journal des avocats - N째18
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Qu’est-ce que le journal des avocats pour nous, sinon la pratique amicale, confraternelle, créative et récréative d’un temps vraiment libre ?
EDITORIAL Dans les années cinquante, mon grand plaisir était de fouiller dans la commode de ma Grand-tante Bertha. Ses trois grands tiroirs renfermaient des trésors, trésors pour elle et trésors pour moi. Faut-il qu’ils fussent importants pour moi, je m’en souviens encore avec émotion. Toutes ces merveilles avaient appartenus à Marthe, la sœur aînée de mon père, morte, m’a-t-on raconté, d’un chagrin d’amour à l’âge de 20 ans, bien longtemps donc avant ma naissance. Le peintre verviétois Marcel Begond en avait fait ce portrait, toile qui se trouve depuis toujours dans ma chambre. Elle me regarde, m’interroge, me surveille… Sous l’œil attentif de mon adorable, déjà vieille, tante Bertha, que de fois ai-je sorti avec prudence, sautoirs en pâte de verre ou en perles, mitaines en dentelle noire et longs gants de chevreau blanc montant audelà du coude, ravissant poudrier dont le couvercle renfermait des hirondelles en plumes, volant dans un ciel pailleté, bandeaux de soie brodée qui se portaient sur le front, petits sacs de théâtre de velours au long fermoir en argent, minaudière en écaille, jumelles de théâtre en nacre avec petit manche repliable... Et le plus important de ces trésors, la courte robe « Charleston » en dentelle et soie jaune poussin, décolleté carré et petites manches, que je pouvais porter quelques minutes et qui me tombait sur les pieds. Celle-ci a disparu. Probablement est-ce la raison pour laquelle vous lisez ce numéro 18, vous emmenant de cette « Belle Epoque » à l’Art Nouveau... Que la mode d’alors était jolie ! Elégance, raffinement et féminité. J’espère pouvoir vous rendre dans ces pages un peu de la joie de vivre et de l’insouciance de ces années là…, que nous aurions, par ailleurs, bien du plaisir à retrouver.
Myriam Robert-César Alligators & Cie S.A.
La Belle
Epoque
du cahier de l'éditeur
L'Art Nouveau A la fin du 19ème siècle, les grandes villes européennes voient apparaître ce nouveau mouvement artistique. Il prend le nom d’Art Nouveau en France et en Belgique, de Jugendstil en Allemagne, de Sezessionstil en Autriche, de Liberty ou Stile Floreale en Italie… En Angleterre, le Arts and Crafts Movement sera la traduction britannique de ce bouleversement artistique. Il se caractérise par la délicatesse ornementale, et a recours à de nouvelles techniques. Il affecte tous les arts, beaux-arts et arts appliqués. Il peut être divisé en deux courants principaux: La variante florale La variante qui est la plus répandue est sans doute celle que l'on appelle florale, un mélange d'éléments baroques, orientaux, classiques, fortement influencé en parties par l'art japonais, voulant exprimer l'éloignement du traditionnel, reflétant d'un côté l'esprit de la Belle Epoque et l'influençant en même temps. Sa caractéristique est l'absence de toute ligne droite et de tout angle droit. Les lignes qui se courbent coulent à l'infini, les formes s'enflent et se désenflent. C'est la nature qui sert de modèle. On trouve ce style dans un corridor vaste à travers le continent européen de Paris, Nancy et Bruxelles à travers Dresde et Munich, Prague et Budapest jusqu'à St. Petersburg et Riga. Quelques représentants principaux de cette tendance étaient, parmi tant d'autres, Hector Guimard, Eugène Vallin, Victor Horta, Henry van de Velde et August Endell. La variante géométrique Une variante bien différente est l'Art Nouveau géométrique. Il se distingue par un tracé de la ligne net et sévère ainsi que par des bâtiments et des ajours clairs et souvent symétriques. L'usage de couleurs est nettement plus discret, le contraste entre noir et blanc est souvent prédominant. Un des chefs de file de ce style presque sans compromis était Charles Rennie Mackintosh de Glasgow. Le Palais Stoclet à Bruxelles ou le bâtiment d'affaires Goldman & Salatsch sur la place Michaeler à Vienne, seront les prémices de ce style expérimental Art déco ou Bauhaus, né de l'abandon du style dominant, quasi comme contrepoint.
L'ART DÉCO Ordre, couleur et géométrie : l'essentiel du vocabulaire Art déco est posé. Le style Art déco prend son essor avant la première guerre mondiale, a son plein épanouissement au cours des années 1920 avant de décliner à partir des années 1930. C'est le premier mouvement architecture-décoration de nature mondiale contre les volutes et formes organiques de l'Art nouveau. Il consiste en un retour à la rigueur classique : il est sévèrement encadré par ses créateurs et son dessin s'inspire de la géométrisation cubiste. L'Art déco est le premier style à avoir eu une diffusion mondiale, touchant d'abord la France, puis principalement la Belgique, le Portugal, l'Espagne, l'Afrique du nord, et tous les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis et ses associations « Art Deco » actives, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Philippines, etc.), ainsi que les villes principales du Viêt Nam pour le mouvement initial, plusieurs villes chinoises telles Shanghai et encore Hong Kong, ou bien le Japon, par exemple, pour le palais du Prince Asaka à Tokyo.
Sommaire - Inhoud - Inhalt Du cahier de l'éditeur
Editorial La Belle Époque La tombola des auteurs Tous en récré... Sais-Tu ?
Et ensuite, classé par ordre alphabétique du nom de leurs auteurs, les articles suivants : Roman Aydogdu
AYD
Αποκάλυψις sur la société belge : Une lecture de l’Affaire Dutroux au départ de l’œuvre de René Girard
René Chaidron
CHA
L'Art dans Tout en Belgique
Jean de Codt
DEC
La Tresse du Mandarin Lou
Alexis Ewbank
EWB
Ardent Futur
Nathalie Fonsny
FON
Akzent - Accent
Patrick Geelhand de Merxem
GEE
Eloge du Paradoxe
Didier Goeminne
GOE
Het Stadspaleis Falligan / L'Hôtel Falligan de Gand
Marie-Paule Helpens-Janssens
HEL
Par les Cornes du Diable et la Queue de Satan
Alain Jacobs-von Arnauld
JAC
Belles enguirlandées
Dominique Matthys
MAT
Over Orpheus, de kracht van de muziek en Mozart Quelques réflexions sur Orphée, la force de la musique et Mozart
Pierre Moreau
MOR
Chère Musique
Jean-Marc Rigaux
RIG
Germaine
Jean-Paul Wahl
WAH
Des Golden sixties et de mai 68 au comportement sociétal correct
Cavit Yurt
YUR
L'Ultime Hallucination
Onur Yurt
YUR
La Maison Autrique
Le voleur de lapin Photos des auteurs et des artistes Où retrouver nos auteurs ABC
?
Formulaire d'abonnement Pourquoi pas vous ?
La tombola des auteurs
LE PREMIER PRIX : Pour la deuxième fois, le journal des avocats a le grand privilège d’offrir au gagnant du premier prix un séjour fabuleux en Croatie en VIP WELCOME TREATMENT dans L’HOTEL LE PLUS LUXUEUX DU PAYS l’ESPLANADE ZAGREB! Trois nuitées dans l’une des grandes Deluxe Room avec petits déjeuners et un dîner de trois services, vin compris. L’accès au Health Club de l’hôtel avec fitness et sauna leur est offert également.
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Notre tombola est organisée tous les trimestres pour les auteurs du numéro, en remerciement de leur amicale et gracieuse contribution au beau succès de notre magazine! Les résultats du tirage sont envoyés par email à tous nos auteurs et les heureux gagnants sont aussi contactés par téléphone pour la remise de leur prix. La tombola est toujours aimablement contrôlée par notre huissier de Justice, Maître Frank SPRUYT, que nous remercions chaleureusement. Nous souhaitons BONNE CHANCE A TOUS !
Visit Zagreb and celebrate 90 years of its most prestigious and iconic Hotel Opened in 1925 as a refuge for passengers from the Orient Express, the über-stylish Esplanade Zagreb Hotel is an architectural gem. Located within easy reach of key attractions such as the Cathedral, Botanical Garden and the Art Pavilion, the city’s most iconic hotel, reopened in 2004 after a complete renovation, combines art deco glamour with every contemporary convenience. Long-established as a haven for A-List movie stars, politicians, singers and artists, the hotel’s fairytale exterior and gracious guest accommodation make it easily the most prestigious hotel in Zagreb and the region. Its famous Oleander terrace was once described as “where the Balkans ends and where civilization begins”. The Esplanade Zagreb Hotel continues to follow its glorious tradition by caring for the high standards of personal service which are highly appreciated by the guests who like the discrete and elegant services of its staff. With the spread of the tourist industry, The Esplanade Zagreb chooses high individual standards of service focusing on each guest’s personality. Its employees’ philosophy says that it is not merely a hotel, but a temple of comfort and gastronomy. Besides being a hotel caring for tradition, the Esplanade Zagreb keeps pace with the present time. The harmony of the old times is not disturbed by modern devices.
ESPLANADE ZAGREB LUXURY HOTEL
Esplanade Zagreb Hotel Mihanoviceva1, 10000 Zagreb, Croatia T. +385 (0)1 45 66 666 F. +385 (0)1 45 66 050 E. info@esplanade.hr www.esplanade.hr
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talented and charming Chef de cuisine Ana Grgic, whose loyal clientele includes top food critics, the Hotel showcase Europe’s top fine and bistro dining traditions in the city’s most elegant hotel. Think of the Esplanade when you plan your next event or celebration, its facilities are as beautiful as the hotel itself - a flexible space, natural daylight, one of the most ornate ballrooms in the world and a team that, in the time-honoured tradition of Esplanade, anticipates your every need and wish. Explore Zagreb, undiscovered capital of Croatia : it’s a city with more than 900 years of fascinating history. The strong Austro-Hungarian influence on local culture can be seen all around, particularly in the wonderful architecture and wealth of museums. Walk through the picturesque old town, soaking up the flavour of the picturesque maze of streets lined with typical cafes and restaurants. Take a day to explore the idyllic Adriatic Coast, or spend an evening of enchantment at the National Opera; a whole host of fantastic experiences await you in this beautiful capital full of rare and unexpected delights.
Sécurité & Prévention
Tous en récré... ELEMENT Femme SYMBOLE DECOUVREUR Adam MASSE ATOMIQUE
Généralement 55 kg, mais peut varier entre 45 kg et 185 kg
PROPRIETES PHYSIQUES : EX Entre en ébullition et gèle sans raison Conductivité thermique faible, surtout aux extrémités inférieures Coefficient de dilatation : augmente avec les années Cède aux pressions appliquées aux points sensibles Structure moléculaire : parfaite à 90/60/90, existe aux USA sous forme croissante 60/90/120 et dans les pays nordiques sous forme dite plate 50/50/50 EX
PROPRIETES CHIMIQUES :
Très grande affinité pour l’or, l’argent, le platine et tous les métaux précieux Absorbe de grandes quantités de substances onéreuses Insoluble dans les liquides, mais présente une activité grandement augmentée par saturation dans l’alcool Réactivité très variable selon les périodes de la journée S’adoucit au contact du diamant Sensible aux érections qui lui transmettent parfois la migraine Grande aptitude aux changements d’humeur et à la jalousie
UTILISATIONS COURANTES :
Aide efficace pour la relaxation et la détente Hautement décorative, surtout dans les voitures de sport Puissant agent nettoyant Indispensable à la reproduction
TEST :
Vire au vert en présence d’un spécimen de meilleureEXqualité PRECAUTIONS D’EMPLOI :
EX
Hautement agressive si placée entre des mains non expertes Spontanément explosive sans avertissement Il est illégal d’en posséder plus d’un spécimen, mais il est possible d’en entretenir plusieurs à des endroits différents tant que les spécimens n’entrent pas en contact (risques d’explosion)
ATTENTION :
!
Certains chercheurs sud-américains ont découvert le moyen d’en fabriquer artificiellement, présentées sous le nom de « Travelo » ou « Drag Queen » Pour éviter des accidents, ne consommer que le produit original et si possible local.
Sais-tu ? La Chanson des Escargots qui vont à l'enterrement
A l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le soir Un très beau soir d'automne Hélas quand ils arrivent C'est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées Et les deux escargots Sont très désappointés Mais voila le soleil Le soleil qui leur dit Prenez prenez la peine La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière Si le coeur vous en dit Prenez si ça vous plaît L'autocar pour Paris Il partira ce soir Vous verrez du pays Mais ne prenez pas le deuil C'est moi qui vous le dit Ça noircit le blanc de l'oeil Et puis ça enlaidit Les histoires de cercueils C'est triste et pas joli Reprenez vous couleurs Les couleurs de la vie Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes Se mettent a chanter
A chanter a tue-tête La vrai chanson vivante La chanson de l'été Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer C'est un très joli soir Un joli soir d'été Et les deux escargots S'en retournent chez eux Ils s'en vont très émus Ils s'en vont très heureux Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un petit peu Mais la haut dans le ciel La lune veille sur eux.
Jacques Prévert
Le rideau de scène du théâtre du Musée Grévin, peint par Jules Chéret en 1900.
Texte de Roman AYDOGDU
Αποκάλυψις sur la société belge : Une lecture de l’Affaire Dutroux au départ de l’œuvre de René Girard
Roman Aydogdu est licencié en droit de l’ULg (2005) et titulaire d’une maîtrise en droit des sociétés de la KUL (2006). Avocat au barreau de Liège et curateur, il est associé au sein du cabinet Mosal. Il poursuit parallèlement des activités scientifiques en tant que doctorant à l’ULg et Maître de conférences à HEC-ULg ; il est le coauteur d’un ouvrage consacré aux conflits entre actionnaires. Marié et père de trois enfants, il aime la musique du Grand Siècle et les auteurs inactuels.
le journal des avocats
En ce début d’été 2015, les Belges se sont souvenus avec douleur de la disparition, vingt ans plus tôt, de Julie Lejeune et Mélissa Russo, enlevées, séquestrées et tuées, avec d’autres jeunes filles, par M. Marc Dutroux et ses complices. Ces drames individuels allaient déclencher, à partir de l’arrestation de M. Dutroux à l’été 1996, le plus important séisme qu’ait connu la société belge depuis la crise royale de 1950-1951. Les parents des victimes, relayés par les médias puis par une large part de l’opinion publique et du monde politique, dénoncèrent des dysfonctionnements dans les forces de police et la magistrature. Ceux-ci devaient rapidement donner jour à la rumeur, immaîtrisable, de l’existence d’un réseau de pédophiles au sein des hautes sphères de l’Etat et de la société belges, dont M. Dutroux aurait accompli les basses œuvres et qui lui aurait, en retour, assuré sa protection. La fin de l’année 1996 fut alors marquée par la montée en puissance d’un mouvement populaire qui déboucha, d’une part, sur l’organisation de la Marche Blanche et des comités blancs et, d’autre part, sur la création d’une commission d’enquête parlementaire relatives aux volets policiers et judiciaires de l’Affaire. On a discuté ailleurs de suites juridiques de celle-ci, sur les plans législatif et judiciaire, qu’il
s’agisse de l’unification des polices, de la réforme de la procédure pénale, de l’organisation du procès d’assises de M. Dutroux et ses complices ou encore, tout récemment, des modalités d’exécution de leurs peines. Ces débats ont été et sont toujours très vifs, certainement parce qu’ils sont hantés par la mémoire des victimes et des convulsions que la découverte de leur sort infligea au pays. Pour ma part, je souhaiterais revenir, d’une manière tout à fait dépassionnée, sur les évènements de ce second semestre 1996 et leur signification pour la société belge. C’est qu’en dépit de quelques analyses politiques, sociologiques ou philosophiques qui en furent données à l’époque, le recul théorique ne prit jamais le dessus sur les réactions spontanées des différentes forces à l’œuvre dans l’Affaire - parents, comités blancs, médias, magistrature et monde politique. J’ai la conviction que ce recul, qui reste plus que jamais nécessaire, doit être possible vingt ans plus tard. * La grille de lecture que je propose des évènements est tirée des travaux de M. René Girard, archivistepaléographe et membre de l’Académie française, qui enseigna durant toute sa carrière universitaire aux Etats-Unis d’Amérique. Son œuvre inclassable, dont il établit les principaux fondements théoriques dans Mensonge romantique et vérité romanesque
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(1961), La violence et le sacré (1972) et Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), se nourrit de disciplines aussi diverses que l’analyse littéraire, l’anthropologie, l’histoire des religions, la philosophie et la psychologie. L’hypothèse centrale de R. Girard, que je ne puis ici qu’esquisser, est que la violence se trouve, par l’intermédiaire du sacré, au fondement de toutes les sociétés humaines. Si la violence est certes présente dans l’ensemble du règne animal, elle prend toutefois toute sa mesure, ou à proprement parler sa démesure - l’hubris des Tragiques grecs -, chez l’Homme, en raison de l’intensité mimétique de ses comportements par rapport à ceux des autres espèces. Selon R. Girard, le propre de l’Homme est, en effet, sa puissante capacité d’imitation - la mimesis, déterminant psychique qui façonne tous les aspects de son existence. Si la mimesis lui octroie des avantages décisifs sur le plan de l’évolution, notamment en termes d’apprentissage et d’émulation, elle le voue à de redoutables périls. Les besoins humains - alimentaires, sexuels ou autres - sont en effet très rapidement dépassés par le désir, qui pousse l’Homme à ne convoiter une chose que parce qu’un autre la convoite. Cet Autre est à la fois le modèle et l’obstacle vers la chose et devient dès lors rapidement lui-même l’objet d’un désir transfiguré, la chose initialement convoitée s’effaçant derrière la rivalité avec le modèle-obstacle. Le désir se meut désormais sur le plan symbolique, autour de notions, sans réalité tangible, telles que l’honneur, le prestige, etc. Les rapports humains se caractérisent ainsi par la rivalité mimétique et dégénèrent inéluctablement en une violence généralisée, qui ne trouve, à la différence de celle des autres espèces animales, aucune limite naturelle : elle n’a en effet, à proprement parler, aucun objet ou, plutôt, se fixe sur n’importe quel objet que se donnent les doubles animés de rivalité. L’expérience quotidienne de notre monde concurrentiel en témoigne, autant que de nombreux mythes à travers le monde, que l’on songe, pour prendre des exemples qui nous sont familiers, à Caïn et Abel ou à Romulus et Remus. La violence devient d’ailleurs, en elle-même, un foyer de mimétisme puisque le sang appelle le sang et le crime, la vengeance, dans la chaîne
sans fin de la vendetta. Où l’hypothèse girardienne rejoint l’intuition fondamentale de Hobbes : Bellum omnium contra omnes.
Comment les sociétés humaines ont-elles dès lors pu éclore et survivre à cette violence ? La réponse de R. Girard a tout d’un paradoxe : la solution à la violence est… la violence, mais une violence spéciale, unique, qui a le dernier mot. Les Hommes ne la concertent ni ne la décident : ils en sont, comme de toutes les précédentes, les jouets. Au sommet de la crise mimétique, la violence qui traverse la société entière se fixe aléatoirement sur une victime, que les autres tiennent alors pour seule coupable de tous leurs maux. Victime de l’unanimité, son meurtre n’appelle aucune réponse et met dès lors fin à la crise. La communauté reste cependant prisonnière de la violence et de ses illusions car elle est incapable de comprendre qu’elle s’est réconciliée sur le corps d’un bouc émissaire, ni plus ni moins coupable qu’aucun autre de ses membres. En raison de cette méconnaissance, la seule interprétation possible qui s’offre aux Hommes réside dans l’énigme du sacré, qui irrigue universellement les mythologies : un être exceptionnel, Mal absolu de
le journal des avocats
son vivant, a mis en péril la communauté mais il l’a sauvée en devenant, dans sa mort, le Bien absolu. Telle est la genèse du religieux qui, au départ de cet épisode matriciel de la crise mimétique et de sa résolution, va se développer dans deux directions apparemment opposées : l’interdit et le rite. L’interdit religieux est l’instrument par lequel la communauté cherche à éviter le retour de la crise mimétique. Les interdits portent dès lors non seulement sur la violence et les impuretés qu’elle sécrète (au premier chef, le sang) mais encore sur tout ce qui est susceptible de causer des rivalités: ainsi naissent, notamment, les tabous sexuels (prohibition de l’inceste) et alimentaires (nourriture totémique), qui n’ont d’autre but que de soustraire à la rivalité ce qui est disponible au sein de la communauté en imposant un système d’échanges, matrimonial et alimentaire, avec l’extérieur. Plus largement encore, le souvenir de l’indifférenciation des doubles au plus fort de la crise conduit la pensée religieuse à imposer, en réaction, une extrême différenciation entre les membres de la société, par exemple par l’instauration de castes, en vue d’éteindre toute velléité de rivalité. Le rite paraît, au contraire, replonger la communauté dans la crise, en mettant en scène la violence, la violation des tabous et l’indifférenciation. Ce renversement des interdits ne constitue toutefois qu’un préalable à la reconstitution de la conclusion de la crise mimétique, sous la forme du sacrifice. Marquée par la puissance pacificatrice du meurtre du bouc émissaire, la communauté cherche à en reproduire les effets en sacrifiant, au terme du rituel, de nouvelles victimes, humaines ou animales. Dans la thèse de R. Girard, le rite sacrificiel est le creuset de toutes institutions humaines : fêtes, rites d’initiation et de passage, domestication animale, chasse, guerre, culte des morts, divinité transcendante, etc. S’il n’est possible ici que de les citer, l’une d’entre elles doit cependant retenir notre attention : le sacrifice est à l’origine de la royauté sacrée et, par dérivation, de la souveraineté. Substitut du bouc émissaire qui mit fin à la crise mimétique, la victime choisie pour le sacrifice
rituel se voit en effet auréolée, entre sa désignation et son immolation, des propriétés extraordinaires que la communauté attribue au restaurateur de la paix intestine : elle est, à la fois, amenée à transgresser les interdits religieux, pour figurer le Mal qui fut à l’œuvre dans la crise, et investie de la toute-puissance que les Hommes attribuent à celui qui les sauva de la destruction. L’étude des royautés sacrées dans les sociétés primitives fait apparaître des identités structurelles entre le sacrifice et le rite d’intronisation : le Roi est d’abord présenté comme un criminel, souvent à l’issue d’une mise en scène de la crise mimétique qui le contraint à violer effectivement les interdits, avant de faire l’objet d’une soumission adoratrice. Semblable à la victime en sursis d’immolation, le Roi ne s’en distingue que parce qu’il met à profit celui-ci pour fonder un pouvoir réel au départ de la vénération rituelle, pouvoir dont le renforcement exclura finalement la conclusion sacrificielle. R. Girard opère ainsi une révolution copernicienne dans la conception de la souveraineté : alors que le sacré est présenté, depuis la critique libérale de l’Ancien Régime, comme un élément surajouté dont le pouvoir se pare pour asseoir ses prétentions, la genèse sacrificielle montre au contraire que le pouvoir procède du sacré - même si cela n’exclut pas qu’une fois établi, il manipule la religion à ses propres fins. Le renforcement du pouvoir souverain peut aboutir, à terme, à réserver à celui-ci le monopole de la violence. La Justice, dont il devient débiteur, est donc, comme les autres institutions humaines, dérivées du sacrifice mais elle entretient un autre lien, tout à fait spécifique, avec la violence : c’est qu’en écartant la vengeance privée, c’est-à-dire en administrant la vengeance publique, elle est le dernier mot de la violence, auquel il ne peut être répliqué, et interfère directement avec la crise mimétique en enrayant sa propagation. Elle présente dès lors nécessairement un caractère sacré, en ce sens qu’elle guérit ce que la religion tend à prévenir par l’interdit et le rite. Echappant à la destruction par le meurtre du bouc émissaire, la société humaine est donc fondée sur
AYD
la violence et se maintient par l’administration rituelle de celle-ci. Il s’agit là toutefois d’une paix précaire car la communauté, trompée sur sa propre violence, ne peut longtemps tromper celle-ci. Les interdits s’émoussent peu à peu et les rites, ainsi que les institutions qu’ils engendrent, perdent leur efficacité. Confrontée à la dissolution des structures sociales et au retour de l’indifférencié et des crises mimétiques, la société ne peut alors que s’abandonner à nouveau à la violence unanime et réconciliatrice contre un bouc émissaire. Mais le meurtre intervient cette fois sur fond d’effondrement culturel : si la victime persécutée se voit toujours accusée de tous les maux, elle n’est plus transfigurée, par la grâce de sa mort, en sauveur de la communauté. L’Histoire multiplie les exemples de ces meurtres, que l’on songe, pour s’en tenir au monde chrétien, aux chasses aux sorcières et à la persécution des Juifs durant les grandes pestes, les pogroms ou l’Holocauste. A côté de ces phénomènes massifs et obscurcis par de terribles prétextes idéologiques, le meurtre se donne parfois à voir de manière plus élémentaire, isolé et à nu : ainsi le lynchage et le cannibalisme auquel se livrèrent, le 16 août 1870, les habitants de Hautefaye, dans le Périgord, sur le notable d’un village voisin qui, assimilé à un Prussien par une foule hystérique qui le connaissait pourtant personnellement, paya ainsi le prix des défaites durant la guerre franco-allemande M. Jean Teulé tira du procès d’assises son roman saisissant Mangez-le si vous voulez (2009). Léon Tolstoï met en scène, dans La guerre et la paix (1868), un évènement comparable, dont le moindre détail fait écho à la théorie de R. Girard : le lynchage de Véretchaguine. Alors que Moscou est vidée de ses habitants et abandonnée des soldats de Koutouzov à l’approche de la Grande armée, une rixe éclate entre un cabaretier, des ouvriers et des forgerons, où chacun décoche indistinctement des coups au départ d’un malentendu bientôt perdu de vue par les protagonistes. Cette crise mimétique, marquée du sceau de l’indifférenciation, les mène dans la cour du Comte Rostoptchine, administrateur de Moscou, qu’il est sur le point de quitter, amer et fulminant, après avoir été éconduit par Koutouzov.
A la vue de la foule, Rostoptchine se dit qu’il lui faut une victime et « cela lui vint », écrit Tolstoï, « parce que lui-même avait besoin d’une victime, parce que sa colère se cherchait un objet ». Se saisissant d’un jeune et frêle détenu politique, Véretchaguine, qui s’était retrouvé chez lui dans le cadre des opérations d’évacuation, il le livre à la foule en le désignant comme « le scélérat qui a causé la perte de Moscou », « le seul Russe qui ait souillé le nom russe » et lui enjoint de se faire justice à elle-même. Tolstoï décrit alors la foule comme parcourue de vagues, toujours plus menaçantes mais qui se brisent aux pieds de Véretchaguine, sans jamais obtempérer aux injonctions de Rostoptchine. Sur l’insistance de celui-ci, un soldat finit par frapper Véretchaguine au visage et lui arrache un cri de douleur. « La foule tendue à l’extrême rompit brusquement le barrage des sentiments qui la retenait jusqu’alors. Le crime amorcé devait nécessairement s’achever» : le premier geste de violence appelle ainsi, mimétiquement, l’avalanche de coups de la foule. Dans une mêlée indescriptible, où il est loin d’être le seul à être frappé, Véretchaguine est mis en pièces. « La foule se déplaça hâtivement du corps ensanglanté ; chacun s’approchait, considérait ce qui avait été fait et reculait avec une expression d’étonnement, d’effroi et de reproche » ; les meurtriers, hébétés, cherchent une explication que Rostoptchine, sévèrement jugé par Tolstoï, se donne pour calmer son trouble : « Il fallait apaiser le peuple. Bien d’autres victimes ont péri et périront pour le bien public ». * A la lumière de la théorie de R. Girard, la signification de l’Affaire Dutroux apparaît clairement : les évènements de l’année 1996 ressortissent au mécanisme du bouc émissaire, déclenché par la crise mimétique que traverse la société belge. J’ai bien conscience du caractère dérangeant de cette lecture et des malentendus qu’elle pourrait susciter, dans un contexte qui reste passionné. Je me propose dès lors de montrer, en parallèle à cette grille de lecture, les nombreux recoupements qui peuvent être faits entre celle-ci et l’analyse développée par M. Edouard Delruelle, Professeur
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L’envoi du bouc Êmissaire, gravure de William James Webb
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Triptyque Le Jardin des Délices (Copie par Michel Mancini d'après Jérôme Bosch) Panneau droit l'Enfer
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de philosophie politique à l’ULg et ancien Directeur-adjoint du Centre pour l’égalité des chances, dans son ouvrage L’humanisme, inutile et incertain ? (1999). La société belge traverse une profonde crise d’indifférenciation depuis les années 1970. Certains facteurs sont communs à tous les pays occidentaux. La dissolution des structures sociales traditionnelles, entamée avec la Révolution française et approfondie par la révolution industrielle, est en effet achevée avec les bouleversements de 1968 et la libéralisation et la mondialisation de l’économie : elle donne naissance à une société certes libérée des verrous du passé mais tout entière offerte, sur les plans matériels, spirituels et sexuels, au désir mimétique. Cette crise d’identité est aggravée en Belgique par la dégénérescence d’un Etat sans Nation, qu'E. Delruelle décrit comme suit : « Le poids de la dette extérieure, la fragilité institutionnelles, les tensions communautaires, la corruption politique et surtout le système des ‘piliers’ ont complètement annulé l’efficacité symbolique du système démocratique ». Baignée dans l’indifférencié, la société belge est animée d'un « désir d’unité et de repères ». Survient alors la découverte, à l’été 1996, des crimes de M. Dutroux et des dysfonctionnements policiers et judiciaires. Les deux éléments touchent tous deux étroitement au sacré : l’intégrité sexuelle des enfants, dont la profanation est d’autant plus sacrilège que de nombreux autres tabous se sont effondrés, et la Justice, dont la nécessité est d’autant plus ressentie que la prévention religieuse du mimétique s’est effacée. Ici encore, E. Delruelle met en exergue que, quel que soit le « camp » en cause dans l’Affaire, tous les doubles de la crise mimétique - population contre élite, voisins qui se dénoncent - se réclament d’un principe supérieur, sacré, qu’il s’agisse de « l’intouchable », l’« intégrité des corps », la « souillure innommable » contre l’enfant ou les fondements de la Justice impartialité, respect de la vie privée ou droits de la défense. Parce qu’elle éclate sur fond d’indifférenciation et qu’elle relève du sacré, l’Affaire conduit
inéluctablement à la recherche d’un bouc émissaire, qui n’est ni plus ni moins coupable que les autres de la crise mimétique. Entendonsnous : la culpabilité de M. Dutroux et ses complices pour les crimes terribles dont ils étaient accusés, dûment établie par la voie judiciaire, n’est pas ici en cause. Même s’ils y étaient tout désignés pour avoir touché au sacré, ils n’étaient cependant pas responsables de la crise de la société belge ; le fantomatique réseau de pédophiles qu’ils étaient censés servir l'était encore moins qu’eux. Cette quête d’un bouc émissaire constituait le mouvement naturel de la violence mimétique vers une victime unanime et réconciliatrice à expulser de la communauté. Dans une société confrontée à son effondrement culturel, le bouc émissaire, qui ne peut certes plus devenir saint par son expulsion, conserve néanmoins la figure de Mal absolu. Ainsi que le relève E. Delruelle, le mouvement blanc, « obnubilé par l’image d’un corps social ‘purifié’ », « a cherché religieusement qui pourrait incarner le Mal radical » et l’Affaire a, en définitive, servi à « conjurer de manière imaginaire la peur de la mort» et « transformer le procès d’un homme en un rituel d’exorcisme collectif ». Cette grille de lecture, pour iconoclaste qu’elle puisse paraître, se révèle ainsi particulièrement adaptée au décryptage des évènements de 1996, bien qu'elle mette en exergue des éléments que l’on retrouve dans d’autres analyses, tout à fait étrangères à la pensée de R. Girard. Le détour par celle-ci est-il dès lors bien nécessaire ? Assurément. Si, en effet, E. Delruelle dégage, au départ de la tradition philosophique du soupçon, les éléments de la crise mimétique et de sa résolution, il ne peut les articuler et concevoir leur unité dans la violence : il reste dès lors en défaut d’expliquer pourquoi et comment une société se met en quête d’un illusoire Mal absolu. En lieu et place de la théorie girardienne de la violence mimétique, E. Delruelle fait de l’Affaire la « manifestation d’un désir de réincorporation prenant sa source dans le vieux fonds moral catholique du pays », la réactivation de « vieux réflexes culturels enfouis dans la matrice religieuse de l’Occident : la croisade contre le Mal incarné ». Cette dénonciation centrée sur le christianisme pèche par ethnocentrisme et
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manque dès lors l’universalité du phénomène, dont témoignent les religions et mythologies à travers le monde, en ce compris la production tragique des présocratiques révérés. De cette insuffisance de diagnostic découle nécessairement une erreur de traitement : stigmatisant l’aspiration au sacré, sans voir que celui-ci n’est qu’un expédient contre la violence, E. Delruelle en appelle à une « démocratie qui fait du pouvoir un lieu vide ouvert au débat, à la compétition et à la contestation », c’està-dire un espace qui, si la violence mimétique reste méconnue, est un terreau propice à son déchaînement. L’unique porte de sortie du monde de la violence mimétique est, pour R. Girard, son dévoilement, sa révélation, ce que les Grecs appelaient Αποκάλυψις, l’apocalypse. Placés devant leur violence mise à nu, désormais incapables de la maîtriser par le meurtre de nouveaux boucs émissaires, faux coupables mais vraies victimes, les Hommes se retrouvent alors devant cette alternative : renoncer définitivement à la violence ou s’abandonner à une violence définitive qui les anéantira. L’apocalypse n’est-elle d’ailleurs pas, dans sa mise en scène johannique, la fin du monde ? Rien d'étonnant dès lors que pour R. Girard, la vérité de la violence gît dans l’écriture judéo-chrétienne, qui seule permet d'instaurer une religion des victimes dont le Dieu accepte de mourir sacrifié pour le rachat des péchés. Que les penseurs du soupçon se rassurent toutefois : Nietzsche ne dit pas autre chose dans L'Antéchrist…
Roman Aydogdu
Invitation Démonstration Interactive Dictée numérique Voucher Lunch 3 services offert restaurant Kolya Hotel Manos
Date/horaire:
20 octobre 2015 Démonstration non stop de 10h00 à 15h00
DICTEE-CENTER et Philips ont le plaisir de vous convier à une démonstration interactive des nouvelles solutions de dictée. Un « Voucher Lunch »** valable 2 semaines au légendaire restaurant Kolya vous sera offert afin de vous remercier de votre présence (Hotel Manos Premier) ** Lunch valable pour 2 personnes
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Hotel Manos Premier Chaussée de Charleroi 100-106 1060 Bruxelles (Parking gratuit)
DICTEE CENTER
Texte de Roger CHAIDRON
L’Art dans Tout en Belgique 1
Ancien bâtonnier de l'Ordre des Avocats du Barreau de Dinant (2011-2012/2012-2013), Roger Chaidron cherche dans la contemplation des oeuvres d'Art une réponse à ses interrogations existentielles. Et si la Beauté était le salut de l'Homme ?
1. Il s’agit du titre III de l’ouvrage de Roger-Henri Guerrand consacré à l’Art nouveau en Europe, paru chez Plon en 1965 et repris en 2009 par les éditions Perrin et dont s’inspire le présent article.
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Je ne suis pas né par accident. Pour situer ma naissance, il faut sans doute se reporter à la première exposition internationale des temps modernes qui se tient à Londres le 1er mai 1851. Le but de cette exposition était de réunir en même temps les produits de l’art et de l’industrie. Au début du rapport sur cette exposition qu’il dresse en 1856, le comte Léon de Laborde (pour la France) écrit que « l’avenir des arts, des sciences et de l’industrie est dans leur association ». Plus loin encore, il précise : « La destinée de l’Homme s’est améliorée par la machine, je veux maintenant qu’elle s’embellisse. » Il est persuadé que l’industrie va populariser les arts et exhorte le gouvernement à s’y consacrer au plus tôt. En Angleterre, une voix s’est élevée dans ce sens, celle de John Ruskin, premier propagandiste de la Beauté, non sans avoir dénoncé au préalable ce qui la rend impossible, la misère. Il proclame l’unité de tous les arts en affirmant qu’ils ont leurs racines dans l’utilité et dans l’usage, et que, par conséquent, l’embellissement du home n’est pas une tâche mineure mais fondamentale. C’est chez lui que les « modernes » puiseront leurs arguments en faveur de l’art décoratif. John Ruskin 1819 - 1900
Et l’appel de Ruskin est on ne peut plus clair, ainsi qu’il l’exprime à l’adresse des architectes : Inspirez-vous des leçons de la Nature ! Faire passer la nature dans l’édifice … Mais revenons en France. Après l’inquiétant comte de Laborde, un architecte des Monuments historiques s’exprime à son tour. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc commet quelques ouvrages et notamment des Entretiens sur l’Architecture qui deviennent la bible de tous ceux qui veulent changer quelque chose à l’architecture : « C’est être barbare que de reproduire à Paris ou à Londres un temple grec, car l’initiation transplantée de ce monument indique l’ignorance du principe qui l’a fait élever, et l’ignorance est la barbarie. » Mort au plagiat qui épuise toutes les ressources de l’invention.
Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc 1814 - 1879
Mais Viollet-le-Duc fut aussi professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs et met l’accent sur un autre point fondamental : « La décoration de nos édifices a perdu
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l’unité qui, dans toutes les belles époques, fait son principal mérite. L’architecte n’a pas tenu compte de la peinture qui devait décorer ses salles, le peintre ne s’est pas préoccupé de l’architecture au milieu de laquelle il venait poser son œuvre, le fabricant de meubles ne s’est soucié ni du peintre ni de l’architecte, et le tapissier a surtout tenu à ce que ses tentures ne laissassent voir autre chose que ce qui sortait de ses ateliers. » Unité de l’art qui est dans tout ! Mais il n’est pas permis de venir aux joies de l’enfantement et de l’onomasiologie sans un dernier détour par l’Angleterre. Un homme en effet, disciple de Ruskin, a consacré sa vie à changer l’aspect du home. Il s’appelle Wiliam Morris et est le premier décorateur des Temps Modernes. Il se lie avec Burnes – Jones, Rossetti, Madox Brown et, dès 1861, crée le premier magasin d’ensembles mobiliers et d’accessoires de décoration du monde. L’atelier est doublé d’une maison de commerce. Leur prospectus – manifeste les présente comme suit : « Une société d’artistes vient de se former dans le but de produire des œuvres d’art appliqué d’un caractère artistique et à des prix peu élevés ; ils ont résolu de se consacrer à la production d’objets utiles auxquels leur intention est de donner une valeur d’art. » Wiliam Morris 1834 - 1896
Dessin original de William Morris pour papier-peint, 1862
William Morris va redonner force à des principes depuis longtemps oubliés et qui seront grâce à lui proclamés dans toutes les langues de l’Europe : que chaque objet soit toujours pratique, que sa forme générale et la matière employée soient en harmonie avec sa destination et que le décor soit subordonné à la structure…
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Et en Belgique ? Bruxelles, à la fin du XIXème siècle, est un centre intellectuel qui rivalise avec Paris. Une revue littéraire, l’Art Moderne, parmi plusieurs qui entretiennent un climat passionné, paraît en 1881. Ses cofondateurs, deux avocats, Octave Maus et Edmond Picard, vont jouer un rôle capital dans la diffusion du nouveau style décoratif qui va prendre naissance en Belgique.
Octave Maus 1856 - 1919 Peint par Theo van Rysselberghe
Dès le premier numéro de la revue, le programme est établi … dans la droite ligne de William Morris : « L’artiste ne se contente pas de bâtir dans l’idéal. Il s’occupe de tout ce qui nous intéresse et nous touche. Nos monuments, nos maisons, nos meubles, nos vêtements, les moindres objets dont chaque jour nous nous servons, sont repris sans cesse, transformés par l’Art, qui se mêle ainsi à toutes choses et refait constamment notre vie entière pour la rendre plus élégante, plus digne, plus riante et plus sociale. »
Edmond Picard 1836 - 1924 Peint par Jean Toorop
Dix-neuxième année, n°31, dimanche 30 juillet 1899
De même, comme nous l’avons vu ci-dessus avec Viollet-le-Duc, l’équipe de l’Art Moderne répudie l’historicisme ambiant : « Nous détestons et les monuments en maussade Renaissance flamande, et les maisons en néo-gothique prétentieuses et apoplectiques d’ornements, et les portes cochères à têtes de lions, et les sonnettes en gueule de tigre … Nous voulons la proportion, l’adaptation aux besoins, l’utilité pratique et la raison. » Et c’est cette revue, dans un numéro de 1884, qui me donne un nom conforme à l’évolution qui vient d’être retracée et à l’esprit qui préside à la réflexion artistique : L’ART NOUVEAU.
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La même année, et dans la foulée, se constitue (toujours à l’intervention de Maus et Picard) une association d’artistes, « Le Cercle des XX », qui se propose de tenir un salon annuel qui fut la plus importante manifestation d’avant-garde de la fin du XIXème siècle dont le succès européen va croissant. A l’origine, le salon est réservée aux peintres : Ensor, Khnopff, Rops, Van Rijsselberghe, auxquels se joignent des maîtres encore contestés tels Cézanne, Gauguin, Seurat, Signac, Toulouse-Lautrec, Whistler. Mais, en 1893, Maus annonce l’ouverture d’une section réservée aux arts appliqués à l’industrie : des pots, des cendriers, des couvercles de coffret, des paravents, des cartons de verrière… C’est à cette date également que disparaît le Cercle des XX pour être remplacé par La Libre Esthétique dont le premier salon (1894) sera le triomphe des décorateurs européens animés de l’esprit nouveau. N’allez pas croire que tout était simple pour autant. Ce qui est nouveau inquiète, fait peur et tous, loin s’en faut, n’ont pas accepté cette nouvelle « religion ». Ainsi, après le salon de 1894, le député Anspach déclare : « Je compte interpeller le gouvernement sur le point de savoir pourquoi il s’est cru autorisé à mettre les salles de notre musée à la disposition de ces artistes de contrebande et de ses œuvres de pacotille. » Mais ces mauvais esprits n’auront pas raison de la détermination de l’équipe de l’Art Moderne et surtout des artistes qui, sous son impulsion, ont œuvré au développement de l’Art Nouveau. Vous voulez des noms ? Henry Van De Velde (1863 – 1957), Paul Hankar (1859 – 1901), Victor Horta (1861 – 1947), Gustave Serrurier – Bovy (1856 – 1910) notamment. Le mien quant à lui se prononce différemment d’un pays à l’autre : Art 1900, Modern Style, Jugend, Stile Liberty, Tiffany Style … C’est dire combien j’ai pu me répandre dans toute l’Europe et jusqu’en Amérique.
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Me reconnaître ? En quelques mots : floralisme, végétalisme, style en coups de fouet, en zigzags, en paraphes, en vagues, en copeaux … qui insistent sur ce qu’écrivait William Hogarth, en 1753, dans son Analyse de la Beauté : « La ligne courbe est la ligne de beauté ».
William Hogarth (1697 - 1764) Le Peintre et son dogue. Autoportrait
Musée Horta, vue de la salle à manger et de la cage d'escalier depuis le grand hall formant salon. (Photo Bastin & Evrard © MRBC, s.d.)
Horta quant à lui aimait à dire : « dans la plante, c’est la tige que j’aime. » Il ne nous reste qu’à admirer.
Victor Horta 1861 - 1947
Roger Chaidron
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Texte de Jean de CODT
Après un galop d’essai de deux ans en qualité d’avocat stagiaire au barreau de Bruxelles, Jean de Codt s’est orienté vers la magistrature debout. En 1997, il a été nommé conseiller à la Cour de cassation de Belgique et, dix-sept ans plus tard, il a prêté serment en qualité de premier président de cette Cour. Il préside également la Cour de Justice Benelux. Le chevalier de Codt est issu d’une famille flandrienne qui a accédé à l’échevinage d’Ypres en 1296 et a rejoint Bruxelles à l’orée des années mil neuf cent.
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epuis toujours, j’ai su que je n’aimerais jamais aucun logis comme j’aimais la maison de mon père. Nous l’habitions depuis quatre générations. Mes arrièregrands-parents l’avaient achetée entre leur retour d’Egypte et leur départ pour la Chine où ils vécurent dix ans. Chaque fois que je quittais ce toit tutélaire, il me semblait qu’on m’arrachait à mes racines. Du haut de mes fenêtres, j’observais parfois des passants s’arrêter et lever la tête, interloqués par l’étrange façade néo baroque de l’hôtel familial. L’architecte n’avait pas hésité à coiffer son ouvrage d’un pignon allongé à l’extrême. Il avait également pourvu la façade d’une élégante bretèche encadrée de fenêtres latérales dont l’arc et l’appui à bec illustraient son assimilation de l’Art nouveau. Une fois à l’intérieur, le sentiment d’étrangeté redoublait. Dans chacune de ses pièces, la vieille demeure vivait d’une histoire modelant le présent et l’avenir. Elle donnait l’impression d’avoir été secrétée du dedans plutôt que bâtie de l’extérieur. On aurait dit qu’elle était l’œuvre non de maçons ou de charpentiers mais de ceux qui avaient vécu dans ses murs et l’avaient créée avec leur âme et leur corps, comme un écureuil bâtit son nid dans un arbre ou un blaireau sa tanière dans le sol. Il était évident que l’esprit des générations passées subsistait dans ses volumes majestueux, ses couloirs improbables, ses fenêtres inattendues et ses parquets imprégnés du souvenir des vieilles servantes glissant sur leurs bas. Bien que l’âme de cette demeure fût déjà ancienne, elle n’avait pas encore atteint sa perfection, comme s’il lui fallait,
pour s’accomplir, attendre les générations qui lui viendraient encore. C’était une maison où il y avait eu suffisamment d’argent pour créer la beauté et la dignité, mais pas assez pour le luxe et l’ostentation. Il est vrai qu’elle prenait, à certains endroits, des airs de château, faisant habilement oublier l’exiguïté du terrain qui lui tenait lieu d’assise. Un petit jardin de ville lui servait de prolongement. Chaque année, les cerisiers plantés par mon père l’illuminaient de leur blancheur printanière. Mais la floraison éphémère ne survivait jamais à l’avril impatient. Et les pétales immaculées jonchaient bientôt le gazon, après une chute tourbillonnante qui était un régal pour les yeux. La maison s’organisait autour d’une cage d’escalier monumentale dont j’escaladais allègrement les trois volées.
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Eclairés par la verrière zénithale, les portraits de famille animaient les murs par ordre chronologique, depuis le seizième siècle en bas jusqu’au vingtième en haut. On passait de la fraise en dentelle immaculée au col mou de l’après-guerre. Du rez-de-chaussée jusqu’à l’étage des bonnes, nous franchissions ainsi quatre cents ans d’histoire familiale, ce qui donnait un peu d’essoufflement. Dans ma chambre au deuxième, la vieille penderie en acajou sentait toujours bon, tandis que le tiroir de la commode en chêne se coinçait chaque matin au même endroit. Enfant, je luttais contre la peur de l’obscurité en écoutant, pendant la nuit, le babil des secondes minimes et le pas cadencé des horloges montant et dévalant les escaliers des heures. Leurs lunes blêmes, garnies de chiffres maigres et vieux, trouaient vaguement la pénombre des paliers. Il nous était interdit d’entrer au salon sans permission. Aujourd’hui encore, je ne pénètre jamais dans cette pièce dorée sur tranche et tapissée d’incrustat sans me sentir vaguement coupable. Il y a longtemps, pourtant, que mes parents ont rendu leur âme à Dieu. La pièce, je peux vous l’assurer, est restée dans son jus mil neuf cent. Je n’ai touché absolument à rien. Par exemple, sur le guéridon près de la fenêtre, à côté de la bergère où mon arrièregrand-mère brodait en se remémorant les années
passées en Chine, s’entassent toujours une pile d’hebdomadaires intitulés « L’illustration ». Daté du samedi 6 octobre 1900 (58ème année, numéro 3006 ; prix du numéro : 75 centimes), le dernier exemplaire est orné en page de couverture d’un portrait du prince héritier de Belgique et de la duchesse Elisabeth en Bavière, dont il annonce le mariage. En page deux, le périodique s’offusque : des centaines de journaux allemands, français ou anglais livrent en pâture à leurs lecteurs un inventaire de la garde-robe de la princesse. Parler de ses chemises, mais quelle inconvenance. Ne pourrait-on pas, demande l’éditorial, faire l’aumône aux pauvres reines du respect que l’on témoigne aux bourgeoises ? Dans la rubrique intitulée « Courrier de Paris », le même journal aborde la question de l’Art nouveau, un art qui suscite, dit-il, l’enthousiasme de toutes les femmes jeunes et jolies que l’on rencontre à l’Exposition. Ce décor de l’Art nouveau, le journaliste le trouve vraiment exquis quoiqu’un peu byzantin. Sa flore et sa faune, qui raviraient Baudelaire, fleurent le décadent et l’esthétisme suspect que nous ont apportés les brumes du Nord. Mais en somme, il est charmant, cet Art nouveau, et comme on ne parle plus que de lui, l’hebdomadaire estime de son devoir de signaler son avènement aux rares personnes qui ne verront pas l’Exposition. L’autre extrémité du salon est occupée par une armoire chinoise à secrets, en bois laqué rouge
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et noir, avec serrures, charnières et poignées de cuivre. Les parois internes et externes du meuble sont couvertes de personnages qui déambulent entre des pagodes ou se réunissent, pour d’incompréhensibles conciliabules, sur des carrelages dessinés sans aucun souci de la perspective. Dans le tréfonds de l’armoire se cache une boîte en argent dont le couvercle est sculpté
d’un dragon armé de cinq griffes, privilège impérial donnant à penser que cette orfèvrerie, achetée à Pékin peu après la chute de l’Empire, proviendrait d’un pillage de la Cité interdite. Il ne me reste plus qu’à révéler le contenu de cette jolie boîte : c’est un cordon de soie noire composé de trois brins qui se rejoignent à une extrémité et se terminent, à l’autre, par un nœud de passementerie. Ce cordon servait à tresser la natte de cheveux que les chinois de l’ancien régime portaient en hommage à la dynastie mandchoue. Son propriétaire se nommait Lou Tseng-Tsiang. Il occupa les fonctions d’ambassadeur, ministre des affaires étrangères et premier ministre de la Chine dans les années qui suivirent la proclamation de la République en 1908. Comment le triple cordon de la tresse du mandarin Lou a-t-il abouti dans une maison à Ixelles ? Le 31 décembre 1907, alors conseiller à la légation de Chine à Saint-Pétersbourg, Lou n’avait pas hésité à télégraphier au Fils du Ciel afin de lui faire savoir que l’heure était venue pour lui de
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renoncer au trône. Joignant le geste à la parole, le jeune diplomate coupa la tresse de cheveux marquant son assujettissement à la dynastie régnante. Il fallait oser : ce geste était passible de la peine capitale. Mais l’Empire s’écroula six mois plus tard. Et Lou conserva le cordon comme souvenir.
près de Bruges, et y endossa l’habit bénédictin. Comment cette âme confucéenne a-t-elle pu s’accommoder des catégories aristotéliciennes de la pensée occidentale, cela reste un mystère. Quoi qu’il en soit, ayant fait vœu de pauvreté et devenu moine sous le nom de Dom Pierre-Célestin, l’ancien ministre, qui avait renoncé à tout, conserva, Dieu sait pourquoi, le fameux cordon rappelant le geste libératoire de ses jeunes années. Peu avant sa mort, il remit cet objet à un de ses amis, le baron Ryelandt, directeur du conservatoire de Bruges, compositeur et disciple de César Franck. L’arrière-petite-fille du compositeur est devenue mon épouse en 1983 et le triple cordon m’a alors été remis. Il repose depuis lors dans la boîte dont je vous ai parlé. Je n’ai pas besoin du poète pour comprendre que cet objet inanimé possède une âme qui s’attache à la mienne et l’oblige à aimer. Je sais aussi que le jour viendra où la maison et ses reliques me regarderont et ne me connaîtront plus. D’autres viendront dans cet asile enchanté ; à leur tour, ils prêteront l’oreille aux mots profonds que la maison dit quelquefois à ceux qui prennent le temps d’y demeurer en repos dans une de ses chambres. Je suis reconnaissant à mon toit tutélaire d’avoir fait connaître à ceux qui me suivent le parfum éventé des saisons d’autrefois.
Devenu ministre des affaires étrangères, Lou se mit en devoir de réorganiser son département sur des bases modernes. Pour l’y aider, la République invita la Belgique à lui envoyer un conseiller légiste. Le choix se porta sur Henri de Codt. Mon arrière-grand-père rejoignit courageusement Pékin via la Sibérie, laissant derrière lui sa chère maison mâtinée d’Art nouveau. Il n’y revint qu’au bout de dix ans, après que Lou, devenu son ami, se soit retiré de la vie politique. Tandis qu’Henri et Marie, son épouse, achevaient leur vie à Ixelles, Lou, ayant perdu sa femme, décida de quitter son pays pour la Belgique. Il frappa à la porte de l’abbaye de Saint-André,
Jean de Codt
Chevalier Henri (VIII) de Codt, 1861 - 1925
Photos : Anthony Lackner
Texte de
Alexis EWBANK
ARDENT FUTUR
Alexis EWBANK est avocat au Barreau de Bruxelles. L'image, l'art ou les médias sont ses terrains privilégiés du droit. La défense du politique, du juge ou de l'avocat lui sont loin d'être "terra incognita". Le critique de musique qu'il fut, au fond, orchestre tout cela.
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"Piston"
L’usine est belle. Ses fumées sentinelles bordent le fleuve et signalent le lieu d’ouvrage. On n’y passe pas son chemin. En contrée d’Herstal, le paysage est brique et fer. La culture est celle des fours à chaud et du boulon.
mécanique et travaillera à la Fabrique Nationale, la fille du terroir. Il manie tôt les outils mais le crayon aussi. Il fréquentera l’académie. Plus tard il y enseignera le dessin. Et deviendra peintre de son État.
C’est là qu’est né et a vécu Fernand Stéven, de 1895 à 1955, dans ce pays de Liège fertile en manufactures et industrie. Son père déjà était mécanicien. Il fera ses études dès 13 ans à l’école professionnelle de
La fabrique vit. Et il y a une vie hors de l’usine. L’industrie façonne le monde et la vie. Fernand Stéven vit la modernité et côtoie les poètes du monde nouveau. Il entre en 1932 dans « le groupe
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d’art moderne de Liège » animé par George Linze, l’écrivain utopiste de la cité mosane. Celui qui lança dès 1921 la revue futuriste « Anthologie » en manifestant, passionné : « nous défendrons l'Idée moderne, celle qu'élaborent la Science et l'Art » et qui publia « Méditation sur la machine » trois ans an après « Metropolis » de Fritz Lang. Le metteur en mots est en harmonie avec le souffleur d’images. Le premier révèlera le second « peintre des machines ». Tout mais si peu sera dit. Linze le poète, selon qui « une étrange phosphorescence couvre les objets les plus humbles comme si la poésie n'était que ce que les choses ordinaires ont d’extraordinaire», devait voir la magie des toiles de Stéven comme l’adolescent rêve à demain. Stéven sublime en peinture le rythme de la musique, y trace le roulement des billes, capte au pinceau le mouvement de l’hélice et lance des motocyclistes dans le vent. C’est l’époque où Herstal est la rampe de lancement fébrile de ses « demoiselles» de la route avec les 3 constructeurs de motocycles du cru que furent Gillet, Sarolea et la FN. Comme ses pères inconnus du futurisme italien, l’artiste exalte la machine. Il glorifie le mouvement et la vitesse dans l’art mécanique. A l’image d’un Gerardo Dottori, le futuriste de Pérouse qui voyait l’essence de sa peinture dans la représentation mystique des atmosphères et des paysages, le liégeois illumine à son tour ses toiles de faisceaux lumineux et de rayons spatiaux. Ce n’est qu’en fin de parcours de ce citoyen ardent et au bout de son œuvre, dans les années 50, qu’on dira de la science qu’elle devient fiction. Plus que tout autre peintre mais autrement, en humaniste plus qu’en scientiste, Fernand Steven reçut des doigts de Vulcain le don de célébrer le machinisme d’une nouvelle ère industrielle.
"Cathédrale de verre"
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" Le Rail"
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Quand Fernand Stéven quitte l’usine, c’est pour entrer dans la Cité, promouvoir l’homme et son dynamisme. Il peindra de nombreux panneaux au devant des cinémas en plein essor durant l’interbellum, égayera les classes de physique et de chimie du lycée novateur « Léonie de Waha » ou les murs de « l’institut chirurgical Seeliger ». C’est aussi sans surprise qu’il recevra commande d’édifiants panneaux à la gloire locale industrielle, rivés dans la salle des mariages de la maison communale de Chênée, ou des fresques du Palais du Lido à l’exposition internationale de la technique de l’eau en mai 1939 pour l’inauguration du Canal Albert. Septembre de cette année là n’a pas encore interrompu le cours de l’histoire. Pour l’heure, la sirène vibre et les ouvriers du quart prennent leur tour à la fabrique. Les pistons tournent et les cylindres gravitent. Les mèches et les vrilles swinguent. Turbines et rouages cadencent. Les machines sont en marche. Fernand Stéven ne doute pas des promesses du futur.
Alexis Ewbank
LOGO du Bauhaus créé en 1922 par Oskar Schlemmer.
Dominique Rigo, le design sans appel.
Fritz Hansen at DOMiniQUe riGO 210 RUE DE STALLE - 1180 BXL ALIAS / ARCO / ARKETIPO / ARPER / ARTEMIDE / B&B ITALIA / BACCARAT / CAPPELLINI / CARL HANSEN CASALIS / CASAMILANO / CASSINA / CLASSICON / DESALTO / EMECO / EXTREMIS / FERMOB FIAM / FLEXFORM / FLOS / FONTANA ARTE / FOSCARINI / FRITZ HANSEN / GALOTTI & RADICE HUGUES CHEVALIER / INGO MAURER / INTERLÜBKE / KARTELL / KNOLL / LAGO LAPALMA / LIGNE ROSET / LIMITED EDITION / LUCEPLAN / MAXALTO / MDF ITALIA NEMO / OPINION CIATTI / PALLUCO / PAOLA LENTI / PASTOE / POLIFORM / POLTRONA FRAU SAHCO HESSLEIN / SILENT GLISS / SIMON / TOULEMONDE BOCHART / VARENNA / VITRA
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Text / Texte de
Nathalie FONSNY
Akzent Accent Nathalie Fonsny est née à Verviers en 1974 et diplômée en droit en juin 1997 de l’Université catholique de Louvain-la-neuve. Après un séjour en Allemagne et un petit détour par la Barreau de sa ville de naissance, elle rejoingnit en 1999 le Barreau d’Eupen. Sa grande chance fut d’avoir trois mentors d’exception: Me Charles Heindrichs et feu Me Patrick Taquet qui furent ses maîtres de stage ainsi que Me Martin Orban au côté duquel, pendant presque 10 ans, elle apprit qu’on pouvait combiner la passion de la défense avec la simplicité et le respect des mandants qui nous confient leurs intérêts et les difficultés de leur quotidien. Depuis 2011, elle vole de ses propres ailes au sein d’un cabinet commun avec Me Andreas Keutgen et Stéphanie Baguette, des confrères de sa génération dont elle apprécie la qualité de leur travail et leur investissement. Nathalie vit à Eupen avec Max, un scientifique allemand passionné de linguistique, qui l’emmena vivre à Boston de 2007 à 2010 - Ils ont quatre enfants (Julius, 11 ans, Clara, 8 ans, Isabella et Alexandra, 5 ans) qui sont bilingues et parlent allemand… sans accent !
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« Einen Akzent zu haben, ist das Zeichen von Mut und von Neugierde, jene, sich in eine andere Sprache als die seine gewagt zu haben » (unbekannter Autor)
Dieser kleine wohlwollende Satz wurde bei einer im französischen Fernsehen organisierten politischen Debatte ausgesprochen; das Tagesthema, welches die Leidenschaften entfachte, betraf die Berechtigung von Eva Joly, Kandidatin der Grünen, zur präsidialen Wahl in Frankreich anzutreten, obschon sie in Norwegen geboren ist und ihr Französisch einige Spuren ihrer Muttersprache enthält, die es mit einem skandinavischen Akzent färben. Durch einen Artikel – bissig und hart – im Le Point hatte Patrick Besson in ein Wespennest gestochen, und jedermann fühlte sich verpflichtet, Stellung zu beziehen zu dieser grundlegenden Frage: kann man ein Land vertreten und in vorliegendem Fall die höchste Funktion dieses Staates ausüben, in dem man nicht dort geboren ist, in dem man von woanders kommt, und in dem man nicht den richtigen Akzent wie „bei uns“ hat? Patrick Besson hat sich gerechtfertigt; die Kandidatin hat sich verteidigt; die Hunde haben aufgehört zu bellen und die Karawane ist weitergezogen. Dieser kleine wohlwollende Satz, ich habe ihn dennoch in einem meiner kleinen Notizbücher aufgeschrieben, da er in mir, die ich bei zwei Gelegenheiten eine Fremde war und Deutsch und Englisch mit einem Akzent spreche, den man als wenig subtil bezeichnen könnte, Überlegungen, süße Erinnerungen und eher bittere Momente wachgerufen hat.
Das Wörterbuch Larousse definiert den Akzent als Gesamtheit der Artikulationsmerkmale (Aussprache, Tonfall, usw.), die für die Mitglieder einer Sprachengemeinschaft (Land, Region), einer Gruppe oder eines sozialen Milieus charakteristisch sind. Bevor wir einen Akzent haben wenn wir eine sogenannte Fremdsprache sprechen, haben wir alle einen … wenn wir uns in unserer Muttersprache ausdrücken! Er ist gleichbedeutend mit einer Region, mit unseren Wurzeln; er ist Gegenstand von Stolz, Sehnsucht oder Verlegenheit; man steht vollständig zu ihm oder man verbirgt ihn angestrengt; er kann versteckt werden und dann, einige Jahre später, wird er verherrlicht! Als Jurastudentin – der Campus duftete nach Sprechweisen aus Brüssel und Wallonisch-Brabant – versuchte ich, die Spuren meiner Herkunft, nämlich des Ostens unseres kleinen Landes, der letzten französischsprachigen Stadt vor dem Gebiet der Deutschsprachigen Gemeinschaft, zu vertuschen. Es ist klar, dass unsere Ursprünge zu dieser Zeit und an diesem bestimmten Ort wenig attraktiv und elegant erschienen, da unser Professor im Prozedurrecht, um die Wichtigkeit des in Artikel 100 der Verfassung verankerten Prinzips der Unabsetzbarkeit der Richter zu bekräftigen, mit Entsetzen ausgerufen hatte: „Stellen Sie sich vor, dass man die Magistraten nach Verviers oder Neufchâteau schickt, um sie mundtot zu machen!“. Angesichts der erfolgreichen Internet-
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« Avoir un accent, c’est la marque d’un courage et d’une curiosité, celle de s’être aventuré dans une autre langue que la sienne » (auteur inconnu)
Cette petite phrase bienveillante fut prononcée au cours d’un débat politique organisé à la télévision française; le sujet du jour qui déchaînait les passions portait sur la légitimité d’Eva Joly, candidate des Verts, à se présenter à l’élection présidentielle française alors qu’elle est née en Norvège et que son français laisse subsister quelques traces de sa langue maternelle et se teinte d’un accent scandinave. Un article -acide et acerbe- de Patrick Besson dans Le Point avait mis le feu aux poudres et tout un chacun se sentait obligé de prendre position quant à cette question fondamentale: peuton représenter un pays, et en l’occurrence exercer la fonction suprême de cet état, en n’y étant pas né, en venant d’ailleurs et en n’ayant pas un accent « bien de chez nous »? Patrick Besson s’est expliqué; la candidate s’est défendue; les chiens ont cessé d’aboyer et la caravane s’est éloignée. Cette petite phrase bienveillante, je l’ai cependant notée dans un de mes petits carnets car elle avait éveillé en moi, qui fus une étrangère à deux reprises, et qui parle l’allemand et l’anglais avec un accent qu’on pourrait qualifier de peu subtil, réflexions, doux souvenirs et moments plus amers. Le dictionnaire Larousse définit l’accent comme l’ensemble de traits articulatoires (prononciation, intonation, etc.), propres aux
membres d’une communauté linguistique (pays, région), d’un groupe ou d’un milieu social. Avant d’avoir un accent en parlant une langue dite étrangère, nous en avons tous un .... quand nous nous exprimons dans notre langue maternelle ! Il est synonyme d’un coin de territoire, de nos racines; il est l’objet de fierté(s), de nostalgie ou d’embarras; il est assumé pleinement ou dissimulé avec effort; il peut être caché et puis, quelques années plus tard, célébré! L’étudiante en droit que je fus, tenta, alors que le campus fleurait bon les prononciations bruxelloises et du Brabant wallon, de dissimuler les traces de sa provenance, à savoir l’est de notre petit pays, la dernière ville francophone avant les territoires de la communauté germanophone. Il est clair qu’à l’époque et à cet endroit précis, nos origines paraissaient bien peu attrayantes et élégantes, puisque pour appuyer le principe et l’importance de l’inamovibilité des juges, chers à l’article 100 de la constitution, notre professeur de droit judiciaire s’était exclamé avec effroi: « Imaginez que pour les bâillonner, on envoie les magistrats à Verviers ou Neufchâteau! ». Vu le succès sur le net des épisodes « Ce que disent les Liégeois », cette gêne de ma première année d’université me parait cocasse et ... bien inutile! Et puis, comme le disait le Duc François de La Rochefoucauld avec une pointe de nostalgie: « L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le coeur, comme dans le langage ». Concernant les craintes de mon professeur, la réforme du paysage judiciaire et les allers-retours
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Episode „Was die Lütticher sagen“, erscheint mir diese Verlegenheit während meinem ersten Universitätsjahr eher drollig und … sehr unnötig! Denn, wie schon der Herzog François de La Rochefoucauld mit einer Prise Nostalgie sagte: „Der Akzent des Landes, in dem man geboren ist, besteht fort im Geist und im Herzen, sowie in der Sprache.“ Bezüglich der Befürchtungen meines Professors, so müssen die Reform des Gerichtswesens, sowie die Hin- und Rückfahrten, welche unsere Magistrate zwischen den verschiedenen Gerichtsbarkeiten durchführen, ihn in Schrecken versetzen. Was unsere „fliegenden“ Richter angeht, hoffe ich, dass ihnen Verviers oder Neufchâteau, oder beide, gut gefallen. Eva Joly ist im Alter von 18 Jahren nach Paris gekommen um dort als junges Au-Pair-Mädchen zu arbeiten. Ich nehme an, dass sie vor ihrem Aufbruch nach Frankreich in Oslo die französische Sprache auf der Schulbank erlernt hat, so wie die meisten von uns bemüht waren, sich mit Niederländisch, Deutsch, Englisch, oder sogar Spanisch, vertraut zu machen. Entgegen mancher euphorischer Versprechungen, steht für die Mehrzahl fest, dass das Lernen einer Fremdsprache in nur 4 Wochen uns nicht perfekt zweisprachig oder dreisprachig macht, bereit um dem Arbeitsmarkt und dem gesellschaftlichen Leben entgegenzutreten, in jeder Situation unbeschwert die Feinheiten des Wortschatzes und der grammatikalischen Abläufe in der erlernten Sprache beherrschend… und sich mit der besten Aussprache ausdrückend. Der Akzent in einer Fremdsprache ist das Zeichen unseres Erlernens und unserer Anstrengungen um Zugang zu erhalten, zu einer anderen Gesellschaft, einer anderen Gemeinschaft, deren Vergangenheit und deren Richtlinien uns wenig bekannt sind; er bringt eine gewisse Bescheidenheit zum Ausdruck gegenüber unserer Frustration, un- oder missverstanden zu sein. Oh wie grausam ist es, wenn man die erforderliche Nuance beim Ausdruck eines Gefühls oder einer Idee verfehlt; oh wie abscheulich ist es, von einer
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que nos magistrats effectuent entre les différentes juridictions doivent l’horrifier ! Quant à nos juges « volants », j’espère qu’ils aiment Verviers ou Neufchâteau, voire les deux! Eva Joly est arrivée à Paris à l’âge de 18 ans pour y travailler comme jeune fille au pair. Je suppose qu’avant son départ pour la France, elle a, à Oslo, appris la langue française sur les bancs de l’école comme la plupart d’entre nous se sont efforcés de se familiariser avec le néerlandais, l’allemand ou l’anglais, voire l’espagnol. Malgré les promesses euphoriques, il est cependant certain que l’apprentissage d’une langue étrangère à concurrence de quatre semaines ne fera pas de nous, en tout cas pour la plupart, de parfaits bilingues, voire trilingues, prêts à affronter marché du travail et vie en société, à l’aise dans chaque situation, maîtrisant les subtilités du vocabulaire et les arcanes grammaticaux de la langue apprise.... et s’exprimant avec la meilleure prononciation! L’accent dans une langue étrangère est le signe de notre apprentissage et de nos efforts pour avoir accès à une autre société, à une autre communauté dont le passé et les codes nous sont mal connus; il traduit une modestie certaine face nos frustrations d’être incompris ou mal compris. Oh l’horreur de manquer des nuances indispensables à l’expression d’un sentiment ou d’une idée; oh l’abomination d’être exclue d’un débat de société ou politique; oh l’humiliation face au mépris du chauffeur de bus 79 reliant Arlington à Cambridge (MA) qui dédaigne votre application dans la langue de Shakespeare, teintée des intonations du Nouveau Monde. Votre accent peut aussi être une source de désillusion dans le chef de votre interlocuteur. Pour le comprendre, il faut voir la déception se lire sur le visage du boulanger de la ville allemande où vous vivez qui, charmé par votre accent lorsque vous vous exprimez dans la langue de Goethe, vous demande, des étoiles plein les yeux, et déjà transporté vers la Ville des Lumières -et de l’Amour! : « Sie sprechen Französisch. Kommen Sie aus Frankreich? » et que vous lui répondez, sans anticiper son
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gesellschaftlichen oder politischen Debatte ausgeschlossen zu werden; oh welche Demütigung wenn der Busfahrer der Linie 79 zwischen Arlington und Cambridge (MA) ihren Versuch, die Sprache Shakespeares in der Intonation der neuen Welt anzuwenden, nicht zu würdigen weiß. Ihr Akzent kann auch eine Quelle der Desillusionierung für ihren Gesprächspartner sein. Um dies zu verstehen, muss man gesehen haben, wie sich die Enttäuschung abzeichnet auf dem Gesicht des Bäckers der deutschen Stadt, in welcher sie leben, der sie, entzückt durch ihren Akzent wenn sie sich in Goethes Sprache ausdrücken, mit funkelnden Augen, bereits hinübergetragen in die Stadt des Lichts und der Liebe, fragt: „Sie sprechen Französisch. Kommen Sie aus Frankreich?“; und Sie ihm antworten, ohne seine Ernüchterung vorauszusehen: „Nein, ich bin eine Nachbarin. Ich komme aus Belgien. “Ja, der Akzent verweist auch in die Welt der Fantasie, der Allegorien und der Mythen unserer Gemeinschaft. Und jede Gemeinschaft hat ihre eigenen! Ein französischer Akzent in der deutschen Sprache besitzt selbstverständlich mehr Charme in München als in Eupen, wo er eher banal ist und zum Alltäglichen gehört. Ich habe mehrere Jahre in Deutschland und in den Vereinigten Staaten gelebt, wo meine sprachlichen Anstrengungen und mein Akzent fast immer geschätzt und gefördert wurden. Ja, Frust und Momente des Überdruss haben mich begleitet. Mein Praktikumsleiter erinnert sich mühelos an
désenchantement : « Nein, ich bin eine Nachbarin; ich komme aus Belgien ». Et oui, l’accent renvoie aussi à des imaginaires, à des allégories et à des mythes de notre communauté. Et chaque communauté a les siens ! Un accent français dans la langue allemande a bien évidemment plus de charme à Munich qu’à Eupen, où il est plutôt banal et appartient au quotidien. J’ai vécu plusieurs années en Allemagne et aux Etats-Unis, où mes efforts linguistiques et mon accent ont presque toujours été appréciés et encouragés. Oui, les frustrations et les moments de lassitude m’ont accompagnée -mon maître de stage se rappelle sans peine de mes pleurs et des 24 étuis de mouchoirs en papier qui furent nécessaires pour sécher mes larmes alors qu’il m’avait fait savoir- un peu brutalement, à ma décharge- qu’il fallait absolument que j’améliore mes plaidoiries en allemand. Oui, j’ai détesté que mon fils, âgé à
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l’époque de cinq ans, me regarde d’un air atterré et me dise: « Mom, you don’t speak English very well! People here don’t say so ». La vitesse et la facilité avec lesquelles les jeunes enfants apprennent une langue étrangère sont tout simplement stupéfiantes et m’ont parfois rendue terriblement envieuse. Il n’empêche que ces aventures dans des langues que je ne connaissais pas ou plus, ces montagnes russes des sentiments et des sensations dans une société nouvelle dont les codes m’étaient inconnus, ces péripéties qui me donnaient quelques fois l’impression de débarquer d’une autre planète, restent des expériences étonnantes et passionnantes dont je chéris encore chaque jour le souvenir. Alors, si un jour, l’opportunité de vivre une nouvelle histoire dans une autre langue se présente... SAISISSEZ-LA et au fond, peu importe votre accent! Il ne sera que le reflet de votre audace et de votre intérêt pour l’autre et les autres!
mein Weinen und an die 24 Taschentuchetuis, die nötig waren, um meine Tränen zu trocknen, nachdem er mir – ein wenig schonungslos, zu meiner Entlastung – mitgeteilt hatte, dass ich unbedingt mein Plädoyer in Deutsch verbessern müsste. Ja, ich war frustriert als mein damals 5-jähriger Sohn mich mit bestürzter Miene ansah und sagte: „Mom, you don’t speak English very well! People here don’t say so.“ Die Schnelligkeit und die Leichtigkeit, mit welcher junge Kinder eine Fremdsprache erlernen, sind ganz einfach verblüffend und haben mich so manches Mal schrecklich neidisch gemacht. Diese Abenteuer in den Sprachen, die ich nicht beherrschte, oder nicht mehr beherrsche, diese Berg- und Talfahrten der Gefühle und Erlebnisse in einer neuen Gesellschaft, deren Gepflogenheiten mir unbekannt waren, diese Zwischenfälle, die manchmal in mir den Eindruck erweckten, ich käme von einem anderen Stern, bleiben dennoch erstaunliche und spannende Erfahrungen, an die ich mich heute liebend gern erinnere. Wenn sich Ihnen also eines Tages die Gelegenheit bietet, eine neue Geschichte in einer anderen Sprache zu erleben… ERGREIFEN Sie sie voll und ganz, egal was für einen Akzent Sie haben! Er wird nur das Spiegelbild Ihres Wagemuts und Ihres Interesses für das Andere.
Nathalie Fonsny
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Texte de
Patrick GEELHAND de MERXEM
ÉLOGE DU PARADOXE Patrick Geelhand de Merxem est né à Poperinge (Poperingse Keikop) le vendredi 13 février 1959 et descendant de Pieter Paul RUBENS. Lorsqu’il ne travaille pas, il chasse, et paradoxalement, l’inverse est vrai également. Chasseur, bibliophile, joueur d’échecs, conférencier, président fondateur du conseil cynégétique IN FLANDERS FIELDS (1993) et président du Lions club de Heuvelland (2013), mais également, avocat depuis 1986, bâtonnier du barreau d’Ypres (2004-2006), traducteur juré, Juge de Paix suppléant (canton de Wervik). Avocat spécialisé en droit de la chasse, associé du cabinet Ver Elst & Geelhand de Merxem (Ieper), généraliste avec une préférence pour le droit civil. Enseignant le droit et le droit de la chasse. Orateur et conférencier sur les thèmes de la chasse, la noblesse et l’héraldique. Devise : « Animo et Fortitudine ».
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ieu, merci d’avoir laissé aux humains la possibilité d’être athée. Sans cela, nous n’aurions pas de mérite à croire, et dès lors bien plus de difficultés à gagner notre ciel. Ayant été mieux élevé pour gagner mon ciel que pour gagner ma croûte, je ne pourrais avoir grand mérite à relever la première partie du défi.
Le paradoxe, du Grec paradokson, de para, à côté, et doksa, opinion. Opinion contraire aux vues communément admises. Ce que paraît défier la logique parce que présentant des aspects contradictoires. Étonnamment (mot presque paradoxal en soi), le présent article ne paraîtra qu’au numéro 18 du « journal des avocats » alors qu’il aurait mérité d’être le premier article du numéro un. En effet, quoi donc de plus paradoxal qu’un « journal des avocats » sans connotation juridique et où aucun article juridique ou politique n’a sa place, alors qu’il s’agit de notre core business. Un comble ! C’est le sommet du paradoxe. Si je cultive le paradoxe, il y a de multiples motifs à cela. J’apprécie un mot d’esprit, choquer quelquefois, et tout en appréciant une certaine paresse, j’admire l’effort. Le problème suscite l’intérêt et la recherche de la solution, et la difficulté vous apporte plus de satisfaction(s) que le succès facile. C’est ainsi que le juste milieu ne se trouve pas au milieu. Tout un chacun cherche à faire pencher la balance en sa faveur, le plus souvent fort loin du juste milieu. Combien font 1 + 2 ? Si vous répondez 3, c’est rigoureusement exact, mais cela ne vous donne pas entière satisfaction, car c’était trop facile, et dès lors sans intérêt. A contrario, trop difficile, c’est sans intérêt également, car à ne rien comprendre où à toujours échouer il n’y a ni intérêt, ni satisfaction. Ne lisons donc pas EINSTEIN si c’est pour ne rien y comprendre.
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Mais où se trouve dès lors le juste milieu, si ce n’est au milieu ? Se retrouver au milieu de la masse, c’est étouffant. Se retrouver juste au milieu au niveau intellectuel, pour les lecteurs du journal des avocats, ce n’est pas nécessairement le juste milieu par rapport à la moyenne du quotient intellectuel de la population; tout est donc relatif. L’on pourrait alors croire « qu’avoir raison » nous rapproche de la vérité, à défaut du bonheur. Il n’en est rien, et pour nous avocats, encore moins. Il est bien connu dat het voor ons advocaten beter is gelijk te krijgen dan gelijk te hebben. (Mieux vaut obtenir gain de cause que d’avoir raison). Même si l’un n’empêche par l’autre et si, Dieu soit loué, parfois les deux vont de pair, mais à nouveau, paradoxalement, rien de moins incertain qu’un jugement (in)attendu. La bible cultivait déjà abondamment le paradoxe, et assez souvent avec une connotation d’équité, voire de « justice » avant de faire le rapprochement vers la justice divine, par le biais des paraboles, débordant de paradoxes. Prenons le jugement du Roi Salomon. Avant de rendre un jugement, le juge doit connaître, ou à tout le moins rechercher, la vérité. Ici, au contraire, le Roi, dans toute sa sagesse, rend un jugement, afin de découvrir la vérité par la suite. La véritable décision ne vient qu’après. Le fils prodigue et les ouvriers de la dernière heure sont d’autres exemples tout aussi merveilleux. Payer autant ceux qui ont travaillé nettement moins, et néanmoins avancer cela comme l’exemple de la justice, presque immanente, cela date évidemment d’avant l’apparition des syndicats. Opinion contraire aux vues communément admises. Et oui, bien évidemment. Tout d’abord, il n’y a pas qu’une seule vérité. Celle d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui. La Justice, à nouveau, quant à elle, recherche
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« la » vérité, en ignorant qu’il y en a souvent plusieurs. Et puis, souvent dame justice ne trouve pas la vérité, mais le bandeau sur les yeux ne lui facilite pas la tâche ! Ce bandeau est censé éviter les préjugés et les partialités. Une certaine faiblesse de jugement envers la ravissante créature ou envers la pauvre petite vieille faisant pitié. Le bandeau aveuglant évite de tomber dans ce piège. Bien vu (sic) donc ? Paradoxalement à nouveau, il n’en est rien. Lorsque l’on ne voit rien, on pourrait bien trancher dans le vif, loin du juste milieu, à l’aveuglette, précisément sans précision. Lorsque j’étais bâtonnier du plus petit barreau de Flandre, je connaissais tous les membres du barreau individuellement, personnellement, et même mieux que cela. Et pour cause, nous n’étions que 55. J’étais donc susceptible d’avoir, que je le veuille ou non, des préjugés à l’égard de la quasi-totalité de mes collègues. Curieusement, je considère que c’était plutôt une bonne chose. Cela m’a permis de prendre des décisions davantage en connaissance de cause dans la mesure où j’en savais nettement plus à leur sujet que le bâtonnier de la capitale, qui lui, ne pourra jamais connaître son barreau avec une telle proximité. Ne pas confondre amour de la difficulté avec goût de l’effort. L’amour de la difficulté peut paraître paradoxal, d’autant plus que le commun des mortels ne recherche pas la difficulté. Éviter de tomber dans la facilité nous met déjà un peu sur la voie. Mais il faut vaincre les difficultés pour parvenir finalement à un succès, alors facile, pour réconcilier les deux concepts. Ainsi le tir facile d’un chamois, après une longue, difficile et pénible approche, procure au chasseur une grande satisfaction. Non pas la facilité du tir, mais bel et bien la grande difficulté
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affrontée afin de parvenir à une facilité alors bien méritée.Bref, vous l’aurez plus ou moins compris, rien n’est ce qu’il paraît, et c’est le problème qui crée l’intérêt. Impossible de goûter le plaisir de résoudre un problème………… en l’absence d’un problème. Et l’étudiant universitaire qui réussit un examen, comment l’évaluer ? L’étudiant surdoué qui n’a rien étudié mais qui réussit brillamment, reçoit des éloges. L’étudiant qui a beaucoup étudié et qui connaît toute sa matière à la perfection réussit ensuite l’examen. Comme il connaissait tout, c’était facile (pour lui) et dès lors il n’avait plus aucun mérite à réussir. Pour lui, c’était comparable à répondre à la question : combien font 1 + 2 ? La réponse correcte ne vous procure alors aucun mérite. C’est donc l’étudiant qui connaît peu ou pas la matière et qui réussit néanmoins l’examen qui a le plus grand mérite, car lui seul a vaincu la grande difficulté. Et si vous estimez que le mérite revient à celui qui a beaucoup étudié, parce que le résultat a récompensé les efforts, vous pourriez tenter de mieux cultiver le goût du paradoxe, ou reprendre la lecture au début de l’article. Et pour ceux que cela amuserait de savoir, je faisais partie des étudiants qui tentaient de réussir sans connaître. Un mot d’esprit allant dans le même sens : « travailler, c’est asocial, car l’on prive de boulot quelqu’un qui en a plus besoin que vous ».
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Pour en rester aux paradoxes, terminons donc là où nous avons commencé, par Dieu. Pourquoi diable parle-t-on souvent de « l’avocat du diable » et jamais de « l’avocat de Dieu » ? L’avocat est censé défendre la justice, l’équité, la veuve et l’orphelin, et non pas le diable. Et pourtant, dans notre société, ce sont les « diables » qui ont le plus souvent besoin d’un avocat, encore que notre (Ministère de la) Justice en aurait besoin de plus d’un, tellement elle est malmenée, financièrement et autrement. Étonnamment, (ou paradoxalement) lorsque l’on plaide pour le diable, l’on ne plaide certainement pas contre Dieu. La bible nous enseigne déjà que l’on doit, en effet, défendre tant la brebis perdue que la brebis galeuse. A l’opposé, plaider pour Dieu, c’est ce que nous appelons encore toujours les « Pro Deo ». C’était davantage le cas en d’autres temps qu’à notre époque, car avant la rémunération ne vous parvenait qu’au ciel, alors que maintenant elle nous parvient par le biais du Ministère de la Justice, avec plus d’un an de retard. Et grâce à Dieu, et sans paradoxe, on ne négocie pas avec (le bon) Dieu !
Patrick Geelhand de Merxem
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Tekst van / Texte de
Didier GOEMINNE
Het stadspaleis Falligan L’Hôtel Falligan de Gand
Didier Goeminne est avocat, inscrit au barreau de Gand depuis 1981 et bâtonnier de l’Ordre en 2011-2013. Il présida le centenaire de son association d’étudiants en 1980, le bicentenaire de son barreau en 2012 et les 400 ans de son cercle d’escrime en 2013 car il est également Chef-Doyen ou Président de la Chef-Confrérie Royale et Chevalière de Saint-Michel, le plus ancien cercle d’escrime au monde et a publié dans « notre journal des avocats » numéro 11, un article à ce sujet. Il fût en outre président de son service Club Lions en 2000.
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De geschiedenis
Op de huidige plaats van het herenhuis of stadspaleis Falligan (Kouter nr 172 in Gent), bevond zich sinds de XIVe eeuw het “Steen”. Dit gebouw werd vernietigd in de XVIIe eeuw en vervangen door het stadspaleis dat vanaf de XVIIe tot aan het begin van de XVIIIe eeuw verschillende malen van eigenaar veranderde. Op 20 december 1754 werd het verkocht door de erfgenamen van edelman Philippe Papejans de Morchoven aan de edele heer Hector-Gabriel Falligan.
Zij hadden het geluk te mogen leven onder het vredig bewind van Karel Alexander van Lotharingen, gouverneur van de Oostenrijkse Nederlanden. Deze bloeiende periode tussen 1749 en de Franse Revolutie bood de mogelijkheid aan onze provincies om zich duurzaam te ontwikkelen. Hector Gabriel Falligan leefde zijn hele leven in het mooie herenhuis tot hij stierf op 14 november 1781. Zijn echtgenote zal er nog tot aan haar dood in 1795 verblijven.
Vanaf 25 februari 1755 vraagt de nieuwe eigenaar aan de schepen van “Keure” de toelating om renovatiewerken op te starten om zijn nieuwe aanwinst te kunnen verfraaien. Het project werd goedgekeurd en de verbouwingen kwamen neer op een volledige heropbouw van het herenhuis waardoor enkel de prachtige gewelfde kelders (uit de Middeleeuwen) onaangetast bleven.
Haar nicht, Marie-Jeanne Thècle de Pestre die in Rijsel woonde, erfde haar bezittingen. Dit leidde tot lange procedures met de andere erfgenamen Depestre die een deel van de erfenis opeisten. Zij wonnen waardoor Marie-Jeanne Thècle de Pestre gedwongen werd de nalatenschap met inbegrip van het herenhuis Falligan in een openbare veiling te koop aan te bieden.
De familie van Hector Gabriel Falligan stamt uit een adellijk geslacht afkomstig uit Anjou maar die zich tijdens de XVIIe eeuw vestigden in Rijsel en Doornik. Hector Gabriel Falligan, Heer van Aubuisson, werd in Doornik geboren op 4 februari 1716.
Op 22 april 1804 werd het gebouw verkocht aan het Gezelschap in lijfrenteverzekering, “Société Civile de la Maison Falligan” dat speciaal werd opgericht om het herenhuis in pacht te geven aan het Literair Gezelschap, de “Club” dat twee jaar voordien – op 14 februari 1802 – werd opgericht.
Op 10 september 1746 trouwt hij met Jeanne Agnes Depestre (1712-1795), één van de rijkste erfgenamen van het land. Haar familie behoorde tot de hoofdaandeelhouders van de “Generale Indische Compagnie” of de Compagnie van Oostende. Haar rijkdom zal een belangrijke rol spelen in de wederopbouw van het stadspaleis Falligan. Het koppel bleef kinderloos.
Sindsdien heeft het Literair Gezelschap altijd het voorrecht gehad zich in dit prachtig gebouw te mogen vestigen. Op 14 april 1928 werd de Société Civile “Maison Falligan” opgeheven en werd het Literair Gezelschap, de Club, volwaardig eigenaar van het herenhuis Falligan.
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Barok-Rococo-Rocaille
Het stadspaleis Falligan
De benaming “Rococo” is waarschijnlijk de samenvoeging van het Italiaanse woord “baroco” en het Franse woord “rocaille”. Het duidt een evolutieve stijl aan uit de Barok, wat sommigen ook de “late Barok” noemen.
Mevrouw Frédéricq-Lilar beschreef het stadspaleis Falligan in 1977 in haar boek “L’Hôtel Falligan Chef-d’oeuvre du Rococo Gantois” als het meest prestigieuze Rococo-gebouw in Gent. Alhoewel het gebouw zijn oorsprong vindt in de Vlaamse Barok laat het zich toch sterk inspireren door het Franse Rocaille.
De Barok vindt zijn oorsprong terug in de Italiaanse kunst op het einde van de XVIe eeuw. Deze stijl zal zich over heel Europa verspreiden en verdringt snel de klassieke stijl aan het einde van de XVIIe eeuw. Deze pompeuze en overweldigende stijl uitte de overwinning van de Katholieke Contrareformatie in zijn bouwstijl en ornamenten. De voorgevels worden gekenmerkt door grote zuilen, koepels, uitstekken, beelden en engelen. Het overweldigende effect vindt men ook terug in de monumentale trappen. Pas rond 1730 ontstaat de Rococo in het oude Heilige Romaans-Germaanse Rijk. Het zal later Europa bereiken, alsook de Italiaanse en Portugese kolonies. Deze stijl wordt aanzien als meer gevarieerd maar wel even rijkelijk voorgesteld. De veelvuldige “trompe l’oeil” schilderingen, de voorgestelde onderwerpen van personages uit de mythologie en religieuze taferelen, de luxueuze verguldsels op witte achtergrond, maar ook de erotische en exotische invloeden geven het speelse en geraffineerde karakter van deze bijzondere stijl weer.
Deze benadering duidt aan hoe Vlaanderen, met zijn eigen cultuur en stijl, zich toch liet inspireren door de Franse stijl. De Frans-Gentse stijl werd geboren. Het stadspaleis buiten De voorgevel van het hôtel Falligan geeft uit op de Gentse Kouter. Lange tijd werd deze statige plaats gebruikt als markt voor paarden (vandaar haar andere naam : Peerdekouter). Nochtans wordt ze in het Frans la “Place d’Armes” genoemd omdat ze ook diende als bevoorrechte plaats voor militaire parades. De kouter is tot op vandaag nog steeds een plaats voor ontmoetingen en wandelingen.
De weelderige voorgevel van het hôtel Falligan bezet een belangrijke plaats op de Kouter. Het herenhuis bestaat uit een benedenverdieping, een bel-etage en een dak-etage met de typische leistenen “à la Mansart”.
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Zelfs indien de achterste gevel van het herenhuis Falligan gewijzigd werd en bescheiden is, mag de aandacht gevestigd worden op de sierlijke stallen die zich achter de binnenplaats bevinden. Het centrale deel wordt gevoegd met twee zuilen, waarboven de samengevoegde wapenschilden van de Falligan en de Depestre het ronde fronton decoreren. De inrichting op het benedenverdiep van het stadpaleis Falligan
een vestiaire en een grote eetkamer (toegevoegd in 1841 en vergroot in 1876) bestaat. Deze kamer, ook wel het salon van de Turquerie genaamd, werd voornamelijk gebruikt tijdens de tweede helft van de XIXe eeuw als rookkamer en biljartkamer. De grote trap
De plattegrond van het herenhuis is rechthoekig. De monumentale poort geeft uit op een brede gang die naar de binnenplaats omgeven door de elegante stallen leidt. Een tweede grote poort op de binnenplaats geeft directe doorgang tot de Universiteitsstraat. Onder de portiek, aan de rechterzijde, geven enkele treden toegang tot een klein voorhuis. Deze geven dan weer toegang tot de hall met zijn monumentale trap. Het voorhuis verdeelt de benedenverdieping in twee delen : rechts zijn er de siervertrekken die op de Kouter uitgeven en links bevinden zich de vertrekken van het Gezelschap. De siervertrekken bestaan uit een groot salon (salon de l’Ecarté), een voorvertrek en een klein salon (het Domino Salon). De andere vertrekken van het Gezelschap omvatten een kleine eetkamer, of het salon Falligan; het Baccara salon en een ruime lange eetkamer die uit
De trappenhal met zijn monumentale trap vormt het hart van dit majestueuze herenhuis. Het contrast tussen deze elegante trap ‘à la Parisienne’ en het geladen stucwerk geven het geheel een speelse maar ook geraffineerde stijl. De Bel-etage Oorspronkelijk zouden op het eerste verdiep de privéverblijven van de gastheer en gastvrouw van het herenhuis zijn gevestigd. Terwijl de voornaamste kamers op de Kouter uitgaven, zouden ze bestaan hebben uit twee slaapkamers, een voorvertrek en twee zijkamertjes die als bureau of leeskamer dienden. De binnenkamers bestonden uit een bibliotheek en twee slaapkamers. Deze verblijven werden op een eenvoudige maar toch geraffineerde manier gedecoreerd. De verhuur van deze verblijven aan een bank gedurende vele jaren heeft ertoe geleid dat veel decoratieve elementen verdwenen zijn of weggestopt werden. De nieuwe huurder heeft de originele charme van deze prachtige vertrekken in de mate van het mogelijke hersteld.
GOE
Aujourd'hui Actuellement le club Falligan est constitué en ASBL sous la dénomination Société Royale Littéraire (Club). Son président est le Baron della Faille d’Huysse Le Club se compose de membres effectifs (domiciliés dans la province de Flandre Orientale) et de membres adhérents. Ses Clubs correspondants sont le Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire (Bruxelles), la Société Littéraire (Liège), la Société Royale Littéraire (Hasselt), la Société du Cabinet Littéraire de Verviers et la Société Littéraire de Huy, l’Union Club Bordelais, le City University Club de Londres et le Sankt Johans Club de Vienne. Le Club est ‘men only’ mais accepte les épouses lors de tournois de bridge et ses multiples activités culturelles (littéraires et musicales) du Club. Le soussigné réunit depuis plus dix ans un vendredi par mois les ‘Friday Friends’ afin de stimuler les nouveaux membres à faire connaissance du Club. Lors de la dernière "Ladies night" la célèbre modiste bruxelloise Fabienne Delvigne fût notre conférencière.
Didier Goeminne
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Texte de Marie-Paule HELPENS-JANSSENS
PAR LES CORNES DU DIABLE ET LA QUEUE DE SATAN
Avocate au Barreau de Bruxelles depuis un peu plus de 40 ans, toujours passionnée de littérature et toujours diablement enthousiaste.
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S’il y a décidément un personnage surgissant tout au long de ma vie, ce fut bien ce sacré diable... Toute jeune, dans le sud de la France, j’empruntais le Pas du Diable et l’impasse Asmodée, dans l’odeur particulière des hauts cyprès et des figuiers ; la moiteur de la fin de juillet conférait à ce lieu et au crépuscule, une vague inquiétude à mon esprit d’enfant. Cette impression se renforçait lorsque le brave vicaire de notre paroisse affirmait péremptoirement à mes parents que la Côte d’Azur était un endroit de perdition diabolique pour la jeunesse. A la petite école aussi que je fréquentais, on ne badinait pas avec la morale ; on frappait à la
règle les doigts des petites filles lorsqu’elles se réchauffaient les mains froides entre les cuisses : geste impur inspiré du diable... Mais surtout, une vraie terreur enfantine me revient : confiée à mes grands parents, je dormais dans une chambre mansardée et sur la cheminée de marbre noir trônait un buste de Dante, particulièrement inquiétant. Il oscillait lors du passage du tram 5 et s’éclairait furtivement la nuit lorsque les tentures de velours rouge s’écartaient au moindre souffle de vent. Je ne savais pas encore que cet auguste personnage avait écrit « l’Enfer ».
HEL
En ce temps d’obéissance, la route des vacances passait par le chemin des cathédrales gothiques ou romanes. Au détour de colonnes, de tympans ou de tapisseries « IL » surgissait soudain hideux et ricanant, cuisant à feu vif les méchants et surtout les enfants pas (trop) sages. Belle continuité avec la représentation théâtrale obligatoire de fin d’année scolaire où le « fourchu » était là, garni de poils et de verrues, surgissant des coulisses, près du Christ en croix dans un mélange de feu et de soufre qui faillit embraser le plancher en bois de la scène de l’école.
De la créature infernale des jugements derniers des cathédrales d’Amiens, de Bourges, d’Autun ou d’Albi au diablotin de l’abbaye de Conques et aux fresques de Padoue ou de Florence, notre Vilain est toujours présent !
Après un cauchemar, on m’offrit « Un bon petit diable » de la Comtesse de Ségur pour retrouver un sommeil paisible. L’adolescence m’apportant l’amour des livres, je dévorai la Mare au diable de G. Sand et le Grand Feu de Jeanne Bourin et plongeai alors dans le Moyen Age et son imagerie populaire pour retrouver ...ce détestable LUCIFER. Le marketing de l’époque fonctionnait fort bien puisqu’on LE découvrait partout. Diablement utile aussi puisqu’il réussissait, dans sa prouesse de terreur, à unifier tout l’Occident chrétien. Il est vrai que déjà en 447 , le Concile de Tolède « l’ » identifiait comme « un cornu, griffu, noir aux oreilles d’âne, aux yeux étincelants, aux dents grinçantes, doté d’un gros phallus et d’une odeur sulfureuse. » Chaque époque modèle « sa » figure symbolique ou « son » lieu de travail : l’ENFER. « Les diables en pierre qui décrochent les nuages » d ‘un certain Jacques Brel nous ont tous familiarisés avec les gargouilles des cathédrales ,tandis que sur le haut de notre hôtel de ville, Saint Michel terrasse toujours le « Dragon » païen, l’autre forme du Serpent de la Genèse. Toute l’animalerie démoniaque va surgir depuis le Loup, grand dévoreur de l’Agneau Mystique, au Bouc immonde, au Serpent malin, à l’Âne ou au Crapaud.
Enfin, pour ce malheureux Michel Ange , quelle damnation de LE peindre au plafond de la chapelle Sixtine et que dire du pauvre Quasimodo, précipité dans le malheur par ce « démon de Frollo », subjugué par les charmes démoniaques d’Esméralda. Il est vrai que le Grand Victor Hugo, dans sa trempe amoureuse, avait autant « le diable au corps » qu‘Arthur Rimbaud dans sa « Saison en enfer ». L’histoire de notre personnage infernal s’affirme dès le 12ème siècle et c’est au cœur des guerres de religion que son pouvoir maléfique explose. Le Prince des Ténèbres triomphe quand s’allument les bûchers de l’Inquisition. « Il » éclaire d’un
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feu d’enfer les forces obscures de la puissance, de l’argent et du sexe. Rien d’original même aujourd’hui me direz-vous....
- ou Goethe et son Faust qui donne son âme à Méphistophélès, en échange de la jeunesse éternelle.
Mais il ne faisait pas bon être sorcière à l’époque. Déjà la femme-démone-tentatrice était très en vogue pour combattre l’horreur de la sexualité.
Inutile d’exposer pourquoi le métier que j’allais choisir allait se heurter à des appréciations diverses...AVOCAT ?!
Il faut dire que la femme, éternelle broyée de l’Histoire, a toujours beaucoup donné.... Les femmes de Salem en savent quelque chose mais aussi le célèbre Michelet et sa Sorcière . Je ne voudrais pas oublier non plus l’éminent juriste Jean Bodin publiant à Paris sa « Démonomanie des Sorciers »...
*J’allais donc faire « commerce avec le Diable », d’autant que mon patron de stage était un grand diable agité, spécialisé dans la défense des boites de nuit et l’on m’offrit derechef « Les grands procès criminels » où l’on relate celui du Docteur Petiot (le docteur Satan) et celui du malheureux Dreyfus, exilé sur... l’île du Diable et sauvé de la folie par la lecture et l’écriture.
Dans ce grand embrasement, je ne passerai pas sous silence -après avoir tant aimé Angélique et Geoffroy de Peyrac- les Cathares brûlés par leur diable Simon de Montfort au service du Roi ou les Templiers accusés d’hérésie. Bien que le nom latin de Lucifer signifie « porteur de lumière » et le nom grec « phos-phorus »-clarté du phosphore- l’éclaircie dans la fumée arrive par les LUMIERES. On a désormais moins peur de ce pauvre Diable, battu en brèche par le rationalisme philosophique et le progrès scientifique. Au début du 19ème siècle, « Il » s’intériorise comme le sens du « péché ». L’influence de Newton, Spinoza et Leibniz lui donne sa forme : la figure du mal que chacun porte en soi. Le Malin n’existe pas sans l’homme qui le pense. Et, dans la foulée, le relais est pris par l’imaginaire littéraire et artistique diablement inspiré : - Voltaire, dans le style ciselé de la langue des Lumières, se proclame « grand ennemi de l’Enfer Eternel et du Diable » - Victor Hugo, écrivant « la fin de Satan », proclame : « l’archange ressuscite et le démon finit » - Charles Baudelaire, le Torturé, dans ses Fleurs du Mal, énonce : « c’est le diable qui tient les fils qui nous remuent ».
*Je serais un peu mystificatrice, comédienne habillée de noir comme LUI, et deviendrais une sorte de diable rusé et trompeur *Je serais un maître de la métamorphose à la parole facile et au sourire sardonique, conforme à l’image croquée par Monsieur Daumier.
HEL
Car bien sûr un brillant avocat se doit de dérouter son interlocuteur, de le troubler, de l’affoler. Il est le Malin .... Ce n’est que bien plus tard qu’il se rendra compte qu’à la place du « baveux », il se doit de devenir silencieux : écouter plutôt que parler pour gagner... tout le contraire de notre personnage. Et, comme le disait récemment un Bâtonnier spécialisé en matière pénale financière, en n’oubliant jamais que « le diable est dans le détail » !
et sous prétexte d’installer leur califat et leur dieu détruisent même les vestiges de leur propre civilisation antique
Mais quelque séduction que j’aie pu entreprendre, quelque affaire que j’aie pu gagner ou perdre, ce que je puis affirmer avec conviction c’est que, dans ce choix qui fut le mien, jamais le démon de l’ennui ne m’a atteinte.
*le manipulateur de notre indifférence face aux « mal nourris » qui travaillent déjà pour un surplus de notre confort comme les damnés de l’étain sur l’ île de Bangka en Indonésie ou les travailleurs des hauts fourneaux
*le destructeur des libertés et de l’instruction pour les filles dont la courageuse Malala et les femmes de son pays sont une fois encore les victimes *l’inspirateur de l’orgueil démesuré des mégalomaniaques de notre époque
Mais que diable après tout... qui es-tu vraiment Lucifer, Satan, Belzébuth, Méphisto ou Grappin du Curé d’Ars ? - l’Ange exterminateur de la colère de Dieu ? - le serpent de l’Ancien Testament, enroulé autour de l’arbre de vie pour en empêcher l’approche ? - le tentateur rusé qui veut perdre même Jésus dans le désert ou sur la croix ? - ou un mythe inventé au Moyen Age pour terroriser les hommes ? Ou bien es-tu : - la partie exécrable de notre double nature humaine ? - le justificateur de nos erreurs de jugements ou de notre égoïsme ? - ce mystificateur qui dérègle la marche du monde pour l’entrainer à sa perte ? Indiscutablement, tu es « LE MAL » initiant le malheur agissant comme : * l’exterminateur d’un peuple toujours désigné comme responsable de tous les maux et donc maudit ; un certain Hitler n’a eu qu’à forcer le côté obscur d’une opinion fort répandue * l’instigateur de monstres assoiffés de pouvoir qui volent impunément, assassinent sauvagement
*l’installateur de la société du « trop », de la performance à tout prix qui suscite au Japon des sessions « d’enfer » et détruit à petit feu l’équilibre écologique de notre planète.
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Le résultat est toujours le même : la rupture du lien d’humanité, l’isolement et l’affirmation du culte du « moi ».
Son choix de Pape est sans ambiguïté : le Prince de la haine et des ténèbres s’opposera toujours au Maître de l’Amour.
Le démon d’un homme, c’est son caractère, disait Héraclite.
Pour le pape François, le diable demeure l’instrument du matérialisme sur l’environnement et sur les hommes. « Trop c’est Trop » pour les uns laissant le rien aux autres. Après le Satan médiéval et le Méphisto romantique, voilà le retour en force de Satanas le « dé-créateur » dans la prédication du Pape François, unique en son genre.
Au fond, Satan hébreux, tu portes bien ton nom de DIABOLOS grec, puisque tu dérives du verbe « diviser ». Tu es le diviseur du Nouveau Testament. Tu es aussi le grand pourvoyeur de littérature et de spectacles : c’est aux Etats Unis, le grand Satan pour l’Iran, que Dracula a ouvert la porte à tant d’autres figures du genre et où les sectes sataniques se portent bien. Le diable resterait-il la bonne affaire de notre temps ? Si le diable n’est pas que d’église, il y trouve cependant une place de choix.
Mais bon dieu... où m’en vais-je avec cette parlotte de diable ? N’est il pas temps d’enlever ma toge avant de Le rencontrer et d’aller m’aérer le cœur et l’esprit au Rouge Cloître avec mon diablotin à 4 pattes et aux yeux jaunes qui court comme un vrai... diable ?
L’Eglise catholique a défini un nouveau rituel des exorcismes et réaffirmé l’existence du Malin, en désignant de nouveaux prêtres exorcistes. Le rapport entre le Pape et le Diable a certes évolué depuis les représentations dans les catéchismes des enfants du début du 20ème siècle. La prudence et la discrétion sont de rigueur pour définir un christianisme débarrassé de la peur de Satan. Cependant, n’est ce pas au Vatican que circule cette sentence : « Diabolicus fecit hoc » (c’est le Diable qui l’a fait) ? Un vent nouveau est entré au Vatican et dans l’Église lors de l’élection de J.M. Bergoglio qui, tel « le petit oiseau malin de ceux qui n’ont rien » comme le chantent Souchon et Voulzy, allie l’authenticité de son discours à ses actes. Si le Diable personnalisé avec des cornes et une longue queue a disparu, il n’en reste pas moins qu’il estime que des influences maléfiques parcourent la terre.
Marie-Paule Helpens-Janssens
Iconographie :
Saint Augustin, De Civitate Dei, vers 1375, enluminure sur parchemin. Fresque de Santa Maria Novella – détail, XIVème siècle (Florence). Avocat par H. Daumier (Collection Boijmans – Amsterdam). Guang Tingbo – Sueur et Acier, 1981 huile sur toile, Musée des Beaux Arts de Chine.
HEL
Texte d'Alain JACOBS窶天ON ARNAULD
BELLES ENGUIRLANDテ右S
Alain Jacobs-von Arnauld, avocat au barreau de Bruxelles, un peu dilettante, a la plume vagabonde.
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La jeune fille au sourire ambigu que l'on voit sur le tableau de Lucas Cranach, de Luini du Titien présentant la tête de Jean Baptiste sur un plateau est la fille d'Hérodiade, Salomé, qui pour faire plaisir à sa mère a demandé que l'on le décolle. Mais c'est surtout à la fin du XIXe siècle et au début du XXe que la jeune danseuse lascive inspira les artistes, peintres, dessinateurs, poètes, musiciens fascinés par le côté sulfureux du personnage. La demoiselle impudique suscita, comme on le sait, le désir incestueux de son beau père Hérode Antipas grand amateur de spectacles de danse osés. Ce jour-là, elle se dépouilla avec beaucoup de talent des sept voiles dont elle s'était savamment parée pour la circonstance. Ce grand numéro d'effeuillage lui valut, outre le cadeau de la tête du saint ermite, la satisfaction reconnaissante de sa mère, Hérodiade et la considération sinon l' admiration posthume et morbide de bien des intellectuels parmi lesquels Oscar Wilde, Aubrey Beardsley, Munch, Apollinaire, Strauss, J.-K. Huysmans. D'autres dames connues pour leur détermination les fascinèrent tout autant. Ils s'aperçurent que leurs charmes pouvaient constituer, dans l'arsenal hétéroclite dont les plus hardies disposaient, une arme pittoresque d'une efficacité d'autant plus redoutable qu'elle pouvait être associée au besoin à quelques autres artifices, parures coquines, parfums capiteux, larmes convaincantes et instruments tranchants. Ainsi Dalila en usa pour trahir le vigoureux Samson. Il est vrai qu'elle lui avait offert non seulement le spectacle de ses charmes, la volupté perfide de ses caresses mais encore quelques lamentions attendrissantes et aussi quelques coupes d'un vin généreux. L'homme, certes robuste, manquait tout de même de subtilité autant que de prudence élémentaire, bien qu'il fût juge en Israël. Quelle faute de jugement que de confier à sa compagne le secret de sa vigueur lorsqu'elle ne tient qu'à
un cheveu, voire à toute une chevelure. Samson aveuglé par les philistins rancuniers après l'avoir été par l'amour eut au moins l'avantage de garder la tête rasée sur les épaules jusqu'au moment où il fut en mesure de provoquer l'écroulement vengeur du palais de ses bourreaux dans lequel il périt. Il existe aussi l'une ou l'autre décollation vertueuse et donc glorieuse. Judith célébrée notamment par Klimt puisa après quelques jours de jeune et de prière à peu près les mêmes armes dans l'arsenal conventionnel féminin pour séduire ce lourdaud d'Holopherne et lui trancher la tête qu'elle rapporta délicatement aux siens. L'affaire est dans le sac leur annonça-telle modestement.
JAC
La timide Esther obtint quant à elle de son époux, le roi Assuerus, la tête du ministre Aman pendu haut et court à la potence qu'il avait préparée pour Mardochée, l'oncle protecteur de la dame. Cette fois-ci, elle ne fit cependant usage que de son charme, de la richesse de ses vêtements, de quelques larmes et d'un évanouissement propice. Point ne fut besoin de ciseaux ni de sabre. En revanche Méduse fut décapitée par Persée. Sa tête eut bien du succès en fin de XIXe siècle. Quant au jeune David, il ne suffit pas qu'il tranchât la tête de Goliath pour inspirer les artistes de l'art nouveau. La renaissance, les Titien, Caravage, Reni et autres Rubens l'avaient probablement trop célébré. Statistiquement, il y eut peut être autant de dames décapitées par des hommes que de messieurs
décapités par des femmes. L'inventaire dressé par José Saramango, prix Nobel de littérature, aligne quelques saintes martyres parmi lesquelles : Augusta de Trévise, Barbe de Nicomédie, Catherine d'Alexandrie, Engratia de Saragosse, Eulalie de Merida, Félicité, Flavie Domitille, Julienne de Nicomédie, Martine de Rome, Quiterie de Coibra et Valérie de Limoges ? Aucune de celles qui ont ainsi
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malencontreusement perdu la tête n'a cependant obtenu en échange la grande célébrité dans le domaine des arts. Le destin tragique d'Anne Boleyn, de Catherine Howard, de Marie Qtuart, de Marie-Antoinette, de Charlotte Corday n'a pas valu à ces dames d'immortelles représentations, de poèmes, d'opéras. Mais Il n'y a pas que les femmes fatales ou martyres qui furent célébrées par les artistes de l'Art
Nouveau. Que de jeunes personnes gracieuses, énigmatiques ou enjouées, parées de fleurs, de guirlandes, vêtues de voiles aériens mettant leur séduisante anatomie en valeur ont servi de décoration aux façades des maisons bourgeoises, que de nymphes, vierges, anges, saintes, allégories servirent de prétexte au foisonnement des lignes courbes, sinuosités capricieuses, torsades aléatoires, volutes obsédantes, douces ondulations, lianes sauvages, circonvolutions serpentines, enchevêtrements désordonnés dont on finit par se lasser au profit de la plus grande sobriété de l'art déco et du cubisme. La nouille gracieuse à la sauce végétale était devenue indigeste. Vive l'austère et roborative ligne droite ! Alain Jacobs–von Arnauld
JAC
Tekst van / Texte de
Dominique MATTHYS
Over Orpheus, de kracht van de muziek en Mozart Quelques réflexions sur Orphée, la force de la musique et Mozart
Dominique Matthys Avocat Président de l’Orde van Vlaamse Balies Passioné de musique Passioné d’architecture Passioné de littérature Passioné de peinture Passioné d’histoire
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« Io la musica son, ch’ai dolci accenti, So far tranquillo ogni turbato cuore, Ed or di nobil ira ed or d’amore, Poss’ inflammar le piu gelati menti » Met deze poëtische boodschap vangt de proloog van Claudio Monteverdi’s Orfeo aan, voor het eerst in het jaar 1607 uitgevoerd in het gelukkig nog niet te veel door toeristen geteisterde hemels mooie Gonzaga-paleis van Mantua. Dit meesterwerk gaat door als de allereerste volwaardige opera uit de muziekgeschiedenis. Orfeo is het mythologische verhaal over de kracht van de muziek en over de intensiteit van de ware liefde. Een tragisch verhaal dat aangeeft dat – hoe sterk ook – de muziek niet tegen de toorn der Goden opgewassen is, hoewel … maar dat is een andere geschiedenis.
“Ik ben de muziek, die door mijn zachte accenten alle getormenteerde harten tot rust kan brengen, en die nu eens met de nobele woede, dan weer met liefde, de meest verkilde geesten kan verwarmen”.
Deze proloog moet ieders hart beroeren. Ook ik ben er telkens door aangegrepen, want ik heb iets met muziek: muziek leeft in mij en brengt mij tot leven. Dat zal ongetwijfeld iets te maken hebben met mijn bevoorrechte opvoeding en de onuitwisbare invloed hierop van mijn betreurde vader, ooit een talentvol concertpianist en muziekpedagoog. Ongewild en vaak ook onbewust werd ik van kindsbeen af bijna letterlijk ondergedompeld in de magische klankwereld van de muziek: ik raakte vertrouwd met het nagenoeg onuitputtelijke pianorepertoire, maakte kennis met gerenommeerde en innemende musici, woonde talloze repetities, opnames en concerten bij, en luisterde vanop mijn kamer stilletjes naar het instudeerwerk van mijn vader en naar zijn begeleiding van beloftevolle studenten. Het waren zalige momenten, die mij deden nadenken over de ritmes, structuren en technieken die de klankschoonheid gestalte geven. De in mijn humanioratijd door de Jezuïeten bijgebrachte nieuwsgierigheid voor alles wat met menselijk denken, streven, beleven en scheppen te maken heeft werd aldus gevoed door de grondtoon van de muziek, zoiets als de baslijn bij de grote Bach of de leidende linkerhand in de pianomuziek van Mozart of Chopin.
MAT
“Je suis la Musique, et par mes doux accents Je sais apaiser tous les coeurs tourmentés, Et d’amour ou de noble colère Je peux enflammer l’âme la plus glacée” C’est avec ce message que débute le prologue du premier opéra de l’histoire de la musique, composé en 1607 par Claudio Monteverdi à Mantue. Il nous entretient sur la force de la musique et sur l’intensité de l’amour, en nous rappelant que cette force n’est pas suffisante pour apaiser la colère des Dieux jaloux … quoique … Le prologue d’Orfeo me va droit au coeur, moi, fils de pianiste et de musicienpédagogue de grand talent. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été littéralement plongé dans la musique, qui dans toute mon éducation m’a servi de ligne conductrice dans ma découverte des valeurs de la vie, un peu comme la basse continue de Bach ou la main gauche dans l’oeuvre de piano de Mozart ou de Chopin. À propos de Mozart: un jour mon père me confiait qu’en étudiant la sonate KV 333, qu’il a si souvent exécutée, il se sentait toujours embarrassé: Mozart cache en lui l’expression de toute l’humanité. Ses compositions sont limpides, parfaitement équilibrées, et à la fois tellement fragiles, qu’une exécution ne peut en être faite qu’à un stade de grande maturité technique et spirituelle. Ce n’est pas par hasard que le grand virtuose Vladimir Horowitz n’enregistrait son premier concerto de Mozart (le KV 488) qu’en 1987: il avait entretemps passé le cap des 80 ans! Voilà le mystère de ce compositeur génial, qui a réussi à nous laisser, au bout de sa trop courte vie de 35 ans, pas moins de 626 oeuvres. Il est vrai que tout le monde connaît les mélodies de la Kleine Nachtmusik ou de la marche turque de la sonate pour piano KV 331 mais, nonobstant les arrangements blasphémiques d’un André Rieu ou Waldo de los Rios, Mozart n’est pas l’ambassadeur d’un classicisme facile, frivole et à tous moments joyeux. Il est sans doute le plus grand génie musical de tous les temps qui, comme l’écrivait son grand admirateur Albert Einstein, “did not create his beautifully clear music at all, but simply discovered it already made”. Observez l’extrait du manuscrit du concerto pour piano KV 491 (illustration n° 1): tout a été écrit d’un seul traît, comme si il existait chez notre compositeur une ligne directe entre sa tête et le papier.
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Mozart, zegde ik… Op een dag vertrouwde mijn vader mij toe dat hij bij het instuderen van pianosonate KV 333, die hij later vaak zou uitvoeren, de indruk had dat hij daar nog niet ‘klaar’ voor was. Mozart, zo zegde hij, verbergt zoveel facetten in zijn composities, dat de gehele mensheid erin besloten ligt; bovendien is zijn schriftuur zo helder, zo perfect uitgebalanceerd, zo broos en kwetsbaar, dat een volwaardige uitvoering ervan alleen bij volle maturiteit van techniek en volwassenheid verantwoord is. Zelfs de grote Vladimir Horowitz, de meest briljante pianovirtuoos van de XXste eeuw, wachtte tot hij meer dan 80 jaar oud was om voor het eerst een CD-opname te maken van een pianoconcerto van Mozart (het grandioze concerto nr. 23 KV 488, bij DGG onder leiding van Carlo Maria Giulini met het Orchestra del Teatro alla Scala opgenomen in 1987 samen met een pianosonate, jawel de KV 333 !). Daar zit hem nu juist het mysterie van die geniale componist, die in zijn korte leven van amper 35 jaar niet minder dan 626 composities neerzette. Hoewel “Amadé”, de Gods-geliefde, elke kinderziel tot vreugde brengt, en ofschoon de melodieën van Mozart (wie kent niet de thema’s van de Kleine Nachtmusik KV 525, het Ave Verum KV 618, de eerste beweging uit de 40ste symfonie KV 550 of de Turkse mars uit de pianosonate KV 331 ?) bij iedereen als aantrekkelijke deuntjes bekend staan, is Wolfgang helemaal niet de ongecompliceerde, lichtzinnige, frivole en steeds vrolijk klinkende ‘pruikenman’ wiens muziek, liefst nog wat verkleuterd met de saus van een André Rieu of Waldo de los Rios (luister vooral nooit naar zijn “Mozartmania”), als achtergrond mag worden afgespeeld in een supermarkt of een parkeergarage. Mozart is wellicht hét grootste muzikale genie aller tijden die, zoals zijn groot bewonderaar Albert Einstein ooit schreef “did not create his beautifully clear music at all, but simply discovered it already made”.
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conditions mystérieuses que tout le monde connaît, et la commande de la “Clemenza” ne lui avait été faite qu’à peine un mois avant le couronnement de Leopold II à Prague, occasion à laquelle l’opéra devait être représenté. Il réalisa un nouveau chef d’oeuvre, qui figure aujourd’hui à l’affiche de tous les grands théatres musicaux du monde. Certes, ses qualités de professionalisme et de célérité ne constituent pas, en soi, la raison qui me fait affirmer que Mozart est, dans la conviction de tant de musiciens, le “plus grand” de tous les temps.
Le petit Wolfgang était un enfant prodigue, et son père Leopold a rapidement compris qu’il avait tout entre ses mains pour en faire un véritable petit artiste de cirque ambulant. L’anecdote du voyage à Rome en 1770 en est une illustration frappante: lors de sa visite à la Chapelle Sixtine du Vatican, le petit Mozart entend exécuter le ‘Miserere’ l’Allegri, une oeuvre complexe pour deux coeurs, réservée exclusivement au Vatican sous peine d’excommunication. Le petit Amadé (l’aimé de Dieu) enregistre toute l’oeuvre de mémoire, et en présente, le même soir, une copie écrite à son père ébahi. Le secret le mieux gardé du Vatican était une fois pour toutes dévoilé. Mozart nous a laissé de nombreuses lettres qui témoignent de sa capacité de concentration inégalée, qui lui permettait de réaliser ses travaux dans ce que l’on qualifierait aujourd’hui de ‘temps record’. Un exemple ? Sa composition de l’opera "La Clemenza di Tito", écrit quelques mois avant sa mort, pendant son voyage en calèche de Vienne à Prague, dans un laps de temps d’ à peine trois semaines. Wolfgang venait de terminer la composition de sa “Zauberflöte”, avait entamé son Réquiem dans les
L’histoire de la musique connaît en effet tant de grands musiciens, l’un encore plus génial que l’autre: J.S. Bach, Monteverdi, Purcell, Haydn, Schubert, Beethoven, Brahms, Schumann, Mendelssohn, Chopin, Mahler, Wagner, Richard Strauss, Debussy, Stravinsky, et j’en passe. Tous me procurent, chacun de sa manière, cette découverte de soi qui est l’essence même du grand Art.
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Deze uitspraak bevat veel waarheid, want wanneer men de manuscripten van Mozart bekijkt (zie de illustratie: een uittreksel uit het manuscript van pianoconcerto KV 491), stelt men vast dat alles bijna zonder verschrijvingen aan het papier werd toevertrouwd, alsof het in één vloeiende beweging vanuit het hoofd op het notenpapier was terechtgekomen. Reeds als klein rondreizend wonderkindje – zeg maar door zijn strenge vader opgevoerd circusartiestje – kwamen zijn onovertroffen talenten aan het licht. Het verhaal van de Rome-reis van 1770 – Wolfgang was toen amper 14 jaar oud – is in dit verband het vermelden waard: Het “Miserere”, een complex en wonderbaarlijk mooi werk voor twee koren, het ene vierstemmig en het ander vijfstemmig, werd in 1638 door Gregorio Allegri gecomponeerd. Het werd jaarlijks op Goede Vrijdag in de Sixtijnse Kapel van het Vaticaan gezongen, en mocht op straffe van excommunicatie nooit buiten het Vaticaan worden uitgevoerd. Nadat de kleine Amadé samen met vader Leopold de dienst van Goede Vrijdag in de Sixtijnse Kapel had bijgewoond, keerde hij vrolijk terug naar de herberg, waar hij meteen uit het hoofd het hele Miserere neerschreef. Het best bewaarde geheim van het Vaticaan was meteen geen geheim meer, en in een brief aan zijn vrouw schrijft Leopold op 14 april 1770: “Je hebt wellicht reeds horen spreken van het Miserere van Rome, zodanig beroemd en zo hoog geschat dat aan de musici van de Sixtijnse Kapel op straffe van excommunicatie uitdrukkelijk verbod is opgelegd om een partituur ervan buiten de Kapel mee te nemen of er een kopie van te maken of aan een ander over te maken. Welnu, wij hebben ze reeds in ons bezit. Wolfgang heeft ze volledig uitgeschreven en…” waaraan de kleine Wolfgang in een post-scriptum toevoegt: “Ik ben, God zij dank, nog steeds in goede gezondheid, ik en mijn ellendige ganzeveer!” Mozart componeerde snel en accuraat, en zijn talrijke brieven die hij ons achterliet geven aan dat hij over een ongeëvenaard concentratievermogen beschikte, dat hem toeliet zware opdrachten in een recordtempo tot voltooiing te brengen. Een voorbeeld? In de zomer van 1791, enkele maanden voor zijn dood in december, voltooit Mozart zijn “Zauberflöte”, en terwijl hij in de nooit opgehelderde omstandigheden rond de opdracht hiertoe de schriftuur van zijn “Requiem” aanvat, ontvangt hij rond 15 augustus een nieuwe opdracht die zodanig dringend is, dat al het andere werk (Mozart werd intussen nogmaals aangepord door de mysterieuze gezant om de bestelde dodenmis ten spoedigste te voltooien) er moet voor wijken. In naam van de Staten van Bohemen droeg het operahuis van Praag Mozart op om de compositie te verzorgen van een plechtige opera ter gelegenheid van de kroning van Leopold II tot koning van Bohemen. Deze kroning zou plaats vinden op 6 september 1791, nauwelijks drie weken later.
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Quelles pourraient bien être les qualités qui rendent Mozart tellement unique ? Son universalité ? Sa dimension profondément humaniste ? Sa maturité sans limites ? Sa connaissance de l’âme humaine ? Sa mélancholie, et l’art d’y trouver un équilibre émotif parfait ? Son sourire trempé dans les larmes, ou son sourire qui émeut jusqu’aux larmes ? La réponse à cette question se trouve dans sa musique elle-même, et son écoute est donc la seule clé de ce mystère. Dans une lettre, adressée à son père à l’âge de 31 ans, Mozart écrit que la mort est devenue son meilleur ami. En écoutant sa musique avec cette dimension, l’on découvrira une amitié consolatrice, non pas avec l’esprit sévère d’un Bach, mais avec le courage d’un homme libéré du siècle des Lumières. Dans sa “Flute enchantée” la musique ne mène pas à la musique, mais à l’humanisme, avec la mort en fin de trajectoire, sans aucun goût d’amertume:
« Nun komm und spiel die Flöte an! Sie leite uns auf grauser Bahn. … Wir wandeln durch des Tones Macht Froh durch des Todes düst’re Nacht »
(Extrait de l’acte II – finale)
L’année 2006 était l’année de la commémoration du 250ième anniversaire de la naissance de Mozart. Une occasion rêvée pour lancer une campagne commerciale sans pareil, mais à la fois une occasion pour sortir quelques nouvelles publications, dont deux petits ouvrages ont particulièrement retenu mon attention : 1. “Mozart, mijn vriend” de Fons De Haas, un journaliste hollandais. A travers de courts chapitres, il esquisse une coupe transversale de la vie intellectuelle et émotionnelle de Mozart, pour conclure: “Als u dit gelezen hebt en in u opgenomen, zal ook u zeggen: Mozart, dat is mijn vriend”; 2. “Ma vie avec Mozart” du philosophe français Eric-Emmanuel Schmitt. Il décrit l’influence de la musique de Mozart sur sa personnalité, et en donne l’illustration dans un CD qui contient une sélection de seize extraits musicaux de son compositeur bien-aimé.
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Het thema stond vast: “La clemenza di Tito” op basis van een oud en beproefd libretto van Metastasio, herwerkt door de ‘opgedrongen’ librettist Mazzola, die Mozart helemaal niet lag. De compositie moest voor het grootste gedeelte worden geschreven in de alles behalve comfortabele postkoets waarmee de familie Mozart naar Praag reisde, en bij aankomst was het werk als het ware klaar voor de eerste orkestrepetities. Ofschoon Wolfgang niet meer kon terugvallen op de steun van zijn librettist en vriend Lorenzo da Ponte, die bij de nieuwe Oostenrijkse keizer in onmin was geraakt, werd “La Clemenza” een meesterlijke opera seria. De kracht van de in allerijl gecomponeerde muziek maakt dat deze opera vandaag nog steeds in alle grote theaterhuizen over de hele wereld op de affiches wordt geplaatst. Een opera die in amper drie weken tijd werd klaargestoomd. Natuurlijk gaat het hier maar over enkele voorbeelden, die op zich zeker geen bewijs vormen van het ongeëvenaarde muzikale talent van de componist: het is immers niet omdat Mozart snel, accuraat en uitermate professioneel werk neerzette, dat hij in de overtuiging van velen als de “grootste” van alle tijden doorgaat. De muziekgeschiedenis telt immers tal van hoogst begaafde, ja geniale componisten: de onnavolgbare J.S. Bach, de zuivere en perfecte Monteverdi, de steeds ontroerende Purcell, de vindingrijke Haydn, de innig beklijvende Schubert, de overweldigende Beethoven, de streng lyrische Brahms, de ambigüe Schumann, de vertederende Mendelssohn, de grensverleggende Chopin, de majestueuze Mahler, de cosmisch scheppende Wagner, de sensuele Richard Strauss, de fijnbesnaarde en immer poëtische Debussy, de verbluffende Stravinsky en zoveel anderen: allen bezorgen ze mij op hun manier die gewaarwording van zelfontdekking die de essentie is van de ware kunst. Wat maakt Mozart dan zo anders en meteen ook zo uniek? Zijn universaliteit ? Zijn ogenschijnlijk ongecompliceerde diep humanistische dimensie ? Zijn grenzeloze maturiteit ? Zijn mensenkennis ? Zijn melancholie misschien, en vooral de kunst om hierin telkens het juiste emotieve evenwicht te vinden ? De door de tranen gewassen lach, of zijn lach die tot tranen beweegt ? Het antwoord op deze vraag kan men alleen maar vinden door vaak en aandachtig te luisteren naar zijn werk. Of, zoals de grote dirigent sir Thomas Beecham ooit in een boutade zegde: “ieder rechtgeaard mens zou elke dag minstens een paar uren naar de muziek van Mozart moeten luisteren …” In een brief aan zijn vader schrijft Mozart, toen amper 31 jaar oud, over zijn relatie tot de dood: “Ik sta op en mijn eerste gedachten gaan naar de dood, en ik zie nu dat de dood mijn beste vriend wordt”. Wie met deze dimensie naar Mozart’s muziek luistert, ontdekt hierin een troostende vriend, die ons in zijn oeuvre vol gesublimeerde angst leert omgaan met de diepste
MAT
Je vous conseille la lecture de ces deux petits ouvrages, mais vous conseille davantage d’aller à l’écoute de la musique du compositeur, en vous laissant guider par votre propre choix, sans pour celà devoir être influencé par le choix à mon avis plutôt incomplet d’ Eric-Emmanuel Schmitt. Vous découvrirez dans la musique de Mozart une gamme infinie de genres musicaux, qui trouve son couronnement dans ses opéras d’une qualité jamais égalée, réunissant en parfaite harmonie musique et dramatique, angoisse et joie, action et méditation. Laissez-vous séduire par les ‘grands trois’ operas de Mozart-da Ponte: Le Nozze di Figaro, Don Giovanni en Cosi fan tutte, et laissez-vous emporter par la beauté sublime de la scène de séduction “Laci darem la mano” (Don Giovanni), dans la découverte hésitante du désir sensuel dans l’air de Cherubino (Le Nozze, Acte I) et dans la douce mélancholie des choses qui ne reviendront plus jamais (“Dove sono” danc Le Nozze, Acte III). Laissez-vous surprendre, intriguer, ou même séduire par l’esprit libertin ambigu mais courageux de Don Giovanni, décrit de manière humoristique et cynique par le valet Leporello dans l’air du catalogue. Laissez-vous enfin emporter par le lyrisme des plus belles déclarations d’amour dans l’histoire pourtant pleine de sarcasme du “Cosi fan tutte”.
Orphée et Eurydice de Pina Bausch / Opéra de Paris - Photo : A. Poupeney
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mysteries van liefde en haat, leven en dood. Hij doet dat niet in de strenge Lutherse geest van Bach, maar met de moedige, vrijgevochten en vrij denkende geest van een man uit de eeuw van de Verlichting. Zo klinkt dat in zijn allegorische opera “Die Zauberflöte”, die Wolfgang componeerde om te verhalen over het mensdom, over onze karakters, onze tegenstrijdigheden, onze spanningen en onze passies. In zijn “Zauberflöte” leidt de muziek niet tot de muziek, maar tot het humanisme, met de dood in het vizier, maar zonder de bittere smaak ervan:
« Nun komm und spiel die Flöte an! Sie leite uns auf grauser Bahn. … Wir wandeln durch des Tones Macht Froh durch des Todes düst’re Nacht »
(Uittreksel uit Akte II – finale)
2006 was een gelegenheid om wereldwijd de 250ste geboortedag van Mozart te vieren: voor alle merchandisers een unieke kans om nogmaals langs de kassa te passeren met één van de best verkochte producten ter wereld (jawel, het product ‘Mozart’ in al zijn verschijningsvormen genereert over de ganse wereld een miljarden-omzet). Heel wat boeken kwamen opnieuw op de markt, en de grote klassiekers werden nogmaals onder de aandacht gebracht: Robbins Landon, Georges de Saint-Foix, Alfred Einstein, Brigitte en Jean Massin en zoveel anderen. Maar daarnaast werden ook nieuwe boeken gepubliceerd, waarvan ik er hierna graag twee vernoem: 1. Mozart, mijn vriend” van Fons De Haas: geen biografie, maar, zoals de Nederlandse auteur het zelf verklaart, “een soort dwarsdoorsnede van de gevoels- en leefwereld van deze uitzonderlijk grote componist. Het gaat over zijn wonderkind-zijn, over de innige verhouding met zijn vader Leopold, over zijn zelfrespect, voorkomen en ijdelheid, over de vrouwen in zijn leven, maar vooral over zijn mysterieuze eenvoud zoals die ook in zijn muziek weerklinkt”, met als boodschap: “Als u dit gelezen hebt en in u opgenomen, zal ook u zeggen: Mozart, dat is mijn vriend”; 2. “Ma vie avec Mozart” van de Franse filosoof Eric-Emmanuel Schmitt, een werk van een gans ander gehalte. Het kleine boekje bevat een beschrijving van de invloed die de muziek van de grote Mozart heeft uitgeoefend op de persoonlijkheid van de auteur. In een bijgesloten CD zijn zestien uitgeselecteerde uittreksels opgenomen, die als illustratie dienen voor de beschouwingen van de schrijver.
MAT
Tout chez Mozart est en équilibre parfait. Mozart a donc réussi ce que Monteverdi fait dire à “La Musica” dans le prologue de son “Orfeo”. C’est la raison pourquoi Mozart me séduit et vit avec moi comme un véritable ami. Je vous conseille la lecture de ces deux petits ouvrages, mais vous conseille davantage d’aller à l’écoute de la musique du compositeur, en vous laissant guider par votre propre choix, sans pour celà devoir être influencé par le choix à mon avis plutôt incomplet d’ Eric-Emmanuel Schmitt. Vous découvrirez dans la musique de Mozart une gamme infinie de genres musicaux, qui trouve son couronnement dans ses opéras d’une qualité jamais égalée, réunissant en parfaite harmonie musique et dramatique, angoisse et joie, action et méditation. Laissez-vous séduire par les ‘grands trois’ operas de Mozart-da Ponte: Le Nozze di Figaro, Don Giovanni en Cosi fan tutte, et laissez-vous emporter par la beauté sublime de la scène de séduction “Laci darem la mano” (Don Giovanni), dans la découverte hésitante du désir sensuel dans l’air de Cherubino (Le Nozze, Acte I) et dans la douce mélancholie des choses qui ne reviendront plus jamais (“Dove sono” danc Le Nozze, Acte III). Laissez-vous surprendre, intriguer, ou même séduire par l’esprit libertin ambigu mais courageux de Don Giovanni, décrit de manière humoristique et cynique par le valet Leporello dans l’air du catalogue. Laissez-vous enfin emporter par le lyrisme des plus belles déclarations d’amour dans l’histoire pourtant pleine de sarcasme du “Cosi fan tutte”. Tout chez Mozart est en équilibre parfait. Mozart a donc réussi ce que Monteverdi fait dire à “La Musica” dans le prologue de son “Orfeo”. C’est la raison pourquoi Mozart me séduit et vit avec moi comme un véritable ami. Et l’idée que la musique n’aurait aucun pouvoir sur les Dieux jaloux est inexacte, comme me l’a affirmé un ami qui est revenu du ciel: Il existe une règle, édictée par le Père lui-même, en vertu de laquelle dans le ciel seule la musique du grand J.S. Bach peut être jouée. Mais, m’affirme mon ami, dans les appartements privés de Dieu le Père l’on entend continuellement de la musique de … Mozart.
Picasso, Instruments de musique, 1912
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Ik beveel u ten warmste de lectuur aan van deze beide eenvoudige boekjes, maar nog veel meer geef ik u de indringende raad om zoveel mogelijk naar de muziek van de geniale componist te luisteren. Laat u daarbij leiden door eigen inzichten, en niet door de nogal eigenzinnige en naar mijn oordeel volstrekt onvolledige keuze van Eric-Emmanuel Schmitt. U zal dan merken dat in de composities van Mozart zowat alles wat de mens beroeren kan besloten ligt: er is kamermuziek, concertante muziek, symfonische muziek, muziek voor blazers, er zijn pianosonates, liederen, religieuze werken, er is maçonnieke muziek en als kers op de taart zijn er de meest sublieme opera’s, die de perfecte harmonie tot stand weten te brengen tussen muziek en dramatiek, tussen angst en vrolijkheid, tussen actie en meditatie. Laat u verleiden tot het bijwonen van de ‘Grote Drie’ opera’s van Mozart-da Ponte: Le Nozze di Figaro, Don Giovanni en Cosi fan tutte, en laat u meevoeren in de nooit geëvenaarde schoonheid van de verleidingsscene “Laci darem la mano” (Don Giovanni), in de aarzelende ontdekking van het zinnelijke verlangen in de aria van Cherubino (Le Nozze, Akte I) en in de milde melancholie van het besef der dingen die voorbij zijn (“Dove sono” in Le Nozze, Akte III). Laat u ook verrassen, intrigeren en misschien wel bekoren door de ambigüe maar desalniettemin rebels-moedige libertijnse levensstijl van Don Giovanni, op humoristisch-cynische wijze beschreven door zijn knecht Leporello in de catalogusaria, en laat u tenslotte meevoeren in de lyriek van de mooiste liefdesverklaringen van het nochtans bijwijlen sarcastische “Cosi fan tutte”-verhaal. Bij Mozart is alles dubbel, veellagig en perfect in evenwicht gebracht. Mozart is er dus in geslaagd te brengen wat Monteverdi in de mond legt van “La Musica” in de proloog van zijn Orfeo. Daarom bekoort Amadeus mij en leeft hij met mij als een ware vriend. En dat de muziek de Goden niet zou kunnen bedwingen is niet juist, zoals blijkt uit dit verhaal, dat mij werd verteld door iemand die ooit uit de hemel is teruggekeerd: In de hemel geldt de door de Vader zelf uitgevaardigde Goddelijke wet, dat daar uitsluitend muziek van Bach mag worden gespeeld. Maar wie ooit het voorrecht heeft genoten om in de privé vertrekken van de Vader te worden uitgenodigd, zal hebben vastgesteld dat daar – weliswaar in het geniep – steevast naar muziek van Mozart wordt geluisterd.
Dominique Matthys
MAT
Texte de Pierre MOREAU
Chère Musique
Pierre Moreau Avocat associé chez Philippe & Partners Barreaux de Bruxelles, Mons et Luxembourg
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Parlons un peu de toi. Quoi de plus commun que cette alternance de sons et de silences, harmonieux ou pas, naturels ou pas, me dira-t-on ? C'est vrai. Mais pour peu que l'on y prête attention, tu es toujours là, dans les parages, et ça (enfin, je trouve), c'est tout sauf banal de s'en rendre compte. Certains (comme moi) ne peuvent vivre sans ta présence de chaque instant, d'autres ne te prêteront qu'une attention discrète, disant qu'il "n'y connaissent rien de rien", ne t'écoutant qu'au gré de ce qui leur est proposé d'entendre. Mais, à bien y réfléchir, que l'on soit un de tes proches amis ou juste une connaissance, tu es universelle, parfaitement accessible à qui t'accueillera. L'on pourrait te qualifier à l'envi, mais si je dois faire des choix je te dirais... inspirante quand tu nous figes l'esprit pour alors mieux l'ouvrir sur une voie jamais envisagée ; émouvante quand, d'un coup, les yeux picotent et la gorge se serre ; agaçante quand ta ritournelle ne nous lâche plus ; magique puisqu'on peut te percevoir dans le bruit du vent, dans le cours d'un ruisseau ou encore... envoûtante quand tu emplis tout l'espace de notre conscience pour la mener sur des voies proches de la transe. Tu chatouilles les sentiments et il n'est pas de joie ou de tristesse que tu n'accompagnes. Il t'arrive même de surprendre la mélancolie chez les durs, ou de redonner courage à celui qui se perd. Tu es souvent là au tout début de nos vies et à la toute fin, aussi... Quel talent !
MOR
Ne le prends pas mal, mais tu es une vielle dame, qui remonte, dit-on, à la Préhistoire. Je pense que tous les peuples te connaissent, sous autant de formes. Il me semble donc que l'on te doive le respect. Pourtant, même si c'est sans doute une question de goûts, l'on peut grandement te voir négligée, abrutie, commercialisée, martyrisée... Par bonheur, d'aucuns te subliment, ce qui adoucira les outrages. Certains te voueront même leur vie, alors que d'autres ne seront qu'effleurés par toi. Qu'importe ! Tu es de tous temps et de tous âges. Tu pourrais même prétendre, parfois, être éternelle... Qui imaginerait un monde sans toi ? Pas moi.
Pierre Moreau
Après Le Cerceau de Feu, publié dans notre numéro du printemps, nous sommes heureux de vous présenter un nouvel extrait du livre
Nouvelles d’Est de Jean-Marc RIGAUX
Jean-Marc RIGAUX, né en 1965, est avocat à Liège. Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles « C’était demain » publié aux éditions Murmure des Soirs (2012). Il est régulièrement édité, depuis trois ans dans la revue littéraire « Marginales ». Une des ses nouvelles policières a ètè publièe par la FNAC à l’occasion du concours organisé par le Festival International du Film Policier de Liège, en 2010. Il aime donner du rythme à son écriture et vous surprendra par son imaginaire.
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GERMAINE
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Erich Maria Remarque écrivait en 1929 un roman pacifiste « A l’Ouest rien de nouveau » Il ignorait alors le destin que son pays allait connaître. Son regard était tourné vers nous. Nous qui avons tendance à regarder vers le sud. La France. L’Italie. Il était peut-être temps de tourner la tête à droite. Vers l’Est. Son passé. Son présent. Son avenir. Neuf nouvelles qui frôlent le fantastique pour mieux restituer la réalité.Eparpillées dans une Allemagne aux limites incertaines, débordant parfois jusqu’ici ou ailleurs. Emaillées de femmes, d’hommes et d’enfants profondément ancrés dans leur (H)istoire mais qui auraient pu naître n’importe où., n’importe quand.
A seize ans, j’habitais Zeppelinstrasse avec mes parents. Une vieille maison du quartier chic de la banlieue Ouest de Stuttgart. Je les avais interrogés sur l’étymologie du nom de notre rue. Ils m’avaient expliqué qu’au vingtième siècle, les gens se déplaçaient parfois dans les airs dans une cabine suspendue à un très gros ballon gonflé d’hélium. Je n’avais rien compris à cette histoire. Il suffisait d’utiliser la « schnell kammer » pour se déplacer. Tout le monde en avait une. Même les indigents pouvaient utiliser les « schnelle kammers » publiques gratuitement. Elles différaient de modèle, de taille, de finition mais chaque foyer, chaque magasin, chaque administration, chaque lieu touristique, chaque arène sportive en était pourvue. Nous possédions déjà une « schnell kammer » de belle dimension. Prévue pour quatre personnes et le chien ou deux obèses. Confortable. Banquettes chromées. Vaste espace bagages. L’ambiance aromatique et musicale était une option un peu futile dans la mesure où les trajets ne duraient pas plus d’une seconde par personne quand la « schnell kammer » de réception n’était équipée que d’une place. Mais même pour cinq secondes, mon père n’avait pas hésité. Elle était inclue dans le « luxe-pack ».
Il n’était pas question de choisir une autre marque que « Mercedes Daimler-Benz ». Comme les deux tiers de la ville, papa y travaillait. En tant qu’ingénieur, il mettait au point les moteurs « zutiques » qui permettaient la téléportation. Mon frère aîné avait pourtant acheté son propre engin avec son premier salaire. Une Porsche. Deux places. Étroit. Design sportif. Ça avait un peu énervé papa. La concurrence. Une dépense somptuaire. Il s’était fait une raison. Il fallait bien que jeunesse se passe. Et puis elles étaient aussi fabriquées à Stuttgart. D’autres raisons irriguaient l’inquiétude de ma mère. Très pratiquante (église éco-protestantomillitariste), elle voyait d’un mauvais œil son grand garçon s’enfermer dans sa chambre avec sa fiancée. Quand elle entrait inopinément, la « schnell kammer » se mettait toujours en route en mode lent pour une destination du centre-ville. C’était une spécificité de la Porsche. Réaliser une téléportation qui durait cinq minutes. Plus la séance était lente, plus elle était prisée. Je me doutais, comme elle, qu’ils utilisaient ce précieux temps pour se refaire une beauté ou tout simplement … se rhabiller. Un verrouillage était disponible sur les appareils, à défaut de quoi tous les lieux seraient accessibles à tout moment. Il pouvait être différencié. Autoriser
RIG
l’accès à certaines personnes et pas à d’autres. A certaines heures ou non. Avec des musiques spécifiques permettant d’identifier le visiteur. Bien entendu, le recours aux hackers était devenu indispensable pour les cambrioleurs. Il ne leur serait pas venu à l’idée de traverser la rue. Les maris devenaient soupçonneux quand leur code était momentanément hors service ou si l’historique des visites était effacé. Très peu de gens marchaient encore. Certains utilisaient la « schnell kammer » pour se rendre d’une boutique voisine à l’autre. Les plus riches en avaient dans chaque pièce au point que ces maisons étaient dépourvues de portes et d’ouvertures. Le gain de temps n’était pas toujours évident. Le samedi matin, au moment paroxystique du shopping, les « schnell kammers » étaient embouteillées. Il fallait parfois attendre une demi-heure avant de pouvoir accéder à sa chambre de réception, ce qui, disait papa, était une autre justification à son option « luxe-pack ». Les entreprises avaient d’ailleurs dû investir massivement dans l’achat de nombreuses cabines pour éviter les encombrements aux heures d’arrivée et de départ du travail. Ce ne fut pas suffisant et,
dans certains cas, des horaires décalés avaient été mis en place. A l’école, chaque classe arrivait à une heure différente de la journée. Les plus grands en premier. Les plus jeunes en dernier. Au cours d’histoire, nous avions bien sûr appris la glorieuse reconversion de l’industrie automobile allemande. L’inventeur de la « schnell kammer » était un obscur indien Vitha Bopal Singh. Les constructeurs avaient vite racheté le brevet. Notre rouleau compresseur économique s’était mis en marche avec son efficacité habituelle. Les japonais, les français, les américains avaient tardé à licencier, à former les ouvriers et à reconvertir le matériel. Aujourd’hui, les seules « schnell kammers » du monde sont allemandes, chinoises et indiennes. Les pays arabes sont retournés au moyen-âge, sauf quelques émirats qui avaient construit des centres de vacances, musées et détenaient les fonds pour s’équiper en quantité. Ce sont des lieux de villégiature prisés. L’air est plus pur que jamais sur la Terre. Les voitures et leurs gaz ont disparus. Les autoroutes ont été couvertes de panneaux solaires. Le réchauffement climatique augmentant, leur rendement est excellent. L’autonomie énergétique du monde est totale. On ne s’est jamais autant déplacé. Les guerres sont virtuelles. Par computers interposés. Plus d’avions, de tanks, d’armes. Les animaux sont désormais les seuls êtres mobiles. Ils ont repris possession du monde. Ils s’approchent peu des villes. On peut aller les voir. Des « schnell kammers » ont été installées dans les campagnes, les bois, les montagnes, les savanes et même au fond des océans. Evidemment, c’est nous qui sommes en cage. Contrairement aux anciens zoos dont il subsiste des vestiges au jardin Wilhelma au Nord de Stuttgart. Nous étions allés le visiter quand j’étais à l’école primaire. C’était très drôle de penser que des animaux y étaient enfermés. J’avais trouvé encore plus hilarant un vieux film que notre professeur d’histoire de l’art et des techniques nous avait présenté : La Mouche. Il racontait l’aventure d’un savant précurseur qui avait
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mis au point une « schnell kammer » préhistorique. Dépassé par son invention, ses gènes s’étaient mélangés avec ceux d’un insecte non invité à participer au voyage. Il était devenu un monstre hybride. Mi-homme. Mi-mouche. Insensé. Je n’imaginais pas que papa et Rex mélangent leurs gènes quand ils prennent la « schnell kammer » ensemble. Même si papa est parfois un peu « chien » avec moi. Un jour en consultant les petites annonces pour un job de vacances, je tombai sur un étrange message : « cherche jeune homme pour livrer courses épicerie une fois par semaine. Se présenter Château de la Solitude, SolitudeStrasse 1, 70197 Stuttgart. ». Aucune adresse ou code « schnell kammer » ne figurait au bas de l’annonce. Comment dès lors s’y rendre ? Je consultai mon père. Il m’emmena dans la cave. - Ne parle pas de tout ceci à ta mère. Elle me tuerait. - C’est promis. J’aimais bien quand il me parlait d’homme à homme. Je l’aidai à déplacer une vieille étagère qui nous saupoudra de poussière. Une petite ouverture se trouvait à l’arrière. Nous nous penchâmes pour accéder à une pièce sombre où étaient entassés des objets divers. - Ça s’appelait un garage. Me dit mon père. C’était là lorsque cet ancêtre a été construite, qu’on y entreposait la voiture. La voiture ! Mot magique. Fantasme du passé. D’autant plus beau qu’il était devenu parfaitement inoffensif. Objet de désir. Sans objet ! Sans but ! Son destin s’était accompli. Il n’y avait plus rien à dire. J’avais déjà vu des Mercedes-Benz. Je veux dire antérieures à la « schnell kammer ». C’était au musée de Cannstatt à la façade surannée de verre et d’aluminium. Plus de deux cents modèles à travers les âges ainsi que le tout premier exemplaire de « schnell kammer ». Mes yeux brillaient. Cependant, il m’était impossible mentalement de les voir bouger. Je savais que les pneumatiques roulaient sur eux-mêmes. Dans une fuite en avant. Des images décolorées les montraient en action. Mais c’était comme au musée d’histoire naturelle. Les
squelettes majestueux des dinosaures ne bougent pas malgré les reconstitutions de synthèse 3D des combats qui les opposent. Ma fascination était identique. De somptueuses bêtes fossilisées. - Evidemment, il n’y en a plus ici aujourd’hui. Mais il a encore ça ! intervint mon père en déchirant mes songes. Il bascula des panneaux d’agglomérés habillés de toiles d’araignées, écarta un vieux meuble, sembla se battre contre un animal invisible qu’il tenait par les cornes, le dégagea et fit apparaître un engin inconnu : deux barres recourbées en bélier, un triangle de cuir fixé à un trapèze de fines tiges de métal reliées à deux cercles de près d’un mètre de diamètre. Un casse-tête géométrique. - C’est un vélo, dit-il fièrement. Je le tiens de mon arrière-grand-père. Nous passâmes un quart d’heure à l’épousseter, serrer les boulons, regonfler les pneus. Il me décrit très abstraitement comment cela fonctionnait. Il ne l’avait lui-même jamais pratiqué. J’étais tout excité. Je l’essayai. Après plusieurs chutes, je parvins enfin à contrôler cet indomptable monstre venu de la nuit des temps. J’étais très fier. - Je dois encore t’expliquer une chose, me dit-il. Pour te rendre à l’adresse indiquée, tu devras trouver ton chemin. Les derniers véhicules disposaient d’un système GPS. Ils étaient guidés par des satellites qui ne tournent plus autour de la Terre.
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Il n’y a que ça qui puisse t’aider. Il me tendit un morceau de papier plié. Je n’avais pas vu beaucoup de papier dans ma vie. Ma mère avait gardé de son héritage quelques livres qu’elle conservait précieusement comme des bibelots. Ça faisait longtemps qu’on lisait à travers ses lentilles de contact. - C’est une carte routière, me dit mon père en le dépliant. C’était incompréhensible et, par conséquent, merveilleux. Il y avait des couleurs de toutes sortes, imbriquées les unes dans les autres, des lignes d’épaisseurs différentes les traversaient, des noms fabuleux les épousaient tout en caresses quand elles étaient courbes. Nous passâmes un certain temps avant d’identifier la « Solitudestrasse 1 ». Mon père me regarda alors dans les yeux. - Vas-y. Fais très attention à toi. Surtout en forêt. Je me rappelais l’histoire du Petit Chaperon Rouge et le grand méchant loup que maman me racontait dans mon enfance mais, justement, l’occasion m’était donnée par ce rite initiatique de sortir de cette période de ma vie. Grâce aux encyclopédies, nous avions aussi réussi à calculer, sur base de mesures disparues (le kilomètre) le temps qu’il me faudrait pour atteindre mon objectif. A peine vingt minutes, si je ne me trompais pas. J’enfourchai le vélo, me retournai une dernière fois vers mon père, inquiet, qui agitait un bras sur le seuil de la maison. Les rues étaient vides. Je ne m’attendais à rencontrer personne. Qui oserait déambuler hors de chez lui ? Je longeai toutes les habitations en enfilade. Je m’étais déjà, bien sûr, rendu chez certains de
nos voisins mais toujours en « schnell kammer ». Les voir tous alignés au garde à vous était une impression étrange. Celle qu’aurait pu ressentir un dieu omnipotent. Chacun dans son univers clos se contentait de se déplacer de pièce en pièce. Même de jour, je voyais des lumières s’allumer puis s’éteindre. La rue était un sapin de Noël. Je volais à travers ses branches. Grisant ! J’arrivai à la sortie de la ville. A ma droite, l’autoroute couverte de panneaux photovoltaïques. Un passage étroit avait été aménagé sur le côté, probablement pour permettre aux techniciens d’intervenir. Vu son état, il y avait longtemps que quelqu’un n’était plus venu. Je l’empruntai. La saignée pratiquée dans la forêt était pratiquement la seule source de lumière. De part et d’autre, des bruits inquiétants sortaient de ces bois sombres. Je préférai concentrer mon attention sur le fil d’Ariane sur lequel je roulais. Je pris alors conscience du moment unique que j’étais en train de vivre. Jusqu’ici, c’était comme si j’avais vu la vie par saccades. Une image suivie d’une autre, sans lien avec la précédente. J’avais enfin devant moi le film complet des événements. La continuité devenait évidente. La rupture s’évanouissait. J’étais partie du tout et non tout en parties. Je m’arrêtai sous le coup de l’émotion. Je restai quelques minutes assis sur une pierre, mon vélo couché de fatigue à mes pieds. Soudain, un craquement se fit plus proche que les autres bruissements. Je crus apercevoir, l’espace d’une seconde, un guidon de vélo plus grand encore que le mien. Très vite, je compris que ce n’était pas cela. Il était plus droit, plus haut porté. Il émergeait d’une
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masse imposante, indistincte dans les ténèbres. En trois bonds, presque devant moi, le cerf apparut. Je ne bougeai pas. Il m’ignora. Pétrifié, je le regardai s’éloigner, évitant soigneusement de heurter les panneaux. Puis, il se figea, courba la tête vers l’arrière et brama. L’écho se déplaça. Vivant, vivace, brisant la distance entre l’émetteur et le récepteur. Contenant et contenu réunis en un même lieu. C’était superbe. Envoûtant. Il disparut sans que je m’en aperçoive. Subitement. Avalé par la forêt. Noyé dans son espace. Je me relevai prudemment. J’enfourchai ma bécane et reprit ma route. Celle-ci m’amena à un croisement où deux piliers de briques rouges montaient la garde du part et d’autre d’un large chemin asphalté, libre de tout obstacle énergétique. Sur celui de droite, trônait une inscription en lettres jaunes et, en guise d’avertissement : Chemin de la Solitude. Au bout d’un kilomètre, la clarté se fit plus intense. Deux larges rangées de hêtres centenaires repoussaient les bois loin de l’allée. Je débouchai dans une clairière qui ne voulait pas finir. Au milieu, le Château de la Solitude. Un édifice baroque. Pas très grand. Au centre, un dôme néo-classique (j’apprendrai cela plus tard). Il était ceint d’un bâtiment constitué des mêmes briques rouges que les piliers de l’entrée et beaucoup plus vaste que le château lui-même. Il s’agissait des anciennes écuries. On aurait dit que l’architecte avait accordé plus d’importance à protéger les hôtes qui n’étaient pas destinés à rester en place, au détriment de ses occupants sédentaires. Etrange paradoxe. Je sonnai en tirant la cordelière du grand portail. Un géant m’ouvrit immédiatement, comme s’il se tenait derrière la porte. Sa réplique fusa.
- Je vous attendais ! - Euh… Bonjour… Euh… Comment ça ? Vous m’attendiez ? - Pas nécessairement vous. Quelqu’un. Il fallut que ce fut vous ! - Je suis le premier ? - Vous serez le seul ! Entrez. L’homme avait un âge certain … dit-on … Crinière et moustache blanches. Yeux verts comme les frondaisons du parc. Mobiles et vrilleurs. - Karl-Heinz Von Grau, Comte de la Solitude, enchanté ! - Max Kopft, euh … enchanté ! - J’irai droit au but. Jusqu’à la semaine dernière, je prenais Germaine. On filait ensemble jusqu’au centre-ville en évitant les voies rapides indisponibles. Pas de circulation. Pas de souci de parking. Pas âme qui vive. Pas de danger de faucher qui que ce soit. Champignon et compagnie. - Vous alliez acheter des champignons ? - Mais non, benêt. Pour les courses, on traçait. Je ne comprenais rien à ces histoires. Germaine, champignon, circulation, parking, tracer ? - Lundi dernier, il s’est passé quelque chose. A peine sorti de la propriété, j’ai vu trouble. Je me suis rangé sur le côté. Tout balançait de gauche à droite. De bas en haut. Malaise ? AVC mineur ? Cardio ? Je ne tiens pas à le savoir. Quoi qu’il en soit, à chaque étape de la vie, il faut savoir renoncer. J’ai besoin d’un chauffeur. - Un chauffeur ? - Quelqu’un qui conduise ma voiture. - Votre voiture ? Conduire ? - Je sais que plus personne n’en est capable. Ne te tracasse pas. Je t’apprendrai. Tu feras mes commissions.
RIG
Ce n’était ni la foudre, ni un orage, ni un ouragan qui m’éparpillait. C’était la terre qui s’ouvrait. Et je tombais, tombais, tombais, ignorant s’il existait un fond à cet abime. - Viens que je te présente Germaine. Ça me fait mal de ne plus caresser son pommeau, le cuir de sa direction, sa pédale de débrayage. Oh, avec délicatesse, doigté, amour. Mais je préfère la voir encore vivre même entre les mains d’un autre pour autant qu’elle vive ! Sois en digne ! J’hésitai à lui poser la question. Je me doutais que je risquais d’ouvrir les vannes d’un torrent inconnu. - Excusez-moi ! Mais … euh … vous n’avez pas de… « schnell Kammer » ? Von Grau ne broncha pas. Il me regarda fixement. D’un œil ni culpabilisant, ni désabusé. Etonnement serein. Il inspira profondément. - Pas de nostalgie. La réalité. Rien qu’elle. Je ne suis pas dupe. Pas plus que n’importe qui, je ne suis pas capable de la changer seul mais j’ai pu prendre mes petits arrangements. J’ai cajolé Germaine. Elle a bénéficié de tous mes soins et elle me l’a bien rendu. Elle m’a toujours emmené sur son cuir moelleux, là où je le voulais. En fouinant, j’ai trouvé, voire créé, des pistes à travers les bois, évitant ces autoroutes à la carapace d’argent. Je m’en méfiais. Même lorsqu’elles charriaient l’Allemagne entière. Surtout lorsqu’elles charriaient l’Allemagne entière. J’ai toujours préféré la traverse. Ça a fini par faire de moi un ermite. Seul sur sa colonne. En-dessous, le brouillard règne. Je ne vois plus rien. C’est le prix à payer. Celui pour nos randonnées bras dessus, bras dessous. Mes doigts gantés jusqu’à mi-phalanges, posés sur son volant parfaitement courbe. Obéissant et rebelle. Les autres se crispant sur le pommeau de nos rapports ; Téméraire, je l’interrompis. - Peut-être que vous pouviez avoir les deux, une « schnell kammer » et … euh … Germaine ? - Je suis fidèle. C’est tout. Et maintenant file. Je t’attends samedi prochain pour ta première leçon. Je roulai à perdre haleine. Le soir tombait. L’ombre des branches se faisait menaçante. Je forçai l’allure pour leur échapper. Je m’enfuis avec succès. Elles étaient immobiles. J’étais une flèche.
Le surlendemain, en me dressant hors du lit, des lances de feu se fichèrent dans mes cuisses et mes mollets. La courbature. Sensation nouvelle. La surprise passée, je l’apprivoisai jusqu’à en jouir. Lorsqu’elle disparut, je priai pour qu’elle revienne. Je tentai de la ramener en filant autour du pâté de maison puis du quartier. Mais plus je pédalais, plus elle s’éloignait. Etrange attirance et répulsion. L’effort et la douleur faisaient du yo-yo. Plus j’étais capable d’allonger la distance, moins la souffrance derrière laquelle je courais se manifestait. La semaine suivante, Von Grau entama ses cours de conduite. Je le fis bien rire. Avant de savoir débrayer correctement, je calai autant de fois qu’il y a de troncs d’arbres autour du château. Von Grau se montrait patient. Bienveillant. Il me dit une fois que je retardais sa mort. Je n’ai pas bien compris ce qu’il entendait par là. Quand je fus capable de passer la deuxième, une exaltation inconnue m’envahit. Germine hésitait encore à répondre à mes ordres mais je sentais que notre complicité s’établissait peu à peu. Von Grau n’avait pas l’air jaloux même si au fond, je n’en savais rien. Il ne m’en parla jamais. La marche arrière était une manœuvre qui requérait la plus grande délicatesse. - Tu enlaces le siège passager. Tu tords ta nuque. Tu enfonces le levier. Tu le fais passer à l’avant pour aller vers l’arrière. Il ajouta, énigmatique. - L’inverse est tout aussi vrai. Quelques séances plus tard, il me laissa faire le tour du parc. Tout seul. Lorsque je m’arrêtai, il m’invita à le suivre dans « le cimetière » selon son expression. Il passa la porte. Nous pénétrâmes dans les écuries. Il fit claquer les interrupteurs. Des voûtes en enfilades, vastes comme des cathédrales, illuminèrent un alignement de dépouilles de chevaux. Des milliers de chevaux. Des Mercedes et des Porsches, il n’y en avait presque pas. Tous les autres étaient inexistants aux musées de Stuttgart que j’avais visités. Toutes les races. Du monde entier. Fières américaines, aristocratiques anglaises, exotiques japonaises ou coréennes, élégantes françaises. Modestes ou arrogantes. Rebondies ou filiformes. Rondes ou plates. Aux yeux
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ébahis ou plissés. Prêtes à ronronner ou à galoper. Pantoufles ou catapultes. Réunies ensemble dans cette nécropole. - Il n’y a plus que Germaine, lâcha-t-il avec une pointe de mélancolie. Les autres … au champ d’honneur… La première fois que je m’arrêtai avec Germaine à la devanture du grand magasin, ce n’était pas de la fierté. Juste le sentiment d’être unique. Tous les gens qui sortaient les uns après les autres des « schnell kammer » nous regardaient à travers la vitrine. Mélange d’appréhension et d’admiration. Je fis semblant de rien. Remplissant un panier d’osier que Von Grau m’avait confié pour les provisions. Au retour, je slalomais autour des arbres, frôlant l’écorce. Créateur de nouvelles pistes. Les miennes. Von Grau restait courtois, me payait bien mais je voyais qu’une certaine distance s’instaurait entre nous. Mes parents étaient un peu effrayés par le changement qui m’affectait. Comme si j’étais devenu un courant d’air. Insaisissable. Mon frère ne comprenait pas mon désintérêt subit pour sa « schnell kammer » de sport et encore moins le fait que je n’en utilise plus aucune. J’allais à pied, à vélo, avec Germaine. Même si je ne m’éloignais pas de plus de dix kilomètres (j’avais intégré cette mesure) de chez moi, je possédais le monde bien plus que ne pouvait me l’offrir aucune « schnell kammer » capable de m’envoyer à San Francisco en une fraction de seconde. Ce week-end-là, l’air était embrumé lorsque je filai sur ma bicyclette vers le Château de la Solitude. L’humidité m’imprégnait, me décomposait, m’éparpillait en gouttelettes. Aux quatre vents. Germaine paraissait dormir. Silencieuse. Au pied des escaliers. La grande demeure était gênée par mon arrivée. La pluie frappait aux carreaux, comme un appel. J’entrai dans le salon. Les personnages des tapisseries me regardaient en coin. Von Grau, les yeux clos, dans son grand fauteuil, crispait sa main gantée de cuir à mi-phalanges sur son verre de schnaps. On pouvait remarquer la trace d’une lèvre sur le bord, qui indiquait qu’une
gorgée avait été prise il n’y avait pas si longtemps. Je ne voulais pas troubler sa quiétude. Je pris les clés. Je réveillai Germaine. J’enclenchai les essuieglaces qui séchaient les larmes du ciel. Nous roulâmes dans une boue collante. Au magasin, sa robe était maculée. Souillée de taches horizontales indiquant la direction à suivre. Le trajet du retour fut encore plus pénible. Nous faisions presque du sur-place. Je dus lui retourner les tripes pour la faire avancer. Il faisait presque noir quand je déposai les victuailles à la cuisine. Aussi peu appétissantes que des natures mortes sous la pâleur du néon. Van Grau n’avait pas changé d’attitude depuis tout à l’heure. Je réalisai enfin. Il était immobile pour l’éternité. Je le veillai. Seul. Au Château de la Solitude. Comme il n’y avait aucune « schnell kammer » chez lui pour le transférer vers un centre funéraire, je creusai un trou dans les écuries, en compagnie de toutes celles qui avaient bougé, elles aussi, durant leur existence. J’ai quatre-vingt-deux ans au compteur. Il est temps de passer annonce.
Jean-Marc Rigaux Prix Franz de Wever 2013 de l’Académie Royale de Littérature et de Langue Française de Belgique.
RIG
Texte de Jean-Paul WAHL
Des Golden Sixties et de Mai 68.. ...au comportement sociétal correct
Jean-Paul Wahl est inscrit au Barreau du Brabant-Wallon. Son cabinet, Wahl et Associés, est établi à Jodoigne, ville dont il est le bourgmestre en titre. Il est député wallon et communautaire et sénateur.
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Quand j’étais petit et même ado, il était de bon ton lorsque mes parents recevaient, qu’à l’apéro soit présenté le plateau de cigarettes. Y étaient soigneusement posés une dizaine de paquets de différentes marques, tous ouverts, trois cigarettes déjà légèrement extraites, l’une des trois plus que les deux autres si bien qu’il suffisait de saisir la première pour que les autres suivent. Mon prof de math fumait en nous donnant cours et la salle des profs ressemblait à une de ces cages que l’on trouve aujourd’hui pour les fumeurs dans les aéroports où dès être entré, vous pouvez ressortir, vous avez votre dose de tabac pour au moins une semaine. La ceinture de sécurité dans les voitures était une option et l’on roulait en moto ou en motocyclette les cheveux au vent et évidemment personne n’aurait pu imaginer porter un casque en vélo et encore moins sur des skis.. A 9 ans, je me baladais seul en ville à pied ou en vélo. Les voitures consommaient comme des paquebots. Ce ne sont là que quelques exemples d’un autre temps. Les « golden sixties » une décennie fabuleuse qui a connu des évènements qui ont marqués l’histoire tels que la construction du mur de Berlin, la crise de Cuba qui faillit entrainer la planète à sa perte, les assassinats de John Kennedy et de Martin Luther King, le Printemps de Prague, etc… En même temps, le monde occidental bénéficiait d’une expansion économique et technologique sans précédent : tout semblait possible et on atteignait la Lune au propre comme au figuré.
La société restait pourtant extrêmement rigide, engoncée dans les principes : les femmes n’étaient toujours pas totalement les égales des hommes sur le plan des droits et leur présence dans un certain nombre de professions ou dans les fonctions politiques restait anecdotique, l’adultère était en délit et il était hors de question dans la bonne société de lire un livre placé à l’index par le Vatican. Bref, si des comportements restaient marqués d’une liberté que l’on qualifierait aujourd’hui d’irresponsable, les mœurs restaient quelque peu coincées. Et puis est né aux Etats-Unis, le mouvement hippie qui s’est rapidement répandu en Europe de l’ouest avec ses signes de reconnaissances vestimentaires, les colliers de fleurs, ses lieux de rassemblements tels que Woodstock avec Joan Baez et Bob Dylan ou l’ile de Wight, ses lieux « de pèlerinage » comme Katmandou. Un vent de libération des mœurs souffle sur l’Occident. Ils manifestent contre la guerre au Vietnam et contre la violence : peace and love.
WAL
Ce mouvement ne laissera personne indifférent. Ah oui, il va décoiffer dans tous les sens du terme : c’est l’amour libre, la musique, le hasch et la marijuana. C’est vrai qu’ils apparaissent souvent comme à coté de leurs tongs. Mais ce n’est pas tout : j’ai 12 ans lorsque Paris et puis la France entre en ébullition. Mai 68 : le grand chambardement. Au mouvement social initial va se joindre une révolution des idées portées par les étudiants, des intellectuels, des artistes… Elle va toucher toutes les couches de la société. Chacun y allait de sa théorie plus ou moins fumeuse sur l’avenir du monde. Il était interdit d’interdire
Le temps a passé. Si Gaston Lagaffe existait encore, il n’aurait très probablement plus son éternel « sèche » en bouche, je sors sur la terrasse pour fumer et depuis cette année, je porte un casque pour skier. Les kots des étudiants étaient ornés d’affiches de Che Guevara, Trotski ou Mao pourtant loin d’être des exemples de démocrates mais il s’agissait de marquer la rupture avec la précédente génération. Même le BCBG va connaitre sa révolution : si les hippies se dénudent facilement par symbiose avec la nature, la mode plus sélect va s’y mettre aussi : André Courrèges fait de la mini-jupe la pièce maitresse de sa collection en 1965 et sur les plages françaises un terme nouveau a fait son apparition : le monokini. Paris Match en fera sa une en août 1970.
Une forme de puritanisme nous revient : un puritanisme influé par le sécuritarisme. Il y a un paradoxe puisqu’en même temps, depuis les années 60 est intervenu un changement des valeurs éthiques considérable que les Golden sixties avaient enclenché. Les unions libres qui précèdent désormais presque toujours le mariage s’il s’ensuit ou le mariage pour tous comme on préfère appeler pudiquement le mariage homosexuel, n’interpellent plus personne ou presque.
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Des questions qui peuvent apparaitre comme plus délicates, l’avortement, la gestation pour autrui ou l’euthanasie ne rencontrent plus que relativement peu de réticences ou d’oppositions. Bref, si la société s’est largement ouverte sur des aspects fondamentaux, elle connait une certaine tendance à se replier sur d’autres. Le langage politiquement correct impose désormais l’utilisation de circonlocution (ne dites plus un aveugle, mais un non-voyant, un sourd mais un malentendant, un chômeur, mais un demandeur d’emploi).
et Patrick Dewaere sorti en 1974 dans les salles de cinéma (encore enfumées). Quel réalisateur oserait produire un tel film aujourd’hui (et surtout trouver un producteur pour le financer) qui magnifiait l’immoralité, le sexe, la drogue, le vandalisme, les comportements asociaux, l’homosexualité etc. … ? Et oui, le temps a passé. Les hippies ont coupé leurs cheveux, Daniel Cohn-Bendit et les manifestants de 68 ont tous atteint l’âge de la pension, Lucky Luke ne fume plus et les jolies filles de Saint-Tropez ont remis leur dessus de bikini.
De même, le « sociétalement correct » a fait son apparition. Rappelez-vous le film « Les valseuses » de Bertrand Blier avec Miou-Miou, Gérard Depardieu
Il flotte un léger parfum de nostalgie.
Jean-Paul Wahl
WAL
Texte de Cavit YURT
L’Ultime
Hallucination
Cavit Yurt est avocat au barreau de Bruxelles. Connaisseur averti du droit de la procédure pénale, il s'est spécialisé en droit pénal du roulage. Il consacre l'autre moitié de sa vie à l'illusionnisme. c.yurt@avocat.be
le journal des avocats
Nous avons tous nos hallucinations. Certaines durent un soir, d’autres toute une vie. Et il est des soirs qu’on voudrait qu’ils durent toute une vie, et il est des vies qu’on entrevoit certains soirs. La poésie, qui permet de (ré)concilier l’instant et le temps, nous permet d’habiter l’un et l’autre. A Bruxelles, une enseigne de la rue Royale me le rappelle nuitamment. Je veux parler de l’Ultieme Hallucinatie.
YUR
De l’Hôtel Cohn-Donnay… Au milieu du XIXe siècle, une façade néoclassique verte va surgir de terre : l’Hôtel Cohn-Donnay. Il comprenait à l’origine une annexe, des écuries et une remise vers la rue de la Poste. Il faudra toutefois attendre le tournant du siècle pour exaucer une métamorphose qui allait exhausser à jamais l’édifice : l’architecte Paul Hamesse, disciple de Paul Hankar, est chargé de réaménager les lieux dans le style Art Nouveau géométrique. La façade verte est enrichie, au centre du premier étage, d’un élégant bow-window surmonté d’un balcon en fer forgé. La porte d’entrée est ornée d’une belle sonnette ainsi que d'une magnifique boîte aux lettres, copie exacte de celle du 6A de la rue des Champs-Elysées à Ixelles, se trouvant sur la porte de la maison du charbonnier et mécène Edouard Taymans, construite par le même Paul Hamesse.
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L’intérieur de l’Hôtel Cohn-Donnay est équipé d’un mobilier épousant parfaitement l’esprit des lieux. Hall d’entrée, salles d’échecs et de billard, salon, grandes salles à manger, salon de poésie : autant d’espaces rehaussés d’une signature Art Nouveau dans ses déclinaisons belge, française, viennoise (Wiener Secession) et écossaise (Charles Rennie Mackintosh). L’orangerie néoclassique est coiffée d’une coupole Art Nouveau. Même les cache-cheminées en cuivre procèdent d’un souci de beauté. Les couleurs, les matériaux, le rythme et le vouvoiement que l’Art Nouveau entretient avec la nature insufflent à l’Hôtel Cohn-Donnay une vie nouvelle, un panache Belle Epoque. Les années passent, l’humanité s’entretue, les années se font folles, le krach est boursier, les années se font sombres, l’humanité s’entretue à nouveau, les années se font dorées, les chocs sont pétroliers…
…à De Ultieme Hallucinatie Puis, au début des années 80, l’Hôtel Cohn-Donnay est acquis par le couple DericksHaepers. Fred Dericks et sa femme Kriz Haepers décident d’y ouvrir un élégant caférestaurant. Une nouvelle métamorphose s’opère alors : l’ancien jardin d’hiver est transformé en brasserie, mais les motifs de rocher sont préservés, et les banquettes de train années 30 signés Henry Vandevelde confèrent à l’espace des airs « ferroviaire chic ». Le salon Art Nouveau accueillera un restaurant de classe. Le sous-sol abritera une boîte de nuit. La variété des espaces de la maison de maître permettra un éclectisme tout bruxellois des publics et de ce qu’ils viennent y faire.
YUR
C’est le 18 décembre 1981 que le café-restaurant De Ultieme Hallucinatie ouvre ses portes. Nommer les êtres et les choses est un acte magique : appeler son enfant Julien ou Hippolyte, cela conditionne à maints égards son existence de Julien ou d’Hippolyte. Appeler une brasserie De Ultieme Hallucinatie plutôt que Chez Fred, cela donne le la pour tous les airs à y fredonner. J’ai toujours trouvé que le nom de cet établissement était porteur d’une mystérieuse poésie, mais lourd d’une réserve (ce n’est qu’une hallucination) et d’une prophétie (ce sera la dernière). En 1988, le bâtiment est classé, ce qui le mettra quelque vingt ans plus tard à l’abri de folies bruxellisantes, telle que celle d’un candidat repreneur qui voulait en faire des garages... Bruxelles n’est plus à une destruction près. De Ultieme Hallucinatie, c’était un de ces lieux bruxellois où l’on pouvait s’attabler, dire « Goedenavond, een Duvel en een half-en-half, alstublieft… » et se voir répondre dans un français impeccable « C’est noté, Monsieur ! » C’était Bruxelles, avant que le temps ne passe par là. C’était un des rares lieux où vous pouviez voir une old-timer garée en permanence devant l’établissement. Aujourd’hui, l’old-timer a disparu et n’importe quel anachronisme du futur peut désormais être stationné devant l’établissement, ce qui fait apparaître toute la facticité de l’hallucination. Mais De Ultieme Hallucinatie, c’était avant tout à mes yeux une enseigne lumineuse la nuit, où un vert profond traçait le nom de l’établissement dans la nuit à demi éclairée de la rue Royale. Là réside pour moi l’intemporelle poésie des lieux. C’est que les néons, s’ils ne sont ni kitsch ni mal dosés, contiennent une indicible poésie. Puis, un jour – maudit soit ce jour – , on parle de fermeture des lieux. Aucun repreneur sérieux ne se manifeste. En 2009, le patron décède et sa veuve annonce la fermeture définitive de l’établissement. Avec quelques confrères, nous allons prendre un dernier déjeuner avant de reléguer les lieux dans nos mémoires respectives. Après plusieurs années, l’établissement a été repris. Ses portes ont rouvert en 2012 et le vert des néons est réapparu la nuit. Tant mieux. Mais quelque chose s’est perdu : un service bruxellois connaisseur, une atmosphère, un je-ne-sais-quoi qui ne se commande ni ne s’achète. Quelque chose s’est perdu et on nous avait prévenus: ce n’était qu’une hallucination et c’était l’ultime.
Cy
par Onur YURT
La Maison Autrique Ou quand Horta esquisse l’Art Nouveau…
Onur Yurt est avocat au barreau de Bruxelles. Il s'est spécialisé en droit pénal et en droit de la circulation routière, ainsi qu'en droit de la protection de la personne des malades mentaux. Il aime les voyages, les avions et les grands hôtels. o.yurt@avocat.be
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de la périphérie, cette bourgeoisie a, à la fin du XIXe siècle et au début XXe siècle, posé ses malles dans la bourgade de Schaerbeek et fait ériger d’inimitables façades et de splendides avenues. L’une des premières demeures notables érigée à cette charnière entre deux siècles est la Maison Autrique. J’habite et travaille dans un quartier où l’on savait jadis bâtir. Descendre l’avenue Louis Bertrand pour aller faire ses courses, ou déambuler dans l’une des plus belles maisons communales pour aller renouveler son passeport, c’est possible à Schaerbeek. Je ne suis pas expert en urbanisme, mais je crois savoir que notre bourgeoisie a migré lentement du centre vers la périphérie. A mi-chemin entre les boulevards haussmanniens du centre et les bois
Nous sommes en 1893 quand Horta, alors âgé de 32 ans, se voit confier une commande pour une maison personnelle. C’est l’un de ses amis, Eugène Autrique, ingénieur chez Solvay, qui va le solliciter. Autrique lui demande de faire simple : « aucun luxe, aucune extravagance, souterrain habitable, vestibule et escalier honorables, salon et salle à manger agréablement unis, premier étage avec bain et toilette et deuxième étage mansardé pour enfants et personnel ».
YUR
Le terrain choisi se trouve au 236 (aujourd'hui le 266) de la chaussée de Haecht, terrain qu’Horta acquière en vente publique au nom de son ami. Horta a certes déjà construit quelques maisons à Gand et signé de nombreux projets, mais la Maison Autrique sera son premier hôtel particulier. Son édification lui procure une joie particulière, et même une certaine fierté. C’est la première réalisation importante d’un jeune architecte à l’aube d’une carrière prometteuse. On peut lire dans ses Mémoires : « ma conscience était satisfaite d'avoir contenté un ami et mon bonheur professionnel touchait à toutes mes aspirations du fait d'avoir réalisé une œuvre honnête, n'ayant rien emprunté à personne. »
Le style de la Maison Autrique est dit éclectique, mais tout dans la Maison est signe avant-coureur de l’Art Nouveau : colonnes sur la façade, sgraffite, vitraux, mosaïques, matériaux industriels, courbes, importance de la lumière naturelle, éléments décoratifs d’inspiration florale. L’intérieur est pensé avec intelligence et économie, dans une simplicité qui ne fait pas l’économie de la beauté.
Classée depuis 1976, la Maison Autrique est acquise dans les années 90 par la commune de Schaerbeek. Avant d’être ouverte au public, une rénovation et une scénographie originale sera entamée, avec le concours d’artistes comme François Schuiten et Benoît Peeters. En 2005, la Maison Autrique reçoit une médaille de la Fondation Europa Nostra, mouvement citoyen pour la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel européen, pour « la restauration scrupuleuse d’un des premiers chefsd’œuvre de Victor Horta, et pour la création d’une scénographie qui rend hommage à l’architecture privée à Bruxelles et ouvre la porte vers un monde imaginaire. »
Actuellement, les lieux sont fermés pour de nouveaux travaux. Leur but ? Le site Web de la Maison Autrique nous le donne : « nous réinventer et ouvrir des perspectives pour les dix prochaines années ». Voilà qui honore les gardiens d’un patrimoine que je côtoie quotidiennement et qui démontre, si besoin était, qu’on peut réinventer sans démolir.
Onur Yurt
Le voleur de lapin
Ils nous ont prêté leur plume et leurs images…
Roman AYDOGDU
René CHAIDRON
Jean de CODT
Alexis EWBANK
Nathalie FONSNY
Patrick GEELHAND DE MERXEM
Didier GOEMINNE
Marie-Paule HELPENS-JANSSENS
Alain JACOBS-VON ARNAULD
le journal des avocats
Le temps est compté, cependant il faut tout faire, bien le faire et... laisser lire ! N’est-il pas vrai ? Pour réaliser ces ensembles de lectures, chaque trimestre nos auteurs, Présidents, Bâtonniers, Vice-Bâtonniers, Avocats ou Etudiants nous offrent leur temps précieux. Nos plus chaleureux remerciements vont donc à tous pour leur toujours sympathique et talentueuse collaboration, passée, présente et future.
Dominique MATTHYS
Pierre MOREAU
Jean-Marc RIGAUX
Jean-Paul WAHL
Cavit YURT
Onur YURT
OÙ RETROUVER TOUS NOS AUTEURS Dans vos numéros 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015 du -journal des avocats- vous retrouverez, classés par ordre alphabétique, les avocats, auteurs et artistes suivants :
A
Michel Amas Roman Aydogdu
15 4 - 18
B
Jean-Pierre Babut du Marès Philippe Balleux Jochen Bauerreis (DE) Robrecht Bauwens Alain Berenboom Marina Blitz Julie Bockourt Olivier Bonfond Thierry Bontinck Stéphane Boonen Jacques Borlée (Coach) Xavier Born Pierre Bouchat (expert) Jean-Pierre Bours Jean-Paul Brilmacker Christine Brüls Jean-Pierre Buyle
1 - 12 9 - 16 - 17 14 11 - 17 12 6 15 4 - 8 - 12 16 6 11 8 11 12 - 15 - 17 7 10 1-2-3-4-5-6 7 - 11 - 14 - 16
Sylvie Callewaert François Canonica Sandrine Carneroli Jean-Marc Carnicé Benoît Cerexhe Roger Chaidron Françoise Chauvaux Thérèse Chotteaux (sculptrice) Michel Claise Jérôme Cochart Daniela Coco Philippe Coenraets Marteen Colette (OVB) François Collon Olivier Collon Jean-Philippe Cordier Sébastien Courtoy Guillaume Croissant
10 15 4 15 11 8 - 11 - 12 - 18 4 11 9 13 8 - 9 - 10 3 4 7 1 17 15 9
C
D
Georges-Albert Dal Marc Dal Christian Dalne Jérôme Dayez Bruno Dayez Robert De Baerdemaecker Jérôme de Brouwer Stefaan De Clerck Jean de Codt Herman De Croo Jean-Pierre De Cuyper Jacques De Dobbeleer Vincent Defraiteur Isabelle De Jaegere Caroline Delaude (FR) Romain Delcoigne Caroline Delesie (FR) Stéphane de Lobkowicz Anna Dejonckheere Martine Delierneux Francis Delpérée Willy Demeyer Nicole Deprez Guy De Reytere Yves Derwahl Charline Desmecht François Dessy Xavier Dewaide Patrick Dewael Bernard Dewit Marie-Fraçoise Dubuffet Roland Dumas (Fr) Aimery de Schoutheete Denis Dobelstein Caroline Dubois Axel Dumont Marie Dupont Véronique Drehsen
3 1 7 1 1-2-9 4 4 12
18
12 - 17 12 4 1-3 17 14 11 11 14 8 6 2 7 12 4 2-5 10 5 - 6 - 7 - 9 - 12 - 14 15 - 16 - 17 11 11 15 6 11 4 2 4 3 7 1 - 2 - 10
le journal des avocats
E
F
G
Isabelle Ekierman Elie Elkaim (CH) Marie-Céline Elleboudt Vincent Engel (écrivain) Alexis Ewbank
4 14 8 11
Marine Fabbricotti Maxime Fabry Julien Feltz Christiane Féral-Schuhl Benoît Feron Jérôme Flahaut Nathalie Fonsny Roland Forestini Michel Forges
10 13 13 9 2 - 11 13
18
K
Axel Kittel Charles Kaisin Michel Kaiser Charles Kaufhold Philippe Kenel
3 11 4 14 17
L
Vinciane Labeye Marie-Jo Lafontaine (artiste) Karl-Heinz Lambertz France Lambinet Frédéric Laurent Véronique Laurent Mathieu Lavens Marc Lazarus Juan Le Clercq Cédric Lefèbvre Pierre Legros Eric Lemmens Rolf Lennertz Serge Léonard Antoine Leroy Gérard Leroy
5 11 1-9 13 16 3 - 10 13 - 17 1 4 3 3 4-8 8 2 - 11 3 1-2-3-5-6-7-8 9-15-17 2-5 14 5 12
18
5 15
18
Patrick Geelhand de Merxem François Glansdorff Didier Goeminne Jean-Marc Gollier Michel Graindorge Vincent Grévy Simon Gronowsky Emmanuel Gueulette
4 11 - 18 1-2-5 16 11 2 2
H
Andrea Haas Olivier Hamal Bernard Hanotiau Paul Hautecler (architecte) Klaus Heinemann Marie-Paule Helpens Patrick Henry Guy Horsmans Jean-Damien Huberty
16 11 9 11 12 5 - 18 5 - 12 3-4 3
J
Valentin Jadot Alain Jacobs-von Arnauld Ingrid Jodocy Dominique Jossart
9 4 - 9 - 12 - 18 8 4
Luc Lethé Laurent Liégeois Vincent Lurquin Aurelia Luypaerts
M
Xavier Magnée Michel Mahieu Bernard Mairiaux Jacques Malherbe Dominique Matthys Christophe Marchand Bee Marique Paul Martens Amandine Martin Christine Matray Cécile Meert Jean-Pol Meynaert Wilfried Meynet Yola Minatchy Xavier Miny Luc Misson Stéphanie Moor Pierre Moreau François Motulsky Céline Mouthuy
4 - 16 4 8 9
18
9 13 1 13 2 - 10 6 1 14 5-6 7 - 13 - 15 - 17 1 3-7
18
9 16
ABC
O
Judith Orban Martin Orban Yves Oschinsky Marco Ossena Cantara
13 4 4 8 - 9 - 15
P
Mathieu Parret Alice Pastor (MC) Pierre Paulus de Châtelet Alix Philippe Marie-Françoise Plissart Marie-Andrée Pieters Alexandre Pirson Claude Pirson Damien Poncelet Corinne Poncin Andrée Puttemans
13 14 2-4 5 5 16 13 10 13 1-2 10
R
Carole Raabe Frédéric Reard Bernard Renson Pierre-Jean Richard Jean-Marc Rigaux Yohann Rimokh Jacqueline Rousseaux Ghislain Royen Myriam Royen (son épouse) Anne-Sophie Rutsaert
7 11 11 1 - 2 - 5 - 15 16 - 18 6 - 11 2 3-4-6-8-9-11-12-17 11 11
S
Jean Saint-Ghislain Arianne Salve Nicolas Saspi (photographe) Vincent Sauvage Frank Samson André-Marie Servais Pierre-Dominique Schupp (CH) Pierre Sculier Alain Smetryns (Magistrat) Luc Simonet Jehanne Sosson Pierre-Marie Sproockeels Marcel Siraut Frank Spruyt Benoît Stévart Jo Stevens (OVB)
4 13 - 15 11 8 17 4 14 16 11 3-6 1 - 10 9 1 8 4 4
T
Alex Tallon Patrick Thevissen Nicolas Thieltgen (GDL) Pierre-Yves Thoumsin Miguel Troncoso Ferrer
14 1 14 13 7
V
Louis Van Bunnen Tamar Van Colenberghe Dirk Van Gerven Catherine Van Gheluwe Xavier Van Gils Jozef Van Waeyenberge Séverine Vandekerkove Claude Vanwelde Benjamin Venet Kathleen Vercraeye Guy Verhofstadt Liliane Versluys Samuel Vieslet François Vincke Michel Vlies Olivier Vrins
2-3-6 13 11 - 16 4 - 17 4 11 3 7 3 16 11 9 - 10 13 17 8 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 15
W
Jean-Paul Wahl Jennifer Waldron Alexandre Wattiez-Raemaekers Vincent Wauthoz Pierre Winand Hippolyte Wouters
5 - 18 2 15 6 4 1
Y
Cavit Yurt Onur Yurt
3-5-6-11-14-16-17 -18 4 - 11 - 17 - 18
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Marie Zagheden
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Les opinions exprimées par les auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs. La présentation de nos auteurs est toujours rédigée par chacun d’eux.
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INFORMATION PLANNING & programme éditorial pour 2015-2016 A cet instant même, si vous êtes un heureux abonné, VOUS L’AVEZ EN MAINS ce beau numéro 18 automne 2015 !
NOUVELLES dates de sortie prévues en raison de nos « PETITES RENCONTRES » N° 19 Hiver 2015-2016 : sortie prévue le jeudi 3 décembre TRES BELGE : néerlandophone, francophone et germanophone FIL ROUGE : BLEU, TOUT BLEU… bleu ciel, roi, nuit, saphir, pétrole... N° 20 Printemps 2016 : sortie prévue le jeudi 24 mars FIL ROUGE : A TABLE... De celles et ceux qui aiment les plaisirs de la table et de la vie et qui savent les faire partager aux autres gourmands ! N° 21 Eté 2016 : sortie prévue le jeudi 23 juin FIL ROUGE : 500 MILLIONS... C'EST QUOI ? N° 22 Automne 2016 : sortie prévue le jeudi 22 septembre FIL ROUGE : ILLUSION... Le théâtre de la vie
NB : Aucun thème n’est imposé à nos auteurs – le FIL ROUGE indique le style de mise en page et d’agréments servant celle-ci.
Nos « PETITES RENCONTRES » réunissent à Bruxelles, à la sortie de chaque numéro 40 à 50 personnalités du monde juridique belge dont 6 disposent de 3 minutes de parole pour présenter leur passion à l’auditoire ! Annonceurs et invités privilégiés d’autres secteurs sont également présents.
http://issuu.com/jda- le SEUL magazine DE LOISIRS conçu et réalisé pour les avocats
Document informatif non contractuel
Editeur responsable : Myriam Robert-César Conception Coordination générale Direction artistique : Myriam Robert-César +32 475 907 901 Ont collaboré à ce numéro : les Présidents, Bâtonniers, avocats, artistes et étudiant suivants : - Roman Aydogdu - René Chaidron - Jean de Codt - Alexis Ewbank - Nathalie Fonsny - Patrick Geelhand de Mexem - Didier Goeminne - Marie-Paule Helpens-Janssens - Alain Jacobs-von Arnauld - Dominique Matthys - Pierre Moreau - Jean-Marc Rigaux - Jean-Paul Wahl - Cavit Yurt - Onur Yurt Pour proposer votre collaboration rédactionnelle En cas de changement d’adresse Pour commander des exemplaires supplémentaires Pour vous abonner aux 4 prochains numéros (60 € tous frais compris) Pour toute insertion publicitaire Envoyez simplement un email à info@journaldesavocats.com ou téléphonez au 02 688 15 57 Mise au net Anthony Lackner Peek's +32 (0)495 340 590 Imprimé en Belgique Dépôt légal Année 2015 - 3ème trimestre Edité par Alligators & Cie S.A. Boulevard du Souverain, 47/2 1160 Bruxelles +32 (0)2 688 15 57
le journal des avocats - N°18 magazine de loisirs • sans connotation juridique
AUTOMNE 2015
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