milliard, était en tournée au début mars, après avoir visité tour à tour Joliette, Maniwaki et Gatineau. Un relevé de la FCCQ à la mi-février montrait que près de 9 répondants sur 10 étaient aux prises avec des problèmes de main-d’œuvre. La démonstration est entendue. Ce qui l’est moins, par contre, c’est la façon de sortir de l’impasse. « Je dirais que les solutions sont multileviers parce qu’il n’existe pas de remèdes miracles, souligne M. Milliard, encore faut-il intervenir dans les grands dossiers. » Ils sont déjà connus et mis en évidence par l’ensemble des organismes qui interviennent à cet égard. Mais au départ, tout le monde admet qu’il faut d’abord composer avec la population québécoise. Impossible d’y échapper. Cette année, la tranche démographique la plus nombreuse regroupe les gens de 60 à 64 ans. Sans être des vieillards, ces personnes ne sont pas les plus présentes sur le marché du travail. Par exemple, en février, l’Institut du Québec (IDQ), affilié au Conference Board du Canada, signalait à quel point cette tran­ sition démographique allait forcément perturber le marché du travail au Québec, du moins pour quelques années. « Nous avons noté durant la pandémie que l’écart entre les gens qui quittent le marché du travail et ceux qui y entrent n’a jamais été grand, souligne Mia Homsy, PDG de l’IDQ. Et le nombre de postes à pourvoir n’arrête pas de grossir, on l’évalue à 238 000 aujourd’hui. »

IDQ

MIA HOMSY PDG Institut du Québec (IDQ) LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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DEMANDES ET SOLUTIONS

« On peut quand même miser sur trois grands bassins potentiels de main-d’œuvre pour venir en renfort », suggère Karl Blackburn : les étudiants, les gens éloignés du marché du travail et les immigrants. Selon lui, les personnes encore aux études pourraient aider à combler environ 50 % des besoins actuels de main-d’œuvre si l’on arrive à bien les intégrer sans nuire à leur parcours. Il ne le dit pas expressément, mais l’expérience allemande qui mise sur la jonction entre les employeurs et les étudiants pourrait servir d’exemple. Ensuite, 25 % des autres demandes pourraient être comblées tant par les femmes qui ne participent pas encore au marché du travail que par des personnes handicapées, même des prisonniers. Il inclut également dans ce groupe ceux qu’on appelle poliment les « travailleurs expérimentés », puisque leur contribution pourrait s’avérer encore plus grande si l’on modifiait les pratiques actuelles pour favoriser leur maintien en poste. L’autre part, près de 25 %, reviendrait aux immigrants, dont les deux tiers sont, année après année, de type « économique », c’est-à-dire qu’ils sont acceptés ici en fonction de leurs compétences. « Mais la fermeture des frontières à cause de la pandémie a fait

Grande rencontre

mal et nous sommes en déficit », ajoute-t-il, alors que le gouvernement du Québec semble maintenant enclin à ouvrir ses portes pour rattraper le retard. LE DÉPART À LA RETRAITE N’EST PAS UNE FATALITÉ « Il ne faut pas oublier tout ce qui touche à la requalifi­ ca­tion de la main-d’œuvre », dit Charles Milliard, qui constate que bien des travailleurs peuvent migrer d’une affec­tation à une autre si on leur en donne l’occasion. « Encore faut-il que les conventions collectives syndicales acceptent des aménagements et que les employeurs soient accommodants. » Lui aussi évoque cette épineuse question des travailleurs dits « expérimentés » qui revient constamment dans le débat. Les Québécois prennent leur retraite plus tôt qu’ailleurs au pays, en moyenne à 62 ans, et pour cause : ils risquent d’être pénalisés, de perdre des crédits fiscaux, par exemple, s’ils persistent à travailler. « Les mesures actuelles ne favorisent pas leur maintien à l’emploi, explique Charles Milliard, il faudrait que les avantages

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à continuer, ne serait-ce que quelques jours par semaine, soient supérieurs aux inconvénients. Oui, il y aurait des coûts pour les gouvernements, mais ça nous coûte cher, collectivement, de les perdre. Nos dirigeants sont frileux. » C’est aussi ce qu’en pense l’IDQ. « Ici, les gens de 25 à 54 ans sont proportionnellement les plus nombreux à être au travail qu’ailleurs au pays, et ça vaut aussi pour les femmes, constate Mia Homsy. Mais le défi concerne les gens de 60 ans et plus. » L’Institut suggère que les gouvernements mettent en place sans tarder des incitatifs convaincants pour favoriser la rétention des travailleurs plus âgés. « On pourrait offrir des congés de cotisations à la Régie des rentes du Québec, réduire la taxe sur la masse salariale qui en découle pour les employeurs, bonifier et prolonger des crédits d’impôt… les moyens existent », expose la PDG. Elle ajoute un élément essentiel, qui interpelle directement les employeurs privés : « Le secteur public, donc tous les paliers de gouvernements, vont eux aussi finir par offrir plus d’avantages. La concurrence sera encore plus rude pour les nouveaux candidats. » Son propos rejoint celui du Centre sur la produc­ tivité et la prospérité, rattaché à HEC Montréal, qui a publié en octobre une analyse intitulée Vieillissement démographique : solutions pour un Québec mal préparé en lien avec la pénurie de main-d’œuvre. On y affirmait que le fait de simplement hausser le taux d’emploi, au Québec, des gens de 60 ans et plus au niveau de celui de l’Ontario permettrait de pourvoir la moitié des postes vacants de la province. Maintenir au travail davantage de gens dans cette tranche d’âge réglerait donc une bonne partie du problème. « Nous avons cependant noté que les natifs – les gens nés ici – sont surreprésentés dans la fonction publique et les milieux syndiqués », fait remarquer Robert Gagné, professeur titulaire au Département d’économie appliquée de HEC Montréal, et directeur du Centre. « Ils sont ainsi mieux protégés et jouissent de mesures qui peuvent avoir comme conséquence d’accélérer leur départ, poursuit-il. Mais certains employeurs privés ont quand même pris des dispositions pour inciter ces travailleurs plus âgés à demeurer chez eux, alors que c’est rarement le cas pour le gouvernement du Québec, quand même le plus important employeur de la province. »

ROBERT GAGNÉ Professeur titulaire au Département d'économie appliquée et directeur du Centre sur la production et la prospérité HEC Montréal

Dans son étude, le Centre présente quelques exemples éloquents d’aménagements du genre. Chez Exceldor, deux salariés âgés peuvent partager leur semaine de travail. À l’hôtel Ritz-Carlton de Montréal, les employés de 55 ans peuvent voir leur semaine allégée. Chez Prévost Car, de SainteClaire, à compter de 60 ans, un salarié ayant un horaire hebdomadaire de 40 heures peut voir son temps de travail réduit à quatre semaines sur une période normale de cinq semaines si l’employeur est d’accord. La convention collective, chez Domtar, prévoit des vacances supplémentaires pour les travailleurs qui comptent 25 ans de service dès qu’ils atteignent la soixantaine, ils peuvent même en obtenir cinq de plus à 64 ans. Et ce ne sont que quelques cas parmi d’autres qui montrent que bien des employeurs sont prêts à se montrer accommodants pour conserver leur personnel vieillissant et atténuer parallèlement les pressions sur le milieu du travail québécois. « On a proposé par le passé des crédits fiscaux, dès le début des années 2010, mais ils n’ont pas produit les résultats qu’on espérait, ajoute le professeur Gagné. Ils ne sont pas très généreux

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MUNICIPALITÉ DE LAVALTRIE MUNICIPALITÉ DE LAVALTRIE

MUNICIPALITÉ DE SAINT-AMABLE 20

ATLASBARZ: : ÉDITION 2022 LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE


ni très nombreux. Je pense que c’est moins une affaire de fiscalité que d’aménagements dans la gestion des salariés âgés. » Et l’immigration ? « C’est forcément un élément qu’il faut considérer, mais compte tenu des processus qui s’étirent et de l’arrimage pas toujours évident avec le marché du travail, elle ne représente à mes yeux qu’une petite partie de la solution, du moins à court terme », juge-t-il. RECONNAÎTRE LA CONTRIBUTION ESSENTIELLE DE L’IMMIGRATION C’est pourtant là « l’éléphant dans la pièce », omni­ présent malgré des divergences sur la manière de l’aborder. Québec a et aura besoin de renfort extérieur. À peu près tout le monde en convient, sans être unanime sur la taille, la destination et la contribution de ce bassin de main-d’œuvre venue d’ailleurs. « Déjà que nous sommes en retard par rapport au nombre de gens qui devaient arriver, les politiques actuelles ne tiennent pas suffisamment compte des attentes en région », soutient Charles Milliard, de la FCCQ, qui entend continuellement les doléances de ses membres situées hors de l’agglomération de Montréal. Et avec le retour des beaux jours, il rappelle d’abord l’urgence d’assouplir les procédures pour l’accueil de travailleurs étrangers temporaires que les producteurs agricoles, pour ne nommer que ceux-là, réclament désespérément. Il n’est pas seul à souligner la nécessité d’agir à cet égard. « Toutes proportions gardées, on compte deux fois moins de travailleurs étrangers temporaires au Québec qu’en Ontario ; pourtant, les besoins sont tout aussi importants ici », fait remarquer Robert Gagné. Fin mars, une coalition d’organismes socioécono­ miques québécois interpellait directement le gouvernement fédéral pour demander une réduction rapide des délais de traitement. En faisaient partie la FCCQ, l’Université du Québec à Trois-Rivières, la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond (CCID), la Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec et plusieurs autres. « La situation actuelle met en péril les opérations d’entreprises, qui sont de plus en plus nombreuses », déclarait le président de la CCID, Marc Tremblay, signalant que des entreprises n’ont maintenant d’autre choix que de refuser des contrats et limiter leur croissance. Pire, les délais s’allongent : parfois cinq à six mois pour le traitement des demandes. Puis de 8 à 15 semaines supplémentaires avant que ne soit

ISTOCK PAR PIERREDESROSIERS

octroyé le permis de travail selon le pays d’origine du candidat. « Les travailleurs étrangers tempo­ raires sont essentiels », réaffirmait-il, rappelant que l’an dernier, de nombreuses entreprises agricoles n’ont pu accueillir les travailleurs dont elles avaient besoin qu’à la fin de l’été… après la période cruciale de production. C’est toute la question de l’immigration qui demeure entière, d’autant que la pandémie n’a pas aidé, reconnaît le président du CPQ, Karl Blackburn : « Mais on sentait déjà un resserrement des seuils malgré la pénurie de main-d’œuvre. Les gestes forts n’ont pas été posés. » Le fédéral n’est pas seul en cause. « Québec détient la compétence sur 65 % des immigrants, ceux qu’on dit économiques, sélectionnés en fonction de leurs compétences. Or, on persiste ici aussi à sous-évaluer les besoins », ajoute M. Blackburn. Et que penser de la régionalisation, qui demeure un impératif ? « La meilleure façon de bien répartir les immigrants, c’est de leur offrir du travail, dans toutes les catégories d’emplois. Or, cette information ne circule pas autant qu’elle le devrait », déplore-t-il. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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DEMANDES ET SOLUTIONS

C’est un travail de longue haleine auquel la FCCQ, entre autres, s'emploie. Elle a organisé, avec Fondaction et Vivre en ville, une tournée régionale, du 9 mars au 6 avril, qui les a conduits à Drummondville, Sherbrooke, Trois-Rivières, Joliette et dans la Vallée-de-la-Gatineau. Intitulé « Pour des milieux de vie durables au Québec », l’événement abordait naturellement le défi de la régionalisation de l’immigration. « Il faut reconnaître les obstacles et s’y attaquer, souligne Charles Milliard. Nous avons des croûtes à manger pour améliorer le transport interurbain, par exemple », dit-il en notant que les immigrants doivent autrement dépenser beaucoup pour l’achat d’une voiture s’ils ont à se déplacer. « La disponibilité de logements représente un autre frein, avec des taux de vacances au plancher dans bien des villes : 0,2 % à Granby et à Gaspé, 0,1 % à Maniwaki… Nous étions à La Tuque en octobre, un manufacturier de produits de bois de consommation attendait 12 travailleurs mexicains, mais il prévoyait devoir passer deux à trois mois pour leur trouver à se loger !

Dans ces circonstances, il n’est pas facile d’attirer des gens, sans compter d’autres problèmes, comme le manque de garderies », décrit M. Milliard. Vaste chantier ? Indiscutablement, de là l’importance du recours aux forces déjà en place en misant sur l’amélioration de leurs compétences de manière à pourvoir aux emplois vacants. « C’est là une stratégie qu’il ne faut pas négliger, estime Mia Homsy : former les gens en place et en engager qui n’ont pas forcé­ ment au départ le profil recherché. Là aussi, le gouver­nement peut intervenir en encourageant cette mise à niveau. » Sans compter les progrès de la technologie et le développement de l’automatisation, qui viendra aussi alléger la pression sur le marché du travail… Il n’existe pas de solution unique, juste une attitude à adopter décisivement, affirme Karl Blackburn : « D’ici 2026, il faudra trouver 1,4 million de travailleurs, à la fois pour compenser les départs et pour renforcer les effectifs. Le temps presse, on doit agir sur tous les fronts sans perdre de temps. »

Varennes, de fleuve et d’exploits 350 ans de prospérité économique!

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Martin Damphousse Maire

Guillaume Fortier

Marc-André Savaria

Geneviève Labrecque

Carine Durocher

Benoit Duval

Natalie Parent

Gaétan Marcil

Brigitte Collin


MUNICIPALITÉ DE BELŒIL ROSALIE HAMELIN

MUNICIPALITÉ DE VARENNES SPREAD ACTUALITÉ LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 23


REPORTAGE PROMOTIONNEL

LE RECRUTEMENT INTERNATIONAL

UNE STRATÉGIE EFFICACE POUR LES ENTREPRISES BIEN PRÉPARÉES Dans le contexte actuel où le besoin de main-d’œuvre figure au premier plan des préoccupations de nos entreprises dans plusieurs secteurs de l’économie et où le taux de chômage au Québec se situe sous la barre des 5 %, l’attraction et la rétention de travailleurs étrangers temporaires apparaissent de plus en plus comme une solution incontournable.

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n effet, certaines études récentes cette main-d’œuvre. Par exemple, les font état de plus de 1 500 000 postes équivalences de compétences, l’admisà pourvoir au Québec d’ici 2026 et sibilité à l’immigration permanente et prévoient qu’environ 22 % de ces postes le regroupement des familles sont des seront occupés par des immigrants, qu’ils facteurs importants à prendre en consisoient qualifiés ou non1. Historiquement, dération pour les entreprises qui ont des le flux d’immigrants permanents contri­ besoins permanents. buait à l’accroissement de la population Pour ce qui est des politiques et des active, mais dans le contexte actuel, programmes d’immigration, le Canada l’importance des travailleurs étrangers figure comme l’un des pays les plus ouverts temporaires s’avère incontestable. Déjà Julie Lessard et novateurs. Par exemple, dans le but en 2019, soit tout juste avant la pan Associée, avocate, chef de promouvoir et de soutenir le dévelopdé mie, le Canada a délivré environ du groupe d’immigration d’affaires de BCF pement de nouvelles technologies et les 470 000 permis de travail temporaire, avancées scientifiques, le Canada a lancé, un bond considérable comparativement en 2017, le projet du Volet des talents aux 340 000 et 390 000 permis délivrés 2 mondiaux qui permet aux entreprises innovantes à respectivement en 2017 et 2018 . Nous prévoyons une forte croissance de profiter d’un traitement accéléré hausse encore plus importante pour les années à venir. des demandes de permis de travail pour certains postes Bien que l’immigration permanente demeure un objectif hautement spécialisés. Les postes visés comprennent, gouvernemental et sociétal important, les entreprises entre autres, les analystes et consultants en informaqui font face à des besoins pressants se doivent d’agir tique, les ingénieurs et concepteurs de logiciels ainsi de manière proactive, et le recrutement international que les programmeurs et développeurs en médias s’impose aujourd’hui à plusieurs d’entre elles. interactifs. Ce programme connaît un grand succès Le recrutement de travailleurs étrangers temporaires et un nombre croissant d’entreprises en tire profit. Non n’est toutefois pas sans obstacle. Les entreprises seulement permet­il de répondre aux défis de main­ doivent modifier leur approche, comprendre les aspects d’œuvre, mais il contribue également à l’attraction de légaux liés à l’immigration des travailleurs et des talents de haut niveau dans ces secteurs d’activité. membres de leur famille et mettre en place des stratéEn contrepartie, les entreprises s’engagent à créer gies d’immigration compétitives et agiles. Elles doivent des opportunités d’emploi pour des Canadiens et des également se préparer à relever les défis de formation, résidents permanents, ce qui a une incidence directe d’intégration et de rétention qui sont particuliers à sur l’essor économique. 1. Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (2019). Équilibre du marché du travail. Diagnostics pour 500 professions. Édition 2018. https://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/pdf/Publications/00_etat_equilibre.pdf 2. Statistique Canada (2020). Répartition des travailleurs étrangers temporaires dans les industries au Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00028-fra.htm

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Par ailleurs, les besoins criants en matière de maind’œuvre existent dans la plupart des secteurs économiques ; chaque industrie a des besoins précis. Afin de mieux répondre aux besoins variés et évolutifs des entreprises, le gouvernement du Québec a récemment apporté des changements à certains programmes, toujours dans le but de faciliter et d’accélérer l’arrivée de travailleurs étrangers temporaires dans la population active au Québec.

Un autre changement apporté pour favoriser l’arrivée de travailleurs étrangers occupant des postes dits à bas salaires a été d’accroître le pourcentage maximum de la main-d’œuvre constituée par des travailleurs étrangers de 10 à 20 % dans plusieurs secteurs de l’industrie, une augmentation importante et salutaire pour plusieurs entreprises. Cette réforme était également demandée depuis longtemps pour répondre à des besoins précis que le marché local ne peut combler.

L’un des changements majeurs a été de reconnaître la pénurie de main-d’œuvre pour un grand nombre de postes et d’ajouter ces derniers à la liste privilégiée des professions sous pression qui profitent d’un traitement accéléré. Aujourd’hui, cette liste comporte non seulement des postes en gestion et des postes professionnels, mais également certains emplois pour lesquels un besoin criant a été déterminé : les bouchers industriels, certains opérateurs de machinerie, certains conducteurs de camions de transport ou de machinerie, les manutentionnaires et autres métiers. L’inclusion récente de 58 professions de niveau C dans la classification nationale des professions constitue une avancée majeure qui était réclamée depuis longtemps par les différents acteurs représentant les entreprises, dont le Conseil du patronat du Québec.

Bien que ces changements soient les bienvenus, il demeure pressant que l’accès à la résidence permanente soit simplifié et accéléré pour ces travailleurs qui contribuent à l’économie québécoise. Des mesures adaptées pour faciliter l’arrivée des membres de la famille immédiate de certains travailleurs représentent un autre objectif décisif pour leur rétention au Québec. Les programmes visant les travailleurs étrangers temporaires sont nombreux, mais il n’en demeure pas moins que les entreprises doivent se méfier des formules quasi magi­ ques qui sont de plus en plus présentées sur le marché du recrutement international. Ce recrutement exige une grande agilité et s’avère un changement stratégique important pour toutes les parties impliquées, des responsables des ressources humaines à la direction financière et générale des entreprises.

Pour plus d’informations, visitez bcf.ca LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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PIERRE FITZGIBBON Ministre de l’Économie et de l’Innovation Gouvernement du Québec

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UN DES MANDATS ESSENTIELS DU GOUVERNEMENT LEGAULT

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

Le gouvernement du Québec est bien au fait des problèmes que pose la pénurie de main-d’œuvre et il entend y remédier. Tel est le message que livre le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, quand on lui fait part des commentaires venant d’un peu partout pour déplorer ce manque de travailleurs qui risque de handicaper l’économie du Québec.

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lusieurs organisations se sont dites déçues que le budget déposé en mars ne soit pas plus explicite quant aux mesures concrètes qui pourraient être prises sans tarder. En chœur, le Conseil du patronat, Manufacturiers et exportateurs du Québec, la Fédération des entreprises indépendantes et l’Association Restauration Québec, entre autres, ont signalé leur désappointement. « Attention, dit le ministre Fitzgibbon, l’énoncé du budget ne dit pas tout. C’est essentiellement une prévision.

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Dans les faits, la mise à jour de novembre 2021 attribuait 2,9 milliards de dollars sur cinq ans au ministre du Travail, Jean Boulet, pour que nous puissions nous attaquer à cette question de la rareté de main-d’œuvre. » Pour mémoire, l’annonce de novembre citait 80 mesures touchant six domaines d’activité, notamment les services publics essentiels en santé et en éducation, avec l’objectif d’embaucher


60 000 personnes qualifiées de plus. De même, on déterminait des secteurs stratégiques, nommément les technologies de l’information, le génie et la construction, auxquels on souhaite ajouter pas moins de 110 000 travailleurs. Il était aussi question d’immigration, de requalification et des autres interventions qui reviennent constamment dans le débat. « Nous sommes bien conscients, et le premier ministre Legault en premier, qu’il nous faut agir sur deux fronts pour poursuivre sur notre lancée et combler notre retard avec l’Ontario au chapitre du produit intérieur brut par habitant, poursuit Pierre Fitzgibbon. Nous devons améliorer notre productivité et augmenter notre bassin de maind’œuvre. C’est incontournable. » En 2017, selon le ministre, cette différence était de 16,4 % et elle était passée à 12,9 % en 2021 : « Pour arriver à la niveler, il va falloir augmenter le nombre d’heures travaillées, donc compter sur plus de monde au boulot, tout en améliorant notre productivité », ce qui veut dire, dans ce cas, hausser la valeur produite par travailleur.

CHANGER CERTAINES FAÇONS DE FAIRE À défaut de trouver les bras et les cerveaux qui manquent, on peut évidemment penser à la robotisation et à l’automatisation, c’est un passage quasi obligé. « Il se peut que nos habitudes changent, on le voit avec les caisses automatiques, et ce n’est pas nouveau, pensez aux garçons d’ascenseur qui ont disparu depuis longtemps », rappelle le ministre. Sauf que ces méthodes ne peuvent s’appliquer partout. « Nous allons donc devoir pérenniser les employés existants et chercher à faire plus avec ceux qui sont en poste. C’est la base », poursuit-il. Mais le ministre admet que la situation risque de demeurer problématique et le Québec n’est pas seul à y être confronté. Il vient d’en faire lui-même l’expérience : « Je me trouvais dans un hôtel réputé de Dallas, il n’y a pas si longtemps, et l’on nous avisait que le ménage ne serait pas fait tous les jours à moins de payer un extra ! Lorsque j’attendais à l’aéroport, on nous suggérait de commander notre petit déjeuner sur notre tablette et peu de temps plus tard, un serveur venait nous porter notre repas ! »

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ISTOCK PAR IMAGINIMA

Le programme de son collègue au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, mise d’abord sur la requalification des travailleurs en place, puisque les exigences évoluent, ainsi que sur des encouragements à y demeurer tout en puisant dans le bassin des personnes qui ne participent pas pleinement au marché du travail. On pense ici au potentiel réel, mais mal exploité qu’offrent plusieurs groupes dans notre collectivité, comme du côté des Premières Nations, ou des personnes pleines de bonne volonté, mais limitées par un handicap, des personnes incarcérées qui pourraient contribuer davantage, des jeunes retraités, sans oublier les femmes et les hommes qui ne travaillent pas par choix, mais qui pourraient se montrer intéressés par certains incitatifs. Si l’on y tient, il suffit d’imaginer de nouveaux cadres de travail… Et de dire oui à l’augmentation des salaires, souligne Pierre Fitzgibbon ; ce sera une autre application de la loi de l’offre et de la demande, mais quand les candidats ne se présentent pas, peu importe les conditions, il faut imaginer autre chose. PENSER IMMIGRATION, ENCORE De là le recours à l’immigration, un enjeu qui enflamme les discussions au Québec malgré les demandes inces­ santes des employeurs qui ont un besoin urgent de renfort en chair et en os. 28

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« J’entends ces demandes, comme celles du maire du Gaspé, Daniel Côté, qui parle aussi comme président de l’Union des municipalités du Québec, dit le ministre. La question de la régionalisation nous interpelle, c’est évident. Mais on ne peut éviter la discussion sur la francisation si ces nouveaux arrivants s’installent de l’Abitibi à la Gaspésie. » En même temps, il reconnaît les efforts des employeurs qui prennent eux-mêmes les grands moyens : « Les Chantiers Chibougamau, avec leurs innovations dans le bois d’œuvre, sont allés chercher une partie des travailleurs qui leur manquaient au Honduras ! » Il aurait pu ajouter les Industries Soucy, de Drummondville, qui ont recruté sur place des soudeurs au Costa Rica, et bien d'autres entreprises qui essaient par elles-mêmes de trouver le renfort nécessaire et de simplifier le processus d’immi­g ration des travailleurs étrangers au Québec. L’industrie agroalimentaire québécoise en est une des premières tributaires, et pas simplement pour récolter les fruits et les légumes dans les champs. Aliments Asta, de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, dans l’est du Québec, emploie des dizaines de travailleurs philippins, comme bien d’autres abattoirs de la province qui dépendent de la main-d’œuvre étrangère. ÉTUDIER OU TRAVAILLER ? L’immigration n’est qu’une des inconnues de l’équation. « Nous avons d’autres mandats, comme celui de hausser


le taux de diplomation au Québec, avec toutes les demandes des industries de pointe, en aéronautique et ailleurs », dit Pierre Fitzgibbon, qui a lui-même contribué à populariser l’appellation « vallée de la batterie » pour désigner la région de Bécancour. Les investissements sont de taille, comme celui de Nemaska Lithium, de la multinationale allemande BASF, entre autres. Il est vrai que le pourcentage de décrocheurs demeure important au Québec, surtout chez les garçons. La demande incessante de travailleurs non qualifiés peut inciter des jeunes à abandonner leurs études plus tôt que prévu. « Pour y remédier, nous pourrions entre autres nous inspirer de l’exemple allemand, c’est un des meilleurs », précise le ministre. Ce modèle associe des jeunes toujours à l’école à un travail manuel en entreprise, pour ceux qui le désirent, et leur apprenti­ sage en profite. Il aurait pu ajouter que les employeurs potentiels, notamment dans le secteur des services, ont eux-mêmes la responsabilité de ne pas en demander trop à ces

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jeunes, même temporairement, ni de trop dorer les conditions qu’ils leur offrent pour éviter qu’ils décro­chent par l’appât du gain. L’enjeu, ici, demeure collectif. A mind is a terrible thing to waste, disait un message publicitaire devenu iconique à la fin des années 1970, aux États-Unis, pour aider au financement du United Negro College Fund, de manière à éviter que de jeunes Noirs américains ne puissent avoir accès à des études supérieures, faute d’argent. À cet égard, le Québec se retrouve à un croise­ ment stratégique. Il lui faut gratter les fonds de tiroir pour mettre à contribution toutes les ressources humaines qui ne participent pas encore à son élan, tout en employant à leur plein potentiel les gens qui arrivent ici. En quelque sorte, c’est le nouveau plafond de verre, au-delà de celui qui est habituellement cité pour illustrer les difficultés des femmes à accéder à des postes de responsabilité supérieure.

FERLAND PHOTO

« Sans compter que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation, conclut Pierre Fitzgibbon, toutes les économies développées font face au même enjeu démographique. De là l’importance de nous présenter sous notre meilleur jour. Nous avons plein d’avantages à offrir. »

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TRIBUNE

MAIRES ET MAIRESSES DE

DOSSIER PROMOTIONNEL

Cette tribune offre une occasion intéressante à des municipalités particulièrement dynamiques de faire valoir leurs principaux atouts auprès de notre lectorat, les décideurs économiques et politiques du Québec. Le développement de tout territoire passe par une bonne santé économique et la création d’emplois, qui génèrent la richesse collective, permettant aux municipalités d’offrir des services de meilleure qualité et de planifier l’avenir avec confiance. Découvrez les forces de ces municipalités modèles.

REPENTIGNY

VARENNES

SALABERRY-DE-VALLEYFIELD

LAVAL

GASPÉ

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

DRUMMONDVILLE

GRANBY

JOLIETTE LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

REPENTIGNY

DES PROJETS NOVATEURS POUR DEMEURER UN MOTEUR ÉCONOMIQUE NICOLAS DUFOUR Maire de Repentigny

Avec le lancement de nouveaux projets porteurs, Repentigny est littéralement en effervescence. L’avenir s’avère prometteur pour cette municipalité qui a décidé d’innover. « C’est un véritable changement de posture », affirme d’emblée Nicolas Dufour, le maire de Repentigny. En effet, la ville fait face à un beau problème : victime de son succès, la municipalité régionale de comté (MRC) de L’Assomption est aujourd’hui occupée à 100 % et ne dispose plus d’aucun terrain vacant. Il fallait donc trouver des façons d’innover en misant sur les forces de la municipalité, le plus grand moteur économique de la MRC. « Nous avons réfléchi à la meilleure façon de nous redéployer économiquement, et ce, bien que le territoire soit pleinement développé », explique le maire. L’enjeu est en effet de taille puisqu’il s’agit de demeurer un acteur de premier plan dans le

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ZONE AGTECH LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

Grand Montréal, de même que dans la région de Lanaudière. Des projets novateurs ont donc été mis de l’avant. LA ZONE AGTECH POURSUIT SUR SA LANCÉE La MRC compte près de 75 % de terres agricoles et la municipalité a l’intention de bâtir sur cet atout. « Notre ambition est de nous positionner comme garde-manger de la grande région de Montréal, tout en contribuant à assurer la sécurité alimentaire du Québec », indique Nicolas Dufour. Le défi ? S’appuyer sur cette force en sortant des sentiers battus. « Grâce à la Zone Agtech, nous pouvons penser en dehors de la boîte et trouver des façons de favoriser la densification agricole. Pour y parvenir, nous allons miser sur des pratiques agricoles innovantes en accueillant des entreprises spécialisées dans ce domaine précis », indique le maire.


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PARC INDUSTRIEL DE REPENTIGNY

La Zone Agtech continuera de prendre son envol dans deux zones précises, l’une située dans le nord de Repentigny, aussi connu sous le nom du secteur Le Gardeur, et l’autre dans la ville de L’Assomption. On y trouvera notamment des entreprises orientées vers l’agrobiotechnologie. Déjà, certaines ont fait connaître leur intention de s’y installer. Parmi celles-ci, une compagnie spécialisée dans le développement d’éclairage intelligent pour améliorer la productivité en serres, ainsi qu’une pionnière dans la culture verticale, une technique grâce à laquelle on peut optimiser l’utilisation des terres à longueur d’année. « Seules les entreprises axées sur l’agrobiotechnologie seront acceptées dans la Zone Agtech. Notre objectif à terme est d’y créer environ 1 200 emplois qualifiés et de qualité », précise le maire. D’ores et déjà, un partenariat a été noué avec une université et des acteurs importants des secteurs alimentaire et agricole. Des annonces en ce sens devraient être faites au cours des prochains mois.

Une partie de la réponse apparaît lorsque l’on sait que 55 % de la population active de Repentigny va travailler quotidiennement à Montréal ou à Laval. L’objectif est donc de tenter d’en ramener une partie dans la ville et de la garder. Comment procéder ? En attirant des bureaux régionaux d’entreprises. De cette façon, les employés de ces dernières qui résident dans la banlieue nord pourront se rendre dans ces locaux d’affaires décentralisés, sans avoir à perdre de longues heures dans la congestion routière. Pour illustrer ce qu’il a en tête, Nicolas Dufour cite en exemple la Sûreté du Québec qui, il y a quelques années, a installé un bureau satellite à Mascouche pour mieux accommoder ses employés de la Rive-Nord. Plusieurs sondages ont déjà démontré que bien des personnes seraient prêtes à quitter leur emploi actuel si un poste leur était proposé près de chez elles. Un momentum dont Repentigny a bien l’intention de profiter.

UN NOUVEAU SOUFFLE POUR LE PARC INDUSTRIEL Le parc industriel de Repentigny date des années 19701980. De première génération, sa situation géographique demeure malgré tout enviable, le long de l’autoroute 40 et à l’intersection de plusieurs axes routiers importants, véritable porte d’entrée vers Montréal. Là encore, le territoire est développé à 100 % et plus aucun terrain n’est disponible pour assurer la croissance. Devant cette réalité, les autorités municipales ont aussi choisi la voie de l’innovation. « Il est clair que le parc nécessite des investissements et a besoin d’une vision ambitieuse pour attirer de nouveaux joueurs. Dans ces conditions, comment le requalifier et continuer à générer une valeur ajoutée même s’il est occupé à sa pleine capacité ? C’est ce qui a guidé notre réflexion », précise Nicolas Dufour. <

ZONE AGTECH LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

L’idée générale est donc d’identifier des entreprises déjà établies dans le parc industriel et qui seraient prêtes à céder leurs locaux ou leur terrain pour permettre la mise en place de cette stratégie. Elles pourraient aussi se voir offrir de déménager dans un édifice qui compterait plusieurs étages, ce qui contribuerait à densifier l’occupation du territoire. « Nous espérons aussi pouvoir bénéficier de la participation de quelques joueurs publics et institutionnels afin de démarrer le projet et de faire rayonner notre vision. Nous sommes actuellement en démarchage pour trouver les premiers investissements qui constitueront dès lors la bougie d’allumage », souligne Nicolas Dufour.

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ZONE AGTECH

BERGES DE L’ÎLE LEBEL, À REPENTIGNY, EN BORDURE DU FLEUVE SAINT-LAURENT LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

Ce dernier se réjouit également de pouvoir très bientôt donner le coup d’envoi à ces idées novatrices qui placent Repentigny comme un chef de file. « Nous voulions absolument éviter de dézoner des terres agricoles afin


de préserver la sécurité alimentaire. Ces deux projets nous permettront de poursuivre notre croissance et de demeurer un pôle économique, et ce, sans avoir à réduire la superficie du territoire consacré à l’agriculture », note le maire.

pour la croissance de nos entreprises. Mais en encourageant notre population active à revenir et à travailler dans la région, nous proposons une solution aux organisations et devenons ainsi une clé du succès », fait valoir le maire.

En tant que première municipalité dans le Grand Montréal à avoir atteint sa pleine maturité, Repentigny joue également un rôle de précurseur dont les autres MRC pourraient tirer des enseignements. « Avant la pandémie, les grandes organisations n’auraient jamais pensé à proposer des bureaux d’affaires hors du centre-ville. Tout a changé aujourd’hui », ajoute Nicolas Dufour, heureux que sa ville ait choisi de saisir cette opportunité.

Il insiste aussi sur le fait que Repentigny constitue un environnement très favorable, où résidants et travailleurs bénéficient d’une belle qualité de vie. D’ailleurs, afin d’inciter la population à demeurer sur le territoire, le maire espère pouvoir bientôt lui offrir un continuum éducatif. « Pour garder nos gens, il est nécessaire de leur offrir des établissements d’enseignement de tous les niveaux. Nous avons déjà un cégep et l’Université du Québec à Trois-Rivières a établi un campus à L’Assomption pour y offrir des programmes en éducation au primaire et au secondaire », annonce Nicolas Dufour. On pourra donc naître, grandir, s’éduquer et même travailler sans avoir à quitter la municipalité ! n

CONTRER LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE Cette nouvelle orientation aidera aussi à lutter directement contre la pénurie de main-d’œuvre. « Le manque de ressources humaines est un véritable handicap

REPENTIGNY EN BREF Treizième en importance au Québec, la ville de Repentigny jouit d’une situation géographique enviable et se trouve à proximité d’importants carrefours routiers (A-40, A-640 et A-25). Traversée par le chemin du Roy (route 138), la ville est bordée au sud par le fleuve Saint-Laurent et au nord par la rivière L’Assomption. Voici quelques statistiques à son sujet.

• Territoire : 70,25 km2 • Nombre d’habitants : 87 391 (2022) • Revenu total médian des ménages ZONE AGTECH

comptant deux personnes ou plus : 92 776 $ (2015)

• 6e ville en importance dans la Communauté métropolitaine de Montréal

• 2e ville en importance dans la région de Lanaudière

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TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

VARENNES

DE FLEUVE ET D’EXPLOITS 350 ANS DE PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE ! MARTIN DAMPHOUSSE Maire de Varennes

Le maire Martin Damphousse et son conseil municipal s’engagent à ce que Varennes devienne le pôle économique francophone des énergies renouvelables en Amérique du Nord. « À notre arrivée en 2009, l’environnement nous préoccupait déjà et devenait de plus en plus un enjeu d’avenir dans l’esprit des gens », affirme le maire Damphousse. D’importants éléments étaient déjà en place à Varennes pour en faire un précurseur dans le domaine des énergies vertes. Les dernières années n’ont que concrétisé cet aspect, pour le plus grand bonheur des citoyens de cette ville de Montérégie. Avec l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ), l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et plusieurs entreprises écologiques, « il y avait vraiment quelque chose à faire pour mettre tout ce réseau à contribution et proposer des projets intéressants en matière de développement durable », raconte le maire. Parmi eux, comptons la bibliothèque de Varennes, premier bâtiment institutionnel à consommation énergétique nette zéro au Québec. La Ville vient aussi d’annoncer un emprunt de

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2,3 millions de dollars pour l’acquisition du premier véhicule incendie de type Rescue 100 % électrique en Amérique du Nord. « Comme la grande majorité des municipalités et des villes, nous assurons un leadership environnemental en achetant des véhicules qui n’émettent aucun gaz à effet de serre », affirme le maire. L’ÉNERGIE AU PREMIER PLAN Plusieurs projets d’énergie renouvelable s’implanteront prochainement à Varennes. Recyclage Carbone Varennes, avec son usine de production d’hydrogène vert, est l’une des plus imposantes au monde dans ce domaine. La compagnie y investira environ 875 M$ pour sa réalisation. D’une capacité de 88 MW, l’installation produira de l’hydrogène vert pour alimenter son usine de biocarburants. Sa mise en service est prévue vers la fin de 2023. Hydro-Québec et Greenfield Global, le plus grand producteur d’éthanol du Canada, s’unissent aussi pour implanter à Varennes un centre de production d’hydrogène vert et de valorisation du

VUE SUR LE NOVOPARC DE VARENNES ET LE SIÈGE SOCIAL DU GROUPE JEAN COUTU LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


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FUTUR BÂTIMENT ULTRAMODERNE DU GROUPE ROBERT

dioxyde de carbone en méthanol vert. Mentionnons également que Varennes a été la toute première ville à joindre les rangs de l’association Hydrogène Québec, dont le mandat est de promouvoir la commercialisation de l’hydrogène énergie et de sensibiliser le public aux avantages des technologies de l’hydrogène et des piles à combustible.

L’AGRICULTURE ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE Toujours en matière de développement durable et grâce à de nouvelles technologies, les fermes urbaines Gigrow se sont installées à Varennes, en constituant l’un des plus grands projets d’agriculture urbaine du Québec, avec un investissement de 13 M$ pour la construction d’une première ferme urbaine. Celle-ci offrira une production atteignant quatre millions de laitues par année ainsi que d’autres produits végétaux, le tout avec une utilisation réduite d’eau, une culture sans contaminants et stable tout au long de l’année. C’est d’ailleurs ce qui les distingue des méthodes agricoles traditionnelles établies dans le monde. D’autres entreprises d’agriculture urbaine vont s’implanter prochainement à Varennes : « 78 % du territoire est agricole et la sécurité alimentaire deviendra une priorité dans les années à venir », mentionne le maire, qui salue l’excellent travail des agriculteurs locaux qui participent aussi à l’essor économique de Varennes. LE TRANSPORT ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE « Nous avons accueilli 200 nouvelles entreprises à Varennes dans les 10 dernières années, dont le siège social de Jean Coutu, Amazon et Costco », explique Martin Damphousse.

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La Société d’économie mixte de l’est de la couronne sud (SÉMECS), qui s’occupe du traitement des matières organiques en assumant la conception, la construction, l’exploitation et l’entretien du centre de traitement par biométhanisation à Varennes, constitue un autre fleuron de la région. Ce centre desservira bientôt environ 743 000 personnes réparties dans 27 municipalités de la région, incluant l’agglomération de Longueuil, et assurera le traitement annuel de 120 000 tonnes de matières organiques de façon écoresponsable.

USINE D'HYDROGÈNE VERT / RECYCLAGE CARBONE VARENNES

Un pôle logistique régional devrait bientôt prendre forme près du futur terminal du port de Montréal à Contrecœur. Lors du lancement de la Stratégie maritime du Québec, en juin 2015, le gouvernement a désigné la région comme l’un des deux pôles logistiques au Québec. L’entreprise de transport Groupe Robert a par exemple investi 150 M$ dans un centre de distribution ultramoderne, en devenant un chef de file dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord. L’entreprise construit ce centre pour produits alimentaires frais et surgelés près de l’autoroute 30 à Varennes, au cœur du réputé Novoparc. « Je veux laisser la meilleure planète à mes enfants, à mes petitsenfants et aux générations futures. Quand on est un décideur public et qu’on pose des gestes pour une ville, on doit le faire dans une perspective de développement durable, soit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures, en tenant compte du défi indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique », termine Martin Damphousse. Le maire a de grandes ambitions pour sa ville : en faire la référence nord-américaine francophone dans le domaine des énergies renouvelables. n LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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SALABERRY-DE-VALLEYFIELD

UN CENTRE-VILLE MÉTAMORPHOSÉ MIGUEL LEMIEUX Maire de Salaberry-de-Valleyfield

Ville nautique aux abords du lac Saint-François, carrefour industriel et commercial prospère, Salaberry-de-Valleyfield concentre désormais ses efforts à la revitalisation d’un joyau : son centre-ville. Au cours de la dernière décennie, Salaberry-de-Valleyfield a su mettre en valeur ses nombreux atouts et tirer parti de son vaste potentiel de développement. DES ATTRAITS MARITIMES ET TERRESTRES La ville, choyée sur le plan de sa géographie, est située à une soixantaine de kilomètres de Montréal, à environ 30 minutes de

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l’Ontario et à une heure des États-Unis, et au cœur de tous les réseaux de transport. Sise sur la voie maritime, Salaberry-deValleyfield est la seule ville avec Baie-Comeau à posséder son propre port municipal au Québec. Sa ligne ferroviaire est desservie par CSX pour les trajets nord-sud et par le CN pour les trajets est-ouest, tandis que l’autoroute 30 lui confère une grande accessibilité. La ville étant aussi une île sur le SaintLaurent, son centre-ville s’est construit autour d’une baie qui rend l’eau omniprésente. « On a, par exemple, le Vieux Canal de Beauharnois qui permet aux bateaux d’accoster, donc de se stationner directement sur la rue principale de la ville. À part Venise, c’est probablement le seul endroit au monde où,

CENTRE-VILLE NAUTIQUE, AUTOUR DE LA BAIE SAINT-FRANÇOIS, QUI ATTIRE PLAISANCIERS, EXCURSIONNISTES ET FAMILLES DÉSIREUSES D’EN FAIRE LEUR PORT D'ATTACHE. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


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PRÈS DE 1 MILLIARD $ EN INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS EN CINQ ANS, DONT LE GIGANTESQUE SITE DE PRODUCTION DE CANNABIS CANNARA BIOTECH INC. DE 1 030 000 PI2.

l’été, il est plus facile de se stationner en bateau qu’en auto en plein centre-ville », fait valoir Miguel Lemieux, maire de Salaberry-de-Valleyfield. La qualité de vie est certainement l’un des autres atouts majeurs de cette ville de la Montérégie. Par rapport à sa superficie, Salaberry-de-Valleyfield demeure peu urbanisée et compte encore de nombreux espaces verts, dont plusieurs sont maintenant repensés pour optimiser leur contribution écosystémique et tisser un filet de biodiversité sur l’ensemble du territoire. Tous ses plans d’eau principaux sont bordés de pistes cyclables. De plus, la rivière SaintCharles, qui traverse son centre-ville, a été aménagée de façon à pouvoir y pratiquer des activités nautiques. Cette cité régionale de 44 000 habitants possède aussi son palais de justice, son cégep, son hôpital, ses parcs industriels et ses pôles commerciaux. UN ESSOR INDUSTRIEL PROFITABLE Ces divers atouts ont propulsé la ville à l’avant-plan, entraînant un boom industriel remarquable. « Pendant longtemps, Salaberr y- de -Valleyfield a été un secret bien gardé. Maintenant qu’on a été découverts, les investissements affluent. Notre position géographique enviable, les investisseurs l’ont remarquée. Plus d’un million de pieds carrés de bâtiments ont été construits juste dans le secteur industriel en 2021. On aura au-delà de deux millions de pieds carrés dans l’industriel en construction en 2022. Voilà ce qui est déjà confirmé, juste au début du mois d’avril. On pourrait donc atteindre trois millions de pieds carrés. Ce sont des centaines de millions qui sont investis chez nous depuis quelques années. On se situe toujours entre 250 et 300 millions d’investissements par année depuis trois-quatre ans », souligne Miguel Lemieux.

Ces investissements dans le secteur industriel se répercutent sur les autres secteurs d’activités économiques et, au premier chef, sur celui du résidentiel. « Ça a vraiment réussi à cristalliser le fait que nous sommes une ville où il est possible de vivre et de travailler. On a commencé par le secteur industriel et, tout de suite après, c’est le secteur résidentiel qui a pris le relais. Il y a des projets immobiliers d’envergure un peu partout. Si l’on considère uniquement ce qui est déjà déposé au Service de l’urbanisme, donc des projets qui sont déjà très avancés, avec des plans, ceux qui sont à l’étape de l’octroi des permis, on parle de plus de 5 000 unités de logement pour les cinq prochaines années. On va assurément dépasser ces chiffres-là », estime M. Lemieux. Ainsi, la population augmente et se rajeunit à la fois, contribuant au succès d’un troisième secteur : celui du commercial. « Chez nous, on ne ressent vraiment pas les effets de la pandémie parce qu’on bat des records d’investissements dans le commercial depuis quelques années », se félicite le maire.

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LE VIEUX CANAL DE BEAUHARNOIS AU CŒUR DE VILLE, UN DES PROJETS D’INFRASTRUCTURES INTÉGRÉS ET STRUCTURANTS, SOURCE DE DÉVELOPPEMENT. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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LE CENTRE-VILLE, UNE DESTINATION EN SOI Or, cet essor commercial touche particulièrement le centre-ville, véritable joyau que l’administration municipale s’emploie désormais à revitaliser, à développer et à densifier : « On avait déjà conceptualisé la chose, mais les investisseurs sont maintenant au rendez-vous. L’idée, c’est de faire de notre centre-ville une destination en soi. Donc, le but, c’est d’avoir une offre, qu’elle soit récréotouristique ou commerciale, suffisamment riche et intéressante pour que nos propres citoyens ou les visiteurs puissent décider de venir passer une journée ou une partie de leur journée à Salaberry-de-Valleyfield. »

Actuellement, en ce qui concerne l’offre récréotouristique, plusieurs activités nautiques sont proposées, comme des bateaux électriques, du kayak ou du paddle board. Les visiteurs peuvent même loger dans un hôtel situé directement sur l’eau, le Flotel, lequel a été conçu avec des conteneurs maritimes convertis en chambres d’hôtel. Sur terre, ils peuvent participer à des jeux d’évasion immersifs à La Factrie. « Chaque année, précise le maire, on ajoute de l’offre récréotouristique. » Quant à l’offre commerciale, elle ne cesse, elle aussi, de s’accroître, de se diversifier et de se rajeunir. Une microbrasserie ouvrira ses portes en face du Vieux Canal. Dans l’ancienne caserne de pompiers de style Art déco, inutilisée depuis plusieurs années et en cours de réfection, plusieurs restaurants vont s’établir. Les investisseurs ont gardé le cachet de cet édifice, une exigence municipale quant à certains bâtiments patrimoniaux. Par ailleurs, plusieurs bannières anciennes et émergentes sont en train de s’implanter au centre-ville, où l’objectif consiste également à établir « un corridor, une trame commerciale continue entre deux points forts de la ville », de manière à augmenter le potentiel piétonnier du secteur. Sur son trajet, le marcheur croisera des enseignes connues, mais aussi des indépendants. Selon le maire, les bannières qui s’établissent présentement au centre-ville sont peu répandues ou comptent seulement une ou deux autres boutiques, souvent à Montréal. Il cite en exemple Lokma

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EXCURSION EN PADDLE SUR LA RIVIÈRE SAINT-CHARLES, UN TRÉSOR CACHÉ EN PLEINE VILLE, QUI LA SILLONNE D'UN BOUT À L'AUTRE.

REVITALISATION COMMERCIALE DU CENTRE-VILLE CONFIRMÉE PAR L'ANNONCE RÉCENTE DE L'IMPLANTATION DE DIX NOUVELLES ENSEIGNES ÉMERGENTES.


et ses délicieux beignets à la turque, Chungchun et ses kogos coréens ainsi que Labothéry et ses thés aux perles (ou bubble tea) qu’on peut préparer soi-même, soit toutes des enseignes prisées par une clientèle d’ados et de jeunes adultes, proposant à la fois des produits de créneau et une expérience de dégustation. Bien entendu, l’offre doit pouvoir répondre aux goûts des diverses générations, jeunes et moins jeunes, de la ville comme des environs. « On veut vraiment colmater toutes nos fuites commerciales et, au contraire, renverser la tendance et faire en sorte que les citoyens des villes voisines viennent profiter de nos produits originaux qu’on trouve au centre-ville », souhaite le maire Lemieux.

En définitive, en considérant les nombreux atouts et l’offre récréotouristique et commerciale bonifiée de sa ville, et surtout son centre-ville métamorphosé, Miguel Lemieux ne voit pas « d’autres destinations au Québec qui ont autant de potentiel que Salaberry-de-Valleyfield ». n

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SALABERRY-DE-VALLEYFIELD, DESTINATION NAUTIQUE DES PLUS RAFRAÎCHISSANTES.

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UN LIEU HABITÉ, REVITALISÉ ET DENSIFIÉ Cette renaissance du centre-ville concerne aussi l’habitation. Les nouveaux immeubles hébergeront des commerces au rez-de-chaussée, pour maintenir la trame commerciale, et des appartements aux étages supérieurs, la municipalité souhaitant ramener des gens et densifier le secteur. « Comme n’importe quelle ville, nous devons composer avec les défis environnementaux et avec le fait de dépendre énormément de la taxe foncière, souligne Miguel Lemieux. On tente donc de densifier notre centreville pour que les gens reviennent y habiter, puissent se passer de leur voiture – ou, du moins, de la seconde –, et aller faire leurs achats à pied ou à vélo. La meilleure façon d’avoir des clients pour faire vivre nos commerces au centre-ville, c’est d’avoir des gens qui y vivent. »

il y en aura encore plus. » Ainsi, d’ici l’an prochain, le centreville sera transformé en une véritable destination, tandis que la densification résidentielle se poursuivra pendant plusieurs années encore.

ACTIVITÉ DE PLANTATION CITOYENNE POUR LA TRANSFORMATION D'ESPACES VERTS EN ZONES DE BIODIVERSITÉ NOURRICIÈRES.

Dans le centre-ville élargi, la Ville a racheté puis démoli plusieurs bâtiments désuets pour créer un vaste projet, le quartier Buntin. Elle revend le tout par secteur à des intérêts privés. À côté de l’Hôtel Plaza, plus haut immeu ble de la ville, une première tour d’habitation sera érigée pour laquelle 20 % de logements abordables ont été exigés de la part du conseil, ce qui représente 62 unités. « On a vraiment innové de ce côté-là. On a bâti notre propre concept et l’on va s’en inspirer pour la revitalisation du centre-ville, parce qu’on est rendu à l’étape où les investisseurs achètent les plus vieux bâtiments pour refaire du neuf; on veut s’assurer que si ça se fait, il y a toujours un certain pourcentage dans les bâtiments pour les logements abordables », explique M. Lemieux. UN POTENTIEL INÉGALÉ D’après le maire, dès l’été 2022, Salaberry-de-Valleyfield offrira un tout nouveau centre-ville à ses citoyens et à ses visiteurs : « On aura plein de nouveautés et ce sera égale ment le retour des régates cette année, un très important festival pour nous. L’offre récréotouristique est déjà abondante, de nouvelles enseignes vont ouvrir en mai et ça va se poursuivre tout au long de l’été. Et en 2023,

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LAVAL

LE DÉFI DE LA MAIN-D’ŒUVRE LAVAL SE MOBILISE STÉPHANE BOYER Maire de Laval

LE MARCHÉ DU TRAVAIL SE TRANSFORME L’économie de Laval se porte très bien. En misant sur une approche collaborative et sur des ressources adéquates, Laval a repris son élan à la suite du repli provoqué par la pandémie. Elle a ainsi solidement contribué à une relance de l’emploi dans le Grand Montréal qui s’est avérée l’une des plus fortes en Amérique du Nord. Cette tendance a de bonnes chances de se poursuivre. En effet, selon Desjardins études économiques, Laval devrait connaître une croissance supérieure à la moyenne du Québec au cours des prochaines années. Mais, comme partout ailleurs, la contrepartie est l’enjeu de main-d’œuvre, qui se manifestait bien avant la pandémie et qui s’est accéléré et complexifié depuis. Laval n’y échappe pas. Le taux d’emploi y est le plus élevé depuis des années. Le taux de chômage est descendu sous la barre des 5 %, et le taux de postes vacants s’élevait à 6,5 % au quatrième trimestre de 2021, soit presque le double de ce qu’il était deux ans plus tôt. Et, au-delà des chiffres, ce sont de nouvelles compétences que les entreprises de tous les secteurs recherchent pour réussir un double virage : numérique et vert.

Manifestement, l’importante transformation du marché du travail accentue l’écart entre les compétences disponibles et les besoins des entreprises. LES PARTENAIRES LAVALLOIS PASSENT À L’ACTION Cela dit, comme ils ont su le faire avec succès en réaction à la crise provoquée par la pandémie, les partenaires économi ques lavallois se mobilisent à nouveau pour relever le défi de la main-d’œuvre. Si Laval a su se sortir si vigoureusement de la crise, c’est grâce à une forte mobilisation de ses acteurs économiques, à l’apport des gouvernements et à la proactivité de l’administration municipale qui s’est assurée de bien soutenir et accompagner ses entreprises. Pour le maire de Laval, Stéphane Boyer, c’est la voie à suivre pour relever collectivement le défi de la main-d’œuvre : « Nous disposons d’atouts précieux pour y parvenir : une croissance démographique soutenue, un important bassin de population issue de l’immigration, en plus d’une jeunesse bien présente. Une des grandes priorités de notre administration est d’offrir à Laval des milieux de vie et de travail qui répondent toujours

Laval économique se positionne désormais comme un groupe d’experts en solutions d’affaires pour les entreprises qui souhaitent accélérer leur développement de façon innovante, responsable et durable ou pour celles qui désirent s’implanter à Laval.

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PATRICK BEAUCHEMIN

plus aux attentes de toutes les générations. » Cette volonté se traduit jusque dans l’administration municipale, la Ville de Laval ayant fait son entrée dans le prestigieux palmarès Forbes des meilleurs employeurs en janvier 2022. UNE GRANDE RENCONTRE IMPACT MAIN-D’ŒUVRE À L’AUTOMNE 2022 L‘idée de tenir un forum régional sur la main-d’œuvre fait consensus chez les partenaires économiques réunis à la Conférence administrative régionale de Laval. Une seconde Grande rencontre IMPACT aura ainsi lieu le 29 septembre prochain spécifiquement sur la main-d’œuvre. On y abordera le sujet selon quatre axes principaux qui constitueront autant de chantiers pour la mise en œuvre et le suivi des actions déterminées par les partenaires : l’attraction des talents à Laval, l’employabilité, le développement des talents, le développement économique. Pour y voir plus clair, on réalisera d'abord une étude afin de proposer des pistes de solutions aux besoins de main-d’œuvre à Laval. Un tel forum stratégique ne favorise pas seulement la mobilisation des acteurs lavallois, il permet en plus d’arrimer leurs inter ventions autour d’une vision commune 2022-2026 pour le développement et l’attraction de la main-d’œuvre à Laval. C’est aussi l’occasion de définir les priorités à court et à long terme sur lesquelles pourront s’orienter les projets porteurs lavallois pour les quatre prochaines années. LA VIE DES ENTREPRISES SIMPLIFIÉE PAR L’ÉCONOMIE DE SOLUTIONS On l’a souligné d’entrée de jeu : le défi de la main-d’œuvre est celui du nombre, cela va de soi, mais aussi de la capacité des entreprises à disposer des ressources requises pour accélérer leur transformation numérique et leur virage vert, sans oublier de repenser leurs chaînes d’approvisionnement. Non seulement doivent-elles acquérir des outils plus performants, mais il leur faut aussi s’assurer de disposer des compétences pour en tirer le plein rendement.

L’environnement d’affaires se transforme à grande vitesse et répondre à ses nouveaux impératifs est loin d’être évident. La complexité appelle des solutions multiples et personnalisées. Pour Lidia Divry, directrice de Laval économique, la clé, c’est l’économie de solutions mieux adaptée à un tel environne ment. « Nous devons nous-mêmes faire les choses autrement et innover. C’est pourquoi nous LIDIA DIVRY avons repensé notre offre de Directrice de Laval économique services qui mise sur deux forces complémentaires : l’accompagnement des entreprises dans l’élaboration de leurs nouveaux modèles d’affaires et les alliances stratégiques qui permettent le recours coordonné à des expertises multiples et complémentaires », explique-t-elle. Ces expertises ne se trouvent pas sous un seul toit. C’est pourquoi Laval économique mise sur une approche collaborative pour aider les entreprises. Ce faisant, il met à contribution ses propres leviers (expertises sectorielles, aides financières, missions, etc.), et il recourt aux partenaires qui offrent des expertises plus pointues de manière à proposer un assemblage de solutions répondant aux besoins d’une entreprise donnée. De plus, l’équipe de Laval économique se trouve mieux placée pour agir comme relayeur vers les programmes mis de l’avant par les gouvernements. C’est le grand objectif poursuivi par l’équipe de Lidia Divry chez Laval économique. « Ce que nous recherchons est de mettre à contribution l’écosystème économique lavallois et nous assurer que tous les leviers pertinents sont mis en action pour simplifier la vie des entrepreneurs dans un environnement toujours plus exigeant », conclut-elle. n

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GASPÉ

UNE VILLE EN PLEINE EFFERVESCENCE DANIEL CÔTÉ Maire de Gaspé

L’embellie se poursuit à Gaspé. Un imposant projet d’expansion est en cours chez un fabricant de pales d’éoliennes. De nouveaux arrivants viennent gonfler sa population. Et la ville a un beau problème : stimuler la construction de logements. En 2021, des chantiers d’une valeur totale de 240 millions de dollars ont été entrepris ou achevés à Gaspé. Un record. La moyenne des dernières années variait de 30 à 50 millions. Parmi ces chantiers, il y en a un de 170 millions de dollars, celui de LM Wind Power. D’ici l’automne, cette filiale de General Electric aura triplé la superficie de ses installations pour être en mesure de fabri­ quer des pales d’éoliennes de 107 m, les plus grandes au monde. Ces pales sont conçues pour les gigantesques éoliennes installées en mer.

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« L’État de New York et d’autres États du Nord­Est américain se convertissent à l’énergie durable, explique Daniel Côté, maire de Gaspé. L’avenir de l’usine est assuré pour plusieurs années. » Dans la foulée de l’agrandissement de LM Wind Power, Gaspé construira une route de sept kilomètres pour faciliter le trans­ port des pales géantes. Cette route reliera le parc industriel des Augustines et le port de Gaspé. « Ce qui est intéressant, c’est que ce nouvel axe routier, qui sera terminé cet automne, permettra d’agrandir le parc industriel, indique le maire. Plusieurs dizaines de terrains deviendront aussi accessibles par la route et pourront éventuellement accueillir des dévelop ­ pements résidentiels et commerciaux. » Il s’agit cependant d’un projet à plus long terme.

LE PORT EN EAU PROFONDE DE GASPÉ SERA UTILISÉ POUR EXPORTER LES PALES GÉANTES DE L'USINE LM WINDPOWER, ET CE, 12 MOIS PAR ANNÉE. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


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LA PLAGE HALDIMAND EST RECONNUE POUR SON SABLE FIN À MOINS DE 10 MINUTES DU CENTRE-VILLE.

DES LOGEMENTS, ET VITE ! Une fois ses travaux d’agrandissement terminés, LM Wind Power, le plus grand employeur privé de la Gaspésie avec 450 employés, devra en recruter environ 200 autres. Et puisque la pénurie de main­d’œuvre sévit en Gaspésie comme ailleurs, c’est principalement aux Philippines qu’il les trouvera.

L’administration municipale a mandaté une firme spéciali­ sée pour évaluer son besoin en logements. « Pour soutenir la croissance de Gaspé, c’est au moins 400 unités qu’il nous faut d’ici trois ans, affirme le maire qui invite les investisseurs immobiliers à cogner à sa porte. Nous accordons un congé de taxes à ceux qui construisent des immeubles locatifs, jusqu’à concurrence de 500 000 $ chacun. » Déjà, quelques projets sont sur la table, dont la construction d’un complexe de 144 logements. Des promoteurs immo­ biliers ont aussi acheté récemment plusieurs terrains de grande superficie pour les développer. Le besoin en logements est d’autant plus criant que bon nombre d’entreprises affichent une croissance, à l’instar de LM Wind Power. C’est le cas des trois chantiers navals de Gaspé. Par exemple, Chantier naval Forillon est passé de 40 à 80 employés au cours des dernières années. Entre autres projets, l’entreprise conçoit actuellement un moteur hybride (diesel­électrique) pour les navires de pêche ainsi qu’un bateau de nouvelle génération plus performant. « Notre industrie navale a le vent dans les voiles », résume Daniel Côté en soulignant que c’est tout le tissu industriel de Gaspé qui se développe.

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Où loger tous ces travailleurs ? « C’est un défi, car le taux d’inoccupation des logements à Gaspé est de 0,2 %, répond Daniel Côté. Autrement dit, il n’y a pas de logements vacants. » Pour les 200 employés de LM Wind Power qui arrive ront cet automne, des promoteurs s’affairent à convertir des maisons en maisons de chambres. Mais ce ne sera pas suffisant.

UNE PISTE CYCLABLE DE 10 KM RELIE LE CENTRE-VILLE À LA PLAGE HALDIMAND.

UN VENT DE RENOUVEAU Le dynamisme de la plus grande ville de la péninsule gaspésienne se constate aussi par sa croissance démographique. Au cours des cinq dernières années, elle a gagné 495 habitants, pour un total de 15 063. Une hausse qui contribue aussi à la pression sur les logements. « Les gens ont soif de grands espaces et la mer fait rêver, dit le maire. De plus, avec l’essor du télétravail généré par la pandémie, notre cadre de vie est devenu encore plus attrayant. » Cet apport de nouveaux arrivants a aussi favorisé le renouvelle­ ment de l’offre commerciale, laquelle en avait bien besoin, selon Daniel Côté : « C’était le point faible de notre ville. De nouveaux citoyens, souvent dans la trentaine, ont ouvert des commerces que nous n’avions pas avant, comme des microbrasseries, des cafés ou des boutiques de vêtements pour enfants. » Enfin, Gaspé a donné le feu vert au projet de Capitale des pêches maritimes qui vise à revitaliser son centre­ville de Rivière­au­ Renard. Les touristes pourront entre autres vivre une expérience multimédia immersive où ils auront l’impression de naviguer sur un bateau de pêche moderne, avec l’odeur de la mer et le bruit des vagues. C’est un rendez­vous à l’été 2023. n LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

DENSIFIER POUR CROÎTRE DE FAÇON DURABLE ANDRÉE BOUCHARD Mairesse de Saint-Jean-sur-Richelieu

Après la revitalisation du centre-ville, c’est maintenant au tour des secteurs résidentiel et industriel de Saint-Jeansur-Richelieu de connaître un renouveau. La ville mise en effet sur différentes stratégies, dont la densification et la requalification des zones, pour poursuivre sa croissance. Elle s’attaque aussi à un défi de taille : attirer la main-d’œuvre. Stratégiquement située à 30 minutes de Montréal et de la frontière américaine, Saint-Jean-sur-Richelieu est un emplacement de choix pour les entreprises. Or, ses zones industrielles affichent presque complet. « Il nous reste des terrains pour 5 à 10 ans encore », indique la mairesse Andrée Bouchard en soulignant que la ville est composée aux trois quarts de terres agricoles de grande qualité. La solution réside donc dans une optimisation des espaces industriels. Le principal site à développer est celui de l’aéroport où un incubateur d’entreprises en haute technologie se trouve déjà.

Saint-Jean-sur-Richelieu est notamment reconnue pour son écosystème en sécurité publique et civile. En partenariat avec NexDev, l’organisme responsable du développement économique de la municipalité régionale de comté (MRC) du Haut-Richelieu, la Ville vise à consolider ce positionnement et à devenir une destination incontournable dans ce secteur d’activité. Elle souhaite donc continuer d’attirer des acteurs de cette industrie en vue de rassembler des talents, des entreprises et des chercheurs autour de ce secteur d’avenir. « Nous avons développé une expertise spécifique à la résilience des communautés et des personnes, notamment à la suite de la crise du verglas de 1998 et des importantes inondations de 2011, explique la mairesse. Nous avons également des entreprises de pointe, reconnues internationalement, qui travaillent en défense et sécurité. Enfin, notre ville est dans son ADN une ville garnison, avec la présence du Collège militaire royal de Saint-Jean et de la base militaire des Forces armées canadiennes. »

NICOLAS MITHIEUX

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PARC DES ÉCLUSIERS DANS SON DÉCOR ESTIVAL, RUE CHAMPLAIN LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


NICOLAS MITHIEUX

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MARCHÉ PUBLIC DU VIEUX SAINT-JEAN SOUS LA MARQUISE DU MUSÉE DU HAUT-RICHELIEU, PLACE DU MARCHÉ

UN CENTRE-VILLE TOUT NEUF Du côté commercial, la capitale régionale du Haut-Richelieu poursuit la revitalisation de son centre-ville amorcée il y a quelques années déjà. Au terme du projet, près de 70 millions de dollars auront été investis pour valoriser ce pôle névralgique. « Encourager l’achat local est une priorité », affirme Andrée Bouchard en signalant que son administration met en place diverses initiatives pour promouvoir l’offre des différents axes commerciaux de son territoire.

VILLE DE SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU

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Quelques locaux sont encore disponibles sur la rue principale du centre-ville, mais ils devraient trouver rapidement preneurs. La Ville offre en effet des incitatifs intéressants aux nouveaux commerçants qui désirent s’y implanter. L’UNION FAIT LA FORCE Saint-Jean-sur-Richelieu ne fait pas exception à la règle : elle doit elle aussi composer avec un manque de travailleurs. Pour contrer ce phénomène, la mairesse Bouchard, les députés fédéral et provincial de Saint-Jean ainsi que le préfet de la MRC du HautRichelieu se sont concertés pour créer un vaste chantier sur la main-d’œuvre. Le coup d’envoi a eu lieu le 29 avril dernier avec une journée de réflexion réunissant plusieurs dizaines d’acteurs des secteurs économique, institutionnel et communautaire. « L’idée, c’est de réunir les forces de tous les partenaires socioéconomiques de la région pour trouver des solutions et coordonner les actions, résume Andrée Bouchard. Je suis convaincue qu’en travaillant ensemble, nous obtiendrons les résultats visés. » La municipalité, qui franchira cette année le cap des 100 000 habitants, a toutefois commencé à se pencher sur les manières d’attirer et de retenir la main-d’œuvre bien avant le lancement de ce chantier régional. Par exemple, elle repense actuellement son service de transport collectif pour améliorer l’accès à ses parcs industriels et mieux répondre aux besoins des travailleurs aux horaires atypiques. Elle prépare aussi une politique sur la diversité et l’inclusion.

MUSIQUE DU ROYAL 22 RÉGIMENT, CAMPUS DU FORT SAINT-JEAN e

« Nous accueillons des immigrants de partout, dit la mairesse Bouchard. Mais si l’on veut que nos nouveaux résidents se réalisent dans leur nouveau milieu de vie, nous devons mettre les conditions gagnantes en place. C’est un grand changement pour eux. Nous devons les appuyer dans leur transition et leur intégration. » LA CONCILIATION DÉVELOPPEMENT-ENVIRONNEMENT Le logement social et abordable constitue aussi une priorité. Saint-Jean vient d’effectuer une recension des terrains disponibles à proximité du centre-ville et lancera bientôt des appels de projets. « Il pourra y avoir des maisons unifamiliales, mais nous voulons favoriser les immeubles locatifs, signale Andrée Bouchard. Densifier permet de loger plus de monde et c’est bon aussi pour l’environnement. » L’aménagement durable du territoire est d’ailleurs l’une des orientations de la stratégie de développement durable adoptée l’an dernier à la suite d’une vaste consultation citoyenne. La municipalité s’affaire également à réviser sa politique de l’arbre pour mieux protéger son patrimoine naturel. Il sera ainsi plus difficile d’abattre des arbres matures à des fins de construction. « Dans toutes nos actions, nous visons l’équilibre entre les différents besoins. Être une ville prospère implique une vitalité économique, le bien-être de la collectivité et le respect de l’environnement », conclut la mairesse Andrée Bouchard. n LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

DRUMMONDVILLE

VILLE RÉSILIENTE, VERTE ET ATTRAYANTE STÉPHANIE LACOSTE Mairesse de la Ville de Drummondville

Nouvellement élue à la tête de la ville du Centre-du-Québec, Stéphanie Lacoste a de grandes ambitions pour Drummondville. Du développement du transport actif au logement abordable, en passant par la création d’espaces verts et d’initiatives industrielles pour attirer jeunes employés et entreprises, la mairesse ne manque pas de projets pour sa ville. « Chaque matin, je suis heureuse de me lever et d’aller au travail », commence d’entrée de jeu la mairesse, auparavant conseillère municipale. Faisant partie de la vague de plusieurs femmes élues à cet important poste lors des dernières élections municipales, Stéphanie Lacoste confie devoir relever plusieurs défis, mais avoir toujours des solutions à portée de main. « C’est très motivant. Moi qui n’aime pas la routine, je suis servie ! C’est une fonction faite pour moi, et qui me ravit », continue-t-elle.

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FORTISSIMO : UN VILLAGE DANS LA VILLE Quinzième ville en importance au Québec, Drummondville compte 80 676 citoyens. Connue pour ses nombreuses usines et grandes entreprises, la ville fondée en 1815 a pourtant beaucoup plus à offrir. « Nous avons 130 parcs, dont celui de la forêt Drummond, une rivière, de nombreux restaurants, des festivals… », énumère Stéphanie Lacoste. Souhaitant attirer des jeunes et répondre à leur besoin de vivre une vie urbaine, la mairesse et son administration travaillent à véritablement développer un village dans la ville. C’est notamment le cas avec Fortissimo, un projet d’aménagement moderne qui revitalisera le centre-ville et permettra d’y concentrer sa population.

LA PROMENADE RIVIA, QUI LONGE LA MAJESTUEUSE RIVIÈRE SAINT-FRANÇOIS, EST À LA FOIS PRISÉE PAR LA POPULATION ET LES TOURISTES. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


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LES QUELQUE 80 000 CITOYENS DE DRUMMONDVILLE BÉNÉFICIENT DE NOMBREUX PARCS ET ESPACES VERTS. LE COUVERT FORESTIER DE LA VILLE EST D'AILLEURS DE L'ORDRE DE 46 %.

Étalé sur un terrain d’un million de pieds carrés, Fortissimo prévoit des locaux pour bureaux, des commerces, des espaces verts et une promenade le long de la rivière Saint-François. L’ACCÈS AU LOGEMENT, UNE PRIORITÉ L’une des promesses électorales de Stéphanie Lacoste : plus de logements abordables. Comme plusieurs grandes villes qui font face à une crise du logement, Drummondville n’y échappe pas. « Se loger est un besoin essentiel, et il était primordial pour moi d’accélérer les processus nécessaires pour offrir plus de loge­ ments sociaux », martèle la mairesse. De concert avec l’Office d’habitation Drummond, des investissements massifs ont été débloqués pour construire rapidement plus de logements. Le projet Fortissimo, par exemple, prévoit inclure 394 logements et 79 maisons en rangée sur son site.

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LA MOBILITÉ AU RENDEZ-VOUS La pénurie de main-d’œuvre, comme partout, n’épargne pas la ville­centre de la région. « Offrir un milieu de vie complet, avec des pôles culturels, un accès au logement et à du transport collectif et actif peut être une façon d’attirer et de retenir la main-d’œuvre », croit Stéphanie Lacoste. À propos de transport, voilà un autre dossier sur lequel la Ville travaille d’arrachepied. Relier toutes les pistes cyclables de la ville, installer des infrastructures sécuritaires pour y laisser son vélo, arrimer le transport en commun des municipalités environnantes à celui de Drummondville, y faire arriver plus de trains : voilà quelques initiatives que la mairesse compte mettre en place pour développer une nouvelle culture du transport dans sa ville. « C’est la poule ou l’œuf ; si l’on veut que les gens aient le réflexe de se déplacer autrement, il faut offrir les infrastructures en ce sens », croit-elle.

Par ailleurs, Drummondville a une approche inédite avec les industries qui vont s’installer sur son territoire. En effet, avec une nouvelle vision en poche, Stéphanie Lacoste souhaite que les nouveaux venus travaillent en complémentarité avec les industries de longue date. « Si nous étions capables de livrer nos produits entre nous, cela participerait à l’économie locale, en plus de contribuer à réduire notre empreinte carbone. Tout le monde serait gagnant », observe l’élue. Véritable fierté locale, le Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI), créé par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et le Cégep de Drummondville, accompagne les manufacturiers dans leur transition numérique grâce aux outils et aux expertises de l’enseignement supérieur et du développement économique. Cette initiative participe à la vision globale qu’a la mairesse de faire de sa ville un espace plus vert, plus innovant et plus accueillant.

DES PARCS INDUSTRIELS COMPLÉMENTAIRES Avec ses nombreux parcs industriels créés près des auto routes 20 et 55, la réputation de Drummondville n'est plus à faire

La ville inventrice de la célèbre poutine n’a pas fini de mettre la sauce pour impressionner sa population et lui offrir le meilleur milieu de vie qui soit. n

ESQUISSE DE LA FORTISSIMO, UN PROJET D'AMÉNAGEMENT MODERNE QUI REVITALISERA LE CENTRE-VILLE DE DRUMMONDVILLE.

en ce qui concerne l'implantation des industries. La ville s’est également récemment dotée d’un centre de foires ultramoderne pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes à la fois.

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GRANBY

CONCILIER BOOM ÉCONOMIQUE ET RESPECT DE LA NATURE JULIE BOURDON Mairesse de Granby

Il fait bon vivre à Granby. Les projets porteurs abondent : amélioration du réseau cyclable, cure de jeunesse pour le centre-ville, protection des milieux naturels… Par ailleurs, les investissements sont en hausse, tandis que le milieu se mobilise pour créer un pôle universitaire. La capitale régionale de la MRC de la Haute-Yamaska affiche une remarquable vitalité économique avec des investissements totalisant 246 millions de dollars en 2021. Le secteur industriel se distingue : les entreprises manufacturières ont investi plus de 180 millions dans l’achat de machinerie et d’équipement ainsi que dans la construction et l’agrandissement de bâtiments. Un record. La mairesse Julie Bourdon est convaincue que Granby va continuer sur cette belle lancée : « Résidentiel, commercial, industriel… La ville se développe sur tous les plans. Nous investissons aussi dans nos infrastructures. La qualité de vie ici est incomparable.

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PONT FLOTTANT LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

Et nous sommes capables de combiner le développement économique à la préservation de nos milieux naturels. » Justement, en février dernier, la nouvelle administration municipale a pris une décision courageuse en protégeant les trois quarts d’une terre de trois millions de pieds carrés que la Ville avait acquise en 2020 pour en faire une zone industrielle. Ce territoire, composé à 39 % de milieux humides, est fréquenté par une espèce d’oiseau à statut précaire. « On doit cesser de développer comme dans les années 1990, estime Julie Bourdon. Il faut penser autrement. Au lieu d’étendre les espaces industriels, nous voulons les densifier. » La Ville mise notamment sur le développement de l’industrie 4.0. « Il faut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs », dit la mairesse qui revient d’une mission économique dans la communauté d’agglo mération du Sicoval, près de Toulouse en France.


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CENTRE-VILLE DE GRANBY

« J’ai eu l’occasion de constater les avantages de la transformation numérique au sein des industries de cette région. Forts de ces observations, nous visons plus que jamais le développe­ ment d’un parc industriel 4.0 à Granby, en accordant du soutien aux entreprises en ce qui a trait à l’Internet des objets et en créant des écosystèmes entrepreneuriaux innovants », poursuit-elle. LA NATURE EN VILLE La population de Granby a franchi le cap des 70 000 citoyens en 2022 pour une population totale de 70 297, selon le décret 2022 du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Signe de cette croissance, deux écoles primaires sont en construction à Granby. Elles accueilleront leurs premiers élèves à la rentrée 2023. Il y aura aussi la création de 146 places en garderie dans les prochaines années.

Cet automne, une nouvelle piste cyclable reliera l’Estriade au centre-ville de Granby. « Les cyclistes pourront venir prendre une bouchée, flâner à la librairie, visiter les alentours », décrit Julie Bourdon. Cet ajout au réseau cyclable s’inscrit dans un vaste chantier de revitalisation du centre-ville, amorcé en 2021 et qui se poursuivra jusqu’en 2023. En ce qui touche l’habitation, la municipalité est en manque de logements abordables. Trois projets totalisant 200 unités sont sur la table à dessin et devraient se concrétiser d’ici quelques années. « Nous préparons une politique d’habitation pour établir des zones qui pourraient accueillir ce type de logements, dit la mairesse Bourdon. Nous voulons aussi identifier des terrains que la Ville pourrait acquérir à cet usage. » La densification du développement résidentiel sera également au cœur de cette nouvelle politique d’habitation.

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Pour la mairesse, la municipalité possède tous les atouts pour séduire de futurs citoyens. Elle vante particulièrement ses espaces verts : « Granby, c’est la nature en ville. Nous avons les Boisés­Miner, un mini Central Park qui est le poumon de la ville, et le lac Boivin pour les activités nautiques. Nous offrons aussi l’un des réseaux cyclables les plus importants au Québec avec l’Estriade qui cumule plus d’un million de passages par année. »

PARC VICTORIA

LA CRÉATION D’UN PÔLE UNIVERSITAIRE Granby dispose d’un cégep et de centres de formation professionnelle, mais elle n’a pas d’université. Du moins, pas encore. Car Julie Bourdon veut doter la ville d’un pôle universitaire, une démarche fortement appuyée par la communauté, dont la direction du cégep, le centre de services scolaire, des députés provinciaux, des maires de la région ainsi que des industries. « Nous souhaitons que les jeunes puissent faire tout leur parcours en éducation à Granby, du primaire à l’université, expose la mairesse. Cela va favoriser la rétention de ces citoyens après leurs études, mais aussi en attirer d’autres. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, c’est important. » Des programmes en santé, en enseignement et en administration sont ciblés, mais d’autres pourraient s’ajouter après l’analyse des besoins. Des rencontres sont organisées avec des recteurs et des rectrices des universités pour les intéresser au projet. « Les premiers cours pourraient se donner d’ici un an ou deux », souhaite Julie Bourdon, optimiste. n LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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JOLIETTE

UNE VILLE À HAUT INDICE DE BONHEUR ET D’ATTRACTIVITÉ PIERRE-LUC BELLEROSE Maire de Joliette

Avec ses importants pôles socio-économiques et ses investissements majeurs dans différents projets, ainsi que la richesse de sa vie culturelle et l’omniprésence de la nature, la ville de Lanaudière offre un milieu de vie attrayant et stimulant. Nouvellement élu l’automne dernier, Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette, n’hésite pas à décrire sa ville comme un endroit où il fait bon vivre : « À titre de cité régionale, Joliette a le vent dans les voiles ! » De fait, qu’il s’agisse de profiter de la nature, d’assister à des événements culturels, d’y travailler ou d’y investir, Joliette se démarque plus que jamais. L’ART DE MISER SUR SES ATOUTS Côté travail, Joliette compte 19 000 emplois sur son territoire, ce qui en fait la troisième ville de Lanaudière en importance dans ce secteur, après Terrebonne et Repentigny, selon les plus récentes données de Services Québec. « Nous avons un emploi pour un citoyen ici », déclare le maire. Selon le dernier recensement, 50 % des personnes qui vivent à Joliette y travaillent. Pas surprenant, donc, que les plus importants projets municipaux soient déployés pour faire de Joliette une ville à dimension humaine où l’on peut à la fois travailler et se divertir. En ce qui a trait à la culture, Joliette présente une offre abondante à destination de tous les publics. « Notre offre culturelle est riche, diversifiée et accessible. Nous avons le plus grand musée d’art établi à l’extérieur des grands centres et notre patrimoine bâti se distingue à bien des égards », fait valoir Pierre-Luc Bellerose. Outre le réputé Centre culturel Desjardins, plusieurs activités d’envergure, telles que le très prisé Festival de Lanaudière, la programmation de la future Maison de la musique René-Charette, le Marché de Noël ou encore la programmation offerte par la Ville, font de Joliette

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un pôle culturel attrayant pour toutes les générations, et ce, tout au long de l’année. Ce qui distingue aussi Joliette, c’est sa nature foisonnante et facilement accessible, ainsi que sa vision d’un tourisme durable et responsable. Été comme hiver, citoyens et touristes peuvent s’adonner à une panoplie d’activités sur son


territoire traversé par la rivière L’Assomption. Avec ses infrastructures sportives et récréatives modernes, ses nombreuses pistes cyclables, ses sentiers de randonnée pédestre, la Ville met tout en œuvre afin que les gens puissent profiter des paysages magnifiques de la région. Un autre élément distinctif est susceptible d’intéresser les familles et les étudiants : avec le Cégep régional de Lanaudière et son Centre universitaire affilié à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Joliette est aussi une ville « importante en ce qui a trait aux savoirs, affirme le maire Bellerose. Notre ville travaille à attirer et à garder la relève qui contribue à notre vitalité économique. Il est essentiel d’avoir chez nous une main-d’œuvre qualifiée pour nos différents pôles économiques. » DES INVESTISSEMENTS, DE LA CONSTRUCTION ET UNE REVITALISATION Joliette est d’ailleurs un pôle économique attractif pour de nombreuses entreprises qui ont choisi de s’y installer, et dont plusieurs rayonnent sur le plan international. En 2021,

la municipalité a vendu à divers promoteurs des terrains d’une valeur de deux millions de dollars pour la réalisation d’une dizaine de constructions industrielles, totalisant des investissements de près de quinze millions de dollars. La ville compte aussi deux parcs industriels totalisant près de deux millions de mètres carrés. Une fierté pour le maire : Joliette fait partie d’un groupe de 10 villes du Québec ayant dans sa mission la redistribution électrique à ses citoyens et à ses entreprises. Hydro-Joliette constitue un levier important pour l’économie de la ville et se distingue par son excellent service aux industries, par la qualité de son réseau et par la rapidité de ses interventions. Comme bien des municipalités dans la province, Joliette lutte contre la crise du logement ; 2021 a néanmoins été sa meilleure année quant à la valeur de permis émis. Avec un montant récolté de 141 250 000 $, il a ainsi été possible de construire plus de 300 logements. Une vingtaine de projets d’ensembles résidentiels sont en cours de réalisation, totalisant 6 500 logements qui seront disponibles dans les prochaines années pour les Joliettains et Joliettaines.

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LE MUSÉE D’ART DE JOLIETTE EST L’UN DES PREMIERS BÂTIMENTS QUI ACCUEILLENT LES VISITEURS À L’ENTRÉE DE LA VILLE DE JOLIETTE. SA COLLECTION DE 8 900 ŒUVRES D’ART EST L’UNE DES PLUS IMPORTANTES AU QUÉBEC. LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022

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TRIBUNE DE MAIRES ET MAIRESSES

Parmi ces projets, mentionnons PAX Habitat, un milieu de vie dynamique qui place les aînés au cœur de la communauté et qui ouvrira ses portes à la fin de 2022. La municipalité s’emploie, par ailleurs, à embellir ses rues et ses quartiers, offrant aux citoyens et aux visiteurs des lieux pour se détendre, se restaurer ou magasiner. « Nous avons travaillé à revitaliser plusieurs artères et secteurs de la ville pour créer des espaces agréables », indique Pierre-Luc Bellerose. C’est le cas, par exemple, du centre-ville et de sa place Bourget, du boulevard Manseau ou encore de la rue Notre-Dame. La Ville a également investi plusieurs milliers de dollars dans l’aménagement de places publiques, de jardins communautaires, de parcs et de sentiers, dont ceux du parc Riverain et de l’île Vessot, un incontournable. DES PROGRAMMES D’AIDE BIEN INVESTIS C’est non seulement en raison de la volonté politique de la nouvelle administration, mais également grâce à de nombreux programmes d’aide que Joliette peut

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consentir autant d’investissements dans diverses sphères. La municipalité profite notamment de programmes d’aide pour la restauration et la rénovation des façades commerciales et des bâtiments patrimoniaux, pour l’accessibilité universelle aux bâtiments commerciaux, pour l’affichage au centre-ville, pour l’adaptation de domicile, pour le développement durable et plusieurs autres éléments. « Un coordonnateur au développement socioéconomique a récemment rejoint notre équipe, ce qui va nous permettre de réaliser encore plus de projets », annonce avec enthousiasme Pierre-Luc Bellerose. UN SLOGAN GAGNANT Selon l’Indice de bonheur Léger, Joliette se hisse au premier rang des villes de la région de Lanaudière où la qualité de vie est la meilleure. Avec ses atouts multiples et le foisonnement de ses projets, on peut comprendre pourquoi. « " Nature, travail, culture… et mieux-être ! " : c’est un slogan qui représente bien notre ville », conclut Pierre-Luc Bellerose. n

LE CENTRE-VILLE DE JOLIETTE EST UN INCONTOURNABLE À VISITER GRÂCE À SES NOMBREUX COMMERCES ET RESTAURANTS DE MÊME QUE GRÂCE AUX ACTIVITÉS QUI S’Y TIENNENT TOUT AU LONG DE L’ANNÉE.

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LOUIS JALBERT LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


DOUZE PÔLES DE CROISSANCE AU QUÉBEC PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE

En 2017, le Québec adoptait le projet de loi no 122, qui reconnaissait les municipalités comme des « gouvernements de proximité ». En d’autres mots, on admettait l’importance de leurs fonctions auprès des populations locales, en leur attribuant aussi, par la force des choses, de nouveaux pouvoirs.

Tout n’est pas réglé, entre autres les questions de transferts financiers, mais au moins, on comprend que les municipalités se retrouvent au cœur des préoccupations des citoyens et participent à leur bien-être collectif. Dans les faits, les villes n’ont pas attendu ce signal pour intervenir directement dans le développement de leurs communautés, certaines plus que d’autres. On s’est souvent arrêté à l’influence des très grandes agglomérations, mais aujourd’hui, quelles sont les municipalités qui se démarquent par leur dynamisme ? Où se trouvent les nouveaux pôles de croissance alors que l’économie est en pleine transformation ? En quoi consistent leurs forces ? Quels défis doivent-elles relever ?

ISTOCK PAR MAYUR PAWAR

Après consultation avec des partenaires du milieu, nous avons retenu 12 villes qui se distinguent aujourd’hui par leurs ambitions et leur vivacité. Le tableau ne se veut ni exhaustif ni exclusif, mais il présente des villes disséminées un peu partout au Québec, qui ont toutes le mérite de vouloir gérer leur destinée pour aller de l’avant. Mieux, elles illustrent à leur façon comment les gouvernements de proximité peuvent agir pour contribuer à la prospérité de leurs concitoyens ainsi qu’à celle de l’ensemble du Québec ; en outre, elles montrent comment elles ont su s’adapter aux nouvelles réalités. Nous espérons que leur exemple vous apparaîtra inspirant.

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LES PÔLES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

BÉCANCOUR Même si la ville est toute jeune – elle a officiellement été créée en 1965 –, son histoire s’avère déjà riche de grandes implantations qui en ont fait un des hauts lieux industriels au Québec. Elle est également synonyme de résilience : malgré quelques fermetures d’entreprises qui auraient pu l’ébranler, elle a su se relever et reprendre son élan. Oui, elle a vu disparaître la centrale nucléaire de Gentilly-2, l’usine d’eau lourde Laprade et la raffinerie de magnésium Norsk Hydro, mais elle a conservé des noyaux importants, entre autres ABI, l’Aluminerie de Bécancour. Il faut dire qu’elle peut miser sur des atouts importants : un port en eaux profondes, un immense parc industriel offrant des espaces encore libres ainsi que la proximité avec la grande agglomération de Trois-Rivières et sa propre tradition industrielle. Aujourd’hui, elle se réinvente avec l’électrification des transports et s’apprête à accueillir de nouveaux joueurs stratégiques comme Nemaska Lithium ou Nouveau Monde Graphite, au point où le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon, la place au cœur de la nouvelle « vallée de la batterie ». SOCIÉTÉ DU PARC INDUSTRIEL ET PORTUAIRE DE BÉCANCOUR

GASPÉ En cinq ans, Gaspé a vu sa population croître de 500 personnes. C’est là un important renversement de tendance, particulièrement significatif, puisque la Gaspésie souffrait depuis le début des années 1980 d’un déclin qui semblait inéluctable. L’affaiblissement des industries traditionnelles – forêt, mine et pêcheries – a fait mal. Mais voici qu’elle peut aujourd’hui se présenter comme une ville branchée sur la modernité, notamment pour la filière éolienne au Québec. Le milieu de la recherche sur les énergies renouvelables y est actif, avec le TechnoCentre éolien ou la firme Nergica, tandis que l'usine de pâles d'éoliennes LM Wind Power est devenue le plus important complexe industriel de l’est du Québec, comptant plus de 500 employés et ayant des projets d’expansion. Qui plus est, la ville possédant l'un des meilleurs accès à Internet haute vitesse au Québec, la distance a aujourd’hui bien moins d’importance, ce qui contribue à lui gagner de nouveaux arrivants. JONATHAN DESJARLAIS

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LÉVIS Cette époque où Lévis était d’abord identifiée comme « la ville en face de Québec » est révolue… Avec une population qui dépasse maintenant 150 000 personnes, elle se classe au septième rang des agglomérations québécoises, et son économie se diversifie. En 2021, par exemple, l’entreprise QScale annonçait un investissement global de 867 millions de dollars pour l’implantation d’un immense centre de traitement de données, l’un des plus grands à s’établir au Québec, qui devrait être opérationnel à la fin 2022. En outre, la chaleur générée par ces centaines d’ordinateurs sera acheminée vers un complexe de serres situées tout près, ce qui valorise le projet. En fait, c’est toute la région de Chaudière-Appalaches qui est sur une lancée, en affichant le taux de chômage le plus bas au Québec. Il reste à régler la question d’un nouveau lien avec la Rive-Nord, mais les engagements gouvernementaux sont fermes et ce lien devrait voir le jour sous une forme ou une autre d’ici le début de la prochaine décennie.

VILLE DE LÉVIS

THETFORD MINES S’il y a une ville qui revient de loin au Québec, c’est bien Thetford Mines. Son économie gravitait essentiellement autour des mines d’amiante ; leur mise à l’index à partir des années 1980 a graduellement condamné au chômage des milliers de travailleurs. C’est bien connu. Ce qui l’est moins, c’est que cette main-d’œuvre dispo­ nible et compétente, alliée à une forte résilience de la communauté, a favorisé l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises locales, au point où Thetford Mines se classe aujourd’hui dans le peloton de tête, au Québec, pour le nombre de PME pour 1 000 habitants. Depuis 10 ans, la ville a ainsi vu apparaître plus de 1 500 emplois. Malgré tout, le prix des maisons demeure parmi les plus bas au Québec, avec une moyenne de 130 000 $ en 2021, tandis que les demandes de permis de construction ne dérougissent pas, au point d’atteindre un niveau record. Ah oui : le taux de chômage n’était plus que de 2,7 % en 2019, et sa hausse momentanée due à la pandémie s’estompe déjà. NADEAU PHOTO SOLUTION

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MUNICIPALITÉ DE SAINTE-CATHERINE 60

VANESSA BEAULIEU LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


BROSSARD Brossard accumule les bons coups. Jadis perçue comme la ville dortoir type, elle est aujourd’hui devenue une destination en soi avec le développement irrésistible du Quartier DIX30. L’immen­se complexe commercial comprend aussi des restaurants, une salle de spectacle, un hôtel et un aréna moderne où s’entraîne le Canadien de Montréal. Pas étonnant qu’à proximité, les édifices de bureaux et les tours d’habitation poussent comme des champignons, d’autant que la ville va bientôt abattre une autre carte maîtresse : elle fait figure de tête de pont du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, et ce tronçon qui la reliera au centre-ville de Montréal devrait entrer en fonction d’ici la fin de l’année. Les navetteurs ne mettront plus que 16 minutes pour atteindre la Gare Centrale. Pour eux, les bouchons monstres seront chose du passé. Voilà de quoi attirer encore plus d’investissements… Il faut donc s’attendre à ce que les grues géantes demeurent bien visibles dans le ciel de Brossard.

REM

CONTRECŒUR Il va falloir s'habituer à parler du « Terminal Contrecœur » du port de Montréal. L’administration du Port a commencé à y acquérir des terrains dès la fin des années 1980, lorsqu’on s’est aperçu que les installations montréalaises n’allaient plus suffire. Des activités portuaires y ont cours depuis 1950, mais l’expansion projetée les propulserait à un tout autre niveau, puisqu’elle permettrait d’accueillir annuellement 1,5 million de conteneurs, environ 70 % de la capacité totale de l’actuel port de Montréal. Le site de Contrecœur apparaît stratégique pour quel­ ques bonnes raisons. Il dispose d’infrastructures routières et ferroviaires de qualité. Le voisinage d’autres industries signifie qu’il pourra plus facilement s’intégrer dans le milieu, et l’espace existe pour d’autres avenues, notamment en logistique de transport. Il a fallu gérer prudemment des enjeux écologiques dans ce qui demeure un écosystème vulnérable et complexe, mais le chemin semble maintenant ouvert. On n’attend plus qu’un signal pour commencer les travaux, en visant une mise en service vers la fin de la présente décennie avec des retombées potentielles pour l’ensemble de la communauté. VILLE DE CONTRECŒUR

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MUNICIPALITÉ DE SAINT-JÉRÔME JULIE LÉVEILLÉ 62

LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022 MUNICIPALITÉ DE SAINT-JÉRÔME


VARENNES

En 2019, selon l’Indice relatif de bonheur compilé par la firme Léger, Varennes était la ville la plus heureuse du Québec. Et ce n’est pas la seule distinction dont elle peut se targuer, elle qui a su passer de l’ancienne économie à la nouvelle. Le déclin de l’industrie pétrochimique, notamment avec la fermeture du complexe de Pétromont en 2008, a été largement compensé par de nouveaux développements qui consolident son statut de pôle de l’énergie verte au Québec. Ce noyau regroupait déjà Hydro-Québec et son Institut de recherche en électricité du Québec (IREQ), inauguré en 1970, ainsi que l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et la multinationale ABB ; s’y trouvent maintenant, par exemple, l’imposante usine de la société québécoise Enerkem, qui recycle le carbone et l’hydrogène contenus dans les résidus solides, ou la firme Evlo, née d’un partenariat entre Innergex et Hydro-Québec pour la mise au point de systèmes de stockage d’énergie. Par ailleurs, la ville accueille déjà de grands centres de distribution et d’autres pourraient s’ajouter, comme pour Amazon ou Brocollini. Varennes dispose donc d’une solide base de taxation pour financer les nouveaux services offerts aux citoyens. RICARDO RUIZ PHOTOGRAPHY

DRUMMONDVILLE Il ne faut pas seulement remonter la pente, encore faut-il demeurer au sommet. Ce pourrait être la devise de Drummondville, qui a vu son économie dégringoler quand les entreprises étrangères qui dominaient le paysage économique ont quitté la ville les unes après les autres dans les années 1980. Au lieu de se laisser abattre, Drummondville a vu des entrepreneurs locaux prendre la relève, et leur exemple a entraîné dans leur sillage de nouveaux investisseurs. La firme française Soprema, par exemple, y a investi et réinvesti, au point d’y compter aujourd’hui 500 employés et d’avoir contribué récemment à l’arrivée d’un nouvel hôtel. Mais ce sont d’abord les leaders locaux qui mènent la charge. Drummondville a-t-elle besoin de personnel qualifié comme ailleurs au Québec ? Le Groupe Soucy a participé directement au financement d’un nouvel édifice qui abrite maintenant une antenne de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) pour assurer la formation d’ingénieurs dont les employeurs locaux ont grandement besoin. Pendant ce temps, la population de la ville continue d’augmenter malgré la démographie qui se contracte au Québec, notamment avec l’arrivée de nouveaux immigrants attirés par la vigueur de son économie. VILLE DE DRUMMONDVILLE

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MUNICIPALITÉ DE SHANNON 64

CONRAD LÉVEILLÉ LE QUÉBEC ÉCONOMIQUE : : ÉDITION 2022


SAINT-GEORGES Impossible de parler des pôles de croissance au Québec sans y inclure la Beauce. C’est devenu presque un cliché de citer son esprit entrepreneurial. Mais il ne se dément pas et ce n’est pas un hasard si elle abrite l’École d’entrepreneurship de Beauce, la première du genre à avoir vu le jour au Québec, précisément à Saint-Georges. Sa proximité avec les États-Unis ne nuit pas, et l’amélioration du réseau routier vient l’aider alors qu’on ajoute graduellement de nouveaux tronçons à l’autoroute 73. D’ailleurs, Québec a récemment annoncé des investissements record de près d’un demi-milliard de dollars sur deux ans pour bonifier les infrastructures de transport dans l’ensemble de la région de Chaudière-Appalaches, et Saint-Georges en récoltera une bonne part. Aux multiples et performantes PME qui composent sa base économique se sont ajoutées au fil des ans de très grandes entreprises, comme Pomerleau, qui figure en tête du classement des plus importantes firmes de construction au Québec. Si ce n’était, ici aussi, des problèmes liés à la pénurie de main-d’œuvre… MUNICIPALITÉ DE SAINT-GEORGES

SOREL-TRACY Même si l’économie québécoise est en pleine transformation, Sorel-Tracy fait partie des quelques villes qui ont su conserver leurs actifs industriels importants tout en élargissant leur base. Ainsi, l’autoroute 30, rebaptisée « autoroute de l’acier », mérite encore son nom puisqu’elle dessert, en arrivant vers Sorel-Tracy, de grands complexes industriels comme ceux de QIT Fer et Titane, Tioxyde Canada ou Arcelor Mittal, plus au sud, sans compter Rio Tinto au centre de la ville. Assez pour qu’il soit question de la « Vallée sidérurgique et métallurgique de Sorel ». Leur vigueur compense en partie la fermeture des ateliers d’Alstom alors qu’on espérait beaucoup du rachat des actifs de Bombardier Transport par la multinationale française. Mais Sorel-Tracy en a vu d’autres et se positionne toujours comme une ville qui peut allier vigueur économique et qualité de vie, en bordure du Saint-Laurent et des îles du lac Saint-Pierre. Et ce qui ne gâche rien, un récent palmarès (de la firme Moving Waldo) la situe au deuxième rang pour le coût de la vie abordable au Québec.

VILLE DE SOREL-TRACY

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LES PÔLES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

VAL-D'OR Il fut un temps où l’on disait de Val-d’Or que c’était la ville où l’on comptait le plus de Cadillac par habitant au Québec. La ville roulait littéralement sur l'or, du fait de la force de son industrie minière. On y voit aujourd’hui peut-être moins de Cadillac, mais sa bonne fortune demeure ; mieux, elle vient maintenant de différentes sources. Après un hiatus, les mines d’or ont recommencé à briller avec, en tête d’affiche, l’immense exploitation voisine de Canadian Malartic. Mais la ville peut aujourd’hui compter sur d’autres atouts. Elle est devenue le lien logistique avec le Nord-du-Québec qui compte sur elle pour son approvisionnement en tous genres. Qui plus est, la vigueur croissante des communautés cries de la baie James lui profite directement puisqu'elles investissent toujours plus dans son économie. Le manque de main-d’œuvre frappe ici aussi et c’est un frein au développement de la ville. Mais avec l’une des populations les plus jeunes au Québec, Val-d’Or est bien placée pour tirer son épingle du jeu.

WIKIMEDIA COMMONS PAR TOBIE CHARETTE

SALABERRY-DE-VALLEYFIELD La capitale du Suroît, comme on l’appelle, fait partie du club des anciennes villes à cheminées en train de réussir leur reconversion. Jadis connue pour les nombreuses industries chimiques, grandes consommatrices d’énergie, qui s’y étaient installées pour profiter de la production hydroélectrique de la centrale voisine de Beauharnois, elle a progressivement vu son tissu économique se moderniser et se diversifier. Si bon nombre de ces usines ont fermé leurs portes, d’autres entreprises se sont installées dans l’un de ses quatre parcs industriels pour renouveler son image. Il s’en trouve toujours dans des domaines traditionnels comme le métal ou le meuble, mais d’autres se sont ajoutées dans des secteurs de pointe tels que le bioalimentaire ou le transport. D’ailleurs, Salaberry-de-Valleyfield mise sur son emplacement stratégique et sa connexion avec les essentiels réseaux de transport pour affirmer son rôle de pôle logistique dans le sud-ouest du Québec. Et juste à côté, à Beauharnois, de grands joueurs internationaux comme OVH ou Google y installent des mégacentres de données et contribuent à la métamorphose de la région. MARINA VALLEYFIELD

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Plateforme économique 2022-2024 Le Québec à l’heure des choix

Enjeux liés à la démographie et au capital humain

Enjeux publics

Enjeux de développement économique

Enjeux environnementaux et lutte aux changements climatiques

cpq.qc.ca


Carrefour du capital humain

Formation Assurances

Regroupements d’achats

Banque d’emplois

Services juridiques Fonds municipal d’action juridique Mutuelles de prévention en SST

Découvrez-en plus : umq.qc.ca


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