SAVOIR POUR MIEUX INVESTIR
L’ÉVOLUTION SPATIALE DES EMPLOIS DANS LE COMMERCE DE DÉTAIL Jean-François Grenier
Le commerce de détail joue un rôle important dans nos vies de citoyens et de consommateurs. Il définit à bien des égards la qualité de vie de nos quartiers montréalais en offrant des lieux d’achats, d’échanges et de rencontres qui contribuent à la vitalité de nos différents milieux de vie.
La répartition géographique de ces commerces est cependant inégale sur le territoire de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, et ce, plus particulièrement pour les biens de comparaison (biens mode, meubles, automobiles, etc.), qui ont tendance à s’agglutiner dans des pôles commerciaux régionaux ou suprarégionaux et qui permettent d’atteindre de vastes bassins de consommateurs. Inversem ent, on parle souvent de la renaissance des commerces de proximité comme d’une tendance lourde qui contribue entre autres à limiter les déplacements automobiles et donc à diminuer la production de gaz à effet de serre (GES). Nous vous proposons de tenter de répondre essentiellement à deux questions : 1. La RMR de Montréal, sur le plan commercial, a-t-elle poursuivi un processus de polarisation au cours de la période allant de 2006 à 2016 ? Jean-François Grenier, directeur principal au Groupe Altus – Solutions de données, œuvre depuis 1982 en recherche commerciale (localisation commerciale, développement de réseaux, modélisation et techniques d’analyse spatiale informatisée ainsi que tendances en commerce de détail).
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2. Quels ont été les pôles gagnants et les pôles perdants durant cette même période ? PRENDRE LE POULS DES VENTES AU DÉTAIL Selon Statistique Canada, les ventes annuelles dans le commerce de détail pour la région métropolitaine de Montréal s’élevaient en 2016 à un peu plus de 54 milliards de dollars, soit une augmentation de 38 % (en dollars courants) par rapport à 2006 (39 milliards). Statistique Canada ne collige malheureusement pas de données qui permettraient un découpage géographique plus fin de ce territoire afin de voir, d’une part, comment se répartissent les ventes au détail dans les différentes composantes spatiales de la RMR de Montréal et, d’autre part, comment évoluent celles-ci dans le temps.
IMMOBILIER COMMERCIAL : : JUIN –JUILLET 2019
Historiquement, deux méthodes permettent de faire une approximation de la répartition des ventes pour les différents sous-marchés de la RMR de Montréal. La première consiste à mesurer l’évolution des superficies commer ciales dans chacun des sous-marchés, et la seconde vise à comparer l’évolution de la popu lation à partir des données de différents recensements. Ces deux méthodes comportent cependant certaines lacunes. Les superficies commerciales sont difficiles à obtenir pour l’ensemble de l’armature commerciale d’un territoire comme la RMR de Montréal, et nous ne disposons pas de données historiques pour en analyser l’évolution dans le temps. Les données de population des recensements permettent de déterminer les zones en croissance et, conséquemment, une demande commerciale accrue, mais nous informent peu sur les lieux de magasinage des Montréalais. Nous proposons une troisième approche basée sur les emplois au lieu de travail. Ces données proviennent d’une compilation spéciale à partir des recensements de 2006 et de 2016 et nous permettent d’établir le nombre d’emplois dans le commerce de détail par secteurs de recensement et de mesurer la variation de ces emplois entre 2006 et 2016. Cette méthode comporte toutefois un léger biais puisqu’elle inclut également les emplois des sièges sociaux et de centres de distribution des entreprises œuvrant dans le commerce de détail. Nous estimons que l’analyse de l’évolution spatiale des emplois liée au commerce de détail permet de cerner correctement les secteurs géogra phiques qui ont gagné ou perdu en attractivité auprès des consommateurs montréalais.