RENCONTRE AVEC…
PIERRE LOYER
LES DÉFIS DE MAINTENANCE DE L’AÉROPORT MONTRÉAL-TRUDEAU PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE
On le traverse, contents de partir en voyage. Mais outre la partie visible de l’aéroport de Montréal, sur le parcours des passagers, il y a aussi des endroits qu’on ne voit pas et qui présentent des défis de maintenance particuliers.
JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET
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e son bureau situé aux étages supérieurs de l’hôtel Marriott, Pierre Loyer a une vue imprenable sur le terminal et ses environs, un univers qui le rend heureux. Ne sent-on pas, en effet, des vibrations un peu spéciales dès qu’on s’approche d’un aéroport ? Vice-président, planification aéroportuaire, ingénierie et entretien, pilote de formation qui prend encore les commandes pour son plaisir, Pierre Loyer confie que les lieux occupent une grande place dans son cœur. Quels sont les enjeux de maintenance et d’entretien d’un tel endroit ? « Il faut voir un aéroport davantage comme une ville que comme un bâtiment », expose-t-il, car il s'agit d'un milieu composé d’immeubles, de stationnements, de garages, de voies de circulation où l’on traite et évacue de l’eau, où l’on déneige et où l’on produit occasionnellement de l’énergie, tout cela 24 heures par jour, 365 jours par année. Les points les plus stratégiques ? « Tout ce qui se trouve sur le parcours du passager pour que l’ensemble de son expérience, du stationnement de sa voiture jusqu’au moment d’embarquer dans l’avion, soit agréable et la moins stressante possible », répond Pierre Loyer, nommant justement le stationnement, le débarcadère, le terminal et les portes d’embarquement comme les quatre structures prioritaires. C’est la partie que les gens voient. Mais il y a également des dizaines de blocs sanitaires en souterrain, un long réseau de plomberie, une centrale thermique alimentée par l’électricité et par le gaz (consommation annuelle : 1 500 000 m3) qui chauffe ou qui climatise l’équivalent de
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3 000 maisons unifamiliales, ainsi que des kilomètres de tuyaux. Des systèmes et des équipements qu’il faut maintenir en état de fonctionner pour assurer le confort des quelque 50 000 personnes qui passent et qui travail lent ici chaque jour. S’y ajoute la complexité de gérer les périodes de pointe : elles sont quotidiennes le matin et en fin d’après-midi et annuelles au cours des mois d’été et pendant la période des fêtes, alors que des milliers de personnes circulent dans un temps restreint et font hausser la consommation énergétique. La fiabilité des équipements représente donc un aspect névralgique. « La résilience de nos réseaux, c’est crucial », exprime Pierre Loyer qui fait passer la maintenance d’un mode entretien à un mode fiabilisation en mettant en place des équipements de diagnostic préventif et non plus réactif. « Accroître la résilience et mieux planifier, nous ne pourrons y arriver qu’avec des équipements connectés qui nous fourniront des informations pertinentes. Nous pourrons alors intervenir au bon moment », explique-t-il, faisant remarquer que la maintenance préventive entraîne comme inconvénient le risque d’introduire un problème dans un système qui n’en avait pas. D’où, insiste-t-il, l’importance d’effectuer le nombre juste d’interventions au bon moment et de ne pas le faire quand les systèmes n’en ont pas besoin. Le seul moyen d’y arriver, c’est d’entretenir un « dialogue » efficace entre les équipements et les gens de maintenance. « Inutile de remplacer une pièce parce que le fabricant nous dit qu’après 50 000 heures il fallait la changer. Mais au moment où elle va montrer des signes de défaillance, une vibration anormale, par exemple, ce sera là, le temps d’intervenir. »
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LA GESTION DE L’ÉNERGIE Pour mieux gérer l’énergie en période de pointe (qui dépasse à ces moments-là les 18 mégawatts), Pierre Loyer est aussi en train de constituer une équipe dont ce sera l’unique responsabilité. Une cellule qui se consacrera à l’optimisation des équipements et des façons de faire, à effectuer le monitorage du système et à poser les bons gestes. « Intervenir et changer des équipements, souligne-t-il, ça reste une action ponctuelle. Au bout d’un moment, si on l’utilise mal ou si l’on ne s’en occupe pas, le nouvel équipement finit par consommer autant d’énergie que l’ancien. Il faut plutôt introduire de bonnes pratiques opérationnelles et faire du conditionnement assidu. Ne pas regarder individuellement le moteur, mais tout le système dont il fait partie. Considérer l’ensemble et assurer un commissionnement continu. » À combien s’élève la facture d’énergie annuelle de l’aéroport de Montréal ? On parle de 7 M$ pour l’électricité et de 2 M$ pour le gaz.
LADISLAS KADYSZEWSKI
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DES PARTENAIRES STRATÉGIQUES Le vice-président, planification aéroportuaire, ingénierie et entretien, en poste depuis moins de deux ans, revoit aussi la stratégie d’approvisionnement en s’adjoignant, dans certains domaines névralgiques, ce qu’il appelle des partenaires stratégiques plutôt que des soustraitants. « Dans une relation stratégique, expose-t-il, il n’est plus question de services de commodité, mais bien d’un but commun, celui de maintenir de hauts standards de qualité. » C'est la fin des mandats de moyens ; dorénavant, l’aéroport de Montréal donnera des mandats de résultats et allongera le terme des contrats afin de laisser à ses partenaires l’occasion de mettre en place ce qui est nécessaire pour assurer le niveau de services exigé. C’est le cas pour l’entretien sanitaire et la propreté, avec GDI et Peace Plus qui vien nent d’être retenus après un appel d’offres, en novembre dernier, et d’Engie Services ainsi que d’Alstef dans les salles de bagages. Au quotidien, Pierre Loyer gère des équipes d’environ 125 employés maison, gestionnaires et personnel de métier, à qui s’ajoutent les sous-traitants. « Il y a des systèmes spécialisés comme les ascenseurs ou les escaliers roulants où il n’y a pas vraiment d’intérêt à développer notre propre expertise », explique-t-il. MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2019
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UNE CARRIÈRE À L’AÉROPORT Pierre Loyer a obtenu sa licence de pilotage au cours de la décennie 1990, en pleine récession, alors que des pilotes d’expérience peinaient à trouver du travail. Il a donc mis à profit ses connaissances en automatisation chez SNC-Lavalin où il a été embauché pour démarrer une division de robotique ; mais, coup du hasard, on l’a envoyé remplacer un collègue à l’aéroport de Montréal, où il est toujours resté. En 2006, il passe chez Engie Services, où il est responsable du développement des services aéroportuaires canadiens et américains puis responsable des services en technologie de l’information à l’international avec une équipe postée en Belgique. Puis, en 2017, il répond à l’invitation d’Aéroports de Montréal qui lui offre son poste actuel. Les défis que présenteront les projets de construction à venir y sont pour quelque chose dans sa décision : démolition et reconstruction des stationnements, réaménagement de la façade et construction d’une station pour le Réseau express métropolitain (nous parlerons en détail de ces projets dans le prochain numéro de Champions de la construction).
LA SALLE DES BAGAGES Alors qu’il était chez Engie, mais posté à l’aéroport de Montréal, Pierre Loyer a conçu et construit la salle des bagages domestique internationale, l’une des réalisations dont il est d’ailleurs le plus fier. Après un rigoureux contrôle de sécurité, nous avons eu le privilège de descendre dans cette salle pour voir ce qui s’y passe. Qu’arrive-t-il à nos valises une fois que le transporteur aérien leur a apposé l’étiquette portant un code à barres ? Elles descendent un étage plus bas, dans un vaste espace où elles sont prises en charge par des chariots automatisés qui circulent dans une zone clôturée et cadenassée. Pour faire image, disons que l’endroit ressemble à un manège de Disney où les wagons transportent des valises en guise de passagers. Chaque bagage a son propre chariot qui circule sur des rails au sol et en élévation, jusqu’au conteneur qui correspond au vol de son propriétaire. Les bagages
Est-il passionné d’aviation, de gestion aéroportuaire ou de voyage ? Toutes ces questions reçoivent une réponse affirmative, et Pierre Loyer y ajoute le vin et la bonne cuisine. « Quand on entre dans le monde aéroportuaire, c’est difficile d’en sortir », dit-il. Dans ses défis quotidiens figurent des aspects humains, comme participer au bonheur des gens qui voyagent, ainsi que des volets hautement techniques. S’y ajoute l’importance d’être un joueur d’équipe, un ensemble qui alimente sa passion. JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET
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(en moyenne 25 000 quotidiennement) franchissent ainsi de 6 à 10 km selon les circonstances. Combien se perdent ? « Très peu, nous dit Pierre Loyer, l’aéroport de Montréal affiche de bonnes performances à cet égard. Chaque valise a son histoire, et nous sommes responsables de sa fin heureuse. » En compagnie de Jonathan Roy, chef, services aux opérations, nous avons également eu l’occasion de visiter la chaufferie et de voir les citernes et les tuyaux où circule et est traité, afin d’éviter la corrosion, l’imposant volume de fluide qui chauffe et refroidit le bâtiment, qui correspond à environ 500 000 gallons (soit près de 1 900 000 litres), l’équivalent de plus de 60 piscines hors terre. C’est d’une propreté impeccable, remarquons-nous. « Il le faut, explique Jonathan Roy, pour pouvoir détecter immé diatement toute coulisse ou fuite, même mineure, et agir rapidement. C’est une façon d’être proactif. » LA MODERNISATION DES AÉROPORTS NORD-AMÉRICAINS Quels sont les enjeux des aéroports de demain ? La croissance, répond Pierre Loyer. Une augmentation importante du nombre de voyageurs – qui pourrait se stabiliser autour de 5 %, ce qui demeure au-delà des prévisions – et des infrastructures en fin de vie utile. La plupart des aéroports nord-américains ont été construits entre les années 1940 et 1960, alors qu’on prévoyait une croissance annuelle de plus ou moins 3 %. Elles doivent donc se rajeunir et augmenter leur capacité.
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LE SAVIEZ-VOUS ? Le budget d’entretien de l’aéroport est de 40 M$ par année. Globalement, l’aéroport international Montréal-Trudeau présente une intensité énergétique de 1,45 GJ / m2 (GJ = gigajoule).
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