Nathalie Palladitcheff - Immobilier commercial volume 12 - numéro 2

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Nathalie

PALLADITCHEFF

LA QUÊTE DE SENS

PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE

Avant d’être recrutée par Ivanhoé Cambridge en 2015, Nathalie Palladitcheff affichait déjà une impressionnante feuille de route. Aujourd’hui, à titre de présidente du bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, elle continue à suivre le fil conducteur qui l’a guidée durant toute sa carrière : la quête de sens.

L

orsqu’on lui demande de résumer son par­ cours professionnel, Nathalie Palladitcheff souligne que celui-ci s’articule autour de quatre « C ». « Tout d’abord, C comme cœur, car j’ai toujours choisi mes emplois ou mes lieux de vie sur des coups de cœur. Mais également C comme chance, car je suis née un vendredi 13 ! J’ajouterais C comme courage, car il en faut pour saisir les opportunités qui se présentent à nous. Enfin, C comme confiance, car j’ai tendance à faire confiance, à croire aux capacités de mes équipes et j’ai rarement été déçue », énumère-t-elle. Ces quatre « C » lui ont permis de mener sa barque dans un environnement d’affaires qui est pourtant hautement compétitif. JBC MÉDIA PAR ROXANE PAQUET

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UNE AVENTURE ÉNERGISANTE Avec une carrière de 29 ans à son actif, l’actuelle présidente d’Ivanhoé Cambridge a plusieurs cordes à son arc, comme en témoigne son cheminement professionnel. Après des études en finance et comptabilité à l’École supérieure de Dijon, en France, elle occupe des fonctions de gestion chez Coopers & Lybrand Audit, puis accepte le poste de directrice des affaires financières et du contrôle de la gestion à la Banque Française Commerciale Océan Indien, à l’île de la Réunion. En 2000, c’est le retour en France, comme directrice générale adjointe de la Société Foncière Lyonnaise de Paris. En 2006, elle fait le saut vers le secteur immobilier, à titre de directrice générale de Dolmea Real Estate, une société foncière spécialisée dans les actifs immobiliers résidentiels en région parisienne. L’année suivante, elle rejoint les rangs d’Icade – un important groupe immobilier français, filiale de la Caisse des dépôts et consignations – d’abord comme responsable des finances, des affaires juridiques, de l’informatique et des services à l’immobilier, puis à titre de directrice générale par intérim. Enfin, en 2015, le grand patron d’Ivanhoé Cambridge, Daniel Fournier, la convainc de déménager au Québec, pour occuper le poste de vice-présidente exécutive et chef des finances, respon­ sable du financement et de la planification stratégique, notam­ment. Nommée présidente en mars 2018, elle veille désormais à ce que la stratégie globale d’investissement permette d’atteindre les objectifs de croissance et de rendement d’Ivanhoé Cambridge.

Avec une grande franchise, elle concède qu’elle ne faisait pas partie de ces Français qui souhaitaient immigrer au Québec. « Je n’avais pas de plan en ce sens, mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour le projet professionnel que m’a offert Daniel Fournier », se souvient-elle. Amenant dans ses bagages son mari et ses trois fils, âgés de 21, 16 et 14 ans, elle voit ce nouveau défi comme une « aventure énergisante », même si durant la première année elle a dû mettre les bouchées doubles et a remis en question certaines de ses façons de faire. « Ce n’était pas tant le contenu que le contenant, car je crois que les meilleures pratiques sont internationales et relativement standardisées, ici ou en Europe. C’est plutôt dans la gestion des équipes et dans les méthodes managériales que l’on observe d’importantes différences », dit-elle. Elle a donc demandé l’aide d’un coach pour éviter les faux pas. « Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs que mes compatriotes qui, parce que l’on parle français au Québec, croient que l’on est en France… », dit-elle. Cet effort d’inté­-­ gra­tion lui a permis de gagner un temps fou. Au bout du compte, cette expérience s’avère extrêmement stimulante et lui a même donné, selon ses dires, un « véritable coup de jeune ». « Cela m’a obligée à explorer d’autres terri­ toires, même sur le plan personnel », explique-t-elle.

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MOTIVER LES ÉQUIPES Comment voit-elle son rôle au sein d’Ivanhoé Cambridge ? « Notre organisation doit générer de la performance à long terme pour les Québécois. Je dois donc faire en sorte que cette mission soit accomplie. Je m’assure aussi que les différentes équipes ont une bonne compréhension de cette grande responsabilité qui est la nôtre », fait-elle valoir. Elle estime d’ailleurs que la motivation passe par la compréhension. « Lorsqu’on explique aux gens pourquoi ils font les choses, ils ont davantage envie de s’impliquer, ils s’épanouissent littéralement, car ils ont le sentiment de pouvoir faire une réelle différence », mentionne Nathalie Palladitcheff, soulignant que cette méthode de gestion est parti­ culièrement adaptée aux employés des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail. « C’est la meilleure voie à suivre, et si l’on réussit, alors ils ne comptent pas leur temps ni leurs efforts », assure-t-elle.

CEO D’UN JOUR

UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE Le programme CEOx1Jour, organisé par la firme Odgers Berndtson, a pour but de jumeler un haut dirigeant d’entreprise et un étudiant de troisième ou de quatrième année universitaire. En février dernier, la présidente d’Ivanhoé Cambridge, Nathalie Palladitcheff, a accueilli André Dasté, étudiant à HEC Montréal.

La présidente applique aussi personnellement la même recette. « Pour avancer, j’ai besoin de savoir que ce que j’accomplis a un sens. Lorsque je sens que mon action est vaine, alors je préfère quitter l’orga­ nisation », dit-elle. Certes, cela demande un certain courage, mais c’est une qualité dont elle ne manque visiblement pas, si l’on se fie à sa feuille de route. Le sens, elle le trouve aussi dans les projets immo­biliers, dans la mesure où ils constituent des inve­stissements durables, qui laissent une trace et qui devraient donc avoir un impact positif dans leur environnement. « Je dis souvent que l’immobilier, c’est le côté noble de la finance. Ce que j’ai appris dans ce domaine, je veux le mettre au service de la vie des gens, qui travaillent dans ces édifices ou y habitent. Il est possible de créer une convergence entre le vertueux et la performance. Il n’y a pas d’antinomie entre la rentabilité, l’intégrité et la durabilité », assure-t-elle. Elle considère également que les femmes devraient être plus nombreuses dans le secteur immobilier – elle en a d’ailleurs recruté plusieurs dans son équipe – où elles ont une place primordiale à occuper. « Rappelonsnous que les femmes représentent plus de 50 % de l’humanité ! Il serait bien illusoire de concevoir des espaces de vie où elles sont susceptibles d’habiter sans qu’elles puissent participer à leur conception », soutient Mme Palladitcheff. Elle prêche d’ailleurs pour une plus grande diversité dans ce champ d’activité, qu’il s’agisse d’hommes, de femmes, des nouvelles générations ou de groupes ethnoculturels. « C’est la meilleure manière de refléter la réalité du monde d’aujourd’hui », affirme-t-elle.

IVANHOÉ CAMBRIDGE

Quatre étudiants des universités McGill, Concordia et HEC Montréal ont eu la chance d’accompagner durant toute une journée l’un des chefs de la direction les plus en vue du monde des affaires. Même la mairesse Valérie Plante s’est prêtée au jeu, ainsi que Daniel Lamarre du Cirque du Soleil et Alexandre L’Heureux de WSP Global. Ce programme de jumelage, mis sur pied par Odgers Berndtson, se déroule aussi à Toronto, Ottawa, Vancouver et Calgary et donne aux étudiants la possibilité de vivre une expérience de mentorat unique. Pour pouvoir y participer, les étudiants devaient se soumettre à un processus de sélection très rigoureux, visant à déterminer ceux qui affichent un talent de leadership exceptionnel. UN HORAIRE BIEN REMPLI C’est André Dasté, 22 ans, étudiant en quatrième année du baccalauréat en technologies de l’information à HEC Montréal, qui a été jumelé à Nathalie Palladitcheff, présidente d’Ivanhoé Cambridge. « Je crois beaucoup au partage, au fait de rendre un peu de ce que l’on a reçu », IMMOBILIER COMMERCIAL : : AVRIL – MAI 2019

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IVANHOÉ CAMBRIDGE

souligne cette dernière, ajoutant que cette expérience l’a également incitée à s’interroger sur elle-même. « Il faut expliquer ce que l’on fait et de quelle façon on le fait. C’est une grande responsabilité d’être observée, cela oblige à se questionner sur l’image que l’on renvoie, sur son propre style de management », dit-elle. L’horaire de la journée à laquelle André Dasté a participé était bien rempli, une rencontre succédant à une autre. « J’ai pu assister à plusieurs comités et même passer plus d’une heure avec le vice-président principal, Technologie de l’information de la compagnie », indique-t-il, soulignant que la réflexion effectuée par la présidente sur son propre rôle a permis d’élever la discussion avec elle à un autre niveau. « Elle a pris le temps de répondre à toutes mes questions et même de les devancer ! », note-t-il. L’étudiant a aussi eu la chance d’être présent lors d’une séance d’un comité interne d’investissement, ainsi que pendant la rencontre avec un groupe d’investis­seurs français. « Cela n’était pas une journée artificielle, mais une journée de travail bien réelle », mentionne Mme Palladitcheff.

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UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE Grâce à cette expérience profitable, André Dasté a pu aussi en apprendre davantage sur un secteur qui ne lui était pas familier. « Je connaissais peu l’immobilier et j’ai été surpris de constater à quel point Ivanhoé Cambridge, une entreprise québécoise, s’étend dans le monde. J’ai compris que dans ce domaine, on ne peut pas toujours investir au Québec et qu’il faut dépasser les frontières », explique-t-il. Il souligne également qu’il a été impressionné de voir à quel point Nathalie Palladitcheff, en dépit des rencontres qui se succédaient, était capable de demeurer très concentrée et entièrement présente à ses interlocuteurs. « La présidente m’a aussi mentionné qu’il est important de trouver un sens à ce que l’on fait, et je crois qu’elle a parfaitement réussi à le transmettre aux membres de son équipe. On sent qu’ils partagent une passion commune, ils travaillent ensemble pour atteindre les sommets », remarque-t-il. Pour sa part, cette journée a permis à Nathalie Palladitcheff de mieux voir de quelle façon la nouvelle génération s’inscrit dans l’environnement et le milieu de vie. « Ils seront les acteurs de nos immeubles de demain. C’est important d’apprendre à mieux les connaître », conclut-elle.


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