ENTREVUE
BENOIT LEMIEUX PRÉSIDENT, GESTION IMMOBILIÈRE BCL ALAIN DUMAINE, CPA, CA, CFA, FRM VICE-PRÉSIDENT PRINCIPAL, ALLOCATION DU CAPITAL ET GESTION DU PORTEFEUILLE GLOBAL, IVANHOÉ CAMBRIDGE
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
DEUX LEADERS EXCEPTIONNELS DU SECTEUR DE L’IMMOBILIER
LAURÉATS AUX PRIX
PERFORMANCE ESG UQAM PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE
Alain Dumaine et Benoit Lemieux ont en commun leur passion de l’immobilier. Ils sont aussi les lauréats du prix Performance ESG UQAM, établissement universitaire dont ils sont tous deux diplômés. Retour sur leur cheminement et sur ce qui les anime.
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Alain DUMAINE DÉVELOPPER LE SAVOIR Aucun doute possible : Alain Dumaine voit l’immobilier dans sa soupe ! Au début de sa carrière, le vice-président principal, allocation du capital et gestion du portefeuille global chez Ivanhoé Cambridge, avait pourtant un tout autre objectif professionnel.
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ttiré par la finance, le jeune Alain Dumaine cherchait le meilleur chemin pour pouvoir œuvrer dans ce secteur. C’est pourtant au baccalauréat en comptabilité de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) qu’il s’est finalement inscrit, sur les conseils de diplômés qui lui ont fait saisir l’avantage d’un titre comptable.
j’ai également eu des mandats d’accompagnement d’entreprises. Puis j’ai posé ma candidature à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui cherchait à pourvoir un poste en comptabilité d’entreprise », se rappelle Alain Dumaine. Il y est embauché en 1995, alors même que cinq filiales de placement privées étaient mises en place.
Son baccalauréat en poche, il décroche le titre de comptable agréé après son stage en 1993, puis celui de CFA (Chartered Financial Analyst) en 2002 et enfin de FRM (Financial Risk Manager) deux ans plus tard.
À l’occasion d’un congé de maternité d’une collègue, il est propulsé directeur, administration des place ments privés par intérim durant quelques mois. « Cela m’a donné le goût de relever de nouveaux défis, et à la fin de ce remplacement en 1998, je suis parti à la Banque Laurentienne du Canada où j’avais été engagé en tant que directeur adjoint, support aux opérations internationales », raconte-t-il.
UNE PROGRESSION RAPIDE Le début de sa carrière se déroule au sein de deux cabinets comptables. « J’ai fait de la vérification et 8
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« Il faut être à l’affût de tout ce qui pourrait avoir un impact sur le secteur immobilier et demeurer vigilant par rapport aux différents enjeux et changements. Tout va très vite aujourd’hui, on doit garder l’œil ouvert. » – Alain Dumaine
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ÉRIC CARRIÈRE
ALAIN DUMAINE LORS DE SON DISCOURS DE REMERCIEMENTS
La CDPQ n’en avait toutefois pas fini avec lui, puisqu’au bout de six mois à peine, elle le sollicitait de nouveau. Il décline d’abord son offre, mais il l’accepte lorsqu’elle le recontacte quelques mois plus tard, cette fois pour lui proposer le poste de coordonnateur à l’administration des investissements. « C’était une période de forte croissance à la CDPQ. J’ai obtenu plusieurs promotions successives et, en 2005, je suis devenu le directeur principal du service. Parallèlement, la Caisse a développé un volet en gestion de portefeuille immobilier. Puisque j’avais toujours eu de l’intérêt pour cette classe d’actifs, on m’a d’abord confié le poste de directeur puis celui de vice-président dans ce champ d’activité », se souvient Alain Dumaine. Sa mission ? Créer une fonction Gestion de portefeuille en immobilier et élaborer des stratégies d’investissement et de gestion du portefeuille. M. Dumaine va faire progresser cette fonction à un autre niveau, notamment en diversifiant le portefeuille avec des investissements à l’étranger, par exemple au Brésil, aux États-Unis et en Chine. Enfin, en 2011, il est nommé à son poste actuel de vice-président principal. Il pilotera l’intégration des activités de planification stratégique et de gestion de portefeuille à la suite de la fusion du groupe Immobilier de la Caisse, de SITQ et d’Ivanhoé Cambridge.
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UN HOMME DE DÉFIS De l’avis de M. Dumaine, son métier demande de solides compétences financières, mais comporte aussi une bonne part de vigie : « Il faut être à l’affût de tout ce qui pourrait avoir un impact sur le secteur immobilier et demeurer vigilant par rapport aux différents enjeux et changements. Tout va très vite aujourd’hui, on doit garder l’œil ouvert. » Par ailleurs, comment générer du rendement dans un contexte où les défis sont multiples et où le futur demeure incertain ? « De nombreuses questions se posent par rapport à l’évolution des conditions des marchés. On peut penser par exemple à l’ALÉNA chez nous ou au Brexit en Europe… Ou encore aux changements démographiques, à l’évolution des habitudes de consommation, à la croissance du commerce électronique, à la densification des espaces de travail, à la croissance de la demande en soins de santé : ces facteurs constituent des risques, mais également des opportunités potentielles. Au bout du compte, il faut réussir à équilibrer ces différents éléments au sein du portefeuille immobilier », estime-t-il, rappelant que chaque produit connaît aussi des cycles. Sa passion pour l’immobilier en fait également un professionnel qui aime tout autant apprendre que transmettre ses connaissances. Il est d’ailleurs très impliqué au sein de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier à l’ESG UQAM et se réjouit que le savoir dans ce domaine ait atteint une masse critique au Québec. « Aujourd’hui, nous nous comparons aux meilleurs et possédons une expertise en immobilier de calibre mondial », affirme-t-il. Un savoir qu’il contribue à développer et à diffuser.
Benoit LEMIEUX SUR TOUS LES FRONTS ! Dès l’âge de 23 ans, Benoit Lemieux s’est vu confier un important projet immobilier. Mais l’expérience acquise sur le terrain durant ses jeunes années l’avait préparé à relever ce défi de taille. Portrait d’un passionné qui s’investit à fond dans tout ce qu’il entreprend.
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n 2017, Benoit Lemieux a parcouru près de 258 000 km en avion. Vietnam, Afrique du Sud, Turquie, Inde… Ce ne sont pas des voyages d’agrément, mais bien d’affaires, pour collecter des fonds auprès d’investisseurs étrangers et financer les projets immobiliers de sa compagnie, Surge Homes. Fondée en 2014 avec son associé Louis Conrad Migneault, un ami du cégep, l’entreprise basée à Houston, au Texas, bâtit des maisons en rangée, des unifamiliales et des copropriétés. Et avec succès ! En 2016, Surge Homes a remporté le prix du promoteur de l’année remis par l’Association des courtiers immobiliers de Houston ; en 2017, celui du Temple de la renommée pour l’excellence du design du magazine Builder ; et en 2018, l’un de ses ensembles résidentiels a terminé parmi les trois finalistes dans la catégorie projet de condos de l’année, un prix décerné par la prestigieuse National Association of Homebuilders.
Parallèlement, Benoit Lemieux est aussi président de Gestion immobilière BCL, un gestionnaire d’immeubles locatifs tant au Canada qu’aux États-Unis, dont le siège social est situé sur la Rive-Sud de Montréal. L’APPRENTISSAGE SUR LE TERRAIN Présent sur tous les fronts, l’énergique homme d’affaires a fait ses premières armes dans l’entreprise familiale, le Groupe LSR, alors qu’il était encore adolescent. « Mon père voulait que je me familiarise avec tous les métiers au sein de sa compagnie », se souvient-il. Maintenance, menuiserie, plomberie, électricité, tout y est passé ! « Aujourd’hui, je suis très reconnaissant d’avoir pu bénéficier de cet apprentissage, car j’ai acquis une excellente compréhension de la réalité des soustraitants dans les projets de construction, et cela me permet aussi de mieux gérer les attentes », dit-il. IMMOBILIER COMMERCIAL : : FÉVRIER – MARS 2018
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« Notre approche consiste à tester des formules d’habitation ainsi que des designs intérieurs et extérieurs auprès de la clientèle potentielle. Un très grand nombre de consommateurs sont consultés, et l’analyse statistique des résultats nous permet ensuite de développer des projets uniques avec des architectes et des designers. » – Benoit Lemieux
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ÉRIC CARRIÈRE
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été un homme de terrain, mais à partir de là, j’ai commencé à m’asseoir derrière un bureau et à utiliser les connaissances acquises au bac en administration », raconte-t-il. UNE VISION NOVATRICE Le Groupe LSR ne s’était pas trompé, car depuis, Benoit Lemieux a démontré ses qualités de leader et de visionnaire. Ainsi, il a diversifié et consolidé les actifs de la compagnie sur le territoire américain, en plus d’avoir montré un véritable flair pour reconnaître et saisir les bonnes occasions.
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ARCHIVES FAMILIALES
LA FAMILLE LEMIEUX, À L’ÉPOQUE OÙ L’ENTREPRISE FAMILIALE ÉTAIT DIRIGÉE PAR LE REGRETTÉ SERGE LEMIEUX, UN GRAND VISIONNAIRE ET BÂTISSEUR DU SECTEUR DE L’IMMOBILIER. DE GAUCHE À DROITE, SUZANNE, ÉRIC, SERGE, BENOIT ET ANNIE, QUI ON S’EN SOUVIENT, A FAIT L’OBJET D’UNE GRANDE ENTREVUE DANS LES PAGES DE CE MAGAZINE IL Y A QUELQUES ANNÉES.
Au début de la vingtaine, après avoir terminé son baccalauréat en administration à l’ESG UQAM, il va suivre une session d’anglais intensif à l’Université de Houston. L’année suivante, en 1992, alors qu’il n’a que 23 ans, son père lui confie un projet de 2 M$ pour rénover 80 unités d’appartement dans la capitale texane. « C’était la première fois que je devais gérer des budgets, mais nous avons réussi à boucler le tout pour la somme de 1,8 M$ », se souvient Benoit Lemieux. Il souligne qu’à l’époque, on le surnommait The Tornado et The Running Kid sur les chantiers, tant il mettait du cœur et de l’énergie à l’ouvrage. En 1993, après avoir œuvré pour une autre entreprise de construction, il se voit confier le poste de vice-président pour toutes les activités au Texas. « J’avais 24 ans et je supervisais environ 50 employés et 800 logements ! J’étais jeune, mais tout le monde disait que j’étais prêt. J’avais toujours 12
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Avec son associé Louis Conrad Migneault, il a par exemple mis en place un modèle prédictif novateur qui permet à Surge Homes de créer des produits immobiliers inédits dans un marché et de les commercialiser au moment opportun. « Notre approche consiste à tester des formules d’habitation ainsi que des designs intérieurs et extérieurs auprès de la clientèle potentielle. Un très grand nombre de consommateurs sont consultés, et l’analyse statistique des résultats nous permet ensuite de développer des projets uniques avec des architectes et des designers », résume-t-il. Avec cette méthode, les unités résidentielles de Surge Homes s’envolent comme des petits pains chauds, et en quelques semaines à peine, la majorité a généralement trouvé preneur. D’ailleurs, la compagnie a été désignée comme le vendeur le plus rapide de Houston et ses banlieues en mars 2016, alors même que cette ville représente le deuxième plus grand marché de maisons neuves aux États-Unis. « En allant chercher l’information en amont, on augmente les probabilités de succès, et cela nous rend meilleurs », mentionne Benoit Lemieux. Il se trouve chanceux d’avoir pu bénéficier du soutien de sa femme et de ses trois enfants sans qui rien n’aurait été possible ; et malgré son agenda bien rempli, il trouve quand même le temps de s’investir au sein de la Fondation Hôpital Charles-LeMoyne, dont il est le président depuis 2015. Plusieurs activités visent à collecter des fonds pour la Fondation, comme la classique de golf et vélo Serge-Lemieux, nommée ainsi en l’honneur du père de Benoit. « Il a toujours été très engagé dans la Fondation, et peu avant son décès, il m’avait demandé de m’impliquer moi aussi, ce que j’ai fait à partir de 2012. Je m’estime privilégié, c’est ma façon de redonner à la communauté », conclut-il.