COLLOQUE SUR LA GOUVERNANCE ET LA GESTION DE DONNÉES NUMÉRIQUES EN IMMOBILIER
UNE NOUVELLE TENDANCE À SURVEILLER
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
FOCUS
PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE
Comme plusieurs autres secteurs d’activité, l’immobilier est touché par le phénomène de numérisation et des données numériques. Pour faire le point, le nouvel Observatoire et centre de valorisation des innovations en immobilier (OCVI2) de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) a organisé un colloque sur la question. Aperçu des grands enjeux qui y ont été soulevés.
V
illes et bâtiments intelligents, Internet des objets et utilisation des données massives sont en train de générer une véritable révolution. C’est pourquoi en août dernier, l’OCVI2, qui regroupe Ivanhoé Cambridge, Aéroports de Montréal, Fonds immobilier de solidarité FTQ et BOMA Québec, a organisé un colloque intitulé Gouvernance et gestion de données numériques en immobilier. Andrée De Serres, professeure et titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM, qui a créé et qui dirige l’OCVI2, souligne que l’immobilier n’échappe pas à cette grande tendance. « Il était donc nécessaire de se pencher sur les bonnes pratiques en matière de gouvernance, de gestion et de conservation des données, mais aussi sur les risques qui y sont liés. Le but du colloque était de donner la parole à des experts à la fois du milieu universitaire et de terrain. Il a été très riche en enseignements », se réjouit Mme De Serres.
DES AXES DE RÉFLEXION À EXPLORER Durant le colloque, plusieurs grands axes ont été abordés. Dans un premier temps, les intervenants ont défini les différentes catégories de données numériques concernant l’immobilier, notamment celles ayant trait au cycle transactionnel immo bilier, qui émanent par exemple des courtiers, évaluateurs, inspecteurs, etc. « Ces informations sont sensibles, mais leur potentiel suscite beaucoup d’intérêt, notamment de la part de grands acteurs institutionnels comme la Ville de Montréal ou Statistique Canada. Elles nécessitent aussi la mise en place d’un solide système de protection et de gestion de risque », prévient Mme De Serres. Deuxième axe de réflexion : la question des données relatives au cycle de vie des immeubles (conception, construction, exploitation, déconstruction), incluant celles ayant trait au bâtiment lui-même (Building IMMOBILIER COMMERCIAL : : OCTOBRE – NOVEMBRE 2019
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Information Modeling [BIM], plan en 3D, etc.) ou encore celles produites par l’Internet des objets. « Ces informations stratégiques nécessitent beaucoup de précautions, car elles font partie de la sécurité de l’immeuble et des usagers ou elles relèvent des données personnelles des occupants », fait valoir Andrée De Serres. Le troisième grand axe a porté sur le cycle de vie des données elles-mêmes. Ici, le défi consiste à rassembler des données fiables et validées, de les conserver dans des infrastructures sûres et de développer de nouveaux outils grâce à elles, notamment en ayant recours à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage profond. « En tout état de cause, tant les entreprises que les gouvernements doivent entrer de plain-pied dans ce nouveau cycle économique, que l’on peut qualifier d’industrie 4.0 », indique Andrée De Serres. LA SÉCURITÉ DES DONNÉES ET LA VIE PRIVÉE Plusieurs intervenants ont partagé leur expertise sur les bonnes pratiques en gestion de données, notamment les responsables de grandes structures universitaires, comme Stéphane Talbot, directeur des Services informatiques de l’Université du Québec à Montréal. « Sur le terrain, nos équipes spécialisées en sécurité des données sont à l’œuvre. Nous accompagnons également les groupes de recherche, observatoires, chaires, etc. Par exemple, pour assurer la conservation et la sécurité de leurs données, pour les échanger, effectuer des copies de sauvegarde, etc. », énumère-t-il. Le stockage des données représente aussi un défi, dans la mesure où les volumes générés par la recherche sont énormes et nécessitent de nouer des collaborations avec des partenaires externes, comme Calcul Québec et Calcul Canada. Il y a aussi un travail de mise en commun, afin de maximiser les infrastructures et les ressources, une pratique qui, selon M. Talbot, pourrait inspirer l’entreprise privée et qui s’inscrit bien dans le mouvement d’ouverture des données. Les participants ont également pu assister à l’intervention d’Éric Rancourt, directeur général de la Direction de la métho-
dologie chez Statistique Canada, qui détient déjà beaucoup de données indispensables à la prise de décision des acteurs de l’immobilier. Ce dernier a rappelé que la protection de la vie privée est une préoccupation constante au sein de son organisation. « Nous avons pour mandat de fournir de l’information qui aide à la prise de décision. Cela repose toutefois sur la confiance des Canadiens, et, en ce sens, nous avons mis en place une série de mécanismes permettant d’assu rer la stricte confidentialité des données et la protection de la vie privée », dit-il. Par exemple, le cryptage et le chiffrage des données, la gouvernance serrée pour l’accès aux fichiers, etc. Il ajoute que Statistique Canada effectue de la recherche pour toujours être à l’avant-garde dans ce domaine et qu’il est même un chef de file. « Nous sommes en contact avec des chercheurs de partout dans le monde afin d’élargir et de moderniser constamment nos pratiques et pour que notre gestion de la vie privée soit ancrée dans une approche scientifique », souligne-t-il. L’ENTREPRISE IMMOBILIÈRE DE DEMAIN Alain Dumaine, vice-président principal et chef des risques chez Ivanhoé Cambridge, a également pris la parole pour expliquer comment les nouvelles tendances technologiques ont un impact sur les modèles d’affaires des investisseurs en immobilier et sur leurs façons de fonctionner. « Les capacités numériques ouvrent la voie à une plus grande rentabilité grâce à l’analyse des données et aux processus automatisés. La transformation numérique va d’ailleurs bien au-delà de la mise en application des technologies : il s’agit de définir la vision à long terme de ce que sera l’entreprise de demain et la manière de gérer les risques associés à ces nouvelles pratiques. Car les technologies modifient le comportement des usagers dans nos espaces, ce qui nous oblige à nous réinventer », fait-il valoir. Par ailleurs, si l’utilisation plus fréquente de données améliore l’efficacité, elle implique aussi des changements organi sationnels importants au chapitre des infrastructures en technologies de l’information et de la communication, de la gouvernance, de la sécurité, ainsi que du développement de nouvelles méthodes de traitement des données.
DREC.CA
De Rico
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L’intensification urbaine
L’essor de la ville L’avenir des nations se joue principalement dans les villes. L’essor de la ville, c’est une prise de position forte en faveur d’un développement immobilier centré sur des espaces à forte teneur en activité humaine, où le mieux-être des personnes se conjugue avec croissance économique. L’IDU joue un rôle de premier plan en favorisant les échanges et la coopération. L’industrie qu’il représente, source de 100 000 emplois et de 12 milliards en retombées économiques, se présente fièrement comme un incontournable de l’essor de la ville de demain.
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De gauche à droite : Yanis Semsari, assistant de recherche, OCVI², ESG UQAM, Elia Duchesne, gestionnaire de projets de recherche, OCVI², ESG UQAM, Alain Dumaine, vice-président principal et chef des risques, Ivanhoé Cambridge, Andrée De Serres, titulaire, Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier et directrice, OCVI2, ESG UQAM, François William Croteau, maire de l’arrondissement Rosemont – La Petite-Patrie et membre exécutif – ville intelligente, technologies de l’information, innovation, performance organisationnelle et enseignement supérieur, Ville de Montréal, Komlan Sedzro, doyen, ESG UQAM, Pierre Romelaer, professeur émérite, Université Paris Dauphine – PSL
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Mais au bout du compte, les retombées positives de l’utilisation sécuritaire et raisonnée de ces informations sont nombreuses pour les acteurs du secteur immobilier. « Nous pourrons déceler plus rapidement les tendances dans le marché, gérer notre portefeuille en ayant une vue globale, administrer les actifs activement, créer de la valeur et adopter de nouveaux modèles d’affaires », indique M. Dumaine. DÉVELOPPER UNE CULTURE DES DONNÉES C’est le maire de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie, François William Croteau, également responsable de la ville intelligente, des technologies de l’information, de l’innovation, de la performance organisationnelle et de l’enseignement supérieur à la Ville de Montréal, qui a clôturé le colloque. Il a rappelé que la Ville pouvait jouer un rôle de catalyseur d’innovation et qu’à cet égard, la démarche « Montréal numérique » avait été mise en place. « Audacieuse et structurante, elle permettra à la Ville d’être plus performante, de renforcer son attractivité et de mieux comprendre la perspective des citoyens quant à la transformation numérique », explique-t-il.
En ligne dès le
16 octobre
Le maire Croteau a également mentionné que la Ville de Montréal avait adhéré au réseau Cities for Digital Rights et
qu’une charte des données numériques allait être déposée cet automne. Plusieurs actions concrètes ont été posées par la Ville, notamment en ce qui concerne le déploiement du 5G et du réseau de fibre optique. Elle est aussi devenue propriétaire des serveurs où sont stockées les données, afin de pouvoir en assurer la gestion, le contrôle et la sécurité. « L’urgence est donc de se doter d’une véritable culture de la donnée », a ajouté le maire Croteau. À l’instar des autres experts qui ont participé à l’événement, il a soutenu que les enjeux en matière de gouvernance sont énormes, en particulier parce que le processus décisionnel des élus sera transformé, car ils auront des données à leur disposition. Alors, doit-on avoir peur des données ? À cet égard, le mot de la fin revient à Andrée De Serres : « Non, mais les acteurs de l’immobilier doivent apprendre à mieux les connaître afin de mieux les gérer et d’en générer de la valeur complémentaire à ce qu’ils font déjà, notamment en soutenant le développement d’applications innovatrices en proptech. » C’est d’ailleurs la mission du nouvel OCVI2 : faciliter la transition numérique de ses partenaires.
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