COMMERCE DE DÉTAIL
BIENVENUE DANS UN SECTEUR D’AVENIR Léopold Turgeon Expert invité
Président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Léopold Turgeon est un conférencier aguerri et le spécialiste reconnu du secteur du commerce de détail au Québec. Sa motivation : aider les détaillants du Québec à trouver de nouvelles façons de se démarquer dans un secteur-clé de l’économie qui évolue à toute vitesse. Constamment en « mode solution », Léopold Turgeon est un commentateur fréquemment invité dans les médias afin de défendre les dossiers qui comptent pour les détaillants.
Le commerce de détail est présentement celui qui offre les meilleures perspectives pour l’avenir. Dans son actuelle métamorphose, il devient en effet le point névralgique où se réunissent plusieurs des innovations technologiques. Les startups sont nombreuses à développer aujourd’hui des plateformes qui trouveront leurs applications et leur raison d’être dans le commerce de détail. En raison de ce fait, il faut que les instances économiques et politiques sortent du « catégorisme économique » et commencent à plus sérieusement considérer ce secteur en émergence. Regard sur une effervescence en devenir. Positionnons un fait d’entrée de jeu : nous préconisons la fin du « catégorisme économique »1, cette vue de l’esprit en fonction de laquelle certains secteurs de notre activité économique ont davantage voix au chapitre et obtiennent plus de considération que d’autres. Dans le cadre de consultations prébudgétaires, l’économiste Pierre Emmanuel Paradis explique le concept : « Depuis 2000, la contribution économique du commerce de détail a crû plus rapidement que la moyenne de l’économie, aussi bien pour le produit intérieur brut que l’emploi et l’investissement. Notamment, l’évolution positive du commerce de détail se compare avantageuse ment à celle du secteur chouchou des gouver nements, soit la fabrication. » Selon nous, segmenter les secteurs n’est plus une stratégie viable de la part de nos instances économiques et gouvernementales. Depuis trop longtemps, le commerce de détail a été exclu d’un ensemble de programmes gouverne mentaux. Au cours des deux dernières années, des avancées ont été réalisées, notamment par l’accès aux détaillants à certains programmes du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI). Toutefois, nous sommes encore loin d’avoir accès à des programmes ainsi qu’à un équivalent des sommes d’argent investies dans le secteur manufacturier. Si l’on observe de près la situation du commerce de détail, il est clair que ce secteur sera dominant dans les décennies à venir. Cela parce qu’actuellem ent, c’est celui qui connaît le plus de transformations en profondeur vers
GETTYIMAGES PAR HAKULE
le numérique. Le commerce de détail est la plateforme parfaite par où s’exprimeront toutes les technologies. Nous assisterons donc à un bouleversement majeur : de secteur négligé qu’il était, le commerce de détail figurera aux premières loges sur le plan technologique. Sa transformation est d’ailleurs commencée. Pensons simplement à ce que le court terme nous réserve en magasin : assistants vocaux personnels, dont les fonctions favorisent l’aisance d’achat, la réalité virtuelle et augmentée qui amène le consommateur dans un univers expérientiel inédit, mais combien riche en informations sur les produits ; les robots qui vont aider le détaillant à la fois auprès des clients, mais aussi pour tout ce qui touche à la gestion des stocks sur les tablettes et dans les entrepôts. Et ce n’est qu’un début : l’exploitation des données massives, les objets connectés comme les miroirs intelligents dans les cabines d’essayage et les
1. Le concept de catégorisme économique nous a été proposé par Pierre Emmanuel Paradis, économiste et président de la firme Appeco.
54
IMMOBILIER COMMERCIAL : : JUIN – JUILLET 2018