Dossier spécial UMQ - Immobilier commercial volume 12 - numéro 5

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DOSSIER SPÉCIAL

REVITALISER LES ARTÈRES COMMERCIALES PROPOS RECUEILLIS PAR JOHANNE LANDRY

Pouvoirs publics et citoyens ont un rôle à jouer dans la vitalité des artères commerciales en centre-ville dont ils retirent des avantages. Les premiers en raison de revenus fiscaux, les seconds pour la proximité des commerces dont ils ont besoin.

WIKIMEDIA COMMONS PAR MATIAS GARABEDIAN

La Promenade Wellington à Verdun IMMOBILIER COMMERCIAL : : OCTOBRE – NOVEMBRE 2019

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DOSSIER SPÉCIAL UMQ

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n ces temps où les gens magasinent de plus en plus en ligne, le commerce électronique a un impact important sur les revenus fiscaux, souligne Alexandre Cusson, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Drummondville. « En 2016, les investissements ont connu une baisse de trois milliards de dollars pour un impact sur les revenus fiscaux de 65 millions ; c’est comme si, cette année-là seulement, nous avions perdu 350 Walmart. Entre 2009 et 2016, les ventes en ligne ont grimpé de 14 %, celles en magasin, de 3,3 %. On dit même qu’elles pourraient doubler au cours des cinq prochaines années. Ce qui incite les villes à réfléchir au type de commerce qu’on devrait trouver sur nos artères commerciales », dit-il. Et comment se portent-elles, les artères commerciales, à l’ère du commerce électronique ? « Elles vivent des virages et des bouleversements », répond Pier-Olivier Morissette, coordonnateur de projets pour l’organisme Rues principales, énumérant les facteurs en cause. Bien entendu y figurent les achats en ligne, mais également le déplacement du pouvoir d’achat des baby-boomers vers les milléniaux, qui ont des valeurs et des comportements différents, notamment plus d’intérêt pour le transport actif et les petits commer­ ces authentiques. L’étalement de l’offre commerciale vient aussi jouer un rôle. « La population du Québec ne croît que faiblement, il en va de même pour le pouvoir d’achat, alors qu’avec la construction de mégacentres, la superficie commerciale, elle, augmente considé­ rablement. Il devient difficile d’en soutenir autant. Si l’on a longtemps pensé qu’on pouvait construire et que les consommateurs allaient venir, ce n’est plus aussi vrai », explique-t-il.

VILLE DE DRUMMONDVILLE

ALEXANDRE CUSSON Président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Drummondville

DES ARTÈRES EN SANTÉ Pour attirer les consommateurs sur les artères com­ merciales, la voie de l’avenir sera de leur faire vivre une expérience, disent Alexandre Cusson et Pier-Olivier Morissette. « On ne va plus au centre-ville où il faut trouver et payer un stationnement, puis marcher pour acheter un objet simple que l’on offre dans une grande surface », ajoute le président de l’UMQ. Par contre, on ira volontiers pour un repas au restaurant, pour combiner magasinage et pause au salon de thé, ou encore pour visiter une galerie d’art, par exemple. Parmi les conditions gagnantes, Pier-Olivier Morissette mentionne une offre commerciale concentrée que des parcs de stationnement, des terrains vacants ou des zones résidentielles ne viennent pas troubler ou entraver. Ainsi qu’une stratégie d’adaptation des locaux. Ceux laissés vacants par les grands magasins d’autrefois sont en dissonance, au chapitre de la superficie, avec les besoins des boutiques d’aujourd’hui qui n’entreposent plus des quantités importantes de

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PIER-OLIVIER MORISSETTE Coordonnateur de projets pour l’organisme Rues principales


marchandises. L’engagement de la commu­ nauté à magasiner dans le quartier est également requis. Hochelaga-Maisonneuve et la Promenade Wellington à Verdun réussissent bien à cet égard.

dépare la rue. S’ils ont besoin, par exemple, d’une boulangerie dans le secteur, ils vont le louer de façon à combler ce besoin. « Ils choisissent le commerce qu’ils veulent dans leur quartier », dit Pier-Olivier Morissette.

Du côté de l’UMQ, Alexandre Cusson parle d’échanges entre la municipalité, les commerçants et les consommateurs : « Aux gens qui déplorent la diminution du nombre de commerces au centre-ville, je réponds : " Mais qui les a fermés ? " C’est vous, en changeant vos habitudes, en achetant dans les grandes surfaces ou en ligne. Il faut que chacun prenne conscience de l’importance de s’engager, d’acheter local pour que nos artères commerciales soient rentables et viables pour les magasins. Elles présentent un volet historique et patrimonial qu’on ne retrouve pas ailleurs. »

« Il y a de beaux exemples, tant au Québec que partout dans le monde. À nous de nous en inspirer », conclut Alexandre Cusson.

Amener des résidents dans les centres-villes fait aussi partie de la solution. « Il y a des gens qui aiment vivre en appartement ou en condo en plein cœur de l’action. À Drummondville, nous sommes à planifier le développement d’un terrain d’un million de pieds carrés pour inciter une clientèle diversifiée à s’y installer », indique Alexandre Cusson. « Les artères de proximité s’en sortent bien, poursuit Pier-Olivier Morissette. Attirer les résidents est la stratégie la plus payante, mais peut-être la plus difficile à élaborer. Il faut des programmes de rénovation de logements. Des maisons patrimoniales restaurées, moins grandes, peuvent devenir des premières maisons intéressantes pour les jeunes familles. » DE BONS EXEMPLES À Philadelphie, Jump Start Philly, un regrou­ pement de promoteurs immobiliers, aide de petits entrepreneurs. Quel est leur intérêt ? « Mettre au monde ces jeunes entreprises qui vont rénover les bâtiments autour de projets immobiliers d’envergure afin que le quartier et tous les édifices qui s’y trouvent prennent de la valeur. C’est un objectif de spéculation, mais certains quartiers sont en train de se revitaliser de cette façon », fait valoir Pier-Olivier Morissette. Les coopératives sont un autre exemple. Des citoyens créent un fonds commun pour acquérir un immeuble vacant qui

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VILLES DE CENTRALITÉ

POSITIONNER LES SPÉCIFICITÉS D’UN TERRITOIRE PROPOS RECUEILLIS PAR JOHANNE LANDRY

Pour attirer les investisseurs immobiliers, de nouveaux citoyens ainsi que les touristes, des municipalités urbaines en territoire rural, qui sont aussi des pôles de développement pour une région, travaillent à améliorer leur positionnement et leurs efforts de marketing.

L’an dernier, une délégation du Caucus des villes de centralité de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) s’est rendue en mission économique à New York pour assister au forum international City Nation Place Americas afin de s’informer sur les bonnes pratiques en matière de marketing et de positionnement territorial. « Nous avons entendu parler de cas inspirants », indique Jean-Maurice Matte, président du Caucus et maire de Senneterre. Des exemples ? New Rochelle, une municipalité d’environ 78 000 habitants un peu à l’ombre de la gigantesque New York à moins de 50 km, qui veut attirer les 25 à 34 ans avec des aménagements recherchés par ce type de clientèle ; ou La Nouvelle-Orléans qui s’est relevée après le passage de l’ouragan Katrina et qui envoie le message d’une ville bien vivante. Au retour, le Caucus a commandé une étude au groupe Résonance. Menée auprès de 3 000 individus et 1 500 entreprises, elle a permis de dégager l’importance d’un milieu sécuritaire, un attribut souhaité par 57 % des citoyens quand vient le temps de choisir une ville où s’installer, par 53 % des investisseurs et 51 % des touristes. Plus encore, au terme de l’étude déposée au printemps 2019, chacune des 62 municipalités de centralité du Québec a reçu son profil à partir duquel elle pourra maintenant peaufiner son positionnement et élaborer sa stratégie de marketing territorial. Il s’agit d’une analyse en regard de la qualité de vie, de l’offre de divertisse­ment, de l’économie, des infrastructures, ainsi que de la facilité des déplacements, entre autres. « L’objectif est d’outiller les municipalités de centralité dans une stratégie de marketing qui leur permettra de poser les bonnes actions afin d’attirer les promoteurs immobiliers, les entreprises et les travailleurs sur leur territoire », précise Jean-Maurice Matte.

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JEAN-MAURICE MATTE Président du Caucus et maire de Senneterre

TROUVER SES MARQUEURS IDENTITAIRES Le marketing territorial se fait à plusieurs échelles, explique pour sa part Myrabelle Chicoine, directrice générale de la municipalité régionale de comté (MRC) de L’Érable et formatrice en la matière auprès des municipalités membres de l’UMQ ainsi qu’à l’Université du Québec à Trois-Rivières et à l’Université Laval. On peut vouloir mettre en valeur, par exemple, un projet de


Des idées d’expansion ou de revitalisation ? On a des solutions.

HÉLÈNE BOUFFARD

MYRABELLE CHICOINE Directrice générale de la municipalité régionale de comté (MRC) de L’Érable et formatrice en la matière auprès des municipalités membres de l’UMQ ainsi qu’à l’Université du Québec à Trois-Rivières et à l’Université Laval

développement immobilier, un quartier, une artère commer­ ciale, une ville ou une région administrative.

Nouveaux crédits de taxes aux entreprises pour accélérer vos projets immobiliers

« Je crois en la complémentarité des territoires qui ont tous leur ADN propre », explique-t-elle, parlant des marqueurs identitaires qui peuvent être un personnage réel ou fictif, une légende urbaine, une entreprise comme la crème glacée à Coaticook ou Volkswagen en Allemagne ; une architecture comme celle typiquement italienne des résidences du quartier Saint-Léonard à Montréal. Bref, un élément distinctif qui n’appartient qu’à ce territoire. La qualité de vie, la proximité de la nature ou la diversité culturelle ne sont pas des éléments de distinction assez forts, rappelle Jean-Maurice Matte, parce qu’ils peuvent se retrouver à peu près partout. « Que fait la municipalité avec son beau paysage ou avec son lac ? Comment fait-elle vivre son slogan ? C’est ce qui va la distinguer », ajoute Myrabelle Chicoine, donnant pour exemple l’énergie, marqueur de Shawinigan, les fjords pour le Saguenay ou l’église Saint-Séraphin-de-Sarov à Rawdon, fidèle réplique du bâtiment russe. Si le marketing est souvent perçu comme un logo et un site Web, qui sont bien entendu des éléments indispensables autant que la présence sur les réseaux sociaux, il ne se limite pas à cela. « Le marketing n’est pas que visuel, il est aussi fait des outils et des politiques que les municipalités se donnent », poursuit Myrabelle Chicoine. Parmi les bonnes pratiques, la plus importante, selon Mme Chicoine, c’est de s’adresser d’abord aux citoyens. « Celui qui est fier d’habiter quelque part deviendra le meilleur ambassadeur d’un territoire », conclut-elle.

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