COUP D’ŒIL
ESPACES DE TRAVAIL MULTISENSORIELS RÉUNION D SENS
QUAND LES SENS FAVORISENT LA CRÉATIVITÉ ET L’APPRENTISSAGE PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE
Cour arrière gazonnée peuplée de chants d’oiseaux et de parfums subtils. Bibliothèque confortable aux rayonnages débordant de livres… Tels sont les nouveaux espaces de travail multisensoriels proposés par la firme Réunion D Sens. Petit tour du propriétaire…
A
u septième étage du pavillon des Sciences biologi ques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), au cœur du Quartier des spectacles, se trouve une oasis de calme et de détente. Loin des bruits de la métropole et de l’agitation urbaine, paisible et ensoleillée, une cour arrière déploie son espace gazonné. Des tables et des chaises en bois de même qu’une petite cabane rustique semblent attendre les visiteurs… Des touffes de pissenlits parsèment la pelouse, un barbecue cache sous son couvercle une machine à café, et de doux effluves d’herbe fraîchement coupée, de fleurs blanches et de lavande chatouillent les narines…
Lorsqu’il pénètre dans cette salle de 120 m2, le participant sent littéralement le stress le quitter. Le voilà prêt à commencer sa journée avec une énergie et une créativité renouvelées. Car la cour arrière est avant tout conçue pour être un espace événementiel ou de travail nouveau genre. Une surprise nous attend derrière une porte camouflée en trompe-l’œil : une bibliothèque de 30 m2 aux murs tapissés de (faux) livres, à l’éclairage tamisé, offrant une vaste table et des fauteuils en cuir, mais aussi toutes les technologies moder nes pour mener à bien une réunion productive. IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2017
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MARC-ANDRÉ LABELLE Fondateur et président Réunion D Sens
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Le parfum de cuir et de vieux livres (sans la poussière !), le bruit discret des pages feuilletées nous plongent aussitôt dans une ambiance propice au travail et à la collaboration. UN CONCEPT NOVATEUR C’est dans l’esprit de Marc-André Labelle, fonda teur et président de Réunion D Sens, que cette idée novatrice a germé. « J’ai été directeur immobilier chez Ubisoft pendant 13 ans, et nous avions effectué divers tests qui nous ont permis de constater que les employés étaient plus productifs, plus concentrés, plus créatifs ou moins stressés lorsqu’ils étaient exposés à certaines odeurs ou à divers sons. J’ai donc décidé de pousser le concept plus loin et je suis venu rencontrer les gens de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM. Ils m’ont confirmé que les odeurs, les sons, les couleurs, etc., peuvent avoir un effet sur la créativité, le stress, la rétention des apprentissages, l’esprit de collaboration, notamment », explique M. Labelle. Plusieurs études scientifiques viennent d’ailleurs confirmer cet état de fait. Par exemple, il a été démontré que les parfums d’orange et de lavande diffusés dans la salle d’attente d’un cabinet dentaire réduisent l’anxiété des patients1.
1. Lehner, J., Marwinski, G., Lehr, S., Johren, P. et Dreecke, L. (2005). Ambient odors of orange and lavender reduce anxiety and improve mood in a dental office. Physiology & Behavior, 86(1-2), 92-95. University Clinic of Neurology, Medical University of Vienna, Autriche.
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Un partenariat public-privé a donc été mis sur pied entre la Chaire et M. Labelle. L’UQAM a ainsi mis à sa disposition des locaux pour installer le centre de démonstration de Réunion D Sens. L’entreprise loue ses espaces à des fins événementielles ou d’affaires, pour des réunions, des lacs-à-l’épaule, des 5 à 7, des lancements, etc. Cela constitue
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JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
ANDRÉE DE SERRES Titulaire Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier ESG UQAM
aussi sa vitrine pour des clients qui souhaiteraient acheter le concept d’espaces de travail ou d’envi ronnement multisensoriel. La firme propose en effet 36 modèles différents en plus de la cour arrière et de la bibliothèque. « De nombreux clients ont montré leur intérêt, en particulier les propriétaires immobiliers pour leurs aires communes. Cela permet de créer une réelle valeur ajoutée pour leurs locataires. Les cliniques dentaires sont aussi très emballées par notre idée
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pour aménager leur salle d’attente, afin de réduire le stress des patients, grâce à des parfums ou à des ambiances sonores. Des hôtels vont aussi l’utiliser pour leur lobby », énumère M. Labelle. UN NOUVEAU CHAMP DE RECHERCHE En parallèle, des chercheurs issus de différentes disciplines viendront étudier les effets des stimulations multisensorielles dans le centre de démonstration de Réunion D Sens. « C’est un champ de recherche scientifique tout à fait nouveau. On sait qu’un son ou une odeur peut avoir un impact, mais ici, on tâche de déterminer si les stimulations provenant de plusieurs sources en même temps ont un effet cumulatif », explique Marc-André Labelle. Diminution de l’anxiété, amélioration de l’esprit de collaboration ou de la rétention des appren tissages, stimulation de la créativité... Une foule d’effets bénéfiques potentiels sont étudiés. Pour y parvenir, une salle pourvue des équipements les plus sophistiqués – notamment des caméras de très haute technologie permettant de capter des détails très précis – jouxte les installations du centre de démonstration. C’est de là que les chercheurs pourront observer les participants, évaluer et analyser leurs réactions à différents stimulus sensoriels. La professeure Andrée De Serres, titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier, mentionne que ces recherches permettront de développer des indicateurs et des outils de mesure visant à documenter les impacts d’un environne ment multisensoriel.
Des spécialistes en neuroéducation auront également la possibilité d’analyser les réactions du cerveau des participants, qui seront coiffés de casques munis de capteurs. L’ergonomie et l’activité physique seront aussi au menu des chercheurs, qui pourront par exemple analyser les déplacements dans les espaces multisensoriels. « Nous sommes véritablement des pionniers dans ce domaine. Ce sont des recherches tout à fait novatrices », souligne Mme De Serres. Elle ajoute que ce projet arrive à point nommé. « Une tendance lourde est en train de se dessiner avec l’émergence et la diversification de nouvelles façons de concevoir des lieux de travail consacrés au bien-être des occupants. On le voit avec les espaces de coworking et de créativité, notamment. Les environnements multisensoriels sont un pas de plus dans cette direction », indique-t-elle. En évaluant les impacts des différentes stimula tions sur les usagers et les travailleurs, on pourra aussi réfléchir en termes d’orientation stratégique. « Les applications sont multiples, aussi bien dans le secteur des immeubles commerciaux qu’institu tionnels. On pourrait penser par exemple à des écoles où l’environnement des salles de classe favoriserait l’apprentissage, des bureaux où l’on stimulerait l’esprit de collaboration au sein des équipes, des studios inspirant la créativité des usagers qui y travaillent, etc. Les résultats des recherches à ce sujet permettront de formuler des recommandations aux gestionnaires immo biliers pour des usages précis et de repenser les espaces de travail », conclut Mme De Serres.
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