FOCUS
CONFÉRENCE QUÉBÉCOISE DE L’ICSC
QUOI DE NEUF DU CÔTÉ DES CENTRES COMMERCIAUX ? PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE
La venue des halles gastronomiques et les impacts de la légalisation du cannabis ont été parmi les sujets abordés. JBC MÉDIA PAR ALAIN LAMBERT
D
u 11 au 13 juin dernier s’est tenue au Palais des congrès de Montréal la conférence québécoise de l’International Council of Shopping Centers (ICSC), ce regroupement de 70 000 membres dont le siège social est à New York, et qui veille à la reconnaissance du secteur commerce de détail de l’immobilier commercial. Éric Fortier, directeur principal de la location chez Cadillac Fairview, a été le président du comité de 18 bénévoles, tous issus de l’industrie de l’immobilier commercial québécois, qui ont travaillé à l’élaboration du programme des conférences. Plus de 1 000 personnes ont fréquenté l’événement, dont des détaillants, des bailleurs, des avocats, des courtiers, des développeurs, des directeurs d’opér ations, venus d’abord pour stimuler les affaires, rencontrer des clients et des partenaires ou conclure des transactions, mais aussi pour assister à différentes conférences et se renseigner sur ce qui se passe dans l’industrie afin de demeurer à l’affût des tendances. AGENCE IMMOPHOTO / CAROLINE 2018
« L’ICSC, précise Éric Fortier, est un regroupement mondial de développeurs commerciaux, bailleurs et détaillants, et c’est notre communauté. Notre engagement constitue une façon d’y participer
ÉRIC FORTIER Directeur principal de la location Cadillac Fairview
IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2018
47
FOCUS
activement, d’apporter une valeur ajoutée et une couleur locale. Les membres du comité organisa teur de la section québécoise sont des compétiteurs dans le quotidien des affaires ou encore des clients les uns des autres, et nous avons décidé de travailler ensemble pour faire rayonner le Québec au sein de cette organisation internationale. » Claude Sirois, membre du conseil d’administration de la division canadienne de l’ICSC et président des centres commerciaux chez Ivanhoé Cambridge, a fait un tour d’horizon de l’industrie. Il a notamment parlé des enjeux du commerce outre-frontière et de l'importance pour les bailleurs de se tenir au courant des comportements et des besoins des consommateurs des nouvelles générations. Il a aussi traité des impacts des achats en ligne, de la baisse de profitabilité pour les entreprises dont le modèle d'affaires est exclusivement sur Internet étant donné le coût des transports, puis de la complémentarité entre technologie et « brique et mortier ».
Trois thèmes principaux ont été abordés cette année. En voici un survol. L’ARRIVÉE AU QUÉBEC D’UN MAGASIN DÉCATHLON Tristan Vendé de Décathlon Canada a prononcé une conférence intitulée L’arrivée de Décathlon au Canada, une expérience de magasinage et technologique repensée. Ce détaillant européen d’articles de sport et de loisir présent dans plus de 40 pays avec quelque 1 275 magasins et qui affiche un chiffre d’affaires mondial excédant les 15 milliards de dollars canadiens a, en effet, ouvert un magasin au Mail Champlain de Brossard en avril. Tristan Vendé a parlé de l’effervescence dans le domaine du sport et expliqué les défis et les enjeux d’intégration de l’entreprise en Amérique du Nord. L’ouverture d’un premier magasin s’est faite à la suite d’un long processus, une analyse de marché qui a demandé deux années, rapporte Éric Fortier, ajoutant que le succès est tel que Décathlon Canada ouvrira prochainement d’autres magasins ; des négociations sont présentement en cours avec des bailleurs de Montréal et de Québec. Éric Fortier n’entrevoit pas d’impact négatif sur les autres détaillants du domaine des articles de sport déjà présents dans les centres commerciaux. « Le concept et l’expérience de magasinage de Décathlon sont complètement différents, dit-il. C’est unique et c’était intéressant pour notre auditoire d’en entendre parler. »
DECATHLON.FR
GETTY IMAGES PAR RGBSPACE
48
IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2018
BIENTÔT DES BOUTIQUES DE PRODUITS DU CANNABIS Nick Pateras, vice-président de Growth, Lift & Co., Michael Elkin, vice-président chez Cannabis Compliance inc., Trina Fraser, associée chez Brazeau Seller Law (cabinet d’Ottawa), et Boris Giller, directeur général de 180 Smoke Vape Store, ont participé à la table ronde L’industrie canadienne du cannabis : possibilités et défis. « Nous n’en sommes plus aux joints qui se fumaient à Woodstock dans les années soixante ou soixante-dix, fait remarquer Éric Fortier. Nous voilà rendus à un autre genre d’expérience avec une variété de produits comme des huiles pour les salades ou pour aromatiser thés et cafés, selon les experts réunis. Dans un avenir prochain, la consommation du cannabis à des fins récréatives sera une habitude acceptable comme l’est devenue celle de l’alcool. »
« Il y a également l’aspect légal. Pourrions-nous, par exemple, ouvrir une boutique de cannabis tout à côté du magasin d’un locataire existant ? Comment nos locataires sont-ils protégés à cet égard ? Les gens auront-ils le droit de fumer de la marijuana à neuf mètres d’une de nos portes ? Au nom de quelle loi un bailleur pourrait-il interdire à un consommateur de boire une boisson contenant du cannabis à l’intérieur du mail ? »
L’objectif de cette table ronde était de démystifier le sujet et d’ouvrir les yeux et les horizons des bailleurs, donc de les informer sur ce qui s’en vient et sur les enjeux des centres commerciaux à cet égard. Dès octobre 2018, la consommation du cannabis à des fins récréatives sera autorisée, et la Société québécoise du cannabis – filiale de la Société des alcools du Québec – ouvrira des magasins, rapporte Éric Fortier, ajoutant que le secteur de la restauration, entre autres, sera aussi concerné. « On peut penser, dit-il, à des chaînes qui pourraient offrir des cafés avec une infusion de cannabis. » Éric Fortier poursuit : « Il y a également l’aspect légal. Pourrions-nous, par exemple, ouvrir une boutique de cannabis tout à côté du magasin d’un locataire existant ? Comment nos locataires sont-ils protégés à cet égard ? Les gens auront-ils le droit de fumer de la marijuana à neuf mètres d’une de nos portes ? Au nom de quelle loi un bailleur pourrait-il interdire à un consommateur de boire une boisson contenant du cannabis à l’intérieur du mail ? Ce seront les lois municipales qui s’appliqueront, selon les explications des conférenciers. »
– Éric Fortier
Le directeur principal de la location chez Cadillac Fairview parle d’une évolution, voire d’une révo lution dans les habitudes. « Nous allons regarder ce que les lois vont réglementer et la façon dont elles le feront. Notre objectif est de réinviter un ou deux de ces spécialistes l’an prochain pour faire le point sur ce qui se sera passé ainsi que sur les effets, qu’ils soient positifs ou négatifs », souligne-t-il.
BIENTÔT EN LIGNE
UNE WEBTÉLÉ SPÉCIALISÉE EN IMMOBILIER COMPRENANT PLUSIEURS VIDÉOS INFORMATIVES ET COMMERCIALES s MERCI À NOS MEMBRES FONDATEURS
s MERCI AUX PARTENAIRES DE JBC MÉDIA
3 Bientôt-//2 (H).indd 1
IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2018 18-02-21 12:25
49
FOCUS
LES HALLES GASTRONOMIQUES À MONTRÉAL Jean Landry, vice-président, location, centres commerciaux chez Ivanhoé Cambridge, Sylvain Boissy, directeur du développement des affaires et des franchises chez Groupe MTY, Mario Paladin, directeur du marché Artisans du Fairmont Le Reine Elizabeth, et Ivan Boulva, vice-président, développement est du Canada, Corporation Cadillac Fairview, ont animé la table ronde intitulée Les halles gastronomiques et les marchés : que se passe-t-il à Montréal ? Il s’agit, en effet, d’un concept en pleine effervescence provenant d’Europe, qui est maintenant présent aux États-Unis et qui arrive au Québec. Du côté de Cadillac Fairview, Ivan Boulva a parlé du Marché des Promenades du CF Promenades Saint-Bruno, un projet de 60 000 pi2 de producteurs locaux, de restaurants ainsi que d’une brasserie locale, qui ouvrira en 2020 ; et chez Ivanhoé Cambridge, Jean Landry a entretenu l’auditoire de la venue prochaine de Time Out Market qui s’installera au Centre Eaton à l’automne 2019. JEAN LANDRY Vice-président, location, centres commerciaux Ivanhoé Cambridge
« Pour nous, Time Out Market devient le poumon du Centre Eaton, car cet espace sera en plein cœur de notre propriété renouvelée par la fusion du Centre Eaton et du Complexe Les Ailes qui deviendront un seul immeuble et feront l’objet d’un redéveloppement, un investissement de 200 millions de dollars », explique Jean Landry. Time Out Market, dont on parle beaucoup dans l’actualité immobilière ces temps-ci, est un concept originaire de Lisbonne au Portugal qui a ouvert ses portes là-bas en 2014 et a servi, en 2017, 3,6 millions de clients. Time Out Market est une division commerciale de Time Out Group, une multinationale des médias et du divertissement présente dans 108 villes et 39 pays, qui mise sur un important contenu en ligne ainsi que sur des applications mobiles et une présence sur les réseaux sociaux pour son rayonnement international. « Ils ont également un magazine mensuel, ajoute Jean Landry. L’idée est de développer un magazine montréalais pour Time Out Market dans lequel on pourra traiter des nouvelles tendances de la ville ainsi que de celles de la restauration, de l’offre culinaire ; une extraordinaire plateforme de visibilité si l’on en juge par ce qui se passe ailleurs. »
SYLVAIN BOISSY Directeur développement des affaires et des franchises Groupe MTY
Le Time Out montréalais du Centre Eaton occupera 36 000 pi2 et proposera 16 aires de restauration, deux bars, une cuisine de démonstration, une académie culinaire, une boutique et une scène culturelle. « Nous allons travailler avec Time Out pour la démarche de recherche de locataires. Le côté éphémère est intéressant, ajoute Jean Landry. Les ententes de location de ce secteur seront, en effet, plus courtes que dans les foires alimentaires traditionnelles afin d’avoir une rotation et d’assurer une offre souvent renouvelée. » Sylvain Boissy a quant à lui exprimé le point de vue d’un grand détaillant de la restauration. « J’ai opposé un contrepoids à la vision très positive des bailleurs. Les nouveautés internationales attirent les promoteurs immobiliers qui les implantent dans nos marchés. Mais si on les multiplie jusqu’à ce qu’il y en ait partout, l’effet innovateur sera noyé dans la masse », expose-t-il, donnant pour exemple la Rive-Sud où les projets
50
IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2018
IVANHOÉ CAMBRIDGE
des Promenades Saint-Bruno, du Quartier DIX30 en mutation et du Solar Uniquartier se traduisent pour lui en un questionnement vis-à-vis de la capacité du marché d’accueillir ce type de projet. Il poursuit : « Nous, les locataires dans les foires, supportons des bailleurs depuis plusieurs années, nous avons signé des baux de 10 ans et nous voyons arriver des restaurants qui ont aussi des entrées extérieures. Il faut que tout le monde prenne en considération la structure d’affaires déjà en place et les liens existants », commente-t-il.
O C C A S I O N S D E L O C AT I O N S T R AT É G I Q U E Québec
IMMEUBLES DE BUREAUX ET INDUSTRIELS
Place Innovation, 2351, boulevard Alfred-Nobel
S’il soulève de grandes questions quant à l’avenir des foires alimentaires traditionnelles, Sylvain Boissy reconnaît aussi que les bailleurs demeurent attentifs à la façon dont les marchés vont absorber les nouveautés. Si son bémol veut exprimer que la restauration n’est pas la panacée à tous les problèmes de vacances et que diviser la tarte des dépenses des consomma teurs en de multiples pointes diminue la taille de chaque portion, il conclut sur une note positive en rappelant que l’introduction de nouveaux éléments dans un marché demande toujours un certain temps avant de se stabiliser. « Tout cela va devoir s’harmoniser », insiste-t-il. Du côté d’Ivanhoé Cambridge, Jean Landry souligne que la venue du Time Out Market a justement pour objectif d’élargir le profil des consommateurs et que tous profiteront d’un achalandage accru. « Halles gastronomiques et foires alimentaires sont complémentaires », affirme-t-il.
400, rue Marie-Curie
3600, rue F.-X.-Tessier
Information : Lina Frascione placeinnovation@morguard.com 514 334-4545 MORGUARD AGENCE IMMOBILIÈRE
IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2018
51