le journal des avocats - N째4 Juin 2011
Dans ce numéro Mémoire d’Anniversaires, vous trouverez...
Des interviews d’avocats dont les propos sont censés être significatifs. Ces pages font appel au langage parlé et à la spontanéité. Et celles-ci sont inattendues, explicatives et DONNENT A ENTENDRE. (Robert de Baerdemaeker et Jean-Pierre Buyle) Des comptes rendus qui résument des faits historiques, commémoratifs, mythologiques. Les auteurs rendent compte sous la forme d’un récit, dans un style synthétique, ils DONNENT A COMPRENDRE. (Des anniversaires - Des barreaux et des Bâtonniers - Ces années là - ...) Le billet est un article d’humeur, qui se veut souvent d’humour. Genre périlleux par excellence, il mélange légèreté et gravité, dans un style elliptique. Ici il interroge en DONNANT A REFLECHIR. (Edito, Tous en récré, Pendant ce temps, à Saint-Cloud, Lettre d’un inconnu, Fussball- Schnee und Karneval,...) Des enquêtes, des reportages, recourent à ces trois genres. C’est plutôt l’artillerie lourde, elle vise à cerner un sujet, de manière légère ou approfondie, à faire le point sur une question. Voir, entendre, comprendre, ÇA DONNE A REVER... (De la musique, de la passion, des voyages et des curiosités,...)
Editorial Pourquoi écrire un éditorial ?
Tout le monde le fait ! Ce serait donc nécessaire... ? Devant cette page « à remplir », je me suis demandée « mais bon sang, pour quelles raisons écrit-on un édito... ? » Pourquoi ? Serait-ce pour provoquer la réflexion du lecteur sur des sujets qui le touchent de près ? Est-ce pour chercher à approfondir l’information en soulevant des questions qui peuvent être ignorées ? Pour commenter ou porter des jugements sur des personnes qui suscitent l’intérêt en écrivant les articles ? Est-ce pour louanger dans le but de faire mousser le lecteur, promouvoir sa communauté ou un organisme quelconque ? De toute évidence les raisons pour lesquelles on l’écrit sont multiples. Cependant, les miennes sont peut-être plus simples : écrire cet édito me donne le sentiment de rester proche de nos lecteurs, d’avoir une place pour remercier nos auteurs, leur dire toute ma reconnaissance et mon admiration. Aussi, à tous ceux qui font des choses et les partagent ici avec les autres, permettez-moi de leur dire : « Vous, les passionnés, créateurs, écrivains dans l’âme, narrateurs, conférenciers, peintres amateurs, sculpteurs, poëtes, auteurs de rêves, sachez que tout ce que vous risquez à partager votre passion c’est, au pire, de recevoir de temps en temps un grand bravo ou un petit merci, mais vous aurez ici l’assurance d’être lu. Encore et encore... » Et à vous, lecteurs : « Soyez heureux, car dans ce numéro du premier anniversaire de votre magazine, de tous les anniversaires, vous aurez encore bien des richesses à découvrir. Encore et encore... »
Myriam Robert-César Alligators & Cie. s.a.
SOMMAIRE - INHALT
En quelques mots... LE LUXE selon vous, Robert de Baerdemaeker, Président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone LA CULTURE selon vous, Jean-Pierre Buyle, Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles
Le grand dossier LA MEMOIRE DES ANNIVERSAIRES, présenté grâce à l’aide des Présidents des deux Ordres belges et de nombreux Bâtonniers et avocats. Il est ouvert par l’article de Jérôme de Brouwer : « Le 13 juin 1811. Pendant ce temps, à Saint-Cloud... »
Et ensuite, classés par ordre alphabétique du nom de leurs auteurs, les articles suivants :
Roman Aydogdu
AYD
Faut-il avoir foi en la raison ?
Olivier Bonfond
BON
Quand les avocats crèvent l’écran…
Sandrine Carneroli
CAR
Robert Capa
Aimery de Schoutheete
DES
Et si nous parlions de littérature…
Caroline Dubois
DUB
Motown, ou comment la musique a changé l’Amérique
Isabelle Ekierman
EKI
Le goût de la beauté
François Glansdorff
GLA
Une réponse de Normand
Guy Horsmans
HOR
Le rire du bouffon et le sourire du modeste
Alain Jacobs-von Arnaud
JAC
Cabinet de curiosités
Martin Orban
ORB
Fußball, Schnee und Karneval (bilingue)
Yves Oschinsky
OSC
Un voyage au Congo
Pierre Paulus de Châtelet
PAU
Ne touchez pas à la musique
André-Marie Servais
SER
Lettre d’un inconnu
Benoît Stevart
STE
La maison de Juliette
Catherine van Gheluwe
VAN
La passion - Voyage en Birmanie
Xavier Magnée
XM
Le Palais? Sauvé!
Onur Yurt
YUR
Maître Manneken Pis
TOUS EN RECRE
ABC
LISTE DES AUTEURS
REMERCIEMENTS PHOTOS
Des richesses encore à découvrir... Aufzudeckende Reichtümer noch…
LA TOMBOLA DES AUTEURS
La tombola est organisée pour nos auteurs, en remerciement de leur aimable contribution au grand succès du magazine. Durbuy Vieille Ville en Ardenne
LE 1er PRIX de la tombola de notre premier anniversaire. Après lapensiez Russie, la France, et... Hout-Si-Plou (destination tenue secrète Vous connaître par le gagnant) voici enfin la Belgique ! Nous offrirons au gagnant DEUX le Sanglier des Ardennes… SEJOURS « DETENTE et GASTRONOMIE » pour deux personnes AU SANGLIER DES Hôstellerie On ne présente plusARDENNES, l’Hostellerie du Sanglier des***** à Durbuy. Comprenant à chaque visite : deux nuits chambre double avec petits déjeuners, deux Ardennes à Durbuy. Mais elle en a bien changé, 65 foisaprès deuxsamenus gastronomiques, les lunches de la Brasserie Fred à deux ans création. Forte de son succès, elle vient d’achever une rénovation grandiose. reprises et également l’accès au tout nouveau Centre Wellness. Le tout lors de chacun de vos séjours (valeur approximative 1.000 e). (Voir annonce)
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Selon vous ... en quelques mots !
LE LUXE Selon Robert DE BAERDEMAEKER
Robert De Baerdemaeker est avocat depuis 1979. Fondateur de l’association KOAN. Ancien bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles. Président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone. Maître de conférences invité à l’UCL. Chroniqueur au journal L’Echo. Navigue depuis plus de 40 ans.
Le luxe pour vous qu’est-ce que c’est ? Incontestablement, le luxe de la vie c’est la qualité de la vie ! Non pas le confort matériel ni l’accumulation de biens et d’objets mais le sentiment de mener l’existence que je souhaite, faite de rencontres et de bonheurs partagés, d’épanouissement et de découvertes. Au regard de ces critères, je vis dans le luxe.
Le luxe qui ne coûte rien, c’est .... ? Le temps. Oui, assurément le temps car il permet de vivre pleinement chaque moment de la vie et plus particulièrement ceux que l’on préfère, ceux qui généralement passent trop vite, ceux auxquels on repense avec douceur et ceux qui sont les fondations profondes de rêves merveilleux.... Il est évidemment trop compté mais quelle jouissance profonde ne procure-t-il pas ?
L’objet d’un luxe inégalé ? Le luxe d’une belle rencontre ? À quoi cela vous fait-il penser ? Une maison ancienne et pleine de charme à front de mer dans une nature sauvage avec une terrasse couverte où retrouver des amis au retour d’une escapade maritime. Comment, dans ces conditions, ne pas se laisser aller à penser à l’éternité ?
Un lieu que vous aimez ? Un hôtel ? Un restaurant ? Un café ? Un hôtel, un restaurant ou un café seraient donc des luxes ? C’est sans doute vrai même s’il s’agit d’un morceau imposé. Comment, en effet, résister au charme d’un bistrot accueillant et à ceux de la patronne quand la cuisine est régalante et la bouteille bordelaise ? Si la carte offre des huitres, c’est la perfection ! De tels bistrots, j’en connais beaucoup et ils sont des écrins au creux duquel s’arrête le temps.
Le luxe suprême dans la vie ?
Les honneurs sont-ils un luxe ?
La symbiose des états de grâce générée par la vie avec ceux qui me sont chers. Et l’état de grâce jamais deux fois ne se répète de la même façon. À redécouvrir sans cesse et à vivre sans modération !
Pas du tout. Ils sont la récompense d’efforts accomplis dans l’intérêt général. Si, en plus, ils sont mérités, ils procurent des satisfactions qui vous permettent d’économiser une séance de coaching.
Un endroit préservé où vous aimez vous ressourcer ?
Votre luxe personnel
La mer, un voilier, du soleil et du vent. C’est toujours exceptionnel, les sensations sont profondes et l’émotion de l’âme, garantie ! J’ai un excellent médecin qui m’a donné une prescription pour en prendre une pleine dose une fois tous les quinze jours. Je la respecte scrupuleusement hiver comme été. Je n’ai rien à ajouter.
Si le lecteur ne l’a pas encore compris c’est qu’il ne sait pas lire : avoir du temps avec des amis en bateau pour une croisière venteuse et ensoleillée. Vous allez penser que je me répète !
Le luxe quand vous étiez enfant ? Les vacances, c’est-à-dire la liberté. Je les attendais, j’en rêvais, je les vivais avec jouissance et j’en redemandais.
Et le luxe dont vous ne sauriez vous passer ? La lecture du Journal des avocats en mer ou à l’escale. Je ne vous aurai rien caché, ma bouteille de Saint Julien est presque terminée...
(Merci Monsieur le Président)
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Selon vous ... en quelques mots !
LA CULTURE Selon Jean-Pierre BUYLE
Jean-Pierre Buyle est Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles. jpbuyle@philippe-law.eu
La culture selon vous qu’est-ce que c’est ? Il y a deux choses qui comptent chez l’homme nous dit André Malraux : le courage et la culture. La culture nous aide à organiser le chaos et à comprendre qu’une chose peut être à la fois fausse et vraie. Elle nous rend libre et nous permet de dépasser nos vulnérabilités et de comprendre nos fragilités.
Quand est-on cultivé ? Lorsqu’on passe d’un état mental de soumission à celui de la possibilité de transgression. Mais plus je me cultive, plus je crois en l’ignorance.
Un endroit que vous aimez ? Un restaurant ? Un café ? Un théâtre ? J’aime le palais de justice de Bruxelles, construit par Joseph Poelaert. Il s’agit sans doute du monument babylonien le plus symbolique au monde du 19ème siècle. Ce bâtiment est habité de beaucoup d’œuvres d’art : des fresques dont celles de Somville et Dubrunfaut, des gigantesques tableaux, des sculptures, des bustes… Nous y avons introduit le 21ème siècle dans les locaux de l’Ordre : des photos de Marie-Jo Lafontaine, l’allégorie de la justice tatouée par Jean-Luc Moerman, … Une sculpture contemporaine a été commandée pour la salle du conseil de l’Ordre. L’art est présent dans notre
barreau. Nous avons édité un livre de photos « Visages d’avocats » avec Benoît Feron, une bande dessinée sur les avocats. A notre rentrée, la musique était présente avec Frank Braley et François Glansdorff et la littérature pour fêter le centenaire de la naissance de Jean Genet. D’autres projets culturels sont en gestation : poésie, théâtre, histoire…
La culture qui ne coûte rien, cela existe ? Sans doute la culture Tupperwaere des médias sociaux.
La personne la plus cultivée que vous ayez rencontrée dans la vie ? Sans doute Gérard Mortier. Parler avec lui vous donne envie de réécouter Jean-Sébastien Bach ou Richard Wagner et de relire Goethe et Shakespeare.
Un endroit culte préservé où vous aimez vous ressourcer ? Strasbourg.
La culture quand vous étiez enfant ? Maurice Béjart, les jeunesses musicales, l’Iliade et l’Odyssée, les contes de fées, le Théâtre National, le Théâtre de l’Esprit Frappeur, Walt Disney, le journal Pilote, le musée de l’Afrique, le Théâtre de Toone, …
L’intelligence est un don, et la culture ? Un apprentissage.
Et la culture dont vous ne sauriez vous passer ? La culture physique ! Le 29 mai, à l’occasion du bicentenaire du rétablissement du barreau de Bruxelles, je devrais emmener 200 avocats courir dans les rues de Bruxelles à l’occasion des 20 kilomètres. (Merci Monsieur le Bâtonnier)
le journal des avocats
Rien ne nous a arrêté dans la conception de la nouvelle Audi A6 afin de la rendre plus légère encore. Nous avons même été jusqu’à imaginer un nouveau procédé pour allier l’aluminium et l’acier. Le châssis est donc plus léger tout en étant plus solide, ce qui rend la voiture encore plus dynamique et jusqu’à 16% plus économe en carburant. Voilà ce que l’on appelle l’efficience selon Audi. La nouvelle Audi A6, avec une structure hybride en aluminium.
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M
Guter Geburtstag Goede Verjaardag Bon Anniversaire Les anniversaires ne valent que s’ils constituent des ponts jetés vers l’avenir. Jacques Chirac D’âge en âge on ne fait que changer de folie. Pierre Claude Nivelle de La Chaussée Il est prouvé que fêter les anniversaires est bon pour la santé. Les statistiques montrent que les personnes qui en fêtent le plus deviennent les plus vieilles. Den Hartog Personne n’est jeune après quarante ans mais on peut être irrésistible à tout âge. Coco Chanel Je ne serai jamais vieux. Pour moi être âgé, c’est avoir quinze ans de plus que moi. Bernard Baruch Chaque année, j’ai un an de moins que l’année d’après. Dieu sait comment ça va finir. Tony Duvert Impossible de vous dire mon âge, il change tout le temps. Alphonse Allais Avant cinquante ans on est jeune et beau. Après on est beau. Jacques Higelin Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Pierre Corneille L’anniversaire de naissance n’est, en somme, que la commémoration de la farce sinistre que nous ont faite nos parents en nous mettant au monde. Alexandra David-Neel J’ai un truc pour se souvenir à vie de la date d’anniversaire de sa femme: il suffit de l’oublier une fois ! Michel Galabru Vous commencez à vous rendre compte que vous vieillissez quand les bougies coûtent plus cher que le gâteau. Bob Hope Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Raymond Radiguet L’un des privilèges de la vieillesse, c’est d’avoir, outre son âge, tous les âges. Victor Hugo Vieillir est encore le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps. Charles-Augustin Sainte-Beuve 1 an, 10 ans, 100 ans, 200 ans, peu importe ! BON ANNIVERSAIRE, AUJOURD’HUI, DEMAIN OU APRES à vous tous, avocats belges passionnés !
Jean-Pierre & Willy De Cuyper
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Le 13 juin 1811.
Pendant ce temps, à Saint-Cloud… Par Jérome DE BROUWER
Avocat au sein du cabinet Gerard et Associés, Jérôme de Brouwer n’a pas seulement la pratique du droit pour passion. Docteur en Histoire, spécialiste de l’histoire du droit et de la justice, on retrouve régulièrement sa plume dans le Journal des Tribunaux. Bicentenaire oblige, il se consacre en ce moment à un ouvrage sur l’histoire du Barreau de Bruxelles.
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A
quoi pense l’Empereur, ce 13 juin 1811 ? Pas à Bruxelles, en tout cas. Et pas davantage à ces avocats qu’il ne porte pas dans son cœur, ces « factieux », ces « artisans de crime et de trahisons ». Il a d’autres chats à fouetter, vraiment. Après un séjour à Rambouillet, puis un tour avec l’Impératrice dans quelques villes de l’Ouest, le voici revenu aux portes de Paris. Il séjourne dans son château de Saint-Cloud. Dans son habituelle fièvre épistolaire, il dicte. Il dicte, toujours. Lettres après lettres…L’Europe entière est convoquée dans son cabinet de travail. Et il dicte dans tous les sens. Une lettre par-ci, une lettre par-là. Et encore, et encore. Aux premiers rangs ? L’Espagne. Il y a eu cette satanée défaite de Bailen qui n’est toujours pas digérée, trois ans après. Et toute l’Andalousie, à feu à et à sang. Chaque jour, l’Espagne semble lui échapper. Et les Anglais qui sont désormais de la partie. Ce satané Wellington qui met à mal ses braves soldats. A la mi-mai, les alliés britanniques, espagnols et portugais ont repoussé l’armée française du maréchal Soult à la bataille d’Albuera. Une défaite cinglante. Encore une. Alors il dicte des courriers, plus que jamais. Et ces gerilleros qui harcèlent ses braves soldats... Une lettre au Prince Eugène, le fils de Joséphine, en Italie : me préparer des bataillons italiens et les envoyer rejoindre l’armée d’Espagne. Et vite. Et libérer mes soldats en captivité sur le sol anglais depuis Bailen. A Talleyrand : négocier la libération de nos soldats retenus par les Anglais. Au ministre de la Marine : renforcer la défense de nos ports. Cherbourg, Le Havre, Ostende. Il faudrait envoyer de l’argent à Joseph. Lui donner ce qu’il faut pour payer la solde, et faire de nouveaux ouvrages de défense. A Madrid. Et ailleurs. Une lettre pour le ministre du Trésor : faire remettre au roi Joseph un million de francs or. N’y avait-il donc que des soucis pour occuper son séjour à Saint-Cloud ? Tout n’allait pas si mal, non. L’aiglon… L’Impératrice venait de lui donner un petit. Un héritier. Ça se fête, ça, n’es-ce pas… ? On venait de le baptiser en grande pompe, à Notre-Dame. Et du côté des armées ? Il y avait de quoi se consoler. Un peu. Ce bon Suchet, ce brave Suchet, qui était sur le point de faire tomber Tarragone, après des semaines de siège ! Il faudrait d’autres victoires, d’autres conquêtes. Et il songe, pour se donner un peu de cœur à l’ouvrage : et si j’envoyais mes grognards se refaire une santé en Russie ?
Et Bruxelles, alors ? Non, Bruxelles n’est pas dans ses pensées. Les avocats ? La dernière fois qu’il a eu une pensée pour les avocats, c’était au mois de décembre de l’année précédente, et ce n’était pas vraiment une pensée agréable. Il avait fallu signer ce foutu décret. Le rétablissement des barreaux. Les avocats. Engeance maudite. Enfin, il leur avait imposé de quoi les maîtriser : la tutelle d’un procureur général tout puissant. Il avait prévenu, lorsqu’on lui avait présenté une première version du décret : « je veux qu’on puisse couper la langue à un avocat qui s’en sert contre le gouvernement ». Ils n’ont qu’à se tenir à carreau, les avocats. A Bruxelles, ce mois de juin, il y en a au moins un qui se réjouit. C’est le sieur Kockaert. Le sieur Kockaert n’occupe pas les pensées de l’Empereur, ça non. Mais l’Empereur n’occupe pas plus les pensées du sieur Kockaert, du moins aujourd’hui. Voilà le retour des beaux jours. Le procureur général l’a nommé bâtonnier à titre provisoire. L’homme, déjà avocat quand la Belgique était encore autrichienne, préside la première assemblée de l’Ordre. Et il n’est pas peu fier. Il espère bien être confirmé dans la fonction. Il s’agit d’éviter de faire des vagues. Tout en s’attirant la sympathie de ses confrères. Délicat ? Non. Il y excelle. Et il devient un bâtonnier longue durée, notre Kockaert. De 1811 à 1830, l’homme parvient à occuper la place pendant… 15 années. L’on raconte pourtant que notre premier bâtonnier ne brillait pas comme orateur : « il n’était point un avocat éloquent, et la légende veut même, qu’à la mode de chez nous, il n’ait guère mieux parlé le français que le flamand. Sa voix était faible. Il avait un maintien modeste, un visage où se lisaient plus de bonté et de gravité que de flamme ». Allez, ses qualités et cette belle fidélité à sa fonction lui vaudront la reconnaissance de ses pairs. Aimé des siens il parvient même, aux premiers jours de la révolution de 1830, à se faire élire au Congrès national. Il avait bien autre chose à penser alors qu’à l’Empereur. Et l’Empereur, dans tout ça ? Entouré d’un carré de fidèles, il s’était éteint sur l’île de Saint-Hélène, neuf ans plus tôt. Jérôme DE BROUWER
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MEMOIRE D’ANNIVERSAIRES En ce qui concerne la Cour de cassation... ...une note historique avait été effectuée en 2000 par Maître Thomas Delahaye, alors bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour de cassation de Belgique. Voici ce document résumé en courte anecdocte pour -le journal des avocatsLe Bâtonnier de l’Ordre Michel MAHIEU
Déjà sous l’Ancien Régime ! Le barreau de cassation avait déjà été institué sous l’Ancien Régime. Il a été ensuite organisé postérieurement à la Révolution française par la loi du 22 ventôse an XII (13 mars 1804), qui rétablissait la profession d’avocat. Le tribunal de cassation ayant été reconstitué le 25 juin 1806, il fut prévu que « les avoués en la Cour de cassation prendront le titre d’avocat ». En ce qui concerne la période hollandaise, le Congrès de Vienne signé le 9 juin 1815 prévoyait en son article 3 : « La procédure sera instruite par écrit sauf aux parties qui auraient présenté leur mémoire en temps utile, de faire plaider leurs moyens à l’audience par un avocat à la Cour ». Pour ce qui concerne la création de la Belgique, il est constant que la constitution du 7 février prévoyait
dans son article 95 la nécessité d’une Cour de cassation pour tout la Belgique. La loi organique de l’Ordre judiciaire du 4 août 1832 organisa la Cour de cassation et énonça que : « Sont établis, près la Cour, les officiers ministériels portant le titre d’avocat. Ils ont le droit de plaider et exclusivement celui de postuler en de prendre des conclusions... ». Il fut ensuite établi, par un arrêté royal du 4 octobre 1832, la procédure pour la fixation du nombre d’avocats à la Cour de cassation. Ils ont été de 10, à l’origine, à 20 actuellement. Les dispostions du Code judiciaire, notamment l’article 478, ont confirmé le statut d’avocat à la Cour de Cassation.
Ces années là au calendrier... 1804 1806 1815 1832
Napoléon, empereur Création par Napoléon de la Confédération du Rhin : fin du Saint Empire romain germanique Défaite de Napoléon à Waterloo; exil à Sainte Hélène Loi monétaire en Belgique. Naissance du franc belge Décès de Johann Wolfgang von Goethe, écrivain allemand (° 1749) Naissance d’Édouard Manet, peintre français († 1883) Fête de Hambach
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1811 et le barreau de Bruxelles était né… Napoléon ne tenait pas les avocats en haute estime, les considérant comme des bavards, artisans de révolution qui n’étaient inspirés que par le crime et la corruption… Il voulait qu’on puisse couper la langue d’un avocat qui s’en servirait contre le gouvernement. (sourire)
Le 14 décembre 1810, après quatre années de travaux préparatoires et huit projets successifs, il fut adopté un décret contenant règlement sur l’exercice de la profession d’avocat et la discipline du barreau. Si l’accès à la barre était réservé aux avocats admis à un tableau, le barreau était mis sous la tutelle du pouvoir.
Le 16 juin 1811, le procureur général près la Cour impériale nomme parmi ces candidats 15 avocats en qualité de membres du conseil de discipline et Me Kockaert en qualité de premier Bâtonnier de Bruxelles. Le 22 juin 1811, le conseil de discipline se réunit pour la première fois. Il compose le bureau de consultation gratuite et nomme un trésorier. Le barreau de Bruxelles était né… Pierre WINAND Membre du cabinet du bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles
Le conseil de discipline et le bâtonnier étaient nommés par le procureur général près la Cour impériale. Le 13 juin 1811, la Cour impériale de Bruxelles arrête le premier tableau de l’Ordre des avocats de Bruxelles : 174 avocats y étaient inscrits. A la même date, eut lieu la première assemblée générale des avocats qui procéda à la nomination des candidats pour former le conseil de discipline.
BARREAU DE BRUXELLES
1811 2011
BALIE VAN BRUSSEL
Et pendant ces temps là... 1810 * * * *
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1811 * * *
Interdiction de l’usage de l’opium à Pékin Réforme de la faculté de droit en Autriche Rome est réunie à l’Empire français L’empereur Napoléon Ier épouse le 2 avril 1810, à 40 ans, Marie-Louise, 18 ans, fille de l’empereur d’Autriche François Ier et petite-nièce de la reine Marie-Antoinnette Annexion du Royaume de Hollande par Napoléon Bonaparte Naissance de Frédéric Chopin, compositeur polonais Naissance de Robert Schumann, compositeur allemand Naissance d’Alfred de Musset, poète et dramaturge français
Chateaubriand est élu à l’Académie Méhémet Ali massacre 470 chefs mamelouks Fondation de la Maison Perrier-Jouet de Champagne
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De Charnoy à Charleroi ? Une Histoire nébuleuse... L’histoire des avocats de Charleroi demeure un sujet très nébuleux ; cela vu les nombreuses tribulations vécues par cette région qui changea de mains à de très nombreuses reprises (Espagnols, Français, Autrichiens ou Hollandais). La ville fut à l’origine un village du nom de ‘Charnoy’ que l’occupant espagnol transforma en point fortifié en 1666/1667 (jusqu’à la création de Louvain-la-Neuve dans les années 1970, Charleroi était considérée comme étant la plus récente ville belge). La population restreinte vivant avec la garnison dans cette forteresse ne pouvait justifier la présence en ses murs d’un tribunal (et donc d’avocats) ; ce qui implique que Charleroi dépendit, au gré des divers occupants, des proches Tribunaux de Thuin ou de Binche. Mais, progressivement, avec l’extension de la cité (extra muros) la nécessité d’établir un tribunal local se fit pressante. Le 14 février 1793, les révolutionnaires français, ayant conquis cette portion de territoire autrichien, créèrent ainsi un Tribunal à ‘Charles-surSambre’. La loi du 28 pluviôse an VIII (1800) établira ensuite un chef-lieu d’arrondissement au sein de cette ville. Mais, à l’époque, l’existence d’un Tribunal n’impliquait nullement une présence constante d’avocats. Du XVIe au XVIIIe siècle, ces derniers étaient d’ailleurs fort peu nombreux et souvent de qualité très variable. Il fallait uniquement « une certaine connaissance du droit » et pouvoir prouver avoir suivi des cours dans
une quelconque université. L’encadrement était donc très lâche. Nous savons qu’en 1815, la ville n’avait que sept avocats et que, lors de la révolution de 1830, une petite dizaine d’avocats carolorégiens prendra part au soulèvement en hissant symboliquement des drapeaux « belges » sur divers clochers dans le but de rallier la population. Après l’indépendance ainsi acquise, le nouveau gouvernement de la Belgique indépendante va établir un nouvel ordre judiciaire mais, face à l’immense tâche d’organiser un pays créé de toutes pièces, l’encadrement des avocats ne fut guère une priorité et les initiatives durent être délaissées à ces derniers. Le développement du commerce, puis de l’industrie, avait cependant amené une croissance notoire des avocats locaux. En 1840, on en comptait vingt à Charleroi ; en 1852, ils étaient vingt-quatre. Cette même année 1852, un Conseil de l’Ordre vit le jour et l’on pourrait ainsi fixer à cette date la naissance officielle du Barreau carolorégien. La toute neuve institution allait être consacrée en 1857 par la nomination du premier Bâtonnier, Me Charles BIOURGE, et en 1885, le grand juriste belge Edmond Picard allait fonder le Jeune Barreau qui, malgré quelques vicissitudes et le passage de deux guerres, est toujours bien présent. Valérie DEGRAEVE Secrétariat de l’Ordre
Cette même année 1852... Ils virent le jour, eux aussi: * * * * * * * * *
Jacob Meyer de Haan, peintre néerlandais († 1895) Joseph Joffre, maréchal (le « vainqueur de la Bataille de la Marne ») et académicien († 3 janvier 1931) Charles Taze Russell, pasteur fondateur du mouvement ancêtre des Témoins de Jéhovah John Harvey Kellogg, médecin et chirurgien américain, inventeur des Corn Flakes Calamity Jane (Martha Jane Canary, dite), aventurière († 1er août 1903) Alice Liddell, inspiratrice d’Alice au pays des merveilles Henri Moissan, chimiste français (prix Nobel de chimie 1906) Henri Becquerel, physicien français Antoni Gaudí, architecte espagnol
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Le barreau de Dinant. Histoire brève. Depuis son indépendance au début du 13ème siècle puis son accession au rang de bonne ville de la principauté de Liège, la ville de Dinant a toujours tenu un rang de premier plan dans les domaines administratif et économique. Il était donc naturel qu’à la naissance du Nouveau Régime, un tribunal de 1ère instance y soit installé dès 1799. Mais pour le barreau, la règle des vingt avocats exerçant sur le territoire d’une même ville était de rigueur et sans exception en vertu de l’article 2 du décret impérial du 14 décembre 1810 : « Dans toutes les villes où les avocats excèdent le nombre de vingt, il sera formé un conseil pour leur discipline. » Il en allait ainsi jusqu’à la veille de l’entrée en vigueur du Code judiciaire.
C’est à la rentrée judicaire de 1936 que la constatation s’est faite que vingt avocats se bousculaient désormais dans le palais de justice construit quant à lui en 1879. Invités à se choisir un bâtonnier, les confrères ont élu Me Hector Adam au patronyme prédestiné pour créer une lignée de trente-trois bâtonniers. Rappelons que c’est le barreau de Dinant qui, en 1965, a élu une dame à la tête de l’Ordre, Me Odette Virlée, pour la première fois en Belgique. Guy De REYTERE Ancien bâtonnier
1799 *
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Après la perte de sa flotte à Aboukir, pour sortir de l’impasse, Bonaparte entreprend la conquête de la Syrie pour remonter vers la Turquie. Il occupe Jaffa, bat l’armée turque au Mont-Thabor le 16 avril (Kléber), mais est arrêté au siège de Saint-Jean-d’Acre, car son artillerie est insuffisante (février-mai). Bonaparte quitte l’Égypte. Les troupes royalistes occupent Le Mans. Arrivée de Bonaparte à Paris Coup d’État du 18 Brumaire : fin du Directoire ; mise en place du Consulat Naissance d’Honoré de Balzac († 1850) Naissance d’Alexandre Pouchkine, poète, dramaturge et romancier russe († 1837) Naissance de la Comtesse de Ségur (Sophie Rostopchine), romancière française († 1874)
1936 *
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Cinéma : Sortie des films César de Marcel Pagnol - La Charge de la brigade légère de Michael Curtiz avec Errol Flynn et Olivia de Havilland - Les Temps modernes de Charlie Chaplin - Pépé le Moko de Julien Duvivier avec Jean Gabin - Tarzan s’évade de Richard Thorpe avec Johnny Weissmuller et Maureen O’Sullivan - Mayerling d’Anatole Litvak avec Danielle Darrieux et Charles Boyer - Les Amants terribles de Marc Allégret Mort du roi Fouad Ier d’Égypte. Son fils Farouk lui succède à l’âge de seize ans Joachim von Ribbentrop est nommé ambassadeur d’Allemagne à Londres Le paquebot britannique Queen Mary obtient le Ruban bleu après avoir traversé l’Atlantique en trois jours seulement Début d’une grève des dockers d’Anvers qui se généralise en Belgique à partir du 13 juin Programme de réformes économiques et sociales en Belgique suite au mouvement social. (déjà)
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Eupen, la jeune ! Le premier septembre 1988 se tient devant le Tribunal de Première Instance d’Eupen la toute première audience de l’arrondissement judiciaire d’Eupen. Ainsi est enfin mis en œuvre la loi du 23 septembre 1985 modifiant la loi concernant l’emploi des langues du 15 juin 1935. Nous plaidons désormais devant un vrai tribunal germanophone où les magistrats parlent pour la plupart tous outre l’allemand et le français, le néerlandais. Beaucoup de nos confrères espèrent pouvoir jouir de l’effet bénéfique de la prescription en demandant le renvoi devant une juridiction francophone, c’est cause perdue : le tribunal acte immédiatement le changement de langue et poursuit le dossier en français. (Le changement de langues n’est possible que dans certaines conditions). Nous n’avons donc pas encore 25 ans puisque nous les fêterons en 2013.
Notre premier Bâtonnier fut Monsieur le Bâtonnier E. Ohn, nous ne comptions alors que 16 avocats pour 5 magistrats au siège et 4 au parquet… Mais peu importe, outre notre particularité linguistique, nous pouvons je pense nous enorgueillir de « quelques premières », conséquence de notre jeunesse : * Le plus jeune Bâtonnier de Belgique fut Monsieur le Bâtonnier Bourseaux, il avait 38 ans * La première dame Bâtonnier à tout le moins pour la partie francophone et germanophone fut Marie Rose Grimar en 1990 * Et peut être aussi le premier couple où Mari et Femme ont été ou sont Bâtonniers (Note de la rédaction : Devinez...)
Notre histoire est courte mais dense, je ne lèverai pas plus le coin du voile, attendez notre jubilé en 2013, pour mieux nous connaître… nous fêterons alors nos 25 ans ! Stéphanie MOOR Bâtonnier 2010-2011
1988, ça et là ! * * * * * * *
Belgique : L’élection de Wilfried Martens comme Premier ministre en Belgique (son huitième mandat) clôt une crise politique ouverte en décembre 1987. Il forme un cabinet de centre gauche Russie : Andreï A. Gromyko démissionne du poste de président du Praesidium du Soviet suprême (qu’il occupait depuis 1985) et Gorbatchev reprend cette fonction Allemagne : 40 000 citoyens d’Allemagne de l’Est sont autorisés à passer à l’Ouest Suisse : La chanteuse québécoise Céline Dion remporte à Dublin le Concours Eurovision de la chanson pour la Suisse Luxembourg : Lors du Sommet de Luxembourg, les ministres des finances de la CEE décident de libéraliser les mouvements de capitaux pour le 1er juillet 1990 Iran-Irak : Fin de la guerre grâce à un cessez-le-feu organisé par l’ONU (1 million de morts pour un statu quo) Brésil : Le taux d’inflation atteint 930% pour l’année 1988
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De la Cour Impériale de Liège... Les « avocats du ressort de la Cour Impériale de Liège » se sont réunis au nombre de 44, le 12 septembre 1811, ont offert de proposer 30 noms au Procureur Général Impérial, Chevalier de l’Empire, parmi lesquels celui-ci choisira le 20 septembre 1811, dans l’ordre retenu par l’Assemblée Générale des Avocats, le bâtonnier et les 15 membres qui composent la Chambre de Discipline. A titre d’anecdote, le 18 novembre 1811, en sa première séance, le Conseil de Discipline a notamment statué ce qui suit :
« Il est arrêté que chacun des avocats inscrits au Tableau sera invité à faire remettre à Monsieur le Trésorier la somme de 10 francs, pour fournir provisoirement aux frais de lumière, chauffage et autres tant du Conseil de Discipline que du bureau de consultation gratuite pour les pauvres ». Eric LEMMENS Le vice-Bâtonnier de l’Ordre
Et en ce beau ciel de septembre 1811, ... ...ce même 12 septembre, passa la grande Comète de Napoléon ! La Grande comète de 1811 est une comète qui fut découverte par Honoré Flaugergues... astronome amateur et juge de paix, à Viviers dans l’Ardèche. La comète passe au périhélie le 12 septembre. Visible à l’œil nu pendant plusieurs mois, elle atteint la magnitude de 0. Selon les observations de William Herschel, elle déploie une queue s’étendant sur 25° de la voûte céleste au début du mois d’octobre. Celui-ci note également que la queue est divisée en deux branches. La comète est observée pour la dernière fois le 17 août 1812 par l’astronome russe Vincent Wisniewski Sa période orbitale a été estimée à 3095 ans --1811 devint une année viticole exceptionnelle. Le passage de la comète au périhélie coïncidant avec la période des vendanges, plusieurs vins seront baptisés Vin de la Comète. Le dessin d’une étoile chevelue apparaît sur les bouchons et les étiquettes des bouteilles de la Champagne Léon Tolstoï décrit la comète de 1811 dans Guerre et Paix (Tome 2, chapitre III, XXII, dernier paragraphe)
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Huy, un barreau discret. La Ville de Huy, autrefois « bonne ville » de la Principauté de Liège, a toujours été le siège de Cours et Tribunaux. Divers noms de rues en témoignent toujours. Ces institutions judiciaires ont siégé dans la partie moyenâgeuse de la Ville avant de se transporter en bord de Meuse, au Quai d’Arona, où se trouve établi l’actuel Palais de Justice. Quant au Barreau de Huy, son institution remonte à l’époque de l’indépendance de la Belgique. Joseph LEBEAU, avocat à Huy et homme politique, est né à Huy, Grand Place, en 1794. C’est lui qui mènera les négociations pour permettre à Léopold de Saxe-Cobourg Gotha de devenir notre premier Roi. Le Barreau de Huy a comporté parmi ses membres des patriotes abattus par l’ennemi dont l’ancien Bâtonnier Armand FONCOUX (1896-1944) et des Avocats victimes de leur devoir à l’occasion de la guerre 1940-1945, sans oublier ceux de la précédente guerre. Des Avocats de Huy ont été Députés, Sénateurs et Ministres dont Maître Freddy TERWAGNE, auteur de la Loi sur la Protection de la Jeunesse. Le Barreau de Huy a fourni aussi à la Justice du pays de Hauts Magistrats. Jusqu’à la cessation de la profession d’Avoué, un Tableau des Avocats Avoués exerçant près le Tribunal de 1ère instance de Huy était joint au Tableau de l’Ordre.
Le Barreau de Huy a comporté un nombre d’Avocats oscillant de 20 à une petite centaine établis tant dans le Condroz qu’en Hesbaye, de Ferrières à Landen. Landen, ville actuellement en Brabant flamand, faisait partie, jusqu’il y a environ 50 ans de l’Arrondissement Judiciaire de Huy et les Avocats qui y étaient installés faisaient naturellement partie du Barreau de Huy. Ce dernier se trouve actuellement renforcé d’un nombre important de Cabinets secondaires. La première dame Avocate à Huy a été Maître Josée VANEX admise au stage en 1952. Discret, le Barreau de Huy œuvre au profit des condruziens et des hesbignons avec bonheur et réussite dans un souci d’efficacité appuyé sur l’harmonie avec les autres Membres de la famille judiciaire. Renaud DESTEXHE Avocat au Barreau de Huy depuis 1961 Ancien Bâtonnier Félicitations de la rédaction pour votre jubilé, Monsieur le Bâtonnier
Plusieurs des Membres du Barreau de Huy ont été Bourgmestre de la Ville de Huy dont feu Jacques GREGOIRE et actuellement l’ancien Bâtonnier Alexis HOUSIAUX. L’ancien Bâtonnier Robert COLLIGNON a quant à lui été Président de la Région Wallonne.
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Le XIXe siècle est donc celui de Joseph Lebeau, né à Huy en 1794 et y décédé en 1865. Docteur en droit, il devient, en 1830, député au Congrès national avant de se voir nommer ministre des Affaires étrangères; il mène alors les négociations qui vont permettre au prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha de monter sur le trône du Royaume de Belgique sous le nom de Léopold Ier Arrestation de Robespierre : Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794 selon le calendrier grégorien) marque la fin de la dictature de Maximilien de Robespierre sur la France révolutionnaire... Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises Instauration du système décimal en France
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Et si Mons nous était conté depuis…1409 ! Evoquer brièvement les origines du Barreau de Mons, revient à se livrer à une fameuse plongée dans le passé tant les origines des institutions judiciaires montoises sont anciennes. En 1966, à l’occasion du 75 ème anniversaire de la Conférence du Jeune Barreau de Mons, fut organisée une exposition au titre évocateur « Sept cents ans de droit hennuyer » … rappelant notamment que la « Cour Souveraine du Hainaut » a une origine très ancienne et s’installa définitivement à Mons à partir du XIVème siècle. Gilles-Joseph de Boussu dans son « Histoire de la Ville de Mons » imprimée en 1725, publie la « Liste des Avocats du Magistrat de la Ville de Mons » depuis… 1409.
Bâtonnier en exercice … qui a donné son nom à un Boulevard de la ville. Les plus jeunes avaient prêté serment en 1806. Nous possédons les portraits de tous les bâtonniers qui lui ont succédé jusqu’à ce jour. Quant au fameux décret du 14 décembre 1810 pondu par le petit Mouammar Napoléon, il s’agit ni plus ni moins d’un décret castrateur pour les avocats dont il ne pouvait supporter ni la liberté de parole … ni la liberté tout court. Nihil novi sub sole… Jean SAINT-GHISLAIN Ancien Bâtonnier du Barreau de Mons (2003-2005)
De la période presque contemporaine (tout est relatif…) nous possédons le tableau des avocats retranscrit dans le procès-verbal du « Conseil de Discipline » du 23 novembre 1833. L’avocat le plus ancien d’alors n’est autre que Jean François Joseph DOLEZ qui avait obtenu son diplôme le 26 janvier 1787, dénommé « Dolez père » et
En ces temps là... 1409 *
Moscou est assiégé par la Horde d’Or des Mongols
1833 * * * * * * *
Mort de Ram Mohan Roy, père du nationalisme indien Formation de l’Union douanière des pays germaniques (Zollverein) Abolition de l’esclavage dans l’empire britanniqueLe prince Othon de Bavière devient le premier roi de Grèce Le Royaume-Uni occupe les îles Malouines Fondation du Jockey Club à Paris Naissance d’Alfred Nobel, industriel suédois et instigateur des prix Nobel 23 février : Le Grand Orient de Belgique voit le jour
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Oh la la... à Namur Comme promis j’ai tenté quelques recherches et sans pouvoir en garantir l’authenticité, si ce n’est par la personnalité de mes sources (Mr le Président Bribosia, ancien président du tribunal de Première instance de Namur, qui s’est lui même inspiré du journal local) je vous apporte les renseignements qui suivent: Ce qui s’appelait au départ, « le Conseil de discipline » fut crée à Namur en 1877. Je ne puis vous en dire plus, sauf à ajouter que cet aspect du monde judicaire namurois, ne paraissait pas l’essentiel de ses propos, figurant en chapitre neuvième, juste après un chapitre dénommé « L’accès des femmes à la magistrature »... Il semblait partager les propos de l’académicien Paul Morand à propos de la «femme magistrat»: « C’était une jeune fille d’aujourdh’ui, c’est-à-dire -à peu près- un jeune homme d’hier ». Vous comprendrez dès lors que mes confrères ayant élu tout récemment une femme pour diriger leur ordre, j’aie arrêté -illico- ma lecture...
Il faudrait donc interroger mes confrères sur le point de savoir si Namur a atteint ce stade ultime. Françoise CHAUVAUX Bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Namur
On prête aussi ces mots à Françoise Giroud: « L’égalité entre homme et femme sera acquise quand une incompétente tiendra un poste à responsabilité ».
C’était en 1877 ! * * * * * * *
1er janvier : Victoria du Royaume-Uni est proclamée solennellement Impératrice des Indes par l’assemblée (darbar) de Delhi présidée par lord Lytton Le ballet Le Lac des cygnes du compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski est représenté par le ballet du Bolchoï à Moscou Femmes à la terrasse d’un café, toile de Degas Parution de La Fille Elisa d’Edmond de Goncourt Londres : Annie Besant livre un combat judiciaire pour imposer le droit à la contraception 17 septembre : décès de Pomare IV, Reine de Tahiti, Moorea et Dépendances 26 mai : naissance d’Isadora Duncan, danseuse américaine mondialement reconnue
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Au barreau de Neufchâteau... il n’existe pas d’archives ! Cependant, concernant la date de la constitution du Barreau, il résulte des recherches effectuées aux archives de l’Etat à Arlon que le Tribunal de Neufchâteau a été créé en 1800 et faisait partie du « département des Forêts ». A la même date, un tribunal similaire a été créé à Saint-Hubert, lequel faisait partie du département de Sambre et Meuse. Aujourd’hui, seul subsiste le Tribunal de Première Instance de Neufchâteau dans l’arrondissement dudit... Neufchâteau ! En 1810, Napoléon instaurant les ordres des avocats, il est donc vraisemblable qu’à cette époque, il existait déjà des avocats au Tribunal de Neufchâteau. J’ai le nom de Jules DUFORT avocat de Neufchâteau, en 1886. Jacques DE DOBBELEER Avocat au Barreau de Neufchâteau
En 1800 * * * *
La population de la Terre s’élève à quelque 900 millions d’âmes. L’Europe en compte 187 millions Fondation de la Sierra Leone, un État d’Afrique de l’Ouest, pour les esclaves libérés Napoléon Bonaparte traverse les Alpes et envahit l’Italie L’île de Malte, qui était occupée par les Français, est conquise par les troupes britanniques
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Ce jour là, le 25 juin 1928, au Barreau de Nivelles ... L’article 2 du décret du 14 novembre 1810 indique que « dans toutes les villes où les avocats excèdent le nombre de vingt, il sera formé un conseil pour leur discipline ». Or, ce n’est qu’en 1928 que le Barreau de Nivelles atteindra ce nombre de vingt avocats inscrits au tableau. Partant, en vertu d’une ordonnance du Procureur Général près la Cour d’Appel de Bruxelles, le Président du Tribunal, Monsieur MarieProsper MICHAUX, invita les membres du Barreau de Nivelles à procéder à l’élection de leur premier conseil de discipline.
Le Barreau de Nivelles a donc 83 ans cette année. Depuis 1928, 31 Bâtonniers se sont succédé. Le nombre d’avocats est passé de 27 à plus de 350 sur tout le territoire du Brabant Wallon. Dans la Jeune Province du Brabant Wallon, le Barreau de Nivelles reste un Barreau jeune et dynamique. Xavier VAN GILS Bâtonnier de l’Ordre
L’assemblée eut lieu le 25 juin 1928. Elle désigna Maître Albert FOUREAU comme Bâtonnier de l’Ordre. Furent désignés comme membres assesseurs du Conseil, Maîtres TRAMASURE, DUPIRE et HERMAN tandis que Me LAMBOTTE était secrétaire. C’est donc à cette date qu’a été véritablement créé le Barreau de Nivelles avec son premier Bâtonnier élu.
Et déjà cette année là... 1928 * * * * *
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La flamme Olympique est allumée pour la première fois Le Guomindang parti unique en Chine Premier plan quinquénnale soviétique Fleming découvre la pénicilline 17 mai C’est à l’ouverture des jeux d’été à Amsterdam que la flamme Olympique est allumée pour la première fois. La vasque est située en haut d’une tour au sein du stade. La flamme était présente aux premiers jeux antiques, et elle était à la fois dédiée à Hestia, déesse de la famille et à Héphaïstos. Le premier relais de la flamme des jeux modernes sera mis en place à l’occasion des jeux de Berlin en 1936 25 juin Début de la Guerre du Kongo-wara en AEF (1928-1932). Le guérisseur, prophète et féticheur Karnou instaure la cérémonie du kongo-wara « manche de couteau » qui doit apprendre aux guerriers à transformer les Blancs en gorilles et leur permettre de devenir invincible face aux balles (avant 1925). Il s’oppose à la colonisation et annonce la fin de la domination blanche au profit des Noirs. L’insurrection s’étend autour de son village natal de Nahing, et continue après sa disparition en 1930 en Oubangui-Chari et au Cameroun Google books - Les Pana de Centrafrique: une chefferie sacrée, Françoise Nozati [archive Wikipédia]
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Une cohabitation difficile... Des archives de l’Ordre de Tournai? Celles-ci débutent en 1911. A l’époque il existait des avocats et des avocatsavoués semblant cohabiter difficilement. Le 15 février 1912 eut lieu une « réunion » pour les avocats inscrits au Tableau de l’Ordre des avocats près le Tribunal de 1ère instance de Tournai et aux fins de constituer le Conseil de l’Ordre. Du procès-verbal, il ressort qu’un long débat s’est déroulé afin de régler le problème de l’alternance jugée nécessaire compte tenu des opinions politiques des membres. Ce jour-là « pour la première élection », le tirage au sort désignera le groupe qui aura le bâtonnat. C’est le groupe libéral qui obtient le bâtonnat. A l’époque, le barreau ne comptait pas 20 avocats ! Anne JACMIN, Secrétaire permanente
En 1912 : Il y avait du pire et du meilleur ! * * * * * * * * *
Le RMS Titanic heurte un iceberg et coule à 150 km au large de Terre-Neuve. Fin de l’empire mandchou Franz Reichelt, se tue en sautant de la tour Eiffel en testant un «parachute» de son invention L’Italie s’empare de Rhodes Succès socialiste aux élections au Reichstag en Allemagne Naissance d’Eva Braun, de Wernher von Braun, de l’abbé Pierre, de Gene Kelly Création du studio de cinéma hollywoodien Universal Pictures Entrée en vigueur du Code civil suisse, rédigé par le professeur Eugen Huber. Il remplace les 25 législations cantonales existantes Première exposition du peintre Marie Laurencin, à Paris, galerie Barbazanges
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L’assemblée générale du Barreau de Verviers qui a élu son premier conseil de discipline (ancêtre du conseil de l’ordre), a été ouverte le 23 juillet 1887 à 3 heures (on suppose de l’après-midi le procès verbal étant muet pour cette précision) Province ou pas Province ?
On est toujours la capitale de quelque chose et pour quelqu’un… Vous fallait-il une anecdote brièvement racontée ? La voici,... et elle est toute récente. Peut être encore incertain quant au sort futur de sa cité, qui après tout n’est chef lieu d’arrondissement que depuis …1815, date du rattachement, pour un siècle, de Malmédy à la Prusse par le Traité de Vienne, le premier citoyen de la Cité Lainière a fort mal pris l’invitation qui lui fut adressée pour la Séance solennelle de Rentrée de la Conférence Libre du Jeune Barreau de Verviers en février dernier. Il faut dire que ladite Conférence (Libre), présidée par un spadois bon teint, avait fixé les lieux de toutes les manifestations dans la ville d’eau. Sans doute m’avait-il échappé, répondit le mayeur furibard, tout à la fois rubicond et vert car les couleurs de Verviers – Vert et Vieux- sont évidemment le blanc
et... le vert de rage, que sous couvert des affaires courantes, le Gouvernement avait déplacé le chef lieu de l’arrondissement dans la cité thermale en attendant sans doute l’installation du Palais de Justice dans le Vauxhall rénové. (Le Vauxhall étant, pour les non initiés, un ancien casino spadois dont les avatars provoquèrent la Révolution liégeoise). Se le tenant pour dit, Monsieur le Bourgmestre, et la légion d’honneur qui lui a été décernée et dont il ne manque pas de faire état dans tous ses actes officiels, sont donc restés à Verviers. Verviers, capitale de l’Eau, entourée de Limbourg, à l’est, capitale de l’ancien Duché et de Theux, au sud, capitale de… l’écrevisse. Êtes-vous bien certain que c’est ici encore la Province ? Ghislain ROYEN Bâtonnier de l’Ordre
Qu’ont-ils fait en 1887 ? * * * * * * *
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John Pemberton fait inscrire au registre du commerce la marque Coca-Cola L’homme d’affaire Asa Griggs Candler achète Coca-Cola à Pemberton pour 2 300 dollars La reine Victoria du Royaume-Uni fête son Jubilé d’or Paris débute la construction de la Tour Eiffel Daimler et Benz construisent leurs premières voitures à essence Emile Rossel fonde le journal Le Soir Vincent Van Gogh rencontre Paul Gauguin, de retour de la Martinique, dans la galerie d’art de son frère Théo ; admiratifs l’un pour l’autre, les deux peintres conviennent d’un échange de tableaux : deux études des Tournesols contre une scène martiniquaise L’institut supérieur de Gand ouvre la première école de brasserie en Belgique La même année l’université catholique de Louvain créée sa section « brasserie »
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Désireux d’associer les Barreaux flamands à son premier anniversaire, -le journal des avocats- est heureux de présenter, grâce à l’aimable soutien du Président de l’Ordre des Barreaux flamands, Jo Stevens, les informations reçues concernant les dates de leur fondation. Avec l’aide de Maarten COLETTE, Juriste de l’avocature :
De Orde van Vlaamse Balies (OVB) De Orde van Vlaamse Balies (OVB) heeft een aanvraag uitgestuurd naar de veertien Vlaamse balies met het verzoek de datum mee te delen waarop de plaatselijke Orde van Advocaten werd gesticht. De OVB mocht tot dusver van balies een antwoord ontvangen. Ontstaan Ordes van Advocaten - Antwerpen* - Brugge: 14 december 1810 - Brussel: 3 december 1984 - Dendermonde* - Gent*
- Hasselt: 29 mei 1935 - Ieper: 1952 - Kortrijk* - Leuven* - Mechelen: 1 februari 1872 - Oudenaarde: april 1935 - Tongeren : kon hierover geen informatie meedelen, maar wist wel te vertellen dat de “Conseil de Discipline” samengesteld en verkozen werd op 16 maart 1896. - Turnhout: 1946 - Veurne: 15 november 1968 * information non communiquée
Historiek In het gerechtelijk arrondissement Brussel, dat de administratieve arrondissementen Brussel-Hoofdstad en Halle-Vilvoorde omvat, functioneert één balie, die sinds de wet van 4 mei 1984 samengesteld is uit twee Ordes: de Nederlandse Orde en de Franse Orde. Van de Nederlandse Orde maken deel uit: de advocaten die kantoor houden in Brussel-Hoofdstad (de 19 gemeenten) en van de Nederlandse Orde wensen deel uit te maken, zowel als alle advocaten die na 7 september 1994 (10 jaar na inwerkingtreding van de wet van 4 mei 1984) hun kantoor in het administratief arrondissement Halle-Vilvoorde. Via een «gemengde commissie», opgericht onder het stafhouderschap van Mr. Jacques de Gavre, leidde de zoektocht naar hervormingen (zoektocht die in 1979 van start ging onder het stafhouderschap van Mr. Robert Boccart) tot een akkoord dat op 18 mei 1982 aan alle leden van de Brusselse balie kon worden meegedeeld. Volgens dit akkoord zouden twee autonome Ordes worden opgericht, weliswaar binnen één balie, met keuzevrijheid voor de advocaten binnen BrusselHoofdstad, en verplichte aansluiting bij de Nederlandse Orde, na een overgangsperiode, van de advocaten met kantoor in het administratief arrondissement
Halle-Vilvoorde (inbegrepen de gemeenten met taalfaciliteiten). In zijn/haar professionele activiteit, zowel naar cliënteel, confraters als hoven en rechtbanken toe, bleef (en blijft) elke advocaat, binnen het wettelijk kader, volstrekte taalvrijheid genieten; taalgemengde associaties werden uiteraard ook toegelaten. Het akkoord werd bij wet bekrachtigd op 4 mei 1984; de wet trad in werking op 7 september 1984. De eerste verkiezingen voor de Stafhouder en Raden van beide Ordes vonden plaats op 3 december 1984. Op dat ogenblik hadden 1.857 advocaten (1.315 advocaten ingeschreven op het tableau en 522 stagiairs) voor de Franse Orde gekozen, en 702 advocaten (419 ingeschreven op het tableau en 283 stagiairs) voor de Nederlandse Orde, hetzij resp. 72,6% en 27,4%.
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TEL. 02 352 03 40
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C’était il y a 150 ans à Waterloo ! Le 30 juin 1861, à 8h30 du matin, Victor Hugo achevait, « dans le mois de Waterloo, sur le champ de bataille de Waterloo », pour reprendre ses mots, l’écriture de sa plus grande œuvre, « Les Misérables ». A l’occasion de ce 150ème anniversaire, l’échevinat de la Culture et du Tourisme de Waterloo, l’Espace Bernier, le Musée Wellington, l’asbl « Bataille de Waterloo 1815 », la Maison du Tourisme de Waterloo et Del Diffusion ont mis sur pied une programmation prestigieuse, sortant des sentiers battus.
Un projet un peu fou
LA LECTURE INTEGRALE DES MISERABLES EN 150 SEANCES ! Depuis ce 7 avril dernier et jusqu’en 2012 Ce projet un peu fou, jamais encore réalisé, pourrait s’inscrire dans les records du The Guinness Book of Records ! Il s’agit bel et bien d’une lecture intégrale du roman de 2.000 pages qui sera lu en séances de 40 à 45 minutes, regroupant chacune trois ou quatre chapitres. Soit environ 150 séances. Cette lecture fera appel à de bons lecteurs bénévoles. Afin de permettre quelques découvertes insolites tout en couvrant le plus possible de quartiers de Waterloo, la lecture sera faite en variant lieux publics et privés. Dans la mesure du possible, le lieu de la lecture sera en effet choisi en référence avec le contenu de l’action. Le Parc Descampe pourrait devenir, l’espace d’un instant, les Jardins du Luxembourg ; les couvents du Chenois ou d’Argenteuil, celui des Picpus,… Cette lecture s’étalera donc sur toute l’année 2011 mais débordera, plus que probablement, sur 2012. Plus de renseignements ? Espace Bernier, 26 rue F. Libert à 1410 Waterloo (02/354.47.66) Au Musée Wellington
« LES MISERABLES, 150 ANS A WATERLOO »
Du 30 juin au 30 septembre, de 9h30 à 18h00,: Manuscrits autographes, éditions originales ou illustrées, livres précieux, sculptures, gravures, dessins, photographies, objets personnels de Victor Hugo... Toutes ces pièces uniques, dont certaines n’ont jamais été montrées au public, illustreront les prémices du célèbre roman, sa genèse, mais aussi les épisodes liés à la présence de Victor Hugo à Waterloo, à la publication du livre, à sa destinée littéraire, ainsi que depuis sa parution, à son influence sur la vie intellectuelle, tant au plan belge qu’international.
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l’oPera
M
Chaussée de Tervuren 178, B-1410 WaTerloo Tél : +32 (0)2 354 86 43 FaX : +32 (0)2 354 19 69 Fermé le samedi midi et le dimanche
www.lopera.be
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Par le petit bout de la lorgnette...
UNE EXPOSITION ORIGINALE DES MISERABLES De mi-septembre à mi-novembre Deux mois durant, les cimaises de l’Espace Bernier vont accueillir une exposition originale, s’attachant à montrer l’impact des « Misérables » sur la vie quotidienne, depuis la parution du roman. On annonce des caricatures, des bandes dessinées, des adaptations théâtrales et cinématographiques, des affiches, des dessins en tout genre, des timbres, des objets promotionnels ou publicitaires… prêtés par un grand nombre de collectionneurs privés. Cette exposition comportera un important volet pédagogique. Renseignements : Espace Bernier, 26 rue F. Libert à 1410 Waterloo - 02/354.47.66 Du Musée Wellington...
JOURNEES DU PATRIMOINE Le Musée Wellington a rassemblé pour vous ces quelques dizaines de documents et objets inédits, prêtés par les plus prestigieuses institutions françaises et belges. Une exposition prestigieuse et qui s’annonce déjà comme l’un des grands événements culturels de l’été en Belgique ! En coproduction avec l’Espace Bernier. Renseignements : Musée Wellington, 147 chaussée de Bruxelles à 1410 Waterloo - 02/357.28.60 - www.museewellington.be -museewellington@skynet.be Du théâtre en cinémascope !
LES MISERABLES
Du 6 au 17 septembre, à 20h30 Productrice des grandes reconstitutions historiques de Waterloo, l’asbl « Bataille de Waterloo 1815 » et Del diffusion, productrice des spectacles en plein air de Villers-la-Ville, se sont associées pour monter, au pied de la butte de Waterloo, une adaptation théâtrale spectaculaire du roman poignant de Victor Hugo. La réalisation de cette fresque sociale expressive a été confiée à Stephen Shank. Dans une succession de séquences au rythme soutenu, sous la forme de tableaux de groupes ou de scènes intimistes, ce grand spectacle nous plongera, non sans émotion, dans l’univers de Jean Valjean, Cosette, Javert, Fantine, Gavroche et autres Thenardier. Renseignements et réservations : www.lesmiserables2011.be
Les 10 et 11 septembre, de 9h30 à 18h00 Dans le cadre des journées du patrimoine, consacrées, cette année, aux rapports entre les Pierres et les Lettres, le Musée Wellington accueillera, gratuitement, les visiteurs souhaitant découvrir l’exposition « Les Misérables : 150 ans à Waterloo ». Des visites guidées seront organisées tout le week-end. Des ateliers de figurines et de bandes dessinées seront réservés aux enfants de plus de 6 ans. Renseignements : Musée Wellington, 147 chaussée de Bruxelles à 1410 Waterloo - 02/357.28.60 ou www.museewellington.be - museewellington@skynet.be Le jeudi 20 octobre, à 20h00, en la salle Jules Bastin : HUGO-LIVE, par Alain LECOMPTE - Dans le cadre de sa saison culturelle, l’Espace Bernier a invité Alain Lecompte, l’artiste canadien considéré comme l’un des meilleurs « passeurs » de l’œuvre de Victor Hugo. Son récital de chants sur des textes de Hugo, qu’il met en musique et interprète, a déjà été acclamé dans toute la francophonie. D’autres événements devraient se joindre à cette programmation officielle. On parle encore d’un concours d’écriture tout public, de créations artistiques, de partages gastronomiques, d’ateliers pour enfants sur des thèmes hugoliens,… La reconstitution du « Banquet des Misérables » aura lieu en 2012… 150 ans après son organisation. Soyez-en ! Informations recueillies par une heureuse habitante de Waterloo
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Faut-il avoir foi
en la raison ? 1
Par Roman AYDOGDU
Roman Aydogdu est licencié en droit de l’ULg (2005) et titulaire d’une maîtrise en droit des sociétés de la KUL (2006). Avocat au barreau de Liège et curateur, il est associé au sein du cabinet Firket Brandenberg Crahay Pichault & Associés. Il poursuit parallèlement des activités scientifiques en tant qu’assistant à l’ULg et est le coauteur d’un ouvrage consacré aux conflits entre actionnaires. Marié et père de deux enfants, il aime la musique du Grand Siècle et les auteurs inactuels.
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« On ne doit jamais cesser de retenir sa plume, si l’on n’a quelque chose à écrire qui vaille mieux que le silence ».
S
ingulière entame, penserez-vous, que ce rappel à l’ordre tiré du traité que l’abbé Dinouart consacra, en 1771, à l’Art de se taire. En vérité, si l’abbé Dinouart fustige le Verbe, c’est en tant qu’instrument des Lumières : « La licence », dit-il, « est portée au point qu’on ne peut
passer pour bel esprit, pour philosophe, qu’autant qu’on parle contre la religion, les mœurs et le gouvernement ».
Ce qu’il condamne, fondamentalement, c’est la critique rationaliste de l’ancien régime, fruit de l’alliance séculaire de la foi et de la monarchie de droit divin. L’Art de se taire n’est donc pas seulement l’ultime chapitre de la rhétorique ; c’est aussi et surtout un réquisitoire, aussi impitoyable que vain, contre les Lumières et le monde qu’elles ont enfanté : le nôtre, celui qui n’a plus foi qu’en la raison. Quelque autre vous dira d’une plus forte voix la geste de la raison et les vertus qu’elle a. Notre modernité est sa fille en toutes choses et les bienfaits matériels qu’on y veut trouver - confort, santé, longévité - lui reviennent de droit. Il serait bien sot celui qui condamnerait aujourd’hui encore les médecins, physiciens, alchimistes et autres hérétiques qui bravèrent, au nom de la Science, les bûchers et les excommunications. A ces grands hommes l’hédonisme reconnaissant doit tout ce qui fait l’appareil sophistiqué de nos plaisirs actuels. Telle est l’histoire, largement chantée, du triomphe de la raison, couronnée de lauriers, offrant à l’homme les ténèbres vaincues et enchaînées : Scientia vincere tenebras… Mais il est une autre histoire, qu’il n’est pas de bon ton de conter. Elle commence le 20 brumaire de l’an II, en l’église métropolitaine de Paris, où fut célébré le premier culte de la Raison. Il n’est pas de meilleur moment ni de meilleur endroit pour juger de la nouvelle foi. Quelle action de grâce la déesse exigeait-elle pour avoir fait triompher les Lumières ? Elle qui détournait tout un peuple, et bientôt le monde, de la foi chrétienne, de la charité et de l’espérance, quelles vertus inspiraitelle à ses fidèles ? La réponse est sans appel : le culte de la Raison, bientôt pratiqué dans toute la France révolutionnaire, ne fut que pillage et destruction des biens de l’Eglise universelle, viol et meurtre de ses ministres. Ce même mois de brumaire de l’an II, novembre 1793 du calendrier grégorien, le Moniteur universel publiait 1
un texte de M. de Robespierre. « Que des citoyens », écrivait-il, « viennent déposer sur l’autel de la patrie les monuments inutiles et pompeux de la superstition, la patrie et la raison sourient à ces offrandes. Que d’autres renoncent à telles ou telles cérémonies, et adoptent sur toutes choses l’opinion qui leur paraît la plus conforme à la vérité, la raison et la philosophie peuvent applaudir à leur conduite ». Des esprits pénétrants ont constaté
que pour le bonheur de l’humanité, les théories funestes se trouvent rarement réunies chez les mêmes hommes avec la force d’en tirer les conséquences pratiques. Mais qu’importe que Spinoza ait vécu tranquille dans un village de Hollande ? Qu’importe que Rousseau, faible, timide et cacochyme, n’ait jamais eu la volonté ou le pouvoir d’exciter des séditions ? Le tigre qui déchire fait son métier, dit-on : le vrai coupable est celui qui le démuselle et le lance sur la société. On m’objectera que résumer le règne de la Raison à celui de la Terreur est réducteur, sinon malhonnête. Qu’à cela ne tienne ! Contemplons les deux siècles de marche forcée de l’homme sous le joug de la Raison : où l’ont-ils mené ? Au terrible constat que la vérité est une illusion et, partant, à l’irrémédiable détresse morale de celui qui comprend que rien de ce qu’il connaît n’a de sens. On retrouve ainsi dans la Terreur, comme dans une ouverture d’opéra, tous les thèmes de l’ère nouvelle : la raison est essentiellement une force de destruction et son aboutissement précipite l’homme dans un insondable désespoir. Il est un esprit supérieur, proprement prophétique, qui, contre toute une époque et au mépris de sa vie, avait annoncé cette tragédie des Lumières : c’est le comte Joseph de Maistre, qui nous donna les pages les plus pénétrantes de la Contre-révolution. Que cette tribune me soit l’occasion de montrer combien cet affreux réactionnaire, injure qu’il aurait certainement revendiquée, avait, dès 1795, dans son « Etude sur la souveraineté », diagnostiqué avec une prescience redoutable l’enfer de la modernité. Le comte de Maistre nous enseigne que « La raison humaine
réduite à ses forces individuelles n’est qu’une brute dont toute la puissance se réduit à détruire ». Emmanuel K ant,
héraut des Lumières, affichait sans ambages sa volonté de débarrasser la philosophie de toute métaphysique. « Les Lumières », disait-il, « c’est la sortie de l’homme
de sa minorité, de son incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui ». Emancipé des instances supérieures de jadis, Nature païenne ou Dieu
Discours prononcé à l’occasion du concours de plaidoiries du 23ème congrès de la Conférence Internationale des Barreaux tenu à Bruxelles le 21 janvier 2009.
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chrétien, l’homme puisait rationnellement de sa seule conscience les limites de son savoir et les règles de sa conduite. Et c’est ainsi, par l’opération de la raison, que K ant dégageait de la conscience humaine, y résidant de toute éternité et en tous lieux, les droits de l’Homme et du Citoyen. Mais alors, me direz-vous, si la raison a certes détruit les anciens mythes, elle a également mis au jour ces droits imprescriptibles et sacrés, vérité éternelle et universelle. Bien loin de détruire, la raison n’est-elle donc pas fondatrice ? C’est oublier l’avertissement de Maistre que « l’esprit
humain, toujours en travail, pousse des systèmes qui se succèdent sans interruption : on les voit naître, briller, se flétrir et tomber comme les feuilles des arbres ». Si K ant
trouvait la vérité dans la conscience de l’homme, ses successeurs allaient y voir le nouveau mythe à détruire. Nietzsche, Marx et Freud sont les fossoyeurs de la raison kantienne. Paul Ricœur les a très justement qualifiés de « maîtres du soupçon », à l’opposé des anciens philosophes, maîtres de vérité. Car tout leur génie a été de montrer
combien ce que K ant jugeait source de certitude devait être objet de doute. Nietzsche, d’abord, a détruit la conscience morale, qui ne serait que le résultat de la lutte mortelle que se livrent la race des maîtres et celle des esclaves. Les droits de l’Homme sont, pour lui, l’expression du ressentiment des faibles et des dégénérés. Marx, ensuite, a ruiné la conscience politique, simple produit de la lutte des classes : la science de l’Histoire montrerait ainsi combien toute institution n’est que superstructure, reflet de rapports économiques. Les droits de l’Homme ne sont, sous cet angle, qu’une cage dorée pour le prolétariat. Freud, enfin, a brisé la conscience psychologique, en faisant de l’individu un champ de bataille entre les pulsions du Ca et les interdits du Sur-moi. Pour résister à ses démons, l’homme a certes besoin d’un père, et la société, d’une instance supérieure mais le contenu de celle-ci importe peu : les droits de l’Homme ne sont qu’un référent parmi de nombreux autres pour remplir cette fonction. S’ils sont âprement discutés aujourd’hui, nos trois maîtres en destruction l’ont emporté sur un point : la raison, par son développement naturel, est devenue soupçon. Elle ne
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détruit pas seulement les anciens mythes ; elle condamne l’idée même de vérité pour ne laisser place qu’au doute. C’est là toute l’œuvre de Foucault, qui soupçonna le savoir lui-même. Nos philosophes modernes ont déconstruit toutes les représentations du monde, détruit toutes les institutions et, leur travail accompli, s’en sont allés en laissant derrière eux ruines et terre brûlée. L’histoire de la pensée moderne est, en vérité, un chemin de croix où l’esprit humain, torturé par les épines de la raison, a vu se succéder les théories comme autant de stations et arrive aujourd’hui au sommet du Calvaire pour être abandonné au scepticisme. Il n’y a pire supplice pour l’homme que ce désenchantement. « Le scepticisme », écrit le comte de Maistre, « est
le dissolvant universel » : « il souffle de toute part le mépris de l’autorité et l’esprit d’insurrection ». La
raison n’est pas qu’un enjeu philosophique ; elle a bouleversé non seulement les existences individuelles mais aussi et surtout la vie du corps social. Dès lors que les hommes font le constat désenchanté qu’il n’y a plus de vérité, les règles qu’ils se donnent n’ont d’autre fondement, dramatiquement précaire, que l’issue favorable d’une délibération, qui donne lieu à toutes les luttes. L’enseignement majeur de Maistre est que « La raison humaine est parfaitement nulle… pour
la conservation de toute association politique, parce qu’elle ne produit que des disputes, et que l’homme pour se conduire n’a pas besoin de problèmes, mais de croyances ». Abandonner l’organisation de la société à
la seule volonté des hommes n’est pas un progrès ; c’est un effroyable danger qu’on ne peut laisser prospérer : il explique la faillite de toutes les idéologies, la dissolution du lien social, la désaffection pour la chose publique ; en un mot, la lente dérive de nos sociétés. L’esprit moderne répugnera à une telle conclusion, non qu’il en conteste la pertinence, mais la source. Les philosophes athéniens, Mânes respectés de nos intellectuels, fourniront alors un appui décisif. Si les Grecs sont incroyablement modernes, c’est parce qu’ils ont vécu, vingt-cinq siècles avant nous, la tragédie de la raison. Se libérant des mythes qui, de toute éternité, rythmaient les existences et fondaient la légitimité de l’ordre politique, les Athéniens, au siècle de Périclès, ont tenté l’aventure folle de l’autonomie. Ils se sont livrés aux Sophistes, qui faisaient métier d’enseigner l’art d’emporter la conviction, quelle que soit l’opinion à défendre. Puisque la règle venait de la délibération, il suffisait de la manipuler pour aboutir à ses fins. « L’Homme », disait Protagoras, le plus fameux d’entre eux, « est la mesure de toute chose ». Voilà quel était le credo
de ces chantres du relativisme, pour lesquels toutes les vérités se valaient puisqu’il n’en existait aucune. Je parle de « tragédie de la raison » parce que c’est face à l’enfer de l’autonomie qu’Eschyle, Sophocle et Euripide nous ont donné Les Perses, Œdipe Roi et Les Bacchantes. Ces poètes tragiques nous enseignent que si l’homme se prétend la mesure de toute chose, il est condamné à l’hybris, la démesure qui le conduit à l’erreur et lui vaut la vengeance divine, seule garante de la justice et de l’équilibre naturel et social. C’est en mettant leurs pas dans ceux des Tragiques que Socrate, Platon et Aristote ont rappelé à l’homme qu’il existe une vérité dont il ne dispose pas et contre laquelle une délibération ne peut rien, sauf à le précipiter dans le malheur. Ainsi, par un ironique détour de l’histoire, la philosophie devait-elle naître contre les Sophistes et mourir sous nos yeux en condamnant, tout comme ceux-ci, l’idée même de vérité. C’est, cette fois, on l’aura compris, une condamnation définitive. La philosophie ne sauvera pas puisque c’est elle qui a détruit. L’homme est prisonnier de sa raison et n’en sortira plus ; c’est qu’elle a, comme le dit Montesquieu, « un empire tyrannique : on lui résiste,
mais cette résistance est son triomphe ; encore un peu de temps, et l’on sera forcé de revenir à elle ». L’homme
occidental a goûté au fruit de l’arbre de la science ; il a chu, et cette Chute est sans rédemption. La quête folle d’un improbable salut n’a rien à attendre de notre « civilisation » : ce n’est qu’en cherchant ailleurs, en partant sans cartes ni boussole, que quelques téméraires retrouveront peut-être une raison d’exister… *
* * Je conclus à dessein ma condamnation de la foi en la raison par les Sophistes. Tout comme eux, j’aurais pu soutenir ici, avec autant de vigueur, la thèse diamétralement opposée et me faire le plus zélé sectateur de la raison. Je vous aurais vanté les progrès inestimables qu’elle a durement conquis, et chanté les louanges de ses bienfaits quotidiens. La position que j’ai défendue, je l’ai choisie comme une gageure : suscitant le moins de sympathie, elle requérait de l’avocat le plus d’efforts et,
pour reprendre le vers de La Fontaine, « si de vous agréer je n’emporte le prix, j’aurai du moins l’honneur de l’avoir entrepris ». Roman AYDOGDU
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BON
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Quand
les avocats
crèvent l’écran… Par Olivier BONFOND
Olivier Bonfond est né le 18 mars 1974 à Liège. Licencié en droit de l’Université de Liège et titulaire d’un diplôme d’études approfondies en relations internationales et intégration européenne de la même université. Avocat au Barreau de Liège depuis 2000. Président de la Commission internationale du Barreau de Liège depuis 2009.
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« MONSIEUR LE PRÉSIDENT, N’AYANT À DIRE QUE LA VÉRITÉ, JE N’AI PAS PRIS D’AVOCAT » (Victor Hugo, « Choses vues »)
e choix d’une profession repose parfois sur un hasard, parfois sur un choix de raison et parfois sur une vocation. Dans ce dernier cas, cette vocation peut avoir pour origine une révélation due à un personnage imaginaire qui a imprégné votre enfance et votre adolescence, incrustant en vous cette résolution catégorique et définitive : « Quand je serai grand, moi aussi je ferai ça! ».
principe que l’avocat est inutile, voire nuisible, à la manifestation de la vérité. Il suffit de prendre pour exemple « Erin Brockovich » de Steven Soderbergh dans lequel Julia Roberts, « simple » secrétaire juridique, mène avec succès l’affaire de bout en bout ou « Twelve Angry Men » de Sidney Lumet où c’est Henry Fonda, en qualité de juré, qui parviendra à instiller le doute dans le chef des autres membres du jury quant à la culpabilité de l’accusé.
A titre personnel, je débuterai par une confession: aucun avocat de fiction ne m’a jamais incité à embrasser cette profession...
L’image de l’avocat dans les ouvrages de fiction est celle de l’homme en marge des souffrances des gens qu’il croise, souffrances qu’il ne ressent pas. Au contraire, il calcule, soupèse et analyse, demeurant pourtant systématiquement à l’écart des réalités.
L’image de l’avocat dans les œuvres cinématographiques ou télévisées était, dans mes plus jeunes années, singulièrement simpliste et désastreuse. L’illustration la plus extrême provient évidemment du film « The Devil’s Advocate » de Taylord Hackford, dans lequel Satan, sous les traits d’Al Pacino, choisit d’exercer ses diaboliques activités sous le couvert de la profession d’avocat... La grande majorité des ouvrages de fiction dépeint les avocats comme des êtres cyniques, obsédés par l’argent, menteurs et aussi dépourvus de morale que de scrupules. Ainsi « The Firm » de Sydney Pollack met-il en scène un cabinet d’avocats de Memphis au service de la Cosa Nostra (cabinet que finira par faire tomber l’une de ses nouvelles recrues, Mitch Mc Deere alias Tom Cruise, avocat dont la moralité n’est cependant pas au-dessus de tout soupçon puisqu’à l’occasion d’un voyage aux Iles Caïman, il trompe son épouse Abby avec une parfaite inconnue). De même, « Philadelphia » de Jonathan Demme dépeint-il, Jason Robards en tête, les associés du cabinet qui licencie Tom Hanks comme des individus haineux, inhumains et homophobes. Quelques exemples parmi bien d’autres... La question se pose dès lors de savoir d’où vient cette image si négative dans les esprits des scénaristes et qui est aujourd’hui si bien ancrée dans l’esprit de tout un chacun, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique? Certainement du fait, soulignent Karim Emile Bitar et Philippe Laffon, que l’Amérique n’aime pas ses élites, tout comme la France ne supporte pas ses Enarques1. Certaines œuvres partent même du
Certes, quelques portraits d’avocats font-ils exception. Encore faut-il prendre conscience du fait que leur image positive découle parfois tout simplement de la justice de la cause qu’ils défendent. On prendra pour exemples Kelly Mc Gillis, qui contribue à faire condamner les agresseurs de Jodie Foster dans « The Accused » de Jonathan Kaplan, ou Kirk Douglas, courageux défenseur des militaires français accusés de désertion et fusillés pour l’exemple dans « Paths of Glory » de Stanley Kubrick. L’avocat cynique et manipulateur peut toutefois trouver la rédemption au terme d’un long parcours initiatique qui l’amène au contact d’une réalité qu’il ignorait. Dans un registre léger, Jim Carrey finit par se rendre compte, après de nombreux déboires, qu’il est capable d’exercer sa profession sans mentir (« Liar, Liar » de Tom Shadyac). Dans un registre plus grave, Denzel Washington finit par surmonter son aversion et ses préjugés à l’égard des homosexuels et des malades du Sida, ému par le courage et la droiture de Tom Hanks (« Philadelphia » de Jonathan Demme). A noter que ce sursaut moral ne permet pas toujours à l’avocat de faire triompher sa cause et d’en retirer un bénéfice personnel. Ainsi dans « A Civil Action » de Steven Zaillian, John Travolta finit-il par prendre fait et cause pour ses clients, dont les enfants ont été victimes du rejet de produits toxiques près de sources d’eau potable, au point de conduire son cabinet à la ruine, tant la lutte face à deux puissantes sociétés
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industrielles est inégale. Ironie du sort, l’avocat conduira ses clients à refuser une solution amiable tant parce que les montants proposés lui semblent insuffisants que parce qu’il estime que justice ne serait pas faite. Au terme du procès, si les familles des victimes obtiennent une relative satisfaction financière à l’égard d’une des sociétés responsables, leur avocat se retrouve financièrement exsangue... Ce film, aussi poignant qu’injustement méconnu, permet au public de se rendre compte des dilemmes et des angoisses que peut rencontrer l’avocat au cours de sa vie professionnelle. Mais il représente malheureusement un cas isolé. Les films de prétoire, qui se consacrent systématiquement, pour des raisons évidentes de suspense dramatique, aux procès pénaux, sacrifient toujours l’analyse des personnages, de leurs doutes et de leurs cas de conscience à l’enquête judiciaire destinée à découvrir la vérité. L’émergence des séries télévisées devait en principe permettre au grand public de bénéficier d’une approche plus complète et plus nuancée de la profession. Le moins que l’on puisse dire est que les premières furent loin du compte : jamais de cas de conscience chez Perry Mason dont tous les clients sont immanquablement innocents. Pas davantage chez Ally Mc Beal dont les préoccupations sont essentiellement, voire exclusivement, hormonales... L’apparition de « Boston Legal » a heureusement modifié cet état de choses. Résolument sarcastique, cette série évite toutefois bon nombre de clichés manichéens et passe au crible les motivations d’un cabinet dans le choix tant des causes qu’il accepte de défendre que de la manière de les faire triompher. En outre, chaque opinion rencontre son contraire au cours
des discussions entre Alan Shore et Denny Crane qui ponctuent chaque épisode. Les affrontements verbaux entre le démocrate désabusé et le républicain enthousiaste, qui demeurent unis par une même aversion pour le « politiquement correct », offrent la possibilité d’entendre des avis contradictoires et d’aboutir à une perception plus nuancée de choix de vie ou de carrière, par essence délicats. Demeure une frustration cependant: celle de ne jamais pouvoir assister à un véritable débat digne de ce nom entre l’avocat et le ministère public, « Anatomy of a Murder » d’Otto Preminger constituant une rarissime exception. « Boston Legal » n’offre pas cette chance dans la mesure où les réquisitoires du ministère public y sont malheureusement simplistes et indigents. En sens inverse, Oliver Stone prive également le spectateur d’un véritable débat dans « JFK », où nul ne répond au réquisitoire très abouti de Kevin Costner (situation d’autant plus singulière que le jury acquitte finalement le prévenu). La série française « Femmes de Lois » se ponctue également systématiquement sur l’exposé des faits par le Procureur de la République à l’audience, laissant entendre au spectateur que lorsque la vérité est connue, elle est par principe établie en justice. La réalité est souvent plus complexe... Au moins, la prolifération des œuvres consacrées au monde judiciaire permettra-t-elle en principe à chacun d’aborder avec plus de recul et de subtilité les arcanes d’une profession, et plus généralement d’un univers, qui demeure obscur et intangible... Olivier BONFOND
« Les avocats dans les œuvres de fiction: images d’Epinal et
1
représentations tronquées », disponible sur http://www.karimbitar.org/ avocats_cinema
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ROBERT
CAPA UN REGARD EN AVANT Par Sandrine CARNEROLI
Sandrine Carneroli est avocate au barreau de Bruxelles, spécialisée en droit d’auteur, droit de la presse et droit de l’internet. Elle vient de publier, avec Patricia d’Oreye, un livre sur le célèbre photographe de guerre Robert Capa, père du photojournalisme et cofondateur de l’agence Magnum Photos. Un livre qui parle du statut du photographe, de la notion d’auteur et de la vraie fausse « objectivité de l’image » à travers l’histoire des médias.
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i certaines années s’effacent de notre souvenir, comme les rêves oubliés au réveil, il en est d’autres que nous nous remémorons toute notre vie. La photographie joue ce rôle capital de mémoire et le photojournalisme, mot chargé d’histoire, de référents et d’hommes illustres, révèle, sous divers angles de vue, des événements synchroniques. Bien que touchant à la réalité, que de fois les photographies que nous connaissons n’ont-elles pas été retouchées, recadrées, pour appuyer l’actualité, étaler le sensationnel et, de surcroît, garantir la rentabilité ? Il arrive que le reporter lui-même ne reconnaisse pas ses clichés imprimés. Bien souvent, soumise à la manipulation médiatique, l’objectivité de l’image tient, fragile, se tient en équilibre instable. Quant aux légendes qui les commentent, elles peuvent en modifier l’interprétation. Bien que la photographie de presse ne puisse se priver de légendes, elle risque contresens et manipulation ; mais il existe, par-delà les mots, un langage visuel incontestable. Par ailleurs, nombreuses sont les photographies réutilisées, privées ou extraites de leur contexte originel et, de ce fait, sujettes à méprises. L’utilisation de l’image photographique devient donc un problème d’éthique, lors même que la presse peut s’en servir délibérément pour falsifier la nature des faits. Lorsque les photographes Robert Capa, Henri CartierBresson, David Seymour, George Rodger et William
Robert Capa dans un café parisien. 1952. Collection Capa/Magnum Photos/Photo courtesy © Ruth Orkin
CAR
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Vandivert créent l’agence Magnum, un jour de mai 1947, c’est pour se donner les moyens d’échapper à ce mode opératoire. Ils rêvent d’un regroupement indépendant de reporters internationaux, qui serait assez fort pour imposer leurs images aux journaux et qui pourrait assurer leur indépendance morale et matérielle en consacrant des droits légitimes sur leurs œuvres. Pour eux, le seul fait que le photographe produise ses œuvres avec l’aide financière ou structurelle d’un bailleur de fonds ne peut les dépouiller de leur qualité d’auteur. Ils revendiquent une position du photographe défendant le droit d’auteur et imaginent un système de coproduction où les photographes partagent les frais et les ventes avec les agences, restent propriétaires de leurs photos et des négatifs et décident de leurs reportages. Dès sa fondation, l’agence, initialement installée à Paris et New York, va bouleverser le rapport au photographe et rentrer dans l’histoire du photojournalisme.
montrer à outrance les visages les plus écoeurants de la mort ou de la destruction, les clichés ne touchent plus. L’horreur, banalisée, indiffère. Pourtant il n’est qu’un pas à franchir pour retrouver au fond de soi l’humanité et témoigner sans faire se détourner le regard. Capa, c’est l’art du témoignage, de l’instantané, de l’instant saisi, là où le monde se déchire. Ses photographies demeurent proches de l’homme et le souffle avec lequel il décide de montrer les désastres de la guerre révèle un parti pris- bien loin de celui d’aujourd’hui, où les médias recherchent des images éprouvantes de corps mutilés, déchiquetés, peu localisables parce que sans rapport avec un espace déterminé, existant sous la seule forme d’un cliché choc.
Sandrine Carneroli et Patricia d’Oreye, “Robert Capa. Un regard en avant”, disponible en français, anglais et néerlandais, Edition Snoeck, novembre 2010, 176 pages, 77 images, 36 euros.
D’autres rejoignent bientôt le groupe ; parmi eux les Français Marc Riboud et Bruno Barbey, le Suisse Werner Bischof et l’Autrichien Ernst Haas, donnant ainsi naissance à l’un des collectifs de créateurs les plus illustres et renommés. Le bureau de Paris s’affirme comme le plus important devant New York, Londres et Tokyo.
Magnum défend le respect de l’oeuvre et du droit d’auteur en assurant l’indépendance et la liberté du photographe face aux exigences du marché. Elle affirme une volonté d’autonomie vis-à-vis des patrons de presse, mais sans déclarations tapageuses. Au même titre que la liberté d’expression, la légitimation de la propriété des œuvres de l’esprit permet aux photographes de Magnum de se libérer des pressions commerciales et économiques. Directes, parfois insupportables, les images de Capa se veulent tout sauf silencieuses ; mais, à force de
Pour la plupart des images prises dans le feu de l’action, la compétence du reporter se mesure surtout à l’aune de sa capacité à saisir l’instant décisif : « Les images sont là, il suffit de les enregistrer. La vérité est la meilleure image, la meilleure propagande », disait d’ailleurs Robert Capa, qui s’est toujours contenté de légender ses photos a minima.
En 1945, après la capitulation allemande, le même Capa, écoeuré par tant d’horreurs saisies à vif, s’empressait de déclarer : « J’espère rester au chômage en tant que photographe de guerre jusqu’à la fin de ma vie ». Ce ne fut qu’un vœu pieux. En réalité, celui qui est considéré aujourd’hui comme un des pères fondateurs du photojournalisme allait couvrir cinq guerres. La dernière, celle de l’Indochine, devait l’emporter le 25 mai 1954, à l’âge de 40 ans. Peu avant, il aura fait connaître au monde entier sa conception de la proximité avec le danger (« Si vos photographies ne sont pas réussies, c’est que vous n’êtes pas assez près »), sans oublier de préciser, pour qui voulait bien l’écouter, qu’en se tenant slightly out of focus, légèrement à l’écart, on pouvait même révéler
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Normandie, Omaha Beach, le 6 juin 1944. Une première vague de troupes américaines débarquant sur la côté à l’aube. > Robert Capa © 2001 By Cornell Capa / 2010 Magnum Photos - Copyright International Center of Photography/Magnum Photos
la face cachée des événements, leur envers et leur compréhension… A l’instar de ses contemporains, Capa n’a connu aucune exposition de son vivant. C’est par la presse illustrée, cette presse même à laquelle les médias télévisuels ont porté depuis un coup violent, que le monde a découvert son travail. L’œuvre de Robert Capa montre et témoigne. Ce qu’il nous fait voir, c’est le drame humain de la guerre dans toute sa vérité. S’il n’accuse ni ne stigmatise, il en appelle néanmoins à nos consciences. Fidèle à ses valeurs, photographe engagé, Robert Capa présente les populations civiles, victimes, et dénonce l’injustice et les régimes totalitaires. Plus qu’un reporter de guerre, Capa est avant tout un photographe humaniste. Ses clichés, devenus de véritables témoins visuels de la lutte, de la résistance et de la dignité humaine face à la souffrance, montrent une empathie, une infinie
compassion pour les hommes. Son œuvre, riche de plus de soixante-dix mille clichés, témoignage visuel sans équivalent, continue de montrer la réalité des événements les plus sombres et les plus marquants du siècle dernier, ainsi que les paradoxes de la paix. Elle demeure le récit d’une passion mise au service du juste, récit d’un homme qui a perdu la vie pour nous dire l’indicible. Loin du sensationnalisme, le « père du photojournalisme » a su immortaliser le visage de la vie et de ses tragédies. Ce travail de mémoire mérite notre attention, notre reconnaissance et notre respect. Sandrine CARNEROLI
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Et si nous parlions
de littérature… Par Aimery de SCHOUTHEETE
Licencié en philosophie. Avocat au barreau de Bruxelles depuis 1986. Lecteur à ses heures...
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Peut-on vivre sans littérature ? Autant se demander si on peut vivre sans art.
L
a littérature est assurément une forme d’art. Elle est même, selon Hegel, la forme la plus achevée de l’art, car libérée de toute contrainte, spatiale notamment. Elle est un chemin d’intériorisation, qui s’achève avec la poésie. Le son n’est plus, comme dans la musique, une sonorité qui ne parle qu’aux sentiments. Il se détache de la sensibilité, pour accéder à un niveau totalement spirituel : c’est l’esprit qui donne au son un contenu. Cettespiritualité,cettelibérationducarcandumatériau, fait aussi que la littérature est la forme d’art la plus aisément transmissible. La sculpture, la peinture, demandent un bloc de marbre ou une toile pour qu’une œuvre existante soit recopiée. La musique elle-même requiert des instruments afin que la richesse de ses tonalités, la profondeur des sentiments qu’elle évoque, puissent être adéquatement restituées. La poésie par quoi on entend aussi la littérature - n’a besoin que de la mémoire. Seul, dans un cachot obscur, l’homme abandonné pourra encore ressusciter la poésie, se la réciter, en créer, la faire évoluer au gré des sens, aussi multiples qu’évanescents, qu’il peut donner aux mots qu’il prononce ou que d’autres, avant et après lui, leur ont donnés et leur donneront.
lira encore dans cent ans. On peut aussi, et peut-être surtout, se demander si ce ne sont pas désormais les « lecteurs » qui font défaut. Parler de « grande » littérature et de « bonne » lecture, implique un jugement de valeur, forcément subjectif. Au fil des siècles, toutefois, un certain consensus s’est forgé, par-delà tous les particularismes, à propos de cette « grande » littérature ; un sens commun de ce qui est beau et de ce qui ne l’est pas, qui confère un fondement certain à ce jugement de valeur. Écrit-on et lit-on encore aujourd’hui comme autrefois? Non, ou en tout cas nettement moins, car la relation entre le temps et l’écrit a changé. Du monumentum aere perennius d’Horace au Grand Livre, longtemps rêvé mais demeuré inabouti, de Mallarmé, l’auteur a écrit pour être lu par-delà les siècles et devenir immortel. Le grand poète, l’écrivain inlassable, le penseur, tous entendaient devenir une référence, revêtue d’une autorité indiscutée, pratiquement augurale. Au fil du temps, l’auteur, devenu grand par ses lecteurs, acquérait une dimension sacrée. Celle-ci lui a été ôtée.
En des temps antérieurs, pas si anciens, l’éducation et la vie culturelle ne se concevaient pas sans un solide « bagage littéraire ». Aujourd’hui, et depuis quelque temps déjà, on ne lit, paraît-il, plus, ou on lit moins ou moins bien. D’où cette question lancinante : n’y a-t-il plus de grands auteurs pour qu’on lise, apparemment, aussi peu ou aussi mal ? Je laisse aux philosophes, écrivains et critiques, le soin d’y répondre, et vous livre quelques réflexions de profane.
Le livre et celui qui l’écrit ont été démythifiés ; il ne peuvent plus avoir vocation de guides. Parce qu’il a été écrit par un autre, le livre ne participe pas de « ma » culture, en sorte que s’instaure une distance, empreinte de méfiance. A quelques exceptions près, les auteurs actuels ne professent plus, du moins publiquement, le désir d’être et de demeurer lus en tous temps et en tous lieux, car cela agace. Ils n’osent plus se réclamer de glorieux prédécesseurs, s’inscrire ouvertement dans l’histoire de leur genre littéraire. Ce n’est plus à la mode. La production littéraire s’en ressent forcément car, si elle croît en volume, elle perd en saveur.1
On peut concevoir, dans l’absolu, qu’il n’y a plus, pour une raison ou une autre, de « grands auteurs », de ceux dont on peut dire qu’ils marquent ou ont marqué leur siècle, leur époque ou leur génération, et qu’on
Le XXe siècle semble avoir consacré un état d’esprit fait d’individualisme exacerbé. La transmutation progressive de la culture en « ma » culture est la marque de l’âge moderne.
Ainsi, si parler de littérature dans une belle revue est un luxe, la littérature n’est pas un luxe. Elle est salvatrice.
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Les causes et origines de cette transmutation sont multiples. Parmi elles, on peut sans doute citer la réaction nationaliste et romantique allemande surgie dans la défaite, lorsque les troupes napoléoniennes occupent le sol allemand. Elle sera le vecteur du pangermanisme, nourri par le succès de la guerre franco-prussienne de 1870 et qui poussera encore davantage les feux de la culture-nation, jusqu’au bout de sa logique, avec les conséquences incommensurablement tragiques que connut le XXe siècle et le séisme culturel provoqué par l’holocauste, « cette toute-brûlure où toute l’histoire s’est embrasée, où le mouvement des sens s’est abîmé » (Maurice Blanchot). La confrontation abyssale avec l’insensé des camps de la mort a immanquablement nourri un mouvement de déconstruction, déniant toute autorité ou valeur oraculaire à la tradition et conduisant à cette maxime spectaculaire (et souvent incomprise) du philosophe allemand Theodor Adorno selon laquelle écrire de la poésie après Auschwitz relevait de la barbarie. La seconde moitié du XIXe siècle connaît aussi, à Paris, une révolution totale de l’art pictural. Dorénavant, la
peinture renvoie moins au sujet qui est représenté qu’à l’acte de représentation lui-même. La peinture devient un acte de vision ; elle montre le peintre à l’œuvre. Elle est le « peindre », par quoi elle s’assimile au peintre et inscrit l’art dans la pure subjectivité. La diffusion des écrits philosophiques de Nietzsche a également joué un rôle considérable. En affirmant qu’ « il n’y a pas de faits, mais seulement des interprétations », Nietzsche pave la voie de tous les mouvements libertaires, d’avant-garde ou post-modernes, qui feront florès au siècle suivant. Toute possibilité de connaissance objective étant exclue, l’artiste n’aura d’autre vérité que la sienne propre. L’art est conçu comme l’expression de l’individualité originale de l’artiste. Tout peut être art ; tout peut être culturel. Narcisse ne peut donc que se réjouir. Et aujourd’hui, quel constat peut-on tirer ? D’une part, l’originalité se confond de plus en plus souvent avec la singularité. Chaque culture est légitime et en vaut une autre. Dans une société où l’individu est déresponsabilisé, toute valeur devient, par nature, relative. Et puisque l’individu a désormais priorité sur la société dont il fait partie et que tout peut être art, chaque individu peut non seulement choisir la ou les cultures qu’il estime lui convenir, mais aussi dénommer « culturelle » toute démarche qu’il entreprend. La critique est écartée parce que forcément subjective. La faculté de juger s’est estompée. D’autre part, depuis quelques décennies, le grand credo est celui d‘une société « pluriculturelle », axée sur la tolérance et l’ouverture aux « autres » cultures. Les pessimistes diront alors que dans l’univers post-moderne, la culture est devenue un bien de consommation, à l’étalage du grand bazar de la culture, et qu’il suffit de se servir. Les plus optimistes maintiendront que l’on juge de la valeur essentielle d’une société à son rayonnement intellectuel, spirituel et artistique. Il ne faut toutefois pas se leurrer : la culture dans cette perspective est affaire de sensibilité et de rigueur intellectuelle. Il est manifeste que tous n’y aspirent pas. Partant, la voie heureuse est celle d’un équilibre délicat, où l’aspiration légitime de tout un chacun à accéder à la culture - et non pas tant à « sa » culture - doit être favorisée, sans pour autant sacrifier à la banalisation, l’édulcoration et la « mondanisation » de la culture, qui ne peuvent que la tronquer.
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Il y a donc place en ce monde pour tous les écrits, mais tous ne peuvent aspirer à la dignité de « culturel » ou de « littérature ». Il faut s’opposer à ce que la littérature soit convertie en folklore. Faut-il alors gommer les particularismes de chaque nation ou de chaque langue ? Non, il convient au contraire de les préserver, mais sans nécessairement s’y arrêter ; il faut transcender ces différences et retrouver ce patrimoine foncier de l’humanité que constituent l’esthétique et les valeurs morales et fédératives qu’elle véhicule. En somme, cela revient à privilégier la littérature chez soi et la littérature comparée, ce qui est la meilleure manière d’en revenir à la littérature universelle chère à Goethe et gage, selon lui, d’une entente entre les peuples. Pour ce faire, pour rétablir la littérature dans ce qu’elle a de sacré, pour que ceux qui pensent qu’elle est égarée retrouvent une grande littérature, ce n’est pas de grands auteurs dont le monde a besoin. Ils sont là ; de tout temps il y en a eu et il y en aura. Rares furent les formes de répression qui empêchèrent réellement ceux que la passion dévorait de s’exprimer. Mais il faut peut-être leur redonner confiance, à ces auteurs ainsi qu’aux lecteurs, les convaincre qu’à nouveau les livres sont lus et relus, d’une bonne lecture, et se persuader que c’est ainsi qu’il convient de procéder.
Kundera, dans cette clé inaltérable du roman qu’est l’humour. De fait, l’humour est aussi ce qui contribue à ce qu’on lise, avec un égal plaisir, Cervantès, Balzac, Joyce, Garcia Marquez, Pessoa, Grass, Khadra ou Rushdie et nombre d’autres, anciens ou contemporains, d’ici ou d’ailleurs, dont les oeuvres furent et continuent d’être des réjouissances de l’esprit. La voie est tracée, mais la junglel’aquelquepeurecouverte. A tout un chacun de la redécouvrir et de la baliser pour ceux qui l’y suivront, sans sombrer dans un pessimisme trop défaitiste ni céder à un élitisme trop réducteur. Le livre de poche a ceci de bien que si tout le monde ne peut avoir de beaux livres, désormais tout un chacun peut en lire de bons. Et les nouveaux supports technologiques ne font qu’améliorer sans cesse l’accès à ceux-ci. Il faut donc espérer que le plus grand nombre lise un peu, puis un peu plus, afin d’étoffer sans cesse le groupe de ceux qui finiront par lire beaucoup et bien et, par là même, accroître le nombre de ceux qui voudront écrire pour être lus. Tout cela, bien évidemment, commence à l’école… et à la maison. Mais il s’agit là d’un autre débat… Aimery de SCHOUTHEETE
Nous revoilà à la « bonne lecture », soit une lecture en résonance, cosmopolite, comparée, car la littérature puise sa vitalité dans la diversité des nations et des contextes socio-historiques et, comme le souligne
Je ne résiste pas au plaisir de citer Kundera, qui, il est vrai, est rarement tendre avec ses contemporains : « ... la plus grande partie de la production romanesque d’aujourd’hui est faite de romans hors de l’histoire du roman : confessions romancées, reportages romancés, règlements de comptes romancés, autobiographies romancées, indiscrétions romancées, dénonciations romancées, leçons politiques romancées, agonies du mari romancées, agonies du père romancées, agonies de la mère romancées, déformations romancées, accouchements romancés, romans ad infinitum, jusqu’à la fin du temps, qui ne disent rien de nouveau, n’ont aucune ambition esthétique, n’apportent aucun changement ni à notre compréhension de l’bomme ni à la forme romanesque, se ressemblent l’un l’autre, sont parfaitement consommables le matin, parfaitement jetables le soir. » (Les testaments trahis, Gallimard, 1993, p. 29). 1
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Motown,
ou comment la
musique noire
a changé l’Amérique Par Caroline DUBOIS
Caroline Dubois est née à Perpignan en 1981. Elle a grandi en Alsace, à Strasbourg. Avocate aux barreaux de Bruxelles et Strasbourg, elle est spécialisée en propriété intellectuelle et plus spécifiquement en droit des marques, droit d’auteur et droit des jeux. Éclectique, elle aime notamment dessiner, écrire et danser la salsa. Elle s’est même découvert des dons d’équilibriste et de sprinteuse... depuis la naissance de sa fille il y a un peu moins d’un an. Son rêve de jeunesse: ouvrir, avec une amie, un bar dédié à la Motown et à ses artistes. Mais après tout, écrire un article, ce n’est déjà pas si mal.
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L’expérience de Gordy chez Ford le convainc de « la nécessité de contrôler tous les rouages, de la production d’un disque à sa distribution1 » . Il instaure une devise artistique révolutionnaire, « créer, fabriquer, vendre », qui inspirera toute l’industrie du disque.
Sortir du ghetto noir
Smokey Robinson, The Marvelettes, Diana Ross & The Supremes, The Jackson 5, Marvin Gaye, Stevie Wonder. Tout le monde connaît ces artistes et leurs tubes planétaires. Derrière eux, un label tout aussi légendaire : Motown Records. Premier label noir fondé en 1959 par Berry Gordy, il a permis, outre la découverte de grands noms de la soul, la reconnaissance et l’intégration de la culture noire dans une Amérique où sévissaient les inégalités raciales. Cette année, Motown fête ses 52 ans. Aussi est-ce l’occasion de revenir sur une très belle histoire : celle qui raconte comment la musique noire a changé l’Amérique.
De l’usine au studio Tout commence dans les années 50 à Détroit. La ville particulièrement connue pour son industrie automobile est surnommée « Motor Town ». Comme beaucoup de noirs à cette époque, le jeune Berry Gordy travaille dans une chaîne d’assemblage d’une des usines Ford. Pourtant, c’est à la musique qu’il souhaite se consacrer. Il compose quelques chansons qui ne lui rapportent que de maigres droits d’auteur. Découragé par la précarité du statut de musicien, il décide de créer sa propre maison de production. En empruntant 800 dollars à sa famille, il fonde le label Tamla le 12 janvier 1959 qu’il renommera plus tard Motown, contraction de Motor Town, en référence à ses racines et à sa ville natale.
Avec son label, Berry Gordy a pour objectif de toucher le plus large public possible, sans aucune distinction de classe, d’âge ni même de couleur. Le challenge est de taille. L’industrie musicale de l’époque fonctionne selon un code strict : la soul et le rhythm and blues s’adressent aux Noirs, la pop et le rock aux Blancs. A l’instar d’Elvis Presley qui déjà ouvre la voie, Berry Gordy décide de créer une musique métissée qui, même si chantée et jouée exclusivement par des artistes noirs, est aussi destinée au public blanc. Le son Motown est né: un savant mélange de soul et de pop, dominé par un souci constant d’authenticité et d’évidence mélodique.
De Motor Town à Hitsville Dans les années 60, la Motown se présente comme « The sound of Young America2 » . En effet, la jeunesse se reconnaît dans des chansons rafraîchissantes comme Tears of a clown et My Girl des Temptations, Please Mr Postman des Marvelettes ou Baby Love des Supremes, qui traduisent bien l’insouciance et les premiers émois que vivent tous les adolescents. En 1967, témoin des émeutes sanglantes de Détroit et des tensions extrêmes qui règnent entre communautés noires et blanches, la Motown troque ses chansons légères et naïves contre des titres plus engagés. Ainsi, comme pour répliquer à la violence, le label sort des hits tels que Respect d’Aretha Franklin, I heard it through the Grapevine de Marvin Gaye ou encore Love is here and now you’re gone de Diana Ross & The Supremes qui rencontrent tous un immense succès. De 1961 à 1971, l’« usine Motown » produira, quasiment à la chaîne, 110 tubes classés dans le « top-ten ». Détroit finira même par être surnommée « Hitsville »3, en référence au nom – prémonitoire - que Berry Gordy donna au studio d’enregistrement de la Motown. Cette réussite s’explique entre autres par le souci de la maison de production de délivrer, dans chacune de
1. Motown Soul & Glamour, Florent Mazzoleni et Gilles Pétard, Editions du Rocher, 2009. 2. Le son de la jeune Amérique.
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ses chansons, un message simple et universel, en adéquation avec son époque.
Un instrument politique en faveur de la communauté noire L’Amérique dans laquelle émerge la Motown est celle où sévit encore la discrimination raciale à l’encontre des Noirs. C’est en même temps l’Amérique qui vient d’élire John F. Kennedy, symbole d’espoir pour les minorités. En 1971, alors que l’Amérique s’enlise dans la guerre du Vietnam, Marvin Gaye force Berry Gordy à sortir une chanson sur le retour au pays d’un soldat engagé dans cette guerre. Titre emblématique, What’s going on ? devient l’hymne de toute une génération désireuse d’une société plus juste et responsable face aux inégalités, à la violence et aux désastres écologiques. Stevie Wonder, parmi d’autres, se démarque également en prônant dans ses chansons la lutte pour la défense des droits de la communauté noire. Dans le titre Happy Birthday par exemple, il milite pour que la date de naissance de Martin Luther King devienne un jour férié. Le message est si puissant qu’en novembre 1983, le Président Ronald Reagan adopte une loi qui rend le troisième lundi de janvier férié aux Etats-Unis. 3. La ville des succès. 4. Motown a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui.
Dans cette évolution, la Motown et ses artistes ont joué un rôle indéniable non seulement dans le rapprochement des communautés noires et blanches mais aussi dans la reconnaissance des Noirs en tant que citoyens américains à part entière.
L’héritage « Motown » Aujourd’hui sous label de la maison de disques Universal, il reste de la Motown des artistes inoubliables et des titres d’une richesse inépuisable. Mais la Motown a marqué son empreinte sur le monde bien au-delà de ce qu’on imagine. En 2008, le président des Etats-Unis Barack Obama déclarait : « Motown made me the man I am today »4 . Et le 24 février 2011, il rendait hommage à la mythique maison de disque en organisant un concert unique pour célébrer le Mois de l’Histoire Noire. Une reconnaissance suprême pour le label qui a fait entrer la culture noire dans les foyers blancs par le cœur. Caroline DUBOIS
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Bienvenue dans votre club ! Situé dans un écrin de verdure, le Royal La Rasante est un club familial où l’on ne connaît pas la routine mais où l’on part chaque jour à la découverte de quelque chose de nouveau. Un club où l’on relève des défis sportifs, où l’on découvre la vraie relaxation, où l’on passe du temps ensemble.
Pour découvrir le club, contactez un conseiller au 02 609 19 10.
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FitneSS Royal La Rasante
tenniS rue Sombre 56
piScine 1200 Bruxelles
courS collectiFS www.royallarasante.be
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Le
goût de la
beauté Par Isabelle EKIERMAN
Isabelle Ekierman a prêté serment en 1983. La même année, elle obtient à l’école de la Cambre, son diplôme d’architecture. Ses professeurs, successeurs d’Henri Van de Velde, représentant belge de l’école du Bauhaus, lui insufflent le goût des villes et des belles choses. Depuis lors, dès qu’elle le peut, elle emporte un appareil photo et des récits de voyages et suit les traces de ses écrivains favoris à la recherche de sensations et d’émotions nouvelles. Isabelle Ekierman pratique le droit immobilier sous tous ses aspects au sein de l’association Haumont, Scholasse et Partners. Elle est la maman d’un petit garçon de 9 ans qui rêve d’être artiste.
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J’aurais rêvé d’être écrivain voyageur. Je ne suis qu’avocat.
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’ouvrage publié par les Cahiers du Cinéma au sujet du cinéaste Eric Rohmer et qui porte ce titre « Le goût de la beauté » m’a toujours intriguée. A aucun endroit du livre, le cinéaste ne s’explique sur le choix du titre. J’ai cherché à maintes reprises le paragraphe qui pourrait m’éclairer et j’ai ensuite compris, il n’y a pas d’explication ou plutôt, l’explication vient d’elle-même dans l’œuvre du réalisateur : le goût de la beauté est omniprésent mais ne se dit pas. Il serait très présomptueux de ma part d’affirmer que le goût du beau jalonne mon parcours. Il est toutefois vrai que l’enseignement qui m’a été donné à la Cambre et son sens certain de l’esthétique a été déterminant dans mon envie perpétuelle de découverte. J’aurais rêvé d’être écrivain voyageur. Je ne suis qu’avocat. N’est pas Valéry Larbaud ou Bruce Chatwin qui veut. Les lignes qui suivent sont des fragments illustrés de quelques photos de plusieurs années de pérégrinations en Europe et ailleurs.
Un besoin d’Italie Je découvre très tôt que l’Italie, à l’instar d’autres substances plus dangereuses, peut être une drogue douce. Je ne résiste généralement pas plus d’un an avant de retrouver le plaisir d’une façon de vivre qui m’enchante. Tout est beau en Italie, et il ne faut pas spécialement visiter Rome ou Florence pour que la beauté vous saute aux yeux. A Milan, capitale économique du pays, je me réjouis en regardant les néons des vitrines de la
Galleria de Milan, les jeunes hommes d’affaires aux chemises à col plat, aux cravates colorées sans être ostentatoires, je m’étonne de la beauté des halls d’entrée en marbre des immeubles qui, de l’extérieur, paraissent anodins. Je me souviens d’un été en particulier. Entraînée par des amis, amateurs de Louis II de Bavière, nous avions descendu la vallée du Neckar. Après la visite des trois châteaux de ce monarque fantasque, d’Heidelberg qui était pour l’un de ces amis la Mecque du savoir universitaire et de quelques abbayes baroques autrichiennes, nous avons enfin franchi le col du Brenner. Ensuite, vint l’Italie et Vérone en particulier. Et surtout, cette impression très vive qu’enfin, la lumière avait pénétré dans notre univers, que la légèreté avait repris ses droits, que tout était beau, lumineux, aérien. Ce qui m’enchante le plus en Italie, ce sont ces villes appelées dans un guide oublié « I posti minori », ce qui signifie en d’autres termes les villes de province. Une ville en particulier m’appelle : Ferrare. Sans doute à cause des romans de Gorgio Bassani et en particulier du « Jardin de Finzi-Contini » qui dépeint avec une poésie contenue le drame des grandes familles juives italennes pendant la seconde guerre mondiale. A Ferrare, j’arpente le cimetière juif à la recherche de tombes aux noms des héros des romans de Bassani. Je ne trouve rien si ce n’est un endroit magnifique emprunt d’histoire, de drames et de secrets. Je découvre Naples et son agitation baroque, la côte amalfitaine qui me renvoie immédiatement aux images du film « Le Mépris » de Godart, magnifique adaptation du livre éponyme d’Albert Moravia.
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Lisbonne novembre 1989
Bombay - Rajasthan 1990
Je descends de l’avion et deux jeunes lisboètes m’attendent pour m’emmener à l’opéra. Je découvre le « Winterreise » de Schubert qui m’émeut et me surprend. Je suis déjà habitée par cette ville qui se remet à peine du grand incendie.
Noël sous le soleil est une expérience à vivre une fois dans sa vie. Dans les hôtels, les sapins artificiels et leurs boules multicolores ont quelque chose de ridicule, l’agitation semble factice.
Partout flotte l’odeur des marrons chauds. Il fait doux, la ville est exceptionnellement photogénique. Je ne me lasse pas de ces façades roses, de ces azulejos désuets, de cet automne tardif, de cet ascenseur qui donne deux dimensions à la ville. Et soudain, sans que personne ne s’y attende, la télévision annonce la chute du mur de Berlin. J’ai cette sensation diffuse que quelque chose de majeur se passe mais je ne réalise pas l’ampleur de l’événement : je passe la nuit dans le nouvel endroit à la mode « le Fragil ». La nuit lisboète est surprenante. Je lis Antonio Tabucchi, le plus grand admirateur de l’écrivain de référence portugais, Fernando Pessoa. La culture lusitanienne me dépayse complètement. Le roman de Tabucchi « Nocturne indien », magnifiquement adapté au cinéma par Alain Corneau, m’interpelle. L’année prochaine, j’irai à Bombay.
Bombay d’abord sur les traces de Jean Hugues Anglade qui incarne avec force et justesse le personnage de Nocturne Indien que je viens d’évoquer. L’odeur des rues, presque insoutenable, la beauté des couleurs, des étoffes, des étals, le regard des gens dans la rue, leur gentillesse, leur dénuement, tout me renvoie à cette interrogation intense : pourquoi eux et pas moi ? Surtout ne pas s’apitoyer, apprendre à dire non, fuir cette misère chronique, ne regarder que ce qui est beau. Un sentiment de malaise s’installe en moi, je fuis vers le Rajasthan. A Jaipur, le luxe est partout, la ville rose des diamants scintille. Nous logeons dans un ancien palais de Maharajah. La chambre ressemble à une salle de bal, les meubles ont été spécialement créés par un célèbre décorateur français des années 30. Les paysages de la campagne sont d’une grande douceur, comme emprunts de mélancolie. Les gens que nous rencontrons sont d’une affabilité étrange. A l’époque, les touristes ne sont pas encore si nombreux et la révolution informatique en est à ses balbutiements.
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Prague 1993-2010
Cuba 1995
Il fait particulièrement froid lorsque nous arrivons fin décembre dans cette ville que j’ai découverte avant la chute du mur de Berlin et qui s’ouvre à la liberté.
A Cuba, tout vous rappelle que la musique est le plaisir le plus intense et que le Buena Vista Social Club est l’antidote radical aux difficultés quotidiennes.
La démocratie en est à ses balbutiements, le capitalisme aussi : impossible de trouver un restaurant ouvert le 31 décembre et l’aventure commence lorsqu’il faut trouver du ravitaillement.
Le fantôme d’Henri Hemingway se promène aussi dans le centre de La Havane.
Mes souvenirs ne sont plus très clairs mais je crois qu’il y avait du chou au menu du réveillon et que pour le reste l’alcool a remplacé la nourriture. Prague n’avait pas encore changé de visage en 1993, tout était resté intact : la beauté stupéfiante de la ville ancienne et la tristesse due à 30 ans de bureaucratie réductrice. J’y suis retournée depuis lors et la ville a à présent un nouveau visage : les restaurants ne se comptent plus, j’ai même aperçu un restaurant afghan ! Prada et Vuitton ont ouvert des boutiques magnifiques le long de la plus belle artère et l’on y croise des mannequins perchés sur des talons interminables. Malgré cela, la ville n’a rien perdu de son âme, la magie baroque opère toujours et la ville n’a rien perdu de sa dimension humaine.
Nous sommes en 1995 mais rien ne permet de donner une date aux images que je ramène. Les voitures américaines sont des années 50, les rues de la ville sont dévastées mais, malgré tout, La Havane est splendide. La poésie est présente là où l’on ne s’y attend pas : sur la façade d’un palace vieilli, dans le sourire d’un vieillard édenté, dans ces rencontres improbables au fil des nuits où nous dansons dans ce temple de la musique cubaine qu’est le Palacio de la Salsa. Un chauffeur de taxi me parle de Michel Foucault, j’apprends qu’il est docteur en sociologie ; un médecin rencontré par hasard évoque la situation désastreuse des hôpitaux. A Trinidad, à Santiago tout n’est qu’intensité dans les couleurs, intensité aussi dans les regards des cubains et des cubaines qui scrutent et guettent les occidentaux avec enthousiasme et envie.
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Essaouira 1998 Il y a des noms de villes qui m’ont toujours fait rêver, Mogador, qui n’était pas encore Essaouira est l’un d’eux. Comme Chandigarh ou Chandernagor, ces noms sonnent à vos oreilles avec délice, est –ce la nostalgie d’une époque révolue, celle de la Compagnie des Indes, celle décrite avec une poésie un peu cruelle par Marguerite Duras dans le Vice Consul et plus tard dans l’Amant. Je suis consciente du côté un peu dangereux de cette nostalgie qui nous renvoie à une époque coloniale aux valeurs douteuses. Il n’empêche que la magie des mots opère sur moi et qu’à Essaouira, je ne peux m’empêcher d’imaginer le passé de ce comptoir portugais en pays berbère. La ville baigne dans le soleil, le port déverse ses poissons pêchés le matin-même dans un brouhaha réjouissant. La couleur bleue est omniprésente, elle insuffle un côté joyeux à la Médina que je sillonne de part en part.
Aujourd’hui, presque tous les immeubles de la rue Mallet-Stevens ont été restaurés à grands frais ; au début des années 80, ils étaient pratiquement à l’abandon et n’intéressaient que quelques amateurs éclairés qui se perdaient dans cette partie du 16ème arrondissement trop tranquille. Ces esthètes ne trouvaient alors qu’avec peine cette petite rue en cul-de sac à la typologie inhabituelle pour un quartier bourgeois plus habitué aux immeubles haussmanniens classiques avec porte imposante, concierge et ascenseur en fer forgé. Je retourne à Paris, avec le même plaisir renouvelé, ne fut-ce que pour 24 heures. Je profite du moindre rendez-vous professionnel pour m’échapper, l’espace de quelques heures, à la recherche d’un passage méconnu de la place des Victoires, ou d’une ruelle du 13ème arrondissement dans la Butte aux Cailles. Paris est une source de découvertes qui ne se tarit pas et qui maintenant est à un jet de pierre de Bruxelles…
J’aime tout à Essaouira et la quitte à chaque fois avec regret.
Paris, toujours et encore. Tout a commencé avec Patrick Modiano que j’ai découvert très jeune avec un de ses premiers romans : « la Ronde de Nuit ». Ce roman qui se déroule sous l’occupation allemande a comme véritable héroïne, Paris la nuit.
Voilà, quelques images de ces escapades qui ont nourri mon imaginaire.
Modiano y décrit un univers interlope qui vit la nuit entre le 16ème arrondissement et la rue Vaugirard.
Et maintenant, après tous ces voyages, que reste-t-il à découvrir ? Des dizaines de villes aux noms qui laissent rêveur: Buenos Aires, Sidney, Shanghai et tant d’autres.
J’ai toujours aimé les noms des rues du 16ème arrondissement : rue Lauriston, rue de la Pompe, Boulevard Lannes, rue Mallet-Stevens. Il règne dans ces quartiers une atmosphère étrange où se mêlent parfums de Guerlain et fantômes de la Gestapo française. Comme Modiano et Léon-Paul Fargues, j’aime marcher dans Paris, me perdre dans cette ville dont toutes les pierres parlent. Et lorsque Modiano évoque la rue Mallet-Stevens, du nom de l’architecte des années 30 qui a érigé tous les immeubles de la rue, je ne sais pas encore que ce même Mallet-Stevens deviendra un de mes architectes favoris.
Mon statut, quelque peu tardif de maman, m’a imposé une parenthèse à ces pérégrinations. Il serait faux de dire que cette parenthèse n’est pas enchantée … Le gout de la beauté pour demain, ne serait-il pas aussi celui de le faire partager à ceux que j’aime ?
Isabelle EKIERMAN
ROSE & VAN GELUWE le journal des avocats
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Une réponse de Normand Par François GLANSDORFF
François Glansdorff est avocat à Bruxelles et président de l’association Janson Baugniet. Il a été bâtonnier du barreau de Bruxelles de 1996 à 1998. Il a aussi été l’un des fondateurs de l’OBFG, et président de celui-ci de 1998 à 2001. Il a enseigné le droit des contrats à l’ULB jusqu’en 2010. Comme on le voit ici, il a entrepris la rédaction de ses Mémoires…
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’histoire se passe en Normandie dans les années soixante, dans une petite église de village pourvue, non d’un orgue, mais d’un harmonium qui permettait d’accompagner dignement les messes et autres cérémonies. Le musicien devait seulement, tout en jouant sur le clavier, pédaler pour actionner la soufflerie. Cela n’a guère changé depuis lors. Autour du clavier, il y avait plusieurs boutons qu’il fallait tirer ou pousser, et suivant la registration qu’on choisissait les sons pouvaient être très différents. Ces boutons portaient des noms exotiques qui m’enchantaient : sousbasse, bourdon, nasard, cornet, bombarde, cromorne, musette, flageolet, larigot, doublette, et d’autres encore. Il fallait choisir, puis l’on jouait en pédalant.
pupitre. Ce moment-là, que j’ai connu plusieurs fois, est à la fois excitant et déroutant pour quelqu’un qui devait faire bonne figure sans connaître grand-chose à la registration de l’orgue et de l’harmonium, tant il est vrai que Pierre avait inconsidérément vanté mes compétences, imaginaires dans ce domaine. Je tirais donc au hasard les boutons dont le nom était le plus joli ou le plus évocateur, et je me lançais dans la musique pour clavier que je connaissais, et qui est certes transposable à l’orgue : des préludes et fugues du Clavier bien tempéré, la Fantaisie chromatique, des inventions à deux ou à trois voix, la première partita, et, pour quitter Bach, l’une ou l’autre sonate de Scarlatti, le tout en changeant sans hésiter la registration d’un morceau à l’autre comme si mon choix allait de soi.
Pendant nos vacances d’étudiants à l’époque, Pierre Legros et moi aimions entrer dans ces églises qui étaient souvent belles, et aussi parce que nous étions musiciens. D’autres motifs nous y poussaient-ils ? On va l’apprendre en lisant cette histoire.
Le curé, toujours intéressé et en tout cas poli, m’écouta pendant un moment, s’étonnant seulement, mais sans plus, que je choisisse par exemple la doublette plutôt que le bourdon pour tel ou tel morceau, ou que je néglige le pédalier pour appuyer les basses. Puis il s’en alla, me laissant jouer. A cette heure-là, l’église était vide et je ne dérangeais personne.
Je ne me souviens plus du nom du village, qui devait se terminer en « ville » comme partout en Normandie. Je ne me souviens plus du curé non plus. Toujours est-il que Pierre l’aborda comme il faisait à l’accoutumée, c’est-à-dire en me présentant comme une valeur déjà confirmée parmi les (jeunes) organistes belges, très curieux d’essayer l’harmonium en question, lequel ne pouvait à nos yeux qu’être un instrument de très bonne tenue. Le curé, flatté et peut-être même intéressé, alla chercher sa clé, ouvrit le couvercle du clavier et m’invita courtoisement à m’asseoir au
Pierre Legros, quant à lui, n’écoutait que distraitement ce qu’il connaissait déjà. Il s’intéressait plutôt aux multiples publications que la paroisse proposait à l’entrée de l’église, où il eut tout le temps de faire son marché. Ce qu’il en ramena, et dont je pris connaissance une fois mon petit concert terminé, se révéla fort instructif. Au point que, quarante ou cinquante ans plus tard, j’ai jugé que cette abondante moisson ne pouvait plus raisonnablement rester inconnue du public.
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Notre attention s’est d’abord portée sur un livre publié à Bruxelles, intitulé « Les durs réveils – Spécialement destiné aux soldats de l’Armée Belge » et sous-titré « Causeries familières et loyales sur les sanctions physiques des plaisirs de rencontre ». Il en était à sa 10ème édition. Dame ! Si chaque soldat belge en recevait un exemplaire, l’éditeur ne devait pas se plaindre. Un peu plus tard, dans les casernes, Pierre et moi avons reçu les mêmes recommandations mais sous la forme de films particulièrement effrayants, dont la rigueur n’avait d’égal que les instructions qu’on nous donnait l’ordre de suivre en cas d’explosion d’une bombe atomique à proximité. Il y avait aussi dans notre église plusieurs livres d’éducation des jeunes filles aux fiançailles et au mariage, tant il est
catholiques ne sont pas meilleurs que les autres ? ». Non, ce n’est pas vrai : tel allait être l’objet de la démonstration. Sorti de l’église, je me plongeai dans la lecture, les oreilles encore bourdonnantes des accents de Bach et les jambes flageolantes d’avoir trop pédalé sur l’harmonium. Le troisième volume, « Est-il vrai que la vie est absurde ? », devait être un antidote à Sartre ou à Camus, c’était l’époque. Trop intellectuel pour les vacances. Je passai au septième numéro, « Est-il vrai que la femme est une occasion de péché ? ». Je l’ai mis de côté, mais déjà plusieurs autres de la même inspiration me venaient dans les mains : « Est-il vrai que nous payons les fautes d’Adam ?... Que le mariage est un piège de la nature ? … Que l’amour diminue au cours du mariage ? … Que les garçons volages font
vrai que depuis l’Emile de Jean-Jacques Rousseau, ce sujet jusqu’alors injustement négligé méritait d’être approfondi. J’ai ainsi conservé « Ce que toute jeune fille devrait savoir », dans la collection « Sexe-séries. Pureté et vérité », et « Formation de la Jeune Fille – Ame, cœur, volonté, vertus, amis, ennemis » (60ème mille à la 4ème édition) dans la collection « Va, fille de Dieu, Va ! ». Mais il y avait surtout la collection « Est-il vrai que… », dont j’ai gardé une vingtaine d’exemplaires dont je ne me déferais pour rien au monde.
les meilleurs maris ? … Que la chasteté est une vertu impossible ? … Qu’une fille sérieuse ne trouve pas de mari ? ». Non bien sûr, chaque fois non.
La collection « Est-il vrai que… » couvrait un domaine infiniment plus vaste que l’éducation sentimentale des jeunes gens, puisque la plupart des sujets de société y avaient leur place. Elle comprenait, d’après mes archives, 39 opuscules d’une quinzaine de pages, dont le titre était invariablement : Est-il vrai que… ceci ou cela, étant entendu que la réponse était toujours non, et que le texte démontrait le bien-fondé de cette réponse négative. Flaubert, grand pourfendeur des idées reçues, et Normand lui aussi, n’était pas loin. Ainsi les deux premiers numéros de la collection étaient-ils : « Est-il vrai que la foi est un scandale ? » et « Est-il vrai que les
Nous avions de la lecture pour le restant des vacances. Enivrés par l’insistante conjugalité du propos, nos préoccupations d’adolescents se sont un moment tournées vers des sujets moins tourmentés par la chair et qui étaient aussi tombés dans notre besace : « Est-il vrai que l’on peut tout lire ? … Que l’homme descend du singe ? … Que toutes les religions se valent ?... Que les contrepèteries redonnent vigueur à la langue française ?(1) … Qu’il faut se méfier des miracles ? ». Non, mille fois non. Un dernier opuscule - « Est-il vrai que vieillir est une misère ? » - n’avait guère retenu notre attention à l’époque. Je viens de le lire. Ils avaient raison, parbleu, de dire non avec force. Même dans les églises normandes, on n’a pas toujours des réponses de Normand. François GLANSDORFF Ce numéro-là, je l’avoue, est une invention de ma part.
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Première maison de vente en Belgique Plus de 40 ventes cataloguées par an dont 22 ventes en Belgique
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HOR
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Le rire du
BOUFFON et le sourire du
MODESTE Par Guy HORSMANS
Guy Hormans est avocat au barreau de Bruxelles. Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain. Conciliateur auprès de la Cour d’appel de Mons. Juriste comparatiste de cœur et d’esprit.
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On répète à loisir que la jeunesse est l’âge de tous les plaisirs. Il n’est pas certain que la crise et les conditions éducatives, culturelles, économiques et sociales actuelles lui en fassent goûter toutes les facettes et toutes les virtualités. La vieillesse continue cependant à le proclamer en s’efforçant de masquer la nostalgie qu’elle en éprouve par l’importance qu’elle souligne des fruits du vécu et de l’expérience. Elle aime à fêter les anniversaires qui les consacrent. Elle y invite les jeunes et les générations se retrouvent ainsi dans la célébration des fêtes et dans la dégustation des gâteaux d’anniversaires dont ils soufflent ensemble les bougies qui les décorent. La flamme des bougies est lumière, couleur et chatoiement. Fête et cordialité. Présence et fugacité. Force et faiblesse. Calme et vivacité. Elle est parfois folle et dangereuse. Elle est souvent modeste dans son
rôle qui est d’apparaître et de s’effacer sans bruit et sans pédanterie dans l’accomplissement harmonieux de ce qu’on attend d’elle. La flamme de la bougie m’attire quand elle est folle, quand elle s’en va à tous vents, quand elle inquiète et fait peur, quand elle interpelle et oblige à réagir. Alors, elle me pousse à songer à la folie de l’homme et à relire Erasme. Nous avons besoin du rire du bouffon. Mon regard s’arrête aussi lorsque la flamme de la bougie est douce et sereine et qu’elle apporte, dans sa modestie, une touche, calme et paisible, à la beauté et à la paix de la rencontre et de l’anniversaire qu’elle célèbre. Nous devons tous accomplir nos tâches avec modestie et nous les juristes, relire à cette fin le merveilleux ouvrage que Jean Carbonnier a consacré au Flexible droit. Nous avons besoin du sourire du modeste.
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I. – Le rire du bouffon. Les temps évoluent et l’Europe du XXIe siècle n’est plus celle du XVe et XVIe siècles au sein de laquelle Erasme était considéré comme son précepteur tant il s’était consacré à ces thèmes essentiels que sont ceux de l’éducation, de l’humanisme, de l’universalité et de la paix au-delà de celui de l’unité de l’Eglise. On peut néanmoins rêver et, en remontant les siècles, interroger Erasme aux fins de contribuer à l’édification actuelle de l’Europe qui est la nôtre et de l’humanisme qu’elle recherche. Erasme nous inciterait sans doute à plus d’audace et de créativité dans nos systèmes d’éducation trop traditionnels, trop statiques et trop répétitifs ; à nous méfier de tout dogmatisme et à privilégier la liberté, les vocations de chacun et le dialogue dans la meilleure conception générale de l’activité humaine. Son axiome est connu : l’homme ne naît pas homme, il le devient. Mais comment dire des vérités à ceux qui ne veulent pas les entendre ou qui se drapent dans la majesté dogmatique de leurs certitudes et des responsabilités qu’ils prétendent être les leurs dans les mouvances religieuses, sélectives ou populaires dont ils se targuent ? La folie peut en être la meilleure voie, le masque de dérision apparaissant, comme le relève Claude Blum dans une introduction à l’Eloge de la Folie, le chemin le plus direct pour accéder à la vérité. Il faut lire et relire dans cet esprit l’Eloge de la Folie, qu’Erasme a dédié à son cher Thomas More, et méditer les aphorismes que l’on retrouve à toutes les pages. J’aime à relever dans ce florilège : Que serait la vie, en effet, et mériterait-elle d’être appelée la vie, si on en ôtait le plaisir ? … Mais par Jupiter, qu’ils me le disent : y a-t-il une heure de la vie qui ne soit triste, ennuyeuse, sombre, insipide, assommante, si l’on n’y mêle le plaisir, c’est-à-dire l’assaisonnement de la folie ? ... Voyez d’abord avec quelle prévoyance la nature, mère et créatrice du genre humain, a pris garde à ce que ne manque nulle part l’assaisonnement de la folie ! Et comme la sagesse, selon la définition des
Stoïciens, consiste à prendre la raison pour guide, et la folie, au contraire, à se laisser balloter au gré des passions, pour que la vie des hommes ne soit pas entièrement triste et maussade, Jupiter leur a donné beaucoup plus de passions que de raison, dans la proportion d’un as pour une demi-once. De plus, il a relégué la raison dans un coin étroit de la tête et abandonné tout le reste du corps aux passions… Il n’y a que moi, et moi seule, la Folie, pour envelopper également tous les hommes de ma bienfaisance toujours disponible... D’autre part, pourquoi voudraisje avoir un temple, quand le monde entier est pour moi un temple, le plus beau de tous, si je ne m’abuse. Et je ne manque de fidèles que là où manquent les hommes… Cette brève recension pourrait se poursuivre mais elle suffit, en son état, pour introduire la question que je voudrais poser à tous mes confrères : sommes-nous suffisamment les adeptes, les propagandistes, les serviteurs et les thuriféraires de la folie et de la dérision. N’avons nous pas, d’une certaine manière, cette mission et le rôle de bouffon qu’elle comporte ? Par les dieux immortels, y a-t-il plus heureux que cette espèce d’hommes qu’on appelle vulgairement bouffons, fous, sots, innocents, les plus beaux des noms à mon avis ? … N’oublions pas que les plus grands rois ont tant de plaisir en leur compagnie que plusieurs ne sauraient ni se mettre à table, ni se promener, ni même passer ne serait-ce qu’une heure sans eux. Ils préfèrent de beaucoup ces fous à leurs sages austères que certains, pourtant, entretiennent par vanité… Tandis que les bouffons offrent la seule chose que les princes recherchent partout et à tout prix ; jeux, sourires, fous-rires, plaisirs. Remarquez aussi que les fous possèdent un don, qui n’est pas à dédaigner : seuls, ils sont francs et véridiques. Or, quoi de plus louable que la vérité ? -le journal des avocats- porte témoignage de l’aptitude du barreau à la détente, à l’humour, à la dérision, à la fête et à la folie. Nous pouvons être bouffons comme le démontrent les revues du Jeune Barreau et les fêtes qu’il organise.
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Le sommes-nous assez lorsque nous écrivons, lorsque nous participons aux séances de réflexion qui sont aujourd’hui à la mode et lorsque la société attend de nous qu’avec gentillesse et pertinence, nous remplissions un rôle social de bouffon pour dire, au-delà des lamentations qu’appellent à juste titre des situations dramatiques et injustes et des proclamations répétées de l’application de la loi et de ses sanctions, la simple vérité humaine. Toute la vérité humaine dans le rire de sa force et de son espérance.
2. – Le sourire du modeste. Jean Carbonnier a marqué de son empreinte le droit français de la seconde partie du siècle dernier et il en fut un des représentants les plus qualifiés. Ma joie a été grande de découvrir, dès sa parution, son ouvrage qu’il a intitulé : Flexible droit avec en sous-titre : Textes pour une sociologie du droit sans rigueur. Il relève d’emblée, dans la préface, qu’il s’agit d’une sociologie du droit comme il n’en faut plus faire. La sociologie du droit se doit d’être désormais, poursuit-il, rigoureuse, donc scientifique, non pas littéraire… (mais) l’hypothèse aventureuse passe plus facilement sous des figures littéraires qui semblent n’engager à rien... (pour conclure) : D’un sous-titre ambigu, le moment est venu de découvrir la seconde face : ce n’est pas seulement la sociologie qui peut être sans rigueur, c’est le droit aussi. J’ai rêvé que ses axiomes soient portés au fronton des Facultés de droit et des Palais de justice : Le droit est trop humain pour prétendre à l’absolu de la ligne droite et Il faut, pour bien aimer le droit, commencer par le mettre à nu. Sa rigueur, il ne l’avait que par affectation ou imposture. De nombreux juristes en sont conscients et pratiquent, dans la modestie qui les anime, l’écoute et le dialogue. L’opinion publique n’est cependant pas convaincue que ces qualités caractérisent le monde juridique. Celui-ci doit en être conscient et revoir dès lors ses attitudes et ses comportements pour enrichir et valoriser la confiance qu’implique la collaboration de
tous et de chacun à la recherche et à l’édification de l’humanisme de notre temps. Il doit, pour contribuer à relever les défis de l’angoisse actuelle, promouvoir une interdisciplinarité réelle de chaque instant et chercher davantage à s’informer qu’à imposer en reconnaissant ses limites ou en se retirant de telle ou de telle situation individuelle ou collective. Jean Carbonnier a, en ce domaine comme en d’autres, ouvert la voie de la sagesse à l’encontre des juristes dogmatiques qui ont tendance à penser que tout est droit et que le droit a vocation à être partout, à tout envelopper et à soutenir, comme un dieu, tout l’univers habité. Il y a, écrit-il, dans le droit dogmatique, à la fois un idéal et un postulat de panjurisme. Il faut, aussi bien, cesser de revendiquer, pour le droit, cette ubiquité divine et reconnaître à la fois que tout le social n’est pas juridique et que le droit ne peut tout envahir. Que dirait-il aujourd’hui face aux discours politiques d’un interventionnisme effréné et d’une législation sans cesse plus abondante et plus complexe ? Puissent les jeunes générations être plus conscientes que leurs aînées de la sagesse que Jean Carbonnier attribue au juriste qui, fatigué pour avoir cheminé trop longtemps dans une forêt trop touffue, aspire, comme physiquement, à retrouver les clairières, voire les champs ouverts ! Si la folie est un des chemins de la vérité ; la modestie élargit, quant à elle, le champ de la contemplation des autres et de la beauté dont ils sont la source dans leurs œuvres, leurs actions et leurs rêves. Les deux voies augmentent et enrichissent la merveilleuse démarche universelle qui peut être celle des juristes à laquelle -le journal des avocats- confère image et éclat. Guy HORSMANS
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JAC
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Cabinet
de
Curiosités Par Alain JACOBS-VON ARNAULD
Alain Jacobs-von Arnauld est avocat au barreau de Bruxelles. Un peu dilettante à la plume vagabonde. Aime conclure et beaucoup moins plaider. Curieux de belles choses depuis près de quinze lustres.
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n trouve dans certaines demeures des cabinets de curiosités collectionnées avec passion et à grand frais par leur vaniteux propriétaires désireux d’impressionner leur entourage. Le grand dictionnaire de conversation Meyer, 6e édition, publié à Leipzig en 1902, (11.000dessins dans le texte, 1.400 cartes et tableaux), dont il m’arrive d’ouvrir un des vingt volumes au hasard me livre des pièces rares pour mon cabinet mental de curiosités. Voici quelques illustres personnages dont le lecteur de ces colonnes, peut avouer sans rougir qu’ils ne lui sont pas tous familiers mais dont l’évocation lui permettra éventuellement de briller en société. Puis-je vous présenter, à côté de l’entrée, un rare Démétrios de Phalère, philosophe péripatéticien grec né vers 345 av.J.-C., fils d’un esclave, Timothée de Conon, contemporain d’Epicure, élève d’Aristote, ami de Théophraste et de Deinarchos, maître à penser du poète Ménandre, lequel habitait avec l’hétaïre Glykera une villa du Pirée où il se noya d’ailleurs en s’y baignant. Ce Démétrios, orateur de talent vivait dans le luxe mais prescrivait
l’austérité à ses concitoyens. Il fut condamné à mort en 318, dut fuir Athènes. Lorsque Cassandre reprit le pouvoir, il plaça Démétrios à la tête de son administration comme Gouverneur d’Athènes. Les dix années de son gouvernement furent les plus heureuses de la ville d’Athènes, ce dont les Athéniens lui furent si reconnaissants qu’ils lui érigèrent 360 statues. Voici, à gauche la dénommée Gerdhr, la fille du géant nordique Gymir. Elle était si belle que, l’ayant aperçue, le dieu Freyr en tomba immédiatement amoureux. Il offrit donc à son père onze pommes d’or et l’anneau miraculeux de Draupnir s’il consentait au mariage. Il lui fallut cependant encore faire usage de sortilèges pour que le géant acceptât finalement de lui donner sa fille, il est vrai, réticente. Voilà, un peu plus loin, un Fukusawa Yukichi, un penseur japonais du 19ème siècle, appelé le sage de Mita qui contribua grandement à l’européanisation de son pays et dont le portrait figure sur les billets de banque de 10.000 yens que l’on utilise rarement chez nous ; et une belle impératrice de Souabe, Gisela, qui fut deux fois veuve et trois fois mariée avant d’être couronnée à Rome en 1024
Anonyme Le cabinet d’Ole Worm 1655, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.
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Et un Théodore de Mopuhestia qui fut condamné pour nestorianisme au cinquième concile de Constantinople en 553. Au plafond un Toscanelli dal Pozzo qui fabriqua à Florence un gnomon qui lui permit d’améliorer les tables alphonsines et qui, se basant sur les récits de Marco Polo, aurait conseillé à Christophe Colomb de rejoindre les Indes par l’ouest. Il fit percer une ouverture circulaire de 4 cm dans le dôme de la cathédrale de Florence. Elle donne une image nette du soleil sur la ligne méridienne tracée au sol. Sur la cheminée, un chevalier Aubry de Montdidier qui fut tué par le traître Macaire mais qui fut vengé publiquement par son chien dans un combat singulier entre le fidèle animal et l’assassin et dont l’histoire se retrouve dans la chanson de geste de la reine Sibylle. Ne pas confondre ce Macaire avec Saint Macaire le Grand, ni avec la pomme macaire (préparation 15 minutes, temps de cuisson 1h10).
The Fairy Feller’s Master-Stroke par Richard Dadd, huile sur toile, 67cm x 52.5cm, 1855-64,
par l’archevêque Piligrim de Cologne. Elle mourut de dysenterie. Momifiée, elle mesure 1.72 m. Un Nasredin Hodscha, le Till Uilenspiegel turc à qui un voyageur, sur l’autre rive du fleuve demandait « comment arrive-t-on de l’autre côté ? » et qui répondit pertinemment « mais tu es de l’autre côté. » En face, vous apercevez, en moins bon état, un Protesilaos, le premier grec qui sauta courageusement sur le sol troyen et s’y fit, séance tenante, tuer par Hector, après quoi il ressuscita trois heures avec la permission divine, à la demande de son épouse Laodameia. Près de la fenêtre, un Edouard Pynaert, célèbre pomologue né à Gand en 1835, rédacteur de la revue Flore des Serres et des Jardins. Signer « E.pinard » et devenir pomologue … ! Echec relatif de la prédestination. Puis, au trumeau, à peine restauré, un Polyclète de Sikyon qui fut le premier sculpteur à reproduire le déhanchement qui nous paraît si naturel dans la statuaire grecque.
Sur la commode, un Amr ibn el Ass le Koraïchite, ce général qui détruisit la bibliothèque d’Alexandrie sur ordre du calife Omar ou à qui on prête au moins, peutêtre à tort, ce triste forfait. À coté, une Amalasuntha arrogante ostrogothe, fille d’Audesledas qui épousa d’abord Eutharic et lui donna pour héritier Athalaric avant de se remarier avec son cousin Théodahad, lequel l’exila sur une ile du lac de Bolsena où elle fut prisonnière et noyée dans sa baignoire mais qui donna son nom à un astéroïde. Dans la bibliothèque, un Eustathios Makrembolites, l’auteur au XIIe siècle d’un roman érotique de mauvais goût en 11 volumes racontant les amours d’Hysmine et d’Hysminias ainsi que d’un, meilleur, recueil d’énigmes en trimètres iambiques. Je pourrais encore vous montrer des dizaines d’autres personnages aux noms mémorables mais j’ai peur de vous lasser avec ces inépuisables histoires abracadabrantesques. Je continuerai donc ma collection dans le secret de mon cabinet... Alain JACOBS-VON ARNAULD
Durbuy Vieille Ville en Ardenne
Vous pensiez connaître le Sanglier des Ardennes… On ne présente plus l’Hostellerie du Sanglier des Ardennes à Durbuy. Mais elle a bien changé, 65 ans après sa création. Forte de son succès, elle vient d’achever une rénovation grandiose.
« La Maison n’a en rien perdu de son authenticité, bien au contraire. Cette transformation matérielle donne un nouvel élan en combinant judicieusement tradition et modernisme. »
L’art du séminaire... Situées au bord de la rivière pour la plupart, les salles de séminaire sont éclairées de la lumière du jour et sont ouvertes sur l’élégante promenade et les terrasses extérieures où les pauses peuvent être servies. De là, la vue est surprenante. Le nouveau Sanglier se dévoile totalement, dans ses
A 1 heure et quart de Bruxelles et à deux pas de l’un
nouveaux volumes très contemporains où les maté-
des plus beaux golfs d’Europe, voilà une étape repo-
riaux nobles marient le passé et le présent.
sante, historique et gastronomique au cœur d’un écrin de verdure.
Le lieu idéal pour combiner détente, plaisirs de la table
Le Sanglier des Ardennes, c’est un cadre d’exception
et réunions de travail.
pour un séjour romantique, de détente, ou pourquoi pas pour valoriser l’image de votre entreprise, récompenser des clients ou motiver vos collaborateurs. C’est un caractère unique au cœur de Durbuy, la plus petite ville du monde. Aujourd’hui, en plus des nouvelles chambres et du nouveau centre wellness, vous découvrirez un nouveau restaurant gastronomique, de nouvelles salles de séminaires, réceptions et banquets, une nouvelle Brasserie, un nouveau bar et de nouveaux salons fumeur et non-fumeur, C’est tout cela, le nouveau Sanglier des Ardennes, rien de moins.
Le Sanglier des Ardennes * * * * 14, rue Comte d’Ursel - 6940 Durbuy info@sanglier-des-ardennes.be www.sanglier-des-ardennes.be Tél. : 086 21 32 62 • 55 chambres dont 7 suites • Restaurant gastronomique, brasserie et grill • Centre wellness ouvert aux non résidents, avec espaces beauté, spa et relaxation • 13 salles de banquets, réceptions ou séminaires, avec wifi gratuit • Parking privé
ORB
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Fußball,
Schnee und Karneval
Football,
neige et carnaval Par Martin ORBAN
Martin Orban est né en 1953. Avocat au Barreau de Verviers et puis d’Eupen depuis 1977. Ancien Bâtonnier. Parallèlement à sa profession il s’est engagé depuis longtemps en politique communale. Il est depuis 1977 conseiller communal et depuis 2006, échevin des finances, de l’urbanisme et de l’environnement. Ceci explique son attachement à sa ville natale et à sa communauté.
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Eupen ? Umfragen würden aller Wahrscheinlichkeit nach ergeben, dass mittlerweile die meisten Belgier Eupen mit Fußball in Verbindung bringen.
Selon toute probabilité, les sondages révèleraient que les Belges dans leur grande majorité pensent aujourd’hui au football quand on mentionne le nom de la ville d’Eupen.
Ein bisher unbekannter kleiner Fußballclub aus einer Kleinstadt spielt plötzlich mit den Großen in der ersten Division. Dies gefällt längst nicht allen Funktionären und Fans der großen alteingesessenen Clubs, da diese sich genötigt sehen, unzumutbar lange und beschwerliche Fahrten zu den Spielen nach Eupen zu unternehmen, wo es entweder regnet, Schnee liegt oder Karneval gefeiert wird (Womit wir beim dritten „Alleinstellungsmerkmal“ Eupens angelangt wären).
Un jusqu’alors petit club de football d’une petite ville joue subitement avec les « grands » de la première division. Cela ne plaît évidemment pas à tous les fonctionnaires et supporteurs des grands clubs établis, qui sont aujourd’hui dans l’obligation d’entreprendre des trajets déraisonnablement longs et éprouvants pour des matchs qui se jouent à Eupen où soit il pleut, soit il neige ou soit, caractéristique particulièrement particulière de la ville, on fête le carnaval !
Der aufmerksame Leser wird bemerken, dass ich die allgemein gängigen Vorurteile über Eupen zusammenzufasse: In einer Hälfte des Jahres liegt Schnee, in der anderen Hälfte wird Karneval gefeiert, neuerdings spielt die AS EUPEN erstaunlicherweise in der ersten Fußballdivision.
Le lecteur attentif remarquera que je parodie les préjugés habituels concernant Eupen : pendant une moitié de l’année, il neige ; pendant l’autre moitié de l’année, on fête le carnaval. Ce qui est nouveau et surprenant, c’est qu’aujourd’hui l’AS Eupen joue football en première division.
Allerdings gibt es noch ein anderes „Alleinstellungsmerkmal“: In Eupen wird Deutsch gesprochen, nicht nur zu Karneval und am Feierabend, sondern Deutsch ist offizielle Amtssprache, obwohl Eupen in Belgien liegt (allerdings noch nicht so lange) und zur Region Wallonien gehört (allerdings nicht ganz so richtig).
Il existe encore une autre « caractéristique particulièrement particulière » à notre ville: à Eupen, on parle allemand; pas seulement pendant le carnaval et après le souper, non, l’allemand est la langue administrative officielle! Et cela, bien qu’Eupen se trouve en Belgique (toutefois pas depuis très longtemps) et appartient à la Région Wallonne (toutefois pas vraiment).
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Quel futur pour la Communauté Germanophone? Les discussions actuelles quant à la crise gouvernementale et « la grande nouvelle reforme de l’Etat » demandée pratiquement par tous les partis sont suivies avec attention, mais également scepticisme et désarroi par les Eupénois et les habitants de la Communauté Germanophone. Quel futur pour les Germanophones si effectivement l’Etat Belge se disloquait ?
Wohin mit der DG? Diskussionen über die aktuelle Regierungskrise und die von praktisch allen Parteien geforderte „große neue Staatsreform“ werden in Eupen und in der Deutschsprachigen Gemeinschaft (DG) mit sehr viel Skepsis und Ratlosigkeit verfolgt: Wohin mit den Deutschsprachigen, wenn tatsächlich der belgische Staat sich auflösen würde? - Zu Deutschland? (was von einer großen Mehrheit der Bevölkerung mit sehr viel Unbehagen und Ablehnung beurteilt wird, denn dann wären wir ja keine „geschützte Minderheit“ mehr, unsere deutsche Sprache und Kultur wird hochgehalten, aber als Deutsche bezeichnet sich die große Mehrheit der Deutschsprachigen nicht. Sie bemerken, dass das Verhältnis der Deutschsprachigen zu Deutschland ähnlich ist wie das der Wallonen zu Frankreich und das der Flamen zu den Niederlanden). - Zum Großherzogtum Luxemburg? (Die Frage ist, ob die Luxemburger die Ostbelgier überhaupt wollen.) - Zur Wallonie bzw. Restbelgien? (Trotz großer Sympathie für Wallonen - und auch Flamen können sich die wenigsten Eupener vorstellen, Wallonen zu werden und befürchten in dem Falle eine Aushöhlung der kulturellen und sprachlichen Autonomie). - Oder ein eigenständiger Kleinstaat wie Lichtenstein oder Monaco? (Findet an sich fast jeder sympathisch, stellt sich jedoch realistischerweise die Frage nach der Lebensfähigkeit eines solchen Kleinstaates).
- Direction l’Allemagne? Cette possibilité est vue par une grande majorité de la population avec embarras voir même effroi. Nous ne serions plus « une minorité protégée »; notre langue allemande et notre culture seraient préservées, mais la grande majorité des Germanophones ne se sentent pas allemands. Vous constaterez que le rapport des Germanophones à l’Allemagne est similaire à celui des Wallons à l’égard de la France et celui des Flamands à l’égard des Pays-Bas. - Direction le Grand-duché de Luxembourg? La première question est de savoir si les Luxembourgeois ont un quelconque intérêt pour les Belges de l’est du pays. - Direction la Wallonie ou plus précisément ce qui restera de la Belgique? Malgré leur grande sympathie pour les Wallons –mais également pour les Flamands– peu d’Eupénois peuvent s’imaginer de devenir wallons et craignent dans cette hypothèse l’affaiblissement voir l’anéantissement de leur autonomie linguistique et culturelle. - Ou devenir un mini-état indépendant comme le Liechtenstein ou Monaco? Chacun trouve cette possibilité sympathique, mais se pose la question de la viabilité d’un tel mini-état. Bilan? Les Germanophones aiment se désigner comme les «derniers Belges». Ils fêtent avec enthousiasme la fête nationale et le jour de la dynastie. Nous préférerions conserver le status-quo! Nous espérons que la Belgique perdurera et que la Communauté Germanophone demeura une communauté indépendante au sein du Royaume de Belgique (avec de nombreuses compétences supplémentaires qui lui seront transférées par la Région Wallonne). Les germanophones souhaitent se maintenir à l’écart des disputes entre flamands, wallons et bruxellois et souhaitent, plus que tout, entretenir de bonnes relations avec l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et tous les pays et peuples de la terre.
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Fazit? Die Deutschsprachigen bezeichnen sich selbst als die „letzten Belgier“, feiern mit Begeisterung den Nationalfeiertag und den Tag der Dynastie, womit ausgedrückt ist, dass wir am liebsten den Status-quo beibehalten möchten, wir fest damit rechnen, dass Belgien bestehen bleibt und die DG weiterhin eine eigenständige Gemeinschaft (mit vielen zusätzlichen Kompetenzen, die ihr von der Wallonischen Region übertragen würden) im Königreich Belgien bleibt, sich möglichst aus den Streitigkeiten zwischen Flamen, Wallonen und Brüsselern heraushält und mit allen belgischen Gemeinschaften und darüber hinaus zu Deutschland, Luxemburg und Holland und allen Ländern und Völkern dieser Welt gute Beziehungen unterhalten möchte.
Etwas Geschichte Diese Haltung erklärt sich natürlich durch die geschichtliche Vergangenheit Eupens und der DG: Eupen ist seit vielen Jahrhunderten Grenzland und hat unzählige Male die Nationalität wechseln müssen. Die Stadt Eupen wurde zum ersten Mal im Jahre 1213 in einer Urkunde des Abtes Rütger vom Kloster Rolduc erwähnt. Zu diesem Zeitpunkt war Eupen Teil des kleinen Herzogtums Limburg, das sowohl französischsprachige Ortschaften um Limburg, Herve, Dalhem als auch deutschsprachige wie Eupen und die umliegenden Ortschaften und ebenfalls niederländischsprachige wie Valkenburg, Brunsum, Kerkrade umfasste. Das Herzogtum Limburg fiel 1387 an das Herzogtum Burgund, zu dem es ein knappes Jahrhundert gehörte, um ab 1477, zusammen mit den übrigen niederländischen Provinzen, durch Erbschaft an die spanischen Habsburger unter Karl V zu fallen. Die nächsten 230 Jahre leben die Eupener unter spanischer Herrschaft, erleben Reformation, 30-jährigen Krieg, die Schreckensherrschaft des Herzogs von Alba, eine glücklichere und friedvollere Zeit unter Isabella und Albrecht, um dann im Jahre 1713 durch den Vertrag von Utrecht den österreichischen Habsburgern zugesprochen zu werden. Diese österreichische Zeit von 1713 bis 1794 wird in den Geschichtsbüchern als die „glücklichste Epoche“ angesehen. Handel, Handwerk und vor allen Dingen die für Eupen so wichtige Tuchmanufaktur entwickelten sich prächtig, so dass Eupen im 18. Jahrhundert bereits 7.641 Einwohner zählte und somit der mit Abstand größte Ort im Herzogtum LIMBURG war.
Un peu d’histoire Cette position s’explique bien sûr par le passé historique d’Eupen et de la Communauté Germanophone. Depuis des siècles, EUPEN est une région frontalière et les Eupénois ont dû changer à plusieurs reprises de nationalité. La localité d’Eupen est citée pour la première fois en 1213 dans un document de l’abbé Rütgers de l’abbaye de Rolduc. A cette époque, Eupen faisait partie du petit duché de Limbourg, composé des localités francophones de Limbourg, Herve et Dalhem, mais également des localités germanophones, d’Eupen et des environs et même des localités néerlandophones comme Valkenburg, Brunsum et Kerkrade. A partir de 1387, le duché de Limbourg est tombé aux mains des Ducs de Bourgogne. Ce changement ne durera qu’un petit siècle puisqu’à partir de 1477, le duché de Limbourg, donc la ville d’EUPEN, fait partie des Pays-Bas sous l’empire des Habsbourg espagnols de Charles Quint. Les 230 années qui suivent sont vécues sous la domination espagnole. Les Eupénois connaissent la Réforme, la guerre de 30 ans, le règne de terreur du Duc d’Albe, une période plus heureuse et plus paisible sous le règne d’Isabelle et Albrecht, pour ensuite être donnés aux Habsbourg d’Autriche et ce, par le traité d’Utrecht de 1713. Les années autrichiennes de 1713 à 1794 sont considérées par les historiens comme « l’époque la plus heureuse ». Le commerce, l’artisanat et par-dessus tout l’industrie textile particulièrement importante pour la ville d’Eupen se développent remarquablement, de sorte qu’Eupen compte au 17ème siècle 7.641 habitants et est de loin la localité la plus importante du duché de Limbourg. En l’an 1794, la révolution française conquit les PaysBas Autrichiens et Eupen devint pendant presque 20 années français. Pendant cette période, les Eupénois ont regretté les Autrichiens ; après la défaite sans appel de Napoléon, ils comptèrent être à nouveau réunis à l’Autriche. Le Congrès de Vienne de 1815 en décida cependant autrement ; la plus grande partie des Pays-Bas du sud fut réunie au nouveau royaume des Pays-Bas de sorte que l’ancien duché de Limbourg fut partagé et
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Im Jahre 1794 eroberte das revolutionäre Frankreich die österreichischen Niederlande und Eupen kam für fast 20 Jahre zu Frankreich, wobei die Eupener den Österreichern immer noch nachtrauerten und fest damit rechneten, nach dem endgültigen Sieg gegen Napoleon wieder mit Österreich vereinigt zu werden. Der Wiener Kongress 1815 entschied jedoch anders: Der weitaus größte Teil der südlichen Niederlande wurden mit dem neuen Königreich der Niederlande vereinigt, das alte Herzogtum Limburg wurde aufgeteilt und Eupen kam zusammen mit dem Gebiet von Malmedy/Sankt Vith zum Königreich Preussen und damit nachher zum Deutschen Reich, und wurde bekanntlich nach dem ersten Weltkrieg durch den Vertrag von Versailles belgisch. Dieses „Belgisch-werden“ gestaltete sich keineswegs einfach: In den „wiedergefundenen Kantonen“ lebten deutschsprechende Untertanen des deutschen Kaisers, deren Väter und Söhne für Deutschland in den Schützengräben für „Kaiser- und Vaterland“ gekämpft hatten und denen es naturgemäß schwerfiel, das Vaterland zu wechseln, so dass während den beiden Weltkriegen die Eupener hin- und hergerissen waren zwischen dem alten und neuen „Vaterland“. Nach dem Einmarsch der deutschen Wehrmacht in Belgien wurden die Gemeinden der jetzigen DG von Deutschland annektiert und als Bestandteil des „Dritten Reichs“ angesehen, was nach dem zweiten Weltkrieg zu unzähligen Prozessen, Enteignungen, Unbürgerlichkeitserklärungen, Berufsverboten, usw., führte.
qu’Eupen avec les territoires de Malmédy et Saint-Vith fut donné au royaume de Prusse qui devint ensuite l’empire d’Allemagne. Ce n’est qu’après la première guerre mondiale qu’Eupen devint belge, suite au traité de Versailles. Devenir belge ne fut pas si facile. Dans les cantons « rédimés », vivaient des sujets allemands de l’empereur allemand, dont les pères et les fils avaient combattus dans les tranchées pour l’empereur et le pays de leurs ancêtres. Ce changement de « pays de nos ancêtres » fut évidemment difficile pour les Eupénois qui furent pendant l’entre-deuxguerres déchirés entre leur nouveau et leur ancien pays. Après l’invasion de l’armée allemande en Belgique, les communes de l’actuelle communauté germanophone furent annexées à l’Allemagne et considérées comme une partie du « troisième empire allemand », ce qui donna lieu, après la deuxième guerre mondiale, à un nombre considérable de procès, d’expropriations, de déclarations de dépossession de la nationalité belge, d’interdiction de professer, etc. Ce fut une période douloureuse pour la ville et ses habitants.
Aujourd’hui Avec le début des années 60 vint la reconnaissance du territoire germanophone comme région de langue. Suite aux efforts d’autonomie des Flamands et des Wallons, les Germanophones se virent octroyer de plus en plus de compétences. Dans l’intervalle, la Communauté Germanophone est devenue une communauté
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Heute Anfang der 60iger Jahre des vorigen Jahrhunderts wurde das Deutschsprachige Gebiet als Sprachregion anerkannt, als Nebenfolge der Autonomiebestrebungen von Flamen und Wallonen wurde den Deutschsprachigen immer mehr Autonomie zugestanden. Zwischenzeitlich ist die Deutschsprachige Gemeinschaft als eigenständige Gemeinschaft mit eigenem Parlament, Regierung und Verwaltung in vielen Bereichen autonom und wird gerne als die „bestgeschützte Minderheit“ bezeichnet. Heute ist Eupen mit ca. 18.800 Einwohnern die Hauptstadt der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, Sitz des Parlamentes, der Regierung und der Verwaltung, des Gerichts Erster Instanz, der Euregio Maas-Rhein, des deutschsprachigen Rundfunks und Fernsehens, Schulzentrum mit diversen Primarschulen, auch einer französischsprachigen Primarschule, verschiedenen Mittelschulen und einer Hochschule. Eupen ist jedoch auch kulturelles und sportliches Zentrum, wobei vor allen Dingen die zahlreichen Gesang- und Musikvereinigungen hervorzuheben sind, das über die Landesgrenzen hinaus bekannte IKOB-Museum, zahlreiche kulturelle Vereinigungen und Einrichtungen, die Kulturvereinigung CHUDOSNIC SYNERGIA, die alljährlich einen weit über die Grenzen der EUREGIO hinaus bekannten Musikmarathon, das Straßenfest HAASTE TÖNE sowie Theatertage veranstaltet. Auf sportlicher Ebene hat EUPEN auch einiges zu bieten: Neben der AS EUPEN, die in die höchste belgische Liga aufgestiegen ist, auch zahlreiche andere Fußball-, Handball-, Volleyball-, Basketball-, Tennis- und viele andere sportliche Vereinigungen, die überaus aktiv und erfolgreich sind. Architektonisch ist Eupen ein „Sammelsurium“, das die Geschichte dieser Stadt widerspiegelt: Architekten und Baumeister aus Lüttich, Aachen, Berlin und Brüssel haben ihre Spuren hinterlassen. Besucher aus Deutschland verweisen immer wieder auf den „belgischen“ und gar „französischen“ Charakter der Stadt, Besucher aus Innerbleigen erklären, den Eindruck zu haben, sich in Deutschland zu befinden. ZUSAMMENFASSUNG UND EMPFEHLUNG Ein Besuch in EUPEN lohnt sich in jedem Fall !
indépendante avec son propre parlement, son propre gouvernement et sa propre administration autonome et ce, dans de nombreux domaines. Elle est souvent désignée comme « la minorité la mieux protégée ». Avec 18.800 habitants, Eupen est aujourd’hui la capitale de la Communauté Germanophone de Belgique, siège du parlement, du gouvernement, de l’administration, du Tribunal de Première Instance, de l’Euregio MeuseRhin, de la radio et de la télévision germanophones, mais également un centre scolaire avec plusieurs écoles primaires, dont une francophone, plusieurs collèges et une école supérieure. Eupen est également un centre culturel et sportif valorisé par de nombreuses chorales et associations musicales, par le musée Ikob, dont la renommée dépasse les frontières du pays, par de nombreuses associations et institutions culturelles dont l’association Chudosnic Synergia qui organise chaque année le célèbre Musikmarathon, bien connu au-delà des limites de l’Euregio, par la fête de rue Haaste Töne, ainsi que par des nombreuses représentations théâtrales. D’un point de vue sportif, la ville d’Eupen a également des choses à offrir. A côté de l’AS Eupen qui est monté en première division, de nombreux clubs de football, handball, volleyballs, basketball, tennis et autres sports rencontrent de beaux succès. D’un point de vue architectural Eupen est considéré comme un « meli-melo », vrai miroir de l’histoire de la ville. Les architectes et les bâtisseurs de Liège, Aix-laChapelle, Berlin et Bruxelles y ont laissé leurs traces. Les visiteurs d’Allemagne estiment toujours que la ville à un caractère « belge » voir même « français » alors que les visiteurs d’autres pays ont eux l’impression de se trouver en Allemagne. Conclusion et recommandation : Une visite à Eupen vaut la peine! Venez; nous serons ravis de vous accueillir! Martin ORBAN
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Un voyage
au Congo Par Yves OSCHINSKY
Yves Oschinsky a été Bâtonnier du barreau de Bruxelles de 2008 à 2010. Il est auteur de publications, notamment sur la justice pénale internationale, la bioéthique et la déontologie. Il est Président de l’Institut des Droits de l’Homme du barreau de Bruxelles. Il est membre du Comité Consultatif de Bioéthique.
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Me Firmin YANGAMBI
Retour au Congo, à Kinshasa, 22 ans après un précédent voyage. Quelques changements frappants : des constructions nouvelles, des véhicules en surnombre, des embouteillages, mais les routes sont toujours, pour la plupart, des pistes où les 4x4 font merveille. La francophonie mondiale du barreau était présente à Kinshasa, en décembre 2010, réunie au sein du congrès annuel de la Conférence Internationale des Barreaux de tradition juridique commune dont la vocation est l’entraide entre les barreaux en vue du développement de l’Etat de droit, de la défense des Droits de l’Homme et des droits de la défense. Le Congo est capable du pire comme du meilleur. En marge du congrès, nous avons été nombreux, avocats du monde, de l’occident comme d’Afrique, à rendre une visite très émouvante à notre confrère, Me Firmin Yangambi, détenu à la prison de Makala depuis le 27 septembre 2009, sous le coup d’une condamnation à mort, pour détention illégale d’armes de guerre et tentative d’insurrection, rendue par une juridiction militaire contre laquelle une procédure d’appel est en cours.
Dès le 9 octobre 2009, le conseil de l’Ordre du barreau de Bruxelles, réuni avec le conseil de l’Ordre de Barcelone, était alerté par l’arrestation de ce confrère, membre du conseil de l’Ordre de Kisangani et président de l’ONG d’appui aux victimes de la guerre « Paix sur terre » et il prenait des initiatives de soutien en faveur de Me Yangambi. Celui-ci est détenu et condamné arbitrairement sur la base de charges non étayées par des preuves. Il faut aussi noter qu’il est jugé illégalement par une juridiction militaire, en contradiction avec les dispositions constitutionnelles. En réalité, il s’agit d’un opposant au pouvoir de Joseph Kabila, dont il fut un proche, durant leur jeunesse. Il a l’intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles et en cela il dérange évidemment. L’on comprend ainsi plus aisément les choses… C’est un homme impressionnant par sa détermination que nous avons rencontré. Bien que de santé fragile, sa force morale n’est en rien atteinte. Il est rare d’observer une telle conviction en un destin personnel ; Firmin est de ces hommes habités par
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une volonté sans limite et sans faille : il n’a pas le moindre doute qu’il remplacera son rival à la tête de l’Etat congolais. Pour ne jamais sombrer, pour garder ce cap qui véritablement le transcende, il est guidé par la foi, celle de la certitude de son avenir politique et personnel come celle de la religion. Nous avons eu l’opportunité d’assister à l’audience d’appel tenue le 17 décembre 2010. La salle d’audience se trouve au 1er étage d’une petite bâtisse de Kinshasa Gombe. Elle est petite et ne comporte pas beaucoup de places pour le public auquel se sont joints plusieurs avocats du monde. Il fait chaud et humide. Le moment est grave et prenant. La salle est archi comble. Le Cour, présidée par un colonel en uniforme, s’installe ; au Parquet, ce n’est pas le général en charge du dossier qui siège mais un remplaçant qui fera rapport au général, lequel ne pourra dès lors pas répliquer sur le champ. Il le fera à une audience ultérieure, fort notamment de son ascendant hiérarchique sur le Président. Ils sont quatre prévenus et c’est la défense de Firmin qui prendra la parole en dernier. Le moment venu, c’est l’accusé lui-même qui prend la parole pour sa propre défense, après avoir trouvé sa concentration dans un recueillement religieux personnel très fort, faisant abstraction de toute présence autour de lui. Il égrainera durant près de deux heures une défense systématique, minutieuse et rigoureuse, pour luimême, pour le peuple congolais, pour la démocratie. C’est en effet par une longue introduction politique qu’il
entame ce qui constitue certainement sa plaidoirie la plus importante, décrivant à la fois par le menu la réalité de ce procès politique et ses projets pour le pays, avant de démonter, avec force et précision, les accusations dont il est l’objet, en dénonçant toutes les irrégularités dont ce procès est entaché. C’est limpide, intelligent, prononcé dans une belle langue avec un vocabulaire riche, c’est convaincant et cette défense devrait logiquement emporter la conviction de ses juges… si le procès était équitable et impartial, si les droits de l’homme et les droits de la défense étaient au rendez-vous, si le procès n’était pas politique… Depuis lors, le prononcé de la décision d’appel, fixé au 6 janvier 2011, a été reporté et, à l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne sait quand Firmin sera fixé sur son sort. Voilà pour le pire, en ayant vu le meilleur de l’humain en la personne de Firmin Yangambi. Le meilleur aussi se trouve à quelques dizaines de kilomètres de Kinshasa, au sein de la réserve « Lola ya bonobo » signifiant le paradis des bonobos. Cet éden des bonobos a été créé en 2002 dans un très bel environnement naturel de 35 hectares de forêt, par une Belge, Claudine André, émue, dès les années nonante, par la situation des bonobos. Cette espèce de singes vit exclusivement au Congo et est hélas en voie de disparition, en particulier du
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fait de la déforestation et de la chasse des adultes recherchés pour leur viande et ce, en toute illégalité. Environ 100.000 au début des années 80, ils ne seraient plus aujourd’hui qu’entre 5.000 et 20.000. Les enfants qui assistent au massacre de leurs parents en sont désespérés et sombrent dans la dépression causée par cette solitude si brutale et comme on les comprend, surtout lorsque l’on sait que l’être humain et le bonobo ont des caractéristiques communes à 99 %. La réserve a pour objectif de recueillir ces orphelins, de les prendre en charge, dans un milieu naturel et de redonner une joie de vivre à ces quelques dizaines ils sont aujourd’hui un peu moins de 100 – d’animaux si attachants. Pour les plus jeunes d’entre eux, vivant dans l’insoutenable douleur de la perte de leurs parents, la consolation et l’apprentissage au bonheur passent par la présence au quotidien de mamans de substitution. Ces mamans sont des femmes congolaises, Maman Henriette, Maman Espérance, Maman Micheline et Maman Yvonne, elles sont merveilleuses et admirables, elles passent la journée avec les petits bonobos, dans un espace appelé « la nursery » où ces enfants peuvent se livrer à des jeux, faire des bêtises, faire les fous, se nourrir et, surtout, bénéficier de l’attention et de l’affection de ces quatre mamans qui se relaient deux par deux pour redonner à ces orphelins le goût de vivre. Ces mamans, très dignes, sont d’une générosité formidable, prenant ces petits singes sur leurs genoux, leur donnant à manger, jouant avec eux et apportant ainsi aux spectateurs admiratifs que
nous étions une leçon de patience, d’empathie et de vie et nous laissant dans une indescriptible émotion. A l’âge de cinq ou six ans, lorsqu’ils ont repris confiance en la vie, ils sont introduits au sein de groupes d’adolescents ou d’adultes. L’organisation du groupe intéressera plus d’un, voire donnera à l’humain des inspirations. Le bonobo est un être très pacifique et ce sont les femelles qui font régner la paix. Le sexe représente un point central dans la vie du bonobo à telle enseigne que toute situation de conflit se règle, précisément, à tout âge et quel que soit le sexe, par les jeux et les actes sexuels. L’objectif de la vie en société, au sein des bonobos, est la sérénité et la tranquillité. C’est cette vocation que poursuit « Lola ya bonobo », en toute générosité et dans l’amour de ces animaux qui, après avoir été reconstitués moralement, peuvent, par petits groupes, être replacés dans la forêt tropicale congolaise. N’y a-t-il pas là l’illustration du fait que la meilleure réponse au pire se trouve dans le meilleur ?
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Ne touchez pas à la
musique
Par Pierre PAULUS DE CHÂTELET
Depuis toujours, mon amour pour elle m’a conduit à la découvrir, la redécouvrir, l’étudier de la source vers toutes ses ramifications en parallèle avec les moments de l’histoire où elle se mêle avec les autres mouvements ou révolutions artistiques. On ne peut bien entendu jamais tout connaître. L’important est la curiosité de découvrir et pour ce qui est de ce mode d’expression, c’est infini. Le premier album que j’ai acheté est Led Zeppelin 1. La présente collaboration a pour objet de vous présenter, en toute modestie et humilité, quelques (il y en a tant) éditions récentes qui sont selon moi dignes d’intérêt, dans différents styles musicaux.
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A la recherche et à la découverte de cette richesse qui fait partie essentielle de nous. Cette deuxième présentation de talents musicaux divers tend à se différencier de la première contribution en touchant des styles différents. Une petite introduction au Brésil dont on ne pourra plus se passer dorénavant, un retour à New York dans les années Disco pour ensuite faire une pause chez nous et terminer d’où je viens, le Rock. Pierre PAULUS DE CHÂTELET
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BRESIL DANIELA MERCURY On ne pourra dorénavant plus se passer du Brésil. Et donc de sa musique.
bars de sa ville un répertoire de musique traditionnelle populaire brésilienne. Elle devient choriste de Gilbeto Gil et fonde ensuite le groupe Companhia Clic jusqu’en 1991, année où elle se lance seule.
Si les premières images qui vous viennent à l’esprit en pensant au Brésil sont le soleil, la Samba, les carnavals organisés à travers tout le pays et leurs millions de visiteurs du monde entier, les sourires et la bonne humeur, Daniela Mercury, c’est tout ça.
Vingt ans plus tard, elle remplit toujours des stades de milliers de fans qui viennent de loin pour danser à en devenir fous sur ses titres qui ont une énergie folle. Elle participe chaque année au Carnaval de Salvador De Bahia sur son char personnel (qu’on appelle un « trio eletrico »). C’est la reine de la musique brésilienne et plus particulièrement de celle qu’on appelle l’Axé, mouvement musical né dans les années 1980 lors des manifestations populaires de sa ville d’origine, dont le but est de danser, danser, danser et s’amuser.
Issue d’une famille de classe moyenne de Salvador De Bahia, Daniela Mercury est diplômée en danse de l’Université de Bahia (il n’y a qu’au Brésil que la danse peut être universitaire) et chante très jeune dans les
Toutes sa discographie est à découvrir (ses plus grands succès sont O Canto da Cidade, À Primeira Vista, Todo Canto Alegre et Rapunzel), de même que les nombreux DVD édités.
SEU JORGE Seu Jorge est un musicien et acteur brésilien ayant commencé sa carrière au sein du célèbre groupe de Samba-Pop Farofa Carioca dans les années 1990. Il quitte ce groupe pour se consacrer à sa carrière solo et devient, étant le fils spirituel des grands noms de la musique brésilienne comme Gilberto Gil, Jorge Ben ou Milton Nascimento, le renouveau du son Samba-pop brésilien lorsque son second album, Cru, est magnifiquement accueilli par la critique. Il produit plusieurs albums, dont la bande originale de La Vie Aquatique, où il reprend en portugais (ou devrait-on dire en Brésilien
tellement la langue a évolué) quelques classiques de David Bowie. Son dernier album, Almaz, est une compilation de titres de musiciens qu’il admire (de Roy Ayers à Michael Jackson en passant par Kraftwerk). Son succès général le mène également à devenir acteur (il avait très jeune suivi des cours de théatre), notamment dans le magnifique film Cidade de Deus (la Cité de Dieux, co-réalisé par Fernando Meirelles et Katia Lund en 2002), dans The Life Aquatic (La Vie Aquatique - 2004) et dans Casa De Areia (La Maison de Sable). Il apparaîtra plus récemment dans deux films appelés « Ries e Ratos » et « Tropa de Elite 2 » dans lequel il joue le rôle d’un prisonnier qui incite une révolte à Bangu, une tristement célèbre prison brésilienne. Si le son de Seu Jorge est plus intimiste que la vague dansante de Daniela Mercury, il est tout autant caractéristique de la vague brésilienne nouvelle.
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DISCO HORSE MEAT DISCO HORSE MEAT DISCO est le nom d’un collectif de quatre DJs (James Hillard, James Stanton, Severino et Filthy Luka) qui organisent depuis six ou sept ans des soirées très courues au Eagle London (Londres) pour un public gay et hétéro amateur de Disco. Alors que de manière générale les ambiances nocturnes dans les années 2000 sont electros ou hip hop, le succès est retentissant. Ils décident donc de prolonger ces nuits par deux compilations (mixées)
de toute première qualité reprenant le meilleur de l’underground disco new-yorkais des années 6070 et par des tournées internationales (ils étaient à Bruxelles pour l’anniversaire du Libertine Supersport (Knal) le 16 octobre 2010 et le 5 février 2011). Vous n’y retrouverez pas les classiques commerciaux joués dans les mariages bourgeois et vous comprendrez pourquoi ce nouveau style de musique a révolutionné le monde au début des années 1970.
LARRY LEVAN CLASSICS Larry Levan est un musicien et disc-jockey newyorkais célèbre pour avoir animés les nuits du Paradise Garage, club ouvert en 1978 au 84 King Street (rue dont le nom sera repris pour créer le très célèbre label) et avoir fait par sa manière de mixer (préférant des longs instrumentaux plutôt que les versions originales) évoluer la Disco vers un son qui marquera un des débuts de la musique électronique, créant un style propre, héritage essentiel, la Garage House Music. La « Garage » est une musique électronique mélodieuse, orchestrée, extrêmement proche de la soul ou du Disco. Elle permit à cette dernière de
perdurer sous cette nouvelle forme à la fin des années 70 et pendant les années 80, où l’électro avait annihilé le côté mélodieux orchestré et chanté pour des sons purement électroniques (Kraftwerk , Depeche mode, etc.) et plus agressifs, pour revenir en force dans les années 1990. Un des sons caractéristiques du Paradise Garage était celui du label West End Records, qui publia cette compilation remixée de quelques des grands classiques de son répertoire sous le titre « Larry Levan’s Classic West End Records Remixes - Made Famous At the Legendary Paradise Garage ». Cet album est à écouter en parallèle avec la compilation mixée par les DJs new-yorkais Masters At Work pour les 25 ans de ce même label. Deux Must have.
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POP - JAZZ ABSYNTHE MINDED Absynthe Minded est un groupe gantois fondé à la fin des années 1990 – début 2000 (le dernier membre du groupe, Jacob Nachtergaele ayant rejoints Bert Ostyn, Jan Duthoy, Renaud Ghilbert et Sergej Van Bouwel 2002) dont le style musical oscille entre jazz et pop rock, avec un son très chaud, mélodieux, très caractéristique et unique. Les deux premiers albums, Aquired Taste (2004) et New Day (2005) sont produits en indépendant et en conséquence du succès grandissant (le morceau My Heroics – Part 1 est consacré meilleur titre de la
décennie par Studio Brussel), le groupe réalise de beaux résultats de ventes (dans des années 2000 où le téléchargement illégal est trop présent), reçoit comme reconnaissance la première partie des concerts de dEUS en Belgique, aux Pays-Bas en Allemagne, au Portugal et, last by not least, signe chez UNIVERSAL. Ces stakhanovistes produisent ensuite trois albums en trois ans : There Is Nothing (2007), Introducing (2008) et Absynthe Minded (2009) qui installent le groupe en Europe par ses ventes, diffusions radio (vous reconnaîtrez directement le morceau « Envoi » qui a monopolisé les ondes radio fin 2009 et en 2010) et par les tournées que le groupe réalise jusqu’en Turquie (ils étaient à Istanboul le 3 décembre 2010) et qu’il terminera le 27 février 2011 à l’AB. Cette Fée Verte est humble, modeste et de grande qualité.
ROCK COLD WAR KIDS Cold War Kids est un groupe californien fondé en 2004, au succès immédiat, et qui peut être résumé en trois qualificatifs : créatif, excellent et infatigable : ils signent en 2006 sur le label Downtown Records pour leur premier album Robbers & Cowards (qu’ils viennent présenter partiellement en première partie du groupe Clap Your Hands Say Yeah à l’Ancienne Belgique en février 2007). Ils partent pendant deux ans en tournée et publient ensuite un deuxième
album, Loyalty to Loyalty (qu’ils présentent cette fois eux-mêmes en 2009 en mettant le feu à cette même salle et dans de très nombreux festivals, notamment en compagnie de Peter Doherty), pour repartir en tournée ensuite et publier dés qu’ils sont rentrés le troisième opus, Mine Is Yours (2010). Mine is Yours est accompli, mélodieux, intimiste, laissant monter l’atmosphère avec un parfait équilibre. Des morceaux comme Louder Than Ever, Cold Toes On the Cold Floor attirent l’attention de celui qui ne connaît pas Cold War Kids et entend le disque pour demander « c’est vraiment bien ça, c’est quel groupe ? ». Il sera sans doute ensuite allé à l’Ancienne Belgique le 17 février 2011 pour découvrir que la Guerre Froide a encore du très bon.
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Par André-Marie SERVAIS
André-Marie Servais exerce depuis plus de 40 ans son métier qui le passionne. Il a milité notamment à la Ligue des Droits de l’Homme, dont il a été président de 1994 à 1996, et à ASF dont il a été administrateur pendant 10 ans.
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ermettez-moi, Chère Madame, de vous expliquer le choix de ce titre apparemment curieux et de le défendre auprès de vous ! Il se fait que mes lectures de l’année 2010 ont été marquées par la redécouverte d’un écrivain que jadis j’avais fréquenté distraitement. Il arrive souvent que, dans des circonstances de vie différentes, un livre ou un auteur parvienne à éveiller un intérêt qu’on ne soupçonnait pas auparavant au point qu’on les avait mis de côté dans des lectures souvent inachevées. Il en fut ainsi des écrits de Stefan Zweig dont la lecture, ces derniers mois, m’a procuré des émotions surprenantes qui ont dépassé le cadre littéraire au point que ses personnages sont naturellement entrés dans ma vie comme s’ils avaient fait partie de ma famille. Je pense avoir tout lu de ce que j’ai trouvé de son œuvre et comme il arrive souvent en telle occurrence d’avoir été bien triste le jour où, ayant épuisé la veine littéraire, il me fallut arrêter mon voyage dans l’univers de cet écrivain. J’en retiendrai surtout la lecture de son unique roman écrit peu avant la guerre de 40, « la pitié dangereuse ou l’impatience du cœur » (Grasset, éd. 91). Mon récent intérêt pour cet auteur n’est pas étranger au choix du titre et de l’introduction de ce billet. En effet, Zweig a écrit une « Lettre d’une inconnue » alors que je vous écris la lettre d’un inconnu. Vous me pardonnerez cet emprunt léger qui n’a pas l’allure d’un plagiat car rien d’autre que la lointaine parenté des titres ne permet de confondre ces lettres, fût-ce en raison du talent incomparable de Zweig ! J’espère vous avoir convaincue, Chère Madame, qu’il n’y a aucune forfanterie dans mon choix. Vous accepterez de n’y voir que le simple aveu que ma notoriété est bien ordinaire sinon par ce que me valut l’hommage immérité que vous avez voulu rendre à un talent imprudemment supposé lorsque vous m’avez appelé un après-midi de décembre pour me proposer d’écrire ce billet. Et vous ne saviez pas alors qu’il s’agirait de celui-ci car vous m’avez laissé carte blanche sur le choix du sujet ! Ne sommes-nous pas toujours l’inconnu de quelqu’un même s’il nous est proche ? Rester inconnu n’est-ce pas la manière la plus commode de donner à l’autre l’envie de nous connaître et de nous dire, qui sait ?, que nous gagnerions à être connus ?
Garder une part d’inconnu est un bien précieux qui permet d’échapper à la tyrannie de la transparence qui sévit à tout va dans notre monde où la communication est présentée comme un impératif catégorique et où il est « correct » d’absolument montrer ce que les autres imaginent que nous sommes. Si vous ne me connaissez guère, chère Madame, je ne vous connais pas davantage sinon par la circonstance de votre agréable appel ! Que vous vous appeliez Simone, Françoise, Albertine ou Myriam, vous êtes pour moi une inconnue du temps présent même s’il est imaginable que ce que vous me faites commettre puisse réduire quelque peu le champ de nos ignorances réciproques. Quelle idée astucieuse avez-vous eue d’entreprendre de titiller l’incorrigible narcissisme de l’avocat qui, quoi qu’on en dise, écrit davantage qu’il ne parle et qui aime assez écrire des choses qui ne soient pas forcément utiles. Cela lui permet sans doute de détourner d’une finalité fonctionnelle un geste qui s’inscrit dans le cours de sa routine professionnelle. Peut-être aura-t-il alors l’occasion de lever le voile des vanités ordinaires et, laissant découvrir sa part d’inconnu, de reconnaître que tout compte fait, il est un homme comme les autres ! Si le titre de ce billet n’avait pas de sens, cette réflexion en suggérerait un ! Laissons ici le thème de l’inconnu qui fait tant couler l’encre chez les poètes, les mathématiciens, les philosophes, voire les théologiens, pour entamer plus prosaïquement ce que j’ai accepté de faire à votre demande. Je l’ai accepté sans trop hésiter car la perspective de vacances prochaines m’a fait croire
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que je disposerais de temps pour faire n’importe quoi et, notamment ceci, parmi toutes les choses aussi « importantes » les unes que les autres qu’on imagine, toujours à tort, qu’on aura largement le temps de faire alors. Me voilà donc à l’œuvre dans ces lieux où je vous ai dit que je serais, le temps de passer d’une année à l’autre bien loin des tribulations festives et des actualités stressantes, voire désespérantes. Je dois avouer avoir ce 1er janvier goûté avec une saveur toute particulière le plaisir intense qu’on peut ressentir d’avoir renoncé à faire la fête la veille. Ah qu’il est bon de sortir alors frais et dispos de chez soi et de se trouver dans des espaces qui semblent désertés au point qu’on a l’impression qu’ils sont à soi ainsi qu’à quelques rares autres humains et, ne les oublions pas, aux animaux sauvages qui font la fête car ils savent que le 1er de l’an, ils courent moins de risques d’êtres perturbés. J’ai la chance de me trouver dans un pays de quelque part où la terre prend à certains moments la couleur du soleil couchant, ou de lointains horizons au-delà de douces collines s’habillent souvent de mystère, où la nuit qu’aucun éclairage artificiel n’altère, invite à voyager dans les étoiles, dans un pays que sillonnent à travers champs et forêts des chemins de castine ou de terre qui ne vous amènent nulle part sinon dans le ventre de lieux étranges ou à la rencontre d’un hameau déserté.
Vous l’aurez deviné, j’aime ce pays et m’y trouve bien au point que le quitter me procure toujours une sensation de déchirement. Mon enthousiasme m’égare quelque peu car c’est à écrire quelque chose que vous m’avez convié et non, sans doute, à me contenter d’écrire. Ecrire à propos de quelque chose et me voilà replacé dans les contraintes de l’acte utile. Oh, certes, vous n’étiez guère exigeante en l’occurrence puisque vous aviez même consenti que j’écrive sur la culture de la truffe qui est une habitude dans le pays où je suis. Je ne traiterai cependant pas de ce sujet car je décrète que « présentement » la truffe mérite une pause de deuil. Je viens en effet d’apprendre par la presse régionale que la truffe pouvait nourrir l’actualité du crime, à Grignan de surcroît, pays où je pensais qu’on se contentait, avec grand bonheur, de cultiver l’art de la lettre. Mon refus d’écrire sur la truffe est une protestation comme je veux protester contre la violence ordinaire des hommes dans ce monde qui présente la performance comme une condition de survie et qui rejette ceux qui ne veulent ou ne peuvent se sacrifier à cet objectif ! Une autre illustration de cette sauvagerie est donnée par ce passage à tabac d’un gamin de 12 ans à la
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Tombé amoureux de la truffe il y a plus de 20 ans, Luigi Ciciriello vous invite à venir partager sa passion dans un des endroits les plus exquis au monde, à travers sa Carte aux Trésors. Bienvenue à La Truffe Noire, dont l’excellence a été récompensée par une étoile au Guide Michelin 2010.
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première heure de l’ouverture des soldes d’un magasin Hifi par des clients qui ne lui avaient pas pardonné de les avoir précédés et d’avoir pu ainsi acquérir quelque chose comme un ipod, que le magasin proposait à un prix sacrifié dans un échantillon limité. Chacun tirera la leçon qu’il voudra de ces actes de barbarie qui redonnent vigueur à l’expression suivant laquelle « l’homme est un loup pour l’homme » … sinon qu’il est alors permis de se demander pourquoi une si funeste réputation est ainsi faite au loup.
Voilà chère madame ce que mes humeurs du moment m’ont amené à vous écrire afin que je sois un peu moins inconnu de vous. Et pour reprendre une formule d’un autre temps, sachez que je suis votre humble serviteur. André M. SERVAIS
Etant sur le point de conclure sur le constat d’un billet qui, pour cause de morosité, n’aurait d’autre sujet que lui-même, je saisis la perche que me tend un jeunehomme de 93 ans du nom de Stéphane HESSEL qui vient de publier un court opuscule qui fait un malheur en librairie pour avoir été remarqué tant par son contenu que nourrissent son passé de résistant et sa passion constante mais discrète pour toute forme de résistance que par son titre en forme d’injonction « Indignez-vous ! ». Espérons que ce titre ne sera pas dénaturé par quelqu’artifice de communication sous forme par exemple d’un sondage à questionnaire fermé sur le thème de « qu’est-ce qui vous indigne le plus ? » ! S’indigner et, pour ne pas rester au niveau des émotions stériles, se mobiliser ! Il y a une multitude de raisons de le faire partout dans le monde. J’en présenterai une « d’ici » : s’indigner et se mobiliser pour que nos démocraties malades se réapproprient un pouvoir usurpé par les « mains invisibles » du marché et tous ces oligarques de la finance mondialisée qui se targuent d’une légitimité arrogante pour punir les Etats d’avoir dû s’endetter pour secourir des banquiers en déroute et mettre en cause les systèmes de protection qui sont sensés garantir aux populations de vivre dans la dignité. A côté de ces enjeux fondamentaux pour la survie de notre modèle politique, nos tribulations communautaires ne font guère le poids sauf à considérer qu’à force d’être délestés du pouvoir qu’ils sont sensés détenir, certains politiciens sont tentés de s’échapper par les sentiers douteux des intégrismes communautaires, religieux ou xénophobes, tous ingrédients d’un populisme ordinaire qui se nourrit du rejet de l’autre pour donner à des citoyens désemparés l’illusion qu’on est proche d’eux.
Le temps périme nos actes, et nos écrits davantage. Souvent, nous constatons qu’une lettre perd son utilité, voire son sens, quand elle n’est pas lue dans un court délai ! En sera-t-il ainsi de la présente qui était promise à la « lecture » avant le printemps ? Peu m’en coûte d’en prendre le risque d’autant que le retard fortuit me permet quelques réflexions tirées de l’actualité. La première à propos du nucléaire qui est une énergie redoutable puisque même son usage pacifique peut causer d’effroyables dégâts. Hélas, toujours sousestimés ! Faut-il admettre que l’énergie atomique échappe au contrôle démocratique sous prétexte que son exploitation met en cause la sécurité publique ? Ce n’est pas sûr. La seconde concerne ce vent d’émancipation populaire qui contre toute attente souffle du Sud. Outre qu’il ébranle l’arrogante prétention de l’Occident à détenir l’exclusivité du message démocratique, il met à mal nos accommodements passés à l’égard de pouvoirs qui sauvegardaient nos intérêts économiques et nos plans de vacances. Nous voilà obligés de recevoir d’ailleurs les leçons de ce à quoi nous perdions l’habitude de croire. A.S.
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La maison
de Juliette Par Benoît STEVART
Benoît Stevart est Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Huy et avocat depuis 1983. Juge suppléant au Tribunal de Commerce depuis 1994. Jeunesse turbulente : grands voyages, alpinisme, natation de compétition, traversée du Sahara en stop. Les temps de la maturité : trop calmes. Travail : beaucoup évidement. Famille : rêve à nouveau de voyages lointains, cette fois avec son épouse.
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Le titre est un peu ridicule. Ne trouvez-vous pas ? A Berloz, près de Hannut, existe une maison en colombages. C’est la maison dite de Juliette. Elle remonte en tout cas au 18ème siècle puisqu’elle figure sur la carte de Ferraris de 1770-1777. C’est une maison toute petite de l’ordre de 35 m² au sol, et qui était encore plus petite à l’origine puisque le Pr Hoffsummer de l’ULg a pu déterminer que le pignon qui se trouve à présent à l’intérieur, constituait le pignon extérieur sud. L’intérieur était compartimenté en pièces minuscules. Cette maison simple, basse, et belle, est dominée par son environnement de maisons de village. Dès lors, elle semble tout isolée, comme si elle avait eu une autre histoire. Pourquoi me rappelle-t-elle les maisons du M’Zab avec Ghardaïa et les autres cités, isolées à 600 km au sud d’Alger dans l’immensité du Sahara ? De la même manière, des hommes ont dû vivre arc-boutés, agglomérés, tendus. Cette façon de vivre déteint sur l’architecture qui est concentrée, et mesurée. L’architecte Le Corbusier, visitant le M’Zab, reçut la révélation d’une vérité vitale cachée : le dépouillement jusqu’à l’essentiel, la simplicité des formes, la mesure des dimensions.
Et c’est peut-être cela qui attire le regard devant la maison de Juliette : équilibre, simplicité, mesure. Pas d’académisme, ni d’ostentation. Juliette a vécu dans cette maison jusqu’à 94 ans. On raconte qu’un directeur de sucrerie avait été séduit, Juliette ayant été très jolie. Il avait eu l’intention de l’épouser. Mais la puissante famille sucrière s’y était opposée. C’était ou Juliette ou la fonction enviable. Juliette aurait demandé elle-même qu’il renonce à elle. Elle est restée célibataire. Cette petite maison est réalisée en colombages ou en pans-de-bois. Le bois sert de structure ou de squelette qu’il faut remplir, sauf à l’emplacement des portes et des fenêtres. Les remplissages ou hourdis sont ici en torchis. Chaque espace entre les bois est aménagé par un système de clayonnage de palançons verticaux en chêne autour desquels des tiges de noisetiers, choisies pour leur souplesse, sont entrelacées. Le torchis, fait de boue d’argile et de paille, était alors plaqué sur cette structure à l’extérieur et à l’intérieur pour faire une paroi de l’ordre de 12 cm d’épaisseur. Après lissage et séchage, la paroi était enduite de plusieurs couches de chaux. L’homme vit dans nos régions depuis 300.000 ans. Il est alors de type néandertalien. Il disparaît petit à petit il y a environ 30.000 ans pour être remplacé par l’homo sapiens. L’homme vit de chasse et de cueillettes logeant dans des grottes et probablement des tentes de peau. La culture de la terre n’apparaît chez nous qu’environ 7.000 ans avant notre ère. L’homme, qui était nomade, se sédentarise. Il construit « un habitat dont les murs sont constitués de poteaux de bois, reliés par des branchages entrelacés, eux-mêmes enduits d’un crépi d’argile ». Ce type d’habitation pouvait d’ailleurs être démonté puisque la structure en bois était assemblée par tenons-mortaises. Quel trouble de s’apercevoir que le type de la maison de Juliette remonte donc au néolithique.
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Aujourd’hui l’architecture retrouve ces techniques ancestrales : des maisons à ossatures-bois apparaissent ici et là. Les vertus isolantes de la terre crue, mélangée à la paille et à la chaux, sont aussi retrouvées. Et revivre dans des grottes ? Il n’en serait question que si nous devions redouter des groupuscules d’hommes finissant par produire des charges atomiques miniaturisées qu’il serait difficile de détecter. A chaque menace, il nous faudrait alors nous plonger dans des abris sous terre … Des zones pourraient devenir tellement dangereuses qu’un certain nomadisme pourrait resurgir.
L’histoire, un éternel recommencement ? J’ai apprécié la finale de l’excellente contribution du Pr Guy Horsmans, dans le numéro précédent, s’inspirant du Chanoine Leclercq : « La vie ne trouve son plein sens que par la croissance dans l’amour. Les avocats savent que le droit et la culture doivent s’unir sous une telle égide et dans une telle vision ». Soyons conscients, notamment nous avocats, de la grande liberté dont nous pouvons profiter. De grands périls peuvent à tout moment revenir. Contribuons à cultiver la sagesse, la parcimonie, la rigueur, la mesure, le bons-sens, le respect d’autrui, … Benoît STEVART
LES FRÈRES
TRAITEUR s.a.|n.v.
les frères Debekker - traiteur sa/nv tel 02 736 00 40 · fax 02 736 67 00 traiteur@lesfreresdebekker.be · www.lesfreresdebekker.be
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Voyage en Birmanie Par Catherine VAN GHELUWE
Catherine Van Gheluwe est avocate au barreau de Bruxelles depuis 1987. Elle était encore stagiaire lorsqu’elle eu l’occasion de participer au voyage au Brésil organisé par Me Yves OSCHINSKY, alors président du Jeune Barreau. Il s’agissait du premier voyage dans un pays où elle n’avait jamais pensé aller, et cela a fait sauter une sorte de verrou mental : aucun pays n’était plus inaccessible ! Depuis, les voyages et la photo sont devenus une passion…
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Depuis que le régime birman a libéré celle que là-bas on appelle « la dame », sans citer sans nom (on ne sait jamais qui écoute), vous n’avez plus aucune raison de ne pas découvrir ce pays, sans doute l’un des plus beaux et des plus attachants qui soient. J’y suis allée, quelques mois après la révolte des moines, qui a été matée avec une extrême violence, et alors que nombreux étaient ceux qui renonçaient, soit par prudence, soit pour ne pas « cautionner » le régime, ou lui donner leurs devises. J’ai appris sur place que leur raisonnement, pour censé qu’il puisse paraître ici, était faux : les touristes font vivre la population, les vendeurs, les artisans, le personnel des hôtels… et le régime ne ponctionne que 20% des revenus déclarés (c’est à dire en tous cas pas ceux des petits vendeurs), soit un taux d’imposition qui a de quoi laisser rêveur tout belge qui a reçu sa note des contributions… De plus, notre présence fait de nous des témoins, et une fenêtre sur l’extérieur, et, croyez-moi, le pays est calme, et les gens sont d’une gentillesse et d’une simplicité extraordinaire. J’espère que les quelques photos publiées ici vous décideront à découvrir ce pays où les femmes se maquillent les joues avec de l’écorce d’arbre, et où les pagodes brillent de tous leurs ors au soleil. Catherine VAN GHELUWE
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Le Palais? Sauvé ! Par Mille moins dix
Il a prêté serment d’avocat en 1960. Ancien Président du Jeune-Barreau. Ancien bâtonnier de Bruxelles. Président des Prix Le Jeune-Janson. Nom de plume ? A déchiffrer ! Forcément.
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Léopold II et le Congo nous ont laissé un trésor. Avec un échafaudage, style pyramide du Louvre, que l’étranger nous envie. Si on lui retire sa fonction judiciaire, ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Le « palais » a mille destinées: *
Une prison : du producteur au consommateur.
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Une révision permanente et publique de la Constitution ? Occupation permanente assurée.
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Des galas au profit des organisateurs de gala ?
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Un CPAS Fédéral « Ministres » pour les ministres en disponibilité.
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Mgr Leonard ? (on se l’arrache !) « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur… ».
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Quelque conférence ? Une idée, comme çà, très vite : « la grand-mère naturelle du voisin du roi a un père officiel au Chili », avec la participation de l’intrépide voisin.
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Une vierge (N’est-ce pas devenu un miracle en soi) ? Les Banneux, Beaurain et autre Lourdes ne sont que des prénoms, Poelaert sera son nom de famille.
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Un bal masqué permanent avec la grande loterie, ce qui épargnerait de lourdes transformations, préservant ainsi, de ce majestueux édifice, la destination originaire.
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Fou-rire assuré : un procès, un vrai ? De l’audace, que diable.
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Une école de cirque ? Il n’y a que l’embarras du choix : •
Du trapèze volant d’instance en appel et d’appel en cassation. Sans filet !
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Par temps clair, escalade de la face nord par les enfants des écoles.
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Des jeux : ›› Gendarmes et Voleurs, ›› « Pas vu, pas pris » (air connu), ›› « Katche, tu y es ».
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Pour les clowns, on les a déjà.
Ou un casino, façon Las Vegas, avec cette fois, tournante, rouge et noire, offrant pour bille belles heures de la peine capitale.
Enfin, pourquoi pas ? Son démontage et sa au Congo. Son financier. Une restitution en Nous pourrions, alors, rendre aux pauvres reconstruire les humbles chaumières dont
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en façade, l’image énorme d’une roulette, une tête de mort. Hommage discret aux reconstruction près de l’Union minière quelque sorte. Un geste. l’espace ainsi libéré et y ils avaient été chassés.
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Maître Manneken Pis Par Onur YURT
Onur Yurt est un des plus jeunes avocats du barreau de Bruxelles. Lauréat du concours international de droit international humanitaire organisé par la Croix-Rouge de Belgique, il est passionné par les droits de l’homme et, à ses heures perdues, par les avions. Il partage sa vie entre Istanbul, New York et Bruxelles.
Photos © Jeanne Stichelbaut
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Quelques touristes se baladent sur une Grand-Place quasi déserte. Les cafés et commerces environnant ont ouvert leurs portes il y à peine quelques minutes. Un vendredi matin habituel, pourrait-on penser. Ce serait ignorer l’assemblée qui se forme dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville de Bruxelles. Une centaine d’avocats en robe se rassemblent autour de leur bâtonnier Jean-Pierre Buyle, accompagnés de la fanfare du Meyboom et des « Amis de Manneken Pis », pour une cérémonie peu ordinaire. Les premières notes de l’orchestre de la fanfare se font entendre, le cortège – fanfare devant et avocats derrière – se met en marche et commence à parader autour de la Grand-Place sous l’œil interrogatif mais amusé des passants. On peut lire dans leurs yeux cette interrogation légitime « mais que font ces avocats ? ». Cette vision surréaliste unique a pourtant un sens important : ces avocats entament les festivités du bicentenaire du rétablissement de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles. Ils vont faire revêtir à Manneken Pis, cet enfant nu, la robe d’avocat et la toque qui lui avaient été offertes en 1937. L’orchestre du Meyboom, qui existe depuis 1958, rythme le parcours et le cortège avance dans les rues de Bruxelles, aidée par la maréchaussée qui bloque la circulation à hauteur de la rue du Lombard. Quelques mètres plus loin, cette joyeuse assemblée s’arrête devant Manneken Pis, l’enfant aux mille légendes plus folles les unes que les autres.
L’impassible enfant regarde fixement cette foule qui se rassemble à ses pieds et tend l’oreille pour écouter avec attention les différents discours qui se succèdent. Le président de l’Ordre des Amis de Manneken Pis entame son discours en rappelant que « Here is the place to be, c’est ici que ça se passe, c’est d’ici que l’amitié se répand autour du monde. Tout le monde viendra à notre ket national, il distribue son amitié et sa fidélité à chacun. » Le bâtonnier Jean-Pierre Buyle prend ensuite la parole et, après avoir remercié les associations partenaires, lance les festivités du bicentenaire du rétablissement de l’Ordre français en rappelant qu’il était un temps où le parquet général nommait les membres du conseil et le bâtonnier. Il invite l’assemblée à réfléchir et à faire la fête. Manneken Pis revêt la toge d’avocat et observe la foule se diriger vers le Poechenellekelder pour s’y réchauffer avec quelques verres de vin chaud. Les touristes présents ont assisté à un événement unique. Les avocats, eux, ont marqué symboliquement leur attachement à la ville, prouvant ainsi, si besoin était, que le barreau a pleinement sa place dans la cité. Onur YURT
Photos © Jeanne Stichelbaut
21 janvier 2011, 10h30, Grand-Place de Bruxelles.
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Tous en récré... LE PERROQUET SANS PATTE Un type entre dans un magasin d’animaux, fait un tour et passe devant un perroquet sans pattes. Il dit tout haut : - Eh ben, qu’est-il arrivé à ce perroquet ? - Je suis né comme ça ! dit le perroquet. - Eh, on dirait qu’il a compris ce que je disais. - Je comprends chaque mot. Je suis terriblement intelligent et très cultivé. - Ah ouais ? Et bien, explique-moi comment tu tiens sur ta perche. - C’est à dire... c’est un peu embarrassant. Comme je n’ai pas de pattes, je me sers de mon petit zizi de perroquet comme d’une sorte de crochet. Tu ne peux pas le voir à cause de mes plumes. - Wow, dit le gars, alors comme ça, tu peux vraiment comprendre et répondre à ce qu’on te dit. - Bien sûr. Je parle couramment français et anglais, et je peux tenir une conversation sur des sujets divers politique, religion, économie, physique, philosophie... Bien sûr, je suis également assez calé en ornithologie. Tu devrais m’acheter, je serais un compagnon très agréable. Le gars regarde le prix : - 14.000 balles ? ! ? C’est cher,... mais... OK, tu vaux ton prix. Il rentre chez lui. Les semaines passent et le petit perroquet sans pattes est fantastique. Il est amusant, intéressant, un bon copain, il comprend tout, sympathise avec les problèmes de son maître et est de bon conseil. Un jour, le type revient du boulot. Le perroquet, en dessous du fauteuil, l’appelle: - Psssst !! Il approche et le perroquet dit à voix basse : - Je ne sais pas si je devrais te dire ça, mais ta femme et le facteur, ben euh... - Quoi, ma femme et le facteur ? - Chut ! Ben, quand le facteur est passé ce matin, ta femme lui a ouvert, vêtue seulement d’une chemise de nuit quasi transparente, l’a fait entrer et elle l’a embrassé sur la bouche. - Quoi ? Et puis, qu’ont-ils fait ? - Il a soulevé sa chemise de nuit et l’a caressée sur tout le corps... - Hein ? Et puis, qu’a-t-il fait ? Il a commencé à lui lécher les seins, puis le ventre, puis s’est mis à genoux et lui a embrassé le bas-ventre... - Quoi ? Et puis ? Qu’a-t-il fait ? Réponds ! ..... Je ne sais pas, j’ai commencé à bander et je suis tombé !!!!!!!!!!!!!! (note des éditeurs : Sorry !)
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DURE JOURNÉE - AUJOURD’HUI ! Aujourd’hui, j’ai retrouvé ma voiture, avec le côté droit explosé, dans un parking souterrain avec un mot : « J’ai embouti votre voiture, tous les gens autour me regardent et pensent que je vous laisse mes coordonnées... Mais non ! Bonne journée » --------------------------------------------Aujourd’hui, j’ai appris que mon surnom au boulot était « la molaire ». Parce que je suis la grosse du fond. --------------------------------------------Aujourd’hui, j’avais une réunion avec des clients de nombreux pays différents et tout le monde devait donc parler anglais. Au moment de présenter mon patron, Mr. Gathot, je sors : - « …and this is my boss, Mr. Cake. »
(Papier tombé de la poche d’un avocat) Un confrère et son épouse rentrent du théâtre le soir. La voiture est garée assez loin et, à cause de la neige, ils doivent faire un détour et traverser un quartier mal famé pour la reprendre. Tandis qu’ils marchent, une dame de petite vertu salue le confrère. L’épouse lui demande: «Tu la connais? Qui est-ce ?» Le mari répond: «C’est une relation professionnelle.» L’épouse insiste: «Ta profession ou sa profession ?»
(J’adore) Une très belle femme frappe à la porte de son voisin et lui dit: « J’ai une envie folle de m’amuser, de boire du champagne et de faire l’amour toute la nuit... Êtes-vous occupé ce soir? » « Non », répond le voisin un peu fébrile. « Génial ! Vous pouvez garder mon chien VICTOR ? »
OU-HOU ? C’est une perroquette qui tombe veuve. Sa maîtresse lui dit : - Ne t’inquiéte pas petite je vais t’acheter un autre compagnon. Le lendemain, elle part chez un oiseleur. Seulement comme elle est trés radine, elle ne veut pas dépenser beaucoup. Alors l’oiseleur lui dit : - Ma pauvre femme, avec le peu d’argent que vous me proposez, je ne peux vous vendre qu’un vieux hibou. Elle lui répond : - Ne vous inquiétez pas, il fera l’affaire. Le soir, elle met le hibou dans la cage avec la perroquette, et couvre la cage. Le lendemain elle demande à sa perroquette (qui parle très bien) : - Alors ma perroquette, comment s’est passée ta nuit. La perroquette répond : - Ne m’en parle pas, toute la nuit il hurlait « hou hou » et moi (en lui montrant son dos) je lui disais « là là » !
ABC
le journal des avocats
Dans vos numéros 2010 et 2011 du -journal des avocats- vous retrouverez, classés par ordre alphabétique, les avocats, auteurs et artistes suivants :
A
Roman Aydogdu
4
B
Jean-Pierre Babut du Marès Olivier Bonfond Jean-Pierre Buyle
1 4 1- 2 -3-4
C
Sandrine Carneroli Françoise Chauvaux Philippe Coenraets Marteen Colette (OVB) Olivier Collon
4 4 3 4 1
Georges-Albert Dal Marc Dal Bruno Dayez Jérôme Dayez Robert De Baerdemaecker Jérôme de Brouwer Jacques De Dobbeleer Vincent Defraiteur Francis Delpérée Guy De Reytere Yves Derwahl Aimery de Schoutheete Denis Dobbelstein Caroline Dubois Axel Dumont Véronique Drehsen
3 1 1- 2 1 4 4 4 1- 3 2 4 1 4 2 4 3 1- 2
E
Isabelle Ekierman
4
F
Benoît Feron
2
G
François Glansdorff Jean-Marc Gollier Simon Gronowsky Emmanuel Gueulette
4 1- 2 2 2
H
Guy Horsmans Jean-Damien Huberty
3-4 3
J
Alain Jacobs-von Arnaud
4
K
Axel Kittel
3
L
Véronique Laurent Karl-Heinz Lambertz Marc Lazarus Cédric Lefèbvre
3 1 1 3
D
Pierre Legros Eric Lemmens Serge Léonard Antoine Leroy Gérard Leroy Luc Lethé
3 4 2 3 1- 2- 3 2
M
Xavier Magnée Michel Mahieu Paul Martens Christine Matray Jean-Pol Meynaert Luc Misson Stéphanie Moor
4 4 1 2 1 1 3
O
Martin Orban Yves Oschinsky
4 4
P
Pierre Paulus de Châtelet Corinne Poncin
2- 4 1- 2
R
Pierre-Jean Richard Jacqueline Rousseaux Ghislain Royen
1- 2 2 3- 4
S
Jean Saint-Ghislain André-Marie Servais Luc Simonet Jehanne Sosson Benoît Stevart Jo Stevens (OVB)
4 4 3 1 4 4
T
Patrick Thevissen
1
V
Louis Van Bunnen Séverine Vandekerkove Catherine van Gheluwe Xavier van Gils Benjamin Venet
2- 3 3 4 4 3
W
Jennifer Waldron Pierre Winand Hippolyte Wouters
2 4 1
Y
Cavit Yurt Onur Yurt
3 4
le journal des avocats
2010 -2011 Remerciements Pour leur aimable contribution à la chronique historique de la reconstitution des barreaux belges dans ce numéro de notre premier aniversaire, nos plus vifs remerciements iront à : Robert De BAERDEMAEKER, Président de O.B.F.G. (Ordre des barreaux francophones et germanophone) Jo STEVENS, Voorzitter van OVB (De Orde van Vlaamse Balies) Et à Michel MAHIEU, Bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour de cassation de Belgique Pour Arlon : non communiqué Pour Bruxelles/Brussel Jean-Pierre BUYLE, Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles Dirk VAN GERVEN, Stafhouder van de Balie te Brussel Pierre WINAND, membre du cabinet du Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles Jérôme de BROUWER, historien, écrivain et avocat du barreau de Bruxelles Pour Charleroi : Pierre NEUVILLE, Bâtonnier de l’Ordre et Valérie DEGRAEVE du Secrétariat de l’Ordre Pour Dinant : Guy De REYTERE, ancien bâtonnier et MF ROGER du Bureau d’Aide Juridique du Barreau Pour Eupen : Stéphanie MOOR, Bâtonnier de l’Ordre Pour Huy : Renaud DESTEXHE, Avocat au Barreau de Huy depuis 1961. Ancien Bâtonnier. Pour Liège : Stéphane GOTHOT, Bâtonnier de l’Ordre et Eric LEMMENS, le vice-Bâtonnier de l’Ordre Pour Marche : non communiqué Pour Mons : Jean SAINT-GHISLAIN, ancien Bâtonnier de l’Ordre Pour Namur : Françoise CHAUVAUX, Bâtonnier de l’Ordre Pour Neufchateau : Jacques De DOBBELEER, historien et avocat au barreau de Neufchateau Pour Nivelles : Xavier VAN GILS, Bâtonnier de l’Ordre Pour Tournai : Anne JACMIN, Secrétaire permanente de l’Ordre des avocats du barreau de Tournai Pour Verviers : Ghislain ROYEN, Bâtonnier de l’Ordre * * * En un an, bien plus de cent Avocats, Bâtonniers et Présidents, nous ont offert de leur temps précieux ; nos plus chaleureux remerciements à tous pour leur toujours si sympathique et talentueuse collaboration. Et pour leur très agréable gentillesse habituelle et leur sourire au téléphone, nos sincères remerciements vont également à toutes les personnes de leurs secrétariats. * * * Nous remercions aussi les sociétés suivantes pour leur contribution, tout au long de cette année, à l’image de qualité que donne ce magazine et à son succès: AC COMUNICATION, ASPRIA, AUDI, BRITANNICA (ART-FMR Franco Maria Ricci), BUSINESS BRUSSELS SM, CROSSWORD JMG, DE CUYPER BROTHERS, DICTEE CENTER, D’IETEREN, FABERGE, GUERLAIN, LE GOUVERNEMENT DE LA COMMUNAUTE GERMANOPHONE, LES FRERES DEBEKKER, GRAND HOTEL EUROPE à Saint-Pétersbourg, HOTEL DE VENDÔME Place de Vendôme à Paris, ING BELGIUM, KNOPS PUBLISHING, LA TRUFFE NOIRE, LA RENAISSANCE DU LIVRE, LE SANGLIER DES ARDENNES à Durbuy, LES FRERES DEBEKKER, MASERATI WEST EUROPE, McARNOLDS GROUP, MERCEDES BENZ EUROPA, THE MERCEDES HOUSE, NEARLY NEW CAR, ODENDHAL, OPEN ART GALLERY, L’OPERA Waterloo, PARTENA, PHILLIPS, PIERRE BERGE & Associés, PRIVALIS, PYRAMIQ, ROSE & VAN GELUWE TAILORS, DOMINIQUE RIGO, LE ROYAL LA RASANTE, SANDAWE, THE SMALL LUXURY HOTELS OF THE WORLD, WITTAMER CHOCOLATIER, ainsi que leurs agences de communication et de publicité respectives.
le journal des avocats
Ils ont répondu à nos questions
Robert de BAERDEMAECKER
Jean-Pierre BUYLE
Ils ont prêté leur plume
Roman AYDOGDU
Olivier BONFOND
Sandrine CARNEROLI
Jérôme DE BROUWER
Caroline DUBOIS
Aimery de SCHOUTHEETE
Isabelle EKIERMAN
François GLANSDORFF
le journal des avocats
Guy HORSMANS
Alain JACOBS-von ARNAULD
Xavier MAGNEE
Martin ORBAN
Yves OSCHINSKY
Pierre PAULUS de CHÂTELET
André-Marie SERVAIS
Benoît STEVART
Catherine VAN GHELUWE
Onur YURT
Né en juin 2010
Geboren im Juni 2010
1 an déjà! 1 jahr schon! Le journal des avocats voyage de mains en mains. Ceux qui le trouvent y ajoutent leurs histoires et leurs dessins et alors leur journal atteint une forme continue d’art collectif. C’est une expérience et depuis un an déjà vous en faites partie.
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Les opinions exprimées par les auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs. La présentation de nos auteurs est rédigée par chacun d’eux.