TRANSPORT ET DÉVELOPPEMENT URBAIN
LA RUE SAINTE-CATHERINE, NOUVELLE TENTATIVE
Paul Lewis Expert invité
À la fin d’avril dernier, la Ville de Montréal dévoilait le nouveau concept d’aména gement de la rue Sainte-Catherine, pour le tronçon situé au cœur du centre-ville, entre les rues De Bleury et Mansfield. Le concept original, qui avait été annoncé par l’administration Coderre, marquait déjà une rupture, une amélioration par rapport à la situation actuelle. Le nouveau concept va plus loin que le précédent, surtout en ce qui concerne la place qui sera faite aux piétons.
La rue Sainte-Catherine court sur un peu plus d’une dizaine de kilomètres, traversant différents quartiers. Elle englobe en fait plusieurs rues distinctes, avec des fonctions et des clientèles précises, mais aussi avec des identités bien distinctes. La rue SainteCatherine dans le Village gai n’est pas la rue Sainte-Catherine Ouest, entre De Bleury et Mansfield. Plus à l’est, ou plus à l’ouest, la rue est également différente, davantage une artère de proximité, où sont offerts les biens de consommation courante.
Paul Lewis est doyen de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal et chercheur à l’Observatoire Ivanhoé Cambridge du développement urbain et immobilier, dont il a été directeur jusqu’en 2012. Ses recherches portent principalement sur les transports, notamment la mobilité des jeunes, de même que la planification et la gouvernance des services de transport.
Les différents tronçons ne peuvent être traités de la même façon. Il importe de respecter leur identité propre et de les concevoir en cohérence avec les quartiers qu’ils traversent. Le premier pas sera fait avec le réaménagement complet de la rue Sainte-Catherine, dans la partie centrale, pour en faire une rue d’exception. Il faudra poursuivre en ce sens, sur les autres tronçons, car Sainte-Catherine reste une rue importante, pour les Montréalais et les touristes, une artère qui définit l’identité de la ville. La rue Sainte-Catherine avait depuis longtemps besoin d’une sérieuse cure de rajeunissement, entre autres pour mieux accueillir les piétons, qui peinent souvent à circuler sur des trottoirs trop étroits compte tenu de l’usage qui en est fait. La congestion piétonne pose depuis des années un problème sérieux, que le réseau intérieur a, en partie, corrigé. Avec le nouvel aménagement, les piétons seront choyés, encore plus que ce que prévoyait le concept initial. Il faut dire que les automobilistes ne sont pas les premiers clients de la rue. En effet,
le mode privilégié d’accès au centre-ville est le transport collectif, et de loin : près des trois quarts des personnes qui se rendent au centreville le font en train, en métro ou en bus, selon ce qu’indiquent les données de l’Enquête originedestination de 20131. Automobilistes ou usagers du transport collectif, une fois arrivés au centre-ville, tous deviennent piétons. Aussi le nouveau concept place-t-il les piétons au cœur du dispositif ; l’intention est de leur offrir plus d’espace et surtout de leur proposer des lieux repensés, améliorés, des espaces de qualité, qui donnent envie de flâner, de s’arrêter, de passer du temps, de vivre la ville et son dynamisme. Ainsi, le stationnement sur rue sera complètement éliminé, dans le principal tronçon, l’espace de circulation sera réduit, et les trottoirs, élargis. La rue pourra même être complètement fermée à la circulation à l’occasion, comme le prévoyait aussi le précédent concept.
WIKIMEDIA PAR JEAN GAGNON
1. Ministère des Transports du Québec, Secrétariat à la région métropolitaine, Agence métropolitaine de transport, Société de transport de Montréal, Communauté métropolitaine de Montréal, Réseau de transport de Longueuil, Société de transport de Laval et Association québécoise du transport intermunicipal et municipal (2013). Enquête origine-destination 2013. La mobilité des personnes dans la région de Montréal. Faits saillants. https://rtm.quebec/Media/Default/pdf/section8/enquete-od-2013-faits-saillants.pdf
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IMMOBILIER COMMERCIAL : : JUIN – JUILLET 2018