journal des avocats - N째16
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Le journal des avocats voyage de mains en mains. Ceux qui le trouvent y ajoutent leurs histoires et leurs dessins et ainsi leur journal atteint une forme continue d’art collectif. C’est une expérience et vous en faites partie.
Le Petit Chaperon rouge Illustration de Jessie Willcox Smith, 1911
Il était une fois... On doit cette formule intemporelle à Charles Perrault. Il l’utilisa pour la première fois en 1694, où elle n’apparut qu’au vers 21 dans Les Souhaits ridicules. Ce fut aussi le préambule de son tout premier conte Peau d’Âne. Cette formule devint ensuite la clé « magique », ouvrant tout l’univers des contes de fées. « En ce temps-là... », « Dans les temps heureux... », « Il y a de cela fort longtemps... » En allemand : « Es war einmal... » En néerlandais : « Er was eens... » Ou en anglais : « Once upon a time... » Et plus près de nous… « A long time ago in a galaxy far, far away... », dans Star Wars de George Lucas. Voulez-vous trouver un moment pour vous laisser emporter par la magie des contes dans un univers féérique? Rappelez-vous…
le journal des avocats N°16
Once upon a time… Voyage au-delà des modes… Lorsque le classicisme de tous les temps fait son entrée dans la modernité. Quand la modernité compte sur la qualité qui dure jusqu’au futur. Lorsque le futur s’accompagne des esprits, des écrits et des lectures de tous les jours. Au-delà de son époque, c’est surtout un monde d’élégance, de culture et de partage que le journal des avocats entend parcourir. Ne jamais suivre la facilité, mais s’arrêter sur les détails qui comptent, devancer toutes les envies, offrir du plaisir de lire, authentique et varié. Chez Alligators & Cie, vous le savez, l’exigence de qualité est une valeur forte qui tient la route. M.R.C.
EDITORIAL Au printemps toutes les couleurs de la nature irradient d’une lumière intense, les premiers rayons du soleil transpercent la brume matinale et transforment les contours des choses. Ces images douces et féériques troublent notre esprit ; une énergie nouvelle, curieusement empreinte de chaleur, nous redonne envie d’agir, de bouger, de créer… d’écrire ! Et moi ce soir, je pense qu’il existe alors des instants que l’on vit intensément. Ce sont ces moments intimes, où la beauté du printemps invite nos pensées à de bien douces évasions. Ce sont ces rêves de notre enfance, ce sont ces contes de fées, ces belles histoires qui débutaient toujours par « Il était une fois…. ». J’aimerais beaucoup, dans le numéro de ce printemps, associer vos souvenirs d’enfants, vos plus beaux rêves d’adultes et vos récits d’avocats. Cela me fait penser à cette phrase lue, je ne sais où, mais qui me plut :
Imaginons donc que tous les articles que vous lirez ici auront été écrits à la main, dans un pur élan d’amitié sincère et enfantine. Ce seront ceuxlà dont nous nous souviendrons. Il était une fois, au Printemps 2015…
Myriam Robert-César Alligators & Cie S.A.
Sommaire - Inhoud - Inhalt
Du cahier de l'éditeur
Il était une fois … Once upon a time… Editorial La Tombola des auteurs Tous en récré : Petit Dictionnaire Féminin
Les Grandes Conversations du journal des avocats Interview accordée par Jean-Denis Bredin Propos recueillis par François Dessy pour le journal des avocats
Et ensuite, classé par ordre alphabétique du nom de leurs auteurs, les articles suivants : Philippe Balleux
BAL
Once upon a time...
Thierry Bontinck
BON
La tentation de Casanova
Jean-Pierre Buyle
BUY
Justice dans le palais
Michel Graindorge
GRA
Lettre ouverte à... Madame
Andrea Haas
HAA
Once upon the time in the East !
Frédéric Laurent
LAU
Vivons heureux en attendant la mort
Xavier Magnée
MAG
1. L'an 2000 ? A mon avis... 2. Un jour, la Justice 3. Le treizième juré
Céline Mouthuy
MOU
Pourquoi les dessins animés de Walt Disney servent-ils de leçon...
Marie-Andrée Pieters
PIE
Quand tu seras à Proust, La guerre sera finie
Jean-Marc Rigaux
RIG
Le cerceau de feu
Pierre Sculier
SCU
Printemps manqué d'une poétesse russe
Dirk Van Gerven
VAN
Les attributs du secret professionnel
Kathleen Vercraeye
VER
De advocateneed meer dan ooit actueel
Cavit Yurt
YUR
Il était une fois un Mammouth…
Le voleur de fleurs Sais-Tu ? Photos des auteurs ABC
Où retrouver nos auteurs Votre contribution rédactionnelle
La tombola des auteurs LE PREMIER PRIX London, here we are ! Pour la deuxième fois le journal des avocats a le plaisir d’offrir au gagnant du premier prix un week-end au Sofitel London St James qui se trouve dans l’un des quartiers les plus connus et les plus recherchés de la capitale. Sofitel London c’est l’élégance française déclinée à l’international. La perspective d'arriver dans l'après-midi à Londres fera certainement oublier la fatigue laissée par une longue semaine…
DEUXIEME PRIX Un monde imaginaire s’offre à vous ! Le journal des avocats offre au gagnant du deuxième prix un BON CADEAU de deux nuits en week-end ou trois nuits en semaine (hors congés scolaires et jours fériés) petits déjeuners inclus et dans l’une des chambres à son choix ! Un monde imaginé, conçu, sculpté, reflétant l’amour des matières, des couleurs, des textures et de la lumière, mêlées à des inspirations et des objets venus d’ailleurs… La Balade des Gnomes à Heyd –DURBUY… vous attend.
TROISIEME PRIX Un coffret cadeau Guerlain Le journal des avocats offre au gagnant de ce troisième prix un coffret So me, So Shalimar, Créé intégralement par les membres de la famille Guerlain en 1925, Shalimar s'est imposé comme l'un des parfums les plus prisés au monde. De quoi charmer celle qui le recevra ou de quoi ensorceler celle à qui vous l’offrirez Messieurs.
A l’occasion du lancement des « PETITES RENCONTRES » du journal des avocats cette tombola a été tirée et contrôlée le jeudi 26 mars 2015 lors de cette PREMIERE réception organisée à la Mercedes House au Sablon de Bruxelles. La tombola des auteurs du journal des avocats est toujours très aimablement contrôlée par notre huissier de Justice, Maître Frank Spruyt, que nous remercions chaleureusement. www.frankspruyt.be
Sofitel London St James HISTOIRE ET PRESTIGE SE COMBINENT AU COEUR DE LONDRES
Situé au 6 Waterloo Place, entre Trafalgar Square et Regent Street, le Sofitel London St James se trouve dans l’un des quartiers les plus connus et les plus recherchés de la capitale. Avec l’ouverture de son exceptionnel spa, So SPA, du restaurant The Balcon, Sofitel London St James se positionne désormais comme un hôtel de prestige incontournable. L’immeuble classé de 11 000 m² qui était dans le passé le siège de la banque Cox’s & King’s, fait partie du patrimoine de la Couronne d’Angleterre. Proche des hauts lieux de la capitale, Buckingham Palace, St James Palace, St James Park, le Mall et la plupart des traditionnels clubs anglais, l’hôtel est le rendez-vous incontournable des hommes d’affaires. Sa proximité immédiate avec les théâtres du West End et les boutiques les plus élégantes de Jermyn Street et de Bond Street en fait aussi une adresse de choix pour une clientèle de loisirs. Le décorateur français, Pierre-Yves Rochon, a imaginé un style contemporain tout en préservant le néoclassicisme de l’immeuble et en respectant son caractère britannique. L’histoire du bâtiment se retrouve dans toute la décoration, dans chaque pièce de mobilier ainsi que dans le choix des portraits qui ornaient autrefois l’ancienne salle de réunion du conseil d’administration de la banque Cox’s & King’s. Avec sa décoration intérieure, sa restauration et son hospitalité, le Sofitel London St James reflète le savoir-faire et l’art de vivre à la française. Des valeurs que l'on retrouve également dans l’exceptionnelle décoration florale de l’hôtel. LE ST JAMES BAR prend son inspiration de l’appartement de Coco Chanel dans les années 1920 avec des panneaux de soie ornés de cadres en noyer, des tables en chagrin et des chaises recouvertes de mohair bleu foncé. Un étonnant bar en noyer, un comptoir en améthyste, des tabourets de style Edwardien en peau de saumon, créent une ambiance feutrée. Un immense tableau de Thierry de Cromières accroché au plafond doré à la feuille d’or, rappelle l’histoire de la banque d’une façon originale. L’ELEGANTE BRASSERIE –THE BALCON est décoré en collaboration avec le cabinet Russell Stage, ce restaurant de 100 couverts aux volumes exceptionnels est ouvert toute la journée, que ce soit pour un petit-déjeuner, déjeuner ou dîner, un encas sur le pouce ou un dîner tardif. Créé par le Chef, Vincent Ménager, le menu marie traditions françaises et britanniques, avec des touches d’originalité. Donnant une atmosphère théâtrale à l’ensemble, deux escaliers en colimaçon abritent le bar à champagne. SO FIT! Un espace de relaxation et de fitness dans une ambiance fraîche et dynamique vous offre un équipement de remise en forme et de bien être, Technogym, à la pointe de la technologie et du design. SO SPA, UNE EXPERIENCE UNIQUE. Ouvert en juillet 2009 dans un immeuble classé, le spa de 392 m² est réparti sur trois étages dans un espace aux volumes exceptionnels. L’HOTEL comprend 183 CHAMBRES ET SUITES à l’ambiance chaleureuse et confortable dans une atmosphère authentique. A travers toute sa décoration, le Sofitel London St James réalise un mariage harmonieux entre le modernisme français et l’élégance britannique du temps passé où le traditionnel et le contemporain s’entrelacent pour ne former plus qu’un.
Il était une fois … Dominique et Nathalie Noël au pays des gnomes Dominique Noël, un architecte belge, a fait surgir en terre ardennaise un hôtel de contes de fées dont les chambres semblent arriver tout droit de son rêve. Il l’a appelé «La Balade des Gnomes». Et c’est vrai qu’on s’attend presque à voir apparaître au hasard d’un couloir un elfe ou un lutin portant le plateau du petit déjeuner. Dominique est curieux de tout, tout le passionne, la nature, la planète, le travail de l’homme ; son regard se porte sur les moindre détails. Néanmoins, en deux ans, sans baguette magique, Dominique Noël a construit, avec sa femme Nathalie et deux artisans, neuf chambres extraordinaires de thèmes différents : Une cabane dans la forêt, Sur un quartier de Lune, Les étoiles du Désert, Retour des colonies, La légende des Trolls, l’Art Gothique, L’île de Macquarie, La casa Tireli-Rela et La route du Vin. Chacune avec une créativité et un souci du détail impressionnants. Mais si tout semble rêvé, tout cependant est pensé, réfléchi, dessiné à l’échelle 1/100. Pour chaque chambre, sur plan il dispose plus ou moins vingt objets, lit, frigo, baignoire, table de déjeuner, le tout devant permettre une circulation aisée. Après l’imagination et la réflexion, vient le moment où il faut créer, découvrir, préparer, monter… et puis les coups de cœur, le spontané et la décoration qu’il faut acheter et placer. Dominique est donc un artiste et un bâtisseur aux mains d’or. Mais ses rêves, il les concrétise. Récemment, sur son vaste terrain, il a construit un cheval de Troie en bois et en métal haut de 7 m 50. D’abord, le cheval, avec ses mesures à l’échelle, est couché sur le papier : un lit dans la tête, un autre dans le ventre, la salle de bains à l’avant, le salon pas loin. Tout cela sur 43 m2 en trois niveaux, avec mezzanine. Le cheval porte sur le dos une citerne d’eau chauffée en hiver. Mis sur rails, ses occupants peuvent le faire avancer et reculer grâce à une télécommande. Un pontlevis permet d’y accéder. Homérique ! Poussez l’une des portes et c’est tout un monde imaginaire qui s’offre à vous. Un monde où le propriétaire lui-même et des artisans locaux ont mis tout leur savoir-faire et leur amour des matières, des couleurs, des textures et de la lumière d’ici, mêlées à des inspirations venues d’ailleurs, du Népal, à l’Afrique centrale. Entre Trolls et sables de désert, entre fusée lunaire et hutte africaine, tout un monde dont on ne revient pas sans une certaine nostalgie.
10 chambres de charme vous y attendent pour naviguer dans le monde des Gnomes Une cabane dans la forêt Sur un quartier de Lune Les étoiles du désert Hutta di zobabou-bou La légende des trolls Le désespoir du moine L’île de Maquarie La route du vin La casa Tireli-Tirela Le cheval de Troie
"La balade des gnomes" Chambres B&B Rowe de Remoleu 20 6941 Heyd – à 8 km de DURBUY +32 0472 20 86 23 info@labaladedesgnomes.be www.labaladedesgnomes.be Un monde imaginaire qui s’offre à vous. Un séjour en harmonie avec la nature et l’esprit d’enfance qui sommeille en chacun de nous. Un monde imaginé, conçu, sculpté, reflétant l’amour des matières, des couleurs, des textures et de la lumière, mêlées à des inspirations et des objets venus d’ailleurs…
du cahier de l'éditeur
Petit dictionnaire féminin Abandon. – Fatalité que ce soit par ce mot que ce dictionnaire débute, et par lui que l’amour commence…et finisse. Accorder. – Quand on aime, on donne ; quand on feint d’aimer, on accorde. Affection. – Voie de garage de l’amour. Age. – mot impertinent. Aimer. – Verbe actif. Amitié. – Ce que lui donne la femme, elle le vole à l’amour. Assiette. – Projectile ménager. Asticoter. – Mettre un ver dans la tranquillité d’autrui. Attendrir. – Pour rendre tendre le steak on tape dessus ; pour les poires, on les met sur la paille ; pour les hommes, il existe aussi d’autres moyens. Bagues. – Seules les femmes qui n’en portent pas mettent leurs mains dans leurs poches. Bas. – Epiderme de rechange, dont il est possible de choisir le grain et la couleur. Bijou de fantaisie. – Doit être du vrai faux et non du faux vrai. Bonheur. – Comme la santé, il faut le perdre pour savoir qu’on le possédait. Bonnet de nuit. – Ne se dit plus qu’en parlant d’un mari. Candeur. - Art de ne point comprendre ce qu’on devine. Cancan. - Arme des laides. Caprice. – Nom donné aux envies des femmes quand elles ne sont pas enceintes. Célibat. – Tout le drame vient de ce que les femmes soient faites pour me mariage et les hommes pour le célibat. Chair. – Son œuvre est délectable quand la chère est fine. Chapeau. – Proche de la cervelle, il est pour une élégante la seule folie permise. Charpie. - Jules Barbey d’Aurevilly disait qu’après les blessures, ce que le femmes font le mieux : la charpie. Clip. – Bouclier se dit en latin : clipeum. La femme qui s’en fait offrir se défend bien. Cocotte. – Désignait naguère une poule qui avait des dents… longues. Cœur. – Il y a des gens qui ont le cœur sur la main, mais les gardent bien dans leurs poches. Coiffeur. – Le seul homme dont la femme accepte qu’il la fasse attendre. Collier. – La seule chaîne tolérable. Compliments. - Les chichis de la bête. Culotte. – Vêtement que mettent les hommes et que portent les femmes. Désintéressement. - Croquer la pomme… pour des prunes. Deux. – Juste le compte. Echec. – Jeux qui oblige à changer de case. Effronterie. – Le courage de celle qui n’ont plus rien à perdre. Encens. – Le parfum favori des sottes. Enfant. – Pour sa mère une miniature de l’Idéal. Ennui. – La maladie des femmes qui n’ont pas de chagrin. Epouse. – Mot peu employé, mais à la manière dont l’homme appelle celle qu’il désigne, on juge sa condition : le duc dit : la duchesse ; l’homme simple : ma femme ; le vaniteux : Madame ; le père de famille : maman ;l’imbécile : ma moitié ; le loustic : mon gouvernement ; l’épicier : la patronne ; le Français moyen : la bourgeoise. Erreur. – Ainsi désigne-ton l’amant qu’on a cessé d’aimer.
Tableau : GALIMARD Nicolas Auguste (créateur) Femme au cygne (titre d'usage) Léda et le cygne 2ème quart 19ème siècle - Bourbon-Lancy ; musée Saint-Nazaire
Etole. – Animal domestique qui vit de préférence sur les épaules des femmes. Fable. – Compte-rendu féminin. Fidélité. – C’est risquer l’infidélité qu’être fidèle à l’amour. Fille. – Le contraire d’un garçon et l’opposé d’une demoiselle. Flirt. - Leçon d’escrime avant le vrai duel. Gaine. – A de commun avec les hommes que, plus elle est souple, mieux elle ment. Galanterie. – Mot désuet, voire oublié. Grue. – Au propre : se nourrit de poisson ; au figuré : les nourrit. Homme. – Ce qui rend supportable de n’aimer pas les hommes, c’est d’en aimer un. Idiot. – Celui qui dit du mal de vous. Imprudence. – Commence par un sourire et finit par des larmes. Inconnu. – Forme de l’espoir. Indispensable. – Tout ce qu’on n’a pas. Jamais. – Ne signifie rien. Jouvence. – Fontaine où on envoie se baigner celles qui vieillissent. Lassitude. – Fatigue qu’aucun repos ne guérit. Licence. – Elle est à la liberté ce qu’une fille est à une dame Manchon. – Se fait en fourrure, en fleurs ou en plumes… Léda le portait en cygne.Mantille. – Cadeau de Don Juan aux Parisiennes. Marivaudage. – Hors-d’œuvre.
du cahier de l'éditeur
Ménage. – Un gouvernement. Un roi, une reine, et de sujets… d’ennuis. Mode. – Un train à prendre en marche et qui n’arrive jamais. Mystère. – Secret des passions qui durent. Nécessaire. – Plus la femme est légère et plus son nécessaire est lourd. On. – L’ennemi intime. Oubli. – La plus efficace des drogues. Pantalon. – Plus il s’applique à bien cacher, plus on l’accuse d’être libertin. Parapluie. – N’ajoute à l élégance que quand il fait sec. Passion. – Amour qui finit sur une croix. Péché. – Dieu qui avait fait les six jours de la semaine tandis que le diable créait six péchés, se reposa le septième ; mais Satan fit du dimanche le jour de la paresse. Pendants d’oreilles. – Celui qui les accroche se fait mieux entendre. Plaire. – Chercher à plaire, c’est penser aux autres. Plaisir. – La menue monnaie de l’amour. Plume. – Tête emplumée n’implique pas cervelle d’oiseau. Quitter. – Les époux se séparent ; les mufles s’abandonnent ;les gens bien élevés se quittent. Reprises. – Certaines amours ne vivent que de reprises, comme les théâtre de province. Robe. – C’est dans les pays où les femmes les enlèvent le plus volontiers qu’elles en exigent le plus. Sac. –Dépositaire des secrets et banquier portatif. Séduction. – Entre la moindre laideur et la pire beauté. Sens. – Le singulier protège du pluriel. Erin. – Comme les serins, l’amour ne chante que les yeux crevés. Soutien-gorge. – Grâce à lui deux frères de lait savent se tenir dans le monde. Vérité. – Le mensonge des autres. Vertu. – Si vertueuse que soit une femme, disait Robert de Flers, c’est sur sa vertu qu’un compliment lui fait le moins plaisir. Vierge. – Un livre charmant qui n’est pas coupé. Volupté. – Le plaisir qu’on donne. Vulgaire (le). – Les autres. Zut. – Mot de la
Fin
LES GRANDES CONVERSATIONS DU JOURNAL DES AVOCATS
Interviews accordées par Jean-Denis Bredin en 2014 et 2015 Propos recueillis par François Dessy pour le journal des avocats.
François Dessy fut orateur de la rentree solennelle du barreau de Huy en 2010 « Voltaire : La douce insurrection de l’ironie » et laureat de divers concours d’écriture. Il voudrait moins souvent casser sa lyre… plus souvent prendre sa plume et s’envoler, épitoge au vent… sous d’autres cieux. Porter par le doux zéphyr de la curiosité. Sans suivre les autres alizés, forcément contraires… en voilà un beau rêve ? Le lecteur retrouvera la précédente interview de François Dessy, Verges,
Justicier du déshonneur - L’insoumission en bandoulière ?
Ce fut la dernière interview accordée par Jacques Vergès quelques jours avant son décès ce 15 août 2013 dans le numéro 12 du journal des avocats, et Petite exploration chez et avec Robert Badinter, dans le numéro 9.
le journal des avocats
Jean-Denis Bredin, à Paris, en décembre 2011 (NIVIERE/SIPA)
DES
La quête jamais achevée du mot juste, la soif jamais étanchée de connaître, le travail inlassablement remis sur le métier… avec une précision et une constance défiant les lois de l’horlogerie. Si les méninges pouvaient bruire en réfléchissant ? Vous y entendriez l’infaillible tic-tac mécanique de ce bel esprit, loin du ronron public de certains. Admettons-le d’emblée. Hormis les Hommes de lois et Hommes de plume, peu parviennent à l’identifier. Serait-ce parce qu’il n’aime rien tant que le labeur « dans sa thébaïde » du Faubourg Saint-Honoré ? Et que rare sont les éloignements de son bureau vécus sans une once de déchirement intérieur. Serait-ce sa timidité, digne de Rousseau, qui le rend presque lucifuge ? Presque ! Car le tour de force est là, magnifiquement exécuté : Jean-Denis Bredin réussit à ceindre une des plus belles couronnes tressées de lauriers sans jamais en faire rimer un seul avec immodestie, fatuité ou autosatisfaction. Leur consistance même lui est-elle palpable ? Oui, Mesdames, Messieurs, un tour de force puisque Jean-Denis Bredin est le discret membre de cette Académie à laquelle Jean Dutourd - grosse tête, très et peu académique à la fois, génialement Bouvard, buvard, bavard - avait pourtant prêté la vertu « de permettre à ses membres de rester au premier plan de l'actualité… même en ne faisant rien" : l’Académie – entre toutes, la plus – française ! S’en trouve-t-il heureux ? A l’évidence. Bien qu’aux cérémonies cérémonieuses, notre Confrère préfère les petits conclaves, polir, de son pas lent, le noble parquet de la bibliothèque Mazarine et de ses Cabinets de lecture, (cabinet dit des membres) et enrichir leur doctes discussions d’alcôves… S’y épanouit-il ? On relit les aménités de Chamfort et de Montesquieu (avant d’en être tous deux). « L’Académie cette l’école de la flatterie et de la servilité ». Ou pour le second ce modèle d’impuissance et d’obséquiosité « La moins respectée au monde, où l’éloge va se placer de lui-même dans leur éternel babil, la fureur panégyrique vient les saisir et ne les quittent plus ». Et l’on s’en amuse d’abord, avec une inoffensive espièglerie, en se disant que notre Maître d’armes adoubé s’y épanouira en effet jusqu’au délice. Ce serait là confondre l’histoire, confondre bienfaisance et (in)dépendance, posture et nature. Car tout est chez lui « invitation au voyage » intellectuel, – en des proportions paraissant prima facie excessives sans doute- « ordre et beauté, luxe, calme et volupté… » Ordre des valeurs et beauté de leur partage, luxe de prévenance, calme de la sagesse et volupté… du (gai) savoir ! Mais telle est l’âme accorte de Jean Denis Bredin – et tout le conforte bien vite – celle d’une toute bonne pâte, d’une crème, d’une boule au cœur d’or où ne se lit, s’allie et ne se pétrit qu’intelligence et bonté, respect et affabilité. L’histoire, au rebours du Goncourt, oublie « les Bienveillantes » ! On retient le sel du pontifiant George Du Roy De Cantel, le relief de Julien Sorel ou d’Eugène de Rastignac, la curiosité contrefaite des Verdurin de Proust ou des Veneering de Dickens (l’Ami commun)… et tous ceux qui se pâment, se mirent dans leur propre réverbération médiatique. C’est hélas perdre de vue que l’ambition est souvent sœur siamoise de l’incorrection, de l’hypocrisie du goût…sinon de l’arrogance. Le sommet de l’élévation de l’âme c’est d’y tendre - naturellement, sans y prétendre - avidement. A 85 ans, lui sait, et semble avoir toujours su, la vanité des choses. Grand est dès lors le plaisir d’extirper ce pur esprit de sa fausse torpeur, de sa légendaire, et presque séculaire discrétion. Le voici, - en quelques menus extraits tirés d'un livre à paraître aux Editions de l'Aube - tel qu’il est : un monstre gentil d’intelligence, une sorte de « casimir de l’intellectualité » sous une mise, une tenue et une allure au reste impeccables ? Questionnons la mémoire en robe du siècle écoulé…
le journal des avocats
Nous avions hâte de vous voir. Vous, l’éminence blanche, et « l’Enfant sage (Gallimard 1990) », Il professor et – doux paradoxe – Il studente ! Vous l'éternel étudiant qui enrage de déplaire et pourtant Il maestro, grand maître langagier, académicien depuis 1989, maître verrier armé de sa lyre dès l'enfance, maître très respecté, avocat très écouté, stagiaire de Jacques Isorni, 1er Secrétaire de la Conférence en 1951, figure du barreau de Paris, depuis plus de 60 ans, ancien associé de Robert Badinter, fondateur prestigieux du Cabinet éponyme: Bredin-Prat.
Longtemps grand maître à la faculté - major du concours de l’agrégation, professeur à Rennes, Lille et Paris La Sorbonne – grand conférencier, j’en fus moi-même l’heureux témoin, lors de différents colloques, docteur honoris causa de l’Université de Liège, pour ne citer qu’elle, maître de droit privé mais aussi juge arbitre dans certaines affaires toujours trop retentissantes à votre goût et donc maître privé du litige , vous êtes un maître à juger, à penser, à écrire, à plaider, à disserter, à enseigner, père de Frédérique Bredin –ancienne Ministre - excusez du peu, auteur de quelques 20 livres (à lire grande séance tenante) et combien d'autres casquettes… magistrales ?
DES
Jean-Denis Bredin. – Coiffé de casquettes si l’on peut dire, encore que je sois plutôt entouré d’uniformes (rires). Uniforme que beaucoup ne mettent plus, d'ailleurs. François Dessy. – Ah, je l’ignorais. JDB. – Si, beaucoup viennent en civil, même aux grandes séances de l’Académie française. Il y a de moins en moins de gens en uniforme, d'abord parce que l'uniforme fait de plus en plus mal. Au fur et à mesure que l’on vieillit, on a tendance à s’épaissir…. À prendre un peu trop d’envergure (rires). FD. – La couture peut tout de même y pourvoir. JDB. – Ce n'est pas de Jean Lacouture dont vous me parlez? (rires) FD. – Non, de votre cénacle de linguistes de haute couture au Quai de Conti (cousu de fil blanc…). D’où provient la tradition du port de l’habit vert ? JDB. – Napoléon Bonaparte, alors premier consul aux côtés d’un grand juriste Cambacérès, en avait fixé les traits essentiels sur la suggestion d’une commission et de différents artistes de l’époque. Sa confection est totalement règlementée (arrêté du 23 floréal an IX- 13 mai 1801) : la veste est brodée d’or et de soie verte foncée…sertie de branches d’olivier. Cet étrange accoutrement est devenu la proie des satiristes. A la Belle époque, l’Habit vert de Flers et Caillavet est représenté au Théâtre des variétés tandis qu’il singularise le «Crocodilus» d’Alphonse Daudet, un Académicien sans regard ni talent, aveuglé par l’ambition. Un vert savant, rigide, de drap de bureau, de reliure de dictionnaire disait Maurice Donnay. Selon lui, notre habit ne doit sa couleur qu’à un écrémage dicté par le bon sens : le rouge exprime l’humeur violente, guerrière, le violet l’apparat ecclésial, le blanc était par trop salissant et les nuances de bleu, paraît-il, étaient l’apanage des femmes … FD. – Mais l’habit ne fait pas encore l’Académicien, Jean-Denis Bredin, encore faut-il se soumettre à une autre coutume : se faire forger son épée et y faire inscrire une devise. Votre ami Decaux, a opté pour "Foi, Liberté et Tolérance". Quelle fut la vôtre ? JDB. – Je n'ai pas gravé de devise, faute de savoir laquelle il fallait inscrire. Toujours l'effet de l'hésitation. FD. – D’autres ont préféré n’en jamais porter : Michel Serres, symboliquement je pense, en signe de protestation contre l’usage des armes… JDB. – Moi non plus je ne la porte plus jamais Je ne la mets jamais, d'ailleurs je ne sais plus où je l'ai mise (long silence). S’il me fallait l’orner d’une devise, je choisirais "Respect et Amitié". Ou "Amitié et Respect". FD. – L'un supposant l'autre … Jean-Denis Bredin, dans votre discours de réception à l’Académie, vous parler allusivement d’"une épée lourde de symboles". Quels symboles y sont attachés ? JDB. – La remise de l’épée est déjà tout un symbole. Passée l’étape de la collecte des suffrages – l’usage n’est plus rigoureusement observé, passé l’étape du scrutin favorable et de la présentation au Protecteur de l’Académie le Président de la république –que l’on appelle, en règle, simplement Monsieur… sous la Coupole, sans décliner son titre (nivellement par le haut oblige ?), vient ensuite la cérémonie rituelle de « remise de l’épée ». Un comité d’amis se constitue pour offrir au nouvel élu l’épée de son choix dont l’exécution a été confiée à un
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habile ciseleur. Elle lui est remise par un confrère, déjà élu donc, lors de la « remise de l’épée » accompagnée de discours et buffet. Elle préfigure la grande épreuve de la réception. L’élu est admis en séance, il traverse le corridor des bustes, pénètre dans le sanctuaire sous le dôme de la Coupole, et est conduit à son fauteuil par ses deux parrains - le père Carré et Bertrand Poirot-Delpech pour moi. L’académicien fait le jeudi suivant, précédé d’un roulement continu de tambour, l’éloge de l’auguste occupant auquel il succède. Les symboles intrinsèques de l’épée, ce sont tout à la fois la force, la puissance, l'élégance personnalisée jusqu’au détail du pommeau et la droiture – l’épée est droite et longue. Enfin, tout ça est un peu ridicule. FD. – N’est que ridiculité ! Substantif, que l’on trouve, ai-je lu, chez Voltaire et Diderot, réhabilité par la commission en charge de la 9ème édition du Dictionnaire de l’Académie. Cette épée est aussi, avec la cape- la Robe – ce qui caractérise l’Avocat, l’escrimeur qui ferraille à la barre. L’épée me rappelle une cinglante réplique réservée à un avocat : le juge lui avait dit que sa plaidoirie était comme l'épée de Charlemagne. Brève fierté de l’Avocat… et amer désillusion : « Comme l’épée de Charlemagne : longue, lourde et plate ». JDB. – (rires francs) Ah ça, c'est très bon! Longue, lourde et plate! FD. - Vous avez accédé au fauteuil numéro 3, occupé précédemment par Marguerite Cleenewerck de Crayencour – Marguerite Yourcenar dont, une amie du barreau de Bruxelles, est la petite-nièce, Gaëtane de Crayencour. Oserais-je dire qu'en dépit de votre appartenance respective à l'Académie, beaucoup de choses vous séparent, hormis une même passion, un perfectionnisme, littéraire et une commune cogitation qui crépitent sous le feu des mots ? JDB. – Deux personnalités différentes certainement. Diamétralement opposées, je ne sais pas. Par le sexe d'abord, il est vrai. Elle aimait plus la vie que je ne l'aime et elle avait ce goût immodéré de l'aventure, plus que je ne l’ai eu. Moi j'étais un bon élève, elle était tout à fait autre chose. J'ai eu l'honneur, pour préparer et essayer de faire son éloge selon la tradition à
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l'Académie Française, d'aller chez elle sur son île, à Mont-Désert (USA, Etat du Maine). J'avais déjà lu ses livres. Je me suis attaché à elle. J'ai pour elle beaucoup d'admiration et, avec le temps, beaucoup d'affection. J’y suis resté presqu’une semaine. Là-bas tout parle d’elle, la mer immobile, les lacs gelés, le soleil illuminant la glace, un lieu qui exhale un parfum de bout du monde. J’ai même travaillé dans le bureau où elle avait tant écrit. La réalité d’un écrivain est à chercher dans ses livres, dit-on. Et Margueritte Yourcenar a fait de son œuvre sa vie et de sa vie son œuvre. C’est cette force d’écriture-là qui l’a menée à l’Académie française. Souvenez-vous de notre Confrère Jean d’Ormesson « Ce n’est pas parce que vous êtes une femme que vous êtes ici, sous la Coupole, aujourd’hui, mais parce que vous êtes un grand écrivain ». Son écriture avait tant de serviteurs : la culture, la mémoire… une fascination de la volupté, un orientalisme parfois exacerbé et une pensée assez universelle. Elle s’est coupée de tout pour être de partout : ni famille, ni communauté, ni patrie… qui la retienne, la sienne c’était l’humanité. Races, classes ? Elle voulait que la liberté des femmes soit l’égale de la liberté hommes mais le féminisme ne trouvait pas grâce à ces yeux. Un féminisme qu’elle trouvait trop politique, subalterne, réducteur presque raciste… FD. - L’ouverture de votre temple du savoir à la féminité intellectuelle est une rupture d’avec la tradition ancrée et voulue à l'époque par Richelieu. Non sans profondes divisions au sein de l'Académie d’ailleurs? Claude Levi Strauss y était farouchement opposé à l'origine ? JDB. – Les qualités solaires de Marguerite Yourcenar sont évidentes – ses chefs d’œuvre en attestent amplement lorsqu’elle s’introduit dans la mémoire d’Hadrien ou dans la vie de Zénon… un autre chef d’Œuvre (au noir). Mais bien d’autres femmes - cette troupe invisible d’académiciennes, avais-je dis un jour- auraient pu les y rejoindre : George Sand, ou Madame De Staël à qui j’ai consacré un de mes livres (Une singulière famille. Jacques Necker, Suzanne Necker et Germaine de Staël, Fayard 1999), Madame de Sévigné en sont de beaux exemples. La venue d’une femme n’en a pas moins constitué une remise en cause, une entorse aux traditions anciennes. Ainsi, craignait-on l'amorce d'une remise en cause générale des fondements de l'Académie. Il y a une certaine fidélité aux anciennes coutumes chez ceux qui pensent que l'Académie ne se porte bien qu’en demeurant ce qu’elle a été. Et qu'à rompre toutes ces habitudes, elle rompra son destin. FD. - Avec la venue de Léopold Sédar Senghor, père de la « négritude » de la nation sénégalaise,… la récente accession de Dany La ferrière, écrivain haïtien-québécois, dont nous avons dévoré la dernière livraison (« l’art presque perdu de ne rien faire »), la nationalité, l'origine, la territorialité ne sont plus des critères qui conditionnent l'occupation d’un fauteuil. Estimez-vous que ça participe quelque part à cette évolution ? JDB. A la vérité, l’Académie a toujours manifesté des signes de changement. L’Académie devait compter dès l’origine, tout ce que la France a de plus talentueux, tous corps sociaux considérés… mais la mainmise de l’Etat, du cardinal de Richelieu, l’entente entre la couronne royale et la pourpre cardinalice ont fait la part belle aux Hommes d’Eglise, et plus généralement à la Noblesse, ce que désignait ce qu’on a appelé le « Parti des Ducs ». Une majorité en remplaça une autre, le siècle des Lumières assura le règne des philosophes à l’Académie. D’Alembert, Voltaire, Maupertuis… et Condorcet. FD. - Le talent n’éclate-t-il pas les carcans académiques ?… Il y a également les incontournables hommes de lettres. Nos éphémères Confrères-avocat : La Fontaine, Boileau, Corneille… Et puis Racine… JDB. - L’écrivain. Oui bien sûr. Statut à l’époque supérieur s’il en est, à bien d’autres. A celui de comédien par exemple. La comédie est un genre moins noble que la tragédie qui magnifie l’antiquité gréco-romaine, l’exclusion de Molière, pour brillant qu’il soit, de l’Académie n’y
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est pas étrangère. Les lettres d’accord ! Mais pas toutes les lettres. Les romanciers seront longtemps mésestimés sans exception : si Châteaubriant ou Lamartine sont élus ce ne l’est pas en qualité de romancier. Ils puisent leur mérite ailleurs. C’est la poésie, l’histoire, la science, la politique qui ennoblissent… mais le roman vous n’y pensez pas. De la provient le cuisant étiage électoral de l’académie, les échecs cuisants de Balzac – qui glanera 4 voix au plus, de Zola qui s’y reprendra inutilement 24 fois, et d’autres injustement exclus comme Stendhal, Dumas père, Flaubert, Maupassant… FD. - Le cimetière des éconduits est peuplé de génies, c’est ce que Maurice Druon nomme la contre-académie, le fauteuil des grands absents inexcusables… le 41ème fauteuil ! JDB. - Ce n’est qu’au 20ème siècle, sous réserve de quelques rares contre exemples, que les romanciers ne seront plus persona non grata. Avec Mauriac, Maurois, Montherlant, Morand… FD. – L’Académie a abdiqué son dogmatisme littéraire, libéralisé sa composition jusqu’à l’entrée des femmes pour atteindre l’égalité académique. Cette même égalité, autrefois de façade, au nom de laquelle le roi offrit à tous les académiciens des fauteuils répondant à la requête du Cardinal d’Estrées qui souffrait des infirmités de l’âge et du coup de l’inconfort des chaises…et à laquelle Louis XIV accéda, prévoyant les conséquences d’un tel favoritisme… Vous confessez par ailleurs que l’habit est peu porté, même par les hommes de loi, soucieux de la règle comme vous… Mais par un pervers retour de balancier, l’Académie ne perd-elle pas son aura, pire son âme et son pouvoir d’influence ? Victime des libertés prises et contaminée par une étonnante permissivité qu’elle est… En négligeant enfin l’épée, l’uniformisation de l’habit, en tolérant l’évocation des tendances politiques, certains membres au passé peu reluisant en temps de guerre, en tolérant l’abord de tous les sujets, en ouvrant vos portes à « toute littérature » de Finkielkraut à … ? Ne participez-vous pas à la désacralisation de l’Académie…
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Sa sacralité fait aussi son lustre, son crédit… son immortalité. Et la fleur de l’écriture la boude désormais en partie… - Modiano, Le Clézio, deux prix Nobel, Pennac, Echenoz, à l’heure où la plume, le roman a paradoxalement retrouvé ses lettres de noblesse… et ses quartiers au Quai de Conti ? JDB. – Parfois c’est le contraire qui advient. On envisage toutes les raisons d'exclure un certain nombre de gens à cause de ce qu'ils pensent ou de ce qu'ils font. Et je crois de manière générale que c’est un peu fâcheux. Cela oblige, du coup, à prendre des gens de… je ne devrais pas dire de "seconde zone", c'est une expression impropre, mais de seconde mouture, parce que les plus grands ne viennent plus. L’Académie est, voyez-vous, bouleversée. Pas seulement par un vent de modernité, mais par un vent de changements, changement de la culture, changement des lettres, changement des lectures, changement de l'idée d'immortalité…, de nos rites. Maintenant, lors des candidatures à l'Académie, on ne sait plus qui est candidat. On lit sur le panneau, le jour où on vient pour l'élection qui est candidat, parce que même les visites, ils s'en sont débarrassés, les candidats. Enfin, quelques-uns les font, mais d'autres ne les font plus ou souhaitent être candidat pour être candidat… FD. – D’autres font campagne comme François Weyergans qui avait choisi Jean-Luc Delarue comme agent de promotion… "Ne pas déplaire aux autres fut pour moi un métier "dites-vous pour résumer votre enfance, dans votre autobiographie. Un des travers - qui guettent l’Avocat en général itou - de l'Académie, n'est-ce pas justement de vouloir plaire ? JDB. – Si l'Académie cherche à plaire, elle cherche à se moderniser. Bien qu’elle refusât ce mot, elle cherche à jouer un rôle dans la société moderne. C'est difficile pour elle de le faire. La défense de la langue française est son premier rôle. Mais cette défense ne suffit pas. Car il faudrait la défendre en France, la langue française. La défendre à l'étranger n'est pas suffisant. Il faut la faire rayonner, imprégner la culture de la langue française chez nous. On ne peut faire aimer une rose en travaillant uniquement à la rose. Il faut aller vers l’autre. Il faut ouvrir, apprivoiser l’œil (rétif), en éclaircir, en adoucir, en élargir la perception. L’action académique, en tant qu’outil pour épurer et faire étinceler la langue, est politique. La culture et la langue suivent un même sort. Car, en conservant notre vitalité culturelle (et non plus cultuelle hélas), il en ira de même de la langue, n’est-ce pas ? A une condition expresse : conserver son identité - son histoire, son patrimoine,...- d’exception. C'est compliqué et cela a trait à l'autre problème que nous avons déjà évoqué: l'Académie rend-elle encore de grands services ou est-elle un charmant vestige des temps anciens ? FD. – En ces temps troublés de délitement de l’autorité morale, incarnée jadis par l'autorité politique même gaullienne, l'autorité religieuse ou parentale ; le manque de foi, de ferveur est criant, de vrais débats aussi sur les grandes options sociétales, les fondamentaux ne faudrait-il pas investir à l'Académie - pétries de la sagesse et de l’expérience d’une vie- d’un rôle digne de son nom? En d'autres termes, la pourvoir d’un rôle d’organe faîtier, consultatif, sur grandes questions qui intéressent le devenir de notre société, qui puisse dire, avec le recul du temps, les grandes choses restant à accomplir ? JDB. – Ce que vous dites est tout à fait vrai. L'Académie aurait pu évoluer dans son rôle, dans ce rôle, c'était sa tâche, ce qu'elle n'a pas toujours fait. Etre, au contraire, un endroit où s'écoutent des gens qui portent la lumière sur les sujets qu'ils abordent. C'est très vrai ce que vous dites, mais ça n'a pas été l'évolution de l'Académie. Elle est devenue un réservoir d'écrivains sympathiques, chaleureux, brillants souvent, poètes, des gens de qualité ou de bonne réputation. J'en parle de temps en temps avec mon voisin à l'Académie, qui est l'ancien Président de la République Valéry Giscard d'Estaing, toujours brillant dans ses interventions. Il dit la même chose. L'Académie ne remplit pas son rôle. Bien qu’elle puisse changer de
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rôle. Elle n'éclaire plus, ne porte plus la lumière sur les problèmes qu'elle aborde. J'ai abordé dans ma vie un certain type de vérités qui me furent enseignées, vérités religieuses, vérités dogmatiques de toutes sortes, vérités patriotiques… mais la vérité je ne la vois que dans l'expérience, pas ailleurs. L’expérience, seule, est étincelante de vérité. Je ne l’ai pas rencontré ailleurs la vérité, voyez-vous. Elle aide à vivre, à prévenir, la vérité rencontrée une fois pour toute. Les deux manières de vivre: c'est la vérité ou la vanité. Ce qui est et doit être ou ce qu’on est, soi-même, devenu ou en devenir. La vanité dont on dit beaucoup de mal, est un grand secours pour beaucoup de gens qui s'aiment. Je vois beaucoup de mes amis qui vieillissent et ont la chance de vieillir avec la vanité. FD. – C'est un doux oreiller. JDB. – C'est un doux oreiller. La vanité, il faudra un jour faire son éloge (rires). C'est également une manière de vieillir. Mais on ne peut conduire idéalement un pays, sans la vérité, on ne l’aide pas à trouver, dans les brumes ou les vapeurs enivrantes de la modernité, le chemin qui mène au bien commun. Il y a entre la vanité et la vérité, entre le bien individuel et le bien commun, le même abîme… même si des ponts existent heureusement. Voilà ce qu’ignorent, ou feignent de ne pas voir, trop de décideurs, petits ou grands, le nez dans les affaires. L’académie a, pour cette raison, beaucoup à apporter à la Cité: la vérité de l’expérience, la hauteur de l’âge. Mais pour ce faire, l’académie doit bien choisir les siens, sa trajectoire, doit à travers la variété des avis, des tonalités, conserver ou dégager une vision commune, si elle veut l’imposer… et non se répandre en sens divers, en colloque singulier. Conserver sa force, suppose d’en préserver l’union et l’âme. FD. - Pour une « tribu », suivant l’expression d’Hélène Carrère d’Encausse, vous n’avez pas l’esprit de famille. D’Ormesson, Max Gallo (qui oscille entre la Mitterrandie et la Sarkozie), Finkielkraut, Rouart, Orsenna… Des voix, même politiques au sens noble du terme, raisonnent en ordre dispersé et l’Académie, grande muette, dépose les armes et n’est ipso facto plus entendue ? JDB. – On dessert notre cause si elle n’est pas communément défendue… Porter ensemble la lumière. FD. – Vous écrivez, dans "Le Pouvoir aux Français" (Grasset 1977) que les français sont dans la nuit. L'Académie n'est plus cette luciole, comme dirait Pasolini, qui éclairait la nuit de la modernité. L'Académie est-elle une locomotive qui mène la langue vers des cieux plus hauts et plus purs ou est-elle un wagon qui suit la modernité ? JDB. – Elle est un wagon qui suit. Néanmoins, un wagon de première classe (rires). FD. – S’ennuie-t-on à l’Académie ? Montherlant répétait à l’envi que c’était une corvée ? JDB. –. Pierre Moinot m’avait invité à rejoindre la Compagnie "mais si, viens, viens, tu verras, on s'y ennuie, on s'y endort, mais tu verras, c'est très bien" (rires). Il y a parfois de merveilleux discours et parfois de merveilleux éclats de rire. Le jour où je devais être reçu à l’Académie le 17 mai 1990. Cette date coïncidait curieusement avec celle de mon anniversaire et Pierre Moinot acheva son discours par une surprenante conclusion. S’il il y a quelque chose de plus sacré encore que la parole, précisa-t-il, s’est bien le chant. La tradition ne doit-elle pas triompher ici ? Aussi vais-je me résoudre à braver le ridicule pour chanter pour vous : « Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères, que ce jour vainqueur vous apporte le bonheur Que l’année entière vous soit douce et légère … ». L’Académie a accueilli cette petite révolution des usages car pour la première fois la péroraison d’un discours était chantée…
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Merci. Merci, pour ces instants rares, d'immortalité - fugacement - retrouvée en dehors desquels tout le reste n'est que du temps perdu (sans proustification aucune). La cuirasse de l'histoire se fendille, se brise ; touchée en son cœur, d'un coup d'épée magistral, par le Chevalier de la Langue que vous resterez, nous en sentons le pouls : la Langue française : béni soit celui qui (bien) y pense.
Avec mes respects et toute ma confraternité,
François Dessy
Texte Philippe Balleux
Pour un printemps féérique
Bouclier pour les damnés Blanc comme une arme Fol comme Goupil Et libre comme la flibuste Mais,… Mais envolé comme un baiser
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Nous vivons dans un monde où l’on préfère les outils aux instruments… Subtile décadence. J’ai donc utilisé un « outil linguistique » pour traduire « once upon a time », ce joli thème joliment suggéré par notre Dea ex machina. Tant qu’à aimer les étrangères langues, retournons au Latin. On dit qu’il vaut mieux avoir à faire à Dieu qu’à ses Saints. Dont acte, l’outil est plus lettré que le Littré. « Il était une fois, pour un printemps féérique ». Comme dans les contes de notre enfance, je me réveille doucement après une longue hibernation. C’est le parfum de la fleur nouvelle qui m’extirpe de l’indolence. Le réveil est lent à venir, comme si le sommeil était une esquisse que le peintre achève seulement par le souvenir. Je pense à Léo, car si le printemps est renaissance, il n’empêche pas de vieillir et de compter les pas qu’il reste à parcourir. « La barmaid avait dix-huit ans / Et moi qui suis vieux comme l’hiver / Au lieu de me noyer dans un verre / Je me suis baladé dans le printemps / De ses yeux taillés en amande ». Je me déride les muscles, j’ouvre un œil, je suis ébloui. Lâchement, je me retire dans la torpeur de l’hiver qui n’en peut plus. Etre assommé est peut-être plus simple mais, après tout, que choisit-on ? Le parfum des fleurs m’impose de revivre. Alors soit !
BAL
BAL
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Se lever, bomber le torse sans ressembler à un militaire, respirer à pleins poumons l’air du renouveau, s’enivrer de vin, de poésie et de vertu, s’enivrer du parfum des fleurs sans oublier la prière de la passiflore.
« S’il vous plaît, ne me cueillez pas Dans une heure, je serai fanée Si vous m’admirez et me laissez là D’autres pourrons aussi en profiter » Vous n’avez pas oublié quel est le fruit de la passiflore ? Où qui est-il ? Si ? Non ! C’est le fruit de la passion… Et puis, mais j’allais dire déjà, le réveil comme cadeau. Les cadeaux, ça se partage, venez mes amis prendre place à ma table, à l’ombre ou au soleil, il y a place pour tous et chacun, le vin va couler, les viandes vont griller, les cœurs vont chanter. Il sera une fois … Avant l’hiver prochain. Et un peu d’amour s’il vous plaît, c’est cela aussi le printemps, que diable ! Le printemps est là ! Il sera une fois, dix fois, cent fois plus amoureux que vous et moi… Avec, en plus, le fruit de la passiflore ! Pour les amis tristes qu’il faut réchauffer aux premiers jours frisquets de la saison nouvelle, nous dirons : « descends dans ton cœur et remonte nous des glaçons pour l’apéro ! » Aux autres qui font battre nos cœurs, et à tous d’ailleurs, car il ne faut pas casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre, nous dirons : « monte dans ton âme et descends nous des braises pour le barbecue ! » C’est cela la féérie, comme un enfant devant un feu d’artifices, découvrir un petit trésor mal caché… En être bouleversé.
Philippe Balleux
DISPONIBLE SUR GUERLAIN.COM
Texte Thierry BONTINCK
La tentation de
Casanova Thierry Bontinck est avocat au barreau de Bruxelles, associé et Managing Partner du cabinet Dal & Veldekens. Il est le père de trois enfants. Sa compagne est également avocate. Il aime le barreau et la profession d’avocat qui le passionnent. Le temps que son métier et ses enfants lui laissent le conduise vers la littérature, un peu de musique, les week-ends à la mer, les voyages et quelques bonnes adresses de restaurant partagées avec des amis chers.
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Medallion portrait of Casanova, done live in March 1788, engraving by Berka, used as frontispice for Icosameron (1788).
Il était une fois… un printemps féérique. L’actualité est oppressante. Dans nos lieux de vie, de culture, de recueillement, la barbarie s’exprime et revendique sa volonté d’anéantir les valeurs qui fondent notre raison d’être. Le ciel de janvier, puis de février est bas, l’obscurité interminable. Les prévisions économiques sont moroses, les jeunes déprimés, nous dit-on. Les clients sont exigeants, envahissants. La tête dans le guidon, on éprouve l’angoisse d’aller trop vite, de négliger le détail capital ou d’oublier l’échéance qui se rapproche. Et au milieu de ce contexte fort peu propice aux contes de fées, vous recevez l’appel de la dynamique rédactrice en chef du Journal des avocats qui souhaite obtenir de votre part quelques lignes sur « un thème de votre choix mais ayant, si l’inspiration vous en vient, un côté magique, féérique,… » Casting douteux ? Aimable plaisanterie ? Thérapie expérimentale ? Relevons le gant après tout et rêvons un peu de légèreté. Laissez-moi vous entraîner dans l’Histoire de Ma Vie. Pas la mienne, je vous rassure, mais celle d’un aventurier vénitien du XVIIIème siècle. Il y dix ans, presque jour pour jour je concluais ainsi le discours prononcé lors de la rentrée solennelle de la Conférence du jeune barreau : « Car entre deux dossiers éreintants, dans nos moments de doute, de tristesse ou d’inquiétude, nous avons le droit d’avoir envie de lui ressembler. De ne plus nous contenter de nous réfugier pour quelques instants seulement dans les petits bonheurs de l’art de vivre, mais d’en faire une raison de vivre. Trouver la volupté au-delà du tumulte… D’aucuns parlent de la tentation de Venise, laissez-nous celle de Casanova ! »1. 1. Discours de Me Thierry Bontinck, Tumulte et volupté, Séance solennelle de rentrée du 14 janvier 2005, Journal des Tribunaux, pp.41 et sv. Les propos de la présente contribution sont largement inspirés de ce texte. Voyez également dans la même édition du JT, la réponse de Me Myriam Kaminsky, et la conclusion de Me John Bigwood.
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Mais qu’y-a-t-il donc de féérique à évoquer ce débauché qui n’a rien inventé, qui ne s’est battu pour rien, dont l’existence s’est résumée à traverser la vie sans scrupule, goûtant à tous les plats, troussant les femmes mariées et les bonnes sœurs, volant leurs maris et se moquant de leur Dieu ? Je retiens deux raisons : L’Histoire de ma Vie est un très grand livre et Casanova a beaucoup à nous apprendre dans l’art complexe de la maîtrise de la légèreté. L’Histoire de ma vie , ce sont les notes d’un génial voyageur, de Riga à Naples, de Londres à Istambul, de Madrid à Saint Petersbourg. L’Histoire de ma vie, c’est un peu les Mille et une nuits de l’Occident. Deux mille pages de féérie où, à l’image du Vélasquez des Ménines, Casanova se représente, modèle et peintre à la fois. L’intensité de son existence en constitue la matière première. Le lecteur est confronté à un éternel jaillissement. Il saute comme un diable, change de pays, de profession, de femmes et d’amis, se trouve partout chez lui, avide de découvertes à venir et de plaisirs à ravir. Habité du sens de la fête et du goût des choses légères, il nous fait parcourir le vieux monde, de Cours en Palais, de ruelles sordides en claques de faubourg, nous faisant partager ses envies. L’Europe est son salon où seules les rencontres l’intéressent. Il croise Voltaire, Diderot, Da Ponte, Saint-Germain et bien d’autres, savoure l’Europe en trêve du XVIIIème siècle ou souffle l’esprit des Lumières. Libre comme l’air, il nous parle avec autant de passions de ces discussions avec Frédéric II de Prusse qu’avec les petites lingères rencontrées à Vienne ou à Turin. Il nous décrit avec le même bonheur, au gré de ses voyages, les tendres moments passés avec les petites putains de Vienne où les transports partagés avec les Comtesses, à Paris, ou à Venise. Casanova n’est pas un bel homme, ce n’est pas un séducteur. Mieux, c’est un amoureux qui succombe à rythme cadencé, tantôt aux charmes de la délicieuse Henriette, haute aristocrate française, comme à ceux de l’infâme Charpillon, perfide allumeuse, qui l’amène au bord du suicide. L’Histoire de ma Vie est tout sauf l’énième récit fantasmé d’un Don Juan vénitien. Il n’y rien de comparable entre notre italien, primesautier, bon vivant, et l’Hidalgo muré dans un catholicisme moyenâgeux, diabolisant la femme, ses sens et son être qui ne conduit qu’au pêché. Pas du genre « dix minutes, douche comprise ». C’est un tendre Casanova. Un esthète de la libido plutôt qu’un obsédé compulsif. S’il décrit peu les lieux et les monuments dans l’Histoire, Venise et Paris restent ses points d’ancrage. Comment le lui reprocher ? Venise surtout, bien sûr, le point cardinal de l’esprit, le joyau de la civilisation occidentale. On la quitte pour mieux y revenir. Lorsque Madame de Pompadour l’interroge sur son origine « Venise, vous venez vraiment de là-bas ? », la réponse casanovienne fuse « Venise n’est pas là-bas Madame, mais là-haut ». Venise est partout dans les pensées de Casanova, il la transporte durant ses aventures donnant raison à Serge Reggiani « Venise n’est pas en Italie, Venise c’est chez n’importe qui, c’est où tu vas, c’est où tu veux ».
2. L’édition complète des œuvres de Casanova est disponible dans la collection Bouquin : Histoire de ma vie, texte intégral du manuscrit original suivi de textes inédits, Paris, collection Bouquins, Robert Laffont, 1993, 3 volumes. Depuis 2013, on trouve enfin dans la Pléiade une version originale qui remplace la précédente version scandaleusement censurée au milieu du XIXème siècle : Casanova, Histoire de ma vie, vol.1, Editions de la Pléiade, NRF, 2013.
BON
Les villes fascinent Casanova. Pirate sans drapeau, c’est aux dimensions de l’Europe que la notion de sérail lui plait. Il intègre la diversité et la richesse de celle-ci. Il témoigne pratiquement tout au long de ces deux mille pages que le modèle européen se décline dans la diversité. Il est le premier européen en libre circulation. Les deux mille pages de l’Histoire de Ma Vie décrivent par l’expérience le refus de la pacification du savoir-vivre, d’une globalisation anesthésiante. Sans jamais se perdre en développements politiques, Casanova affiche par ses rencontres son refus d’un nationalisme obtus, de massification de la culture, de réduction des individus et de fanatisme religieux. Il est porteur d’un message qui malheureusement ne se retrouve pas à l’article 1 de la Convention européenne des droits de l’homme ou de la Charte des droits fondamentaux : celui du bonheur de vivre. Bien sûr, on ne trouvera pas chez Casanova de respectables combats pour la sauvegarde des valeurs dont il est avant tout un excellent consommateur : l’humanisme, l’égalité des êtres, la liberté, le respect de la raison et des diversités. Il ne s’est guère battu becs et ongles comme certains de ses contemporains tels Voltaire. Il n’a pas souffert dans son sang et dans sa chair comme les justes du siècle dernier. Mais avec quel talent et quel style ne les déclinent-ils pas ? Casanova est l’incarnation de la légèreté, celle qui nous manque tant au quotidien. Pas une vaine insouciance mais une fantaisie nimbée de raffinement. Attentif et désinvolte à la fois. Primum Vivere lance-t-il ! Rien ne pourra faire que je ne me sois amusé ! On ne peut qu’être attiré par la légèreté de Casanova qui se construit sur une liberté absolue, sans alibi et sans lien, le veinard, avec les contraintes d’une vie sociale ou professionnelle. Le monde lui appartient. Il dispose de la qualité suprême, la faculté d’adaptation, et lorsque s’adapter ne lui convient pas, il lui vient à adapter le monde tel qu’il voudrait qu’il soit. Il vit sans compte à rendre, léger comme un bouchon. Il ne recherche aucune forme de gloire, n’a d’autre ambition que celle de jouir et de dominer sa vie. « Quand est-ce qu’on s’amuse ?» lui lance le Prince de Ligne, son vieux complice. Toute contrainte est rejetée. Il n’est pas libertin, il désapprouve les codes du libertinage et son caractère systématique. Le plaisir est une question de rencontre. Il est plutôt conventionnel, pas de transgression à la Sade ou comparable aux autres grands débauchés de la littérature. « De l’audace, du goût, du feu, une table, de la nourriture, du vin, un lit et le sens du rythme ». Sa formule donne le ton. Un air chanté avec art l’enthousiasme, une conversation spirituelle donne au vin toute sa chaleur, un poème fait son bonheur. S’entretenir d’un livre avec un ami cultivé ou écouter la musique dans l’obscurité d’une loge, penché en adorateur vers une femme aimée, voilà qui accroit les charmes de l’existence : « Me sentant né pour le sexe différent du mien, je l’ai toujours aimé, et je m’en suis fait aimer tant que j’ai pu. J’ai aussi aimé la bonne table avec transport et passionnément tous les objets faits pour exciter la curiosité ». La légèreté n’autorise pas la médiocrité et l’imperfection qui le tétanisent. Il n’a que mépris pour les satisfaits de pas grands chose, les braves gens qui se complaisent dans l’ignorance. L’un de ses meilleurs biographes le qualifie d’un des hommes les plus instruits de son temps . Par contre, tromper le sot constitue un plaisir de fin gourmet dont il ne se prive pas. « C’est venger l’esprit que de jouer d’un imbécile » nous confie-t-il dans la préface de L’Histoire de ma vie. Si la fourberie est vice, la ruse honnête n’est autre que la prudence de l’esprit. Poussé par son tuteur à faire des études de droit et à devenir prêtre et avocat, ce qu’il fut effectivement quelques mois, il regretta ce choix, estimant qu’il ne lui permettait pas d’exercer à la perfection l’art de la duperie : « Si on y avait bien pensé, on m’aurait contenté en me laissant devenir médecin, où le charlatanisme fait encore plus d’effet que dans la profession d’avocat ».
3. J. RIVES CHILDS, Casanova, trad. Francis-L. Mars, Paris, JJ Pauvert, 1962, p.16.
le journal des avocats
Se réfugier dans la tentation de Casanova, une tentation sage finalement, éloignée de toute vraie transgression, c’est essayer quelques instants seulement de donner la priorité à cette singulière légèreté, à ce vrai rire profond et entraînant, qui n’est jamais vulgaire, s’il est parfois égrillard. C’est comprendre que la recherche du Bonheur est un naufrage mais que le bonheur est dans l’instant qu’il est loisible de prolonger ou de démultiplier.
Courez-donc, si ce n’est déjà fait vous procurer l’édition complète de l’Histoire de Ma Vie et, tiens, profitez-en pour réserver un week-end à Venise. A l’aube, en traversant le Grand Canal entre Piazzale et Douane des mers, puis en déambulant sur les Zattere pour admirer le réveil de la Giudecca, vous ne pourrez-vous départir de l’idée que le décor de l’Histoire de Ma vie est là, intact. A Venise la pièce est toujours rejouée. Vous êtes dans les pas de Giacomo Casanova.
Thierry Bontinck
BON
Texte Jean-Pierre BUYLE
Justice dans le palais
Ancien b창tonnier du barreau de Bruxelles
Panoramas stĂŠrĂŠographiques
Salle du conseil des avocats
Bibliothèque des avocats
le journal des avocats
Salle des pas perdus
BUY
Cour de Cassation Structure de la coupole
Balcon Cour d’assises
le journal des avocats
Le gouvernement n’aime pas ce palais de justice qui le gêne… Les autorités renient cet emblème du paysage bruxellois : les plafonds s’effondrent les uns après les autres, les arbres envahissent les façades, des échafaudages hideux étouffent de façon permanente cet écrin, les canalisations des égouts s’écroulent, les graffitis et les tags rongent les pierres de France … Le gouvernement a décidé d’affecter deux tiers de ce palais à autre chose que de la justice, mais sans savoir à quoi. La Régie des Bâtiments et la Justice n’ont aucune vision quant à l’avenir de ce bâtiment… Au lieu de le rénover, celles-ci préfèrent vider cet immeuble prestigieux en payant des loyers exorbitants à des promoteurs propriétaires d’immeubles containers, sans âmes, situés tout autour de la place Poelaert. La Fondation Poelaert a une autre vision de ce haut lieu du pouvoir judiciaire. Elle a élaboré un master plan pour le campus Poelaert. Ces idées ont été présentées à toutes les parties intéressées par l’avenir du palais. Après avoir récolté et centralisé la documentation historique du palais, il faut identifier les pathologies du bâtiment et les surfaces susceptibles d’être occupées. Il faut définir les besoins de la justice, distribuer et affecter les espaces disponibles du palais et du campus Poelaert. Pour le vieux palais, il faut donner priorité aux hautes Cours, aux juridictions et services qui sont directement en contact avec les justiciables (chaîne pénale, aide juridique, actes de société…). Le citoyen doit se réapproprier le palais sans exclure la présence de juridictions internationales. Ceci doit permettre d’établir une programmation et un véritable master plan Poelaert avec un budget réaliste. Tout ceci ne sera possible qu’avec une structure de gestion indépendante et efficace. Pourquoi ne pas créer une société anonyme de droit public ? Elle offrirait l’avantage d’être autonome et d’avoir une gouvernance mieux adaptée à la gestion du campus Poelaert. Ces idées ont été publiées dans un livre « Justice pour le Palais » aux éditions Filipson.
Jean-Pierre Buyle
BUY
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le journal des avocats
Ascenseur vers le dôme Salle d’audience
Salle solennelle de la Cour d’appel Galerie des bustes
Vue de la salle des pas perdus
Photos - Xavier Gerard - www.360pano.be
Texte Michel GRAINDORGE
Lettre ouverte à…
C'est avec l'accord reçu de Maître Michel Graindorge en décembre dernier que nous publions ce texte qu'il écrivit en 1998 pour son fils Robin ; il fut publié à l'époque dans un ouvrage de très haut luxe dédié à la promotion de Bruxelles et de Luxembourg édité par Myriam Robert.
le journal des avocats
Bruxelles, juin 1998
Madame, Vous n’avez pas 30 ans et vous êtes dans cette ville depuis deux jours à peine. C’est la première fois que vous venez à Bruxelles. Dans votre pays lointain, de légendes et d’acier, à Kyoto, dont parlait admirablement André Malraux, la Belgique est bien petite. Et Bruxelles, une ville peu connue, capitale – paraît-il – d’une Europe insaisissable et compliquée. Vous logez dans un hôtel paisible et au premier matin vous avez deviné les enluminures d’un Sablon tout ensoleillé. Bien sûr, la Grand-Place comme un chatoiement, comme un poème qui raconte tous nos métiers merveilleux et rebelles. Il y avait de la nonchalance et des rêves éperdus dans votre regard. Ma langue anglaise est approximative, la vôtre aussi, nous nous sommes dès lors tellement bien compris. Vous êtes belle. Vous marchez avec grâce. Votre visage d’amandes. Votre corps langoureux : Et par des rues d’antiquaires, dans cette chaleur de juin où « la sève est du champagne qui vous monte à la tête » je vous emmène au Palais de Justice. Je connais bien ce lieu où je plaide depuis plus de 30 ans. C’est un endroit magique. Et Mystérieux. Il est vrai, c’est le plus grand Palais de Justice au monde. Mais cette superficie est, à la limite, sans importance.
GRA
Vous avez une tradition impériale. Sans doute, Léopold II n’était-il pas un empereur mais un Roi singulier ; d’une audace intelligente, d’une foisonnante imagination. Non seulement le Cinquantenaire, les serres de Laeken ou le Musée de Tervuren mais ce Palais. Vous voyez cette entrée solennelle, cette tête de Thémis entre ciel et terre, ces grands escaliers à perdre haleine, ces hautes statues d’un Lycurgue, d’un Démosthène ou d’un Cicéron. Je vous explique, pas à pas. Vous souriez souvent. Vous prenez des photos. Parfois je vous touche la main, parfois l’épaule. Lentement nous allons d’une pierre à l’autre. Nous décryptons à l’extérieur de l’édifice ces lions ailés, ces taureaux ces faisceaux, ces colonnes doriques, ioniques, corinthiennes, assyriennes. L’architecte Poelart vous intrigue. Il y a de quoi. Cet homme portait des folies dans la tête. Au pied des bâtiments, le quartier des Marolles, le cœur savoureux de ma ville, des caricoles, son marché aux puces, son stoemp, son langage de Toone qui cette fois vous fait rire aux éclats. Le peuple des Marolles se révolta quand sur le « Galenberg » où l’on pendait jadis les criminels, il fallut ériger ce colosse de pierre lourde et de marbre subtil. Les portes sont ouvertes en cet après-midi de juin. Voici la salle des pas perdus. Il y fait frais. Des silhouettes furtives tout en noir. Des huissiers alanguis. A nouveau ces colonnes massives, ces frontons, ces enchevêtrements, cette arithmétique balbutiée, cette coupole, ce long miserere de ceux-là innombrables qui depuis plus d’un siècle viennent ici dans l’espérance. Nous nous tutoyons. Je le sais par nos rires et tes yeux. Par ta main dans la mienne. Par ta tiédeur de femme. Des couloirs à n’en plus finir. Des sous-sols innombrables. Des statues de femme publiques. Des drapeaux aux provinces flamboyantes de jadis. J’ai mis ma toge d’avocat pendant quelques minutes. Tu m’as trouvé impressionnant et comique comme un dignitaire shintoïste. J’aime bien cette toge, je te l’ai dit. C’est mon habit de liberté.
le journal des avocats
Parfois un magistrat, discret, peut-être efface. Beaucoup de bustes d’hommes illustres comme celui d’un Paul Janson, d’un bâtonnier Braffort. D’étonnants personnages à jamais silencieux, perclus de barbe et de moustache. Beaucoup de bustes même celui-ci sinistre d’un Edmond Picard. Comme Si les vivants voulaient exorciser les morts. Comme Si la mort, qui ne nous concerne pas, hantait parfois les couloirs à la nuit tombante. Aujourd’hui, du soleil à cache-cache, des frémissements d’ombre complice. La Justice c’est cela, tout cela, cet apparat surréaliste, cette démesure dans la cohérence, ce silence de fin d’après-midi où l’on se prend à rêver devant l’opacité de la Cour d’Assises, la rutilance de la grande salle de la Cour de Cassation, les petits tribunaux de police, les employés des greffes qui se hâtent pour prendre le train. Mais la Justice c’est aussi, l’amour, une passion têtue et sans doute raisonnable, un équilibre toujours fragile et toujours à recommencer. Parfois un apaisement, comme l’amour ; me dis-tu. Partout des symboles peut-être francs-maçons, égyptiens, sumériens. Belges en tout cas, mélangés, incohérents, bâtards aurait dit Sartre mais tenaces. Partout une exubérance toujours tempérée. En entrelacs, en Michel-Ange bruxellois, en surprises enfantines. Quand l’huissier ferme les lourdes portes de bronze derrière nous, tu me parles d’un temple. C’est vrai. Un temple éphémère, peut-être dérisoire, où chaque matin cependant battent les cœurs d’hommes et de femmes de bonne volonté. Ce soir là est déchiré par l’orage. Le Palais de Justice, presque familier, sans doute apprivoisé, entre lentement dans la nuit. Au rouge Cloître, aux portes de la forêt de Soignes, nous entendons la « Paloma ». Tu es plus douce que la Justice. Tu ne connaissais pas « Hiroshima, mon amour ».
Michel Graindorge Pour Robin
GRA
Texte Andrea Haas
Once upon the time in the East !
Andrea Haas a 48 ans, mariée à Patrick, ils ont quatre ados, Michael, Florence, Marie et William. Andrea Haas, qui eut le plaisir d'être Bâtonnier du barreau d'Eupen jusque septembre 2014, est aussi en association à Saint-Vith avec Guido Zians depuis près de 25 ans. Andrea Haas a écrit cet article qui lui tint à cœur pour Saint-Vith dont la destruction quasiment totale eut lieu il y a exactement 70 ans.
le journal des avocats
HAA
26. Dezember 2014
Wintermärchenlandschaft
Der Winter zieht seine weiche weiße Daunendecke über die Eifel. Die Sterne funkeln wie im Märchen der Sterntaler. An diesem Abend leuchten sie zauberhaft den vielen Menschen den Weg durch die klirrende Kälte. Der Schnee knistert unter ihren warmen Schuhen. Sie hasten frohen Mutes in die Kirche, die beschaulich im Herzen von Sankt-Vith liegt. In der Kirche empfängt sie wohlige Wärme. Sie rücken zusammen und sitzen dichtgedrängt im vollbesetzten Gotteshaus. Es werden noch Weihnachtswünsche in alle Richtungen ausgetauscht. Die Kinder kuscheln sich mit roten Schlafbäckchen dicht an ihre Eltern.
Stille Nacht, heilige Nacht!
Die Junge Philharmonie Köln ist in starker Besetzung nach Sankt-Vith angereist und spielt dem Fest und dem Rahmen gebührend auf; das Programm ist anspruchsvoll: von Strauß über Beethoven zu Mozart, gewürzt mit einigen zeitgenössischen Einlagen. Die dicken trutzigen Mauern scheinen alle Sorgen und jeden Kummer nach draußen verbannt zu haben. Ein wunderschöner, märchenhafter Abend.
le journal des avocats
26 décembre 2014
Paysage hivernal féérique
L’hiver recouvre l’Eifel d’un manteau doux et blanc. Les étoiles scintillent comme dans un conte des Sterntaler. Ce soir, comme par magie, elles éclairent le chemin de nombreuses personnes affrontant le froid extrême. La neige crisse sous leurs chaussures fourrées. Empreints de gaité, ils se hâtent vers l’église sise paisiblement au cœur de Saint-Vith. Dans l’édifice, ils sont accueillis par une douce chaleur. Ils se serrent les uns contre les autres ; les bancs de l’église sont tous remplis. Les vœux de Noël s’échangent de toute part. Les enfants ensommeillés se blottissent auprès de leurs parents.
Sainte nuit, douce nuit !
L’orchestre « Junge Philharmonie Köln » a fait le voyage vers Saint-Vith. Le programme a été choisi en respect avec le lieu et pour cette occasion solennelle ; il débute par Strauss, aborde Beethoven, rencontre quelques œuvres contemporaines et s’achève avec Mozart. Les murs massifs semblent bannir tous les soucis et chagrins. Une magnifique soirée toute en féérie.
HAA
26. Dezember 1944
Wintermärchenlandschaft
Der Winter zieht seine weiche weiße Daunendecke über die Eifel. Der Himmel ist erleuchtet von Raketen und Granaten. An diesem Abend leuchten sie schauderhaft den vielen Menschen den Weg durch die klirrende Kälte. Der Schnee knistert unter ihren schlechten Schuhen und läßt ihre Füße gefrieren. Sie hasten zitternd und angstvoll in die Kirche, die noch sicher im Herzen von Sankt-Vith liegt. Die kleine Stadt hat längst ihre Beschaulichkeit verloren. Der Krieg hat Sankt-Vith auf seiner Karte aufgestöbert. Die Panik treibt die Menschen in das Gotteshaus in dem verzweifelten Glauben, daß die Angreifer Halt machen vor dessen heiligen Pforten. In der Kirche empfängt sie Grabeskälte. Sie rücken zusammen und versuchen sich gegenseitig Trost zu spenden. Sie beten in Stille. Die Kinder klammern sich weinend an ihre Eltern.
Stille Nacht, unheilige Nacht! Die Bomben und Raketen stimmen ein fürchterliches Konzert an. Stunden voller Todesangst und Verzweiflung. Die dicken trutzigen Mauern halten die Sorgen und den Kummer nicht draußen. Die Kirche stemmt sich mit jeder Säule und jedem Balken gegen die widerlichen Eindringlinge. Verzweifelt versucht sie, ihre Schutzbefohlenen zu retten. Die Angriffe sind derart entsetzlich, daß das Gebäude zitternd nachgibt und durch ihren Einsturz zur Grabstätte für die Menschen wird, die in ihr Schutz gesucht hatten. Mehr als hundert Leichen von Frauen, Männern und Kindern werden aus den Trümmern der Kirche und der anderen Gebäude geborgen. Die Sanitäter finden erleichtert die ganz Kleinen schlafend neben den Leichen ihrer Eltern. Aus Erleichterung wird Grauen: durch die Druckwellen sind die Lungen der Kleinen geplatzt. Kein Märchen – ein grausamer Alptraum
le journal des avocats
26 décembre 1944
Paysage hivernal féérique
L’hiver recouvre l’Eifel d’un manteau doux et blanc. Le ciel est éclairé par les bombes et les obus. Ce soir, dans l’horreur, ils éclairent le chemin emprunté par de nombreuses personnes affrontant le froid extrême. La neige crisse sous leurs vieilles chaussures et gèle leurs pieds. Grelottants et apeurés, ils se hâtent vers l’église sise en sécurité au cœur de Saint-Vith. Depuis longtemps, la petite ville a perdu sa quiétude. La guerre a découvert Saint-Vith sur sa carte. La panique pousse les habitants vers la maison de Dieu dans le fol espoir que les attaquants reculeront devant les portes saintes. A l’église, ils sont accueillis par le froid des tombes. Ils se serrent les uns contre les autres et tentent de se réconforter. En silence, ils prient. Les enfants en pleurs s’accrochent à leurs parents.
Sainte nuit, funeste nuit! Les bombes et les obus entonnent un monstrueux concert. Des heures de désespoir et d’angoisse. Les murs massifs n’arrivent plus à éloigner la peur, les soucis et le chagrin. Avec chaque colonne et chaque poutre, l’église lutte contre les assaillants. Les attaques sont tellement intenses que le bâtiment cède et par son effondrement, devient la tombe de ses protégés. Plus de cent corps de femmes, d’hommes et d’enfants ont été retirés des ruines. Lorsqu’ils ont retrouvé les enfants endormis à côté des corps de leurs parents, les secouristes ont été soulagés. L’espoir a cependant très vite cédé la place à l’horreur ; en raison de l’onde de choc, leurs petits poumons avaient éclaté. Pas de conte de fée – un horrible cauchemar…
HAA
Sankt-Vith zählte vor dem Zweiten Weltkrieg rund 2.700 Einwohner. In den Weihnachtstagen 1944 starben dort Hunderte Menschen, davon viele Einwohner, jedoch auch viele Flüchtlinge. Jede Familie beweinte einen oder oft sogar mehrere Tote. Von den 600 Häusern blieben nur 9 Häuser unbeschädigt. Die Stadt lag am Boden. Keine Hilfe, keine Aufarbeitung der Traumata.
Nur die Zeit brachte Linderung. Heute beweinen wir die Toten nicht mehr, wir gedenken ihrer respektvoll und schauen positiv in die Zukunft. Sankt-Vith ist wie Phönix aus der Asche gestiegen. Historische Bauten sucht man vergebens, dafür sind aber viele neue Gebäude nach dem Kriegsende bis heute voller Mut und Tatendrang entstanden. Die Stadt steht in voller Blüte. Als Sankt-Vith damals derart am Boden lag, hätte man dies nicht für möglich gehalten, aber wie heißt es doch so schön: „Manchmal werden Wunder wahr“.
Andrea Haas
le journal des avocats
Avant la deuxième guerre mondiale, Saint-Vith comptait à peu près 2.700 habitants. Pendant les jours de Noël de 1944, des centaines de personnes, habitants et réfugiés, ont trouvé la mort à Saint-Vith. Chaque famille a pleuré la mort d’un ou, même souvent, de plusieurs des siens. Des 600 maisons, 9 sont restées intactes. La ville fut balayée, dévastée. Pas d’aide, pas de prise en charge des traumatismes…
Seul le temps a apporté l’apaisement. Aujourd’hui, nous ne pleurons plus nos morts. Avec respect et affection, nous nous souvenons de leurs vies et nous nous tournons vers l’avenir. Comme le Phoenix, Saint-Vith renaquit de ses cendres. Ici, il ne faut pas chercher des bâtiments historiques ; par contre, beaucoup de nouveaux immeubles ont été, avec courage, construits après la guerre et cet élan persiste. La ville rayonne ! Quand la ville de Saint-Vith était quasiment morte, personne n’aurait pu croire qu’elle revivrait. Mais comme on le dit si joliment ici : « Il y a parfois des miracles ! »
HAA
Texte Frédéric LAURENT
Vivons heureux en attendant la mort Frédéric LAURENT, avocat des pauvres et des plus démunis. Inscrit au Barreau de Charleroi depuis 1992. Orateur de rentrée en 2007. Président de la Conférence du Jeune Barreau en 2008. Président du BAJ de Charleroi depuis lors, sauf en 2011 et 2012. Revuiste, souvent, et rédacteur dans le Pli judiciaire. Non rédacteur dans le Pli juridique. ☺
le journal des avocats
Fichtre ! Me voilà cordialement mais fermement « invité » à scribouiller (n’ayons pas peur des néologismes) dans le Journal des Avocats par l’éditeur dudit Journal, tout ça parce que j’ai été recommandé par un administrateur d’Avocat.be que je ne nommerai pas, par respect, mais qui se reconnaîtra. Vous aussi, si vous êtes curieux, puisqu’il est du Barreau de Charleroi et qu’il n’y a qu’un administrateur carolo. Bref, scribouillons ! Le plus coton, c’est de choisir un thème. J’ai bien songé à mettre en perspective, pour démontrer que les médias sont imbéciles, la vague de fond causée par l’attentat contre Charlie Hebdo (la liberté d’expression prime toutes les autres valeurs) avec celle engendrée par le « tifo » du Standard de Liège, à peine dix jours plus tard (il y a tout de même des idées qu’on ne peut pas exprimer, merde ! ). Ce sera pour une autre fois : le sujet est tristounet et là, pour le coup, je suis d’humeur à rire. Puis, une lecture distraite des autres auteurs (ou coauteurs, en l’espèce) me donne à penser qu’il est de bon ton d’aborder des sujets un peu plus personnels.
LAU
Donc : Il était une fois Pierre Desproges. Petite bio pour commencer. Pierre a poussé son premier cri le 9 mai 1939, à Pantin. Élève moyen, sauf en français, il a entrepris des études en kinésithérapie un peu comme on « fait le droit » : parce qu’on n’a pas de meilleure idée. Il n’a d’ailleurs jamais massé fût–ce un orteil. En revanche, il a vendu ce qu’il avait rebaptisé des « contrats d’assurance–mort » et même des poutres en polystyrène expansé. Heureusement, il est un jour engagé en qualité de journaliste à L’Aurore où il tient la « Rubrique des chats écrasés ». Remarqué pour son humour caustique, il est devenu célèbre grâce à l’émission du « Petit Rapporteur », puis pour ses modules sur France Inter, ses interventions dans Charlie Hebdo, dans Cuisine et vins de France, ou encore pour ses inoubliables « Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède ».
Et de poursuivre : « Il est vrai que les Allemands, de leur côté, cachaient mal une certaine antipathie à l’égard des juifs. Ce n’était pas une raison pour exacerber cette antipathie en arborant une étoile à sa veste pour bien montrer qu’on n’est pas n’importe qui, qu’on est le En 1984 et en 1986, il a commis deux peuple élu, et pourquoi j’irais pointer spectacles truffés d’humour noir et de au vélodrome d’hiver, et qu’est-ce que second degré. Qui oserait de nos jours c’est que ce wagon sans banquettes, intituler un sketch : On me dit que des et j’irai aux douches si je veux… Quelle juifs se sont glissés dans la salle ? Dans suffisance ! » ce texte d’anthologie, Desproges déplore le fait que, pendant la dernière Guerre Alors, antisémite Pierre Desproges ? mondiale, de nombreux juifs ont eu une Que nenni, œuf corse. Dans le livre « la attitude carrément hostile à l’égard du seule certitude que j’ai, c’est d’être dans régime nazi. le doute », il est d’ailleurs revenu sur ce sketch et a admis qu’il était ambigu, sur le fil du rasoir : « d’ailleurs, les antisémites n’osent pas rire dans ce sketch… et les Juifs se croient obligés de rire ». Avant d’ajouter, de manière on ne peut plus claire : « l’antisémitisme, je comprends très bien, toutes les formes de racisme, je les comprends. Mais que des gens, des administrateurs justement, aient envoyé des gens par paquets de mille se faire occire au nom du racisme, c’est un truc que je ne comprends pas (…) je trouve ça fabuleusement inimaginable que des êtres humains puissent commettre ça. »
le journal des avocats pouffe à peine et, la présence, à mes côtés, d'un militant d'extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les Jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune audessus de la robe austère de la justice sous laquelle, je ne vous raconte pas. » Bon, je ne vais tout de même pas vous copier– coller l’intégrale de l’œuvre de mon ami Pierre Desproges. Ce génie de l’écriture, joaillier des mots, bâtisseur de phrases interminables bardées d’adjectifs méconnus et ponctuées d’adverbes onctueux, au point qu’il lui arrive d’oublier le début de son texte ainsi que le fil de son propos, ce génie, disais-je avant de On peut également rappeler sa brillante me perdre à mon tour dans d’inextricables intervention, sous la robe d’un Procureur méandres labyrinthiques, ce génie doit se de la République, au sein du Tribunal des lire, s’entendre, se regarder, s’apprécier flagrants délires, face à l’accusé Jeanà doses non homéopathiques, encore et Marie Le Pen. encore. « La présence de Monsieur Le Pen en Le nombre d’œuvres posthumes et ces lieux voués le plus souvent à la rémunératrices publiées depuis qu’il a avalé gaudriole parajudiciaire pose problème. son extrait de naissance le 18 avril 1988, en Les questions qui me hantent, avec un H témoigne. comme dans Halimi sont celles-ci : Premièrement, peut-on rire de tout ? Deuxièmement, peut-on rire avec tout le Pierre Desproges avait commencé l’écriture monde ? d’un troisième spectacle, qu’il n’a jamais pu jouer. Il était rongé par le cancer. Le dernier A la première question, je répondrai sketch qu’il a écrit s’intitule : « on n’est pas oui sans hésiter, et je répondrai même des bœufs ». Car les bœufs se laissent abattre oui, sans les avoir consultés, pour et puis « s’en vont paître dans les verts mes coreligionnaires en subversion pâturages, jusqu’à l’éternité, dont on nous dit radiophonique, Luis Rego et Claude pourtant que c’est dur, surtout vers la fin ». Villers(…) Deuxième question : peut-on rire avec tout le monde ? C'est dur… Personnellement, il m'arrive de renâcler à l'idée d'inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C'est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d'un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d'un terroriste hystérique, je
LAU
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le journal des avocats
L’Auteur explique alors que par un matin d’automne époustouflant d’insignifiance où l’agaçait un point de côté, il ennuyait ses docteurs au récit d’intérêt vicinal de ses chatouilles et grattouilles à la Knock–moi–le–nœud : «Bitenberg et Schwartzenschtroumpf ! C’était pas un point de côté, c’était un cancer de biais. Y avait à mon insu, sous-jacent à mon flanc, squattérisant mes bronches, comme un crabe affamé qui me broutait le poumon. Le soir même, chez l’écailler du coin, j’ai bouffé un tourteau. Ça nous fait un partout. »
Paix à son âme, en espérant qu’il ne soit pas occupé à se les geler sur un petit nuage jusqu’à la fin de l’éternité.
Frédéric Laurent
Pierre Desproges – Photo de couverture des Recettes culinaires (éd. Les Echappés)
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3 textes de Xavier MAGNEE publiés dans la Revue du 21ème Siècle de son regretté ami Guido Van Damme
Xavier Magnée ancien bâtonnier de l'Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles
le journal des avocats
1. L'an 2000 ? A mon avis... pas de sauve-qui-peut dans l'enfermement
1998 Le soir tombait. La taverne était noire de monde. « Taverne » était bien modeste. En fait, la mode ; un Carlton habillé en bar-tabac. Les branchés sont tous là. Et les Ferrari devant la porte, avec un voiturier, jeune de bonne famille, à qui on donne en confiance les clés de bolides à six millions. C'est qu'il est né là-dedans, avec un père génial qui travaille encore. Lui, il triple ou change d'école, moins génial sauf pour la planche à voile. Il avait fait chaud. « Trop chaud. Ici, Monsieur, on n'a pas le choix : les tropiques ou le pôle nord. Mais, vous allez voir, ca ne va pas tenir. On l'a annoncé. » Le maître d'hôtel soupira : « Enfin, l'essentiel est que tout aille bien. » Il marqua une pause, scrutant ma compagne un court instant, avec l'air à la fois enchanté et averti qu'ont les professionnels de l'hospitalité. Visiblement, elle avait passé l'examen. Pendant ce temps, le patron, que chacun se flattait d'embrasser, allait, venait, hurlait. Il avait une femme très belle. Qui faisait patienter les fournisseurs. Poursuivant la mise en train, l'homme qui me faisait l'honneur de me parler déclara, avec un
enthousiasme qu'il espérait communicatif : « Vous tombez bien ! » Si je n'avais pas le sentiment d'être tombé, au moins, c'est vrai, je me sentais bien. « Nous avons des pétoncles. C'est le moment d'en profiter ». Alors, ballet coutumier : la carte, le « petit menuvin-compris », les suggestions, le plat du jour (« on me dit à l'instant qu'il n'y en a plus »), l'éternel « vous prendrez bien un apéritif », « Non merci, nous l'avons déjà pris », et puis « poisson (« nous pouvons vous offrir du maquereau relevé de quenelles au Gamay ») ?, volaille ?, gibier ?, viande ? ». Nous avons esquivé la lotte aux petits légumes, pour adopter, de l'air le plus raisonnable, la salade folle et la cassolette des moutardiers. « Et une Beychevelle, une ! » Tant de simplicité sur le marbre, aux accents de l'accordéon, avait de quoi séduire le plus socialiste des ministres. Ma compagne piaffait. Les femmes, on pense souvent qu'elles sont futiles. Elles savent que nous
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le croyons. Nous ignorons qu'elles l'ont compris. « Et toi, tu donnerais tort aux Pakistanais ? » Je n'avais pas préparé ce genre de débat. « Sais-tu qu'ils ont conquis leur indépendance peu après l'émancipation de l'Inde ? Ils ont dû attendre le départ des anglais. Depuis, ce n'est pas la première fois que les indiens menacent de les bouffer. Moi, leur bombe, je la trouve plutôt sympa. Écoute, je ne sais pas quel âge tu avais au moment où de Gaulle... » Décidément, la salade n'était pas la plus folle. Prudent, je pris un air entendu. Elle jonglait, fourchette en l'air et nez bronzé. « Ça, c'était un type. Au moins, il a pris des mesures. Il a même fait semblant de prendre à son compte les décisions qu'il adoptait contraint et forcé ! Tu ne l'aurais tout de même pas imaginé expliquant aux français que son gaullisme était imposé par la bourse, le fond monétaire international, les EtatsUnis ou que sais-je encore ? Il décidait, là, tout seul, comme un grand. Il sortait les lapins de son chapeau avec un air évident, tout seul à la télé. Ses successeurs n'ont pas eu le même calibre. Ils se sont empressés de renverser la vapeur : ils ont tous imputé au monde extérieur la responsabilité de leur politique. L'Europe a eu bon dos. Et je ne te parle pas des immigrés et du pétrole. Ce n'est pas compliqué, quand le pétrole monte, tu paies ton essence plus cher ; quand il baisse, tu le payes toujours plus cher parce que ton ministre des finances, qui perd une base taxable, doit se refaire sur autre chose ». On était loin du Zoute.
Mon admirable universitaire était en verve. « Tu as déjà vu leurs programmes ? Aussi populaires qu'inefficaces. Tu les vois chanter l'économie douce pour se faire élire et puis geindre que pour respecter les trois pour-cent, il faut faire ceinture. Et encore, trois pourcent de déficit ... » Le déficit ne lui coupait pas l'appétit et, même, lui donnait soif. « On aurait pu prendre un rouge frais » Pauvre Beychevelle. « Vous n'auriez pas de la glace ? » Un cube triompha très vite du bordeaux. « Tu sais, nos gouvernants, quand ils ne sont pas accusés de pédophilie, ou de simple corruption, ils jouent à nous protéger face aux exigences du monde entier. Alors là, ils n'ont pas tort. Le marché extérieur... si tu songes un instant que les coréens trouvent leur main-d'œuvre trop chère et qu'ils délocalisent, tu imagines Cockerill ? » Je fis mon possible, comme un bon chrétien cherche la contrition parfaite. Non, je n'imaginais pas Cockerill. Je n'avais pas prévu cette soirée non plus. « Quel belge va encore vendre quelque chose à qui, sauf à un belge comme toi et moi ? » Je n'étais pas certain qu'elle me fît un compliment. « D'ailleurs, est-ce que ton costume est belge ? Ton stylo ? Ta montre ? Ta bagnole ? Ton fer à repasser ? Ton GSM ? » Coquine, elle ajouta, comme un défi : « Mais tu es mignon, tu connaîtras peut-être ton premier goût belge de la journée ». Allons, tout n'est pas perdu. « Et quand Dehaene te parle de rigueur budgétaire,
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tu râles. Tu es à la merci des démagogues. Mais la note sera pour toi... » Après m'avoir jeté un rapide coup d'œil quand je demandais un cure-dents, elle ajouta comme une aumône : « ...ou ton fils ». « Tu ne demandes pas mieux que de croire que la faute est aux banquiers, au blanchiment de la drogue ou aux conservateurs ». Les quatre japonais de la table voisine se régalaient de solettes de Zeebrugge. Ils ne se fiaient qu'au poisson. Le cours du yen, dont on avait bien tort de se rire, faisait la joie de leurs exportateurs. Nous aurons bientôt la plus belle Toyota pour le prix d'une Twingo. Je hasardai : « Quand même, si ca continue, on se retrouvera tous plus pauvres pour avoir voulu que les riches soient moins riches ? ». N'étant ni riche ni pauvre, je ne prenais aucun risque tout en sauvant l'honneur. Quel belge ne résiste pas à l'impôt comme il a résisté aux occupants étrangers tout au long de son histoire ? La cassolette passait bien. Quoi de plus beau qu'une femme avouant son appétit ? « Ne t'en fais pas pour les riches. Tu travailles, je travaille. Nous sommes beaucoup plus taxés que les grandes familles. Quelque part, j’en ai assez, comme toi, de donner mon argent à un état qui le gaspille. Regarde combien nous avons de ministères. Il faudrait plus de mesure dans le prélèvement et moins d'inconscience dans le budget. Je rêve d'une taxation qui ne frapperait pas,
dans la facilité, le cadre performant qui travaille douze heures par jour». C'était mon tour : « Tu sais, quand j’étais petit, je me faisais une idée folle de l'an 2000. ]'imaginais une ville propre, un ciel bleu, des fusées, et des citoyens intelligents œuvrant dans un univers qui aurait supprimé toute cause de mécontentement. Un ballet harmonieux de supermen et superwomen, beaux, grands, forts et généreux. En fait, en 1950, après la guerre, nous n'en étions pas si loin. L'avenir était glorieux, les pare-chocs étaient chromés, le stylo à bille et les jeans nourrissaient leur homme. La carte du monde était faite d'îles paradisiaques, forcément. Et si quelques colonies chahutaient, c'était anecdotique. On avait l'oeil braqué sur la lune ». Elle coupa : « Il y est allé sur la lune, ton Tintin. Et on se demande encore pourquoi. » Nous restions silencieux dans le vacarme. Le bruit d'un naufrage. Formions-nous ce dernier couple avant l'apocalypse ? Et si, au contraire, la somme de nos égoïsmes et de nos individualités fournissait enfin au monde l'idéal multiplié, dans la conscience qu'il n'y a pas de sauve-qui-peut dans l'enfermement ? Et que la main tendue apporte le salut aux quelques milliers d'enfants qui meurent de faim à chaque minute, pas si loin d'ici ? J'ai vu son regard, embué, croiser le mien. Milmoindix
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2.
Un jour, la justice 1998 Il n'y a pas d'ordre public, au sens usuel du Terme1, à moins que chacun n'y consente, voire n'y soit contraint. On dit bien que l'intérêt général serait la somme des intérêts particuliers. Mais qui n'a ressenti que ses propres initiatives, même légitimes, étaient aussitôt contrariées par quelque directive officielle, ou simplement le voisin, fût il un brave homme ? J'appelle Justice, tantôt l'ensemble des règlements qui me sont imposés, tantôt l'Administration qui veille à leur respect, et qui tend à sanctionner leur violation, tantôt les mécanismes qui disent le Droit et arbitrent les différends. Où allons nous ? Nos lois et règlements tenaient, voici à peine quarante ans, en un seul volume. Qui changeait peu, dans une société qui ne changeait presque pas. Sous la même reliure noire, un gros livre trapu tenait ensemble la Constitution, le Code civil, le Code de commerce, le Code pénal, le Code fiscal et aussi quelques lois à propos des contrats de travail et d'Emploi ne représentant pas un dixième
de l'ensemble. Aujourd'hui, les mêmes codes font quatorze volumes, ont des pages mobiles, font l'objet de constantes mises à jour : on légifère sur tout et sans arrêt. Je n'exagère pas. Prenons au hasard : l'indemnité en cas de perte d'un envoi recommandé, la location des bateaux de pêche, l'égalité des hommes et des femmes dans la fonction publique, l'identification des bovins, le sportif rémunéré, l'hypnotisme, les maîtres tailleurs, le sciage du diamant, le colorant de votre limonade, la gestion des déchets. Encore, "nul n'est censé ignorer la loi". Certes, notre Parlement, loin des questions de pure technique, agite aussi les grands principes. Faut-il légiférer sur l'avortement, les couples non mariés, la prison à vie, la répression du crime organisé, la santé publique, les pensions, allez-vous croire que nous soyons si différents des Italiens ou des Français et des Allemands, qu'il soit exclu de s'entendre sur un même texte ? C'est exclu. Il n'est jamais arrivé que, chez eux ou chez nous, le Parlement constate avec simplicité que le travail était fait, et bien fait, chez nos voisins et qu'il suffisait de recopier ?
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Jamais. Avec pour conséquence, à l'héritage lourd, que sur les moindres sujets éthiques ou moraux, l'Europe ne connaît aucune solution commune. Sur rien. Et toujours avec d'autres mots pour le dire. La mosaïque des consciences. Un habit d'arlequin. C'est que l'Union Européenne a sans doute pour vocation l'harmonisation des législations, elle ne frémit le plus souvent qu'à l'Économie, se montrant au contraire diablement frigide sur la morale. Il en serait autrement sans doute au Conseil de l'Europe, où la Cour des Droits de l'Homme assure le respect des libertés fondamentales. L'éclatement de l'URSS, cette façon pour nous d'avoir gagné la guerre contre les Russes, sans la faire2, a entraîné un vaste mouvement d'adhésion des pays de l'Est. Où nous trouvions au départ, en gros, l'Europe occidentale sortie de la deuxième guerre mondiale, a soudain succédé un club immense, disparate, aux traditions hétéroclites, n'ayant pour seul passé commun que la méfiance, dans l'arrogance bourgeoise des uns et l'appétit misérable des autres. Peu après la guerre 40-45 était née la conviction d'une ère nouvelle, sortie pantelante de persécutions raciales et de systèmes où les États forts avaient broyé l'individu. La Convention européenne des droits de l'Homme avait aussitôt été élaborée pour éviter qu'à l'avenir l'État puisse encore négliger l'Individu. Il se voyait garantir l'intégrité physique, la liberté individuelle, une justice équitable, une vie privée, un discours sans contrainte. C'est à peine si quelques circonstances, envisagées d'ailleurs comme purement théoriques, auraient permis d'y déroger : mise en péril de l'État, atteinte grave à la sécurité publique et autres désordres dont on ne voyait pas bien la naissance éventuelle. La révolution était aussi improbable que, pour un étudiant en droit, la mise en accusation d'un ministre; c'est vous dire. L'individu, fragile, était donc protégé face à l'État suspect. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, plus exactement le meilleur des petits mondes en expansion : l'Europe, celle de l'après-guerre. La nôtre. On a vu la jurisprudence de Strasbourg assurer à chacun le recours aux tribunaux, conjurer la peine de mort, assurer la liberté individuelle. L'État, d'où pouvaient surgir tous les dangers, était en liberté surveillée. Ou plutôt, en sursis. Mai 1968 fut pour l'Etat ce qu'avait été le christianisme pour l'empire romain3. En plein triomphe des idées reçues4, en pleine gloire de la bourse, là-même où de Gaulle avait établi le franc lourd, très lourd, un air de révolte venu de Californie, né de la honte du
Vietnam et d'un mouvement étudiant, un élan des jeunes avait balayé l'État, très vite récupéré par tous ceux qui, les poches pleines, décidaient de "faire l'amour, pas la guerre". C'était, paradoxe, la conjonction du ras-lebol et des cheveux longs. Et la pilule n'y était pas pour rien: les femmes avaient eu la leur bien avant nous. Il restera, sur la grève, les épaves après le gros temps comme, après Woodstock, les déchets. Des Rolling-Stones à la bande à Bader, il y eut cette démonstration que la musique n'adoucit pas les mœurs. Chefs d'entreprises de tous les pays, les coffres de Mercedes étaient bien remplis de vos restes assassinés. Et les rançons sanglantes. Mais très vite, quartiers de haute sécurité et cellules d'isolements faisant, l'étudiant convenable5 n'avait pas fini de crier "il est interdit d'interdire!" qu'il défilait déjà sous les bannières du Front National. Juristes et politiques prenaient la température de la société. "Madame se meurt, Madame est morte". Les bons esprits, ceux dont on considère au moment même qu'ils ont tort, s'effrayaient des lacunes du droit pénal, de l'inadéquation des poursuites face au crime. Un congressiste de suggérer au cours d'une classe de criminologie, qu'il suffirait sans doute de voter quelque loi frappant sévèrement et globalement "quiconque aura porté gravement atteinte à la société". Mais tel autre, moins oublieux, d'objecter que deux autres rapporteurs, issus de systèmes politiques neufs et forts, avaient déjà fait semblable proposition : c'était en 1937 et ils venaient, l'un de la Russie de Staline, et l'autre de l'Allemagne de Hitler. Aujourd'hui ? On protège l'État, fragile, contre l'individu suspect. Mais la foule n'est pas muette. La foule, c'est la marche blanche. C'est la presse d'investigation. C'est, contre un mur de palais de Justice, la fleur toujours remplacée au pied de la photo de jeunes enfants. La foule, c'est un gendarme qui cherche, un livre qui dénonce en même temps qu'un autre croit devoir apaiser. Qui manipule qui ? Milmoindix 1. Notre propos n'est pas ici d'évoquer les lois dites "d'ordre public" parce qu'elles s'imposent sans dérogations individuelles possibles. 2. Il est vrai que nous avons rarement gagné les guerres en les faisant, du moins nous-mêmes. 3. Cette audace n'est pas de moi. Pierre de Boisdeffre et Louis Pauwels ont défendu cette idée en 1977 à la tribune de la Conférence du JeuneBarreau de Bruxelles. 4. Se dit en général des idées imposées. 5. Convenable", c'est-à-dire "politiquement correct", mais avant qu'on invente la formule aux ÉtatsUnis.
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3.
Treizième Juré A Lilly Beaupain et Adrien Wolters qui nous ont devancés au-delà du miroir.
1996 Préface On en a l'habitude, oui, mais notre Palais de Justice de Bruxelles s'impose. Il est géant. Si les échafaudages en encombrent le sommet, il est moral d'y voir un symbole. Le colosse des autres a les pieds fragiles. Justice aveugle et qui frappe : souvent dur, mais pas toujours. C'est déjà un morceau de pénitence. Mais on l'aime, notre Palais de Justice. Ceux qui y vivent et qui en vivent l'approchent avec une familiarité affichée, faite de nonchalance et de quelque dédain. Comme les gens du cirque côtoient le tigre du Népal. Je l'aime bien, moi, ce tigre. Il a le mérite d'étonner les parisiens. Léopold Il, son père, oserais-je dire son «parrain», y voyait sûrement l'essentiel de ses qualités. C'est qu'il n'est pas superflu ( ni superficiel, quoique...) d'avoir une pensée pour le Roi bâtisseur (d'empire et d'arcade). Les membres du club en longent les couloirs secrets comme, j'imagine, quelque prêtre devait suivre les sombres allées de la grande pyramide. Ils sont chaque matin quelques centaines à se partager les rôles. Ne vous étonnez pas que chaque audience commence par l'appel du rôle. Des avocats, qui défendent «les veuves et les orphelins». Et des avocats qui se battent pour des bandits. « les défendre tous ». Et ceux, très enviés, qui assistent celui que chacun rêve d'assumer. «Tous» vous dis-je. Certes, du plus pur produit de la dépravation intellectuelle aux carnivores spontanés, on trouve de tout. Mais aussi des honnêtes gens. Beaucoup quand on cherche bien. Et puis, plus loin et plus haut...
Des juges qui jugent. Et qui supportent les avocats. N'est-il pas que tout accusé a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal impartial établi par la loi? De la simple Police à la suprême Cassation, même élan, même pureté, comme un chant grégorien dans un casino. Presque toujours. C'est parfois une rage qui les fait respirer. Une sainte colère, refrénée parce que l'addition de toute la matinée n'est pas forcément la récidive. C'est que les plaidoiries (trop courtes) n'excusent pas les discours-fleuves (trop longs). Et puis, les juges connaissent la musique. Au fond, la surprise seule peut faire échapper la grand-messe à sa liturgie. On guette l'évidence inattendue. Mais parle-t-on assez de celui qui travaille tard sous la lampe et qui dort mal? Qui s'inquiète et se torture à tel argument qui pourrait causer le pire? Qui gagne peu et porte fier? Se maintient dans sa propre considération et s'honore des enfants qui marchent bien? Vit au plus mal son bonheur, se saoule à donner des conseils et survit, certes, mais à peine aussi bien qu'il paraît? Porte l'image de la Justice comme on tient les cordons, dédaigneux pourtant que la procession mène à la mort? Ils sont mille et cents. Pas bien grands ni célèbres peutêtre, mais seuls et sans reproche. Ils sont frères et soeurs, ces juges, ces procureurs, ces greffiers, ces avocats, unis dans le malheur des gens. De ces gens qui passent mal une double porte battante déjà! Cette porte qui les expédie comme d'une poste ou d'une gare, et qui se perdent dans la machine qui gouverne tout, même les moeurs. Guido est l 'œil dans la tombe, qui me regarde. Il est serein. Une vie juge les autres. Un air pur venu de la tolérance. L'humanité fondamentale de cet ami ne nous est pas étrangère. Vous allez parcourir avec lui quelques allées du jardin. Et si le tigre vous inquiète, laissez-vous mener. Guido est encore le merveilleux père d'un jeune garçon né de l'amour et enfant de l'art. Guido sait prendre par la main, et ses leçons font la modestie de qui les reçoit. Sa douceur fait des miracles : voyez, le tigre ronronne. Milmoindix
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Texte Céline MOUTHUY
Pourquoi
les dessins animés de Walt Disney servent-ils de leçon de vie à 5 ans comme à 100 ?
Céline Mouthuy a 20 ans ! Elle habite à Soignies, dans le Hainaut. Elle est étudiante en 3ème année de droit à l’Université de Mons. Sportive, elle pratique le volley-ball en championnat depuis l’âge de 8 ans. Céline aime les moments en famille, car ils sont rares ; aime aussi beaucoup la lecture et avoir du temps pour elle. Ses amis disent d’elle que c’est une amie fidèle, toujours au rendez-vous pour remonter le moral et pour donner de bons conseils.
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Disney Store exterior view in Oxford Street, London. Disney Store chain was founded in 1987 and has 479 location Angelina Dimitrova / Shutterstock.com
Petits, les enfants restent pendant des heures devant la télévision à regarder encore et toujours les mêmes dessins animés de Disney. Les petites filles rêvent du Prince Charmant, les petits garçons rêvent d’être forts comme Hercule. Tous sont animés par la même chose que leur apportent les Disney : le rêve, l’évasion et l’insouciance de l’enfance. C’est d’ailleurs ce qui fait que cette partie de la vie soit, à mon sens, l’une des plus belles. Elle est caractérisée par une ignorance et une inconscience qu’entretient Disney à travers ses dessins animés. Toutefois, il faut comprendre que cette situation peut avoir pour conséquence que l’enfant, inconsciemment ou non, refuse de grandir, un peu comme dans Peter Pan. Les petites filles restent dans l’attente de leur Prince Charmant, et le message qu’envoie Disney peut, à cet égard, être négatif. En effet, dans la « vraie » vie, il ne suffit pas d’être une jolie fille pour être heureuse dans sa vie sentimentale. Pourtant, dans Disney, c’est possible…
Je vous propose d’analyser l’apport de Disney, tant du point de vue de l’enfant que du point de vue de l’adulte, pour comprendre pourquoi, quel que soit l’âge que nous ayons, Disney nous plaît toujours autant. D’abord, je considère que Disney contribue à la culture historique des enfants. Même si le dessin animé modifie souvent la gravité des évènements réels, les enfants pourront à travers Disney apprendre des passages importants de l’histoire. C’est notamment le cas dans Pocahontas, lorsque Ratcliff et ses hommes débarquent sur la terre indienne pour trouver l’or promis au Roi d’Angleterre. C’est également le cas dans Mulan avec l’invasion des Huns. Disney apporte également des connaissances sur la nature dans Bambi où l’enfant apprend qu’il y a des saisons et découvre le monde animal. Disney a un rôle éducatif auprès des enfants. En effet, il leur apprend que le mensonge est répréhensible, comme dans Pinocchio. Mais il n’y a pas que le volet « mensonge » à retenir de ce dessin
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animé. En effet, j’en ai repéré trois autres : ne pas se laisser entraîner par des inconnus (c’est ce qui a mené Pinocchio à désobéir à son père et à devenir un âne) ; écouter sa conscience (représentée par Jiminy Cricket) ; comprendre qu’un bon comportement peut être récompensé (la Fée bleue promet à Pinocchio qu’il pourra devenir un vrai petit garçon s’il se comporte bien) ; … Dans Bernard et Bianca, les enfants vont prendre conscience de la chance qu’ils ont d’avoir des parents, car la petite Penny est orpheline. A contrario, s’ils sont eux-mêmes orphelins, ils verront dans cette petite, une alliée dans leur souffrance quotidienne. De plus, comme le dessin animé termine bien, ils retrouveront l’espoir d’avoir eux aussi une famille. L’histoire des 101 Dalmatiens est assez marquante pour les enfants, qui voient en l’animal, en l’occurrence un chien, un ami, une source de bonheur et de complicité, et non d’argent comme le voit Cruella. Ils vont apprendre à travers ce dessin animé que les gens sont parfois prêts à tout quand il y a de l’argent en jeu, car il est évident que ce qui motive Cruella est la peau des dalmatiens pour s’en faire un manteau de fourrure. Finalement, Scar, le frère de Mufasa, dans Le Roi Lion, traduit, à travers l’assassinat de son frère, la trahison et la manipulation. Rappelons-nous, Scar avait demandé à Simba d’aller attendre son père là où un troupeau de gnous allait le piétiner. Mufasa, apprenant la mauvaise situation de Simba, s’est précipité pour lui venir en aide. Il a réussi à le sauver, mais ne pouvait survivre lui-même qu’à condition que du bord de la falaise Scar le hisse en sécurité. Au lieu de cela, il l’a poussé dans le vide, provoquant ainsi sa mort. Ensuite Scar, culpabilisant Simba, lui a suggéré de quitter la savane car personne ne lui pardonnerait d’être le responsable de la mort du Roi. Son plan visant à s’emparer du trône a très
bien fonctionné puisque Mufasa est mort, et Simba, suivant son conseil, est parti. L’apport essentiel de Disney est la leçon de morale à tirer du dessin animé. En effet, la plupart des Disney donnent une bonne leçon de vie et forment ainsi les enfants, mais également les adultes, à faire face à des situations auxquelles ils pourraient être confrontés dans la vie. Le dessin animé Rox et Rouky est basé sur l’amitié fragile et difficile entre un renard et un chien. Quand on est adulte et que l’on regarde ce dessin animé, on se rend compte que la relation d’amitié entre ces deux animaux reflète les difficultés que nous rencontrons en société lorsque deux personnes sont différentes. Je pense notamment aux cas de
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discrimination sur base de couleurs de peau ou de religions. C’est également la difficulté rencontrée par Tarzan qui, adopté par un gorille, doit parvenir à se faire une place au sein de la jungle, ou encore celle de Quasimodo dans Le Bossu de Notre-Dame qui est difforme et rejeté de tous. Dumbo incarne, le manque de confiance en soi, qui dès le plus jeune âge, peut se révéler être un obstacle dans la vie de tout un chacun. En effet, quel que soit notre âge, il est important d’avoir confiance en soi, ce dont manque cruellement Dumbo. Pourtant, il prouve qu’en la travaillant, on peut l’acquérir. Il prouve également qu’une fois cela fait, on se sent bien plus serein et plus fort pour affronter la vie. Certainement les enfants, mais aussi les adultes, ont toujours un favori parmi les personnages de Disney parce qu’ils aiment ce que celui-ci représente, ses qualités et ses valeurs. Dans Mulan par exemple, cette jeune fille part à la guerre pour en faire échapper son père, blessé et déjà âgé. Elle risque sa vie pour sauver la Chine, alors qu’elle ne devait pas partir se battre pour son pays. Ses valeurs principales sont l’amour pour sa famille, le courage et la détermination. Robin des Bois est un personnage également fantastique prenant énormément de risques pour voler aux riches et donner aux pauvres. C’est un personnage apprécié pour cette idée de « faire justice soi-même » car, à nouveau, dans le contexte du dessin animé, les impôts sont levés sur les pauvres pour que les riches deviennent encore plus riches. Le système mis en place par le Prince Jean
est loin d’être juste et c’est Robin qui contribue à rééquilibrer la situation. Dans Merlin l’Enchanteur, étant enfant, on y voit le côté amusant où Moustique (le Prince Arthur) est changé en poisson, en écureuil et puis en oiseau par Merlin qui se donne comme rôle d’éduquer le garçon. Mais une fois adulte, on se rend compte que la morale de Merlin l’Enchanteur est de faire comprendre aux gens qui ne partent de rien, qu’avec de la volonté, tout est possible. Moustique qui n’était qu’un domestique finit Roi d’Angleterre. Je voudrais terminer cette analyse par l’expression d’un sentiment général que j’ai après avoir (re) regardé les dessins animés de Walt Disney. Je trouve que la place de la femme y est prépondérante. En effet, quand on s’interroge sur le rôle des Princes, on se rend compte que leurs interventions sont minimes. Quand le Prince Philippe se trouve prisonnier dans le château de Maléfique, ce sont les trois petites fées qui l’en font sortir et qui le conduisent jusqu’au château où Aurore dort. Ce sont également elles qui enlèvent, obstacle par obstacle, les difficultés posées par Maléfique sur le chemin du château. Sans leur aide, le Prince n’aurait jamais rempli sa mission. Quant à Blanche-Neige, elle est très indépendante. D’ailleurs, le Prince ne fait son apparition dans
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le dessin animé que très rarement, et ce que les enfants retiennent plus que tout est l’intervention des sept nains pour éliminer la Méchante Reine. Eric, le bel humain dont tombe amoureuse Ariel, la Petite Sirène, se laisse embobiner par Ursula qui a pris la voix d’Ariel. A nouveau, sans l’aide de Sébastien et Polochon, Eric, à l’heure actuelle, serait marié à cette sorcière. Le Prince dans le dessin animé Cendrillon (dont on ne connaît même pas le nom si je ne m’abuse), n’apparaît que lors du bal et préfère envoyer son valet retrouver sa bien-aimée au lieu d’y aller luimême, ce qui aurait pu lui faciliter la tâche. Toutefois, il faut reconnaître qu’Aladdin n’est pas de ce genre. Certes, il bénéficie de l’aide du génie, mais venant d’un milieu pauvre, il est habitué à devoir se battre pour obtenir ce qu’il désire et c’est ce qu’il fait avec Jasmine : il persévère. Un autre homme à ne pas classer dans cette catégorie est sans aucun doute, le Prince dans la Belle et la Bête. Détestable au début, il met en avant ses qualités au fur et à mesure de l’histoire et gagne le cœur de Belle. Ce dessin animé montre aux enfants que les apparences sont parfois trompeuses et qu’il ne faut pas s’arrêter au physique.
Pour conclure, je dirai que chaque Disney est un monde à part, avec ses qualités qui font qu’on les apprécie. C’est le genre d’histoires qui correspond à tout âge et à toute catégorie de personnes : on peut regarder un film de Walt Disney en famille, en amoureux, avec ses amis, à 5 ans comme à 40 et bien plus tard encore ! L’approche sera certes différente, mais la magie sera toujours là…
Signature Céline Mouthuy
A stamp printed in the USA shows image of Walt Disney, circa 1990s - IgorGolovniov / Shutterstock.com A stamp printed by Grenada, shows Walt Disney characters, Bambi, circa 1980 - rook76 / Shutterstock.com A stamp printed by Congo, shows Pinocchio, circa 2007 rook76 / Shutterstock.com A stamp printed in Djibouti showing elephant Dumbo, circa 2009 EtiAmmos / Shutterstock.com A stamp printed by Congo, shows The Aristocats, circa 2007 rook76 / Shutterstock.com A stamp printed in Switzerland shows Snow White and the Seven Dwarfs, circa 1985 - Neftali / Shutterstock.com LOS ANGELES, USA - NOVEMBER 27, 2010: The Walt Disney concert hall in Los Angeles designed by Richard Gehry opened in 2003 CHRISTIAN DE ARAUJO / Shutterstock.com
- Un livre, un auteur -
Par Marie-Andrée Pieters
Quand tu seras à Proust La guerre sera finie Hubert Nyssen, Actes Sud, 2000, 435 pages
Marie-Andrée Pieters, née le 13 août 1960, est avocate au barreau de Bruxelles et traductrice littéraire.
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Il était une fois… Un dévoreur de livres que la Provence avait séduit. D'origine bruxelloise, il se fit naturaliser français. Il était une fois… Un homme de lettres qui les enseignait à Aix-en-Provence, à Liège aussi. Sous le ciel arlésien, il se fit éditeur. Il était une fois… Un écrivain venu du Nord qui s'était inventé une retraite d'éditeur à Escalles. Sur la côte d'Opale, il se fit épistolier.
Paul Leleu s'était fixé douze mois, entre deux caps, pour composer une épître. Une année durant, au rythme des marées, il allait se confronter aux Parques maîtresses des destinées. S'abandonnant au flux et au reflux de sa mémoire, de ses rêves et de son imagination, il se souviendrait, au Cap Blanc-Nez, de ses amis, de ses amours, des auteurs et des traducteurs qui avaient donné sel et sens à sa vie. Il se rappellerait les films et les musiques appréciées, les villes traversées, les livres lus et ceux qu'il aurait aimé éditer. Avec Caroline Martin. En une épître délicate et malicieuse où se succèdent par pudeur les mises en abyme, les contes à tiroirs et les aventures à rebondissements, ce fort en thème oserait-il, après bien des détours, faire à Caroline l'aveu d'une passion toujours intacte et platonique – enfin, presque ? Et qu'en, quand saurait la bien-aimée ?
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“À ses collaborateurs, à ses amis, à Trucheman lui-même, aux auteurs qui lui avaient accordé leur confiance et aux jeunes gens qui venaient lui soumettre leur premier manuscrit, à Caroline en dernier ressort, Leleu avait souvent affirmé que rien, ni les journaux, ni les archives, ni les témoignages, ni les lettres, ni les enregistrements, ni les films, pas même les mémoires, rien ne vaudrait dans les siècles des siècles, à l'heure des recherches sur notre temps, le testament romanesque laissé par chaque génération, et récemment encore il avait souligné, dans L'Art du roman, l'assertion de Kundera selon laquelle un romancier “est un découvreur qui, en tâtonnant, s'efforce à dévoiler un aspect inconnu de l'existence.” Voilà pourquoi, ce soir-là, à L'Aigle, ville d'aiguilles et d'épingles (elle lui trottait en tête, cette précision donnée par le libraire, et par la suite il n'avait plus pensé à ce bled ni même entendu prononcer son nom sans l'imaginer aussitôt comme une pelote hérissée de dards), à L'Aigle donc, Leleu avait eu le sentiment de n'être plus dans le réel, ni dans la vie d'une femme, ni même dans l'ivresse de la mémoire, mais dans un chapitre en cours, chapitre en train de s'écrire, du grand roman de Cyril Trucheman, chapitre qui n'aurait pu porter meilleur titre que le nom de son héroïne, “Suzanne Cantarel”, et en tête duquel lui, Leleu, s'il en avait été l'auteur, aurait mis en guise d'épigraphe les mots de Barbey d'Aurevilly [Les Diaboliques] qui lui étaient revenus : “Elle était belle ainsi, déchevelée, négligente, languissante à tenter Satan et à venger Ève !” ” ”… ces femmes dont Leleu lui proposait, avec une désinvolture de marchand de livres, non de faire la figure de proue d'un récit, mais l'attelage d'un char de carnaval, elles avaient été précédées par une, une seule, dont le souvenir était si insoutenable que toujours elle échapperait au gouvernement des mots. Par quoi Leleu avait soudain compris que son ami portait au fond de lui un terrible secret, et que la traduction le mettait à l'abri parce qu'elle lui accordait l'hospitalité parmi des mots déjà écrits, imprimés, et parce que, l'attachant par contrat aux livres des autres, elle le préservait de céder à cette basse complaisance, si commune chez le romancier, qui consiste, disait-il, à se soumettre aux exigences de l'écriture, et à lui abandonner des choses qu'on s'était promis, en commençant, de ne jamais lui donner en pâture.”
le journal des avocats
Hubert Nyssen (1925-2011) était écrivain et professeur de lettres à l'Université de Liège et à celle d'Aixen-Provence. Il a fondé les éditions Actes Sud en 1978. Élu membre étranger à l'Académie Royale de Langue et de Littérature française de Belgique en 1999, il succède à Anna de Noailles, Colette, Jean Cocteau, Jean Cassou et Alain Bosquet. L'Université de Liège, qui, en 2003, l’a promu docteur honoris causa, lui consacre un espace d'archives, le Fonds Nyssen. Pour en savoir plus : www.hubertnyssen.com/bio.php
Marie-Andrée Pieters
Dessin de Christine Nyssen - Le Boeuf 1965
PIE
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Nouvelle extraite du livre Nouvelles de Jean-Marc RIGAUX
d’Est
Prix Franz de Wever 2013 de l’Académie Royale de Littérature et de Langue Française de Belgique.
LE CERCEAU DE FEU
Jean-Marc RIGAUX, né en 1965, est avocat à Liège. Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles « C’était demain » publié aux éditions Murmure des Soirs (2012). Il est régulièrement édité, depuis trois ans dans la revue littéraire « Marginales ». Une des ses nouvelles policières a été publiée par la FNAC à l’occasion du concours organisé par le Festival International du Film Policier de Liège, en 2010. Il aime donner du rythme à son écriture et vous surprendra par son imaginaire.
le journal des avocats
Erich Maria Remarque écrivait en 1929 un roman pacifiste « A l’Ouest rien de nouveau ». Il ignorait alors le destin que son pays allait connaître. Son regard était tourné vers nous. Nous qui avons tendance à regarder vers le sud. La France. L’Italie. Il était peut-être temps de tourner la tête à droite. Vers l’Est. Son passé. Son présent. Son avenir. Neuf nouvelles qui frôlent le fantastique pour mieux restituer la réalité. Eparpillées dans une Allemagne aux limites incertaines, débordant parfois jusqu’ici ou ailleurs. Emaillées de femmes, d’hommes et d’enfants profondément ancrés dans leur (H)istoire mais qui auraient pu naître n’importe où, n’importe quand.
"La dernière fois que j’ai vu mon papa, c’était à Noël. Il avait eu une permission. J’étais allé à la gare de Dresde avec maman pour l’accueillir. Elle avait mis son beau manteau rouge après avoir passé des heures à se faire belle.... Aujourd’hui, je regrette mes bouderies, mon envie de garder ma maman pour moi tout seul. Papa. Je l’aime bien. Tant qu’il est loin. Je peux alors penser à lui comme je veux. L’imaginer en héros. Il tue tous les méchants bolcheviques pour sauver ses camarades et pour planter le drapeau au sommet des églises bizarres avec des bulles en or comme toit (c’est papa qui me l’a raconté). Il est décoré par le général de la division qui lui dit qu’il est le meilleur élément (je ne sais pas ce que ça veut dire mais c’est encore lui qui a dit ce mot-là). Seulement, quand papa est arrivé à la gare, ce n’était pas lui. Un vieux type, aux dents cassées, avec un sale manteau sans décorations, m’a soulevé, m’a embrassé (c’était dégoûtant), m’a serré trop fort. J’ai tout de suite pleuré. Après, maman a mis ses bras autour de lui et a beaucoup pleuré aussi. On pleurait tous. Mais je crois bien que ce n’était pas pour les mêmes raisons.
Il y avait beaucoup de monde sur le quai. Maman a dit au vieux type qu’il y avait de plus en plus de réfugiés à Dresde. On y entend tous les accents du pays. Surtout de l’Est. Ceux qui fuient la Prusse Orientale. « Les russes approchent », disait-elle. Et le bonhomme, il n’a rien dit. On a traversé la gare, au milieu de vieilles femmes avec des foulards sur la tête, chargées de valises en carton et d’enfants crasseux. Certains me regardaient. Comme pour demander quelque chose sans le dire avec des mots. Ça me mettait mal à l’aise. On est sortis de la gare et on a pris le tram pour rentrer à la maison. Quand on est passé près du Zwinger, maman a dit au vieux type qu’ils étaient venus vider le musée de ses tableaux pour les mettre à l’abri. Et il a répondu : « Ils n’ont rien d’autre à faire ?
RIG
Dresde ne risque rien ». Maman a eu l’air rassurée. Le tram passe au-dessus de l’Elbe qui miroite, dans son eau, les beaux monuments qui sont sur sa rive. C’est maman qui me l’a fait remarquer une fois. Je ne l’ai pas oublié et je regarde toujours l’eau, à chaque fois qu’on passe sur le pont. J’étais de mauvaise humeur quand on est arrivés. Le vieux m’a alors demandé comment ça allait à l’école ? Je l’ai regardé d’un oeil noir et je lui ai dit, je ne sais toujours pas pourquoi : « Ce ne sont pas tes affaires, popov ! ». Pourquoi « popov » ? Je ne sais pas. Peut-être parce que je m’imaginais les russes vieux et sales. En tous cas, j’ai ramassé une « aramelle » dans la figure dont je me souviens encore. Maman m’a mis au coin. Et pendant tout ce temps, j’ai pleuré en marmonnant que je ne les aimais pas, que c’étaient des méchants, que j’étais tout seul et que je me débrouillerais bien sans eux. Puis, j’ai fini par ne plus y penser et j’ai regardé les boules du sapin tournant sur elles-mêmes, consteller de jolis reflets le mur et le plafond qui étaient au-dessus de moi. On aurait dit des flocons de neige enflammés qui tournoyaient dans tous les sens. C’était beau. Maman est venue me rechercher. Elle m’a grondé encore une fois, mais moins fort. Sa colère était passée. Elle m’a fait promettre d’être sage maintenant. J’ai promis. Papa est alors apparu au bas des escaliers. Il était rasé. Il avait mis son bel uniforme, celui avec sa croix de fer. J’ai foncé vers lui. Je lui ai demandé pardon. Il a dit « mon petit Karl-Heinz » et on s’est collé l’un à l’autre. On a passé un Noël formidable. On a beaucoup ri. J’ai eu un beau cadeau. Un avion en bois que papa avait fait lui-même dans du bouleau de Prusse Orientale. Je n’ai pas compris ce qu’il a voulu dire quand il a parlé de l’avion. — C’est peut-être bien le seul qu’il nous reste. Il s’est assombri un instant. Je suis resté avec eux plus tard que d’habitude. Papa est venu me mettre au lit. Il m’a dit que je devrais être gentil avec maman et surtout être très fort parce que j’étais le garçon de la famille et je devrais vite devenir un homme. Je n’ai pas bien compris mais il m’a donné un gros bisou et il est parti. Il y a un mois, en rentrant de l’école, maman avait le visage tout allongé. Ses yeux étaient noirs comme de la suie. Elle tenait en main une lettre. Je ne sais pas encore bien lire mais j’ai vu qu’il y avait une croix gammée sur l’enveloppe et une plaque de métal dans le fond. Elle m’a pris par les épaules. Elle m’a regardé très fort. — Papa a pris l’avion. Un plus gros encore que celui qu’il t’a fait pour Noël. Il vole dans le ciel. Il a décidé
de rester dans l’avion. Il n’atterrira plus. J’étais fier. Papa était dans un avion. Il volait et surveillait l’Allemagne. C’était un héros. Je ne savais pas pourquoi ça rendait maman triste. Tous les jours, sur le trajet de l’école, je regardais en l’air pour voir si l’avion de papa ne venait pas me dire bonjour. Mais le ciel restait vide. Maman savait que papa voulait m’emmener au cirque Sarrasani sur la Carolaplatz. — C’est le dernier jour du Carnaval. Je vais te faire un costume de diable et on ira au cirque Sarrasani, m’a-t-elle dit ce matin.
C’est fantastique. Je ne suis jamais allé au cirque. Je rêve depuis longtemps aux clowns à nez rouge, aux chevaux multicolores, aux éléphants que rien ne peut renverser, aux tigres féroces et surtout à l’homme-canon. Ça m’a toujours intrigué l’hommecanon. Maman m’habille avec un collant en laine rouge, un pull-over rouge, une cagoule rouge sur laquelle elle colle deux petites cornes en bois rouge. Elle ajoute une queue en corde rouge qui se finit par un petit triangle en papier rouge, des bottes rouges, un trident avec le manche du petit balai surmonté de trois dents découpées dans un râteau usagé.
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Elle me dessine une moustache recourbée avec un bout de charbon noir. Elle m’attache une pèlerine par-dessus. Il fait encore froid en février. Je suis un vrai diable. Elle met son manteau rouge, le même que celui qu’elle portait quand on est allé chercher papa à la gare à Noël. Elle est toute « pomponnée ». Le tram est bondé. Plein d’enfants sont déguisés comme moi. En princesse. En grenouille. En soldat. En ours. En sorcière. En fée. Les parents discutent joyeusement. — On sent bien qu’ils veulent oublier la guerre, fait maman. Je lui donne la main quand nous sortons sur la Carolaplatz. Je me sens indestructible, tout seul avec elle. Comme si j’étais un grand. Elle m’emmène d’abord visiter la ménagerie, au bord de l’Elbe. Il y a tout plein d’animaux. Maman dit que le cirque Sarrasani a voulu faire une arche de Noé. Elle m’explique que c’était un grand bateau pour sauver toutes les sortes de bêtes. Je n’ai jamais vu de girafes. Elles sont tellement hautes qu’elles pourront dire « bonjour » à papa quand il passera avec son avion. Et puis, elles ont de grands cils. Ça leur donne un air gentil. Les éléphants m’ont fait peur. Ils sont comme des maisons. Ils ne sont qu’une trompe qui bouge dans tous les sens. Ils ont une grosse chaîne à la patte. On les a attachés à des poteaux métalliques. Maman me tire pour aller vers les cages. Elle voit bien que je suis impressionné. Les singes sont bizarres. Ils nous ressemblent mais ne sont pas comme nous. Une petite fille rit en leur lançant des cacahouètes qu’ils regardent tomber devant eux sans bouger. Il y a aussi des lamas. Ce sont de drôles de bêtes. Maman dit qu’ils crachent quand ils sont fâchés. Pourvu qu’on ne les énerve pas ! Les tigres sont les plus beaux animaux du monde. J’ai envie de les prendre dans mes bras. Ils ont l’air tout doux et puissants en même temps. Avec eux, je me sens en sécurité même quand ils baillent et montrent leurs longues dents. Je ne dis rien. Je suis enchanté. Je n’ai pas envie de faire le sot. Crier, sauter, trépigner comme les autres enfants. Maman me sourit. On va acheter les billets. Le cirque Sarrasani n’est pas une tente de toile mais un vrai bâtiment en briques avec un toit rond, comme le ventre de maman avant que mon petit frère n’aille au ciel, lui aussi. Mais pas en avion. Nous avons des places au deuxième rang, tout
près de la piste. On voit vraiment bien. Je dois faire attention de ne pas abîmer ma queue fourchue en m’asseyant. Devant moi, trois filles sont déguisées en lapins. Maman demande à leur mère qu’elles baissent leurs oreilles. Elles le font et se moquent mutuellement d’elles-mêmes. Elles applaudissent alors que le spectacle n’est pas encore commencé. Je regarde maman. Elle semble un peu perdue. Ses yeux ne bougent pas mais quand elle se rend compte que je l’espionne, elle me sourit et me dit qu’on va bien s’amuser. Monsieur Loyal a un habit rouge avec des épaulettes dorées à franges et des broderies et des boutons… On dirait un super-général. Tout de suite, on monte des cages devant nous. On fait rouler de grands tabourets ronds en cercle. Le dompteur et son assistante saluent. Puis ce sont les tigres. Ils avancent lentement. Ils paraissent dire « j’ai bien le temps ». Un peu comme le chat qui gratte pour rentrer puis, quand on lui ouvre la porte, hésite, fait mine de rester dehors puis se décide enfin. Au ralenti. Ils sont tous accroupis sur leur sautoir. Le dompteur ouvre la gueule de l’un d’entre eux et y introduit sa tête. Il écarte les bras. Il est en danger de mort mais fait semblant de ne pas le savoir. Il allume alors un cerceau de feu, fait claquer son fouet et les tigres, chacun leur tour, sautent et traversent l’anneau en plein milieu. Pas un poil de roussi. Ils visent juste. En plein dans le mille. Ils ne ratent pas leur cible. J’aime leur élégance au moment où ils volent, tout tendus. Ils ouvrent leurs mâchoires. On dirait qu’ils nt manger le feu. C’est tellement beau. J’applaudis très fort.
RIG
On démonte les cages et deux clowns entrent en piste. Ils montent deux ânes et crient « hi-han ». Ils ont un nez rouge. Une grande bouche peinte en rouge. Un grand noeud papillon rouge. Ils rient très fort mais on voit bien que ce n’est pas pour de vrai. Ils ne font que des catastrophes et pour toute réaction, ils ne savent que dire « ha-la-la ». Il y a ensuite des trapézistes qui font des sauts en l’air et puis se rattrapent. On croit qu’ils sont perdus mais un autre les sauve toujours. Plein de numéros se succèdent. Je gigote sur ma chaise. Maman me dit de faire attention à ma queue de diable. Moi, j’attends avec impatience l’hommecanon. Il fait une entrée triomphale. Il lève les bras vers le ciel pour indiquer que c’est là sa destination. Il a une longue cape rouge. Un masque rouge. Des gants rouges. On apporte le canon. Je n’en ai jamais vu. Papa m’a raconté comment fonctionnent les canons sur le Front Est. Je n’aurais jamais imaginé une machine de cette taille. L’hommecanon grimpe longtemps sur une échelle avant de pénétrer dans le fût. On ne voit plus que son masque rouge. Il fait un petit signe avec son gant rouge puis disparait complètement.
Le tambour roule de plus en plus vite. Pourtant, c’est curieux, c’est comme si j’entends un deuxième roulement derrière le premier. Un roulement plus sourd qui vient d’en haut. Du ciel. Une fantastique détonation envoie l’homme-canon sans qu’on puisse le voir tant il est propulsé, en un éclair, sur un petit balcon aménagé juste sous la coupole.
Il n’a pas le temps de saluer la foule que les sirènes hurlent dans les haut-parleurs. Tout le monde se lève en même temps. C’est la panique. Ce sont eux. Je les ai reconnus. Les avions. Papa est avec eux. Je dois le voir. Je me libère de l’emprise de la main de maman. Je fonce sous les tribunes. On empêche les gens de sortir. Grâce à ma taille, je me faufile dehors. Je débouche sur la Carolaplatz. Des fusées tombent et éclairent Dresde comme en plein jour. C’est magnifique. La cathédrale et les palais baroques sur l’autre rive sont tout blancs, comme s’ils étaient morts de peur. Moi, je n’ai pas peur. Papa est là. Dans les avions dont le bruit est maintenant assourdissant. C’est à cet instant précis que tout a changé. Je ne suis plus un enfant. Je suis un diable. Un vrai diable. Avec une vraie moustache qui puise ses racines au fond de mon corps. Avec une vraie fourche qui fait mal. Avec de vraies cornes qui sont émoussées à force d’avoir servi. Le cirque Sarrasani explose dans mon dos. Le souffle me projette au sol. Je me relève sans douleur. Par-delà le fleuve, un chapelet d’échos pulvérisateurs décompose la pâleur des immeubles en une blancheur plus intense, avant de rougir d’un coup. Les débris qui volent dans un désordre jubilatoire retombent dans une poussière noire. L’Elbe n’est plus qu’une saignée reflétant les flammes qui la bordent. Elle charrie des glaçons qui se dépêchent de gagner l’aval sans quoi la chaleur des brasiers les fera fondre aussi sûrement que la graisse des corps que j’entends crépiter dans le cirque derrière moi. Ma mère s’y consume. Je n’y pense pas. Subjugué par cette féerie qui ne laisse rien intact. Tout s’effondre. Je me construis. Soudain, à travers les châssis incandescents du Sarrasani, les tigres bondissent sur la place. Rien d’inhabituel pour eux, sinon qu’ils ont exécuté leur numéro sous la férule des pilotes de Lancasters et non sous celle de leur dompteur. Ils déambulent sans cage, les yeux grésillants de vie. Babines retroussées. Canines apparentes prêtes à mordre les cendres qui tournoient dans l’air raréfié. Etrangement, je n’ai jamais respiré avec autant d’aisance. Mes poumons brûlent et m’inspirent le plus doux des supplices. Les éléphants ont dû réussir à forcer un passage par l’arrière. Ils contournent l’immeuble dont la peau se décolle peu à peu pour laisser entrevoir
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la structure de son squelette. Ils font face aux tigres. Les animaux s’arrêtent, se jaugent un long moment. Les fauves s’écartent en grimaçant. Les mastodontes se dirigent vers moi. Ils m’évitent. M’ont ils reconnu comme un des leurs avec mes défenses sur mon crâne ou sont-ils terrorisés par le diable ? Des lamas les ont suivis. Ce sont les seuls pompiers en vue. Ils retiennent cependant leurs crachats et paraissent converser entre eux, au mépris du danger qui les cerne. Ils s’éloignent vers les berges. La ville a rosi leur pelage d’une teinte satanique. Deux singes s’accrochent à un réverbère. Ils semblent hurler. Je le vois à leurs mimiques grotesques et presqu’humaines. Je suis pourtant imperméable à leurs cris couverts par la plainte des fournaises régnant sur l’horizon à perte de vue. Je n’ai pas vu les girafes. Elles ont probablement péri. Trop proches du ciel. Je ne saurais dire combien de temps s’est écoulé jusqu’à la deuxième attaque. Je suis trop émerveillé devant la cathédrale, le dôme et les Palais se tendre la main par la grâce de la violence des foyers. Lorsque les bombes tombent, sans bruit, dans les brasiers, je crois apercevoir quelques silhouettes tentant de s’échapper des caves et de rejoindre des espaces ouverts. Une tornade de feu les soulève. Les corps carbonisés battent des ailes à plusieurs mètres de haut avant de choir, vaincus, dans les ventres de lave qui se sont ouverts partout. J’ai été la dernière vision d’un pauvre type qui courait vers moi. Je tente de me représenter cette ultime image imprimée sur sa rétine. Un petit être cornu, fourchu, immobile au milieu des tigres ronronnants, auréolé d’un ciel vermillon. Quelle transition vers l’au-delà ! Quant à moi, mes sabots sont scellés sur les dalles de la place. Je ne m’envole qu’en pensées. Au petit matin, les premiers sauveteurs n’osent pas m’approcher. Le plus téméraire m’enjoint de venir vers lui. Je secoue la tête en signe de dénégation. Il n’est pas question que je rate le bouquet final. De fait, au milieu de la journée, dans une dernière salve, les forteresses volantes lâchent leurs chapelets de dragées sur les morceaux de façades trop fiers pour s’être écroulés. Imaginer ces petits points, tout là-haut, restés serrés les uns contre les autres avant de se séparer et de se dire adieu pour accomplir chacun sa mission, n’est pas dénué de poésie tant que l’on ne constitue pas leur destin.
Le soleil est au zénith. Il n’éclaire rien. Sous la fumée noire qui enveloppe tout, les seules lumières sont les dernières flammèches qui regrettent leur éloignement mutuel. La charpente en charbon de bois qu’était le Sarrasani répond par des craquements aux singes qui n’ont pas bougé de leur perchoir et que je commence enfin à entendre brailler. Sous la cendre orange et grise, les petites fées et les petites sorcières n’ont pu utiliser leurs ailes et leurs balais. Seul le diable campe sur ses deux jambes. J’ai aujourd’hui soixante-quinze ans. Je n’ai plus jamais remis les pieds à Dresde. J’ai été évacué vers l’Ouest avec d’autres orphelins, avant l’arrivée des troupes soviétiques. J’ai grandi dans un sanatorium requalifié. La vie n’était pas drôle. Je me consolais en regardant le ciel bleu et en espérant leur venue. Ma motivation était forte. Sans bourse d’études, j’ai tout de même réussi ma formation de technicien sur moteurs d’avions. Les forces d’occupation américaines m’ont engagé à l’aéroport militaire de Wiesbaden. J’ai pris ma retraite il y a quinze ans. J’habite encore par là. Tous les jours, je vais errer du côté de l’aérodrome reconverti dans l’aviation civile depuis la chute du mur et le départ des soldats. Les avions ont évolué. C’est avec nostalgie que je me souviens du bourdonnement sourd des Lancasters. Enfin ! Le diable m’attend peut-être là-haut ….
Jean-Marc Rigaux
Ecrire : déposer du charbon de bois ardent à la pointe du crayon et consumer son lecteur
RIG
Texte Pierre Sculier
Printemps manqué d'une poétesse russe
Pierre Sculier est inscrit au barreau de Bruxelles depuis le 1er octobre 1977. Il a fait toute sa carrière au sein du cabinet Baker & McKenzie. Il a été membre et secrétaire du conseil de l’Ordre et, durant cinq ans, administrateur de l’OBFG. En juin 2014, il a été élu dauphin de l’Ordre français des avocats au barreau de Bruxelles. Pierre Sculier est également juge suppléant au tribunal du travail de Charleroi.
le journal des avocats
A l'entame de cet article, je prends le risque de décevoir Mme Myriam Robert-César, notre éditrice. Je lui avais en effet promis de faire une contribution sur la littérature russe et je vais vous entretenir du roman d'un écrivain français, Simon-Pierre Hamelin, intitulé "101, rue Condorcet Clamart" et publié aux Editions de la Différence en 2013.
Plantons le décor. L'histoire se passe dans un faubourg de Paris en 1931. "Ce n'est pas la ville, ce n'est pas la campagne. Ni arbre fier, ni bâtiment d'architecture". Une famille d'immigrés y habite un appartement au numéro 101 de la rue, dans un immeuble gris et impersonnel qui ne peut cacher la pauvreté de ses occupants. Cette famille qui lutte contre la misère vient de recevoir un pli officiel, dans une enveloppe grise elle-aussi, envoyé par un huissier annonçant qu'il va venir saisir … Voici un décor que nul n'aime et les avocats moins que personne ! Qu'ils assistent le créancier ou le débiteur, ils ont à cœur d'éviter d'aboutir à pareille situation. Devrait-on fermer ce livre ? Ce serait oublier le rôle du romancier. Comme l'a dit Patrick Modiano dans son discours à l'Académie suédoise : "J'ai toujours cru que le poète et le romancier donnaient du mystère aux êtres qui semblent submergés par la vie quotidienne, aux choses en apparence banales - et cela à force de les observer avec une attention soutenue et de façon presque hypnotique". Reprenons donc le récit. L'originalité est que l'auteur va donner tour à tour la parole au fils Mour, à la mère Marina, au père Sérioja, à la file Alia et au clerc d'huissier Marcel Doureau. Vous aurez compris que le drame est vécu par une famille d'immigrés russes. Le fils, choyé par sa mère, décrit l'inquiétude de celle-ci. La voyant toujours "noyée dans de grands cahiers bleus", il voudrait partager ses jardins secrets, connaître l'odeur du sorbier, le bois de bouleaux de Taroussa," partir et quitter la tristesse lourde de cette banlieue-là".
SCU
La mère, Marina, est rongée d'inquiétude, attend le retour de son mari avec d'autant plus d'impatience qu'elle a omis de lui révéler l'existence du pli d'huissier. Elle voudrait revoir Moscou et les bois de Taroussa, ne plus jamais quitter la poésie dont elle remplit ses cahiers bleus. Elle n'est autre que la grande poétesse russe Marina Tsvetaeva. Le père, bien qu'ayant combattu aux côtés des russes blancs, veut rentrer en Russie et voit dans cet incident raison de plus de chercher leur bonheur sous le sorbier et dans les bois de Taroussa. La fille Alia, dans sa jeunesse, tente de ramener gaité et optimisme même si "ici tout est prison, esprits, ciels et horizons bas". Le clerc d'huissier sera saoulé de vodka et de souvenirs et espérances de Russie. Il finira même par dire "qu'ils aillent se faire foutre les huissiers" et souhaiter aussi partir dans ce pays qui n'existe pas, la mystérieuse et terrible Russie des soviets. La saisie n'aura pas lieu; le clerc, dans un état ne lui permettant plus de dresser un acte, sera enfourné dans un taxi par le père et la mère. Ici s'arrête le roman mais pas l'histoire.
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Marina Tsvetaeva a vécu dans cette banlieue quatorze ans. Elle y a connu la pauvreté et des relations difficiles avec la communauté russe exilée. Mais, comme l'a décrit Henri Troyat dans une biographie qu'il lui a consacrée (Marina Tsvetaeva, l'éternelle insurgée, Garant, 2001), elle était d'un tempérament tempétueux, brisant les tabous, les règles, les interdits, ce qui lui a permis d'écrire une poésie nouvelle. D'un caractère entier, elle ne savait que haïr ou adorer. Pour Marina Tsvetaeva et les siens, le printemps était de fuir leur misère du faubourg parisien et de retourner en Russie. Ce vœux a été exaucé; ils sont tous quatre rentrés en Russie en 1939. D'abord, le père et la fille qui ont été arrêtés. Ensuite Mour et sa mère. Mour a été embrigadé dans l'armée ; sa mère y a découvert une misère encore plus sombre que celle qu'elle avait connue rue Condorcet Clamart. Elle ne se faisait pourtant aucune illusion en retournant en Russie. Il en est fait état dans le roman. N'avait-elle pas écrit dans un poème en 1917 : "Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera, Je connais ce mystère sourd-muet Que dans la langue menteuse et noire Des humains - on appelle la vie" (publié dans le recueil "Les nuits sans celui qu'on aime") Acculée par la misère, elle a fini par se suicider le 31 août 1941, en se pendant à un crochet planté dans le plafond de la pauvre isba qu'elle habitait. S'était-elle enivrée de l'odeur du sorbier retrouvée ? Avait-elle pu à nouveau flâner dans les bois de Taroussa ? Nul ne le sait. Mais les arbres sont toujours présents dans son œuvre. Peut-être aura-t-elle connu son printemps comme elle l'a écrit dans un poème écrit le 7 mai 1923 : "On avance - au bout, la victoire mortelle. Les arbres ont gestes de tragédie. … On avance. Le ciel se fait porte cochère. Les arbres ont gestes de triomphe". (Les Arbres, Edition Harpo &, 2013).
Pierre Sculier
SCU
Texte Dirk VAN GERVEN
Les attributs
du secret professionnel
Dirk Van Gerven a été bâtonnier de l’Ordre néerlandais des avocats au barreau de Bruxelles du 1 septembre 2010 au 30 août 2012. Durant son bâtonnat, le barreau de Bruxelles a crée la fondation Poelaert, qui a comme but de promouvoir la destination de justice du Palais de Justice de Bruxelles. Il est également président du conseil de surveillance de la FSMA, Vice-Président du CEPANI et associé dans le cabinet d’avocats NautaDutilh, situé à Bruxelles.
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tous les éléments nécessaires à sa propre défense. Le secret professionnel fait donc partie intégrante des droits de la défense. Alors qu’il est généralement présenté comme l’une des prérogatives de l'avocat (pour utiliser les mots de mon maître de stage, le bâtonnier Antoine Braun (dans son livre La profession de l'avocat qu'il avait écrit avec l'ancien bâtonnier, Me François Moreau)), le secret professionnel est aujourd’hui, plus encore qu’auparavant, une obligation envers le client.
Le secret professionnel de l'avocat est non seulement un droit, mais c’est également un devoir. Lorsqu'il est interrogé par les autorités au sujet des actes de son client, l'avocat peut se retrancher derrière le secret professionnel auquel il est tenu pour refuser de répondre aux questions et ceci même s’il est délié de ce secret par son client. Envers son client par contre, l’avocat est strictement tenu à l'obligation du secret professionnel et doit donc nécessairement garder confidentiel les informations que son client lui aura confiées. Dans un monde qui plaide pour la transparence et où garder secret des informations est considéré comme contraire à l'intérêt de la société, le secret professionnel est une composante importante dans la mission de défense qui incombe à l'avocat. Il est essentiel de recourir à un avocat, spécialiste du droit, pour assurer sa défense. Or, si l’avocat peut être contraint à divulguer les informations qui lui ont été communiquées par son client, ce dernier n’aura pas la confiance nécessaire pour lui confier
Autrefois, le secret professionnel était considéré comme faisant partie de la profession d'avocat. Aujourd'hui en Europe, il s'agit d'une modalité des droits de la défense. Le client peut en disposer librement et peut, dans l'intérêt de sa défense, instruire son avocat de divulguer certaines informations qui lui ont été communiquées. L'avocat qui ne peut marquer son accord avec la divulgation des informations devra se déporter. Le secret professionnel couvre les informations échangées entre le client et son avocat. Ces informations restent couvertes par le secret même si elles sont rendues publiques sans l'accord du client ou de son avocat. Ainsi, les informations obtenues par le piratage du système informatique du bureau de l'avocat par une autre partie ne pourront jamais être utilisées en justice. Le juge devra écarter de telles informations dérobées sans en prendre connaissance. Tout ce qui précède est bien établi et généralement connu. Mais la question est plus vaste.
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L'avocat doit disposer des moyens nécessaires afin de maintenir le secret professionnel. S’agissant d'une obligation résultant des droits de la défense et relevant de la bonne organisation de la justice dont l'avocat est un élément essentiel, les autorités doivent quant à elles également s’assurer que l’avocat disposent de ces moyens afin de respecter le secret professionnel. L'infrastructure de la justice doit être adaptée de manière à ce que l'avocat puisse exercer sa mission dans le respect du secret professionnel. Ainsi, les palais de justice doivent être construits de telle sorte que les avocats puissent s’y entretenir avec leur client en aparté, sans que des tiers puissent entendre leurs conversations. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans les prisons, les avocats peuvent rencontrer leur client dans des locaux isolés ne permettant pas aux tiers d'écouter ou d'enregistrer leur conversation.
des bâtiments situés autour de la place Poelaert rendent impossible toute conversation privée. Dans l’architecture du nouveau palais de justice d'Anvers, le gouvernement a heureusement tenu compte de la nécessité d’avoir des espaces réservés aux discussions entre avocat et client. Ceci dit, ce n'est toujours pas ainsi. Dans le cadre des interrogations Salduz, l'avocat doit pouvoir conférer avec son client avant l'interrogation par le juge d'instruction. Toutefois, dans la plupart des cas, ces consultations doivent avoir lieu dans les couloirs étroits situés devant le bureau du juge d'instruction. Une telle situation est contraire aux règles d'une bonne justice. La construction de bâtiments judiciaires comprenant de grandes salles et de vastes couloirs est essentielle pour le maintien du secret professionnel et pour le respect des droits de la défense.
Dans les palais de justice, les salles d'attente et les couloirs doivent être suffisamment spacieux pour permettre à l’avocat et à son client d’entretenir une conversation privée. Des couloirs étroits, à l’instar de ceux de la plupart des nouveaux palais, ne permettent pas d’atteindre cet objectif.
L'avenir de la justice supposera une informatique moderne et efficace, permettant une communication rapide et la consultation de banques de données comprenant la jurisprudence, la doctrine ainsi que les dossiers avec les pièces à conviction.
La salle des pas perdus du grand Palais de Justice de Bruxelles est un endroit idéal pour la préparation de la plaidoirie car elle permet à l'avocat et à son client d’y préparer la défense ensemble et en secret. Il en va de même des larges couloirs de ce palais. Une raison de plus - un argument pour un défenseur de ce palais, et sans doute la raison de cet écrit - pour restaurer ce palais tout en le réservant à la justice. Par contre, les couloirs étroits
Sans doute dans l'avenir, lorsqu’il sera possible de naviguer sur Internet sans se fatiguer les yeux et que l’accès y sera rapide et structuré, le juge et l'avocat communiqueront par le biais de ce réseau informatique et y consulteront leurs dossiers. Dans un avenir qui n’est peut-être pas si lointain, juge, avocats et parties pourront assister à une audience virtuellement, sans devoir se déplacer vers une salle commune au palais de justice.
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Dans cet avenir proche, le client consultera son avocat via internet, et leurs communications se feront uniquement par Internet. A l’heure actuelle, un grand nombre d'avocats sauvegardent tous leurs dossiers et toutes leurs recherches dans leur système informatique. Un nombre grandissant d’avocats sauvegardent ces données dans le cloud (le « nuage» en anglais), aussi appelé « infonuagique », qui est généralement considéré comme une plateforme sur internet, mais qui désigne en réalité le stockage d'informations sur un ou plusieurs serveurs dans une autre localisation, et dans la plupart des cas, localisés dans un autre pays. L'information - peu importe où elle se trouve - qui est le résultat de l'échange entre le client et son avocat, ou celle qui a été rassemblée suite aux recherches de l'avocat dans le cadre de la préparation de la défense de son client, est protégée par le secret professionnel. Encore faut-il que personne ne puisse y avoir accès. Il est donc indispensable de prévoir les moyens nécessaires pour rendre cette information inaccessible aux tiers.
Bref, le secret professionnel, notion de l’ancien temps, est d'actualité aujourd'hui plus que jamais auparavant. Le droit et les autorités doivent prendre les mesures nécessaires pour que dans un monde qui se veut moderne, transparent et efficace, des moyens adéquats soient mis à la disposition des avocats et des parties afin de conserver le caractère secret de l'information échangée entre un client et son avocat, et de garantir son inaccessibilité aux tiers.
Dirk Van Gerven
VAN
Nous tenons à remercier tout spécialement Madame le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats néerlandophones de Bruxelles, qui, malgré une surcharge colossale de travail, a offert sa contribution en néerlandais au journal des avocats. N.D.E.
Texte Kathleen VERCRAEYE
De advocateneed meer dan ooit actueel
Plus que jamais le serment d'avocat est d’actualité Kathleen Vercraeye est Bâtonnier de l’Ordre Néerlandophone des Avocats de Bruxelles depuis le 1 septembre 2014 pour une période de deux ans. Avocate depuis 1986 au Barreau de Bruxelles, Kathleen Vercraeye travaille en groupement avec Jean Marie Mommens, Bernard Nélis et Bérenice Van den Bogaert et est membre du réseau Advoring.
le journal des avocats
Het is de traditie dat een Stafhouder de stagiair toespreekt bij de eedaflegging die begin september telkens weer gebeurt, naar aanleiding van de mercuriale, in aanwezigheid van de staande en zittende magistratuur. Ik heb de talrijke stagiairs bij die belangrijke stap naar het actieve beroepsleven gewaarschuwd : Advocaat zijn is meer dan een job, het is iets wat je bent. Daarmee parafraseerde ik de woorden van hoogleraar advocatuur aan de universiteit van Amsterdam, advocaat Britta Böhler,. Ik ben het hiermee volmondig eens. Mijns inziens vindt je die houding terug In de advocateneed. De advocaat zweert “getrouwheid aan de Koning, gehoorzaamheid aan de grondwet en aan de wetten van het Belgische volk; en niet te zullen afwijken van de eerbied aan het gerecht en de openbare overheid verschuldigd, en geen zaak aan te raden of te verdedigen die hij in eer en geweten niet rechtvaardig vindt. Dit is de tekst van artikel 429 Ger. Wetboek.
Het afleggen van die beroepseed is bij ons en de meeste ons omringende landen een voorwaarde om tot de beroepsgroep toegelaten te worden. De tekst van de Belgische eed is 180 jaar oud. De woorden zijn niet meer van deze tijd en bemoeilijken het besef van de betekenis ervan. Naast de woorden zijn ook de boodschappen en zelfs de waarden die in de tekst van de eed vervat zitten, in de loop der tijd geëvolueerd. Het hoeft dus niet te verbazen dat men regelmatig oppert om de tekst te wijzigen. 120 jaar geleden al overwoog de Raad van de Orde van de Balie van Brussel om de eed van de advocaat te beperken tot “Je jure de remplir en conscience mes devoirs d’avocat”. Dit sluit overigens aan met wat de Duitse advocaten zweren.
Die eed legt de advocaat af zoals de wet het wil, met name op voordracht van een ervaren advocaat, de stagemeester, in bijzijn van de Stafhouder van de Orde en op vordering van het openbaar ministerie, dus de Procureur generaal bij het Hof van Beroep.
Een toelichting bij dat artikel over de eed in het Ger. Wetboek - dat ondertussen ook al bijna een halve eeuw oud is - leert dat de eed van de advocaat, ontdaan van overbodige uitweidingen, de klare aanduiding bevat van de elementaire opdracht van een advocaat: raadgeving en bijstand, met eerbied voor de autoriteiten, de rechtbanken en de wet, maar Vrij. Vrij dit betekent onafhankelijk “voor de verdediging van het recht en van de waarheid”. Dit verklaart het volstrekt noodzakelijk karakter van de advocatuur.
Dit formele karakter alleen al, wijst op het belang van die eed.
De norm zoals verwoord in de advocateneed is zeer ruim. Daardoor heeft de eed betrekking op
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vrijwel het hele functioneren van de advocaat. Het is een algemene norm, een houvast voor redelijk handelen. Alle onderdelen ervan moeten in onderlinge samenhang bekeken worden. Wat van de advocaten verwacht wordt, valt echter ‘buiten de norm’. Vandaar dat het past om op een plechtige manier de aandacht van de nieuwe advocaten te vestigen op alle aspecten van het beroep dat ze kiezen. De belofte die advocaten doen verwijst naar hun opdracht en de speciale verplichtingen die op hen rusten, niet alleen ten aanzien van de cliënten maar ook ten aanzien van de ganse maatschappij. De verwijzing in de eed naar de Koning illustreert dat de staat ongetwijfeld haar rol moet spelen in de verbintenis die de advocaat aangaat. Daarover hierna meer. De gehoorzaamheid aan de grondwet is niet de blinde en slaafse volgzaamheid aan de wet, maar toont aan dat de advocaat gebruik kan maken van de wet, waarmee de advocaat als geen ander in de samenleving bekend is, en waaraan hij of zij bijzondere bevoegdheden ontleent. De eis van getrouwheid betekent dat de advocaat ons staatsbestel aanvaardt en in die rechtstaat een speciale positie inneemt. Nauw verbonden hiermee is de eis van eerbied voor de rechterlijke autoriteiten. Samen met het openbaar ministerie en de rechters vormt de advocaat ons stelsel van rechtspleging. De rol van de advocaat is substantieel, fundamenteel voor een goede rechtsbedeling. En voor het functioneren van onze rechtstaat is deze driehoeksverhouding gebaseerd op onderling vertrouwen en eerbied.
De eerbied voor de rechter wordt verlangd uit hoofde van het maatschappelijk belang van het beroep. Het betreft dus niet zozeer de eerbied voor de persoon van de rechter (dit is immers een vanzelfsprekende kwestie van hoffelijkheid, van beleefdheid) maar voor het instituut als dusdanig. Centraal in de eed staat de ‘rechtvaardige zaak’ Dit staat los van het oordeel van een rechter. Een beslissing waarbij de cliënt in het ongelijk wordt gesteld maakt diens zaak niet (persé) onrechtvaardig; Maar iedere zaak die op rechtsgronden verdedigbaar is, is daarom nog niet rechtvaardig. Met rechtvaardig wordt verwezen naar eigen, interne normen. De advocaat moet overtuigd zijn van het gelijk van de cliënt of de rechtvaardigheid van diens zaak; het verwijst naar het eigen geweten en de toetsing daarvan is marginaal; Zodra de advocaat één punt ziet in een zaak waarvoor hij of zij redelijk gezien kan opkomen, is voldaan aan die eis, zelfs als hij daarvoor de wet zoals ze bestaat en van toepassing is, moet bestrijden. Wat voor de ene rechtvaardig is, is dat voor een ander niet. Deze rechtvaardige zaak moet dan ook als referentie dienen om weerstand te bieden aan de neiging van diegene die op één of andere manier controle zou willen uitoefenen op de uitoefening van de rechten van de verdediging en dus op de advocaten en de vrijheid. Die onafhankelijkheid, is een cruciaal aspect van de advocatuur. Eén van haar kernwaarden en ook een voorwaarde voor een goed functionerende rechtstaat.
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maatschappelijke onrust veroorzaakt. Denken we maar aan advocaten van daders van ernstige zedendelicten, van kindermoordenaars of van zij die een eind stelden aan het leven van mensen die onmenselijk leden. Of advocaten die eerbied voor procedureregels pleiten, bv om onrechtmatig verkregen bewijs uit het proces te weren, in maatschappelijk gevoelige zaken als mega fiscale fraude. Of voor advocaten die in asiel en vreemdelingenrecht of terrorismezaken optreden. Die onafhankelijkheid heeft twee aspecten: de eerste is de voorwaarde ter bescherming van de advocaat, die zijn beroep moet kunnen uitoefenen in vrijheid zonder vrees voor bedreiging of strafvervolging. En het is de staat, de nationale overheid (de koning uit de eerformule) die de vrije ongehinderde beroepsuitoefening van de advocaat moet mogelijk maken en waarborgen. Zonder onafhankelijke advocatuur is er geen rechtstaat. Zonder advocaten is de weg vrij voor wetteloosheid. De advocaat is onmisbaar in een rechtstaat, het recht is immers het fundament van onze samenleving. En dit geldt zowel voor de burger als voor de overheid. In ons land lijkt dit vanzelfsprekend. Maar dit is het allerminst in vele, zelfs niet zo verre landen. Lees, luister en kijk naar de berichtgeving over advocaten onder druk in Turkije ,Zimbabwe, Cambodja, Mexico en Soedan, Pakistan, Syrië… de lijst is lang. In vele landen moeten advocaten vrezen voor represailles, vrijheidsberoving en dood als zij tegen de staat procederen, politiek gevoelige of maatschappelijk controversiële zaken behandelen. Rechten hebben en rechten krijgen zijn twee verschillende dingen. Samen met de zittende en staande magistratuur, zijn wij advocaten garant voor de bewaking van de rechtsbescherming en de toegang tot het recht, voor een goede rechtsbedeling. Dit mag dan ook wel eens wat meer aan bod komen in het publieke debat; begrip voor het werk van de advocaat ook als hij optreedt in een zaak die
Het nu en dan publiekelijk opnemen voor de advocatuur en hun onmisbare rol in een rechtstaat, zou niet slecht zijn. Het tweede aspect (van onafhankelijkheid) betreft uw eigen gedrag als advocaat. Beide aspecten van onafhankelijkheid zijn even belangrijk. Deze onafhankelijkheid, dit aspect van de beroepsethiek staat niet alleen in de eed maar is, ook een gedragsregel, een deontologische norm. Dit wil zeggen dat een advocaat bij zijn beroepsuitoefening noodzakelijk moet beslissen over wat goed en fout is, elke dag weer, niet alleen als hij of zij zich moet verantwoorden bv voor de tuchtrechter. De advocaat moet zich onafhankelijk opstellen tegenover iedereen die direct in een rechtszaak betrokken is, dus de tegenpartij (in strafzaken dus het openbaar ministerie) alsmede rechters. Maar ook tegenover derden, bijvoorbeeld de politiek en de media. Tenslotte maar niet in het minst tegenover de eigen cliënt. Als advocaat geeft u zorgvuldig juridisch advies en bijstand, maar onafhankelijk zijn, betekent ook dat u zich niet
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vereenzelvigt met de cliënt en diens belangen. Juist omdat wij enkel het belang van de cliënt moeten beijveren, moeten wij als advocaat enige afstand bewaren tegenover de cliënt. Telkens weer moeten we afwegen in een individuele zaak of onze vrijheid en onafhankelijkheid niet in het gedrang zijn. Moeten wij een ethisch verantwoorde beslissing nemen. In die zin is advocaat zijn niet zo maar een job, een beroep, maar zijn wij een instrument van de rechtspleging. Dat gaat dus verder dan onze beroepsactiviteiten maar heeft ook te maken met het privégedrag. En deze ethiek kan je moeilijk vatten in gedragsregels; zich onafhankelijk opstellen, een weloverwogen beslissing nemen, een zaak aannemen, doorzetten of niet daar is soms moed voor nodig. Zoals diezelfde professor en advocaat Böhler die ik in het begin van citeerde verklaart, aan een bange advocaat heeft niemand iets, de cliënt niet en de rechtstaat niet.
Kathleen Vercraeye
Bronnen R. De Baerdemaeker, Voorzitter Ordre des Barreaux francophones et germanophone, “De eed van de advocaat”, Die Keure 2012. N. Christopoulos, “de advocateneed: een onderzoek naar het gebruik van de eed in het heden en verleden”. Uittreksel in Advocatenblad 30 april 1999. B. Böhler, Vrij, onverveerd - inaugurale rede uitgesproken bij de aanvaarding van het ambt van bijzonder hoogleraar Advocatuur aan de universiteit van Amsterdam (12.09.2012). B. Theeuwes, "De onafhankelijkheid van de advocaat. Over het gekwaak van de ganzen van het Capitool", Antwerpen, Maklu, 2006, 63p.
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Texte Cavit YURT
Il était une fois un Mammouth…
Cavit Yurt est avocat au barreau de Bruxelles. Connaisseur de la procédure pénale, il s'est spécialisé en droit pénal du roulage. Il consacre l'autre moitié de sa vie à l'illusionnisme.
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Je travaille dans un espace étrange. Je veux parler du palais de justice de Bruxelles. Malgré le mauvais temps qui lui confère une mine gris sale, malgré le piteux état dans lequel mille inerties le maintiennent, malgré les inélégantes barrières et bâches de fortune disposées çà et là pour en contrôler les accès, je l’aime encore bien ce palais. Avec sa salle des pas perdus aux allures de forum romain, avec sa démesure (« plus vaste que Saint-Pierre de Rome… » entonnent tant de guides en en débutant la visite), avec ses escaliers qui ne mènent nulle part et ses symboles hétéroclites, il a un côté totalement anachronique qui lui confère un charme unique. C’est qu’il était une époque où on prenait le temps de bâtir. Une ère où un délire babylonien pouvait lentement surgir de terre. Mammouth tout droit sorti d’une vision romantique, le palais de justice de Bruxelles convoque au cœur de Bruxelles le souvenir d’antiques empires. Freud parlait, à son propos, de « palais royal assyrien ». Picard disait que le monument évoque dans l’esprit des échappées orientales et qu’il semble sorti d’un de ces tableaux du XIXe siècle où sont dépeints la chute de Ninive ou la prise de Babylone, sur fond de paysages tourmentés dans des architectures imaginaires.
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Horta dira : « J’éprouve encore à chaque retour une égale impression de stupeur admirative qu’aucune critique, si méritée soit-elle, ne parvient à effacer… L’œuvre de Poelaert n’est intellectuellement pas défendable hors du champ où fleurit le génie lui-même ».
Les temps changent. A coups de blocs de béton gris affublés de noms mal choisis (Portalis pour le bâtiment abritant le parquet et Montesquieu pour les chambres civiles de première instance, il faudra qu’on m’explique), c’est une certaine vision entrepreneuriale, managériale de la justice que l’on nous impose, par une politique du fait en train de s’accomplir, et par une conjugaison appauvrie ne déclinant plus de diktats qu’à l’impératif présent. En se lançant dans l’érection stérile d’annexes au palais et de prisons, l’Etat tente de masquer son impuissance. Je ne veux pas glorifier un monument, mais je dois avouer que j’aime l’acoustique incertaine des vieux prétoires, leur parquet qui craque sous les pas des plaideurs, l’anachronisme des salles d’audiences solennelles, le calme désordre des greffes, le brouhaha diminuendo du vestiaire des avocats, les couloirs qui ne mènent quelque part que si l’on se fait à la logique du labyrinthe. Si nous admettons avec Jules Le Jeune que les divinités grandissent de toute la majesté que l’on donne à leurs temples, c’est aux urgences d’un hôpital inexistant que doit se trouver Thémis. Quel que soit le regard posé sur le Mammouth, on est en droit de s’interroger sur ses invisibles et visibles transformations. Après tout, on attend secrètement de l’architecture qu’elle propose une image du monde et de la vie. Les façades et les murs d’une ville en disent plus long que tous ses musées.
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En évacuant un palais (avec tout ce qu’il contient d’images, de représentations et de symboles) au profit d’annexes Ikea, en ne le débarrassant pas de ces échafaudages qui le ceignent depuis des décennies, c’est notre propre mythologie que nous enterrons sous les décombres d’un rêve inassumé.
Cy
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Le voleur de fleurs
Sais-tu ? Copiée et modifiée par Jodelet depuis une image trouvée sur Commons. - Original de Kenneth Whitley, Sept. 7 1939, Works Progress Administration poster from the Library of Congress - United States. 1 La Belle au Bois Dormant est un conte populaire. Parmi les versions les plus célèbres figurent celle de Charles Perrault, publiée en 1697 dans Les Contes de ma mère l'Oye, et celle des frères Grimm (Dornröschen) publiée en 1812 -.Illustration/Darstellung von Alexander Zick (1845 - 1907). 2 Les Musiciens de Brème - Jacob et Wilhelm Grimm. 3 Hansel et Gretel (ou Jeannot et Margot) est un conte populaire figurant parmi ceux recueillis par les frères Grimm dans le premier volume des Contes de l'enfance et du foyer (Kinder- und Hausmärchen, 1812, n° KHM 15). Illustration (1909) d'Arthur Rackham. 4 La Petite Gardeuse d'Oies (Die Gänsemagd) - Jacob et Wilhelm Grimm Illustration : Die Gänsemagd (um 1940), Johann-Mithlinger-Siedlung, Raxstraße 7-27, Wien-aFavoriten. 5 Boucles d’Or - de Robert Southey - Illustration tirée du livre The Three Bears,- édité par Mc Loughlin Bros, New-York. 6 Le joueur de Flûte de Hamelin - poème de Robert Browning paru en 1842 dans le recueil Dramatic Lyrics.
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7 Blanche Neige - (Schneewittchen en version originale allemande) est le titre de ce conte célèbre en Europe et en Amérique du Nord, dont la version la plus connue est celle recueillie et mise en forme par Jacob et Wilhelm Grimm parue en 1812 - Illustration : Franz Jüttner (1865–1925): Sneewittchen, Scholz' Künstler-Bilderbücher, Mainz (1905). 8, 9 et 10 Le Petit Chaperon rouge - conte appartenant à la tradition orale. En Europe, il est principalement connu par le biais des versions collectées et retranscrites par Charles Perrault en France et par les frères Grimm en Allemagne. Illustration couleur de Jessie Willcox Smith, 1911, huile sur toile, 65x82cm, 1862 et dessin à l’encre 1867 de Gustave Doré. 11 La Belle et la Bête - L'une des versions les plus anciennes de ce conte est sans doute celle d'Apulée, Amour et Psyché (extrait de l'Âne d'Or), qui date du IIe siècle. En 1550, Francesco Straparola en donna une version qu'il avait tirée du folklore italien et qu'il publia dans ses Nuits facétieuses (Le Roi Porc, deuxième nuit, 1er conte). Il apparut pour la première fois en France sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en 1740, dans un recueil de contes la Jeune Américaine et les contes marins, publié anonymement, où différents passagers d'une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps1.Il ne connut véritablement la célébrité que lorsqu'il fut abrégé et repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son Magasin des enfants en 1757. Cette dernière supprima, en particulier, toute la seconde partie, où Madame de Villeneuve relatait la querelle des fées expliquant l'origine royale de la Belle. C'est sur cette version que sont basées la plupart des adaptations ultérieures. - Illustration de Walter Crane (1874). 12 et 13 Barbe Bleue – conte de Charles Perrault - I « ...s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère ». Illustration à l’encre de 1867 de Gustave Doré - illustration en couleur de l'anglais Edmund Evans, vers 1888. 14 et 17 Le Chat Botté - Ce conte fut écrit à la fin du XVIIe siècle par Charles Perrault (1628-1703). La première version connue provient d'un manuscrit illustré, intitulé « Les Contes de ma mère l'Oye », et daté de 1695, soit deux ans avant la publication du recueil de huit contes de Perrault. 15 La Petite Fille aux Allumettes - (Den Lille Pige Med Svovlstikkerne en danois) est un conte écrit par Hans Christian Andersen et publié la première fois le 18 novembre 1845. 16 Le Bottes de Sept Lieues - « Le Petit Poucet s’étant approché de l’Ogre lui tira doucement ses bottes », illustration de Gustave Doré dans Les contes de Perrault de 1867. Le chiffre 7 apparaît quatre fois dans le conte du Petit Poucet : la fratrie est composée de sept garçons, l’ogre a sept filles, les bottes sont de sept lieues et le Petit Poucet est âgé de sept ans. 18 et 19 Le Petit Poucet - conte appartenant à la tradition orale, retranscrit et transformé par Charles Perrault en France, il paru dans Les Contes de ma mère l'Oye, en 1697.
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20 La Petite Sirène (en danois : Den Lille Havfrue) est le titre d’un conte également nommé La Petite Ondine, écrit par Hans Christian Andersen. 21 La Bergère et le Ramoneur est un conte de Hans Christian Andersen publié en 1845. Illustration de Vilhelm Pedersen pour H.C. Andersen's fairytale. 22 La Petite Poucette, dont le titre est Tommelise dans la version originale danoise, est un conte de fée du poète et conteur Hans Christian Andersen (1805–1875). Le conte est entièrement de l'invention d'Andersen (ce qui n'exclut pas des réminiscences de folklore), et inspiré par son amitié pour Henriette Wulff, qui était toute petite et bossue. Le nom de Maia qui lui est donné à la fin, est emprunté à L’histoire de tous les jours de Madame Gyllembourg Illustration de Vilhelm Pedersen, 1820-1859. 23 Le Vilain Petit Canard (en danois : Den grimme ælling) est un conte pour enfants écrit par Hans Christian Andersen en juillet 1842, après l'échec de la pièce de théâtre L'Oiseau dans le poirier, qui fut sifflée à la première. Dans ce conte, Andersen a placé les principales périodes de sa vie. Illustration de Theo van Hoytema de 1893.
Ils ont prêté leur plume et leurs images… Le temps est compté, cependant il faut tout faire, bien le faire et... laisser lire ! N’est-il pas vrai ? Pour réaliser ces ensembles de lectures, nos auteurs, Présidents, Bâtonniers, Vice-Bâtonnier, Avocats et Etudiants nous offrent leur temps précieux. Nos plus chaleureux remerciements vont donc à tous pour leur toujours sympathique et talentueuse collaboration, passée, présente et future.
Philippe BALLEUX
Thierry BONTINCK
Jean-Pierre BUYLE
Xavier GERARD
François DESSY
Michel GRAINDORGE
Andrea HAAS
Frédéric LAURENT
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Happy Easter !
Xavier MAGNテ右
Cテゥline MOUTHUY
Marie-Andrテゥe PIETERS
Jean-Marc RIGAUX
Pierre SCULIER
Dirk VAN GERVEN
Kathleen VERCRAEYE
Cavit YURT
OÙ RETROUVER TOUS NOS AUTEURS Dans vos numéros 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015 du -journal des avocats- vous retrouverez, classés par ordre alphabétique, les avocats, auteurs et artistes suivants :
A
Roman Aydogdu Michel Amas
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B
Jean-Pierre Babut du Marès Philippe Balleux Jochen Bauerreis (DE) Robrecht Bauwens Alain Berenboom Marina Blitz Julie Bockourt Olivier Bonfond Thierry Bontinck Stéphane Boonen Jacques Borlée (Coach) Xavier Born Pierre Bouchat (expert) Jean-Pierre Bours Jean-Paul Brilmacker Christine Brüls Jean-Pierre Buyle
1 - 12 9 - 16 14 11 12 6 15 4 - 8 - 12
C
Sylvie Callewaert François Canonica Jean-Marc Carnicé Benoît Cerexhe Sandrine Carneroli Roger Chaidron Françoise Chauvaux Thérèse Chotteaux (sculptrice) Michel Claise Jérôme Cochart Daniela Coco Philippe Coenraets Marteen Colette (OVB) François Collon Olivier Collon Sébastien Courtoy Guillaume Croissant
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D
Georges-Albert Dal Marc Dal Christian Dalne Jérôme Dayez Bruno Dayez Robert De Baerdemaecker Jérôme de Brouwer Stefaan De Clerck Herman De Croo Jean-Pierre De Cuyper Jacques De Dobbeleer Vincent Defraiteur Caroline Delaude (FR) Romain Delcoigne Caroline Delesie (FR) Stéphane de Lobkowicz Anna Dejonckheere Martine Delierneux Francis Delpérée Willy Demeyer Nicole Deprez Guy De Reytere Yves Derwahl Charline Desmecht François Dessy Xavier Dewaide Patrick Dewael Bernard Dewit Marie-Fraçoise Dubuffet Roland Dumas (Fr) Aimery de Schoutheete Denis Dobelstein Caroline Dubois Axel Dumont Marie Dupont Véronique Drehsen
3 1 7 1 1-2-9 4 4 12 12 12 4 1-3 14 11 11 14 8 6 2 7 12 4 2-5 10 5 - 6 - 7 - 9 - 12 - 14 15 - 16 11 11 15 6 11 4 2 4 3 7 1 - 2 - 10
le journal des avocats
E
Isabelle Ekierman Elie Elkaim (CH) Marie-Céline Elleboudt Vincent Engel (écrivain)
4 14 8 11
F
Marine Fabbricotti Maxime Fabry Julien Feltz Christiane Féral-Schuhl Benoît Feron Jérôme Flahaut Roland Forestini Michel Forges
10 13 13 9 2 - 11 13 5 15
G
François Glansdorff Jean-Marc Gollier Michel Graindorge Vincent Grévy Simon Gronowsky Didier Goeminne Emmanuel Gueulette
4 1-2-5
H
Andrea Haas Olivier Hamal Bernard Hanotiau Paul Hautecler (architecte) Klaus Heinemann Marie-Paule Helpens Patrick Henry Guy Horsmans Jean-Damien Huberty
16 11 9 11 12 5 5 - 12 3-4 3
J
Valentin Jadot Dominique Jossart Alain Jacobs-von Arnaud Ingrid Jodocy
9 4 4 - 9 - 12 8
16
11 2 11 2
K
Axel Kittel Michel Kaiser Charles Kaufhold
3 4 14
L
Vinciane Labeye Marie-Jo Lafontaine (artiste) France Lambinet Frédéric Laurent Véronique Laurent Mathieu Lavens Marc Lazarus Karl-Heinz Lambertz Juan Le Clercq Cédric Lefèbvre Pierre Legros Eric Lemmens Rolf Lennertz Serge Léonard Antoine Leroy Gérard Leroy Luc Lethé Laurent Liégeois Vincent Lurquin Aurelia Luypaerts
5 11 13 16 3 - 10 13 1 1-9 4 3 3 4-8 8 2 - 11 3 1-2-3-5-6-7-8-9-15 2-5 14 5 12
M
Xavier Magnée Michel Mahieu Jacques Malherbe Bernard Mairiaux Christophe Marchand Bee Marique Paul Martens Amandine Martin Christine Matray Jean-Pol Meynaert Wilfried Meynet Yola Minatchy Xavier Miny Luc Misson Stéphanie Moor François Motulsky Céline Mouthuy
4 - 16 4 9 8 9 13 1 13 2 - 10 1 14 5-6 7 - 13 - 15 1 3-7 9 16
O
Judith Orban Martin Orban Marco Ossena Cantara Yves Oschinsky
13 4 8 - 9 - 15 4
ABC
P
Mathieu Parret Alice Pastor (MC) Pierre Paulus de Châtelet Alix Philippe Marie-Françoise Plissart Marie-Andrée Pieters Alexandre Pirson Claude Pirson Damien Poncelet Corinne Poncin Andrée Puttemans
13 14 2-4 5 5 16 13 10 13 1-2 10
R
Carole Raabe Frédéric Reard Bernard Renson Pierre-Jean Richard Jean-Marc Rigaux Yohann Rimokh Jacqueline Rousseaux Ghislain Royen Myriam Royen (son épouse) Anne-Sophie Rutsaert
7 11 11 1 - 2 - 5 - 15 16 6 - 11 2 3 - 4 - 6 - 8 - 9-11-12 11 11
Jean Saint-Ghislain Arianne Salve Vincent Sauvage Nicolas Saspi (photographe) André-Marie Servais Pierre-Dominique Schupp (CH) Pierre Sculier Alain Smetryns (Magistrat) Luc Simonet Pierre-Marie Sproockeels Marcel Siraut Jehanne Sosson Frank Spruyt Benoît Stévart Jo Stevens (OVB)
4 13 - 15 8 11 4 14 16 11 3-6 9 1 1 - 10 8 4 4
Patrick Thevissen Nicolas Thieltgen (GDL) Pierre-Yves Thoumsin Miguel Troncoso Ferrer Alex Tallon
1 14 13 7 14
S
T
V
Louis Van Bunnen Tamar Van Colenberghe Dirk Van Gerven Catherine van Gheluwe Xavier van Gils Jozef Van Waeyenberge Séverine Vandekerkove Claude Vanwelde Benjamin Venet Kathleen Vercraeye Guy Verhofstadt Liliane Versluys Samuel Vieslet Michel Vlies Olivier Vrins
2-3-6 13 11 - 16 4 4 11 3 7 3 16 11 9 - 10 13 8 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 15
W
Jean-Paul Wahl Jennifer Waldron Alexandre Wattiez-Raemaekers Vincent Wauthoz Pierre Winand Hippolyte Wouters
5 2 15 6 4 1
Y
Cavit Yurt Onur Yurt
3 - 5 - 6 - 11- 14 - 16 4 - 11
Z
Marie Zagheden
6
Les opinions exprimées par les auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs. La présentation de nos auteurs est toujours rédigée par chacun d’eux.
20
avocats
participeront au prochain numéro qui sortira fin novembre
ALORS POURQUOI PAS VOUS ? FAITES-VOUS CONNAITRE Le journal des avocats voyagera de mains en mains. Ceux qui le trouveront y ajouteront leurs histoires et leurs dessins et alors leur journal atteindra une forme continue d’art collectif, sans connotation juridique. C’est une expérience très réussie et vous en faites partie.
20
Rechtsanwälte
werden an der neuen Ausgabe mitwirken.
FOLGEN SIE UNS ? MACHEN SIE SICH EINEN NAMEN IN ALLER FREUNDSCHAFT UND OHNE JEDEN JURISTISCHEN BEZUG WIRD DAS -journal des avocats- IHRE FEDER, BLEISTIFT ODER PINSEL AUFWERTEN. ÜBERTREFFEN SIE SICH SELBST ZUR FREUDE ALLER!
20
advocaten
werken mee aan het volgende nummer dat verschijnt midden november
DAN WAAROM NIET U ? LAAT VAN U HOREN Het "dagboek van de advocaten" gaat van persoon tot persoon. Zij die het in handen krijgen voegen er hun verhalen en tekeningen aan toe zodat het een vorm van collectieve kunst wordt, zonder jurisdische connotatie. Het is een geslaagde ervaring waar u deel van uitmaakt.
Editeur responsable : Bruno G. Robert Conception Coordination générale Direction artistique : Myriam Robert-César +32 475 907 901 Ont collaboré à ce numéro : les Présidents, Bâtonniers, avocats, artistes et étudiant suivants : - Philippe Balleux - Thierry Bontinck - Jean-Pierre Buyle - François Dessy - Xavier Gerard - Michel Graindorge - Andrea Haas - Frédéric Laurent - Xavier Magnée - Céline Mouthuy - Marie-Andrée Pieters - Jean-Marc Rigaux - Pierre Sculier - Kathleen Vercraeyen - Dirk Van Gerven - Cavit Yurt Pour proposer votre collaboration rédactionnelle En cas de changement d’adresse Pour commander des exemplaires supplémentaires Pour vous abonner aux 4 prochains numéros (60 € ttc) Pour toute insertion publicitaire Envoyez simplement un email à info@journaldesavocats.com ou téléphonez au 02 688 15 57 Mise au net Anthony Lackner Peek's +32 (0)495 340 590 Imprimé en Belgique Dépôt légal Année 2015 - 1er trimestre Edité par Alligators & Cie S.A. Boulevard du Souverain, 47/2 1160 Bruxelles +32 (0)2 688 15 57
le journal des avocats - N°16 magazine de loisirs • sans connotation juridique • printemps 2015