DONNÉES EN IMMOBILIER
LES PARTS DE MARCHÉ HYPOTHÉCAIRE AU QUÉBEC Joanie Fontaine Experte invitée
Les grandes banques octroient du financement pour l’acquisition de propriétés, qu’elles soient résidentielles ou commerciales. En revanche, certains joueurs se spécialisent dans des créneaux précis de telle sorte que les parts de marché des créanciers diffèrent selon le type d’immeubles en cause. Par exemple, des prêteurs tels que Financement agricole Canada, la Banque de développement du Canada et Investissement Québec sont absents du marché des hypothèques résidentielles, mais très actifs dans d’autres marchés comme celui du secteur commercial. En 2018, selon les données colligées pas JLR, société d’Equifax, un peu plus de 14 000 hypo thèques ont été grevées sur des propriétés industrielles, commerciales, semi-commerciales ou sur des propriétés multirésidentielles de 12 logements et plus, soit des immeubles catégorisés comme générateurs de revenus. Ce nombre surpasse de moins d’un demi pour cent celui de l’année dernière.
Économiste chez JLR et blogueuse pour le journal Les Affaires, Joanie Fontaine analyse le marché immobilier. Ses études sont publiées sur blog.jlr.ca et citées régulièrement par d’importantes publications québécoises. Elle puise ses informations dans la base de données de JLR comptant plus de 7 millions de transactions immobilières analysées depuis 1986 et publiées au Registre foncier.
de pourcentage. Globalement, le Mouvement Desjardins est très présent dans les secteurs du multirésidentiel et du semi-commercial où il octroie environ 50 % du financement hypothécaire.
Toutefois, les renouvellements et les refinancements hypothécaires ne sont pas systé matiquement publiés au Registre foncier du Québec, ce qui peut influencer le nombre d’actes colligés. Ainsi, le présent article porte exclusi vement sur les hypothèques liées à l’acquisition d’une propriété. Cela permet d’éliminer le biais généré par l’absence de la publication de certains renouvellements hypothécaires au Registre. LE MARCHÉ HYPOTHÉCAIRE En 2018, 5 338 hypothèques ont été contractées afin d’acquérir une propriété générant des revenus. Desjardins est le leader du secteur, détenant 45 % de ce marché. La coopérative affiche une meilleure performance dans cette division que dans l’ensemble du marché résidentiel (incluant les maisons unifamiliales, les condos, etc.). Cependant, pour le secteur résidentiel, ses parts de marché ont crû en 2018 relativement à 2017 alors qu’elles ont plutôt diminué de plus de deux points de pourcentage pour les immeubles servant à générer un revenu au cours de la même période. Sa présence sur le marché des immeubles à vocation purement commerciale s’est affaiblie de manière notable, alors que la baisse de ses parts de marché atteint cinq points
Les créanciers autres que les grandes banques et Desjardins ont gagné des parts de marché en 2018 dans le secteur des propriétés généra trices de revenus. À ce chapitre, ils ont récolté deux points de pourcentage de plus par rapport à 2017. Les prêteurs non traditionnels sont très actifs dans les secteurs du multirésidentiel (29 % des parts de marché) et de l’industriel (34 % des parts de marché). Quelques prêteurs se spécialisent dans des types de financement bien précis. Par exemple, la Banque de développement du Canada a accordé 15 % des prêts hypothécaires pour l’acquisition IMMOBILIER COMMERCIAL : : AOÛT – SEPTEMBRE 2019
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Dans le secteur des propriétés multirésidentielles, la Compagnie de Fiducie Peoples se démarque avec 11 % des parts de marché. Il s’agit du deuxième plus important prêteur dans cette division, derrière Desjardins. LES GRANDES BANQUES Les parts de marché des grandes banques dans le secteur des immeubles générant des revenus sont pour la plupart inférieures à ce qu’elles obtiennent dans l’ensemble du marché résidentiel. Les cas les plus marqués sont ceux de la Banque Scotia et de la Banque Toronto-Dominium. La première est presque absente du secteur des propriétés génératrices de revenus, affichant 1 % des parts de marché, alors que pour l’ensemble des hypothèques (incluant les maisons unifamiliales, les condos, etc.), celles-ci atteignaient plutôt 4 % en 2018. Quant à la Banque Toronto-Dominium, elle a consenti un peu moins de 3 % des prêts hypothécaires liés à l’acquisition d’un immeuble générateur de revenus. Pour l’ensemble des types de propriétés, ses parts de marché se situaient plutôt à 7 % en 2018.
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DESJARDINS OCCUPE TOUJOURS LA GRANDE PART DU GÂTEAU POUR LE SECTEUR HYPOTHÉCAIRE EN IMMOBILIER COMMERCIAL.
d’immeubles industriels, ce qui en fait le deuxième plus important créancier pour ce type de propriété après Desjardins. L’institution représente également un joueur important pour le financement de propriétés commerciales, récoltant 9 % des parts de marché.
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En résumé, le marché hypothécaire pour les immeubles générateurs de revenus diffère de celui des hypothèques résidentielles, car seulement quelques créanciers sont spécialisés dans ce type de financement. Toutefois, dans les deux cas, une croissance des prêteurs autres que les grandes banques et Desjardins a été observée en 2018. Néanmoins, sur cinq ans, la hausse de la part de marché des créanciers non traditionnels est moins marquée dans le secteur des propriétés génératrices de revenus que dans le secteur résidentiel.